Numérisation Yves PETRAKIAN 2005 – France
Nouvelle édition numérique Yves PETRAKIAN 2011 – France
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Introduction
1 Les réveils superficiels
2 L'excitation malsaine au cours
des réveils
3 Une cause de certaines conversions superficielles
4 Les erreurs qui bloquent les réveils
5 Les erreurs dans
les messages de réveil
6 L'excitation pendant les réveils (1)
7 L'excitation fanatique
8 L'excitation pendant les réveils (2)
9 Pourquoi y a-t-il si peu de réveils?
10 Les causes du
déclin des réveils
11 L'inutilité d'efforts spasmodiques
12 Les obstacles à l'esprit de réveil
13 Les objections faites
aux séries de réunions
14 Les obstacles aux réveils
15
L'attitude pernicieuse de l'Eglise par rapport aux réformes
16
La folie de vouloir entretenir la véritable religion sans réveils
INTRODUCTION
A
tous les amis de notre Seigneur Jésus-Christ, tout particulièrement
à Ses serviteurs.
Bien-aimés
dans le Seigneur, Plusieurs années se sont écoulées depuis qu’une
série de conférences données sur le sujet des réveils a été
publiée dans les colonnes du journal de New-York, ‘l’Évangéliste.’
Beaucoup d’entre vous le savent. J’ai eu l’occasion de prêcher
ces conférences devant ma propre congrégation de New- York. Elles
furent publiées par l’éditeur de ce journal. Depuis la
publication de ces conférences, mes observations et mes expériences
concernant les réveils se sont continuellement développées et ont
mûri, si bien que je suis désireux de dire bien d’autres choses à
mes frères sur ce sujet.
Lorsque
j’ai commencé à donner ces prédications, je n’avais ni
connaissance ni expérience en matière de réveils. Mon expérience
chrétienne était elle-même très limitée. Le Seigneur m’a
conduit sur un chemin que je ne connaissais pas. Récemment, j’ai
pensé qu’il pouvait être utile de communiquer aux Eglises mon
expérience et mes convictions.
Je
souhaite tout particulièrement que mes frères comprennent que je ne
prétends à aucune infaillibilité dans ce domaine. Je ne veux que
présenter mes opinions, avec la modestie qui convient à mon
ignorance, et que réclame aussi la nature du sujet. Depuis environ
vingt ans, j’ai bénéficié d’une continuelle expérience en
matière de réveils. En acquérant cette expérience, j’ai observé
de très près et avec une grande sollicitude les différents
réveils, leur développement, leurs résultats, et tous les
phénomènes qui les accompagnent, ainsi que leurs conséquences.
J’ai parfois lu les remarques faites par certains journaux,
prétendant que, depuis mon installation à Oberlin, j’avais cessé
de voir de puissants réveils associés à mon ministère ou à celui
de mes collaborateurs. Mais il s’agit là d’une grave erreur. Mes
frères auraient été informés de la réalité, si certains des
journaux auteurs de ces remarques avaient porté à la connaissance
du public les faits tels qu’ils se sont passés.
Je ne mentionne
cela ni pour censurer ces éditeurs, ni pour me vanter du succès de
mon propre ministère ou de celui de mes collaborateurs. Je veux
simplement attirer votre attention objective
sur mes propos. Ne croyez pas que ceux-ci soient faits par un homme
dont les observations et l’expérience concernant les réveils ont
cessé depuis longtemps. Bien au contraire, mes observations et mon
expérience se sont développées dans toute leur fraîcheur jusqu’à
cette heure même.
Ma
position dans ce pays et les observations que j’ai pu faire à
l’étranger m’ont donné des avantages particuliers pour juger de
l’efficacité ou de l’inefficacité de certaines pratiques. J’ai
été témoin de puissants réveils ici même. Ils se sont produits
de temps en temps tout au long des dix années écoulées. Ce qui
s’est passé ici aurait pu être qualifié de réveil partout
ailleurs. Il s’écoule rarement une semaine, sinon un jour, sans
que je puisse observer un certain nombre de signes de l’intervention
divine. J’ai encore pu constater l’influence des réveils sur la
vie de jeunes hommes se préparant pour le ministère, sur la vie de
serviteurs de Dieu, et sur l’Eglise en général, des années après
que ces réveils se soient produits. J’ai pu étudier avec le plus
profond intérêt leur commencement, leur progression, leur déclin
temporaire, puis leur reprise, ainsi que leurs diverses formes et les
circonstances de ces modifications.
Je
désire attirer l’attention de mes frères sur un nombre
considérable de sujets. Par la providence de Dieu, j’ai pu
observer une grande variété de mesures employées pour conduire des
réveils. Quand j’ai commencé à les connaître, au cours des dix
premières années de mon ministère, nous ne connaissions pas ce que
nous appelons aujourd’hui ‘les séries de réunions.’
Depuis
lors, ces séries de réunions, appelées tout d’abord
‘rassemblements d’Eglises,’ sont devenues une pratique
courante. Elles ont pu prendre la forme de réunions étalées sur
trois ou quatre jours, ou leur forme actuelle de ‘séries de
réunions’ programmées sans interruption sur plusieurs semaines.
En ce qui concerne l’efficacité de ces différentes méthodes,
j’ai beaucoup de choses à dire, et j’invite tous les chrétiens
à considérer ces remarques dans la prière. Je veux aussi souligner
le soin extrême que nous devons prendre pour éviter que ces réveils
ne dégénèrent en fanatisme et en confusion, comme cela s’est
produit dans certains cas. Je désire aussi attirer l’attention de
mes frères sur certains résultats désastreux qui ont pu se
produire à cet égard.
Votre frère, C. G. Finney
I.
LES RÉVEILS SUPERFICIELS.
Depuis
au moins dix ans, j’ai observé que les réveils sont
progressivement devenus de plus en plus superficiels. Une multitude
d’autres observateurs sont parvenus à la même conclusion. Tous
les phénomènes qui accompagnent les réveils actuels en témoignent
comme d’un fait général. Il y a beaucoup moins de conviction
profonde de péché et de brisement profond du coeur, beaucoup moins
d’humilité véritable, et beaucoup moins de puissance dans toutes
les grâces manifestées dans la vie de ceux qui se sont convertis au
cours des derniers réveils. Ce n’était pas le cas de ceux qui se
sont convertis lors des réveils survenus en 1830, 1831, et un
certain temps auparavant. J’ai observé, comme d’autres l’ont
fait, que les réveils avaient une durée beaucoup plus courte, et
qu’ils provoquaient une réaction beaucoup plus soudaine et
désastreuse qu’auparavant. J’ai noté également qu’un nombre
plus faible de convertis devenaient des chrétiens stables et
efficaces. Quant à ceux qui persévèrent, ils semblent être moins
remplis de l’Esprit de Christ que lors des réveils précédents.
Ils n’ont pas autant l’esprit de prière, ils ne sont pas aussi
modestes ni aussi humbles. Bref, si j’en juge par ma propre
expérience et les observations d’autres témoins, tous les
phénomènes accompagnant les réveils les plus récents ont revêtu
un caractère bien moins souhaitable qu’auparavant. Je considère
ce propos comme modéré.
Au
cours des réveils actuels, les chrétiens sont bien moins
spirituels, moins persévérants dans la prière, moins profondément
humiliés et vivifiés, et moins puissamment baptisés dans le Saint-Esprit qu’auparavant. Je suppose que ces observations ne doivent
pas être appliquées à l’ensemble des réveils, mais je crois
qu’on peut les appliquer à la grande majorité d’entre eux. Je
crois que les serviteurs de Dieu ne sont pas aussi désireux
qu’auparavant de voir des réveils se produire dans leurs Eglises,
et qu’ils n’ont pas d’aussi bonnes raisons de l’être. Quant
aux serviteurs de Dieu qui n’ont connu que les réveils récents,
ils en sont presque venus à craindre les réveils. Ils ont tellement
vu les effets désastreux des réveils modernes qu’ils se demandent
honnêtement s’il est finalement désirable d’avoir un réveil.
Ceux qui ont assisté aux réveils d’il y a dix ou vingt ans
préfèrent nettement les réveils de ce type. Ils sont affligés du
caractère superficiel de beaucoup de réveils récents. Je fais là
une remarque générale et non universelle, et n’exprime que mon
opinion personnelle. J’ai souvent entendu des serviteurs de Dieu et
des chrétiens dire: ‘Nous languissons de voir revenir le jour où
nous verrons des réveils comme ceux que nous avons eus il y a des
années!’ J’ai très attentivement observé l’évolution des
choses. J’ai recherché avec le maximum de soin et de prière
quelles étaient les causes de ce déclin. Si mes informations sont
bonnes, et si j’ai bien compris la situation, j’énoncerai déjà
les causes suivantes:
1.
On sonde aujourd’hui beaucoup moins profondément le coeur humain.
On n’expose pas de manière complète la dépravation de la nature
humaine. On constate généralement que les pécheurs impénitents
n’ont manifesté ces dernières années qu’une opposition très
faible aux réveils. Ceci m’a été confirmé par un frère qui a
exercé longtemps le ministère d’évangéliste. Je ne crois pas
que les pensées charnelles des hommes ne soient plus en conflit avec
Dieu. Mais je crains que l’on n’ait pas complètement mis en
lumière dans les coeurs les raisons profondes de ce conflit. Je
crains que l’on ne mette pas entièrement à nu l’indescriptible
dépravation du coeur humain, comme on le faisait auparavant. On
prêche bien quelques sermons dans chaque réveil sur le thème de la
dépravation morale. Mais je crains que cela ne soit aucunement le
grand thème de la prédication. Cela devrait l’être, si l’on
veut profondément labourer la jachère du coeur du pécheur comme de
celui du chrétien. D’après ma propre expérience et mes
observations, comme d’après la Parole de Dieu, je suis pleinement
convaincu que la nature des réveils dépend beaucoup de l’accent
placé sur la dépravation du coeur humain. Son orgueil, son inimitié
contre Dieu, son caractère tortueux, et tout ce que Dieu trouve
haïssable, doivent être exposés à la lumière de Sa loi parfaite.
2.
Je crains que l’accent ne soit pas assez placé sur l’horrible
culpabilité entraînée par cette dépravation. On ne fait pas assez
d’efforts, par des messages clairs et tranchants, pour montrer au
pécheur que son coeur est irrémédiablement corrompu et coupable,
et qu’il est inexcusable. Aucun réveil ne sera véritablement
profond tant que les pécheurs et les chrétiens rétrogrades
n’auront pas été sondés et mortifiés à un point tel qu’ils
seront incapables de garder la tête haute. Tant que des pécheurs et
des chrétiens rétrogrades pourront assister à des réunions de
réveil en gardant la tête haute et en vous regardant en face sans
être rouges de confusion, je suis absolument convaincu que l’on
aura la preuve qu’une inspection minutieuse des coeurs n’a
nullement été faite. Ceux-ci ne sont nullement prêts à être
entièrement brisés devant Dieu et à se convertir. Je souhaite tout
particulièrement attirer l’attention de mes frères sur ce fait.
Quand des pécheurs et des chrétiens rétrogrades sont réellement
convaincus de péché par le Saint-Esprit, ils ont profondément
honte d’eux mêmes. Tant qu’ils ne manifestent pas une profonde
honte, on doit savoir que leurs coeurs n’ont pas été suffisamment
sondés, et qu’ils ne se voient pas eux-mêmes comme ils devraient
se voir. Quand je me rends à une réunion où les coeurs doivent
être sondés, et que je parcours du regard la foule, si je vois les
assistants ayant la tête haute, me regardant et se regardant les uns
les autres, je comprends tout de suite ce qui me reste à faire. Au
lieu de les presser immédiatement à venir à Christ, je dois
m’efforcer de les convaincre de péché. En général, il suffit à
un serviteur de Dieu de regarder la foule pour savoir qui est
convaincu de péché et qui ne l’est pas, et qui est assez
profondément convaincu de péché pour être prêt à recevoir
Christ.
Certains
parcourent la salle du regard, et ne manifestent aucune honte.
D’autres ne peuvent pas vous regarder en face, mais peuvent encore
garder la tête haute. D’autres encore ne peuvent plus garder la
tête haute, mais restent silencieux. D’autres enfin, par leurs
sanglots, leurs profonds soupirs, et l’agonie qu’ils traversent,
révèlent immédiatement que l’épée de l’Esprit les a touchés
au plus profond de leur coeur. J’ai appris qu’un réveil ne prend
jamais une direction désirable et convenable, tant que la
prédication et les moyens utilisés ne tendent pas tous à produire
cette véritable et profonde conviction de péché. C’est cette
conviction qui brise complètement le pécheur et le chrétien
rétrograde, et qui produit en eux une honte et une confusion
indescriptibles devant le Seigneur. Ils sont alors totalement
dépouillés de toute excuse, et acceptent entièrement de se
condamner eux-mêmes en donnant raison à Dieu.
3.
Je pense que l’on ne souligne pas assez en général l’action
nécessaire de Dieu dans le coeur des chrétiens et des pécheurs. Je
sais que je me suis moi-même quelquefois trompé à ce sujet. Dans
le désir de déloger les pécheurs et les rétrogrades des refuges
où ils pouvaient continuer à se justifier, j’ai
moi-même, comme d’autres l’ont fait, trop insisté sur les
efforts personnels que devaient accomplir les pécheurs. J’aurais
plutôt dû leur montrer à quel point ils dépendaient de la grâce
de Dieu et de l’influence de Son Esprit. Ceci a attristé l’Esprit
du Seigneur.
Il S’est donc abstenu d’agir, parce que Son oeuvre
n’a pas été honorée ni suffisamment mise en avant. Il n’a donc
pas pu être glorifié pour Son action. Dans le même temps, des
multitudes ont été surexcitées par l’emploi de toutes sortes de
moyens destinés à provoquer une excitation. Elles ont conçu des
espérances, mais sans jamais connaître la nécessité de la
présence et de l’action puissante du Saint-Esprit. Inutile de dire
que de telles espérances sont plus faciles à rejeter qu’à
conserver! Il serait étonnant, en réalité, que l’on puisse mener
une vie chrétienne en se fondant sur une expérience avec laquelle
le Saint-Esprit n’aurait manifestement rien à voir.
II.
LES EXCITATIONS MALSAINES DANS LES RÉVEILS.
Quand
on a recherché un réveil, on a très souvent commis l’erreur
d’encourager l’excitation, jusqu’au point où elle devient
malsaine. Un certain degré d’excitation est inévitable. Quand on
veut pousser un pécheur à se tourner vers Dieu, il faut lui faire
comprendre et apprécier des vérités qui produiront nécessairement
un degré considérable d’excitation dans ses pensées. Mais il ne
faut jamais oublier que l’excitation, en particulier quand elle est
très vive, expose le pécheur à de grandes séductions. La vraie
religion consiste à obéir de coeur à la loi de l’intelligence,
en veillant à ce que celle-ci ne soit pas influencée par les
émotions ou la crainte. Quand les sentiments sont surexcités, la
volonté est presque obligée de leur céder. Je ne dis pas qu’il
en est nécessairement toujours ainsi. Mais des sentiments exacerbés
exercent une influence tellement puissante sur la volonté qu’ils
parviennent presque toujours à la dominer. Il faut savoir que notre
intelligence n’est jamais spirituelle quand elle est contrôlée
par nos sentiments, car on agit alors par impulsion. Quels que soient
nos sentiments, si notre âme accepte de se laisser contrôler par
eux, au lieu de se soumettre à l’Evangile de Dieu, nous quittons
le domaine de l’intelligence spirituelle. Or la vérité nous est
révélée par l’intelligence.
En
outre, plus l’excitation grandit, plus il est difficile d’obéir
à la loi de l’intelligence. Plus les sentiments sont fortement
excités, plus ils tendent à gouverner la volonté. Et plus ils
gouvernent effectivement la volonté, moins l’âme se trouve, et
peut se trouver, dans un état spirituel. Ceci est vrai quels que
soient nos sentiments.
Il
faut toutefois souligner qu’un certain degré d’excitation est
nécessaire dans les réveils, pour attirer et fixer soigneusement
l’attention de l’intelligence sur la vérité. Mais il n’en
faut pas plus. Quand l’excitation dépasse cette limite, elle
devient toujours dangereuse. Quand l’excitation est très vive, au
point de dominer la volonté, ceux qui éprouvent cette excitation
sont invariablement séduits et se trompent eux-mêmes. Plus ils sont
contrôlés par leurs sentiments, et plus il leur semble qu’ils
sont spirituels. Ils sont conscients d’éprouver des émotions très
profondes. Ils agissent en conséquence, simplement parce qu’ils
éprouvent ces émotions. Ils ont conscience d’être sincèrement
motivés par leurs émotions. Et ils croient être alors réellement
spirituels. En réalité, s’ils sont contrôlés par leurs émotions
et non par leur intelligence, ils ne sont pas du tout spirituels.
Nous
devons sans aucun doute trouver là le secret de tant d’espoirs
déçus, dans des réveils où l’excitation a été très grande.
Il faut absolument que cette vérité soit comprise. Sinon, cette
grande excitation ne sera pas tenue en bride, mais sera plutôt
encouragée. Chaque fois que l’on a cru qu’un réveil n’était
grand que si l’excitation était grande, on a invariablement causé
de grand dommages à la cause de Christ. On peut certes s’attendre
à ce qu’une grande excitation accompagne souvent les réveils
véritables. Mais si l’on arrive à retenir soigneusement
l’attention des assistants, on veillera alors à n’encourager que
l’excitation nécessaire pour permettre à l’intelligence de
contrôler pleinement la volonté. Il ne faut pas que celle-ci soit
troublée par des émotions profondément excités. J’ai souvent vu
certaines personnes dans un tel état d’excitation que leur
intelligence semblait presque abrutie. Leur volonté semblait être
dominée par tout autre chose que la raison. Ce n’est pas une
attitude spirituelle, c’est de l’excitation! Cela a souvent fini par
prendre la forme du fanatisme, ainsi que j’aurai l’occasion de le
montrer dans ces lettres. Je le répète, il est dangereux dans les
réveils de s’adresser trop exclusivement aux espoirs et aux
craintes des hommes. Pour la simple raison que l’homme est un être
égoïste. Le fait de s’adresser presque exclusivement à ses
espoirs et à ses craintes va tendre à produire en lui une
soumission égoïste à Dieu. Il s’engagera dans une religion
égoïste dont les deux motivations seront d’une part la crainte
d’être puni, et d’autre part l’espérance d’être
récompensé. Certes, il est vrai que le Seigneur fait appel aux
espérances et aux craintes des hommes. Il les menace d’être punis
s’ils désobéissent, et Il leur offre des récompenses s’ils
obéissent. Mais si le coeur n’est motivé que par l’espoir d’une
récompense ou la crainte d’une punition, il ne manifeste aucune
puissance. Quand des pécheurs commencent à aimer le Seigneur d’une
manière désintéressée, et qu’ils se consacrent au bien
universel, Dieu leur promet une récompense pour leur service
désintéressé. Mais Il ne leur a jamais promis de récompense s’ils
Le suivent pour des pains et des poissons. Une telle attitude n’est
que de l’égoïsme pur.
Si
des pécheurs se repentent et se détournent de leurs péchés, s’ils
se consacrent d’une manière désintéressée au bien universel et
à la gloire de Dieu, le Seigneur leur promet de pardonner leurs
péchés. Mais cette promesse n’est pas faite à ceux qui
abandonnent leurs péchés par motifs d’intérêt. On peut cesser
de pratiquer ouvertement le péché pour des motifs égoïstes, mais
ce n’est pas ainsi que le péché sera ôté du coeur. C’est de
l’égoïsme. Il est insensé et absurde de prétendre réellement
abandonner le péché en ayant des motifs égoïstes. Tout effort
égoïste pour donner notre coeur à Dieu n’est qu’une
confirmation de l’égoïsme. Tout effort d’abandonner le péché
simplement par la crainte d’une punition ou l’espoir d’une
récompense est de l’hypocrisie. Bien plus, cela ne tend qu’à
confirmer, fortifier et perpétuer l’égoïsme du coeur.
Sans
aucun doute, quand les pécheurs sont insouciants, le fait de faire
appel à leurs espoirs et à leurs craintes est le moyen le plus
rapide de les réveiller et d’attirer leur attention sur le salut.
C’est peut-être le seul moyen de procéder. Mais quand on a ainsi
retenu leur attention, on ne doit jamais oublier la nécessité
absolue de les empêcher de s’engager d’une manière égoïste.
Il faut alors leur exposer avec force tout ce qui tend à les
détourner d’eux-mêmes, et les pousser à consacrer leur être
entier au Seigneur. Nous devons présenter à leur intelligence le
caractère de Dieu et Sa souveraineté. Nous devons leur expliquer
Christ, le Saint-Esprit, et le plan du salut. Nous devons leur
présenter ce qui peut les détourner de leurs péchés et du besoin
de satisfaire leurs propres intérêts, tout en les incitant à
manifester un amour désintéressé et universel.
Par
ailleurs, il faut puissamment mettre en lumière à l’esprit du
pécheur sa propre laideur, son égoïsme, son entêtement, son
orgueil, son ambition, son inimitié contre Dieu, ses convoitises, sa
culpabilité, sa nature repoussante et odieuse, sa mort spirituelle,
son esclavage, et tout ce qui concerne sa nature réelle. Face à son
égoïsme, à sa rébellion, à son entêtement et à sa repoussante
culpabilité, il faut mettre en contraste l’amour désintéressé
et infini du Dieu béni éternellement, Son infinie compassion, Sa
douceur, Sa grâce, Sa pureté, Sa sainteté, Sa fidélité, et Sa
justice. Ces vérités doivent lui être présentées comme un
miroir, jusqu’à ce qu’elles l’écrasent de tout leur poids et
lui brisent le coeur. Il est très aisé de comprendre que tout ceci
ne peut être fait sans produire un certain degré d’excitation,
parfois considérable. Mais il ne faut jamais oublier qu’une forte
excitation n’est qu’un mal occasionnel. Elle ne doit jamais être
regardée comme hautement favorable à la conversion du pécheur.
Plus l’âme pourra être conservée calme lorsqu’elle contemple
ces vérités, et plus la volonté sera libre d’accepter de se
soumettre à ce que lui révèle l’intelligence.
Il
est certain que l’on s’est exagérément opposé à l’excitation
souvent rencontrée dans les réveils spirituels. Je le répète, une
vive excitation est souvent inévitable. Mais je ne doute pas non
plus que l’excitation ait souvent atteint un niveau qui n’était
pas nécessaire, et même que l’on ait déployé beaucoup d’efforts
pour provoquer une irrésistible et profonde excitation. J’ai
parfois été témoin d’efforts qui tendaient manifestement à
créer une excitation aussi grande que possible. On a bien souvent
employé des moyens qui ne tendaient nullement à faire plier la
volonté des pécheurs, ou à leur faire intelligemment comprendre
les termes du salut. Au contraire, ces moyens me semblaient produire
une sorte de suffisance, par la puissance d’une irrésistible
excitation. Je ne peux croire que cela soit sain, ni sans danger,
dans les réveils. En réalité, chaque fois que de tels efforts ont
été déployés, je crois que tout le monde a admis qu’il en est
résulté du mal et non du bien. Plus j’observe les réveils, et
plus je suis impressionné par la nécessité de garder l’excitation au
plus faible niveau possible, en tout cas au niveau compatible avec
une pleine exposition de la vérité.
