1.
Vous qui êtes venus à Lui
2.
Et, vous trouverez le repos de vos âmes.
3.
Vous confiant en Lui pour vous garder.
4. Comme le sarment est uni au
cep.
5. Comme vous êtes venus à Lui, par la foi.
6. Car Dieu
lui-même vous a unis à Lui.
7. Votre sagesse.
8. Votre justice.
9.
Votre sanctification.
10. Votre rédemption.
11. Crucifié.
12. Dieu
lui-même vous affermira en Lui.
13. Dans une communion de tous les
instants.
14. Jour par jour.
15. Maintenant.
16. Renonçant à tout
pour lui.
17. Par la puissance du Saint-Esprit.
18. En vous tenant en
repos.
19. Dans l'affliction et dans l'épreuve.
20. Afin de porter
beaucoup de fruits.
21. Et vous serez puissants dans la prière.
22.
Et dans son amour.
23. Comme Christ demeure dans le Père.
24. En
obéissant à ses commandements.
25. Afin que votre joie soit
parfaite.
26. Vous aimant les uns les autres.
27. Afin que vous ne
péchiez pas.
28. Votre force.
29. Et non en vous-mêmes.
30. Le
garant de l'alliance.
31. Glorifié. . . .
PRÉFACE
DE L'AUTEUR
Pendant
son séjour sur la terre, Jésus indiquait les relations que ses
disciples devaient avoir avec lui, par ces mots : « Suis-moi! »
Quand l'heure de les quitter pour monter au ciel fut venue, il se
servit d'une autre expression révélant l'union plus intime et plus
spirituelle qui allait s'établir entre eux et lui. « Demeurez en
moi ! » leur dit-il.
Le
sens profond de ces mots et les promesses qu'ils renferment, restent
malheureusement cachés à bien des disciples sincères de Jésus.
Tout en se confiant en leur Sauveur pour le pardon de leurs péchés
et pour le secours dont ils ont besoin, et tout en cherchant à lui
obéir dans une certaine mesure ils ne font pas l'expérience de
l'intimité, de la merveilleuse communion de vie et d'intérêt à
laquelle Jésus les invite en leur disant « Demeurez en moi. » Ils
perdent ainsi un bien inappréciable; et la perte n'est pas seulement
pour eux-mêmes, mais aussi pour l'Eglise et pour le monde.
L'ignorance est souvent la source de leur incrédulité et la raison
pour laquelle ils jouissent si peu du salut complet préparé pour
eux.
Qu'on
prêche dans nos Eglises la vie en Christ, la communion vivante avec
lui, l'expérience de sa présence et de son secours journalier, avec
autant de zèle et de clarté que son expiation et son pardon, on
verra bon nombre de croyants accueillir avec joie cette nouvelle vie
; et les fruits ne se feront pas attendre.
C'est
dans le désir d'aider ceux qui n'ont pas encore compris ce que le
Sauveur a voulu dire par ce commandement, ou qui n'osent pas croire
que cette vie leur soit accessible, que ces méditations sont
publiées. L'enfant apprend sa leçon par de fréquentes répétitions.
En fixant son attention tour à tour sur chacune des faces de la foi,
le croyant est amené à se les approprier toutes. Nous avons
l'espoir qu'il sera utile à plusieurs de méditer avec nous, jour
après jour, pendant un mois, à la lumière de la parabole du cep et
des sarments, ces mots précieux : Demeurez en moi ». L'expérience
de cette communion avec Christ nous apparaîtra comme indispensable à
toute vie vraiment chrétienne : nous découvrirons les bénédictions
immenses qui en découlent. Méditons avec prière et acceptons dans
la foi Jésus tout entier, tel qu'il s'offre à nous, et le
Saint-Esprit rendra cette parole esprit et vie ; elle deviendra pour
nous puissance de Dieu à salut.
Le
Seigneur veuille, dans sa miséricorde, bénir ce petit livre pour
ceux qui cherchent à le mieux connaître. Qu'il montre à ceux de
ses enfants qui veulent encore vivre par eux- mêmes, comment il les
veut entièrement à lui, recherchant uniquement dans une communion
entière avec lui, la joie ineffable et glorieuse après laquelle ils
soupirent. Et nous qui déjà goûtons les douceurs de cette vie,
soyons des témoins toujours plus fidèles de la puissance de notre
Seigneur pour nous garder en lui afin d'en amener un grand nombre
dans cette voie.
En
terminant, qu'il nous soit permis de donner un conseil à nos
lecteurs. Il faut du temps pour croître en Jésus, le cep :
n'espérez pas demeurer en lui sans y consacrer le temps nécessaire.
Il ne suffit pas de lire les Ecritures ou des méditations comme
celles-ci ; de croire en saisir la pensée de demander à Dieu sa
bénédiction pour reprendre ensuite le train de vie avec l'assurance
que tette bénédiction viendra. Non il faut chaque jour des moments
de communion directe avec Jésus et avec Dieu. Nous reconnaissons
bien la nécessité de consacrer chaque jour certains moments à nos
repas ; l'ouvrier réclame une heure pour son dîner. Prendre à la
hâte une certaine quantité de nourriture est de peu de profit. De
même pour vivre par Jésus, nous devons nous nourrir de lui (Jean
VI. 57) ; nous devons prendre et nous assimiler le pain céleste que
le Père nous a donné dans son Fils. Ayez donc soin chaque jour,
avant, pendant et après la lecture de votre Bible, de vous mettre en
contact avec la personne vivante de Jésus, pour vous placer d'une
manière directe sous sa divine influence; alors vous lui donnerez
l'occasion de prendre possession de vous, et de vous garder en sûreté
dans sa puissante communion.
Que
le bienfait de demeurer en Christ avec les riches bénédictions qui
en découlent, soit accordé à tous les lecteurs de ce volume. Que
la grâce de Jésus, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit
soient leur portion journalière. Amen.
«
Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui
est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche ; et tout
sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte encore
plus de fruit. Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je
vous ai annoncée. Demeurez-en moi, et je demeurerai en vous. Comme
le sarment ne peut de lui- même porter du fruit, s'il ne demeure
attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne
demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui
demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans
moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il
est jeté dehors comme le sarment, et il sèche puis on ramasse les
sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en
moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous
voudrez et cela vous sera accordé. Si vous portez beaucoup de fruit,
c'est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez
mes
disciples.»
«
Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimé. Demeurez dans mon
amour. Si vous gardez Mes commandements, vous demeurerez dans mon
amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père, et
que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses afin que ma
joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
«
C’est ici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme
je vous ai aimés. ». Jean XV : 1-12.
PREMIER
JOUR Demeurez
en Christ vous qui êtes venus à lui.
«
Venez à moi. » (Math. XI, 28.) « Demeurez en moi. » (Jean XV, 4.)
C'est
à tous ceux qui ont entendu le premier appel de Jésus : « Venez à
moi », et y ont prêté l'oreille, que s'adresse cette nouvelle
invitation du Sauveur : « Demeurez en moi ». Jamais nous ne nous
sommes repentis d'être venus à Jésus; nous avons éprouvé qu'il
est fidèle dans ses promesses; il nous a accordé un pardon complet
et gratuit : il nous a rendus participants de la joie et des
bénédictions de son amour et nous avons trouvé auprès de lui
beaucoup plus que nous ne l'espérions.
Néanmoins,
avec le temps, les désappointements sont venus; les bénédictions
dont nous avions tant joui d'abord n'ont pas duré ; la joie et
l'amour qui avaient rempli nos coeurs à notre première rencontre
avec le Sauveur, loin d'augmenter, ont peu à peu disparu. Et nous
nous sommes demandé pourquoi.
La
réponse est simple : nous nous sommes éloignés de Christ. Les
bénédictions qu'il promet sont étroitement liées à ce « venez à
moi », et ne peuvent être goûtées que dans une communion intime
avec lui. S'il nous a dit de venir à lui, ce n'était pas pour nous
faire éprouver pendant quelques courts instants après notre
conversion la joie du pardon, et nous laisser ensuite retrouver notre
tristesse et notre péché en retournant à notre vie ordinaire. Il
nous destinait à quelque chose de mieux ; il voulait nous faire
demeurer en lui et nous faire jouir de sa communion permanente au
milieu de nos occupations journalières. Ne l'ayant pas compris, nous
n'avons pas conservé la paix trouvée en venant à lui. Cependant,
c'est l'amour puissant avec lequel il nous avait dit « Venez » qui
lui fait, ajouter : «Demeurez en moi ». Les bénédictions
attachées à ce second appel, dépassent de beaucoup celles qui
accompagnent le premier; nous ne pouvons réaliser d'avance les
richesses que ces mots tiennent en réserve pour quiconque les
accepte.
«
Demeurez en moi », dit Jésus, et non avec moi. Il veut établir
entre lui et nous des rapports de la nature la plus intime; il veut
nous rendre participants de sa vie divine.
Venus
à lui, nous devons demeurer en lui. Les mêmes motifs qui nous ont
poussés à nous approcher, nous pressent de demeurer. La crainte du
péché et de la malédiction qu'il entraîne, le sentiment de
lassitude et le désir d'être libérés des liens du péché pour
être rendus saints et purs et trouver le repos de nos âmes, le
besoin de connaître l'amour infini,
l'espoir
d'un héritage glorieux et éternel : toutes ces choses qui nous ont
amenés à Jésus doivent nous retenir auprès de lui; car ce n'est
qu'en demeurant en lui que nous conservons le pardon reçu et que nos
âmes altérées seront rassasiées.
Nous
avons été heureux en venant à Jésus, combien plus le serons-nous
en demeurant en lui ! Qui voudrait se contenter de rester à la porte
d'un palais, lorsque le roi l'invite à entrer pour partager sa
gloire? Et pourtant, beaucoup de ceux qui sont venus à Jésus
confessent qu'ils ne savent pas ce que c'est que de demeurer en lui.
Les uns ne comprennent pas quelle est la pensée du Sauveur en les
appelant; d'autres comprennent, mais ne croient pas qu'une telle
communion soit possible possible pour eux. D'autres croient qu’elle
est possible, mais ils n'en peuvent découvrir le secret; d'autres
enfin confessent que leur infidélité les a empêchés de jouir de
cette grâce, ils n'étaient pas prêts à tout sacrifier pour
demeurer toujours et complètement en lui.
A
tous ceux-là nous apportons ce message de Jésus : « Demeurez en
moi, » les invitant à en approfondir le sens avec nous. Nous ne
prétendons pas résoudre toutes les questions qu'il soulève,
Jésus-Christ, seul, doit le faire par son Saint-Esprit. Nous
désirons simplement montrer les grâces attachées à ce
commandement béni, et chercher ce qui nous en tient éloignés.
Plaçons-nous
aux pieds du Sauveur pour méditer cette parole ; serrons-la, dans
notre coeur, attendant de LUI SEUL, la force de répondre et de
retenir la bénédiction qui nous est offerte.
SECOND
JOUR Demeurez
en Christ, et vous trouverez le repos de vos âmes.
«
Venez à moi et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous
et recevez mes instructions, et vous trouverez du repos pour vos
âmes. » (Math. XI : 28, 29.)
Le
repos de l'âme. Voilà ce que le Sauveur offre au pécheur fatigué
et chargé, pour l'attirer à lui. Malgré son apparente simplicité,
cette promesse est aussi ample et complète que possible. Le repos de
l'âme, n'est-ce pas la délivrance de toute crainte, la satisfaction
de tout besoin, l'accomplissement de tout désir? Le Sauveur n'offre
rien moins pour ramener celui qui s'est éloigné; et il répète par
deux fois cette promesse, mais avec des conditions assez différentes
pour nous faire comprendre que le repos promis ne peut être réalisé
et conservé que dans une communion permanente, en sorte que si nous
le perdons, c'est que nous ne sommes pas demeurés en lui. D'abord il
dit : Venez à moi et je vous donnerai du repos. Au moment même où
vous viendrez et où vous croirez, je vous donnerai du repos, le
repos du pardon et de la réconciliation. Mais il faut du temps pour
vous approprier pleinement ce que Dieu nous donne ; aussi le Sauveur
répète-t-il sa promesse dans les termes qui n'expriment plus
seulement ce premier repos qu'il donne à l'âme fatiguée quand elle
vient à lui, mais le repos plus solide et plus profond que possède
l'âme demeurant en lui, le repos, fruit d'une connaissance plus
complète, d'une union plus intime et de l'entier abandon de soi.
Prenez mon joug, recevez mes instructions, dit-il, mettez-vous à mon
école, pliez-vous à ma discipline, soumettez-vous en toutes choses
à ma volonté, que votre vie ne fasse qu'un avec ma vie, en un mot :
« Demeurez en moi, et vous trouverez du repos pour vos âmes! »
Ces
paroles de Jésus, ne nous font-elles pas découvrir la raison pour
laquelle nous perdons si souvent, le repos de nos âmes? Le secret
d'un repos parfait et durable, c'est de se livrer complètement à
Jésus, de lui abandonner sa vie pour que lui seul la dirige, se
laisser enseigner par lui, être et faire uniquement ce qu'il veut ;
hors de ces conditions, inutile d'espérer conserver la paix que
Jésus nous a une fois donnée. Le repos est en Christ, l'âme ne
peut en jouir qu'en étant elle-même en lui.
Faute
de saisir cette vérité, beaucoup de croyants perdent vite la paix.
Les uns ignorent que Jésus veut une consécration complète, qu'il
n'y a pas un détail de notre vie sur lequel il ne veuille régner et
dans lequel nous ne devions chercher à lui plaire. D'autres
regardent cet état de l'âme qui demeure constamment en Jésus,
comme le couronnement d'une vie entière de sainteté et de progrès,
mais non comme le point de départ pour un faible commençant.
Prendre le joug de Jésus et le porter sans le poser un seul instant,
semble demander un déploiement d'efforts, un degré de sagesse tout
à fait au- dessus de leur portée. Ceux qui pensent ainsi ne savent
pas combien « son joug est doux », combien son joug même donne le
repos: car, du moment où l'âme se plie à ce joug, le Seigneur
donne la force et la joie pour obéir. Ils ne remarquent pas non plus
que lorsque Jésus dit : « Recevez mes instructions, » il ajoute «
Je suis humble de coeur », nous donnant, ainsi l'assurance qu'il ira
au-devant de notre faiblesse et nous portera comme une mère porte
dans ses bras son petit enfant. Ils ne voient pas enfin que lorsqu'il
dit : « Demeurez en moi, » il demande simplement que nous nous
livrions à lui, son amour tout-puissant se chargeant de nous garder
et de nous bénir. Ainsi, les uns s'égarent faute d'une consécration
entière, les autres faiblissent par manque de confiance.
Consécration et foi sont les deux éléments essentiels de la vie
chrétienne. Tout donner à Jésus, tout recevoir de Jésus. L'un
implique l'autre, et les deux sont réunis dans cette expression : se
livrer. Se livrer complètement ou s'abandonner, c'est obéir aussi
bien que se confier, se confier aussi bien qu'obéir.
Avec
un tel malentendu au point de départ, il n'est pas étonnant que la
vie chrétienne ne soit pas la vie de joie et de force que nous
espérions. Ignorant d'un côté que nous ne pouvons absolument rien
faire en dehors de Christ, et de l'autre que Christ veut se charger
de nous pour nous garder et nous conduire dans les moindres détails
de notre vie, nous comptons sur nos propres forces, et nous tombons
constamment dans le pêché. Notre sentier au lieu de devenir de plus
en plus lumineux comme le sentier du juste jusqu'à la parfaite
lumière, devient comme le chemin d'Israël errant dans le désert :
toujours en route pour le repos promis, souvent près de l'atteindre
et n'arrivant jamais.
Âmes fatiguées, qui cherchez ce repos, apprenez aujourd'hui à connaître
la retraite où la paix vous est assurée.
Mais,
direz-vous, c'est précisément de demeurer en Jésus, de porter
toujours son joug, de recevoir ses instructions qui est difficile;
l'effort même, pour y parvenir, trouble souvent plus encore que le
péché ou le monde! L'erreur est précisément de croire qu'il
faille un effort. Est-ce une fatigue pour le voyageur de se reposer
sur le lit qui lui a été préparé? Est-ce un labeur pour le petit
enfant de reposer dans les bras de sa mère? N'est-ce pas le lit qui
soutient le voyageur? N'est-ce pas les bras de la mère qui portent
l'enfant ? Il en est de même de Jésus. L'âme n'a qu'à se livrer à
lui et se tenir en repos. La grandeur même de la bénédiction nous
empêche de la saisir. Nous n'osons pas croire que Jésus veuille et
puisse nous instruire et nous garder tout le jour durant. C'est là,
cependant, ce qu'il a promis ; et, dans la mesure où nous le
croirons, nous trouverons la paix. La difficulté ne vient pas du
joug à prendre, mais de notre résistance à prendre le joug,
puisque c'est notre complet abandon à Jésus, comme à notre Maître
et notre Gardien, qui nous assure le repos
de
nos âmes.
Acceptez
dès ce jour, en toute simplicité, la parole de Jésus. L'ordre est
positif : « Prenez mon joug, recevez mes instructions, demeurez en
moi ». Nous n'avons pas la liberté d'hésiter. Le soldat docile,
sans demander pourquoi ni comment, obéit, se confiant en la sagesse
de son supérieur pour pourvoir à tout. A nous donc d'obéir ; à
Christ notre Sauveur de nous rendre capables de demeurer dans le
repos et d'y persévérer; à lui de nous faire goûter les bienfaits
de ce repos. Et si, par moments, nous faiblissons, que ce soit une
nouvelle raison pour nous confier plus résolument en l'amour
tout-puissant de Jésus.
Heureux
repos, avant-goût du ciel! Quand nous le possédons nous trouvons la
force pour tout devoir, le courage pour tout combat, une bénédiction
dans chaque croix, la joie de la vie éternelle dans la mort, même.
«
Demeurez en moi. Prenez mon joug et recevez mes instructions, et vous
trouverez du repos pour vos âmes. »
TROISIÈME
JOUR Demeurez
en Christ, vous confiant à lui pour vous garder.
«
Je cours pour tâcher de saisir le prix, puisque moi aussi, j'ai été
saisi par Jésus-Christ. (Philip. III : 12)
Parmi
ceux qui reconnaissent que c'est un devoir et un privilège de
demeurer constamment en Christ, il en est qui considèrent cette
grâce comme réservée à une élite de chrétiens favorisés par
les circonstances, et non à la majorité des disciples, dont la vie
est remplie, par la volonté même de Dieu, d'occupations terrestres.
Dans leur faiblesse, ils n'oseraient prétendre à cette vie de
communion permanente. Mais c'est à eux qu'elle convient précisément;
car il ne s'agit pas d'accomplir quelque chose de grand, ni même de
débuter par une vie de sainteté et de dévouement : il s'agit, pour
le faible, de se confier au Tout- Puissant pour être gardé ; pour
l'infidèle de s'appuyer sur Celui qui est parfaitement fidèle et
vrai. Consentir à laisser Jésus tout faire pour nous, en nous et
par nous, attendant avec confiance ce qu'il a promis d'accomplir,
c'est là simplement demeurer en Christ.
Beaucoup
de personnes qui savent que la conversion et le pardon viennent de
Dieu, font dépendre de leurs efforts et de leur fidélité ce qui
reste encore à faire pour le perfectionnement de leur salut. Alors
les chutes sont fréquentes, le découragement survient et ne fait
qu'augmenter leur incapacité. Elles n'ont pas fait cette expérience
que Jésus, en disant : « Demeurez en moi! » s'offre lui-même,
lui, le gardien d'Israël, qui ne sommeille ni ne dort, comme la
demeure vivante de l'âme, où les influences pénétrantes de sa
grâce triompheront de leur faiblesse.
Demeurer
en Christ est, aussi bien que la conversion et le pardon, une grâce
qui vient de lui seul. Si nous avons senti qu'il nous a attirés à
lui en nous appelant à venir, nous devons compter sur lui quand il
dit : « Demeurez en moi, » pour retenir dans sa communion quiconque
répond à son appel.
Demeurez
en moi, n'est point une loi du Sinaï réclamant du pécheur ce qu'il
ne peut accomplir
; c'est un commandement d'amour, par conséquent une promesse sous
une autre forme. Nous ne sommes pas sous la loi avec son inexorable :
Fais ceci ; mais, sous la grâce, qui dit: « Crois » ce que Jésus
veut faire pour toi. Si donc la pensée de faire nous-mêmes encore
quelque chose nous préoccupe, disons-nous que notre oeuvre n'est que
le fruit de l'oeuvre de Christ en nous. Quand notre âme abdique
complètement et attend tout de Christ, elle voit ses forces
s'éveiller et déployer toutes leurs ressources; alors nous
travaillons avec succès, parce que nous sentons Christ opérer en
nous.
Cette
relation entre l'oeuvre de Christ et la nôtre est admirablement
exprimée dans ces paroles de Paul « Je cours pour tâcher de saisir
(le prix), puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ! »
La pleine assurance en Christ qui l'avait saisi, le portait en avant,
en lui donnant le courage et la force pour atteindre le but pour
lequel il avait été saisi.
Une
comparaison nous fera mieux comprendre l'expression de Paul et son
application à la vie chrétienne. Représentons-nous un père aidant
son enfant à gravir un roc escarpé. Le père, se tenant au-dessus
de son fils, l'attire à lui, lui montrant la place où il doit
mettre son pied. Le saut serait trop élevé pour l'enfant laissé à
lui-même; mais se confiant en la main du père, il s'élance pour
parvenir là où le père le veut. C'est la force du père qui est
son salut, qui le soulève et l'excite à user de ses propres forces.
Telle
est la relation entre Christ et le faible croyant. Notre union avec
lui et, par lui, avec le Père, voilà son but glorieux. Cherchez à
vous en rendre compte et en même temps à faire l'expérience que
vous avez été saisis pour ce but par Jésus-Christ, afin de vous
confier en sa toute-puissance pour achever l'oeuvre qu'il a
commencée. Tout ce que vous avez déjà reçu, le pardon et la paix,
le Saint-Esprit et sa grâce, ne sont que les premiers pas vers cette
vie de communion. Tout ce qui vous est encore promis, sainteté,
oeuvres à faire et gloire éternelle, n'en sont que les résultats
naturels.
Fixez
constamment vos regards sur ce but que Jésus vous propose. Toute
vérité de Dieu qui se fait connaître à nous, demande de devenir
aussitôt un principe de vie. C'est pourquoi, cédez dès aujourd'hui
au Sauveur dans ce qu'il demande de vous; renoncez à vous-même pour
demeurer en lui, et il entretiendra lui même votre confiance. Si le
découragement vient après quelque chute, que cette parole où Paul
puisait sa force : « j’ai été saisi par Jésus-Christ » vous
relève aussi et vous redonne confiance. Ainsi vous arriverez à dire
tous les jours avec plus d'assurance : « Je cours pour tâcher de
saisir le prix, puisque moi aussi j'ai été saisi par Jésus-Christ
».
QUATRIÈME
JOUR Demeurez
en Christ comme le sarment est uni au cep.
«
Je suis le cep, vous êtes les sarments. » (Jean XV : 5)
Jésus
employa cette expression « demeurez en moi, » après avoir prononcé
la parabole du cep et des sarments. Cette admirable parabole nous
donne la meilleure illustration de l'union que le Seigneur nous
propose.
Elle
nous montre la nature de cette union. Le cep et le sarment sont unis
par une vie commune, non par une union simplement extérieure,
temporaire, résultant du travail de
l'homme.
Le sarment naturel ou greffé n'existe que par l'intervention directe
du Créateur qui fait circuler dans le sarment la vie, la sève, la
vigueur du cep. De même, l’union du croyant avec son Sauveur n'est
pas le résultat de la sagesse ni de la volonté humaine, mais d'un
acte de Dieu qui établit la communauté de vie la plus intime et la
plus complète entre son Fils et le pécheur. Dieu a envoyé dans nos
coeurs l'Esprit de son Fils! Le même Esprit qui a demeuré et qui
demeure dans le Fils, devient le principe vital du croyant. Dans la
communion de ce même Esprit, le croyant est un avec lui.
La
parabole nous enseigne aussi la perfection de cette union. Entre le
cep et le sarment, elle est si complète que l'un n'est rien sans
l'autre et n'existe même qu'en vue de l'autre.
Sans
le cep, le sarment ne peut rien. C'est au cep qu'il doit sa place
dans la vigne, sa vie et sa fécondité. Aussi le Seigneur dit-il «
Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Le croyant ne peut plaire à
son Dieu que dans ce qu'il fait par la puissance de Christ habitant
en lui. La sève du Saint-Esprit, qui lui est journellement
communiquée, est sa seule force pour vivre et pour produire quelque
fruit.
D'autre
part, sans le sarment, le cep ne peut rien non plus. Il ne peut
produire son fruit. Le sarment n'est donc pas moins indispensable au
cep que le cep au sarment ; et là se manifeste la merveilleuse
condescendance de la grâce de Jésus, qu'il se soit fait lui-même
dépendant de ses disciples, comme ses disciples le sont de lui. Il a
besoin d'eux pour dispenser ses bénédictions au monde. Il leur est
indispensable dans le ciel pour produire leur fruit ; mais ils lui
sont aussi indispensables sur la terre pour l'accomplissement de son
oeuvre.
Il y
a plus encore, avons-nous dit : comme l'un n'est rien sans l'autre,
l'un n'existe qu'en vue de l'autre.
Tout
ce que le cep possède appartient au sarment. Il tire du sol sa
nourriture et sa saveur en vue du sarment. Jésus dit : « Je leur ai
donné la gloire que tu m'as donnée... Celui qui croit en moi fera
aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes... Je me
sanctifie moi-même, afin qu'eux aussi soient sanctifiés. » Toute
sa plénitude et ses richesses sont au croyant. Tout ce qu'il est
dans le ciel, il l'est pour le croyant. Il se tient comme son
représentant devant le Père.
