jeudi 7 décembre 2017

(4) LA MAISON SPIRITUELLE DE DIEU Chapitre quatrième par T. Austin-Sparks

Chapitre quatrième

Une représentation de Christ en tout lieu

16 Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
17 Jésus, reprenant la parole, lui dit: Tu es heureux, Simon, fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux.
18 Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. (Matthieu 16:16-18)

17 S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. (Matthieu 18:17)

20 Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. (Matthieu 18:20)

27 Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. (1Corinthiens 12:27)

20 Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire.
21 En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur.
22 En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit.
(Éphésiens 2:20-22)

Tel il est, Lui, tels nous sommes, nous, dans ce monde. (1Jean 4:17)

                      En poursuivant notre méditation sur la maison spirituelle, j’ai maintenant à cœur une chose, sur laquelle je sens le Seigneur insister particulièrement. Pour quelques-uns d’entre nous, ce ne sera ni une parole nouvelle, ni une vérité nouvelle, mais pour cela même ce rappel nouveau peu être du Seigneur. En tout cas, il faut que nous cherchions à coopérer dans la parole du Seigneur, pour ceux auxquels Il l’adressera plus spécialement. Cherchons tous cependant à entrer dans Sa Parole comme tout à nouveau,

                      Nous considérons les traits et les desseins essentiels de la maison spirituelle de Dieu à laquelle nous appartenons. Le fait qui doit nous occuper à présent, c’est que cette maison spirituelle est ici comme une représentation de Christ en tout lieu. Nous avons vu que l’Église, c’est Christ. Il est l’Église, Il est le Temple de Dieu, l’habitation de Dieu. C’est en Lui que nous trouvons Dieu. Il sert de but à tout ce qui doit être l’Église. L’Église c’est Christ. Mais maintenant, en ce qui concerne ce monde, l’Église représente Christ comme réparti sans être divisé. C’est-à-dire que Christ est en tous Ses membres par Son Esprit. Cependant, il n’y a pas autant de Christ que de membres. Il reste un seul Christ. L’apôtre, nous le savons, souleva cette question chez les Corinthiens, - Christ est-il divisé ? - et il a presque un ton scandalisé à cette idée que Christ serait divisé. Il reste Un et Il est Un, bien qu’Il soit en nous tous. Et c’est par cette unité de Christ dans tous Ses membres que nous avons l’Église. Les hommes ne rencontreront le Seigneur, en ce qui nous concerne, que dans la mesure où Christ est en nous. Voilà le but de l’Église.

Le caractère vital de l’Assemblée locale

                    Nous en arrivons maintenant à considérer l’importance spéciale des expressions corporatives de Christ, - Christ étant corporativement représenté en tout lieu. Nous savons et nous comprenons bien que les paroles dites par le Seigneur Jésus, conservées dans les Évangiles, ne sont que la vérité sous forme de germe. Puisque l’Esprit n’avait pas été encore donné, Il ne pouvait parler qu’une d’une manière objective, et exprimer les vérités que de façon figurée et incomplète. Tout ce que nous avons dans les Évangiles a ce caractère, dans l’attente du jour où l’Esprit viendra demeurer dans les croyants, et où la plus grande signification de Ses paroles pourra être révélée. Et parmi tous les autres fragments que nous avons lus, nous avons celui de Matthieu 18:20 : « car là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux. » Nous perdrons beaucoup, si nous considérons ce passage, tel que nous l’avons dans l’Évangile. Il n’a pas été dit simplement pour être pris seulement sous cette forme. Dans la révélation postérieure, le Saint Esprit reprend ce passage avec tous les autres et, Il nous donne clairement sa première signification. Or ce que nous avons dans cette révélation plus profonde, c’est que Christ est particulièrement présent, lorsque deux ou trois sont réunis, parce qu’Il s’est confié Lui-même à Son Corps. Pour exprimer cette pensée en d’autres termes, nous dirons que le Corps de Christ est nécessaire pour exprimer la plénitude de Christ. Le corps, dit l’apôtre, n’est pas constitué d’un seul membre, mais de plusieurs. (1Corinthiens 14:14). Mais ensuite le même apôtre dira « vous êtes le corps de Christ » (1Corinthiens 12:27). Il parle ici, d’une assemblée locale. Christ est particulièrement présent lorsqu’il y a une expression corporative.