Souvent,
par un effet de résonance, l’excitation se répand rapidement au
sein d’une assemblée. Pour cette raison, il est souvent
nécessaire, quand le réveil est puissant, de faire preuve d’une
très grande discrétion. Il faut une grande sagesse pour maîtriser
la situation sans blesser personne, quand quelqu’un ne peut plus se
maîtriser, est saisi d’une brusque excitation, se met à pousser
de grands cris, éclate en sanglots ou commence à gémir, en proie à
une vive émotion. Quand un tel comportement est sévèrement
réprimé, il se produit aussitôt chez les chrétiens une réaction
qui étouffe l’action de l’Esprit. En revanche, quand ces
comportements sont ouvertement encouragés, quand on souffle sur la
flamme, on encourage souvent une irrésistible surexcitation dans
toute l’assemblée. Peut-être que beaucoup d’âmes sembleront
être entièrement gagnées au Seigneur, et que des multitudes feront
ouvertement leur soumission à Dieu. Mais, finalement, presque
personne n’aura agi intelligemment et ne s’avérera être
réellement converti.
On
dit parfois qu’il n’est nullement gênant que l’excitation soit
grande, pourvu qu’elle soit produite par la vérité.
Certes,
il est souvent vrai que la compréhension de la vérité produit une
grande émotion. L’intelligence est alors confondue, la sensibilité
s’enflamme et devient exacerbée, les émotions explosent, et
l’intelligence est presque étouffée et annihilée par un torrent
d’excitation. Mais un tel état est très défavorable à une
réelle conversion. J’ai très souvent pu assister à des cas
semblables. Avant d’avoir acquis de l’expérience dans ce
domaine, j’étais favorable à de tels comportements. J’en
pensais même le plus grand bien. Mais j’ai appris à les
considérer à une autre lumière, et à accorder une confiance bien
supérieure à des conversions qui se produisent lorsque
l’intelligence est bien plus calme. J’aimerais être bien
compris. Il n’est pas raisonnable de prétendre que de grandes
émotions soient entièrement à proscrire dans les réveils. Mais je
veux être clairement compris sur le point suivant: il ne faut en
aucun cas s’efforcer de produire la moindre excitation, au-delà de
celle produite par une lucide et puissante exposition de la vérité.
Toute autre mesure employée pour éveiller l’intérêt, tout ce
que nous pourrons faire pour entretenir cet intérêt lorsqu’il est
éveillé, ne doit jamais troubler l’action de l’intelligence, ni
distraire son attention de la vérité, à laquelle le coeur doit se
soumettre.
Je
souligne à nouveau que tous les débordements émotionnels qui sont
pris pour des réveils spirituels ne produisent, en fin de compte,
qu’une piété très superficielle, pour la simple raison que
l’excitation est trop grande. On fait trop appel aux émotions. On
s’adresse trop exclusivement à l’espoir et à la crainte. La
prédication veut stimuler les émotions et les sentiments, plutôt
que l’intelligence. Il en résulte une tornade d’excitation, qui
exclut toute action intelligente du coeur. La volonté est annihilée
par le flot impétueux des émotions. L’intelligence est
momentanément rendue inopérante et confuse. Elle ne sert plus
d’instrument capable de discerner clairement la vérité. Il ne
peut certainement en résulter le moindre bien.
Je
ne crois pas me tromper en disant qu’une telle erreur a souvent été
commise quand on a voulu produire un réveil parmi des enfants. Ils
ont toujours nettement tendance à se laisser emporter par les
émotions, et l’on ne peut avoir la moindre confiance en des
réveils où l’on a déployé beaucoup d’efforts à exciter les
enfants, et non à les instruire. Ils peuvent se trouver engagés
dans de véritables tempêtes émotionnelles, à la suite desquelles
la plupart d’entre eux affirmeront et sembleront être convertis,
alors qu’ils ont seulement été remués dans leurs émotions. Ils
n’ont absolument pas compris ni assimilé correctement la vérité.
La conséquence de tels efforts et d’une telle excitation chez des
enfants est de les rendre incrédules. Il en est en vérité de même
chez tous ceux qui sont passés par une semblable excitation
émotionnelle, et qui n’ont pas reçu d’enseignement suffisamment
solide pour leur permettre de tourner leur coeur vers Dieu.
III.
UNE CAUSE DE CERTAINES CONVERSIONS SUPERFICIELLES.
J’ai
déjà souligné que nous n’avions pas fait assez d’efforts pour
sonder le coeur des pécheurs, pour mettre à jour et exposer
soigneusement sa nature dépravée, afin de lui faire sentir qu’il
a besoin du remède de l’Evangile. Si je ne me trompe, on a souvent
commis l’erreur de pousser les pécheurs à se soumettre à Christ,
avant même qu’ils aient compris ce que signifie une véritable
soumission. On les a poussés à se repentir, avant qu’ils aient
réellement compris la nature affreuse du péché. On les a incités
à croire, avant qu’ils aient compris leur besoin de recevoir
Christ. On leur a demandé de se décider à servir Dieu, sans qu’ils
aient compris quoi que ce soit au service de Dieu. On les a pressés
de se décider à entrer immédiatement au service de Dieu. Mais on
s’est contenté de leur enseigner qu’ils avaient seulement besoin
de se décider à obéir au Seigneur.
C’est pourquoi leur vie
spirituelle n’a été qu’une religion de résolutions. Elle n’a
finalement manifesté aucune foi, aucun amour, ni aucun brisement de
coeur. Bref, il me semble que l’on n’a pas, bien souvent,
présenté à l’intelligence des pécheurs la véritable nature de
la religion.
Voilà
pourquoi le nombre des conversions superficielles est devenu
désespérément élevé. Année après année, j’ai été de plus
en plus surpris de constater le grand nombre de ceux qui s’engagent
dans la foi, sans avoir manifestement la moindre idée de ce qu’est
l’idéal véritable d’une foi pure. On oublie presque
complètement, sinon totalement, l’idée que l’amour est
l’essence et le coeur de la foi chrétienne.
Il
y a deux extrêmes vers lesquels plusieurs groupes de personnes sont
continuellement attirés. Le premier extrême est le perfectionnisme,
l’autre est le légalisme. Ils sont manifestement aussi éloignés
l’un que l’autre de la foi véritable.
La
religion du légaliste est une religion de résolutions. Il prend la
résolution de servir le Seigneur. Il prend "sa décision,"
comme il le dit lui-même. Il croit que servir le Seigneur, c’est
accomplir des oeuvres. Il prie en famille. Il assiste aux réunions.
Il fait des visites, il parle, il s’agite beaucoup. Pour lui, c’est
cela "faire l’oeuvre du Seigneur." Mais il l’accomplit
dans un esprit parfaitement légaliste, sans rien manifester de
l’amour, de la bienveillance, de la douceur, de la patience et de
tous les fruits de l’Esprit qui caractérisent le véritable
christianisme. Il peut facilement se lancer dans une grande
agitation. Mais il ne possède pas en lui les racines mêmes de la
foi. Il ne parvient à accomplir "l’oeuvre de Dieu,"
comme il le dit, que pendant la durée d’une série de réunions.
La limite extrême de sa piété ne dépasse probablement pas trois
mois par an. Dans la plupart des cas, cependant, elle ne représente
pas la moitié de ce temps.
La
difficulté, pour une telle personne, réside dans le fait qu’elle
n’a pas en elle-même les racines de la foi. La fontaine profonde
de l’égoïsme n’a pas été tarie en elle. Elle n’a jamais été
profondément convaincue de péché par le Saint-Esprit. Ses
convictions de péché se sont limitées à ce que son intelligence a
pu lui montrer, d’une manière naturelle et évidente, lorsqu’un
prédicateur a clairement exposé la vérité. Mais il n’a jamais
reçu de révélation surnaturelle apportée par l’Esprit de Dieu.
Une telle personne n’a donc jamais eu que de très faibles lumières
sur Dieu, sur le péché, sur sa propre culpabilité, sur la punition
qu’elle mérite, sur son besoin d’un Sauveur, sur la nécessité
d’être sauvée de ses péchés, bref, sur toutes les doctrines
fondamentales de la foi chrétienne. Son intelligence est enténébrée
et son coeur endurci.
Un
tel converti n’a jamais été délivré de son entêtement et de sa
propre justice. Il n’a donc jamais connu Christ, "la puissance
de sa résurrection, et la communion de ses souffrances." Il n’a
jamais été rendu conforme à Sa mort. Il n’a même aucune idée
de ce que ces choses signifient. Il connaît peu de choses de Christ,
à part Son nom. Il n’a qu’une idée obscure de Son oeuvre
médiatrice. Il n’a jamais été mis à mort par la loi et ne s’est
jamais vu dans la situation d’un pécheur mort, condamné et perdu,
incapable de toute attirance pour Dieu. Il n’a aucune conscience
profonde d’être dans la situation d’un hors-la-loi et d’un
criminel condamné, vis-à-vis du gouvernement de Dieu. Il n’a pas
encore perdu tout espoir en lui-même ou en quelque autre créature.
Bref, il n’a aucune conscience de ses besoins et de sa véritable
nature. Il a de toutes ces choses une compréhension tellement
superficielle qu’il n’a pas compris la nécessité et la nature
du salut apporté par l’Evangile. Il continue à faire des oeuvres
pour Dieu, comme s’il servait un maître pour un salaire. Sa
religion n’est pas celle d’un amour désintéressé et universel.
Il
a décidé de servir Dieu, comme il aurait décidé de faire tout
autre chose, ou de rendre un service à quelqu’un, pour l’avantage
qu’il en reçoit, ou qu’il attend d’en recevoir. Un
tel converti se reconnaît par les principales caractéristiques
suivantes:
1.
Sa vie chrétienne manque manifestement de douceur, d’humilité et
de modestie. En réalité, il n’a jamais été humilié et brisé.
Il ne peut donc pas manifester l’état d’esprit correspondant.
Son comportement, sa conversation, son allure générale, ses prières
et ses exhortations, sont entièrement imprégnés d’un esprit de
propre justice.
2.
Sa vie chrétienne manque manifestement d’amour. En d’autres
termes, sa religion ne consiste pas à aimer. La manière dont il
parle des anciens convertis, des chrétiens, des serviteurs de Dieu,
et de tout le monde en réalité, démontre que la loi d’amour et
d’amabilité n’est pas dans son coeur ni, par conséquent, sur
ses lèvres. Il n’est pas tendre pour la réputation des autres,
respectueux de leurs sentiments, sensible à leurs intérêts,
aimable et courtois, comme le sont ceux qui sont motivés par
l’amour.
Observez-le,
et vous verrez que sa vie chrétienne ne manifeste pas les attributs
décrits par Paul dans #1Co 13. Il ne possède pas cet amour patient,
plein de bonté, qui n’est pas envieux, qui ne se vante point, qui
ne s’enfle point d’orgueil, qui ne fait rien de malhonnête, qui
ne soupçonne point le mal, qui ne se réjouit point de l’injustice,
mais qui se réjouit de la vérité. Vous ne trouverez pas en lui cet
amour qui excuse tout, croit tout, espère tout et supporte tout.
3.
Une autre caractéristique évidente de ce converti est qu’il n’a
que très peu de Christ dans sa vie chrétienne. Dans sa
conversation, dans ses prières ou dans beaucoup d’autres domaines,
il manifeste qu’il n’a pas été vidé de lui-même et rempli de
Christ.
4.
Une autre caractéristique de ce converti est qu’il n’étudie pas
la Bible. Somme toute, la Bible n’a pour lui aucune saveur. Ils ne
la sonde pas profondément. En réalité, il la comprend, mais très
superficiellement. Il ne n’est pas soumis à son autorité, au
point que la langue des auteurs inspirés devienne le langage naturel
de sa propre expérience. C’est la raison secrète de son manque
d’amour et de compréhension de la Parole de Dieu. C’est pourquoi
il ne la sonde pas.
Personne
ne peut réellement comprendre et aimer sa Bible, tant que son
expérience personnelle ne s’accorde pas avec le langage de la
Bible. Ce n’est que lorsque notre expérience s’accorde avec
l’Ecriture inspirée que la Bible nous devient intelligible et
profondément intéressante.
J’ai
remarqué qu’un grand nombre de ceux qui se disent chrétiens ne
connaissent pas grand-chose de leur Bible, et ne s’en soucient pas
beaucoup. Il y a même certains jeunes prédicateurs, ou supposés
prédicateurs, qui ne connaissent presque rien de leur Bible, et qui,
en réalité, passent dix fois plus de temps à lire autre chose que
le Livre de Dieu. Une foule de prétendus convertis savent fort bien
qu’ils n’ont qu’un intérêt très limité pour leur Bible.
Ceux qui les connaissent bien peuvent le confirmer. Tout ceci nous
permet de conclure que la religion d’un tel converti n’est pas la
religion de la Bible. Il n’est pas établi sur le fondement des
apôtres et des prophètes, et Jésus- Christ Lui-même n’est pas
sa "pierre angulaire."
"Maintenant
donc, ces trois choses demeurent: la foi, l’espérance, et la
charité; mais la plus grande de ces choses, c’est la charité".
{#1Co 13:13}
IV.
LES ERREURS QUI BLOQUENT LES REVEILS.
Lorsqu’on
recherche un réveil, on peut commettre une autre erreur, en manquant
de sagesse dans les instructions données pour présenter à
l’intelligence la véritable nature de la vie spirituelle. J’ai
été très surpris, et fort attristé, de voir combien sont rares,
parmi ceux qui se disent chrétiens, ceux qui ont clairement compris
la nature réelle de la vie chrétienne. Beaucoup supposent que
celle-ci ne consiste qu’à éprouver certains sentiments ou
certaines émotions, ou à rester dans la passivité
intellectuelle. Lorsqu’ils parlent de leur religion, ils parlent
donc de leurs sentiments, et disent: ‘Je ressens ceci ou cela.’
Ils semblent supposer que la vie spirituelle consiste
essentiellement, sinon uniquement, à être guidés par certaines
impulsions ou sensations. Mais cela n’a strictement rien à voir
avec la vie spirituelle.
Des
multitudes pensent que leur vie spirituelle n’est faite que de
désirs. Ils ne croient pas que leur libre choix ou l’exercice de
leur volonté doivent être concernés. Mais il ne peut y avoir
aucune vie spirituelle dans un désir, si nous utilisons ce terme
dans le sens d’un état psychique passif, et non volontaire.
D’autres
supposent que la vie spirituelle se limite à une attitude purement
légaliste. Leur intelligence est aiguillonnée par leur conscience,
pour accomplir des oeuvres sous la contrainte, par ce que l’on
appelle généralement ‘le sens du devoir.’ En réalité, presque
toutes les erreurs et les séductions sont possibles, lorsqu’il
s’agit de décrire ce qui constitue la véritable vie spirituelle.
Les hommes ne semblent avoir aucune idée juste de la nature du péché
ou de la sainteté.
Beaucoup
de ceux qui se disent chrétiens parlent souvent de l’égoïsme
comme s’il ne s’agissait pas véritablement d’un péché, ou
comme s’il ne s’agissait que de l’une des formes du péché.
Lorsque j’ai eu l’occasion de prêcher sur le thème de
l’égoïsme, en différents lieux, j’ai été étonné de
découvrir que beaucoup de chrétiens découvraient avec surprise,
comme si cela était nouveau pour eux, que l’égoïsme était
totalement incompatible avec une attitude réellement spirituelle. Il
semblait qu’il ne leur était jamais venu à l’esprit que
l’égoïsme était incompatible avec la vie spirituelle.
Un
jour que je prêchais dans l’une de nos cités, je m’efforçais
de développer la véritable nature de la spiritualité chrétienne.
Je voulais démontrer qu’elle ne consistait qu’en la pratique de
l’amour, ou d’une bienveillance désintéressée, parfaite et
universelle. L’idée que la vraie religion consiste en
bienveillance semblait entièrement nouvelle à une foule de
chrétiens. Après avoir présenté ce sujet, et l’avoir retourné
en tous sens jusqu’à ce que l’assemblée le comprenne, le diacre
de l’une des Eglises me fit remarquer, lorsque je descendis de
l’estrade, qu’il ne pensait pas qu’il y eût dix chrétiens
véritables dans cette ville. Une dame me dit qu’elle ne
connaissait qu’une seule personne, dans son Eglise, qui pratiquait
un amour semblable, et que tous les autres, pour autant qu’elle les
connaissait, semblaient dominés par l’égoïsme. Sauf erreur de ma
part, la plupart des églises de notre pays ont certainement grand
besoin de comprendre cette vérité d’une manière claire et
profonde. Ceci est spécialement vrai en temps de réveil. Voici
réellement venu le moment d’exposer ce sujet, et de l’exposer
avec force et clarté, jusqu’à ce la nature de la véritable
religion soit parfaitement définie. Si nous ne le faisons pas, les
chrétiens tomberont dans un nombre presque infini d’erreurs.
Dans
une lettre ultérieure, je ne manquerai pas de décrire en détail
certaines de ces erreurs. Il me suffit ici de dire qu’il est
essentiel que l’on comprenne en quoi consiste la véritable
religion. Elle se résume entièrement en un seul mot: l’amour.
Toute forme de religion véritable n’est qu’un aspect de l’amour,
ou de la bienveillance désintéressée. Tout ce qui ne procède pas
de l’amour n’est pas la vertu, ni la véritable religion. Il faut
dire à ceux qui cherchent le salut que la conversion consiste à
aimer Dieu de tout son coeur, et que la repentance consiste à se
détourner de l’égoïsme et à donner son coeur à Dieu. Bref, la
première et unique chose que Dieu leur demande est d’aimer le
Seigneur de tout leur coeur, et leur prochain comme eux-mêmes. Tant
qu’ils ne manifestent pas l’amour, quoi qu’ils fassent, ils ne
pratiquent pas la véritable religion. Ils ne la pratiquent que dans
la mesure où ils sont animés d’un amour suprême pour Dieu, et
d’un amour identique pour l’homme. On ne fera jamais assez
d’efforts pour corriger les erreurs que les hommes commettent
constamment à ce propos. Mais, bien qu’il soit d’une importance
vitale de faire ces remarques, il ne faut jamais oublier que ce ne
sont pas celles-ci qui convertiront les hommes à la véritable
religion.
Si
je ne me trompe, certains ont aussi commis une autre erreur. Ils ont
dépensé toutes leurs forces à faire une prédication qui fait
appel à la raison. Ils veulent expliquer la nature philosophique de
la foi, de la bienveillance, de la repentance, et des différentes
grâces chrétiennes. Leur paroles étaient peut-être justes, et
leurs exhortations nobles et efficaces. Ils ont réussi à s’adresser
à l’intelligence de leurs auditeurs. Mais ils ne sont pas
parvenus, au bout du compte, à faire passer la véritable religion.
Ils ont commis une erreur fondamentale. Ils se sont contentés de
faire de bons raisonnements
et de développer en quoi consistait la foi. Ils ne sont pas allés
plus loin. Ils ont accepté que l’intelligence de leurs auditeurs
se complaise à comprendre cette idée, sans que leur coeur soit
touché. En d’autres termes, ils ne sont pas parvenus à présenter
les grandes vérités de la foi, et à les maintenir fermement devant
l’intelligence, jusqu’à ce que celle-ci finisse par croire. Ils
ont peut être correctement expliqué quelle était la nature de la
foi. Mais ils n’ont pas maintenu devant l’intelligence les
vérités qui doivent être crues. Ils n’ont pas prêché la vérité
avec suffisamment de fermeté pour qu’elle finisse par produire la
foi. Ils ont réussi à faire comprendre aux homme ce qu’était la
foi, mais ne sont pas parvenus à les persuader d’exercer la foi.
Ils se sont contentés de développer l’idée, sans insister sur la
nécessité d’accepter la vérité par la foi. Ils ne sont pas
parvenus à faire céder la volonté de leurs auditeurs, pour qu’elle
s’engage à recevoir la vérité par la foi.
Il
en est de même pour toutes les autres grâces chrétiennes. On a
exposé la véritable idée de l’amour, mais sans faire en sorte
que l’auditeur soit rempli d’amour. On ne lui fait pas abandonner
complètement son égoïsme, pour qu’il se consacre entièrement à
l’exercice de l’amour. La distinction que je viens de faire est
certainement d’une très grande importance.
On
peut comprendre la nature philosophique de l’amour, sans pour cela
faire preuve d’amour. Si nous nous contentons d’expliquer la
véritable nature de l’amour, nous n’arriverons probablement pas
à faire pratiquer l’amour véritable, même si nous réussissons à
faire comprendre en quoi il consiste. Il faut présenter Dieu,
Christ, l’amour de Christ, les grands sujets d’intérêt de
l’univers, et tout ce qui tend à nous remplir d’amour. Je le
répète, certains se sont sérieusement trompés en ne présentant
pas d’une manière juste la nature de la véritable religion. Des
gens se sont convertis, mais ils sont partis dans une fausse
direction, en croyant qu’ils s’engageaient dans la religion de
Christ. Ils n’ont pas pu s’engager dans la véritable religion,
parce que l’idée restait formée au niveau de leur intelligence,
sans aller plus loin. Parce que leur intelligence avait clairement
compris le message, ils ont pensé que cela suffisait pour pratiquer
la vraie religion. Mais n’ont pas compris qu’ils ne la
pratiquaient pas.
Pour
s’assurer que les conversions obtenues soient véritables, il est
donc nécessaire de veiller soigneusement à ce qu’une idée bien
comprise soit suivie de pratique. Ceci est particulièrement vrai
depuis qu’une fausse philosophie a engendré de fausses conceptions
de la religion dans tellement d’esprits.
Ce
qui est vrai de la foi et de l’amour est aussi vrai de la
repentance, de l’humilité, de la douceur, et de toutes les autres
grâces. Il faut certes en définir la nature, jusqu’à ce que
l’idée soit bien formée dans l’intelligence. Mais ces vérités
doivent être abondamment expliquées, retournées dans tous les
sens, et maintenues devant l’intelligence, jusqu’à ce que le
coeur soit motivé à mettre ces vertus en pratique.
Il
faut bien comprendre que les explications intellectuelles qui
présentent la nature de ces vertus ne suffisent absolument pas à
les produire concrètement. La véritable religion ne peut être
pratiquée qu’à partir du moment où ces vérités sont exposées
d’une manière lucide et vigoureuse, jusqu’à ce qu’elles
entrent dans le coeur.
Je
voudrais ajouter ici que s’il fallait choisir de ne pas parler de
quelque chose, je dirais que l’on pourrait, sans le moindre risque,
éviter de faire tous les exposés théoriques dont je viens de
parler. Mais si nous exposons avec force tout ce qui tend à produire
la foi et l’amour, si nous présentons ces vérités avec puissance
et vigueur, elles tendront à produire la repentance, la foi,
l’amour, l’humilité, la douceur, etc. La plupart du temps, nous
pouvons nous attendre à ce que ces vertus soient produites dans
toute leur pureté, sans que l’ont ait besoin d’expliquer en quoi
elles consistent. Par exemple, en présentant Christ à une âme,
celle-ci peut être conduite à croire en Lui, sans jamais avoir
compris ce qu’était la foi véritable. En présentant le caractère
de Dieu, on peut faire naître dans l’esprit de l’auditeur un
véritable amour, sans que son intelligence saisisse quoi que ce soit
de la nature de l’amour.
Ceci
peut être vrai de toute autre grâce. De sorte qu’il vaut bien
mieux se contenter de présenter les vérités qui tendent à
produire ces grâces, en évitant de parler de leur nature
philosophique. Ce n’est qu’ainsi que l’on parviendra à rendre
les cœurs obéissants.
En
présentant la nature de la véritable religion, on réussira à
détruire les faux espoirs de ceux qui se disent chrétiens depuis
longtemps, mais qui ne le sont pas réellement, ainsi que les
illusions de ceux qui se sont convertis d’une manière
superficielle. Un tel langage permettra aussi à ceux qui recherchent
la vérité de ne pas tomber dans l’erreur.
