samedi 4 novembre 2017

«Un Seul Homme Nouveau» par T. Austin-Sparks

Galates 1 :15-16 ; Éphésiens 2 :15-16 ; 4 :15-16, 24 ; Colossiens 3 : 10

                    Ce que j'ai à cœur de méditer avec vous aujourd'hui, c'est cette expression que nous trouvons au quinzième verset du chapitre 2 de l’épître aux Éphésiens: « Un seul homme nou­veau. » Mais avant de parler spécifiquement de ce sujet, nous devons mentionner quelque chose qui doit nous y conduire.
                     La question qui est sur beaucoup de cœurs aujourd'hui est celle qui concerne le besoin, le grand besoin de retrou­ver la fraîcheur primitive de la foi chrétienne, sa vitalité première, sa puissance originelle. Nombreux sont ceux que cette question préoccupe. Comment le peuple de Dieu pourra-t-il retrouver cette fraîcheur première, cette vitalité et cette puissance des premiers jours? Nous allons chercher à répondre à cette question, du moins en partie, et je crois que cela ne sera pas sans profit pour nous. Mais nous devons nous demander d'abord pourquoi, pour quelle raison cette fraîcheur et cette vitalité ont disparu. Comment s'expliquer leur absence? Qu'y a-t-il à la base de la situation actuelle qui la rende si différente de celle des premiers jours? Nous ne prétendons pas tenir la clef de l'énigme, mais si la foi chrétienne se trouve actuellement dans un état si fâcheux, spirituellement, il me semble qu'il faut l'attribuer dans une large mesure au fait qu'elle est devenue presque entièrement une tradition, un système rigide, cristallisé, aussi bien dans sa doctrine que dans son application pratique. C'est quelque chose qui vient à nous de l'extérieur et qui est présenté comme devant être accepté, adopté et à laquelle il faut se conformer. Le christianisme a pris une forme fixe, il est devenu une « chose », et on attend de vous que vous acceptiez cette « chose-là. » Quand nous avons reconnu cela, je crois que nous sommes parvenus au cœur du problème. Car au commencement, on peut d'ailleurs en suivre le principe à tra­vers tout le Nouveau Testament, tout était une question de révélation intérieure vivante d'une Personne. Car toutes les fois que Dieu s'est mis à agir à nouveau en relation à Son plan éternel, Son dessein tout-inclusif, Il l’a toujours fait en donnant une révélation intérieure nouvelle.
Une Révélation du Seigneur – la Voie de l’Accroissement

                    Ce fut un grand pas en avant dans la réalisation de ce dessein de Dieu lorsqu’Il amena Abraham en communion avec Lui. « Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham » (Actes 7 :2), ce qui est une autre manière de dire: « Il plut à Dieu de révéler ... » Ce qui arriva à Abraham, ce fut en principe une révélation du Dieu de gloire. Et ce fut cette révélation du Dieu de gloire qui émancipa Abraham et qui résulta en tout ce qui vint en et de par lui comme un maillon dans la chaîne du dessein de Dieu.
                    Il en fut ainsi pour Moïse, qui représente une autre étape de la part de Dieu, une action nouvelle dans la réalisation de Son dessein. Dieu apparut à Moïse dans le buisson ardent. Moïse vit le Seigneur, il eut une vision du Seigneur; et ceci fut déterminant pour lui. Nous ne risquons pas de nous tromper beaucoup en disant que bien des fois dans la vie de Moïse, lorsqu'il se trouvait pressé par les circonstances, dans la tension, l'épreuve, la tentation, la souffrance ou l'adversité, dans les difficultés de son cheminement, il revenait en à cette vision initiale. Il se remémorait le jour où il vit le Seigneur dans la flamme du buisson. Le Sei­gneur lui était apparu. C'est quelque chose qui demeura fondamental dans sa vie. Ce jour-là, pouvait-il dire, j'ai vu le Seigneur, j'ai été en contact vivant avec le Seigneur, il plut à Dieu de se révéler à moi !
                    Et ainsi nous pourrions continuer cette revue et constater que cela était vrai à chaque fois. Esaïe dira : « Je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple » (Esaïe 6 :1 ).