                    Le Seigneur s’est lié à Son Église, pour être manifesté par elle. Il peut être vrai que le Seigneur soit en nous individuellement : c’est vrai ! Il peut être également vrai que le Seigneur, qui est en nous, individuellement, veuille s’exprimer en nous et par nous, en tant qu’individu. Mais le Seigneur est limité, très sévèrement limité quand ce n’est qu’une question individuelle. (c’est Sa vie qui ne peut pas s’exprimer aussi parfaitement qu’avec le Corps) Sa pensée est autre, et c’est pourquoi Il fait cette déclaration. Il aurait pu ne pas dire une parole comme celle-là. Elle pouvait alors paraître tout à fait inutile, sans aucune importance. Mais non, Il l’a dite. Et s’Il l’a dite, cela a une grande signification. Elle a, en effet, toute l’importance de Celui qui l’a dite. Sa Parole a un poids immense, puisque c’est Lui qui l’a prononcée. Il a déclaré cette vérité en ces termes précis : « Là ou deux ou trois sont réunis en on Nom, je suis au milieu d’eux . » Il aurait pu dire : Partout où se trouve une personne en Mon Nom, je suis là ! Oui, c’est vrai, mais le Seigneur ne s’exprime pas ainsi. Et nous remarquons qu’Il s’occupe de questions pratiques. Il a employé ce terme Église. Et il y a certaines personnes dont l’Église doit s’occuper et lorsque l’Église s’occupe de ces personnes, c’est le Seigneur qui le fait. C’est cela qu’Il dit. 

                    Il nous faut ramener ces deux choses ensemble. Quelqu’un s’est rendu coupable par négligence dans sa vie spirituelle. Qu’un autre enfant de Dieu aille lui parler. S’il ne l’écoute pas, qu’il prenne avec lui deux ou trois autres frères. S’il refuse de les écouter, qu’ils le disent à l’Église. S’il refuse d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme le païen ou le péager. « En vérité, je vous le déclare, tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. En vérité, je vous dis que si deux d’entre vous sur la terre s’accordent pour demander quoi que se soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux. » Le Seigneur est au milieu. C’est Lui qui a le pouvoir exécutif dans l’administration de Son Église, là où deux ou trois sont réunis ensemble. Nous ne parlerons pas de cette phase du fonctionnement de l’Église. Nous ne faisons que la toucher pour en souligner le principe. C’est qu’il y a dans l’expression corporative de Christ, une valeur spécifique, et une valeur de très grande importance.

Quelques entraves fatales au dessein de Dieu

a) L’individualisme.

                    Permettez-moi, à présent, d’ouvrir une parenthèse. Il y a quelques erreurs fatales dans lesquelles sont tombés des chrétiens. Et l’une d’elle est le principe de la ligne individuelle, qui prend la place du principe du Corps. Je dis que cela est une erreur fatale. Elle est fatale à la croissance spirituelle, à la plénitude spirituelle, à la puissance spirituelle, à la lumière spirituelle et à la vie spirituelle.Il y a beaucoup de chrétiens qui ne regardent qu’aux individus. Il est juste, bien sûr, de s’en occuper. Mais le Seigneur ne les sauve qu’en vue de l’Église, en ayant dans Sa pensée le Corps tout entier. Nous devons être fixés à cet égard, et comprendre bien clairement que cette dispensation, - depuis l’Ascension et l’exaltation de Christ et le don du Saint-Esprit, jusqu’à l’enlèvement de l’Église à la fin, - est marquée par Dieu comme étant, au sein de toutes les périodes de l’histoire du monde, la période, - non pas où sont sauvés tant d’individus, hommes ou femmes, - mais celle où est formé un Corps, l’Église, le seul Corps. Et si nous ne reconnaissons pas ce fait, vous et moi, comme la loi gouvernant les relations de Dieu avec les hommes dans cette dispensation, nous perdons, dans une grande mesure, ce que le Seigneur a voulu pour nous. Nous limiterons et rétrécirons notre vie et nos expériences spirituelles, et nous maintiendrons un état de faiblesse dans l’œuvre de Dieu même.

                     J’espère que nous aurons compris cela.Il est très important que nous soyons fixés à cet égard. Nous aurons remarqué que ces deux choses vont habituellement ensemble.C’est le salut individuel qui intéresse et occupe tant d’enfants de Dieu. Lorsqu’ils ont aidé l’individu à accepter le salut, lorsqu’ils l’ont amené au Seigneur, ils n’ont pas d’autre souci que d’aller chercher d’autres individus pour les conduire au salut. Ces deux choses vont ensemble, individualisme et salut, dans le sens purement initial, qui consiste à amener des âmes au Seigneur. Après cela il n’y a rien de plus. Cela a prouvé une chose fatale dans l’histoire des intérêts de Dieu. Et nous voyons aujourd’hui, que c’est l’une des choses qui représente le plus de difficulté pour les chrétiens eux-mêmes, et pour l’œuvre de Dieu plus complète. Ce que je veux exprimer, c’est que nous rencontrons aujourd’hui beaucoup de personnes qui ne sont pas allés jusque là. Tout ce qu’elle possède, c’est leur propre salut personnel, dans ce sens du pardon des péchés, de la paix avec Dieu, de ces rudiments de l’Évangile. Elles en sont restés là depuis dix, vingt, trente, quarante, cinquante ans. Et lorsque vous les rencontrez aujourd’hui et que vous leur parlez, vous êtes en présence de l’un de ces deux points suivants :