Je
supplie mes frères qui cherchent à produire des réveils
spirituels, de ne jamais oublier et de mettre en pratique cette
importante vérité: l’Evangile doit être exposé dans toute sa
puissance irrésistible et brûlante. Il doit être présenté comme
une vérité qu’il est nécessaire de croire, jusqu’à ce que les
grâces chrétiennes se manifestent. Dans vos prédications de
réveil, vous ne devrez parler qu’occasionnellement des aspects
théoriques de ces grâces. Notre devoir est de bien expliquer en
quoi consiste la véritable religion, et de barrer la route aux
fausses espérances.
V.
LES ERREURS DANS LES MESSAGES DE REVEIL.
Je vais à présent parler d’une autre erreur qui, je le crains, a souvent été commise quand on cherche à produire un réveil. Je veux parler d’une prédication qui s’adresse à l’intelligence des auditeurs et qui tend à les enfler d’orgueil, au lieu de les conduire à l’humiliation et à l’obéissance. C’est une prédication qui explique intellectuellement en quoi consiste la vie chrétienne, mais qui laisse de côté les grandes réalités de la révélation divine. Je suis certain que je suis moi-même souvent tombé dans cette erreur.
Quand
la prédication devient très métaphysique et intellectuelle, on
donne l’impression que l’on peut tout comprendre. On fait croire
que rien ne peut être accepté sans avoir d’abord été expliqué,
sans que sa nature théorique ait d’abord été comprise. Il en est
résulté de grands maux.
Je
ne vais pas jusqu’à dire que certains ont commis l’erreur de
déclarer que l’on ne doit rien recevoir par la foi, sans que l’on
ait d’abord pu le comprendre intellectuellement. Cependant, sauf
erreur de ma part, cette impression a bien été donnée.
L’intelligence humaine est désespérément pervertie, imbue
d’elle-même et incrédule. Elle est extrêmement flattée et
remplie d’orgueil de pouvoir se lancer dans des spéculations
métaphysiques. Elle aime philosopher sur les grandes vérités de la
religion, au point de finir par se croire capable de comprendre
presque toutes les grandes vérités concernant Dieu et Son royaume.
Cette
attitude entraîne directement deux conséquences funestes. Tout
d’abord, on remplace la foi par nos propres raisonnements oiseux.
L’homme philosophe ou spécule sur une doctrine, jusqu’à ce
qu’il la considère comme une simple idée. Il est alors
extrêmement enclin à se reposer sur sa propre démonstration, ou
sur sa philosophie, plutôt que de faire confiance au témoignage de
Dieu. Cela n’est pas la foi. Quand on a pris cette habitude, on
rejettera complètement toute doctrine que l’on ne peut expliquer
ni comprendre intellectuellement. Ou alors on l’acceptera, mais
d’une manière tellement superficielle, qu’il sera évident qu’on
n’y attache aucune confiance réelle.
Tant
que les prédicateurs s’attacheront à faire appel à
l’intelligence des hommes, en voulant tout leur faire comprendre
intellectuellement, ils trouveront des gens pour les suivre. Mais, si
ceux-ci les suivent, ce sera manifestement parce qu’ils auront été
convaincus par des raisonnements et des spéculations. Ce ne sera
absolument pas parce qu’ils auront résolument mis leur confiance
dans la Parole de Dieu et les réalités de l’Evangile.
Vous
vous rendrez compte que ces chrétiens superficiels rejettent
absolument certaines des doctrines les plus importantes et les plus
précieuses de l’Evangile, comme celles de la divinité et de
l’humanité de Christ, de la Trinité, des desseins divins, et bien
d’autres encore. S’ils les acceptent, ce
n’est que d’une façon très superficielle. Une telle prédication
n’aboutit pas à humilier l’orgueil de l’intelligence humaine.
Elle ne transmet que la connaissance qui enfle, selon l’expression
de Paul. J’ai souvent pensé à ce passage en observant l’esprit
dont font preuve ces chrétiens dont je parle. Ils sont manifestement
sages à leurs propres yeux et remplis de suffisance. Ils comprennent
ce qu’ils croient. Ils se glorifient d’être des philosophes, et
de ne pas être assez faibles et ignorants pour croire ce qu’ils ne
comprennent pas.
J’ai
pu observer d’une manière très claire que ces personnes n’ont
aucune foi réelle. Ils ne mettent absolument pas leur confiance en
Dieu, en la Bible, ni en aucune de ses affirmations, simplement parce
que Dieu les a faites. Ils se complaisent et se confient en leurs
propres spéculations. Bien entendu, ils n’ont que très peu de
respect pour Dieu et très peu de respect pour Son autorité. Ils
n’ont aucune confiance réelle en Sa Parole.
Les
conséquences funestes d’une telle prédication intellectuelle sont
tout d’abord qu’elle ne crée pas la foi. Ensuite, même si la
foi existait précédemment, elle ne tend nullement à la développer,
à la fortifier et à la confirmer. Mais elle tend plutôt à la
dessécher et à la détruire. C’est un fait remarquable que les
auteurs inspirés ne font jamais de philosophie, mais tiennent comme
acquise une juste philosophie. Ils affirment des faits dont la foi
peut se saisir. Bien qu’ils ne fassent jamais de philosophie, il
est évident que leur manière de présenter la vérité est
parfaitement philosophique, quand on considère le but qu’ils ont
en vue. Parmi toutes les méthodes possibles de présenter la vérité,
il est clair que la méthode employée par l’Ecriture est la seule
qui puisse permettre d’atteindre le but que Dieu recherche. Il sera
toujours indispensable, dans notre monde comme dans l’autre,
d’avoir foi dans le caractère et le témoignage de Dieu, pour Lui
obéir de tout coeur. Certains prétendent que la foi ne sera plus
nécessaire dans le ciel, parce qu’elle sera remplacée par la vue.
Mais il n’en sera jamais ainsi. Il ne fait aucun doute que la
confiance en Dieu, en Son caractère, en Sa sagesse, en Sa bonté,
ainsi que dans l’universalité et la perfection de Sa
bienveillance, sera tout aussi indispensable dans le ciel qu’elle
l’est sur la terre, pour toute l’éternité.
Le
gouvernement de Dieu est vaste, et Ses desseins nous sont
impénétrables. Il est donc nécessaire qu’un grand nombre de
dispensations divines, par leur nature même, nous soient
profondément mystérieuses et difficiles à comprendre, à moins
d’avoir la plus entière confiance en la bienveillance et en la
sagesse de Dieu.
Dans
notre monde, le grand objectif de Dieu est de restaurer la confiance
en Lui-même et en Son gouvernement. Il veut créer et développer la
foi jusqu’à sa perfection. Il présente donc des faits sans les
expliquer. Le Seigneur n’entre absolument pas dans des
raisonnements explicatifs, mais affirme simplement les faits qu’Il
désire nous communiquer. Il nous demande de les saisir par la foi et
de nous reposer sur eux. Nous ne pourrons jamais comprendre un grand
nombre de ces faits. Nous pouvons comprendre qu’une chose est
vraie, sans pouvoir expliquer sa philosophie. C’est certainement
vrai d’une foule de faits que nous rencontrerons toujours dans le
gouvernement de Dieu. Il est donc indispensable que nous soyons
entraînés, dès le début de notre vie chrétienne, à ne pas
hésiter à faire confiance à ces faits. Nous devons attendre qu’ils
nous soient expliqués jusqu’à ce que nous soyons capables de
recevoir ces explications. Je n’insisterai donc jamais assez sur la
nécessité de présenter l’Evangile de telle manière que l’on
permette un plein exercice de la foi. Je ne veux pas dire par là
qu’il ne faut jamais expliquer les faits, s’ils admettent une
explication philosophique. Mais je veux dire que nous ne devons pas
prendre trop de peine à les expliquer, ni à en définir la
philosophie.
Selon
ma propre expérience, j’ai compris que j’ai porté gravement
atteinte à ma piété en insistant trop sur le fait que nous devions
comprendre toutes choses avant de les accepter. Cela signifie que,
souvent, je ne me suis pas contenté d’accepter certaines choses
qui m’étaient simplement présentées comme des faits, mais que je
suis demeuré troublé, insatisfait et instable, tant que je n’avais
pas compris et expliqué la logique de ces faits. Cela a certainement
été mon expérience en ce qui concerne la doctrine de l’expiation.
Je ne me contentais pas de la simple affirmation que Christ
était mort à ma place, mais il me fallait comprendre le comment et
le pourquoi. Je voulais que l’on m’explique les grands principes
de la souveraineté divine et la politique du Royaume de Dieu, sur
lesquels était fondée la grandiose transaction de mon rachat. Je
suis satisfait de pouvoir m’expliquer la logique de cette
transaction, et j’ai souvent réussi à l’expliquer aux esprits
les plus sceptiques. Mais, après tout, et à la réflexion, je suis
maintenant persuadé que si je leur avait présenté avec force les
simples faits, et s’ils les avaient reçus comme des faits
s’appuyant sur l’autorité du témoignage divin, cela aurait été
plus profitable à leur âme.
Depuis
un ou deux ans, j’ai été plus souvent conduit à respecter
l’importance de la présentation des faits, jusqu’à ce qu’ils
soient acceptés comme des faits, tout en expliquant
occasionnellement leur logique. J’ai découvert que ceci était
extrêmement profitable à mon âme, comme à l’âme de ceux qui
ont d’abord cru les faits, sans qu’on leur en ait expliqué la
logique. Ceci développe et fortifie la foi. Cela conduit les gens à
ressentir la nécessité de faire confiance à Dieu, et à recevoir
tout ce qu’Il dit, sur la seule autorité de ce qu’Il affirme.
Par
la suite, quand on explique la logique de ces réalités, cela
n’augmente pas la foi des auditeurs. Mais ils sont néanmoins très
édifiés, et même ravis de comprendre les explications logiques
apportées à des réalités qu’ils avaient d’abord crues sur
l’autorité de Dieu. Je trouve cela excessivement profitable à mon
intelligence, comme à l’intelligence des autres, autant que j’en
aie l’expérience.
Il
est aisé en vérité de constater que tout l’Evangile devrait être
présenté et accepté de cette manière. C’est de cette manière
que la Bible est systématiquement écrite. Il faut tout d’abord
recevoir les faits comme des faits, simplement parce que Dieu les
affirme. On doit ensuite expliquer ceux qui peuvent être expliqués
et compris, pour l’édification et le développement de la
connaissance des enfants bien-aimés de Dieu. Mais si l’on inverse
le processus, en commençant par expliquer toutes choses, il ne reste
plus beaucoup de place pour la foi. Et s’il en reste, vous
découvrirez que ceux qui se seront engagés dans la foi chrétienne
n’ont aucune foi réelle. Ils rejettent entièrement, ou
n’acceptent que très superficiellement, avec beaucoup de doutes,
toute vérité ou toute doctrine de la Bible qui n’admet aucune
analyse ni explication logique. Je suis certain que ceci est le
résultat d’une tendance à faire des prédications qui s’appuient
trop sur la philosophie et les spéculations métaphysiques.
Permettez-moi
de répéter que cette sorte de prédication est très appréciée
par certaines catégories d’auditeurs. Ceux qui sont vraiment
spirituels se rendront vite compte qu’ils ne profitent guère d’un
tel régime. Cependant, les assemblées en seront souvent enflées
d’orgueil et remplies de satisfaction. Elles croiront être
hautement édifiées et favorisées, à chaque sermon. Alors qu’il
sera en général évident que leur ferveur dans la prière ne
grandit nullement. Elles ne deviennent pas plus humbles, ni plus
consacrées à Dieu. Elles ne croissent pas dans la douceur d’un
enfant ni dans la patience de Jésus-Christ. Leur croissance n’est
pas véritablement une croissance chrétienne. Il s’agit plutôt
d’une croissance intellectuelle. L’orgueil et l’égoïsme sont
souvent les traits les plus évidents d’une assemblée nourrie de
philosophie et de métaphysique, et non des réalités humiliantes de
l’Evangile. Je suis certain d’avoir moi-même été assez
coupable dans ce domaine. Je ne suis sûrement pas le seul à mériter
cette condamnation. Mais ceux qui ont commis les mêmes erreurs que
moi n’ont peut-être pas compris, aussi profondément que j’ai
été contraint de le comprendre, à quel point ils se trompaient.
Je
veux que l’on me comprenne bien. Je ne cherche absolument pas à me
faire l’avocat d’une présentation des réalités de l’Evangile
qui ne laisserait aucune place aux explications. J’adopterais
plutôt une position intermédiaire. Je souhaite d’une part ne pas
encourager l’orgueil par un développement disproportionné de
l’intelligence. Ceci ne laisserait presque aucune place à
l’exercice de la foi dans la Parole de Dieu. D’autre part, je ne
voudrais pas négliger tout appel à l’intelligence, en me
contentant de ne présenter que les réalités sur lesquelles peut
s’exercer la foi.
VI.
L’EXCITATION PENDANT LES RÉVEILS (1)
Je veux sans cesse revenir sur le sujet de l’excitation associée aux réveils spirituels. Dans toutes les époques de l’Eglise, il y a eu des situations où des gens ont reçu des manifestations tellement claires de la vérité divine qu’ils en ont été privés de toute force physique. Cela semble avoir été le cas de Daniel. Il perdit toute vigueur et tomba face contre terre. Saul de Tarse semble également avoir été terrassé et jeté à terre par l’éclat de la gloire divine qui l’enveloppa. J’ai connu de nombreux cas où les gens perdaient toute force physique, lorsqu’ils recevaient la révélation de vérités spirituelles infiniment grandes et puissantes.
A
cet égard, je ferai les remarques suivantes: Il ne s’agit pas là
des cas d’excitation critiquable dont j’ai parlé dans une
précédente lettre. Dans les exemples que je viens de citer,
l’intelligence ne semble pas annihilée ni rendue confuse. Elle est
au contraire remplie de lumière. L’intelligence ne semble pas
consciente d’une quelconque excitation inhabituelle de sa propre
sensibilité. Bien au contraire, elle semble être calme. Elle se
trouve dans un état qui n’est particulier qu’en raison de la
perception d’une vérité révélée avec une clarté inhabituelle.
Il n’y a manifestement aucune effervescence de la sensibilité
produisant des larmes, ni l’une des manifestations habituelles
d’une imagination surexcitée, ni des sentiments profondément
bouleversés. On ne remarque aucune exubérance de sentiments propre
à distraire les pensées. L’intelligence perçoit la vérité qui
lui est révélée. S’il est vrai que le corps est privé de toute
force physique, l’intelligence peut néanmoins contempler la gloire
divine qui lui est manifestée. Un voile semble être ôté de
l’intelligence, et la vérité est contemplée d’une manière qui
ressemble beaucoup à ce qui peut se passer lorsque l’esprit quitte
le corps. Il n’est donc pas étonnant qu’une telle expérience
subjugue le corps.
De
tels cas ont souvent été des sujets de trouble pour ceux qui en ont
été témoins. Pourtant, lorsque j’ai eu l’occasion de contrôler
l’histoire ultérieure de cas semblables, j’ai été persuadé,
en général, qu’il s’agissait de réelles conversions. Il se
peut que certaines de ces conversions soient fausses. Mais, dans tous
les cas semblables que j’ai connus, il a été ensuite évident que
l’amour de Dieu a été profondément déversé dans la vie de ces
personnes. Leur volonté a été amenée à une réelle obéissance.
Leur caractère a été véritablement transformé dans le sens le
plus désirable.
Je
ne me sens donc pas la liberté de critiquer ces exemples
d’excitation, si l’on peut les appeler ainsi. L’excitation
qu’ils peuvent traduire semble découler nécessairement des
claires révélations faites à l’âme par Dieu. Une telle
excitation, loin d’être tapageuse, stupide et passionnée, comme
celle que j’ai décrite dans une précédente lettre, ressemble à
celle qui doit exister, je suppose, chez les esprits des justes qui
viennent de quitter leur corps. Je voudrais souligner ici un juste
principe: nous n’avons aucunement besoin de craindre une excitation
quelconque, quand elle est produite par la révélation de la vérité,
et quand elle s’accorde avec un fonctionnement équilibré de
l’intelligence. Mais tout ce qui va au delà de cette limite est
certainement désastreux.
En
général, les cas de prostration physique dont j’ai parlé
semblent se produire sans qu’aucun moyen extérieur n’ait été
utilisé pour les provoquer. Selon mes observations, ils se
produisent lorsque l’âme est entièrement absorbée en Dieu. Dans
les cas de Daniel, de Saul de Tarse, de William Tennant, et d’autres,
on ne voit intervenir aucun instrument humain, aucun moyen extérieur,
aucun appel passionné à l’imagination ou à la sensibilité. On
est simplement en présence d’une révélation de Dieu, faite à
l’âme par le Saint-Esprit.
L’excitation
produite de cette manière semble être très différente de celle
que produisent une prédication, une exhortation ou des prières
bruyantes, faites en vociférant, ou que stimulent les appels
passionnés lancés par de zélés prédicateurs, pour provoquer la
crainte. Ceux-ci utilisent des méthodes et des illustrations qui
provoquent l’excitation. Le système nerveux des auditeurs est mis
sous une tension telle que leur sensibilité semble exacerbée. Leurs
sentiments jaillissent en un flot puissant, qui submerge et noie
complètement l’intelligence.
En
revanche, l’excitation produite lorsque le Saint-Esprit révèle
Dieu à l’âme est complètement différente de celle que je viens
de décrire. Non seulement elle ne trouble pas l’exercice
parfaitement clair et étendu de l’intelligence, mais elle favorise
directement cet exercice. Rien n’entrave alors l’activité libre
et sans contrainte de l’intelligence et de la volonté.
C’est
de cette excitation-là dont nous avons besoin. C’est cette
excitation que le Saint-Esprit produit toujours. Il ne s’agit pas
d’une excitation produite par un effet d’entraînement. Cela n’a
rien à voir avec un accès de nervosité, ni l’explosion de la
sensibilité nerveuse. C’est un état de l’âme, calme, profond
et sacré, produit par la compréhension des vérités claires,
infiniment importantes et impressionnantes, lorsque Dieu les révèle.
Bien
souvent, il ne faut pas avoir beaucoup de discernement pour faire la
différence entre l’effervescence émotionnelle, produite par des
appels bruyants et excitants, et un mouvement de l’âme, calme,
profond, bien que parfois accablant, produit par l’Esprit de Dieu
quand Il révèle Jésus à l’âme. J’ai souvent craint que l’on
confonde ces différentes sortes d’excitations. Il ne faut ni les
rejeter et les dénoncer toutes ensemble, ni les accepter et les
défendre en même temps. Il me semble d’une extrême importance
que nous puissions, pour ces deux types d’excitation, bien
distinguer les choses qui diffèrent.
Lorsque
je suis témoin de cas d’excitation extraordinaire, j’ai appris à
m’informer, avec autant de calme et d’affection que je le peux,
de la nature des vérités reçues par l’intelligence à ce moment
précis. Si une personne ainsi visitée peut volontiers et
spontanément m’expliquer les raisons de son excitation, je peux
alors juger de la nature de cette excitation. Si son excitation est
réellement produite par une claire révélation donnée par le
Saint-Esprit, concernant le caractère de Dieu ou les grandes vérités
de Son gouvernement, alors son intelligence sera remplie de ces
vérités. Cette personne sera prête à en parler spontanément, si
elle en est physiquement capable. Je peux alors voir que la vérité
est perçue d’une manière remarquablement claire. Une telle
personne possède une grande facilité à communiquer son expérience,
s’il lui est encore possible de parler. D’une manière générale,
je n’ai aucune crainte de ce type d’excitation.
Mais
si je vois que l’attention de la personne est entièrement
préoccupée par ses sentiments et ses émotions, et qu’elle ne
peut me donner aucune raison intelligible pour expliquer son état,
je n’ai que très peu de confiance en son expérience. J’ai
souvent été témoin de cas où l’excitation était très grande,
presque irrésistible.
Après
enquête, les personnes concernées ne pouvaient donner aucune
explication intelligente des vérités que leur intelligence aurait
pu percevoir. Leur âme semblait avoir été remuée jusqu’en ses
tréfonds. Mais ce n’était pas en raison d’une claire révélation
de la vérité. Ce n’était pas parce que Dieu S’était manifesté
à leur âme. Leur intelligence ne semblait pas fonctionner d’une
manière normale. J’ai appris à me méfier de ce type
d’excitation. Je n’accorde aucune, ou presque aucune confiance,
aux conversions obtenues dans de telles circonstances. J’ai observé
que les personnes ayant éprouvé ces excitations finissent, après
quelque temps, par tomber dans l’orgueil. Elles ont été emportées
par une tempête d’excitation émotionnelle et sans intelligence.
Pour
illustrer mon propos, j’aimerais relater un événement dont j’ai
été moi-même témoin. J’assistais à une convention d’été
dans l’Etat de NewYork. Cette convention avait commencé deux ou
trois jours avant mon arrivée. J’ai écouté les prédicateurs et
suivi les réunions pendant la plus grande partie de la journée. Il
n’y avait que très peu d’excitation, et même aucune excitation
visible. Après plusieurs sermons, et beaucoup d’exhortations, de
prières et de chants, j’ai remarqué que les responsables se
concertaient à voix basse pendant un moment, comme s’ils étaient
en profonde délibération.
Ensuite,
l’un d’entre eux, un homme d’une corpulence athlétique et
d’une voix de stentor, descendit de l’estrade, et se fraya un
chemin au milieu d’un groupe de femmes qui étaient assises devant
l’estrade. Il commença alors à frapper des mains, et à crier à
pleins poumons: ‘La puissance! La puissance! La puissance!’ Très
vite une autre voix se joignit à la sienne, puis d’autres, jusqu’à
ce que tout le monde se mette à frapper des mains et à crier, au
milieu des hurlements poussés par les femmes. Le résultat fut que,
très vite, plusieurs personnes tombèrent à terre. Quelqu’un
proclama que c’était la puissance de Dieu qui se manifestait du
ciel. Après avoir conduit cette excitation jusqu’à un
extraordinaire paroxysme, le prédicateur qui en avait été à
l’origine, ainsi que ceux de ses collègues qui s’étaient joints
à lui, se retirèrent au milieu de la confusion générale. Ils
avaient réussi, comme ils le prétendaient, à faire descendre la
puissance de Dieu sur l’assemblée. Ils étaient manifestement très
satisfaits du résultat obtenu.
J’ai
souvent pensé à cette scène, comme à d’autres scènes
similaires. Je considère ces méthodes que comme des manœuvres calculées pour provoquer tout autre chose qu’un vrai réveil spirituel. Dans le déclenchement de cette excitation, aucune parole
de vérité n’a été prononcée, aucune prière ni exhortation n’a
été faite. Il n’y a rien eu d’autre que les vociférations d’un
homme qui criait: "La puissance! La puissance! La puissance!",
en s’accompagnant d’un claquement de mains presque assourdissant.
Je crois qu’il s’agit là d’un cas exceptionnel, et qu’il n’y
a probablement que peu de cas aussi critiquables. Mais il se produit
souvent dans les réveils des choses qui déclenchent une excitation
à peine plus intelligente que celle que je viens de décrire. On y
fait de tels appels à l’imagination et à la sensibilité que l’on
met complètement de côté l’action de l’intelligence.
Dans
la mesure où l’on déploie de semblables efforts pour produire des
réveils, on aboutit sans aucun doute à des effets complètement
désastreux, qu’il faut absolument décourager.
VII.
L’EXCITATION FANATIQUE.
