mercredi 4 septembre 2013

Écrits de T.A. Sparks

Captivité dans le Seigneur   (Janvier Février 1930)

« Moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus », (Ephésiens 3 :1)

« Moi, le prisonnier dans le Seigneur », (Ephésiens 4 :1)
« J’endure des souffrances jusqu'à être lié de chaînes comme un malfaiteur ; toutefois la Parole de Dieu n'est pas liée. », (2 Timothée 2 :9)
« N'aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. », (2 Timothée 1 :8)

    Dans un certain sens, on peut dire de l'apôtre Paul qu'il personnifie l'histoire de l'Eglise dans la présente économie. Qu'il s'agisse de sa vie extérieure, ou de son expérience personnelle, on peut très bien établir un parallèle entre l'un et l'autre. Il semblerait même qu'il y ait là un principe divin, et que dans la nouvelle création ceux à qui une révélation a été confiée en viennent un jour à pouvoir dire : « Je suis pour vous un signe » (Ezéchiel 12 :11), tant cette révélation s'incorpore à leur expérience, jusqu'à devenir une partie intégrante de leur histoire.

    Si nous prenons par exemple les quelques passages ci-dessus, nous constatons que vers la fin de sa vie, Paul vécu, d’une part, un amenuisement et une limitation se manifestant par « l’apostasie » et, d’autre part, — en ce qui concerne le témoignage proprement dit — son action devint beaucoup plus restreinte et concentrée. Or, ce sont ces conditions qui sont exactement celles qui nous sont prédites pour le temps de la fin. Il est très significatif de voir justement dans cette lettre à Timothée — la lettre de la fin — plusieurs passages ayant ce caractère prophétique. Il se trouve donc que cette phrase « le prisonnier dans le Seigneur » est à la fois prophétique dans sa signification, et merveilleusement suggestive des moyens que Dieu emploie, dans Sa Souveraineté, au temps de la fin.

L'instrument du témoignage limité dans ses mouvements et dans son action de par la volonté de Dieu

   Quand nous considérons tous les incidents qui ont abouti au départ de Paul pour Rome comme prisonnier, quand nous lisons en particulier cette parole d'Agrippa : « Cet homme aurait pu être relâché s'il n'en avait appelé à César », nous ne sommes pas loin de penser qu'il dut y avoir, dans toutes ces circonstances, des erreurs, des accidents, sans lesquels l'issue eût peut-être été différente. Peut être que le ministère de l'apôtre, encore plein de promesses, se serait développé vers de nouveaux horizons ? Ces pensées-là viennent spontanément à l'esprit quand on regarde les choses de près. Nous sommes en droit de nous demander si l'apôtre Paul lui-même, dans les heures difficiles, ne s'est pas reproché d'avoir été trop impulsif dans son appel à l'empereur.
Au contraire, au fur et à mesure qu'il allait de l'avant, aux écoutes de ce que le Seigneur pouvait lui dire, percevant Sa voix de fois à autre, qui lui donnait l'explication des choses, bientôt la vraie nature de sa situation devint parfaitement claire pour lui. Il fut assuré, qu’au-dessus de tout cela, le souverain gouvernement de Dieu dominait. S'il était en prison maintenant, ce n'était pas de l'empereur qu'il était le prisonnier, mais du Seigneur Lui-même : « Moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus ».
   Il est possible que Paul n’ait pas accepté tout ceci dès le commencement. Il ne voyait probablement pas très bien ce qu'elles lui réservaient, ces chaînes que le Seigneur avait mises sur lui. Peut-être entretint-il l'espoir que son procès serait court, et sa libération plus ou moins rapide. Il semble bien d'après sa correspondance qu'il ait envisagé l’espoir de poursuivre son ministère parmi les saints qui lui étaient si chers ! (En fait, il y eut probablement une courte période de liberté après son premier emprisonnement).
Cependant, il accepta pleinement ce qui lui apparu toujours plus clairement comme étant la volonté de Dieu. Il se rendit compte progressivement que c'était dans l'intérêt supérieur du Corps de Christ qu'il devait passer par ces épreuves.
    Ainsi en est-il pour le peuple de Dieu, quand le moment arrive pour ce peuple de faire face aux choses ultimes et suprêmes concernant la révélation de Jésus Christ. Cette révélation n'est pas simplement une question de salut personnel. Ce salut comporte des développements et des aboutissements qui font intervenir le plan éternel de Dieu et qui dépassent infiniment la simple préoccupation d'échapper à la perdition. La révélation de Christ, au moment du salut, mène indubitablement à des limitations, des contraintes et des renoncements. Toutes les activités passées, légitimes et nécessaires pour atteindre un certain degré d'avancement, deviennent désormais inadéquates pour nous conduire plus loin ; quelque chose de plus intensif devient indispensable.
   L'instrument qui représente pleinement le témoignage de Jésus sous sa forme la plus pure, celle qui se rapproche le plus de l'intention suprême de Dieu, doit donc se laisser sevrer de toutes sortes de choses qui étaient bonnes, nécessaires et voulues de Dieu, mais qui n'avaient de raison d'être que pour préparer le chemin pour autre chose. Ce dépouillement, cette mise à l'écart, cette « captivité » ont pour but une confrontation de l'instrument avec l'objet suprême de Dieu. Il ne s'agit pas d'une vérité particulière avec laquelle on s'enfermerait en ignorant tout le reste, ou d'une de ces doctrines qu'on embrasse avec tant d'aveuglement que l'on ne sait plus parler d'autre chose, comme cela se rencontre. C'est quelque chose qui s'est frayé un chemin jusque dans les fibres les plus profondes de notre être ; c'est une expérience consécutive à une révélation et une révélation qui interprète l'expérience. Certains se croient appelés à prendre envers et contre tous la défense de tel ou tel enseignement qui leur est cher : il ne s'agit pas de cela. C'est quelque chose qui est devenu la vie même de l'instrument et l'instrument est devenu cette chose. Ce n'est pas une question de choix ou de préférence. C’est une position à laquelle nous ne pouvons échapper, on devient un prisonnier du Seigneur et c'est le Dieu souverain qui l’accompli.

