S. DELATTRE, ÉDITEUR
PRIVAS (ARDÈCHE) 1933
Edition Numérique Yves
PETRAKIAN 2011
Diffusion gratuite
uniquement en indiquant la source : http://123-bible.com et http://456-bible.123-bible.com/
Préface
Introduction
1. Comment il faut
enseigner
2. Combien cette
bénédiction est glorieuse
3. C'est d'en haut qu'est
venu le don du Saint-Esprit
4. Combien peu jouissent de
cette plénitude
5. Où est l'obstacle ?
6. Comment on obtient cette
grâce
7. Comment conserver cette
grâce
8. Comment accroître encore
notre trésor
9. Comment cette grâce
atteint son plein épanouissement
10. Ne crains point, crois
seulement
11. La bénédiction est pour
tous, sans exception
12. Nécessité d'une
consécration sans réserve
PRÉFACE
Une étude approfondie de l’œuvre du
Saint-Esprit, pour peu qu'on la fasse à un point de vue pratique, aboutira
toujours à la glorieuse promesse de Christ : « Celui qui croit en Moi, des
fleuves d'eau vive jailliront de son sein ».
En présence de cette parole magistrale, il
ne suffit pas de constater nos déficits, il s'agit de la prendre au sérieux, de
la croire réalisable, et de chercher quelles sont les conditions à remplir pour
que cette merveilleuse promesse ait en nous son plein accomplissement.
C'est lorsque Christ lui-même deviendra
pour nous tout ce que Dieu veut qu'il soit notre Rédempteur et notre Maître,
notre Sacrificateur et notre Roi, que Son Esprit, le Saint-Esprit, sera répandu
à flots dans nos cœurs, et nous communiquera Sa vie en abondance.
Mon attention ayant été attirée par un
frère sur l'épître aux Hébreux à ce propos, j'ai essayé de montrer dans mon
ouvrage intitulé Le Lieu Très Saint comment le Saint-Esprit nous dévoile le
chemin du Lieu très saint, tel que l'a frayé pour nous le Sang de Christ, et
comment il nous invite à faire, par la foi, de ce Lieu très saint notre
résidence. Pour que l'Esprit puisse prendre possession de nous, il faut que nos
cœurs se laissent docilement conduire par Lui dans toute la vérité au sujet de
Christ. C'est en effet pour nous faire connaître Christ que l'Esprit nous est
donné, et c'est dans la mesure où, nous acceptons ce qu'il nous révèle qu'il
peut demeurer et agir en nous, et que s'accomplira pour nous la
promesse
citée il y a un instant.
Que Dieu nous donne de croire simplement
et pleinement en Christ, notre Sacrificateur souverain et notre Roi, et nous
amène à posséder ainsi la plénitude du Saint-Esprit.
Andrew
MURRAY.
INTRODUCTION
Le message de ce petit livre est simple,
mais des plus solennels. C'est que la seule chose nécessaire à l'Église,
celle qu'il faut chercher par-dessus tout d'un commun accord et partout, c'est
d'être rempli de l'Esprit de Dieu.
Afin d'attirer l'attention et les cœurs de
mes lecteurs sur la bénédiction en question, j'insiste particulièrement sur
quelques points principaux, qu'on peut résumer ainsi :
1.
La volonté de Dieu est que chacun de ses enfants vive entièrement et sans
cesse sous la direction du Saint-Esprit.
2.
Individuellement et collectivement, il est absolument impossible de vivre et
de travailler comme Dieu le désire sans être rempli de l'Esprit.
3.
Les preuves abondent, en tout et partout, dans la vie et l'expérience des
chrétiens, pour montrer que cette bénédiction est rare dans l'Église, et qu'on
n'y pense guère, malheureusement.
4.
Elle est cependant à notre disposition et Dieu désire nous l'accorder.
5.
Le principal obstacle à cette bénédiction est le fait que le MOI reste sur
le trône, usurpant la place de Christ.
6.
On ne peut être rempli de l’Esprit que si l'on est prêt à se laisser amener
par le Seigneur-Jésus à l'abandon et au sacrifice de tout, pour avoir cette
perle de grand prix.
Quoique je sente profondément les
imperfections de ce petit volume, j'espère néanmoins que le Seigneur daignera
s'en servir pour faire du bien à son peuple. Nous souffrons trop peu des
déficits de l'Église, aussi ne sera-ce qu'en y mettant le temps et la peine que
nous arriverons à prendre à cœur son état réel et ses besoins, et que nous
comprendrons la valeur de la promesse divine. Nous comprendrons alors aussi,
j'espère, que cette bénédiction est vraiment la seule chose nécessaire,
et qu'il vaut la peine de tout sacrifier pour l'obtenir. J'invite en toute simplicité
les chrétiens à lire et à relire soigneusement ce petit livre. Ce n'est que peu
à peu que ces vérités spirituelles nous deviendront familières et s'empareront
tout à fait de nos cœurs, si nous nous en occupons constamment en nous exerçant
au renoncement.
En relisant ce que j'ai écrit, j'ai
l'impression de n'avoir pas suffisamment insisté sur l'importune, de la prière
persévérante à propos de cette bénédiction. Qu'on ne s'imagine pas que ce petit
livre ait été écrit à titre de préparation à la fête de Pentecôte. Dans
l'Église de Christ, chaque jour doit être une fête de Pentecôte. Il est aussi
impossible à un chrétien de mener une vie conforme à la volonté de Dieu sans
cette bénédiction qu'à n'importe qui de se bien porter sans air pur. C'est donc
d'un bout de l'année à l'autre qu'il s'agit d'être rempli du Saint-Esprit, et
cela en le demandant avec foi.
En effet, il est facile de voir par le
livre des Actes des Apôtres que c'est toujours par la prière qu'on obtient
d'être rempli du Saint-Esprit et d'être conduit par Lui. Ainsi, c'est alors que
les chrétiens d'Antioche jeûnaient et priaient que le Saint-Esprit les jugea
prêts à être les initiateurs des missions lointaines et leur fit mettre à part
Barnabas et Saul pour cette vaste entreprise (Actes 13 : 2, 3).
Il nous faut aussi, pour recevoir la
puissance d'En-Haut, « jeûner », nous affranchir autant que possible des
exigences même légitimes de la vie terrestre, pour vaquer sans distraction à la
prière. Unissons-nous donc, sans lassitude ni découragement. A ces « élus de
Dieu qui crient à Lui jour et nuit » pour que le Saint-Esprit reprenne en
nous-mêmes et dans l'Église la place à laquelle il a droit, qu'il soit honoré
par tous, et puisse révéler à tous les richesses de Christ. Nous ne prierons
pas en vain.
Il n'y a d'ailleurs rien de tel que la
vraie prière pour scruter et purifier le cœur. Elle nous oblige à nous poser
des questions telles que celles-ci : Est-ce que je désire vraiment pardessus
tout ce que je demande? Suis-je prêt à tous les renoncements pour faire place
en mon cœur ou dans ma vie à ce que Dieu me donnera? Est-ce que je reste en
communion avec Dieu, m'attendant à Lui avec une paisible confiance jusqu'à ce
qu'Il m'accorde ce grand don surnaturel, Son Esprit à Lui, et pour que son
Esprit devienne mon esprit, l'esprit de ma vie tout entière?
Oh! Prions donc toujours, ne nous
relâchons point, soyons des intercesseurs fidèles. En faveur de son Église,
sûrs que nos prières parviendront à ses oreilles (Psaume. 18 : 7). Sans doute,
il est souvent « un Dieu qui se cache » (Esaïe 45 : 15). Il met à l'épreuve
notre confiance. Il est souvent tout près de nous à notre insu. Il a son heure
à Lui. Mais s'il tarde, attends-le. Il viendra certainement; ne tardera pas »
(Habaquq. 2 8; Hébreux 10 : 17).
I.
COMMENT IL FAUT L'ENSEIGNER
Paul arriva à Ephèse. Ayant rencontré
quelques disciples, il leur dit : Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que
vous avez cru ? » (Actes 19: 1. 2)
C'était une vingtaine d'années après la première Pentecôte. A son
arrivée à Ephèse, Paul remarque certaines lacunes dans l'expérience ou dans la
foi de quelques disciples. « Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous
avez cru? » Leur demande-t-il d'emblée.
Non, ils n'avaient pas même entendu
parler du Saint-Esprit. C'étaient des disciples de Jean-Baptiste qui les
avaient baptisés du baptême de repentance en attendant Celui qui devait venir;
mais ils ignoraient tout du grand événement de l'effusion du Saint-Esprit, ou
tout au moins de sa signification.
Paul alors les instruit, leur parle du
Sauveur glorifié, et de l'Esprit qu'il a envoyé de la part du Père et qui est à
la disposition de tout croyant. Ils consentent aussitôt avec joie à être baptisés
au nom de ce Sauveur qui baptise du Saint-Esprit ; et dès que Paul a prié pour
eux et leur a imposé les mains, le Saint-Esprit descend sur eux avec puissance,
« ils parlaient en langues et prophétisaient ».
Je voudrais montrer dans ces pages qu'il y
a deux manières de comprendre la vie chrétienne. Tandis que les uns ne
connaissent par expérience que peu de chose de l'action du Saint-Esprit, à peu
près ce qu'on en pouvait connaître sous l'ancienne alliance, les autres le
reçoivent comme l'Hôte divin habitant personnellement dans leur cœur, où il
répand une vie puissante, une plénitude de joie et d'amour. L'Église ne
retrouvera pas sa puissance primitive d'expansion tant qu'elle n'aura pas saisi
l'importance de cette différence, et qu'elle n'aura pas compris que chaque
croyant doit, — c'est la volonté de Dieu, — posséder cette vie débordante.
Examinons maintenant à ce point de vue les
leçons qui ressortent de l'incident d'Ephèse.
1.
Il n'y a de vie chrétienne normale que si l'on a pleinement conscience
d'avoir reçu Saint-Esprit à demeure.
Sinon, à quoi bon la question de Paul? Ces disciples
étaient des croyants, reconnus comme tels. N'était-ce pas suffisant ? Et ceux
qui avaient joui de l’intimité du Seigneur Jésus pendant sa vie. D'où vient qu'il
leur ordonne de ne rien entreprendre avant d'avoir reçu « la promesse du Père ?
» Paul avait aussi vu le Seigneur dans sa gloire céleste, et il avait été amené
par cette vision à la conversion; il fallut cependant, pour compléter l’œuvre
spirituelle, qu'Ananias vint lui imposer les mains, et qu'il reçût le
Saint-Esprit. Alors seulement il put servir de témoin à Christ.
Tous ces faits montrent bien que le
Saint-Esprit agit en nous de deux manières. Dans une première opération
préparatoire, il agit sur nous, pour nous amener à la conversion, en nous
inspirant l'horreur du péché et la foi. Puis vient une seconde phase : nous le
recevons alors comme un don permanent, un Hôte divin, qui se charge de vivifier
l'homme intérieur, créant en nous le vouloir et le faire. C'est là la vie
chrétienne normale dans sa plénitude.
2.
Il y a des disciples de Christ qui connaissent à peine ou qui ignorent
totalement cette présence constante de l'Esprit.
Aussi est-il de toute importance d'insister sur ce
point. Plus nous en serons convaincus, mieux nous pourrons reconnaître les
besoins actuels de l'Église, sans parler des nôtres.
Lorsque le diacre Philippe eut prêché
l’Evangile à Samarie, plusieurs crurent en Jésus et furent baptisés en Son nom.
« Et il y eut une grande joie dans cette ville ». A cette nouvelle, les apôtres
envoyèrent Pierre et Jean en Samarie, où ils prièrent pour les nouveaux
convertis, afin qu'ils reçussent le Saint-Esprit (Actes 8 : 16, 17). Il s'agit
ici d'un don tout différent de l'action du Saint-Esprit qui les avait amenés à
la conversion et à la joie du salut. Le Saint-Esprit descend du ciel maintenant
avec puissance, pour venir faire Sa demeure en eux et remplir leurs cœurs.
Même sans cette nouvelle grâce, les
disciples samaritains auraient bien été des chrétiens, mais des chrétiens
faibles, imparfaits, chancelants. Tels sont de nos jours bien des chrétiens qui
ignorent qu'ils doivent et peuvent être des temples du Saint-Esprit. Malgré ce
qu'il y a en eux de bon et d'aimable, avec tout leur zèle et leur dévouement,
ils ont trop souvent à se débattre contre la faiblesse de leur foi, les
rechutes et les déceptions, simplement pour n'avoir pas été mis en contact avec
la puissance d'En Haut.
3.
Le ministère évangélique doit avoir pour principal objectif de conduire les
croyants au Saint-Esprit.
N'était-ce pas le but de toute l'éducation donnée
par le Seigneur Jésus à ses disciples, de les amener à attendre « la promesse
du Père? » De même Pierre, le jour de la Pentecôte, invite ses auditeurs,
réveillés dans leur conscience, à recevoir le baptême pour la rémission de
leurs péchés, en leur promettant le Saint-Esprit (Actes 2 : 38). Et Paul : « Ne
savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit ? (1Corinthiens 6
:19). « Soyez remplis de l'Esprit » (Ephésiens 5 : 18).
Oui, le besoin suprême du chrétien est de
posséder le Saint-Esprit, et cela de telle façon que toute la vie en soit
imprégnée. Il ne suffit pas que la prédication y fasse allusion de temps à
autre, il faut que le prédicateur s'efforce de faire comprendre à ses auditeurs
qu'il n'y a de vrai culte que là où le Saint-Esprit peut agir librement,
souverainement, et constamment.
4.
Pour conduire les croyants au Saint-Esprit, il importe de mettre le doigt
sur ce qui leur manque.
Tel était le but de la question de Paul :
« Avez-vous reçu le Saint-Esprit ? » On ne boit de l'eau avidement que si l'on
a soif ; on ne s'adresse au médecin que si l'on est malade; de même on
n'accueillera le message de la bénédiction de Pentecôte dans sa plénitude que
si l'on souffre de ses déficits spirituels. Inutile de prêcher un plein salut à
des chrétiens qui s'imaginent n'avoir besoin que d'un peu plus de zèle, de
persévérance dans la prière ou d'énergie spirituelle. Il faut qu'ils découvrent
que leur attitude à l'égard du Saint-Esprit n'est pas ce qu'elle doit être,
qu'ils n'en ont reçu que des arrhes et qu'ils ne le connaissent et ne
l'honorent pas comme l'Hôte divin de leur cœur. Et cette découverte, ils ne la
feront probablement que lorsqu'on leur posera directement et individuellement
la question : Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous avez cru? Lorsque
la réponse sera un sincère et douloureux « non », ce sera l'aube d'une vie
nouvelle.
5.
Pour s'emparer par la foi de cette bénédiction, les croyants ont besoin
d'aide.
Les Actes des Apôtres mentionnent
fréquemment l'imposition des mains et la prière. Même un Paul, dont la
conversion fut amenée par une intervention directe du Seigneur, ne reçut
l'Esprit qu'après l'imposition des mains et la prière d'un Ananias. Les
ministres de l’Évangile, et les croyants, en général, devraient donc être
rendus capables par l'Esprit, de communiquer à d'autres du courage et de la
foi, et d'aider les faibles à s'emparer de la bénédiction; mais tout cela dans
une étroite dépendance de Dieu.
Il n'y a en effet que Dieu qui puisse
donner le Saint-Esprit, Aussi faut-il que celui dont Il se sert pour le
communiquer, comme celui qui désire le recevoir, soit, en communion intime avec
Lui. Tout, don parfait vient d'En Haut : c'est cette certitude qui nous permet
de compter avec une joyeuse assurance sur cette bénédiction dans sa plénitude.
6.
La proclamation et l’appropriation de cette bénédiction rendront à l’Eglise
sa puissance spirituelle primitive.
Soit à Jérusalem, soit vingt ans plus tard à Ephèse,
les dons du « parler en langues » et de la prophétie furent les signes et les
gages des autres glorieux dons de l'Esprit. Si nous voulons avoir aussi cette
vie débordante de l'Église primitive, prêchons de même la possibilité d'être
rempli du Saint-Esprit.
C'est surtout la puissance spirituelle qui
fait défaut à l'Église actuelle, on le reconnaît de plus en plus, aussi bien
pour triompher du péché que pour gagner les âmes. Puisse-t-on en souffrir assez
pour rechercher enfin sérieusement l'unique remède capable de rendre à l'Église
ce qui lui manque!
7.
Le grand besoin de l'Église est de posséder des hommes capables de donner
leur témoignage en faveur de cette bénédiction.
Que ce soient des docteurs comme Pierre et
Paul, des diacres comme Philippe. ou de simples croyants comme Ananias. Il faut
que tous les témoins de Christ, à l'instar de Jean-Baptiste, sachent montrer en
Lui « Celui qui baptise du Saint-Esprit ». C'est à genoux, aujourd'hui comme
aux temps apostoliques, qu'on obtient cette bénédiction, tant pour soi que pour
les autres.
Que chaque lecteur se pose maintenant à
lui-même la question : « Ai-je reçu le Saint-Esprit depuis que j'ai cru? » La
volonté de Dieu à notre égard est que nous soyons remplis de l'Esprit. Qu'en
est-il de notre vie, examinée à la clarté de cette affirmation ? N'ayons pas
peur de confesser nos déficits devant Dieu. Qu'importe que nous ne soyons pas
bien au clair sur ce qu'est cette bénédiction. Les disciples ne l'étaient pas
non plus, ce qui ne les empêcha pas d'attendre dans la prière qu'elle leur fût
accordée. Nous l'obtiendrons certainement aussi, pourvu qu'il n'y ait aucune
résistance ni aucune incrédulité dans nos cœurs.