                     Il y aura, d’un côté, une incapacité absolue, à ne saisir autre choses que les simples éléments de salut. Elles en sont complètement incapables. Tout ce sens et ces facultés individuels qui aurait dû être développés pour recevoir une révélation plus profonde et plus complète de Dieu se sont atrophiés. Ils n’ont jamais été développés par l’exercice en ce qui concerne leurs facultés spirituelles. Ces personnes sont simplement restés enfants, après toutes ces années. Je ne fais que citer les Écritures en affirmant cela. Nous savons que Paul dut dire ces choses-là même aux Corinthiens « je n’ai pas pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais je vous ai parlé comme à des hommes charnels, comme à des petits enfants en Christ. Je vous ai donné du lait et non de la nourriture solide. » (1Corinthiens 3:1-2). Et il en est de même pour les Hébreux : « vous qui devriez être depuis longtemps des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers éléments des oracles de Dieu ; vous en êtes à en avoir besoin de lait… la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux qui ont le sens exercé par l’usage, au discernement du bien et du mal. » (Hébreux 5:12-14) Paul devait déplorer en ce temps cet arrêt fatal, et ce qu’il disait revenait en fait à ceci : Me voici rempli pour vous de lumière divine, et à cause de votre arrêt spirituel, je suis obligé de retenir tout ce que Dieu m’a donné pour Son Église ! - je dis que c’est fatal pour l’Église, - que le Seigneur ait donné une révélation abondante pour la croissance, et la plénitude et le fonctionnement de Son Église, et que, des années et des années, l’état du peuple de Dieu le rende totalement incapable de recevoir et de comprendre cette révélation. Nous rencontrons aujourd’hui et partout cette situation : on ne peut pas comprendre après tant d’années.

                    Et d’un autre côté, nous rencontrons naturellement ceux qui au bout de leur vie, se tourneront vers nous en disant : oh!si on m’avait dit cela plus tôt ! Si j’avais su cela plus tôt! Oh ! Si je l’avait entendu il y a des années ! Mais pourquoi pas ? Cette révélation a été là de tout temps. C’est cette ligne fatale de l’individualisme qui est la cause de cet état. Dès les premiers jours de l’Église, à quelques exceptions prêts, ici ou là, l’œuvre de Dieu a consisté, dans sa plus grande part, à amener simplement des personnes au salut, en les laissant à ce premier pas. Pour finir, cela devient fatal à l’intention de Dieu, et l’on arrive à reconnaître, dans la peuple de Dieu, que les choses en sont là. Oh ! Si seulement je l’avais su plus tôt ! Or, bien que l’individu soit très important et qu’il faille s’occuper de lui individuellement mais à la lumière de ce qui est profond, nous devons comprendre que, si l’individu prend la place qui appartient au Corps, cela ne peut qu’entraîner les conséquences les plus tristes. C’est une erreur fatale.

b) Faire prévaloir le « système d’Église »

                    Une autre chose fatale est celle qui représente « le système d’Église ». Le système le plus répandu actuellement consiste presque entièrement en une question de congrégations, de lieux où l’on prêche, de lieux où l’on se réunit, où l’on se rassemble dans un but religieux, - oui, et peu-être même dans un but évangélique, mais en congrégation, - où l’on se retrouve pour accomplir un certain rite, et en général pour entendre une prédication, - puis l’on s’en va - Or, bien qu’il y est des variations et de degrés dans ce système, elle est de manière générale la position établie: cela n’est pas une expression corporative de Christ. C’est une congrégation. Ce n’est pas un corps. Ce n’est pas le Corps dans son expression locale et son fonctionnement local. C’est quelque chose de moindre. Quel en sera le résultat ? Le même que dans le premier cas, à savoir, une croissance spirituelle très faible. Il faut que je sois franc, maintenant. J’aimerai parler à cœur ouvert, car je sens que le Seigneur veut nous amener à une certaine position à cet égard. Et nous devons courir le risque de piétiner quelques susceptibilité pour y arriver.

