jeudi 23 mai 2013

SAINT EN CHRIST Rev. Murray Andrew (1)


Pensées sur la vocation des enfants de Dieu à être saints, comme Il est saint  PAR LE REV. ANDREW MURRAY
«Je suis saint: Vous serez saints.»
Traduit de l’Anglais. Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1934 Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011 Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://123-bible.com et http://456-bible.123-bible.com/ Disponible gratuitement au format Bible Online sur http://123-bible.com

SAINT EN CHRIST (Murray A.)

1. Appel de Dieu à la sainteté.
2. La provision de Dieu pour la sainteté.
3. La Création et la sainteté.
4. Sainteté et révélation.
5. Sainteté et rédemption.
6. Sainteté et gloire.
7. Sainteté et obéissance.
8. Sainteté et habitation.
9. Sainteté et médiation.
10. Sainteté et séparation.
11. Le Saint d'Israël.


PREMIER JOUR  Appel de Dieu à la sainteté

    Puisque Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, attendu qu’il est écrit; Soyez saints, car je suis saint. {1 Pierre 1:15,16}

    L’appel de Dieu est la manifestation dans le temps du plan de Dieu, dans l’éternité. «Ceux qu’il a désignés d’avance, il les a aussi appelés». Les croyants sont les «appelés conformément à son plan». Dans son appel, il nous révèle sa volonté et ses pensées à notre égard, et quelle est la vie à laquelle il nous invite. Il nous montre aussi clairement «quelle est l’espérance de notre vocation»; si nous comprenons spirituellement ces choses et si nous y entrons, notre vie sur la terre sera la
reproduction du plan qui en a été fait dans l’éternité.
    Les saintes Ecritures emploient plusieurs expressions pour indiquer l’objet, le but de notre vocation, mais aucune n’est aussi fréquente que celle que Pierre emploie ici. Dieu nous a appelés à être saints comme il est saint lui-même. Paul s’adresse aux croyants comme à ceux qui «sont appelés à être saints». {Romains 1:7 1Co 1:2 1Thimothée 4:7} Dans cette dernière épître, il dit: «Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification». Quand il écrit: «Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers», il ajoute: «Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera». {1 Thessaloniciens 5:24}. Dans 2 Timothée 1:9, Paul appelle cette vocation une «vocation sainte».—«C’est lui qui nous a adressé un saint appel». Le dessein éternel, dont cette vocation est le résultat, est continuellement aussi et intimement lié à la sainteté comme à son but. «En lui, Dieu nous a élus pour que nous soyons saints et irrépréhensibles». {Ephésiens 1:4} «Dieu vous a choisis dès le commencement pour vous sauver par la sanctification de l’Esprit et par la foi à la vérité». {2 Thessaloniciens 2:13} La vocation est la révélation du dessein que le Père avait arrêté de toute éternité, savoir: que nous soyons saints.
    Il n’est pas besoin de preuves pour établir l’importance capitale pour nous de savoir clairement à quoi Dieu nous a appelés. Un malentendu dans de pareilles matières pourrait avoir de terribles résultats. Vous pouvez avoir entendu dire que Dieu vous appelle au salut ou au bonheur, à obtenir le ciel ou à recevoir le pardon, et vous pouvez n’avoir jamais remarqué que tous ces dons sont subordonnés à une condition: c’est «pour le salut par la sanctification», c’est en vue de la sainteté tout d’abord qu’on doit chercher le salut, le ciel. Les plaintes de beaucoup de chrétiens relativement à leur manque de joie et de force, à leurs défaillances et à leur défaut de croissance spirituelle, ne viennent que de là; c’est qu’ils n’ont pas donné à la sainteté, dans leur réponse à l’appel de Dieu, la place que Dieu lui-même lui avait donnée. Dieu et eux ne se sont jamais bien entendus sur ce point.
    Il n’est pas étonnant si, dans le chapitre où Paul dit aux Ephésiens qu’ils ont été élus pour être saints, il prie Dieu qu’il leur «donne un esprit de sagesse et de révélation pour le connaître» afin qu’ils sachent «quelle est l’espérance à laquelle il les a appelés». Que tous ceux qui sentent qu’ils ont trop peu réalisé le fait que nous sommes appelés à la sainteté adressent à Dieu la prière de l’apôtre! C’est précisément ce qui nous manque. Demandons à Dieu, qui nous a appelés et qui lui-même est saint, comment nous devons être aussi saints nous-mêmes. Notre vocation est une sainte vocation, une vocation en vue de la sainteté. Demandons à Dieu tout d’abord qu’il nous fasse voir ce qu’est la sainteté, la sienne premièrement, la nôtre ensuite; puis comment lui, le Saint, en a fait la chose la plus importante qu’il veuille voir en nous, comme la reproduction de son image et de sa propre ressemblance; enfin, de nous faire comprendre la félicité ineffable et la gloire qu’il y a pour nous à être faits participants de la sainteté de Christ. Oh! que Dieu, par son Esprit, veuille nous enseigner ce que cela signifie d’être appelés à être saints comme lui est saint! Il nous est facile de comprendre l’influence puissante que l’accomplissement d’un pareil fait pourrait exercer sur le monde.
    «Puisque Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi, soyez saints». Comme cet appel de Dieu nous montre bien le vrai motif de la sainteté! «Soyez saints, car je suis saint». C’est comme si Dieu disait: «La sainteté est ma félicité et ma gloire; sans elle, vous ne pouvez, par la nature même de ces choses, me voir ou jouir de moi. La sainteté est ma félicité et ma gloire; rien de plus élevé ne peut lui être comparé; je vous invite à y participer avec moi; je vous invite à partager cette ressemblance avec moi. Soyez saints, car je suis saint. Cela ne vous suffit-il pas? cela n’a-t-il pour vous point d’attraits? Cela ne vous émeut-il pas et ne vous attire-t-il pas puissamment: l’espérance d’être participants de ma sainteté? Je n’ai rien de mieux à vous offrir; je m’offre moi-même à vous: soyez saints, car je suis saint». Oh!ne demanderons-nous pas avec instances a Dieu de nous faire voir la gloire de sa sainteté, afin que nos âmes soient disposées a tout sacrifier, à tout donner, pour répondre à un si merveilleux appel?
    Si nous y prenons garde, nous verrons que cet appel nous indique aussi la nature de la vraie sainteté: «Comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints». Etre saint, c’est ressembler à Dieu; c’est avoir des dispositions, une volonté, un caractère semblables à Dieu. Cette pensée a l’air d’un blasphème jusqu’à ce que nous comprenions cette autre parole que le Seigneur nous adresse: «Il nous a élus en Christ pour que nous fussions saints». En Christ, la sainteté de Dieu nous apparaît réalisée dans une vie humaine. Dans l’exemple que Christ nous a laissé, dans son esprit et dans l’Esprit qui était en lui, nous avons la sainteté de Celui qui est l’Invisible, traduite sous la forme d’une vie humaine. Ressembler à Christ, c’est ressembler à Dieu; et ressembler à Christ, c’est être saint comme Dieu lui-même est saint.
    L’appel révèle également la puissance de la sainteté: «Nul n’est saint comme l’Eternel»; {1Samuel 2:2} il n’y a point de sainteté sinon en lui, en ce qu’il est, en ce qu’il donne. Et notre force pour devenir saints se trouve dans l’appel que Dieu nous adresse; le Saint des saints nous appelle à lui afin de nous rendre saints par la possession de sa personne divine. Non seulement il dit: «Je suis saint», mais «Je suis l’Eternel qui te sanctifie». C’est parce que l’appel vient d’un Dieu dont la puissance et l’appel sont infinis que nous pouvons avoir cette confiance que la sainteté nous est possible.
    L’appel ne révèle pas moins la mesure, le type de la sainteté: «Comme il est saint, vous aussi soyez saints», ou selon une variante: «Comme le Saint qui vous appelle, vous de même soyez saints». Il n’existe pas une mesure, un type de sainteté pour Dieu, et une autre mesure pour l’homme. La nature de la lumière est la même, que nous la voyions dans le soleil ou dans une bougie; la nature de la sainteté reste immuable, qu’elle demeure en Dieu ou dans l’homme. Le Seigneur Jésus ne pouvait dire rien moins que: «Soyez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux est parfait».
    Quand Dieu nous appelle à la sainteté, il nous appelle à lui et à sa vie; plus nous écoutons avec soin sa voix, plus nous la laissons descendre dans notre cœur, plus aussi la mesure humaine disparaît pour faire place à ces paroles seules: «Saints comme je suis saint».
    De plus, l’appel nous montre aussi le chemin pour arriver à la sainteté. L’appel de Dieu est d’une efficacité puissante; c’est un appel efficace. Oh! écoutons-le, écoutons le Seigneur, et cet appel agira avec une divine énergie pour produire en nous ce qu’il nous offre. Il appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient; son appel donne la vie aux morts, et la sainteté à ceux auxquels il a rendu la vie. Il nous invite à écouter lorsqu’il nous parle de sa sainteté et de notre sainteté qui doit être semblable à la sienne. Il nous appelle à lui pour que nous étudiions, que nous craignions, que nous aimions, que nous lui réclamions sa sainteté. Il nous appelle à Christ, en qui la sainteté divine s’est faite humaine, afin que nous voyions, que nous admirions, que nous désirions, et que nous acceptions ce qu’il a préparé pour nous. Il nous appelle à l’habitation en nous de l’Esprit et à l’enseignement de cet Esprit, qui est un Esprit de sainteté; et il nous invite à nous livrer à lui, afin qu’il puisse insuffler en nous ce qui est devenu nôtre en Christ. Chrétien, écoute ton Dieu t’appelant à la sainteté. Viens et apprends ce qu’est sa sainteté, ce qu’est la tienne et ce qu’elle doit être.
    Oui, sois tranquille et écoute. Lorsque Dieu appela Abraham, il répondit: «Me voici!» Quand Dieu appela Moïse du buisson ardent, Moïse répondit: ce Me voici!» et il se cacha la face, car il avait peur de voir Dieu. Dieu t’appelle à la sainteté, à lui, le Saint, afin qu’il puisse te rendre saint. Que ton âme entière réponde: «Me voici, Seigneur! Parle Seigneur! Montre-toi à mon âme. Me voici!» Plus vous écouterez, plus se fera entendre profonde, silencieuse cette voix: «Soyez saints, car je suis saint.»—«Soyez saints comme je suis saint». Vous entendrez une voix venant de l’incommensurable éternité, de la demeure même où a été conçu, le plan de la rédemption; et quand vous en surprendrez les chuchotements lointains, vous entendrez ces mots: «Soyez saints, car je suis saint».
    Vous entendrez une voix du paradis, celle du Créateur sanctifiant le septième jour pour l’homme qu’il a créé, et disant: «Sois saint». Vous entendrez la voix du Sinaï, au milieu des tonnerres et des éclairs, et cette voix sera encore: «Soyez saints comme je suis saint». Vous entendrez enfin une voix du Calvaire, et, là surtout, cette voix vous dira: «Soyez saints, car je suis saint».
    Enfants de Dieu, vous êtes-vous jamais rendu compte de ce fait, c’est que votre Père vous appelle à être saints comme il est saint? Ne devons-nous pas reconnaître que nous avons attaché plus d’importance au mot bonheur qu’à celui de sainteté, au salut qu’à la sanctification? Oh! il n’est pas trop tard pour revenir de notre erreur. Unissons-nous tous ensemble pour écouter la voix qui nous appelle, pour nous approcher, et pour découvrir et savoir ce qu’est la sainteté, ou plutôt pour trouver et pour connaître lui-même Celui qui est le Saint. Et si notre première tentative de nous approcher de lui nous remplit de honte et de confusion, nous effraie et nous fait reculer, prêtons encore l’oreille à la voix; écoutons l’appel: «Soyez saints comme je suis saint».—«Celui qui vous appelle est fidèle, et il le fera». Le Dieu saint aura une réponse à toutes nos craintes et à toutes nos questions, Lui qui nous a révélé sa sainteté dans le seul but que nous en soyons faits participants. Si dans le silence et le recueillement, nous écoutons sa voix sainte qui nous appelle, cette voix éveillera en nous de nouveaux désirs et une foi vivante; et la plus précieuse de ses promesses sera pour nous cette parole, qui est eh même temps un divin commandement: «Soyez saints, car je suis saint».

Seigneur! toi le seul Saint, toi qui nous a appelés à être saints comme toi-même tu es saint; Seigneur! comment le pourrions-nous si tu ne nous révèles ta sainteté? Montre-nous, nous t’en prions, combien et comment tu es saint, ce qu’est ta sainteté, afin que nous sachions combien nous devons être saints, et comment nous devons le devenir. Et lorsque la vue de ta sainteté nous fait toucher du doigt notre souillure, enseigne-nous que tu fais participants de ta sainteté tous ceux qui viennent à toi dans ce but.
    O Dieu! nous venons à toi, le Saint! C’est en te connaissant, en te trouvant, en te possédant que l’âme trouve la sainteté. Nous t’en supplions, puisque nous venons à toi maintenant, établis ceci dans les pensées de notre cœur, c’est que l’objet unique de l’appel que tu nous as adressé, et du fait que nous venons à toi est la sainteté. Tu veux nous avoir semblables à toi; nous rendre participants de ta sainteté. Si jamais notre cœur s’en effraie comme d’un but trop élevé à atteindre, ou se contente d’un salut moins la sainteté, Dieu fidèle, fais entendre ta voix nous appelant et nous disant: «Soyez saints, car je suis saint». Que cet appel soit notre mobile, en même temps que notre force, puisque «Celui qui nous a appelés est fidèle et qu’il le fera!» Oh! que notre vie soit ce que toi tu peux en faire! Père saint! je courbe humblement la tête devant toi, me prosternant dans le silence à tes pieds- Que ta voix seule se fasse maintenant entendre dans les profondeurs de mon cœur, m’appelant et me disant: «Sois saint, car je suis saint!» Amen.


SECOND JOUR  La provision de Dieu pour la sainteté

A ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints. {1Corinthiens 1:2}
A tous les saints en Jésus-Christ, qui sont à Philippes. Saluez tous les saints en Jésus-Christ. {Philippiens 1:1 4:21}

    «Saints!»—«En Christ!» dans ces deux expressions, nous avons peut-être les mots les plus merveilleux de la Bible entière.
    «Saint!» ce mot dont la signification est insondable et que les séraphins ne prononcent qu’en se voilant la face. «Saint!» ce mot dans lequel toutes les perfections de Dieu sont concentrées, et duquel sa gloire sort comme un torrent. «Saint!» ce mot qui révèle quelle était la pensée et le plan de Dieu envers l’homme, de toute éternité, et qui nous dit quelle sera la plus grande gloire de l’homme dans la vie future: «Etre participant de sa sainteté!»—«En Christ!» ce mot dans lequel sont révélés tous les trésors de la sagesse et de l’amour de Dieu! Le Père donnant son Fils pour qu’il fût un avec nous! le Fils mourant sur la croix pour nous unir à lui-même! le Saint-Esprit demeurant en nous pour établir et maintenir cette union! «En Christ!» quel résumé de ce que la rédemption a accompli, «et de la vie ineffablement heureuse dans laquelle Dieu donne à son enfant d’entrer et de demeurer. «En Christ!» la leçon par excellence que nous avons à apprendre sur la terre: «Etre trouvés en Christ». La réponse suprême de Dieu à tous nos besoins, à toutes nos prières. «En Christ!» la garantie et l’avant-goût de la gloire éternelle.
    Quelle richesse de signification et de bénédictions dans ces deux mots: Saints en Christ! Voilà la réponse de Dieu à notre question: «Comment être saint?» Bien souvent quand nous entendons cet appel: «Soyez saints comme je suis saint», nous sentons comme s’il y avait et devait toujours y avoir un abîme entre la sainteté de Dieu et celle de l’homme. «En Christ!» Voilà le pont jeté sur l’abîme; mieux que cela: sa plénitude a comblé l’abîme. En Christ, Dieu et l’homme se rencontrent; en Christ, la sainteté de Dieu nous a trouvés et nous a faits siens; elle est devenue humaine, elle peut devenir nôtre. Aux cris anxieux et aux soupirs de milliers d’âmes altérées, qui ont cru en Jésus, et qui ne savent comment arriver à la sainteté, voici la réponse que Dieu donne: «Vous êtes saints en Christ!» Oh! s’ils écoutaient, s’ils croyaient, s’ils prenaient seulement à la lettre ces paroles divines; s’ils les répétaient sans se lasser, fût-ce jusqu’à mille fois, comme la lumière de Dieu illuminerait leur âme, et remplirait leur cœur de joie et d’amour lorsqu’ils pourraient répondre: «Oui, je le vois maintenant» saints en Christ! Sanctifiés en Jésus-Christ!»
    Lorsque nous nous mettons à étudier ces merveilleuses paroles, souvenons-nous que c’est Dieu, et Dieu seulement, qui peut nous révéler ce que la sainteté est en réalité. Méfions-nous, à cet égard surtout, de nos propres pensées et de notre propre sagesse. Apprêtons-nous à recevoir, par la puissance de la vie même de Dieu, agissant en nous par le Saint-Esprit, ce qui est plus profond et plus vrai que toute pensée humaine: Christ lui-même comme notre sainteté.
    Nous commencerons à étudier le mot saint dans l’Ancien Testament. En Israël, peuple saint et type du peuple croyant de la nouvelle Alliance, de ceux qui sont saints en Christ, nous verrons avec quelle perfection de symboles Dieu chercha à graver dans la pensée de ce peuple quelque intelligence de ce qu’il attendait de lui. Dans la loi, nous verrons comment le mot saint est le mot qui donne la clef de la rédemption que cette loi était censée servir, et pour laquelle elle devait préparer Israël. Dans les prophètes, nous verrons que la sainteté de Dieu est révélée comme la source de laquelle devait découler la rédemption attendue: ce n’est pas tant, en effet, de la sainteté comme du Dieu trois fois saint qu’ils parlent, du Dieu qui voulait par son amour rédempteur et sa justice sanctifiante se faire connaître comme le Dieu de son peuple. Et lorsque la signification du mot saint nous aura été en quelque mesure révélée et que le profond besoin de cette grâce aura été rendu évident dans l’Ancien Testament, nous arriverons au Nouveau Testament pour y voir comment Dieu a pourvu à ce besoin. En Christ, le Saint de Dieu, nous trouverons la sainteté dans une vie et une nature humaines, dans une volonté vraiment humaine, rendue parfaite et se développant par l’obéissance, jusqu’à l’union complète avec la volonté sainte de Dieu. Dans le sacrifice de lui-même sur la croix, cette sainte nature se livra à la mort afin de pouvoir, comme le grain de blé jeté en terre, par la mort, revivre et se reproduire en nous. Dans le don royal, de l’Esprit du Dieu de sainteté, représentant et révélant le Christ invisible, la vie sainte de Christ descend et prend possession de son peuple, et ils deviennent un avec lui. De même que l’Ancien Testament n’a pas un mot qui soit plus grand, plus élevé que celui de saint, de même le Nouveau Testament n’en a point de plus profond que ceux-ci: en Christ. «Etre en lui»,—«habiter en lui»,— «être enracinés en lui»,—«croître en lui en toutes choses», voilà les termes divins par lesquels la merveilleuse et parfaite unité entre Christ, le Sauveur et le racheté, est indiquée dans un langage aussi rapproché de nous que cela appartient au langage humain.
    Et lorsque l’Ancien et le Nouveau Testaments nous auront chacun donné leur message, l’un en nous enseignant ce que saint signifie, l’autre ce que en Christ renferme pour nous, nous trouverons dans la Parole de Dieu qui les unit l’un à l’autre le résumé le plus complet de la grande rédemption que l’amour de Dieu avait préparée pour nous. La certitude éternelle, la merveilleuse suffisance, l’efficacité infinie de la sainteté que Dieu nous a préparée en son Fils, tout cela nous est révélé dans ces paroles bénies: saints en Christ.
    Les saints en Jésus-Christ, voilà, mes bien-aimés frères en la foi, le nom que nous portons dans les Saintes Ecritures, dans le langage même du Saint-Esprit! Ce n’est pas une simple constatation doctrinale du fait que nous sommes saints en Christ; ce n’est pas à une profonde discussion théologique que nous sommes ici invités; c’est bien plutôt une voix pleine d’amour qui sort des profondeurs du cœur de Dieu, et qui s’adresse à ses enfants bien-aimés. C’est le nom par lequel le Père appelle ses enfants. Ce nom nous dit déjà qu’une provision a été faite par le Seigneur pour que nous soyons saints. Ce nom, c’est la révélation de ce que Dieu nous a donné et de ce que nous sommes déjà, de ce qu’il se propose de produire en nous, de ce qui sera nôtre en toute propriété individuelle. Ainsi nous ferons cette expérience, à mesure que nous avancerons, que toute notre étude et tout l’enseignement de Dieu peuvent être résumés en trois grandes leçons. La première, qui est une révélation: Je suis saint; la seconde, qui est un commandement: Soyez saints; la troisième, qui est un don, l’anneau qui relie les deux premières: Vous êtes saints en Christ.
    Et d’abord, la révélation: Je suis saint. Notre étude ici doit être faite dans un esprit d’adoration et de profonde humilité. Dieu doit se révéler à nous si nous devons savoir ce que c’est que d’être saint. Dans le sentiment de l’impuissance absolue de notre propre sagesse et de notre intelligence pour connaître Dieu, nos âmes doivent, avec contrition et avec la conviction du néant de nos efforts et de nos propres forces, s’abandonner à l’Esprit de Dieu, à l’Esprit de sainteté, pour qu’il nous révèle le Saint des saints. Et quand nous commencerons à le connaître, dans sa justice infinie, dans son ardeur consumante contre tout ce qui est péché; quand nous connaîtrons l’amour infini qui l’a porté a se sacrifier pour affranchir le pécheur de son péché, et pour l’amener à sa propre perfection, nous apprendrons aussi à admirer et à adorer ce Dieu grand et glorieux; nous commencerons à sentir et à déplorer la distance infinie qui nous sépare de sa ressemblance, nous soupirerons après lui, nous crierons à lui pour qu’il nous donne une part de la beauté divine et de la béatitude de sa sainteté.
    Alors le commandement: «Soyez saints comme je suis saint» se fera entendre à nous avec une signification nouvelle. Oh! mes frères dans la foi, qui faites profession d’obéir aux commandements de votre Dieu, donnez à ce commandement, qui surpasse et qui résume tous les autres, la place d’honneur qu’il réclame dans votre cœur et dans votre vie. Soyez saints à la ressemblance du Dieu de sainteté. Soyez saints comme il est saint. Et si vous éprouvez que plus vous méditez et étudiez, moins vous pouvez vous emparer de cette sainteté infinie; que plus il vous arrive de la saisir par instants, plus vous désespérez d’arriver à une sainteté si divine, souvenez-vous que c’est précisément là que ce commandement devait vous amener: à cette désespérance et à ce découragement. Apprenez à en finir une fois pour toutes avec votre propre sagesse et votre propre bonté; approchez-vous enfin tout de bon et en toute humilité du Saint des saints, afin qu’il puisse vous montrer combien la sainteté qu’il demande surpasse absolument la connaissance et la puissance humaines. C’est à l’âme qui n’a plus confiance en la chair qu’il se montre dans toute sa beauté et qu’il donne la sainteté à laquelle il nous appelle. Il la met à notre portée parce qu’il nous fait un avec lui. «Saints en Christ», notre sainteté dès lors est un don divin, tenu en réserve pour nous, communiqué à notre âme, et qui agit avec puissance en nous, parce que nous sommes en lui, c’est-à-dire «en Christ».—«En Christ!» Oh! ce merveilleux petit mot en! Notre vie même enracinée dans la vie de Christ! C’est dans son saint Fils Jésus, le Serviteur par excellence du Dieu qui, en lui, s’appelle notre Père, dans sa vie d’amour et d’obéissance sur la terre, dans cette vie où il s’est sanctifié pour nous; c’est dans cette vie de Christ, terrain dans lequel j’ai été planté et enraciné, que se trouve le sol duquel mon âme tire comme nourriture ses qualités, sa nature même. Et comme cette parole: «Saints en Christ» jette également sa lumière sur la révélation: Je suis saint, et sur le commandement: Soyez saints comme je suis saint, et les lie l’un à l’autre! En Christ je vois ce qu’est la sainteté de Dieu, et ce qu’est ma sainteté. En lui, ces deux saintetés se confondent et deviennent miennes. En lui, je suis saint; habitant en lui et croissant en lui, je puis être saint de toutes manières, comme il est saint, «Soyez saints, car je suis saint».