II.
COMBIEN CETTE BÉNÉDICTION EST GLORIEUSE
Ils furent tous remplis du Saint-Esprit.
(Actes 2 : 4.) C'est toujours à la Pentecôte qu'il en faut revenir, si l'on
désire savoir exactement ce que c'est que d'être rempli du Saint-Esprit. C'est
là qu'on voit tout ce qu'a de glorieux cette bénédiction.
Ce qui rend doublement instructif le grand
événement de la Pentecôte, c'est le fait que nous connaissons assez intimement
ces hommes sur qui l'Esprit fut répandu, avec leurs infirmités et leurs
défauts, de sorte que nous pouvons aisément constater la transformation opérée
par la Pentecôte dans leurs caractères. Ils devinrent des hommes tout nouveaux
au point qu'on a pu sans exagération dire d'eux : « Les choses vieilles sont
passées: toutes choses sont devenues nouvelles ». Ainsi il y a grand profit à
les étudier de près. On voit à quelle espèce de gens le Saint-Esprit peut être
donné comment ils y avaient été préparés; et surtout quelle révolution profonde
s'opère sous l'influence de l'Esprit, lorsqu'Il est reçu dans sa plénitude.
1 La présence constante du Seigneur Jésus dans
le cœur.
Telle est la première et la grande
bénédiction apportée par le Saint-Esprit. Jusqu'alors tout ce que le Seigneur
avait fait pour l'éducation de ses disciples n'avait eu que peu de résultats.
C'est qu'Il n'avait pu être pour eux qu'un Christ extérieur, agissant sur eux
du dehors, par sa parole et son influence personnelle. Grâce au Saint Esprit,
Il peut dorénavant habiter dans leur cœur, devenir, au tréfonds de leur être,
la vie même de leur vie. C'est ce qu'Il leur avait promis : « Je ne vous
laisserai point orphelins; Je viendrai à vous. En ce jour-là vous saurez que je
suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous» (Jean 14 : 18,
20). De cette bénédiction-là découlent toutes les autres.
2.
Demeurant en eux, Christ leur est « fait sanctification » (1Corinthiens
1: 30).
Que de fois, par exemple, le Seigneur ne
les avait-il pas repris en vain pour leur orgueil, les exhortant à l'humilité!
Même à ce dernier repas pascal, ils
s'étaient disputés pour savoir lequel était le plus grand. Pour les arracher à
la tyrannie du péché inhérent à leur nature, il fallait un Sauveur qui habitât
en eux. Tout changea lorsqu'ils Le reçurent par l'Esprit dans son humilité
céleste et sa soumission filiale à son Père, comme dans son abnégation totale.
Il n'existe pas d'autre moyen d'arriver à
une réelle sanctification, à une vie de victoire sur le péché. Ce n'est
qu'ainsi que Christ « nous a été fait, de la part de Dieu, sanctification »,
parce que ce n'est qu'ainsi qu'il peut exercer son action dans nos cœurs.
3.
Le Saint-Esprit inonde le cœur de l'amour de Dieu.
Après l'orgueil, c'est l'égoïsme, ou le
manque d'amour, que le Seigneur avait eu souvent à blâmer chez ses disciples.
Ces deux péchés ont une même racine : la recherche de soi, l'amour du MOI.
Aussi Jésus donne-t-il aux siens un «commandement nouveau » qui doit devenir
comme leur drapeau : « Aimez-vous les uns les autres ». Dans quelle mesure frappante l'amour divin
fut répandu dans leur cœur à la Pentecôte! « La multitude de ceux qui avaient
cru n’était qu'un cœur et qu'une âme. Tout était commun entre eux ». On
respirait parmi eux l'air du ciel, parce que Jésus lui-même était descendu en
eux avec tout son merveilleux amour.
C'est ainsi que, dans sa prière en faveur
des Ephésiens. Paul demande qu'ils soient puissamment fortifiés par l'Esprit,
en sorte que Christ habite dans leur cœur. Puis ajoute : « Afin qu'enracinés et
fondés dans l'amour, vous puissiez connaître l'amour qui surpasse toute
connaissance » (Ephésiens 3 : 16-19). La vie communiquée par l'Esprit de cette
façon plonge ses racines dans l'amour, où elle puise sa joie et sa puissance
triomphante, par le fait que Christ est amour lui-même. Ah! si nous étions tous
remplis de l'Esprit, comme le monde serait obligé de reconnaître qu'il y a dans
l'Église quelque chose de divin!
4.
Sous l'action de l'Esprit, la faiblesse et la lâcheté firent place au
courage et à la puissance.
Malgré leur amour sincère pour leur Maître et leurs
bonnes résolutions, les disciples l'avaient tous abandonné, et Pierre l'avait
renié. Chacun d'eux aurait pu dire « J'ai la volonté, non le pouvoir de faire
le bien » (Romains 7 : 18). A partir de la Pentecôte il en fut autrement. Avec
quelle hardiesse Pierre prêche le Crucifié à la foule hostile, ou déclare au
sanhédrin qu' « il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes! » Et Etienne, et
Paul, et tant d'autres, affrontant les souffrances et la mort ! Quand le cœur
est tout rempli de Jésus, comment ne pas parler de Lui avec amour et avec joie
!
5.
Le Saint-Esprit donne à la Parole de Dieu tout entière une valeur toute
nouvelle.
En l'éclairant d'une lumière toute
nouvelle. Voyez les disciples, avec les idées charnelles qu'ils se faisaient à
propos du Messie comme tous les Juifs d'ailleurs, et malgré les enseignements
réitérés de leur Maître. Ils n'avaient pu se faire à la perspective d'un Messie
souffrant. Même après sa résurrection, Jésus avait eu encore à leur reprocher
leur inintelligence et leur incrédulité. Mais comme tout change dès le jour de
la Pentecôte !
Et il en sera de même pour nous.
Pénétrons-nous bien de ce fait que, sans « l'Esprit de vérité », la Parole de
Dieu restera toujours pour nous un livre plus ou moins scellé, une lettre
morte. C'est l'Esprit qui conduit dans toute la vérité.
6.
C'est la bénédiction de la Pentecôte qui donne le pouvoir d'être en
bénédiction à d'autres.
On a beau prêcher la conversion et la rémission des
péchés, tant que ces vérités sont présentées simplement comme des doctrines
qu'il s'agit de comprendre, et que l'on compte uniquement, pour persuader les
auditeurs, sur un zèle tout humain, sur l'éloquence ou sur la logique des
raisonnements, on n'obtient guère de résultats. C'est celui qui a pour ambition
suprême d'être rempli de l'Esprit, et qui, par la foi, compte que le Seigneur
glorifié veut bien se servir de lui et agir par son moyen, c'est celui-là qui
obtient la bénédiction. Non pas toujours de la même façon ou dans la même
mesure, mais elle ne lui fera certainement pas défaut, parce qu'elle permet au
Seigneur de faire de lui son instrument. «Celui qui croit en Moi, des fleuves
d'eau vive jailliront de son sein » (Jean 7 : 38). Quand le cœur est plein, il
déborde.
7.
C'est la grâce de la Pentecôte qui fera de l'Église de Christ ce que Dieu
veut qu'elle soit.
Nous venons de voir ce que l'Esprit apporte à chaque
croyant individuellement. Mais quelle bénédiction quand l'Église, dans son
ensemble, comprendra que sa vocation est d'être remplie de l'Esprit et de
révéler au monde la vie et la puissance du Seigneur, et même Sa présence!
Disons-nous bien que nous ne jouirons pleinement de cette bénédiction de
Pentecôte individuellement que lorsque le corps de Christ tout entier en sera
pénétré.
Si un membre souffre, tous les membres
souffrent avec lui » (1 Corinthiens 12 : 26). Il est donc extrêmement important
de ne pas penser seulement à nous, mais à ce qui résultera pour le monde entier
du fait que toute l'Église voudra être remplie de l’Esprit.
Au jour de la Pentecôte, l'Église de
Jérusalem ne comptait que cent vingt personnes, la plupart d'humble condition,
des pêcheurs, des péagers, des femmes quelconques, des gens méprisés. Et ce fut
par leur moyen que l’Évangile triompha des préventions juives et de la dureté
de cœur des païens, simplement parce que cette petite Église était remplie du
Saint-Esprit, et tous ses membres pleinement consacrés à leur Sauveur, qui
pouvait ainsi librement disposer d'eux.
Que ne pourra pas faire l'Église en nos
jours, quand elle sera, elle aussi, remplie du Saint-Esprit?
Chrétiens, mes frères bien-aimés, ceci
s'adresse à vous : « Une seule chose est nécessaire »: il s'agit d'être remplis
de l'Esprit. Ne croyez pas devoir attendre, pour le demander et l'obtenir, de
le comprendre parfaitement. Pour ceux qui s'attendent à Lui, Dieu fera même des
choses qui ne sont point encore montées au cœur de l'homme. Si seulement vous
désirez goûter le vrai bonheur, savourer l'inexprimable félicité d'avoir Jésus
dans le cœur, et son Esprit de sainteté et d'humilité, d'amour et d'abnégation,
de hardiesse et de puissance, aussi naturellement et constamment présent que si
c'était votre propre esprit; si vous désirez pouvoir vous nourrir vous-mêmes et
nourrir les autres de la Parole de Dieu ; si vous désirez voir l'Église de
Christ revêtue à nouveau de sa primitive splendeur ; alors, vous séparant de
tout ce qui est mal et le rejetant de votre cœur, n'ayez plus qu'une ambition :
être remplis de l'Esprit. Vous y avez droit ; c'est votre héritage légitime;
faites-le vôtre par la foi, et il vous sera donné.
III.
C'EST D'EN HAUT QU'EST VENU LE DON DU SAINT-ESPRIT
Si vous m'aimez, gardez mes commandements.
Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, afin qu'il
demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité. (Jean 14 :15, 16)
La nature d'un arbre ou de n'importe quel
être vivant correspond nécessairement à celle de la semence qui l'a produit ;
elle ne saurait changer. Ainsi l'Église de Christ doit toujours en revenir à ce
don de l'Esprit qu'elle a reçu le jour de sa naissance, comme étant la norme de
sa vie et de sa croissance. Il nous faut considérer les premiers disciples
comme nos précurseurs et nos modèles.
Or, qu'est-ce qui les rendait capables de
servir comme de récipients de ces dons célestes ou de temples du Dieu trois
fois saint? La réponse à cette question ne nous aidera pas peu à savoir ce que
nous avons à faire nous-mêmes pour être remplis du Saint-Esprit.
1.
Avant tout, ils étaient profondément attachés au Seigneur Jésus.
Le Fils de Dieu est venu dans le monde
établir une synthèse entre la nature divine et la nature humaine, de façon à
permettre à la vie divine de pénétrer la vie humaine. Lorsqu'il eut accompli
cette oeuvre dans sa propre personne par son obéissance, par sa mort et par sa
résurrection, il fut élevé jusqu'au trône de Dieu, afin de pouvoir de là
communiquer à ses disciples et à son Église sa puissance spirituelle, en les
faisant jouir de la présence souveraine de Dieu venant demeurer en eux. Il est
écrit que « l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été
glorifié » (Jean 7 : 39). Ce ne fut qu'après Sa glorification que le
Saint-Esprit, en tant que l'Esprit divin uni à l'humanité, put être donné aux
hommes. Ainsi à la Pentecôte, ce fut l'Esprit de Jésus glorifié qui de la Tête
descendit dans le corps et dans chacun de ses membres.
Il va sans dire que, puisque c'est en
Jésus qu'habite la plénitude de l'Esprit, la première condition pour y avoir
part est une communion personnelle avec notre Sauveur. C'est à cela que
tendaient les étroites relations de Jésus avec ses disciples pendant tout son
ministère ici-bas. Il voulait les amener à se sentir un avec lui, à
s'identifier autant que possible avec lui.
Il se dégage de là une leçon bien simple,
mais importante. On voit des croyants pleins de zèle, ardemment désireux d'être
saints, se consumer en vains efforts. Ils semblent n'avoir pas compris la
promesse du Père. Ce qui leur manque, c'est cette communion intime avec Jésus,
l'Ami suprême, le Maître bien-aimé, qui était si frappante chez les premiers
disciples. On ne peut espérer la plénitude de l'Esprit tant que le cœur n'est
pas occupé tout entier du Seigneur Jésus.
2.
Ils avaient tout quitté pour Jésus.
« Rien pour rien » Vérité profonde : un cadeau qui
m'oblige envers celui qui me l'a donné me coûte peut-être plus même qu'il ne
vaut. Les paraboles de la perle de grand prix et du trésor caché nous
enseignent que nous ne pouvons entrer en possession du royaume de Dieu qu'au
prix de tout ce que nous avons. Et Jésus revient constamment sur cette
nécessité de renoncer à tout pour le suivre. Les deux mondes entre lesquels
nous nous mouvons sont si opposés l'un à l'autre, et celui dans lequel nous
devons vivre, du fait de notre nature, exerce sur nous une telle influence
qu'il est souvent nécessaire de nous en retirer par un sacrifice total. C'est ainsi
que Jésus apprenait à ses disciples à désirer de tout leur cœur le don céleste
promis.
Pour nous détacher du monde, le Seigneur
n'a rien précisé concernant ce à quoi il faut renoncer; il dit à tout sans
entrer dans des détails. Il s'est borné à dire et à redire qu'on ne peut
réellement progresser sans sacrifice, sans séparation et abandon décidés du
monde.
Nous sommes tellement imprégnés de
l'esprit de ce monde que nous ne nous en apercevons même pas, oubliant ou
ignorant que nous ne pouvons être remplis de l'Esprit tant que nous nous
cherchons nous-mêmes. Apprenons des premiers disciples qu'on ne peut être
rempli de l'Esprit céleste qu'à la condition de rompre avec les enfants du
monde et avec les chrétiens mondains. Il nous faut être disposé à adopter un
genre de vie différent de celui de tout le monde, comme représentants du ciel,
puisque nous avons reçu l'Esprit du Roi des cieux.
3.
Ils en avaient fini avec toute confiance en eux-mêmes ou en l'homme.
Nous avons deux grands ennemis par lesquels
le diable nous tente, le monde et notre MOI; et ce dernier est le plus
dangereux, et de beaucoup. On peut être bien avancé dans le détachement du
monde alors qu'on vit encore entièrement de sa vie propre. Ainsi, au moment où
Pierre, par exemple, pouvait dire : « Nous avons tout quitté pour te suivre »,
combien il était encore plein de lui-même.
Dès leur vocation, le Seigneur avait
demandé à ses disciples d'abandonner leurs biens terrestres pour le suivre.
Mais il ne tarda pas à leur apprendre aussi qu'ils ne seront dignes de recevoir
Sa vie que s'ils perdent la leur et se renient eux-mêmes; qu'ils doivent même
agir comme s'ils haïssaient père et mère, et jusqu'à leur propre vie, si c'est
nécessaire.
L'amour du MOI était un obstacle plus
difficile à vaincre que l'amour du monde ou que les affections de la famille.
La vie propre est la vie naturelle du pécheur. Il n'y échappe que par la mort,
la mort à soi-même, première condition de la vie nouvelle qui émane de Dieu.
Tandis que le renoncement au monde
commença pour les disciples dès leur vocation, ce n'est qu'à la croix qu'eut
lieu leur mort à eux-mêmes, lorsqu'ils virent s'effondrer toutes leurs
espérances terrestres, avec toute leur confiance en eux-mêmes. Cet effondrement
même, en brisant leur cœur, allait être le point de départ, de leur mort à
eux-mêmes, nécessaire pour qu'ils pussent recevoir une chose toute nouvelle,
une vie divine implantée dans le tréfonds de leur âme, par l'Esprit de Jésus
glorifié.
Ah! si nous comprenions mieux que rien ne
nous entrave comme de chercher en nous ou autour de nous quelque point d'appui
secourable! Tandis que, pour nous amener à une entière consécration et pour
nous mettre en possession du don céleste, il n'y a pas de chemin plus sûr que
celui qui passe par l'absolue désespérance de nous-mêmes et de tout appui
humain.
4.
Ils reçurent et serrèrent dans leurs cœurs la promesse que le Seigneur Jésus
leur donnerait l'Esprit.
On se rappelle cette promesse solennelle
de la dernière soirée dans la chambre haute: le Consolateur qu'Il leur
enverrait du ciel leur vaudrait mieux encore que la présence corporelle de leur
Maître. Ce serait le plein accomplissement de la rédemption qu'Il voulait
opérer, puisque ainsi la Vie divine demeurerait en eux, Lui-même avec le Père.
Le miracle inouï, le mystère des siècles deviendrait leur partage. Ils
sauraient de façon certaine qu'ils seraient en Lui et Lui en eux. Et cette
promesse fut encore le sujet de ses dernières paroles au moment de Son
Ascension.
Sans doute, les disciples n'avaient qu'une
idée bien vague de ce qu'elle signifiait. Mais ils ne s'y cramponnaient pas
moins; ou plutôt la promesse les étreignait, et ils ne pouvaient s’en défaire.