L’Importance et la Valeur de Voir et d’Accepter toutes Choses à la Lumière de Dieu

    Ce principe se rapportait aussi bien à Paul qu’à ceux qui furent mis en contact avec lui. L’acceptation de l’agencement souverain de Dieu produisit pour Paul une illumination croissante, conduisant à une émancipation spirituelle.
   On ne peut pas ne pas remarquer l'enrichissement extraordinaire de la vie spirituelle de l'apôtre en lisant, ce qui est appelé, les épîtres de la captivité (Ephésiens, Philippiens, Colossiens, etc.). Or, s'il s'était montré anxieux, irrité, révolté ou amer, il n’aurait jamais eu de « cieux ouverts ». Au contraire, un esprit de controverse entre lui et le Seigneur l’aurait priver de ces éclaircissements et de ces révélations que nous avons dans ces lettres.
Quand Paul accepta toutes ces choses selon la pensée de Dieu, alors les « lieux célestes » devinrent les espaces éternels avec lesquels il devint familier ; sa réclusion terrestre se transforma alors en une céleste liberté. Il doit en être ainsi pour tout instrument que Dieu met à part en vue des intérêts supérieurs de Son témoignage. C’est pourquoi, en lisant certains passages de ses lettres, ainsi que le compte rendu de son emprisonnement, nous voyons comment ce même principe s'applique aussi à d'autres. Prenez par exemple les versets suivants :

« N'aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. », (2 Timothée 1 :8)
« Et Paul demeura deux ans entiers dans un logement qu'il avait loué pour lui, et il recevait tous ceux qui venaient vers lui… enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus Christ – », (Actes 28 :30-31)
« Le Seigneur fasse miséricorde à la maison d'Onésiphore, car il m'a souvent consolé et n'a point eu honte de ma chaîne, mais, quand il a été à Rome, il m'a cherché très soigneusement et il m'a trouvé. » (2 Timothée 1 :16-17)