Puisque que je suis sur le sujet de l’excitation, je souhaite faire quelques remarques concernant le danger de voir des émotions surexcitées entraîner dans une mauvaise direction et aboutir au fanatisme. Chacun sait que lorsque des émotions sont fortement excitées, elles peuvent être orientées dans des directions variées et prendre diverses formes, selon les circonstances vécues par ceux qui sont ainsi excités. Presque tous ceux qui ont été témoins de réveils spirituels ont eu l’occasion de remarquer cette tendance de la nature humaine. Il est vrai que Satan utilise aussi cette tendance à son propre avantage, en mélangeant l’esprit de fanatisme à l’esprit d’un réveil spirituel.
Le
fanatisme apparaît quand il y a ‘l’amour sans la lumière,’
comme l’a écrit un certain auteur. Chaque fois que l’intelligence
est éclairée sur ce que les hommes devraient être, dire, ou faire,
et chaque fois qu’elle n’est pas en même temps remplie d’amour,
il est presque inévitable de voir apparaître un esprit de
fanatisme, de critique, de reproche et de dénonciation.
Par
fanatisme, je veux parler d’un état d’esprit où des émotions
mauvaises prennent le contrôle de la volonté, et poussent
l’individu à faire des efforts excessifs et vindicatifs pour
défendre ce qu’il considère comme juste et vrai. Il lutte alors
pour ce qu’il regarde comme juste et vrai, mais en étant animé
d’un esprit mauvais.
Les
temps de réveil spirituel sont très propices à l’éveil d’un
fanatisme stimulé par les agents infernaux. C’est, à bien des
égards, un moment particulièrement favorable à l’action de
Satan. Celui-ci peut semer, dans un sol propice, ses semences
d’erreur. Elles produiront à leur tour les formes de fanatisme les
plus turbulentes et les plus violentes qui aient jamais affligé le
monde.
Au
milieu des foules qui écoutent les prédications de réveil, il y a
presque toujours des gens qui ont de très fortes tendances au
fanatisme. Ils sont fortement enclins à censurer, à mettre le doigt
sur les défauts des autres, à vitupérer, à dénoncer et à
critiquer. C’est une tendance de l’esprit que je qualifie
d’ultra-démocratique et anti-conservatrice à l’extrême. Elle
est une source puissante de confusion. Plus ces personnes sont
éclairées sur les devoirs et les péchés des hommes, plus elles
sont susceptibles de manifester un violent esprit de fanatisme.
Il
est bien connu que toutes les réformes engagées à notre époque,
comme à toute autre époque, ont été touchées par cet esprit de
fanatisme. Qu’il s’agisse de la lutte contre l’alcoolisme, de
la réforme morale, de la réforme des pratiques physiologiques et
diététiques, ou de la lutte contre l’esclavage, toutes ont subi
cette influence néfaste. Presque aucun domaine n’a été épargné.
Quand des conférenciers ou d’autres orateurs empoignent ces sujets
et les analysent, ils projettent une vive lumière aux yeux de
l’opinion publique. Ils semblent alors donner un coup de pied dans
une fourmilière. Les tendances profondes au fanatisme, qui étaient
peut- être restées cachées jusque là,
s’enflamment et explosent souvent comme un volcan en éruption.
L’indignation grandit, les langues portées à la censure et à la
violence se mettent librement en mouvement. Ces membres indomptables,
qui enflamment le cours de la vie, étant eux-mêmes enflammés par
la géhenne, semblent déverser un flot de lave brûlante, apportant
la dévastation et la désolation dans toute la société. Les
prières de ces gens, leurs exhortations, tout ce qu’ils disent ou
font, ne sont qu’un flot continu de reproches, de critiques et de
récriminations. Ils disent qu’ils ont "raison de se mettre en
colère." Ils affirment que ce serait n’avoir aucun sens du
sacré que de ne pas faire preuve de la plus grande indignation,
seule attitude convenant au sujet ou à la situation.
Il
est remarquable de voir à quel point cet esprit de fanatisme a été
stimulé par les diverses réformes du moment, quelle qu’en soit la
nature, et même par les réveils spirituels. S’il s’agit par
exemple de défendre la paix, ceux qui sont animés par cet esprit
fanatique vont lutter pour la paix en s’engageant dans une guerre à
outrance. Par la langue, ils feront la guerre à tout ce qui s’oppose
à eux. Ils déverseront des torrents d’injures sur tous ceux qui
sont en désaccord avec eux. Ils refuseront le moindre compromis, la
moindre communion, avec ceux qui ne se rangent pas immédiatement à
leurs vues particulières. S’il s’agit de lutter contre
l’esclavage, ils se battront pour l’abolir, mais avec l’esprit
d’un esclavagiste. Tout en affirmant que tous les hommes sont
libres, ils ne laisseront à personne la liberté de s’exprimer, si
ce n’est à eux-mêmes. Ils sont prêts à mettre sous le joug de
l’esclavage les opinions et les sentiments de ceux qui ne partagent
pas leurs opinions, en les critiquant sévèrement pour les obliger à
se ranger à leur avis.
Dans
les réveils spirituels, cet esprit se manifeste en général, dans
tous les milieux, par une manière de prier pleine de reproches et de
critiques. Cet esprit gagne ensuite les exhortations, les
prédications et les conversations. Il attaque tout particulièrement
les serviteurs de Dieu et ceux qui exercent une influence
prépondérante dans l’Eglise. Il se répand progressivement
jusqu’à finir par accuser l’Eglise visible d’être une
véritable Babylone, et tous les hommes qui n’en sortent pas et ne
la dénoncent pas d’être engagés sur le chemin large qui mène à
l’enfer.
Cet
esprit se manifeste au cours des réveils d’une manière si subtile
et insidieuse que l’on ne parvient pas à le déceler dès le
départ. Il se peut qu’une église soit froide, que le pasteur et
les conducteurs soient égarés. Il peut donc sembler juste, et même
nécessaire, d’user d’une certaine sévérité envers ceux qui se
sont tellement écartés du chemin. Quelqu’un peut alors ressentir
ce besoin d’une manière tellement forte qu’il ne soupçonne pas
être lui-même un fanatique. Il commence pourtant à faire de vifs
reproches, dans lesquels se mêle une touche d’élément nocif. Il
fait appel à l’exemple de Christ, des apôtres et des prophètes.
Il peut citer de nombreux passages de la Bible, très proches des
termes qu’il emploie, trouvant une justification à leur
utilisation dans le fait qu’il les tire des Écritures. Il croit pouvoir les appliquer à la situation qu’il observe, prenant
bientôt la place de Dieu, et pensant être la bouche de Dieu pour
dénoncer l’iniquité.
Lorsque
cet esprit commence à se manifester, il écorche l’esprit délicat
de ceux qui marchent dans l’amour. Tout d’abord, il provoque en
eux de la détresse et de l’angoisse. Mais ceux-ci remarquent peu à
peu qu’il y a beaucoup de vérité dans ce qu’ils entendent. Ils
commencent à être excités par les prières et les exhortations des
fanatiques. Leur attention est attirée sur les fautes qui sont
dénoncées avec tant de sévérité, et ils commencent à boire à
la même source. Puis ils adoptent le même zèle bruyant et ardent,
qui était au départ si opposé à la douceur de leur esprit. Ils
commencent à comprendre, du moins le supposent-ils, comment les
reproches faits par les prophètes, par Christ et Ses apôtres,
s’adressent aussi à ceux qui les entourent. Leur attention est
tout entière préoccupée par les fautes de l’Eglise et des
ministères, et ils ne voient plus rien de bon. Ils se demandent si
toute l’Eglise visible n’est pas uniquement composée
d’hypocrites. Ils commencent par craindre, puis finissent par
croire que presque tous les serviteurs de Dieu sont séduits, attirés
par l’argent, conservateurs, ambitieux et agents du diable. Ils
considèrent les organisations chrétiennes tout d’abord avec
suspicion, puis avec mépris et horreur. L’ordre du jour devient:
"Sortez du milieu de Babylone!"
Le
fanatisme prend une multitude de formes. Ses variantes sont presque
innombrables. C’était l’esprit des Croisades, lorsque des hommes
partaient avec bottes et éperons convertir leurs semblables au
christianisme par le feu et l’épée. C’est aussi l’esprit de
l’obscur converti qui murmure dans son coin ses réprimandes et ses
critiques, à propos de tout et de tous. On peut trouver toute la
panoplie des différents types de fanatisme. Depuis le prédicateur
itinérant animé d’un
zèle brûlant qui crie, vocifère et dénonce l’Eglise et l’Etat,
jusqu’au solitaire exprimant son fanatisme dans ses manières sinon
dans ses paroles, vous pourrez trouver dans tous les milieux
chrétiens ce type de personnage, occupé à attiser et à alimenter
les flammes du fanatisme.
Il
s’agit là, sans aucun doute, de l’esprit de Satan. Il est
parvenu à l’introduire dans l’Eglise et dans le monde tout au
long des siècles passés.
Nous
connaissons un bon livre sur le thème du fanatisme. Mais nous en
avons besoin d’un autre, qui expose et tienne compte de ses
développements les plus récents, et qui décrira, comme sur une
page de lumière, les oeuvres de cet esprit ténébreux, dont
l’influence maligne, tel le levain, fera vite lever toute la pâte,
et rendra notre terre aussi méchante que l’enfer.
Je
supplie mes frères de veiller au danger de voir les prédicateurs de
réveil manifester eux-mêmes l’esprit de fanatisme. Lorsqu’ils
subissent une forte opposition de la part de l’Eglise, du monde, ou
des serviteurs de Dieu, ils se laissent quelquefois aller à faire
des remarques fortement teintées d’amertume, ou qui paraissent
tout au moins teintées d’amertume et de critique. On trouve
parfois des indices et des traits de cet esprit dans les prédications
et l’esprit d’hommes de bien. Satan semble profiter de certaines
circonstances de leur vie pour injecter imperceptiblement dans leur
esprit une touche d’amertume et de critique. Cela finit par colorer
leurs prédications, leurs prières et leurs discours. Cela tend
ensuite fortement à produire un état d’esprit fanatique chez ceux
qui les admirent.
Des
prédicateurs de réveil ont parfois subi une forte opposition de la
part de serviteurs de Dieu, à tel point qu’ils ont été blessés
et sont devenus quelque peu irritables. Dans cet état d’esprit,
ils sont quelquefois allés jusqu’à prêcher et parler de ces
serviteurs de Dieu d’une manière très critique.
Cela
cause inévitablement de grands dommages aux réveils dans lesquels
ils sont engagés. Cela se répand comme un feu parmi les chrétiens,
en particulier parmi ceux qui sont sous leur influence directe. Cela
tend à ôter du réveil l’esprit d’amour, pour y introduire un
esprit de récrimination et d’amertume. Un esprit blessé et amer
se manifeste alors chez ceux qui sont engagés dans l’oeuvre du
Seigneur. Cela fait presque complètement disparaître la douceur, la
bienveillance, l’amour fraternel et la sympathie profonde et
compatissante que l’on doit éprouver pour Christ et Son Eglise.
Si
je ne m’abuse, les prédicateurs de réveil ont souvent commis de
graves erreurs dans ce domaine. Cela a été parfois le cas de
Whitefield, comme il le confesse lui-même. La conséquence fut celle
que j’ai décrite. Tous ceux qui ont lu l’histoire des réveils
conduits par son ministère le savent. Il n’y a pas un seul
prédicateur de réveil contemporain qui n’ait plus ou moins commis
d’erreurs dans ce domaine. Je suis certain que j’en ai aussi
parfois commis. Et je ne connais pas un seul prédicateur de réveil,
parmi ceux qui me viennent à l’esprit, auquel ne puisse pas
s’appliquer cette remarque, dans une certaine mesure.
Lorsqu’une
petite mesure de cet esprit se trouve présent chez un prédicateur
de réveil, elle agira comme du levain, qui fera lever toute la pâte.
Si l’on n’y remédie pas, elle parviendra tôt ou tard à
modifier totalement la nature de l’excitation produite, jusqu’à
ce qu’un pur réveil spirituel se transforme en parfait réveil du
fanatisme. Cela peut se produire sans même que le prédicateur
soupçonne la présence de cette tendance dans son esprit, sa
prédication, ou son comportement. Lorsqu’il s’en rend compte, le
mal est déjà trop avancé pour que l’on puisse y remédier.
Il
me semble que les prédicateurs de réveil devraient être d’une
parfaite honnêteté vis-à-vis d’eux- mêmes à ce propos. Ils
doivent rester soigneusement sur leurs gardes, être indulgents, doux
et conciliants dans leur façon de parler et de prêcher, surtout
quand ils parlent de ceux qui s’opposent à leurs vues et à leurs
décisions. Il vaut parfois mieux ne faire aucune remarque publique,
quelle que soit l’opposition subie, et surtout ne faire jamais
allusion à ceux qui nous combattent. Il ne faut jamais évoquer ou
prier pour des pasteurs ou des chrétiens d’une manière propre à
faire exploser les étincelles de fanatisme qui couvent dans de si
nombreux cœurs.
Quand
je pense à ce sujet, quand je contemple l’état de l’Eglise, ou
quand je lis l’histoire des réveils passés, je suis frappé et
profondément peiné de voir à quel point ceux qui travaillaient
pour ces réveils ont si souvent commis les erreurs que j’ai
décrites. Sans s’en rendre compte, ils se sont eux-mêmes plus ou
moins imbibés d’un esprit de fanatisme. Celui-ci s’est ensuite
abondamment manifesté dans leurs interventions publiques, au point
de gâcher l’oeuvre du Seigneur. Bien entendu, ils ont attristé
l’Esprit de Dieu. En vérité, certains prédicateurs de réveil me
semblent avoir abandonné le droit chemin sans même en être
conscients. Ils sont devenus tout -à-fait fanatiques dans leur
esprit, leur prédication, et leur comportement général. Dieu a
manifestement été obligé de les châtier en leur retirant Son
Esprit, et en leur fermant les portes de l’Eglise. Si l’on veut
préserver du fanatisme les véritables réveils spirituels, il ne
faut ménager aucun effort pour préserver les conducteurs spirituels
de cet esprit. L’une des grandes stratégies du diable est
d’infiltrer sournoisement cet esprit dans les responsables de
l’Eglise, injectant ainsi un poison mortel dans les réveils.
Dans
ce que je viens de dire, je ne voudrais aucunement suggérer que
seuls les prédicateurs de réveil ont pu commettre cette erreur. Je
suis tout-à-fait certain qu’ils ne l’ont pas aussi souvent
commise que ceux qui n’ont jamais cherché à travailler pour un
réveil. Ceux- ci sont plus coupables. Leur prédication est tout
imprégnée de controverse, de critique, de reproche et d’amertume,
à l’égard de ceux qui ne partagent pas leur avis. L’Esprit de
Dieu ne rafraîchit donc que bien rarement, sinon jamais, ceux dont
ils s’occupent. J’ai connu plusieurs de ces serviteurs de Dieu,
qui étaient loin d’être des prédicateurs de réveil, et dont la
prédication ne tendait qu’à raviver et à perpétuer l’esprit
de fanatisme et de critique. J’ai simplement voulu dire dans ma
lettre que les prédicateurs de réveil eux-mêmes ont parfois commis
cette erreur, si communément pratiquée par les autres prédicateurs.
En
réalité, l’esprit sectaire, sous toutes ses formes, n’est
qu’une variante du fanatisme. On peut aisément le démontrer. Les
prédicateurs de réveil qui ont associé des mouvements sectaires à
leurs tentatives de produire un réveil ont probablement tous
constaté qu’ils n’ont réussi qu’à développer l’esprit de
fanatisme.
Mes
frères, veillons soigneusement à ce que notre propre esprit demeure
céleste, semblable à celui de Christ. Veillons à posséder la
sagesse qui vient d’en haut, qui est premièrement pure, ensuite
pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons
fruits’. {#Jas 3:17} Que notre travail soit animé par cet esprit.
Nos oeuvres démontreront alors que nous sommes des ouvriers qui
n’ont pas à rougir.
VIII.
L’EXCITATION PENDANT LES RÉVEILS (2)
Sauf erreur de ma part, beaucoup de manifestations qui ont été prises pour des signes de réveil se sont avérées par la suite n’être que de l’excitation très peu spirituelle. A mon avis, on a presque entièrement, sinon totalement oublié, que toute véritable religion se ramène à l’amour. Il est donc remarquable de voir à quel point, tout au moins dans certains cas, on laisse se manifester un zèle brûlant, souvent fortement teinté d’amertume et de sarcasme, au lieu de l’amabilité et de la douceur qui caractérisent la véritable religion de Jésus. Si vous assistez à une réunion quelconque, si vous discutez avec des frères qui font profession d’être chrétiens, ou avec ceux qui sont dans un état d’excitation, vous verrez qu’ils ont tendance à médire, à critiquer et à faire des reproches. Ceci n’a rien à voir avec la véritable foi en Christ.
Il
est certain que nous assistons en ce moment à une grande excitation.
Il y a beaucoup d’agitation et de discussions. Beaucoup d’activités
sont proposées. Bref, il y a tout ce qu’il faut pour favoriser un
certain type d’excitation. Nous sommes bien en présence d’un
puissant réveil, mais ce n’est certainement pas un réveil de la
pure foi chrétienne. Les pécheurs parlent des chrétiens avec une
grande amertume, et les chrétiens engagés parlent des pécheurs
avec guère moins d’amertume. La prédication est pleine de
vitupération. Ceci ne manque pas de répandre le même esprit dans
tous les
milieux qui sont gagnés par cette excitation. Tout ceci semble être
parcouru d’un courant d’émotions profondes, troubles et amères,
qui sont l’essence même du fanatisme. Il ne fait aucun doute que
c’est l’esprit de Satan, et non l’Esprit de Dieu, qui a été
déversé sur ces gens. Un esprit a bien été répandu, mais il ne
s’agit pas du Saint- Esprit de Dieu. Il semble qu’il y ait une
invasion des agences infernales, une libération des puissances des
ténèbres. Nous vivons un temps de séduction profonde. Il est en
outre surprenant de voir que ce sont souvent des hommes de bien qui
sont pour un temps emportés par cet esprit. Ils restent parfois des
semaines et même des mois sans s’apercevoir de leur erreur. Comme
l’a exprimé un frère, qui s’est lui-même laissé prendre par
cette erreur: "J’essayais de chasser les démons par
Belzébuth, le prince des démons!"
Vous
constatez très souvent la présence de cet esprit en regardant
simplement le comportement de ceux qui sont profondément excités.
Ils ont un air maussade, et leur apparence semble traduire une
profonde insatisfaction de leur esprit. Lorsque vous allez à une
réunion de prière, ou à toute autre réunion où sont assemblés
un grand nombre de ceux qui sont animés par cet esprit, vous pourrez
voir un nuage sombre recouvrir le visage de ceux qui sont ainsi
excités. L’expression de leur visage ne traduit pas un esprit
ouvert, doux, calme, profondément solennel et humble. Vous constatez
plutôt dans leur regard, dans tous les traits de leur visage, un air
affolé, fanatique et résolu. Leur expression entêtée de
condamnation semble vous dire: "Retire-toi, car je suis plus
saint que toi!"
J’ai
du mal à décrire exactement ce dont j’ai souvent été témoin
dans de pareils cas. Mais peut être, si je ne puis exactement le
décrire, puis-je tout au moins tenter de me faire comprendre par
ceux qui n’ont pas eu la grâce de l’observer eux-mêmes.
Parfois, cet état d’esprit ne se traduit pas toujours par une
excitation visible. Ils se peut qu’un véritable réveil spirituel
commence sans que cet esprit se manifeste aucunement. Mais j’ai
rarement assisté à un puissant réveil, où qu’il se soit
produit, sans avoir aussi constaté qu’un esprit de fanatisme plus
ou moins grand finissait par se manifester au cours du réveil, à un
moment ou à un autre.
Il
faut que le responsable spirituel du réveil soit lui-même
entièrement épargné par cet esprit. Il doit rester vigilant et
veiller à ce qu’il ne se manifeste pas. Il doit être entièrement
fidèle et intervenir à propos, pour avertir en privé tous ceux qui
sont saisis par cet esprit. Si ces conditions sont remplies, il est
alors certain que l’on parviendra en général à éviter d’en
être contaminé.
Au
début, cet esprit se manifestera souvent au cours de réunions de
prières, si on lui en laisse la possibilité. Si tous ceux qui sont
disposés à prier n’ont pas le champ libre pour le faire, vous
verrez parfois un homme ou une femme prendre la parole d’une
manière extraordinairement excitée, et déverser un torrent de
vitupérations dans leurs prières. Celles-ci seront empreintes d’une
telle amertume que tous ceux qui ne sont pas ouverts à cet esprit
seront profondément froissés. Dans ce cas, dès la fin de la
réunion, le responsable doit immédiatement aller trouver cet homme
ou cette femme. Il doit lui parler d’une manière claire et
affectueuse, et lui montrer quel est son véritable état d’esprit.
A ces conditions, il peut réussir à lui ouvrir les yeux dès le
début, pour lui faire comprenne son erreur et lui éviter de s’y
engager davantage. Mais si le responsable néglige cette démarche,
le mal se répandra rapidement et la séduction se développera dans
l’esprit de la personne touchée. En l’espace de quelques jours
ou, tout au plus, de quelques semaines, cela modifiera complètement
la nature du réveil. Cela attristera et fera fuir l’Esprit de
Dieu, et ouvrira la porte à une foule d’agents infernaux qui
répandront la désolation dans l’Eglise.
J’espère
qu’aucun de mes frères, en lisant ce que j’ai voulu dire au
sujet du fanatisme, et de son association fréquente aux réveils, ne
comprendra que je veux en quoi que ce soit critiquer les efforts de
ceux qui travaillent fidèlement à nettoyer et à purifier la
conscience des rétrogrades et des pécheurs impénitents.
Comme
tous ceux qui ont assisté à des réveils, je suis conscient que
l’esprit de critique et de censure ne se manifeste pas uniquement
chez ceux qui veulent favoriser l’excitation. L’esprit de
fanatisme n’est nullement réservé à ce type de personnes. Il se
manifeste souvent avec le plus de laideur chez ceux qui ne
recherchent absolument pas un réveil. En fait, il est très fréquent
de voir ceux qui s’opposent aux réveils, dans l’Eglise ou hors
de l’Eglise, manifester un esprit très turbulent et intolérant.
C’est une forme de fanatisme tout aussi honteux et insensé que
celui dont je viens de parler.
Parfois,
même des serviteurs de Dieu ou des chrétiens éminents se
comportent comme ceux qui n’appartiennent pas à l’Eglise et qui
sont opposés au réveil ou à toute excitation. Ils sont eux aussi
remplis d’un esprit de chicane, de censure, de récrimination et de
critique. Ils semblent presque uniquement occupés à dénoncer tout
défaut réel ou apparent, ou du moins imaginé tel, qu’ils
détectent chez ceux qui recherchent le réveil.
Il
est très fréquent d’entendre ces personnes critiquer même ce qui
est le moins critiquable. Elles semblent animées d’un esprit qui
leur fait appeler le mal bien, et le bien mal. Même les efforts
ardents et fidèles pour sonder et fouiller profondément le coeur
des rétrogrades et des pécheurs sont jugés grossiers, indiscrets,
déraisonnables, hystériques, etc.
Ce
que je veux dire, mes frères, c’est que courons de grands dangers.