Ils n'avaient plus qu'une pensée : quelque chose nous a été promis par le
Seigneur, quelque chose qui nous rendra participants de Sa puissance céleste et
de Sa gloire ; et nous sommes sûrs de n'être pas déçus. Ce que ce serait et ce
qu'ils éprouveraient, ils n'auraient su le dire. Il leur suffisait d'avoir la
parole du Maître : à Lui d'en faire une réalité bénie en eux.
Voilà précisément les dispositions qu'il
nous faut avoir. La promesse est pour nous comme pour eux : « Celui qui croit
en Moi, des fleuves d'eau vive jailliront de son sein. » Nous n'avons comme eux
qu'à nous en emparer, prêts à tout, pour en obtenir l'accomplissement.
5.
Ils attendirent, en comptant sur le Père, que la promesse s'accomplit,
jusqu'à ce qu'ils fussent remplis du Saint-Esprit.
Les dix jours d'attente se passèrent «
continuellement dans le temple », où ils « louaient et bénissaient Dieu », «
persévérant d'un commun accord dans la prière ». Ce n'est point assez d'essayer
de renforcer notre désir et de ne pas laisser faiblir notre confiance.
L'important est de nous maintenir en étroite communion avec Dieu, puisque c'est
de Lui que doit nous venir le don attendu, produit merveilleux de Sa
toute-puissance et de Son amour. Ce que nous attendons, ce n'est pas moins que
la présence personnelle et constante en nous de Dieu le Saint-Esprit. C'est à Dieu
Lui-même de nous l'accorder. Quand un homme donne à quelqu'un un morceau de
pain ou une pièce de monnaie, il n'a plus à s'en occuper après. Il n'en est pas
de même du don de l'Esprit : Dieu est dans l'Esprit, comme il était en Christ.
La communication de l'Esprit est l'acte le plus personnel de la Divinité: c'est
Dieu se donnant Lui-même à nous. C'est dans la communion la plus intime avec
Dieu que nous pouvons le recevoir.
Plus nous nous pénétrerons de cette
vérité, plus nous sentirons vivement le néant de nos propres efforts pour
obtenir cette bénédiction. Ils ne peuvent aboutir qu'à l'aveu le plus confus de
notre impuissance absolue. Il ne nous restera que la pure grâce de Dieu et Sa
toute-puissance pour nous conférer cette faveur suprême. Gardons seulement la
paisible assurance que le Père est désireux de nous l'accorder, qu'il ne nous
fera pas attendre un instant de plus que ce ne sera nécessaire, et que jamais
une âme qui persévère à attendre dans une attitude d'humble dépendance et de
renoncement à soi ne sera déçue dans son espoir d'être remplie de la gloire de
Dieu.
IV.
COMBIEN PEU JOUISSENT DE CETTE PLÉNITUDE
Ma parole et ma prédication n'ont pas
consisté dans les discours persuasifs de la sagesse, mais dans une
démonstration d'Esprit et de puissance: afin que votre foi fût fondée, non sur
la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. (1 Corinthiens 2: 4, 5.)
Ainsi il y a deux sortes de prédications,
produisant chacune une foi distincte. Tel l'esprit du prédicateur, telle la foi
de l'assemblée. Il faut la « démonstration d'Esprit et de puissance » pour que
la prédication produise une foi vraiment solide. C'est donc à la prédication et
à la foi qui en est le fruit que l'on peut reconnaître dans quelle mesure une
Église a reçu la plénitude de la bénédiction de la Pentecôte.
Mais où sont-elles, ces Églises? Où
n'entend-on pas des plaintes et des lamentations? Presque uniquement là où, par
indifférence ou insouciance, on a pris son parti de végéter.
Allons au fond des choses, et nous ne
pourrons échapper à la conviction que l'Église dans son ensemble souffre
d'impuissance, et que l'unique remède est un retour à la plénitude de la
bénédiction de la Pentecôte. Plus nous souffrirons de nos déficits, plus nous
serons pressés de recourir au remède. Ainsi une petite enquête ne manquera pas
de nous être utile.
1.
Remarquons, par exemple, combien peu d'enfants de Dieu sont habituellement
vainqueurs du péché.
L'Esprit de la Pentecôte, le Saint-Esprit,
ne peut être qu'un Esprit de divine sainteté. Aussi quelle transformation chez
les disciples! Au lieu des pensées charnelles, la pénétration spirituelle; au
lieu de l'orgueil, l'humilité; au lieu de l'égoïsme, l'amour; au lieu de la crainte
des hommes, le courage et la fidélité. La vie de Jésus et du ciel répandue dans
leurs cœurs en avait chassé le péché.
La vie chrétienne normale est une vie de
victoire; mais elle n'est pas exempte de tentations extérieures ou mêmes
intérieures. L'inclination au mal n'est pas nécessairement déracinée
absolument. Mais il y a victoire dans ce sens que la présence du Sauveur
demeurant en nous par l'Esprit maintient le péché subjugué, comme la lumière
tient à distance les ténèbres.
Qu'en est-il à ce point de vue, dans
l'Église de Christ? Ne constate-t-on pas trop souvent, même parmi les chrétiens
vivants, des lacunes en fait de véracité, ou d'humilité, ou d'amour?
Retrouve-t-on fréquemment les traits caractéristiques de la physionomie de
Jésus : l'obéissance, la douceur, l'amour, l'entière consécration à la volonté
de Dieu? On s'est si bien habitué à se reconnaître enclin au péché et incapable
de faire le bien, qu'on n'en éprouve plus même de la honte. Ah! mes frères, «
sentez vos misères, soyez dans le deuil et dans les larmes!... » Que tous nos
manquements, les nôtres et ceux des autres, ne servent qu'à nous pousser à
réclamer plus instamment, pour toute l'Église de Christ, la plénitude de
l'Esprit!
2.
Et combien la séparation entre les chrétiens et le monde est rare et
incomplète!
En parlant du Consolateur, Jésus disait «
Lui que le monde ne peut recevoir ». L'esprit de ce monde, attaché au visible,
ne pourra jamais se concilier avec l'Esprit de Jésus, qui est du ciel, où la
volonté de Dieu fait règle. Le monde a rejeté le Seigneur Jésus, et il est
resté le même, en dépit du nom de chrétien dont il s'affuble. Aussi Jésus
disait-il : « Ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde ». Et
Paul : « Nous n'avons pas reçu l'esprit de ce monde, mais l'Esprit qui vient de
Dieu » (1 Corinthiens 2 :12). Il y a lutte à mort entre ces deux esprits.
De là vient que Dieu appelle constamment
les siens à se séparer du monde et à vivre ici-bas en pèlerins dont le trésor
et le cœur sont au ciel. Mais en est-il vraiment ainsi parmi les chrétiens? Qui
oserait l'affirmer? Bien des chrétiens croient pouvoir jouir du monde comme
tout le monde, pourvu que leur conduite soit suffisamment irrépréhensible et
qu'ils aient l'assurance du salut. Leur conversation et leur manière de se
comporter ne se distinguent guère de celles du monde. Ce qui leur manque, c'est
cette plénitude de l'Esprit qui peut seule chasser l'esprit mondain, comme la
lumière chasse les ténèbres. Celui qui ne se laisse pas remplir tout entier de
l'Esprit d'En Haut retombe nécessairement sous le pouvoir de l'esprit du monde.
N'entendez-vous pas le cri suppliant de l'Église de Christ ; « Qui nous
délivrera de cette tyrannie? » Rien ni personne que l'Esprit de Dieu. Il faut
que je sois rempli de l'Esprit.
3.
Combien rares sont les croyants qui vont de progrès en progrès!
Combien souvent, au contraire, on entend
déplorer l'inconstance ou le recul de ceux mêmes sur qui l'on avait cru pouvoir
compter! Il a suffi de quelque influence réfrigérante, ou de la prospérité, ou
de quelque autre tentation pour arrêter leur élan, qui a fini par se
transformer en relâchement. Et d'où cela provient-il? Peut-être simplement de
ce que la prédication consiste plutôt dans « les discours persuasifs de la
sagesse » que dans « la démonstration d'Esprit et de puissance », de sorte que
leur foi est « fondée sur la sagesse des hommes » plutôt que « sur la puissance
de Dieu ». On se maintient tant qu'on bénéficie d'une prédication zélée et
instructive ; mais pour reculer dès qu'on en est privé. C'est le contact avec
le Dieu vivant qui a manqué. Au lieu de pousser les âmes vers Dieu, la Bible
elle-même, étudiée intellectuellement, les en éloigne en trompant leur soif de Dieu
lui-même. Il en est de même de tous les moyens de grâce non pénétrés de
l'action puissante de l'Esprit qui vivifie; ils ne tardent pas à perdre leur
fraîcheur et leur force.
Que cette constatation ne nous laisse pas
indifférents, mais éveille en nos cœurs le soupir vibrant : « Esprit de Dieu,
viens, souffle des quatre vents, souffle sur ces cadavres, afin qu'ils revivent
! » (Ézéchiel. 37 ; 9).
4.
Combien peu fructueuse est l'évangélisation!
Quel immense effort pour évangéliser nos
pays chrétiens! Que d'ouvriers divers ! Quelle variété dans les moyens employés
! Mais quels maigres résultats ! Quelles multitudes échappent à tous les filets
des pécheurs d'hommes! Et combien qui, sans être précisément indifférents,
restent sur les confins du royaume des cieux, sans jamais se décider à faire le
pas compromettant qui les séparerait du monde! N'est-ce pas la preuve que la
prédication manque de la puissance de l'Esprit?
Est-ce la faute des prédicateurs ou celle
des congrégations? Des uns et des autres, à mon avis. Issus des congrégations,
les prédicateurs ne peuvent que leur ressembler. En se montrant satisfaite de
la prédication d'un jeune ministre, parce qu'elle est suffisamment intéressante
et instructive, l'Église l'encourage à s'en contenter aussi, tandis que les
membres plus expérimentés et plus spirituels de l'Église devraient l'aider à
chercher de tout son cœur à obtenir la « démonstration d'Esprit et de puissance
». Le pasteur qui ne met pas à profit toutes les occasions pour amener son
Église à tout attendre de l'Esprit de Dieu s'expose à la tentation subtile de
se confier dans la sagesse humaine ou dans l'effort humain, et d'entraîner son
Église dans la même erreur. Au lieu de nous lamenter sur la mondanisation de
l'Eglise, pénétrons-nous de cette certitude, que le grand remède à tous les
déficits de l'Eglise est le don du Saint-Esprit puis sa plénitude.
5.
Combien rare aussi l'esprit de sacrifice en faveur de l’extension du royaume
de Dieu !
En quittant ses disciples, Jésus leur
promit le Saint-Esprit comme la puissance qui devait les rendre capables de
travailler pour Lui! « Vous recevrez la puissance du Saint-Esprit… et vous
serez mes témoins » (Actes 1: 8). La Pentecôte n'était destinée qu'à compléter
leur équipement d'ouvriers du Seigneur. Aussitôt que l'Esprit fut descendu sur
eux, ils se mirent à rendre témoignage à leur Roi, remplis d'un amour ardent et
d'une sainte hardiesse, prêts à braver tous les mépris et tous les dangers pour
faire connaître leur divin Sauveur. L'Esprit de la Pentecôte est donc le
véritable esprit missionnaire, désireux de gagner à Jésus-Christ le monde
entier.
On entend dire que l'esprit missionnaire
va progressant de nos jours. Combien peu cependant nous dépensons en faveur des
missions en regard de ce que nous prodiguons pour nos intérêts personnels! Nous
demandons-nous sérieusement quel sacrifice nous pourrions faire encore pour
Celui qui nous a aimés et qui s'est offert LUI-même en sacrifice pour nous?
Serait-ce trop de nous offrir aussi nous-mêmes, sans réserve, pour Lui et pour
Son oeuvre? Il mesure la valeur de nos dons, on l'a dit avec raison, non à ce
que nous donnons, mais à ce que nous gardons. Debout près du trésor, Il en voit
qui donnent tout, comme la veuve. Mais combien qui, tout en donnant leurs écus
ou leurs billets de cinquante ou de cent, ne se débarrassent que de leur
superflu! Ah! comme l'Esprit de la Pentecôte embraserait les cœurs d'une flamme
tout autre, et avec quelle joie on donnerait tout pour proclamer l'amour infini
du Sauveur!
A voir l'état spirituel de l'Église en
général et peut-être de votre cœur, mon frère, n'est-il pas exact de dire que
la bénédiction de la Pentecôte est trop peu connue? et que c'est là précisément
le mal dont tout le monde souffre?
Pensons-y constamment, parlons-en,
faisons-en le sujet de nos ardentes prières, jusqu'à ce que cela devienne pour
nous vraiment « la seule chose nécessaire », celle qui remplira nos cœurs. Si
la réponse tarde, ne nous décourageons pas : il fallut plusieurs années à Jésus
pour préparer ses disciples à la Pentecôte. Continuons seulement à prier avec
foi, nous rappelant que cette bénédiction nous appartient, de droit. Nous ne
serons pas déçus, si seulement nous persévérons à demander et à attendre avec
foi les fleuves d'eau vive promis.
V.
OU EST L'OBSTACLE?
Jésus dit à ses disciples : Si quelqu'un
veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et
qu'il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui
aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera. (Matthieu 16 : 24, 25)
Il en est cependant qui depuis longtemps
cherchent sincèrement la bénédiction promise sans l'obtenir. Comment cela se
fait-il? On pourrait donner plusieurs réponses, mettre peut-être le doigt sur
tel ou tel péché encore toléré : mondanité, manque d'amour ou d'humilité,
ignorance de ce qu'est la vie victorieuse, et autre chose encore. Il peut
arriver cependant qu'on ait vainement confessé et délaissé ces manquements.
C'est qu'alors il reste encore le principal obstacle, celui qui est la racine
de tous les autres, le MOI la vitalité cachée du MOI, se manifestant sous des
formes diverses : recherche de soi, confiance en soi-même, amour des aises,
bonne opinion de soi. Qu'on cherche sincèrement obtenir la grande bénédiction,
et l'on finira bien par découvrir que c'est là le grand obstacle, que l'on n'a
pas de pire ennemi que soi, et qu'il s'agit d'en finir avec la vie propre pour
pouvoir être rempli de la vie divine.
C'est ce que Jésus donne à entendre à
Pierre, après sa belle confession de foi, lorsqu'il se regimbe contre la
perspective de la croix. Non seulement le Maître doit passer par la mort, mais
chacun des disciples est appelé aussi à se charger de sa croix et à faire le
sacrifice de sa vie.
Ainsi Pierre, qui avait appris du Père à
reconnaître en Jésus le Christ, le Fils de Dieu, avait encore à apprendre à le
connaître comme le Crucifié. Il ne savait rien encore de la nécessité absolue
de la croix. Il en est parfois ainsi de tel chrétien, qui connaît le Seigneur
Jésus comme son Sauveur et désire le connaître de mieux en mieux, mais qui ne
comprend pas qu'il lui faut mourir lui-même à lui-même, haïr sa vie propre,
consentir à la crucifixion de son MOI, avant de pouvoir être rempli de la vie
divine.
Pourquoi cette redoutable exigence? Tout
simplement parce que notre vie propre est si complètement sous le pouvoir du
péché et de la mort qu'il n'y a rien d'autre à faire qu'à la renier et à la
sacrifier entièrement, afin de faire place à la vie de Dieu.
N'est-il pas évident que deux choses
opposées ne sauraient occuper en même temps la même place? Notre cœur ne
saurait être rempli à la fois de la vie divine et de la nôtre : celle-ci fait
obstacle à celle de Dieu, Jésus ne sera tout pour moi que lorsque j'aurai cessé
d'être moi-même quelque chose. Que ma vie propre prenne fin, et l'Esprit de
Jésus m'inondera.
Ce point est si important qu'il vaut la
peine d'étudier de plus près les principales leçons renfermées dans les paroles
du Seigneur sur ce sujet.
1.
Notre vie naturelle, notre personnalité, est entièrement au pouvoir du
péché.
En créant les anges et l'homme, Dieu leur
a donné à chacun une personnalité capable de disposer d'elle-même afin qu'elle
pût s'offrir librement à Lui, pour qu'à son tour il pût la remplir de Sa vie et
de Sa gloire, ce qui eût été, pour la créature libre, le bonheur suprême : être
remplie de la vie et de la perfection de Dieu. Pour les anges comme pour les
hommes, la chute ne fut qu'une perversion de leur volonté, de leur vie, de leur
personnalité, détournée de Dieu, parce qu'ils ont voulu se complaire à
eux-mêmes. Cette exaltation de leur MOI a fait que des anges sont devenus des
démons, chassés du ciel et jetés en enfer. Ce même orgueil fut aussi l'infernal
venin instillé par le serpent dans le cœur d'Ève, L'homme s'est détourné de
Dieu pour trouver son plaisir en lui-même et dans le monde. Sa vie même a été
dès lors de se chercher lui-même. Voilà pourquoi il lui faut maintenant haïr sa
vie, la renier jusqu'en ses moindres détails, pour que la vie vraie, la vie
divine, puisse devenir son partage, pénétrer sa personnalité tout entière.