   Il ressort clairement de ces passages que Paul avait spirituellement discerné que ces choses provenaient de Dieu, qu’elles n’étaient pas considérées par lui comme étant le résultat de circonstances humaines. Une analyse naturelle, avec une pensée humaine de ces circonstances aurait produit de la suspicion, des doutes et des questions, elle aurait permis la contemplation de faux sentiments.
   Au point de vue simplement naturel et humain, le seul fait d'avoir des relations avec le prisonnier pouvait entraîner les visiteurs dans la même suspicion et le même préjugé. De nombreuses questions pesaient sur cet homme, si bien que même parmi le peuple de Dieu, nombreux étaient ceux qui n'étaient pas sûrs de lui. Pourtant, le Seigneur était en train de confier à cet instrument dans les chaînes une révélation de première importance.
   Pour ceux qui avaient vraiment des besoins spirituels, pour tous ceux qui étaient prêts, pratiquement, à prendre position en faveur du témoignage dans son intégrité — depuis l'identification avec Christ dans Sa mort et Sa résurrection jusqu'à l'union avec Lui dans Son autorité souveraine sur les puissances des ténèbres, sans négliger le ministère à exercer « dans les siècles à venir ». Pour ceux-là il n'y avait qu'une alternative possible : ignorer toutes les considérations humaines, personnelles, naturelles, qui eussent pu les faire hésiter. Ils se devaient de se tenir là où se trouvait l'instrument que Dieu avait choisi, et sur lequel il avait mis Ses propres chaînes. Dieu, en effet, a des instruments de choix, et Il les traite comme bon lui semble. Si l'on veut posséder ce que ces instruments présentent, il n'y a qu'une chose à faire, il nous faut aller jusqu’à ce qui est présenté par ces instruments ; sans prendre en considération notre propre réputation, influence ou popularité.
    De cette façon le Seigneur crible Son peuple, Il trouve ceux qui sont vraiment tout entiers pour Lui et pour Son témoignage ; ainsi que ceux qui se laissent influencer par d'autres considérations et dont les intérêts sont partagés. C’est par ces agissements de rejet général que le Seigneur repère ceux qui expriment vraiment leur pauvreté spirituelle et leur motivation épurée. Ceux-là prendront la peine de chercher l'instrument et ce qu’il représente là où il est, et ils trouveront auprès de lui de quoi répondre à leurs besoins.

La honte, l'opprobre, et les limitations sont souvent les moyens choisis par 
Dieu pour enrichir tout le corps de Christ

   Il en a toujours été ainsi. En ce qui concerne la révélation, personne ne s'est jamais approché de la plénitude sans passer par un chemin de souffrance et de sacrifice. Tout instrument du témoignage de Dieu a toujours eu à supporter les soupçons et l'opprobre de son entourage dans une mesure proportionnelle au prix que le Seigneur attachait à son témoignage. Ce qui revient à dire qu'au point de vue humain, ils étaient limités d'autant dans l'influence immédiate qu'ils pouvaient exercer. Dans le cas de Paul et de son temps, beaucoup s’étaient retirés, détachés ; d’autres se tenaient à distance, dans l'incertitude, la perplexité et la peur.
   Mais, comme Paul pouvait le dire : 

« C'est pourquoi je vous prie de ne pas perdre courage à cause de mes afflictions pour vous, ce qui est votre gloire. », (Ephésiens 3 :13). « Moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus pour vous les nations », (Ephésiens 3 :1). L'enrichissement du peuple de Dieu était proportionnel aux limitations dans le Seigneur de Son instrument. Plus la révélation est complète, plus rares aussi sont ceux qui la saisissent, et plus nombreux ceux qui se tiennent à l'écart. La révélation ne vient que par les souffrances et les limitations. Pour en bénéficier expérimentalement, il faut, d'une façon ou d'une autre, être prêt à en assumer le prix. C'est ici le principe que Dieu s’est choisi afin d’obtenir un reste spirituel.

    Nous pouvons comparer ceci à une culture de semis. C'est quelque chose d'assez exigu en étendue, mais la vie y est intense. On ne peut pas toujours se rendre compte du sens réel et de la vraie valeur des choses. Mais on peut faire le tour du monde et contempler partout des jardins innombrables, qui ne sont autres que la maturité superbe de cette culture restreinte mais intensive de semis sans apparence. Figurativement, la prison de Paul à Rome fut une culture de semis considérable.
    En ce qui concerne le témoignage de Jésus, tout ceci peut trouver une application pratique dans nos vies individuelles. Nous serions souvent portés à nous regimber contre les restrictions et les limitations. Ce qu'il nous faut, prétendrons-nous volontiers avec une pointe d'impatience, c'est quelque chose de plus large, de moins étouffant. Mais si la volonté de Dieu est que nous soyons là où nous sommes, acceptons-le avec foi, et peut-être constaterons-nous un jour que cette situation portait en germe quelque chose d'infiniment plus vaste que tout ce que notre pauvre jugement humain pouvait prévoir. Paul ne savait sans doute pas que, depuis maintenant plus de dix-neuf siècles, son ministère n'a cessé d’avoir de plus en plus de valeur aux yeux du Seigneur.
    Ce qui est vrai pour les individus est également vrai pour les assemblées. Pour toutes ces compagnies qui représentent le peuple de Dieu dispersé sur toute la terre et qui sont dans une relation vivante avec la plénitude du témoignage du Seigneur.
Ainsi, c’est de telles « prisons » que le Seigneur accompli Son œuvre. Que Dieu permette, dans Sa grâce, que nous puissions voir au-delà de nos « prisons », au-delà des circonstances naturelles et des limitations humaines ; que nous sommes en vérité des prisonniers du Seigneur. 


