Nouvelle
Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG
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« Que chacun de vous regarde les autres, par humilité, comme plus excellents que lui-même. Ayez en vous les mêmes sentiments que Jésus-Christ, lequel étant en forme de Dieu, s'est dépouillé lui-même, ayant pris la forme de serviteur, devenant semblable aux hommes, et revêtu de la figure d'homme, il s'est abaissé lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. » Philippiens 2 : 3-8.
Ces paroles admirables nous offrent le sommaire de toutes les plus précieuses vérités qui se réunissent autour de la personne du Fils de Dieu. C'est d'abord son adorable divinité : « en forme de Dieu, égal à Dieu ». Puis vient le mystère de son incarnation dans ces mots d'un sens si profond, si inépuisable : « il s'est dépouillé lui-même ». Ensuite vient l'expiation avec l'humiliation, l'obéissance et la passion, et enfin la mort qui lui donne sa valeur. « Il s’est rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix ». Puis vient aussi le couronnement du tout : « Dieu L’a souverainement élevé ». Christ étant Dieu, Christ se faisant homme, Christ dans l'humiliation pour accomplir notre rédemption, Christ dans la gloire, maître souverain de tout : tels sont les trésors que nous révèle ce passage.
On
a écrit des volumes sur quelques-unes des paroles de ce texte, et
pourtant on n'a pas toujours assez tenu compte des circonstances dans
lesquelles le Saint-Esprit les a inspirées. En premier lieu il ne
s'agit pas là d'établir la vérité pour réfuter l'erreur, ou pour
affermir la foi. Le but est tout autre. Les Philippiens avaient de
l'orgueil et manquaient de charité. C'est donc en vue de les engager
par l'exemple de Christ à devenir humbles comme lui que Paul fut
inspiré à leur dire : «
Que chacun de vous regarde les autres, par humilité, comme plus
excellents que lui-même ; ayez en vous les mêmes sentiments que
Jésus-Christ ». Celui
qui n'étudie pas cette portion de la Parole de Dieu avec le désir
de s'abaisser comme Jésus, ne comprend pas encore pourquoi Dieu
parle ainsi.
Christ descendu du trône de Dieu et devant y monter, en passant par
l'humiliation de la croix, nous ouvre la seule voie par laquelle nous
puissions, nous aussi, atteindre ce trône divin. La
foi qui, en saisissant l'expiation, saisit aussi le moyen de suivre
l’exemple donné par Jésus, est la seule véritable foi. Toute
âme qui veut sincèrement appartenir à Christ doit par son union
avec lui refléter son esprit, son caractère, et son image.
«
Ayez en vous les mêmes sentiments que Jésus-Christ, lequel étant
en forme de Dieu... s'est dépouillé lui-même... et, revêtu de la
figure d'homme, s'est abaissé lui-même ». Il
faut que nous soyons comme Christ dans son dépouillement et dans son
abaissement. Le
premier grand acte d'abnégation par lequel, étant Dieu, il se
dépouilla de sa gloire et de sa puissance divines, fut encore suivi
d'une autre humiliation non moins admirable lorsque, étant homme, il
consentit à subir la mort de la croix. En nous présentant cette
double et surprenante humiliation qui fit l'étonnement du monde et
la joie du Père, la sainte Écriture nous dit avec la plus grande
simplicité et comme une chose qui va de soi, que nous devons être
comme Christ.
En
parlant ainsi, Paul et toute l’Écriture, et Dieu lui-même,
attendent-ils réellement de nous ce qu'ils nous disent là? Pourquoi
non? ou plutôt : comment pourraient-ils attendre autre chose? Ils
connaissent le terrible pouvoir de l'orgueil en nous, ils savent ce
qu'est le vieil Adam de notre nature terrestre, toutefois ils savent
aussi que Christ nous a rachetés non seulement de la malédiction,
mais encore de la puissance du péché, et qu'il nous communique sa
vie et sa force de résurrection pour nous rendre capables de vivre
ici-bas comme lui. Ils nous disent que Christ
est non seulement notre garant, mais qu'il est encore notre modèle,
afin que nous ne nous contentions pas d'avoir la vie par lui, mais
que nous vivions comme lui. Ils
nous disent en outre qu'il est non seulement notre modèle, mais
qu'il est encore notre tête, qu'il vit en nous et continue en nous
la même vie qu'il avait sur la terre. Avec un tel Christ, avec un
tel plan de rédemption, Dieu pourrait-il attendre autre chose du
croyant? Il faut
nécessairement que le disciple de Christ ait le même esprit que
Christ, il faut surtout qu'il lui ressemble par son humilité.