Ce qui manque à bien des chrétiens, c'est
cette conviction profonde de la corruption si totale de notre nature, que, sans
nous en douter, tout en étant des croyants, nous nous cherchons encore
nous-mêmes. Ces chrétiens-là trouvent que nous exagérons quand nous affirmons
que l'esprit de renoncement doit s'étendre à tous les domaines de la vie et que
le Saint-Esprit doit pouvoir régler tous les mouvements de nos cœurs. Jamais
cependant, le Seigneur n'a retiré cette parole : « Quiconque d'entre vous ne
renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple » (Luc 14 : 33)
; il ne peut me suivre et me ressembler.
2.
Notre vie propre doit être entièrement mise de côté pour faire place à la
vie de Dieu.
C'est ce qu'on ne comprend guère au moment
de la conversion. La semence de la vie nouvelle germe dans le cœur tout
débordant de vie naturelle. Nous l'avons vu à propos de Pierre, disciple sincère,
certes, mais combien novice et inachevé ! Quand son Maître va à la mort, il Le
renie, au lieu de se renier lui-même. Mais ce fut cette douloureuse chute qui
l'amena enfin à désespérer de lui-même, et qui le prépara ainsi, par ses larmes
amères, à lâcher entièrement sa vie propre, pour être tout rempli de la vie de
Jésus.
C'est là qu'il nous faut tous en venir.
Tant qu'on s'imagine avoir le droit de suivre ses propres impulsions à propos
de ceci ou de cela, du manger ou du boire, par exemple, de l'emploi du temps ou
de l'argent, de la façon de penser ou de parler des autres gens ; le droit de
vivre pour soi-même, et de garder sa vie propre, on ne saurait prétendre à la
plénitude de la bénédiction de la Pentecôte.
Mes bien-aimés, quelle chose inexprimablement
sainte et glorieuse qu'un homme puisse être rempli de l'Esprit de Dieu! Il est
évident que ce n'est possible que si le premier occupant du cœur, son maître
actuel, le MOI, en est expulsé, et que si absolument tout ce qui s'y trouve est
livré entre les mains de l'Hôte nouveau. Mais, cette condition primordiale une
fois remplie, l'Hôte nouveau reconnu comme notre Vie et comme notre Maître, la
joie et la capacité d’être inondé de l'Esprit viendront aussitôt comme
d’elles-mêmes.
3.
Il est absolument impossible au chrétien d'opérer lui-même cette
transformation de son
être.
C'est là surtout qu'apparaît dans toute sa
malignité le pouvoir trompeur et décevant de notre vie propre. Aussi nombreux
sont-ils ceux qui s'efforcent, par toutes sortes de moyens, d'obtenir la
bénédiction de la Pentecôte, sans pouvoir découvrir la raison de leur insuccès.
Ils oublient que le MOI ne saurait chasser le MOI, mortifier la vie propre.
Heureux l'homme qui en vient à reconnaître son impuissance absolue! qui, sans
plus rien espérer de ses propres efforts, se jette aux pieds de son Sauveur,
brisé et comme mort, pour recevoir de Lui la bénédiction promise!
Ce n'est pas Pierre qui avait su se
préparer en vue de la Pentecôte ; ce n'est pas lui non plus qui fit descendre
le feu du ciel; le Seigneur seul a tout fait. Il n'avait eu, lui, qu'à
désespérer de lui-même et à permettre à son Maître d'agir. Ainsi votre affaire,
à vous, croyant, est de renoncer à vous-même et à votre vie propre, vous
prosternant devant le Seigneur dans le sentiment de votre néant. Prenez
l'habitude de lui ouvrir votre cœur humblement, dans une attente silencieuse et
une enfantine soumission. L'humilité qui vous dispose à n'être rien, la
patience qui consent à attendre Son heure, la soumission qui s'abandonne
entièrement à Sa volonté, voilà tout ce que vous pouvez faire pour montrer que
vous êtes prêt à perdre votre vie. Ayant fait Lui-même le sacrifice de Sa
volonté et de Sa vie entre les mains de Son Père, étant descendu dans la tombe
jusqu'à ce que Dieu Lui rendît la vie. Jésus vous demande maintenant de Le
suivre. Soyez donc prêt aussi à vous livrer dans votre faiblesse à la mort à
vous-même, dans l'assurance que Dieu vous ressuscitera dans la puissance de
l'Esprit. Finissez-en avec tous vos efforts propres; lâchez les rênes de votre
vie. « Ce n'est point par la puissance ou par la force, mais c'est par mon
Esprit que s'accomplira cette oeuvre, a dit l’Éternel des armées ». (Zacharie 4
: 6).
4.
C'est l'abandon à Jésus, abandon fait par la foi, dans la communion de Son
abaissement et de Sa mort, qui fraye la voie à la parfaite bénédiction de la
Pentecôte.
« Qui est suffisant pour ces choses? »
direz-vous sans doute. « Qui est capable de tout sacrifier et de donner sa vie
comme Jésus? » En effet, « quant aux hommes, c'est impossible mais avec Dieu
toutes choses sont possibles ». Vous ne pouvez, à la lettre, suivre Jésus
jusque dans le tombeau.
Mais en Lui vous avez passé par la mort et
vous avez été enseveli la puissance de Son sacrifice volontaire opère en vous.
Sans même comprendre comment elle opère, croyez-le, et livrez-vous par la foi,
en consentant à perdre votre vie.
Qu'il soit d'abord bien entendu que
l’œuvre la plus urgente de chacune de vos journées, c'est le renoncement à vous-même.
Croyez-m'en, c'est certainement la vie propre qui est le grand obstacle à la
vie de la Pentecôte. Il faut la regarder comme coupable et haïssable, tout
simplement parce qu'elle met le MOI à la place de Dieu, l'honorant plus que
Dieu.
D'accord avec les recommandations de
Jésus, haïssez votre vie propre comme votre pire ennemi et comme l'ennemi de
Dieu. Apprenez à considérer la vie de Jésus, Sa présence en vous, comme la
parfaite bénédiction qu'Il vous a acquise et accordée à la Pentecôte. Que ne donnerez-vous
pas pour obtenir cette perle de grand prix!
Mon frère, désirez-vous sincèrement être
rempli du Saint-Esprit et savoir ce qui vous empêche de l'être? Écoutez de tout
votre cœur la parole du Seigneur. Apprenez à penser exactement comme Lui en
tout et à vouloir comme Lui. C'est Lui qui baptise du Saint-Esprit.
Sacrifiez-Lui tout ce qui en vous tient, du MOI, regardez-le comme une perte,
rejetez-le pour que Jésus ait toute la place. Ayez seulement pleine confiance
en Lui, votre Sauveur, et laissez-Lui prendre en vous la place ventrale occupée
jusqu'ici par votre MOI, et les fleuves d'eau vive jailliront. Amen.
VI.
COMMENT ON OBTIENT CETTE GRÂCE
Ne vous enivrez pas de vin... mais soyez
remplis de l'Esprit. (Ephésiens 5: 18) L'ordre d'être remplis de l'Esprit est
tout aussi péremptoire que celui de ne pas s'enivrer de vin. Le même Dieu qui
nous appelle à vivre dans la sobriété nous demande également d'être remplis de
l'Esprit. Cet ordre équivaut à une promesse : c'est le gage certain qu'Il est
prêt à nous donner ce qu'il désire nous voir posséder. Ainsi demandons en toute
simplicité quelle est la voie à suivre pour vivre selon la volonté de Dieu
quant à la possession de l'Esprit. Voici quelques directions qui pourront aider
ceux qui désirent sincèrement obtenir cette bénédiction.
1.
Elle est l'héritage promis à tous les enfants de Dieu.
Tel est le premier principe à poser; car
nombre d'entre eux n'en sont pas pleinement persuadés. Ils considèrent la
Pentecôte comme une sorte de fête destinée à marquer la naissance de l'Église,
et par conséquent la bénédiction reçue ce jour-là comme quelque chose
d'exceptionnel et de passager.
Oubliant l'ordre divin, ils ne pensent
même pas à chercher sérieusement à être remplis de l'Esprit. Ce sont des
satisfaits qui se contentent de la vie chétive de l'Église de nos jours.
Serait-ce peut-être votre cas, à vous qui
lisez ces lignes? Mais pensez à la tâche immense de l'Église. Comment
pourra-t-elle la remplir, si tous ses membres ne possèdent pas cette plénitude
de vie qui se manifeste par des fruits de sainteté, de joie, de puissance,
d'amour?... Croyez de tout votre cœur à la réalité et à la possibilité de cette
vie, car Dieu veut la donner à tous ses enfants. Prenez le temps nécessaire
pour vous pénétrer de cette certitude, et bientôt, vous aussi, vous voudrez y
avoir part, et vous l'obtiendrez.
2.
Je ne possède pas encore cette bénédiction.
C'est ici le deuxième pas, plus important
qu'il ne paraît à première vue. Bien des chrétiens, en effet, croient avoir
déjà le Saint-Esprit, et n'avoir plus qu'à devenir plus fidèles et plus dociles
à Sa voix; ils iront ainsi, pensent-ils, de progrès en progrès. Et ils restent
ce qu'ils sont. Mais ce qu'il faut à ces âmes, au contraire, dans ma
conviction, c'est une guérison aussi divine et aussi radicale que celle des
aveugles et des boiteux guéris jadis par le Seigneur. Or, il n'y a pas de
guérison possible tant qu'on ne se croit pas malade. Il faut donc que ces âmes
arrivent à sentir ce qui leur manque.
Lorsqu'elles s'en rendront clairement
compte, elles comprendront aussi qu'elles doivent reconnaître la culpabilité de
leur état. Elles verront que, si elles n'ont pas obéi à l'ordre d'être remplies
de l'Esprit, c'est par paresse, par bonne opinion d'elles-mêmes, et par
incrédulité. Il faut qu'elles en viennent à avouer avec humiliation qu'elles
ont méprisé le don de Dieu. Alors elles le rechercheront de tout leur cœur.
3.
Il faut ensuite arriver à dire : « Cette grâce est aussi pour moi ».
A côté de ceux qui pensent qu'elle n'était
destinée qu'à l'Église primitive, il en est qui la croient réservée à quelques
chrétiens éminents, à ceux qui disposent de beaucoup de loisir. Aussi
s'estiment-ils en bonne conscience, dispensés de chercher à atteindre un idéal
irréalisable pour le commun des mortels. Dieu ne les y a pas destinés...
Ah! ne vous laissez pas séduire par ces
vues superficielles! Le corps ne peut être en santé que si tous les membres,
jusqu'au plus insignifiant d'entre eux, sont en bon état Or, pour le Corps de
Christ, la santé, c'est la plénitude de l'Esprit. Il n'y a pas de membre, si
chétif soit-il, qui ne puisse être rempli de l'Esprit. Dieu ne fait point
d'acception des personnes, ni de différences. Il y a des dons divers, des
circonstances diverses; mais, dans Son amour sans bornes, le Père désire voir
tous ses enfants jouir de la santé et de la plénitude de Son Esprit. Apprenez
donc à redire avec conviction: « Cette grâce est pour moi. Le Père désire me
posséder pour me remplir de Son Esprit. Je ne veux plus mépriser mon droit
filial ».
4.
Ce n'est pas par mes propres forces que je puis saisir cette
bénédiction.
Quand on a résolu de l'obtenir, on
commence ordinairement par faire toute espèce d'efforts pour conquérir la foi,
l'obéissance, l'humilité, et la soumission. Et comme on n'aboutit pas, si l'on
ne cède pas au découragement, on redouble d'efforts. Non sans résultats,
d'ailleurs; mais des résultats différents de ceux qu'on attendait. Cette lutte
désespérée, comme celle de l'homme sous la loi, nous révèle notre impuissance
totale, et nous amène à donner à Dieu la place qui Lui est due, à attendre de
Lui seul la grâce désirée.
Elle est en effet un don surnaturel, un
miracle opéré par Dieu dans l'âme, tout, comme la vie manifestée en
Jésus-Christ, dont le germe fut déposé par le Saint-Esprit dans le sein de
Marie ; ou comme cette vie nouvelle qui fut communiquée à Son cadavre au matin
de Pâques. De même que Christ dut passer par une mort totale, en finir
complètement avec la vie, avant de recevoir une vie nouvelle, il faut aussi que
le croyant abandonne toute confiance en lui-même pour recevoir cette
bénédiction comme un pur don de la Toute-Puissance divine.
5.
A tout prix, il faut que j'obtienne cette grâce.
Comme le marchand de la parabole ne put
obtenir la perle de grand prix qu'en vendant tout ce qu'il avait, il s'agit
pour nous de renoncer à tout, spécialement à toute volonté propre, à tout désir
propre, à toute recherche de nous-mêmes, à notre MOI tout entier, pour acquérir
la bénédiction de la Pentecôte dans sa plénitude. Il faut que le vase soit
entièrement vidé de tout son contenu pour que l'eau vive puisse le remplir tout
à fait.
Il y a souvent, sans doute, un pas difficile
à franchir entre le vouloir et le faire, même alors que Dieu a déjà opéré le
vouloir. Il sera franchi, si seulement on s'abandonne sans réserve à la volonté
de Dieu. Le prix du contrat peut n'être pas payé intégralement sur-le-champ,
L'acquéreur n'en devient pas moins
possesseur dès que le contrat est signé et l'acquittement assuré par une
caution. Eh bien, Jésus Lui-même se porte caution pour vous : c'est Lui qui
vous rendra capable de tout donner, de tout lâcher.
Persévérez donc à affirmer avec confiance
et devant Dieu votre résolution d'acquérir la perle de grand prix, de
l'acquérir coûte que coûte, et votre ferme assurance de l'obtenir.
6.
En croyant que Dieu accepte l'offrande vivante de tout mon être, et qu'Il
m'accorde cette bénédiction, je me l'approprie.
Il y a une grande différence entre
l'appropriation par la foi d'une grâce et l'expérience qu'on en pourra faire.
C'est pour ne l'avoir pas compris que bien des chrétiens se sont découragés en
constatant qu'ils ne jouissaient pas aussitôt de ce qui leur avait été promis.
Dès l'instant où, en réponse à l'appel de
Christ, vous avez fait l'abandon demandé, votre devoir est de croire qu'Il
accepte votre offrande et qu'Il répand sur vous la plénitude de l'Esprit. Il se
peut pourtant fort bien que vous n'aperceviez aucun changement dans votre état
spirituel. C'est néanmoins le moment, de persévérer dans la foi, de croire,
comme si vous le voyiez écrit dans les cieux, que Dieu a accepté votre don de
vous-même comme un fait accompli. Regardez-vous comme quelqu'un qui a
réellement tout donné pour obtenir le trésor céleste. Croyez que Dieu a déversé
sur vous la plénitude de l'Esprit, et que vous ne tarderez pas à en jouir.
Rendez grâces par la foi en attendant ; vous ne serez pas déçu.
7.
Je compte maintenant sur Dieu, m'attendant à ce qu'Il manifeste en moi la
bénédiction qu'Il m'a accordée.
Il s'agit d'entrer en jouissance de votre
héritage. Reposez-vous seulement sur Dieu avec la parfaite assurance qu'Il peut
se faire connaître à vous d'une manière vraiment divine. Soyez sans crainte :
rien n'est trop grand ni trop difficile pour Lui. Mieux vous vous rendrez
compte de votre néant et de la grandeur de Dieu et du don qu'Il vous accorde,
plus il vous sera évident qu'il vous faut un miracle de la grâce. S'il y a en
vous, à votre insu, des choses qui fassent obstacle à la bénédiction. Dieu
s'est engagé à les faire disparaître. Qu'elles soient consumées dans l'ardeur
même de votre désir, anéanties par la flamme de l'amour divin. Que votre attente
reste ferme : Celui qui dans le vase fragile d'une vierge a manifesté la vie
divine dans la personne de l'Enfant, et qui a ressuscité ce même Jésus
pour
la vie de gloire, n'est pas moins puissant pour vous faire jouir aussi
effectivement de la présence de Son
Esprit.
Vous qui me lisez, mon frère bien-aimé, ne
laissez pas sans réponse l'appel de Dieu, je vous en conjure. Il voudrait
pouvoir confier au Saint-Esprit la direction entière de votre nature et de
votre vie, et il vous demande si vous êtes bien d'accord. Répondez sans
arrière-pensée : « De tout mon cœur, Seigneur ». Que cette promesse divine
devienne votre grande préoccupation, votre pensée suprême. Ne vous bornez pas à
en faire un sujet de prière; qu'il y ait entre vous et Dieu un pacte précis,
sur lequel il n'y ait pas à revenir en arrière.
Faites cela aujourd'hui même, attendez
avec une foi inébranlable le miracle de la Toute-Puissance. Vous verrez alors à
quel point il est nécessaire que votre cœur soit vidé de tout ce qui s'oppose à
l'Esprit, délivré de toute chaîne, pour que Christ demeure en vous. La
bénédiction vous sera sûrement accordée.
VII.
COMMENT CONSERVER CETTE GRÂCE
Mais vous, bien-aimés, vous édifiant
vous-mêmes sur votre très sainte foi, et priant par le Saint-Esprit,
maintenez-vous dans l'amour de Dieu... Or, à Celui qui peut vous préserver de
toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irrépréhensible et dans
l'allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur,
soient gloire, majesté, force et puissance, dés avant tous les temps et
maintenant, et dans tous les siècles. Amen. (Jude 1: 20-25)
Après avoir reçu la plénitude de la
bénédiction de la Pentecôte, peut-on la perdre? Bien certainement. Dieu ne la
confère pas de telle façon qu'on soit contraint de la conserver bon gré mal
gré. C'est un talent à faire valoir, et dont on ne jouit qu'à cette condition.