« C’est pourquoi … avançons »    (Janvier Février 1930)


Hébreux 6 :1
L’Énorme Importance de la Maturité Spirituelle

    L'apôtre est inquiet. Tandis qu'il écrit cette lettre aux Hébreux, c’est comme s'il rencontrait, de temps à autre, quelque chose qui l'arrête net. Trois fois au moins, il interrompt son sujet principal pour y introduire une parenthèse ou un résumé. Le passage compris entre le verset onze du cinquième chapitre et le verset trois du sixième chapitre est une digression de ce genre. Quelle est donc cette chose qui rend sa démarche si difficile et si ardue ? Ce n'est pas que le sujet soit difficile. Ce n'est pas en l'auteur lui-même qu'est la cause. Ce n'est certes pas que le message manque d'urgence ou d'importance. Les issues sont suprêmes : il s'agit de toute la signification de la Personne, de l'incarnation, de la Croix et de la valeur du Seigneur Jésus. Non! C'est en ceux auxquels écrit l'apôtre qu'est la cause de sa difficulté. Ce n'est pas qu'ils ne connaissent pas le Seigneur. Ils ont « été une fois éclairés » ; ils « ont goûté du don céleste » ; ils «sont devenus participants de l'Esprit Saint » ; ils « ont goûté la bonne Parole de Dieu et les miracles du siècle à venir ». Et cependant, il y a en eux une immaturité, une cause qui entrave leur marche, une enfance spirituelle qui menace d'être fatale à l'égard des intérêts suprêmes de leur vocation céleste. C'est cette croissance interrompue, cette enfance prolongée, qui retient l'esprit et la plume de l'apôtre et qui irait jusqu'à exercer une retenue de l’Esprit Saint. (Voir le paragraphe déjà mentionné: Hébreux 5 :11 – 6 :3.)
    Ce qui les empêchait évidemment d'avancer, c'est qu'ils étaient toujours occupés de ces questions, de ce « fondement », sur lesquelles il faut bâtir et avec lesquelles l'on ne peut pas rester. Il y avait cependant une cause plus profonde encore: ils se reposaient sur les choses en tant que telles et ne discernaient pas leur signification et leur implication réelles et spirituelles. Il y a deux maximes que nous ferons bien d'établir tout de suite. L'une, c'est que nous ne pouvons « avancer » que dans le Saint Esprit. L'autre, c'est que le Saint Esprit ne peut nous faire avancer que si les fondements sont posés et les vérités élémentaires acceptées et observées. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui, bien qu'ils le soient depuis des années, se trouvent en état d'arrêt; ils sont paralysés; ils sont sans force et presque sans vie, parce qu'ils ne sont pas fixés à l'égard des « premiers éléments ». Pour les uns, c'est la question du baptême; pour les autres, c'est celle du jugement éternel. Qu'il soit bien reconnu, au sujet de toutes ces questions, que le Saint Esprit Lui-même demande que nous soyons absolument établis, et qu'Il ne nous fera pas avancer «vers l'état d'hommes faits » avant que le « fondement » n'ait été posé. Pourquoi y a-t-il tant de « vieux enfants », tant d'adultes dépendants, tant d'invalides spirituels parmi le peuple du Seigneur ? Pourquoi y en a t-il tant qui, après des années d'activité et de service, en arrivent à un point où ils sont constamment conquis et impuissants, étant « sans intelligence » , selon le sens que donnent les Écritures à ces mots ?

« C'est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons ouï parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. », Colossiens 1 :9
« Frères, ne soyez pas des enfants dans vos entendements, mais, pour la malice, soyez de petits enfants; mais, dans vos entendements, soyez des hommes faits. », 
1 Corinthiens 14 :20
« Et il dit: Et vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence? », Matthieu 15 :16