L'exemple
de Christ nous montre que ce
n'est pas le péché qui doit produire en nous l'humilité, comme le
pensent tant de chrétiens.
Ils croient que les péchés de chaque jour sont nécessaires pour
nous maintenir dans l'humilité. Ce n'est pas cela. Il
y a bien une humilité qui a son prix comme début de quelque chose
de mieux, et qui consiste à reconnaître ses péchés ; mais il y a
une autre humilité plus céleste encore, plus semblable à celle de
Christ, qui consiste à s'abaisser même quand la grâce de Dieu nous
préserve de pécher, qui
s'étonne que Dieu puisse nous bénir, et qui se complaît à se
tenir pour rien devant celui à qui nous devons tout. C'est
de la grâce que nous avons besoin et non du péché, pour nous
rendre humbles et nous maintenir dans l'humilité. C'est
le poids des fruits qui fait ployer la branche, c'est sous
l'affluence de l'eau que se creuse le lit de la rivière. Plus
l'âme se rapproche de Dieu, plus l'imposante majesté de sa présence
lui fait sentir sa bassesse. Voilà ce qui nous amené à «
regarder les autres comme plus excellents que nous-mêmes ».
Jésus-Christ, le Saint de Dieu, est notre modèle d'humilité.
C'était en «
sachant que le Père lui avait remis toutes choses entre les mains,
et qu'il était venu de Dieu et qu'il retournait à Dieu, qu'il se
mit à laver les pieds de ses disciples ».
C'est la présence
de Dieu en nous, c'est la conscience de posséder en nous la vie
divine et l'amour divin qui nous rendront humbles.
Il
semble impossible à beaucoup de chrétiens de dire : Je ne veux plus
penser à moi, je veux tenir les autres pour meilleurs que moi. Ils
implorent bien de la grâce de Dieu qu'elle réprime la trop forte
effervescence de leur orgueil et de leur amour-propre, mais quant à
renoncer entièrement à eux-mêmes, comme Christ, c'est à leurs
yeux trop difficile, trop irréalisable. S'ils comprenaient toute la
vérité, toute la bénédiction que renferment ces mots : «Quiconque
s'abaisse sera élevé », «quiconque perdra sa vie la trouvera »
(Luc 14 : 11 ;
Mathieu 16 : 25), ils ne pourraient se contenter de rien de moins que
d'une entière conformité à leur Maître en ceci aussi. Ils
verraient qu'il y
a un moyen de dompter le moi et son orgueil : c'est de croire que ce
moi a été cloué sur la croix et qu'il faut seulement le laisser
là. (Galates 5
: 24; Romains 8 : 13). On
ne peut obtenir ce degré d'humilité qu'en consentant de tout son
cœur à suivre Christ dans sa mort.
Pour
en arriver là, il faut deux choses : d'abord
la ferme décision de renoncer à soi-même, de
ne plus se rechercher soi-même, et de vivre uniquement pour Dieu et
pour le prochain. Il nous faut en outre la foi qui s'approprie la
mort de Christ, la foi qui nous fait réaliser la mort au péché,
l'affranchissement de la domination du péché. Quand
nous tenons notre moi pécheur pour mort avec Christ sur la croix,
nous voyons se clore cette phase de notre vie où le péché était
trop fort pour nous, et
s'ouvrir une phase nouvelle où Christ
est plus fort que le péché.
Ce
n'est que sous la puissante influence du Saint-Esprit qu'il est
possible de réaliser et de tenir ferme cette vérité ; mais, grâce
à Dieu, nous avons le Saint-Esprit. Oh ! puissions-nous nous
remettre entièrement à sa direction, car il nous guidera, c'est là
son œuvre. Il glorifiera Christ en nous; il nous fera comprendre que
nous sommes « morts au péché », morts à notre vieille nature
déchue, et que la vie de Christ, avec son humilité, est devenue
notre vie.