    O Dieu trois fois saint! nous t’en supplions, révèle à tes enfants ce que signifie ceci, c’est que, non seulement tu les as appelés à la sainteté, mais que tu les as appelés de ce nom: «les saints en Jésus-Christ». Oh! que chacun de tes enfants sache qu’il porte ce nom; qu’il sache ce que ce nom signifie, et quelle puissance le nom que tu leur a donné renferme pour les faire devenir ce que ce nom même indique! O Dieu de sainteté! visite bientôt ton peuple et que chacun de tes enfants sur la terre soit connu comme un saint! Révèle dans ce but à tes saints ce qu’est ta sainteté. Enseigne-nous à t’adorer, et à attendre jusqu’à ce que tu aies dit à notre âme avec une puissance toute divine, ta parole: «Je suis saint».   
    Et que cette parole remue profondément notre cœur et nous convainque de notre souillure! Et révèle-nous, nous t’en prions, que de même que tu es saint, oui, que tu es même un feu consumant, de même ton commandement, dont le but déterminé et sans réserve est de nous rendre saints, est saint. O Dieu! que ta voix pénètre les profondeurs même de notre être, avec une puissance à laquelle nous ne soyons pas capables de nous soustraire: «Soyez saints, soyez saints».
    Et fais que, entre ta sainteté infinie d’une part, et notre souillure, notre indignité d’autre part, nous soyons pressés d’accepter Christ comme notre sanctification, de demeurer en lui comme dans Celui qui est notre vie, et la force pour faire en nous ce que tu veux que nous soyons: «Saints en Jésus-Christ!» O Père! que ton Esprit fasse de cette parole précieuse une vérité, une vie en nous! Amen.

1° Vous entrez de nouveau dans l’étude d’un divin mystère. Ne vous fiez pas à votre propre sagesse, mais attendez pour comprendre l’enseignement de l’Esprit de vérité.
En Christ. Un commentateur dit: «Cette parole indique deux faits moraux:
a) l’acte de foi par lequel un homme saisit Christ;
b) la communauté de vie avec lui par le moyen de la foi». Mais il y a encore un autre fait qui surpasse en importance le premier: c’est par un acte de pouvoir divin que je suis en Christ et que je suis gardé en lui. Je désire réaliser ce qu’il y a de divin dans la position que j’occupe en Christ.
3° Saisissez les deux côtés de cette vérité: Vous êtes saint en Christ d’une sainteté divine. Dans la foi à cette vérité, vous devez être saint, devenir saint, d’une sainteté! humaine, montrant dans toute la conduite de votre vie humaine la sainteté divine agissant.
4° Ce Christ est une personne vivante, un Sauveur plein d’amour. Quelle joie ce sera pour lui de prendre entière possession de votre cœur et de faire toute l’œuvre en vous! Serrez fortement cette vérité à mesure que vous avancez. Vous avez sur Christ, sur son amour, sur sa puissance un droit pour faire de vous un saint.

TROISIÈME JOUR  La Création et la sainteté

    Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant. {Genèse 2:3}

    Dans la Genèse nous avons le livre des origines. Nous trouvons dans ses trois premiers chapitres une lumière divine éclairant beaucoup de questions que la sagesse humaine n’a jamais pu résoudre. Dans tout le livre de la Genèse, le mot saint ne se rencontre qu’une seule fois, et encore sous la forme du verbe sanctifier. La signification complète de ce mot précieux, dont nous voulons, sonder toute la richesse, et de la bénédiction inestimable, dont nous voulons prendre possession, sanctifiés en Christ, ressort de ce qui est écrit de l’acte merveilleux par lequel Dieu acheva l’œuvre de sa création, et révéla de quelle manière admirable cette oeuvre devait être continuée et rendue parfaite. Quand Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, il éleva ce jour au-dessus de tous les autres et le mit à part pour une oeuvre et pour une révélation de sa personne excellant en gloire tout ce qui avait précédé.
    Dans cette simple expression, l’Ecriture nous a révélé le caractère de Dieu comme celui du Saint qui sanctifie; puis du moyen qu’il emploie pour sanctifier: entrer et demeurer; enfin, la puissance de bénédiction qui accompagne toujours l’acte par lequel Dieu sanctifie.

    1° Dieu sanctifia le septième jour. Le mot qui domina les six autres jours de la création des cieux et de la terre jusqu’à la création de l’homme, fut: Dieu créa. Tout à coup un mot nouveau est introduit, et en même temps une oeuvre nouvelle de Dieu: Dieu sanctifie. Quelque chose de plus élevé que la création, quelque chose en vue de quoi la création doit exister va être révélé maintenant. Le Dieu tout-puissant doit être connu maintenant comme le Dieu très saint. Et de même que l’œuvre de la création montre sa puissance, sans que cette puissance soit même mentionnée, de même en sanctifiant le septième jour, Dieu se révèle comme le Saint. De même que la toute-puissance est le premier de ses attributs naturels, ainsi la sainteté est le premier de ses attributs moraux. Et, de même que lui seul est Créateur, de même lui seul est celui qui sanctifie; sanctifier est son oeuvre aussi réellement et exclusivement que de créer. Heureux est l’enfant de Dieu qui croit vraiment et pleinement ces choses!
    Dieu sanctifia le septième jour. Ce mot peut nous enseigner quelle est la nature de l’œuvre que Dieu fait quand il sanctifie. La sanctification dans le jardin d’Eden ne peut être essentiellement différente de la sanctification dans la rédemption. Dieu avait déclaré touchant son oeuvre et touchant l’homme qui en était le couronnement qu’elle était très bonne, et cependant ni cette oeuvre ni l’homme n’étaient saints. L’œuvre des six jours n’avait rien de la souillure du péché, et cependant elle n’était pas sainte. Le septième jour devait être tout spécialement sanctifié en vue de la sanctification de l’homme, qui était déjà très bon. Dans le livre de l’Exode, Dieu dit clairement qu’il sanctifia le septième jour en vue de la sanctification de l’homme: «Vous ne manquerez pas d’observer mes sabbats; car ce sera entre moi et vous, et parmi vos descendants, un signe auquel on connaîtra que je suis l’Eternel qui vous sanctifie». {Exode 31:13} Bonté, innocence, pureté, liberté à l’égard du péché ce n’est pas là la sainteté. La bonté est une oeuvre de la toute puissance, un attribut de la nature, selon que Dieu la crée en nous; ‘la sainteté est quelque chose d’infiniment plus élevé. Nous parlons de la sainteté de Dieu comme de sa perfection morale; la perfection morale de l’homme ne pouvait se produire que dans l’usage qu’il ferait de sa volonté en acceptant librement la volonté de Dieu et en y demeurant fidèle. Ce n’est qu’ainsi que l’homme pouvait devenir saint.
    Dans les âges qui précédèrent le septième jour, pendant la période de la création, Dieu avait déployé sa puissance, sa sagesse et sa bonté. L’âge à venir, la période du septième jour, doit être une dispensation de sainteté: Dieu sanctifia le septième jour.

    2° Dieu sanctifia le septième jour parce qu’il se reposa ce jour-là de toute l’œuvre qu’il avait faite. Ce repos était quelque chose de réel. Dans la création Dieu était en quelque sorte sorti de lui-même pour créer quelque chose de nouveau. En se reposant, il rentre de son oeuvre créatrice en lui-même pour jouir de son amour pour l’homme qu’il a créé, et pour se communiquer à lui. C’est ainsi que s’ouvre devant nous le chemin par lequel Dieu sanctifie. Le rapport entre le repos et l’action de rendre saint n’était pas arbitraire; sanctifier n’était point une pensée de la dernière heure; par la nature même des choses, il ne pouvait en être autrement: Dieu sanctifia parce qu’il se reposa dans son oeuvre, et il sanctifia en demeurant dans cette oeuvre. Regardant son oeuvre achevée et tout particulièrement l’homme, il s’en réjouit, et, comme le dit l’Ecriture, il en est «restauré», rafraîchi. Ce temps de son repos est le temps dans lequel il conduira à la perfection ce qu’il a commencé, et fera de l’homme créé à son image une créature qui participe à sa gloire la plus élevée: sa sainteté.
    Le lieu dans lequel Dieu s’arrête pour y faire sa demeure, et où il s’arrête avec bienveillance et avec amour, ce lieu-là, il le sanctifie. La présence de Dieu s’y révélant, y entrant, et en prenant possession, voilà ce qui constitue la vraie sainteté. A mesure que nous avancerons à travers les siècles, en étudiant la révélation progressive de ce qu’est la sainteté, nous rencontrerons à chaque pas cette vérité. Dans le fait, de l’habitation de Dieu dans les cieux, dans son temple, sur la terre, dans le Fils bien-aimé du Père, dans la personne du croyant qui a reçu le Saint-Esprit, nous trouverons toujours que la sainteté n’est pas quelque chose qu’un homme soit ou fasse, mais que c’est quelque chose qui vient toujours où Dieu établit sa demeure. Dans toute l’étendue du terme, le lieu où Dieu entre pour s’y reposer, il le sanctifie. Et lorsque ‘nous étudierons la révélation du Nouveau Testament, pour y chercher le moyen de devenir saints, nous y trouverons, à côté des leçons les plus élémentaires, les leçons les plus profondes. C’est lorsque nous entrons dans le repos de Dieu que nous sommes faits participants de sa sainteté. «Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos» «Car celui qui est entré dans le repos de Dieu se repose de ses oeuvres comme Dieu s’est reposé des siennes». (Hébreux 4:3:10) C’est lorsque l’âme cesse de compter sur ses propres efforts qu’elle se repose en Celui qui a tout accompli pour nous, et qui accomplira tout jusqu’à la fin, c’est lorsque, dans la calme confiance de la foi en Dieu, elle s’abandonne au repos de Dieu, qu’elle apprend à connaître la vraie sainteté. Quand l’âme entre dans le sabbat paisible d’une confiance parfaite en son Dieu, Dieu vient et sanctifie ce sabbat; et l’âme dans laquelle Dieu vient ainsi demeurer est sanctifiée. Que nous parlions de son jour en disant: «Il l’a sanctifié», ou de son peuple «sanctifié en Christ», le secret de la sainteté est toujours le même: «Il l’a sanctifié parce qu’il s’y est reposé.»

    3° Nous lisons de plus: «Dieu bénit le septième jour et le sanctifia». Ainsi que dans le premier chapitre et dans toutes les pages de la Genèse, l’expression: «Dieu bénit» a une haute signification. «Croissez et multipliez», voilà l’explication divine de cette parole quant à Adam, puis à Noé, puis à Abraham. La bénédiction dont Dieu bénit Adam, Noé, Abraham fut celle de la fécondité et de l’accroissement, la puissance de reproduction et de multiplication. Quand Dieu bénit le septième jour, il le remplit du pouvoir vivifiant de sa sainteté, afin que par ce pouvoir cette sainteté puisse croître et se reproduire en ceux qui, comme lui, cherchent à entrer dans le repos de ce jour et à le sanctifier. Le septième jour est encore celui dans lequel nous vivons actuellement. De chacun des jours de la création, il a été dit: «Ainsi il y eut un soir, il y eut un matin» ce fut le... jour». Mais du septième jour ceci n’a pas encore été dit; car nous vivons dans ce septième jour, le jour même de Dieu, jour de repos, de sainteté, et de bénédictions. En y entrant d’une manière spéciale, en prenant possession, comme d’un temps dans lequel Dieu se réjouit de sa créature, et en y manifestant la plénitude de son amour en le sanctifiant, il a fait de la dispensation dans laquelle nous vivons une dispensation de puissantes et divines bénédictions. {1} Et en même temps Dieu nous a enseigné de quelle bénédiction il s’agissait. La sainteté, voilà cette bénédiction. La communion avec Dieu dans ce saint repos, voilà cette bénédiction. Et comme toutes les bénédictions en Christ n’ont qu’une seule et unique source: la sainteté de Dieu, de même elles ont toutes un même but: nous rendre participants de cette sainteté. Dieu créa et bénit; avec la création, la bénédiction. Dieu sanctifia et bénit; avec le sabbat, la bénédiction de son repos. La bénédiction de la création: bonté, fécondité, domination, doit être couronnée par la bénédiction du sabbat: repos en Dieu, communion avec lui et sainteté.
    L’œuvre parfaite de la création fut gâtée par le péché, et notre communion avec Dieu, dans la bénédiction de son saint repos, fut par ce fait retranchée. L’œuvre parfaite de la rédemption nous a introduits dans un repos plus sûr, et nous a ouvert une entrée assurée dans la sainteté de Dieu.
    Comme il se reposa dans le septième jour, son saint jour, maintenant il se repose dans son saint Fils Jésus. En lui nous pouvons maintenant entrer pleinement dans le repos de Dieu «Sanctifiés en Christ», reposons-nous en lui. Reposons-nous, car nous voyons que comme il a merveilleusement achevé par sa main puissante son oeuvre de création, de même il complétera et perfectionnera son oeuvre de sanctification. Livrons-nous nous-mêmes à Dieu en Christ, afin de nous reposer en Celui en qui Dieu lui-même se repose, et afin aussi d’être rendus saints de sa Sainteté et bénis des bénédictions mêmes de Dieu. «Le Dieu qui sanctifie», voilà le nom qui est inscrit sur le trône du Dieu créateur. Au seuil de l’histoire de la race humaine brille cette parole de promesse et d’espérance toute divine: «Dieu bénit et sanctifia le septième jour parce qu’il s’y reposa.» «Soyez saints, car je suis saint».

O Dieu béni! je me prosterne devant toi et je t’adore humblement. Tu t’es révélé comme le Dieu tout-puissant et le Dieu très saint. Je t’en supplie, enseigne-moi à te connaître et à me confier en toi comme tel! Je te demande humblement la grâce d’apprendre et de retenir fermement les profondes vérités que tu as révélées en sanctifiant le septième jour. Ton but dans la création de l’homme est de lui révéler ta sainteté et de l’en rendre participant. Oh! enseigne-moi à croire en toi comme à mon Créateur, et comme en Celui qui sanctifie, à croire de tout mon cœur que le même pouvoir tout-puissant qui a donné la bénédiction, des six jours de la création nous assure pour le septième jour la bénédiction de la sanctification. Ta volonté, voilà notre sanctification.