    Il s’agit peut-être – et ce l'est certainement quelquefois – que les exigences du Saint Esprit au sujet de quelque principe fondamental ont été négligées, repoussées, discutées, laissées ou définitivement refusées. C'est là un péché contre le Saint Esprit, et ce péché doit nous retrouver tôt ou tard. Ce que nous avons à dire ici expliquera, à mesure que nous avancerons, ce que nous entendons par ce « nous retrouver ». La lettre aux Hébreux marque la transition entre les fragments des prophètes et la plénitude qui est en Christ. Cette plénitude est spirituelle et elle est la conséquence d'une révélation spirituelle qui nous fait entrer dans la signification céleste des institutions instaurées par Dieu; nous passons ainsi des simples structures, des formes terrestres, aux valeurs spirituelles.
    Il est cependant possible de continuer avec les « choses mêmes » et de demeurer dans l’ignorance quant à leur véritable signification. Par exemple, il est impossible d'avoir une révélation de la véritable nature de l'Église – le Corps de Christ – et de rester un « dénominationaliste » ou fidèle à une église traditionnelle sans risquer d'être en désaccord avec le Saint Esprit. Il est également impossible de rester un juif, comme tel (dans la tradition du judaïsme), et d'être un membre de Christ. Une fois que le Saint Esprit a parlé ou éclairé, l'on arrive à des crises terribles au sujet des principes fondamentaux, et ces crises spirituelles, si elles ne sont pas acceptées aussitôt, surgiront de nouveau plus tard. Jamais le Saint Esprit n'enlève une seule fraction à Ses demandes premières.
   Maintenant, bien que tout ceci est important, cela ne fait que nous ouvrir la voie pour considérer de plus près ce qu'est la maturité spirituelle.
   Il y a une épître qui traite spécifiquement de l’immaturité spirituelle, de son retardement injustifié, ou encore de l’enfance spirituelle perpétuée trop longtemps ; c’est l’épître aux Corinthiens.

L'immaturité des Corinthiens

   Les croyants de Corinthe avaient évidemment interrogé l'apôtre Paul au sujet de certaines questions particulières, qu'ils pensaient être la cause de leurs troubles et de leur condition spirituelle si basse. L'apôtre laissa de côté ces questions jusqu'à ce qu'il ait réglé ce qu'il comprenait être la cause du mal. C'était, non pas les « problèmes » particuliers au sujet desquels ils étaient inquiets, mais ce qui reposait en fait derrière ces problèmes et beaucoup d'autres. Ils étaient préoccupés des formes extérieures de la foi, dans leurs affaires personnelles et domestiques aussi bien que dans celles de l'assemblée. L'apôtre va au cœur des choses et il leur montre clairement que la cause de leurs difficultés, c'est l'arrêt de leur développement spirituel. Il mentionne donc quelques-uns des symptômes qui prouvent cela.
C'est tout d'abord l'esprit de parti. Ils ont des hommes en vue. Le choix humain, la faveur, la préférence, qui résultent des réactions de leur tempérament, les avaient amenés à se séparer les uns des autres, à former des cercles, des clans, autour de l'attitude, des points de vue, des idées et des habitudes de tel ou tel homme. Les uns préféraient le mystique et le poétique au pratique, les autres juste le contraire. Les uns acceptaient le côté subjectif des choses et refusaient l'objectif, ou vice versa. Et ainsi de suite. Puis, il y avait les hommes eux-mêmes, aimés des uns, mal vus des autres. C'est à l'égard de tout cela que l'apôtre leur dit :

« Je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels; mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. », 1 Corinthiens 3 :1