C'est
ainsi que par la foi on s'approprie l’humilité de Christ.
Ceci peut se faire en un moment, mais l'application de cette humilité
dans l'expérience de chaque jour ne se fait que peu à peu. Nos
pensées et nos sentiments et toute notre manière d'être, ont été
si longtemps sous la domination de notre ancien moi,
qu'il faut du
temps pour les pénétrer de l'humilité de Christ et les transformer
à cette lumière divine. Au commencement, la conscience n'est pas
encore bien au clair, le tact spirituel et la force de discernement
n'ont pas encore été exercés. Mais si du fond de son cœur le
croyant se répète: J'ai renoncé à moi-même pour être humble
comme Jésus, il obtiendra du Seigneur que sa puissance divine vienne
tout renouveler en lui, jusqu'à ce que dans l'expression de son
visage, dans sa voix et dans ses actes, se reconnaisse la présence
sanctifiante de l'Esprit, et qu'il se trouve réellement revêtu
d'humilité.
Cette
humilité de Christ en nous, nous est une source inépuisable de
bénédiction. Elle
est de grand prix aux yeux de Dieu ; «
il fait grâce aux humbles ».
(Jacques 4:6). Dans la vie spirituelle, elle est une source de repos et
de joie. Pour les humbles, tout ce que Dieu fait est bien et bon.
L'humilité
est toujours prête à louer Dieu pour ses moindres bontés.
L'humilité ne
trouve pas de difficulté à se confier. Elle se soumet sans
condition à tout ce que Dieu dit. Les deux personnes dont Jésus
loue la grande foi sont justement celles qui s'estimaient le moins.
Le centenier avait dit : «Je
ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ». (Mat.
8 : 8). Et la femme syro-phénicienne se laissait mettre au rang des
petits chiens.
L'humilité
facilite nos rapports avec tous, elle nous donne le secret de pouvoir
aimer et faire du bien.
Un homme qui est humble ne s'offense pas, et il a grand soin de ne
pas offenser autrui. Il est toujours prêt à rendre service à son
prochain parce qu'il a appris de Jésus qu'il y a honneur et bonheur
à être le serviteur de tous. Il est ainsi bienvenu de Dieu et des
hommes.
Oh
! qu'elle est belle la vocation des disciples de Christ ! Dieu les a
envoyés dans le monde pour montrer tout ce qu'il y a de divin dans
l'humilité. Celui qui est humble glorifie Dieu, il engage les autres
à lui rendre gloire, et à la fin il sera glorifié lui-même en
Christ. Qui ne voudrait donc être humble comme Jésus?
Ô
toi qui es descendu du ciel pour t'abaisser jusqu'à la mort de la
croix, tu m'appelles à faire de ton humilité la règle de ma vie.
Seigneur, fais-m'en bien comprendre toute la nécessité. Je ne puis,
ni ne veux être un orgueilleux disciple de l'humble Jésus. Que dans
le secret de mon cœur, soit seul, soit avec mes amis, soit aussi
avec mes ennemis, que dans la prospérité comme dans l'adversité,
je sois toujours rempli de ton humilité.
Ô
Seigneur! je sens le besoin de comprendre mieux ta mort sur la croix
et la part que j'y ai eue. Fais-moi réaliser que mon ancien moi
orgueilleux a été crucifié avec toi. Montre-moi à la lumière de
ton Esprit qu'ayant été régénéré par toi, je suis à présent
mort au péché, soustrait à sa puissance, et que, tant que je suis
en communion avec toi, le péché ne peut rien sur moi. Seigneur
Jésus, toi qui as vaincu le péché affermis en moi la confiance que
tu es ma vie, et que tu veux me remplir de ton humilité si, moi, je
veux te laisser entrer et me remplir de ton Saint-Esprit.
Seigneur,
mon espérance est en toi. Avec foi en toi, je vais montrer dans le
monde que l'esprit qui t'animait passe aussi dans tes enfants, leur
apprenant à regarder les autres par humilité, comme plus excellents
qu'eux-mêmes. Oh! daigne, Seigneur, me le donner! Amen.
à suivre.....
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