- Au lecteur
- Introduction
- Chapitre I
- Chapitre II
- La visitation
- Le magnificat
- Chapitre III (1) La servante du Seigneur
- Chapitre III (2) La fiancée de Joseph
- Chapitre III (3) La naissance de Jésus
- Chapitre III (4) Les bergers de Bethléem
- Chapitre III (5) Les mages d'Orient
- Chapitre III (6) La fuite en Egypte
- Chapitre III (7) Le retour en Israël
- Chapitre III (8) L'enfant perdu et retrouvé
- Chapitre III (9) La prophétie de Siméon
Au lecteur Les leçons de Marie Mère de Jésus
"Les leçons de Marie, mère de Jésus," ont
été présentées une première fois sous forme d’études bibliques, à la Convention
Chrétienne de Morges (Suisse), en 1955.
L’année suivante, elles furent données à
Nice, en trois Conférences, à un public très différent.
L’intérêt suscité par ces messages nous a
conduits à publier dans cet opuscule l’essentiel de nos méditations sur celle
que le Christ mourant donnait pour mère au disciple qu’Il aimait.
À une heure où notre jeunesse se passionne de
plus en plus pour des vedettes qui, trop souvent, hélas, trouvent leur gloire
dans ce qui devrait faire leur honte, il nous a paru utile d’évoquer pour nos
lecteurs, le vrai visage de celle qui, sans cesse, nous conduit plus haut
qu’elle:
À Celui qui fut dans la joie et la
souffrance, sa raison de vivre, de croire, d’espérer et d’aimer, Jésus-Christ,
son Sauveur, notre seul Seigneur!
G.R. Nice, juin 1957.
Introduction
Il n’est pas dans notre intention, au cours de ces
exposes, de détourner vos regards de la personne bénie de Jésus-Christ, notre
seul Sauveur, pour les fixer sur Marie, la mère bienheureuse de notre Seigneur.
Agir ainsi serait faire un affront à la plus humble
de toutes les femmes et renier sa mémoire.
En nous penchant sur la vie de Marie, notre dessein
est, au contraire, de trouver une occasion d’être occupés de Jésus, afin de
mieux comprendre la volonté de Dieu, à l’égard de chacune de nos vies.
Ceux qui pensent que la polémique ne sera pas
étrangère à nos études et que nous chercherons, avant tout, à réfuter les
dogmes de l’Église romaine pour démontrer le bien-fondé des croyances
protestantes au sujet de Marie, seront déçus.
Nous désirons plutôt considérer avec tous, d’une
manière sereine, sans préjugé, mais avec une honnêteté et une sincérité
absolues, ce que les Évangiles nous disent de Marie, et quelles leçons nous
pouvons tirer de sa vie, pour notre plus grand profit.
Toute vie porte en elle un message et nous croyons
que celle de la mère de notre Seigneur est d’un enseignement et d’une richesse
incomparables.
Cependant, tout en désirant passionnément édifier
toutes les âmes, nous ne chercherons ni à biaiser, ni à dissimuler les
difficultés que nous pourrons rencontrer sur notre route. Nous nous
souviendrons toujours, et avant tout, que les exigences de la vérité priment toutes
les autres et ainsi nous chercherons, dans ces pages, à être aussi loin que
possible d’un certain climat de prétendue tolérance qui prête aux confusions.
Nous nous garderons de cette tendance à un vague syncrétisme qui, sous prétexte
d’aplanir les difficultés et de permettre la réconciliation, trahit ce qui, en
définitive, demeure l’essentiel de la vérité et de la foi.
De ce fait, nous savons d’avance que nous
mécontenterons certains catholiques de naissance et de tradition, ceux pour qui
Marie semble être tout, alors qu’en réalité son exemple influence si peu leur
vie.
Nous étonnerons également les protestants
d’origine, ceux qui croient surtout devoir défendre la doctrine de leurs pères,
alors qu’en réalité, ils imitent si peu leur foi.
Par contre, nous croyons fermement que les âmes
unies au Christ, et réellement attachées à la Bible, quelle que soit leur
dénomination, trouveront dans cette étude un aliment pour leur cœur et une
occasion de méditation profonde.
Nous n’irons donc pas chercher le portrait de Marie
à Rome ou à Genève, mais nous le considérerons là même où l’Esprit Saint nous
l’a brossé, c’est-à-dire dans les Saintes Écritures, seule autorité en matière
de foi. Ce n’est pas nous qui donnerons à Marie sa place, mais nous verrons la position
que Dieu lui assigne dans sa Parole, place qu’elle a accepté d’occuper et
qu’elle n’a jamais quittée.
Ainsi, tout personnage qu’on nous présenterait ou
qui se manifesterait à nous sous le nom de Marie sans avoir les caractères de
Marie de Nazareth, sera rejeté comme imposture ou comme apparition du démon.
Car, avant de présenter son faux Christ, le diable voudrait imposer sa fausse
Marie au monde, pour faire tomber des multitudes d’âmes dans l’idolâtrie.
Ce n’est pas simplement en nous élevant contre des
dogmes nouveaux ou anciens que nous serons dans la vérité. Ce n’est pas non
plus en gardant le silence sur Marie, ou en ayant l’air de l’ignorer, que nous
combattrons l’erreur.
Or, nous croyons qu’il existe dans les milieux
issus de la Réforme, une lacune au sujet de Marie. Dans nos études bibliques,
nous parlons facilement d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. L’histoire des
patriarches et des prophètes d’Israël fait l’objet de nos méditations. Nous
tirons toutes sortes de leçons de leur vie. Nous nous penchons sur celle des
apôtres, d’une Marie-Madeleine, voire d’un Judas! Mais quand donc parle-t-on de
Marie, la mère de Jésus? À Noël, avec quelques trémolos dans la voix, ou en
passant, lorsque nous prêchons sur les Noces de Cana, ou encore, accidentellement,
en parlant de la Croix.
Ce silence ne risque-t-il pas d’être pris pour du
mépris?
Nous voudrions donc par ces lignes faire humblement
connaître ce que Marie est pour nous et les leçons que nous tirons de sa vie.
Cela vous scandalise-t-il si nous affirmons qu’en
Jésus-Christ nous vivons avec Marie, la mère de notre Seigneur?
Serez-vous rassurés ou plus étonnés encore, si nous
vous disons que- sans évoquer les morts-nous sommes souvent en compagnie
d’Abraham, de Joseph, de Moïse, de Samuel, de David, d’Élie et de tant
d’autres?
Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de
Marie, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu et Père,
n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants; car pour lui, tous vivent! Le
chrétien se sait ainsi environné d’une nuée de témoins dont plusieurs noms
figurent dans le chapitre onze de l’Épître aux Hébreux. Entouré par eux, le
fidèle, où qu’il soit, n’est jamais isolé et trouve une inspiration dans leur
exemple car, dit l’Écriture, "quoique morts ils parlent encore," et
"s’ils se reposent de leurs travaux, leurs oeuvres les suivent".
Marie aussi est près de nous! C’est la mère de
notre Seigneur, et nous nous souvenons d’elle pour imiter sa foi, car l’issue
de sa conduite a été de donner au monde le Fils de Dieu, notre Sauveur et notre
Maître, l’unique salut pour l’humanité!
Le chrétien n’est donc pas un spirite. Il n’évoque
pas les esprits des morts, ni n’invoque leur secours, mais demeure dans la
communion des vivants de l’au-delà, de tous les saints qui sont en Christ dans
le repos, alors qu’ici-bas, il est aussi en Christ, mais dans le combat.
CHAPITRE PREMIER L’Annonciation
Depuis des siècles, la voix des prophètes s’était
tue. Après avoir tout abattu, brisé et dévoré, la bête annoncée par Daniel se
reposait. Autour d’elle, les nations non soumises se taisaient. Pour un temps,
les épées sommeillaient, et l’univers semblait dormir sous l’ombre des aigles
romaines.
Dans cette tranquillité insolite, asservi par Rome,
dégradé et désespéré par les fausses religions, demandant vainement aux
philosophes le secret de la vie et de la vertu, le monde pourtant se mourait...
Et en Palestine, le judaïsme lui-même agonisait,
infidèle à sa destinée.
Cependant si, vassaux de l’Empire romain, des Juifs
en masse avaient trahi leur vocation, du sein du peuple élu quelques
"vrais Israélites sans fraude" imploraient à grands cris la
miséricorde de Dieu et la venue du véritable Libérateur. Parmi eux, d’humbles
femmes animées d’une réelle piété croyaient, priaient et espéraient!
Les temps s’accomplissaient! Jésus allait paraître!
Un jour, au temple de Jérusalem, alors qu’il
remplissait devant Dieu ses fonctions sacerdotales, Zacharie le sacrificateur
vit soudain un ange du Seigneur se tenant debout à droite de l’autel des
parfums. C’était l’heure de l’encens, le moment où le prêtre désigné par le
sort offrait le parfum dans le sanctuaire, tandis que l’assemblée du peuple se
tenait dehors en prière.
Bouleversé et plein de crainte, Zacharie apprenait
des lèvres de l’ange que sa prière était exaucée! A l’heure où il n’attendait
plus une réponse de Dieu, le ciel sortait de son silence et ce vieillard sans
enfant était averti qu’il deviendrait père, qu’Élisabeth sa femme lui
enfanterait un fils dont le nom serait Jean! En dépit de l’incrédulité du
prêtre et de l’âge avancé d’Élisabeth, le précurseur du Messie allait naître.
Rien désormais ne pourrait arrêter le déroulement du plan de Dieu!
Et, tandis que la parole de l’ange s’accomplissait
pour Élisabeth et qu’elle était au sixième mois de sa grossesse, Gabriel,
l’ange qui se tient devant Dieu, toujours prêt à exécuter ses ordres, fut
envoyé une nouvelle fois sur la terre.
L’Évangile selon Luc nous rapporte cette visite en
ces termes:
Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu
dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un
homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.
L’ange entra chez elle et dit: "Je te salue, toi à qui une grâce a été
faite; le Seigneur est avec toi." Troublée par cette parole, Marie se
demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L’ange lui dit:
"Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu
deviendras enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de
Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David, son père. Il régnera sur la maison de Jacob
éternellement et son règne n’aura point de fin." Marie dit à l’ange:
"Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme?"
L’ange lui répondit: "Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du
Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pour quoi le saint enfant qui naîtra
de toi sera appelé Fils de Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle
aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans
son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu." Marie dit: "Je
suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole!" Et
l’ange la quitta.. {Luc 1:26-38}
Examinons de plus près cette portion de l’Écriture
où, pour la première fois dans l’Évangile, nous découvrons Marie.
Luc 1:26. -Au sixième mois...
Il y a un temps pour tout. Les interventions de
Dieu sous les cieux ont lieu à l’heure, au jour, au mois et en l’année qu’Il
s’est fixée.
C’est Lui qui fait vivre et qui fait mourir. C’est Lui qui préside à la mystérieuse formation de l’enfant dans le sein maternel et c’est Lui qui le fait naître en Son jour.
Dieu a son heure. Le jour J, l’heure H de Dieu approchent. Les promesses divines concernant le Messie et contenues dans la Loi, les Psaumes et les Prophètes, vont enfin s’accomplir. Le ciel va s’ouvrir. Mystère de piété aux dimensions infinies, abîme d’amour, révélation de justice, surabondance de grâce, le Dieu Très-Haut va s’incarner, s’unir personnellement à son oeuvre. La terre donnera son fruit, l’humanité verra "germer le Sauveur, le Saint, le Fils de Dieu".
Dieu a son heure. Le jour J, l’heure H de Dieu approchent. Les promesses divines concernant le Messie et contenues dans la Loi, les Psaumes et les Prophètes, vont enfin s’accomplir. Le ciel va s’ouvrir. Mystère de piété aux dimensions infinies, abîme d’amour, révélation de justice, surabondance de grâce, le Dieu Très-Haut va s’incarner, s’unir personnellement à son oeuvre. La terre donnera son fruit, l’humanité verra "germer le Sauveur, le Saint, le Fils de Dieu".
... l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu...
Oui, Dieu règne au-dessus de tous les Césars, comme
il siégeait jadis sur son trône lors du déluge. N’étant dominé par aucun
événement, Il les fait tous servir à ses desseins immuables. Et, pour exécuter
ses ordres, en jugement ou en grâce, "II fait de ses anges des vents et de
ses serviteurs une flamme de feu." Selon l’Écriture, Dieu a auprès de Lui
des esprits supérieurs chargés d’un ministère en faveur de ceux qui doivent
hériter du salut.
C’est ainsi que Gabriel, le héraut de Dieu, bien
connu de Daniel et de Zacharie, l’ange des bonnes nouvelles, "fut envoyé
par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge
fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge
était Marie".
Il y a quelque chose d’impressionnant dans cette
accumulation de noms propres: Dieu, Gabriel, la Galilée, Nazareth, David,
Joseph, Marie!
Le Créateur, les anges et les hommes sont associés
pour l’accomplissement de l’œuvre merveilleuse de la Rédemption. Le ciel s’unit
à la terre. Les choses visibles et invisibles communient soudainement.