                   Il en était de même dans le Nouveau Testa­ment. Pour les disciples, tout leur témoignage devait reposer sur les quarante jours qui suivirent la résurrection : « Nous avons vu le Seigneur ». C’était bien là le but du Seigneur. Il se montra à eux pendant quelque qua­rante jours, Ils le virent, quoique tout autrement, d'une manière spirituelle, d'une manière dont ils ne L'avaient jamais vu auparavant ; c’était d’une façon vivante.
                     Paul fonde son his­toire tout entière sur ce fait: « Quand il plut à Dieu … de révéler Son Fils en moi ». Il pouvait dire : J’ai vu le Seigneur.
                    Mais cela n’était pas seulement vrai au commencement de chacun de ces hommes, mais c'était une réalité qui, en principe, devait se répéter chaque fois que de nouveaux développements étaient en vue, chaque fois qu'un autre pas en avant devait être fait. Pierre, après la Croix, avait vu le Seigneur vivant pen­dant une quarantaine de jours. Il L'avait vu sous cet aspect, mais Pierre devait encore progresser dans la réalité spirituelle; et il vit de nouveau le Seigneur à propos de Corneille et de l'admission des nations dans la famille de la foi. Il revit le Seigneur, et cette fraîche vision du Seigneur l'émancipa encore davantage de la tradition dans laquelle il se tenait, du vieil esclavage légaliste, de ce qui est de cette terre, de ce qui est historique, de la connaissance selon la chair. Il vit, et nous savons ce qui arriva. Quand il eut vu, ce fut plus fort que lui, tous les arguments étaient désormais inutiles. Il monte à Jérusalem, où ses condisciples le prennent à partie, argumentent avec lui, ils le questionnent au sujet de sa visite parmi ceux des nations. Ce qu'il répond revient en substance à ceci: « J’ai vu, c'est plus fort que moi; j'ai vu, que voulez-vous que je fasse? » Quand un homme voit, c'est plus fort que lui. Il est émancipé par ce qu'il voit, s'il voit de la bonne manière.
                    Quand le Seigneur voulut commencer un mouvement nouveau, un mouvement de grande portée, avec l’évangile en Europe, Il le fit en montrant quelque chose. Paul vit un homme de Macédoine, et cet homme dit : « Passe en Macédoine et aide nous » ! Et bien que Paul ait bien essayé d'entrer en Bithynie, et ait cherché aussi à prêcher la Parole en Asie, le Seigneur avait dit non. Et Il lui fait voir ensuite un homme de Macédoine (Actes 16 :6-10). Paul aurait pu résumer tout cela comme suit : Ce puissant mouvement de l'évangile en Europe, c'est par une nouvelle vision, une vision céleste, que Dieu l’a réalisé; j'ai vu et je suis allé.
                    Pour avancer, il fallait une vision céleste. La voie de l’accroissement était par une nouvelle révélation. Le chemin de la progression dans le dessein de Dieu, était que les yeux du cœur soient ouverts pour voir. Non pas une fois, ni deux fois mais à chaque fois que Dieu veut aller de l’avant, Il ouvre les yeux tout à nouveau. « Mais quand il plut à Dieu … de révéler son Fils en moi », ­voilà le principe, du commencement à la fin. Il en a toujours été ainsi, une révélation vivante, les yeux du cœur illuminés, mais par une révélation de Christ. « Il plut à Dieu … de révéler... », voilà l'ouverture de l'œil intérieur, l'ouverture des yeux du cœur, de l'entendement spirituel.

Rien d’Autre que Christ

                    « Il plut à Dieu de révéler son Fils », là est l'objet de la révélation. Il englobe tout. En Lui sont réunis tous les desseins, toutes les voies, toutes les inten­tions de Dieu. Ce ne sont pas des choses que Dieu montre aux Siens, c'est Son Fils. Il ne leur montre pas des vérités, pour Dieu aucune vérité n'est une chose abstraite; elle est inséparable de la personne. Le chris­tianisme, malheureusement, est devenu un système de vérités abstraites: les vérités de l'évangile. Mais Dieu s'en tient toujours à une Personne: Il présente Son Fils. Les vérités, Il ne les fait apparaître qu'en relation avec une Personne vivante, jamais pour ce qu'elles sont en elles-mêmes. Si nous voyons le Seigneur par la révélation du Saint Esprit, nous avons vu tout ce qui touche à notre salut, tout ce qui touche à notre sanctification et tout ce qui touche à notre glorification. Tout est en relation avec notre vision de Christ. Pour retrouver la vitalité spirituelle, la fraîcheur spirituelle et la puissance spirituelle des premiers jours, il n'y a qu'un chemin: une nouvelle révélation, une révélation intérieure, vivante de ce qu'est le Seigneur Jésus et de ce qu'Il signifie­.