Nous risquons de commettre de graves erreurs, dont nous devons nous
garder. J’ai déjà dit que l’esprit de fanatisme qui se
manifeste chez ceux qui recherchent le réveil, est en général
produit et développé par un autre esprit de fanatisme, celui qui
est opposé au réveil. Quand l’opposition devient excessive, elle
semble souvent produire, chez ceux qui travaillent à l’oeuvre de
Dieu, un esprit qui entrave en réalité cette même oeuvre. Pour ma
part, lorsque j’ai observé l’esprit de fanatisme se manifester
chez ceux qui conduisaient un réveil, il était le plus souvent
provoqué et entretenu par un autre esprit, opposé au réveil. Quand
l’opposition prend certaines formes, et qu’elle gagne les
serviteurs de Dieu et les chrétiens éminents, c’est alors que les
hommes de bien et de prière courent le plus grand risque d’être
vaincus par ce mal, au lieu de vaincre le mal par le bien. Nous
devons toujours nous tenir sur nos gardes à ce propos.
J’ai
beaucoup à dire concernant l’apparition d’un esprit fanatique
associé au réveil. Mais j’aimerais à présent attirer
l’attention de mes frères sur un autre point. Dans les moments de
profonde excitation, surtout lorsque la prédication insiste sur la
nécessité d’être dirigé par Dieu, d’avoir un esprit de
prière, d’être conduit par l’Esprit, d’être rempli de
l’Esprit, etc., certaines personnes sont particulièrement
disposées à être dominées par leurs impulsions et à s’y
abandonner. Elles ne comprennent pas comment le Saint- Esprit parle
en réalité à notre esprit. Elles ne réalisent pas que le
Saint-Esprit veut illuminer notre intelligence. Il veut pousser les
chrétiens sensibles à Son influence à être parfaitement
raisonnables et rationnels dans tous leurs actes et leurs opinions.
Certaines
personnes attendent que le Saint-Esprit leur communique directement
des impressions au niveau de leurs sentiments et non de leur
intelligence. Elles reçoivent donc une foule d’impressions. Elles
ont l’impression qu’elles devraient faire telle chose ou dire
telle chose. Elles se sentent poussées à aller à tel endroit, à
entrer dans une taverne, par exemple, pour parler aux habitués d’un
bar. Elles sentent qu’il leur faut aller reprendre un serviteur de
Dieu, ou encore dire aux anciens ou aux diacres de l’Eglise que
Dieu leur a révélé qu’ils étaient en train de s’opposer au
réveil. Bref, cette séduction peut prendre une variété infinie de
formes.
Ces
gens ont parfois l’impression qu’ils sont convaincus qu’il leur
faut se lever pour interrompre publiquement l’orateur pendant son
message. Ou bien ils se mettent à prier à un moment où cela
produit manifestement du désordre. Bien d’autres choses semblables
sont susceptibles de se produire quand une profonde excitation se
manifeste au cours d’un réveil. Parfois encore leur imagination
leur montrera qu’un serviteur de Dieu fait du blocage spirituel, et
qu’il entraîne en enfer toutes les âmes dont il est responsable.
Ils croient que de terribles jugements vont s’abattre sur tel
endroit, que le réveil va bientôt cesser, ou que quelque autre
chose épouvantable va se produire.
Lorsque
cet esprit se manifeste, il prend toujours une forme sévère,
critique, et turbulente. Il est remarquable de voir qu’il exprime
le plus d’hostilité et d’opposition envers ceux qui exercent
l’influence la plus forte et la plus positive dans le sens d’un
véritable réveil spirituel. Si l’on observe de près cet esprit
fanatique, on s’aperçoit vite qu’il est en fait opposé à tout
ce qui est vraiment bon dans l’oeuvre de Dieu. Souvent même, il
est réellement scandaleux de voir de quelle manière il s’oppose
aux moyens les plus efficaces et les plus spirituels employés par le
Saint-Esprit pour produire un réveil. La plupart de ceux qui ont été
témoins de puissants réveils ont probablement eu la douleur et
l’étonnement de voir de telles choses se produire. De tels
agissements sont excessivement dangereux pour un réveil. Car ils
sont souvent le fait de ceux qui semblaient le plus engagés dans le
réveil, qui sont les plus spirituels et les plus adonnés à la
prière. Ces déviations se produisent
souvent en relation avec des expériences, ou, plus exactement,
suivent des expériences qui, au départ, étaient réellement
d’origine divine et tout à fait spirituelles.
A ce propos, permettez-moi de faire les remarques suivantes:
1. Ce sont souvent ceux qui sont dans une disposition réellement spirituelle, qui sont vraiment sincères, qui ne se méfient pas, et qui souhaitent être conduits dans toute direction indiquée par Dieu, qui se laissent séduire par Satan. Celui-ci réussit souvent, en se transformant en ange de lumière, à les persuader de s’abandonner à leurs impulsions et à leurs impressions. Dès ce moment, le diable les tient captifs à sa volonté.
2. Voici comment vous pourrez distinguer l’influence de Satan de l’influence du Saint-Esprit: si vous avez simplement l’impression que vous devez faire telle ou telle chose, aller parler à telle ou telle personne, ou vous rendre à tel ou tel endroit, vous ne devez en tenir aucun compte. Mais quand le Saint-Esprit nous conduit à nous intéresser à quelque chose, nous ressentons une compassion particulière. Notre coeur est poussé à prier ou à intercéder pour quelqu’un. Nous pouvons alors faire confiance à une telle influence, et nous ne courons aucun risque. Si vous vous sentez poussé à vous lancer dans une puissante prière pour certaines personnes, avec une grande compassion, et même avec des cris et des larmes, ou à prier pour votre famille, vos voisins ou d’autres personnes, vous pouvez vous abandonner sans crainte à une telle influence. Si vous ne ressentez que de la compassion, qu’un zèle plein d’amour pour leur salut, et qu’un intérêt profond et affectueux pour leur bien-être spirituel, vous pouvez être sûr que cela vient de Dieu. Vous pouvez ouvrir votre esprit à cette influence et agir en ce sens. Vous pouvez déployer tous les efforts qui vous semblent raisonnables pour obtenir leur salut.
Mais
gardez-vous soigneusement de simples impressions, qui ne sont pas
motivées par l’amour, la compassion, ou l’esprit de prière. En
général, de telles impressions ne viennent pas de Dieu, pour ne pas
dire plus. Il ne serait peut-être pas excessif de dire qu’elles ne
viennent jamais de Dieu. L’Esprit de Dieu conduit les hommes par
leur intelligence, et non par de simples impressions sur leur
sensibilité.
Quand
la culpabilité de quelqu’un et le danger qu’il court vous
viennent fortement à l’esprit, quand vous comprenez clairement
quelle est la valeur immense de son âme, quand votre coeur est
poussé à prier pour sa conversion et son salut, cela vient
certainement de Dieu. J’ai connu des situations où des gens se
sont rendus complètement ridicules, et ont causé de grands dommages
à leur âme et à la cause de Dieu, en se laissant conduire par une
série d’impressions passionnées et fanatiques.
IX.
POURQUOI Y A-T-IL SI PEU DE RÉVEILS?
Je me réjouis de voir que l’Eglise commence à se préoccuper de la question suivante: ‘Pourquoi n’y a-t-il pas plus de réveils, et pourquoi leur nature a-t-elle changé?’ Elle se demande aussi ce qui peut être fait pour obtenir des réveils qui soient d’une nature désirable et permanente.
Mes
chers frères, j’espère, et je crois, que ne m’en voudrez pas si
je vous dévoile ma pensée sur ce sujet avec une grande franchise.
L’état de l’Eglise, le déclin des réveils, et la situation
générale du monde chrétien le réclament.
J’ai
lu dans diverses revues certaines raisons invoquées pour expliquer
le déclin des réveils, l’absence de leur influence vivifiante, et
l’absence de puissance dans la prédication de l’Evangile.
Quelles
que soient par ailleurs les raisons du grand déclin des réveils, il
me semble que nous, serviteurs de Dieu, nous devrions considérer que
notre propre état spirituel est certainement l’une des raisons de
ce déclin, pour ne pas dire la raison principale et fondamentale. Ne
cherchons pas hors
de nous-mêmes la cause fondamentale de ce problème. Nous manquons
de sanctification personnelle et d’onction. Nous avons peu de
puissance dans la prière et dans la prédication de la Parole.
Nous
n’avons pas assez de sainteté dans notre vie, ni de consécration
à l’oeuvre de renoncement à soi. Nous mettons peu d’énergie à
exercer notre ministère. Voilà, sans aucun doute, les principales
raisons pour lesquelles les réveils sont aujourd’hui si peu
nombreux, si espacés dans le temps, et si superficiels.
En
réalité, les ministères se sont dans une large mesure égarés
dans de vaines disputes. Ils consacrent leur attention à la
politique de l’Eglise, au gouvernement de l’Eglise et à toutes
sortes de procédures ecclésiastiques. Les ministères ont cessé de
lutter pour réveiller ceux qui ne sont pas dans l’Eglise, et pour
ramener l’Eglise à la sainteté. La situation est alarmante et le
préjudice extrême.
Je
fais appel à vous, mes frères de toutes dénominations, pour vous
demander si vous ne reconnaissez pas ce que je viens de dire comme
une réalité de votre expérience et de votre observation
personnelles. Les ministères, dans une large mesure, se sont laissés
distraire de l’oeuvre fondamentale de la conversion des pécheurs
et de la sanctification de l’Eglise. Ceci est alarmant. Mais ceci
est trop connu pour avoir besoin d’être prouvé. Il suffit de lire
la presse, d’observer les remous au sein des églises, les conflits
doctrinaux et, puis-je le dire, les ambitions personnelles. Tout cela
est venu au grand jour et a été offert en pâture au public au
cours des dernières années, et témoigne clairement du fait que la
plupart des ministères ne se préoccupent plus de rechercher le
réveil, ni la sainteté et l’entière consécration de l’Eglise.
S’il en est ainsi, mes frères bien-aimés, et quelles que soient
les mesures qui doivent être prises par ailleurs, ne nous revient-il
pas de reconnaître notre faute, de la confesser, de nous en
attrister et de nous en repentir, afin de recevoir une nouvelle
onction pour le ministère?
Frères
bien-aimés, il ne nous sert à rien de regarder autour de nous pour
chercher les causes de ce mal. La principale de toutes les causes est
à rechercher en nous-mêmes. Si notre coeur est froid, notre zèle
pour le réveil s’affaiblit. Si nous sommes occupés à autre
chose, si nous battons la campagne pour assister à des conventions,
des conseils et des synodes, si nous passons notre temps à lire les
critiques acerbes publiées par les journaux, si nous nous lançons
dans la politique de l’Eglise, si nous nous agitons pour le
gouvernement de l’Eglise et pour tant d’autres choses, il n’est
pas étonnant que l’Eglise et le monde se désintéressent
complètement des réveils.
Il
faut que les responsables se mettent à l’oeuvre! Il faut que les
serviteurs de Dieu soient baptisés dans le Saint-Esprit! Il faut que
nous soyons réveillés et présents sur le champ de bataille avec
toute notre armure! Il faut que notre âme soit ointe du
Saint-Esprit! Sinon, il ne nous convient certainement pas de regarder
autour de nous pour tenter de découvrir la cause du déclin des
réveils.
Je
suis sûr qu’il y a bien d’autres causes à ce déclin. Dieu
voulant, nous les examinerons. Mais celle- ci est la plus importante.
De toutes les causes, elle est celle qui déshonore le plus le
Seigneur. Les ministères ne sont pas à l’oeuvre, et les bergers
ont d’une certaine manière abandonné leur troupeau. Je veux dire
qu’ils ne le conduisent pas dans les gras pâturages, auprès des
eaux tranquilles. Ils ne sont pas eux-mêmes oints de l’Esprit, ni
remplis de foi et de puissance, pour pouvoir conduire l’Eglise dans
le réveil.
Dans
une large mesure, les Eglises ne semblent pas très bien se rendre
compte de l’état des ministères, parce qu’elles sont elles-
mêmes rétrogrades. Le déclin d’une piété vivante au niveau des
ministères a, bien entendu, été l’occasion d’un déclin
parallèle des Eglises. A tel point que celles-ci ne sont plus guère
conscientes de leur propre état, ni de l’état des ministères.
J’espère,
mes chers frères, qu’en écrivant de la sorte, je ne serai pas
accusé de mépriser l’influence des ministères ni d’encourager
l’esprit de critique dans l’Eglise. Je ne voudrais aucunement
faire cela. Mais nous devons être assez francs, humbles et honnêtes,
pour regarder en face le véritable état des choses. Nous devons
confesser et abandonner nos péchés. Nous devons nous
remettre à l’oeuvre et travailler à nouveau pour le réveil.
Sinon, Dieu ne manquera pas de nous châtier et de susciter d’autres
instruments pour accomplir Son oeuvre, en nous mettant à l’écart.
Il éloignera de nous le coeur des Eglises, détruira l’influence
que nous exerçons sur elles, et suscitera des hommes que nous ne
connaissons pas pour aller conquérir le pays.
On
voit beaucoup de conventions diverses aujourd’hui. Mais je pense à
une convention qui serait différente de toutes les autres, et qui
nous serait fort utile. Nous devrions organiser une convention des
divers ministères, et nous réunir pour prier, pour confesser nos
péchés les uns aux autres, pour recevoir un esprit de réveil, et
pour discuter des meilleurs moyens de promouvoir un réveil dans tout
le pays. Je me réjouirais d’une telle convention. Il me semble
que, de toutes les conventions que nous avons aujourd’hui, celle-ci
serait la plus utile!
Que
dire, frères? Ne sommes-nous pas extrêmement coupables? N’est- il
pas vrai que les ministères, dans une large mesure, ont perdu
l’esprit de réveil? N’y a-t-il pas au milieu de nous une grande
insuffisante d’onction et de puissance? N’avons-nous pas accepté
passivement de nous laisser distraire de cette grande oeuvre? Notre
indifférence n’est-elle pas excessive et criminelle?
S’il
en est ainsi, mes chers frères, ne devons-nous pas nous repentir? Ne
devons-nous pas réaliser nos fautes, les confesser aux Eglises et au
monde, et retourner en arrière pour reprendre notre bannière, au
nom du Seigneur?
J’espère
que mes frères seront patients envers moi. Car je veux insister
davantage sur les responsabilités criminelles des ministères en ce
qui concerne le déclin des réveils, tout particulièrement ces
derniers temps.
Tout
le monde sait que les ministres de Christ ont abandonné l’esprit
de réveil. Cela est évident et lamentable. Il est tout-à-fait
courant de remarquer que les ministères ont perdu, en général,
l’esprit de réveil. Ils ont beaucoup de zèle pour toutes les
questions ecclésiastiques. Ils savent très bien manier la critique.
Mais ils ont peur des réveils, des prédicateurs de réveil, et des
tentatives faites en faveur des réveils. Ils font peu de chose, ou
même rien, pour rechercher eux-mêmes un réveil spirituel. Je ne
pense pas que ce soit vrai partout, mais je fais une remarque
générale. Elle est trop évidente pour nécessiter d’être
prouvée. Je crois que tous en conviendront.
Mes
très chers frères bien-aimés, si les ministères ne sont pas
animés d’un esprit de réveil, il est vain d’espérer que
l’Eglise le soit. La place normale du berger est devant le
troupeau. Mais s’il essaye de pousser le troupeau devant lui, il le
dispersera dans toutes les directions. Si le berger abandonne
l’esprit de réveil, les brebis l’abandonneront aussi tout
naturellement. En revanche, si le berger progresse dans l’oeuvre du
Seigneur, les brebis le suivront partout où il les conduira. Cela
est presque évident.
Ce
qui a le plus freiné les réveils a toujours été une oeuvre de
grâce superficielle dans le coeur des ministères eux-mêmes. Je me
tromperais gravement si cela n’était pas vrai.
Mes
frères, croyez-moi, je ne dis pas cela avec un esprit de critique.
Je ne désire pas pointer du doigt les fautes. Il s’agit là d’une
pleine et entière conviction de mon propre esprit. Mon opinion ne
s’est pas formée de manière hâtive. Elle résulte d’une longue
observation, et d’une connaissance intime d’un grand nombre de
serviteurs de Dieu de différentes dénominations.
Quand
les serviteurs de Christ sont remplis de l’Esprit de Dieu,
l’Eglise, en général, ne sera pas rétrograde. Je le dis d’une
manière générale.
Il
peut y avoir certains cas où des Eglises subissent une influence qui
les empêche de rechercher la sainteté des chrétiens et la
conversion des pécheurs, malgré tous les efforts déployés par des
responsables tout-à-fait réveillés et vigilants. Quand il y a de
grands bouleversements politiques, de grandes crises économiques,
des périodes de grande dépression ou d’activité intense dans les
affaires ou dans la situation financière de l’Eglise ou du monde,
cela peut détourner momentanément la majorité des chrétiens d’une
profonde spiritualité, même si les ministères restent réveillés.
Cependant,
je reste entièrement convaincu que si les ministères sont
réveillés, s’ils prient, s’ils sont pleins de vitalité, leur
influence écartera presque toujours les calamités et les troubles.
Ils pourront pousser l’Eglise, et la société en général, à
s’intéresser profondément aux choses spirituelles. Cela réduira
considérablement le risque de voir se produire des guerres, des
bouleversements politiques et économiques, des spéculations et des
crises. Quoi qu’il en soit, je considère comme une vérité
générale que si les ministères sont baptisés dans le
Saint-Esprit, s’ils sont abondamment oints d’un esprit de réveil,
l’Eglise suivra. "Tel sacrificateur, tel peuple!"
Mes
frères, je crois que si nous sommes nous-mêmes profondément animés
d’un esprit de réveil, nous allons lancer un appel aux Eglises
pour qu’elles se lèvent et recherchent le réveil. Cet appel sera
immédiatement entendu. Il suffit que les serviteurs de Dieu se
lèvent, qu’ils soient remplis de l’Esprit et eux-mêmes
réveillés. Je suis alors certain qu’il leur suffira, où qu’ils
soient dans ce pays, de prêcher dans l’Esprit pendant trois
dimanches seulement, pour voir l’esprit de réveil renaître
dans l’Eglise.
Essayons seulement de faire cette expérience! Éveillons-nous à l’importance de ce sujet! Confessons et
abandonnons nos propres péchés! Crions à plein gosier, ne nous
retenons pas, élevons la voix comme une trompette devant l’Eglise!
Rallions la foule des élus de Dieu! S’ils sont sourds à notre
appel, cherchons encore plus sérieusement ce qu’il nous faudra
faire. Mais, tant que nous ne serons pas oints pour accomplir cette
oeuvre, ne nous permettons pas de tenter le Seigneur ni d’abuser
l’Eglise, en recherchant la cause du déclin des réveils ailleurs
qu’en nous- mêmes.
Comprenez-moi
bien. Je sais que l’Eglise est dans un état de déclin spirituel.
Elle a grandement besoin d’être vivifiée et réveillée. Mais je
crois que la cause majeure de ce déclin de l’Eglise réside dans
le fait que les ministères se sont laissés distraire des
responsabilités qu’ils auraient dû exercer. Je crois aussi que le
seul remède à cette situation sera trouvé lorsque ces ministères
auront compris que leur priorité absolue est d’être eux-mêmes
profondément spirituels et complètement réveillés. Dès qu’ils
l’auront compris, il se produira un réveil général. Je ne
m’attends pas à voir un tel réveil se produire tant que les
ministères n’auront pas pleinement ouvert les yeux sur leur propre
état et sur l’état de l’Eglise.
X.
LES CAUSES DU DÉCLIN DES RÉVEILS.
Sauf
erreur de ma part, c’est ce qui s’est passé, dans une mesure
alarmante, pour tous les réveils de ces dernières années. Les
chrétiens ont été si peu nourris de l’Evangile qu’ils sont
devenus légalistes, pleins de leur propre justice, fanfarons,
charnels, routiniers et incrédules. Leurs efforts ont abouti à
faire des convertis qui leur ressemblent, et à jeter un grand
discrédit sur les réveils.
Je
le répète, on a prêché trop exclusivement aux pécheurs. Les
serviteurs de Dieu n’ont pas assez servi de moelle et de graisse.
Ils n’ont pas exposé la plénitude de l’Evangile. En agissant
ainsi, ils ont porté un grand préjudice à leur propre piété. Ils
sont souvent devenus légalistes, durs de coeur et portés à
censurer. Dans un tel état, il leur est impossible de produire un
véritable réveil spirituel. Ils ne se nourrissent pas eux-mêmes de
Christ. Ils ne demeurent pas en Dieu, et Dieu ne demeure pas en eux.
Ils ne sont donc pas en état de nourrir l’Eglise, ni de produire
un véritable réveil spirituel.
Je
le répète, les serviteurs de Dieu ont tellement craint la doctrine
du perfectionnisme, au cours de ces dernières années, qu’ils ont
trop négligé de présenter haut et fort l’Evangile du salut, dans
sa plénitude et sa perfection. Beaucoup d’entre eux ont été
complètement égarés par les erreurs répandues à propos de la
doctrine du perfectionnisme, dans la presse qu’ils reçoivent et
qu’ils lisent. Je me suis rendu à l’étranger. J’ai été
étonné de voir la quantité de fausses informations circulant
là-bas, concernant les choses que nous aurions réellement dites et
enseignées, et concernant les effets de notre enseignement sur notre
Eglise et sur les autres Eglises. Ces fausses informations ont poussé
beaucoup de serviteurs de Dieu à mettre en garde les chrétiens de
leurs Eglises contre toutes les erreurs. Ils ont dénoncé ce qu’ils
pensaient être les erreurs des Perfectionnistes et des
Sanctificationnistes.
Dans la pratique, ils n’ont abouti qu’à abaisser considérablement le niveau de la sainteté biblique dans leurs propres Eglises. Je veux dire que cela a été le résultat pratique. En critiquant la doctrine de l’entière sanctification dans cette vie, et en défendant l’idée, comme beaucoup l’ont fait, que les chrétiens doivent s’attendre à pécher tant qu’ils sont sur cette terre, ils n’ont pratiquement abouti qu’à encourager leurs Eglises à rétrograder en permanence. On a créé dans l’Eglise des préjugés contre la doctrine de la sanctification. En outre, si je ne me trompe, les ministères ont eux-mêmes beaucoup souffert dans leur propre piété. Une baisse de spiritualité correspondante s’est donc manifestée dans leurs Eglises.
Dans la pratique, ils n’ont abouti qu’à abaisser considérablement le niveau de la sainteté biblique dans leurs propres Eglises. Je veux dire que cela a été le résultat pratique. En critiquant la doctrine de l’entière sanctification dans cette vie, et en défendant l’idée, comme beaucoup l’ont fait, que les chrétiens doivent s’attendre à pécher tant qu’ils sont sur cette terre, ils n’ont pratiquement abouti qu’à encourager leurs Eglises à rétrograder en permanence. On a créé dans l’Eglise des préjugés contre la doctrine de la sanctification. En outre, si je ne me trompe, les ministères ont eux-mêmes beaucoup souffert dans leur propre piété. Une baisse de spiritualité correspondante s’est donc manifestée dans leurs Eglises.
Mes
chers frères, vous pourrez faire autant d’efforts que vous voulez,
si vous continuez à vous attarder sur ce terrain, vos Eglises vont
rétrograder à un point tel que vous en serez vous-mêmes
consternés. Ma longue expérience me permet d’affirmer que la
seule voie consiste à persuader profondément les Eglises qu’elles
doivent absolument parvenir à ‘se purifier de toute souillure de
la chair et de l’esprit, en achevant leur sanctification dans la
crainte de Dieu.’ Tout effort pour excuser le péché, toute
tentative d’affirmer l’impossibilité pratique d’atteindre la
perfection dans cette vie, constituent les erreurs les plus grandes
et les plus désastreuses qui puissent être inculquées aux Eglises.