... dans une ville de Galilée...
Dieu et ses serviteurs célestes connaissent toutes
les provinces du monde. Sur la Galilée, pays obscur, va soudain se lever une
grande lumière, car le ciel a choisi cette contrée où régnait l’ombre de la
mort pour y faire luire la vie! ...
appelée Nazareth...
Ce n’est pas au temple de Jérusalem que Dieu envoie
son ange, mais dans la simple maison d’une ville peu estimée. Une ère nouvelle
commence. Dieu cherche des adorateurs qui L’adorent en esprit et en vérité;
aussi parle-t-Il aux hommes indépendamment des lieux saints. Dieu sait le nom
de chaque ville. Comme aux jours d’Abraham Il prenait connaissance de ce qui se
passait dans Sodome et Gomorrhe, Dieu savait au temps d’Auguste ce qui pourrait
sortir de bon de Nazareth, "la fleur méprisée de Galilée." De même
aujourd’hui, "les yeux de l’Éternel sont en tout lieu, observant les
méchants et les bons." Il n’ignore rien de l’état de nos cités.
Luc 1:27. ...
Auprès d’une vierge, fiancée à un homme de la maison de David...
Dieu s’occupe de la jeunesse et s’intéresse à son
avenir. Auteur du mariage, Il connaît celui à qui une jeune fille est destinée,
car c’est de Lui que tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre.
Notre origine, notre race, nos ancêtres, notre tempérament, notre hérédité,
tout est devant Lui.
... nommé Joseph.
... nommé Joseph.
Dieu connaît non seulement les peuples, mais les
individus, leur état civil, leur situation, leur occupation. Il sait si nous sommes
riches ou pauvres, ouvriers ou patrons, manuels ou intellectuels. Devant Lui,
il n’y a point d’acception de personnes et le Seigneur se plaît à visiter la
fiancée d’un charpentier, honneur que ne connaîtra point la fille sans vertu
d’une Hérodiade...
Le nom de la vierge était Marie.
Dieu connaît nos noms, notre âge, notre demeure. Il
sait si une jeune fille est encore vierge, si une fiancée est restée chaste
pour le jour du mariage, ou si elle a cédé aux sollicitations de la chair!
Marie! Voilà enfin connu le nom de celle qu’Ésaïe
le prophète annonçait en ces termes: "Voici, la vierge concevra et elle
enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel".
Ce texte établit d’une manière lumineuse la
toute-science du Seigneur, dont le psalmiste parlait en ces termes:
Éternel! Tu me sondes et tu me connais; Tu sais
quand je m’assieds et quand je me lève, Tu pénètres de loin ma pensée; Tu sais
quand je marche et quand je me couche, Et tu pénètres toutes mes voies...
...Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, Elle est trop
élevée pour que je puisse la saisir. (Psaume 139)
Luc 1:28. -L’ange entra chez elle, et dit...
Les envoyés célestes ne se font pas annoncer. Ils
n’ont pas besoin non plus de demander notre adresse. Dieu connaît notre
demeure, la disposition de nos chambres. Il sait à toute heure où Il pourra
nous trouver: À la cuisine, à la cave ou dans notre chambre à coucher.
Là où nous sommes, Il peut à tout instant nous
surprendre, ce qui faisait dire à David, dans le psaume déjà cité: "Où
irais-je loin de ton esprit, où fuirais-je loin de ta face? Si je monte aux
cieux, tu y es; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà. Si je prends
les ailes de l’aurore, et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer, là aussi
ta main me conduira et ta droite me saisira".
Dans le livre des Actes des Apôtres, nous voyons le
Seigneur donner Lui-même à des hommes l’adresse précise de ceux qu’ils devront
rencontrer.
À Damas, parlant à Ananias, le Seigneur dira:
"Lève-toi, va dans la rue qu’on appelle la droite, et cherche, dans la
maison de Judas, un nommé Saul de Tarse. Car il prie..."
À Corneille en prière, l’ange de Dieu dira
"Envoie maintenant des hommes à Joppé, et fais venir Simon, surnommé
Pierre; il est logé chez un certain Simon, corroyeur, dont la maison est près
de la mer".
Ainsi, "les voies de l’homme sont devant les
yeux de l’Éternel, qui observe tous ses sentiers." "Nos actes et nos
pensées sont devant Lui".
..Je te salue...
Quelle éducation, quelle politesse que celle des
anges! En mission sur la terre, ces êtres excellents saluent les hommes! Et
même, nous dit l’Épître de Jude, alors que les hommes méprisent l’autorité et
injurient les gloires, l’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable
et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement
injurieux, mais il dit: Que le Seigneur te condamne.
Serviteurs de Dieu, compagnons de service des
saints, les anges savent que les hommes sont prédestinés à être un jour,
semblables à l’image du Fils de Dieu.
Si les anges saluent les hommes et s’ils se gardent
d’injurier Satan, à combien plus forte raison devrions-nous saluer nos frères,
les estimant supérieurs à nous-mêmes...! ...
toi que Dieu fait jouir de sa faveur (Ou: Toi que Dieu comble de grâce)...
Le verset trente ne laisse aucun doute sur le sens
exact de ces paroles. Marie est graciée, elle est l’objet de la grâce, de la
faveur divine.
Certes, une grâce a été faite à Marie car cette
jeune vierge fait partie de l’humanité pécheresse qui séparée de Dieu souffre
des conséquences du péché. Oui, être visitée par Dieu est une grâce.
Mais pourquoi cette grâce est-elle faite à Marie
plutôt qu’à une autre fille d’Ève?
L’ange ajoute:
"... Le Seigneur est avec toi".
Cette parole est capitale et nous révèle le
véritable état d’âme de Marie.
À qui donc le Seigneur a-t-Il promis sa présence?
L’Écriture nous le révèle:
"Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est
éternelle et dont le nom est Saint: J’habite dans les lieux élevés et dans la
sainteté, mais je suis avec l’homme contrit et humilié...," et encore:
"Voici sur qui je porterai mes regards: Sur
celui qui souffre et qui a l’esprit abattu, sur celui qui craint ma
parole".
Aucun doute ne peut subsister sur la piété de
Marie-qui a attiré sur elle les regards de son Créateur-car "le plaisir de
l’Éternel est en ceux qui Le craignent et qui s’attendent à sa bonté".
Il est toujours facile de proclamer: "Le
Seigneur est avec moi!" Mais quelle chose de s’entendre dire par un
messager des cieux: "Le Seigneur est avec toi!" Ce n’est pas un
sentiment plus ou moins vague de sa présence, mais une glorieuse réalité.
Pourtant, un tel message ne peut que confondre
l’âme vraiment pieuse.
Luc 1:29. Troublée
par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle
salutation.
Ceux qui vivent en contact avec Dieu connaissent ce
trouble, ce tremblement, cette perplexité.
Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Job, Ésaïe, Ézéchiel,
Daniel et plus tard Pierre, Jacques et Jean, éprouvèrent ces frayeurs divines.
Devant son Dieu, Marie ne connaît que sa misère et
son indignité. Voilà tout ce qu’elle sait d’elle, comme elle le dira dans le
Magnificat. Seul le Seigneur connaît et apprécie la piété de Marie.
Mais déjà l’ange ajoute:
Luc 1:30. -Ne crains pas, Marie...
Pour la première fois, le visiteur céleste a
prononcé son nom. Marie sait maintenant qu’il n’y a pas d’erreur. Plus de doute
possible, l’ange ne s’est pas trompé d’adresse, c’est bien d’elle qu’il s’agit.
Chose merveilleuse, bien digne de dissiper ses
craintes, son nom est connu dans les cieux, comme l’étaient: -Celui d’Abraham
que Dieu distingua du milieu des païens pour en faire le père de tous les
croyants. -Celui de David que Dieu prit d’entre les parcs pour en faire un roi
selon son cœur, en Israël. -Celui de Noé, celui de Job et de tant d’autres
encore, comme le sont aujourd’hui tous les noms des
pécheurs dont la repentance et la foi réjouissent les anges de Dieu.
Votre nom est-il connu dans les cieux?
... tu as trouvé grâce devant Dieu.
Si Marie a trouvé grâce devant Dieu, c’est qu’elle
n’était pas une amie du monde; comme Noé aux jours du Déluge, comme Job en son
temps, Marie était juste, intègre, parfaite, craignant Dieu et se détournant du
mal. Si Dieu disperse les hommes au cœur superbe, s’Il résiste aux orgueilleux,
Il donne la grâce aux humbles.
Comme le Magnificat nous le révèle, la foi de Marie
était vivante et personnelle.
Soumise à la loi de son Dieu, cette jeune fille
juive allait épouser un fils de David.
Ne cherchant pas les choses élevées, mais
s’associant aux choses humbles, elle allait devenir la femme d’un charpentier.
Fiancée, elle restait pure et chaste.
Compatissante, pensant aux affamés, aux petits de
la terre, Marie se nourrissait de la Parole de Dieu et vivait dans la prière.
Son cantique n’est qu’une succession de citations bibliques qui jaillissent de
son cœur comme l’eau d’une source limpide.
Luc 1:31. -Et voici, tu deviendras enceinte et tu
enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.
Marie apprend maintenant ce que veut dire
"trouver grâce devant Dieu!" Le sens de la salutation qui la
troublait s’éclaire soudain d’une manière fulgurante. Marie deviendra mère du
grand libérateur annoncé par les prophètes, et dont le nom sera Jésus, le seul
nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.
Et l’ange poursuit en décrivant ce que sera ce
fils:
Luc 1:32,33. -Il sera grand et sera appelé Fils du Dieu
Très-Haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il
régnera sur la maison de Jacob éternellement et son règne n’aura point de fin.
Toutes ces paroles ne sont pas étrangères à Marie.
Elle les connaît: Ce sont des textes de l’Écriture dont elle a fait sa nourriture.
Mais sur les lèvres de l’ange ces paroles
s’éclairent d’un jour nouveau. Marie apprend que pour accomplir ses grandes
promesses, Dieu va se servir d’elle. C’est là la grâce qui lui est faite,
"la plus grande grâce" qui la distingue parmi toutes les femmes.
Toutes les déclarations de l’ange concernant le
Messie attendu, Marie peut les contrôler sans peine. Son cœur rempli de
l’Écriture répond déjà comme un écho à chaque texte cité.
Sa foi qui croyait la lettre de la Parole doit croire maintenant que
c’est en elle et par elle que l’Écriture s’accomplira.
C’est donc elle, la femme dont la postérité devait
écraser la tête du serpent! C’est donc elle la vierge sans nom d’Ésaïe, qui
doit donner le jour à Emmanuel
Luc 1:34. -Marie dit à l’ange:
Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme?
Marie croit! Elle ne met pas en doute les paroles
de l’ange, mais a besoin d’une explication.
On a voulu voir dans cette question de Marie la
preuve manifeste de sa volonté de demeurer perpétuellement vierge. Marie aurait
donc fait le vœu de ne pas connaître d’homme, c’est-à-dire de ne pas consommer
son mariage, car, dit on, il serait absurde qu’une jeune fille ayant
l’intention d’appartenir un jour à son mari, demandât comment elle pourrait avoir
un enfant.
Mais pourquoi vouloir forcer les textes et leur
faire dire ce qu’ils n’enseignent pas clairement?
Marie comprend que les paroles de l’ange doivent
avoir un accomplissement immédiat. Au moment de l’Annonciation, fiancée à
Joseph, Marie n’habite pas encore avec lui. Vierge, elle se trouve bien dans la
condition annoncée par Ésaïe -la seule qui puisse entrer en ligne de compte
pour devenir mère du Sauveur. Car la conception et la venue dans le monde
d’Emmanuel doivent être un signe, c’est-à-dire un prodige de la part du
Seigneur. Il est donc clair que la Vierge annoncée par le prophète ne devait
pas concevoir comme le reste des femmes. Cependant, l’Écriture n’avait pas
révélé le mystère d’une telle conception.
Comment devenir mère sans le secours de l’homme?
Telle est, semble-t-il, la question qui préoccupe Marie et à laquelle l’ange va
répondre.
Luc 1:35. -Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la
puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant
qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.
Un coin du voile se lève devant les yeux éblouis de
Marie. Elle comprend que la promesse qui lui est faite va s’accomplir en elle,
par une création étrangère à l’ordre de la nature. Son enfant ne naîtra pas
comme nous, du mélange des sangs, ni d’un instinct charnel, ni de la volonté de
l’homme, mais de Dieu.
Dans son être offert en sacrifice vivant et saint,
Dieu allait par l’opération de son Esprit façonner un corps pour son Fils.
Rien dans les Écritures ne nous laisse supposer que
Dieu serait intervenu miraculeusement pour exempter Marie de la macule
héréditaire du péché originel commune à toute la postérité d’Adam. Ce n’est pas
pour Marie que Dieu déploya sa force et sa puissance, mais c’est en elle qu’il
opéra pour préserver son Fils de toute atteinte du péché. L’immaculée
conception concerne le Fils et non la mère.