    1° Le repos, c’est la cessation de l’œuvre non point pour ne plus agir, mais pour commencer un nouveau travail. Dieu se repose et il commence immédiatement à sanctifier ce en quoi il se repose. Il a créé par la parole de sa puissance; il se repose dans ce qui fait l’objet de son amour. La création a été la construction du temple; la sanctification est l’entrée dans le temple, la prise de possession. O ! Merveilleuse entrée dans la nature humaine!
    2° Le Dieu qui se repose dans l’homme qu’il a fait, et qui, en se reposant sanctifie, et qui en sanctifiant bénit, ce Dieu-là est notre Dieu; adorez-le et rendez-lui la gloire qui lui est due. Et ayez confiance qu’Il accomplira toute son oeuvre.

    {1} Le septième jour n’a point eu de soir comme les précédents, cela signifie qu’il n’a pas de fin, qu’il dure encore, le repos du septième jour s’étend sur toute la durée du monde et embrasse tous les siècles. Le repos de Dieu, en effet, est un repos éternel; et la vie éternelle à laquelle nous sommes appelés nous est présentée comme une entrée dans ce repos. (Hébreux 4:4:5:9,10; Psaume 9) «Si jamais ils entrent dans mon repos.» Cette participation de l’homme au repos de Dieu est le but de la création, c’est-à-dire que Dieu à créé l’homme afin de le rendre participant de sa sainteté. Ce sera aussi le but de la rédemption; Jésus-Christ nous introduira dans ce repos de Dieu; et non seulement l’homme, mais toute la création avec lui doit y participer. (Romains 7:19-22,)
(Note du trad.) Prof. R. CLÉMENT.


QUATRIÈME JOUR Sainteté et révélation

L’Eternel vit qu’il se détournait pour voir; et Dieu l’appela du milieu du buisson, et dit: Moïse! Moïse. Et il répondit: Me voici! Dieu dit: N’approche pas d’ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. Et il ajouta: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu. {Exode 3:4-6}

    Et pourquoi était-ce une terre sainte? Parce que Dieu y était descendu et qu’il l’occupait. Où Dieu est, là est la sainteté; c’est la présence de Dieu qui rend saint. C’est là la vérité que nous avons déjà rencontrée dans le jardin d’Eden, lorsque l’homme fut créé; Ici, où l’Ecriture emploie pour la seconde fois le mot de saint, cette vérité est répétée et comme renforcée. Une étude attentive de ce mot à la lumière du buisson enflammé nous en révélera davantage encore la profonde signification. Voyons ce que l’histoire sacrée, ce que la révélation de Dieu, ce que Moïse nous enseignent sur cette terre sainte.

1° Notez d’abord que la première révélation directe de Dieu à l’homme comme le Saint, a lieu dans l’histoire sacrée. En Eden, nous avons vu le mot saint employé pour le septième jour. Depuis lors, vingt-cinq siècles se sont écoulés. Nous avons vu dans ce fait: Dieu sanctifiant le jour du repos, la promesse d’une nouvelle dispensation; la révélation du Créateur tout-puissant devant être suivie de celle du Saint, qui sanctifie. Et cependant, à travers tout le livre de la Genèse, le mot saint ne se retrouve pas une seule fois; c’est comme si la sainteté de Dieu était dans l’attente; et ce n’est que dans le livre de l’Exode qu’avec la vocation de Moïse ce mot réapparaît. Ceci est un fait d’une portée considérable. De même qu’un père ou un pédagogue cherche, dans la première enfance, à graver une leçon à la fois dans l’esprit de son enfant, de son élève, Dieu en agit de même dans l’éducation de la race humaine. Après avoir montré dans le déluge son juste jugement contre le péché, Dieu appelle Abraham à être le père d’un peuple élu. Et comme fondement de toutes ses dispensations envers ce peuple, il lui enseigne, et à sa postérité, la leçon d’une confiance enfantine; confiance en lui comme dans le Tout-Puissant; et confiance en lui comme dans Celui qui est fidèle et dont le serment ne peut être violé. Avec le développement d’Israël devenant un peuple, nous voyons la révélation avancer d’un degré. La simplicité de l’enfance est remplacée par l’entêtement de la jeunesse, et Dieu doit alors intervenir avec la discipline et les restrictions de la loi.
    Puis, ayant obtenu le droit à leur confiance comme en Celui qui était le Dieu de leurs pères, il les prépare à une révélation plus complète. Le principal attribut du Dieu d’Abraham était la toute puissance; le principal attribut du Dieu d’Israël était la sainteté.
    Et quelle devait être la marque spéciale de cette nouvelle période qui allait être inaugurée et qui était introduite par le mot saint? Dieu dit à Moïse qu’il va se révéler à lui sous un nouveau caractère. Il avait été connu à Abraham comme le Dieu tout-puissant, le Dieu de la promesse. (Exode 6:3) Il voulait maintenant se manifester comme Jéhovah, le Dieu de l’accomplissement des promesses, et cela, spécialement dans le rachat et la délivrance de son peuple de l’oppression dont il avait parlé à Abraham. Dieu, le Tout-Puissant, est le Dieu de la création. Abraham crut à Dieu «qui ressuscite les morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient».
    L’Eternel est le Dieu de la rédemption et de la sainteté. Avec Abraham, il n’est question ni de péché ni de culpabilité, et, par conséquent, pas de rédemption et de sainteté. Mais la loi est donnée à Israël pour le convaincre de péché, et pour préparer le chemin de la sainteté; c’est maintenant comme le Saint d’Israël, le Rédempteur, que Jéhovah! apparaît. Et c’est la présence de ce Saint qui rend cette terre sainte.

2° Et comment se révèle cette présence? Dans le buisson ardent Dieu se fait connaître comme Celui qui habite au milieu du feu. Ailleurs, dans les Ecritures, le rapport qui existe entre le feu et la sainteté de Dieu est clairement exprimé en ces mots: «La lumière d’Israël deviendra un feu et son Saint une flamme». (Esaïe 10:17) La nature du feu est bienfaisante ou destructive. Le soleil, source première et centrale du feu, peut donner la vie et la fécondité, mais il peut aussi brûler jusqu’à produire la mort. Tout dépend de la position que nous occupons vis-à-vis de cet astre puissant. Et de même partout où Dieu se révèle, nous trouverons ces deux aspects sous lesquels il se présente à nous: la sainteté de Dieu comme jugement contre le péché et détruisant le pécheur qui persiste dans son péché, et la miséricorde de Dieu affranchissant son peuple du péché. Il n’est aucun des éléments de la nature qui possède une vigueur aussi grande et d’essence aussi spirituelle que le feu; il prend ce qu’il consume et le transforme en sa propre nature, rejetant comme fumée et cendres ce qu’il ne peut s’assimiler. Et de même la sainteté de Dieu est cette perfection infinie par laquelle il s’affranchit de tout ce qui n’est pas divin, et a cependant communion avec la créature, l’unit à lui en détruisant et en rejetant tout ce qui ne cède pas à sa divine puissance.
    C’est donc comme un Dieu qui habite dans le feu, qui est lui-même un feu consumant que Dieu se révèle au commencement de cette nouvelle période de rédemption. Avec Abraham et les patriarches, ainsi que nous l’avons vu, l’enseignement relatif au péché et à la rédemption se réduit à fort peu de chose; ce qui avait été révélé c’était la proximité et l’amitié (friendship) de Dieu.
    Maintenant la loi va être donnée, le péché sera rendu manifeste, la distance qui sépare l’homme de Dieu sera sentie, afin que l’homme, en apprenant à se connaître lui-même et à connaître son péché, puisse apprendre à connaître et à désirer le Dieu qui sanctifie. Dans toutes les révélations que Dieu donne de lui-même, nous trouverons deux éléments: l’un qui attire, l’autre qui repousse; l’un qui effraie, l’autre qui rassure. L’Eternel viendra demeurer dans sa maison, au milieu d’Israël, et cependant ce sera dans la redoutable et inaccessible solitude, et dans l’obscurité du lieu très saint, au delà du voile. Il veut s’approcher d’eux et cependant les tenir à distance. A mesure que nous avancerons dans notre étude de la sainteté de Dieu!, nous verrons avec une clarté toujours plus évidente comment, ainsi que le feu, elle repousse et attire, et comment elle réunit en une seule et même chose sa distance infinie et son infinie proximité.

3° Mais ce qui nous frappera tout d’abord et d’une manière saisissante, c’est la distance. C’est ce que nous voyons en Moïse: il se voile la face, car il craint de regarder Dieu. La première impression que produit la sainteté de Dieu est celle de la crainte et de la terreur. Jusqu’à ce que l’homme, comme créature et comme pécheur, apprenne combien Dieu est au-dessus de lui et combien, lui, est différent et éloigné de Dieu, la sainteté de Dieu n’aura pour lui que peu de valeur et peu d’attraits.
    Moïse se voilant la face nous montre l’effet que doit produire sur le pécheur le fait de s’approcher du Dieu trois fois saint, et nous enseigne aussi le chemin d’une révélation plus complète. Combien cela ressort des paroles mêmes de Dieu! «N’approche pas d’ici; ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte». Oui, Dieu s’était approché, mais Moïse ne devait pas le faire. Dieu s’approche; l’homme doit rester à distance. De la même parole Dieu dit: «Approche-toi et ne t’approche pas». Il ne peut y avoir une vraie connaissance de Dieu, ou une proximité de sa personne sainte, là où nous n’avons pas entendu premièrement son: «N’approche pas d’ici». Le sentiment du péché, de notre incapacité de demeurer en la présence de Dieu est le fondement d’une vraie connaissance de Dieu comme de Celui qui est le Saint, et d’un vrai culte pour lui.
    «Ôte tes souliers de tes pieds». Les souliers, représentent les moyens par lesquels nous entrons en contact avec le monde, les aides dont notre chair, notre nature se sert pour se mouvoir et pour faire son oeuvre ici-bas. Placés sur une terre sainte, nous devons nous débarrasser de ces moyens.
    C’est avec les pieds nus et débarrassés de tout ce qui peut les couvrir que l’homme doit se prosterner devant le Dieu saint. La première leçon que nous devons apprendre si nous voulons jamais participer à la sainteté de Dieu, c’est notre incapacité absolue de nous approcher de lui, ou d’avoir avec le Saint aucune affaire quelconque. Ce «ôte tes souliers» doit exercer sur notre être tout entier sa puissance de condamnation jusqu’à ce que nous en venions à saisir la pleine et entière signification de cette parole de l’apôtre: «Dépouillez le vieil homme, et revêtez-vous du Seigneur Jésus»; et que nous comprenions ce que c’est que «cette circoncision de Christ qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair.» (Colossiens 2:11)

    Oui, tout cela appartient à notre nature, à notre chair; tout cela est notre faire, notre dire, notre vie propre; et c’est de tout cela dont il faut se dépouiller; c’est tout cela qu’il faut «faire mourir» si Dieu doit se faire connaître à nous comme le Dieu saint. Nous avons déjà vu que la sainteté est plus que la bonté ou que l’affranchissement du péché: même la nature avant la chute n’était pas sainte. La sainteté est cette gloire redoutable par laquelle la divinité est séparée de tout ce qui est créé. Aussi, les séraphins eux-mêmes se voilent-ils la face de leurs ailes quand ils disent: «Saint! saint! saint! Est l’Eternel notre Dieu!» Mais lorsque la distance et la différence ne sont pas seulement celles qui existent entre la créature et le Créateur, mais entre Dieu et le pécheur, oh! avec quelle humiliation, quelle crainte, quelle confusion nous devons nous incliner à la voix du Dieu saint!
    Hélas! un des plus terribles effets que le péché ait sur notre âme, c’est qu’il nous aveugle. Nous ne savons pas combien le péché et notre nature pécheresse sont impurs et abominables aux yeux de Dieu. Nous avons perdu la capacité de reconnaître la sainteté de Dieu. La philosophie païenne n’a pas même eu l’idée d’employer ce mot de sainteté pour exprimer le caractère moral de ses dieux.
    En perdant la lumière de la gloire de Dieu, nous avons perdu la capacité de connaître le péché dans son essence. Et maintenant la première oeuvre de Dieu en s’approchant de nous est de nous faire sentir que nous ne pouvons nous approcher de lui tels que nous sommes; qu’il devra y avoir un sérieux et réel dépouillement et même une crucifixion de tant de choses qui nous apparaissent encore comme choses légitimes et nécessaires.
    Non seulement nos chaussures sont souillées par leur contact avec une terre impure, mais même notre visage doit être couvert et nos yeux fermés pour bien indiquer que les yeux de notre cœur, que notre sagesse humaine et notre entendement sont incapables de contempler le Saint des saints. La première leçon à l’école de la sainteté personnelle, c’est la crainte, c’est de se voiler la face devant la sainteté de Dieu. «Car, ainsi parle le Très-Haut dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint; j’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avec l’homme contrit et humilié.» La repentance, l’esprit brisé, la crainte et le tremblement, voilà ce que Dieu demande d’abord de ceux qui veulent voir sa sainteté. Moïse devait être le premier prédicateur de la sainteté de Dieu. Sa préparation pour être le messager du Dieu saint se fit lorsqu’il se voila la face parce qu’il avait peur de regarder vers Dieu. C’est la face dans la poussière; c’est non seulement en ôtant les souliers, mais en ôtant tout ce qui a été en contact avec le monde, avec le moi, avec le péché, que l’âme s’approche du feu au milieu duquel Dieu habite, de ce feu qui brûle, mais qui ne consume pas. Oh! que tout croyant qui cherche à rendre témoignage à Dieu comme à Celui qui est le Saint apprenne ainsi que l’accomplissement du type que nous avons dans le buisson ardent c’est Christ, le Crucifié, et que si nous mourons, avec lui, nous recevrons le baptême de feu qui révèle à chacun de nous ce que signifie cette parole: «Le Saint dont la demeure est un buisson ardent». Ainsi seulement, nous apprendrons ce que c’est que d’être saints comme il est saint.

    Dieu très saint! je t’ai vu, toi qui fais du feu ta demeure; j’ai entendu ta voix me dire: «Ne t’approche pas; ôte tes souliers de tes pieds». Et mon âme a craint de regarder vers toi, le Saint. Et cependant, ô mon Dieu! je dois te voir. Tu m’as créé à ton image, et pour ton image. Et tu as enseigné que cette image, c’est ta sainteté: «Soyez saints, comme je suis saint». O mon Dieu! comment apprendrais-je à être saint, sinon en te contemplant, toi le Saint! Pour être saint, je dois regarder à toi, mon Dieu!
    Je te bénis pour la révélation que tu m’as donnée de toi dans les flammes du buisson ardent, et dans le feu du bois maudit de la croix. Je me prosterne à tes pieds avec un saint effroi à cette vue qui m’humilie: ton Fils, dans la faiblesse de l’humaine nature au milieu du feu, et pourtant pas consumé! O mon Dieu! avec crainte et tremblement je me suis donné à toi comme pécheur, afin de mourir comme il est mort. Oh! que le feu consume tout ce qui en moi est encore impur!’ Apprends-moi aussi à te connaître comme le Dieu qui fait du feu sa demeure pour fondre, purifier, détruire tout ce qui n’est pas de toi, et pour sauver et envelopper de ta sainteté tout ce qui est vraiment à toi! O Dieu saint! je me prosterne dans la poussière devant ce grand mystère. Révèle-moi ta sainteté, afin que j’en sois un des témoins et des messagers sur la terre. Amen.

La sainteté comme feu de Dieu. Béni soit Dieu de ce qu’il existe une puissance qui peut consumer tout ce qui est vil, abject, toutes scories; une puissance qui ne peut laisser subsister aucune souillure! «Un buisson en feu qui ne se consume pas» n’est pas seulement la devise de l’Eglise dans les temps de persécutions; c’est le mot d’ordre de toute âme dans l’œuvre de sanctification que Dieu accomplit.

2° Il existe une nouvelle théologie qui ne parle que de l’amour de Dieu manifesté dans la croix. Cette théologie a l’air d’ignorer la justice et le juste jugement de Dieu. Mais ceci n’est pas le Dieu de l’Ecriture. «Notre Dieu est un feu consumant», voilà la théologie du Nouveau Testament. Adorer Dieu «avec crainte et tremblement», c’est aussi la religion du Nouveau Testament. Le jugement et la miséricorde se rencontrent dans la sainteté.

La sainteté comme crainte de Dieu. Se voiler la face devant Dieu avec crainte, sans oser ni le regarder, ni lui parler, voilà le commencement du repos en Dieu. Ce n’est pas encore le vrai repos, c’est le chemin qui y conduit. «L’esprit de la crainte de l’Eternel» est la première manifestation de l’Esprit de sainteté, et il prépare le chemin à la joie de la sainteté. «Marcher dans la crainte du Seigneur et dans la consolation du Saint-Esprit», voilà les deux faces de la vie chrétienne.

4° La sainteté de Dieu a été révélée à Moïse, afin qu’il en soit le messager. Plus que jamais, l’Eglise a besoin aujourd’hui de chrétiens qui puissent rendre témoignage à la sainteté de Dieu. Voulez-vous être un de ceux-là?
    Il y a des chrétiens qui cherchent très sérieusement la sainteté, et qui ne la manifestent jamais sous un aspect qui attire le monde, ou même les croyants; et cela précisément parce que l’élément de la crainte fait défaut. C’est la crainte du Seigneur qui produit cette humilité, cette bonté, cette douceur, cette défiance et cette connaissance de soi-même qui forment le terrain d’un caractère vraiment saint. «Qui est comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges?—Craignez l’Eternel, vous ses saints!—Je me prosterne dans ton saint temple avec crainte.—Célébrez par vos louanges sa sainteté. Tremble devant lui, terre!—Qu’ils louent son nom grand et terrible, car il est saint.—La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse; tous ceux qui l’observent ont une raison saine. «Qui ne te craindrait, ô Dieu! et ne glorifierait ton nom, car toi seul tu es saint».
    C’est cette crainte de Dieu qui nous fera, comme Moïse, nous prosterner devant Dieu, nous cacher la face en sa présence, et attendre de l’Esprit de Dieu qu’il ouvre les yeux de notre cœur, et qu’il nous inspire les pensées d’adoration, de louanges avec lesquelles nous devons nous approcher de lui, le Saint!