Après avoir été baptisé du Saint-Esprit.
Jésus eut encore à marcher dans une vie parfaite qui augmentait sans cesse en
lumière et en forces, perfection par l'obéissance aux directions de l'Esprit.
De même, le chrétien doit veiller à ne point perdre la bénédiction reçue, mais
à l'accroître de jour en jour.
Comment cela? Simplement en la confiant à
la garde du Seigneur. C'est ainsi que Paul écrit à Timothée « Il a la puissance
de garder mon dépôt » et : « Garde le bon dépôt, — par le Saint-Esprit qui
habite en nous » (2 Timothée. 1: 12, 14). Et Jude de même: « Maintenez-vous
dans l'amour de Dieu », ajoutant la doxologie : « A Celui qui peut vous
préserver »... (Jude 1 :21, 24). Il en est de cette bénédiction comme de la
manne au désert elle doit descendre du ciel toute fraîche chaque matin.
Comme la vie naturelle, la vie spirituelle
a constamment besoin de l'air pur, et vivifiant qui vient du dehors et
d'En-Haut. Examinons comment peut se maintenir ce contact perpétuel.
1.
C'est Jésus qui nous a donné la bénédiction : à Lui de nous la garder.
Il est « Celui qui garde Israël », et Il
est fidèle à Son nom. Comme Dieu garde et soutient le monde qu'Il a créé, Jésus
maintient aussi de moment, en moment la grâce donnée à la Pentecôte. Le
Saint-Esprit n'est pas une puissance dont nous puissions disposer à notre gré ;
c'est Lui qui domine sur nous et qui agit en nous. La seule attitude qui nous
convienne est celle d'une absolue dépendance, dans le sentiment de notre néant
et de notre impuissance, de sorte que Jésus puisse faire en nous Son oeuvre.
Faute de le comprendre, on redoute parfois
d'entrer en possession de la bénédiction promise, de peur de ne pouvoir
persévérer. Comment se maintenir à un niveau si élevé: C'est avoir une bien
pauvre idée de la réalité. Si Jésus vient établir Sa demeure dans mon cœur,
c'est pour prendre toute ma vie intérieure sous Son contrôle et en faire
l'objet de Sa sollicitude. Sans doute, nous avons à veiller, mais sans anxiété,
et sans cesser d'être joyeux. C'est en Souverain que le Seigneur est entré dans
Son sanctuaire, et tout ce qu'Il demande, c'est que l'âme Le reconnaisse et
L'honore comme son fidèle Berger, son tout-puissant Gardien.
2.
C'est par la foi que s'obtient la bénédiction, et par la foi qu'elle se
maintient.
A tous les degrés de la vie spirituelle
règne la même grande loi du Royaume : « vous soit fait selon votre foi ». Grain
de moutarde au début, la foi va grandissant sans cesse, s'emparant à chaque pas
de trésors nouveaux. « Je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi, et ce
que je vis encore dans la chair, je le vis dans la foi »... (Galates 2 : 20).
La foi de l'apôtre s'accroissait avec les besoins de sa vie et de son oeuvre,
vaste et puissante en face des richesses inépuisables de son Maître, Ce n'était
plus lui qui vivait, il laissait Jésus agir librement en lui.
La plénitude de l'Esprit n'est pas un don
accordé une fois pour toutes, une sorte de bloc de vie divine. Elle est plutôt
semblable à ce torrent d'eau de la vie qui jaillit de dessous le trône de Dieu
et de l'Agneau. C'est une communication incessante de la vie et de l'amour de
Jésus, qui n'est possible que dans une intime communion avec Lui. Il ne demande
qu'à poursuivre et à mener à bien l’œuvre commencée, pourvu qu'on se livre avec
une joyeuse confiance à Son sceptre souverain.
3.
Il faut donc demeurer dans la communion arec Jésus pour qu'Il puisse nous
conserver cette grâce.
Le but même de la bénédiction de la
Pentecôte est de nous révéler Jésus comme un Sauveur tout-puissant. Le
Saint-Esprit n'est pas venu prendre la place de Jésus, mais Lui unir Ses disciples
plus étroitement, plus profondément et plus parfaitement. Cette puissance d'En
Haut ne devenait pas leur propriété : elle restait inséparable du Seigneur
Jésus et du Saint-Esprit. Toute opération de cette puissance était l’œuvre
directe de Dieu en eux, et avait pour effet de rendre plus étroites leurs
relations précédentes avec leur Maître.
De même l'Esprit, glorifiera toujours
Jésus en nous, comme l'unique Seigneur de qui vient tout ce qui est glorieux.
Une étroite communion avec Dieu, une vie de sanctuaire, la recherche de Sa
volonté dans Sa Parole, le sacrifice de notre temps, de nos affaires, de nos
rapports de société, seront souvent indispensables pour ne pas perdre la
bénédiction. C'est celui qui met Sa communion au-dessus de tout, qui sait ce
que c'est que d'être gardé.
4.
C'est dans le sentier de l’obéissance que nous serons gardés.
En promettant le Saint-Esprit, le Seigneur
Jésus réclama par trois fois l'obéissance. « Si vous M'aimez, gardez mes
commandements, et Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Consolateur »
(Jean 14 : 15-16; 14 :21,23). Pierre parle du Saint-Esprit que Dieu a donné à
ceux qui Lui obéissent (Actes 5 : 32). Du Seigneur Lui-même il est écrit qu' «
Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort... C'est pourquoi aussi Dieu L'a
souverainement élevé » (Philippiens 2 : 8, 9). L'obéissance est ce que Dieu se
doit d'exiger, comme étant le devoir et le bonheur de la créature. Seule, elle
relève les ruines accumulées par la chute. Aussi Jésus est venu la rétablir :
c'est Sa vie même.
Il y a deux sortes d'obéissance : l’une,
très défectueuse, bonne volonté impuissante, celle des disciples avant la
Pentecôte, acceptée par le Seigneur en considération de leurs bonnes
intentions; l'autre, celle d'après la Pentecôte, obéissance filiale, abandon
sans réserve à la volonté de Dieu. A cette école, on apprend à discerner la
voix de Jésus, la voix de l'Esprit, et la voix de la conscience, et à se
laisser docilement conduire. Le vrai moyen d'affermir en nous la vie de
Pentecôte, c'est d'aimer Jésus, le divin Modèle d'obéissance, l'obéissance
incarnée, qui ne faisait jamais que ce qui était agréable à Son Père.
L'exercice de cette obéissance affermit
puissamment notre confiance en Dieu, de sorte que nous en venons à pouvoir tout
attendre de Lui. Pour que la foi soit forte, il faut que la volonté soit forte,
et il n'y a rien de tel pour fortifier la volonté que l'obéissance, l'unique
voie du progrès indéfini.
5.
C'est par la communion fraternelle que se maintient la bénédiction reçue.
Au début, on ne pense guère qu'à soi ;
même après avoir reçu la plénitude de l'Esprit, on se préoccupe d'abord de ne
pas la perdre. Mais on ne tarde pas à apprendre sous la direction de l'Esprit
qu'aucun membre du corps ne saurait jouir d'une santé florissante en se tenant
à l'écart des autres. On commence à comprendre qu'il y a « un seul corps et un
seul Esprit », une seule sève vivifiante qui circule dans tout le corps.
De ce principe découlent des leçons de la
plus haute importance. Tout ce que nous avons reçu appartient aux autres et
doit s'employer à leur service. De même, tout ce qu'ont les autres nous
appartient aussi et nous est indispensable. Il faut que les membres du corps de
Christ agissent à l'unisson pour que l'Esprit puisse faire Son oeuvre. Il nous
faut déclarer ce que le Seigneur a fait pour nous, réclamer l'intercession des
autres, rechercher la communion avec eux, les aider selon notre pouvoir avec ce
que nous avons reçu, en prenant à cœur l'état misérable de l'Église, non pas dans
un esprit de jugement et de récriminations, mais bien plutôt dans un esprit
d'humilité et de prière, de bienveillance et de douceur. Nous apprendrons à
l'école de Jésus comment « la plus grande de ces choses, c'est l'amour » (1
Corinthiens 13 : 13), et Il se servira de notre dévouement à Sa cause pour
faire abonder en nous l'action de l'Esprit.
6.
Mettons au service du Royaume toute grâce reçue, et elle nous sera
conservée.
Nous l'avons dit déjà, l'Esprit a été
donné comme un moyen d'action, une force pour servir. Le nom même de
Jésus-Christ implique une entière consécration à l’œuvre de Dieu, un amour des
âmes allant jusqu'au sacrifice : Il n'a vécu ici-bas que pour cela, ne vit au
ciel que pour cela. Comment pourrait-on s'imaginer avoir l'Esprit de Christ
alors qu'on n'a pas l'amour des âmes? Il nous faut donc d'emblée rattacher
étroitement unies l'une à l'autre ces deux opérations de l'Esprit : Il n'agit
en nous qu'en vue de ce qu'Il veut faire par nous. Nous n'obtiendrons quelque
bénédiction réelle et durable que si nous nous mettons nous-mêmes au service de
l'Esprit pour accomplir Son oeuvre.
Cette bénédiction n'est pas toujours
accordée avec la même intensité, ni toujours tout entière à la fois. Il se peut
qu'on ne l'obtienne qu'à la suite d'expériences préparatoires, dont on perdrait
le bénéfice en voulant en jouir égoïstement. Qu'on se livre au contraire au
Seigneur pour se laisser utiliser par Lui comme Il le jugera bon, et l'on
constatera que, loin d'épuiser ou d'appauvrir le trésor reçu, le travail le
conserve et l'enrichit.
7.
Relevons un dernier point. C'est en demeurant Lui-même en nous que Jésus
nous maintient en possession de la bénédiction de la Pentecôte.
Il peut sembler presque incroyable
qu'étant sur la terre, nous restions en communion ininterrompue avec le
Seigneur du ciel.
Mais cela devient tout simple dès que
l'Esprit nous apprend à chercher Christ, non plus dans les profondeurs du ciel,
mais dans notre cœur, devenu Sa demeure, Son sanctuaire; et cela de telle sorte
qu'Il devient comme l'âme même de notre âme, qu'il façonne à Son image, qu'Il
inspire et qu'Il anime. Comme le soleil, du haut du firmament, fait pénétrer sa
chaleur jusque dans mes moelles, ainsi du haut du ciel, le Seigneur agit en moi
de telle façon par Son Esprit que ma nature même, ma manière de vouloir, de
penser et de sentir, en est transformée. Je ne suis pas sous la protection d'un
Gardien extérieur ; c'est du dedans que l'Esprit communique à ma personnalité
le caractère, la nature divine de mon Sauveur.
Que personne donc ne se laisse arrêter par
la crainte de ne pouvoir persévérer. C'est Jésus qui se charge de nous
conserver la grâce promise. Qu'on ne s'achoppe pas non plus au fait qu'on n'en
saisit pas bien le secret. Comme aux jours de Sa chair Jésus-Christ était
constamment avec Ses disciples, de même Il veut par Son Esprit être tous les
jours et tout le jour votre vie, vivre en vous Sa vie. Nul ne peut se rendre
exactement compte de la vue dont on jouit du sommet d'une montagne avant d'y
avoir été lui-même. Sans attendre de tout comprendre, croyez que le Seigneur
Jésus n'a envoyé Son Esprit que pour vous avoir et vous garder à Sa
disposition. Rejetant donc toute entrave, laissez-Le répandre en vous à flots
et dans sa plénitude la bénédiction de la Pentecôte, pour qu'elle jaillisse en
vous en vie éternelle.
VIII.
COMMENT ACCROÎTRE ENCORE NOTRE TRÉSOR
Celui qui croit en Moi n'aura jamais soif.
(Jean 6 : 35.) Celui qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive jailliront de son
sein. (Jean 7 : 38)
Peut-on remplir davantage ce qui est déjà
plein? Bien certainement : on peut le faire constamment déborder. Et c'est bien
là la caractéristique et la loi de cette bénédiction.
Les passages ci-dessus mentionnés
renferment une double promesse : d'abord l'apaisement de la soif, tous les
besoins de l'âme étant satisfaits; puis les fleuves d'eau vive, le pouvoir
d'étancher la soif des autres. Voilà la différence entre la vie pleine et la
vie débordante.
Il
en est des fleuves d'eau vive comme de certaines sources. Elles ne coulent
d'abord que faiblement. Mais plus on y puise, plus l'eau arrive abondante.
Cherchons dans quelle mesure cela se réalise dans le domaine spirituel, et
quelles sont les conditions à remplir pour que la plénitude de l'Esprit aille
toujours croissant et débordant.
1.
Retenez ferme ce que vous avez.
Assurez-vous de la réalité de ce que vous
avez reçu. Ne vous forgez pas des notions fausses à ce sujet. Ne vous figurez
pas devoir nécessairement jouir aussitôt d'une surabondance de joie et de
puissance. Dans l'état de stagnation dont souffre actuellement l'Église, la
convalescence peut être lente. La vie nouvelle n'est d'abord qu'un grain de
semence dans lequel se cache un germe. Lorsqu'on s'est livré à Dieu pour
recevoir cette grande grâce, et qu'on poursuit sa route avec joie en se
répétant au fond du cœur : « La plénitude de l'Esprit est pour moi », on
n'éprouve pas toujours exactement les sentiments que l'on attendait; ou, s'ils viennent,
ils ne durent pas. Alors on commence à se demander si l'on ne s'est pas bercé
d'une illusion; si l'on n'a pas pris une simple émotion pour la grande
bénédiction de la Pentecôte. Et, loin d'aller en augmentant, la joie et la vie
font place au découragement.
C'est, qu'on a manqué de foi. On n'est que
trop porté à marcher par la vue et par les impressions, à oublier qu'il s'agit
d'une grâce qui est du domaine de la foi. Même chez les chrétiens les plus
avancés, la foi ne repose pas sur ce qu'ils peuvent voir ou expérimenter de
l'action de Dieu en eux, mais sur Son action invisible, cachée, insaisissable.
Donc, point de découragement! Si vous, vous êtes donné à Dieu d'un cœur entier,
si d'autre part vous savez que Dieu se dispose de tout Son cœur à accomplir en
vous Sa promesse, attendez tranquillement, en vous tenant en Sa présence sans
varier dans votre attitude spirituelle.
Quand même l'hiver avec ses frimas semble
tout ensevelir dans son linceul, redites avec Habacuc (Habacuc 3 : 17, 18) : «
Le figuier ne fleurira pas, la vigne ne produira rien… toutefois je veux me
réjouir en l’Éternel, je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut. » Alors
vous apprendrez à connaître Dieu, et Dieu vous reconnaîtra comme Sien. Si vous
êtes sûr de vous être offert à Dieu comme un vase vide, mis à part et purifié
pour être rempli de l'Esprit, restez simplement dans les mêmes dispositions, et
attendez. Croyez que Dieu vous a accepté, — vase purifié par Jésus-Christ,
moyennant votre foi et votre consécration. — persévérez dans cette attitude,
et, soyez-en assuré, la bénédiction viendra abondante et surabondante. « Celui
qui croit ne sera pas confus » (1 Pierre 2 : 6)
2.
Persévérez dans une attitude d'entier renoncement à vous-même et à toutes
choses.
Plus un réservoir est vaste, plus il peut
obtenir d'eau, et plus aussi sera abondant le flot qui en jaillira quand on lui
frayera un passage.
C'est en toute droiture et loyauté que
vous vous êtes offert à Dieu en Lui demandant cette bénédiction; et votre
consécration a été agréée de Dieu. Mais vous rendiez-vous bien compte de toute
la portée de vos paroles? Le Seigneur a peut-être encore beaucoup de choses à
vous apprendre quant à ce qu'est votre MOI, quelles racines profondes et
corrompues il possède, quelle action il exerce encore sur ce que vous dites et
ce que vous faites. Renoncez constamment et totalement à toute vie propre, à
toute recherche de vous-même, et l'Esprit sera toujours prêt à venir remplir
tous les vides. Pour autant que vous vous connaissez, vous avez tout donné;
mais laissez-vous éclairer par l'Esprit, et Il vous mènera plus avant. La
bénédiction ne sera répandue dans sa plénitude sur l'Église que lorsqu'on
prendra pour règle et modèle à suivre l'immolation parfaite de Christ.
Il suffit, parfois de bien peu de chose
pour couper court aux progrès spirituels : un insignifiant désaccord entre
amis, qui vient mettre au jour leur manque de support et d'esprit de pardon ;
un brin de susceptibilité, ou de cet orgueil qui n'aime pas à passer au dernier
rang; un peu d'attachement aux biens terrestres, comme si nous en étions les
propriétaires, et non simplement les gérants: encore un peu trop de sollicitude
pour la chair, à propos du manger ou du boire; ou bien il y a relâchement dans
le renoncement à soi, à propos de plaisirs légitimes et innocents en eux-mêmes,
mais qui ne conviennent guère à qui fait profession d'être conduit par l'Esprit
de Dieu et de ressembler à Jésus ; ou enfin peut-être s'agit-il de choses sur
lesquelles les avis diffèrent, mais dans lesquelles on cède aisément aux
convoitises charnelles.