Nous voici sur un terrain sacré, où il est plus
sage de se taire et d’adorer que de vouloir donner des explications; elles ne
feraient qu’entacher la pureté de l’incarnation, du grand mystère de la piété,
"Dieu manifesté en chair".
Conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie, Jésus
sera sans péché, mais participera cependant à notre nature qui depuis la chute
subit les conséquences du péché. Ainsi, il aura faim et soif, connaîtra la
fatigue, la souffrance et la mort. Il sera un homme parmi nous, mais Il sera
saint. "Dieu, dira l’apôtre, envoya son propre Fils avec une chair
semblable à celle du péché, et à cause du péché".
* * *
Il n’est peut-être pas inutile d’établir ici un
parallèle entre Marie et Ève-la première jeune fille, la première vierge.
Créée par Dieu pour être une aide pour l’homme, la
première femme fut tirée de l’homme.
Placée dans un lieu de délices et de charmes, Ève
est fiancée par Dieu au premier roi de la création, pour être un jour une seule
chair avec lui.
Pendant ses fiançailles, Ève fut visitée par
l’Ange-serpent. Si Gabriel prit une forme humaine pour apparaître à Marie, le
diable prit une forme animale. L’un venait d’En haut, l’autre d’en bas.
Sans salutation, le séducteur s’adresse à la femme,
et alors qu’il se trouve devant celle qui jouit de la faveur de Dieu, devant
l’Immaculée comblée de grâce, devant la reine de la création, médiatrice avec
Adam de toutes les grâces sur toutes choses, le Serpent fait croire à Ève que
Dieu la prive d’une grâce.
Semant le doute dans la pensée d’Ève, il fait
naître dans son cœur le trouble qui provoque la convoitise.
Et tandis que Satan calomnie le Dieu vivant Ève ne
contrôle déjà plus les paroles du Serpent: Elle croit ce qui est opposé à la
Parole qu’elle connaît de Dieu. Sa volonté cède; Ève consomme l’acte qui va la
perdre et plonger tous ceux qui sortiront d’elle dans la misère et le péché.
Pour faire entrer le péché dans le monde, Satan
éveilla la convoitise de la première femme. Pour s’être laissé envelopper de
l’ombre du démon, Ève a conçu de Satan, enfantant le péché qui conduit à la
mort.
Elle entraîne son mari dans la désobéissance, et le
fruit de ses entrailles sera Caïn, le meurtrier, l’homme qui ôte la vie, qui
introduit la mort dans ce monde.
Désormais, hors d’Éden, les descendants du premier
couple pécheur naîtront dans une création assujettie à la vanité, dans une
sphère où domineront la révolte, le désordre, la souffrance, les peines, le
deuil, la mort et la corruption.
* * *
C’est dans un tel monde que naîtra Marie, la
fiancée de Joseph, fils de David, dont l’arbre généalogique contient les noms
de quatre pécheresses: Thamar l’incestueuse, Rahab la courtisane, Ruth
l’étrangère, et Bathschéba l’adultère.
Née de la chair, la nature de Marie n’est pas
différente de celle des autres filles d’Ève. Toutefois, le péché n’est pas
essentiellement dans la nature physique que Dieu nous a donnée, mais dans notre
libre volonté qui résiste à Dieu et corrompt notre être tout entier. Ainsi,
sans l’intervention de Dieu, nous sommes tous perdus.
Mieux que tout autre, la pieuse Marie sait cela.
Aussi recherche-t-elle le Seigneur de tout son cœur, de toute son âme, de toute
sa force et de toute sa pensée.
Née, comme elle le reconnaît elle-même, dans
l’infirmité d’une nature déchue, Marie s’attendait à Dieu, se confiait en sa
miséricorde et vivait dans sa crainte, croyant à ses promesses.
Et ce corps que sa volonté aurait pu employer pour
satisfaire ses convoitises, elle le conservait pur par la grâce de Dieu en vue
de son mariage avec un homme qui craignait Dieu.
Ainsi, pendant le temps de ses fiançailles, Marie
fut visitée. Comme un lis entre les épines qui croissent hors du paradis, Dieu
distingua à Nazareth une fleur qui se nommait Marie.
Cette fleur-là donnerait un fruit, alors qu’Ève
vola un fruit. Et le fruit de Marie n’entraînerait pas la mort, mais
communiquerait la vie.
Marie en offrirait à manger à Joseph et une
multitude d’autres après lui jouiraient de sa saveur. Mieux qu’Ève, Marie
pourrait porter le nom de mère de tous les vivants, car Ève est mère de ceux
qui meurent, tandis qu’en un sens Marie est mère de tous ceux qui vivent, comme
Abraham est père de tous ceux qui croient.
* * *
Après avoir révélé à Marie, le secret de Dieu, au
sujet de la conception du Fils promis, l’ange donne un signe à celle qui n’en
demande pas:
Luc 1:36. -Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle
aussi un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son
sixième mois.
C’est ainsi que Dieu se plaît à fortifier la foi de
ceux qui Le croient. La fécondité d’Élisabeth, "celle qui était appelée
stérile," rappellera à Marie laissée seule, qu’elle n’a pas été le jouet
d’un rêve. Oui, sa parente va connaître elle-même en sa vieillesse, la joie de
devenir mère, car, ajoute l’ange:
Luc 1:37. -Rien n’est impossible à Dieu.
Ces dernières paroles tombent dans le cœur de Marie
comme des ondées sur l’herbe verdoyante.
Dieu toujours le même dans son amour et sa
puissance a renouvelé pour Zacharie et sa femme ce qu’il fit autrefois pour
Abraham et Sara. "Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de
l’Éternel"?
Comme Job, Marie sait maintenant que Dieu peut
tout, et que rien ne s’oppose à ses pensées.
La foi a pénétré ses connaissances de raison. Tout
devient plus clair et plus harmonieux.
Avec Jérémie elle comprend que rien n’est étonnant
de la part de Dieu.
Les certitudes de la Parole envahissent son cœur et
feront monter sur ses lèvres la réponse qu’attend le ciel entier.
"Fais-moi voir ton visage, fais-moi entendre
ta voix, car ta voix est douce et ton visage est agréable," répète le
Bien-Aimé du Cantique des Cantiques.
Que va faire Marie? Quelle sera sa réponse?
Luc 1:38. -Marie dit: Je suis la servante du Seigneur,
qu’il me soit fait selon ta parole. Et l’ange la quitta.
Dans ces paroles, Marie révèle toute son âme. Ni
écrasée, ni exaltée par sa mission surhumaine, elle s’incline simplement et adore.
Sans réserve elle se soumet à la volonté de son Dieu, croyant que ce qu’Il a
promis, Il est puissant pour l’accomplir. Déjà, elle ne s’appartient plus.
Sur la servante du Seigneur, jardin clos, source
fermée, fontaine scellée, les cieux se sont inclinés.
L’ange s’est retiré d’auprès de Marie, mais dans
son jardin, le Bien-Aimé est entré! Le Verbe s’est incarné. Bientôt Il naîtra,
grandira, enseignera, puis mourra pour nous.
Déjà dans l’Annonciation qui nous permet de
découvrir la pureté, l’humilité et la soumission de Marie, la servante du
Seigneur est là pour nous taire constater qu’il y a ici plus grand qu’elle: Le
Fils de Dieu qui, par miséricorde, se fait chair afin de sauver nos âmes.
CHAPITRE II De l’Annonciation au Magnificat
Notre première étude nous a permis de faire plus
intimement connaissance avec Marie, la mère bienheureuse de notre Seigneur.
Que de leçons de pureté, d’humilité, de confiance,
de foi, d’obéissance, de renoncement et d’amour absolus, n’avons-nous pas déjà
trouvées en celle que le Saint-Esprit proclame par la bouche d’Élisabeth:
"Bénie entre toutes les femmes"!
Comment ne pas penser à "la femme
vertueuse" des Proverbes ou au "lis au milieu des épines" du
Cantique des Cantiques?
Une jeune fille de Nazareth a reçu la visite d’un
ange. Il est entré chez elle, s’est entretenu avec elle, puis l’a quittée.
Marie n’a pas seulement vu un être céleste, mais dans son humble demeure elle a
écouté son message et accepté la vie nouvelle qu’il lui proposait.
Aujourd’hui, bien des personnes voudraient voir un
ange et seraient très honorées si un messager des cieux venait les trouver.
Hélas! Elles oublient trop peut-être que les âmes
qui connaissent les prémices d’une vie céleste dans ce monde, sont celles qui
cherchent avant tout les choses d’En Haut pour en faire l’objet de leurs
affections. Dieu s’approche en grâce de ceux qui, humblement, viennent à Lui,
et répondent à ses compassions infinies en offrant leur corps "comme un
sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu." L’âme qui refuse de se
conformer aux mœurs du présent siècle et qui trouve ses possibilités, non dans
les moyens et les méthodes du monde, mais dans les ressources qu’offre la vie
de l’Esprit, peut toujours s’attendre à connaître des touches particulières de
la grâce divine.
Les interventions surnaturelles sont réservées à
celui ou à celle dont l’envoyé céleste peut dire "Le Seigneur est avec
toi." Là où un cœur est réellement désireux de plaire à Dieu, le Seigneur
est tout prêt à manifester sa présence.
Pour ceux qui lui appartiennent vraiment et qui Le
servent en vérité, il est toujours possible d’être visité ou secouru par un
ange de Dieu.
Toutefois, il faut se rappeler que Satan lui-même
se déguise en ange de lumière, et que des esprits méchants régnant encore dans
les lieux célestes cherchent à séduire même des élus.
Nous avons vu en effet dans notre précédent
chapitre qu’Ève, la première femme, la première vierge immaculée et pleine de
grâces, fut visitée au temps de ses fiançailles par un être surnaturel.
Séduite par la ruse du Serpent, Ève eut le tort
d’écouter des propos qui jetaient du discrédit sur son Créateur.
Satan n’insinuait-il pas que Dieu privait sa
créature de quelque chose, qu’il lui manquait une grâce? Ne lui suggéra-t-il
pas qu’il suffisait de s’affranchir du commandement divin pour être comme des
dieux, connaissant le bien et le mal?
Les affirmations du Serpent étaient en opposition
avec la Parole qu’Adam avait entendue de Dieu-constatation qui aurait dû
suffire pour détourner sa femme du séducteur, et lui démasquer son diabolique
dessein.
Hélas! Ève écouta cette voix étrangère qui, en tout
temps, cherche à saper l’autorité de la Parole de Dieu, à mettre l’homme en
avant, à lui donner de l’importance en vue de lui faire oublier Dieu.
L’ange déchu, le Serpent ancien, voulait donner son
homme à la terre. Déjà Ève se laissait couvrir par l’ombre de Satan. Éveillée à
la convoitise, cette convoitise allait concevoir et enfanter le péché dans la
chair qui, elle-même, donnerait naissance à cette "vaine manière de
vivre" à ce "vieil homme" incapable de plaire à Dieu, et qui ne
meurt en nous qu’en la mort du Christ à la Croix.
Marie, au contraire d’Ève, contrôlait dans son cœur
ce que l’ange Gabriel lui disait.
Rien dans ce qu’il lui annonçait n’était en
opposition avec ses connaissances des Écritures.
L’ange ne lui révélait aucune vérité nouvelle. Il
se bornait à lui rappeler les textes de la Parole de Dieu, annonçant la venue
du Messie.
Qu’une vierge concevrait, Marie pouvait le savoir
par la lecture du prophète Ésaïe.
Ce libérateur qui devait naître, ne
l’attendait-elle pas?
Ce Fils du Très-Haut qui serait grand et
s’assiérait sur le trône de David son père-ce roi dont le règne n’aurait point
de fin, n’était-Il pas l’objet de son espérance?
Toutes ces vérités étaient connues de Marie. Elles
faisaient partie des promesses de Dieu contenues dans cette parole qu’à
l’instar du psalmiste la jeune fille serrait dans son cœur, afin de ne pas
pécher contre Dieu.
Cependant, ce qui était nouveau et bouleversant
pour Marie, ce qui provoquait ce trouble profond en elle, c’était d’apprendre
de la bouche de l’ange que toutes ces merveilles la concernaient
personnellement et allaient s’accomplir en elle que la lettre à laquelle elle croyait
allait s’imprimer, s’incarner dans sa chair mortelle, devenir réalité dans sa
vie, dans son corps, dans sa sensibilité.
* * *
Avant de poursuivre notre étude et de considérer
l’enseignement donné par la rencontre de Marie et d’Élisabeth, puis par le
Magnificat, arrêtons-nous quelques instants encore pour mieux comprendre les
sentiments qui agitèrent le cœur de Marie après la visite de l’ange. Avec elle,
repassons dans nos cœurs toutes les choses que le messager céleste vient de lui
annoncer.
Il y a des silences, dans l’Écriture Sainte, qui
parlent avec autant d’éloquence que la lettre écrite. Cet enseignement caché
est révélé à celui qui médite et laisse Dieu prolonger par son Esprit les
lignes de sa Parole dans son cœur. Tout attachement à la lettre doit être
accompagné et suivi d’une illumination de l’Esprit.
Marie vient d’apprendre qu’elle est choisie par
Dieu.