CINQUIÈME JOUR   Sainteté et rédemption

    Consacre-moi (sanctifie-moi) tout premier-né parmi» les enfants d’Israël. {Exode 13:1}
    Car tout premier-né m’appartient; le jour où j’ai frappé tous les premiers-nés d’Egypte, je me suis consacré tous les premiers-nés en Israël tant des hommes que des animaux: ils m’appartiendront. Je suis l’Eternel. {Nombres 3:15}
   Car je suis l’Eternel qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis saint. {Lévitique 11:44,45}
   Je te rachète, je t’appelle par ton nom tu es à moi. {Esaïe 43:1}

    Nous avons vu, en Horeb, comment la première mention qui soit faite du mot saint dans l’histoire de l’homme déchu était liée à l’inauguration d’une période nouvelle dans la révélation de Dieu, savoir: la rédemption. Dans la pâque, nous avons la première indication de ce qu’est la rédemption, et c’est là que commence le plus fréquent usage du mot saint. Dans la fête des pains sans levain, nous avons le symbole du dépouillement de ce qui est vieux, et le revêtement de ce qui est nouveau, faits auxquels doit conduire la rédemption par le sang. Des sept jours de cette fête il est dit: «Le premier jour vous aurez une sainte convocation»; la réunion du peuple racheté pour commémorer sa délivrance est une sainte assemblée; ils se réunissent sous la protection de leur Rédempteur, le Saint. Aussitôt qu’Israël a été racheté de l’Egypte, les premières paroles de l’Eternel sont: «Consacrez-moi (ou sanctifiez-moi) tous les premiers-nés, car tout premier-né m’appartient», parole qui nous révèle combien l’idée de propriété est une des pensées centrales de la rédemption, comme de la sanctification: l’anneau qui les lie l’une à l’autre. Et quoique le mot employé ici n’indique que le premier-né, ces premiers-nés sont considérés comme le type du peuple entier. Nous savons comment toute croissance, toute organisation part d’un centre autour duquel la vie de l’organisme se répand en cercles qui vont s’élargissant. Si la sainteté dans la race humaine doit être vraie, réelle, aussi libre qu’est celle de Dieu, elle doit être le résultat d’un développement que celui qui la cherche s’approprie. Ainsi, les premiers-nés sont sanctifiés, puis les sacrificateurs à leur place, comme types de ce que tout le peuple doit être en tant que premier-né de Dieu parmi les nations, son plus précieux joyau, «une nation sainte». Cette idée de propriété dans sa relation à la rédemption et à la sanctification ressort avec une clarté particulière lorsque Dieu parle de l’échange des sacrificateurs prenant la place des premiers-nés. {Nombres 3:11-13} «Voici j’ai pris les Lévites du milieu des enfants d’Israël à la place de tous les premiers-nés, des premiers-nés des enfants d’Israël. Car ils me sont entièrement donnés du milieu les enfants d’Israël; {Nombres 8:16} je les ai pris pour moi à la place des premiers-nés, de tous les premiers-nés des enfants d’Israël...; le jour où j’ai frappé tous les premiers-nés dans le pays d’Egypte, je me les suis consacrés». (Vers. 17).
    Essayons maintenant de saisir la relation qui existe entre la rédemption et la sainteté. En Eden, nous avons vu ce qu’était la sanctification, par l’Eternel, du septième jour: il en prit possession, il le bénit, il s’y reposa. Et nous avons vu, que là où Dieu entre et s’y repose, là aussi est la sainteté.
    Plus l’objet dans lequel il entre est digne de lui, plus la sainteté qu’il y apporte est complète. Le septième jour fut sanctifié comme un temps mis à part pour la sanctification de l’homme. Au premier pas que Dieu fit faire à l’homme pour le conduire à la sainteté,—le commandement de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal,—l’homme tomba. Dieu ne renonça pas à son dessein, mais il allait prendre pour l’accomplir un chemin plus long et différent. Après vingt-cinq siècles d’une préparation lente mais nécessaire, il se révèle maintenant comme le Rédempteur. Il livre à l’oppression et à l’esclavage un peuple qu’il s’était choisi et formé pour lui-même, afin que leurs cœurs, soient préparés par là à désirer ardemment la délivrance et à faire bon accueil au Libérateur. Par une série de miracles puissants, il se montre à eux comme le Conquérant, le Vainqueur de leurs ennemis; puis, par le sang de l’agneau pascal sur les linteaux de leurs portes, il leur enseigne ce qu’est la rédemption, non seulement la rédemption d’un injuste despote terrestre, mais du juste jugement que leurs péchés avaient mérité. La pâque doit être pour eux la transition qui, des choses visibles et temporelles, les élèvera aux choses invisibles et spirituelles; elle leur révélera Dieu non seulement comme le Puissant, mais comme le Saint, en les affranchissant non seulement de la maison de servitude, mais encore de l’ange destructeur.
    Puis les ayant ainsi rachetés, il leur déclare maintenant qu’ils sont siens. Pendant leur séjour au pied du Sinaï et dans le désert, la pensée qu’ils sont maintenant le peuple de l’Eternel, peuple qu’il s’est acquis par la puissance de son bras et afin de le sanctifier pour lui-même comme il est saint, est sans cesse rappelée à Israël. Le but de la rédemption est la possession, et le but de cette possession est la ressemblance à Celui qui est en même temps Rédempteur et divin Propriétaire; ressemblance, c’est-à-dire sainteté.
    Nous devons bien nous rendre compte que la rédemption et la sainteté sont inséparables. Elles ne peuvent exister l’une sans l’autre. Seule la rédemption conduit à la sainteté. Si je poursuis la sainteté, je dois m’en tenir à cette expérience claire et complète, c’est que je suis un racheté, et que, comme tel, je suis la propriété même de Dieu. On regarde trop souvent le côté purement négatif de la rédemption, c’est-à-dire la délivrance de l’esclavage, tandis que la gloire de la rédemption gît bien plus encore dans l’élément positif, savoir: que nous avons été rachetés pour que nous fussions la propriété même du Rédempteur. La pleine possession d’une maison implique l’occupation de cette demeure; si je possède une maison sans l’occuper, elle peut devenir la demeure de tout ce qui est impur et mauvais. Dieu m’a racheté et m’a fait sa propriété afin de prendre complètement possession de moi. Il dit de mon âme: «Elle m’appartient», et il veut que son droit de propriété soit reconnu et rendu parfaitement évident. Le lieu où Dieu a pu entrer et dont il a pu prendre entière et complète possession devient par là même la demeure de la parfaite sainteté. {2} C’est la rédemption qui donne à Dieu ses droits et son pouvoir sur moi; c’est la rédemption qui m’affranchit pour que Dieu puisse posséder et bénir; c’est la rédemption vécue, réalisée, et remplissant mon âme qui me donnera l’assurance et qui me fera faire l’expérience que toute sa puissance veut opérer, agir en moi. En Dieu, la rédemption et la sanctification sont une seule et même chose; plus la rédemption prend possession de mon âme comme une divine réalité, plus je me sais intimement lié au Dieu rédempteur, le Saint.
    Et c’est précisément la sainteté, la sainteté seule qui donne l’assurance et la jouissance de la rédemption. Si j’essaie d’apprécier la rédemption à moins que cela, je pourrai être déçu. Si je manque de vigilance et que je devienne négligent, je devrai trembler à la seule pensée de me reposer sur une rédemption qui n’aurait pas pour objet la sainteté. Dieu dit à Israël: «Je vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu; c’est pourquoi vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis saint». (Lévitique 11:44,45)  C’est Dieu, le Rédempteur, qui nous a faits siens, et qui nous appelle à être saints; que la sainteté soit donc aussi pour nous la partie la plus essentielle, la plus précieuse de la rédemption: l’abandon de nous-mêmes à Celui qui nous a pris pour que nous fussions à lui, et qui a entrepris de nous faire siens entièrement.
    Une seconde leçon qui nous est donnée ici, c’est la relation qui existe entre l’œuvre de Dieu et celle de l’homme dans le travail de la sanctification. Dieu dit à Moïse: «Sanctifiez-moi tous les premiers-nés». Et plus loin: «Je me suis consacré tous les premiers-nés en Israël». Ce que Dieu dit, il le fait de manière à ce que cela se fasse par nous, et que nous nous l’appropriions. Quand il nous dit que nous sommes rendus saints en Christ Jésus, que nous sommes ses saints, il ne parle pas seulement du but qu’il a en vue, mais de ce qu’il a fait en réalité. Nous avons été sanctifiés par une seule offrande en Christ, et par une nouvelle création en lui. Mais cette oeuvre a un côté humain.
    L’appel à être saints, à poursuivre la sainteté, la parfaite sainteté nous a été adressé. Dieu nous a fait siens, et nous permet de dire que nous lui appartenons, mais il attend maintenant de nous que nous lui cédions une place toujours plus grande, que nous lui laissions une entrée toujours plus libre et plus complète dans les lieux les plus intimes et les plus secrets de notre être intérieur afin qu’il les remplisse de sa plénitude. La sainteté n’est pas une chose que nous apportions à Dieu ou que nous fassions pour lui. La sainteté est ce qu’il existe de Dieu en nous. Dieu nous a faits siens dans la rédemption afin que nous puissions Le faire nôtre dans la sanctification. Et notre oeuvre, à nous, en devenant saints, c’est de lui apporter notre vie entière, sans aucune réserve, et de la placer sous l’assujettissement de la règle de ce Dieu saint, mettant chacun de nos membres et chacune de nos capacités sur son autel.
    Et ceci nous donne la réponse à la question de savoir quels rapports existent entre ce qu’il peut y avoir de soudain et ce qu’il peut y avoir de graduel dans la sanctification: entre le fait que cette sanctification peut être une fois pour toutes complète, et qu’elle est cependant imparfaite et demande à être achevée.
    Ce que Dieu sanctifie est saint, d’une sainteté divine et parfaite en tant que don de Dieu; l’homme doit se sanctifier en reconnaissant, en maintenant, en développant cette sainteté, relativement à ce que Dieu a sanctifié. Dieu a sanctifié le sabbat; l’homme doit le sanctifier, c’est-à-dire le garder comme un jour saint. Dieu sanctifia les premiers-nés comme étant sa propriété; Israël devait les sanctifier, les traiter et les donner à Dieu comme saints. Dieu est saint; nous devons le sanctifier en le reconnaissant comme le Saint, en adorant, en honorant cette sainteté. Dieu a sanctifié son saint nom; son nom est saint, nous sanctifions ce nom ou nous l’honorons quand nous le craignons, quand nous nous y confions et que nous l’employons comme une révélation de sa sainteté. Dieu a sanctifié Christ, et Christ s’est sanctifié lui-même, manifestant ainsi, par une volonté et une action personnelles, une parfaite conformité à la sainteté dont Dieu l’avait sanctifié. Dieu nous a sanctifiés en Jésus-Christ; nous devons être saints en nous livrant nous-mêmes à la puissance de cette sainteté, en la pratiquant, en la manifestant dans toute notre marche et dans toute notre vie. Pour employer une expression fort usitée de nos jours: le don divin objectif (de la sainteté), qui nous a été accordé une fois pour toutes, nous devons nous l’approprier comme une propriété subjective; nous devons nous purifier nous-mêmes, achever notre sanctification. Rachetés en vue de la sainteté, nous devons, de même que ces deux pensées n’en font qu’une dans le plan et l’œuvre de Dieu pour nous, n’en faire qu’une seule pensée dans notre cœur et dans notre vie.
    Quand Esaïe annonça la seconde, la vraie rédemption, il lui fut donné plus clairement et plus complètement qu’à Moïse de révéler le nom de Dieu comme Celui qui est «le Rédempteur, le Saint d’Israël». {Esaïe 47:4} Plus nous étudierons ce nom et le sanctifierons, et adorerons Dieu sous ce nom-là, plus ces deux mots nous paraîtront inséparables; et nous verrons alors, comment, de même que le Rédempteur est le Saint, de même les rachetés sont aussi des saints. Esaïe dit en parlant d’un «chemin frayé» qu’on appellera la «voie sainte»: «Les rachetés seuls y marcheront». La rédemption, qui vient de la sainteté de Dieu, doit aussi y conduire. Nous comprendrons qu’être rachetés en Christ, c’est être saints, en Christ, et l’appel du Dieu qui nous a rachetés acquerra une nouvelle signification: Je suis saint, soyez saints.

   O  Seigneur Dieu, le Saint d’Israël et son Rédempteur! je t’adore dans une profonde humilité. Je confesse avec confusion que je t’ai longtemps cherché davantage comme le Rédempteur que comme le Saint. J’ignorais que ce fût en tant que Saint que tu nous as rachetés, que la rédemption fût le résultat et le fruit de ta sainteté, que la participation à ta sainteté fût son but suprême et sa plus grande beauté. Je ne pensais qu’à être racheté de la servitude et de la mort, comme Israël; et je ne comprenais pas que, sans, communion avec toi et sans conformité à ta vie, la rédemption perdrait toute sa valeur. Dieu très saint! je te loue pour la patience avec laquelle tu as supporté l’égoïsme et la lenteur à comprendre de tes rachetés. Je te bénis et je te loue pour l’enseignement de l’Esprit de ta sainteté, enseignement qui conduit tes saints, et moi avec eux, à voir comment c’est ta sainteté, et l’invitation à en devenir participants, qui donne à la rédemption sa juste valeur; et comment c’est pour toi, le Saint, et afin que nous fussions tiens, possédés et sanctifiés par toi, que nous avons été rachetés. Je te bénis de ce que tu m’accordes la grâce de croire que tu veux accomplir en moi, qui suis saint en Christ tes glorieuses promesses, selon la grandeur de ta puissance. Amen.

    1° «La rédemption par son sang». Nous rencontrons le sang sur le seuil du chemin qui conduit à la sainteté. Ce n’est que lorsque nous connaissons la sainteté de Dieu comme un feu, et que nous courbons la tête devant le jugement qu’elle prononce, que nous pouvons apprécier la valeur du sang, ou la réalité de la rédemption. Aussi longtemps que nous ne pensons à l’amour de Dieu que comme bonté, nous pouvons faire efforts pour être bons; la foi en Dieu éveillera en nous le besoin, puis la joie d’être saints en Christ.
    2° Avez-vous compris le droit de propriété que Dieu a sur ceux qu’il a rachetés? Laissez à Dieu l’entière possession, la complète disposition de tout votre être. La sainteté vient de lui; notre sainteté, à nous, c’est de le laisser lui, le Saint, être tout en nous.

{2} Voir la Note A sur sainteté et propriété.

SIXIÈME JOUR   Sainteté et gloire

    Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel? Qui est comme toi magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges? Par ta miséricorde tu as conduit, tu as délivré ce peuple; par ta puissance tu le diriges vers la demeure de ta sainteté... Au sanctuaire que tes mains, ô Seigneur! ont fondé! {Exode 15:11-17}

    Nous faisons par ces paroles un nouveau pas dans la révélation de la sainteté. Pour la première fois la sainteté est indiquée comme un des attributs de Dieu lui-même: «Il est magnifique en sainteté»; et c’est vers la demeure de sa sainteté qu’il conduit son peuple.
    Remarquons d’abord cette expression employée ici «magnifique en sainteté». Partout dans l’Ecriture nous trouvons la gloire et la sainteté de Dieu, mentionnées ensemble. Dans Exode 29:43, nous lisons: «Et ce lieu (la tente d’assignation) sera sanctifié par ma gloire». La gloire d’un objet, d’une personne, c’est la valeur intrinsèque de cet objet, de cette personne; glorifier, c’est faire disparaître tout ce qui pourrait empêcher la parfaite révélation de cette excellence. La gloire de Dieu est cachée dans sa sainteté; dans la gloire de Dieu se manifeste sa sainteté; sa gloire, révélation de lui-même comme le Saint, sanctifierait la maison. Ces deux expressions sont liées de la même manière dans Lévitique 10:3: «Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple». La constatation de sa sainteté dans les sacrificateurs devait être la manifestation de sa gloire au peuple. De même dans le cantique des séraphins, Esaïe 6:3: «Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées, toute la terre est pleine de sa gloire». C’est Dieu qui habite une lumière inaccessible que personne n’a vue, ni ne peut voir, et cette lumière est celle de la connaissance de la gloire de Dieu qu’il communique à nos cœurs. La gloire est ce qui peut être vu, et ce qu’on peut connaître de cette lumière invisible et inaccessible; cette lumière elle-même et le feu magnifique duquel cette lumière est l’éclat, c’est la sainteté de Dieu. La sainteté n’est pas tant un attribut de Dieu que le sommaire qui comprend toutes ses perfections.
    C’est sur les bords de la mer Rouge qu’Israël loue ainsi l’Eternel: «Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel? Qui est comme toi magnifique en sainteté?» Il est l’Incomparable; il n’y en a point de semblable à lui. Et en quoi l’a-t-il prouvé et a-t-il révélé la gloire de sa sainteté? Avec Moïse, en Horeb, nous avons vu la gloire de Dieu dans le feu, au double point de vue du salut et de la destruction: le feu consumant ce qui ne pouvait être purifié, et purifiant ce qui n’était pas consumé. Nous retrouvons la même pensée dans ce cantique de Moïse; Israël, chante le jugement et la miséricorde. La colonne de feu et de nuée vinrent se placer entre le camp des Egyptiens et le camp d’Israël; nuée et obscurité pour les premiers, elle donnait la lumière pendant la nuit pour les seconds. Les deux pensées traversent tout le cantique. Mais dans les deux versets qui suivent l’attribution à Dieu de la sainteté: «Magnifique en sainteté», nous trouvons le sommaire du jugement: «Tu as étendu ta droite: la terre les a engloutis», confirmant Exode 14:24: «L’Eternel regarda le camp des Egyptiens, depuis la colonne de feu et de nuée, et il mit en désordre le camp des Egyptiens». Voilà la gloire de sa sainteté se manifestant par le jugement et la destruction de l’ennemi: «Par ta miséricorde tu as conduit, tu as délivré ce peuple; par ta puissance, tu le diriges vers la demeure de ta sainteté». (Vers. 13). Voilà la gloire de sa sainteté se manifestant par la miséricorde et la délivrance: une sainteté qui, non seulement délivre, mais qui dirige vers la demeure de sa sainteté, où le Saint doit demeurer avec et au milieu de son peuple.
    Dans l’inspiration de cette heure de triomphe nous est ainsi révélé de bonne heure que le grand objet et le fruit de la rédemption, préparé par Celui qui s’appelle le Saint, doit être sa demeure au milieu de son peuple, son habitation chez les siens: rien moins que cette habitation ne peut satisfaire le Dieu saint, rien moins ne peut rendre évidente la gloire parfaite de sa sainteté.
    Et maintenant remarquez comment, de même que c’est dans la rédemption de son peuple que la sainteté de Dieu est révélée, de même c’est dans le cantique de la rédemption de ce peuple, que l’attribution personnelle de la sainteté à Dieu se rencontre. Nous savons comment, dans l’Ecriture, à plus d’une reprise, après une intervention particulièrement remarquable de Dieu comme Rédempteur, l’influence spéciale du Saint-Esprit s’est manifestée par un chant de louanges. Et il est à remarquer que c’est dans ces élans de saint enthousiasme que Dieu est loué comme le Saint.
    Voyez dans le cantique d’Anne, la mère de Samuel: «Nul n’est saint comme l’Eternel». {1Samuel 2:2} Le langage des séraphins {Esaïe 6} est celui d’un chant d’adoration. Dans le grand jour de la délivrance d’Israël le cantique sera: «L’Eternel est ma force et le sujet de ma louange; c’est lui qui m’a sauvé». {Psaume 118:14} «Chantez à l’Eternel, car il a fait éclater sa gloire. Il a fait de grandes choses.
    Elève ta voix, habitante de Sion, car grand est le Saint d’Israël qui est au milieu de toi!» Et Marie chante: «Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses, son nom est saint». L’Apocalypse nous révèle ces quatre êtres vivants qui donnent gloire, honneur, et qui rendent grâces à Celui qui est assis sur le trône. «Ils ne cessaient de dire jour et nuit: Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient». Et quand le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau est chanté près de la mer de verre, on entend ces paroles: «Qui ne te craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom? Car toi seul es saint!»
    C’est dans les moments de la plus haute inspiration et sous l’influence de la manifestation la plus complète du pouvoir rédempteur de Dieu que ses serviteurs parlent de sa sainteté. Dans le Psaume 97:12, nous lisons: «Réjouissez-vous en l’Eternel, vous justes, et célébrez par vos louanges sa sainteté». Et dans le Psaume 99 qui, avec cette parole trois fois répétée: «Il est saint», a été appelé l’écho terrestre des «Saint! saint! saint!» entonnés dans le ciel, nous chantons avec le psalmiste: «Qu’on célèbre ton nom grand et redoutable! Il est saint! Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous devant son marche-pied! Il est saint! Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous sur sa montagne sainte! Car il est saint l’Eternel, notre Dieu».
    Ce n’est que sous l’influence d’une joie et d’une haute élévation spirituelles que la sainteté de Dieu peut être parfaitement embrassée ou adorée dignement. Le sentiment qui nous sied le mieux lorsque nous adorons le Saint, le sentiment qu’il convient que nous ayons pour le connaître et pour l’adorer comme il est en droit de l’attendre de nous, c’est l’esprit de louanges qui chante et qui s’exprime en cris de joie, dans l’expérience de son salut parfait.
    Mais ceci n’est-il pas en contradiction avec la leçon que nous avons apprise en Horeb, lorsque Dieu disait: «Ne t’approche pas; ôte tes souliers de tes pieds ?» Et lorsque Moïse craignait et se voila la face? N’est-ce pas là plutôt l’attitude qui nous convient à nous créatures pécheresses? En effet; et cependant ces deux sentiments ne se contredisent pas, mais bien plutôt ils sont indispensables l’un à l’autre; la crainte est la préparation pour la louange et pour la gloire. Et d’ailleurs n’est-ce pas ce même Moïse qui se cacha la face et qui craignait de regarder vers Dieu, qui, ensuite, contempla la gloire de Dieu jusqu’à ce que sa face en fut rendue si glorieuse et si brillante que les hommes ne pouvaient en supporter l’éclat?
    Et le cantique qui célèbre Dieu comme «magnifique en sainteté», n’est-il pas aussi le cantique de ce Moïse qui devant le buisson ardent se cachait et était tout tremblant? N’avons-nous pas vu dans le feu, et en Dieu, et spécialement dans sa sainteté, ce double aspect: consumant et purifiant, repoussant et attirant, jugeant et sauvant, le dernier de ces deux aspects étant chaque fois, non seulement l’accompagnement, mais le résultat du premier?
    Aussi verrons-nous que, plus l’humiliation et la crainte sont grandes en la sainte présence de Dieu, plus est réel et complet le dépouillement de tout ce qui appartient encore au moi, à la vieille nature, la mort du vieil homme et de sa volonté; plus l’abandon de tout notre être pour que tout ce qui en nous est péché soit consumé est sincère, plus aussi seront profondes et complètes la joie et la louange que notre cœur exprimera eh chants de délivrance et d’actions de grâces: «Qui est comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges?»
    «Magnifique en sainteté! digne de louanges!» le cantique harmonise ces éléments opposés en apparence. Oui, je veux chanter le jugement et la miséricorde. Je veux me réjouir en tremblant quand je loue le Saint. Quand je regarde aux deux aspects de la sainteté, tels que je les vois dans l’histoire des Egyptiens détruits et des Israélites sauvés, je me souviens que ce qui était là séparé est uni en moi. Par nature, je suis l’Egyptien, un ennemi voué à la destruction; par grâce, je suis l’Israélite élu en vue de la rédemption. En moi, le feu doit consumer et détruire, car ce n’est que lorsque le jugement a fait son oeuvre que la miséricorde peut sauver parfaitement. Ce n’est que lorsque je tremble devant la lumière pénétrante, devant le feu dévorant et devant l’ardeur consumante du Saint, que j’abandonne, pour qu’elle soit jugée, condamnée et mise à mort, ma nature d’Egyptien, et ce n’est qu’alors aussi que l’Israélite, en moi, sera racheté et rendu capable de connaître bien son Dieu comme le Dieu de son salut, et de se réjouir en lui.
    Béni soit Dieu! le jugement appartient au passé. En Christ, le buisson ardent, le feu de la sainteté divine a fait sa double oeuvre: en lui le péché a été condamné en la chair, et en lui aussi nous sommes libres. En livrant à la mort sa volonté, et en faisant la volonté de Dieu, Christ s’est sanctifié lui-même pour nous; et c’est par cette volonté aussi que nous sommes sanctifiés.