Enfin
tout ce qui est au sarment appartient au cep. Le seul mérite du
sarment est d'être au service du cep, de porter des fruits qui
témoignent de l'excellence du cep. Magnifique image de la vocation
du croyant et de son entière consécration au service de son
Seigneur. Il doit se sentir pressé de se donner complètement à
Celui qui s'est donné le premier Son être entier, ses moindres
pensées, tous ses sentiments appartiennent à son Sauveur, afin que,
par lui et pour lui, il puisse produire ses fruits.
Quand
on a sondé le sens de cette parabole, on saisit la vraie force de ce
commandement d'amour :
«
Demeurez en moi. » Jésus, par cette image, nous donne à entendre
par quels liens indissolubles et vivants il veut nous unir à lui. Il
veut nous faire réaliser notre entière dépendance à son égard,
et, en même temps, la richesse de vie qu'il met à notre
disposition. Une fois à lui, tout ce qu'il possède nous appartient,
et nous n'avons qu'à puiser abondamment. Son intérêt, sa gloire,
est que nous soyons des sarments productifs. Nous sommes incapables,
mais il est Tout-Puissant ; nous sommes pauvres, mais il est riche.
C'est pourquoi nous devons demeurer en lui, recevoir ses
instructions, nous soumettre à sa
lui,
en nous confiant dans sa grâce, et en ses promesses; croire qu'il
est le cep et nous ses sarments.
Comment
hésiter encore et ne pas accepter comme une bénédiction cette
communion qui vous est offerte? Jésus ne vous demande que cela.
Croyez qu'une fois à lui, il vous portera comme le cep vigoureux
porte le faible sarment.
Si
vous demeurez en lui, il fortifiera votre foi en vous faisant
pénétrer de jour en jour plus avant dans ce mystère de notre union
avec lui, et il vous la rendra toujours plus facile.
CINQUIÈME
JOUR Demeurez
en Christ comme vous êtes venus à lui, par la foi.
«
Comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui,
étant enracinés et fondés en lui, et affermis dans la foi, y
faisant des progrès » (Col. 2 : 6, 7)
Ces
paroles nous montrent que la foi est aussi indispensable pour
progresser dans la vie chrétienne que pour y entrer.
De
sincères chrétiens ne le comprennent pas, ou, s'ils l'admettent en
principe, le nient en pratique. Pour eux, l'homme est bien justifié
par la foi, mais ils négligent cette autre vérité : « Le juste
vivra par la foi. » Ils n'ont jamais compris quel Sauveur parfait
nous avons en Jésus. Sauveur qui veut faire chaque jour, pour le
pécheur, autant qu'au premier jour où il est venu à lui. Ils
semblent ignorer que la vie de la grâce est toujours et uniquement
une vie de foi, et que le devoir constant du disciple dans ses
relations avec Jésus, est de croire, la foi étant le canal par
lequel la grâce et la force divines parviennent au coeur de l'homme.
Le vieil homme reste mauvais et pécheur jusqu'à la fin chez le
croyant; et ce n'est qu'autant que celui-ci vient chaque jour, vide
de lui-même et impuissant, à son Sauveur pour recevoir de sa vie et
de sa force, qu'il peut produire des fruits de justice à la gloire
de Dieu. Aussi est-il dit : « Comme vous avez reçu le Seigneur
Jésus-Christ, marchez en lui, affermis dans la foi, y faisant des
progrès. »
Reportons-nous
au moment où, pour la première fois, nous avons reçu Jésus. Que
d'obstacles se présentaient à nous pour nous empêcher de croire :
notre indignité, notre culpabilité. Il semblait impossible que la
promesse de pardon et d'amour s'adressât à d'aussi grands pécheurs
que nous. La conscience de notre faiblesse et de notre état de mort
nous rendait incapables de la confiance et de l'abandon qui nous
étaient demandés; la prévision de l'avenir nous empêchait
d'entrer dans une voie où il nous semblait impossible de persévérer.
Ces difficultés se dressaient comme des montagnes sur notre chemin;
mais ces montagnes ont été transformées par la foi à la Parole de
Dieu. Cette Parole nous assurait notre salut en dépit de notre état
de péché, de notre faiblesse, de notre infidélité. Cependant nous
avons cru et nous n'avons pas été trompés.
Cette
expérience, nous devons la renouveler pour ce qui concerne notre
habitation en Christ. Maintenant, comme alors, les tentations qui
nous empêchent de croire sont nombreuses. En présence des péchés
commis depuis que nous sommes disciples, il nous semble qu'il est
présomptueux de croire que Jésus nous reçoive dans son intimité
et dans la pleine jouissance de son saint amour. Devant notre
incapacité à tenir la résolution la plus
sacrée,
nous tremblons à la seule pensée de répondre affirmativement au
commandement du Sauveur de demeurer en lui. Enfin la pensée de la
vie d'amour et de joie, de sainteté et de bonnes oeuvres qui
découlerait de notre habitation en lui nous décourage par sa beauté
même: et il nous semble que prétendre à un tel bonheur, c'est
marcher au-devant d'une déception.
Eh
bien ! profitons de notre expérience; et rappelons-nous comment nous
avons été conduits à prendre les promesses de Jésus à la lettre,
contrairement à nos sentiments à notre jugement même, et combien
nous avons été bénis. Il nous a reçus et pardonnés; il nous a
aimés et sauvés; et s'il a fait cela pour nous lorsque nous étions
ennemis, étrangers, que ne fera-t-il pas maintenant que nous sommes
à lui? Si, par sa grâce toute-puissante, nous sommes à lui, ne
serons-nous pas, par cette même grâce toute puissante, capables de
demeurer en lui?
Et
que faut-il croire, demanderez-vous, pour demeurer en Christ? Croyez
d'abord cette Parole de Jésus : « Je suis le cep. » La vigueur et
la fertilité du sarment dépendent de la force du cep. Ne pensez pas
tant à vous-mêmes, mais commencez par nourrir votre foi de tout ce
que Christ est comme cep, et de ce qu'il est pour nous, ses sarments.
Il nous porte, nous nourrit. Il se charge de notre croissance et de
nous faire produire des fruits. Les sarments, même les plus faibles,
sont portés par le cep; ils ne le portent pas. Demandez au Père
qu'il vous révèle par son Saint-Esprit l'amour et la puissance de
ce Christ duquel nous tirons notre vie ; car c'est la connaissance de
tout ce que nous avons en Christ et la foi basée sur cette
connaissance, qui nous feront demeurer en lui et produire des fruits.
Nous
ne pouvons trop rappeler aux disciples de Christ l'importance qu'il y
a à exercer leur foi en affirmant qu'ils sont en lui. Cette
affirmation rend si simple de demeurer en Jésus! Je suis en Christ :
cette simple pensée, nourrie avec soin dans la prière et dans la
foi, dissipe toute difficulté et fait cesser tout effort inutile. Je
suis en Christ je n'ai donc plus qu'à en rendre grâce à mon
Sauveur et me remettre à sa puissance miséricordieuse.
Et
cette foi, chose étonnante, produira d'elle-même tout ce
qu'implique cette vie en Christ. La vie chrétienne demande beaucoup
de vigilance et de prière, de renoncement et de combat, d'obéissance
et d'activité; mais tout est possible à celui qui croit. « La
victoire qui a triomphé du monde c'est notre foi. » Cette foi, qui
ne regarde pas à la faiblesse de la créature, mais se réjouit dans
la force du Sauveur rend l'âme forte et joyeuse. Elle se nourrit de
toutes les révélations des saintes Écritures sur la personne et les
promesses de Jésus et, se fiant à cette parole : « Si ce que vous
avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez
aussi dans le Fils et dans le Père ; » elle vit de toute Parole qui
sort de la bouche de Dieu. Ainsi l'âme est rendue propre à être et
à faire tout ce qu'il faut pour demeurer en Christ.
Croire,
croire toujours, croire d'une foi enfantine et inébranlable à
Jésus-Christ comme au cep dont nous sommes les sarments, voilà la
source de notre communion permanente avec lui.
SIXIÈME JOUR Demeurez
en Christ; car Dieu lui-même vous a unis à lui.
«
C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ.» (1 Cor. 1 : 30) «
Mon Père est le vigneron. » (Jean XV : 1)
«
Vous êtes en Jésus-Christ, » disait Paul aux disciples de
Corinthe. Ils étaient encore bien faibles et charnels, des enfants
en Christ ; néanmoins, Paul, avant de leur adresser ses
enseignements, veut qu'ils sachent qu'ils sont en Jésus-Christ.
Notre vie chrétienne tout entière dépend du témoignage intérieur
que nous avons de notre position en Christ: pour demeurer en lui, il
faut que nous nous sachions en lui. Toute exhortation adressée à
des croyants, doit, pour porter du fruit, avoir comme point de départ
le fait qu'ils sont en Christ.
Mais
l'apôtre ajoute une chose non moins importante : « C'est par Dieu
que vous êtes en Jésus-Christ. » Nous devons nous rappeler, non
seulement que nous sommes unis à Christ, mais surtout que cette
union est l'oeuvre de Dieu et non la nôtre, ce qui est une source
d'assurance et de force.
Dans
notre union avec Christ, il y a une oeuvre de Dieu et il doit y en
avoir une de nous; celle de Dieu consiste à nous faire faire la
nôtre. La sienne est cachée et s'accomplit dans le silence; la
nôtre est apparente. La conversion et la foi, la prière et
l'obéissance sont des actes dont nous pouvons nous rendre compte,
tandis que le principe spirituel et vivifiant qui nous vient d'en
haut, l’œil ne le distingue pas. Aussi le disciple qui en vient à
dire : Je suis en Christ, peut-il être tenté de considérer plutôt
ce qu'il a fait, que cette oeuvre merveilleuse et invisible de Dieu
qui l'a uni à son Fils. Il est nécessaire cependant de savoir que,
lors de notre conversion, quand nous avons cru et accepté Jésus,
c'est la toute- puissance de Dieu qui agissait en nous, sanctifiant
notre volonté, prenant possession de nous, et accomplissant son plan
d'amour en nous plaçant en Jésus-Christ. Quand le disciple discerne
ce côté divin de l'oeuvre de son salut, il ne peut qu'adorer avec
actions de grâce et se réjouir, En repassant le chemin parcouru, il
reconnaît à chaque pas l'oeuvre de Dieu et se dit : C'est par Dieu
que je suis en Jésus-Christ !
Cette
expérience le conduira plus loin; elle le mettra en présence des
profondeurs infinies de l'éternité. « Ceux qu'il a prédestinés,
il les a aussi appelés. » Il découvrira que cet appel réalisé
dans le temps présent, découle d'un plan éternel. Avant que le
monde fût, Dieu l'avait choisi en Christ. Avec le prophète il
pourra dire : « L’Éternel m'est apparu depuis longtemps et m'a dit :
Je t'ai aimé d'un amour éternel, c'est pourquoi je t'ai attiré par
ma miséricorde. » Il reconnaîtra que son propre salut fait partie
du « mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu'il
avait formé en lui-même pour le mettre à exécution lorsque les
temps seraient accomplis » ; et se joignant au corps entier des
croyants, il dira avec eux « En lui nous sommes aussi devenus
héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui
qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté. » Rien
ne donne un sentiment plus vif de l'immensité de la grâce et ne
porte davantage l'homme à s'incliner devant elle que la connaissance
de ce mystère. « C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ.
Cette
conviction exerce sur le croyant qui cherche à demeurer en Christ,
une influence puissante. Quel fondement sûr pour sa foi, si tout ce
qu'il se sent en droit d'attendre de Christ et de sa plénitude
repose sur le dessein et l'oeuvre du Père ; s'il voit dans le Père,
le Vigneron qui veille avec le même amour sur le Cep, son Fils
bien-aimé, et sur lui, son sarment! Quelle source de paix et de
confiance de pouvoir se dire : Si Dieu, qui a choisi Christ pour être
le Cep, l'a formé pour accomplir parfaitement son oeuvre, Dieu, qui
m'a choisi pour m'enter en Christ, s'est engagé par là même à me
garder en lui et à me rendre
en
tous points semblable à son Fils, pourvu que je me soumette à son
action !
Si
vous arriviez à cette conviction, avec quelle joie et quelle
assurance vous feriez monter vos prières vers le Dieu et Père de
Jésus-Christ. Le sentiment de votre dépendance absolue vous ferait
découvrir que votre salut est de vous attendre constamment à Celui
qui vous a unis à Christ, pour qu'il perfectionne son oeuvre et
produise en vous le vouloir et le faire selon son bon plaisir.
Vous
trouveriez là un mobile puissant pour entretenir une vie abondante
en fruits. « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en
Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, pour lesquelles Dieu nous a
préparés d'avance, afin que nous les pratiquions. »
Oh!
que les croyants cessent de regarder à eux-mêmes pour se plaindre
de leur faiblesse, comme si Dieu les appelait à une oeuvre pour
laquelle il ne les a pas préparés! Qu'ils acceptent joyeusement et
avec foi le fait merveilleux qu'en les unissant à Christ, Dieu se
charge de leur développement spirituel et des fruits qui en
découlent! Alors, toute paresse, toute hésitation malsaine
disparaîtront. Sous l'influence bénie de la foi en la fidélité de
Celui par qui ils sont en Christ, ils se lèveront, pour accomplir
leur glorieuse destinée.
Cédez
à l'influence puissante de cette parole : « C'est par Dieu que vous
êtes en Jésus- Christ ! » Méditez-la dans l'adoration jusqu'à ce
que la lumière d'en haut ait brillé dans vos cœurs et vous fasse
reconnaître dans votre union à Christ un effet de la volonté du
Père qui est fidèle pour achever l'oeuvre qu'il a commencée.
SEPTIÈME JOUR Demeurez
en Christ votre sagesse.
«
C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ, lequel est devenu
pour nous sagesse par la volonté de Dieu, et justice et
sanctification et rédemption. » (1 Cor. 1 : 30)
Jésus-Christ
n'est pas seulement sacrificateur pour nous obtenir le salut que Dieu
a préparé à ceux qu'il aime, et roi pour nous l'assurer ; il est
aussi prophète pour nous le révéler. Comme au jour de la création,
la lumière fut créée en premier lieu, afin qu'en elle toutes les
autres oeuvres de Dieu eussent la vie et la beauté, de même, de
tous les dons qui nous sont réservés en Jésus-Christ, la sagesse
est mentionnée en premier dans notre texte, comme renfermant les
trois autres dons qui suivent. La vie est la lumière de l'homme. En
nous faisant connaître le Père, Christ nous fait participants de la
vie éternelle. « Il est devenu pour nous sagesse. » En lui sont
cachés tous les trésors de la sagesse et de la science. Pour en
jouir, nous devons demeurer en lui; voilà ce qu'il nous faut mieux
saisir. Les bénédictions que Dieu nous a préparées en son Fils,
ne peuvent nous être accordées hors de Christ ou indépendamment de
lui; l'exaucement de chacune de nos prières relativement à ces
dons, ne peut nous venir que d'une union toujours plus intime avec
lui.
Si
vous soupirez après cette connaissance de Dieu qui donne la vie
éternelle, demeurez en Jésus ; la vie dans le Fils conduit à cette
communion avec le Père, qui, seule, nous le fait réellement
connaître et nous révèle son amour, sa puissance, sa gloire
infinie. Votre intelligence pourra peut-être ne pas tout saisir et
vous ne saurez exprimer tout ce qui vous sera donné; mais vous aurez
cette connaissance intime et profonde qui vient de ce que «
nous
sommes connus de lui. »
Vous
aimeriez arriver, comme Paul, à regarder toutes choses comme une
perte à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ.
Demeurez eu Jésus et « soyez trouvés en lui, » c'est ainsi que
nous connaissons Christ et la puissance de sa résurrection et la
communion de ses souffrances. » En le suivant nous ne marchons pas
dans les ténèbres, mais dans la lumière de la vie.
Vous
voudriez comprendre l'oeuvre de Jésus telle qu'il l'a accomplie sur
la terre ou la poursuit du ciel par son esprit; vous voudriez savoir
comment il peut devenir notre justice, notre sanctification et notre
rédemption. C'est précisément en devenant votre sagesse qu'il vous
le révélera. Aussi, lorsqu'il vous arrive d'être troublés par des
questions sans nombre auxquelles vous ne trouvez pas de réponses,
dites-vous bien que cela vient de ce que vous ne regardez pas à lui
comme à votre sagesse. Que votre premier soin soit donc de demeurer
en lui de tout votre coeur; la connaissance viendra dans la mesure où
Christ votre sagesse le jugera bon. Sans cette union intime, la
connaissance n'est d'aucun profit elle est même dangereuse. L'âme
se contente de pensées qui ne sont que l'image de la vérité, sans
recevoir la vérité elle-même. Dieu donne Christ, et cachés en
lui, les trésors de la sagesse et de la connaissance, tandis que
l'homme cherche la connaissance d'abord et souvent hélas! s'en tient
là. Appliquez-vous seulement à posséder Christ, à demeurer en
lui, à faire de lui votre vie ne cherchant la connaissance que dans
une communion toujours plus intime avec lui, et vous aurez la science
qui donne la vraie vie.
Voir
en Jésus votre sagesse, et attendre avec confiance de lui toute
instruction nécessaire pour vivre à la gloire du Père, quelle
bénédiction! Aussi, pour tout ce qui concerne notre vie
spirituelle, demeurez en lui comme étant votre sagesse. Vivre en
Christ est quelque chose de trop sacré pour que nous puissions nous
en charger. Lui seul peut nous guider et nous donner, par son Esprit,
le discernement, non seulement de ce qui convient à notre dignité
d'enfants de Dieu, mais surtout de ce qui peut aider ou nuire à
notre union avec lui.
Et
quand vous ouvrez la Parole de Dieu, souvenez-vous que vous devez
demeurer en Jésus votre sagesse. Nous devons sonder la Parole
écrite, mais nous ne pouvons la comprendre que dans la communion de
la Parole vivante, source de toute lumière. « Ses paroles sont
esprit et vie » pour ceux qui sont en lui.
Pour
tout ce qui concerne votre vie journalière, enfin, demeurez encore
en Jésus votre sagesse. Notre corps est son temple, et notre vie de
chaque jour, la sphère qui nous est assignée pour le glorifier. Si
vous croyez à sa présence et à son amour, il vous dirigera dans
vos affaires terrestres de sorte qu'elles tourneront à sa gloire.
L'abandon de vous-mêmes à sa direction vous donnera un esprit
calme, libre de toute passion, et un jugement sûr. Votre prière
pour obtenir la sagesse, comme celle de Salomon, sera exaucée au
delà de ce que vous aurez demandé ou pensé.
De
même, pour tout travail entrepris pour le service de Dieu,
reposez-vous sur Jésus comme étant votre sagesse. « Nous avons été
créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres pour lesquelles Dieu
nous a préparés d'avance afin que nous les pratiquions. » Ainsi,
bannissez toute crainte de ne pas discerner ces oeuvres. « Nous
avons été créés en Christ pour elles. » Il vous les désignera
lui-même et vous montrera comment les accomplir. Apprenez à être
joyeux dans la confiance qu'il vous conduit en toute sûreté, même
là où vous ne pouvez voir l'issue du chemin qu'il vous fait
parcourir. Il sait toutes choses; et quiconque marche en lui,
n'ignore rien de ce qu'il doit savoir.
Oui,
demeurez en Christ, votre sagesse. Cultivez en vous cet esprit
d'attente et de dépendance qui ne veut agir que sous la direction
d'en haut. Toujours plus convaincus de l'incapacité du coeur naturel
pour comprendre les choses de Dieu, renoncez à votre propre sagesse,
ne comptant que sur celle de Jésus pour vous enseigner et vous
diriger, même dans ce que vous avez à croire et à faire.
Seulement, souvenez-vous que la sagesse divine n'enseigne ni ne
dirige du dehors, mais en vivant en vous. Qu'elle habite donc
abondamment en vous et vous serez conduits en tonte connaissance et
en toute sagesse.
HUITIÈME
JOUR Demeurez
en Christ votre justice.
«
C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ, lequel est devenu
pour nous, sagesse par la volonté de Dieu, et justice, et
sanctification et rédemption. » (1Cor. 1 : 30)
La
justice est la première bénédiction que Christ, notre sagesse,
nous révèle comme nous étant préparée en lui. Il est facile de
comprendre pourquoi elle vient en premier. Il ne peut y avoir de
prospérité et de progrès que dans la paix, et il n'y a de paix que
là où règnent le droit et la justice. Or, le péché avait troublé
toutes nos relations, nous étions en guerre avec nous-mêmes, avec
les hommes et avec Dieu. Pour que le salut que Jésus nous apportait
pût nous être en bénédiction, il fallait tout d'abord qu'il nous
procurât la paix comme hase de notre développement moral et
spirituel. Jésus-Christ est venu rétablir l'harmonie sur la terre
et dans notre âme par la justice, en accomplissant pour nous la
volonté de Dieu. Parce qu'il est Melchisédec, roi de justice, il
est roi de Salem, c'est-à-dire roi de paix. (Heb VII, 2) Ainsi
s'accomplit ce que les prophètes ont annoncé : « Alors le roi
règnera selon la justice. L'oeuvre de la justice sera la paix et le
fruit de la justice, le repos et la sécurité pour toujours. »
(Esa. XXXII, 1, 17.) « Christ est devenu pour nous, justice par la
volonté de Dieu; » — « par Dieu nous sommes en lui, devenu notre
justice » et « nous sommes devenus en lui justice de Dieu. » Ici
encore ce n'est que par notre union avec la personne de Christ que
nous pouvons être au bénéfice de cette justice.
Le
pécheur, amené à se confier en Jésus pour son salut, commence en
général par regarder plus à l'oeuvre qu'à la personne de
Jésus-Christ, En contemplant la croix où Christ, meurt, lui juste
pour les injustes, il voit dans cette mort expiatoire le fondement
unique, mais suffisant de sa foi au pardon miséricordieux de Dieu.
La pensée que la justice de Jésus le rend juste aux yeux de Dieu,
suffit pour lui donner la paix. « Etant Justifiés par la foi, nous
avons la paix avec Dieu, » et il s'efforce de revêtir cette robe de
justice par la foi en ce don précieux.
Mais
en avançant, il éprouve le besoin de mieux comprendre comment Dieu
peut ainsi justifier l'impie par la justice d'un autre. L'Ecriture
lui répond alors par cette admirable description de l'union du
fidèle avec Christ, second Adam. Christ s'étant fait un avec les
siens, les siens ne forment qu'un même corps avec lui. D'accord avec
la loi de la nature, en vertu de laquelle les membres du corps
participent à l'activité, aux souffrances, en un mot, à la vie de
la tête, le fidèle uni à Christ est pleinement participant de sa
justice. Le croyant est ainsi amené à sentir que ce n'est que dans
une union personnelle avec Christ, la tête, qu'il peut être au
bénéfice de la puissance de la justice pour placer son âme dans la
faveur et la communion parfaite du Dieu saint. L'oeuvre de Christ ne
lui est pas moins précieuse, mais sa personne le devient davantage :
l'oeuvre le conduit à la personne.
Cette
expérience, à son tour, jette un nouveau jour sur plusieurs
passages de l'Ecriture dont il n'avait pas jusque-là saisi la
portée, passages qui montrent clairement combien la justice de Dieu,
en devenant nôtre, est liée à la personne même du Rédempteur. «
Voici le nom dont on l'appellera l’Éternel notre justice. En l’Éternel seul résident la justice et la force. — Il est devenu
pour nous justice par la volonté de Dieu. » - « Afin que nous
devenions en lui justice de Dieu. » « Afin d'être trouvés en lui
avec la justice qui vient de Dieu. Il voit que sa justice et la vie
en Christ sont inséparables : « Par un seul acte de justice, la
justification qui donne la vie s'étend à tous les hommes. — Ceux
qui reçoivent le don de la justice régneront dans la vie par
Jésus-Christ lui seul. » Et il entrevoit le sens profond de cette
parole qui est la clef de l'épître aux Romains : « Le juste vivra
par la foi. » Il ne lui suffit plus alors de considérer cette
justice qui lui est imputée comme un manteau qu'il doit revêtir ;
mais s'enveloppant de la personne même de Jésus, il sent combien la
justice de Dieu n'est la sienne qu'en tant qu'il est en Christ. Avant
d'en arriver là, il trouvait difficile de vivre habituellement sous
le couvert de cette justice ; mais maintenant que c'est le Christ
lui-même qui est sa justice, ce Christ qui veille sur lui, le garde
et l'aime comme membre de son propre corps, il lui devient aisé de
marcher tout le jour revêtu de sa présence bénie. Ce nouveau pas
le conduit encore plus loin. La vie et la justice étant
indissolublement unies, le croyant, par son union à Christ, acquiert
la conscience d'une nature juste enracinée en lui. « L'homme
nouveau créé en Jésus-Christ, est créé dans une justice et une
sainteté véritables. » — « Celui qui pratique la justice est
juste comme lui-même est juste. » Son union avec Jésus a effectué
un changement, non seulement dans ses rapports avec Dieu, mais aussi
dans son état personnel devant lui. Et si cette union est maintenue,
la justice devient peu à peu sa propre nature par le renouvellement
progressif de l'être tout entier ; sa vie témoigne de cette union
avec le juste.
Une
fois que le chrétien a pénétré le sens profond de ces mots : «
Christ est devenu pour nous justice, » il est à peine nécessaire
de lui recommander de demeurer en lui. Aussi longtemps qu'il ne se
regardait que judiciairement juste à cause de l'expiation de Jésus-
Christ, la nécessité de demeurer en lui n'était pas évidente pour
lui; mais à mesure que la gloire de l’Éternel, sa justice se dévoile
à ses yeux, il comprend de lui-même que le seul moyen de se
maintenir en tout temps parfait et acceptable devant Dieu, c'est de
demeurer personnellement en Christ, en qui se fortifie sa nouvelle
nature de juste. La pensée principale du pécheur repentant était
la justice qui vient par Jésus mourant pour le péché; pour le
croyant intelligent et avancé. Jésus, personne vivante, par qui
vient la justice est tout ; car en le possédant, il possède aussi
la justice.
Demeurons
fermes en Christ devenu notre justice; car nous portons en nous une
nature entièrement vile et corrompue qui se relève toujours pour
étouffer le sentiment de notre acceptation devant Dieu et contester
le droit que nous avons à une communion permanente avec le Père.