                   Il y a là beaucoup plus qu'il n'y paraît à première vue, parce qu'en réalité, en dehors de Lui, il n'y a rien qui ne soit significatif. L'univers lui-même ne livrera son secret à personne, si on ne le cherche pas dans le Fils de Dieu. « Toutes choses ont été créées par Lui et pour Lui », (Colossiens 1 :16). C'est par Lui que tout s'explique. Le temps n'a de sens qu'en Lui: « Lui est avant toutes choses », (Colossiens 1 :17). Voir ce que signifie le Seigneur Jésus, c'est être libéré de tout ce qui nous lie à la terre, au temps, ou à la chair. On ne peut pas voir le Seigneur Jésus et rester limité à quoi que ce soit de l'ancienne création.
                    Nous avons mentionné quelques uns de ceux qui virent, vous avez remarqué ce qui arriva ensuite? Lorsqu’ils virent Dieu, ils partirent rapidement, ils allèrent avec Dieu, libres avec Lui. Rien au monde n’aurait pu faire sortir Saul de Tarse de son histoire juive, de son étroitesse pharisaïque, de la camisole de force dans laquelle le légalisme l'enserrait; du sang israélite qui coulait dans ses veines, rien ! Mais il vit Christ, le Fils de Dieu et ceci l’émancipa.

                    C'est une erreur de croire qu'en parlant aux gens de telle ou telle chose qui les tient prisonniers et dont ils devraient se libérer, de ces choses dont ils devraient « sortir ». On arrive à quelque chose sans doute mais à quoi ? A un christianisme imposé, à un ordre de choses érigé en système. C'est à un ordre de choses qu'on se range; c'est un système qu'on embrasse; c'est en ce christianisme-là qu'on a une certaine foi, mais on ne retrouve pas la fraîcheur, la vitalité et la puissance qui étaient là au commencement. Car pour les retrouver, il faut pouvoir dire : « J'ai vu ». « Il a plu à Dieu de révéler Son Fils en moi. J'ai vu, c'est plus fort que moi. Je dois m’engager dans cette voie, parce que j'ai vu! »
                    On peut mesurer la bigoterie de Pierre à la réponse qu'il fait au Seigneur : « Non point, Seigneur ; car jamais chose im­pure ou immonde n'entra dans ma bouche » (Actes 11 :8). « Non, Seigneur » ! Si nous voyons Christ: vous et moi, les choses qui sont impossibles pour nous dans le domaine religieux deviendront des réalités, des actualités. Et les impossibles religieux sont autrement plus forts que les impossibles simplement humains.
                   Aujourd'hui, le besoin primordial, ce n'est pas de restaurer quelque doctrine et vérité. Il est peut-être nécessaire, et cela sur une grande échelle, de rendre à la vérité fondamentale et à la doctrine fondamentale la place qui leur est due. Mais une fois que c'est chose faite, une fois qu'on a la doctrine exacte, peut-on être certain d'avoir la vie? Pas du tout. On peut être exact et correct au point de vue doctrinal, et être parfaitement mort. Quel que soit le besoin de retrouver des vérités perdues, le besoin prédominant, celui qui prime tous les autres, c'est le besoin d'une révélation spirituelle en ce qui concerne le Seigneur Jésus ; Le voir, Lui, tout à nouveau.
Une révélation du Christ Corporatif