    Oui, ô Dieu! qui es comme toi, magnifique en sainteté, digne de louanges, opérant des prodiges? De tout mon cœur, je me joindrai à ce cantique de délivrance, et je me réjouirai en toi, comme au Dieu de mon salut. O mon Dieu! que ton Esprit, qui a inspiré ces paroles de triomphe et de sainte joie, révèle tellement à mon âme cette oeuvre de rédemption comme expérience personnelle, que ma vie entière soit un cantique tout rempli de crainte et d’adoration. Je te prie, en particulier, que mon cœur tout entier soit rempli de toi, de toi qui es magnifique en sainteté, digne de louanges, et qui seul fait des prodiges. Que la crainte de ta sainteté me fasse trembler devant tout ce qui en mot est encore charnel; et enseigne-moi dans le service que je te dois, à renoncer à ma propre sagesse, à la crucifier, afin que ton Saint-Esprit seul agisse en mm. Amen.

    1° La sainteté de Dieu comme gloire. Dieu est glorifié dans la sainteté de son peuple. La Vraie sainteté donne toujours la gloire à Dieu seul. Vivre à la gloire de Dieu, c’est là la sainteté. Vivre saintement c’est glorifier Dieu. Perdre de vue sa propre gloire pour ne chercher que celle de Dieu, c’est la sainteté.
    2° Notre sainteté comme louange. La louange donne gloire à Dieu; par conséquent elle est un élément de la sainteté. «Tu es le Saint; les louanges d’Israël environnent ton trône». (Psaume 22:4)
    3° La sainteté de Dieu, son amour saint et rédempteur est la source d’une joie et d’une louange permanentes. Louez Dieu journellement pour cette grâce. Mais vous ne pouvez le faire que si vous
vivez de cette vie de sainteté.
    4° L’esprit de crainte de l’Eternel et l’esprit de louanges peuvent au premier abord paraître ne pas s’accorder. Mais il n’en n’est rien. L’humilité qui craint le Dieu Saint le loue en même temps. «Vous qui craignez l’Eternel, louez-le.» Plus nous nous tiendrons humblement dans la crainte de Dieu et la défiance de nous-mêmes, plus sûrement nous serons élevés par lui quand il en sera temps.

SEPTIÈME JOUR  Sainteté et obéissance

    Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et amenés vers moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi; vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. (Exode 19:4-6)

    Israël est arrivé en Horeb. La loi va lui être donnée et l’alliance conclue. Or voici les premières paroles que l’Eternel adresse à son peuple. Il lui parle de la rédemption dont il vient d’être l’objet: «Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle», puis des bénédictions qui découlent de cette rédemption: la communion avec lui: «Vous avez vu, leur dit-il, comment... je vous ai amenés vers moi». Il parle de la sainteté: je vous ai amenés vers moi comme du but qu’il avait en vue en rachetant son peuple. Et le lien qu’il établit entre la rédemption et la sainteté, c’est l’obéissance: «Si vous écoutez ma voix..., vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte». La volonté de Dieu, voilà l’expression de sa sainteté! Dans la mesure où nous faisons sa volonté, dans cette mesure nous entrons en contact avec la sainteté de Dieu. Nous avons donc raison de dire que le lien qui existe entre la rédemption et la sainteté c’est l’obéissance.
    Ceci nous rappelle ce que nous avons vu en Eden. Dieu sanctifia le septième jour afin que ce jour sanctifiât l’homme. Et que fit d’abord l’Eternel en vue de cet objet? Il donna à l’homme un commandement. L’obéissance à ce commandement aurait ouvert à l’homme la porte de la sainteté de Dieu. La sainteté est un attribut moral; et la morale c’est ce qu’une volonté libre choisit et décide pour elle-même. Ce que Dieu crée et donne ne peut, naturellement, être que bon; ce que l’homme veut de Dieu et de sa volonté, ce qu’il s’en approprie réellement, a une valeur morale et conduit à la sainteté. Dieu a manifesté sa volonté sage et bonne dans la création. Sa volonté sainte il l’exprime dans ses commandements. Or, dans la mesure où cette volonté sainte se rend maîtresse de la volonté de l’homme, et où l’homme accepte la volonté de Dieu et s’y soumet, dans cette mesure il devient saint. Après la création, au septième jour, Dieu fit entrer l’homme dans son oeuvre de sanctification afin de l’amener à la sainteté. L’obéissance est le chemin de la sainteté, parce qu’elle est le chemin par lequel la volonté de l’homme s’unit à la volonté sainte de Dieu.
    Pour l’homme avant la chute comme pour l’homme après la chute, dans la rédemption ici-bas, comme dans la gloire du ciel, parmi les anges, comme auprès de Christ lui-même, le Saint de Dieu, l’obéissance est le chemin de la sainteté; mais lorsque la volonté de l’homme se dispose à accepter et à faire la volonté de Dieu, Dieu se communique à l’homme avec sa sainteté. Obéir à sa voix c’est donc le suivre lorsqu’il nous conduit dans la voie d’une pleine révélation et d’une communication complète de sa personne divine, comme du Saint des saints. L’’obéissance avons-nous dit, non la connaissance de la volonté de Dieu, non pas même l’approbation, ni même la volonté de faire cette volonté, mais la pratique de la justice. La connaissance, l’approbation de cette volonté et l’intention de la faire doivent conduire à la pratique, à l’action, car la volonté de Dieu doit être faite. «Si vous obéissez à ma voix vous serez pour moi une nation sainte». Ce n’est donc point la foi, ni le culte, ni la profession que Dieu demande d’abord de son peuple, quand il lui parle de sainteté, c’est l’obéissance. La volonté de Dieu doit être «faite sur la terre comme elle est faite dans le ciel»,—«afin, dit l’Eternel à son peuple, que vous vous rappeliez et que vous exécutiez tous mes ordres, et que vous soyez saints pour votre Dieu». (Nombres 15:40) «Conservez-vous donc saints, et soyez saints, car je suis l’Eternel votre Dieu. Et gardez mes statuts et vous y conformez. Je suis l’Eternel qui veux vous sanctifier». (Lévitique 20:7:8) «Observez aussi mes commandements et pratiquez-les. Je suis l’Eternel. Et ne profanez pas mon saint nom, afin que ma sainteté se montre au milieu des enfants d’Israël. Je suis l’Eternel qui vous ai consacrés, qui vous ai tirés du pays d’Egypte pour être votre Dieu. Je suis l’Eternel». (Lévitique 22:31-33)
    Un moment de réflexion suffira pour nous faire comprendre clairement la raison de ce que nous venons de dire. En effet, c’est dans ce qu’il fait que l’homme manifeste ce qu’il est. Je puis savoir ce qui est bon, et cependant ne pas l’approuver. Je puis l’approuver et cependant ne pas le vouloir.
    Je puis en une certaine mesure le vouloir et manquer cependant de l’énergie, de l’esprit de renoncement et de la force qui me fera me lever pour agir et pour faire ce qui doit être fait. Il est plus aisé de penser, que de vouloir, et plus aisé de vouloir que de faire. Dieu exige que sa volonté soit faite. Faire sa volonté, voilà ce qui seul peut s’appeler de l’obéissance. Et c’est en ceci seulement qu’on peut voir si le cœur entier, avec toutes ses énergies et sa volonté, s’est livré à la volonté de Dieu, si nous vivons cette volonté et si nous sommes prêts à la faire nôtre, en l’accomplissant, même au prix de tous les sacrifices.
    Dieu ne nous a pas révélé d’autre voie pour nous rendre saints. «Vous garderez mes statuts et vous vous y conformerez. Je suis l’Eternel qui veux vous sanctifier».
    Pour tous ceux qui soupirent après la sainteté et qui la recherchent de tout leur cœur, ceci a une importance capitale. L’obéissance,-nous l’avons vu, n’est pas la sainteté; la sainteté est quelque chose de beaucoup plus élevé encore, quelque chose qui vient de Dieu jusqu’à nous, ou plutôt quelque chose de Dieu venant en nous. Mais l’obéissance est indispensable à la sainteté; celle-ci ne peut exister sans celle-là. C’est pourquoi, tandis que votre cœur s’attache à suivre l’enseignement de la Parole de Dieu, tandis que vos regards s’arrêtent avec foi sur ce que Dieu a fait lorsqu’il vous a mis à part pour que vous fussiez saints en Christ, et sur ce qu’il fera encore par l’Esprit de sainteté quand il accomplira cette promesse: «Le Dieu de paix vous sanctifie entièrement», n’oubliez jamais un seul instant d’être obéissants. «Si vous écoutez ma voix, vous serez pour moi une nation sainte». Commencez par faire immédiatement ce que vous savez devoir être fait.
    Renoncez sans hésiter à ce que votre conscience vous dit ne pas être conforme à la volonté de Dieu. Non seulement priez pour que la lumière et la force vous soient données, mais agissez, faites ce que Dieu vous commande. «Quiconque fera la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est celui-là qui est mon frère, et ma sœur et ma mère», dit le Sauveur.
    Faire la volonté de Dieu sera toujours la nourriture solide, la force de tout enfant de Dieu. Devenir chrétien n’implique pas moins que l’abandon de tout notre être à cette vie de simple et entière obéissance. Dans nos prières, dans nos efforts pour arriver à une pleine paix, au repos de la foi, à une joie permanente et à une augmentation de vie chrétienne en nous, il y a eu quelque secrète cause qui a empêché la bénédiction du Seigneur de venir jusqu’à nous, ou qui nous a privés bien vite de ce que nous avions cru avoir acquis. Et peut-être que cette cause secrète n’a été, après tout, qu’une vue erronée de notre part sur l’absolue nécessité de l’obéissance. On ne peut insister avec trop de sérieux sur ce point, c’est que la libre et puissante grâce de Dieu a pour objet, dès le jour de notre conversion, de restaurer en nous une obéissance active, et l’harmonie de notre volonté avec celle de Dieu, obéissance et harmonie, que l’homme a perdues par sort péché en Eden.
    L’obéissance conduit à Dieu et à sa sainteté. C’est dans l’obéissance que notre volonté est moulée, que notre caractère est façonné, que l’homme intérieur, que Dieu peut alors vêtir et orner de la beauté de la sainteté, est renouvelé, reconstruit.
    Lorsqu’un chrétien fait la découverte que c’est là l’anneau qui a manqué à la chaîne de sa vie chrétienne, là qu’a été la cause de ses échecs et des ténèbres de son âme, il n’a qu’une chose à faire, c’est, par un acte décisif de libre abandon à Dieu, de choisir l’obéissance, une obéissance entière, sur toute la ligne, comme la loi, qui, par la puissance du Saint-Esprit, régira désormais toute sa vie intérieure. Qu’il ne craigne pas de faire siennes les paroles qu’Israël prononça au pied du Sinaï, en réponse au message que Moïse lui apportait de la part de l’Eternel: Nous ferons tout ce que l’Eternel a commandé.. (Exode 19:8) Nous exécuterons tous les ordres qu’a prescrits l’Eternel.. {Exode 24:3}
    Ce que la loi ne pouvait accomplir, parce qu’elle était faible en la chair, Dieu l’a fait par le don de son Saint-Esprit. Au don de la loi en Sinaï, sur des tables de pierre, a succédé le don de la loi de l’Esprit sur les tables de notre cœur; le Saint-Esprit est la puissance qui rend possible l’obéissance.
    Il est l’Esprit de sainteté qui, par l’obéissance, prépare notre cœur à devenir la demeure du Saint des saints. «Si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance». La voix est plus qu’une loi ou un livre; elle implique toujours une personne vivante et des rapports personnels avec elle. Là est le secret de l’obéissance selon l’Evangile: entendre la voix de Jésus, le suivre comme un Ami personnel, comme un Sauveur vivant. C’est le fait d’être conduits par le Saint-Esprit, de l’avoir en nous, pour nous révéler la présence, la volonté et l’amour du Père, qui produit en nous cette relation personnelle que le Nouveau Testament a en vue quand il nous dit de faire tout pour le Seigneur, et comme pour plaire à Dieu.
    Une pareille obéissance est le chemin qui mène à la sainteté. Chaque acte d’obéissance est un anneau de la chaîne qui nous relie au Dieu vivant, un abandon de tout notre être à la volonté de Dieu, pour qu’il prenne possession de nous. C’est par cette opération d’assimilation, opération lente mais sûre, par laquelle la volonté de Dieu, comme nourriture solide de notre âme, est prise par notre homme intérieur, que notre nature spirituelle est fortifiée, spiritualisée, et qu’elle s’élève pour être un temple saint au Seigneur, un temple dans lequel Dieu peut se révéler et faire sa demeure.
    Que tout croyant s’étudie non seulement à connaître ces choses, mais à les réaliser dans sa vie de tous les jours. De même que dans la création Dieu a fait une oeuvre graduelle, et que ce n’est que le septième jour qu’il a sanctifié, pour que l’homme fût sanctifié par ce jour-là, de même la révélation et la communication à l’homme de la sainteté doivent être graduelles, selon que l’homme est préparé à les recevoir. L’œuvre de sanctification que Dieu fait en chacun de nous, comme celle qu’il accomplit dans la race humaine, demande du temps. Or, le temps que cette oeuvre exige c’est une vie d’obéissance de chaque jour, de chaque heure. Tout ce qui est dépensé en volonté propre et non en relation vivante avec le Seigneur est perdu. Mais lorsque le cœur prête journellement l’oreille à la voix qui vient d’en haut pour y obéir, le Seigneur lui-même veille à ce que sa promesse s’accomplisse: «Vous me serez, une nation sainte». Alors, dans une mesure dont l’âme croyante n’avait auparavant aucune idée, Dieu couvre de son ombre le cœur obéissant et vient y établir sa demeure. L’habitude sainte d’écouter sans cesse la voix de Dieu pour y obéir constituera l’édification même du temple dont Paul dit: «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?» Le Dieu vivant lui-même, le Saint des saints viendra l’habiter. La gloire du Seigneur remplira ce temple et la promesse: «Ma gloire rendra ce lieu
saint», (Ex 29:43) s’accomplira.
    «Je vous ai amenés vers moi. Si vous écoutez ma voix, vous serez pour moi une nation sainte». Vous qui cherchez la sainteté, sachez que Dieu vous a amenés vers lui» Et maintenant sa voix vous fait entendre toutes les pensées de son cœur à votre égard, afin que, si vous les recevez et si vous faites de ses pensées vos pensées, et de sa volonté votre volonté pour vivre et pour agir, vous entriez dans une communion plus intime avec lui, une communion de volonté et de vie, et que vous deveniez pour lui «un peuple saint». Que l’obéissance, que l’attention que vous donnez à la voix de Dieu et à la pratique de sa volonté soient la joie et la gloire de votre vie; ainsi vous aurez accès à la sainteté de Dieu. «Soyez saints, car je suis saint».

    O mon Dieu! tu m’as racheté pour toi-même, afin que tu puisses me posséder entièrement, remplissant mon être intime de ta ressemblance, de ta volonté parfaite, de la gloire de ta sainteté. Et tu veux m’enseigner, dans la force d’une volonté libre et aimante, à prendre ta volonté et à la faire mienne, afin que dans le centre même de mon être, intérieur, je possède ta perfection habitant en moi. Et tu me révèles ta volonté dans tes commandements, dans tes paroles, afin que selon que je les accepte et que je les garde, je puisse arriver à faire ta volonté, à vouloir tout ce que tu veux.
    O mon Dieu! fais-moi vivre jour après jour dans ta communion, que j’entende, en effet ta voix, la voix du Dieu vivant parlant à mon âme. Que ton Saint-Esprit, l’Esprit de sainteté, soit pour moi la voix qui me guide dans le chemin d’une obéissance simple et enfantine. Je te bénis de ce que tu m’as fait voir que Christ, en qui je suis saint, a été d’une obéissance parfaite, que, par obéissance, il s’est sanctifié afin de devenir ma sanctification, et qu’en demeurant en lui, ton Fils bien-aimé, le Saint, je puis demeurer dans ta volonté, telle qu’il l’a faite une fois pour nous; dans cette volonté qui doit être faite par moi. O mon Dieu! je veux obéir à ta volonté; fais de moi un membre de ta nation sainte, ton joyau au milieu des peuples. Amen.