Cette habitation constante en Jésus, notre justice, nous rend seuls
capables de marcher tous les jours, sans être ébranlés, dans la
lumière et dans la paix; seule, elle nous permet de jouir des dons
réservés pour nous en Christ, et d'entrer dans le repos de Dieu où
règnent la joie et le bonheur.
NEUVIÈME
JOUR Demeurez
en Christ votre sanctification.
«
C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ lequel est devenu pour
vous sagesse par la volonté de Dieu, et justice, et sanctification,
et rédemption. » (1 Cor. 1 : 30)
«
Paul à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été
sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints. Ainsi
commence le chapitre dans lequel Christ est présenté comme notre
sanctification. Dans l’Ancien Testament, les croyants sont appelés
les « justes » ; dans le Nouveau, « les saints sanctifiés en
Jésus-Christ ». Saint est plus que juste (1). Par rapport à Dieu,
saint, s'applique à sa personne; juste, à la manière dont il agit
envers ses créatures. Chez l'homme la justice n'est que le premier
pas vers la sainteté. C'est par elle qu'il peut s'approcher le plus
de la perfection de Dieu. (Comp. Math. V, 48 ; 1 Pierre I, 16). La
justice se trouvait sous l'ancienne Alliance, tandis que la sainteté
n'y est que figurée, en attendant d'être réalisée en
Jésus-Christ, le Saint, puis dans ses disciples, les saints.
Dans
notre texte, ainsi que dans l'Ecriture en général, la justice
précède la sainteté ; il en est de même dans l'expérience
personnelle. Lorsque le croyant trouve en Christ sa justice, il en
éprouve une si grande joie, qu'il se préoccupe peu de sainteté. Le
besoin, cependant, s'en fait bientôt sentir, et il cherche le moyen
de l'obtenir. Il arrive souvent alors que le croyant poursuit en
vain, pendant des années, la sanctification, comme si elle devait
être le fruit de sa reconnaissance et de ses efforts personnels,
jusqu'à ce qu'enfin il écoute l'enseignement de l'Esprit qui,
encore ici, donne gloire à Christ en le révélant comme étant,
lui-même notre sanctification, que nous devons nous approprier par
la foi seule.
La
sainteté est la nature même de Dieu elle a été manifestée en la
chair et mise à la portée de l'homme en Christ, le Saint de Dieu.
Celui-là seul est saint qui est uni Dieu par Christ, et il le
deviendra dans la mesure où il demeurera en lui.
Nous
avons dans l'arbre greffé une vivante illustration de cette oeuvre
de sanctification proportionnée à l'union du fidèle avec son
Sauveur. On peut greffer un arbre de manière à ce qu'une branche
seule porte de bons fruits, tandis que d'autres branches naturelles
portent encore leurs fruits sauvages. Vrai type de ces chrétiens
chez lesquels une faible partie de la vie est sanctifiée, mais en
qui, par ignorance ou pour d'autres raisons, la vie charnelle a
gardé, sur bien des points, toute sa puissance. On peut encore
greffer un arbre en coupant toutes les branches, de sorte qu'il soit
entièrement renouvelé pour porter de bons fruits; toutefois, si on
ne veille pas à la tendance du tronc à produire des pousses
naturelles, celles-ci peuvent croître et affaiblir la nouvelle
greffe en absorbant toute la sève. Tels sont les chrétiens qui à
leur conversion avaient tout abandonné pour suivre Jésus et
semblaient fermes en la foi, mais qui ont laissé, par manque de
vigilance, d'anciennes habitudes reprendre peu à peu le dessus; ils
végètent dans leur vie chrétienne et portent peu de fruits.
Mais
pour changer radicalement la nature d'un arbre, il faut le prendre
jeune encore, couper la tige à fleur de terre et le greffer à
l'endroit même où il sort du sol ; puis veiller sur le moindre
rejeton de l'arbre sauvage, qui pourrait paraître, pour l'enlever,
jusqu'à ce que la sève soit concentrée sur la branche greffée,
qu'elle y coule librement et que la nature sauvage soit entièrement
vaincue. Cet arbre nouveau, produisant des fruits succulents, est un
emblème du chrétien qui a appris, par une pleine consécration, à
tout abandonner pour Christ et à demeurer constamment en lui dans
une foi vivante.
Ce
chrétien-là a compris que, par lui-même, il est enclin au mal,
incapable d'aucun bien, — « ce qui est bon n'habite pas en moi, »
— que l'oeuvre de la sanctification peut seulement s'accomplir en
lui par le don d'une nouvelle nature en Christ, et par l'intervention
constante de Dieu pour détruire impitoyablement tout ce qui tient à
sa propre nature, afin
de
favoriser le développement de la vie sainte de Jésus-Christ en lui.
Il sait même s'associer à cette oeuvre de sanctification en priant
Dieu de la poursuivre, et en se livrant volontairement à l'action
divine. Il produit ainsi des fruits de sainteté à la gloire de
Dieu.
Dieu
a promis de nous rendre saints; ne craignons pas de réclamer
l'accomplissement de ses promesses. N'écoutons pas la voix qui
prétend que la corruption du vieil homme est trop grande pour que la
sainteté puisse s'établir en nous.
«
Ce qui est bon n'habite pas en moi, » c'est-à-dire dans notre
chair, et cette chair quoique crucifiée avec Christ, n'est pas
encore morte; elle cherchera continuellement à se relever pour nous
induire au mal. Mais « c'est par Dieu que nous sommes en Christ »,
et la vie sainte et puissante de Jésus triomphera de notre nature
corrompue. Le vieil homme subsiste avec ses penchants; mais le nouvel
homme est là aussi. Christ, notre sanctification est vivant ; et, en
lui, toutes nos pensées, nos sentiments, nos désirs, peuvent être
sanctifiés à mesure qu'ils naissent, et tourner à la gloire du
Père.
Vous
qui avez soif d'une vie sainte, demeurez en Christ, votre
sanctification. Regardez à lui comme le saint de Dieu. Ne considérez
pas la vie de sainteté comme un travail et un effort constant, mais
comme le fruit naturel de la vie de Christ en vous. Abandonnez toute
confiance en vous-mêmes et ne regardez qu'à la présence de Jésus
votre force et votre sanctification ; reposez-vous dans la ferme et
paisible assurance que tout ce qui vous est nécessaire pour vivre
dans la sainteté, vous sera communiqué de la sainteté même de
Jésus. Vous connaîtrez ainsi réellement ce que c'est que de
demeurer en Christ votre sanctification.
(1)
La Sainteté peut être appelée la perfection spirituelle comme la
justice est la perfection légale. La Sainteté, selon Dieu, par H
Bonar.
DIXIÈME
JOUR Demeurez
en Christ votre rédemption.
«
C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ, lequel est devenu
pour nous sagesse par la volonté de Dieu, et justice et
sanctification et rédemption. » (1 Cor 1:30.)
Nous
arrivons ici au haut de l'échelle qui atteint, dans le ciel, le but
auquel doit nous conduire la vie en Christ. Le mot rédemption,
quoique appliqué parfois à la délivrance de la condamnation du
péché se rapporte ici à la délivrance complète et finale de
toutes ses conséquences, quand l'oeuvre du Rédempteur sera
pleinement manifestée, délivrance qui s'étendra même à la
rédemption du corps. Ce mot rédemption dirige nos regards vers la
plus grande gloire à venir, et par là même aussi, vers la plus
grande bénédiction dont nous puissions jouir dès maintenant en
Christ. Nous avons vu que Christ, comme prophète, est notre sagesse,
nous révélant Dieu et son amour, ainsi que la nature et les
conditions du salut que cet amour nous a préparé. Comme
sacrificateur, il est notre justice, rétablissant nos relations avec
Dieu et nous assurant la faveur divine. Comme roi, il est notre
sanctification, nous formant et nous conduisant dans l'obéissance à
la sainte volonté du Père. Quand il aura, par ces trois offices,
accompli le grand dessein de Dieu, le salut sera consommé ; la
délivrance complète du péché et de toutes ses conséquences sera
opérée; et l'humanité, rachetée, retrouvera en Christ tout ce
qu'elle avait perdu.
Ainsi,
nous sommes, non seulement appelés à contempler Jésus sur la
terre, nous enseignant par ses paroles et son exemple, sur la croix,
nous réconciliant avec Dieu, dans sa résurrection, Roi victorieux
recevant sa couronne, mais encore nous avons à le chercher à la
droite de Dieu, rentré dans « la gloire qu'il avait eue auprès du
Père avant que le monde fût fait, » et tenant, cette gloire-là en
réserve pour nous. Sa nature humaine, affranchie de toutes les
conséquences du péché auxquelles il s'est, pour un temps
assujetti, est unie à la majesté divine. Comme Fils de l'homme, il
demeure sur le trône et dans le sein du Père. La délivrance est
complète, éternelle. Il est devenu rédemption.
Il
l'est devenu pour nous : croyons-le; et mieux nous le réaliserons,
mieux nous ferons l'expérience déjà ici-bas des « puissances du
monde à venir. » A mesure que notre communion gagnera en intensité
avec lui, et que nous laisserons l'Esprit saint nous le révéler
dans sa gloire céleste, nous sentirons davantage la puissance d'une
vie divine agir en nous; nous aurons un avant-goût de la vie et de
la gloire éternelles.
Par
cette communion, l'âme est délivrée de la crainte de la mort,
crainte que le Sauveur lui-même a connue. Mais il a triomphé de la
mort, son corps même est entré dans la gloire, et le fidèle uni à
Christ sa parfaite rédemption, remporte spirituellement, déjà
maintenant, sa propre victoire sur la mort. Il ne voit plus en elle
que l'acte qui le délivre des derniers lambeaux de son vêtement
charnel avant d'entrer dans la gloire où il sera revêtu du corps
glorifié. La tombe est pour lui le champ où la semence est déposée
corruptible pour en sortir incorruptible. La résurrection du corps
n'est plus une doctrine stérile ; elle devient une espérance vive
même une réalité anticipée; car « l'Esprit de Celui qui a
ressuscité Jésus d'entre les morts habite en nous » comme le gage
de la vie qui sera rendue aussi à nos corps mortels. (Rom. VIII,
11-23). Cette espérance exerce une influence sanctifiante et nous
porte à livrer volontairement nos membres souillés pour être
mortifiés et mis au service de l'Esprit, en attendant le temps où
notre corps tout entier sera changé et rendu semblable au corps
glorieux de Christ.
Il
est difficile de faire saisir la portée de cette parfaite rédemption
de Christ s'étendant aussi au corps. C'est de l'homme complet, âme
et corps, qu'il est dit qu'il fut « fait à l'image et à la
ressemblance de Dieu. » Dieu avait créé les anges, esprits sans
corps matériels; et, d'autre part, la matière existait sans
l'esprit dans la création. L'homme devait être l'oeuvre la plus
parfaite de l'art divin, la combinaison de la matière et de l'esprit
dans une complète harmonie, comme symbole de l'union de Dieu avec sa
propre création. Le péché survint dans le monde et parut devoir
entraver le plan de Dieu : la matière acquit sur l'esprit une
effrayante suprématie. Il fallut encore que la Parole fut chair. La
plénitude divine fut incarnée dans l'humanité de Christ, afin que
la rédemption pût être complète, et que « toute création qui
soupire et qui est en travail jusqu'à maintenant », pût être
affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la
liberté glorieuse des enfants de Dieu. Le dessein de Dieu ne sera
accompli, et la gloire de Christ pleinement manifestée, que lorsque
le corps, avec l'ensemble de cette création dont il fait partie et
dont il est la tête, aura été transfiguré par la puissance de la
vie spirituelle, et changé en un vêtement transparent propre à
faire resplendir la gloire de l'Esprit infini. Alors seulement, nous
comprendrons dans quel sens profond et complet Jésus est devenu pour
nous rédemption.
En
attendant, notre devoir est de nous appuyer sur cette parole : « Par
Dieu vous êtes en Christ, votre rédemption. » Ce n'est point une
révélation à laisser pour les temps futurs. Pour le plein
développement de notre vie chrétienne, nous devons, dès à
présent, chercher, en demeurant en Christ, à la pénétrer, à la
saisir, et à nous l'approprier. Pour cela,
apprenons à triompher de la mort, à regarder Christ comme le Chef
de notre corps, réclamant son entière consécration, et nous
assurant même ici-bas, (si notre foi sait aller jusque-là), la
victoire sur la puissance du péché dans le corps (Marc XVI : 17,
18). Habituons-nous à considérer la nature entière comme faisant
partie du royaume de Christ et destinée à participer à la
rédemption. Laissons les puissances du siècle à venir agir en nous
pour nous faire goûter par anticipation ces choses qui ne sont point
montées au coeur de l'homme.
Demeurez
en Christ, votre rédemption que ce soit le couronnement de notre vie
chrétienne. Mais ne cherchez pas à y parvenir tout d'abord et
indépendamment de la connaissance de Christ dans ses autres
relations. Il ne peut être notre rédemption que si nous sommes
fidèles à demeurer en lui, comme notre sagesse, notre justice,
notre sanctification. L'expérience que nous aurons faite de
l'étendue et de la puissance de l'oeuvre de Christ nous amènera à
attendre, à réaliser par la foi sa parfaite rédemption ; et nous
vivrons, dès ici-bas, en Jésus notre rédemption, en étant
affranchis de la domination de la chair, et comme les héritiers de
la gloire à venir ; ayant enfin compris la place assignée à
l'homme par Dieu dans l'univers, à savoir que « toutes choses lui
sont assujetties, » nous serons rendus capables de répondre à
cette vocation céleste.
ONZIÈME
JOUR Demeurez
en Christ crucifié.
«
Je suis crucifié avec Christ et je vis, non plus moi-même, mais
Christ vit en moi! » (Gal. 2:20) « Nous avons été faits une même
plante avec lui par la conformité à sa mort. » (Rom 6 : 5)
L'apôtre
disait : «Je suis crucifié avec Christ ; » il réalisait donc
pleinement sa communion aux souffrances et à la mort de Christ, et
il faisait également l'expérience des bénédictions de cette
communion, puisqu'il pouvait ajouter avec autant d'assurance « Je
vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi ». Cette expérience
de la solidarité avec Jésus dans sa mort, est d'une grande
efficacité. Pouvoir se considérer comme personnellement mort dans
la mort de Christ, parfaitement obéissant dans son obéissance,
victorieux sur le péché dans sa victoire, et entièrement délivré
de sa domination dans sa délivrance; reconnaître par expérience
que la puissance de cette mort agit par la foi constamment en nous
pour mortifier la chair, voilà la source de cette vie nouvelle qui
nous fait être une même plante par la conformité à sa
résurrection. La communion habituelle avec Jésus crucifié,
fortifie et développe en nous cette nouvelle vie qui naît toujours
de la mort de la vieille nature.
L'expression
de Paul : « Faits une même plante avec lui par la conformité à sa
mort », nous aide à comprendre ce que signifie : demeurer en Christ
crucifié. La greffe introduite dans l'arbre dont elle doit tirer sa
vie, doit y rester; elle est fixée dans le tronc à la place où
l'incision a été pratiquée pour la recevoir. Pas de greffe sans
meurtrissure, pour atteindre les sources même de la vie de l'arbre.
Il en est de même du pécheur à l'égard de Jésus. Pour participer
à la vie de Christ et à la puissance qui est en lui, pour être
conforme à lui dans sa résurrection, il nous faut d'abord être
faits une même plante avec lui par la conformité à sa mort, être
entrés dans sa meurtrissure; et, comme la greffe, y demeurer pour
recevoir en nous la vie de Jésus.
Mais
la greffe, pour être unie à l'arbre, doit être séparée de son
propre tronc ; elle aussi doit
être taillée pour pouvoir s'adapter à la place qui lui est
préparée dans le nouveau tronc. De même, pour le fidèle, il faut
qu'il meure à sa vieille nature et soit rendu conforme à Christ par
la mort, pour trouver la vie en lui.
S'il
y a communion de souffrances avec Christ, si nous sommes animés des
mêmes dispositions que Christ a manifestées en se chargeant de sa
croix, si nous reconnaissons, comme lui, la justice du jugement et de
la malédiction prononcés sur le péché par un Dieu saint, si nous
livrons à la mort avec lui notre vie chargée de péché et de
malédiction, la clouant, par la foi, sur la croix, pour arriver à
la vie nouvelle, nous ferons avec lui l'expérience que le
renoncement à soi-même, le sacrifice de Gethsémané et de
Golgotha, est le chemin de la joie et de la vie de résurrection.
Par
notre communion avec Jésus crucifié, nous apprendrons à voir dans
la croix, non seulement notre expiation devant Dieu, mais aussi notre
victoire sur Satan ; non seulement notre délivrance de la
condamnation, mais encore notre affranchissement de la puissance du
péché ; non seulement le tribut payé à la mort, mais en même
temps le gage d'une vie nouvelle.
La
croix est le point de réunion entre Christ et l'homme. Pourquoi?
Parce que, pur la croix, le Fils de Dieu partage le sort de
l'humanité maudite, et associe l'homme pécheur à sa vie divine. Sa
participation à la mort nous donne la communion à sa vie. Par la
mort, le prince de la vie a triomphé de la puissance de la mort; et,
là seulement, il peut nous rendre participants de cette victoire. La
vie, pour nous, naît de la mort. Nous ne pouvons avoir communion
avec Celui qui nous a rachetés de la malédiction, que par la
communion avec Celui qui est « maudit pour nous et pendu au bois. »
Il est venu nous chercher sur la croix, nous devons le rencontrer là;
car sur la croix est notre place plus que la sienne ; il y est par
son libre choix, nous y sommes de droit. Mais là il y a échange ;
tandis qu'il prend sur lui notre corruption, nous revêtons sa vie.
Ainsi, de la croix de malédiction, il a fait une croix de
bénédiction. C'est par la communion intime et journalière avec
Christ crucifié, que nous goûterons la grandeur de son amour, la
puissance de sa vie, et la plénitude de son salut.
Il
est profond le mystère de la croix de Christ. Beaucoup de chrétiens
se contentent de contempler Christ, mourant pour nos péchés et se
soucient, peu d'entrer en communion avec ses souffrances. Beaucoup
n’ont aucune idée de ce que c'est que d'être crucifié avec
Christ ; ils considèrent les afflictions ordinaires de la vie qu'ils
ont en commun avec les enfants du monde, comme leur participation à
la croix de Christ. Mais se charger de la croix de Christ, c'est être
animés des mêmes sentiments qui ont conduit Jésus dans le sentier
de l'obéissance. Nul ne peut dire : « Je suis crucifié avec
Christ, » je demeure en Christ crucifié, sans connaître l'abandon
de sa volonté propre, le renoncement à tout désir de la chair, la
séparation complète d'avec le monde, d'avec sa manière de penser
et d'agir, sans savoir perdre et haïr sa propre vie, et s'oublier
dans l'intérêt des autres. Voilà les dispositions de celui qui
s'est chargé de la croix de Christ.
Demandez
à Dieu qu'il vous rende, par son Saint-Esprit, participants de la
croix de Christ, en vous apprenant, non seulement à croire en Christ
crucifié, mais encore à demeurer en lui, afin qu'étant « une même
plante avec lui par la conformité à sa mort, vous le soyez aussi
par la conformité à sa résurrection. »
«
Celui qui nous affermit avec vous en Christ, c'est Dieu. » (2 Cor. 1
: 21)
Il
est bon de nous rappeler que notre affermissement en Christ est
l'oeuvre du Père aussi bien que notre union à lui.
« L’Éternel achèvera de pourvoir à ce qui me concerne. » — «
Celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre, la rendra parfaite
pour le jour de Christ. » Celui qui nous affermit avec vous en
Christ, c'est Dieu. » Voilà autant de promesses dont nous devrions
nous nourrir; car elles sont propres à nous garder du découragement,
et nous montrent le vrai chemin du progrès dans la vie en Christ.
Combien de chrétiens se plaignent des fluctuations continuelles de
leur vie spirituelle. Un jour, ils sont pleins d'amour et de zèle
pour Dieu; le lendemain, tout est perdu. Prières, efforts,
résolutions, rien ne leur fait retrouver la communion de Dieu. Et
leur foi en est ébranlée. Tout cela vient de ce qu'ils ne
comprennent pas que Dieu seul peut nous affermir en Christ. Leurs
efforts sont la cause même de leurs chutes ; de même que, pour leur
justification, ils ont dû y renoncer et saisir par la foi les
promesses de vie, de même pour l'oeuvre de la sanctification, ils
ont besoin d'apprendre à ne s'assurer qu'en Dieu seul; et ils
recevront de lui, en abondance, ce qu'ils cherchent vainement par
eux-mêmes. « Dieu est fidèle, lui qui nous a appelés à la
communion de son fils Jésus-Christ. »
Quelle
source de paix, de savoir que Dieu veille à notre croissance, qu'il
travaille lui-même à rendre parfaite notre union avec Christ,
éloignant ce qui peut nuire à cette union, pourvoyant à ce qui
peut la favoriser. Quel repos de remettre enfin et complètement à
ses soins notre vie en Christ, et de sentir que tout ce que nous
faisons pour demeurer plus fidèlement en son fils, nos désirs, nos
pensées, nos prières, ne sont que la manifestation de son oeuvre en
nous; car c'est lui qui nous affermit, en nous portant, à veiller, à
attendre, à travailler. Mais il ne peut accomplir cette oeuvre avec
puissance que lorsque nous cessons de l’entraver par nos propres
efforts, et acceptons par la foi la position dépendante qui, en même
temps qu'elle l'honore, ouvre le coeur à son action. Alors, au
milieu de la vie bruyante et agitée du monde, des tentations
subtiles et incessantes du péché, au milieu des soucis journaliers
et des épreuves, même les plus grandes, l'âme, confiante, conserve
la paix, sachant que Dieu l'affermit en Christ.
Cette
bénédiction est à la portée de tous ceux qui ont cru. Et la foi à
cette parole « Celui qui vous affermit avec nous en Christ, c'est
Dieu, » ne nous donnera pas seulement la paix, mais sera le moyen de
réaliser les progrès que nous désirons. L'Ecriture nous enseigne
que dans toute la conduite de Dieu envers son peuple, la foi a
toujours été la condition de la manifestation de sa puissance; elle
met un terme à tous les efforts de la nature, elle affranchit de
tout joug; la foi, c'est la faiblesse qui s'avoue et saisit la
promesse de Dieu en réclamant son accomplissement elle consiste à
nous remettre tranquillement entre les mains de Dieu pour qu'il fasse
lui-même son oeuvre.
Voyez
ce que dit l'Ecriture :
«
C'est le Très Haut qui l'affermit » (Ps. 87: 3) — « A Celui qui
peut vous affermir... soit la gloire aux siècles des siècles. »
(Rom. 16 : 25) « Il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir
de l'affermir. » (Rom. 14 : 4) « Il vous affermira aussi jusqu'à
la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur
Jésus-Christ. » (1Cor. 1 : 8) — « Afin d'affermir vos coeurs
pour qu'ils soient d'une sainteté irréprochable devant Dieu. »
(1Th. 3 : 13) « Le Seigneur est fidèle, il vous affermira et vous
préservera du malin. » (2Th. 3 : 37) — « Le Dieu de toute grâce
qui vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle... vous
perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous
rendra inébranlables. » (1Pi 5 : 10).
Nous
avons là suffisamment de promesses pour nous permettre de croire
que, nous aussi, quelque vacillante qu'ait été jusqu'ici notre vie
spirituelle, quelque défavorables que puissent nous paraître nos
circonstances ou notre caractère naturel, nous pouvons devenir des
chrétiens affermis.
Commençons
par recevoir avec simplicité ces promesses comme venant de Dieu ;
peu à peu la confiance naîtra, et nous en verrons l'accomplissement
en nous. La chose est si simple ; Pourquoi faut-il tant de temps pour
la comprendre? N'est-ce pas peut-être que la grâce offerte est si
divinement grande, tellement au-dessus de nos pensées, que nous n'en
comprenons pas toute la portée? Le chrétien qui a découvert ce
qu'elle renferme et en a fait l'expérience, subit une véritable
transformation dans sa vie spirituelle. Jusque-là il s'était chargé
de son propre bonheur ; maintenant Dieu en prend soin. Il ne demande
plus qu'une chose : se sentir continuellement entre les mains de Dieu
et le suivre sans hâte ni retard, attendant qu'il produise en lui le
vouloir et le faire selon son bon plaisir.
Quelle
vie bénie qu'une vie de confiance comme celle-là! Mais, direz-vous
peut-être, nous avons essayé d'abandonner ainsi le soin de notre
vie intérieure à Dieu, mais nous ne pouvons le faire d'une manière
suivie; nous oublions, nous nous relâchons; et, au lieu de commencer
chacune de nos journées en nous déchargeant joyeusement des besoins
et des soucis de notre vie spirituelle sur le Père, nous nous
sentons de nouveau inquiets et languissants. Vous n'avez sans doute
pas remis au Père le soin mène de vous rappeler votre privilège de
pouvoir, chaque jour, renouveler votre abandon entre ses mains. La
mémoire est une grande puissance de notre nature. Par elle, un jour
se lie à l'autre, l'unité de la vie est conservée à travers nos
années, et nous nous reconnaissons nous-mêmes. Dans la vie
spirituelle aussi, le souvenir est d'un grand prix, et Dieu a pourvu
à la sanctification de notre mémoire. Le Saint-Esprit a pour
mission de nous en tenir lieu. Jésus dit « Il vous rappellera tout
ce que je vous ai dit. » Il nous est donné pour nous affermir. «Celui qui nous a affermis en Christ avec vous, c'est Dieu, lequel
nous a aussi marqués d'un sceau, et a mi» dans nos cœurs les
arrhes de l'Esprit. » Il vous rappellera non seulement les promesses
de Dieu, mais les actes de foi qu'elles ont provoqués en vous, et
les bénédictions que vous en avez reçues; et il vous portera ainsi
à renouveler vos expériences. Abandonnez donc, dès maintenant, à
Dieu, le souci de vos progrès, avec le soin de vous rappeler, jour
après jour, la nécessité de ne compter que sur lui seul pour être
affermis en Christ. Il le fera, et votre foi grandira journellement
et deviendra toujours plus joyeuse.
TREIZIÈME JOUR Demeurez
en Christ dans une communion de tous les instants.
«
En ce jour-là, chantez un cantique sur la vigne. Moi, l'Eternel,
j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant ; de peur qu'on
ne l'attaque, nuit et jour, je la garde. » (Esa. 27 : 2, 3)
La
vigne était le symbole du peuple d'Israël, au milieu duquel devait
se trouver le vrai cep, le sarment étant le type du fidèle
individuellement uni au cep. Ce cantique sur la vigne s'applique
aussi au cep et à chacun des sarments; et le devoir des gardiens de
la vigne est encore de répéter à chaque sarment : « Moi, l’Éternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant; de
peur qu'on ne l'attaque, nuit et jour je la garde. »
Nous
avons là, semble-t-il, la réponse de la bouche même de Dieu à
cette question si souvent posée : Est-il vraiment possible au
croyant de demeurer sur cette terre dans une communion ininterrompue
avec Jésus ? « Non, sûrement pas par ses propres forces. » Mais «
ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » Si le
Seigneur lui-même veut garder l'âme nuit et jour, veiller sur elle
et l'arroser à chaque instant, la communion constante avec Jésus
devient une possibilité à ceux qui peuvent se confier à la
fidélité de Dieu pour accomplir ce qu'il a promis. L'union du
sarment au cep subsiste jour et nuit, été et hiver, communiquant
constamment la vie du cep au sarment, et la communion du fidèle avec
son Sauveur est permanente.
Dans
un sens, on peut dire qu'il n'y a pas de fidèle qui ne demeure
toujours en Jésus. « Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est
jeté dehors. » Mais quand Jésus dit : « Demeurez en moi, » en
ajoutant « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruits, » il
parle de cet acte conscient, de libre abandon du coeur qui ne veut
plus vivre qu'en lui.
Il y
a deux objections principales qu'on oppose à la possibilité de
demeurer toujours en Jésus, volontairement consciemment. L'une est
tirée de la faiblesse de la nature humaine. Nous n'avons pas la
faculté de faire deux choses à la fois, dit-on; et le chrétien,
obligé de donner à ses affaires une attention soutenue, ne peut en
même temps se maintenir en communion active avec Christ. Cette
communion est considérée comme exigeant un tel effort et une telle
tension de l'esprit, que, pour pouvoir en jouir, il faudrait sortir
de la vie ordinaire. Nous reconnaissons là l'erreur qui a entraîné
les premiers moines au désert.
Mais
il n'y a heureusement aucune nécessité à se retirer du monde.
Demeurer en Jésus, ce n'est pas un travail qui absorbe à chaque
instant les facultés de l'esprit et du coeur ; c'est se confier à
la garde de son amour, dans l'assurance qu'il se tiendra près de
nous, nous préservera de tout mal et nous dirigera, tandis que nous
serons engagés dans les affaires de la vie, de sorte que le coeur
est en repos, se sentant gardé quand il ne peut se garder lui-même.
Nous
avons autour de nous de nombreux exemples de fortes affections
exerçant leur empire sur l'âme, tandis que l'esprit est absorbé
par des travaux divers. Le mari occupé tout le jour à son bureau,
loin de sa femme, est de coeur et d'esprit avec elle: quoi qu'il se
passe des heures où il ne peut pas même lui accorder une pensée,
tout ce qu'il fait, il le fait en vue d'elle et sous son influence.
Ne peut-il pas en être de même avec Jésus? Et mieux encore; car il
habite lui-même en nous. Ne peut-il pas prendre possession de notre
esprit et de notre coeur, tellement que nous ayons constamment
conscience de sa présence? Sa communion est une communion de vie ;
et, au travail comme au repos, nous pouvons sentir sa vie agissant en
nous.
L'autre
objection se base sur notre état de péché. Les chrétiens sont si
accoutumés à considérer le péché journalier comme inévitable,
que, pour eux, c'est chose admise que personne ne peut demeurer dans
une communion permanente avec le Sauveur. Mais n'est- ce pas
précisément parce que nous avons une nature entièrement corrompue,
que Dieu nous a préparé une union avec Christ, le saint, comme
notre unique délivrance? Comment
nous
donnerait-il ce commandement : « Demeurez en moi, » sans nous
assurer la grâce et la puissance de le faire?
Ayez
recours à Dieu comme au gardien d'Israël dont il est dit « L’Éternel te gardera de tout mal, il gardera ton âme ; » et vous
apprendrez à croire que Dieu a bien réellement préparé une
communion de chaque instant à tous ceux qui l'aiment.
Poursuivez
ce but. Avant de l'atteindre vous rencontrerez peut-être bien des
difficultés, d'autant plus que vous pouvez être entourés de
chrétiens en grand nombre qui sont loin d'être des témoins de la
fidélité de Dieu, comme Caleb et Josué, encourageant leurs frères
à monter pour posséder le pays et leur disant : « Nous y serons
vainqueurs. » «Si l’Éternel nous est favorable, il nous mènera
dans ce pays. » Que ces difficultés ne vous arrêtent pas, qu'elles
vous portent au contraire à vous appuyer davantage sur la parole de
Dieu lui-même.
Tous
n'arriveront pas de la même manière à cette communion. Les uns la
recevront subitement comme un don; en temps de réveil, quand
l'Esprit agit sur un grand nombre d'âmes à la fois, ou dans la
solitude, la lumière peut se faire tout à coup, et cette vie de
communion se révéler comme une chose toute simple qu'on s'étonne
de ne pas avoir comprise plus tôt. D'autres y arriveront plus
difficilement, à travers les chutes et les découragements par une
lutte de chaque jour ; que ceux-là ne craignent pas ; ce chemin
conduit aussi sûrement au repos ; qu’ils serrent dans leur coeur
cette promesse : « Moi, l’Éternel, je la garde huit et jour, je
l'arrose à chaque instant » qu’ils voient là le gage de l'amour
de Dieu qui les y fera parvenir.
Qui
que vous soyez, ne doutez plus de la possibilité de demeurer en
Christ chaque instant de votre vie; ne pensez plus que les devoirs et
les soucis, que les chagrins et les péchés doivent réussir à nous
en priver ; mais prenez plutôt, avec l'apôtre, le langage de la foi
: « J'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les
dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les
puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre
créature, ne pourra me séparer de l'amour de Dieu manifesté en
Jésus-Christ, notre Seigneur. » Et chaque fois que votre foi
chancelle, fortifiez-vous par ces paroles « Moi, l’Éternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant ; de peur qu'on ne
l'attaque, nuit et jour je la garde. »
QUATORZIÈME
JOUR Demeurez
en Christ jour après jour.
«
Le peuple sortira et ramassera jour après jour la quantité
nécessaire. » (Ex. 16 : 4)
Jour
après jour la quantité nécessaire : telle était la règle pour la
manne; telle est encore la loi pour toutes les dispensations de la
grâce de Dieu envers ses enfants. Ce principe, bien compris dans
toutes ses applications, est d'un grand secours. Le plus faible peut
ainsi parcourir joyeusement, presque sans s'en douter, sa carrière
terrestre. Un malade, gravement atteint, demandait à son médecin «
Combien de temps aurai-je à souffrir? » — Seulement un jour à la
fois, fut la réponse. Dieu enseigna cette leçon à son peuple dans
tous les âges. C'est déjà, sans doute, dans cette pensée d'amour
et de compassion pour la faiblesse de l'homme, qu'il fit succéder la
nuit au jour, le jour à la nuit. Le repos de la nuit prépare au
lendemain et permet de reprendre chaque jour la vie comme tout à
nouveau; l'expérience
porte son fruit, les fautes de la veille sont évitées. Dieu ne nous
demande d'être fidèle qu'un jour à la fois, mais un jour s'ajoute
à l'autre, une année à une autre année; ainsi la vie a soin
d'elle-même et se passe sans que le sentiment de sa longueur et de
son poids devienne un fardeau.
Cette
pensée est des plus encourageantes pour notre vie spirituelle. Que
d'âmes s'inquiètent de savoir comment elles pourront ramasser la
quantité de manne nécessaire à leur long voyage, au travers du
désert aride de la vie! Ce grand principe : jour après jour, enlève
tout souci du lendemain. Aujourd'hui seul nous appartient ; demain
est au Père. Inutile alors de nous demander quelle garantie nous
avons de pouvoir demeurer en Jésus toute notre vie au milieu des
rigueurs, des tentations et des épreuves du monde. La nourriture et
la force, comme la manne, ne sont accordées qu'au jour le jour. La
fidélité dans le présent est notre seule garantie pour le futur.
Acceptons et jouissons, accomplissons de tout notre coeur ce que nous
avons faire aujourd'hui, et l'expérience du secours de Dieu
aujourd'hui nous ôtera toute crainte de manquer de confiance demain.
Nous
voyons par là le prix que nous devons attacher à chacune de nos
journées. Nous sommes facilement portés à considérer la vie comme
un tout et à négliger le court espace d'un jour ; nous oublions que
les jours font les années, que la valeur d'un jour dépend de son
influence sur tout l'ensemble de la vie. Un jour perdu est un anneau
brisé de la chaîne et en demande souvent plus d'un pour être
réparé ; il déteint sur le suivant et le rend plus difficile à
passer: il peut même rendre inutile le travail de mois et d'années.
Voulons-nous
demeurer en Jésus? Faisons-le jour après jour. C'est autre chose
encore que de demeurer en lui à chaque instant. Il y a beaucoup de
moments dans notre vie où nous demeurons en Jésus en nous reposant
simplement sur l'assurance qu'il nous garde; mais pour nous assurer
cette communion de tous les instants, nous devons renouveler chaque
jour notre acte d'abandon et de confiance. C'est là demeurer en
Christ jour après jour. Dieu a groupé en quelque sorte nos moments
en journées afin que nous apprenions à les compter. Si nous les
considérons d'avance le matin ou les repassons le soir en pesant
chaque moment séparément. Nous apprenons à les employer avec
sagesse. Puisque Dieu se présente à nous chaque matin, nous offrant
la bénédiction de la journée pour nous et les nôtres,
acceptons-la, reconnaissant chaque jour à nouveau avec actions de
grâce la position qui nous est faite en son Fils bien-aimé.
Comprenons la valeur de chaque jour en vue de notre vocation à
demeurer en Christ. Accueillons-le avec gratitude quel qu'il soit,
jour de santé ou de maladie, de joie ou de tristesse, de repos ou de
travail, de combat ou de victoire, comme un don de Dieu, par lequel
nous pouvons être unis plus Intimement à lui.
La
provision de manne pour Israël devait durer tout le jour, mais la
récolte se faisait de bonne heure, le matin. Ceci nous révèle
l'influence qu'a, sur la journée entière, l'emploi de la première
heure. « Si les prémices sont saintes, la manne l'est aussi. »
Pendant la journée viennent les heures de travail et les
distractions de tout genre, le Père seul peut nous garder dans une
communion non interrompue avec Jésus. Le fidèle doit s'assurer dès
le matin la provision pour la journée en renouvelant, directement sa
communion avec le Sauveur par un moment de prière et de méditation
intime ; et cette communion l'accompagnera tout le jour.
Quelle
bénédiction mise à notre portée ! Pouvoir, dans le silence et la
paix du matin, faire une revue anticipée des différents devoirs et
des tentations qui nous attendent, les traverser pour ainsi dire
d'avance avec notre Sauveur, remettant tout entre ses mains ; puis
aller au-devant de la journée dans l'assurance
qu'elle sera une journée de bénédiction et de progrès!
Et
quand nous avons appris comment Jésus peut, de jour en jour, nous
garder pour la journée, nous avons trouvé, sans nous en douter, le
secret de cette règle : « Chaque jour, à perpétuité. » (Ex.
XXIX : 38) La fidélité d'un jour prépare celle du lendemain, et
rend la confiance et l'abandon toujours plus faciles. Ce qui
paraissait impossible à atteindre est rendu possible à celui qui se
contente d'offrir, jour après jour selon ce qui est ordonné pour
chaque jour. (Esdr. III : 4) Déjà maintenant, nous pouvons entendre
ce témoignage : C'est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été
fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup. Notre vie devient
alors un échange journalier de grâces et de louanges. Nous arrivons
à comprendre pourquoi Dieu ne nous pourvoit que pour un jour à la
fois mais suffisamment pour chaque jour ; et entrant nous mêmes dans
cette voie, nous demandons chaque jour la portion de la journée. La
vie spirituelle devient ainsi continue comme la vie terrestre, et la
vie en Christ nous apporte jour après jour sa bénédiction
quotidienne.
QUINZIÈME
JOUR Demeurez
en Christ maintenant.
«
Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut. » (2
Cor. 6 : 2)
Dans
la vie en Christ, l'habitude de vivre d'heure en heure est d'une
importance si capitale, surtout au point de vue de la part que nous
devons prendre dans cette vie de communion, que nous ne saurions trop
y revenir; et à tous ceux qui désirent apprendre ce mode de vivre
si béni, nous leur dirons d'emblée : le meilleur moyen d'y parvenir
est de ne s'inquiéter que du moment présent. Chaque fois que votre
attention est libre de se tourner vers Jésus, soit avec du temps
pour réfléchir ou pour prier, soit seulement pour quelques
secondes, que votre première pensée soit : Je suis maintenant en
Jésus.
Ne
perdez pas cet instant en vains regrets sur le passé ou en craintes
pour l'avenir ; mais persuadez-vous que, pour le moment présent,
vous êtes en Christ, non parce que vous le sentez, mais parce que
vous le voulez. Ce n'est pas une question de sentiment, ni de progrès
ou de force dans la vie chrétienne; il s'agit simplement de savoir
si votre volonté est, pour le moment, de reconnaître la place qui
vous est faite comme croyant, dans le Sauveur ; car si vous êtes un
croyant, vous êtes en Christ, et c'est votre devoir de vous en
rendre compte.
Une
des forces de la vie de la foi est renfermée dans ce mot maintenant.
Savoir faire l'expérience que maintenant, quelles que soient nos
circonstances, l'oeuvre du salut s'accomplit en nous, que maintenant
Jésus nous appartient et toutes choses en lui, que nous pouvons en
disposer maintenant, tel est le secret du repos et de la victoire. Au
lieu de chercher en vain à entrer dans un état d'âme durable qui
vous permette de demeurer en Christ d'une manière permanente,
commencez, par la foi, à y demeurer dans le moment présent. Jésus
vous gardera pour le moment suivant, et vous arriverez par ce chemin
à la communion de tous les instants.
La
vie de communion permanente n'est pas un don qui nous soit fait en
bloc ; il nous est accordé au fur et à mesure. C'est pourquoi
saisissez toutes les occasions d'exercer votre foi à vous confier
pour le moment présent. Même quand vous êtes surpris par le péché
et que votre coeur est troublé, confessez votre péché comme
demeurant néanmoins en Christ,
implorant,
malgré tout, les fruits de la communion. Et pourquoi ne pas entrer
dans cette vie de communion constante à cet instant, tandis que vous
lisez ces lignes?
Il y
a dans la vie de David un trait qui peut servir à rendre cette
pensée plus claire. (2 Sam. III : 17, 18). David avait été oint
roi en Juda ; les autres tribus suivaient encore Isçbosceth, fils de
Saül. Abner, chef de l'armée de Saül résolut de les amener à se
soumettre à David, le roi donné par Dieu à toute la nation. «
Vous désiriez autrefois avoir David pour roi, dit-il aux anciens;
établissez-le maintenant, car l'Eternel a dit de lui : C'est par
David, mon serviteur, que je délivrerai mon peuple d'Israël de la
main des Philistins et de la main de tous ses ennemis. Ils le firent
et oignirent David, une seconde fois pour être roi sur tout Israël
comme ils l'avaient fait une première fois, sur Juda seulement. »
(2 Sam. V : 3)
L’âme
suit souvent le même chemin qu’Israël. Elle ne reconnaît d’abord
que partiellement Jésus pour roi; or, le coeur partagé ne peut
vaincre ses ennemis. Jésus est établi roi en Juda, l'endroit de la
montagne sainte, c'est-à-dire dans l'intimité de l'âme; mais le
territoire environnant, la vie journalière, est encore dirigé par
la volonté propre et par d'autres puissances; aussi pas de vraie
paix intérieure, ni de victoire sur des ennemis. Au début, le
croyant, comme Israël, a bien désiré que Jésus régnât sur la
vie entière; mais l'incrédulité l'a détourné et l'a privé de la
puissance de Jésus pour l'affranchir de ses ennemis. Il a soif,
cependant, de quelque chose de meilleur, mais sans plus oser
l'espérer. La promesse se présente alors de nouveau avec le
maintenant libérateur. « Établissez-le maintenant ; car l’Eternel
a dit de lui : C'est par David, mon serviteur, que je délivrerai mon
peuple d'Israël de la main des Philistins et de la main de tous ses
ennemis. » Magnifique type de la promesse par laquelle l'âme est
invitée à se confier en Jésus pour obtenir la victoire sur le
péché, et une vie de complète communion. Le triomphe est certain ;
car la promesse était de Dieu « L’Éternel a dit. » Pour nous aussi
le triomphe était, certain. (Lu I : 70-75.) « Il a suscité, comme
il l'avait annoncé, un Sauveur qui nous délivre de nos ennemis et
de la main de tous ceux qui nous haïssent,... selon le serment par
lequel il avait juré de nous permettre, après que nous serions
délivrés de la main de nos ennemis, de le servir sans crainte, en
marchant devant lui dans la sainteté et dans la justice, tous les
jours de notre vie. » David régnant sur toute l'étendue du pays,
conduisant un peuple uni et éclairé, de victoire en victoire, telle
est l'image de ce que Jésus peut faire pour nous, dès que, par la
foi dans la promesse de Dieu, tout lui est assujetti, qui; notre vie
entière lui est abandonnée pour être gardée dans sa communion. « Établissez-le maintenant ? » dit Abner. « Voici maintenant le temps
favorable voici le jour du salut, » dit aussi l'apôtre. Quel que
soit le moment présent que nous soyons préparés ou pris par
surprise, maintenant est le temps favorable pour reconnaître Jésus
roi sur notre vie, dans tous ses domaines.
Il
faudra sans doute du temps pour que le Seigneur établisse son règne
et mette tout en nous d'accord avec sa volonté, pour qu'il vainque
les ennemis et tourne toutes nos forces à son service. Ce n'est pas
l'oeuvre d’un instant. L'oeuvre d'un instant, de l'instant présent,
c'est l'abandon de tout à Jésus, de notre être entier pour ne
vivre qu'en lui. A mesure que la foi sera rendue, par l'exercice,
plus forte et plus joyeuse, cette consécration peut devenir plus
précise et plus éclairée; mais, en vain, attendrions-nous qu'elle
le devint sans la pratique de la foi. Le seul moyen d'y arriver
jamais est d'entrer immédiatement dans cette voie de complet
abandon. « Établissez-le maintenant, » Jésus est toujours prêt à
répondre à tout acte de foi.
Commencez,
et vous expérimenterez bien vite combien la bénédiction du moment
présent se reporte sur le suivant. Quelque insignifiant qu'il
paraisse, le moment présent n'est cependant rien moins que le
commencement du moment toujours présent qui est le
mystère
et la gloire de l'éternité.
SEIZIÈME
JOUR Demeurez
en Christ renonçant à tout pour lui.
«
J'ai renoncé à tout et je regarde toutes choses comme de la boue,
afin de gagner Christ et d'être trouvé en lui. » (Philip. III : 8,
9.)
Partout
où il y a vie, il y a échange, et la faculté de recevoir s'accroit
à proportion de ce qu'on donne.
Certains
chrétiens font consister les bienfaits de la vie spirituelle dans le
privilège de toujours recevoir; et cependant le renoncement
continuel à tout ce que nous avons peut seul faire abonder en nous
les richesses divines. Jésus insistait beaucoup sur cette vérité.
Quand il parlait de vendre tout pour s'assurer un trésor de perdre
sa vie pour la retrouver, quand il promettait à ses disciples le
centuple de ce qu'ils abandonnaient, il indiquait le sacrifice de
soi-même comme la loi du royaume des cieux, pour lui-même aussi
bien que pour tout croyant. En effet, « pour gagner Christ et être
trouvé en lui, » il faut pouvoir dire avec Paul : « Je regarde
toutes choses comme une perte à cause de l'excellence de la
connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. »
Essayons
de découvrir à quoi nous devons renoncer. Tout d'abord au péché.
Il ne peut y avoir de vraie conversion sans l'abandon du péché.
Néanmoins, chez le nouveau converti, soit qu'il ignore ce qui est
réellement péché, ou quelles sont les exigences de la sainteté de
Dieu, soit qu'il ne connaisse pas encore la puissance de Jésus pour
nous faire triompher du mal, la rupture n'est que partielle et
superficielle. Mais avec le développement de la vie chrétienne, le
besoin de se séparer toujours plus de tout ce qui est impur se fait
sentir ; et il vient un moment où l'âme, désirant la communion de
Jésus, voit la nécessité d'un nouvel acte de consécration, par
lequel elle ratifie sa mort au péché en Christ, et rompt
définitivement avec tout ce qui est péché pour ne plus servir que
la justice. Elle le fait joyeusement ; car elle a pu constater que
chaque péché abandonné favorise la présence de Christ en elle.
Après
le péché vient la propre justice. Quoique nous nous défendions en
toute sincérité du mérite des oeuvres, nous sommes longtemps avant
de savoir ce que c’est que de ne pas s’attribuer la moindre place
et le moindre droit devant Dieu. Sans nous en douter, nous laissons
souvent libre cours aux impulsions de notre esprit, de notre coeur et
de notre volonté. Au lieu de tout attendre du Saint-Esprit, dans
tout ce que nous faisons pour le service de Dieu dans la prière,
dans l'adoration, dans la lecture de la Bible, nous attendons de
nous-mêmes une part que nous sommes incapables de fournir. Mais une
fois que nous avons reconnu qu'en nous c'est-à-dire en notre chair
n'habite aucun bien nous voyons qu'il n'est pas possible de demeurer
en Christ sans abandonner tout ce qui est de nous-mêmes pour ne
dépendre que du souffle du Saint-Esprit, seul capable de produire ce
qui est agréable et Dieu.
Viennent
ensuite les facultés et les dons naturels que nous tenons de notre
Créateur ainsi que les occupations et les intérêts dont sa
providence nous a entourés. C'est une erreur de croire qu'une fois
convertis ces choses sont naturellement au service du Seigneur. Il
faut pour
cela une grâce toute particulière. Lors même que nous sommes
enfants de Dieu, nos dons et nos facultés sont encore souillés par
le péché et sous la domination de la chair ; ils me peuvent être
employés tels quels à la gloire de Dieu, et nous sommes par
nous-mêmes totalement incapables d'en user convenablement. Ils sont
même dangereux pour nous, parce que, par leur moyen, la vieille
mature, le moi reprend facilement sa puissance. Cette conviction doit
nous amener à y renoncer et à les apporter à Christ pour qu'il en
prenne possession et les purifie; quand il les a acceptés et marqués
de son sceau, ils nous sont rendus, mais pour les considérer
dorénavant comme la propriété de Jésus et attendre de lui seul la
grâce d'en user sainement et uniquement sous son influence. Ici
encore, l'entière consécration est le chemin du salut parfait. Non
seulement ce que nous avons abandonné nous est rendu pour être
doublement à nous, mais en renonçant à tout, nous recouvrons tout.
Il
en est de même pour toutes les occupations et les biens légitimes
que Dieu nous a confiés, pour le filet des pêcheurs de Galilée
comme pour les devoirs domestiques de Marthe, pour les affections
naturelles : la famille et les amis. Jésus exerçait ses disciples à
renoncer à tout pour lui. C'est, la loi du royaume de sa grâce, que
toutes choses sont faites nouvelles pour nous dans la mesure où les
choses anciennes sont passées ou rejetées.
Ce
principe a une application plus profonde encore : les dons purement
spirituels, qui sont l'oeuvre directe de l'Esprit de Dieu au dedans
de nous, ces dons mêmes doivent être remis entre les mains de Dieu.
L'échange continuel, qui est le principe fondamental de la vie, ne
peut cesser un instant. Aussitôt que le croyant commence à se
complaire dans la jouissance de ce qu'il a, la communication de
grâces nouvelles est retardée et menace d'être arrêtée ; les
flots de l'eau vive ne peuvent couler que dans l'âme altérée.
Chaque bénédiction doit retourner à Dieu de qui nous la tenons,
pour être mise à sa disposition; alors elle nous apporte le parfum
du ciel, et nous pouvons en recueillir tout le fruit. N'est- ce pas
là ce que nous enseigne Isaac sur Morija ? N'était-il pas le fils
de la promesse le don miraculeux de la toute puissance de Celui qui
fait revivre les morts? (Rom. IV : 17). Et pourtant il a fallu qu'il
fût immolé pour pouvoir être recouvré et devenir mille fois plus
précieux qu'auparavant.
Ce
renoncement à tout pour Christ est-il un acte unique dans la vie ou
bien une marche à poursuivre de jour en jour? L'un et l'autre.
Lorsque le croyant ouvre les yeux à cette vérité, il peut arriver
qu'à un moment donné, disposé par la puissance de Dieu, il s'offre
tout entier et pour la vie sur l'autel en sacrifice vivant et
agréable. Des moments comme ceux- ci ont souvent marqué la
transition bénie d'une vie d'errements et de chutes à une vie en
Dieu dans laquelle se manifeste la puissance divine ; mais encore
faut-il que ce sacrifice soit continu et journellement renouvelé
dans tous les détails de la vie, et qu'une prière incessante monte
du coeur pour obtenir une intelligence toujours plus grande de cet
abandon parfait et de cette consécration constante de toutes choses
à Dieu. La nature recule devant l'application rigide à tous les
détails de la vie d'un tel renoncement; mais ce que la nature n'aime
pas, ce qu'elle ne peut faire, la grâce l'accomplit ; et elle fait
même de cette vie de sacrifices une vie de joie et de gloire. Ayez
recours à cette grâce et vous recevrez le centuple de tout ce que
vous aurez sacrifié. Se donner tout entier à Christ pour le
posséder tout entier, tel est le secret de la vie en Christ.