                     Nous pouvons en venir maintenant à ce fragment de la Parole que nous avons devant nous: « un seul homme nouveau ». Nous voyons dans les versets que nous avons lus au début, que la grande révélation de Christ dans le Nouveau Testament est double ; elle a deux facettes, et cela vient par révélation.
                   Premièrement, il y a la révélation du Christ individuel, la personne de Christ, le Fils de Dieu. Ensuite, et toujours par révélation, le Christ corporatif; ce ne sont pas deux choses différentes, mais deux facettes d’une seule. Si bien que ce deuxième aspect est appelé « le Christ » (1 Corinthiens 12 :12). Cet « homme » dont il est question ici est un terme collectif, et prend toute sa signification dans « le Christ ». Voici ce qui est dit: « Ayant revêtu le nouvel homme … où il n’y a pas Grec, et Juif … mais où Christ est tout et en tous » (Colossiens 3 :10-11). 
                    Remarquez la signification d’Éphésiens 4 :20. Elle mérite d'être examinée de près: « Mais vous n’avez pas ainsi appris le Christ, si du moins vous l'avez entendu et avez été instruits en lui selon que la vérité est en Jésus, … d’avoir dépouillé le vieil homme..., et d’être renouvelés dans l'esprit de votre entendement, et d’avoir revêtu le nouvel homme ». Ainsi apprenez Christ afin de vous dépouiller du vieil homme, et de revêtir l'homme nouveau, étant renouvelés dans l'esprit de votre entendement. Cela vaut la peine d’être médité: apprendre Christ, c'est faire quelque chose, c'est arriver à quelque chose, et ce quelque chose, c'est que, si vous avez appris Christ, vous avez dépouillé le vieil homme. Si vous avez appris Christ, vous avez revêtu le nouvel homme. Apprendre Christ, c'est voir et embrasser un ordre de choses entièrement nouveau, en ce qui concerne l'homme. Telle est la signification de Christ: une nouvelle et différente race d’homme, a été introduite par Dieu dans cet univers; et c'est cet Homme-là qui est l'objet de toute éducation spirituelle. « Ainsi apprenez le Christ ». C'est une chose pratique, ce n'est pas une chose académique, ce n'est même pas une chose du tout : c'est une Personne, et pour apprendre cette Personne, la méthode n'est ni l'observation ni l'imitation. La méthode pour apprendre, c'est d'échanger quelque chose contre Lui, un vieil homme contre un nouveau. 

                   L'avons-nous vu ce nouvel homme? Avons-nous réellement vu Christ, et l'abîme qui Le sépare de toute autre création? Sommes-nous en train de saisir cela, de comprendre au dedans de nous-mêmes que nous sommes absolument différents de Christ, qu'entre Lui et nous il y a un abîme? « Renouvelés dans l'esprit de votre entendement… »; afin que nous « marchions en nouveauté de vie », (Romains 6 :4); « en sorte que nous servions en nouveauté d’esprit », (Romains 7 :6). Tout est nouveauté, tout est différent, tout est autre. Voir cette différence, c'est le moyen de recouvrer la vitalité, la fraîcheur et la puissance d'une vision toujours grandissante de ce qu’est le Christ. Il est le premier et le modèle d'une nouvelle famille. Le Saint Esprit est venu pour engendrer un nouvel homme selon l'ordre de Christ. La vie dans l’Esprit, c'est la conformité progressive à l'image du Fils de Dieu; et cette vie a pour consommation la révélation des Fils de Dieu, un ordre absolument autre d'humanité.
                    Chers amis, si nous pouvions seulement le reconnaître, l'explication de tout dans ce monde, est liée à cette révélation. Quelle est l’explication du malaise et de l’angoisse du monde dans lequel nous vivons? Bien sur, cela est le développement des choses qui se déroulent depuis des siècles ; mais quelle en est l’explication? Il n’y a aucun doute que des plaies se sont abattues sur le monde. Il y a le fléau de la guerre, des peuples en tumulte. c'est plaie sur plaie, et il n'y a pas de répit. Qui donc les envoie, ces plaies? C'est Dieu qui les envoie. Et pourquoi Dieu les envoie-t-Il ? Parce que ce monde est le royaume de Satan et de même que Dieu a continuellement frappé l'Égypte pour lui faire rendre et libérer Son Fils, ainsi Dieu a envoyé ces fléaux contre ce grand royaume de Satan, jusqu'à ce que les fils de Dieu Lui soient acquis. Alors « la création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption », (Romains 8 :21). Une explication du trouble qui angoisse et ravage le monde, c'est qu'à l'in­térieur de ce royaume il y a un aspect corporatif de fils; et tant que le Pharaon de ce royaume n'aura pas été pratiquement renversé, le monde sera frappé de plaies. « Toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant … car la vive attente de la création attend la révélation des fils de Dieu », (Romains 8 :22, 19) ; voilà l'explication.
                    Comment cela nous affecte-t-il? Cela nous ramène tout droit à notre sujet. Notre préoccupation première n'est pas de voir s'amé­liorer la situation du monde, d'obtenir la paix et un nou­vel ordre de choses sur la terre. Dieu sait pourtant que nous soupirons après la cessation des guerres et après un changement de la situation générale, mais ce n'est pas là notre préoccupation première. Notre préoccu­pation principale, c'est cette question des fils, cette ques­tion de voir Dieu obtenir d’entre les nations un peuple pour Son Nom, de voir sortir de ce royaume cette nouvelle famille, d’obtenir cet ordre nouveau, selon Christ. Nous sommes en relation avec ceci, nous nous devons d’être entiers à cette cause. C'est à nous qu'il incombe de voir cet ordre selon Christ, cette nature selon Christ, cette espèce humaine selon Christ, dans laquelle nous avons été amenés par la régénération du Saint-Esprit, arrivé enfin à sa perfection en ce qui nous concerne. Nous devons nous assurer que nous sommes effectivement sur la voie de conformité à l'image de Son Fils; que notre croissance en toutes choses en Lui qui est la Tête, Christ, soit réelle et pra­tique, et, que notre développement spirituel selon cet ordre-là fasse des progrès continus.