Comme l’a écrit un auteur anglais il n’y a pas si longtemps:
‘Aucune erreur n’est aussi destructrice, et aucune ne doit être
aussi fermement dénoncée, que celle qui consiste à dire que les
chrétiens doivent s’attendre à pécher pendant toute leur vie.’
Mes
frères bien-aimés, je ne cherche pas, par mes propos, à vous
gagner à mon opinion. Mais je désire attirer votre attention, et
l’attention de l’Eglise, sur cette réalité, et vous faire
observer les résultats que l’on obtient quand on propose des
critères spirituels moins exigeants que ceux que j’ai mentionnés.
En
réalité, les Eglises s’éloignent rapidement de Dieu, faute
d’être nourries du véritable pain de vie. En outre, les
ministères, dans une mesure vraiment alarmante, ont trop mis leurs
Eglises en garde contre la doctrine de la sanctification, et pas
assez contre le péché.
Je
supplie mes frères de prendre un autre chemin. J’exhorte aussi
l’Eglise à vivre dans la sainteté. Je veux faire connaître que
Dieu nous demande d’obéir à Sa loi et à Son Evangile. Faites-le
aussi connaître, mes frères, et vous verrez que vous apporterez une
vie de résurrection à vos Eglises.
Ne
craignez pas le perfectionnisme. Cela ne m’étonne pas que la
véritable doctrine de la sanctification ait été confondue avec
celle du perfectionnisme dans beaucoup d’esprits. Les défenseurs
de l’une ont aussi été confondus avec les défenseurs de l’autre.
Mais, frères bien-aimés, n’est-il pas temps pour les serviteurs
de Dieu de comprendre parfaitement quelles sont les différences
entre ces deux doctrines, et de ne plus confondre des choses qui
diffèrent tellement? Vous pourrez ainsi abandonner vos préjugés et
ne plus vous inquiéter. Vous pourrez aussi montrer à l’Eglise
comment abandonner ses propres préjugés et ne plus s’inquiéter.
Dans
ce que je viens de dire, j’espère ne pas avoir créé des préjugés
chez mes frères. J’espère ne pas vous avoir incités à ne plus
m’écouter. Car j’ai encore des choses à dire à propos des
erreurs commises dans la recherche des réveils. Je dois encore
expliquer pourquoi ces réveils sont devenus si rares, si espacés,
et d’une nature si superficielle.
Mes
chers frères, j’ai le coeur rempli de ce sujet. J’ai beaucoup de
choses à dire. Je vous supplie de m’écouter avec patience.
Recherchez honnêtement si une grave erreur n’a pas été commise
dans la direction que je viens d’indiquer.
Je
veux encore parler de quelque chose dont les conséquences ont été
très funestes sur les réveils spirituels. Il s’agit des fausses
conceptions concernant les meilleurs moyens de promouvoir un réveil.
Si j’ai bien compris, on a actuellement une forte tendance à
s’orienter vers deux extrêmes presque aussi nuisibles l’un que
l’autre. D’un côté, il y a ceux qui semblent rechercher un
réveil sans utiliser aucun moyen particulier. Ils disent que les
réveils sont l’oeuvre de Dieu. Ils croient donc qu’il leur
suffit de continuer à faire ce qu’ils font habituellement. Ils
continuent à donner régulièrement leurs messages hebdomadaires ou
mensuels, à avoir quelques réunions de prière occasionnelles, etc.
Ils laissent le réveil, cet ‘événement,’ selon leur terme, à
la souveraineté de Dieu. Ils pensent que Dieu peut Se manifester
sans que nous ayons à utiliser de moyens particuliers. Ils disent
que cela reviendrait à prendre la place de Dieu dans Son oeuvre et à
produire des réveils avec notre propre force. Il leur suffit de
poursuivre leurs activités habituelles pour le salut des âmes.
Il
me semble que l’on a négligé ici un principe de la nature
humaine, qu’il faut respecter si l’on veut travailler avec succès
pour le royaume de Dieu. Supposez qu’un homme ait l’esprit
fortement intéressé par un sujet quelconque. Si vous voulez attirer
son attention sur un autre sujet, il vous faut utiliser des moyens
propres à l’intéresser et à le stimuler. Depuis trente ans, le
monde chrétien tout entier se trouve dans un état de grande
excitation. Il se dirige vers une grande révolution morale. Par
révolution morale, je veux parler d’une révolution dans les
opinions, suivie d’une révolution dans les comportements. On ne
parle que de réforme. On soulève l’une après l’autre de
nombreuses questions d’un intérêt profond, pour agiter l’opinion
publique. C’est Dieu qui, par Sa providence, continue à faire
pression sur les pensées des hommes, par ces questions qui les
agitent. Ce sont des questions politiques et des questions
religieuses. Tout cela produit une excitation à la limite du
supportable. En réalité, tout sujet d’intérêt profond et
fondamental pour l’humanité a dans la presse ses avocats, ses
conférenciers et ses défenseurs, qui contribuent à fixer
l’attention et l’intérêt de l’opinion publique. Dans ces
conditions, il est parfaitement déraisonnable d’espérer gagner
l’attention des hommes et de produire un réveil, si l’on ne fait
pas des efforts particuliers et prolongés. Le monde entretient
constamment l’intérêt du public, pour alimenter l’agitation
politique et lancer des réformes. De même, les ministères doivent
élever la voix comme une trompette, ‘crier à plein gosier,’ et
ne pas se retenir. Ils doivent multiplier leurs efforts et leurs
tentatives, à la mesure de l’excitation manifestée par le monde
pour les sujets qui l’intéressent. Ils doivent persévérer
jusqu’à ce que, par la grâce de Dieu, l’attention de leurs
auditeurs soit captée et conservée, et que les coeurs soient gagnés
au Seigneur.
Il
se peut qu’un réveil éclate sans que l’on ait fait d’effort
particulier, dans un endroit où les gens ne s’intéressent pas
vraiment à d’autres sujets. Mais l’Eglise se trompe si elle
espère avoir un réveil sans avoir recours à des efforts
exceptionnels et prolongés. C’est parce que les réveils sont
l’oeuvre de Dieu que ces efforts sont indispensables. Cela ne nous
autorise donc pas à invoquer une seule raison pour négliger de tels
efforts. Dieu, en bâtissant Son Royaume et en établissant Son
gouvernement sur le monde, ne viole pas les lois de l’intelligence,
mais Il les respecte strictement. Par conséquent, si nous traînons
les pieds, ou si nous craignons de faire un surcroît d’efforts,
tout en espérant obtenir un réveil, ce serait irrationnel et
absurde, alors que le monde s’enflamme pour tant d’autres sujets.
Il est vrai qu’il nous faut conserver une
grande sagesse pour ne pas commettre des actions inconsidérées.
Nous ne devons pas avoir recours à des moyens qui ne seraient que de
l’agitation et de l’excitation inutiles, ou qui détourneraient
l’attention de la vérité. Mais il faut pourtant utiliser certains
moyens et multiplier les réunions. Les prédicateurs et les
chrétiens doivent être eux-mêmes enflammés. Ils doivent pouvoir
élever leur voix pour couvrir le bruit des vagues et des vents de ce
monde, jusqu’à ce qu’ils parviennent
à fixer l’attention des hommes. Sinon, ils ne parviendront jamais
à sanctifier les cœurs.
XI. INUTILITÉ D’EFFORTS SPASMODIQUES.
Avant de développer le sujet de ma dernière lettre, je veux attirer l’attention de mes frères sur un mal qui me semble avoir profondément attristé l’Esprit de Dieu, et qui représente actuellement un véritable obstacle au réveil. J’y ai déjà fait allusion dans une précédente lettre. Je veux à présent en parler d’une manière plus précise. Ce mal est le suivant: on a accablé les hommes de réveil de préjugés défavorables. Cela a profondément attristé l’Esprit de Dieu. Il me semble que l’on n’a pas suffisamment réfléchi au fait qu’un esprit influencé par des préjugés ne peut pas avoir de communion avec Dieu. Il ne peut donc être exaucé dans ses prières, ni recevoir la grâce indispensable pour vivre d’une manière qui honore Dieu. On ne peut nier le fait que l’Eglise, d’un bout à l’autre de notre pays, est pleine de toutes sortes de préjugés. Ces préjugés anéantissent la piété des églises et empêchent de le réveil. Bien souvent, les serviteurs de Dieu, certainement sans le vouloir, ont eux-mêmes injecté ces préjugés dans l’esprit des membres de leurs églises. Ils les ont ainsi coupés de la communion avec Dieu. Ces chrétiens ont perdu toute capacité d’ouverture spirituelle. Ils ont déjà leurs idées préconçues. Ils refusent d’entendre de leurs deux oreilles pour juger ensuite. Dans certaines Eglises, ces préjugés touchent un grand nombre de domaines. L’abolition de l’esclavage, la réforme morale, les hommes et les mesures de réveil, les séries de réunions, la Nouvelle ou l’Ancienne Ecole de Théologie, la sanctification ou l’anti-sanctification, tout cela a fait l’objet de grands préjugés. Il importe peu que ces préjugés soient pour ou contre la vérité. Il suffit qu’il y ait préjugé. Il suffit que l’esprit soit orienté dans une certaine direction, et se ferme à toute autre éventualité, pour que l’âme soit effectivement coupée de Dieu.
Un
préjugé est le fait d’avoir une idée préconçue sur un certain
sujet. Une idée préconçue est exactement ce que Christ veut
interdire. Le Seigneur ne veut pas nous empêcher s’avoir une
opinion ferme, ni un jugement définitif sur certains cas, questions
ou personnages sur lesquels nous sommes appelés à nous prononcer.
Mais Il ne veut pas que nous jugions sans avoir examiné chaque cas
d’une manière objective, complète et charitable.
Certains
serviteurs de Dieu, d’un tempérament combatif, ne se rendent pas
compte, en fait, qu’ils poussent leurs assemblées, par leurs
prédications, à avoir une foule de préjugés qui produisent tout
autre chose qu’une réelle piété. J’ai été souvent choqué
d’entendre les préjugés exprimés par les serviteurs de Dieu
eux-mêmes, et par les chrétiens de toutes dénominations.
Frères,
si nous voulons un réveil parmi les chrétiens, nous devons nous
méfier de toute tendance à les pousser à avoir des préjugés,
dans n’importe quel domaine. Ils sont déjà assez enclins
naturellement à avoir des préjugés et à porter des jugements
subjectifs. Ce n’est pas la peine de les pousser, par nos
prédications, à avoir un état d’esprit aussi impie. Arrêtons de
les mettre en garde contre telle ou telle chose, de dénoncer l’anti-
esclavagisme, la réforme morale, la colonisation, ou toute autre
chose, dans un esprit et d’une manière qui crée des préjugés!
Il se peut que nous pensions rendre service à Dieu. Il se peut que
nous nous réjouissions de voir le zèle de nos assemblées pour ce
que nous croyons être la vérité. Nous voulons peut-être former et
maintenir nos chrétiens dans l’orthodoxie. Nous voulons qu’ils
soient enflammés de zèle, au point de parcourir la terre et la mer
pour faire des prosélytes à leur image. Mais nous apercevrons
qu’ils auront fait de leurs convertis des enfants de la géhenne
deux fois plus qu’eux- mêmes.
D’autres
chrétiens que ceux dont je viens de parler me semblent être tombés
dans une erreur diamétralement opposée. Ces chrétiens, au lieu de
prétendre qu’il ne faut employer aucun moyen spécial pour
convertir les pécheurs et sanctifier l’Eglise, semblent être
tout-à- fait certains qu’aucun résultat ne pourra être obtenu
sans programmer de longues séries de réunions. Ils veulent utiliser
les méthodes les plus excitantes. Ils semblent dépenser tous leurs
efforts à organiser ces séries de réunions. Ils consacrent presque
tout leur temps à déployer une énergie intense, et à programmer
des réunions pendant une petite partie de chaque année. Mais, le
reste du temps, il ne font que peu d’efforts pour intéresser les
chrétiens à la foi, pour sanctifier l’Eglise et convertir les
pécheurs. Il me semble que ces chrétiens n’ont absolument pas
compris quelle était la seule méthode propre à développer
sainement la foi chrétienne. Ils rejoignent en cela le premier
groupe dont j’ai parlé, et ces auxquels ils semblent s’opposer.
Certes,
je pense qu’il est certainement très utile d’organiser une série
de réunions, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Les
circonstances peuvent même l’exiger. Mais, d’une manière
générale, il me semble plus sain pour la foi et le développement
spirituel des chrétiens d’organiser toute l’année, d’une
manière régulière, des réunions d’enseignement et de prière.
Il faut que ces réunions soient assez fréquentes pour soutenir
l’attention des chrétiens, mais assez étalées dans le temps pour
ne pas les perturber dans leurs tâches ordinaires ou nécessaires.
Il faut laisser aux chrétiens le temps de faire les choses qu’il
leur est indispensable de faire.
Après
avoir acquis de l’expérience en matière de réveils, j’ai
adopté une pratique qui me semble avoir été également adoptée
par les serviteurs de Dieu et les Eglises travaillant pour le réveil.
Nous avons ajouté aux réunions du dimanche un certain nombre de
réunions pendant la semaine. Mais leur nombre doit être tel que
chacun puisse aisément y assister. Personne ne doit être gêné
dans l’exercice normal de ses fonctions dans ce monde. Nous nous en
sommes tenus à cela. J’ai assisté à de puissants réveils en
zone rurale, en plein milieu des récoltes. Je me suis rendu compte
que ces réveils pouvait continuer tant que le nombre des réunions
permettait aux fermiers d’assurer leurs récoltes, sans aller
au-delà. On a commis une erreur majeure ces dernières années. Les
Eglises qui cherchent le réveil interfèrent de manière abusive,
pendant un certain temps, avec tous les devoirs ordinaires de la vie
domestique, commerciale, agricole et industrielle. Ils transforment
en dimanche chaque jour de la semaine, pendant une longue période
ininterrompue. A tel point qu’il est ensuite nécessaire de ne plus
tenir de réunions pendant longtemps, à l’exception de celles du
dimanche. Les chrétiens ont alors tellement négligé leurs affaires
courantes, et pendant si longtemps, qu’ils doivent ensuite faire de
grands efforts pour rattraper leur retard dans ce domaine. Ces
efforts sont à la mesure des efforts qu’ils ont faits pour
rattraper leur retard spirituel pendant ces longues séries de
réunions. Ils vont d’un extrême à l’autre. Ils assistent à
une réunion par jour pendant une longue période. Puis ils passent à
une autre période où ils n’ont plus qu’une réunion du
dimanche, à laquelle presque personne ne se rend. Ils alternent des
périodes où ils vont presque tout le temps à des réunions, et des
périodes où ils ne vont plus à aucune réunion, excepté au culte
du dimanche. Il me semble qu’une telle attitude manque complètement
de sagesse. Les résultats qu’elle produit démontrent aux Eglises
qu’une telle démarche n’est pas saine. Il vaut mieux organiser
des réunions régulières pendant toute l’année. Chacun pourra
ainsi satisfaire à ses obligations séculières et professionnelles.
Comme
l’intérêt des hommes est de plus en plus attiré par toutes
sortes de sujets, il nous revient, dans la même proportion,
d’accroître la fréquence et l’urgence de nos appels. Nous
devons arriver à fixer leur attention sur ce grand sujet du salut.
Les hommes de ce monde font de plus en plus d’efforts pour attirer
l’attention de leurs semblables sur des sujets mondains. Nous
aussi, nous devons, dans une proportion au moins égale, multiplier
les moyens propres à retenir l’attention des hommes sur des sujets
spirituels. Cela me semble être une loi de l’esprit humain.
Il
ne faut pas prétendre qu’un réveil dépend uniquement de la
souveraineté de l’Esprit de Dieu. Il est faux de dire que nous ne
devons pas utiliser de moyens spéciaux pour le produire. Ces moyens
sont nécessaires pour permettre à l’Esprit d’accomplir Son
oeuvre. Il faut les utiliser en abondance, si nous voulons que Dieu
accomplisse le résultat que nous désirons. Les serviteurs de Dieu
ont compris à leurs dépens qu’en organisant de longues périodes
spéciales de réunions, pour obtenir un réveil, ils n’ont fait
que pousser de plus en plus les Eglises à s’engager dans une
excitation spasmodique et temporaire. Ils se concentrent sur les
périodes de l’année où les gens n’ont pas beaucoup d’autres
choses à faire. Ou ils ne prennent pas en considération ce que les
chrétiens doivent faire, et ils leur demandent de faire des efforts
prolongés. Les chrétiens assistent alors jour et nuit à des
réunions, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Puis ils
abandonnent ensuite complètement tout effort.
Au
lieu de cela, les Eglises devraient faire des efforts réguliers.
Elles devraient chaque jour faire le nécessaire pour retenir
l’attention des gens. Elles devraient contrebalancer l’attirance
que le monde exerce sur eux, attirance qui met en danger leur âme.
XII.
LES OBSTACLES A L’ESPRIT DE RÉVEIL.
Quelque chose produit actuellement un mal immense. C’est le sectarisme grandissant de l’Eglise. Ce sont les principales dénominations qui ont été les plus zélées et les plus efficaces pour la promotion des réveils. Pourtant, il me semble qu’elles sont en train de devenir, depuis une dizaine d’années, très sectaires dans leur esprit et dans leurs initiatives. Je ne pense pas que ce soient les conflits entre ces dénominations qui augmentent en intensité et en virulence. Mais celles-ci se divisent et semblent s’abandonner à l’esprit de schisme et de sectarisme. Il y a dans toutes les dénominations l’Eglise traditionnelle et l’Eglise moderne, l’ancienne Ecole et la nouvelle Ecole, les réformateurs et les conservateurs. Tous semblent mettre en avant leurs particularismes avec un esprit et par des moyens extrêmement sectaires. Les conventions sectaires, les rassemblements religieux, les conciles, les synodes, avec toute la panoplie et l’attirail du sectarisme, semblent enflammer l’esprit de l’Eglise de manière alarmante.
Il
s’agit là sans aucun doute d’un mal considérable. Il faut
combattre cette influence dans les Eglises. Les serviteurs de Dieu
doivent cesser de manifester un esprit sectaire. Ils doivent mettre
fin à leurs gesticulations et à leurs disputes verbales. Ils
doivent arrêtent de créer des préjugés et de chasser les
hérésies. Il faut qu’ils abandonnent leurs ambitions
ecclésiastiques, pour se consacrer entièrement à rechercher
l’amour fraternel, l’harmonie dans l’Eglise, la conversion des
pécheurs et la sanctification des saints. Sinon, il est certain que
les réveils cesseront, et que ceux-ci ne progresseront plus en
pureté et en puissance.
Quand
on considère une telle situation, le plus affligeant est de voir que
les ministères et de nombreux chrétiens sont devenus tellement
sectaires. Ils sont tellement imbus de cet esprit sectaire qu’ils
ne se rendent même plus compte qu’ils sont sectaires! Ils
s’imaginent être animés d’un pur amour de la vérité, et
combattre sincèrement pour la foi qui a été transmise aux saints
une fois pour toutes. Ils pensent être réellement et exclusivement
jaloux de l’honneur de Dieu et de la pureté de l’Eglise. Ils ont
élevé leurs propres opinions au rang de doctrines fondamentales.
Ils luttent pour les défendre avec obstination et véhémence,
accusant tous ceux qui ne les partagent pas d’être des réprouvés.
Pour
autant que je sache, il est remarquable de voir que les grands
réveils qui ont tellement béni l’Eglise, dès le début, ont été
anéantis par des manœuvres ecclésiastiques et sectaires, qui
voulaient soi-disant préserver la pureté de l’Eglise et la foi
transmise aux saints. Il est vrai que les ministères, dans leur
ensemble, ont toujours été responsables du déclin des réveils.
Leur sectarisme, leur ambition, et leurs idées préconçues, les ont
poussés à prêcher, à combattre, à courir à des Synodes, à des
Conciles et à d’autres rassemblements ecclésiastiques. Les
Eglises, tout d’abord peinées et même choquées par cette
influence, ont fini par se laisser convaincre. Elles se sont imbibées
de l’esprit sectaire, et se sont entièrement éloignées de Dieu.
Frères
bien-aimés, qui donc ignore qu’un grand nombre de ministères sont
trop influencés par leurs préjugés pour être en communion avec
Dieu et manifester Sa puissance? Qui donc ignore qu’ils ne sont pas
assez honnêtes, objectifs et droits, pas assez attachés à la
vérité, pas assez ouverts, pas assez désireux d’examiner avec
patience et de juger avec charité toute question sur laquelle ils
doivent se prononcer?
Par
ma propre expérience, j’ai appris que, pour maintenir ma communion
avec Dieu, je devais complètement abandonner toute idée préconçue
sur n’importe quel sujet. Je devais ouvrir complètement mon
esprit, être prêt à être persuadé, et rester tout-à-fait
objectif et honnête. Je ne dois pas non plus me permettre d’avoir
ou d’exprimer une opinion sur un sujet quelconque sans l’avoir
soigneusement examiné, ni sans avoir prié. Beaucoup aujourd’hui
semblent avoir oublié ce que Dieu dit de ceux qui ‘parlent mal des
choses qu’ils ne comprennent pas.’ Il est étonnant de voir à
quel point les ministères, comme les chrétiens engagés, se
laissent aller à dénoncer et à médire des choses qu’ils ne
comprennent pas.
Ces
ministères et ces chrétiens ne peuvent pas prier. Dieu ne les
entendra pas. Ils ne peuvent pas être exaucés, tout le monde s’en
rend compte. Ils dénoncent certaines doctrines et certaines choses
d’une manière profondément choquante pour ceux qui se rendent
compte qu’ils ne savent pas ce dont ils parlent. Ils confondent des
choses qui diffèrent radicalement, et font des distinctions qui
n’existent pas.
Je
pourrais mentionner un grand nombre de faits pour illustrer mon
propos. Presque tout le monde sait qu’il est toujours parfaitement
habituel à des serviteurs de Dieu et à de simples chrétiens de
confondre l’entière sanctification, dont nous voulons parler ici,
avec le perfectionnisme. Ceux qui le font ne savent sans doute pas ce
qu’ils disent, ou n’ont pas très bien étudié la question. Ils
parlent de ce qu’ils ignorent, et disent du mal de choses qu’ils
ne comprennent pas.
Frères
bien-aimés, je ne dis pas cela pour faire des reproches à qui que
ce soit. Mais, après tout, qui donc ignore que cela est vrai? Tout
au moins, qui peut ignorer que cela est vrai?
Que
nos opinions personnelles soient vraies ou fausses, il est
parfaitement injuste de les voir confondues avec des opinions que
nous rejetons. Ceux qui font cet amalgame sont pourtant des
serviteurs de Dieu, mais ils ne font pas très bien la différence
entre nos opinions et les leurs.
Si
nos opinions sont fausses, qu’on les examine, et qu’elles soient
acceptées ou rejetées selon leur valeur propre. Il est peut-être
facile pour ceux qui les rejettent de confondre la totale
sanctification, que nous défendons, avec le perfectionnisme, ou avec
les idées du catholicisme romain, ou avec celles de l’universalisme,
ou avec celles de tout autre "isme." Ils veulent couvrir nos
opinions de tant d’opprobre que l’Eglise ne désirera même plus
les étudier objectivement. Mais, que nos opinions soient vraies ou
fausses, permettez-moi de vous dire, chers frères, que votre manière
de les écarter ne peut manquer de provoquer un état d’esprit
tendancieux en vous et dans vos églises.