DIX-SEPTIÈME
JOUR Demeurez
en Christ par la puissance du Saint-Esprit.
«
L'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous,... comme cette
onction vous enseigne toutes choses,... vous demeurerez en lui, selon
qu'elle vous a enseignés. » (1 Jean II : 27)
Vivre
toujours en Christ ! N'est-ce pas là le but de nos désirs ?
Néanmoins beaucoup de chrétiens croient la chose impossible et
accueillent avec un soupir cette invitation de Jésus : « Demeurez
en moi. » Nous voudrions leur rendre la joie et l'espérance en leur
rappelant cette parole de Jean qui nous sert de texte ; car elle
affirme que ceux qui ont cru ont reçu l'onction du Saint-Esprit pour
leur enseigner toutes choses, par conséquent aussi pour leur
apprendre comment ils peuvent demeurer en Christ.
Plusieurs,
malheureusement, répondront que cette promesse ne leur est d'aucun
secours, n'ayant jamais pu discerner la voix du Saint-Esprit.
Des
pensées comme celle-ci viennent de l'erreur, très commune, qui
consiste à croire que le Saint-Esprit révèle les mystères de la
vie spirituelle à l'intelligence d'abord, et, ensuite seulement, à
l'expérience. Les voies de Dieu suivent une marche exactement
inverse. Nous devons pratiquer la vérité et en faire l'expérience
pour la connaître. « Ce que je fais, tu ne le comprends pas
maintenant, mais tu le comprendras bientôt, » est une règle du
royaume des cieux. Accepter ce qu'on ne comprend pas, se soumettre à
ce qu'on ne s'explique pas, croire ce qui paraît impossible, marcher
dans un chemin dont l'issue vous est cachée; voilà les premières
leçons qu'il faut apprendre à l'école de Dieu. « Si vous
persistez dans ma doctrine, vous connaîtrez la vérité. » Le vrai
disciple commence par suivre le Seigneur, et la connaissance vient
par sa communion avec lui.
L'enseignement,
du Saint-Esprit consiste à diriger notre vie spirituelle, sans que
nous sachions toujours comment, en vue des choses que Dieu a
préparées pour nous. Fort de la promesse de Dieu, et s'appuyant sur
sa fidélité, le croyant, se place sous la direction du
Saint-Esprit, consentant à le laisser faire son oeuvre dans son âme
sans toujours s’expliquer ce qu’il fait. Par la foi, il croit à
l'action cachée de l'Esprit dans les retraites profondes de sa vie
intérieure, en sorte que la parole de Jésus-Christ et le don du
Saint- Esprit lui sont une garantie suffisante que l'Esprit lui
enseignera comment demeurer en Christ et l'amènera à la communion
constante. Le Saint-Esprit est l'Esprit de vie en Jésus- Christ ; et
son oeuvre n'est pas seulement de produire la vie nouvelle, mais
aussi de l'entretenir de la fortifier et de l'amener à la
perfection. Dans la mesure où le croyant se soumettra sans réserve
à la loi de l'Esprit de vie, sa foi se changera en connaissance,
l'Esprit lui révélant dans la Parole ce dont il lui aura fait faire
l'expérience dans sa vie.
Cette
expression des Écritures « la communion de l'Esprit » nous donne
une idée de l'oeuvre immense confiée au Saint-Esprit. Il est le
lien qui unit le Père et le Fils, qui unit les croyants entre eux,
par-dessus tout qui unit Christ et les croyants; il est la sève qui
fait du cep et des sarments une seule et même plante ; si nous
croyons à sa présence en nous et si nous veillons à ne pas le
contrister, si nous demandons sans cesse qu'il nous remplisse, il
nous enseigne à demeurer en Christ presque sans que nous sachions
comment, d'abord amenant notre volonté à nous attacher à Christ de
tout notre coeur ; puis animant notre foi d'une confiance et d'une
attente toujours plus grandes; enfin répandant dans notre
coeur
une paix et une joie qui surpassent toute intelligence. Passant ainsi
par le coeur et la vie à l'intelligence, il nous fait connaître la
vérité, non comme une chose abstraite, mais comme la réalité qui
est en Christ.
Pour
être mis en possession de la vie en Christ par cet enseignement de
l'Esprit, nous avons, avant tout, besoin d'une foi calme et
confiante. Au milieu de toutes les questions et les difficultés que
peuvent faire surgir nos propres efforts, quand il nous arrive
d'éprouver un ardent désir d'être aidé par un chrétien
d'expérience, ou que nous sommes accablé par le sentiment pénible
de nos chutes, de notre ignorance, de notre faiblesse, tenons-nous
fermes à cette bienheureuse confiance : Nous avons reçu l'onction
du Saint-Esprit pour nous enseigner à demeurer en lui. « L'onction
que vous avez reçue de lui, demeure en vous ; vous demeurerez en
lui, selon qu'elle vous a enseignés. » (1 Jean 2 : 27). Faites de
cet enseignement de l'Esprit concernant la vie en Christ, un objet
spécial de foi. Croyez que si vous l'avez demandé et le demandez
encore au Père, déjà vous avez l'Esprit en vous, qu'il travaille
lors même que vous ne pouvez vous en douter, et qu'il fera son
oeuvre avec puissance si vous ne l'empêchez pas. Il est impossible
de vivre une pleine communion avec Christ sans être rempli du
Saint-Esprit. Ayez donc soin de vous placer fréquemment par la
prière au pied du trône de Dieu et de l'Agneau, d'où découlent
des flots d'eau vive ; car c'est là, là seulement que vous pourrez
être rempli de l'Esprit. Alimentez votre foi par la Parole et par
tout ce qu'elle dit de l'Esprit, de sa puissance, de ses consolations
et de son oeuvre. Que cette foi en sa présence vous détourne de
tout ce qui pourrait le contrister, esprit mondain, oeuvres de la
chair et de la propre justice; qu'elle vous porte à regarder à
Christ, duquel nous avons reçu l'onction et qui peut la faire
abonder toujours plus en nous. Il est « l'Oint. » Quand nous
regardons à lui la sainte onction descend sur nous « comme l'huile
précieuse, répandue sur la tête d'Aaron, descend sur le bord de
ses vêtements. » (Psaume 133).
Acceptée
ainsi, la vie en Christ peut-elle être encore un sujet de tristesse
et d'effroi? Non, assurément. Si nous connaissions l'excellence de
notre Consolateur et les bénédictions qui découlent d’une pleine
soumission à sa volonté, nous apprécierions mieux le privilège
d'avoir un tel guide pour nous amener à la vie en Christ. Sa mission
est de nous faire réaliser constamment la présence en nous du
Sauveur vivant dans toute sa puissance rédemptrice et la plénitude
de sa victoire sur le péché. Il est appelé, à cause de cela, le
Consolateur. Avec lui, nous ne devons jamais pleurer un Jésus
absent.
Ayez
donc l'assurance que le Saint-Esprit, qui est en vous, vous
enseignera toutes choses, et qu'il vous fera vivre toujours en
Christ, si vous ne résistez pas à son influence par votre
incrédulité.
DIX-HUITIÈME
JOUR Demeurez
en Christ en vous tenant en repos.
«
C'est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c'est
dans le calme et la confiance que sera votre force. » (Esa. XXX :
15) « Garde le silence devant l'Eternel et espère en lui. » (Ps.
XXXVII : 7) « Oui, c'est en Dieu que mon âme se confie. » (Ps.
LXII : 2)
Nous
sommes facilement portés à considérer la vie chrétienne comme une
association entre Dieu et l'homme, admettant bien que la part de
l'homme dans cette association est petite
et entachée de péché mais que s'il ne la fait de son mieux, il ne
peut attendre de Dieu qu'il fasse la sienne. Dès lors, nous avons
peine à comprendre ce que les Ecritures entendent, lorsqu'elles
parlent de se tenir en repos et d'attendre de voir le salut de Dieu,
lorsqu'elles présentent cette tranquillité et cette absence de tout
effort comme le secret de la force et de la plus grande activité de
l'homme. Voici comment s'explique cette apparente contradiction.
Lorsqu'il est parlé de Dieu et de l'homme comme travaillant
ensemble, il n'est pas question d'une alliance entre deux associés
faisant chacun sa part d'un même travail, mais plutôt d'une
coopération basée sur le principe de la subordination. Comme Jésus
était entièrement dépendant du Père pour toutes ses paroles et
ses oeuvres, de même le croyant ne peut rien faire de lui-même. Il
faut qu'il y renonce et attende l'oeuvre de Dieu en lui. Quand il
fait trève à tout effort, la foi lui donne l'assurance que Dieu
accomplit ce dont il s'est chargé, et l'oeuvre de Dieu con- siste à
renouveler, sanctifier, stimuler toutes ses forces, en sorte que
selon la mesure où le croyant se constituera réellement un
instrument passif dans sa main, Dieu fera de lui l'instrument actif
de sa toute-puissance. (Jean 5 : 19-28)
L'expérience
de la vie chrétienne sera d'autant plus grande chez le croyant,
qu'il réalisera mieux cette merveilleuse combinaison d'une entière
passivité avec la plus grande activité.
Rien
n'est plus favorable à la communion avec Jésus, que la tranquillité
d'âme. Dans cet état seulement, nous pouvons obtenir la, docilité
qui permet au Seigneur de nous révéler ses secrets et de nous
montrer notre chemin.
C'est
cette disposition d'esprit que nous voyons se manifester, dans toute
sa beauté, chez ces trois femmes dont parle l’Évangile ; d'abord
Marie qui a pu dire : « Voici la servante du Seigneur, qu'il
m'arrive selon que tu m'as dit ; » et dont il est écrit qu'elle «
conservait toutes ces choses et les repassait dans son coeur. » Puis
cette autre Marie qui restait assise aux pieds de Jésus, l'écoutant
parler, et qui montra, en oignant le Seigneur pour sa sépulture,
combien elle avait pénétré dans le mystère de sa mort, plus
profondément même que le disciple bien-aimé. Enfin cette grande
pécheresse cherchant son Sauveur jusque dans la maison du pharisien,
avec des larmes qui en disaient plus que des paroles.
Quand
l'âme se tient silencieuse en la sainte présence de Dieu, elle
reçoit des enseignements que ses propres efforts et l'agitation de
ses pensées ne lui avaient jamais laissé entendre auparavant ; et
elle comprend toujours mieux que son salut est dans ce repos intime :
écouter, croire, veiller, attendre pour voir ce que Dieu fera ;
puis, dans la foi et l'obéissance, se soumettre à l'action de Celui
qui opère avec puissance.
Il
semble qu'aucun message ne devrait nous être plus doux et plus
précieux que le commandement de rester tranquilles et de nous tenir
en repos, Dieu se chargeant de travailler pour nous et en nous.
Pourquoi avons-nous tant de peine à l'accepter? Pourquoi sommes-nous
si lents à comprendre que la tranquillité de l'âme est une
bénédiction, une force, une source de grande activité, le secret
de toute véritable vie en Christ? Cherchons ensemble ce qui nous
prive de ce repos de l'âme. Nombreux sont les dangers qui le
menacent.
Il y
a d'abord la dissipation de l'âme, provenant d'une préoccupation
inutile ou trop grande des intérêts de ce monde. Chacun de nous a
sa vocation terrestre; et, dans le cercle
prescrit
par Dieu, l'intérêt pour notre travail et pour ce qui le concerne
est un devoir. Mais, même en ceci, le chrétien a besoin de
vigilance et de modération. Nous devons encore plus veiller à une
sainte réserve dans les choses qui ne nous sont pas absolument
imposées par Dieu. Si demeurer en Christ, est réellement notre
premier but, prenons garde à cette excitation inutile ; prenons
garde même dans les choses nécessaires et légitimes, au pouvoir
extraordinaire qu'elles ont d'absorber tellement l'âme, qu'il lui
reste peu de force et peu de goût pour la communion avec Dieu.
L'inquiétude et les soucis au sujet des choses terrestres, tendent
constamment à détruire la vie confiante, et rendent l'âme
semblable à une mer agitée. Dans cet état, il est impossible
d'entendre le son doux et subtil de l'Esprit.
L'esprit
de crainte et de méfiance dans les choses spirituelles, n'est pas
moins nuisible; de même le trouble provenant de ce que nous
cherchons dans nos propres efforts et dans nos propres forces, les
bénédictions spirituelles qui ne viennent que d'en haut.
Enfin,
même lorsque l'âme cherche sincèrement à entrer dans le chemin de
la foi, il y a le danger de l'impatience de la chair qui juge de la
vie et des progrès de l'âme au point de vue humain et non divin.
En
face de ces dangers et de tant d'autres encore, heureux celui qui
apprend à tenir son âme en repos, selon cette parole : « C'est
dans le calme et la confiance que sera votre force! »
Que
personne ne s'imagine pouvoir demeurer en Christ avec une âme agitée
et sans avoir chaque jour son moment de tranquillité, son heure de
méditation, où il écoute son Dieu. Dans ces moments, nous devons
chercher à entrer dans un état d'âme qui nous permette de passer
au milieu du monde et de ses distractions, le coeur et l'esprit
remplis de cette paix de Dieu, qui surpasse toute connaissance et
nous garde de tout mal. Ce silence de l'âme fortifie la foi, permet
au Saint-Esprit de se faire entendre et au Père d'accomplir son
oeuvre glorieuse.
Recherchez
auprès de Dieu, qui seul peut la donner, cette disposition d'esprit
; cultivez-la comme un moyen de vivre en Christ et attendez-vous à
la recevoir comme fruit de sa communion.
DIX-NEUVIÈME
JOUR Demeurez
en Christ dans l'affliction et dans l'épreuve.
«
Tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde afin qu'il porte encore
plus de fruit. » (Jean XV : 1)
Aucune
plante ne donne une plus fidèle image des relations de l'homme avec
Dieu que le cep de vigne. Aucune ne produit un fruit aussi savoureux,
aussi fortifiant tout en ayant une tendance naturelle si prononcée à
pousser des jets sauvages et inutiles. Aucune ne réclame autant de
soins et de culture et ne demande à être taillée aussi souvent et
impitoyablement mais aussi aucune plante ne récompense plus
richement de ses peines le cultivateur. Le Sauveur signale par un
seul mot, la nécessité d'émonder la vigne et le résultat
merveilleux qu'on obtient par ce moyen. Mais quelle lumière ce seul
mot jette sur les souffrances des croyants! Quels trésors de
consolations il renferme pour les heures d'épreuves « Tout sarment
qui porte du fruit, il l'émonde afin qu'il porte plus de fruit. »
Par ces
paroles Jésus a préparé ses disciples, si facilement ébranlés
dans leur confiance, à voir dans chaque affliction un message qui
les sollicite à demeurer encore plus intimement en lui.
Nous
faire demeurer en Christ, tel est, en effet, le but du Père en
envoyant l'épreuve. L'arbre tourmenté par l'orage plonge ses
racines plus profondément dans le sol ; par la souffrance, le Père
veut nous faire pénétrer plus avant dans l'amour du Sauveur. Nos cœurs sont enclins à s'éloigner constamment de lui ; la prospérité
et les jouissances nous satisfont trop aisément et nous rendent
impropres à sa communion. C'est une grâce du Père de semer des
tristesses sur notre route, de nous priver momentanément de joies
devenues dangereuses pour nous. Il le fait pour nous amener à sentir
plus vivement notre état de péché, pour nous pousser à chercher
notre repos en Christ, afin que, lorsque l'affliction sera ôtée,
nous soyons tellement affermis en lui, que dans la prospérité, il
soit encore notre seule joie. Quoi qu'il lui en coûte d'affliger, il
n'épargnera pas les châtiments les plus douloureux si, par là,
peut ramener son enfant à demeurer en son Fils bien-aimé.
Appliquons-nous à voir dans toute épreuve, grande ou petite, un
témoignage de son amour.
Demeurons
en Christ ; et nous aurons part à toutes les riches bénédictions
que Dieu nous destine dans l'affliction. Notre assurance en son
fidèle amour s'affermira, et la puissance de son Esprit accomplira
en nous cette promesse: « Dieu nous châtie pour notre profit, afin
de nous rendre participants de sa sainteté. » Notre croix deviendra
un moyen de communion avec sa croix ; rendus semblables à notre
Sauveur dans ses souffrances, nous aurons une expérience plus intime
de son amour. Nous serons purifiés de toute souillure et affinés
comme de l'or pur de telle sorte que l'image même de Christ se
reflétera en nous ; la puissance de la chair sera détruite,
l'impatience et la volonté propre seront domptées et remplacées
par la douceur et l'humilité de Jésus. «Un croyant peut passer
sans profit par beaucoup d'afflictions mais s'il demeure en Christ,
il en retire la bénédiction.
Demeurons
en Christ; et nous trouverons en lui une abondante consolation. Dans
l'affliction nous cherchons souvent la consolation d'abord, le fruit
seulement ensuite. Le Père céleste n'oublie pas de nous consoler ;
mais il nous aime d'un amour tel que, pour lui, notre progrès
spirituel est son premier objet. S'il console, c'est pour induire le
coeur meurtri à se tourner vers lui ; s'il refuse la consolation,
son but est le même. C'est en nous rendant participants de sa
sainteté qu'il nous donne la vraie consolation. Le Saint-Esprit est
le Consolateur, non seulement parce qu'il nous parle de l'amour de
Dieu, mais surtout parce qu'il nous sanctifie et nous met en
communion intime avec Christ, et, par lui, avec Dieu. En Christ, le
coeur du Père se révèle à nous. Où pourrions-nous être mieux
consolés que dans le sein du Père? En lui, nous trouvons la
plénitude de l'amour divin, la tendre sollicitude d'une mère. Que
demander de plus? En lui, nous recevons le centuple de ce que nous
perdons, et nous voyons que Dieu ne nous dépouille que pour nous
enrichir. En lui, la souffrance est sanctifiée et devient le gage
que l'Esprit de Dieu repose sur nous et nous prépare pour la gloire
éternelle.
Demeurons
en Christ au temps de l'affliction, et nous porterons beaucoup de
fruit. L'expérience que nous ferons alors de sa tendresse et de
l'amour du Père, nous amènera à ne plus vivre que pour sa gloire
et pour faire connaître à d'autres ce merveilleux amour. Ayant
appris le renoncement à nous-mêmes et à notre propre volonté,
nous saurons sympathiser avec la misère des autres ; assouplis par
l'épreuve, nous serons préparés à devenir, suivant l'exemple de
Jésus, serviteurs de tous. Déjà pendant l'affliction, nous
profiterons de notre retraite forcée pour intercéder en faveur de
nos semblables. La pensée que le Père nous afflige pour nous faire
porter plus de fruit, nous disposera à nous soumettre, afin que son
désir, devenu le nôtre, soit accompli « Tout sarment qui porte du
fruit,
il l'émonde, afin qu'il porte encore plus de fruit. »
Le
temps de l'affliction sera ainsi un temps béni qui fera de nous des
vaisseaux sanctifiés, propres au service du Maître et préparés
pour toutes sortes de bonnes oeuvres. Rappelons- nous seulement que,
dans l'affliction, la seule chose à faire est de demeurer en Christ.
Tenons-nous en garde contre les consolations et les distractions que
trop souvent nos amis veulent nous apporter; et que Jésus seul soit
notre consolateur. Réjouissons-nous enfin dans la pensée qu'une
communion plus intime et un fruit abondant seront certainement
l'issue de l'épreuve, puisque c'est le Vigneron lui-même qui
émonde.
VINGTIÈME
JOUR Demeurez
en Christ, afin de porter beaucoup de fruit.
«
Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de
fruit. — Si vous portez beaucoup de fruit, c'est en ceci que mon
Père sera glorifié. » (Jean XV : 5, 8.)
Le
sarment est destiné à produire un fruit qui rafraîchit et nourrit
l'homme ; aussitôt mûr, le sarment l'abandonne pour recommencer son
travail d'approvisionnement et préparer un nouveau fruit pour la
saison suivante. Mais il n'opère ce travail qu'en demeurant attaché
au cep.
Ainsi
le chrétien, en resserrant son union avec le Cep divin, non
seulement accroît sa force, mais porte du fruit, beaucoup de fruit
même et devient pour son entourage une source de vie.
Notre
parabole jette une nouvelle lumière sur cette parole : « C'est de
moi que tu recevras ton fruit. » (Osée XIV : 8). L'âme ne doit
avoir d'autre souci que de demeurer intimement en Christ; lui-même
produira le fruit et se chargera de faire du croyant une bénédiction
pour tous ceux qui l'entourent.
En
demeurant en lui, nous recevons son Esprit d'amour et de compassion
pour les pécheurs. Le coeur naturel est plein d'égoïsme ; même
chez le croyant, son propre salut et son propre bonheur restent, trop
souvent, le but exclusif ; mais au contact de l'amour infini de
Jésus, son coeur se réchauffe à l'égard de ses semblables. Nous
apprenons à souffrir et de la misère du pécheur et de l'injure
qu'il fait à Dieu par son impénitence. Avec Christ, nous commençons
à porter le fardeau des âmes, le poids de péchés qui ne sont pas
les nôtres; et plus notre union devient intime, plus nous sentons
s'éveiller en nous quelque chose de cette passion pour les âmes qui
a conduit Jésus au Calvaire; nous sommes prêts à suivre ses pas, à
sacrifier notre propre bonheur pour gagner ces âmes que nous avons
appris à aimer. L'Esprit du Cep est amour, et il remplit le sarment
qui y est attaché.
Ce
désir d'être en bénédiction n'est encore qu'un commencement. A
peine à l’oeuvre, nous nous apercevons de notre faiblesse et des
difficultés qui sont sur notre chemin. Les âmes ne sont pas sauvées
à notre commandement, et nous sommes tentés de nous décourager, de
ralentir nos efforts. Mais si nous persistons à demeurer en Christ,
nous recevons sans cesse une force et un courage nouveaux pour notre
travail. Toujours plus convaincus que nous ne sommes que l'instrument
indigne par lequel la puissance invisible de Christ accomplit son
oeuvre dans le monde, nous comprenons combien sa force peut être
rendue parfaite
et glorieuse dans notre faiblesse. Et c'est déjà un grand point
pour le croyant d'avoir conscience de sa faiblesse, tout en
persévérant à travailler fidèlement, dans l'assurance que le
Seigneur opère par son moyen. Cette conviction même qu'il n'est
rien, que Jésus est tout, sert à le faire demeurer en Christ et
devient une force. Il ne considère plus sa propre faiblesse; mais se
sentant un avec son Seigneur il compte sur sa puissance. Il va de
l'avant, sûr de la victoire car « la victoire qui a triomphé du
monde, c'est notre foi. » Pour lui, ce n'est plus faire acte
d'humilité que de prétendre que Dieu ne peut bénir ses efforts
indignes: au contraire il réclame la bénédiction et l'attend,
parce que ce n'est plus lui, mais Christ en lui qui agit. Il demande
sans crainte d'être présomptueux, sa part de cette étonnante
promesse : « Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je
fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père.
» La pensée que l'absence de fruit et de bénédiction dans son
travail, sont nécessaire pour le garder dans l'humilité, ne
l'aborde plus : n'est-ce pas le sarment le plus chargé de fruit qui
est le plus courbé, et n'a- t-il pas reconnu, en demeurant en
Christ, que son fruit est tout à la gloire du Père; qui est le
Vigneron.
De
là découle un premier enseignement: Si nous demeurons en Christ,
mettons-nous à l'oeuvre, afin que Jésus puisse produire des fruits
abondants par nous' Acceptons fran- chement et joyeusement notre
sainte vocation d'être, dès maintenant, les instruments de l'amour
de Jésus vis-à-vis de notre prochain. Comme le sarment ressemble au
cep, que quelque chose de la sainteté et de la douceur de Jésus se reflète en nous; que notre vie journalière soit, comme la sienne,
une prédication; car l'Eglise et le monde ont besoin d'hommes et de
femmes remplis du Saint-Esprit et d'amour, qui soient les témoins
vivants de la puissance de Christ et de sa grâce en faveur de ceux
qui croient. Possédés par le désir de voir Jésus glorifié dans
les âmes, offrons-nous aussi à lui pour un travail positif, dans
notre propre maison auprès des pauvres, des malades, des délaissés.
Il y a à faire pour nous de mille manières différentes que
l'Esprit de Christ indique à ceux qui se laissent conduire par lui;
peut-être même devrons-nous servir Jésus par des moyens nouveaux
qui n'ont pas encore été employés, et qui nous seront révélés;
travaillons, travaillons, non pas en nous contentant de prendre part
à quelques oeuvres religieuses, mais en devenant toujours plus
semblables à Christ, et en voyant, comme lui, dans l'oeuvre de
gagner des âmes au Père, le commencement, sur la terre, de la joie
et de la gloire du ciel.
Et
voici un second enseignement Si nous travaillons demeurons en Christ.
Une des bénédictions du travail, s'il est fait dans un bon esprit,
sera d'affermir notre union avec notre Sauveur. En constatant notre
faiblesse, nous rechercherons sa force; en priant pour les autres,
notre âme s'unira plus intimement à la sienne. Nous demeurerons en
Christ, sentant que les tentations et les dangers abondent.
L'activité, même au nom de Christ, a souvent éloigné de lui et a
pris la place de sa communion ! Elle peut donner les apparences de la
piété à qui n'en a pas la force. Qu'une foi vivante en sa
puissance soit le ressort caché de tout notre travail, et nous
serons remplis en même temps d'humilité et de courage. Encore une
fois, pour que Jésus travaille réellement par nous, il faut une
consécration de nous-mêmes entière et de jour en jour renouvelée.
Mais nous comprenons maintenant que c'est justement là demeurer en
lui; c'est là ce qui constitue notre privilège et notre bonheur :
être un sarment portant beaucoup de fruits, rien de plus, rien de
moins.
VINGT-UNIÈME
JOUR Demeurez
en Christ et vous serez puissant dans la prière.