    Le défaut fondamental dans tout cela, c'est que pour eux le Seigneur Jésus n'avait pas la première place; ce n'était pas Lui-même qui était toujours en vue, en Lui qu'ils se réunissaient, Lui qu'ils cherchaient. Ils n'attendaient pas de celui-ci ou de celui-là ce qu'il avait et pouvait donner du Seigneur Jésus. Ce qui importait pour eux, c'était le vase et non le trésor, l’instrument et non ce qu’il dispensait.
    L'apôtre déclare en fait que c'est une marque de croissance réelle et de maturité spirituelle dans le peuple du Seigneur, lorsque Ses enfants ne sont plus influencés par les instruments comme tels et qu'ils ont le cœur tourné vers Lui-même, en se demandant sans cesse: « Qu'est-ce que celui-ci ou celui-là a du Seigneur ? » Ainsi, dans cette question comme dans toutes les autres, le seul remède possible, c'est de donner au Seigneur Jésus Sa place, qui est la place suprême, la place qui exclut toutes les intrusions humaines, favorables ou opposées à l'instrument qui ne doit faire que Le présenter.
    Les Corinthiens tournaient leur tête vers les serviteurs du Seigneur, au lieu de fixer leur cœur sur le Maître. Les divisions sont souvent si enfantines; et lorsqu'on les considère du point d'un plus grand avancement spirituel, on comprend qu'elles le sont. Il est ensuite tout à fait évident que les éléments humains jouaient pour eux un rôle trop grand. Si seulement le Seigneur Lui-même avait été la réalité dominante et l'objet de leurs intérêts, les choses auraient été toutes différentes.
    De plus, ces Corinthiens étaient trop préoccupés par les « dons », les expériences, les démonstrations, les manifestations. Le « parler en langues », par exemple, avait pris chez eux une place si proéminente, qu'il n'était plus en proportion avec l'œuvre générale du Saint Esprit. La démonstration des dons prenait toute la place de leurs intérêts et de leur attention. Cet état était dû lui aussi à leur immaturité. Les enfants s'attachent aux effets extérieurs ; ils aiment les spectacles et le bruit. L'apôtre donne encore à entendre que cela prouve que leur objet n'est pas le Seigneur Lui-même, mais bien ces choses. Quel examen que cela! Combien il y en a qui doivent avoir « des prodiges et des miracles », des sensations, des évidences, des signes extérieurs, des choses vues, touchées et prouvées par les sens. Tout cela, c'est de l'enfance! Et à mesure que nous avançons avec le Seigneur, Il nous attire hors de ce domaine, afin de prendre Lui-même la prééminence.
    C'est en rapport avec tout cela que l'apôtre termine et conclut par ce qui est devenu une formule si courante de « bénédiction » : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ » – en opposition aux œuvres; « et l'amour de Dieu » – en opposition et en comparaison aux signes et aux dons en tant que tels; « et la communion du Saint Esprit. », – en opposition aux divisions, à l'esprit de parti et aux distinctions qui séparent les hommes. Si ces paroles étaient employées dans leur rapport et leur sens original, au lieu que leur effet ne soit limité à une formule, quelle différence cela ferait pour le témoignage du Seigneur Jésus dans le monde.
Bien-aimés, réhabilitons le Seigneur Jésus à Sa place et, détournant nos yeux des hommes, gardons-les fixés sur Lui ! L'ennemi aura alors moins d'occasions de déshonorer Son Nom parmi les hommes. Aussi, « Avançons vers l’état d’hommes faits. »


Connaître le Seigneur   (septembre octobre 1930)

« Pour le connaître, Lui » Philippiens 3 :10
« Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as pas connu » Jean 14 :9
Philippiens 1 :10; Hébreux 8 :11; 1 Jean 2 :20-27

   Il est de la plus haute importance pour les enfants de Dieu d'arriver à comprendre pleinement que l'objet du Seigneur pour eux est, par-dessus tout, qu'ils Le connaissent. C'est là la fin qui gouverne toutes Ses voies à notre égard. C'est là le plus grand de tous nos besoins.
C'est là le secret de la puissance, de la fidélité, et du service. C'est là ce qui détermine la mesure de notre utilité pour le Seigneur. C'était la seule passion de l'apôtre Paul pour lui-même. C'était la cause de sa lutte incessante pour les saints. C'est le cœur et le pivot de toute la lettre aux Hébreux. Ce fut le secret de la vie, du service, de la patience, de la confiance du Seigneur Jésus en tant que Fils de l'Homme.
   Tous ces faits méritent d'être considérés de plus près. Nous commençons toujours par le Seigneur Jésus, puisqu'Il est Celui qui représente la pensée de Dieu, l'Homme selon Son propre cœur. Il n'y eut jamais dans Sa vie terrestre aucune part ni aucun aspect, dont la force et le pouvoir n'aient été enracinés dans Sa connaissance intérieure de Dieu, Son Père, et n'aient découlé de cette connaissance. Nous ne devons pas oublier que Sa vie a été une vie de dépendance absolue de Dieu, volontairement acceptée. Il attribuait toutes choses à Son Père : la parole, la sagesse, les œuvres. Il était Dieu manifesté en chair, mais Il a accepté, du côté humain et comme Homme, les limitations et la dépendance de l'homme, afin que Dieu soit manifesté. Il y avait là un assujettissement par lequel Il ne pouvait rien faire de Lui-même (Jean 5 :19, etc...).
    Le principe de Sa vie tout entière, dans chacune de ses phases et dans chaque détail, a été Sa connaissance de Dieu. Il connaissait le Père, à l'égard des paroles qu'Il disait, des œuvres qu'Il faisait, des hommes et des femmes qu'Il rencontrait ; Il Le connaissait, quant au moment où Il devait parler, agir, marcher, s'arrêter, s'abandonner, se refuser, se taire; Il Le connaissait, à l'égard des motivations, des prétentions, des professions, des questions, des suggestions des hommes et de Satan. Il savait lorsqu'Il ne pouvait pas, et lorsqu'Il pouvait donner Sa vie. Oui, tout est pour Lui gouverné par cette connaissance intérieure de Dieu.
    Nous en trouvons de nombreuses évidences dans la révélation qui nous est donnée de la pensée de Dieu, l’aspect pratique dans le livre des Actes et l’aspect doctrinal dans les Épîtres. C’est l'intention de Dieu que, durant cette dispensation, ce principe soit maintenu par le peuple du Seigneur comme la loi fondamentale de sa vie. Cette connaissance, en ce qui concerne le Seigneur Jésus, était le secret de Sa parfaite supériorité et de Son autorité absolue.
Les maîtres en Israël Le cherchèrent et, comme résultat de leur recherche, ils se trouvèrent en présence de la connaissance. « Tu es le docteur d’Israël et tu ne connais pas ces choses ? » (Jean 3 :10). Nicodème est vint à Celui qui connaît. Son autorité est supérieure à celle des scribes, non seulement en degré mais par sa nature.
    Vers la fin de l'Évangile selon Jean, qui met tout spécialement en lumière cette question, le terme « connaître » se rencontre près de cinquante-cinq fois. Notre Seigneur a fait cette déclaration : « C'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que Tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jean 17 :3) Cela ne signifie pas simplement que la vie éternelle est donnée sur la base de cette connaissance. Il peut y avoir vie là où il n'y a qu'une connaissance très limitée. Mais la vie dans sa plénitude est liée étroitement à cette connaissance, et une connaissance grandissante du Seigneur se manifeste par une vie croissante. L'action se fait de deux manières: la connaissance pour la vie, et la vie pour la connaissance.
    Étant donné que le Seigneur Jésus Lui-même, en tant qu’Homme, représente l'homme selon la pensée de Dieu, nous sommes bien préparés pour voir que

