(23) Ce monde, aire de jeux ou champ de bataille Aiden Wilson Tozer
Le
capitaine des âmes
Le
poète anglais William Ernest Henley a été incendié par un grand
nombre de chrétiens, indignés de ce qu'il ait dit en termes clairs
ce que croit pratiquement tout-le-monde :
Je
suis le maître de mon destin :
Je
suis le capitaine de mon âme.
Bien
que le ton général du poème soit arrogant et revêtu d'une sorte
de défiance apeurée, je pense que nous devrions être charitables
envers l'auteur, un homme qui ne connaissait rien aux influences
adoucissantes de l'amour de Dieu, un estropié à vie qui était
amené à se défouler aveuglement sur tout ce qui lui semblait être
à l'origine de son mauvais sort. En fait, sa phrase était plus dite
d'un aire de bravade qu'autre chose avec l'espoir de quelqu'un qui
prend ses désirs pour la réalité. Et pourtant, quand il dit qu'il
est capitaine de son âme et maître de son destin, il dit vrai.
Charles
Wesley a dit à peu près la même chose dans un hymne qui a été
chanté par quasiment toutes les églises du monde anglophone :
J'ai
un devoir à remplir,
Un
Dieu à glorifier
Une
âme éternelle à sauver,
Et
rendre digne du ciel.
Seuls
ceux qui nient la liberté de la volonté humaine pourraient
s'opposer aux vers de Wesley. Il est certain que Dieu nous a donné
une âme, et tout aussi certainement, Il nous a donné le devoir de
faire en sorte qu'elle soit sauvée. Les paroles de Pierre aux foules
au jour de la Pentecôte traduisent cette même idée: «
Sauvez-vous de cette génération perverse » (Actes 2:40). Qui
peut douter que Pierre considérait ses auditeurs comme étant
responsables de leur condition spirituelle? On ne peut pas comprendre
autrement les mots de Pierre sans en déformer le sens.
En
oubliant un instant la différence technique qu'il y a entre le
capitaine et le pilote d'un navire, nous pouvons voir que chaque
homme est le capitaine de sa propre âme. Dès lors que le bateau a
levé l'ancre et qu'il vogue sur les flots au large, seul le
capitaine en est responsable. Toute l'étendue des sept mers est
devant lui. « Voici, même les navires, qui sont si grands et
que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit
gouvernail, au gré du pilote » (Jacques 3:4).
Mais
nous n'aimons pas l'idée que nous sommes responsables de notre âme.
C'est une pensée déconcertante, et même terrifiante. Nous sommes
si faibles, si ignorants, et la mer est si vaste et cruelle. «
Seigneur, nous ne savons pas où tu vas, comment pouvons-nous donc en
connaître le chemin ? » (Jean 14:5) s'est exclamé Thomas,
exprimant aussi par là nos propres sentiments. Nous ne savons même
pas où est le port – comment pouvons-nous espérer l'atteindre ?
Et pourtant nous en sommes responsables – comment est-ce possible ?
La
réponse c'est que, même s'il est vrai que nous ne sommes pas
capables de mener notre bateau au port, nous pouvons choisir de
remettre notre navire entre les mains de quelqu'Un qui en sera
capable. Dieu nous a donné notre libre arbitre pour que nous
puissions choisir le bon pilote. Il nous a aussi donné le Pilote,
Jésus Christ notre Seigneur. Il nous suffit de reconnaître notre
ignorance et de nous écrier par la foi,
Jésus,
Sauveur, pilote-moi,
Par-dessus
la mer impétueuse de la vie,
Des
vagues inconnue arrivent devant moi,
Cachant
rochers et bas-fonds inattendus ;
La
carte et le compas viennent de Toi :
Jésus,
Sauveur, pilote-moi.
Dieu
a donné à chacun une volonté qui lui est propre. La différence
entre un chrétien et un inconverti ce n'est pas que l'un a une
volonté alors que l'autre n'en a pas. Non, les deux ont une volonté.
La différence réside en ce qu'ils en font. La volonté du pécheur,
c'est de diriger sa propre vie, et c'est là l'essence-même du
péché. Les chrétiens sont des chrétiens parce que par la foi ils
ont cédé leur volonté à celle de Dieu et ont rendu leur âme à
Jésus Christ. Tennyson avait bien compris cela lorsqu'il a écrit :
Nos
volontés sont à nous, nous ne savons comment ;
Nos
volontés sont à nous, pour les conformer à la Tienne.
En
conclusion, la destinée de chaque homme a un maître et l'âme de
chaque homme a un capitaine. C'est soit l'homme lui-même ou un Autre
qu'il a choisi. La différence s'explique en quelques mots, mais les
répercutions puissantes et éternelles de cette différence ne
pourraient se décrire en mille livres. Le ciel et l'enfer, la vie et
la mort, le bonheur et le malheur dépendent de cette décision –
Christ ou moi? Pauvre Henley. Il avait tellement raison, et pourtant,
il avait tellement, tragiquement tort.
à suivre...
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