                    Dans cette seconde situation, le résultat sera très largement le même, que là où on est dans la ligne simplement individualiste. Et aujourd’hui, c’est partout que nous trouvons des enfants de Dieu, dans ce système d’Église actuel, qui n’ont pas la moindre lumière sur le dessein complet du Seigneur, et qui ne savent pas de quoi nous parlons. Il y en a des multitudes qui n’ont aucun intérêts pour les choses éternelle. Cette routine, cette habitude d’aller à l’église, cette congrégation, cet accomplissement d’un rite, cet ordre de choses du culte public, tout cela a pris la place de la vraie expression locale du Corps de Christ, et l’a mise de côté. Si nous parlons de l’Église dans ce sens, il faut dire que cette Église est dans un état terrible d’enfance, d’immaturité spirituelle, et cela après des siècles, - et que ceux qui y naissent et qui y sont élevés, ne croissent pas spirituellement. Je le sais, il y en a qui croissent malgré tout, mais je parle de la situation elle-même. Elle est devenue une menace fatale pour le dessein véritable de Dieu.

c) Faire des « missions évangéliques » la chose essentielle.

                    Il y a encore une troisième chose, « les missions évangéliques » C’’est aussi une chose qui prend la place de l’Église locale, constituée spirituellement. Il est bien entendu que nous ne condamnons pas les œuvres d’évangélisation. Nous ne voulons point dire que les missions évangéliques n’aient pas de raison d’être. Nous sommes loin, très loin de l’affirmer. Il est évident ici que nous ne parlons pas des missions d’évangélisation, qui sont organisées de temps à autre par les églises. Non, nous pensons à ces œuvres qui revêtent le caractère d’institutions permanentes en de nombreux endroits. Si nous prenons la mission évangélique et que nous la considérions comme résumant tout ce qui existe, nous contentant d’aller simplement à la salle d’évangélisation où l’Évangile est prêchée aux inconvertis en nous tenant uniquement à cela, nous réduisons notre vie spirituelle. C’est une chose qui s’est substituée dans bien des cas, à l’expression locale de Christ, spirituellement constituée. Christ est bien plus grand que cela ! Et nous remarquons que tous ceux qui passent toute leur vie dans la mission évangélique restent des croyants les plus terriblement dépourvus de maturité, de connaissance et de lumière spirituelles. Oh! Certes, ils se réjouissent en Christ leur Sauveur, - il n’y a aucun doute à cela – et ils se glorifient de leur salut personnel. Mais où est la vocation, la plénitude de Christ ? Où le dessein de Dieu a-t-il son accomplissement ? Pas là ! Cela n’est qu’un pas et un pas ce n’est pas tout le chemin qui mène au but de Dieu. Il faut que ces choses soient des moyens d’action de l’Église, mais ne permettons pas qu’elles occupent toute la place. Si elles le font, elles affecteront fatalement la vie du peuple de Dieu et son avancement spirituel.

                    Voici la différence. Prenons un bouquet de fleurs, une gerbe de roses ou toute autre espèce de fleurs. Elles sont toutes de la même sorte, elles ont toutes la même vie. Elles représentent une congrégation, mais pas un corps ! La différence qu’il y a entre un bouquet de fleurs toutes les mêmes, animées toutes de la même vie, - et toute la plante et sa racine ensemble – est très grande. Donnez-moi, à côté du bouquet, la rose avec la plante et sa racine ou le rosier tout entier, et qu’est-ce que j’aurai ? Et bien je trouverai cette différence : tandis que le bouquet a la vie, il sera limité dans cette vie. C’est tout. Il n’ira jamais au-delà. Donnez-moi la plante ou le rosier, ils croîtront. Ils passeront peut-être par un paroxysme de mort pour une saison, mais l’année suivante, ils repousseront et grandiront. Puis il y aura une nouvelle expérience de mort et de résurrection suivie d’un nouvelle accroissement. Ce sera toujours la même plante. C’est un corps, c’est un organisme, ce n’est pas un bouquet. Et c’est toute la différence entre une congrégation, - qui consiste en un certain nombre de chrétiens, d’unités, qui se rassemblent en tant qu’unités, - et un organisme spirituel, une expression locale du Corps de Christ. C’est le Corps qui est la pensée de Dieu, non pas la congrégation, le bouquet de fleurs ! Il est vrai que tous sont de la même espèce : ce sont des chrétiens, ce sont des enfants de Dieu. Tous partagent la même vie. Mais ils ne représentent pas un organisme grandissant en un même lieu de l’accroissement de Christ, traversant les convulsions corporatives de la mort et de la résurrection, s’enrichissant mutuellement de cette manière. Ce que nous venons de dire du système actuel et des missions montrent leur analogie avec un bouquet de fleurs. Certes, ces croyants sont au Seigneur, et ils ont la même vie. Ce sont tous des enfants de Dieu. Mais ils arrivent à un certain point et sont incapables d’aller au-delà. C’est vrai. Nous avons fait assez d’expériences pour affirmer que c’est vrai. Hélas ! Il y en a beaucoup parmi eux qui ne désirent pas aller plus loin. Et cependant, ce n’est pas la pensée de Dieu. La pensée de Dieu, c’est que la racine et la plante soient un tout, un organisme vivant, représentant ici et là Christ Lui-même. La plante pousse et se développe. Le bouquet vit jusqu’à un certain point et s’arrête là.