«
Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous,
demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. » (Jean XV
: 7)
La
prière est à la fois un moyen de s'unir à Christ et un fruit de
l'union avec lui. Comme moyen de s'unir à Christ, elle est d'une
importance infinie. Tous les mouvements de l'âme, tous les élans de
la foi, ses désirs, ses aspirations, trouvent leur expression dans
la prière. Le croyant qui prie, entre en contact avec Jésus; et
celui qui persévère dans ses supplications jusqu'à ce qu'il soit
exaucé, jusqu'à ce qu'il soit mis en possession de la bénédiction
après laquelle il soupire, trouve dans ses prières un moyen
puissant de demeurer plus complètement en lui.
Mais
ce n'est pas tant comme moyen que comme fruit de la vie en lui, que
le Sauveur parle de la prière dans la parabole du cep et des
sarments. Il ne voit pas seulement dans la prière un moyen d'obtenir
des bénédictions personnelles, il y voit une des principales forces
dont nous disposons pour mettre le monde entier au bénéfice de la
rédemption; et il nous assure que si nous demeurons en lui, nous
serons autant d'Israël, vainqueurs de Dieu et des hommes. Nos
prières seront l'intercession du juste, fervente, efficace,
puissante comme celle d'Elie en faveur du peuple idolâtre. De telles
prières seront le résultat de notre vie en Christ et produiront
beaucoup de fruits.
Pour
le chrétien qui ne demeure pas pleinement en Christ, la prière
rencontre parfois des difficultés assez grandes pour le priver de la
consolation et de la force qu'il devait en retirer. Sous prétexte
d'humilité, il se demande comment une créature aussi indigne que
lui pourrait influencer le Dieu tout-puissant et sage. Ces questions
angoissantes sont épargnées à celui qui demeure véritablement en
Christ ; il fait de plus en plus l'expérience que ses prières ne
sont entendues et exaucées que grâce à son union avec le Christ.
Parce que nous sommes un avec lui, nos prières montent à Dieu comme
ses propres prières.
En
effet, en demeurant en Christ et en gardant sa Parole, nous apprenons
à prier selon la volonté de Dieu. Notre volonté propre étant
domptée, nos pensées, nos désirs naturels s'effacent devant les
pensées et les désirs de Christ ; son Saint-Esprit pénètre tout
notre être ; et, sans que nous sachions comment, nos voeux rendus
conformes à la volonté de Dieu grâce au souffle divin, peuvent
recevoir leur accomplissement; notre volonté étant renouvelée et
sanctifiée, nous pouvons demander librement ce que nous voulons, et
cela nous est accordé.
Puis
la communion de Christ nous enseigne à ne rechercher que la gloire
de Dieu dans nos prières. Jésus promettait d'exaucer ses disciples,
afin que le Père soit glorifié dans le Fils. (Voy. Jean XIV : 13)
Dans sa prière sacerdotale, nous voyons que cette gloire a été son
but sur la terre (Jean XVII) ; dans le ciel, c'est encore sa grande
préoccupation. Celui qui demeure en lui est gagné par ce désir, et
la gloire de Dieu devient sa pensée dominante. D'abord, cette
pensée, en maîtrisant l'âme, la porte presque à craindre de
nourrir un désir de peur qu'il ne se trouve pas être à la gloire
du Père. Mais une fois cette suprématie acceptée, elle devient une
puissance qui élève le coeur, l'élargit, le rend capable
d'embrasser le vaste horizon de cette gloire, et de dire avec le Fils
: « Père, glorifie ton nom. »
De
plus, si nous demeurons en Christ, nous pouvons nous prévaloir avec
assurance du nom de Christ. Souvent les croyants essaient, en priant,
de penser au nom de Jésus et à ses mérites, cherchant à se
persuader qu'à cause de lui, ils seront exaucés, bien qu'ils
sentent péniblement leur peu de foi en ce nom. Ils n'agissent pas au
nom de Jésus et ne veulent s'en
servir que pour prier ; mais la promesse : « Tout ce que vous
demanderez en mon nom », ne peut être séparé du commandement : «
Tout ce que vous faites, faites-le au nom du Seigneur Jésus. » Si
le nom de Christ doit être entièrement à notre disposition, de
telle sorte que nous puissions en user librement, cela fie se peut
que si nous-mêmes, tout d'abord, nous nous sommes entièrement
livrés à lui, et qu'il dispose librement de nous. C'est la vie en
Christ qui donne le droit et la possibilité d'user de son nom avec
assurance. Le Père ne refuse rien au Fils. Si nous demeurons dans le
Fils, nous venons au Père, comme ne faisant qu'un avec lui; sa
justice nous couvre, son Esprit est en nous, le Père nous voit dans
le Fils et nous accorde notre requête. Ce n'est point par une sorte
de compromis que le Père nous considère comme étant en Christ,
sans que nous y soyons réellement. Il faut que le Père nous voie
vivre en lui, pour que nos prières le fléchissent. Non seulement la
vie en Christ transforme notre volonté de manière à ce que nos
prières soient conformes à l'esprit de Dieu, mais encore elle nous
impute la vertu toute-puissante des mérites de Christ.
Demeurer
en Christ produit aussi en nous la foi qui seule obtient
l'exaucement. Selon la règle du royaume des cieux, il nous est fait
selon notre foi. « Croyez que vous recevrez et il vous sera accordé.
» Cette foi a ses racines dans la Parole de Dieu; mais il y a en
elle quelque chose d'infiniment plus élevé que cette conclusion
logique puisque Dieu a promis, j'obtiendrai. Etant un acte spirituel,
la foi repose sur la Parole qui demeure en nous comme une puissance
de vie, et par conséquent elle dépend de notre état intérieur.
Sans jeûne et sans prières (Marc IX : 29), sans humilité et sans
spiritualité (Jean V : 44), sans l'obéissance de l'amour (1 Jean
III :22), il ne peut y avoir de foi vivante. Mais l'âme unie à
Christ, qui voit combien lui seul rend ses prières acceptables, ose,
par cela même, compter sur l'exaucement. Par la foi elle a appris à
demeurer en lui ; et cette loi a eu pour effet d'augmenter sa
confiance en tout ce que Dieu promet d'être et de faire pour elle.
Elle croit toujours plus fermement que ce qu'elle demandera en son
nom, elle le recevra.
Enfin,
en Christ, nous sommes à la seule place où la réponse peut nous
être accordée. Que de chrétiens implorent ardemment la bénédiction
de Dieu; et quand Dieu vient a eux pour les bénir, il ne sait pour
ainsi dire pas où les prendre ; ces chrétiens-là ne se doutent pas
que la réponse aussi doit être attendue et reçue dans la prière'
C'est en Christ qu'elle nous est donnée; hors de lui, l'exaucement
risquerait d'être mis au service de nos voluptés. (Jacq. IV : 3)
Les meilleurs exaucements du reste, comme le don de la grâce ou de
la force pour travailler et faire le bien, ne nous viennent que sous
la forme d'une expérience croissante de ce que Christ peut être
fait pour nous de la part de Dieu.
Demeurons
en Christ, et nous apprendrons, ce que tant d'âmes ignorent, que le
secret de la prière de la foi est la vie de la foi, la vie en Christ
seul.
VINGT-DEUXIÈME
JOUR Demeurez
en Christ et dans son amour.
«
Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon
amour. » (Jean XV : 9)
Avant
de nous inviter à demeurer dans son amour, le Sauveur nous enseigne
ce qu'est cet amour. Ce qu'il nous en dit est bien propre à gagner
nos coeurs et à éloigner toute pensée de résistance.
«
Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. » Dieu est amour.
L'amour n'est pas un de ses attributs, il est l'essence même de sa
nature le centre de toutes ses perfections. L’amour a besoin d'un
objet sur lequel il puisse s'exercer ; c'est pourquoi Dieu a un Fils,
et au sujet de ce Fils, il dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé
en qui j'ai mis toute mon affection. » Cet amour du Père est une
divine passion, un feu brûlant, intense, éternel, n'ayant qu'un
objet, qu'une joie : le Fils unique. Quand nous considérons tous les
attributs de Dieu, son éternité, sa perfection, son immensité, sa
majesté, sa toute-puissance, qui sont le rayonnement de la gloire de
son amour, nous n'avons encore qu'une idée bien faible de cet «
amour qui surpasse toute connaissance. » Et pourtant l'amour de Dieu
pour son Fils est placé devant nous comme le miroir où nous pouvons
contempler celui de Jésus pour le pécheur. Jésus, lui aussi, met
toute son affection dans ses rachetés.
Son
amour est éternel. Déjà avant la fondation du monde, nous dit la
Bible, Dieu avait établi Christ pour être Chef de l'Eglise, qui
serait son corps et dans lequel sa gloire serait manifestée
d'éternité en éternité. Christ a aimé d'avance ceux qui lui
avaient été donnés par le Père, et quand il parut et dit à ses
disciples : « Comme mon Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés, »
il ne parlait pas d'un amour terrestre et temporaire, mais éternel :
« Je t'aime d'un amour éternel. (Jér. XXXI : 3)
Son
amour est parfait. « Le Père aime le Fils et lui a remis toutes
choses. » Jésus aime les siens de la même manière; tout ce qu'il
a nous appartient. Il a sacrifié son trône et sa couronne ; il a
donné sa vie et son sang; sa justice, son Esprit, sa gloire, son
trône même, tout, tout est à nous. Et c'est dans cet amour sans
réserve qu'il nous invite à demeurer tous les jours de notre vie.
Son
amour est doux et tendre. L'amour du Père pour le Fils se comprend ;
car, dans le Fils, tout en est digne. Mais nous ne pouvons nous
expliquer celui de Christ pour nous quand nous ne voyons en nous que
péché et que nous nous sentons indignes même de rencontrer son
regard. Comment l'amour du Père, exercé dans le sein de la vie
divine et de ses perfections, peut-il être comparé à celui qui a
pour objet des pécheurs? Peut-il lui être semblable? Oui, la nature
de l'amour est toujours la même, quoique son objet diffère. Christ
ne peut aimer autrement que son Père, et notre misère ne sert qu'à
manifester avec plus d'éclat la beauté de cet amour. Il s'abaisse
jusqu'à notre faiblesse, il supporte nos lenteurs, nos craintes et
nos folies, avec une patience et une douceur infinies. C'est l'amour
du Père pour le Fils, embelli, glorifié par la miséricorde et la
compassion.
Son
amour enfin est invariable. « Ayant aimé les siens qui étaient
dans le monde il manifesta son amour jusqu'à la fin. » — « Quand
les montagnes s'éloigneraient, quand les collines chancelleraient,
mon amour ne s'éloignera point de toi. » (Esaie 54 : 10) « Je ne
t'abandonnerai point que je n'aie fait ce que je t'ai dit, » (Genèse
28 : 15) telles sont les promesses avec lesquelles il entreprend son
oeuvre dans notre âme. Et puisque notre misère est précisément ce
qui nous a d'abord valu cet amour, le péché par lequel nous
l'affligeons constamment, qui pourrait nous rendre craintifs et nous
faire douter, n'est qu'une raison de plus pour lui de nous aimer.
Et
maintenant cet amour nous donne le motif, la mesure et le moyen de
l'abandon de nous- mêmes à Christ.
Le
motif : Cet amour ne nous presse-t-il pas de rendre enfin les armes
et de demeurer en Celui qui nous a aimés de toute éternité, qui a
quitté la gloire éternelle pour s'offrir sur la croix, et qui, dans
le ciel, intercède, plaide et prie constamment pour nous?
La
mesure : Jésus s'est donné tout entier ; pouvons-nous hésiter à
nous livrer entièrement? quel sacrifice pourrait nous coûter en
face de son grand sacrifice? S'il nous réclame tout, entiers, c'est
pour nous remplir plus complètement de son amour ; tout ce que nous
abandonnons nous est compensé au centuple déjà dans cet te vie. Oh
puissions-nous comprendre les richesses infinies et les trésors de
joie que tient en réserve pour nous cet « amour dont la largeur, la
longueur, la profondeur et la hauteur surpassent toute connaissance,
» afin de profiter du privilège qui nous est offert !
Le
moyen : Si nous avons encore des doutes sur la possibilité de
demeurer dans cet amour, cet amour même nous fournit le moyen de le
faire; la foi en cet amour suffit pour nous en rendre capables. Si
nous le croyons réellement divin, puissant, intense comme celui du
Père pour le Fils, nous compterons sur son efficacité pour nous
garder, pour triompher de notre faiblesse et de notre péché. C'est
là tout ce que Dieu demande de nous ; il nous a créés libres et ne
veut pas nous imposer ses bénédictions ; il n'attend que notre
consentement et, pour gage de notre acquiescement, il se contente,
dans sa bonté de la foi par laquelle nous nous remettons à son
amour.
VINGT-TROISIÈME
JOUR Demeurez
en Christ comme Christ demeure dans le Père.
«
Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon
amour... de même que je demeure dans son amour ! » (Jean XV :
9,10).
Tandis
qu'il était sur la terre, Jésus avait enseigné à ses disciples
que demeurer en lui, c'est demeurer dans son amour ; sur le point de
les quitter il leur donne pour commentaire de son commandement sa
propre vie. Qu'ils le contemplent, lui, demeurant dans l'amour du
Père, et ils sauront comment demeurer dans son amour. Sa vie dans le
Père sera le modèle de leur vie en lui.
Cette
pensée est si profonde, que nous pouvons à peine la concevoir; elle
est cependant exprimée d'une manière assez positive pour que nous
n'osions pas la négliger. Ne lisons- nous pas dans Jean VI :57 : «
Comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mange, vivra par moi, »
et n'entendons-nous pas le Fils demander à son Père : « Qu'ils
soient un comme nous sommes un? » — « Je suis en eux et tu es en
moi. » Examinons donc sa vie dans le Père et nous comprendrons ce
que doit être la nôtre en lui.
Considérons
d'abord l'origine de cette vie de Christ dans le Père. Elle avait
ses racines dans une double union de vie et d'amour. Quoique
demeurant sur terre, Jésus savait qu'il était un avec le Père, que
la vie du Père était en lui, et que son amour reposait sur lui.
Sans cette certitude, il lui eût été impossible de demeurer dans
le Père et dans son amour. De même, nous ne pouvons demeurer en
Christ et dans son amour, qu'en croyant que nous sommes un avec lui.
Un par nature ; car il a revêtu notre humanité ; et, par notre
nouvelle naissance, nous sommes faits participants de sa nature
divine. Un dans l'amour ; car le lien de la vie divine, est celui
d'un amour infini. Dans la vie d'humiliation sur la terre, Jésus a
goûté le bienfait de cet amour divin, la force que donne la
conviction d'en être l'objet et de pouvoir y demeurer constamment.
Par son exemple, il nous invite à faire la même expérience.
Puisque nous sommes un avec lui, confions-nous en son amour qui nous
presse; laissons-le pénétrer dans nos coeurs.
Et
quel est le moyen par lequel le Fils demeure dans le Père et dans
son amour? « J'ai gardé les commandements de mon Père, et je
demeure dans son amour. » Sa vie a été une vie de soumission et de
dépendance. Pour notre nature orgueilleuse, dépendance et
soumission signifient humiliation et servitude; mais dans la vie
d'amour dont le Fils de Dieu vécut et à laquelle il nous invite,
ces deux conditions sont le secret du bonheur. Que pouvait perdre le
Fils en se soumettant? Le Père l'aime et n'a aucun intérêt qui ne
soit le sien; si le Fils donne quelque chose au Père, le Père met à
sa disposition tout ce qu'il a. Aussi, quand Jésus dit : « Le Fils
ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire
au Père, » il ajoute aussitôt : « Tout ce que le Père fait, le
Fils aussi le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui
montre ce qu'il fait. » Quand nous étudions la vie de Christ comme
le modèle et le gage de ce que peut être la nôtre, nous comprenons
que si Jésus nous dit : «Hors de moi vous ne pouvez rien faire. »
c'est qu'il nous permet d'ajouter : « Je puis tout par Christ qui me
fortifie » Nous apprenons à nous plaire dans les faiblesses, dans
les calamités, dans les détresses à cause de Christ ; car nous
pouvons dire : « Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort.
» Dépendance, soumission, sacrifice personnel, sont, pour le
chrétien comme pour Christ, le chemin de la vie et du bonheur.
Contemplons
aussi la gloire de cette vie de Christ dans l'amour du Père. Parce
qu'il s'est consacré à la volonté et à la gloire du Père, le
Père l'a couronné de gloire et d'honneur. Il l'a établi comme son
seul représentant, l'a fait participant de sa puissance, et l'a
élevé jusqu'à lui faire partager son trône divin. Il en est de
même pour nous. Si Christ nous trouve disposés à remettre notre
personne et nos intérêts à son amour, à renoncer à toute
satisfaction de notre propre volonté pour ne trouver notre gloire
que dans une absolue dépendance de lui en toutes choses, à accepter
de n'avoir de vie qu'en lui, il fait pour nous ce que le Père a fait
pour lui. Il fait reposer sa gloire sur nous « Comme le nom de notre
Seigneur Jésus-Christ est glorifié en nous, nous sommes glorifiés
en lui. » (Voyez 2Th. 1 : 12.) Il nous reconnaît comme ses
représentants ; nous pouvons disposer de sa puissance ; il permet
que notre intercession ait une part dans le gouvernement de son
Eglise et du monde ; il se sert de notre intermédiaire pour exercer
son autorité et son influence sur les hommes, pour accomplir son
oeuvre divine. Quelle vie bénie que celle de l'âme qui demeure dans
l'amour de Christ comme Christ demeure dans celui du Père!
Faisons
des relations du Fils avec le Père, un objet constant d'étude pour
connaître ce que doivent être les nôtres avec Christ. Notre vie en
lui peut être aussi féconde, puissante, glorieuse qu'était la
sienne dans le Père. Acceptons cette vérité dans la foi, et, loin
de nous paraître encore un joug et un travail, la vie dans l'amour
de Christ deviendra pour nous, au contraire, une source de repos, de
force et de joie. Demeurer dans cet amour tout-puissant, qui sauve,
qui garde, qui rassasie, comme Jésus a demeuré dans l'amour du
Père, ne peut être notre oeuvre, la grandeur même de la vocation
nous le fait sentir ; il faut pour nous, comme pour lui, que ce soit
le fruit d'une vie intérieure sanctifiée et le résultat du travail
profond de l'amour divin. Ce que nous avons à faire, nous, c'est
d'étudier avec soin et de contempler en Christ le modèle de cette
vie d'amour, jusqu'à ce que nous entendions Jésus dire à chacun de
nous par son Esprit : « Comme le Père m'a aimé, je vous ai aussi
aimés. Demeurez dans mon amour, de même que je demeure dans l’amour
du Père. »
Si
cette grâce nous paraît trop élevée, trop sublime, rappelons-nous
que la grandeur du privilège est justifiée par le but que Dieu a en
vue. Comme le Fils était la révélation du Père, le croyant est
appelé à être la révélation de Christ; il ne peut l'être que
s'il est uni d'une
union parfaite avec Christ, comme Christ l'est avec le Père, afin de
posséder en lui la plénitude de sa grâce ; il ne peut l'être que
s'il croit à son amour comme Christ croyait à l'amour du Père.
VINGT-QUATRIÈME JOUR Demeurez en Christ en obéissant à ses commandements.
«
Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; de
même que j'ai gardé les commandements de mon Père et que je
demeure dans son amour. » (Jean XV : 10)
Ces
paroles nous montrent la place que doivent occuper les oeuvres dans
la vie du croyant. Christ, comme Fils bien-aimé, était dans l'amour
du Père; il y demeura en gardant ses commandements. De même, le
croyant admis par grâce, sans oeuvres, dans l'amour de Christ, y
demeurera s'il garde ses commandements. Quand nous cherchons à venir
à Jésus par nos oeuvres, l'Esprit nous répète sans cesse : Ce
n'est point par les oeuvres; mais une fois à lui, de peur que la
chair n'abuse de cette parole, il nous dit aussi clairement : « Vous
êtes créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres. » (Eph. II :
9, 10). Les oeuvres peuvent être le plus grand obstacle qui retienne
le pécheur loin de son Sauveur, tandis qu'elles sont une source de
forces et de bénédictions pour le croyant, car par elles « la foi
est rendue parfaite » (Jacq. II : 22) ; l'union avec Christ est
cimentée, l'âme est enracinée dans son amour. « Si quelqu'un
m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera. » — « Si
vous gardez mes commandements, vous demeurez dans mon amour. »
La
relation entre l'observation des commandements de Christ et la
communion dans son amour, est facile à saisir. Notre union avec
Jésus-Christ n'est pas une affaire d'intelligence ou de sentiment,
mais une union vitale avec sa personne sainte. La vocation du
chrétien est de penser, de sentir, de vouloir exactement ce que
Jésus a pensé, senti et voulu. Il désire participer non seulement
à la grâce, mais aussi à la sainteté de son Sauveur ; ou plutôt,
il voit que la, sainteté est ce qu'il y a de plus beau dans la grâce
; vivre (le la, vie de Christ, vouloir ce qu'il veut, c'est
l'affranchissement de l'esclavage de notre volonté corrompue, c'est
le chemin de la vraie liberté.
Le
tiède ou l'ignorant font une grande distinction entre les promesses
et les commandements de l'Ecriture. Ils ne trouvent de consolation et
de nourriture que dans les premières; mais celui qui cherche
demeurer dans l'amour de Christ, discerne l'amour divin dans les
commandements aussi bien que dans les promesses ; car ils conduisent
à une participation toujours plus grande de la vie divine, à une
union toujours plus intime avec le Seigneur. L'harmonie entre notre
volonté et la sienne est un des principaux éléments de notre
communion avec lui. Comment pourrait-il y avoir communion sans un
accord parfait avec sa volonté ? Car la volonté est la faculté
centrale chez l'Etre divin comme chez l'être humain. Tant que le
salut n'est pour le pécheur qu'une sécurité personnelle, il reste
indifférent ou hostile à la volonté de Dieu ; mais aussitôt qu'il
comprend, par les Écritures et par l'enseignement de l'Esprit, ce
qu'est le salut, c'est-à-dire le retour à la communion et à la
conformité, avec Jésus, il trouve naturelle, belle même, cette loi
qui fait de l'observation des commandements le moyen de demeurer dans
son amour (Jean XIV : 15, 16, 21, 23) : son être intérieur se
réjouit de ce que Jésus en a fait la condition d'une plus abondante
communication de l'Esprit.
Du
reste, Christ lui-même n'est demeuré dans l'amour du Père que par
cette loi. L'obéissance a été une solennelle réalité pour lui
durant sa vie terrestre. La puissance redoutable qui a poussé
l'homme à la révolte contre son Dieu, s'est aussi attaquée à lui
et l'a tenté. Pour Jésus homme, les séductions dont le tentateur
usa, ne pouvaient le laisser indifférent. Il ne put résister que
par le jeûne et la prière. « Il a souffert, étant tenté. » Le
sacrifice de sa volonté a été pour lui aussi un renoncement
continuel. S'il est demeuré dans l'amour du Père, c'est qu'il a
fait de l'obéissance à son commandement le but de sa vie. « Je ne
fais rien de moi-même, dit-il, mais je parle selon ce que le Père
m'a enseigné. Celui qui m'a envoyé est avec moi, il ne m'a pas
laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. »
(Jean 8 : 28) Il nous a ainsi ouvert la voie d'une vie sur la terre
passée dans l'amour du ciel ; et quand son Esprit pénètre en nous
comme la sève du cep dans le sarment, cette obéissance aux
commandements devient un des éléments les plus sûrs et les plus
élevés de la vie qu'il nous communique.
Si
vous désirez demeurer en Jésus, observez ses commandements. Ne vous
contentez pas de les posséder dans la Bible qu'ils soient gravée
par la méditation et la prière, par l'enseignement de l'Esprit et
une obéissance pleine d'amour, sur les tables de vos cœurs. N'en négligez aucun. Nous qui jouissons des privilèges de la nouvelle
alliance, voudrions- nous rester en arrière des saints de l'ancienne
alliance qui disaient avec tant de ferveur «Les ordonnances de l’Éternel réjouissent le coeur; ses jugements sont tous justes. »
Nous sommes encore loin de comprendre toute la volonté du Seigneur.
Nous avons besoin de demander constamment pour nous et pour tous les
croyants, ce que Paul demandait pour les Colossiens : « Qu'ils
soient remplis de la connaissance de sa volonté en toute sagesse et
intelligence spirituelle, » et ce qu'Epaphras désirait pour ces
mêmes chrétiens « Qu'étant parfaits et pleinement persuadés, ils
persistent dans une entière soumission à la volonté de Dieu. » Il
n'y a pas de progrès spirituel possible sans progrès constant dans
la connaissance de la volonté de Dieu à notre égard. L'entière
consécration, loin d'être le couronnement d'une vie sainte, n'en
est que le point de départ. Paul, après avoir convié les chrétiens
à s'offrir eux-mêmes en en sacrifice vivant et saint à Dieu »
(Rom. XII. 1) ajoute aussitôt, indiquant ce qu'est une vie vraiment
consacrée à Dieu : « Soyez transformé par le renouvellement de
l'intelligence, afin d'éprouver que la volonté de Dieu est bonne,
agréable et parfaite. » Le renouvellement graduel qu'opère le
Saint-Esprit, développe une perception spirituelle, un saint
instinct par lequel l'âme, « prompte à comprendre dans la crainte
du Seigneur, » sait découvrir la valeur des commandements de Dieu
et leur application dans la vie journalière, d'une manière qui
reste cachée au chrétien ordinaire.