La Parole devient pour elle vivante et opérante,
plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants. Sa foi en l’Écriture va être
récompensée. Ce que dit la lettre au sujet de l’Invisible, est une réalité.
Jusqu’ici, Marie a cru sans voir. Maintenant, elle verra l’accomplissement des
choses dites par le Seigneur.
Marie accepte de servir les desseins bienveillants
de Dieu en vue du salut du monde. Mais cette acceptation ne la laisse pas
intacte. L’enfant qu’elle espère va devenir présent en elle. Que dira Joseph, que pensera
le monde, quand le corps de Marie trahira son secret?
Craignant Dieu, se retirant du mal, observant la
loi, Marie a conservé son corps dans la chasteté.
Fiancée à Joseph, un homme juste et pieux, Marie,
comme toute jeune fille, avait des projets, des plans chéris pour la terre, et,
soudain, le ciel lui révèle les desseins de Dieu à son égard. Dieu a besoin
d’elle. Marie doit lui appartenir avant d’être à elle-même ou à Joseph.
Il en est de même de tous ceux que Dieu appelle à
Lui. L’âme qui aujourd’hui voudrait être visitée par un ange, doit savoir qu’il
y a un prix à payer, et qu’une telle apparition ne nous est pas accordée pour
satisfaire notre curiosité ou nous donner de l’importance.
Quelle que soit sa manifestation, la grâce de Dieu
ne nous visite jamais pour combler nos désirs égoïstes, mais toujours en vue de
glorifier Dieu, de nous rendre utiles aux autres, et d’opérer notre
sanctification personnelle.
Quand l’appel de Dieu retentit, il doit nous
trouver prêts à tout perdre: Aimables projets, désirs personnels, réputation,
estime de nos amis, confiance de nos proches. Souvent nous faisons des plans
pour notre avenir en demandant à Dieu de faire luire sa lumière sur nos voies
et de bénir nos efforts. Cependant, sommes-nous sûrs d’être dans le chemin du
Seigneur? Lui avons-nous laissé l’occasion de nous révéler sa volonté à notre
égard?
Marie était fiancée à Joseph et c’était très bien
mais, dans le conseil de Dieu, Marie était choisie pour donner le Sauveur au
monde.
Saul de Tarse persécutait les chrétiens et croyait
servir Dieu, jusqu’au jour où il apprit que Dieu l’avait mis à part dès le sein
de sa mère, pour porter le nom de Jésus devant les nations, devant les rois et
devant les fils d’Israël.
Qu’en est-il de nous?
Un grand lot de souffrances accompagnera toujours
ceux que Dieu choisit ainsi et auxquels Il accorde une si grande faveur.
Un tel appel dépasse l’entendement humain. Aussi
Marie pouvait-elle bien demander à l’ange: "Comment cela se fera-t-il,
puisque je ne connais point d’homme"?
Plus tard, Nicodème posera à Jésus une question
semblable au sujet de la nouvelle naissance: "Comment cela peut-il se
faire ?"
Pas plus que l’incarnation, la nouvelle naissance
ne peut être l’œuvre du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de
l’homme. C’est l’œuvre de Dieu opérée par son Esprit.
L’enfant qui naîtrait de Marie serait donc saint,
alors que tous ceux qui naissent de femmes sont pécheurs. De même, seul ce qui
est né de l’Esprit est esprit.
Oui! Marie croit que rien n’est impossible à Dieu.
Depuis Abraham, toute l’histoire de son peuple est là pour lui confirmer que le
Dieu d’Israël est le Dieu des miracles et que rien ne s’oppose à ses pensées.
L’impossibilité n’est jamais du Côté de Dieu.
Du côté de Dieu, la voie est toujours ouverte.
L’impossibilité, les obstacles ne sont que du côté
de l’homme.
Si Marie regarde à Dieu, tout ira bien, mais si
elle regarde à elle-même ou aux hommes, tout l’amènera à douter et à reculer.
Elle se jugera tout d’abord indigne de l’honneur
que Dieu lui fait. La visite de l’ange ne lui a pas fait oublier son
insuffisance et son humble état. Sa pauvreté, sa condition modeste, sa
jeunesse, son inexpérience de la vie et tant d’autres considérations
raisonnables pourraient l’arrêter.
Son engagement avec Joseph sera-t-il un obstacle
majeur?
En effet, que va dire le fiancé de Marie? L’angoisse
peut bien étreindre son cœur, car la visite de l’ange ne lui a pas seulement
apporté une promesse de vie, mais aussi un arrêt de mort.
Chaste et pure, Marie a pourtant les deux pieds sur
la terre. L’ange lui a dit: "Tu deviendras enceinte!" Marie sait donc
qu’elle ne pourra pas toujours garder son secret.
Si elle ne parle pas, on la questionnera.
Qui croira alors qu’elle est enceinte du
Saint-Esprit?
Marie n’ignore pas la loi: Une fiancée qui se
trouvera enceinte des oeuvres d’un autre sera lapidée.
Si on ne la croit pas, si la loi lui est appliquée,
Marie mourra dans la honte et le déshonneur.
Marie connaît Joseph. C’est un homme juste et
craignant Dieu. S’il est convaincu de la culpabilité de sa fiancée, il ne
l’épargnera pas.
Ainsi, c’est bien à la mort que l’a conduite son
acceptation.
Sa réputation sera à jamais entachée. Elle qui
s’est conservée pure en vue du mariage, c’est elle qui sera appelée: Une fille-mère, c’est elle que
l’on soupçonnera. À quoi sert donc la piété?
Qui donc voudra la croire? Si Marie raisonne sur le
plan humain, elle est perdue.
Il faut qu’une foi immense s’empare de son cœur,
afin qu’elle puisse renoncer à la réputation que lui donnent sa vertu, son
humilité, sa grâce, sa fidélité. Il faut qu’elle accepte de perdre l’estime de
ses frères et la confiance de ses amis. Il faut que tous ces avantages en la
chair, la fille de David les estime comme des ordures, afin de gagner Christ et
d’être trouvée en Lui, non avec sa justice "qui vient de la Loi, mais avec
celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la
foi".
Marie a cru, et a serré par devers elle, les
paroles de son Dieu, plus que les propos de son propre cœur.
Marie a accepté le risque de la foi. En elle, le
sacrifice est déjà consommé. Pour Celui qu’elle aime, Marie est prête à mourir.
Alors, l’œuvre de Dieu commence en la Vierge. Dans
l’étreinte d’un ineffable amour, Marie conçoit du Saint-Esprit, et son être
qu’elle a conservé pur devient le vase que Dieu emploie pour y former le corps
de son Fils, le Saint de Dieu. Il sera en elle, il s’y développera, et au temps
fixé, Marie donnera le jour au Sauveur, au Fils de Dieu.
Pour que l’œuvre de Dieu se réalise en Marie, il
fallait son consentement.
Il en est ainsi de toute âme que Dieu sollicite
aujourd’hui encore à la vie éternelle. Pour que le Christ soit reçu et formé en
nous, pour que la vie éternelle nous habite, il faut une décision de notre
part, une acceptation, une réponse nette et précise à l’appel de Dieu.
LA VISITATION
"Dans ce même temps, Marie se leva et s’en
alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda. Elle entra dans la
maison de Zacharie et salua Élisabeth. Dès qu’Élisabeth entendit la salutation
de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du
Saint-Esprit. Elle s’écria, d’une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et
le fruit de ton sein est béni. Comment m’est-il accordé que la mère de mon
Seigneur vienne auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation
a frappé mon oreille, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein.
Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part
du Seigneur auront leur accomplissement".. {Luc 1:39-45}
Dès que Marie eut accepté que s’accomplisse en elle
l’œuvre merveilleuse de Dieu, elle s’engagea dans le chemin qui devait la
conduire vers celle que Dieu avait visitée dans sa vieillesse. Marie ne reste
pas seule mais éprouve le besoin de se rendre sans retard auprès du seul être
qui pourra vraiment la comprendre, Élisabeth, sa parente.
Il en est de même chaque fois qu’une âme naît à la
vie nouvelle. Elle ne peut rester repliée sur elle-même, mais recherche une
maison, un foyer spirituel où elle sera accueillie et comprise, où elle pourra
faire ses premiers pas et accomplir un premier service, loin des regards du
monde.
Luc 1:39. -Dans ce même temps, Marie se leva et s’en
alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.
La voyez-vous, cette jeune fille de Nazareth,
portant son secret dans son coeur, marchant hâtivement vers les montagnes où un
vieux couple attend la réalisation d’une promesse? L’incrédulité de Zacharie,
qui n’a pas cru les paroles de l’ange, n’empêchera pas leur accomplissement,
mais Zacharie ne pourra pas louer Dieu dans son attente. Il restera muet
jusqu’à la naissance de son enfant.
Aujourd’hui encore, l’incrédulité des fidèles les
empêche de louer Dieu, mais ne pourrait entraver la réalisation de ses
desseins. Notre manque de foi ne saurait détourner Dieu de ses plans, mais nous
prive de Le glorifier et de manifester notre joie en attendant la délivrance.
Luc 1:40. -Elle entra dans la maison de Zacharie et
salua Élisabeth.
Dans la maison du sacrificateur silencieux, deux
femmes se rencontrent. L’une est à l’aurore de la vie, l’autre au soir de
l’existence. Ce n’est pas parce qu’elles sont parentes selon la chair
qu’Élisabeth et Marie se retrouvent, mais parce que l’une et l’autre ont été
visitées par Dieu. Le mobile de leur rencontre, c’est le grand événement qu’elles
attendent. Et parce que Marie a cru la promesse, Jésus qu’elle espère est déjà présent en elle.
Là où des âmes rachetées par le Seigneur éprouvent
le besoin de se retrouver parce qu’elles appartiennent à Christ, là aussi
apparaît l’Église. Dans ce rassemblement des deux ou trois qui croient la
promesse et qui espèrent en son Nom, la présence invisible de Jésus devient
sensible au cœur.
Luc 1:41. -Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de
Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du
Saint-Esprit.
La simple salutation de Marie suffit pour
qu’Élisabeth éprouve en son être intime, la présence du Seigneur.
Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont
Élisabeth reçut Marie. Elle ne la reçut pas comme une intruse, comme une
étrangère suspecte qu’il faut d’abord examiner, ni même en parente selon la
chair. Cette femme âgée et respectable accueille la jeune et insignifiante
Marie comme la mère de son Seigneur, comme celle qui porte en son sein, la vie
de Dieu.
Voilà le lien qui unit Élisabeth à Marie. Ni l’âge,
ni les goûts, ni les paroles, ni les pensées, ni les actes de Marie
n’influencent l’accueil que lui réserve sa parente.
Remplie du Saint-Esprit, Élisabeth s’écria d’une
voix forte:
Luc 1:42-44. -Tu es bénie entre les femmes et le fruit de
ton sein est béni. Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne
auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappa mon
oreille, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein.
Marie est bénie aux yeux d’Élisabeth, non parce
qu’elle est une femme extraordinaire, mais parce que le fruit de son corps est
béni. Élisabeth possède un discernement spirituel. Le Saint-Esprit la remplit
et l’éclaire: Elle a reconnu les signes de la divine présence en Marie. Ce
n’est pas Marie qui a fait tressaillir l’enfant d’Élisabeth. C’est Jésus en
Marie, car depuis que Marie a accepté de voir s’accomplir en elle le bon
plaisir de Dieu, l’identification avec le Christ a commencé. Ce n’est plus elle
qui vit, mais Lui qui vit en elle.
C’est un accueil semblable à celui que reçut Marie
dans la maison de Zacharie, que les âmes nouvellement nées à la vie divine
devraient recevoir dans nos communautés, au sein de ceux qui ont été visités
avant elles. Elles devraient trouver dans nos milieux des personnes remplies du
Saint-Esprit et parlant par l’Esprit. Le contact de Marie et d’Élisabeth, c’est
le vrai contact chrétien, le contact des entrailles, le contact de la vie.
Aujourd’hui, on parle beaucoup de la nécessité d’établir
des contacts entre chrétiens.
Ainsi, on cherche à créer des liens entre hommes
qui se réclament du même Seigneur, par des contacts théologiques où chacun
expose le fruit de ses recherches et de sa science religieuse, mais demeure
fermement attaché à ses positions.
Il y a aussi les contacts ecclésiastiques, où par
des cultes en commun on cherche à faire naître dans les cœurs les mêmes
émotions, les mêmes sentiments, les mêmes goûts, pensant ainsi rapprocher les
âmes vraiment pieuses.
Il y a encore les contacts créés en vue de
l’évangélisation des masses, rencontres où les chrétiens ne sont pas seulement
appelés à écouter la même liturgie ou à chanter les mêmes cantiques, mais à
confesser ensemble -et par des actes-leur foi aux yeux du monde.
Tout cela est utile et nécessaire. Mais il faut se
souvenir que ce n’est pas parce que nous avons sur toutes choses les mêmes vues
que nous sommes unis en Christ. De même, ce n’est pas parce que nous partageons
les mêmes goûts au sujet d’une forme de culte ou que nous vibrons de la même
manière à l’ouïe des mêmes paroles, que nous sommes unis en Jésus. Enfin, ce
n’est pas parce que nous travaillons ensemble au service du même Maître que
nous sommes unis en Dieu, mais bien parce que nous avons en nous la même vie,
la vie du Père et du Fils.