                     Or, Satan ne s’oppose pas à de simples réunions, mais il s’oppose aux familles locales, aux expressions locales du Corps d Christ. C’est pour cela que nous avons cette grande histoire de l’effort persistant de l’ennemi pour éparpiller les enfants de Dieu et rompre leur vie corporative et mettre fin à leur fonctionnement pratique uni.

Le but et le fonctionnement de l’Église
dans son expression locale

                     Nous avons donc à voir exactement ce que sont réellement le but et la fonction d’une expression locale du Corps, ou de l’Église, ou de la Maison de Dieu. Nous pourrons le comprendre en considérant la figure ou le type qui conduit à l’anti type, à l’expression parfaite. Ce qu’était autrefois, le temple comme figure,l’Église l’est dans sa réalité spirituelle. Ce qu’est l’Église dans sa réalité spirituelle, et comme un tout, l’assemblée locale doit l’être également. Nous remarquons que les églises locales dans le Nouveau Testament sont toujours considérées à la lumière du Corps dans son ensemble. C’est ainsi que Paul dira à l’Église locale de Corinthe : « vous êtes le corps de Christ ». Or il ne conviendrait pas que l’Église de Corinthe se saisisse de cette parole pour prétendre : Vous voyez, c’est nous qui sommes le Corps de Christ ! Ce serait tordre le propos et la pensée de l’apôtre. Le point de cette déclaration inspirée, c’est que toute assemblée locale est une représentation de ce qu’est le Corps dans son ensemble. Ce qu’est le Corps tout entier dans la pensé de Dieu doit être manifesté ici et là, en tout lieu.

1. Le lieu de rencontre entre Dieu et l’homme.

                    Continuons à étudier par analogie le temple. Qu’est-ce que le temple ? Le temple d’autrefois était, avant tout, le lieu où se rencontraient Dieu et l’homme. C’était la première fonction du temple. C’est celle de la Maison de Dieu. C’est ce que fut Christ, dans sa plus parfaite expression, d’une façon beaucoup plus grande que le fut le temple de jadis. En Lui, le Fils de l’homme et le Fils de Dieu se fondent dans une seule Personne. Il est intensément significatif que ce fait même soit mis en lumière dans Matthieu 16. Christ interrogeant Ses disciples se sert de l’un des termes, et dans la réponse divinement inspirée que Lui donne Pierre, c’est l’autre terme qui est employé. « Qui est le Fils de l’homme d’après ce que les hommes en disent ? » Et Pierre affirme : « Tu es le Fils du Dieu vivant ». Fils de l’homme, Fils de Dieu et c’est par une révélation de Dieu. Nous avons ici Dieu et l’homme qui se rencontrent dans une seule personne, en un même lieu. Plus tard, le Seigneur Jésus dira de Lui-même – détruisez ce temple, ce sanctuaire, je le relèverai ! Les Juifs pensaient qu’Il parlait du bâtiment, mais Il pensait à Lui-même, à Son propre corps. Ce temple – par transition de pensée, allant du temple de Jérusalem à Christ personnellement, ce lieu où se rencontrent Dieu et l’hommec’est Christ.


                    Or, selon la révélation du Nouveau Testament, l'Église, c'est Christ exprimé de manière corporative. Par conséquent, là où Christ est représenté corporativement et fonctionne de manière vivante, c'est là que l'on doit rencontrer Dieu. C'est là que Dieu et les hommes doivent entrer en communion profonde, une relation très particulière. Le témoignage de tous ceux qui pénètrent dans un royaume, où Christ est vraiment exprimé corporativement doit être - Je trouve le Seigneur ici ! - et cela devrait suffire. Voilà la réponse. Trouvez-vous Sa présence là ? Est-ce que vous y rencontrez le Seigneur ? C'est la première chose qui doive nous gouverner, et aucune autre question liée à des rassemblements ou à des congrégations. Non ! Mais le Seigneur Lui-même, et cela non plus comme personnellement avec le Seigneur et moi, - puisque je puis être partout en contact personnel avec le Seigneur, - mais désormais c'est une question de l'Église. Est-ce que je rencontre le Seigneur  au sein de Son peuple, ici ? Si oui, je suis entré dans le royaume, où la pensée du Seigneur a son expression. C'est un royaume où se trouvent d'immenses possibilités.


                    N'avez-vous jamais lu ce petit livre de A.J. Gordon, "Comment Christ vint à l'Église ?" Il serai bon de le lire, bien que peut-être, d'un point de vue plutôt objectif ou extérieur. Permettes-moi d'en faire succinctement le résumé. Le docteur Gordon était assis dans son bureau, un samedi matin, occupé à la préparation de son sermon pour le lendemain. Il s'endormit et se vie en rêve dans son église, dans sa chaire, au jour du Seigneur. C'était une très belle église, avec ses piliers et ses arches gothiques. L'église était comble, il était en chaire, sur le point de commencer le culte, lorsque la porte du fond s'ouvrit pour laisser entrer un étranger, qui s'avança le long du passage pour trouver un siège. Comme il arrivait sur le devant de l'assemblée, quelqu'un s'approcha pour lui indiquer une place libre. Puis le docteur Gordon continue à décrire la suite du service, au cours duquel ses yeux revenaient constamment sur cet étranger. Dès qu'il regardait ailleurs, ses yeux étaient immanquablement attirés vers lui. Le docteur Gordon dit : "je pris la résolution d'aller parler à cet étranger après le culte." A la fin du service, il descendit de chaire, sans montrer de hâte particulière, puis il se fraya un passage, aussi vite que possible, pour essayer d'atteindre l'étranger, mais celui-ci avait disparu. Et ce fut avec un profond désappointement qu'il dit à l'homme qui se tenait à la porte : "Savez-vous qui est l'étranger que vous avez fait entrer ce matin ?" Celui-ci lui répondit "Ne savez-vous pas qui c'était ?"  C'était Jésus de Nazareth. Oh, dit le docteur Gordon, pourquoi ne l'avez-vous pas retenu ? J'aurai aimé lui parler. Oh ! répliqua l'homme ne vous inquiétez pas, il était ici aujourd'hui, il reviendra !" (J'ajoute que cette double réponse porta du fruit. Elles inspirèrent deux volumes écrits de sa plume, l'un sur "L'œuvre du Saint-Esprit", et l'autre sur "Le retour du Seigneur").

                   Le docteur Gordon raconta ensuite qu'il s'en alla en méditant - Jésus de Nazareth a été aujourd'hui dans mon église. Qu'est-ce que j'ai prêché ? J'ai parlé de Lui. Est-ce qu'Il a pu discerné dans ma prédication la moindre nuance d'irréalité ? Est-ce que j'ai parlé de Lui, ne sachant pas qu'Il était présent, comme j'aurai prêché si j'avais su qu'Il était là ? Qu'a-t-Il pensé de mon attitude, de mon sujet, de la façon dont j'ai dirigé le service ? Qu'a-t-il pensé de notre chœur, de notre chant ? Tout se rapportait à Lui, mais est-ce que tout était digne de Lui ? Je me demande ce qu'Il aura pensé de notre édifice gothique....

                    Voilà le résumé de l'histoire. Mais la pensée qui m'est venue à ce sujet, est celle-ci : Est-ce là note conception des choses ? Ce récit, nous le voyons bien, suggère l'idée que l'Église est une chose et que Christ en est une autre, que l'Église peut bien représenter à bien des égards, certaines choses, tandis que Christ en serait une différente. Oh ! non, ce n'est pas cela l'Église de Dieu, l'Église de Dieu c'est Christ. L'Église, c'est Christ. Si Christ est prédominant lorsque le peuple de Dieu se réunit, Dieu Lui-même est présent. C'est sur la base de Christ et de Sa présence que les hommes rencontrent Dieu. Vous savez aussi bien que moi que les hommes ne peuvent pas rencontrer Dieu, en ce que nous sommes. Nous ne pouvons pas par nous-même mettre les hommes en contact avec Dieu. Aucun sacerdoce en soi, ne saurait amener les hommes à Dieu. Mais si le Seigneur Jésus est  en nous et que nous puissions mettre les hommes en contact avec le Seigneur Jésus, nous les mettons en contact avec Dieu. Mais, s'Il n'est pas en nous personnellement ou collectivement, nous pourrions parler de Dieu jusqu'au jour du jugement, sans que les hommes Le rencontrent jamais. Voilà ce qu'est l'Église, quand elle est constituée selon la vérité. Elle est le fondement sur lequel les hommes rencontrent Dieu, et où Dieu rencontre les hommes, et ce fondement, c'est Christ Lui-même. Il y a une valeur particulière et une signification spéciale, qui sont liées à cette expression corporative de Christ, comme étant la place où l'homme peut rencontrer Dieu. Je crois que le Seigneur peut exercer une action beaucoup plus grande sur les hommes, par une compagnie de frères et de sœurs en qui demeure Christ et qui sont réunis dans la puissance du Saint-Esprit, que par des chrétiens isolés et individuels, aussi nombreux soient-ils. Un lieu de rencontre entre Dieu et l'homme, l'organe e la vie divine.

                    Prenons le temple d'Ezéchiel. La maison est maintenant achevée, selon la pensée de Dieu. Et c'est du seuil de la maison, en descendant les marches, que jaillit la rivière. Le torrent allant en s'approfondissant et en s'élargissant, fait tout revivre sur ses rives, sur lesquelles on voit des arbres et tout est vivant, jusqu'à ce qu'il finisse par se jeter dans la Mer Morte. Cette mort même est engloutie dans cette vie qui sort du sanctuaire. C'est de cette expression corporative de Christ, l'Église, que la vie de Dieu est apportée aux hommes, et c'est pourquoi l'ennemi cherche à la briser. C'était là, le sujet de notre méditation précédente. La dispersion ou la division du peuple de Dieu, son éparpillement en autant d'individus, d'unités isolées, sans vie corporative réelle, c'est un mouvement stratégique de l'ennemi contre cette vie. Nous savons dans notre propre expérience que, si l'ennemi arrive à se glisser entre deux d'entre nous seulement, pour nous désunir en esprit, notre vie sera arrêtée, et la rivière ne coulera plus avant que nous n'ayons réparé ce point, que nous n'ayons remédié à cette division. Cela est très significatif. L'ennemi cherche à créer cette sorte de situations. Il est opposé à la vie parce que l'Église est l'organe de la vie de Dieu.

2) La représentation et l'expression des pensées de Dieu

                     Le temple était ensuite la représentation et l'expression des pensées de Dieu. Chaque pierre, tout objet qui y été employé, toutes les formes, toutes les dimensions et les mesures, tous les matériaux, tout représentait quelque pensée de Dieu. L'intention de Dieu était représentée par ces choses. Tout était symbole des attributs spirituels. Pierre, en développant ce mot qui est devant nous, - une maison spirituelle, (1Pierre 2:5) - dit un peu plus loin que l'objet de la maison spirituelle, c'est "d'annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière". Le temple devait manifester les vertus excellentes du Seigneur. Il devait être la représentation des pensées divines. Le peuple de Dieu devrait être en tout lieu la représentation et l'expression des pensées divines. Il devrait y avoir en son sein une connaissance très bénie des pensées de Dieu, une compréhension de l'intention du Seigneur pour Son peuple, une révélation précieuse de ce que le cœur de Dieu renferme pour les Siens. C'est ce qui devrait être : pas seulement des prédications, mais un ministère de révélation par l'inspiration du Saint-Esprit et sous un ciel ouvert ! C'est cela qui a de la valeur pour le Seigneur et pour Son peuple. Mais pour cela, l'assemblée doit être vivante : oh, comme nous le savons ! Lorsque nous nous réunissons, tous ensemble, nous ne sommes pas toujours vivants pour le Seigneur. Parfois, nous sommes fatigués, nous avons quelque ennui, ou bien c'est une question qui est intervenue pour nous abattre et bien que le Seigneur ait préparé une fête abondante, qu'Il ait quelque chose à nous faire connaître, Il ne le peut pas. Il en est empêché et il en résulte un état d'apathie et un manque de vie. Mais si nous nous réunissons dans l'Esprit, si nous sommes vivants pour le Seigneur, Ses pensées se révèleront et jailliront librement. La bénédiction spirituelle que nous recevrons dans une réunion d'enfants de Dieu dépendra dans une grande mesure de notre disposition d'esprit. C'est très largement de nous que dépend ce que le Seigneur peut nous donner. L'assemblée des enfants de Dieu doit être l'expression et la représentation des pensées de Dieu. C'est pour cela qu'elle existe.