Gardons
ces commandements dans l'obéissance. N'avons-nous pas fait vœu de
rejeter tout péché ? « Je jure et je le tiendrai, d'observer les
lois de ta justice. » (Ps. 119 : 106). Luttons donc dans la prière
pour devenir parfaits dans toute la volonté de Dieu, demandant
ardemment que tout péché secret, tout ce qui en nous n'est pas en
harmonie avec sa volonté, nous soit révélé. Marchons fidèlement,
humblement, selon la lumière que nous avons, résolus à obéir à
toutes les ordonnances du Seigneur. Quand Israël fit un vœu d'obéissance au désert (Ex. XIX : 8; XXIV : 7), ce ne fut que pour
le violer aussitôt ; mais la nouvelle alliance donne le vouloir et
le faire, le vœu et la force de l'accomplir (Jér. XXXI). Tenons-nous en garde contre toute désobéissance, même dans les
petites choses. La désobéissance énerve la conscience, obscurcit,
l'âme, tue les forces spirituelles. Si parfois ces commandements
nous semblent pénibles, rappelons-nous qu'ils procèdent de Celui
qui nous aime. Ils sont amour et nous parlent de son amour. Chaque
acte nouveau d'obéissance, chaque sacrifice accompli pour garder ses
commandements, resserre notre union avec la personne du Sauveur, nous
fait pénétrer plus avant dans son amour, et nous rend plus
conformes à sa vie sainte, en sorte que cette parole nous devient
toujours plus précieuse
:
« Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon
amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père et que
je demeure dans son amour. » (Jean 15 : 19).
VINGT-CINQUIÈME
JOUR Demeurez
en Christ afin que votre joie soit parfaite.
«
Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous, et que votre
joie soit parfaite. » (Jean XV : 11)
La
vie en Christ est une source inépuisable de bonheur. A mesure que
Christ prend plus pleinement possession de l'âme, elle entre dans la
joie de son Sauveur qui devient la sienne à toujours. La joie est un
trait caractéristique de celui qui vit en Christ, et nous savons
tous en apprécier la valeur ; elle est la meilleure preuve que le
coeur est réellement satisfait. Aussi n'y a-t-il pas, chez le
chrétien, d'attrait plus irrésistible, de prédication plus
persuasive et qui manifeste mieux au monde la réalité de l'amour
divin, que le rayonnement de cette joie, triomphant des épreuves de
la vie. Pour le bien même du croyant, elle est un élément
indispensable ; car la joie du Seigneur est sa force. En elle se
retrempent sa confiance, son courage et sa patience. Avec un coeur
joyeux, aucun travail ne lasse, aucun fardeau n'accable ; et Dieu
lui-même est notre force et notre chant de victoire.
Jésus
promet sa joie à celui qui demeure en lui : « ma joie, » dit-il.
La parabole du cep et des sarments se rapportant toute à la vie que
ses disciples auraient en lui, quand il serait remonté au ciel;
c'est de la joie céleste et éternelle dont il s'agit, ce que montre
également cette autre promesse : « Je vous reverrai et votre coeur
se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » (Jean XVI : 22).
Ce fut seulement à la résurrection que commença cette vie de joie,
et c'est en la résurrection qu'elle a sa source, alors que
s'accomplit cette parole : «C'est pourquoi ton Dieu t'a oint d'une
huile de joie par-dessus tes semblables. » (Ps. 45 : 8.) Le jour de
son couronnement fut pour Jésus celui de la pleine satisfaction de
son coeur. Sa joie était celle d'une oeuvre parfaitement accomplie
et pour toujours, la joie de rentrer dans le sein du Père et,
d'avoir racheté beaucoup d'âmes. Celui qui est réellement uni à
lui, participe à cette joie; il partage si complètement la victoire
et la parfaite rédemption de son Sauveur, qu'il peut dire sans
cesse, par la foi : « Grâce a Dieu qui me donne toujours la
victoire. » En Christ, il jouit de l'amour inaltérable du Père ;
et, apprenant, avec lui, à aimer les âmes, il se réjouit aussi de
ce qu'elles sont rachetées. Soit qu'il contemple l'oeuvre parfaite
de Jésus ou la récompense que trouve le Fils dans l'amour du Père,
soit qu'il considère sa gloire croissant avec le nombre des pécheurs
qui se convertissent, toujours la joie du Seigneur est la sienne.
Jésus
parle encore de cette joie comme devant être permanente chez le
croyant. « Afin que ma joie soit (ou demeure) en vous. » — « Nul
ne vous ravira votre joie. » Tant de chrétiens ne le peuvent
comprendre; ils se figurent que la vie chrétienne est une vie de
continuelles alternatives de joie et de tristesse, et ils vont
jusqu'à en donner comme preuve, les expériences de l'apôtre Paul.
Mais la vie de Paul est précisément, au contraire, l'exemple le
plus frappant de cette joie inaltérable. L'apôtre avait saisi le
paradoxe de la vie chrétienne où se trouvent à la fois, et souvent
au même moment, toutes les amertumes de la terre et toute la joie du
ciel. « Comme attristés et nous sommes joyeux, » dit-il; et, par
ces mots admirables, il nous enseigne comment la joie de Christ peut
triompher de la tristesse du monde, comment elle peut nous faire
chanter tout en pleurant, et nous conserver, même dans l'épreuve,
le sentiment d'une joie inexprimable et glorieuse. La seule présence
de Jésus suffit pour rendre cette joie permanente « Je vous
reverrai et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre
joie. » Comment l'âme qui se sent en Christ ne serait-elle pas
satisfaite et joyeuse ? Même lorsqu'elle pleure sur ses péchés et
sur le péché de ses semblables, une source de bonheur jaillit de sa
foi en la puissance et l'amour du Christ pour sauver.
Jésus
veut enfin que cette joie soit parfaite, Il le dit à trois reprises
durant la dernière nuit qu'il passe sur la terre. D'abord dans la
parabole du cep et des sarments : « Je vous ai dit ces choses afin
que votre joie soit parfaite; et cette parole se confirme, pour le
chrétien, à chaque nouvelle expérience qu'il fait du privilège de
la communion de Jésus. Puis à propos de l'exaucement de la prière
(Jean XVI : 24) : « Demandez et vous recevrez, afin que votre joie
soit parfaite. » En effet, pour celui qui juge spirituellement des
choses, une prière exaucée n'est pas seulement le don d'une
bénédiction particulière il y voit infiniment plus : c'est pour
lui un gage de sa communion avec le Père et le Fils dans le ciel,
une preuve qu'il est admis dans leur conseil; et encore là, quelle
source d'ineffable joie! Jésus y revient en dernier lieu dans la
prière sacerdotale (Jean XVII : 13) : « Je dis ces choses afin
qu'ils aient en eux ma joie parfaite. » La contemplation de notre
grand sacrificateur, se tenant en la présence du Père pour
intercéder continuellement en notre faveur et poursuivre avec
puissance son oeuvre bénie, nous donne l'assurance d'un salut
complet, et par conséquent une parfaite joie.
La
joie de Christ lui-même, joie permanente, parfaite, telle est la
part du croyant qui demeure en lui. Pourquoi y en si peu qui la
désirent? C'est que peu, même parmi les enfants de Dieu, y croient.
Au lieu de considérer la vie en Christ comme le sort le plus heureux
qu'il soit donné à l'homme d'obtenir, ils l'envisagent comme une
vie de tristesse et de renoncement; mais s'ils n'y voient que cela,
c'est qu'ils ne demeurent pas en Christ. Ceux qui acceptent une fois
pour toutes, sans réserve, la vie en Christ comme une source de joie
et de bénédiction, voient leur foi se changer en réalité, et la
joie du Seigneur devenir la leur.
C'est
en terminant sa parabole du cep et du sarment, que Jésus conclut par
ces paroles : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en
vous, et que votre joie soit parfaite. » Réclamons donc la joie
comme un élément de la vie du sarment, propre à rendre évidente à
nos yeux la suffisance de Christ pour répondre aux besoins de notre
âme. S'il y a des temps où cette joie du Sauveur abonde en nous,
rendons-en grâce à Dieu; mais si, par moment, nous la sentons moins
vivement que nous le voudrions, rendons également grâces pour la
vie de bénédiction en vue de laquelle nous avons été rachetés;
car, là encore, « il nous sera fait selon notre foi. » Réclamons
cette joie, non pas en notre nom, mais au nom de Jésus qui l'a
promise, et pour la gloire du Père ; car il n'est pas possible
d'accepter Jésus dans son coeur, sans recevoir en même temps sa
joie. C'est pourquoi, «réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ;
je le répète, réjouissez-vous. »
VINGT-SIXIÈME
JOUR Demeurez
en Christ vous aimant les uns les autres.
«
C'est ici mon commandement : Aimez-vous tes uns les autres, comme je
vous ai aimés. » Jean XV : 12)
«
Comme le Père m'a aimé, je vous ai aimés; comme je vous ai aimés,
aimez-vous les uns les autres. » Dieu s'étant fait homme, l'amour
divin a habité dans un coeur humain; dès lors, les hommes ont pu
s'aimer d'un amour divin, et goûter sur la terre l'amour du ciel.
«
C'est ici mon commandement, dit le Sauveur aimez-vous les uns les
autres, comme je vous ai aimés. » Voilà le commandement par
excellence, le résumé de tous les autres; aussi Jésus appelle-t-il
« son commandement, le commandement nouveau, » destiné à mettre
en évidence la réalité de la nouvelle alliance et la puissance de
la vie nouvelle révélée en Jésus-Christ, destiné à devenir le
signe caractéristique et irrécusable du disciple de Christ. « A
ceci, tous les hommes connaîtront que vous êtes mes disciples. » —
«Qu'eux aussi soient un en nous pour que le monde croie. « Qu'ils
soient parfaitement un et que le monde connaisse que tu les a aimés,
comme tu m'as aimé. » Et si l'obéissance à ce commandement est
pour le chrétien la preuve qu'il est uni à Christ, elle est aussi
pour lui le moyen d'arriver à rendre cette union toujours plus
parfaite.
Dieu
est amour, et Christ est venu pour nous le révéler, non sous la
forme d'une doctrine abstraite, mais par sa vie. En aimant des êtres
indignes et ingrats, en s'abaissant jusqu'à marcher parmi les hommes
comme un serviteur, en se livrant lui-même à la mort, Jésus a été
la démonstration vivante de l'amour de Dieu. Et maintenant ses
disciples sont appelés, à leur tour, à manifester au monde son
amour en vivant, et en aimant comme lui. Par leur ressemblance avec
le Sauveur, il faut qu'ils prouvent qu'ils sont animés de l'Esprit
qui animait Christ, qu'ils sont les membres d'un même corps et unis
entre eux malgré les diversités de caractères ou de croyances, de
langage ou de situations. Leur vie d'amour est le témoignage
essentiel du christianisme, la preuve donnée au monde que Dieu a
envoyé son Fils et qu'il a répandu dans ses disciples le même
amour dont il l'a aimé.
Cet
amour des disciples de Christ les uns pour les autres, occupe la
place intermédiaire entre leur amour pour Dieu et leur amour pour
les hommes. L'amour pour un Etre invisible, qui pourrait aisément
rester une affaire de sentiment ou même d'imagination, a l'occasion
de s'exercer dans les rapports des disciples entre eux, et de prouver
sa réalité par des actes que le Père accepte comme étant faits à
lui-même. Puis de cet amour fraternel naît celui pour tous les
hommes; car, en s'aimant les uns les autres, les enfants de Dieu se
forment à aimer leurs semblables encore éloignés de Christ, non
plus par sympathie naturelle, mais de cet amour sanctifié qui
s'attache aux plus indignes, au nom de Jésus, et supporte ceux qui
ont le moins d'attraits.
Jésus
nous présente, dans ses rapports avec ses disciples, le modèle de
cet amour fraternel. Si nous étudions son esprit de support et de
pardon, sa patience, son humilité, la douceur et la charité avec
lesquelles il se fait serviteur pour gagner à lui les pécheurs,
nous l'écouterons Volontiers quand il nous dit : « je vous ai donné
un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » (Jean
XIII : 15). En suivant ses traces, le disciple ne vit plus pour
lui-même, mais pour les autres; son langage respire la bonté; car
l'amour lui interdit toute parole contraire à la charité. Non
seulement il ne sait pas médire, mais, plus jaloux de la réputation
de son frère que de la sienne, il refuse même de supposer le mal ou
d'y prêter l'oreille ; car, pour ce qui le concerne, il peut s'en
remettre au Père, tandis qu'il est responsable de son frère devant
le Père. L'amour divin, répandu dans son coeur, éclate dans sa vie
en douceur, en bonté, en affection, en générosité, en dévouement,
en bienfaisance, comme dans la vie de Jésus.
Aimer
comme Christ a aimé! Notre coeur ne s'émeut-il pas à la pensée du
privilège immense auquel nous sommes appelés, de refléter l'amour
éternel? Ou bien serions-nous peut-être tentés de soupirer de ce
que Dieu nous propose un degré si élevé de perfection?
Gardons-nous-en ; car nous avons précisément, là un gage précieux
de l'amour du Père, qu'il veuille nous rendre semblables à Christ,
comme Christ lui est, semblable. Et si Jésus a rattaché si
intimement le commandement de nous aimer les uns les autres, à sa
parabole du cep et des sarments, c'est pour nous donner à entendre
qu'en demeurant en lui, nous serons capables d'aimer comme lui. Ce
commandement est donc un nouveau motif pour nous de vivre en Christ
et dans son amour infini, afin de recevoir de sa plénitude la
faculté d'aimer. Dans ces conditions, le commandement qui nous était
à charge devient une source de joie.
L'amour
pour nos frères n'est-il pas un de ces nombreux fruits que Jésus
nous a promis, une grappe d'Escol par laquelle nous pouvons prouver
aux autres que le pays de la promesse est bien un bon pays? Faisons
passer dans la pratique de tous les jours, en toute honnêteté et
simplicité, les choses que nous professons par le langage de la foi
et de l'enthousiasme chrétien, afin que les hommes voient et
croient. Apportons à Jésus tout ce qui, dans nos caractères et
dans nos vies, fait obstacle à cet amour fraternel. Il peut nous
rendre doux et patients, diriger nos paroles, retenir nos lèvres,
nous donner cette charité qui refuse de s'offenser, qui est toujours
prête à excuser, à supporter et à espérer le bien cet amour qui
ne se cherche pas lui-même, mais qui est toujours disposé à laver
les pieds des autres et à se donner pour eux. Plaçons-nous comme
des écoliers dociles sous la direction du Saint- Esprit : la vie la
plus ordinaire peut être transfigurée par l'éclat d'une beauté
céleste, quand l'amour divin brille à travers notre frêle
humanité.
Loin
de nous plaindre, rendons grâce à Dieu de ce que nous sommes
appelés à aimer comme Jésus aime, comme Dieu aime! Louons-le de ce
que nous le pouvons. Oui, la nouvelle nature, la nature sainte dont
nous sommes revêtus par notre union au divin Cep, peut aimer comme
il a aimé. Fortifions cette nouvelle nature en demeurant en Christ
et dans son amour.
VINGT-SEPTIÈME JOUR Demeurez
en Christ, afin que vous ne péchiez pas.
«
Il n'y a point en lui de péché. Quiconque demeure en lui ne pèche
point » (1 Jean III : 5, 6)
Lorsque
l'apôtre prononça les paroles de notre texte, il venait de dire : «
Vous savez que Jésus a paru pour ôter les péchés. Ce
rapprochement montre que le but de l'incarnation du Fils était de
délivrer, non seulement du péché, mais aussi de la puissance du
péché, en sorte que le croyant ne pèche plus. C’est la sainteté
personnelle de Christ qui lui permet d'accomplir cette oeuvre;
admettant les pécheurs dans une communion de vie avec lui- même il
rend, par cette union, leur vie semblable à la sienne. « Si la
racine est sainte, les branches le sont aussi. » « En lui, il n'y a
point de péché. Quiconque demeure en lui ne pèche point. » Tant
que le croyant demeure en Christ, et dans la mesure où il y demeure,
il ne pèche pas.
Mais
aussitôt se pose la question : comment ceci peut-il s'accorder avec
l'enseignement de la
Bible sur la corruption inhérente à notre nature humaine, ou avec
ce que Jean lui-même affirme, quand il dit : « Si nous disons que
nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes; et si
nous disons que nous n'avons pas péché, sa parole n'est point en
nous? » (1 Jean I : 8, 10) C'est précisément ce passage, étudié
avec soin, qui fera comprendre le vrai sens du texte qui nous occupe.
Ces deux expressions : « Si nous disons que nous n'avons pas le
péché, » (vers. 8), et : « Si nous disons que nous n'avons pas
péché » (vers. 10), ne sont pas équivalentes. Avoir du péché
signifie : avoir une nature pécheresse. Le croyant le plus fidèle
doit confesser à chaque instant que le péché est en lui, dans sa
chair, en laquelle n'habite aucun bien. Pécher, ou commettre le
péché, est tout autre chose; c'est céder à la nature de péché
et tomber dans la transgression positive. Ainsi, tout vrai croyant
doit admettre deux choses : la première, que le péché est encore
en lui (vers. 8), la seconde, que le péché s'est pendant un temps
manifesté par des actes de péché (vers. 10). Aucun croyant ne peut
dire : je n'ai point de péché, et encore moins : je n'ai jamais
péché. Mais nous ne devons pas nécessairement avoir à confesser
que nous péchons actuellement, Dieu ne l'attend pas de nous, quoique
nous ayons le péché actuellement en nous; la confession d'avoir
péché se rapporte au passé. D'après le chapitre II, verset 1, il
se peut que nous ayons aussi à confesser des péchés actuels, mais,
encore une fois, ce n'est pas une nécessité. Et nous voyons ainsi
comment la confession la plus sincère de péchés passés (comme
celle de Paul reconnaissant qu'il a été un persécuteur), et le
sentiment profond d'avoir encore une nature corrompue, peuvent
s'accorder avec d'humbles, mais joyeuses actions de grâce à Celui
qui préserve de chutes.
Mais,
dit-on, comment un croyant, ayant le péché habitant en lui, peut-il
ne pas pécher? La réponse à cette objection se trouve dans ces
paroles : « En lui, il n'y a point de péché. Quiconque demeure en
lui ne pèche pas. » Quand le croyant demeure en Christ dans une
union constante, il est gardé par le Seigneur, qui tient en échec
la vieille nature, si bien qu'elle ne peut reprendre sa domination
sur l'âme. Malheureusement, la plupart des chrétiens demeurent en
lui d’une manière si incomplète et si intermittente, que le péché
reprend constamment son ascendant et assujettit l'âme tout à
nouveau. La promesse faite à la foi est bien : « Le péché n'aura
point de pouvoir sur vous; » mais elle est accompagnée du
commandement « Que le péché ne règne point dans votre corps. »
Le croyant qui réclame la promesse avec une foi pleine et entière,
est rendu capable d'obéir au commandement, et le péché ne peut
exercer son pouvoir sur lui. L'ignorance de la promesse,
l'incrédulité, ou encore l'absence de vigilance, ouvrent la porte
au péché; mais que le croyant recherche une communion permanente
avec Celui qui est saint, il le sauvera effectivement de toute
transgression, non pas assurément en le délivrant de sa nature
pécheresse, mais en l'empêchant de lui céder. « Quiconque demeure
en lui ne pèche pas.»
On
parle de jeunes lions que rien ne peut dompter, si ce n'est l’œil de
leur gardien. En sa présence, malgré leur naturel féroce et leur
soif de sang, ils sont soumis et tremblants, au point qu'on peut
s'approcher d'eux sans crainte; mais loin de leur gardien, on n'ose
les aborder. Il en est de même du croyant ; il peut avoir le péché
en lui, et pourtant ne pas pécher. Sa nature corrompue, sa chair
n'est pas changée dans son inimitié contre Dieu; mais elle est
domptée par la présence de Jésus, auquel il se confie avec foi.
L'union avec Christ est donc le secret de la vie sans péché « En
lui, il n'y a point de péché ».
Mais
encore, en admettant en principe qu'on soit gardé de péché par la
communion constante et complète avec Jésus, cette communion
peut-elle se réaliser, pouvons-nous prétendre à la possibilité de
demeurer en Christ, même un seul jour, de telle sorte que nous
puissions être préservés de toute chute? Nous avons déjà répondu
à cette objection; et, du reste, la question, pour quiconque la pose
et la considère avec droiture, renferme elle-même la réponse.
Quand Christ nous commande de demeurer en lui, nous promettant des
fruits abondants à la gloire du Père et l'exaucement de nos
prières, peut-il avoir autre chose en vue que l'union parfaite du
sarment au cep? Quand il promet de demeurer en nous, qu'entend-il,
sinon que sa présence en nous sera la présence même de la
puissance et de l'amour divin Et cette manière de délivrer du
péché, n'est-elle pas tout à sa gloire, nous maintenant toujours
humbles et dépendants dans le sentiment de notre nature corrompue,
vigilants et actifs dans la crainte du pouvoir redoutable qu'elle
exerce, et en même temps confiants dans la pensée que la seule
présence de Jésus peut la tenir en échec?
Oui,
n'en doutons plus : si nous ne pouvons être affranchis du monde et
de ses tribulations, de notre nature corrompue et de ses tentations,
Jésus nous assure du moins la grâce de pouvoir demeurer pleinement
en lui, pour être préservés de tout mal.
Nourrissez-vous
de cette promesse, et croyez, sans vous inquiéter de savoir s'il
vous sera possible d'être à l'abri du péché votre vie entière.
La foi doit vivre au jour le jour et ne se préoccuper que du moment
présent. Si vous croyez que Jésus peut vous garder présentement de
toute transgression, cela suffit ; allez de l'avant avec une
confiance toujours renouvelée. Et qu'au lieu de vous décourager,
les chutes et les péchés servent à vous faire rechercher, avec
plus d'ardeur, votre force et votre salut dans la communion de
l'Homme-Dieu. Vous pouvez faire des progrès étonnants dans cette
voie-là, pourvu que vous vous remettiez entièrement aux mains de
Dieu pour être gardés par lui de pécher, et que vous persévériez
dans la foi.
Considérez
la, nature sainte de Jésus homme, comme la nature même dont il veut
nous rendre participants avec lui, et vous découvrirez qu'il y a
quelque chose de mieux encore que d'être préservé de pécher, de
plus élevé que l’abstention du mal : c'est la bénédiction bien
plus grande d'être, dès maintenant, un vase purifié, sanctifié
rempli de la plénitude de Jésus, l'instrument par lequel il
manifeste sa puissance et sa gloire.
LE
PÉCHÉ JOURNALIER EST-IL INÉVITABLE? (Fragment
tiré de Christ and the Church. Sermons de A. Saphir.)
Comment
se fait-il que, possédant un Sauveur dont l'amour et la puissance
sont infinis, nous soyons si souvent remplis de crainte et de
désespoir, las et languissants dans nos esprits? Parce que nous ne
regardons pas fermement à Jésus, l'auteur et le consommateur de la
foi, assis à la droite de Dieu, dont la toute-puissance embrasse le
ciel aussi bien que la terre, et qui la déploie dans ses faibles
enfants.
Nous
nous rappelons notre faiblesse, et nous oublions sa toute-puissance ;
nous reconnaissons que sans Christ nous ne pouvons rien, et nous ne
sayons pas nous élever ou nous abaisser jusqu'à dire dans
l'humilité chrétienne : « Je puis tout par Christ qui me fortifie.
» Nous nous confions dans ni vertu de la mort de Jésus pour effacer
notre culpabilité et nous n'entretenons pas en nous une foi
confiante, digne de la toute- puissance du Sauveur vivant pour nous
délivrer de l'esclavage et de la puissance du péché dans notre vie
journalière. Nous oublions que Christ travaille puissamment en nous
et que, étant un avec lui, nous possédons une force suffisante pour
surmonter toute tentation. Ou bien, perdant de vue notre néant, nous
avons la présomption de croire que, par nos propres forces, nous
pouvons vivre sans péché, accomplir nos devoirs, supporter nos
épreuves; ou bien, nous ne réclamons pas la toute-puissance de
Jésus, qui seul peut s'assujettir toutes choses, et nous garder des
infirmités et des chutes journalières que nous croyons être une
nécessité. Si réellement nous nous appuyions en toutes choses et
en touttemps
sur Christ, nous gagnerions aussi la victoire en toutes choses et en
tout temps, par Celui dont la puissance est infinie et qui est établi
par le Père pour être le Chef de notre salut. Alors, toutes nos
actions se feraient noie seulement devant Dieu, mais en la gloire du
Père, et au nom de Jésus, notre sanctification. Rappelons-nous que
toute puissance lui est donnée dans le ciel et sur la terre, et
vivons dans un continuel exercice de foi en sa vertu infinie.
Travaillons à nous convaincre que nous n'avons rien et ne sommes
rien; qu'en lui-même l'homme n'a pas la vie pour porter du fruit,
mais que Christ est tout ; qu'en demeurant en lui et en gardant sa
Parole, nous pouvons porter beaucoup de fruits.
VINGT-HUITIÈME
JOUR Demeurez
en Christ votre force.
«
Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Math.
XXVIII : 18) « Fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force
toute-puissante. » (Eph. VI : 10) « Ma puissance s'accomplit dans
la faiblesse. » (2Cor XII : 9)
Nous
reconnaissons aisément notre complète faiblesse, mais nous ne
comprenons pas toujours le rôle qu'elle doit jouer dans notre vie.
Ici, comme ailleurs, les pensées de Dieu sont élevées au-dessus
des pensées de l'homme, autant que les cieux sont élevés au-dessus
de la terre.
Souvent
le chrétien cherche à oublier sa faiblesse, il veut la vaincre, en
être délivré. Dieu veut, au contraire, que nous nous la
rappelions, que nous la sentions profondément ; il veut que nous y
demeurions et même que nous nous réjouissions en elle. Le chrétien
gémit de sa faiblesse, mais Christ enseigne à ses disciples à dire
: « Je me plais dans les faiblesses; je me glorifierai bien plus
volontiers de mes faiblesses. » Le chrétien la considère comme le
plus grand obstacle qui l'empêche de vivre pour son Dieu ; et Dieu
nous dit qu'elle est le secret de la force et du succès. C'est notre
faiblesse, franchement reconnue, qui nous donne droit et accès à la
force de celui qui a dit : « Ma puissance s'accomplit dans la
faiblesse. »
Une
des dernières paroles de notre Seigneur, alors qu'il allait prendre
place sur le trône de Dieu, fut celle-ci : « Tout pouvoir m'a été
donné dans le ciel et sur la terre. » La toute- puissance allait
être conférée au Fils de l'homme, afin que, désormais, elle pût
se manifester par l'intermédiaire de la nature humaine ; c'est
pourquoi Jésus rapproche ce fait de la promesse qu'il fait à ses
disciples de participer à cette toute-puissance « Quand je serai
monté au ciel, vous serez revêtus de la puissance d'En Haut. »
(Luc XXIV : 49; Actes I : 8.) C'est dans le Sauveur siégeant, à la
droite du Père que le croyant doit chercher sa force.