    1° «Jésus-Christ fut obéissant jusqu’à la mort.—Quoique fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes.—Je viens, ô Dieu! pour faire ta volonté.—C’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés.» L’exemple de Christ nous enseigne que l’obéissance est le seul chemin qui conduit à la sainteté ou en d’autres termes à la gloire de Dieu. Que notre consécration soit donc un renoncement à tout pour chercher et pour faire la volonté de Dieu.
    2° Nous sommes saints «en Christ», en ce Christ qui a fait la volonté de Dieu, et qui a été «obéissant jusqu’à la mort». C’est «en lui» que nous sommes; «en lui» que nous avons été sanctifiés. Son obéissance est le terrain dans lequel nous avons été plantés, et dans lequel nous devons pousser de profondes - racines. «Ma nourriture, disait Jésus c’est de faire la volonté de mon Père.» L’obéissance était l’aliment habituel de sa vie; en faisant la volonté de Dieu, il faisait descendre dans son âme le divin aliment dont elle avait besoin. Il doit en être de même de nous.
    3° Saints en Christ. «Christ s’est sanctifié lui-même pour nous» par l’obéissance, en faisant la volonté de Dieu; et c’est par cette volonté accomplie par lui «que nous avons été sanctifiés». En acceptant cette volonté, telle qu’elle a été faite par lui; en l’acceptant lui, je suis saint. En acceptant cette volonté de Dieu comme devant être faite par moi, je deviens saint. Je suis en lui; par chacun des actes d’obéissance accomplis par moi, j’entre dans une communion vivante avec lui, et je fais descendre dans ma vie la puissance de sa vie.
    4° L’obéissance dépend de la manière dont j’écoute la voix de Dieu. Ne vous imaginez pas connaître la volonté de Dieu. Mais priez et attendez que le Saint-Esprit vous enseigne et vous conduise dans toute la vérité.

HUITIÈME JOUR  Sainteté et habitation

    Ils me feront un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux. {Exode 25:8} Je me rencontrerai là avec les enfants d’Israël, et ce lieu sera sanctifié par ma gloire. J’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je serai leur Dieu. {Exode 29:43,45}

    La présence de Dieu rend saint, même alors qu’elle ne descend que pour un peu de temps, comme ce fut le cas en Horeb dans le buisson ardent. Combien plus cette présence doit-elle rendre saint le lieu qu’elle habite en permanence! Il en fut tellement ainsi que le lieu que Dieu habita fut appelé le lieu saint, «le lieu saint des tabernacles du Très-Haut». {Psaume 46}
    Tout ce qui entourait cette sainte demeure était saint; la sainte cité, la montagne de la sainteté de Dieu, sa maison sainte, jusqu’à ce que nous entrions au delà du voile, dans le lieu très saint, le saint des saints. C’est en sa qualité de Dieu qui habite, de Dieu demeurant chez les siens, au milieu de son peuple, qu’il sanctifie sa maison, qu’il se révèle en Israël comme le Dieu saint et qu’il nous sanctifie. Parce que Dieu est saint, la maison qu’il habite est sainte aussi. C’est là le seul attribut de Dieu qu’il puisse communiquer à sa maison; mais cet attribut il le communique. Parmi les hommes il existe un lien très intime entre le caractère d’une maison et ceux qui l’occupent.
    Lorsqu’il n’y a pas d’obstacles qui s’y opposent, la maison reflète inconsciemment la ressemblance du maître. La sainteté n’exprime pas tant un attribut comme elle exprime l’essence même de Dieu dans ses perfections infinies; et sa maison rend témoignage à cette vérité que là où Dieu habite, là doit être la sainteté, que son habitation dans un lieu quelconque rend ce lieu saint. Lorsque pour la première fois Dieu commanda à son peuple de lui édifier un lieu saint, il leur fit distinctement comprendre que c’était pour en faire sa demeure au milieu d’eux. L’habitation de Dieu dans cette demeure devait être le type de l’habitation de Dieu, au milieu de son peuple. La maison avec sa sainteté nous conduit ainsi à la sainteté de son habitation au milieu de ses rachetés.
    Le lieu saint, habitation de la sainteté de Dieu, était le centre même de toute l’œuvre de Dieu pour sanctifier Israël. Tout ce qui touchait au lieu saint était saint. Les sacrificateurs, l’autel, les sacrifices, l’huile, le pain, les vases, tout était saint, parce que tout appartenait à Dieu. De la demeure sainte deux voix se faisaient entendre: l’une était l’appel de Dieu à être saint, l’autre, la promesse de Dieu de sanctifier. Le droit de Dieu se manifestait sous la forme d’exigences de purification, d’expiation, de sainteté de tous ceux qui s’approchaient de lui, sacrificateurs aussi bien qu’adorateurs. Et la promesse rayonnait du saint lieu; Dieu sanctifiant par l’autel, par le sang et par l’huile sainte. Le lieu saint personnifiait les deux aspects de la sainteté: celui qui repousse ou effraie, et celui qui attire, celui qui condamne et celui qui sauve. Ici en tenant le peuple à distance, là en l’invitant, en le rapprochant. La maison de Dieu était le grand symbole de sa propre sainteté. Il s’était approché afin de demeurer même au milieu d’eux; et cependant, il ne leur était pas permis de s’approcher, d’entrer dans le lieu secret de son tabernacle, de sa sainte présence.
    Toutes ces choses ont été écrites pour notre instruction. C’est en tant qu’il habite au milieu de son peuple que Dieu est en même temps pour ce peuple Celui qui le sanctifie: une présence permanente seule peut sanctifier. Cela ressort avec une évidente clarté si nous remarquons que plus la présence de Dieu était immédiate, plus était élevé le degré de sainteté. Parce que Dieu habitait au milieu d’eux, le camp était saint; toute souillure devait en être éloignée avec soin. Mais la sainteté du parvis entourant le tabernacle était plus grande; des souillures tolérées dans le camp ne pouvaient l’être dans le parvis. Puis le lieu saint était encore plus saint, parce qu’il était plus près de Dieu.
    Enfin le sanctuaire intérieur, où la présence de Dieu habitait sur le propitiatoire, était le lieu très saint, le lieu le plus saint. Et ce principe est ferme: la sainteté se mesure par la proximité de Dieu; plus sa présence est réelle, plus la sainteté est vraie; une habitation parfaite de Dieu dans un lieu, dans un cœur, communiquera à ce lieu, à ce cœur une parfaite sainteté. Personne n’est saint sinon le Seigneur; il n’y a de sainteté qu’en lui. Il ne peut se séparer d’une partie de sa sainteté et nous la communiquer séparément de sa personne divine; seulement nous avons d’autant plus de sainteté que nous avons Dieu habitant en nous. Et pour l’avoir lui, vraiment, pleinement, nous devons l’avoir comme Celui qui habite en nous par la foi.
    Il n’y a pas d’union aussi intime, aussi réelle, aussi parfaite que celle d’une vie qui vient habiter en nous. Voyez la vie qui circule dans un arbre vigoureux et fertile. Comme elle en pénètre et en remplit toutes les parties! Comme elle unit d’une manière inséparable tout l’ensemble aussi longtemps qu’elle existe réellement! Cette vie est la vie de la nature, la vie de l’Esprit de Dieu qui réside et agit dans la nature. C’est la même vie que celle qui anime nos corps, l’esprit de la nature, pénétrant toutes les parties de celle-ci de la puissance de sentir et d’agir. {3}
    L’habitation de l’Esprit qui produit cette vie nouvelle par laquelle Dieu fait du croyant sa demeure n’est pas moins intime. Que dis-je? Elle est plus merveilleuse et plus réelle si possible. Et c’est lorsque cette habitation devient une question de foi ardente et comme une sainte passion que l’âme obéit au commandement: «Ils me feront un sanctuaire et j’habiterai au milieu d’eux», et qu’elle expérimente la vérité de cette promesse: «Ce lieu sera sanctifié par ma gloire, j’habiterai au milieu des enfants d’Israël». C’est comme celui qui habite au milieu de son peuple, que Dieu se révéla en son Fils, qu’il a sanctifié et qu’il a envoyé dans le monde. Plus d’une fois le Seigneur a insisté là-dessus: «Croyez-moi que je suis dans le Père et que le Père est en moi; le Père qui demeure en moi est Celui qui fait les oeuvres». C’est spécialement comme temples de Dieu que les croyants sont souvent appelés saints dans le Nouveau Testament: «Le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple».—«Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous».—«Tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint au Seigneur». C’est, ainsi que nous le comprendrons mieux plus tard, parce que c’est par l’Esprit que le cœur est préparé à l’habitation de Christ en nous, et que cette habitation est effectuée et maintenue, que l’Esprit prend d’une manière toute spéciale l’attribut de saint. L’Esprit qui vient habiter en nous c’est le Saint-Esprit. La mesure dans laquelle il habite en nous, ou plutôt dans laquelle il nous révèle l’habitation de Christ en nous, voilà la mesure de la sainteté.
    Nous avons vu quels étaient les différents degrés de la proximité, de la présence de Dieu en Israël. Ces divers degrés se retrouvent aujourd’hui. Il y a des chrétiens qui demeurent dans le camp, mais qui savent peu ce que c’est que de s’approcher du lieu saint. Puis, il y a les chrétiens qui appartiennent au parvis extérieur; ils soupirent après le pardon, la paix; ils reviennent sans cesse à l’autel des expiations; mais ils ne connaissent que peu ou point la vraie proximité de Dieu, la sainteté, leurs privilèges de sacrificateurs d’entrer dans le lieu saint. D’autres, qui savent que c’est là leur sainte vocation, qui désirent ardemment entrer, et qui cependant; comprennent avec peine la hardiesse qu’ils ont d’entrer dans le lieu très saint et d’y demeurer. Heureux sont ceux à qui ce secret: de l’Eternel a été révélé! Il» savent ce que signifie le voile du temple déchiré du haut en’ bas, et ce qu’est l’accès à la présence immédiate du Saint. Le voile a été ôté de leur cœur; ils ont compris que le secret de la vraie sainteté est dans l’habitation du Saint en nous, du Dieu qui est saint et qui sanctifie. Croyant! le Dieu qui t’appelle à la sainteté est le Dieu qui apporte la vie à l’âme qui le reçoit. Le tabernacle en est le type; le Fils nous le révèle; l’Esprit nous le communique; la gloire éternelle le manifestera pleinement. Et vous pouvez en faire vous-même l’expérience. En tant que croyants, c’est notre vocation d’être de saints temples de Dieu. Oh! livrez-vous sans réserve à cette parfaite habitation de Christ en vous. Ne cherchez pas la sainteté d’abord en ce que vous êtes ou en ce que vous faites, mais cherchez-la en Dieu. Ne la cherchez pas même comme un don de Dieu, cherchez-la en Dieu, dans sa présence habitant en vous. Adorez-le dans la beauté de sa sainteté, comme Celui qui habite dans les lieux hauts et saints. Et quand vous l’adorez, écoutez-le vous dire: «Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint; j’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; mais je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits». (Esaïe 57:15) C’est dans la mesure où l’Esprit nous fortifie puissamment dans l’homme intérieur, tellement que Christ habite dans nos cœurs par la foi, et que le Père vient et fait sa demeure avec Christ en nous, que nous sommes véritablement saints. Oh! que, aussi complètement que le tabernacle ou le temple était consacré à la demeure du Très-Haut, l’habitation de sa sainteté, nous nous livrions absolument à lui par une entière et vraie consécration! Une maison remplie de la gloire de Dieu, un cœur rempli de toute la plénitude de Dieu, voilà la promesse de Dieu, voilà notre portion, notre héritage. Qu’avec foi nous demandions, acceptions, retenions fermement cette grâce: Christ, le Saint de Dieu, venant au nom de son Père, entrer dans notre âme et en prendre possession. Alors la foi apportera la solution de toutes nos difficultés, la victoire par laquelle nous triompherons de toutes nos chutes, et par laquelle aussi nous verrons l’accomplissement de tous nos désirs. Le secret révélé de la vraie sainteté, le secret de la joie ineffable, c’est Christ habitant dans le cœur par la foi.

    «Soyez saints, car je suis saint». Nous fléchissons les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, pour qu’il nous accorde, selon les richesses de sa gloire, ce qu’il nous a enseigné à lui demander. Nous ne demandons rien moins que ceci, savoir que Christ habite dans nos cœurs par la foi. Nous désirons ardemment cette habitation bénie, permanente, consciente du Seigneur Jésus dans notre cœur, habitation qu’il a clairement promise comme le fruit de l’effusion du Saint-Esprit. O Père! nous te demandons ce que ton Fils entendait quand Il disait: «Je l’aimerai et je me ferai connaître à lui. Nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui». Oh! Accorde-nous cette habitation de Christ dans nos cœurs par la foi! Et veuille, en conséquence, nous t’en supplions, nous accorder d’être puissamment fortifiés par ton Esprit dans l’homme intérieur.
    O Dieu très bon! entends notre prière, notre supplication. Nous nous prosternons humblement à tes pieds. Nous faisons valoir devant toi les richesses de ta gloire. Nous te louons, ô notre Dieu! toi qui es puissant pour faire au delà de ce que nous osons demander ou penser. Nous nous attendons à toi. Que ce ne soit plus nous qui vivions, mais Christ en nous! Nous te le demandons au nom de ton Fils. Amen.

    1° L’habitation de Dieu au milieu d’Israël était le grand fait central auquel étaient subordonnés comme préparatoires tous les commandements concernant la sainteté. De même, l’œuvre du Saint-Esprit a son point culminant dans l’habitation personnelle de Christ en nous. Ayez, cela en vue, et attendez-le. (Jean 14:12,23 Ephésiens 3:16)
    2° Le tabernacle avec ses trois divisions était, comme pour d’autres vérités spirituelles, l’image de la triple nature de l’homme. Notre esprit est le lieu très saint, où Dieu veut habiter, et où le Saint-Esprit est donné. La vie de l’âme, avec sa puissance de sentir, de savoir et de vouloir, est le lieu saint. Et la vie extérieure du corps, la conduite, l’action, est la cour ou le parvis extérieur.
    Commencez à croire que l’Esprit demeure dans le sanctuaire le plus intime, où son action est secrète et cachée. Honorez-le, en vous confiant en lui pour le travail, en vous livrant à lui dans une silencieuse adoration devant Dieu. De l’intérieur, il prendra possession de vos pensées, de votre volonté; il remplira même le parvis extérieur, le corps, de la sainteté de Dieu. «Le Dieu de paix lui-même vous sanctifiera tout entiers, et tout ce qui est en vous, l’esprit, l’âme et le corps, sera conservé irrépréhensible pour l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. Celui qui vous a appelés est fidèle, et il le fera».
{3} Voir Psychologie biblique du Dr Beck.—Tubingue

NEUVIÈME JOUR  Sainteté et médiation

    Tu feras une lame d’or pur et tu y graveras: Sainteté à l’Eternel. Elle sera sur le front d’Aaron, et Aaron sera chargé des iniquités commises par les enfants d’Israël en faisant toutes leurs saintes offrandes; elle sera constamment sur son front devant l’Eternel pour qu’il leur soit favorable. {Exode 28:30:38}

    La maison de Dieu devait être le lieu de la demeure de sa sainteté, le lieu où il devait se révéler comme le Saint, dont on ne devait s’approcher qu’avec crainte et tremblement, et comme Celui qui sanctifie, attirant à lui tous ceux qui désirent être faits participants de sa sainteté. Le centre de la révélation de sa présence, et de sa présence en tant qu’elle sanctifie, se trouvait dans la personne du souverain Sacrificateur, en sa double qualité de représentant de Dieu dans ses rapports avec l’homme, et de l’homme dans ses rapports avec Dieu. Il est la personnification de la sainteté divine sous une forme humaine, et de la sainteté humaine comme don de Dieu, pour autant que la dispensation des symboles et de l’ombre des choses à venir pouvait le présenter et l’exprimer. En lui, Dieu s’approchait pour sanctifier et bénir son peuple; en lui, le peuple venait à Dieu et s’en approchait. Et cependant le jour même des expiations, jour dans lequel il était permis au grand prêtre d’entrer dans le lieu très saint, ce jour-là, dis-je, était une preuve bien évidente de la souillure de l’homme et de son incapacité de demeurer en la présence de Dieu. Lui, le souverain Sacrificateur, preuve évidente de la souillure d’Israël, était cependant un type et comme une image du Sauveur attendu, notre bien-aimé Seigneur Jésus-Christ, représentation merveilleuse du chemin par lequel, dans les âges futurs, la sainteté deviendrait la portion de son peuple.
    Parmi les nombreux points, par lesquels le souverain Sacrificateur typifiait Christ comme notre sanctification, il n’en était peut-être aucun qui fût plus suggestif et plus beau que la tiare sainte qu’il portait sur son front. Tout ce qu’il portait devait être saint. Ses vêtements étaient de saints vêtements. Mais il devait y avoir une chose dans laquelle cette sainteté atteignait sa pleine et entière manifestation. Sur le front du souverain Sacrificateur devait se trouver une lame d’or avec ces mots gravés dessus: SAINTETÉ A L’ÉTERNEL.
    Tous devaient y lire que l’objet suprême de son existence, la chose pour laquelle il vivait, c’était d’être la personnification, le porteur de la sainteté divine, l’élu par le moyen duquel la sainteté de Dieu devait découler en bénédictions sur le peuple.
    Le moyen par lequel la bénédiction de cette sainte tiare devait agir était très remarquable. En portant «SAINTETÉ A L’ÉTERNEL» sur son front, il doit, ainsi que nous le lisons, «être chargé des iniquités commises par les enfants d’Israël, en faisant toutes leurs saintes offrandes, afin que l’Eternel leur soit favorable». Pour chaque péché, un sacrifice ou quelque moyen d’expiation avait été institué. Mais que faire pour ce péché qui s’attache au sacrifice même ou à quelque partie du service religieux lui-même? «Tu désire la vérité dans le cœur». De quel poids douloureux peut et doit être oppressé le «vrai adorateur» par le sentiment que son humiliation, ses pénitences, sa foi, son amour, son obéissance, sa consécration, tout est imparfait et souillé! Eh bien là même Dieu y avait pourvu. La sainteté du grand prêtre couvrait le péché et la souillure des choses saintes qu’il offrait. La tiare sainte, placée sur son front, était pour l’adorateur de l’Eternel une garantie que la sainteté du grand prêtre le rendait acceptable devant Dieu. Si lui, adorateur du Dieu saint, était souillé, il s’en trouvait un au milieu de ses frères qui était saint, un qui avait une sainteté dont il pouvait se prévaloir et sur laquelle il pouvait compter. Il pouvait s’adresser au grand prêtre, non seulement comme à celui qui faisait l’expiation par l’aspersion du sang, mais qui pouvait aussi, dans sa propre personne, lui assurer une sainteté qui le rendrait lui et son offrande acceptables devant Dieu. Dans le sentiment de sa souillure, il pouvait se réjouir de ce que Dieu lui avait donné un médiateur, se réjouir de la sainteté d’un autre que lui-même, du grand prêtre que Dieu avait établi pour son peuple.
    N’avons-nous pas là une précieuse leçon, nous faisant faire un pas en avant dans le chemin de la sainteté ? A notre question: «Comment Dieu rend-il saint?» nous avons cette réponse divine: «Par le moyen d’un homme que la sainteté de Dieu a choisi pour y faire sa demeure, et dont la sainteté est nôtre, en tant que nous sommes ses frères, les membres de son corps; par une sainteté qui a une telle efficace que les péchés mêmes des choses saintes que nous faisons sont ôtés, et que nous pouvons entrer en la sainte présence de Dieu avec l’assurance d’être agréables à ses yeux».
    Et n’est-ce pas là précisément l’enseignement que plus d’un chercheur sérieux de la sainteté demande? Ils savent tous ce que la Parole enseigne concernant l’expiation, et le pardon complet qu’elle a procuré. Ils croient à l’amour infini du Père, et à ce qu’il est prêt à faire pour eux. Et cependant quand ils entendent parler de la simplicité enfantine, de l’assurance que donne la foi, de l’abandon absolu que le Père attend de ceux qui viennent à lui et qui reçoivent cette bénédiction, leur cœur tremble et leur fait défaut. C’est comme si la bénédiction dans ces conditions était hors de leur portée. A quoi leur sert d’entendre dire que le Saint s’approche si près d’eux? leur souillure les rend impropres à réclamer ou à saisir la présence qui s’offre à eux. Mais voyez comment le Saint révèle ici le moyen qu’il emploie pour nous sanctifier et nous préparer à la communion de sa sainteté. En Celui qui est son Elu, comme Médiateur, la sainteté est préparée, conservée précieusement pour tous ceux qui viennent à Dieu par lui. Quand je me prosterne, que je prie et que j’adore et que je sens tout ce qu’il me manque de l’humilité, de la ferveur, de la foi que Dieu est en droit d’attendre de moi, je puis regarder au souverain Sacrificateur dans sa sainteté, à la tiare sainte qu’il porte sur son front, et croire que l’iniquité, le péché, qui s’est attaché à mon service pour Dieu, a été porté par lui et ôté. Je puis savoir avec certitude que malgré tous mes manquements et toute mon indignité, mes prières sont acceptées comme une odeur de bonne senteur, comme «le parfum du soir». Je puis regarder au Dieu trois fois saint et le voir me sourire pour l’amour de son Oint. «La lame d’or sera constamment sur son front devant l’Eternel pour qu’il leur soit favorable». C’est là la précieuse vérité de la substitution «un pour tous», de la médiation; c’est le moyen choisi de Dieu pour nous sanctifier. Le sacrifice de l’adorateur israélite est saint et acceptable en vertu de la sainteté d’un autre.
    Les ombres de l’Ancien Testament ne peuvent jamais représenter d’une manière parfaitement adéquate, précise, les réalités du Nouveau Testament, avec sa plénitude de grâce et de vérité. A mesure que nous avancerons dans notre étude nous verrons que la sainteté de Jésus, notre sanctification, ne nous est pas seulement imputée, mais nous est communiquée, parce que nous sommes en Lui; le nouvel homme que nous avons revêtu a été créé en vraie sainteté. Nous ne sommes pas seulement considérés comme saints, nous sommes saints; nous avons reçu une nature nouvelle, sainte, en Jésus-Christ. «Car Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous issus d’un seul. C’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler frères». (Hébreux 2:11) C’est notre union vivante avec Jésus, le Saint de Dieu, qui nous a procuré une nature nouvelle et sainte, plus encore, un droit, une part à la sainteté qui est en Jésus. Et ainsi, aussi souvent qu’il nous arrive de sentir combien nous sommes éloignés encore de la sainteté, ou combien notre souillure est grande, nous nous plaçons sous le couvert de la sainteté de Jésus, avec la pleine assurance que nous et notre offrande sommes agréables à Dieu, dans son Bien-Aimé. Quelle que soit la faiblesse de notre foi, l’insuffisance de notre désir de glorifier Dieu, et malgré tout ce qui manque à notre amour, à notre zèle, lorsque nos regards s’arrêtent sur Jésus, lorsque nous voyons sur son front divin la lame d’or avec «SAINTETÉ A L’ETERNEL», nous sentons que nous pouvons tourner notre visage vers lui afin de recevoir son divin sourire qui nous dit que nous sommes pleinement approuvés de Dieu et acceptés devant Lui.
    Au livre du prophète Zacharie, nous lisons que dans «le jour de l’Eternel, les clochettes des chevaux porteront SAINTETÉ A L’ETERNEL». La devise du grand prêtre sera devenue alors le mot d’ordre de la vie journalière; chaque objet d’art ou servant à notre usage, sera saint aussi; de la tête, la sainteté descendra jusqu’aux bords des vêtements. Mais commençons à réaliser la sainteté de Jésus dans sa puissance pour couvrir l’iniquité qui s’attache même à notre service pour Dieu. Faisons-en l’épreuve et ne permettons pas plus longtemps à notre indignité de nous retenir ou de nous faire douter; croyons que nous et notre service sommes acceptés parce que nous sommes saints en Christ, le Seigneur; vivons dans le sentiment de cette acceptation et entrons dans une communion vivante avec le Saint. A mesure que nous entrerons et que nous habiterons dans la sainteté de Jésus, cette sainteté entrera et habitera en nous. Elle prendra possession de notre vie entière et y répandra sa puissance conquérante, jusqu’à ce qu’il nous arrive, à nous aussi, que sur toutes les choses qui nous appartiennent, brillera en lettres de feu cette parole: «SAINTETÉ A L’ETERNEL». Et nous ferons encore cette expérience, combien la voie, le chemin de Dieu pour la sainteté part incessamment d’un centre, et ici le centre est notre nature renouvelée, et s’étend en cercles toujours plus étendus, prouvant la puissance de la sainteté. Demeurons seulement enveloppés de la sainteté de Jésus lorsqu’il ôte l’iniquité du service que nous rendons à Dieu, car il veut nous rendre, nous et notre vie, saints au Seigneur. «Soyez saints, car je suis saint».

    O mon Dieu, mon Père! mon âme te loue: et te bénit pour cette admirable révélation de ce que sont tes voies et ta grâce pour ceux que tu as appelés «saints en Christ». Père saint! ouvre nos yeux, afin que nous voyions, et nos cœurs, afin que nous comprenions la signification de cette tiare sainte que tu nous fais voir sur le front de notre souverain Sacrificateur, avec cette devise merveilleuse et bénie: «SAINTETÉ A L’ETERNEL». Amen.

    1° La sainteté n’est pas quelque chose que je puisse voir ou admirer en moi; la sainteté pour moi c’est de me mettre à couvert, de me perdre dans la sainteté de Jésus. Et plus j’aurais vu et saisi la sainteté de Jésus, moins je chercherai et verrai de la sainteté en moi.
    2° Il me rendra saint; mon caractère, mes dispositions seront renouvelés; mon cœur, mon esprit seront purifiés, sanctifiés. La sainteté sera une nouvelle nature; et cependant, ce sentiment humiliant et joyeux en même temps demeurerai toujours: «Ce n’est pas moi, mais Christ qui vit en moi».
    3° Faisons-nous bien petits et bien dociles devant Dieu, afin que le Saint-Esprit puisse nous révéler
ce que c’est que d’être saint de la sainteté d’un autre, de la sainteté de Jésus, c’est-à-dire de la sainteté de Dieu.
    4° Si nous réunissons maintenant les enseignements que nous avons trouvés dans la Parole depuis Eden jusqu’ici, nous voyons que les éléments de la sainteté en nous sont les suivants, correspondant chacun à quelque aspect spécial de la sainteté de Dieu: profond repos (chap. III); humble respect (chapitre V); entier abandon ou don de soi-même à Dieu (chapitre V); joyeuse adoration (chapitre VI); Simple obéissance (chap. VII). Tout ceci préparant à la divine habitation du chapitre VIII, habitation à laquelle nous participons, si nous demeurons en Jésus, qui porte sur son front la tiare de sainteté.

DIXIÈME JOUR  Sainteté et séparation

    Je suis l’Eternel votre Dieu, qui vous ai séparés des peuples. Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Eternel: je vous ai séparés des peuples afin que vous soyez à moi. (Lévitique 20:24,26)
    Jusqu’à l’accomplissement des jours pour lesquels le nazaréen s’est consacré à l’Eternel, il sera saint. Pendant tout le temps de son naziréat, il sera consacré à l’Eternel. (Nombres 6:5,8)
    C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. {Hébreux 13:12,13}

    La séparation n’est pas la sainteté, mais c’est le chemin qui y conduit. Quoi qu’il ne puisse y avoir de sainteté sans séparation, il peut y avoir une séparation qui ne conduit pas à la sainteté. Il est de la plus haute importance ici de comprendre et la différence et la relation, afin d’être préservés de l’erreur grossière de compter la séparation seule comme sainteté, aussi bien que de cette autre erreur, non moins grossière, de chercher la sainteté sans la séparation.
    Le mot hébreu employé pour désigner la sainteté vient très probablement d’une racine qui signifie séparation, mis à part, ou séparer. Mais là où, dans nos traductions, nous avons «séparé» ou a retranché», «ou mis à part», nous avons des mots tout à fait différents. {4} Le mot employé pour «saint» l’est exclusivement pour exprimer cette idée spéciale. Et quoique l’idée de saint renferme toujours celle de séparation, la sainteté renferme en réalité quelque chose d’infiniment plus élevé; il est d’une très grande importance de bien comprendre ceci, parce que le fait d’être mis a part pour Dieu, l’abandon de tout notre être aux droits qu’il a sur nous, la consécration à son service, sont trop souvent considérés comme si c’était cela qui constitue la sainteté. Nous ne pouvons assez insister sur ce point, c’est que tout cela n’en est que le commencement, la présupposition: la sainteté elle-même est infiniment plus que cela; ce n’est ni ce que je suis, ni ce que je fais, ni ce que je donne qui est la sainteté, mais ce que Dieu est, ce qu’il donne et ce qu’il fait pour moi, en moi. C’est Dieu prenant possession de moi qui me sanctifie; c’est la présence et la gloire de Dieu qui me rend réellement saint. Une étude attentive des paroles de l’Eternel à son peuple nous le rendra évident. Huit fois nous trouvons dans le livre du Lévitique cette expression: «Vous serez saints, car je suis saint».
    La sainteté est l’attribut le plus élevé de Dieu, non seulement comme expression de ses rapports avec Israël, mais de son être même, de son essence, de sa perfection infinie. Et quoique ce ne soit qu’à pas lents et gradués qu’il peut faire comprendre à notre esprit charnel ce que cela signifie, cependant, dès l’origine il dit à son peuple que son but est qu’ils soient faits semblables à lui, saints parce que et comme il est saint. Me dire que Dieu sépare, met à part des hommes pour lui-même, afin qu’ils soient siens, comme lui-même se donne pour être leur Dieu, me parle bien d’une relation qui existe, mais ne me dit encore rien de la vraie nature de cet Etre saint, ou de la valeur essentielle de la sainteté qu’il veut me communiquer. La séparation, ce n’est que la mise à part, la prise de possession du vase, pour être purifié et utilisé; ce qui lui donne sa réelle valeur c’est l’action de le remplir du précieux contenu. La sainteté, c’est le divin remplissage, sans lequel la séparation nous laisse vides. La séparation n’est donc pas la sainteté. Mais la séparation est essentielle à la sainteté. «Je vous ai séparés des autres peuples, vous serez saints pour moi».
    Jusqu’à ce que j’aie choisi un vase et que je l’aie séparé de ceux qui l’entourent, et, si c’est nécessaire, purifié, je ne puis ni le remplir, ni l’employer. Je dois l’avoir en mains, à mon entière disposition, sinon je ne pourrai le remplir de lait ou de vin précieux.
    C’est précisément ainsi que Dieu sépara son peuple quand il le transporta d’Egypte, le mettant à part pour lui-même lorsqu’il leur donna son alliance et sa loi, afin de les avoir sous son contrôle et sous sa puissante main pour exécuter son dessein qui était de les rendre saints. Il ne pouvait arriver à ce résultat qu’en les mettant à part, et en éveillant en eux le sentiment qu’ils étaient son peuple particulier, entièrement et uniquement siens, jusqu’à ce qu’enfin il leur eût enseigné à se séparer eux-mêmes pour lui. La séparation est essentielle à la sainteté.
    L’institution du naziréat (Nombres6)} confirme ce que je viens de dire, et montre aussi jusqu’à l’évidence ce que signifie la séparation. Israël devait être dans la pensée de Dieu une nation sainte. Sa sainteté était tout particulièrement typifiée dans ses prêtres. Quant à l’Israélite, comme individu, il ne nous en est jamais parlé dans les livres de Moïse comme d’un homme qui soit saint. Mais il y avait des ordonnances par le moyen desquelles l’Israélite qui voulait montrer son désir d’être entièrement saint pouvait le faire. Il pouvait se séparer de la vie ordinaire de son peuple et vivre de la vie d’un naziréen, une vie séparée. Cette vie-là était considérée dans ces temps d’ombres et de types, comme la sainteté: «Pendant tout le temps de son naziréat, il sera saint (consacré) à l’Eternel». (Nombres 6:5:8) La séparation consistait spécialement en trois choses: Sa tempérance, ou plutôt l’abstinence de fruits et de vin; la pénitence ou l’humiliation: le ciseau ni le rasoir ne devaient toucher la barbe ou les cheveux du naziréen «c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux»; (1Corinthiens 11:14) le renoncement à soi-même, en ne se souillant ni pour un père, ni pour une mère à l’occasion de leur mort. Remarquons particulièrement ceci, c’est que la séparation ne concernait pas les choses illégitimes, mais les choses légitimes. Il n’y avait rien de criminel en soi dans le fait qu’Abraham vivait dans la maison de son père, ou qu’Israël vivait en Egypte. C’est en abandonnant, non seulement ce qui peut être prouvé comme péché, mais tout ce qui pourrait empêcher la plénitude de l’abandon de nous-mêmes entre les mains de Dieu afin qu’il nous sanctifie, que l’esprit de séparation se manifeste.
    Recueillons les leçons que cette vérité nous enseigne. Et d’abord nous devons connaître la nécessité de la séparation. Ce n’est pas une exigence arbitraire de notre Dieu, mais c’est dans la nature des choses que cette exigence a son fondement. Séparer une chose, c’est l’affranchir en vue d’une utilité spéciale ou d’un but, tellement qu’elle puisse avec une «énergie entière accomplir la volonté de celui qui la choisit, et réaliser ainsi sa destinée. C’est le principe qui se trouve à la base de toute la division du travail; une séparation, complète en vue d’une branche d’études ou de travail est la condition indispensable du succès et de la perfection. On voit souvent à la lisière d’un bois un arbre qui est séparé de tous ses compagnons de la forêt; son tronc énorme, ses branches puissantes et étendues prouvent évidemment combien il lui a été utile d’être séparé, d’avoir pour lui tout seul une large étendue de terrain dans lequel ses racines puissent pousser sans obstacles, et ses branches s’étendre à volonté; là est le secret de sa croissance et de sa grandeur remarquables. Nos capacités, comme hommes, sont limitées. Si Dieu doit prendre pleinement possession de nous; si nous voulons jouir pleinement de lui, la séparation pour lui n’est que la simple et naturelle condition requise. Dieu nous veut tout entiers pour lui afin qu’il puisse se donner tout entier à nous.
    Nous devons ensuite connaître le but de la séparation. C’est afin que nous soyons trouvés dans cette situation que Dieu a décrite en ces mots: «Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Eternel; je vous ai séparés des peuples afin que vous soyez à moi». Dieu nous a séparés pour lui-même, dans toute l’étendue du sens de cette parole, et cela afin de pouvoir entrer en nous et se montrer lui-même à nous. Sa sainteté est la somme et le centre de toutes ses perfections; c’est afin de nous rendre saints comme lui, qu’il nous a séparés. La séparation n’a jamais de valeur en elle-même; elle peut être un grand mal et nous devenir nuisible; tout dépend de l’objet qu’elle a en vue. C’est dans la mesure où Dieu obtient et prend pleine possession de nous, dans la mesure où la vie de Christ se rend maîtresse de notre être tout entier, dans la mesure où le Saint-Esprit nous pénètre entièrement et nous remplit tellement que nous demeurons en Dieu et qu’il demeure en nous, que la séparation sera non une chose d’observances, d’ordonnances, mais de réalité spirituelle. Et c’est lorsque ce dessein de Dieu à notre égard sera vu, compris, accepté et suivi que la question difficile de savoir de quoi nous devons nous séparer et quelle est la somme de sacrifices que la séparation demande de nous, trouvera une solution facile. Dieu nous sépare de tout ce qui ne nous conduit pas à sa sainteté et à sa communion.
    Nous avons besoin surtout de connaître la puissance de la séparation, la puissance qui nous y fait entrer dans un esprit d’ardeur, de joie, de liberté et d’amour. Le grand mot qui, dans le langage humain, sépare et unit tout à la fois, c’est le mot mien. C’est dans ce mot que nous trouvons le grand ressort de l’effort et du bonheur; chez l’enfant avec-ses joujoux, dans le travail avec ses gains et sa récompense, chez le patriote qui meurt pour son pays, c’est le mot mien qui met l’accent sur ce qui est séparé de toute autre chose. C’est le grand mot dont l’amour fait usage. Que ce soit l’enfant qui dise à sa mère: «Ma mère», et qui entend la réponse: «Mon fils, mon enfant»; que ce soit le fiancé qui prenne de la maison de ses parents «celle qui est devenue sienne, ou que ce soit le Dieu saint qui dise: «Je vous ai séparés des peuples afin que vous soyez à moi», c’est toujours avec ce mot mien, que l’amour exerce son pouvoir et attire à lui, pour le séparer de tout le reste, ce qu’il demande. Dieu lui-même ne connaît pas d’arguments plus puissants, n’emploie pas d’attraits plus énergiques que ces paroles: «Afin que vous soyez à moi». Et la puissance de la séparation, la force nécessaire pour que nous nous séparions pour Dieu, nous sera communiquée, et agira en nous, dans la mesure où nous nous livrerons à l’étude et à la réalisation de ce but saint, que nous écouterons attentivement et apprécierons à sa juste valeur ce mot merveilleux: à moi, et dans la mesure aussi où nous nous laisserons saisir et posséder par l’amour puissant qui nous a faits siens. Etudions pas à pas le chemin merveilleux dans lequel l’amour divin fait son oeuvre de séparation. Il nous en prépare la voie par la rédemption. Israël est séparé de l’Egypte par le sang de l’Agneau pascal et par la colonne de nuée et de feu. Dans le commandement que l’Eternel leur donne: «Sortez et séparez-vous», son amour réveille l’homme en vue de l’action; et dans cette promesse: «Je te serai Dieu», l’amour divin stimule le désir de croire et fortifie la foi. Dans tous les saints, dans tous les serviteurs de Dieu, et enfin dans Celui qui était saint, sans tache, séparé des pécheurs, l’amour divin indique le chemin. Par la puissance du Saint-Esprit, de l’Esprit de sainteté, cet amour scelle la séparation par la présence même de Dieu, d’un Dieu qui demeure dans l’âme qui le reçoit. Voilà, en effet, ce qui donne à la séparation une réelle puissance. La puissance sanctifiante de la présence de Dieu, voilà ce qu’il nous importe de connaître. «A quoi connaîtra-ton que nous avons trouvé grâce devant tes yeux, et moi, et ton peuple? Ne sera-ce pas quand tu marcheras avec nous, et quand nous serons distingués (separated) moi et ton peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre?». {Exode 33:16}
    C’est le sentiment de la présence de Dieu qui nous a faits et nous maintient siens, qui produit la vraie séparation du monde et de l’esprit qui y règne, la séparation de nous-mêmes et de notre volonté propre. Et c’est dans la mesure où cette séparation est acceptée et appréciée par nous, et que nous y persévérons, que la sainteté de Dieu entre en nous et prend possession de tout notre être. Et nous ferons cette expérience qu’être la propriété du Seigneur, son peuple particulier, c’est infiniment plus que d’être simplement comptés et reconnus pour siens. Nous comprendrons que cela ne signifie rien moins que ceci, savoir: que Dieu, par l’habitation du Saint-Esprit en nous, remplit notre être, nos affections, notre volonté de sa propre vie et de sa sainteté. Il nous sépare pour lui, et il nous sanctifie pour que nous soyons, nous, le lieu de sa demeure, où il habite. Il vient lui-même pour prendre personnellement possession de notre cœur en y faisant habiter Christ par la foi. Nous sommes alors vraiment séparés, et tenus à part, par la présence de Dieu en nous. «Soyez saints, car je suis saint».