3) La sphère du gouvernement et de l'autorité de Dieu

                     Le temple était ensuite le lieu où s'exerçait le gouvernement de Dieu. C'était là qu'étaient apportées les questions qui demandaient une décision, celles qui devaient être jugées, et Pierre dit : "Le jugement va commencer par la maison de Dieu." (1Pierre 4:17) Nous nous retrouvons aussi avec le texte de Matthieu 18, - dis-le à l'Église ; que ce soit l'Église qui décide. L'Église est donc le lieu où s'exerce le jugement divin. Nous ne pouvons pas nous y arrêter, mais nous voyons que l'assemblée corporative, constituée de manière vivante et selon Christ, a une valeur très réelle et très pratique pour Dieu, dans notre monde actuel. Et combien il est important pour la vie, pour la lumière, pour la puissance, que nous fassions tous, de manière vivante et consciente, partie d'une telle expression locale de Dieu.

                    J'aimerai vous le dire de tout mon cœur ; il est nécessaire, chers amis, que chacun de nous, nous fassions partie d'une assemblée vivante et fonctionnant sur cette base, que nous soyons dans son sein, ou soutenu par elle. Je sais quelle différence cela représente, et beaucoup d'entre nous connaissons cette différence, la différence que cela fait en profondeur et en force. J'ai, durant des années, été pasteur dans différentes églises ou congrégation comme nous le disons ; mais je connais la différence qu'il y a entre cela et ce qui a été obtenu depuis lors. Ce n'est pas une différence qui consiste dans la capacité naturelle des personnes. C'est une différence de nature. La première chose faisait partie d'un système institué, organisé, et gouverné par l'homme, pour des buts religieux. La deuxième est formée par l'Esprit et il y a une différence énorme entre les deux.  Je connais la différence lorsque je me trouve dans ces cas.

                    Tout ce que nous pouvons dire, c'est que ceux qui ont une assemblée locale vivante du peuple de Dieu, dont ils font partie, ont quelque chose  que d'autres n'ont pas. Il y a une richesse en eux. Il y a en eux quelque chose de plus, que ce que nous pouvons trouver dans ceux qui sont dans ce qui est gouverné par l'homme, où tout est purement individualiste ou formaliste. C'est très important car c'est ce que doit être l'Église. L'Église ne connaîtra les ressources que Dieu lui a destinées, que dans la mesure où elle fonctionne selon l'intention divine. Si c'est à cela que nous sommes appelés en tant qu'Eglise, il faut donc que nous soyons l'Église pour accomplir notre grande vocation et connaître notre plénitude. Je vous demande de penser très sérieusement à cela. C'est une chose d'une importance énorme, que cette question de la communion locale du peuple de Dieu.

                    Nous savons que cette question est un réel problème pour beaucoup d'entre nous. "Il n'y a rien dans notre voisinage et je ne vois pas comment vivre cette communion." Mais il y a une réponse et celle-ci est toute simple, bien quelle soit peut-être de nature à nous éprouver. Si telle est la pensée du Seigneur, remettons-la au Seigneur. "Seigneur, si c'est bien là Ta pensée, conduis-moi vers une compagnie selon Ton cœur, ou bien fais-en naître ici une où je me trouve." Demandons cela au Seigneur avec persévérance.

                    Lorsque frère Nee était parmi nous, et comme nous échangions nos pensées au sujet de cette question, il me raconta comment, dans un certain lieu, un enfant de Dieu avait apporté au Seigneur une telle situation. Il avait prié avec persévérance pendant des années, et après avoir prié longtemps, il vit une petite compagnie commencer à se former, et cela graduellement. Un second membre s'ajouta au premier, puis un troisième, puis un autre encore. Mais pendant ce temps, ces frères furent profondément exercés. Ils se tinrent cependant dans la signification et la valeur de la pensée de Dieu. Ils demandaient avec persévérance que Sa pensée trouvât son expression et devienne une réalité. Oui, c'est tout simplement cela. C'est là notre ministère : d'amener à l'existence, par la prière, ce que Dieu veut et doit avoir. Si nous pouvons être facilement découragés, eh bien c'est que nous n'avons pas vu la vision, que la pensée de Dieu ne nous a pas pénétrés très profondément. Ceci est dit en passant pour aider quelqu'un qui vit cette situation. Si nous sommes exercés au niveau de l'Eglise, et que l'Eglise soit pour nous de plus grande importance que ce problème, nous saurons, je pense, trouver le moyen de le résoudre. 

à suivre..........



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