C'est
là que les disciples la trouvèrent après dix jours de prières et
de consécration, pendant lesquels leurs âmes s'affermirent dans une
communion toujours plus intense avec Jésus assis sur le trône de
Dieu, ils furent revêtus de force, au dedans pour vaincre le péché,
au dehors pour annoncer Jésus-Christ.
La
puissance d'En Haut vint les qualifier en vue de la mission qu'ils
avaient acceptée, de rendre témoignage à leur Maître ressuscité.
Pour les uns, le témoignage consistait surtout en une vie sainte
révélant le ciel et le Christ d'où cette vie procédait,
manifestant la puissance de Jésus glorifié pour donner la victoire
sur le péché et faire vivre les hommes dans
la sainteté au milieu du monde; d'autres devaient ajouter à ce
témoignage celui de la parole et consacrer leur vie à parler au nom
de Jésus. Mais aux uns et aux autres, cette vertu d'En Haut était
indispensable pour prouver au monde que Jésus avait bien reçu du
Père tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, pour démontrer que
le royaume de Dieu auquel ils professaient d'appartenir, ne consiste
pas en paroles seulement, mais en force. Et cette force fut sentie
même par ceux qui refusaient de s’y soumettre. (Actes II : 43; IV
: 13; V, 13)
Ce
que Jésus fut pour ses premiers disciples, il l'est pour nous aussi.
Notre vie entière aussi bien que notre vocation comme disciples, ont
leur origine et leur garantie dans cette parole : « Tout pouvoir m'a
été donné dans le ciel et sur la terre. » Ce qu'il accomplit en
nous et par nous, doit porter le sceau de sa toute-puissance. Aussi,
le croyant le plus faible qui demande d'être gardé du péché, de
croître dans la sainteté, de porter beaucoup de fruits, peut avoir
la confiance, comme membre du corps de Christ, que ses requêtes
seront exaucées avec une puissance toute divine.
Et
si nous demandons comment la puissance nous est donnée, la réponse
est simple : Christ nous la donne, ainsi qu'aux premiers disciples en
établissant en nous sa propre vie par son Saint-Esprit, et non pas,
comme beaucoup le croient, en venant seulement en aide à nos faibles
efforts. Il ne supprime pas le sentiment de notre faiblesse ; au
contraire, chose merveilleuse, en laissant et même en développant
en nous le sentiment d'une totale impuissance, il nous donne, en même
temps, conscience d'une grande force en lui. « Nous portons ce
trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit
attribuée à Dieu et non pas à nous. » La faiblesse et, la force
marchent de front ; si le sentiment de l'une augmente, le sentiment
de l'autre augmente aussi, jusqu'à ce qu'enfin nous puissions dire
avec saint Paul : « Lorsque je suis faible, c'est alors que Je suis
fort ; je me glorifierai bien plus volontiers de mes faiblesses, afin
que la puissance de Christ repose sur moi. »
Le
chrétien vivant apprend à considérer en Christ assis sur le trône
de Dieu, la position qui lui est acquise à lui-même; il contemple
cette vie pure et sans tache dans sa puissance et dans sa gloire ; il
y voit la vie éternelle dans l'homme glorifié. Et si, faisant un
retour sur lui-même, il soupire après la sainteté, après la force
d'être agréable à Dieu et de faire sa volonté, il sait qu'il n'a
qu'à lever les yeux sur Christ, sa vie, qui accomplira en lui tout
ce qui lui manque. C'est à Christ revêtu de force qu'il s'attend en
toute occasion, dans les petites choses comme dans les grandes, pour
être gardé du mal d'instant en instant, ou pour lutter contre une
difficulté contre une tentation particulière. Sa vie devient ainsi
de plus en plus paisible et joyeuse, non qu'il sente plus de force,
mais parce qu'il a en lui- même toujours la victoire en son Sauveur.
Oui,
notre force est en Christ, prête à nous être communiquée dans la
mesure où nous la réclamerons, et où elle trouvera notre foi
disposée à la recevoir. Elle est là, que nous en usions ou non. Le
Père a donné à Jésus tout pouvoir dans le ciel et sur la terre,
par conséquent sur nos cœurs et sur nos vies, ainsi que sur les
puissances qui les assujettissent, afin qu'il soit pour nous un
Sauveur parfait.
Et
cette puissance pénètre en nous par notre communion avec lui. Si la
communion est faible et peu goûtée, sa force ne sera communiquée
que dans une faible mesure ; mais si nous cultivons cette union avec
joie, comme notre plus grand bien, étant prêts à tout sacrifier
pour la conserver, « sa puissance s'accomplit dans notre faiblesse.
» Notre unique soin doit donc être de demeurer en Christ, notre
force, de « nous fortifier dans le Seigneur et par sa force
toute-puissante. »
Cherchons,
par la foi, à acquérir une connaissance toujours plus claire et
plus profonde, une expérience toujours plus parfaite de l'infinie
grandeur de la puissance de Dieu dans ceux qui croient, de cette
puissance du Christ ressuscité et glorifié, par laquelle il
triomphe de tous les ennemis. (Eph. I : 19-24). Acceptons, par la
foi, ce plan admirable de Dieu : en nous, rien que faiblesse, en
Christ, la toute-puissance. Ne regardons plus à nous- mêmes, mais
seulement à Christ, et nous arriverons à dire : « Je puis tout par
Christ qui me fortifie.»
VINGT-NEUVIÈME
JOUR Demeurez
en Christ et non en vous-mêmes,
«
Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi. » (Rom. VII : 18)
Avoir
la vie en soi, est le privilège de Dieu seul, et du Fils à qui le
Père l'a aussi donné. Quant à la créature, sa gloire est de
chercher sa vie en Dieu. Le crime et la folie de l'homme pécheur est
de vivre pour lui-même et en lui-même, tandis que le croyant trouve
le bonheur en vivant en Christ et pour Dieu. « Si je vis, ce n'est
plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. Non pas moi toutefois,
mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » Tel est le témoignage de
tous ceux qui ont connu le bienfait de la vie de la foi, qui ont su
haïr, perdre leur vie, y renoncer pour recevoir à la place la vie
sainte de Christ. Il n'y a qu'un chemin pour arriver à la vraie vie,
à la vie en Christ, celui de la crucifixion, que notre Sauveur
lui-même a suivi.
Il
est rare que nous le comprenions au début de notre vie chrétienne.
Dans la joie du pardon, nous nous sentons pressés de vivre pour
notre Sauveur ; et nous croyons qu'avec l'aide de Dieu, nous en
serons capables, ignorant encore la terrible inimitié de la chair
contre Dieu et sa résistance absolue, même chez le croyant, à se
soumettre à sa loi; ignorant aussi que la mort seulement, et la
soumission implicite à la mort de tout ce qui tient à notre nature,
rend possible en nous la vie divine et la manifestation de sa
puissance. Mais les chutes douloureuses se chargent bientôt de nous
montrer combien la connaissance que nous avons de Christ pour le
salut est insuffisante; elles font naître en nous un ardent désir
de mieux connaître notre Sauveur. Quand Jésus voit paraître ce
désir, il nous montre avec amour sa croix nous avons reçu là notre
titre à la vie par la foi à sa mort expiatoire; c'est là aussi que
nous devrons faire une expérience plus complète de cette vie. Alors
se pose pour nous la question de savoir si nous sommes réellement
décidés à boire la coupe que Jésus a bue, à être crucifiés
avec lui. De fait, nous sommes, en lui, déjà crucifiés et morts,
c'est-à-dire que, sans en avoir conscience, à partir de notre
conversion, nous sommes devenus participants de sa mort ; mais ce
qu'il faut maintenant, c'est de donner à ce que nous avons reçu
sans le comprendre, notre libre et entier consentement par un acte
volontaire, reconnaissant vouloir mourir avec Christ au péché.
C'est
un moment solennel pour le croyant que celui où cette question
s'impose à lui. Devant elle, plus d'un recule et souvent ne la
comprend pas. Nombre de chrétiens s'accoutument si bien à la
médiocrité, à une vie de chutes continuelles, qu'ils désirent à
peine une délivrance; ils n'osent même pas croire à la possibilité
de la sainteté, de notre parfaite conformité avec Jésus et de
notre communion ininterrompue en son amour. Or, là où il n'y a pas
un besoin intense d'être préservé d'une manière absolue du péché
et d'entrer
dans
l'union la plus étroite avec le Sauveur, la pensée d'être crucifié
avec lui ne peut trouver accès. Ces chrétiens-là ne voient dans la
crucifixion que honte et souffrances, et il leur suffit que Jésus
ait porté la croix pour leur gagner la couronne qu'ils espèrent
porter eux-mêmes un jour.
Le
croyant, avide de sainteté, considère tout autrement la
crucifixion. Il sait, par d'amères expériences que son plus grand
obstacle pour la vie d'abandon et de confiance en Christ c'est
lui-même, son moi, qui tantôt refuse de se soumettre, tantôt
entrave par ses vains efforts l'oeuvre de Dieu en lui. Il sent que la
vie en Christ lui restera inaccessible tant que ce moi, cette volonté
propre et ses oeuvres ne seront pas remplacées par Christ, par sa
volonté et par ses oeuvres ; et cette question : Veux-tu mourir à
toi-même? devient pour lui la question vitale.
Etant
nés de Dieu, vous êtes déjà en Christ morts au péché et vivants
à Dieu. Mais êtes- vous prêts par la puissance de cette mort, à
mortifier vos membres, à renoncer complètement à votre vieil
homme, à le clouer sur la croix jusqu'à son entière destruction?
Vous demandez peut-être si c'est réellement là ce qui est réclamé
du croyant? Notre nature n'est-elle pas l'oeuvre de Dieu, et nos
forces naturelles ne peuvent-elles pas être sanctifiées pour son
service? Oui, elles le peuvent ; mais seulement en étant soustraites
à la domination du moi, pour être placées sous la puissance de la
vie de Christ. (Rom. VI : 18 ; XII : 1).
Ce
n'est que par une mortification complète du moi que les forces
merveilleuses que Dieu nous a dispensées pour le servir, nos dons,
nos talents, tout en nous, peut lui être entièrement consacré.
Lors même qu'il est impossible, tant que nous sommes dans la chair,
de dire que le moi est mort, cependant, quand nous avons permis à la
vie de Christ de prendre pleine possession de nous, il peut être,
par la toi, maintenu sur la croix et subir sa sentence de mort si
réellement, qu'il n'aura plus sur nous aucune puissance, même
momentanée. Jésus-Christ étant devenu notre second nous-mêmes, ce
n'est plus nous qui vivons, mais Christ en nous.
Cette
rupture avec nous-mêmes qui est une condition indispensable à notre
communion avec Christ, Christ l'accomplit chez quiconque lui permet
de le faire, et il promet de remplir de sa présence celui qui est
disposé à le recevoir. Ne reculez donc plus devant le sacrifice,
dans la crainte de ne pouvoir y persévérer ; mais appuyez-vous sur
la promesse qu'il vous fait de vivre en vous à votre place. Faites
cette expérience que vous êtes morts à vous-mêmes : le moi
subsiste encore, mais il n'a plus aucun pouvoir sur vous,
c'est-à-dire sur votre nature renouvelée, sur le nouvel homme né
en Christ, sauf lorsque dans l'ignorance, la négligence ou
l'incrédulité, vous consentez à céder à son autorité usurpée
(Rom. VI : 11). Acceptez simplement, en sincérité de coeur, par la
foi, la glorieuse position qui vous est faite en Christ, sachant que
votre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que vous ne soyez
plus esclaves du péché (Rom. VI : 6), et vivez comme ayant en vous
la vie en Christ qui est « un esprit vivifiant. » (Rom. VI : 7).
Demeurez
en Christ dans cette conviction, reposez-vous sur lui; mais aussi
veillez constamment avec un saint tremblement sur l'ennemi, le moi,
qui cherche à reprendre vie et ne cesse de vous solliciter de lui
donner du relâche. Réfugiez-vous en Christ. Mettez votre être tout
entier à sa disposition, il vous enseignera à être humbles et
vigilants, heureux et confiants. Et dans la paix de cette nouvelle
vie, vous éprouverez une joie constante, sans cesse renouvelée en
constatant la transformation merveilleuse opérée en vous par ce
renoncement à vous-mêmes pour ne vivre que de Christ seul.
TRENTIÈME
JOUR Demeurez
en Christ le garant de l'alliance.
«
Jésus est le garant d'une alliance plus excellente. » (Heb VII :
22)
Les Écritures parlent de l'ancienne alliance comme n'étant pas sans
défaut, et Dieu se plaint de ce qu'Israël n'y a pas persévéré,
en sorte qu'il a dû les rejeter (Heb VIII : 7-9). Le but de cette
alliance, qui était d'unir Israël à Dieu, n'avait pas été
atteint. C'est pourquoi Dieu promet de faire une nouvelle alliance,
plus excellente que la première et propre à accomplir son dessein,
assurant la fidélité réciproque de Dieu et de son peuple. D'une
part il dit « Je mettrai mes lois dans leur esprit, » ainsi la
fidélité du peuple est assurée pour toujours; et d'autre part «
Jen e me souviendrai plus de leurs péchés, » la fidélité de Dieu
est garantie à perpétuité. (Voy. Heb VIII : 10-12) Un Dieu qui
pardonne et un peuple qui obéit, tels sont les deux éléments qui
doivent se rencontrer et s'unir éternellement dans l'alliance
nouvelle. Ce qui en fait la valeur, c'est que Jésus en est le garant
: « Jésus est le garant d'une alliance plus excellente. »
Vis-à-vis de l'homme, il se fait, comme Fils de Dieu, garant de la
fidélité du Père à remplir ses engagements, en sorte que l'homme
peut compter sur le pardon de Dieu et accepter l'alliance -sans
crainte de l'abandonner. Comme Fils de l'homme, Jésus se fait,
vis-à-vis de Dieu, garant de la fidélité de l'homme à remplir son
mandat, en sorte que Dieu peut répandre sur lui les bénédictions
de l'alliance. Etant un avec Dieu et un avec nous, Jésus,
l'Homme-Dieu, est doublement garant de cette alliance nouvelle. Il
est dès lors aisé de comprendre que c'est dans la mesure où nous
demeurerons en Jésus, garant de l'alliance, que les conditions et
les bénédictions de cette alliance se réaliseront en nous.
Nous
le comprendrons encore mieux en considérant la nouvelle alliance à
la lumière d'une des promesses qui s'y rapportent, celle de Jérémie
XXXII : 40, par exemple : « Je traiterai avec une alliance
éternelle, je ne me détournerai plus d'eux, je leur ferai du bien,
et je mettrai ma crainte dans leur coeur, afin qu'ils ne s'éloignent
pas de moi. »
Avec
quelle admirable condescendance Dieu infini s'abaisse jusqu'à notre
faiblesse! Lui, le Dieu fidèle, immuable, dont la parole est la
vérité, il donne aux héritiers de la promesse un gage de la sûreté
de son conseil, il s'engage lui-même à ne jamais varier : « Je
traiterai une alliance éternelle, je ne me détournerai plus d'eux.
» Heureux celui qui s'approprie Si complètement cette promesse,
qu'il y trouve son repos!
Mais
dans une alliance, il y a deux contractants; et qu'en sera-t-il si
l'homme est infidèle ou fait défaut? Par lui-même, il est
incapable de donner une garantie de sa fidélité; mais Dieu y
pourvoit. Dans cette nouvelle alliance, il s'engage, non seulement à
ne pas se détourner de son peuple, mais aussi à mettre sa crainte
dans leur coeur, afin qu'ils ne s'éloignent pas de lui : « Je ferai
que vous suiviez mes ordonnances et que vous observiez et pratiquiez
mes lois. » (Eze XXXVI : 27). Heureux encore celui qui comprend
cette condition de l'alliance! Le salut de l'homme est donc, non pas
de faire avec son Dieu une alliance qu'il romprait constamment, mais
simplement d'entrer dans celle où Dieu s'engage à le maintenir, en
sorte qu'il n'a qu'à accepter la promesse de Dieu et attendre en
assurance son accomplissement.
L'oeuvre
de Jésus, donnée par le Père comme garant, commence précisément
là. C'est à lui que
le Père a dit : « Je t'établirai pour traiter une alliance avec le
peuple. » Et le Saint- Esprit rend d'autre part ce témoignage que «
toutes les promesses de Dieu sont oui en lui et amen en lui, afin que
Dieu soit glorifié par nous. » (2 Cor. I : 29). Ainsi le croyant,
qui demeure en Christ, possède en lui l'assurance de l'inviolabilité
de cette alliance et de l'accomplissement de chacune des promesses
qu'elle renferme.
«
Christ est le garant d'une alliance plus excellente. » C'est comme
notre Melchisédec que Christ est garant (voy. Heb VII). Aaron et ses
fils sont morts, mais de Christ il est dit qu'il est vivant, Il est
sacrificateur pour toujours « selon la puissance d'une vie
impérissable. » « Parce qu'il demeure éternellement, il possède
un sacerdoce qui n'est pas transmissible. C'est aussi pour cela qu'il
peut sauver parfaitement étant toujours vivant pour intercéder. »
Voilà ce qui rend sa garantie efficace. Sa sainte présence devant
le Père et son intercession permanente nous rendent participants de
la vie céleste avec ses bénédictions et ses puissances. Comme
garant de la faveur du Père à notre égard, il ne cesse de prier
pour nous; comme notre garant devant le Père, il ne cesse de
travailler en nous et de nous révéler le Père.
Le
mystère de la sacrificature selon l'ordre de Melchisédec, que les
Hébreux ne pouvaient saisir, est le mystère de la vie de
résurrection (Heb V : 10-14). La nature même de cette sacrificature
éternelle de Jésus notre garant, explique comment nous pouvons
demeurer en lui d'une manière constante. S'il plaide sans cesse pour
nous. l'exaucement de ces intercessions descend continuellement sur
nous; et comme il est répondant de l'accomplissement de cette
promesse de l'alliance : « Je mettrai ma crainte dans leur coeur,
afin qu'ils ne s'éloignent pas de moi, » il ne peut nous abandonner
un seul instant à nous-mêmes sans manquer à son mandat. Notre
incrédulité peut mettre obstacle pour nous à la réalisation de la
promesse; mais lui ne peut être infidèle. Contemplons-le dans la
gloire de cette vie éternelle qui lui a valu son titre de souverain
sacrificateur, et notre foi se fortifiera, et nous croirons que nous
sommes bien réellement appelés à vivre constamment en lui.
Quand
nous saisissons parfaitement ce qu'est Jésus et ce qu'il est pour
nous, il nous devient naturel et simple de demeurer en lui dans tous
les moments et toutes les circonstances de la vie; quelle que soit
notre disposition, nous trouvons en lui ce qu'il nous faut. Dans les
moments de communion directe, nous nous reposons sur lui comme notre
Sauveur, notre garant, vivant éternellement. Dans nos moments de
faiblesse, d'obscurité, de crainte, nous regardons à lui comme à
notre Souverain sacrificateur, revêtu de la puissance d'une vie qui
n'a ni fin ni variation. Et quand la communion directe doit faire
place aux occupations indispensables de la vie, nous pouvons encore
nous reposer sur lui pour nous représenter devant le Père, et
compter sur sa puissance pour nous garder en lui.
TRENTE-UNIÈME JOUR Demeurez
en Christ glorifié.
«
Votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand, Christ votre vie
paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. »
(Col. III : 3, 4)
La
communion avec Christ crucifié nous apprend à être crucifiés avec
lui et réellement morts au péché. La communion avec Christ
ressuscité et glorifié nous rend de même participants de sa vie de
résurrection et de la gloire dont il a été couronné dans le ciel.
Les bienfaits
que l'âme retire de cette vie en Christ glorifié sont immenses.
Vie
de victoire et de paix. Sur la terre, le Fils de Dieu avait à
souffrir, à lutter : il pouvait être tenté, assailli par le péché;
ressuscité, il est victorieux du péché glorifié, il est revêtu
dans son humanité, de la gloire divine. En demeurant en Jésus comme
étant glorifiés avec lui, nous savons par expérience que la
puissance du péché est bien réellement détruite; l'assurance que
notre délivrance complète, éternelle, est un fait accompli,
s'empare de notre âme et la remplit d'une paix toujours croissante.
Vie
aussi de pleine communion avec l'amour et la sainteté du Père.
Jésus considérait sa mort comme un retour au Père : « Je m'en
vais au Père, » disait-il. « Glorifie-moi auprès de toi-même de
la gloire que j'avais auprès de toi ». Si nous cherchons quel
avantage nous retirons de notre union avec Christ glorifié, nous
voyons que la gloire et la joie du Fils sont dans la présence
lumineuse du Père où tout est sainteté, parfaite harmonie; et le
croyant, sanctifié par cette sainte communion, connaît, par
expérience, la présence de Dieu; il sent l'accord s'établir de
plus en plus entre la volonté du Père et la sienne; car la vie de
Jésus ressuscité est la puissance qui détruit en nous le péché.
Vie
d'activité, d'amour et de bienfaisance. Du trône où il est assis,
Jésus dispense ses dons, répand son Esprit, travaille avec les
siens et ne cesse de veiller avec amour sur eux. Nous ne pouvons être
unis à lui dans sa gloire sans nous sentir nous-mêmes remplis de
zèle et fortifiés pour accomplir son oeuvre, son Esprit et son
amour nous communiquant la volonté ci la force d'être en
bénédiction aux autres; car Jésus est monté au ciel dans le
dessein même d'obtenir la puissance de bénir abondamment ; et,
comme le Cep divin, il bénit par le moyen de ses disciples, les
sarments.
Vie,
enfin, d'attente et d'espérance glorieuses. Jésus est assis à la
droite de Dieu, attendant que ses ennemis soient mis sous ses pieds,
le regard fixé vers le temps où il recevra sa pleine récompense,
quand sa gloire sera manifestée et que son peuple sera pour toujours
avec lui dans cette gloire. L'espérance de Christ est celle de ses
rachetés. « Je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là
où je suis vous y soyez aussi. » (Jean 14 : 3). Cette promesse est
aussi précieuse à Jésus qu'à nous: la joie de la rencontre est
aussi grande pour l'époux qui vient que pour l'épouse qui attend.
Et le croyant, intimement uni à Christ, s'en réjouit, non pas tant
en vue de son bonheur personnel, que comme un sujet fidèle à son
roi qu'il lui tarde de voir venir dans la gloire, victorieux de ses
ennemis, alors que l'amour éternel du Père sera pleinement révélé.
« Jusqu'à ce qu'il vienne » est le mot d'ordre du croyant sincère.
« Quand Christ votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi
avec lui dans la gloire. » (Col. 3 :4)
Cette
attente est un sujet de joie et de force. Jésus revenant, nous
prenant à lui ; Jésus adoré comme le Seigneur de tous, est le
résumé et le centre de l'espérance de l'Eglise entière.
C'est
en contemplant Jésus glorifié et en demeurant en lui comme tel, que
le croyant parviendra à cette conception vraiment spirituelle de sa
venue, qui seule apporte à l'âme une vraie bénédiction.
Il y
a souvent dans l'étude des choses à venir un intérêt plus
intellectuel que spirituel, qui se complaît dans les discussions plus
que dans la contemplation de la gloire promise. Ce qui nous préparera
à la rencontre avec Jésus et ce qui convaincra l'Eglise et le monde
que notre espérance est selon la puissance de Dieu et non selon la
sagesse humaine, ce n'est pas la justesse de nos vues ni le zèle
avec lequel nous les défendons ; mais c'est un esprit
d'humilité
et d'amour qui témoigne que Celui qui vient est déjà en vérité
notre vie ; c'est cette communion avec lui qui, faisant pénétrer en
nous sa gloire, nous donne de refléter en nos personnes l'image du
Christ glorifié.
Qu'elle
est bénie, la vie cachée avec Christ en Dieu! Demeurer en Christ
glorifié, être assis avec lui dans les lieux célestes ! Mais,
encore une fois, de misérables créatures, nées de la poudre,
peuvent-elles réellement demeurer dans la communion du Roi de
gloire? Oui, grâces à Dieu; et l'oeuvre même de Christ est de
maintenir cette union. Il dispose pour cela de la toute-puissance
dans le ciel et sur la terre en faveur de quiconque s'en remet à lui
et persévère dans la foi. Par un simple acte de foi, l'âme s'est
d'abord abandonnée au Sauveur ; par un simple acte de foi encore,
mais d'une foi devenue puissante en grandissant, l'âme reçoit le
Christ glorifié et la plénitude de grâce qu'il apporte avec lui.
Saisissant toujours mieux la réalité de cette gloire, elle y
participe par sa communion, si bien que la vie du croyant commence à
reluire, comme la face de Moïse, d'un éclat qui n'est pas de ce
monde.
Vie
glorieuse ! et qui nous appartient puisque nous possédons Christ. Sa
puissance cachée agit déjà en nous, en attendant son
épanouissement complet dans la gloire. Puissent la joie et la paix,
dans notre vie journalière, en être une preuve éclatante Puisse
notre communion avec Christ glorifié être notre force pour vivre à
la gloire du Père et nous rendre participants de la gloire du Fils!
ET
MAINTENANT PETITS ENFANTS DEMEUREZ EN LUI, AFIN QUE LORSQU'IL PARAÎTRA NOUS AYONS DE L'ASSURANCE, ET QU'A SON AVÈNEMENT NOUS NE
SOYONS PAS CONFUS ET ÉLOIGNÉS DE LUI. 1 JEAN 2 :28
Traduit librement de l'anglais
DELATTRE ÉDITEUR PRIVAS (Ardèche) 1935
Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://456-bible.123-bible.com/
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