    O mon Dieu! qui m’as séparé pour toi, je t’en supplie, fais par ta vertu toute-puissante que cette séparation soit pour moi une vérité, un fait. Qu’en moi, dans les profondeurs de mon propre esprit, et qu’au dehors, dans mes rapports avec mes frères, la tiare sainte qui doit me séparer pour toi soit placée constamment sur mon front. Je te prie surtout, ô mon Dieu! d’achever cette puissance de séparation pour tout ce qui concerne ma vieille nature. Que ta présence, par l’habitation de Christ en moi, soit le pouvoir qui renverse le MOI de son trône. O mon Père! Révèle pleinement ton Fils en moi. Le fait seul qu’il sera le Roi de mon âme pourra me garder pour toi, comme ta propriété. Et accorde-moi cette grâce, Seigneur, que pour ma vie extérieure j’attende toute sagesse de toi, afin que je puisse rendre témoignage, pour ta gloire et pour les besoins de ton peuple, au bonheur qu’il y a dans un abandon de toutes choses entre tes mains, dans une séparation absolue et sans réserve, et dans le fait d’être à toi, et à toi seulement.
    O Dieu saint! visite ton peuple. Oh! sépare tes rachetés et éloigne-les de toute conformité avec le monde. Sépare, ô Seigneur! sépare les tiens pour toi; sépare-les comme le feu sépare l’or des scories, afin qu’on voie qui sont ceux qui sont au Seigneur, ses saints. Amen.

    1° L’amour sépare efficacement. Avec quel amour jaloux un mari réclame sa femme, une mère son enfant, un avare ce qu’il possède! Demandez à Dieu qu’il vous montre par son Saint-Esprit comment il vous a amenés vers lui pour que vous fussiez siens. «Il est un Dieu saint et jaloux». L’amour de Dieu répandu dans le cœur rend la séparation facile.
    2° La mort sépare efficacement. Si je fais mon compte d’être vraiment mort avec Christ, je suis séparé de mon moi par la puissance de la’ mort de Christ. La vie sépare encore plus puissamment quand je dis: «Ce n’est pas moi qui vis, mais Christ qui vit en moi». Je suis élevé d’autant au-dessus de la vie du moi, de toute vie qui me soit personnelle.
    3° La séparation commence dans l’amour et finit de même. L’esprit de séparation, c’est l’esprit de renoncement, d’abandon complet de soi-même à l’amour de Dieu; le chrétien le mieux séparé sera celui qui aime d’un plus grand amour, qui en gagne le plus par l’amour, celui qui est le plus complètement consacré au service de Dieu et de ses frères. L’amour qui se sacrifie, qui se donne, n’est-ce pas là ce qui sépare, ce qui distingue Jésus de tous les autres hommes? Voilà quelle a été pour lui sa séparation, par laquelle et dans laquelle nous devons lui être faits semblables.
    4° La sainteté de Dieu, c’est sa séparation; entrons dans cette séparation du monde qui est la sienne, ce sera notre sainteté. Unis-toi à ton Dieu, tu seras alors séparé et saint. Dieu sépare pour lui-même, non par un acte venant du dehors, mais lorsque sa volonté et sa présence prennent possession de notre cœur.
{4} Voir la note B à la fin du volume.

ONZIÈME JOUR  Le Saint d’Israël

    Car je suis l’Eternel, votre Dieu, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. (Lévitique 11:45)
    Le prêtre sera saint pour toi. car je suis saint, moi l’Eternel qui vous sanctifie. (Lévitique 21:8)
     Je suis l’Eternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur.—Ainsi parle l’Eternel, votre Rédempteur, le Saint d’Israël—Je suis l’Eternel, votre Saint, le Créateur d’Israël, votre Roi. {Esaïe 43:3,14,15}

    Dans le livre de l’Exode nous avons vu Dieu faisant provision de sainteté pour son peuple. Dans les jours saints, les lieux saints, les personnes saintes, les choses saintes et les services saints, il enseignait à son peuple que tout ce qui l’entoure, lui, le Saint, que tout ce qui veut s’approcher de lui doit être saint. Il ne voulait demeurer qu’au milieu de la sainteté; son peuple devait être un peuple saint. Mais il n’est pas fait mention là de Dieu lui-même comme Saint. Dans le livre du Lévitique nous faisons un pas de plus. {5} D’abord nous voyons Dieu parler de sa propre sainteté, et faire de cette sainteté une justification de la sainteté réclamée par lui de son peuple, en même temps que la garantie et la puissance de ce peuple. Sans cela la révélation de la sainteté serait incomplète, et l’appel à la sainteté impuissant. La vraie sainteté viendra à nous quand nous apprendrons que Dieu lui-même seul est saint. C’est lui, le Saint, qui seul sanctifie; c’est lorsque nous venons à lui et que nous sommes liés à lui par l’amour et l’obéissance que sa sainteté nous est communiquée.
    Du Pentateuque au livre d’Esaïe, le prophète, il est rarement fait mention du nom de Dieu comme Saint, mais dans le livre de ce prophète, qu’on a pu appeler le prophète-évangéliste, nous l’y trouvons vingt-six fois, et sa vraie signification est révélée par la manière avec laquelle ce nom est lié au nom du Sauveur et Rédempteur. Les sentiments de joie, de confiance et de louanges avec lesquels un peuple racheté regarderait à son Libérateur sont tous mentionnés en relation avec le nom du Saint. «Pousse des cris de joie et d’allégresse, habitant de Sion! car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël». (Esaïe 19 : 6)} «Les pauvres feront du Saint d’Israël le sujet de leur allégresse». (Esaïe 29:19) «Tu te réjouiras en l’Eternel et tu mettras ta gloire dans le Saint d’Israël». (Esaïe 41:6)} En Eden nous avons vu que le Dieu créateur était aussi le Dieu qui sanctifie, perfectionnant ainsi l’œuvre de ses mains.
    En Israël nous avons vu que Dieu, le Rédempteur, était en même temps le Dieu qui sanctifie le peuple qu’il s’est choisi pour lui-même. Ici, dans le livre d’Esaïe, nous voyons que c’est ce Dieu qui sanctifie, lui, le Saint, qui doit amener la grande rédemption de la nouvelle Alliance, et cela en tant qu’il est le Saint, le Rédempteur. Dieu rachète parce qu’il est saint: la sainteté sera la rédemption amenée à sa perfection. La rédemption et la sainteté se trouvent dans des relations personnelles avec Dieu. La clef du secret de la sainteté offerte à tout croyant se trouve dans cette parole: «Ainsi parle l’Eternel, votre Rédempteur, le Saint d’Israël: Je suis l’Eternel, votre Saint». S’approcher du Saint, le reconnaître, le posséder, et être possédé par lui, c’est la sainteté.
    Si la sainteté de Dieu est la seule espérance de notre sainteté, il est juste que nous cherchions à savoir ce qu’est cette sainteté. Et remarquons tout d’abord que, quoique cette sainteté de Dieu nous soit souvent présentée comme un attribut divin, il est difficile de la mettre sur le même pied que les autres attributs. 
    Les autres attributs ont tous rapport à quelque caractère spécial de la nature divine; la sainteté, au contraire, semble exprimer ce qui fait l’essence même ou la perfection de l’Etre divin lui-même. Aucun des attributs ne peut être donné comme indiquant tout ce qui appartient à Dieu; mais l’Ecriture parle du saint nom de Dieu, de son saint jour, de sa sainte demeure, de sa sainte Parole. Dans le mot saint nous avons l’expression la plus juste possible pour exprimer le sommaire de toutes les perfections divines, la description de ce qu’est la divinité. Nous parlons des autres attributs comme de perfections divines, mais ici, dans la sainteté, nous avons la seule expression que le langage humain puisse employer pour la perfection divine elle-même. C’est pourquoi les théologiens ont une si grande difficulté à donner une définition qui exprime assez exactement ce que ce mot signifie. {6}
     Le mot original hébreu, qu’il dérive d’une racine signifiant séparer, mettre à part, ou d’une autre signifiant briller, exprime l’idée d’une chose distincte des autres, séparée d’elles par une excellence supérieure. Dieu est différent et séparé de tout ce qui a été créé, et il se tient séparé de tout ce qui n’est pas Dieu; en tant que le Saint il maintient sa gloire et sa perfection divines contre tout ce qui voudrait y porter atteinte. «II n’y a point d’autre Saint que l’Eternel».—«A qui me comparerez-vous pour que je lui ressemble?» dit le Saint. En tant que le Saint, Dieu est, en effet, l’Incomparable; la sainteté lui appartient à lui seul; il n’y a rien de semblable dans les cieux et sur la terre, sinon lorsqu’il communique cette sainteté. Par conséquent, notre sainteté devra consister, non dans une séparation humaine dans laquelle nous chercherions à imiter celle de Dieu, non, mais à entrer dans ce qui constitue sa séparation, lui appartenir tout entiers, être mis à part par lui et pour lui.
    A cette dernière idée est rattachée intimement l’idée de l’exaltation. «Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint». (Esaïe 47:15) C’était le Saint que le prophète vit sur un trône très élevé, l’objet de l’adoration des séraphins. (Esaïe 6) Dans le Psaume (Psaume 99) il est spécialement parlé de la sainteté de Dieu en relation avec son exaltation: «Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous devant son marchepied! Il est saint!»—«Il est élevé au-dessus de tous les peuples». Pour cette raison aussi sa sainteté est souvent mise en rapport avec sa gloire et sa majesté. (Voir le sixième jour). Et ici nous verrons que notre sainteté n’est que cette pauvreté d’esprit, cette humilité qui nous viennent lorsque la fierté de l’homme est humiliée, et que le Seigneur seul est exalté.
    Et maintenant si nous demandons d’une manière plus précise en quoi consiste cette séparation et cette exaltation, nous en venons à penser à la pureté divine, et cela non seulement sous son aspect négatif, comme haine, horreur du péché, mais avec l’élément plus positif de la beauté parfaite.
    Parce que nous sommes pécheurs et que la révélation de la sainteté de Dieu nous est faite dans un monde de péché, il est juste et convenable que la première impression, que l’impression qui demeure, soit celle d’une pureté infinie, qui ne peut soutenir la vue du péché, et en la présence de laquelle le pécheur doit se cacher la face et trembler. La justice de Dieu, défendant, condamnant, punissant le péché, a ses racines dans sa sainteté, elle est l’un de ses deux éléments: la puissance dévorante et destructive du feu consumant. «Le Dieu saint sera sanctifié par la justice»; (Esa 5:16) la sainteté du Dieu saint est révélée et maintenue par la justice. La lumière ne révèle pas seulement ce qui est impur, afin qu’il soit purifié, mais elle est encore en elle-même d’une beauté infinie. Aussi quelques-uns des hommes les plus saints que l’Eglise ait connu n’ont-ils pas hésité de parler de la sainteté de Dieu comme de la beauté infinie de l’Etre divin, la parfaite pureté et la beauté de cette lumière inaccessible dans laquelle Dieu habite. Et si la sainteté de Dieu doit devenir nôtre, doit demeurer sur nous, entrer en nous, il doit y avoir sans cesse dans notre âme la crainte salutaire qui fait trembler à la pensée, de contrister par nos péchés l’infinie sensibilité du Dieu saint; et, en même temps, en parfaite harmonie avec ce saint tremblement, le désir ardent, profond, de contempler la beauté de l’Eternel, une vive admiration de sa gloire divine et un don joyeux et complet de soi-même à Dieu.
    Mais nous devons faire un pas de plus. Quand Dieu dit: «Je suis saint; je suis l’Eternel qui vous sanctifie», nous voyons qu’un des principaux éléments de sa sainteté est celui-ci, c’est qu’elle cherche à se communiquer, à rendre les hommes participants de sa propre perfection et des bénédictions qu’elle apporte; ce qui n’est pas autre chose que l’amour. Dans la merveilleuse révélation qui, dans le livre d’Esaïe, nous enseigne ce qu’est le Saint pour son peuple, nous devons prendre garde de ne pas tordre la précieuse parole. Il n’y est pas dit, en effet, que quoique Dieu soit le Saint, qu’il haïsse le péché, et qu’il doive le punir et le détruire, néanmoins il veut nous sauver. Nullement ! Mais nous y voyons, au contraire, que parce qu’il est le Saint, précisément parce qu’il est le Saint, dont la joie et les délices sont de sanctifier, il veut être le Libérateur de son peuple-. (Voir Osée 2:9)
    C’est à rechercher la sainteté, à la contempler, à mettre en elle notre confiance et à nous en réjouir que nous sommes invités pardessus toute autre chose. Le Dieu saint est le Dieu qui sanctifie; il nous rachète et nous sauve afin de gagner notre confiance, afin de nous attirer à lui, comme à Celui qui est saint, et afin que par un attachement personnel à lui-même nous puissions apprendre à obéir, à devenir un même esprit avec lui, à être saints comme il est saint.
    La sainteté divine est donc cette perfection infinie de la divinité, dans laquelle la justice et l’amour sont en parfaite harmonie, harmonie d’ailleurs dont elle procède et qu’elles révèlent l’une et l’autre. C’est cette énergie de la vie divine dans la puissance de laquelle Dieu reste non seulement éloigné de toute faiblesse et de tout péché de la créature, mais encore par laquelle il cherche incessamment à élever la créature à une union avec lui et à une pleine participation de sa propre pureté et de sa perfection. La gloire de Dieu, comme Dieu, comme le Dieu de la rédemption, c’est sa sainteté. C’est en cela que, même au-dessus de tout ce que nous pouvons concevoir, la séparation et l’exaltation de Dieu consiste réellement. «Dieu est lumière»; par sa pureté infinie il révèle toutes ténèbres et n’a cependant aucune communion avec les ténèbres. Il les juge et les condamne; il en délivre le pécheur et l’élève jusqu’à la communion de sa propre pureté et de sa félicité. Voilà le Saint d’Israël. C’est ce Dieu-là qui nous parle et nous dit; «Je suis l’Eternel, votre Dieu, je suis saint, je sanctifie».
    C’est dans la contemplation pleine d’adoration de sa sainteté, dans un abandon plein de confiance à cette sainteté, dans une communion d’amour avec lui, le Saint, que nous pouvons être rendus saints. Mon frère, veux-tu être saint? Ecoute, et, dans le silence et le recueillement d’une âme qui a foi en Dieu, laisse descendre dans ton âme les paroles qu’il t’adresse, lui, ton Saint, «le Saint d’Israël». Viens à lui, et réclame-le comme ton Dieu, et demande de lui tout ce que, comme Dieu saint, qui sanctifie, il peut faire pour toi. Souviens-toi que la sainteté c’est lui-même. Viens à lui; adore-le; donne-lui gloire. Ne cherche pas ou plutôt, ne lui demande pas une sainteté qui puisse se trouver en toi-même; que ton moi soit dans la poussière ! Et sois heureux que la sainteté vienne de lui uniquement. Selon que sa présence remplira ton cœur, que sa sainteté et sa gloire seront ton unique désir, que sa sainte volonté et son amour feront tes délices, enfin, selon que le Dieu saint sera tout en toi, tout pour toi, dans cette mesure tu seras saint de la sainteté qu’il aime à voir chez les siens. Et selon que jusqu’à la fin tu ne verras rien à admirer en toi, et qu’en lui tu ne verras que beauté, dans cette mesure encore tu comprendras qu’il t’a revêtu de sa gloire, et tu trouveras ta sainteté dans cet hymne du peuple de Dieu: «Il n’y a point d’autre saint que toi, ô Eternel!» «Soyez saints, car je suis saint».

    O Dieu! nous avons entendu encore une fois la merveilleuse révélation que tu nous as faite de Toi: «Je suis saint». Et comme nous avons senti combien ta sainteté est infiniment exaltée au-dessus de toutes nos pensées, nous avons entendu ton appel plus merveilleux encore: «Soyez saints, car je suis-saint». Et alors que nous ne savions comment arriver à comprendre de quelle manière nous devions devenir saints comme toi-même es saint, nous avons entendu ta voix nous dire encore cette parole admirable: «Je vous sanctifie. Je suis votre Saint». Amen.

    1° Ce Saint, c’est Dieu, le Tout-Puissant. Avant de se révéler à Israël comme le Saint, il s’était fait connaître à Abraham comme 1e Tout-Puissant, qui ressuscite les morts. {Hébreux 11:19} Dans toute votre conduite avec Dieu, en vue de la sainteté, souvenez-vous qu’il est le Tout-Puissant, qui peut faire en vous des merveilles. Dites souvent: «Gloire à Celui qui peut, par la puissance qu’il déploie en nous, faire infiniment au delà de tout ce que nous demandons et pensons!»
    2° Ce Saint est le Dieu juste, un feu consumant. Jetez-vous vous-mêmes dans ce feu, afin que tout ce qu’il y a en vous de criminel, de coupable soit détruit. Lorsque vous vous placez sur l’autel, attendez-vous à ce que le feu y descende. Et «livrez, consacrez vos membres à Dieu comme des instruments de justice».
    3° Ce Saint est le Dieu d’amour. Il est votre Père; livrez-vous à lui, afin que le Saint-Esprit crie en vous : «Abba!» (Père) en d’autres termes, afin de le laisser répandre abondamment l’amour du Père en vous. La sainteté de Dieu, c’est son amour paternel; notre sainteté, c’est notre ressemblance comme enfants du Père. Soyez simples, aimants, confiants.
    4° Ce Saint, c’est Dieu. Qu’il soit bien réellement Dieu pour vous! Qu’il gouverne tout, remplisse tout, fasse toute l’œuvre en vous. Adorez-le; approchez-vous de lui; vivez avec lui, en lui et pour lui. Il veut être, lui, votre sainteté.
    {5} «Car je suis l’Eternel, votre Dieu; vous vous sanctifiez et vous serez saints, car je suis saint.—Car je suis l’Eternel, votre Dieu, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. (Lévitique 11:44,45) «Soyez saints, cap je suis saint, moi, l’Eternel, votre Dieu.» (Lévitique 19:2) «Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis l’Eternel, votre Dieu: vous observerez mes lois et vous les mettrez en pratique. Je suis l’Eternel, qui vous sanctifie.—Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Eternel; je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi.—Vous ne profanerez point mon saint nom afin que je sois sanctifié au milieu des enfants d’Israël. Je suis l’Eternel, qui vous sanctifie. {Lévitique 20:7:8-20,26; 22:32} «Je suis l’Eternel, qui les sanctifia.» {Lévitique 22:9:16}
{6} Voir la note C pour quelques-unes des différentes définitions données.



(fin de la première partie)

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