l’objet essentiel de l’action divine à notre égard  est que nous connaissions le Seigneur.

    Cela explique toutes nos expériences, nos épreuves, nos souffrances, nos perplexités, nos faiblesses, nos situations difficiles, nos impasses, nos insuccès, nos agonies. Tandis que le but de l'épreuve et du feu est de purifier notre esprit, de développer en nous la grâce, de nous débarrasser de toutes les scories, il y a cependant, à travers tout et par-dessus tout, cet objet suprême : que nous connaissions le Seigneur. Il n 'y a qu'un seul moyen par lequel nous arrivions réellement à connaître le Seigneur, c'est par l'expérience.
    Nos pensées sont si souvent occupées par le service et le travail. Nous pensons que l'objet principal de la vie, c'est de faire quelque chose pour le Seigneur. Nous sommes préoccupés par l'œuvre de notre vie, par notre ministère. Nous pensons à nous équiper en vue de cela par l'étude et la connaissance des choses. Gagner des âmes, enseigner les croyants, ou bien les préparer pour l’œuvre, tout cela est tellement au premier plan. Les études bibliques et la connaissance des Écritures, ayant pour seul but d'entraîner dans le service chrétien, sont des questions essentielles et urgentes pour tous. Tout cela est bien bon, car ce sont des questions importantes; mais avant tout, le Seigneur tient, plus qu'à tout autre chose, à ce que nous Le connaissions, Lui. Il est très possible pour nous de posséder merveilleusement les Écritures, d'avoir une compréhension intime et familière de la doctrine, de soutenir les vérités cardinales de la foi, d'être un ouvrier infatigable dans le service chrétien, d'avoir une dévotion sincère pour le salut des hommes et de n'avoir, hélas! qu'une connaissance personnelle et intérieure de Dieu très imparfaite et très limitée. Il arrive si souvent que le Seigneur doive nous enlever notre activité, afin que nous en arrivions à Le découvrir, Lui. Ce qui donne à toutes choses leur valeur suprême, ce n'est pas l'information que nous apportons, ni la pureté de notre doctrine, ni la somme de travail que nous accomplissons, ni la mesure de vérité que nous possédons, mais simplement le fait que nous connaissons le Seigneur de manière profonde et puissante.
    C'est la seule chose qui restera lorsque tout aura passé. C'est ce qui fera que notre ministère demeurera alors que nous ne serons plus. Tandis que notre travail pour les autres peut dépendre de beaucoup de choses et de ressources matérielles, notre réel ministère auprès d'eux est basé uniquement sur notre connaissance du Seigneur.