                    Mais c’est quelque chose de corporatif, c’est-à-dire qui relève du Corps. Le devoir qui nous incombe, c'est de compléter cet ordre de choses selon Christ dans un sens collectif dans l'Église qui est Son Corps, et au delà de cela amener ceux d'entre les nations qui sont appelés à compléter enfin ce Corps, pour qu'il soit la plénitude de Celui qui remplit tout en tous.
                     Vous le voyez, chers amis, le Nouveau Testament a un seul but en vue, un objet unique: le parachèvement de ce Corps et de son émancipation. Cela commence par l'évangélisation, mais l'évan­gélisation n'a pas une fin en elle-même. Quand le Seigneur monté au ciel dispensa Ses dons à l'Église, apôtres et prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs, ceux-ci sont tous en relation avec un seul et unique but. Ceux-ci ne sont pas des « choses » en eux-mêmes. Ils sont « pour l'édification du Corps de Christ ». C'est là leur point d'aboutissement à tous, et aucun ne doit y échapper. Mais on a fait de l'évangélisation une chose ayant sa valeur propre, détachée et sans relation au reste. Ceux qui s'y adonnent n'ont sou­vent aucun intérêt au delà de cela. C'est quelque chose qui est sans rapport avec le tout. Évangélisez, évangélisez! Sauvez des âmes! C'est la seule chose qui compte! Mais il faut un centre auquel cette acti­vité se rattache organiquement.
                     D'autres sont voués à l'enseignement; tout leur inté­rêt est là, l'enseignement devient une fin en soit; on ne voit rien d'autre que l'enseignement. Les pauvres gens sont enseignées et enseignées encore, mais on ne fait que tourner en rond. Or l'ensei­gnement a pour objet l'édification du Corps. Celui qui enseigne, celui qui évangélise, celui qui prophétise – tous ont un seul et unique objet: l'édification du Corps. C’est le Corps de Christ qui est le but de Dieu. L'évangéliste fournit l'apport initial, le docteur enseigne, instruit, et tout contribue à un seul but, à savoir, le Christ exprimé corporativement, et pour être finalement manifesté universellement dans ce Corps!

                     Mais laissez-moi vous redire combien il est nécessaire que nous saisissions cela par la voie d'une révélation vivante; autrement toutes ces choses prendront pour nous un caractère technique et ecclésiastique; elles seront une chose en elles-mêmes et quelque chose de très terre à terre. D’avoir les yeux pleinement ouverts sur ces choses par une révélation de ce que Dieu recherche à réaliser, c'est être délivré de toutes ces médiocrités spirituelles qui se donnent un air important, c'est être délivré de tous ces cercles vicieux dans lesquels on tourne parce qu'on est rivé à la terre, de tous ces régimes ecclésiastiques, ces systèmes religieux riches en doctrine et en enseignement, mais incapables de les faire servir au vrai but que Dieu leur a assigné. Oh! De voir le grand, l'unique objectif de Dieu et son accroissement; cela est la vie!
                    C’est évidemment là que réside la difficulté. Si vous n'avez pas en vous-même quelque expérience réelle de ce que j'essaye de vous dire, c'est comme dire à des aveugles : Voyez! C'est toujours là la difficulté. Si vous savez en une mesure quelconque, si faible soit-elle, ce que je veux dire, si vous avez vu, si peu que ce soit, si quelque chose vous est apparu un jour avec toute la force, toute la puissance qu’amène l’illumination des yeux intérieurs, si vous avez vu et que vous dites : maintenant je vois! Alors vous savez quelle puissance est devenue, dans votre vie ce simple fait d'avoir vu, quelle libération en est résultée pour vous, quelles perspectives nouvelles se sont ouvertes à vous. Il y a une très grande puissance dans le fait de voir ainsi! Si vous voyez, vous savez de quoi je parle. 
                     Mais ce que je dis, c'est qu'il y a un grand abou­tissement que Dieu a en vue, quelque chose de très grand, d'immense, et le moyen par lequel il va y parvenir est en ouvrant continuelle­ment les yeux. Nous resterons plantés là, nous serons simplement bloqués sur place, si nous n’avons plus de révélation. Il y en a beau­coup, hélas, pour lesquels toute révélation a cessé. Vous comprenez bien que je ne parle pas ici de quelque chose qui serait au-delà des Écritures. Je ne sors pas de la Parole de Dieu. Ce que je dis, c'est que nous avons ici le Livre, et que le Livre peut être saisi, possédé, maîtrisé, et qu'on peut être, comme Apollos, puissant dans les Écritures, et ne pas avoir la moindre notion de la merveilleuse vitalité du Saint-Esprit. Paul arriva à Éphèse sur les talons d'Apollos, dont on disait qu'il était puissant dans les Écritures, et constata que ceux auprès de qui s'était exercé ce ministère igno­raient jusqu'à l'existence même du Saint-Esprit. Aquilas et Prisca prirent Apollos avec eux et lui exposèrent les choses plus exactement. On peut donc être puissant dans les Écritures: le Livre est là, la lettre est là, et on peut être parfait quant à la lettre, parfait quant au Livre, on peut connaître par le menu tout ce qui s'y trouve écrit, et rester néan­moins parfaitement étranger à la vie, à l'énergie, à la puissance, à la fraîcheur qui s’y trouvent. L'un ne va pas sans l'autre. Il nous faut les Écritures, Oh ! mais que sont-elles sans le Saint-Esprit pour nous les ouvrir, nous les révéler par un chemin vivant, de telle sorte que nos yeux intérieurs, à travers les Écritures, voient de façon grandissante la signification de Christ, Sa plénitude nous émerveillant de plus en plus? C’est cela qui fait de la foi chrétienne quelque chose de vivant, de rafraîchissant, de puissant. Là est le chemin du réveil! Je suis d'avis que c'est là le réveil dont nous avons besoin: voir le Seigneur à nouveau. Il n'en faut pas davantage pour que les choses changent. De voir, de notre point de vue, la plénitude de Christ s’accroître sans cesse; les choses avancent lorsqu’il en est ainsi.

                    Je n'ai fait ici que vous présenter l'objet de la révé­lation, en précisant le domaine où elle se réalise. Ce dont nous avons besoin, c'est que le Seigneur nous révèle Christ, nous Le révèle pleinement en notre for intérieur. Mais il n’y a aucun doute que cela sera coûteux. Il n'y a encore jamais eu de vraie révélation sans qu’une très grande responsabilité et un très grand coût n’en découle. Ceux qui ont vu n'ont pas tardé à constater qu'ils étaient dans un chemin bien douloureux. Il en coûta à Abraham de voir le Dieu de gloire. Il en coûta aussi à Moïse de voir le Seigneur! Et à Esaïe! Et que dire de Paul ? Voir le Seigneur lui coûta tout ce qu'il avait et tout ce qu'il était. Mais qui donc, après L'avoir vu, voudrait échanger cette révé­lation contre une tradition, contre quelque chose de terrestre, contre quelque chose de temporel, même religieux? Non, on ne peut plus retourner à ces choses. Ce que nous avons de plus précieux c’est d’avoir vu et de continuer à voir. C'est la vie, et je suppose que vous comme moi, nous désirons, plus que toute autre chose, avoir une foi chrétienne vivante. Être élevé dans une atmosphère simplement pieuse, savoir quelque chose parce qu'on nous l'a dit, être ins­truit de certaines vérités par des méthodes tout exté­rieures, n'avoir que cela pour toute religion, est-ce là ce que nous voulons? Non, ce qu'il nous faut, c'est quelque chose qui se révèle constamment à la hauteur des nécessités du jour, quelque chose qui soit réel. Peu importe ce qu'il doit nous en coûter, peu importe les impasses, les aveux nécessaires, les déconvenues, les exigences, pourvu que ce chemin nous apporte la réalité et la vie. 
                       C'est cela qu'il faut au peuple de Dieu : une vie chrétienne qui soit vraiment vivante, qui soit réelle, qui soit pour lui un défi continuel et, à travers lui, que cela en soit de même pour les autres. Le secret d'une telle vie chrétienne est de voir le Seigneur et de voir de façon grandissante la signification de Christ. C’est par ce chemin de révélation vivante que vient la puissance. Veuille le Seigneur expliquer à nos cœurs ce que cela signifie, et qu’Il veuille aussi nous interpréter Lui-même Sa parole.



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