Je
vous le demande, mes frères, n’est-ce pas ce qui est train de se
produire? Vous avez dénoncé notre point de vue, et vous l’avez
confondu avec le perfectionnisme. Vous l’avez combattu dans vos
réunions d’églises, et vous avez créé des préjugés par votre
opposition. Je vous supplie d’examiner si cela n’a pas fait
naître un état d’esprit tendancieux chez vous. N’est-il pas
vrai que votre disposition d’esprit est devenue moins spirituelle?
Votre communion avec Dieu n’a-t-elle pas baissé? N’avez-vous pas
prêché l’Evangile avec moins de coeur et d’onction, et fait
preuve d’un plus grand sectarisme?
Mes
frères bien-aimés, que vous soyez serviteurs de Dieu ou non,
acceptez-vous de répondre sincèrement à cette question, en ouvrant
votre coeur devant Dieu au trône de la grâce?
XIII.
LES OBJECTIONS FAITES AUX SÉRIES DE RÉUNIONS.
(Note de l’Editeur américain: Dans ce chapitre, l’auteur ne veut pas mettre à la seconde place le travail accompli pour sauver les âmes. Il ne dit pas qu’il ne faut l’effectuer que lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire. Cette lettre veut au contraire démontrer que l’on doit tenir compte des obligations de ceux qui sont invités à ces réunions, afin de ne pas produire une opposition nuisible aux efforts de réveil.)
Dans mon avant dernière lettre, j’ai fait certaines remarques concernant les moyens utilisés pour produire un réveil. J’ai dit qu’il y avait deux extrêmes. Certains veulent obtenir un réveil par le seul moyen de longues séries de réunions ou d’efforts du même type. Tandis que d’autres sont opposés à l’emplois de tels moyens. J’ai discuté aussi quelque peu la tendance de certains chrétiens à concentrer presque tous leurs efforts pour obtenir un réveil sur une courte période de l’année, lorsqu’ils n’ont pas grand-chose d’autre à faire. Mais ils ne font rien ou presque rien le reste de l’année.
Après
avoir rédigé cette lettre, il m’a semblé qu’elle pouvait être
mal interprétée. J’ai décidé d’ajouter certaines remarques,
et de les faire publier immédiatement après. Mais comme j’avais
déjà écrit la lettre parue au précédent numéro, je n’ai pas
pu réaliser tout de suite mes intentions.
Les remarques que je veux faire à présent peuvent être résumées ainsi:
1. Tout notre temps appartient à Dieu.
2.
Tout travail que nous faisons est fait pour Lui.
3.
Tout doit être fait en son temps. Le dimanche a ses exigences
particulières. Il en est de même du printemps, de l’été, de
l’automne et de l’hiver. Le Seigneur nous a demandé de
travailler six jours, et de nous reposer le septième. En d’autres
termes, tout notre temps doit être consacré à Dieu.
Il semble qu’à certaines périodes de l’année la plupart des gens aient plus de loisirs qu’à d’autres. C’est-à-dire que Dieu les occupe beaucoup moins dans les tâches qu’Il leur confie habituellement. Les agriculteurs, comme la plupart des gens, ont beaucoup moins de travail en hiver que pendant les autres saisons de l’année. Il est donc fort raisonnable, approprié, et sans doute nécessaire, d’employer tout notre temps, en de telles saisons, à une activité consacrée à la gloire de Dieu et au bien de Son royaume. En de telles saisons, il est bon de prévoir davantage de réunions, de passer plus de temps en prières et en visites, et de faire plus d’efforts pour la conversion des pécheurs et la sanctification des chrétiens. Ce ne serait pas le cas en des moments où Dieu nous appelle clairement à labourer, à récolter les fruits de la terre, ou à répondre aux autres obligations de notre existence. Nous devons accomplir nos obligations en toutes saisons. Cela nous permet de ne pas nous laisser accuser d’avoir une religion qui se limite à assister à de longues séries de réunions, ou qui n’est qu’une religion pour l’hiver ou les temps de vacances. Cela ne prouve pas nécessairement que nous avons une religion faite d’efforts spasmodiques et intermittents. Un chrétien qui va à l’église le dimanche, et qui travaille le reste de la semaine, comme Dieu le lui demande, ne prouve pas par cette attitude qu’il a une religion du dimanche. En réalité, un chrétien doit travailler toute la semaine pour la même raison qui le pousse à se rendre à l’église le dimanche, c’est-à-dire obéir à Dieu et Le glorifier. S’il ne le fait pas dans cet esprit, il n’a aucune religion véritable. On peut être tout aussi pieux et consacré à Dieu dans son travail que lorsqu’on se rend à une réunion! Sinon, nous n’avons aucune religion véritable.
Ainsi,
le fermier, le marchand et l’ouvrier peuvent, et doivent, être
tout aussi dévoués au Seigneur, tout aussi pieux et saints pendant
les travaux de l’été que lorsqu’ils assistent à des séries de
réunions pendant l’hiver. En réalité, nous devons tout faire
pour Dieu, sinon nous ne faisons rien pour Lui. Si nous ne sommes pas
poussés par la même motivation dans un cas comme dans l’autre, en
n’ayant pour but que la seule gloire de Dieu, nous ne sommes
absolument pas des chrétiens sanctifiés.
Il
n’est donc pas du tout certain qu’une église soit égoïste si
elle organise des séries de réunions à des périodes de l’année
où les responsabilités des chrétiens envers Dieu, leur pays, ou
leur famille, ne les appellent pas à d’autres tâches. S’ils
n’ont pas d’autres obligations dans l’oeuvre du Seigneur,
qu’ils se consacrent à l’organisation de réunions. S’ils
bénéficient de loisirs supplémentaires, qu’ils soient appelés à
faire des efforts particuliers pour la conversion des pécheurs et la
sanctification de l’Eglise. Ceci est raisonnable et juste. Je ne
vois pas comment l’on peut négliger cela sans pécher.
Cependant,
il est vrai, et l’on doit le déplorer, que les périodes
consacrées à de longues séries de réunions contribuent pour
beaucoup à un développement spasmodique de la religion, ou du moins
de ce que l’on appelle la religion. On ne peut donc pas dire que
des chrétiens sincères se soient détournés de leur devoir en
organisant des réunions à certaines périodes de l’année, tout
en étant très occupés à autre chose à d’autres moments. Ils
ont besoin de travailler de leurs mains, de prendre soin de leurs
terres et de leur commerce, ou de servir Dieu et leur prochain dans
leur métier.
Je
veux donc que l’on comprenne clairement qu’il est naturel de
s’occuper davantage du réveil à certaines époques de l’année,
quand les saints et les pécheurs sont moins absorbés par les
nécessaires affaires de la vie. Il est très naturel et très
important que des efforts spéciaux soient faits à de telles
époques, et que des réveils en découlent.
Quand
on ne veut pas du réveil, il est donc tout-à-fait déplacé de
s’opposer aux longues séries de réunions, car elles sont rarement
programmées à des périodes de l’années où les gens sont très
occupés. C’est ce qui est en fait très souvent pratiqué. Je
recommande donc, comme je l’ai déjà fait dans une lettre
précédente, que l’on fasse en permanence des efforts sensibles
pour entretenir la flamme dans le coeur des chrétiens, pour
s’opposer efficacement au royaume des ténèbres et pour convertir
les pécheurs. Mais je supplie mes frères d’encourager aussi leurs
églises à organiser des actions particulières et extraordinaires,
chaque fois que les chrétiens auront accompli leurs obligations
personnelles. S’ils peuvent alors avoir du temps libre, ils doivent
le consacrer plus particulièrement à la grande oeuvre du salut des
âmes.
XIV.
LES OBSTACLES AUX RÉVEILS.
En étudiant les obstacles aux réveils, je dois insister plus fortement qu’auparavant sur le fait que les ministères, comme l’Eglise dans son ensemble, manquent énormément d’amour pour Christ. Travailler pour le salut des âmes est une grande oeuvre. Le coeur de ceux qui travaillent avec le Seigneur dans cette grande oeuvre doit être entièrement consacré. Ils doivent éprouver un amour profond pour Christ. Sinon, on ne peut ni ne doit attendre que l’Esprit de Dieu soit répandu, ni que l’oeuvre de l’Eglise et des ministères soit bénie.
La
Bible enseigne abondamment que le temps de Dieu est aujourd’hui. Le
moment de bénir Sion est venu. C’est le moment pour l’Eglise de
prendre plaisir à ses ruines et de les relever de la poussière.
L’Eglise et les ministères doivent être animés d’un amour
profond et désintéressé pour Dieu et pour les hommes. Ils doivent
être tellement remplis d’amour pour les frères qu’ils sont
prêts à mourir pour eux. Ils doivent avoir tellement d’amour pour
les précieuses âmes qu’ils acceptent de faire tous les sacrifices
pour les sauver. Ils doivent même être prêts à offrir leur propre
vie. Si c’est le cas, alors nous pouvons être sûrs que leurs
efforts seront bénis. Mais s’ils ne sont pas animés de cet
esprit, ils ne réussiront qu’à provoquer de l’excitation.
Peut-être assimileront-ils cette excitation à un réveil spirituel
et l’appelleront-ils ainsi. Mais, en général, le temps finira par
démontrer qu’il ne s’agissait pas d’un véritable réveil
spirituel.
Quand
les chrétiens et les ministères ne sont pas en communion avec Dieu,
ils ne sont pas en mesure de discerner les faux réveils des
véritables réveils spirituels. C’est pourquoi ils se lancent dans
tant d’activités. Il faut qu’ils puissent annoncer qu’ils ont
fait un grand nombre de convertis. En réalité, il n’y a pas un
seul véritable converti parmi ceux-ci. Car ceux qui ont dépensé
ces efforts ont engendré des enfants à leur propre ressemblance.
Ils n’ont pas eux- mêmes l’Esprit de Christ. Ils ne sont pas
eux-mêmes profondément animés d’un véritable esprit de réveil.
Ils prennent donc à tort pour un véritable réveil ce qui n’était
que leur propre excitation et l’excitation de ceux qui les
accompagnaient. Cette excitation était sans doute tout autre chose
qu’une réelle action du Saint- Esprit.
Plus
de telles actions se multiplient, et plus elles aboutissent à des
conversions superficielles. Plus elles font aussi considérer les
réveils avec mépris, et plus elles nuisent profondément à la
cause de Christ.
A
présent, j’aimerais parvenir à bien imprimer dans mon esprit,
comme dans l’esprit de tous mes frères, la vérité suivante: nous
ne pourrons espérer produire de véritables réveils spirituels que
dans la mesure où nous serons nous-mêmes véritablement réveillés.
Nous devons nous-mêmes être réellement et profondément
spirituels. Il nous faut éprouver un amour intense et absolu pour
Dieu.
Nous
devons être remplis de l’esprit de prière, d’amour, de foi, et
de la puissance du Saint-Esprit. Il y a tellement d’excitations qui
nuisent à la foi véritable! Elles sont si souvent confondues avec
un véritable réveil!
Nul
ne peut s’efforcer d’obtenir un réveil en toute sécurité s’il
n’est pas vraiment et profondément en communion avec Dieu, et s’il
ne connaît pas réellement ce que Dieu désire. Nous devons agir en
étant animés de l’Esprit qui animait Christ, quand Il est venu
mourir pour les pécheurs. Nous devons veiller à ce que nos yeux
soient clairs, afin que notre corps tout entier soit dans la lumière.
Nous devons posséder un discernement spirituel profond. Nous devons
être capables, à la lumière de l’Esprit de Dieu qui brille dans
notre coeur, de reconnaître immédiatement toute forme d’excitation
superficielle et toutes ses variantes. Nous avons besoin de marcher
dans une telle communion avec Dieu que notre esprit repoussera
naturellement tout esprit qui n’est pas de Dieu. Il nous est
certainement possible d’atteindre ce niveau spirituel.
Mais
je désire tout particulièrement insister dans cette lettre sur la
chose suivante: nous avons, dans une grande mesure, attristé le
véritable Esprit de réveil, et nous l’avons éloigné de
l’Eglise. Pour autant que mes observations et les informations dont
je dispose me permettent de l’affirmer, je dois dire que les
actions pour le réveil sont devenues trop mécaniques, trop engluées
dans la politique et les machinations humaines, et trop dépendantes
des mesures et des moyens charnels. Il y a eu trop de l’homme et
trop peu de Dieu. La nature des réveils a donc profondément changé
au cours des dernières années. L’esprit qui animait les
véritables réveils semble rapidement céder la place à des
méthodes légalistes et mécaniques auxquelles on a recours à
présent.
Je
vais vous dire ce que doit faire celui qui veut obtenir un réveil.
Il doit être sûr que sa propre consécration soit totale et que sa
communion intérieure avec le Seigneur soit profonde. Il faut aussi
qu’il soit abondamment rempli de la vie de Dieu, pour qu’il
puisse être exaucé par Dieu dans ses prières. Il doit prêcher
l’Evangile en étant revêtu de l’onction du Saint-Esprit, dans
une démonstration d’Esprit et de puissance.
Il
semble que les ministères et les Eglises veuillent le réveil tout
en gardant un coeur endurci. Il est nécessaire que leur propre champ
soit profondément labouré. Ils programment de longues séries de
réunions, et tentent de provoquer un réveil, sans aucun travail
préalable de préparation dans le secret de leur chambre. Ils n’ont
pas complètement brisé leur coeur devant le Seigneur. Ils ne l’ont
pas répandu devant Lui dans une entière soumission. Ils n’ont pas
été remplis de foi et du Saint- Esprit.
Ils
semblent espérer qu’ils seront eux-mêmes réveillés pendant ces
réunions. Ils convoquent une assemblée tout en étant eux-mêmes
rétrogrades, donc dans un état d’esprit égoïste. Les
conducteurs commencent ces réunions, et les poursuivent jour après
jour. Ils travaillent à la conversion des pécheurs et aux réveil
de l’Eglise, alors qu’ils sont peut-être eux-mêmes desséchés,
durs de coeur, remplis d’incrédulité, mondains, et soucieux de
la réussite de leurs efforts dans la seule mesure où leur propre
réputation est en jeu. Ces réunions se poursuivent donc jour après
jour, jusqu’à ce que tous soient gagnés par une vive excitation.
Peut-être pourront-ils obtenir quelques confessions de péchés, et
certaines conversions véritables. Mais, dans l’ensemble, ils ont
semé au milieu des épines. Ils n’ont pas commencé par labourer
leur propre champ. Le peu de résultats obtenus n’a peut-être
contribué qu’à décourager les chrétiens, et à les dégoûter
de rechercher un véritable réveil.
Frères,
je dis la vérité, un réveil doit commencer par les ministères.
Puisse-t-on programmer une série de réunions à l’intention des
ministères! Il faudrait que quelques centaines de serviteurs de Dieu
se rassemblent, prêchent, prient et intercèdent pour le bien-être
spirituel les uns des autres, jusqu’à ce qu’éclate un vrai
réveil spirituel parmi eux. Ils devraient prendre fidèlement soin
les uns des autres, et être animés d’un tel amour que leurs
coeurs seraient à l’unisson. Ils devraient tous ensemble être
remplis d’amour pour Christ! Il ne fait aucun doute qu’en sortant
d’une telle convention pour reprendre leurs différentes charges,
ils seraient les instruments d’un réveil général dans toutes
leurs Eglises!
Frères,
je vous le demande, que faire pour mettre les ministères sur la
bonne voie? Que faire pour leur faire abandonner leur agitation et
leur esprit sectaire, leur ambition, et toute autre voie de péché?
Que faire pour qu’ils consacrent tout leur coeur à ne vivre que
pour Christ et pour le salut des âmes? Oh, n’est-ce pas ce dont
nous avons le plus besoin? Si nous pouvons atteindre cela, alors
l’aube se lèvera sur la gloire de Sion. Les ministères doivent
cesser de rétrograder et de s’agiter vainement. Ils doivent
décider de ne plus stagner dans les méandres de la politique et des manœuvres ecclésiastiques, comme ils l’ont fait au cours des
dernières années. Sinon, je suis persuadé que des conséquences
désastreuses se produiront. Dieu laissera les Eglises sombrer, sous
l’influence de leurs conducteurs, dans un état toujours plus
profond de chute et de délabrement spirituels. Ou alors le Seigneur
écartera complètement ces conducteurs, et ira chercher ailleurs un
autre instrument pour rebâtir les ruines de Sion.
Lorsque
je regarde l’état spirituel des ministères, mon âme est
profondément troublée et mon esprit est agité au-dedans de moi.
Frères, me permettez-vous de vous parler avec amour? Serez- vous
offensés si je vous ouvre tout mon coeur? Pour l’amour de Sion, je
ne me tairai pas, et pour l’amour de Jérusalem, je ne puis rester
silencieux. Mes frères, voulez-vous vous réveiller et assaillir le
trône de Dieu pour qu’éclate partout un véritable réveil? Quand
celui-ci se produira-t-il donc?
Voilà
plus de dix ans que l’Esprit du Seigneur m’a montré, je le
crois, que le cours des choses tendait rapidement vers le déclin des
réveils. Tout spécialement dans ce domaine, j’ai pu constater que
l’Eglise ne recevait pratiquement pas les prédications dont elle
avait besoin. On a fait très peu de choses pour augmenter la piété
des Eglises, et pour élever en permanence leur niveau spirituel. Les
ministères, pour la plupart, n’ont prêché et travaillé
directement que pour la conversion des pécheurs. Tel était l’ordre
du jour. Pendant un temps, ces efforts ont été abondamment bénis
par Dieu. Des multitudes de jeunes convertis se sont ajoutés aux
Eglises. Pour le développement d’une saine piété, il était
indispensable d’apporter à l’Eglise une prédication abondante
et bien adaptée. Il fallait tout faire pour encourager l’Eglise à
atteindre des objectifs spirituels et une piété toujours plus
élevés. Je me suis rendu compte que cette tâche était très
négligée par les ministères en général.
Moi-même,
dans une certaine mesure, je me suis rendu coupable de cette erreur
dans mon ministère itinérant d’évangéliste. Car mes efforts
principaux, et souvent exclusifs, ont été consacrés à la
conversion des pécheurs. Je pensais que les serviteurs de Dieu et
les chrétiens avancés dans la foi feraient suivre ces puissants
réveils d’une formation approfondie des jeunes convertis. Mais je
me suis rendu compte que mes attentes dans ce domaine n’ont
absolument pas été satisfaites. Par conséquent, les Eglises n’ont
que très peu grandi dans la grâce. Leur vigueur spirituelle et leur
puissance dynamique n’ont absolument pas correspondu à leur
croissance numérique.
Presque
tous ceux qui connaissent la réalité admettront, je le pense, que
ceux qui se sont convertis au cours des réveils récents ont apporté
force et puissance à leurs Eglises. Pourtant, que ce soit dans ces
réveils ou dans tous les autres dont j’ai entendu parler, ces
convertis n’ont pas reçu la formation spirituelle qui aurait pu
faire d’eux des chrétiens profondément spirituels et efficaces.
Ces convertis se sont donc eux-mêmes attachés à convertir des
pécheurs. Mais ils ne pouvaient s’appuyer que sur leur propre
piété superficielle. L’Eglise n’est pas formée à une vie
spirituelle plus profonde. Elle n’a pas appris à marcher avec
Dieu. Elle n’a aucune connaissance des ruses de l’ennemi. Elle a
donc dû se contenter, dans la grande majorité des cas, d’employer
des méthodes mécaniques pour produire des réveils. Je ne peux que
constater les effets désastreux de ces méthodes. En réalité, je
vois que les Eglises en général se trouvent dans un état spirituel
tellement lamentable qu’elles seront bientôt complètement
incapables de produire un véritable réveil spirituel.
Je vois qu’elles sont en train de perdre l’esprit de prière et
la capacité d’être entendues de Dieu. La tendance actuelle est de
ruiner tout véritable réveil en lui substituant toutes sortes
d’excitations superficielles.
J’ai
conscience de tout cela. Je suis animé d’un profond sérieux et
j’éprouve une sincère angoisse. J’ai donc entrepris de sonder
plus profondément mon propre coeur. Je veux être capable de
manifester une plus grande perfection spirituelle devant les Eglises
que je suis appelé à contacter. Il a plu au Seigneur Jésus-Christ
de Se révéler à mon âme plus complètement que jamais auparavant.
Il m’a fait la grâce de me montrer une dimension nouvelle de la
hauteur, de la profondeur, de la longueur et de la largeur de la vie
divine. Je n’avais jamais perçu auparavant une telle dimension.
Cela m’a donc pleinement convaincu de l’importance qu’il y
avait à augmenter la piété des Eglises, et à les presser de
s’engager dans une nouvelle forme de vie spirituelle. Elles seront
ainsi pleinement établies dans la grâce, et pourront éviter ces
chutes et effervescences périodiques qui ont défiguré la véritable
religion.
Mais
je ne pourrai jamais exprimer quels ont été mon étonnement et mon
chagrin quand je me suis rendu compte que les Eglises et les
ministères étaient, dans leur ensemble, fortement opposés aux
efforts entrepris pour élever la piété en leur sein. Partout on
s’est exclamé: ‘Mais pourquoi ne prêchez-vous pas aux pécheurs?
Pourquoi ne travaillez-vous pas à la conversion des pécheurs?
Pourquoi vous efforcez-vous de réformer l’Eglise?’ Je fus très
surpris de voir que l’on croyait en général que l’Eglise se
portait bien, et que la seule, ou la principale tâche des ministères
était de travailler à la conversion des impies.
Je
dois à présent dire que cela m’est apparu, et m’apparaît
toujours, comme une sorte de prétention spirituelle. L’état
spirituel de l’Eglise se dégrade tellement vite qu’il réduit à
néant toute tentative d’amener les multitudes impies à une
véritable conversion. L’Eglise a été trop peu édifiée dans sa
très sainte foi. Elle ne connaît rien de Christ, ou presque rien,
si ce n’est qu’Il est mort en sacrifice expiatoire. Il est
inquiétant de constater à quel point les chrétiens ignorent tout
de la présence et de la puissance du Saint-Esprit demeurant en eux,
de la sanctification et de la communion avec Dieu, de la marche par
l’Esprit, de l’abandon de toute impiété et des convoitises
mondaines, de la victoire sur le monde, de l’entière et
universelle consécration, de la manière d’être rempli de toute
la plénitude de Dieu, et de toutes les autres choses semblables. Le
peuple est à l’image de ses sacrificateurs. Les serviteurs de
Dieu, dans leur grande majorité, sont dans une situation semblable.
Je ne peux manquer de le constater, et cela me remplit d’une
souffrance indicible.
Je
ne suis pas le seul à avoir constaté ces choses. Je me suis rendu
compte que tel ou tel frère dans le ministère, et beaucoup
d’Eglises dans tout le pays, ont été conduits aux mêmes
observations et aux mêmes conclusions.
Il
me semble à présent connaître la raison principale pour laquelle
cette puissante et belle vague de réveils a été arrêtée.
L’Eglise a été trop négligée. On a trop considéré comme
allant de soi que les chrétiens pourraient grandir seuls sans être
nourris. On a cru qu’ils pourraient être affermis sans aucun
enseignement spirituel, et qu’ils pourraient honorer Dieu sans
avoir une piété profonde et pratique. On a sans doute considéré
comme évident que l’Eglise se porterait bien si l’on se
contentait de se préoccuper de sa croissance numérique et de
convertir les pécheurs.
J’ai
éprouvé une souffrance profonde et indicible de voir que l’on
considérait avec autant de froideur les tentatives faites pour
réformer l’Eglise, et que des multitudes de chrétiens, ainsi
qu’un grand nombre de ministères, s’opposaient même à ces
tentatives avec tant de violence et d’amertume.