C’est cette vie qui a fait tressaillir
Jean-Baptiste dans le sein de sa mère, cette vie que le précurseur allait
annoncer pour qu’elle croisse en tous, tandis que lui diminuerait.
Notre lien avec les âmes ne vient donc pas d’un
contact intellectuel, sentimental ou pratique, mais de Jésus-Christ, présent
dans nos vies par sa Parole et son Esprit.
Si, tous, nous traitons saintement le Christ dans,
nos cœurs, nous n’aurons pas de peine à entrer en contact avec nos frères, et
nos rencontres deviendront pour nous un privilège divin, une occasion
d’édification profonde et un encouragement pour notre foi.
Luc 1:45. -Heureuse celle qui a cru, parce que les
choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.
C’est par un témoignage rendu à la foi de Marie
qu’Élisabeth termine ses paroles de bienvenue. Marie est rendue bienheureuse
par sa foi en la promesse de Dieu, et non par des grâces surnaturelles qu’elle
aurait reçues dès avant sa naissance. Celle qui a vu la puissance et la grâce
de Dieu se manifester dans la stérilité de sa nature, et la miséricorde du
Seigneur éclater dans son âge avancé, est rendue capable de fortifier la foi de
sa jeune parente.
Aussi, dans la communion de celle qui espère en
Dieu-et qui lui confirme par le Saint-Esprit que les grandes choses promises
par l’ange sont en voie d’accomplissement -Marie voit son cœur déborder, et
éclate en louanges.
Aujourd’hui encore la communion des saints, la
rencontre des âmes en qui habite l’espérance de la gloire, fait jaillir du plus
profond de notre être un chant d’amour qui exalte la Source de tout bonheur, le
Tout-Puissant qui fit pour nous de grandes choses.
LE MAGNIFICAT
Et Marie dit:
Mon âme exalte le Seigneur.
Et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur.
Parce, qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa
servante.
Car voici, désormais, toutes les générations me
diront bienheureuse.
Parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de
grandes choses.
Son nom est saint.
Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge
Sur ceux qui Le craignent.
Il a déployé la force de son bras
Il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des
pensées orgueilleuses.
Il a renversé les puissants de leurs trônes.
Et il a élevé les humbles.
Il a rassasié de biens les affamés,
Et il a renvoyé les riches à vide.
Il a secouru Israël, son serviteur, et il s’est
souvenu de sa
miséricorde,
Comme il l’avait dit à nos pères
Envers Abraham et sa postérité pour toujours.
{Luc 1:46-55}
Nous ne nous arrêterons pas longuement sur les
paroles merveilleuses du Magnificat, sur la réponse de Marie à Élisabeth.
Toute âme en qui Dieu a commencé son oeuvre, toute
personne à laquelle il a été gratuitement donné, par rapport à Christ, non
seulement de croire en Lui, mais aussi de souffrir pour Lui, peut dire pour sa
personne et sa propre vie ce que proclame le cantique de Marie.
Mais, pour que la créature soit amenée à donner
gloire à Dieu et à se réjouir en Lui, il faut qu’elle ait été l’objet d’une
intervention de Dieu.
Livré à ses propres ressources, l’homme ne saurait
donner gloire à un autre que lui-même.
Seules la révélation de la grandeur de Dieu d’une
part, et la connaissance de notre propre misère d’autre part, peuvent nous
amener à l’adoration libératrice.
Pour magnifier le Seigneur, se réjouir en Dieu et
l’appeler "son Sauveur," il ne suffit pas de croire simplement en
l’existence de Dieu. Il faut connaître le cœur du Père et aimer Dieu par-dessus
toute autre chose. Il faut avoir reconnu sa souveraineté absolue et ses droits
sur notre vie. Il faut avoir sondé l’abîme de notre déchéance et connu l’amour
de Dieu que rien ne conditionne, sa bonté qui se manifeste dans l’état où nous
sommes, quels que soient notre passé, notre présent, notre avenir. Seule la
connaissance d’un Dieu de grâce est une source de joie constante pour l’esprit
du chrétien.
Le cantique de Marie est donc le cantique du
racheté, de celui qui appartient maintenant tout entier, esprit, âme et corps,
au Dieu tout entier, Père, Fils et Saint-Esprit.
Marie ayant livré son corps au Saint-Esprit,
abandonne son âme au règne du Seigneur, tandis que son esprit ne trouve plus de
joie qu’en Dieu son Sauveur.
Depuis que la puissance du Très-Haut l’a couverte
de son ombre, Marie est absorbée en Dieu.
Le Dieu qu’elle connaît n’est pas une force
anonyme, une Idée vague, ou un impitoyable Destin, mais le Dieu personnel et
vivant qui a un cœur, des yeux, un bras fort, tout-puissant.
Et si Marie parle d’elle un instant, c’est pour
s’humilier et reconnaître son bas état afin de mieux parler de Lui, de rendre
plus tangible la grâce dont elle est l’objet.
Elle sait que Dieu ne repousse pas sa faiblesse,
qu’Il s’apprête au contraire à manifester sa puissance dans son infirmité de
telle manière que toutes les générations la diront bienheureuse, parce qu’elle
a trouvé pleinement suffisante la grâce de son Dieu. Ainsi, au cours des âges,
tous pourront connaître la source de sa joie, le secret de sa béatitude qui
pourra devenir la béatitude de quiconque croit à "l’Évangile de la gloire
du Dieu bienheureux".
S’oubliant elle-même, Marie s’élève sur les plus
purs sommets et peut célébrer Dieu pour tout ce qu’Il est, pour tout ce qu’Il a
fait, pour ce qu’Il fait et fera encore.
Marie a quelque chose à dire sur la sainteté du Nom
de Dieu, sur sa miséricorde infinie envers ceux qui Le craignent. Elle peut
parler de la force de son bras, du secours qu’Il donne aux, humbles, des biens
dont Il rassasie les affamés et les nécessiteux, tandis que dans sa justice, Il
renvoie les riches à vide et disperse ceux qui gardent dans leur cœur des
pensées orgueilleuses.
Enfin, elle peut rappeler l’aide efficace dont
Israël fut l’objet de la part de Dieu, et proclamer que les promesses faites
aux pères envers Abraham et sa postérité seront un jour pleinement réalisées.
Dans le Magnificat, Marie, l’esclave du Seigneur,
qui, d’avance, a espéré en Christ, sert tout entière "à la louange de la
gloire de sa grâce".
* * *
Au terme de cette seconde étude, comprendrons-nous
le sens profond de l’histoire authentique et merveilleuse de la Vierge-mère?
À côté d’autres applications, la grande vérité qui
illustre d’une façon admirable la vie de Marie est celle-ci:
Quand Dieu voulut se manifester aux hommes et se
rendre visible au monde pour lui apporter le salut, Il dut revêtir un corps de
chair afin d’approcher ces êtres de chair.
Ce corps, Il le forma en Marie qui se livra à Lui
sans réserve. Par elle, Dieu put s’incarner en Christ et se manifester aux
hommes, "réconciliant le monde avec lui-même".
Des yeux purent Le voir, des oreilles L’entendre et
des mains Le toucher.
Aujourd’hui, Dieu a toujours besoin des hommes. Ce
n’est pas seulement sur la partie invisible de leur être qu’Il désire régner.
Il aspire à la domination de l’homme tout entier, c’est-à-dire à soumettre à
son pouvoir notre corps-partie visible et sensible de notre être-pour faire de
nos membres des "instruments de justice".
Marie est un tableau vivant éclairant d’un pur
reflet tout l’enseignement du Christ et des apôtres sur le miracle de la
nouvelle naissance, sans laquelle nul ne peut voir le royaume de Dieu.
En effet, toute nouvelle naissance est un miracle
aussi grand que la conception miraculeuse, de sorte que tous ceux qui nient la
naissance virginale ne peuvent croire non plus à une naissance d’En haut pour
l’homme de chair.
Or, Jésus a affirmé clairement que l’homme devait
renaître pour entrer dans Son royaume.
De même, Paul nous montre comment Christ doit être formé en nous, comment Il doit croître, grandir et manifester sa
vie dans notre chair
mortelle.
Christ en nous est tout d’abord enfant, adolescent,
puis homme fait.
Ce qui s’est passé un jour en Marie doit se
refléter spirituellement dans notre propre vie.
Marie, appelée par Dieu, ne s’est pas refusée et
n’a rien refusé à son Dieu Sauveur. Se livrant à Lui sans réserve, elle vit le
Dieu tout-puissant prendre possession de son être tout entier.
Il en sera de même aujourd’hui où la grâce de Dieu,
source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Quiconque accepte cette
grâce et répond à l’amour de Dieu en gardant ses commandements, verra
s’accomplir la merveilleuse promesse du Seigneur "Nous viendrons à lui, et
nous ferons notre demeure chez lui".
Par Marie, le salut qui est Jésus, allait entrer
dans le monde. Mais, avant, il devait être formé en elle.
"Tu concevras," c’est l’œuvre de Dieu en
Marie. "Tu enfanteras," c’est l’œuvre de Dieu par Marie, pour le
monde.
Quand la parole de Dieu est reçue, le Saint-Esprit
féconde dans notre cœur cette semence incorruptible, et celle-ci donne
naissance à "Christ en nous, l’espérance de la gloire".
La chair mortelle du chrétien devient dès lors le
terrain de la manifestation de la vie de Jésus, de la puissance du Saint-Esprit
dans un vase de terre.
Désormais, le croyant est appelé à "revêtir
l’homme nouveau" qui n’est pas le fruit des efforts de la chair- d’une
chair qui tendrait à s’améliorer- mais une création nouvelle "qui se
renouvelle dans la connaissance selon l’image de Celui qui l’a créé." L’homme nouveau est manifesté par le Saint-Esprit dans
une chair qui a été crucifiée avec ses passions et ses convoitises.
Si j’ai établi plus haut un parallèle entre Ève et
Marie, nous pouvons, en terminant ce chapitre, faire un rapprochement entre
Marie et nous, entre la Vierge-mère et l’âme rachetée.
Dieu, qui a voulu sauver l’humanité par l’envoi de
son fils, au temps de Marie, veut aujourd’hui encore faire proclamer son salut
aux âmes perdues.
Sur la terre, Il a son heure, ses moyens et ses
messagers pour annoncer la bonne nouvelle.
L’âme qui entend la Parole du Seigneur, l’âme qui
cherche Dieu, l’âme dont la conscience est réveillée par la connaissance de la
loi, l’âme qui veut plaire à Dieu et qui s’efforce de Lui être agréable est
tout d’abord troublée par le message de l’Évangile- car il la prend
personnellement à partie. Elle réalise soudain que c’est bien d’elle qu’il
s’agit. Une question précise lui est posée. Une réponse personnelle doit être
donnée. Un engagement lui est demandé.
* * *
Quel effet la prédication de l’Évangile a-t-elle eu
dans nos cœurs?
Avons-nous connu le trouble, la crainte qu’un homme
pécheur éprouve en présence d’un Dieu saint?
Il n’y a de salut en aucun autre qu’en
Jésus-Christ, mais ce salut
gratuit est bien autre chose qu’une bonne nouvelle seulement, ou que le seul
pardon de nos péchés.
Le salut de Dieu, c’est quelqu’un qui va naître en nous, grandir,
occuper toute la place dans la mesure où nous diminuerons.
Voilà la grâce qui nous est offerte: Être habité par Dieu. Avoir un
Salut qui procure le salut.
Si la vie de Jésus ne se manifeste pas dans notre
chair mortelle, nous sommes encore sans Christ et étrangers à la vie de Dieu.
La seule vie chrétienne, c’est celle de Christ en
nous. Il n’y a pas une vie chrétienne pour les
catholiques, une autre pour les orthodoxes et plusieurs autres pour les
multiples divisions du protestantisme.
C’est à une participation à sa propre nature que
Dieu nous appelle; c’est à une union intime avec Lui que nous sommes conviés.
Dieu attend notre réponse!
Ne regardons pas à nous-mêmes, mais à Celui qui a jeté les yeux sur nous, nous appelant à son royaume et à sa
gloire.
Comme Marie, soumettons-Lui notre cœur et
laissons-Le agir: "Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait
selon ta parole".
Marie a accepté que le Christ soit formé en elle,
afin qu’Il soit donné au monde.
C’est ainsi que Marie fut sauvée et qu’elle
participa au salut des autres. Il peut en être de même pour nous aujourd’hui.
Dieu nous sauve pour nous associer à son oeuvre de
salut.
Ainsi, ceux qui honorent Marie ne sont pas toujours
ceux qui parlent d’elle, mais ceux qui imitent son exemple et sa foi.
CHAPITRE III (1) LA SERVANTE DU SEIGNEUR
Dieu ne donne pas sa gloire à un autre, ni son
honneur aux idoles.