Si vous êtes sincère dans votre désir de
posséder la plénitude de la bénédiction de la Pentecôte, n'attendez pas que la
tentation soit là pour vous pénétrer de la règle fondamentale de l'imitation de
Jésus celle du renoncement. Règle facile, fardeau légers pour qui se rappelle
la promesse du « centuple dans ce siècle-ci ». « On versera dans votre sein une
bonne mesure, serrée, secouée et débordante ».
3.
Regardez-vous comme ne vivant que pour rendre heureux les autres.
Dieu est amour. Pour Lui, vivre, c'est se
donner pour rendre la créature participante de Sa sainteté et de Sa félicité.
Sa gloire est de mettre tout ce qu'Il a à la disposition de ses créatures.
Jésus-Christ, le Fils de Son amour, en est
le Porteur et le Dispensateur. Il est venu le rendre visible ici-bas par Sa vie
et par Sa mort à la gloire du Père, montrant que Dieu n'a d'autre ambition que
de bénir les hommes et de les rendre heureux; et Il est venu nous apprendre qu'il
n'y a pas de plus grand honneur ni de plus grand bonheur que de donner et de se
donner.
Le Saint-Esprit, l'Esprit du Père et du
Fils, est venu nous rendre participants de cette nature divine, en répandant
dans nos cœurs l'amour de Dieu, en faisant habiter Christ dans nos cœurs de
telle manière qu'Il soit réellement formé en nous et que notre « homme
intérieur » porte Son empreinte et revête Son caractère.
N'est-il donc pas évident qu'on ne peut
jouir de la plénitude de l'Esprit que si l'on est prêt à s'enrôler au service
de l'amour? L'Esprit vient chasser la recherche de nous-même. La plénitude de
l'Esprit implique la disposition à se consacrer au bonheur et au service de
tous, avec un dévouement toujours croissant. L'Esprit est l'effusion de la vie
de Dieu : livrons-nous à Lui, et Il sera ces fleuves d'eau vive qui jaillissent
des profondeurs du cœur.
Ainsi, pour accroître notre précieux
trésor, commençons par vivre comme n'ayant été laissés ici-bas que pour servir
d'instruments à l'amour divin. Tous ceux qui nous entourent, aimons-les de cet
amour divin répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit.
Aimons cordialement les enfants de Dieu,
même les plus faibles et les moins aimables. Cherchons toutes les occasions de
montrer notre amour. Aimons ceux du dehors. Offrons-nous à l'Esprit avec amour,
et l'amour nous fera parler, agir, donner et prier. S'il ne s'ouvre pas de
porte pour travailler, ou si les forces nous manquent, il nous reste toujours
la porte de l'intercession. Étendons notre amour au monde entier, puisque
Christ appartient aussi aux païens. C'est l'Esprit qui est la puissance de
Christ pour leur rédemption. Comme le Père, comme le Fils, comme le
Saint-Esprit, ne vivons que pour bénir, et la bénédiction jaillira et
débordera.
4.
Que par votre foi, Jésus-Christ soit tout pour vous.
Il est écrit, vous le savez : « Il a plu
au Père que toute plénitude habitât en Lui, afin qu'Il tînt le premier rang en
toutes choses » (Colossiens. 1 : 18,19): et « Toutes les promesses de Dieu sont
oui en Lui et Amen en Lui, afin que Dieu soit glorifié par nous » (2
Corinthiens 1 : 20). La promesse des « fleuves d'eau vive », est rattachée par
le Seigneur à la foi en Lui « Celui qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive
jailliront de son sein ». Ce mot « croit » bien compris devrait suffire comme
réponse à la question qui nous occupe.
Croire, c'est d'abord voir par l'Esprit en
Jésus un torrent d'amour divin; c'est voir que l'Esprit Lui-même jaillit
toujours de Christ, le Porteur de la vie produite par cet amour, et qui n'est
qu'un torrent d'amour. Croire, ensuite, c'est s'emparer de la promesse, c'est
s'approprier la bénédiction apportée par Christ, la regarder comme une réalité
certaine, pour laquelle on rend grâces d'avance. Croire, enfin, c'est tenir
ouverte la porte du cœur, de sorte que Christ puisse venir en prendre
possession et le remplir de Son Esprit. La foi devient ainsi le lien le plus
intime et le plus solide entre l'âme et son divin Roi, établi par l'Esprit sur
Son trône dans le cœur.
« Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu
verras la gloire de Dieu? » Voilà la leçon qu'il nous faut, apprendre. Que tous
les doutes, toutes les contrariétés nous trouvent pleins de confiance et de
joie en Jésus, sûrs qu'Il poursuit Son oeuvre en nous. Il y a deux méthodes
pour tenir tête au mal : ou bien résister par un effort énergique, en puisant
sa force dans la Parole et dans la prière; c'est alors une question de force de
volonté; ou bien se tourner simplement vers le Seigneur en Lui disant avec foi
: « Seigneur, je suis sans force. Tu es Celui qui me garde » (Psaume 121 : 5).
C'est la méthode de la foi. « La victoire par laquelle le monde est vaincu,
c'est notre foi » (1 Jean 5 : 4). Voilà bien « la seule chose nécessaire »,
puisque c'est l'unique moyen qui permette à Jésus, la vraie « Seule Chose
Nécessaire », de poursuivre en nous l’œuvre de Son Esprit.
Il faut que de moment en moment Christ
soit tout pour nous. Tout comme nous avons besoin d'air de moment en moment
pour vivre, il faut aussi que Dieu renouvelle sans cesse en nous la vie divine
et Il le fait par notre communion avec Christ, puisque Christ n'est autre chose
que la plénitude de Dieu, Sa vie, Son amour mis à notre portée et à notre
disposition. Et l'Esprit est simplement la plénitude de Christ. Sa vie, Son
amour, nous enveloppant comme l'air enveloppe notre corps.
Oh! croyons que nous sommes en Christ, qui
nous enveloppe de Sa céleste puissance, ardemment désireux de faire jaillir de
nos cœurs les fleuves d'eau vive! Gardons la joyeuse assurance que le
Tout-Puissant tiendra glorieusement parole et que notre suprême allégresse est
de tout sacrifier pour Lui. Nous ferons alors l'expérience que des fleuves
d'eau vive jaillissent en effet du sein de celui qui croit en Lui. Amen.
IX.
COMMENT CETTE GRÂCE ATTEINT SON PLEIN ÉPANOUISSEMENT
Je fléchis les genoux devant le Père...
afin qu'Il vous accorde d'être puissamment fortifiés par Son Esprit dans
l'homme intérieur En sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi Afin
qu'enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez connaître l'amour de Christ,
qui surpasse toute connaissance ; En sorte que vous soyez remplis de toute la
plénitude de Dieu. (Ephésiens 3 : 14-19)
Toute bénédiction divine, nous l'avons vu,
est comme un grain de semence renfermant un germe de vie impérissable. Il ne
faut donc pas s'imaginer qu'une fois rempli de l'Esprit, on ait atteint la
perfection. Ce serait commettre une grave erreur. C'est après avoir été rempli
de l'Esprit à Son baptême que le Seigneur Jésus dut aller au désert pour y être
encore perfectionné par les tentations et par l'apprentissage de l'obéissance.
Et si la Pentecôte arma les disciples, ce fut pour les rendre capables de
lutter victorieusement contre le péché en eux-mêmes et autour d'eux. Ce n'est
que pas à pas que l'Esprit de vérité nous conduit dans toute la vérité, nous
dévoile le dessein éternel de Dieu et nous apprend à connaître Christ, et le
secret de la vraie sainteté et de la communion intime avec Dieu.
La plénitude de l'Esprit ne fait que nous
rendre aptes à une vie digne de Dieu. Voilà pourquoi tout enfant de Dieu doit
absolument aspirer à cette grâce et cela d'autant plus qu'il s'en sent indigne.
Aussi Paul adresse-t-il à Dieu la prière ci-dessus mentionnée en faveur de tous
les croyants indistinctement. Il ne s'agit pas à ses yeux de quelque chose
d'exceptionnel, d'une sorte de luxe bon seulement pour des chrétiens éminents.
Non, il prie pour tous ceux qui ont reçu le Saint-Esprit à leur conversion,
pour que, sous une action toujours plus puissante de cet Esprit, Dieu les amène
à l'état normal, c'est-à-dire à être « remplis de toute la plénitude de Dieu ».
Chacun voit dans cette prière une des plus glorieuses descriptions de ce que
doit être la vie chrétienne. Il vaut la peine de l'étudier de près.
1.
Que le Père nous accorde d'être puissamment fortifiés par l'Esprit.
Les destinataires de l'épître avaient reçu
le Saint-Esprit depuis qu'ils avaient cru (Ephésiens1 :13 ; 4 :30). Mais
savent-ils tout ce que l'Esprit peut faire pour eux ? Savent-ils que leur
ignorance risque d'enrayer leurs progrès? Il fléchit donc les genoux et prie
sans cesse pour eux, afin que le Père les fortifie puissamment par son Esprit
dans l'homme intérieur, autrement dit, les remplisse de l'Esprit, ce qui est la
condition indispensable d'une vie féconde et prospère.
Ce que Paul demande, c'est quelque chose
de nouveau et de précis; il demande que Dieu l'accorde « selon les richesses de
Sa gloire ». Il ne s'agit pas d'une bagatelle, mais bien plutôt d'un miracle
venant du ciel.
Ainsi notre vie dépend jour après jour de
la volonté de Dieu, de Sa grâce toute-puissante. Si Dieu n'agit pas, ne nous
fortifie pas de moment en moment par Son Esprit, nous ne saurions vivre de
manière à Lui être agréables. De même que toute créature périrait à l'instant
où Dieu cesserait de veiller sur sa vie naturelle, de même, en nous donnant Son
Saint-Esprit, Dieu s'engage à faire Lui-même en nous constamment, tout ce qui est
nécessaire. A nous d'apprendre à connaître et à aimer cette absolue dépendance,
et à nous attendre d'heure en heure à l'action puissante de l'Esprit.
Si Paul écrit à ses lecteurs la teneur de
sa prière, c'est pour qu'ils sachent de quoi ils ont besoin et pour qu’ils le
demandent aussi eux-mêmes. Mettons la leçon à profit attendons aussi de Dieu, à
genoux, qu'Il déploie en notre faveur les richesses de Sa gloire et nous
fortifie puissamment par Son Esprit, par cet Esprit qui est en nous déjà, mais
comme une semence encore engourdie par le sommeil. Redisons-nous sans cesse
avec une ferme assurance : « Dieu veut me remplir de Son Esprit, me rendre
participant de Sa nature ».
2.
En sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi.
Tel est le glorieux résultat de l'action
de l'Esprit dans l'homme intérieur. Manifester le Fils, voilà le dessein
éternel du Père. Ce n'est que dans le Fils que se réalise pleinement le bon
plaisir du Père; ce n'est que par Lui qu'Il peut avoir communion avec la
créature. Il ne trouve sa joie en nous que pour autant qu'Il peut y voir Son
Fils. Aussi son œuvre principale, dans la rédemption, est-elle de révéler en
nous Son Fils, et d'obtenir ainsi qu’il établisse Sa demeure en nous, tellement
que notre vie devienne l'expression visible de la vie de Jésus.
Si donc Il nous fortifie par Son Esprit,
c'est pour que Christ habite par la foi dans nos cœurs. Lorsque quelqu'un
habite une maison, il ne s'identifie pas pourtant avec elle. Christ, au
contraire, en prenant possession de nos cœurs, les pénètre et les imprègne en
quelque sorte de Sa vie. L'Esprit inspire notre volonté et l'amène à un parfait
accord avec celle du Père, comme l'est celle de Jésus, en sorte que, prosternés
comme Lui devant le Père, nous nous abandonnons humblement à Lui, n'ayant plus
d'autre ambition que de Le glorifier.
Notre cœur devient ainsi le sanctuaire
dans lequel l'Esprit nous apprend à chercher notre Sauveur, devenu un avec
nous.
C'est en vous, mon frère, que Dieu désire
retrouver Son Fils. Il ne demande qu'à agir puissamment en vous pour que Christ
habite dans votre cœur. Et Jésus Lui-même vous aime d'un amour tel qu'Il ne se
donnera pas de repos avant d'avoir fait de votre cœur Sa demeure. Telle est la
bénédiction suprême que vous apporte la plénitude de l'Esprit.
C'est « par la foi » qu'on reçoit le
Saint-Esprit et qu'on Le sait à l’œuvre; c'est « par la foi » qu'on ouvre son
cœur à Jésus, et qu'on Le sait, présent. Croyez seulement qu'Il est en vous, et
que vous pouvez jouir de Sa communion constante, mieux encore que Ses disciples
aux jours de Sa chair, parce que cette communion est plus intime. Priez donc le
Père d'ouvrir votre cœur et de vous rendre capables de vous approprier
réellement cette plénitude de l'Esprit.
3.
Afin qu'enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez connaître l'amour de
Christ, qui surpasse toute connaissance.
Tel est le fruit magnifique de
l'habitation de Christ dans un cœur l'amour de Dieu est répandu dans ce cœur
par le Saint-Esprit, l'amour même dont Dieu aime Son Fils. Nous apprenons ainsi
que, pour Dieu, vivre, c'est aimer; que la vie de Christ en nous n'est
qu'amour. Nous voilà ainsi enracinés et fondés dans l'amour, dans un amour
céleste, qui devient comme la sève dont nous vivons. L'amour est l'élément
suprême de notre vie spirituelle, le principal de ces fleuves d'eau vive qui
jaillissent de notre sein.
Nous comprenons alors mieux l'importance
de certaines vérités : l'amour est l'accomplissement de la loi; l'amour ne fait
point de mal au prochain (Romains 13 : 10) l'amour ne cherche point son intérêt
(1 Corinthiens 18 : 5) ; l'amour donne sa vie pour les autres (1 Jean 3 :16).
Notre cœur va s'élargissant sans cesse. Amis et ennemis, enfants de Dieu et
enfants du monde, ceux qui sont aimables et ceux qui sont haïssables, rachetés
et perdus, tous, collectivement et individuellement, tous sont enveloppés dans
l'amour de Dieu. Nous découvrons que le bonheur se trouve dans le sacrifice de
notre amour-propre, de notre avantage et de nos aises, en faveur des autres.
L'amour sacrifie sans calculer : c'est son bonheur d'aimer et de se dévouer; il
ne peut faire autrement : c'est sa vie. C'est que le Père agit puissamment en
nous par Son Esprit; et que le Fils, l'Amour crucifié, Lui « qui m'a aimé et
qui s'est donné Lui-même pour moi », demeure en nous et remplit notre cœur de
Lui-même. Plongeant nos racines dans l'amour, en Dieu, qui est amour, comment
n'aurions-nous pas pour fruit l'amour?
« Vous puissiez connaître l'amour qui
surpasse toute connaissance », pas seulement avec l'intelligence, mais avec le
cœur débordant de bonheur à cause de la présence de Jésus; connaître cet amour
comme quelque chose d'inconnaissable pour le cœur réduit à ses propres lumières
; et le connaître de telle façon que Dieu puisse vous remplir, vous submerger
de Son amour, chétifs vases de terre que vous êtes.
Rappelez-vous que « Dieu est Amour » Il a
fait tout ce qu'il fallait pour que vous puissiez connaître pleinement l'amour.
Nous allons donc nous mettre avec une ardeur nouvelle à demander au Père de
nous remplir de l'Esprit, de telle sorte que nous puissions connaître l'amour
insondable de Christ.
4.
En sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu.
Oh ! mystère insondable ! oh ! félicité
divine! Qui pourra jamais nous dire tout ce que renferment ces mots? Nous
voyons cependant dans la personne de Jésus un homme rempli de Dieu, rendu
parfait par la souffrance et par l'obéissance, un homme rempli de toute la
plénitude de Dieu : dans une existence humaine tout ordinaire, faite
d'isolement et de pauvreté, Il a montré ce que peut être ici-bas la vie des
habitants du ciel, qui sont remplis, eux, de toute la plénitude de Dieu. On
pouvait aisément voir que Sa vie était d'aimer et de glorifier Dieu, de Lui
obéir et de Le servir : Dieu était tout pour Lui.
Le monde a été créé pour manifester la
sagesse, la puissance et la bonté de Dieu. Et l’œil du croyant aperçoit en
effet Dieu partout. « Toute la terre est pleine de Sa gloire », chantent les
séraphins. Créé à l'image de Dieu, l'homme aurait dû n'être qu'un reflet, un
portrait vivant de Dieu, manifestant la gloire de Dieu par toute sa vie. Dieu
aurait dû être tout pour lui, et tout en lui; il aurait dû être tout rempli de
Dieu.
Mais la chute vint bouleverser ce plan
divin au lieu d'être rempli de Dieu, l'homme ne fut plein que de lui-même et du
monde; et nous sommes aveuglés par le péché à un tel point qu'il semble
incroyable qu'on puisse encore être rempli de Dieu. Que de chrétiens même,
hélas! n'aperçoivent rien de désirable dans cet idéal! Et c'est pourtant afin
qu'il s'accomplisse en nous que Christ est venu nous racheter et que Dieu
désire agir puissamment en nous par Son Esprit.
« Remplis de toute la plénitude de Dieu ».