Le plus grand des problèmes de la vie chrétienne, c'est :  comment connaître la volonté de Dieu

  Combien l'on a parlé et écrit sur ce sujet! Le dernier mot pour tant d'enfants de Dieu est celui-ci : « Prions à ce sujet, remettons la chose au Seigneur, faisons ce qui nous paraît bon, et confions-nous à Dieu, qui fera tourner toutes choses à notre bien ». Cela nous paraît faible et insuffisant. Nous ne prétendons pas poser une base décisive et compréhensive quant à la manière d'être conduit; mais nous avons la ferme conviction que c'est une chose de recevoir une direction pour les événements, les incidents et les circonstances de notre vie, et que c'est une chose toute différente d'avoir une connaissance permanente, personnelle et intérieure du Seigneur. C'est une chose de s'adresser à un ami dans une circonstance pénible ou en un temps particulier où nous avons besoin d'un conseil au sujet du chemin à suivre; mais c'est une chose tout autre de vivre avec cet ami de telle manière que le sens de sa pensée nous gouverne dans des questions particulières.
   Nous désirons des instructions et des ordres, le Seigneur veut que nous ayons une «pensée».
« Qu'il y ait donc en vous cette pensée. » Philippiens 2 :5, « Nous avons la pensée de Christ.» 1 Corinthiens 2 :16. Christ a une conscience et, par le Saint Esprit, Il veut nous donner et développer en nous cette conscience. La Parole inspirée de Dieu nous déclare: «[l’] onction vous enseigne à l’égard de toutes choses », (1 Jean 2 :27). Nous ne sommes pas des serviteurs, nous sommes des fils. Les ordres, comme tels, sont pour des serviteurs; une pensée est pour des fils.
    L'état des choses parmi le peuple de Dieu est effarant aujourd'hui. Il y en a beaucoup dont la vie est presque entièrement dans ce qui leur est extérieur, pour leur conseil et leur direction, leur appui et leur entretien, leur connaissance, leurs moyens de grâce. Une intelligence spirituelle, personnelle et intérieure, est quelque chose de très rare. Il ne faut pas s'en étonner, si l'ennemi a un tel succès avec ses déceptions, ses contrefaçons et ses fausses représentations. Notre plus grande sauvegarde contre cela, c'est une connaissance profonde du Seigneur qui nous est acquise par la discipline.
   Dès que ce sont les choses que nous recherchons, par exemple les expériences, les sensations, les « preuves », les évidences, les manifestations et ainsi de suite, nous entrons dans un royaume dangereux, où Satan peut donner une fausse conversion, un faux « baptême de l'Esprit » (?), une fausse évidence, et une direction semblable à celle que l'on voit dans le spiritisme. Puis en dépossédant de ces faux dons, il suggérera immédiatement la pensée que l'on a commis le péché qui ne peut être pardonné. Dès que cette suggestion est acceptée, la valeur des Écritures et du sang est enlevée, et avec elle l'assurance, pour ceux qui ont été ainsi entraînés; et il se peut après tout que tout ne soit que mensonge.
    Connaître le Seigneur d'une manière véritable, cela signifie fermeté lorsque les autres sont ébranlés et constance dans les temps de dure épreuve. Ceux qui connaissent le Seigneur n'avancent pas leur main pour essayer d'accomplir quelque chose par eux-mêmes. Ils sont pleins d'amour et de patience, et ils ne perdent pas leur équilibre lorsque tout semble crouler autour d'eux. La confiance est un fruit essentiel de cette connaissance; et en ceux qui Le connaissent, il y a une force paisible et tranquille qui parle d'une vie riche et profonde.
Laissez-moi, en terminant, vous faire remarquer que, en Christ « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance », et que la volonté du Seigneur pour nous, c'est que nous parvenions à une appréhension toujours grandissante et à une appréciation personnelle de Celui en qui « habite toute la plénitude ».
    Nous avons simplement établi des faits, en ce qui concerne la volonté du Seigneur pour les Siens et leur plus grand besoin. L'absence de cette connaissance réelle du Seigneur est prouvée être le facteur le plus tragique dans l'histoire de l'Église. Toute nouvelle manifestation d'une condition anormale a toujours révélé chez les chrétiens, à cause de ce besoin, une faiblesse effrayante. Des vagues d'erreur, une oscillation du pendule en faveur d'une nouvelle tendance populaire, une grande guerre avec ses horreurs, les différentes épreuves de la foi, toutes ces choses ont emporté des multitudes et les ont laissées dans la ruine spirituelle.
Ces choses sont toujours proches; et nous avons écrit ce message, afin que les enfants de Dieu se sentent pressés de venir à Lui, en Lui demandant, de façon définitive, de prendre à leur égard toutes les mesures nécessaires pour qu'ils « Le connaissent, Lui ».

Tiré du magazine « A Witness And A Testimony », mars-avril 1971.



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