S’il a besoin des hommes, s’Il les emploie pour
exécuter ses desseins, c’est une faveur qu’Il leur accorde.
Ainsi, dans sa grâce, Dieu sait à son heure
susciter un homme, une femme, qui seront pour Lui, des vases d’élection par
lesquels Il fera connaître les richesses de sa gloire au milieu des hommes.
La gloire éternelle de Marie, comme celle d’Israël, c’est Jésus, le Fils Bien-Aimé du Père.
En effet, la vie même de Marie nous interdit de
nous arrêter à elle. Toutes les leçons qu’elle nous donne nous ramènent à
Christ, "l’Image du Dieu invisible, le premier-né de toute la
création".
On ne peut penser à Marie sans songer au Fils de
Dieu. Marie existe par Lui, pour Lui, et en Lui.
De même on ne devrait pas pouvoir penser à un
chrétien sans penser au Christ.
Ce qui est intéressant et utile pour nous dans la
vie d’un homme ou d’une femme, c’est la
mesure de Christ en eux. Tout
le reste, origine, naissance, beauté, richesse, position, est secondaire dans
un monde où tout est vanité et tourment d’esprit.
Celui en qui habite l’amour de Dieu ne tire pas sa
gloire des hommes, mais cherche la gloire qui vient de Dieu seul.
Dans ces dispositions, il ne cherche pas sa volonté
mais la volonté de Celui qui, par grâce, nous fait sortir de l’ombre et qui, à
toute heure, peut nous y faire rentrer.
Si notre consécration est réelle, la fidélité au
Seigneur reste totale, l’attachement et le dévouement au Christ demeurent
complets, lors même qu’on ne parle plus de nous.
Les êtres qui sont jaloux de la gloire de Dieu, au
lieu de rechercher leur propre gloire, savent qu’ils sont suscités pour servir au conseil de Dieu. Ils n’ignorent pas que leur course
peut s’achever aussi bien à trente qu’à soixante-dix ans. L’essentiel pour eux
n’est pas une longue vie, mais l’accomplissement humble, fidèle et joyeux, du
service reçu du Seigneur.
Ce fut le cas pour Jean-Baptiste qui avait pu dire
de Jésus: "Il faut qu’Il croisse, et que moi je diminue." Cette
parole était son programme. Il l’a incarnée et non seulement prêchée.
Dès qu’il eut préparé le chemin du Seigneur, dès
que le Christ fut sorti de l’ombre pour commencer son ministère, Dieu retira le
Baptiste par une mort violente.
Du roi David lui-même, l’Écriture dira qu’après
avoir, en son temps, servi au dessein de Dieu, il s’endormit et fut réuni à ses
pères.
Ce n’est donc pas nous qui choisissons l’heure, le
jour, le lieu et les circonstances qui nous effaceront de l’horizon des hommes.
De cette manière, Dieu prouve que la vie de ses
serviteurs n’a de sens qu’en
Christ, d’autre raison d’être que Christ.
L’apôtre Paul avait tellement bien compris cette
vérité qu’il pouvait dire: "Christ sera glorifié dans mon corps avec une
pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort; car Christ est ma vie et
la mort m’est un gain." Ailleurs, il dira encore: "Nul de nous ne vit
pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons
pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc
que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur".
* * *
Ce que je viens de dire, au sujet des serviteurs de
Dieu, en général, s’applique également à Marie, la servante du Seigneur.
Les Évangiles nous montrent d’une manière frappante
la vraie place que Dieu a donnée à Marie, mère de Jésus.
Dans l’Écriture Sainte, il est surtout question de
Marie avant la naissance du Christ, dans l’enfance et l’adolescence de Jésus.
Dès que Jésus est homme
fait, et tout au long de son ministère, Marie n’apparaît plus
qu’occasionnellement. Et, sans cesse, par les paroles qu’il prononce dans ces
circonstances, Jésus semble vouloir rappeler le rôle exact de sa mère et sa
place dans sa vie.
Voyons plutôt:
1. Aux noces
de Cana, quand Marie communique à son fils l’embarras de leurs hôtes au sujet
du vin, Jésus répond à sa mère: "Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon
heure n’est pas encore venue".
Marie doit comprendre qu’elle a devant elle son
Seigneur, seul juge de ce qu’Il sera conduit à faire.
2. Quand de
la foule assise autour de lui on vient lui dire: "Voici, ta mère et tes
frères sont dehors, et ils désirent te voir," Jésus répond: "Ma mère
et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent
en pratique. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux,
celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère".
C’est ainsi que Marie est sa mère, parce que Dieu
l’a choisie, parce qu’elle n’a pas refusé la grâce qui lui a été faite, parce
qu’elle a obéi, parce qu’elle a fait la volonté de Dieu.
3. Alors
qu’une femme, élevant la voix du milieu de la foule, s’écrie, tandis qu’Il
parlait: "Heureuses les entrailles qui t’ont porté, heureux les seins qui
t’ont allaité!" Jésus dit aussitôt: "Heureux plutôt ceux qui écoutent
la parole de Dieu, et qui la gardent".
Jésus ne laisse donc pas l’attention des foules se
détourner de Lui pour se porter sur sa mère, pas plus qu’Il ne laissa sa mère
Lui dire ce qu’Il avait à faire au début de son ministère. Cependant, Jésus n’a
pas abandonné Marie.
4. Quand, de
la croix, Il voit sa mère se tenir avec Jean au pied de son gibet, Il s’écrie:
"Femme, voilà ton fils," puis Il dit au disciple: "Voilà ta
mère!" Et dès ce moment le disciple la prit chez lui.
Là encore, dans cette heure suprême, Jésus donne à
sa mère sa vraie place. Jésus s’en va au Père... Il va retourner au lieu d’où
il était venu. Son commencement n’était pas à la crèche et sa fin ne serait pas
à la Croix.
Quant à Marie, sa place est sur la terre dans la
compagnie des hommes, du disciple qu’Il aimait.
5. Et
lorsque, ressuscité, Jésus se montre à ses disciples pendant quarante jours, ni
les Évangiles, ni les Actes des Apôtres ne nous parlent d’une visite spéciale
de Jésus à sa mère ou d’un message particulier du Ressuscité pour Marie.
Il apparaîtra à Marie de Magdala, puis aux saintes
femmes, dont sa mère fait partie.
Il aura un message pour Pierre qui L’a renié, mais
rien de spécial pour sa mère, fidèle
parmi les fidèles.
Et c’est ainsi qu’après l’Ascension de Jésus, on
retrouve Marie dans la chambre où se réunissent les apôtres, dans l’attente de
la Pentecôte.
Que fait-elle? La servante du Seigneur persévère
dans la prière avec ses frères et sœurs.
Nul ne s’adresse à elle. Marie, avec ses frères,
invoque le Seigneur.
Marie prie avec les vivants, au milieu des vivants
et pour les vivants.
Marie ne prie pas pour les morts, et surtout,
personne ne la prie.
* * *
En dehors des citations que je viens de faire et de
quelques autres sur lesquelles je reviendrai plus tard, il n’est plus question
de Marie ou de son nom dans le Nouveau Testament.
Ni Paul, ni
Jacques, ni Pierre, ni Jean, ni Jude ne la mentionnent. Écoutez plutôt leurs
déclarations:
1. Paul,
parlant de la médiation: "Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre
Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon
pour tous." {Timothée 2:5}
2. Jacques,
parlant de la dévotion: "La dévotion pure et sans tache devant Dieu notre
Père consiste en ceci: Visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves,
se garder de toute souillure du monde." {Jacques 1:27}
3. Pierre,
parlant de la rédemption: "Si vous appelez Père celui qui, sans acception
de personnes, juge chacun selon ses oeuvres, conduisez-vous avec crainte
pendant le temps de votre exil. Sachez que ce n’est par rien de corruptible,
argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos
pères, mais par un sang précieux, comme d’un agneau sans reproche et sans
tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les
derniers temps à cause de vous. Par lui, vous croyez en Dieu, qui l’a fait
ressusciter d’entre les morts et lui a donné la gloire, si bien que votre foi
soit en Dieu comme votre espérance." {Pierre 1:17-21}
4. Jean,
parlant de l’intercession: "Petits enfants, je vous écris ceci pour que
vous ne péchiez pas. Mais si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat
auprès du Père, Jésus-Christ, le Juste. C’est lui qui est victime de
propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour
ceux du monde entier,."{1Jean 2:1-2}
5. Jude,
parlant de la foi transmise
aux saints: "Très chers,
j’avais un grand désir de vous écrire au sujet de notre salut commun; et j’ai
été contraint de le faire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi
transmise aux saints une fois
pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes qui, depuis
longtemps ont été marqués d’avance pour cette sentence: Ces impies
travestissent en débauche la grâce de notre Dieu et renient notre seul Maître
et Seigneur Jésus-Christ... Mais vous, très chers, rappelez-vous ce qui a été
prédit par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils vous disaient: A la fin du temps, il y aura des
moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies. Ce sont eux qui créent
des divisions, ces êtres psychiques qui n’ont pas l’Esprit."
"Mais vous, très chers, vous édifiant sur
votre foi très sainte, priant dans l’Esprit Saint, gardez-vous dans la charité
de Dieu, prêts à recevoir la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la
vie éternelle. Les uns, ceux qui hésitent, cherchez à les convaincre; les
autres, sauvez-les en les arrachant au feu; les autres, enfin, portez-leur une
pitié craintive en haïssant jusqu’à la tunique contaminée par la chair."
"Or, à celui qui peut vous préserver de toute
chute et vous présenter devant sa gloire, irrépréhensibles et dans
l’allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur,
soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et
maintenant, et dans tous les siècles! Amen!" (Jude 3-4,17-24).
Tous ces textes fixent la doctrine chrétienne et
excluent nettement la possibilité d’une évolution du dogme.
Il est frappant aussi de constater que Jean lui-même,
le disciple qui prit Marie chez lui, garde le silence sur la mère de notre
Seigneur. Je sais bien qu’on a voulu voir Marie dans la femme qu’il nous
présente au chapitre douze de l’Apocalypse, enveloppée du soleil, ayant la lune
sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles. Pourtant, une étude attentive
de ce chapitre examiné à la lumière de l’analogie de la foi, nous prouverait
bien vite, que cette femme ne personnifie ni Marie, ni même l’Église, mais le
peuple d’Israël.
* * *
Comme nous l’avons vu plus haut, l’Écriture nous
parle de Marie avant la naissance de Jésus, pendant son enfance et son
adolescence. Puis Marie s’efface.
Elle ne vit plus que cachée en Lui, pour Le
montrer, Lui. C’est Lui qu’elle met en avant. Marie reste dans l’ombre et
surtout dans l’ombre de la Croix, qui plane sur toute la vie de son fils.
C’est là pour nous, parmi tant d’autres, une des
grandes leçons que nous donne Marie.
Et si maintenant nous continuons à établir un
parallèle entre la mère du Seigneur et l’âme sauvée par la grâce de Dieu -l’âme
qui accepte par la foi le salut, pour l’apporter ensuite à d’autres- nous
retirerons encore d’autres utiles instructions de la vie de Marie.
CHAPITRE III (2) LA FIANCÉE DE JOSEPH
J’ai déjà souligné, en commentant l’Annonciation,
la Visitation et le Magnificat, comment Dieu veut reproduire spirituellement en
chacun de nous l’œuvre qu’Il fit en Marie.
Il reste donc à considérer pour notre édification
ce qui arriva à Marie lorsqu’elle retourna chez elle après avoir passé trois
mois auprès d’Élisabeth.
L’âme qui a accepté et cru la Parole du Seigneur,
l’âme qui a connu la joie de la communion fraternelle et les transports de
l’adoration, dans la communauté que crée le Christ, ne peut pas toujours rester
auprès de ceux que la grâce a visités.
Il faut quitter "le pays des montagnes,"
descendre des purs sommets pour retourner chez soi, dans sa maison, où les
difficultés vont commencer, où la foi va être éprouvée.
Les liens célestes ne brisent pas les liens terrestres.
La vie de Dieu en nous ne fait que les épurer et les sanctifier.
L’appel de Dieu à la sanctification ne conduit pas
les âmes à se séparer du monde pour vivre en vase clos, mais à devenir la
possession de Dieu dans le monde, "son trésor particulier".
Il n’est pas question pour Marie de ne pas
retourner vers Joseph ou de lui cacher son état.
De même, l’âme qui a reçu la vie de Dieu ne peut
pas fuir ses responsabilités, et ne pas confesser le nom de Jésus parmi les
siens.
Que va faire Joseph, lorsqu’il apprendra que Marie
est enceinte?
Écoutons comment Matthieu nous décrit ces
événements qui, humainement, auraient pu avoir de tragiques conséquences pour
Marie:
Voici de quelle manière arriva la naissance de
Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte
par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble. Joseph, son
époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa
de rompre secrètement avec elle. Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur
lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre
avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit;
elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c’est lui qui sauvera
son peuple de ses péchés.
Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le
Seigneur avait annoncé par le prophète:
Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un
fils.
Et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui
signifie Dieu avec nous.
Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du
Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.. {Matthieu 1:18-24}
Constatant l’état de sa fiancée, Joseph avait, à
première vue, deux possibilités devant lui:
1. S’il
croyait le témoignage de Marie et sa version sur le mystère de sa grossesse, il
pouvait garder sa femme auprès de lui et honorer en elle, l’élue du Seigneur.
2. Par
contre, s’il conservait un doute sur une situation aussi extraordinaire, étant
un homme juste, il ne pouvait épouser Marie-la fiancée enceinte tombant alors
sous le coup de la loi qui prononçait la peine de mort pour un tel cas. {Deutéronome 22:23-30}
Que se passe-t-il donc en Joseph pour qu’il
s’oriente vers une troisième solution, celle qui le conduisait à vouloir rompre
secrètement avec Marie, afin de ne pas l’exposer publiquement à l’ignominie et
moins encore aux rigueurs de la loi?
Ou le témoignage de Marie n’a pas suffi pour le
convaincre et l’amener à croire, et, dans le doute, il préfère s’abstenir,
étant un homme de bien.
Ou, s’il a cru sa fiancée, une crainte respectueuse
s’empare de son cœur. Joseph ne se sent plus capable de vivre avec cet être
dans lequel Dieu accomplit un si grand mystère.
Qu’en sera-t-il de Marie, humblement résignée à
toute la volonté de Dieu? La servante du Seigneur sera-t-elle abandonnée dans
cette épreuve?
Quand Dieu a commencé un travail dans un cœur, Il
le poursuit et l’amène à son achèvement. Il ne permet pas que l’incrédulité, le
doute ou la crainte, détruise son oeuvre ou nuise à son épanouissement. Dieu
lui-même intervient: Un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, dissipe
ses doutes ou ses craintes, lui révélant personnellement la vérité au sujet de
"l’enfant" et lui communiquant ce que Dieu attend de lui. Dès son
réveil, sans tergiversation, Joseph obéit à l’ordre d’En Haut et prend sa femme
auprès de lui, la mettant ainsi à l’abri des Soupçons injurieux.
Joseph partage dès lors l’espérance de Marie.
Le salut est entré dans sa maison. La Vierge n’est
plus seule maintenant pour attendre les choses merveilleuses de Dieu.
Une telle délivrance est l’image de tout ce que
Dieu peut faire, aujourd’hui encore, pour les âmes de nos familles, qui ne
croient pas à notre témoignage. Ce n’est plus à nous de combattre. Attendons-nous
au Seigneur qui, à son heure, saura révéler lui-même sa grâce et amener à
l’obéissance de la foi ceux qui dans nos demeures ne connaissent pas la vérité.
Mais il ne la connut point, jusqu’à ce qu’elle eût
enfanté son fils premier-né, auquel il donna le nom de Jésus.. {Matthieu 1:25}
Par ce texte, que la version de Jérusalem traduit
ainsi: "Et sans qu’il l’eût connue, elle enfanta un fils...,"
l’Évangile veut établir comme un fait historique, l’origine divine de
Jésus-Christ.
C’est là le véritable intérêt que ce passage a pour
nous. Joseph trouva Marie enceinte avant qu’ils eussent mené vie commune, et
c’est sans qu’il l’eût connue qu’elle mit au monde Jésus.
Ainsi, si l’on ne peut prouver par l’Écriture la
virginité perpétuelle de Marie, on ne saurait mettre en doute qu’elle était
vierge à la naissance du Sauveur.
Cela seul est important.
Que se passa-t-il ensuite entre Joseph et Marie?
Il me paraît sans intérêt de discuter à perte de
vue pour savoir si, après la naissance de Jésus, Joseph connut sa femme et lui
donna d’autres enfants, ceux que l’Évangile appelle "les frères" du
Seigneur.
S’il est vrai que le terme "frère" est
employé quelquefois dans la Bible pour désigner un proche degré de parenté et
non nécessairement les enfants du même père et de la même mère, nul ne peut
certifier cependant que les "frères" de Jésus dont nous parle le
Nouveau Testament n’étaient que ses cousins.
À Nazareth, où Jésus avait été élevé, ne disait-on
pas de lui: "Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le
frère de Jacques et de Joses et de Jude et de Simon; et ses sœurs ne sont-elles
pas ici auprès de nous"?
Et Jean l’apôtre, ne nous signale-t-il pas que
"ses frères non plus ne croyaient pas en lui"
Serait-ce pour cette raison-là qu’au moment de
mourir, Jésus confie sa mère à Jean plutôt qu’à ses proches demeurés encore
dans l’incrédulité?
On pourrait facilement le soutenir en s’appuyant
sur cette parole du psaume messianique: "Je suis devenu un étranger pour
mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère"!
Pour moi, je le répète, quelle que soit l’opinion
que l’on partage au sujet des frères ou des sœurs de Jésus, je ne vois pas ce
que le fait d’être restée vierge, ou d’avoir eu des enfants après la naissance
du Christ, pourrait ajouter ou
ôter à la vertu de la mère
par excellence.
Toutefois, si rien ne s’oppose formellement à ce
que Joseph ait connu sa femme après la naissance de Jésus, je pourrais très
bien comprendre aussi que l’époux de Marie ait arrêté dans son cœur de respecter
celle dont le corps avait été le théâtre mystérieux d’une telle opération de
l’Esprit Saint!
De toute manière, Joseph et Marie restent pour les
fiancés de tous les temps, des modèles de foi, d’amour et de pureté.
CHAPITRE III (3) LA NAISSANCE DE JÉSUS
La lecture du deuxième chapitre des Évangiles de
Luc et de Matthieu, nous renseigne parfaitement sur les circonstances que
connut Marie, avant, pendant et après la naissance de son fils.
En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant
un recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu pendant que
Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire inscrire, chacun
dans sa ville. Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour
se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était
de la maison et de la famille de David, afin de se f aire inscrire avec Marie,
sa fiancée, qui était enceinte.. {Lu 2:1-5}
Les choses merveilleuses que l’on attend de Dieu ne
se passent pas toujours selon nos prévisions.
Marie et Joseph habitent à Nazareth de Gaulée, et
pourtant, selon les Écritures, c’est à Bethléem de Judée que le Messie doit
naître.
Écoutons plutôt:
"Et toi, Bethléem Ephrata, Petite entre les
milliers de Juda, De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël Et dont
l’origine remonte aux temps anciens, Aux jours de l’éternité." {Michée 5:1}
Si Marie avait connaissance de ce texte de Michée,
elle pouvait être en souci. Devrait-elle, afin d’accomplir cette prophétie, se
rendre d’elle-même à Bethléem pour accoucher dans cette ville, ou rester à
Nazareth, ce qui pour elle simplifierait tellement les choses?
Ce n’est pas à nous de réaliser les prophéties. Il
nous appartient seulement d’être fidèles là où Dieu nous visite, et de savoir
attendre de Lui, dans la soumission, l’accomplissement de ses desseins.
Malgré les apparences, Dieu gouverne le monde et
règne au-dessus de tous les Césars.
Aussi, est-ce par un édit d’Auguste, ordonnant un
recensement de toute la terre que Joseph et Marie se trouveront au jour et à
l’heure de l’accouchement, au lieu annoncé par les prophètes.
La volonté de Dieu s’accomplit toujours par la
puissance de Dieu et est toujours conforme à la lettre de l’Écriture.
Dieu ne nous demande pas de réaliser aujourd’hui,
d’une manière charnelle, ou parce que nous en aurions le loisir, ce qu’Il
attend que nous accomplissions demain, avec la force qu’Il communiquera.
Mais demain, à l’heure qu’Il voudra, Il réclamera
de nous une obéissance totale à sa volonté clairement révélée. Aucune
circonstance, aucun travail, aucune fatigue ne devra nous arrêter.
Soumis aux autorités et malgré l’état de Marie,
Joseph s’en ira comme tout le monde en sa propre ville, afin de se faire
inscrire avec la femme qui lui était fiancée.
Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait
accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota et le
coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans
l’hôtellerie.. {Luc 2:6-7}
Nous voici donc à Bethléem.
Mais, là encore, les choses ne vont pas se passer
comme nous pourrions le désirer, ou comme notre imagination pieuse pourrait
prévoir l’accomplissement d’un événement divin.
Tout est fait pour nous déconcerter ou nous scandaliser.
Ni le cadre de la naissance du Christ, ni les acteurs qui évoluent autour de
Jésus, ne semblent correspondre à la dignité qui revient au Fils de Dieu.
Ce n’est pas dans l’hôtellerie que va naître le
Sauveur, mais dans une grotte obscure servant d’étable aux animaux.
C’est dans une crèche que Marie déposera son enfant
et c’est là que de pauvres bergers viendront pour le trouver.
Sur la terre, la présence de Jésus en nous n’ouvre
pas nécessairement toutes les portes.
Au contraire, en certains lieux, il n’y aura point
de place pour nous ici-bas. "Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce
qu’il ne L’a pas connu." Cependant, "toutes choses concourent
ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son
dessein".
Dieu veut apprendre à ceux qu’Il a choisis pour
accomplir sa volonté, que son salut gratuit doit être annoncé d’abord aux
pauvres et aux ignorants.
CHAPITRE III (4) LES BERGERS DE BETHLÉEM
Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui
passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux.
Et voici, un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit
autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande frayeur. Mais l’ange leur dit: Ne
craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le
peuple le sujet d’une grande joie: C’est qu’aujourd’hui, dans la ville de
David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et voici à
quel signe vous le reconnaîtrez: Vous trouverez un enfant emmailloté et couché
dans une crèche.
Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de
l’armée céleste, louant Dieu et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très
hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée!. {Lu 2:8-14}
Si le monde ne nous reçoit pas, Dieu va nous rendre
capables de recevoir ceux que le monde méprise, mais que Lui aime et veut
sauver.
Aujourd’hui on consacre des millions pour se faire
ouvrir la porte d’une "hôtellerie" qui n’est pas pour nous, et pour
financer une publicité tapageuse destinée à faire accepter Jésus-Christ aux
foules. Autrefois, Joseph et Marie acceptaient l’obscurité d’une étable pour y
déposer le trésor de leur cœur.
Alors le ciel s’ouvrait et, sans aucuns frais pour
Joseph et Marie, une publicité merveilleuse digne du Fils de Dieu se faisait
par un ange environné d’un chœur céleste.
Rien ne manquait à l’annonce! Le sujet, la date, le
lieu, tout était indiqué. Enfin, le signe qui les conduirait à croire cette
bonne nouvelle, et à reconnaître pour Sauveur l’enfant de la crèche, leur était
révélé.
Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner
au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons jusqu’à Bethléem et
voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. Ils y allèrent
en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la
crèche. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de
ce petit enfant. Tous ceux qui les entendirent furent dans l’étonnement de ce
que leur disaient les bergers. Marie gardait toutes ces choses, et les
repassait dans son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant
Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, et qui était conforme à ce qui
leur avait été annoncé.. {Luc 2:15-20}
Irrésistiblement attirés par la propagande céleste
au rendez-vous des méprisés, les bergers vont en hâte à Bethléem et trouvent
tout conforme à ce qui leur avait été annoncé! Alors, ils s’en retournent
glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu.
Que celui qui lit comprenne, et qu’avec Marie il
garde toutes ces choses et les repasse dans son cœur, trouvant son inspiration
dans les choses faites par le ciel pour évangéliser la terre.
Si nous possédons aujourd’hui la vie de Jésus, si
elle se manifeste dans notre chair mortelle, notre témoignage commencera parmi
les pauvres, au sein des humbles de ce monde.
Seulement, ne laissons pas nu le Sauveur dans la
crèche. Comme Marie, enveloppons-Le des langes de notre amour. Alors, si nous
ne pouvons pas encore montrer le Christ ailleurs que dans une étable, nous
ferons l’expérience que si Jésus est tout pour notre cœur, ceux que Dieu
enverra vers nous par sa divine puissance, ne verront plus le bœuf et l’âne ou
l’endroit misérable, mais uniquement la Personne du divin enfant.
Dans l’étable de Bethléem, ce que les bergers
virent, ce fut le petit
enfant. Alors, aussi, ils
racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant.
De même aujourd’hui, si Christ est réellement né en
nous, les humbles de ce monde sauront voir "le petit enfant," même si
nous n’avons pas de grands moyens pour le montrer, ni de belles chapelles où le
présenter.
CHAPITRE III (5) LES MAGES D’ORIENT
Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps du roi
Hérode, voici, des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent: Où est le
roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et
nous sommes venus pour l’adorer.
Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem
avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du
peuple, et il s’informa d’eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent: À
Bethléem en Judée; car voici ce qui a été écrit par le prophète: Et toi,
Bethléem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les villes de
Juda.
Car de toi sortira un chef, qui paîtra Israël, mon
peuple.
Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit
soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. Puis il les
envoya à Bethléem, en disant: Allez, et prenez des informations exactes, sur le
petit enfant; quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j’aille
aussi moi-même l’adorer.
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et
voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce
qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta.
Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils
entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se
prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui
offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, divinement
avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par
un autre chemin.. {Matthieu 2:1-12}
Si la bonne nouvelle doit être annoncée aux pauvres
et aux ignorants, souvenons-nous que Dieu aime aussi les riches et les savants.
Pour eux aussi l’heure viendra où, comme les Mages
de l’Orient, ils pourront voir "le petit enfant" avec Marie sa mère
et se prosterner devant lui pour lui rendre hommage, en déposant à ses pieds
leurs trésors.
Pour trouver Christ, leur voyage sera plus long que
celui des bergers, et leurs difficultés plus grandes. Leur recherche du Sauveur
ne se fera pas sans trouble. Mais, partis un jour dans la bonne direction, et
malgré les obstacles, ils retrouveront toujours l’étoile qui les conduira dans
leur nuit vers le meilleur trésor et vers la plus grande joie.
Eux aussi seront divinement avertis de ne pas
retourner vers certaines gens qui leur seraient un piège et ils sauront dans
quel chemin Dieu veut les voir marcher pour retourner à leurs occupations.
CHAPITRE III (6) LA FUITE EN EGYPTE
Lorsqu’ils furent partis, voici, un ange du Seigneur
apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère,
fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle; Car Hérode cherchera le
petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant
et sa mère, et se retira en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin
que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: J’ai appelé
mon fils hors d’Égypte.
Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages,
se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans
et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, selon la date
donc il s’était soigneusement enquis auprès des mages. Alors s’accomplit ce qui
avait été annoncé par Jérémie, le prophète:
On a entendu des cris à Rama, Des pleurs et de
grandes lamentations: Rachel pleure ses enfants, Et n’a pas voulu être
consolée, Parce qu’ils ne sont plus.. {Matthieu 2:13-18}
Aujourd’hui, comme aux jours d’Hérode, Dieu ne se
laisse pas devancer par les plans criminels de nos adversaires. Dieu connaît
les pensées et les intentions des cœurs et sait avertir ses enfants.
Que fera le jeune chrétien devant l’opposition, la
menace et la rage de Satan?
Il se laissera guider par Celui qui, des cieux, veille
sur la vie du tout petit enfant. Il se retirera où Dieu le conduira.
À cause de Jésus, Joseph et Marie durent descendre
en Égypte. À cause de la vie de Christ en nous, Dieu peut encore nous conduire
à l’écart, mais c’est Lui aussi, qui, à son heure, nous ramènera de l’exil.
La haine, la persécution, la souffrance, tout cela
est dans le programme du chrétien, et doit arriver afin que
l’Écriture soit accomplie.
CHAPITRE III (7) LE RETOUR EN ISRAËL
Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur
apparut en songe à Joseph, en Égypte, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant
et sa mère, et va dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du
petit enfant sont morts. Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et
alla dans le pays d’Israël. Mais, ayant appris qu’Archélaüs régnait sur la
Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre: Et, divinement
averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, et vint
demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été
annoncé par les prophètes: Il sera appelé Nazaréen.. {Matthieu 2:19-23}
Les hommes passent, les temps changent; seul Jésus
demeure!
À la mort d’Hérode, un ange intervient à nouveau
pour rappeler Joseph, le petit enfant et sa mère, au pays d’Israël, non pas
dans la ville de David son père, mais à Nazareth la cité méprisée de Galilée,
d’où aucun prophète ne semblait devoir sortir. Élevé dans cette ville, Jésus
sera appelé: "Nazaréen".
Là où se manifeste la vie de Jésus, tout est
divinement conduit. L’homme ne choisit pas le lieu de son témoignage. Fidèle,
il obéit à la volonté que Dieu lui révèle, et il ne tarde pas à voir l’Écriture
s’accomplir dans sa vie.
CHAPITRE III (8) L’ENFANT PERDU ET RETROUVÉ
Les parents
de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque.
Lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y montèrent,
selon la coutume de la fête. Puis, quand les jours furent écoulés, et qu’ils
s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne
s’en aperçurent pas. Croyant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils
firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs
connaissances. Mais, ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour
le chercher. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au
milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui
l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. Quand ses
parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit: Mon
enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous
te cherchions avec angoisse. Il leur dit Pourquoi me cherchiez-vous? Ne
saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père? Mais ils
ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à
Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans son
cœur.
Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en
grâce, devant Dieu et devant les hommes. {Luc 2:41-52}
Jésus avait douze ans quand Marie dut apprendre une
leçon importante, et, avec elle, nous devons souvent repasser son enseignement
dans notre cœur.
C’est toujours un grand danger pour nous
d’accomplir par coutume des actes religieux.
Quand ils deviennent pour nous des traditions, sans
nous en apercevoir nous perdons vite le contact avec Jésus. Accaparés par mille
occupations, même pieuses, nous ne nous rendons pas compte que Jésus n’est plus
avec nous. Cependant, nous le croyons là, faisant partie du voyage! Et c’est
ainsi que l’on peut cheminer toute une journée sans souffrir de son absence.
Mais le soir arrive et, quand soudain l’on se
soucie de Jésus, Il reste introuvable. Compagnons de voyage, parents et
connaissances ne nous sont d’aucun secours pour nous aider à retrouver Celui
que nous avons négligé, et perdu...
Où donc Le chercher? Où donc Le trouver?
Jésus nous a tellement habitués à sa fidélité, que
nous en arrivons à croire qu’Il doit être toujours là, et que nous pouvons
marcher avec qui nous voulons, bavarder avec qui nous semble bon, n’avoir aucun
contact avec Lui pendant une journée entière, sans cependant douter un seul
instant que nous Le retrouverons le soir, quand nous aurons terminé nos
affaires...
Dieu veut nous apprendre que la présence de Jésus
est une grâce à chérir plus que toute autre chose, et qu’il ne va pas de soi
qu’Il reste avec nous quand nos pensées ne sont pas avec Lui.
Pour une journée où nous avons négligé le Seigneur,
la marche est arrêtée... Trois jours de peine et d’angoisse...
Cependant, Jésus n’était pas en danger. Il était
resté à Jérusalem et se tenait assis dans le temple, au milieu des docteurs,
les écoutant et les interrogeant.
Pour retrouver le contact avec Jésus, il faut
toujours revenir à notre point de départ. C’est au temple de Dieu que le
Sauveur est resté et c’est là seulement que nous Le retrouverons, si nous
savons rentrer en nous-mêmes.
Jésus est occupé des affaires de son Père, alors
que nous L’avons oublié pour nous occuper de nos propres affaires.
N’accusons pas le Seigneur d’avoir mal agi avec
nous, mais rentrons en
nous-mêmes. Nous comprendrons
alors que si nous avons dû Le chercher durant trois jours, si nous avons été
dans la peine et l’angoisse, c’est bien parce qu’un matin, nous sommes partis
sans Lui et que toute une journée toujours sortis
de nous-mêmes nous nous
sommes éloignés de Lui.
On ne perd Jésus qu’en s’éloignant de Lui. Et ce
qui nous éloigne de Lui, ce sont les affaires et les soucis de la terre.
C’est auprès de son Père que le Christ se trouve.
Recherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et si même comme
Marie et Joseph, nous ne comprenons pas toutes les paroles et les pensées du
Seigneur, nous Le verrons redescendre avec nous à Nazareth, entrer dans nos
occupations et préoccupations pour y manifester de plus en plus sa vie, sa sagesse et sa grâce devant Dieu et devant les hommes.
Après avoir bien compris cet enseignement que Marie
gardait dans son cœur, il nous faut revenir à une leçon qu’elle avait apprise
dans ce même temple de Jérusalem, quarante jours après la naissance de Jésus, à
l’heure où, pour la première fois, elle y avait conduit son Fils.
CHAPITRE III (9) LA PROPHÉTIE DE SIMÉON ET SON ACCOMPLISSEMENT
Le huitième jour, auquel l’enfant devait être
circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu’avait indiqué
l’ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. Et, quand les jours de
leur purification furent accomplis, selon la loi de Moise, Joseph et Marie le
portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur suivant ce qui est écrit
dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur-et pour
offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est
prescrit dans la loi du Seigneur.
Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé
Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël,
et l’Esprit-Saint était sur lui. Il avait été divinement averti par le
Saint-Esprit qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il
vint au temple, poussé par l’Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit
enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qu’ordonnait la loi, il le reçut
dans ses bras, bénit Dieu et dit Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur
S’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, Salut que
tu as pré paré devant tous les peuple, Lumière pour éclairer les nations, Et
gloire d’Israël, ton peuple.
Son père
et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui.. {Luc 2:21-33}
Lors de ce premier voyage à Jérusalem, Marie
n’était pas montée au temple "selon la coutume de la fête," mais pour
présenter son enfant au Seigneur, et pour accomplir à son égard ce que prescrivait
la loi de Moïse.
Portant son enfant dans ses bras, tout occupée de
lui, Marie avait vu et entendu des choses merveilleuses.
Un pieux vieillard, divinement averti qu’il ne
mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur, survint au temple,
poussé par l’Esprit, au moment où les parents de Jésus se soumettaient aux
exigences de la Parole.
De la bouche de Siméon, Marie qui venait de
présenter au Seigneur l’offrande du pauvre, avait reçu la confirmation que son
trésor était vraiment le Salut de Dieu, la Lumière pour éclairer les nations,
et la gloire du peuple d’Israël.
Aussi, Marie et Joseph étaient-ils dans
l’admiration des choses qu’on disait de Lui.
Comme il est bon aujourd’hui encore-lorsque dans
notre faiblesse nous accomplissons la volonté du Seigneur- d’entendre des
personnes pieuses, comme Siméon et Anne, rendre témoignage à la vie de Dieu que
nous possédons, et aux merveilleuses possibilités que cette vie nous donne pour
nous-mêmes et pour les autres.
Mais c’est alors que Dieu, au moment même où Il
nous donne sa bénédiction, nous prépare à entendre des choses que notre cœur
charnel n’aurait pu supporter sans sa grâce prévenante:
Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici,
cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en
Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même
une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs
soient dévoilées.. {Luc 2:34-35}
Marie devait savoir que la vie de son enfant
deviendrait un signe qui provoquerait la contradiction parmi les hommes, et
qu’elle-même connaîtrait la souffrance. Une épée transpercerait sa propre âme,
lorsque l’opposition des hommes irait jusqu’à clouer le Sauveur sur la Croix,
cette Croix où les pensées des cœurs se trouvent révélées, le Crucifié
suscitant la foi ou l’incrédulité, l’amour ou la haine de plusieurs.
C’est une vie de souffrance qui fut promise à Marie
au moment même où elle recevait la bénédiction du vieillard Siméon. La mère de
l’homme de douleur sera aussi la mère douloureuse.
La souffrance, l’épée sont dans son programme. Un
tranchant est pour Jésus, l’autre pour Marie et pour tous ceux qui, avec elle,
sont sauvés par les meurtrissures du Crucifié.
C’est à la communion de ses souffrances que le
Christ nous appelle, afin que nous soyons rendus conformes à Lui dans sa mort
pour l’être aussi dans sa glorieuse résurrection.
C’est à Le suivre dans le renoncement à tout, à Le
suivre jusqu’à la mort et à la mort de la Croix que Dieu convie ceux qu’Il
bénit de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ.
C’est vers la Croix en effet que marchera Marie.
C’est là que nous la retrouverons debout et
silencieuse, laissant parler son Fils, qui décide de son sort.
Son enseignement suprême pour toutes les
générations qui la diront "bienheureuse," Marie Pavait donné une fois
pour toutes à Cana, en sept mots simples et lumineux:
"Faites tout ce qu’Il vous dira".
Ce sont ces paroles qui délivrent les hommes de
leurs difficultés. Elles leur apportent ce qui leur manque: Le vin meilleur, la
joie parfaite que procure l’obéissance aux commandements du Fils de Dieu.
Marie a mis au monde son Fils, non pour que l’on
parle d’elle, mais toujours de Lui, non pour qu’on regarde à elle, mais
toujours à Lui, non pour qu’on l’aime elle, mais toujours Lui, qui de sa
plénitude nous donne grâce sur grâce.
* * *
Voilà Marie! Marie dans l’ombre de la Croix! Marie
vraiment humaine, priant au milieu de ses frères et avec ses frères, le seul
Médiateur entre Dieu et les hommes:
Celui qui seul est assis à la droite de Dieu et
intercède pour nous. Celui qui seul possède l’immortalité. Celui qui seul a
détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’incorruptibilité par
l’Évangile. Celui qui vient bientôt, notre glorieux Sauveur et Seigneur
Jésus-Christ.
Il nous demande à tous qu’à l’instar de Marie, la
servante du Seigneur, nous sachions Le montrer, Lui, au monde qui L’ignore.
Alors, quand Lui qui est notre vie sera manifesté,
Il nous manifestera avec Lui en gloire.
C’est Lui, Jésus, qui en son jour, présentera Marie
glorifiée avec tous ceux qui, comme elle, n’auront eu de regard et d’amour que
pour Lui, tous ceux qu’Il n’a, pas honte d’appeler, encore aujourd’hui
"ses frères".
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