Voilà bien la raison d'être de la Pentecôte, de sorte que nous sommes en droit
de nous attendre au Saint-Esprit pour qu'Il nous mette en possession de cette
bénédiction. Il saura nous inspirer cette parfaite humilité qui faisait dire à
Jésus : « Je ne puis rien faire de Moi-même » ; « Je ne fais pas Ma volonté »;
« Les paroles que Je dis, Je ne les dis pas de Moi-même » (Jean 5 : 30; 6:38;
12:49; 14:10). Plus nous serons débarrassés de notre MOI et de notre confiance
en nous-mêmes, mieux Il pourra nous faire constater que Dieu est réellement
tout pour l'âme qui consent à n'être rien. Ce Jésus rempli de Dieu deviendra
notre vie. Enracinés avec Lui dans l'amour, nous mettrons au-dessus de toute la
gloire de Dieu, Sa volonté et Son amour.
Ce serait faire injure à l'amour de Dieu
que d'alléguer votre indignité et de prétendre que cette expérience ne saurait
être pour vous, alors que, de fait, elle est la volonté de Dieu à votre égard :
Il l'a ordonnée et l'a promise. A Lui de la réaliser. En toute humilité donc,
mais avec la hardiesse de la foi, faites de ce mot : « rempli de toute la
plénitude de Dieu », la devise de votre vie. Vous verrez quel levier puissant
ce sera pour vous faire sortir de votre complaisante recherche de vous-même et
pour vous enraciner dans l'amour de Dieu, tellement que, recevant tout de Lui,
vous Lui rapporterez aussi tout. Vous comprendrez que seule la présence de
Christ dans votre cœur pourra maintenir en vous cette plénitude d'amour divin,
et que seule l'action de l'Esprit pourra vous garder dans cette étroite communion
avec votre Sauveur. Vous serez poussé à prier sans cesse, à puiser dans « les
richesses de Sa gloire », décidé à obtenir ce bien suprême d'être « rempli de
toute la plénitude de Dieu », puisque vous aurez compris que c'est à votre
égard la volonté de Dieu.
En face de cette glorieuse perspective,
redisons avec l'apôtre : « A Celui qui, par la puissance qui agit
surabondamment en nous peut faire infiniment au delà que tout ce que nous
demandons ou pensons à Lui soit la gloire dans l'Église (donc dans chacun de
nous) et en Jésus-Christ, dans toutes les générations aux siècles des siècles »
(Ephésiens 3 : 20, 21). Ne désirons rien de moins que ces richesses de la
gloire de Dieu. Commençons aujourd'hui à nous approprier cette plénitude de
l'Esprit comme la puissance capable de faire de nous des êtres remplis de toute
la plénitude de Dieu.
En disant à Abraham : « Je suis le Dieu
tout-puissant » (Genèse 17 : 1), Dieu voulait l'amener à se confier en Sa
toute-puissance pour l'accomplissement de Sa promesse. En consentant à la
croix, Jésus comptait sur la puissance de Dieu pour Le faire sortir du tombeau.
Cette même toute-puissance n'attend que notre foi pour agir aussi en nous. Que
nos cœurs redisent donc : « A Celui qui, par la puissance qui agit en nous,
peut faire infiniment, surabondamment plus que tout ce que nous demandons ou
pensons, à Lui soit la gloire! » Amen.
X.
NE CRAINS POINT, CROIS SEULEMENT
Si vous qui êtes mauvais savez donner de
bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le
Saint-Esprit à ceux qui le Lui demandent? (Luc 11 : 13)
Comme Jaïrus était allé implorer le
secours du Seigneur Jésus en faveur de sa fille mourante, on vint lui annoncer
qu'elle était déjà morte. Mais Jésus lui dit : « Ne crains point, crois
seulement ». C'est quand l'homme est à bout de ressources, quand il ne peut
plus rien, que cette parole consolante acquiert toute sa valeur. Que de fois
elle a été la force des enfants de Dieu dans la plus grande détresse! Eh bien,
qu'elle soit aussi pour nous maintenant notre aide dans notre recherche de
cette grâce suprême, que nous nous sentons tellement impuissants à conquérir
par nos propres efforts. Seul un miracle de la toute-puissance divine peut nous
en mettre en possession. Mais faisons le silence dans nos cœurs, et nous
entendrons la voix du Seigneur nous dire : « Ne craignez point, croyez
seulement : c'est Dieu qui agira ».
« Combien plus »!... Il n'y aurait qu'un
père dénaturé qui refuserait du pain à son enfant; et Dieu nous refuserait Son
Saint-Esprit, plus nécessaire à notre âme que le pain au corps!
Au milieu de tous nos raisonnements et de
toutes nos aspirations, gardons comme la base fondamentale de notre vie
spirituelle cette inébranlable confiance : le Père donnera à Son enfant toute
sa part d'héritage. Dans Son amour infini, Il désire nous posséder entièrement
comme Il est Esprit, Il ne le peut qu'en nous donnant Son Esprit. Aussi vrai
qu'Il est Dieu, Il nous remplira de Son Esprit. Voilà ce qu'il nous faut croire
pour obtenir cette grâce. Et cette assurance-là nous donnera la victoire sur
toutes nos difficultés. Ainsi, « ne crains point, crois seulement »; « ne
t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? » Nous avons
là-dessus trois grandes leçons à apprendre.
1.
Sans pouvoir tout comprendre ni tout expliquer, pourtant « crois seulement
».
On peut se poser plus d'une question dont
la solution risquerait de retarder indéfiniment la bénédiction, si l'on n'était
résolu à l’obtenir auparavant, Mentionnons-en deux.
Celle-ci d'abord : D'où doit venir la dite
bénédiction, du DEDANS ou d'EN HAUT? du DEDANS, répondront sans hésiter
quelques-uns. Le Saint-Esprit est descendu sur la terre à la Pentecôte et a été
donné alors à l'Église. A notre conversion, il pénètre dans notre cœur.
Nous n'avons dès lors plus à le demander,
nous n'avons plus qu'à le mettre en valeur en en faisant usage. Nous L'avons
dans Sa plénitude : nous n'avons donc pas à chercher à en avoir davantage.
C'est bien plutôt Lui qui voudrait nous posséder mieux ; livrons-nous
entièrement à Lui, et Il nous remplira entièrement. Ainsi c'est du dedans que
doit venir la bénédiction : la source d'eau vive est là; qu'on enlève tout
obstacle, et l'eau vive jaillira.
Non, répondront beaucoup d'autres, c'est
d'EN HAUT que doit venir la bénédiction. A la Pentecôte, le Père a donné
l'Esprit, mais Il ne l'a pas abandonné. La plénitude de l'Esprit réside encore
en Dieu: ce qu'Il en donne demeure dans Sa dépendance. C'est Lui qui agit par
Son Esprit, et c'est d'En HAUT, par conséquent que vient toute manifestation
nouvelle de la puissance de l'Esprit. Qu'on se rappelle ce qui s’est passé en
Samarie et à Césarée, longtemps après la Pentecôte (Actes 4 :31). C'est encore
au ciel qu'est l'Esprit dans Sa plénitude, c'est du ciel qu'on doit l'attendre.
Ne perdez pas votre temps, mon frère, à
chercher qui a raison : Dieu peut bénir ainsi comme ainsi. Au déluge, « toutes
les sources du grand abîme jaillirent, et les écluses des cieux s'ouvrirent » :
l'eau vint à la fois d'en haut et d'en bas. Dieu veut que nous honorions
l'Esprit qui est déjà en nous; mais il veut aussi nous amener à nous attendre à
Lui dans une attitude de dépendance absolue, pour qu'Il nous donne une effusion
nouvelle de Son Esprit, comme Il nous donne notre pain quotidien.
Et voici la seconde question : Cette
bénédiction vient-elle peu à peu ou soudainement? Faut-il attendre une
croissance insensible et silencieuse de l'action de l'Esprit en nous, ou bien
une onction puissante? Qu'il me suffise de rappeler que Dieu a déjà agi de ces
deux manières, et qu'Il le fera sans doute encore. L'important, c'est la
résolution de placer sous la domination de l'Esprit notre vie tout entière, et
c'est la certitude, acquise par la foi, que Dieu a accepté cet acte de
consécration. Tôt ou tard, il faut en venir là. Après quoi, que l'exaucement
vienne comme une submersion soudaine ou comme un accroissement lent et continu,
il s'agit de se maintenir dans cette attitude de consécration en s'attendant à
Dieu.
Ainsi l'essentiel est de nous reposer sur
LA FIDÉLITÉ DE DIEU : « Crois seulement » ; de nous en tenir à cet unique
principe : Dieu nous a promis de nous remplir de Son Esprit ; à Lui d'accomplir
Sa promesse; à nous de Le remercier de Sa promesse et d'en attendre
l'accomplissement. En la faisant, Dieu s'est engagé envers nous :
réjouissons-nous en Lui sans nous laisser troubler par n'importe quels
problèmes; Il est fidèle, nous ne serons pas déçus.
2.
Quelle que soit l'attitude peu encourageante ou même hostile des autres, «
crois seulement ».
Un des plus tristes symptômes du manque de
spiritualité de l'Église est l'indifférence avec laquelle, en général, nous
acceptons nos déficits sans avoir soif de quelque chose de mieux. On parle de
la pureté de la doctrine du zèle des prédicateurs, de la libéralité des
troupeaux, de l'intérêt qu'on porte aux questions d'éducation et de missions,
et l'on estime devoir plutôt rendre grâces pour ce qu'on peut constater de bon
dans l'Église actuelle. Tout en condamnant la façon de s'exprimer des
Laodicéens (Apocalypse 3 : 17), on n'est pas loin de partager leurs sentiments.
On oublie l'injonction d'être « remplis de l'Esprit ». Au lieu de prophétiser à
l'Esprit « Viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent! »
(Ézéchiel 37 : 9) on décourage plutôt ceux qui en parlent. Sans doute, on croit
au Saint-Esprit, Ézéchiel sans voir que ce dont l'Église a besoin, c'est de la
plénitude de l'Esprit.
D'autres seront peut-être d'accord avec
vous, quant à ce besoin de l'Eglise sans en être plus encourageants, au
contraire : ils y ont souvent pensé, ils en ont même fait un sujet de prière,
mais sans résultat apparent. Il n'en a d'ailleurs jamais été autrement, même
aux premiers temps de l'Église. Tout ce que vous dites de l'impuissance des
chrétiens et de la grandeur des promesses divines est vrai, mais… qu'y faire
?.... Ces gens-là descendent en ligne directe des dix espions qui s'opposèrent
à Caleb et à Josué : le pays est magnifique, mais les Cananéens sont trop forts
pour nous. Faute de consentir à un complet renoncement à eux-mêmes, ils n'ont
pas eu la hardiesse de dire : « Montons, emparons-nous du pays, nous y serons
vainqueurs » (Nombres 13 : 80).
Ne
vous laissez pas prendre aux filets de ces raisonnements. « Crois seulement »,
Dieu est tout-puissant. S'il a pu ressusciter Christ d'entre les morts, Il peut
aussi manifester avec puissance Sa vie divine dans votre cœur. Ecoutez-Le dire
à Abraham « Je suis le Dieu tout-puissant : marche devant ma face, et sois
intègre » (Genèse 17 :11). Tenez-vous-en à ce que Dieu a promis, en vous
reposant sur Sa toute puissance pour attendre l'accomplissement de Sa promesse.
Demandez au Père de vous « fortifier puissamment par Son Esprit », et adorez «
Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons
». Que la foi en la toute-puissance de Dieu remplisse votre âme, et vous
garderez la certitude que Dieu peut vous remplir de Son Esprit, si difficile et
improbable que cela paraisse.«Crois seulement»
3.
Digne ou indigne, à la hauteur ou non, « crois seulement ».
Les douloureux souvenirs d'un passé
humiliant viennent souvent décourager le croyant désireux d'obtenir la grande
bénédiction promise. Il se souvient de tant de vains efforts, de tant de
prières inutiles: puis il voit sa misère et son indignité actuelles, le peu de
progrès qu'il a faits : l'avenir vaudra-t-il mieux? En pensant à ce que doit
être la vie d'un homme rempli du Saint-Esprit ; il lui semble impossible qu'il
n’en soit jamais un…
Dans un cas de ce genre, il n'y a qu'une
chose à dire : « Crois seulement ». Jetez-vous dans les bras de Celui qui est
VOTRE PÈRE et comptez sur SON AMOUR. Ce n'est pas à vous d'amener Dieu à vous
bénir, à force de renoncements ou de consécration. C'est au contraire Dieu qui
ne demande qu’a accomplir Son oeuvre en vous. Il a pour vous un amour
paternel, et Il sait à quel point vous avez besoin de Son Esprit pour être
pleinement heureux. Il vous faut apprendre à jouir de cet amour, dont Jésus, au
prix de Son Sang, vous a garanti la réalité ; apprendre à affirmer par la foi
que cet amour vous enveloppe et resplendit sur vous comme la clarté et la
chaleur du soleil. Mettez-vous à vous confier en cet amour, à croire qu'il
aspire indiciblement à vous inonder de sa chaleur...
Et qu'est-ce que ce Père, votre Père,
réclame de vous? Ô simplement que vous vous abandonniez à Lui tel que vous
êtes, dans votre complète indignité, votre néant, votre impuissance, pour qu'Il
puisse faire son oeuvre en vous ; que vous Le laissiez agir, vous façonner à Sa
guise, vous fortifier puissamment dans votre homme intérieur, d'une manière
invisible mais sûre, jusqu'à vous rendre capable de tout lâcher pour recueillir
Son trésor. Il assumera volontiers la responsabilité de votre avenir tout
entier, et prendra soin que vous deveniez capable de marcher d'une manière
digne de la bénédiction reçue.
Ce n'est pas à vous de vous forger un
idéal de ce que doit être cette vie nouvelle ; ce sera à l'Esprit de vous
l'enseigner quand Il la créera en vous. Il ne s'agit pas d'un trésor que vous
auriez à garder et à porter, mais d'une puissance qui vous portera et vous
gardera. Ainsi « crois seulement » et reposez-vous sur l'amour de votre Père.
Remarquez que Jésus l'appelle « la
promesse du Père » (Luc 24 : 49), et qu'il est fait appel à la fidélité de Dieu
: « Celui qui a fait la promesse est fidèle » (Hébreux 10 : 23) ; qu'il est
question de la puissance de Dieu aussi bien que de Son amour (Actes 1: 8; Luc
11 : 13).
Ainsi c'est de Dieu qu'il s'agit, de ce
qu'Il peut seul faire, Lui. Tenons-nous en silence à Ses pieds, dans
l'adoration: Il veut faire quelque chose pour nous, et est puissant pour le
faire, pour faire bien plus que nous ne saurions demander : « Crois seulement »
Disons comme Marie : « Voici la servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon
Ta parole !» (Luc 1 : 38). « Celui qui vous a appelés est fidèle, et c'est
Lui qui le fera » (1 Thessaloniciens 5 : 24).
XI.
LA BÉNÉDICTION EST POUR TOUS, SANS EXCEPTION
Je répandrai sur vous des eaux pures, et
vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes
vos idoles. Je mettrai en vous Mon Esprit, et je ferai que vous marchiez dans
mes statuts et que vous gardiez mes ordonnances, pour les pratiquer. (Ézéchiel 36 : 25, 27.)
La bénédiction de la Pentecôte est
destinée à tous les enfants de Dieu. « Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit
de Dieu sont enfants de Dieu » (Romains 8 : 14). Ce n'est pas Dieu qui rognera
la part d'aucun de Ses enfants. C'est à chacun d'eux qu'Il dit : « Mon enfant,
tu es toujours avec Moi, et tout ce que j'ai est à toi (Luc 15 : 31). Christ ne
se partage pas : qui Le reçoit, Le reçoit dans Sa plénitude. Dans la pensée de
Dieu, tout chrétien doit être rempli de l'Esprit.
Jusqu'ici nous nous sommes adressés
particulièrement aux croyants déjà éclairés et plus ou moins familiers avec ce
sujet. Mais comme il se peut que tels de nos lecteurs n'en soient pas encore
là, nous voudrions leur exposer de la façon la plus simple ce qu'ils ont à
faire pour vivre une vie chrétienne normale. Dans le sentiment de tout ce qui
leur manque, il peut leur sembler qu'ils n'arriveront à être remplis de
l'Esprit qu'après de longs et pénibles efforts. Qu'ils prennent courage, se
rappelant la promesse divine : « Moi, l’Eternel, je hâterai ces choses en leur
temps » (Esaïe 60 : 22). Cherchons dans la Parole de Dieu quelles sont les conditions
à remplir pour obtenir cette grande bénédiction.
1.
Il faut d'abord comme une nouvelle révélation de la présence du péché et de
son caractère haïssable, de sorte qu'on en ait horreur, qu'on le confesse et le
délaisse.
Dans le passage d’Ézéchiel cité ci-dessus.
Dieu commence par promettre : « Je vous purifierai », avant d'ajouter : « Je
mettrai en vous Mon Esprit ». On nettoie un vase avant d'y verser un liquide
précieux. Vous avez sans doute, lors de votre conversion, tourné résolument le
dos au péché; mais d'une façon plutôt extérieure et superficielle : c'était
plutôt la crainte des conséquences du péché que la haine du péché lui-même. Vos
efforts pour en triompher se sont montrés impuissants; vous n’aviez pas des
notions précises à propos de la sanctification.