Parfois,
quand je suis invité à prêcher dans certaines Eglises, il m’arrive
d’apprendre qu’elles souhaitent me voir seulement prêcher aux
pécheurs. Mais elles ne désirent pas me voir prêcher à l’Eglise.
Un jour, une Eglise Presbytérienne me demanda par écrit de venir
prêcher une série de messages à l’intention des impénitents.
J’ai souvent entendu dire que les pasteurs et les chrétiens
influents s’opposent fortement à l’idée de me voir venir
prêcher à des chrétiens. Ils n’acceptent pas que l’on vienne
reprendre et sonder des chrétiens. Ils refusent que l’on veuille
examiner minutieusement
leur vie spirituelle, jusqu’aux fondements mêmes de leur
espérance. J’ai souvent entendu critiquer les prédications qui
viennent ébranler les fausses espérances de ceux qui se proclament
chrétiens. On a sans cesse décrié cette manière de prêcher. On a
même fini par décider qu’elle n’était plus tolérable.
Lorsque
des serviteurs de Dieu en viennent à adopter une telle attitude,
qu’arrivera-t-il à leur troupeau au jour du jugement? Quoi donc!
Ils craignent d’être sondés, et d’avoir leur Eglises sondées!
Ils craignent de voir une vive lumière projetée sur eux! Lorsqu’on
demanda un jour à un pasteur de m’inviter à prêcher aux membres
de son Eglise, il répondit: ‘Oh! J’aimerais bien qu’il vienne,
s’il pouvait se contenter de prêcher aux inconvertis. Mais je ne
peux pas supporter l’idée de le voir venir bouleverser l’Eglise!’
Mes
frères bien-aimés, j’ai entendu beaucoup de critiques faites au
cours de ces dix dernières années contre les tentatives de
réveiller les Eglises et d’élever leur piété. Veut-on
réellement dire, jusqu’à ce jour, que les Eglises n’ont pas
besoin d’être réformées? Voici tout ce que je peux dire à mes
chers frères: Maintenez cette attitude pendant un peu de temps
encore, et il n’est pas besoin d’être prophète pour prédire
que vos Eglises n’auront plus rien à voir avec des Eglises
chrétiennes. Déjà maintenant, il n’est que trop manifeste
qu’elles tendent à adopter un esprit libéral.
Après
tout ce que je viens de dire, est-il possible qu’il y ait un seul
frère qui soit encore assez aveugle pour ne pas voir la nécessité
de porter un coup décisif aux fondations sur lesquelles s’appuie
l’Eglise? La hache doit être appliquée à la racine de tout arbre
stérile. Les ministères doivent soigneusement s’appliquer à
creuser autour de ces arbres et à leur fournir de l’engrais. Ils
doivent faire un effort pour sonder, réveiller et purifier les
Eglises. Les chrétiens de longue date, comme les convertis des
récents réveils, doivent être sondés et soigneusement examinés.
Leurs fondations doivent être revues, et leurs coeurs entièrement
remis en état. Ils doivent être édifiés, guidés dans une
attitude spirituelle, et établis dans la grâce, afin d’être de
vivantes épîtres de Christ, connues et lues de tous les hommes.
Sinon, il est vain, et même plus que vain, de s’efforcer d’obtenir
de nouveaux réveils.
Frères,
le fait est que l’on a résisté aux efforts de réformation de
l’Eglise, tout en ayant un amour désintéressé pour Dieu et pour
les hommes. Dans une large mesure, l’Eglise a refusé d’être
sondée. Les chrétiens ont refusé d’être changés. De sorte que
l’Esprit de Dieu les a quittés, ou est en train de les quitter
rapidement.
Si
mes propos étaient plus atténués, je ne vous dirais pas toute la
vérité. Mais, en disant ce que j’ai dit, je crains malgré tout
d’avoir offensé certains de mes frères. Chers frères, je vous
supplie de ne pas vous offenser de ce que je vous ai dit. Souffrez
que je vous dise toute la vérité avec amour. N’est-il pas vrai
que beaucoup d’entre vous, serviteurs de Dieu ou pas, avez refusé
d’ouvrir sincèrement votre coeur à la réprimande, à la
correction, à un examen sincère, et à la lumière de tout
l’Evangile de Christ? N’est-il pas vrai que vous n’avez pas
accepté que votre propre coeur change? N’avez-vous pas résisté
aux efforts faits pour réveiller l’Eglise et augmenter sa
sainteté? N’avez-vous pas été effrayés de la sanctification
plus que du péché? N’avez-vous pas résisté aux efforts faits
pour vous éclairer, et pour éclairer les Eglises que vous
conduisez?
Que
Dieu vous aide, mes frères, à répondre honnêtement à ces
questions! N’avez-vous pas, bien souvent, non seulement fermé vos
yeux à la lumière, mais tenté de fermer aussi les yeux des autres
à cette lumière? N’avez-vous pas refusé de lire ce qui avait été
écrit sur la sainteté que nous devons avoir dans cette vie?
N’avez-vous pas usé de votre influence pour empêcher les autres
de lire de telles exhortations? N’êtes-vous pas même allés
jusqu’à vous exprimer contre ce sujet? N’avez-vous pas parlé
avec mépris de ceux qui, dans l’agonie de leur coeur et dans les
douleurs de l’enfantement, travaillaient à ramener au Seigneur une
Eglise rétrograde?
Mes
frères, ce sont des questions directes, posées avec l’intention
d’être directes. Si je pouvais vous voir, je vous poserais ces
questions à genoux. Si cela pouvait avoir quelque utilité, je
laverais même vos pieds avec mes larmes. Mes frères, où en êtes-
vous, et où en sont vos Eglises? Quel est votre état spirituel?
Quel degré indique le thermomètre de votre spiritualité? Etes-vous
bouillants, froids, ou tièdes? Éprouvez-vous les douleurs de
l’agonie pour élever le niveau de sainteté de l’Eglise,
et celui de votre propre coeur? Prétendez-vous toujours que l’état
de l’Eglise est suffisamment bon? Considérez-vous avec froideur et
mépris tous les efforts entrepris pour la réveiller?
Que
le Seigneur aie compassion de nous, mes frères, et qu’Il nous
sonde tous entièrement. Qu’Il nous oblige à venir à la lumière,
à confesser nos péchés et à les abandonner pour toujours, en nous
saisissant de la plénitude qui est en Christ!
XV.
L’ATTITUDE PERNICIEUSE DE L’EGLISE PAR RAPPORT AUX REFORMES
ACTUELLES.
Je voudrais à présent parler à mes frères d’une erreur qui, je le crains, freine considérablement la progression des réveils. Il s’agit de la crainte si fréquente de toute excitation religieuse et, plus généralement, de toute excitation manifestée chaque fois qu’une réforme est annoncée. Nombreux sont ceux qui sont excessivement effrayés par toute forme d’excitation. Ils semblent passer plus de temps à mettre les gens en garde contre tout débordement, plutôt que de rechercher le réveil.
J’ai
déjà parlé de l’excitation dans une lettre précédente. Mais je
suis de plus en plus sensible au fait que la crainte de l’excitation
devient excessive. Cela entraîne des conséquences fort négatives.
Beaucoup de serviteurs de Dieu éprouvent une crainte exagérée de
voir l’excitation devenir superficielle. Ils mettent trop les
chrétiens en garde contre l’excitation superficielle, au point de
finir par étouffer toute excitation, qu’elle soit bonne ou
mauvaise.
Quand
on met continuellement les gens en garde contre les excitations
charnelles, quand on décrit continuellement les caractéristiques
des excitations superficielles, il me semble à présent que rien ne
peut mieux éteindre un réveil. Rien ne peut mieux le freiner ou
même empêcher qu’il ne commence. On détourne ainsi l’attention
des grandes vérités de l’Evangile, qui peuvent sanctifier les
hommes, pour la fixer sur ces excitations superficielles qui ont si
souvent été une plaie pour le monde. En réalité, les excitations
superficielles sont presque toujours produites lorsqu’on prêche
des fausses doctrines. Quand on prêche la vérité, toute la vérité,
et rien que la vérité, cela tend à produire une forme d’excitation
hautement profitable, et à éliminer toutes les autres. Il faut en
particulier annoncer les grandes vérités fondamentales qui sont
indispensables au salut, et prendre bien soin d’éviter tout
mélange d’erreur et de fanatisme, que ce soit dans l’enseignement
ou dans l’esprit de l’enseignement.
Quand
on parvient à retenir fermement l’attention, et à la fixer sur
ces vérités, dans toute leur plénitude et leur puissance, on peut
être assuré d’éviter toute excitation superficielle, et de
produire une excitation qui est saine, légitime, et évangélique.
En
revanche, quand on néglige de prêcher ces vérités, quand on se
contente de mettre les gens en garde contre les excitations
superficielles, on est presque certain que l’on étouffera toute
excitation. On réveillera aussi l’agressivité de ceux qui ont
commencé à se remplir d’un esprit d’excitation superficielle,
en les éloignant encore plus de la vérité.
En
réalité, mes frères, un grand nombre de pasteurs et d’Eglises me
semblent bien trop craindre les excitations superficielles. Cela les
empêche d’utiliser tout véritable moyen d’obtenir un réveil.
Ils craignent de lancer un appel puissant. Ils ont peur d’élever
leur voix comme une trompette, pour la faire résonner avec force et
insistance aux oreilles du peuple. Ils craignent de presser les gens
à saisir la vie éternelle avec une urgence irrésistible. Ils ont
peur de provoquer une excitation superficielle. A chaque fois qu’un
début d’excitation se produit dans une Eglise, au cours d’une
réunion de prière ou d’étude biblique, aussitôt quelque ancien,
diacre ou pasteur trop prudent commence à mettre l’assemblée en
garde contre toute excitation superficielle.
Il n’y a pas de meilleur moyen de rendre impossible tout réveil. Ce
qu’il faut faire, c’est mettre les gens en garde contre les
doctrines et les mesures qui enflamment l’imagination, qui
provoquent une marée d’excitation, et qui ne font pas appel à
l’intelligence. Il faut insister fréquemment, puissamment, voire
d’une manière importune, sur les pures vérités de l’Evangile.
Ce sont ces vérités que les pécheurs et les chrétiens engagés
ont le plus besoin d’entendre.
Si
cela est possible, il faut parvenir à fixer leur attention sur ces
vérités, d’une manière tellement inébranlable que cela ne
laissera aucune place au fanatisme, ni dans les sentiments ni dans la
doctrine.
Il
se peut que des réactions suspectes se manifestent. La meilleure
manière de les corriger, comme mon expérience a pu me l’apprendre,
est d’avoir, si possible, une conversation privée avec ceux qui se
laissent gagner par une excitation charnelle.
S’il
est possible, il vaut mieux ne pas détourner l’attention de
l’assemblée en intervenant publiquement sur ce sujet. On doit
pouvoir capter l’intérêt de l’assemblée par l’exposé des
grandes vérités propres à briser les cœurs endurcis. S’il se
produit ici ou là une manifestation de fanatisme ou d’enthousiasme
excessif, je conseille absolument, comme je l’ai déjà dit, de
corriger ces influences néfastes par des entretiens privés. Il ne
faut pas permettre à l’assemblée de se rendre compte de cette
intervention.
En
recommandant ces choses, je ne cherche nullement à favoriser de
grandes excitations. Mais nous devons nous rappeler qu’un grand
réveil ne peut jamais se produire sans que les sentiments soient
profondément remués. Notre objectif est tout de même de voir un
réveil se produire. Une certaine excitation accompagne, et doit
accompagner naturellement, tout réveil véritable. Qu’elle se
produise donc. Ne craignons pas de la voir se produire. Croyons, mes
frères, et n’oublions jamais, que le meilleur moyen d’empêcher
tout enthousiasme excessif, tout fanatisme, et toute excitation
superficielle, est de marteler avec puissance et démonstration de
l’Esprit les vérités fondamentales de l’Evangile, en toute
occasion, favorable ou non.
Mes
frères, je tiens particulièrement à insister sur une chose: les
gens vont de toutes manières s’exciter, et ils vont s’exciter à
propos des choses spirituelles. Si vous étouffez la saine excitation
que doit normalement produire la proclamation pure et simple de
l’Evangile, vous pouvez être assurés que, tôt ou tard, vous
verrez se produire dans vos Eglises des excitations charnelles. Vous
ne pourrez plus les contrôler. Elles saisiront vos chrétiens et les
emporteront comme un ouragan. Frères, il n’est plus temps de rêver
que nous pourrons préserver nos Eglises de toute excitation. Elles
ne pourront pas être préservées, et ne doivent pas l’être.
Les
indications de la Providence sont claires et tangibles. Il ne faut
pas que cesse l’excitation qui se répand actuellement dans le
pays. Chaque mouvement de la Providence divine ne fait que multiplier
les occasions et les moyens de produire de l’excitation. Il serait
insensé de nous opposer à la Providence divine, et de supposer que
nous pourrions lutter contre ce mouvement de l’opinion publique.
Nous devons seulement nous demander comment le canaliser, comment le
diriger et l’encourager, afin qu’il ne produise aucun effet
néfaste et qu’il n’ait que des effets positifs. Il faut le
contrôler et le garder dans des limites adéquates.
Vouloir
arrêter un tel mouvement serait aussi inutile que de vouloir couper
les eaux du Mississippi. Barrez-les ici, elles déborderont et
s’écouleront ailleurs. Mais si nous ne parvenons pas à maintenir
dans des justes limites ces puissants courants de pensées excitées,
ils ravageront tout le pays. Ne voyez-vous pas que si nous parvenons
à contenir cette excitation quelque part, les eaux montent
immédiatement et se répandent ailleurs? Il se présente sans cesse
un nouveau sujet d’excitation, qui maintient l’opinion publique
dans un état de fermentation perpétuelle. Qui peut l’empêcher?
Personne, et personne ne doit l’empêcher. Les pasteurs et les
chrétiens engagés doivent plutôt profiter de cette situation. Ils
doivent dégager les voies appropriées, et y guider correctement
l’opinion publique en exposant l’Evangile avec puissance. S’ils
s’efforcent de stopper toute excitation, ils doivent alors
s’attendre à voir leurs Eglises se diviser. De nouvelles factions
vont surgir. L’anarchie et la confusion vont régner. Les
ministères, conducteurs du troupeau, finiront par perdre leur
influence. La séduction et le fanatisme emporteront l’opinion
publique.
Frères,
nous avons entre nos mains les moyens de guider l’opinion publique.
Nous pouvons canaliser et transformer l’excitation qui se répand
dans le pays. Que les conducteurs et les chrétiens prennent leur
place sur le rivage! Qu’ils élèvent la voix au dessus du bruit du
vent et des vagues de l’excitation du peuple! Qu’ils crient:
‘Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n’a pas
d’argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du
lait, sans argent, sans rien payer!’. {#Esa 55:1} Au lieu d’avoir
peur de l’excitation charnelle, avec l’expérience et les moyens
que nous possédons, je crois et je suis certain que l’Eglise peut
travailler à un réveil sans que se produise et se répande la
moindre excitation superficielle.
L’Evangile
se prête tout-à-fait une saine excitation. Annonçons-le au peuple
dans toute sa plénitude et dans toute sa puissance. S’il se
produit alors quelque excitation, laissons-la se produire. Que les
conducteurs et les chrétiens soient sérieux dans leurs pensées.
Qu’ils s’attachent fermement à la vérité et aux saines
paroles. Qu’ils n’utilisent que les moyens propres à attirer
l’attention de tous sur la vérité. Qu’ils cherchent à produire
une parfaite soumission à Dieu, aussi rapidement et aussi
universellement que possible.
Frères,
ne nous laissons pas aller à la timidité. Ne critiquons pas et ne
mettons pas les gens en garde contre les excitations charnelles.
N’éteignons pas toute flamme qui s’allume. Ne maintenons pas nos
chrétiens dans le sommeil! Sinon, ils échapperont à notre
influence, et nous ne nous en rendrons même pas compte! Ils se
précipiteront tête baissée et en masse entre les mains d’un
leader fanatique qui détruira leur âme!
XVI.
LA FOLIE DE VOULOIR ENTRETENIR LA VÉRITABLE RELIGION SANS RÉVEIL.
Je voudrais à présent parler à mes frères d’un autre sujet. Il me semble percevoir dans l’opinion publique une tendance inquiétante. Les chrétiens finissent par croire que les Eglises peuvent exister et prospérer sans jamais avoir besoin de réveil. Ils pensent même qu’elles se porteraient mieux sans aucun réveil.
Une
telle attitude est très proche d’une parfaite présomption. Il
s’agit là, sans aucun doute, de la conclusion la plus absurde qui
soit. Pourtant, une telle attitude ne peut que résulter de l’apathie
généralisée concernant les réveils. Il faut y ajouter l’hostilité
fréquente qui se manifeste à l’égard des réveils dans de
nombreux milieux chrétiens. De nombreux conducteurs d’Eglises
semblent prêts à favoriser ardemment l’abandon de tout effort en
faveur des réveils. Tout au moins semblent-ils accepter cette idée.
Ils préfèrent décourager le travail des évangélistes, et tous
les efforts faits pour produire un réveil. Il en a toujours été
ainsi, depuis les temps immémoriaux.
On
peut clairement démontrer que l’Eglise chrétienne ne peut
survivre sans de puissants réveils spirituels.
Il faudrait que le Seigneur décide, pour répandre l’Evangile, de
recourir à un autre moyen que celui qu’Il a toujours choisi. Cette
seule supposition est absurde et se contredit elle- même. L’Eglise
n’a-t-elle pas besoin d’être réveillée? La véritable religion
n’a-t-elle pas besoin d’être réveillée chez les impies? Sinon,
toute véritable piété ne disparaîtrait-elle pas de ce monde?
Je
veux bien admettre que l’Eglise visible puisse très bien exister
sans réveil. Elle peut aussi accepter une alliance faite de
compromis. Il lui est possible de recevoir en son sein une foule
d’hommes impies qui ne donnent aucun signe de régénération.
C’est ainsi qu’une Eglise nominale peut être maintenue en vie.
Mais je suis convaincu que la véritable piété ne peut exister ni
se répandre sans un puissant réveil généralisé, ni sans que des
réveils succèdent à des déclins, chaque fois que ceux-ci se
produisent. C’est l’une des plus claires vérités du monde!
Je
regrette de ne pouvoir disposer des résultats effectifs de tout qui
a été fait pour développer la véritable religion sans réveils.
Mais qui ignore ce qu’il est advenu de ces Eglises, après de
telles tentatives?
Elles se sont éteintes, ou ne sont devenues que des Eglises
nominales, déjà mortes, ne vivant plus que par leur nom. Elles se
sont contentées d’une alliance à moitié conclue. Elles ont
utilisé toutes sortes de moyens pour remplir l’Eglise de gens du
monde qui n’ont jamais été vraiment convertis au Seigneur. Sans
cela, cette Eglise nominale n’aurait même pas pu exister. S’il
n’y a pas de réveil, les chrétiens continueront à mourir. Ils
meurent en réalité bien plus vite que les pécheurs ne se
convertissent pour occuper leur place. Quand on ne fait rien pour le
réveil, celui-ci ne risque pas de se produire. On constate donc
partout que les chrétiens sont morts plus rapidement que les
pécheurs ne se sont convertis pour occuper leur place!
Les
réveils survenus dans ce pays entre 1820 et 1840 ont dans une grande
mesure influencé l’opinion publique. Ils ont permis aux réformes
de se développer. Ils ont tiré des profondeurs de leur oubli les
grands principes et les grandes vérités qui permettent de
véritablement façonner l’opinion. Ces réveils ont touché le
pays tout entier. Ils ont exercé leur influence dans toute la
chrétienté. J’ai de très bonnes raisons de le savoir, non
seulement en raison de ma connaissance personnelle de ce qui s’est
passé dans mon pays, mais aussi par les informations venant d’Europe
dont je dispose.
Ces
réveils commençaient à influencer la législation dans toute la
chrétienté. En réalité, il s’agissait de bien plus qu’un
commencement. Mais si l’on laisse ces réveils s’éteindre, et
s’il ne se produit plus de réveils, que se passera-t-il, dès que
sera descendue dans la tombe la génération qui en aura été le
dernier témoin?
Si
notre opinion publique commence à être contrôlée par des hommes
qui ne craignent pas Dieu, par des conducteurs chrétiens passifs,
par une presse licencieuse, et par toutes les forces qui sont à
l’oeuvre pour détruire les institutions religieuses de ce pays, où
serons- nous, dans vingt ou cinquante ans, si nous ne connaissons pas
de réveils? Observez tous les efforts faits par la Papauté, par
toutes les sectes et tous les mouvements qui répandent l’erreur!
Voyez la course effrénée des conférenciers qui parlent de toutes
sortes de sujets! Constatez la diffusion de tous les livres et
traités qui répandent l’apostasie! Soyez conscients de tout ce
que produit l’enfer pour détruire l’ordre et la loi, pour
anéantir tout ce qui est aimable et tout ce qui mérite
l’approbation! Devant un tel spectacle, pouvez-vous encore dire,
mes frères, que l’Eglise peut exister et prospérer sans vivre un
réveil permanent?
Pour
parler de ce qui nous concerne directement, ne pensez-vous pas que
l’Eglise actuelle deviendra une pure abomination et une malédiction
pour ce monde, si elle ne connaît pas de réveils? Ne tend-elle pas
déjà à le devenir? Observez donc le développement des commérages,
de l’esprit du monde, de l’orgueil, de l’ambition, et de tout
ce qui est haïssable! Tout cela ne tend-il pas à se généraliser
dans l’Eglise, exactement dans la mesure où elle se coupe de
l’influence revivifiante du Saint-Esprit? Regardez la lâcheté, la
tendance à privilégier l’apparence, et l’ambition
ecclésiastique des conducteurs! Cela est dû à l’absence de
réveil. Observez combien les ministres de Christ ont de plus en plus
et irrésistiblement tendance à plaire au monde et aux membres de
l’Eglise qui vivent dans l’impiété! Voilà ce qui se passe
quand il n’y a aucune effusion abondante du Saint-Esprit pour
réveiller les multitudes et fortifier les mains des serviteurs de
Dieu!
Oh!
S’il ne se produit pas de puissants réveils, il est impossible que
la désolation ne règne pas, que les conducteurs ne s’inclinent
pas en tremblant devant une opinion publique impie, que la Papauté
ne triomphe pas, que le jour du Seigneur ne soit pas profané, et que
l’Eglise ne soit pas réduite en ruines!
Comment
qualifier l’attitude qui consiste à vouloir tout étouffer, et à
mépriser tous les efforts spécialement consacrés à produire des
réveils? Une telle attitude est sans aucun doute très
présomptueuse. Si elle n’est pas abandonnée, elle finira par
provoquer un désastre.
Au
nom de notre Seigneur Jésus-Christ, je supplie mes frères de
rejeter autant que possible la pensée de décourager ou de mépriser
les tentatives faites pour réveiller l’Eglise! Nous ne devons même
pas donner l’impression d’agir ainsi. Ces tentatives sont notre
vie. Elles représentent le salut de l’Eglise et l’espérance du
monde. Au lieu de les faire cesser, chaque ministre de Christ et
chaque chrétien devraient chercher à les multiplier par cent!
Chacun
de nous devrait appliquer son coeur à rechercher le réveil d’une
manière pure, profonde, universelle. Nous devrons le faire aussi
fréquemment que l’état de l’Eglise et du monde l’exigera. Que
personne n’abandonne cet objectif, s’il attache de la valeur à
sa propre âme, et à l’âme de son prochain!