Pour vous débarrasser de tout vieux
levain, il s'agit d'abord de le découvrir. Ne prétendez pas en savoir assez sur
votre état spirituel: prenez le temps de vous recueillir, et n'avez pas peur de
descendre au fond de votre conscience. Est-ce qu'un cœur où règnent l'orgueil,
la recherche de soi, la mondanité, la volonté propre et l'impureté pourrait
recevoir la plénitude de l'Esprit ? Examinez votre vie de famille : que pensent
les autres de votre humeur? N'aperçoit-on chez vous ni soucis, ni aigreur?
N'entend-on rien qui froisse le cœur et la conscience? Que vaut votre religion?
Quels fruits porte-t-elle? Votre culte est-il en esprit et en vérité ? Que
pensent de vous tous ceux qui ont affaire avec vous? Votre piété leur fait-elle
envie? Pensez à ce que Dieu est en droit d'attendre de vous...
Si vous êtes obligé de reconnaître les
déficits de votre vie chrétienne, n'essayez pas d'en prendre votre parti en
alléguant que vous n'êtes pas pire que beaucoup d'autres. Dites-vous au
contraire qu'une transformation radicale est possible et nécessaire ; qu'il
vous faut arriver à être délivré de tous les péchés qui vous tiennent asservi.
Ne dites pas que c'est impossible :
apportez-les à Dieu. Comme votre montre lorsqu'elle ne marche plus bien,
remettez votre âme malade entre les mains du divin Horloger : Celui qui a formé
votre cœur (Psaume 33 :15) sait comment le remettre à neuf. « Je vous
purifierai de toutes vos souillures ». Il ne l'aurait pas promis s'Il n'avait
pas été certain de pouvoir le faire. Ce qu'il faut absolument, c'est qu'entre
vous et le Seigneur il y ait comme un pacte clair et précis : confession
sincère de votre péché, rupture définitive et abandon complet de tout ce qui
est douteux, et attente humble et confiante jusqu'à ce que Dieu vous ait donné
l'assurance qu'Il a pris en mains votre cœur et votre vie et qu'Il vous accorde
pleinement la victoire.
2.
Vous aurez alors comme une nouvelle révélation de ce que Christ est et de ce
qu'Il veut être pour vous.
La foi en Jésus est aussi d'abord
superficielle au moment de la conversion. Il faut avoir fait l'humiliante
expérience du pouvoir tyrannique du péché pour être à même d'apprendre à
connaître la puissance victorieuse du Sauveur. C'est à ceux qui désirent de
tout leur cœur être affranchis du péché que Dieu révèle le grand Libérateur.
Quand vous en serez là. Il vous montrera comment, bien que la chair demeure
toujours en vous avec ses inclinations mauvaises, le Seigneur Jésus, par Sa
seule présence, tiendra en échec le pouvoir dominateur de la chair, de sorte
que vous ne serez plus asservi par elle. Ainsi, par Jésus-Christ. Dieu vous
purifiera de toute iniquité, en sorte que vous pourrez marcher devant Lui jour
après jour avec un cœur pur.
Oui,
Jésus-Christ est venu ôter le péché non seulement la peine du péché, mais le
péché lui-même. Il lui a arraché son pouvoir dominateur; et, pourvu que vous
laissiez Christ exercer en vous Sa puissance rédemptrice et demeurer en vous,
le péché n'aura aucun pouvoir sur vous, aucun attrait pour vous. Vous saurez ce
que c'est d'être « plus que vainqueur par Celui qui vous a aimés » (Romains 8 :
37)
Mais qu'avez-vous à faire pour en arriver
là? Rien qu'une chose, une chose qui peut se faire à l'instant même : Ouvrir la
porte de votre cœur à Jésus et L'accueillir comme votre Seigneur et votre Roi.
Qu'une maison ait été close durant vingt années, il suffit d'en ouvrir portes
et fenêtres pour que la lumière y pénètre aussitôt. Il suffit de même d'un
instant pour inonder de joyeuses et triomphantes clartés un pauvre cœur
enténébré depuis des années, parce qu'il ignorait la puissance libératrice de
Jésus, ou ne savait pas Lui abandonner le soin de le rendre vainqueur.
Il s'agit d'un acte de foi, et d'une
attitude de foi persévérante. Quand la lumière entre à flots par les portes et
fenêtres enfin ouvertes, on s'aperçoit aussitôt à quel point la maison était
pleine de poussière et de toutes sortes d'impuretés. Tout n'est pas d'emblée
parfait dans un cœur qui reçoit Christ; mais la foi compte qu'Il tiendra parole
et achèvera Son œuvre. Au lieu de se troubler et de s'agiter, elle se repose
tranquillement sur Lui. Ce qui a été commencé par la foi ne peut s'achever que
par la foi. Il faut se dire : « Je demeure en Jésus; Il demeure en moi, je le
sais, et je sais qu'Il déploiera Sa puissance en moi. » D'un mot Jésus avait
guéri les lépreux; mais ce ne fut qu'en chemin qu'ils s'aperçurent que leur
guérison était réelle. Que rien n'ébranle notre foi elle ne sera pas déçue !
3.
Quand on remplit les conditions nécessaires, Dieu ne manque pas d'accomplir
Sa promesse.
Il avait dit d'abord : « Je vous
purifierai »; Il ajoute ensuite : « Je mettrai en vous Mon Esprit ». Il règne
une guerre à mort entre l'Esprit et le péché. Si l'Esprit déploie si peu de
puissance dans l'Église, c'est qu'on y tolère trop de péchés; on croit trop peu
au pouvoir purificateur de Christ. Mais partout où on Le laisse accomplir à
fond Son oeuvre de purification. Il peut aussi remplir le cœur de Son Esprit de
vie et de sainteté.
Mentionnons encore deux points qu'il ne
faut pas perdre de vue. C'est d'abord que la plénitude de l'Esprit peut être
accordée sans aucun signe apparent qui rappelle la Pentecôte. L’Éternel est
souvent « un Dieu qui se cache » (Esaïe 45 : 15). Si donc, après vous êtes
livré à Christ, vous n'éprouvez aucun sentiment particulier, que cela ne vous
alarme point ; Son Esprit, soyez-en sûr, est à l’œuvre en vous: vous ne
tarderez guère à le constater, si vous persévérez à croire : il vous sera fait
selon votre foi. Demeurez seulement prosterné, dans le silence et l'adoration,
donnant gloire à la fidélité de ce Dieu dont les voies sont insondables et
merveilleuses.
En second lieu, il importe de vous
rappeler pourquoi Dieu vous donne Son Esprit « Je mettrai en vous Mon Esprit,
et Je ferai que vous marchiez dans mes statuts et que vous gardiez mes
ordonnances. » C'est pour que vous puissiez plaire à Dieu, suivre de près le Seigneur
Jésus, dire comme Lui : « Voici je viens pour faire Ta volonté » (Hébreux. 10 :
7). Si tel est bien votre ardent désir, ayez seulement confiance : la promesse
s'accomplira. Vous savez maintenant ce que vous avez à faire et dans quelles
dispositions vous devez le faire : faites-le, humblement, sincèrement,
simplement, comme un enfant... et maintenant.
— Amen.
XII.
NÉCESSITÉ D'UNE CONSÉCRATION SANS RÉSERVE
Alors le Fils lui-même sera soumis à Celui
qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. (1 Corinthiens
15 : 28)
Quand on parle d'entière consécration, il
y a des personnes qui demandent en quoi précisément l'enseignement dit « de
Keswick », qui date du « Mouvement d'Oxford », diffère de la doctrine ordinaire
de la sanctification. On pourrait répondre que toute la différence se trouve
dans le mot « entière ». C'est le mot qu'il faut souligner, ce qu'on ne fait
pas d'habitude: ce qui est cause qu'on ne jouit pas de la plénitude de ce que
Dieu tient en réserve pour les Siens. Qu'Il daigne nous faire voir si
clairement par Son Esprit l'importance de ce mot que nous en arrivions tous à
tout abandonner pour tout obtenir !
1.
Dieu tout entier.
La nature même de Dieu l’exige : Son
caractère est l’absoluité. C'est de Lui, par Lui et pour Lui que sont toutes
choses, de Lui que procède toute vie. Tout ce qui existe n'existe que pour
manifester Sa bonté, Sa sagesse et Sa puissance.
Ce qui constitue le péché, c'est la
volonté de l'homme d'être quelque chose : il n'a pas voulu que Dieu fût tout.
Et le but de la Rédemption est de rendre à Dieu Sa place souveraine dans notre
cœur et dans notre vie. Après quoi le Fils lui-même sera soumis au Père, afin
que Dieu soit tout en tous. Christ a montré dans Sa vie ce que c'est que de
n'être rien pour permettre à Dieu d'être tout ; et maintenant Il vient vivre
cette même vie dans les cœurs de Ses rachetés.
Il faut donc que la volonté de Dieu, Sa
gloire, Sa puissance, soient tout pour nous; que nos minutes et nos heures, que
les paroles de nos lèvres, que les mouvements de nos cœurs aient pour mobile et
pour règle la volonté de Dieu, Sa gloire, Sa puissance. « Soit que vous mangiez,
soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout
pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10 : 31). Telle est la vie de quiconque
est rempli de l'Esprit. Dieu, pour lui, n'est pas seulement, quelque chose, pas
seulement beaucoup, Dieu est littéralement TOUT.
2.
Le péché tout entier.
Le péché, avons-nous vu, est le
détrônement de Dieu ; c'est l'homme faisant sa propre volonté, cherchant sa
propre gloire, déployant sa propre force; c'est Dieu mis de côté. Aussi a-t-il
pour conséquence la misère et la mort.
Où le péché pénètre, il infecte tout. De
même que Dieu était tout pour l'homme avant la chute, le péché est devenu tout
pour l'homme tombé; il pénètre tout son être, il règne partout et corrompt
tout, par le fait que le MOI est désormais sur le trône.
Pour se convertir réellement, il faut bien
en avoir quelque idée; mais ce n'est ordinairement que peu à peu que les yeux
s'ouvrent à cet égard, et que l'on sent à quel point on a besoin d'être rempli
de l'Esprit et purifié de tout péché. On découvre alors que tout est comme
imprégné de péché : la volonté, les facultés, le cœur ; seule la
toute-puissance de Dieu pourra, par le Saint-Esprit, remettre l'ordre dans
cette créature déchue, misérablement impuissante et incapable de bien faire.
Une fois que les yeux se sont ouverts, on
s'aperçoit qu'en effet « le monde entier est sous la puissance du malin » (1
Jean 5 : 19). puisque le MOI est partout sur le trône. Que Dieu soit tout, et
le péché tout entier sera expulsé.
3.
Christ tout entier.
Le Fils est la révélation du Père, de la
plénitude même de Dieu ; de sorte que les richesses de Christ sont aussi
inépuisables que celles de Dieu. C'est en Christ que Dieu est venu sur la terre
pour en finir avec le péché tout entier et pour reprendre dans le cœur de
l'homme Sa place tout entière. De là la nécessité de connaître le Christ tout
entier. Savoir que nous Lui devons l'expiation et le pardon de nos péchés,
c'est ne Le connaître encore que partiellement. Dieu nous a donné en Lui tout
ce dont nous avons besoin : la vie et toute grâce. C'est précisément le secret
de la vraie sanctification que de connaître Christ avec toutes Ses richesses et
avec Son désir d'être tout pour nous. Et c'est aussi la condition de la
plénitude de l'Esprit.
Proclamez avec une joyeuse assurance que
Dieu vous a tout donné en Christ, et qu'en conséquence vous Lui abandonnez
votre être tout entier et votre péché tout entier, sans aucune restriction.
Qu'Il soit tout et qu’Il ait tout, et qu'Il puisse vous remplir tout entier de
Lui-même.
4.
L'entier sacrifice de tout.
Tout quitter, tout vendre, renoncer à
tout: ainsi le voulait le Seigneur, qui n'a point changé. S'il est tout, Il a
le droit de tout avoir. C'est le malheur d'une quantité de chrétiens de ne pas
croire que Christ soit tout; aussi n'ont-ils pas l'idée de tout Lui donner.
Mais il faut Lui donner tout parce que
tout est sous le pouvoir du péché, et qu'Il ne peut purifier que ce qu'on Lui a
si bien abandonné qu'Il peut en prendre pleinement possession et le remplir.
Même ce qui semble légitime ou innocent se
trouve entaché d'égoïsme, dès que nous nous cherchons nous-mêmes en en usant.
Ce ne sera sanctifié qu'entre les mains de Christ.
Ce sont les lacunes dans la consécration
de beaucoup de chrétiens qui expliquent l'impuissance de leurs prières. Si l'on
n'abandonne pas tout, c'est qu'on ne connaît pas encore Christ tout entier.
Mais n'ayons pas peur de Lui livrer notre tout : nous apprendrons ainsi à Le
connaître, et Son grand amour se dévoilera à nos regards émerveillés.
5.
L'Esprit tout entier.
Après Dieu tout entier et Christ tout
entier vient nécessairement l'Esprit tout entier. Il ne faut pas moins que la
plénitude de l'Esprit pour nous dévoiler la plénitude des richesses de Christ
en nous.
S'il y a tant de lacunes dans la
chrétienté actuelle, c'est entre autres raisons, parce qu'on a perdu de vue les
droits du Dieu trois fois saint. Tout en faisant une profession de foi chrétienne,
on se cherche encore soi-même, trop souvent, tandis que Dieu passe au second rang.
On n'a pas compris que Dieu doit pouvoir disposer des moindres détails de la
vie de Ses enfants pour manifester Sa gloire, qu'il n'y a pas de plus grand
bonheur que de faire notre nourriture de la volonté de Dieu, sous l'inspiration
de l'Esprit filial de Christ lui-même, le Maître et l'Hôte divin du cœur. Le
comprendre, c'est comprendre la nécessité d'être rempli du Saint-Esprit.
6.
La foi tout entière ou la plénitude de la foi.
« Toutes choses sont possibles à celui qui
croit » — « Quoi que vous demandiez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et
vous le verrez s'accomplir » (Marc 9 : 23; 11 :24).
Dieu étant tout, l'homme
n'étant rien, et n'ayant plus rien de bon en lui que la faculté de recevoir
Dieu, il en résulte que la foi est son espoir et son trésor suprême : c'est par
la foi qu'il entre en possession de ce que Dieu tient en réserve pour lui en
permettant à Dieu d'agir en lui par Son Esprit.
Vérité élémentaire mais trop peu comprise
: la seule chose que j'aie à faire est de rester devant Dieu dans le silence,
dans le sentiment de mon néant, pour Le laisser agir librement en moi. N'ayant autre
chose à faire que de prendre cette humble et parfaite soumission au bon plaisir
de Dieu, c'est bien la foi qui est la clef de tout.
Oui, pour jouir de la plénitude du Dieu
trois fois saint, pour triompher de la plénitude du péché et de sa terrible
puissance, pour que notre consécration soit pleine et entière, il nous faut
aussi une plénitude de foi, une foi illimitée en la puissance de Dieu et en Sa volonté
de nous sauver parfaitement. « Celui qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive jailliront
de son sein »
Le moment est venu de poser la plume.
Mais, avant de vous quitter, mon cher lecteur, permettez-moi de vous dire
encore ceci : Il y a une chose qui peut se faire aujourd'hui.
Comme le dit le Saint-Esprit, «aujourd'hui,
si vous entendez Sa voix, n'endurcissez pas votre cœur» (Psaume 93 : 7, 8 ;
Hébreux 3 : 13). Je ne vous promets pas une illumination soudaine, des
transports d'allégresse immédiats; je ne vous promets pas que vous vous sentirez
aussitôt très saint ou richement béni. Mais vous pouvez recevoir Christ
aujourd'hui comme Celui qui vous purifie, vous baptise, et vous remplit de l'Esprit
; vous pouvez Lui abandonner aujourd'hui votre être entier pour qu'il soit
désormais sous la direction de l'Esprit; vous pouvez affirmer que dès
aujourd'hui l'Esprit dans Sa plénitude est votre bien, votre trésor; vous
pouvez commencer dès aujourd'hui une vie de foi en affirmant avec une plénitude
de conviction que Christ est en vous et y est à l’œuvre par l'Esprit. Voilà ce
qu'il est en votre pouvoir de faire et ce que vous devez faire. Faites-le, à
genoux devant le
trône
de la grâce. Relisez le chapitre précédent, puis livrez-vous sur-le-champ pour permettre
à l'Esprit de vous remplir et de prendre possession de vous. A l'heure qu'Il choisira,
Dieu agira.
Mais dès aujourd'hui Il vous donnera
l'assurance qu'Il accepte votre offrande et que la plénitude de l'Esprit est
bien à vous, « selon votre foi ».
Et voici mes derniers mots. Sollicité à la
fois par la plénitude de Dieu, par celle de Christ, par celle de l'Esprit,
comme par la terrible puissance du péché, laissez-vous vaincre par l'amour de
Dieu, et conquérir par Son glorieux salut. Osez dire avec foi : « Même en moi Dieu
va être tout entier ». N'est-ce pas pour cela que Christ a donné Sa vie? A vous
de donner aussi la vôtre, et Dieu vous remplira aussi de Son Esprit saint. Amen.
Edition Numérique Yves
PETRAKIAN 2011 - France
http://123-bible.com et
http://456-bible.123-bible.com/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire