Préface de la deuxième édition
Durant l'année 1939, nous avons publié deux volumes sur La dispensation du mystère. Le volume 1, le plus important des deux, a couvert un domaine plus large sous le titre Toutes choses en Christ. Ce
dernier a été réimprimé et réédité et est toujours disponible. Le
volume 2 fut plus spécifique en ce qui concerne le ministère de Paul et
l’Église. Ce second volume était épuisé depuis un certain temps, et bien
que nous ayons eu beaucoup de demande à son sujet, il y a eu une
retenue inhabituelle à le réimprimer sous sa forme originale. Mais il y a
eu un fardeau croissant de mettre par écrit l'essence de
ce ministère particulier du "Mystère" et, sous cette pression que nous
estimons de Dieu nous avons rédigé le présent volume qui, bien que
modifié à plusieurs égards par rapport au précédent volume 2, est une
focalisation de cette "Révélation" accordée à l'apôtre. Dans la présence
irrésistible d'un si grand dévoilement, ce serait une chose impossible
de donner une présentation adéquate et, bien que tellement chargés et
pressés, nous éprouvons finalement un profond sentiment d'échec. Nous ne
pouvons faire que "jeter à la surface des eaux" et croire qu'en tant
que message de Dieu en un temps opportun, il peut toucher quelques cœurs
préparés. Ce n'est pas une exposition dont on a besoin, mais d'une révolution semblable
à celle qui a eu lieu chez l'apôtre quand "il plut à Dieu de révéler en
lui son Fils." Que la prière contenue dans Ephésiens 1:17-21 soit
exaucée dans la cas de beaucoup de lecteurs.
Chapitre 9
L’ÉGLISE LOCALE
Il est d'une importance considérable de noter que
"l'épitre aux Éphésiens" à été envoyée à des églises locales, bien que
l'épitre soit une majestueuse présentation de l’Église dans son entier,
mettent en évidence chaque dimension des éternités, des mondes et des
âges, et présentant les profonds conseils de Dieu. Ce fait a quelques
implications très provocatrices et très scrutatrices. Nous devons
rappeler à nos lecteurs la réalité d'une chose telle qu'une révélation
authentique et précise de ce qu'est l’Église et donc la base de son
unité. Le fait qu'il y ait un tel souci mondial en ce qu concerne
l'unité des chrétiens et une telle activité en relation avec cette
unité, peut être quelque chose à prendre en considération, et un tel
souci devrait nous trouver de plein cœur en sympathie avec cela. La
grande différence se trouve entre, d'une part, un effort massif pour
résoudre le problème de l'extérieur en essayant de recoller ensemble
tous les morceaux brisés d'une certaine manière, d'en faire un tout, et
d’autre part, un souci de recouvrer la puissance spirituelle qui
favorisera un rassemblement et un ajustement spontanés. L'un représente
le rassemblement et l'assemblage organisés, composés, comme ceux d'une
machine, l'autre est une relation organique, spontanée d'une vie
corporative. Le premier se disloquera de façon répétée. Le dernier
finira par mettre en évidence une "Église sans tache, ni ride, ni rien
de semblable".
Mais qu'en est-il de l’Église en tant que représentation locale ? Nous
devons nous souvenir que lorsque Paul écrivit cette épitre et l'envoya
aux églises dans les lieux, il était très bien au courant des tendances,
ou même des mouvements réels vers la "déviation" et la rupture, dans
les églises. Il avait prédit cela quant à Éphèse, lorsqu'il avait quitté
les anciens de cette église près du bateau, étant en route pour
Jérusalem : "Je sais qu'il s'introduira parmi vous, après mon départ,
des loups cruels.. et qu'il s'élèvera du milieu de vous des hommes ...
pour...entraîner ... après eux" (Actes 20:29-30). C'était un
commencement de division. Mais ici, de sa prison à Rome, il écrira :
"...tous ceux qui sont en Asie m'ont abandonné ..."
Deux épitres seront bientôt écrites à Timothée (qui se trouvait
probablement à Éphèse) qui traiteront des débuts du changement du
christianisme originel en tout ce qu'il est devenu actuellement. Elles
étaient destinées à mettre en garde contre le système ecclésiastique, le
cléricalisme, le ritualisme, le système sacramentel, etc;, qui ont
envahi l’Église et ont changé son caractère primitif. Non ! Paul n'avait
pas la tête dans les nuages et les pieds hors de terre quand,
délibérément, il écrivit cette épitre au sujet de ce qu'est l’Église.
Sans aucun doute, sa référence à la guerre spirituelle était liée au ait
qu'il savait très bien que la bataille était due à sa relation
particulière avec ce sujet même, montrant quelle grande conséquence cela
représente pour les forces sataniques. C'est impressionnant de
constater combien toute prise de position en faveur d'une véritable
expression du Corps de Christ, est accompagnée de plus d'antagonisme que
toute autre chose. S'il s'agit d'une congrégation, c'est-à-dire, un
nombre de chrétiens différents venant à un lieu donné pour un "culte
public", sans aucune vie d'église corporative ni aucun ordre divin, ou
s'il s'agit d'une salle d'une mission utilisée principalement pour
prêcher l’Évangile aux perdus, ou encore s'il s'agit d'un centre
prédication où les gens vont pour écouter un prédicateur bien connu --
toutes ces manifestations se poursuivront d'une manière tranquille avec
peu d'opposition venant de l'intérieur ou de l'extérieur. Mais, qu'il y
ait un mouvement vivant une réelle expression unie d'un témoignage au
Christ corporatif sous l'onction du Saint-Esprit, alors la bataille est
engagée et tout sera essayé pour détruire cette expression corporative,
pour la discréditer, ou, en quelque manière, pour annuler ce
témoignage-là.
Le livre de Néhémie est une très bonne illustration de cette hostilité
aux multiples aspects. De nouveau, nous indiquons "les Éphésiens" comme
rattachant l'antagonisme spirituel acharnée au dessein essentiel de
l'épitre. Dans cette première indication, l'universel se trouve
transféré au local, et le local prend son caractère de l'universel. Une
vraie représentation du Corps élu de Christ est une menace permanente et
un signe qui présage un grand danger pour le royaume satanique, parce
que c'est l’Église qui,-- finalement -- va déposséder et prendre la
place des "princes de ce monde des ténèbres" et gouverner avec Christ.
Plaise à Dieu que le peuple de Dieu considère toutes les divisions et
tous leurs troubles internes à cette lumière, au lieu de toujours les
attribuer à "des causes secondaires" ! C'est la première implication du
fait que Paul transmet aux églises locales toute l'immense
révélation du "mystère". Il y a plusieurs autres traits caractéristiques
et facteurs dans cette épitre qui ont des portées tellement immenses.
Il y a ce facteur que l'apôtre mentionne avec l'un de ses grands
superlatifs : "et quelle est envers nous croyons l'infinie grandeur de
sa puissance se manifestant avec efficacité par la vertu de sa force. Il
l'a déployée en Christ, en le ressuscitant des morts..." (1:19-20);
"...nous qui étions morts par nos offenses nous a rendu vivants..."
(2:1) L'église représentée localement doit être et doit incarner le
témoignage rendu à "la puissance de Sa résurrection". Elle doit, dans son histoire et son expérience constante -- comme étant plus que de la doctrine -- déclarer que Christ est ressuscité.
L'impression donnée de façon essentielle doit être
celle de la vie. Le témoignage doit être celui-là, quoique vous puissiez
être éreinté, las, trop fatigué même pour faire le trajet; découragé et
abattu; épuisé physiquement, mentalement et spirituellement -- vous
partez renouvelé, rafraîchi, revigoré et relevé. L’activité de la vie
divine a simplement résulté en une élévation spirituelle. Notez la façon
dont cela a été dit : "l'activité de la vie divine". Nous n'avons pas
dit "la vie de l'activité humaine". Il y a une illusion chez beaucoup de
chrétiens et dans de nombreuses "églises" que l'activité représente
essentiellement la vie spirituelle. De là, il y a beaucoup d'activité,
des tours de force, des programmes, des attractions, "des efforts
spéciaux", et un cercle sans fin de "choses spéciales". Tout ceci a trop
souvent lieu dans le but de donner l'impression de la vie, ou même de
créer, de stimuler "la vie". Cela peut être la vie des œuvres mais ce ne
sont pas les œuvres de la vie. La vie veut œuvrer, mais les œuvres ne
sont pas toujours la vie. Ce fut le reproche fait à l'église d’Éphèse :
"Je connais tes œuvres, mais ..." (Apocalypse 2:2-4). La vie divine est
spontanée et n'est pas forcée. Les morts (spirituellement) sont
ressuscités mais par par des moyens artificiels. Le Seigneur de l’Église
est le Seigneur des ressuscités, et son témoignage est la vie de
résurrection. Aussi "la puissance de Sa résurrection" doit être
l’empreinte d'une véritable église néotestamentaire. Si souvent, nous
citons les paroles même de notre Seigneur, presque comme une formule
"...là où deux ou rois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu
d'eux". En même temps l'atmosphère peut être lourde, manquant
d'inspiration et privée de l'exercice du ministère de la vie divine.
Est-ce que cette ambiance est compatible avec la vie du Seigneur
ressuscité ?
Nous continuons d'examiner les implications de cette épitre. Si
l'église locale est un vrai microcosme de l’Église universelle, alors
cette épitre nous montrera que, dans la représentation locale, il
devrait y avoir -- et il peut y avoir -- abondance de nourriture saine
et édifiante. Notre épitre a nourri et stimulé des croyants pendant de
nombreux siècles et cependant ses valeurs nutritives ne sont pas
épuisées. Le ministère, dans une véritable expression locale du Corps de
Christ, doit être un ministère sous l'onction, et parce qu'il en est
ainsi, aucune âme affamée ne devrait s'en aller sans avoir été nourrie.
Pas simplement des allocutions ou des discours préparés et qui invitent
des personnes à se lever, mais un message venant du ciel, qui pousse les
auditeurs à déclarer : "Aujourd'hui, nous avons été réellement
nourris". Ceci signifie qu'étant nourri, le peuple du Seigneur grandit
en stature, en capacité et en responsabilité spirituelles.
Nous avons montré précédemment que l'homme, auteur de l'épitre, est
identique à son message dans une histoire spirituelle. Nous chercherons
maintenant à montrer qu'à plusieurs égards, l'histoire de l’Église,
universelle ou locale, doit suivre cette histoire spirituelle de
l’apôtre.
1. L'église en tout lieu doit être née dans le
ciel. C'est la communion fraternelle d'un ensemble ou d'un corps de
croyants nés d'en-haut. Ce qui doit donc être vrai de chaque croyant
individuel, doit l'être de la compagnie considérée comme un tout. Cela
va droit à la racine même de la conception de l’Église, et ce sera bien
si nous établissons immédiatement que, dans les Écritures aucune autre
chose n’est connue ou reconnue comme ayant droit à ce nom -- l’Église
chrétienne. Cela passera au crible notre façon de considérer les choses
et l'amènera à éliminer une somme immense de choses qui empruntent le
nom mais qui ne sont pas la réalité. La chrétienté ou le
christianisme sont devenus une chose colossale qui est la demeure de
tout genre d'oiseaux de la création. Essayer d'en faire une unité est
une supercherie de la part de celui à qui appartiennent ces "oiseaux du
ciel"; sur un plan naturel, les uns meilleurs, les autres pires, mais
loin d'être tous nés de nouveau ou d'en-haut (Jean 3:5-13) Ceci signifie
simplement que chaque compagnie locale de croyants, juste à son
commencement comme telle, doit être une œuvre que le Saint-Esprit
souverain a produit. Vu que l’Église, tire son caractère de sa "Tête",
de son "Premier-né", de Sa "Pierre angulaire", du "Fondement", elle doit
avoir, dans chaque représentation, son origine dans le ciel et incarner
la vie du ciel. Cela signifie qu'une formation par l'action de l'homme
est exclue. Ce n'est pas une institution, elle jaillit de la vie. Il
doit être possible de dire de toute église locale -- ou de l’Église en
quelque lieu -- "ce fut un acte de Dieu". Remarquez, nous sommes en
train de chercher à atteindre la racine de cette question de savoir ce
qu'est l’Église et ce qu'elle n'est pas. Notre profonde et réelle
préoccupation cherche à savoir ce qu'elle est. Étudier -- dans les
Évangiles -- ce que Jésus a dit à propos de Lui-même et à propos des
hommes et vous avez la clé de ce qu'est réellement l’Église.
2. Cela conduit à la chose suivante quant à l'église "locale". Si
l’Église est née du Saint-Esprit, elle est née d'un travail
d'enfantement du Fils de Dieu. Donc la loi du travail d'enfantement doit
se trouver juste à l'origine de toute véritable représentation de
l’Église universelle ou locale. Dans le Nouveau Testament, l’Église
universelle et les églises locales sont issues d'un réel travail
d'enfantement. Le travail d’enfantement, l'agonie et le souffrance de
Christ ont donné naissance à l’Église, à la Pentecôte. Ceux qui
constituèrent son noyau furent baptisés dans Sa passion. Ils souffrirent
le brisement de leur âme lorsque Jésus mourut. D'où leur joie extatique
lorsqu'Il ressuscita. Dans leur cas, le passage de Jean 16:21-22 fut
accompli littéralement. Cela nécessite aucun développement. Mais qu'en
est-il des églises ? Pouvons-nous mettre le doigt sur une église du
Nouveau Testament qui ne soit pas née dans la souffrance et de la
souffrance ? Dès qu'une telle église naissait, la bataille pour sa vie
même et son existence, commençait. Lapidations, emprisonnements, coups
de fouet, poursuites, machinations, persécutions de tout genre, se
trouvaient à l'apparition de chacune de telles représentations
potentielles de Christ corporativement. Quelqu'un devait payer un prix
et les églises étaient le prix du sang et des larmes. Lorsque la
puissance est perdue, peut-être par la négligence, la bêtise, la
querelle, la division, le formalisme ou la perte du sens de la valeur de
la vérité, ou pour toute autre raison, l'unique chemin du recouvrement
sera celui d'un nouveau baptême dans la douleur, le remord, les larmes
et le travail d'enfantement. C'est assurément la juste
interprétation de la seconde lettre aux Corinthiens à la suite de la
première. C'est aussi sûrement la clé pour la situation dans la plupart
des églises des deux et trois chapitres de l'Apocalypse. C'est
précisément sous-entendu dans le cas de Laodicée. Une église qui ne
souffre pas pour sa vie, est, par toutes les lois de la nature de la
grâce, une église faible et inefficace.
.
3. En suivant encore la ligne de l'histoire de Paul et de
l’Église, nous devons dire qu'une expression locale de l’Église -- et de
tous ses membres -- doit être le résultat d'une rencontre avec Dieu en
Christ. Tout ministère corporatif ou personnel qui doit être aussi
fécond que le fut celui de Paul, même à un degré plus limité, doit
connaître une telle rencontre à son début. La Croix et la Résurrection
de Christ furent cela pour le noyau, la compagnie représentative. La
Croix fut dévastatrice et désolante pour toute la suffisance
personnelle, l'assurance personnelle, la confiance en soi, l'orgueil,
l'ambition et la présomption de l'homme. La Résurrection fut l'invasion
et la prise de pouvoir de la part de la vie de l'Autre. Ceci se
voit très clairement dans le cas de l'homme qui, plus qu'aucun autre, a
représenté ce noyau, à savoir, Simon Pierre. Il fut un homme brisé et
fracassé par la Croix, mais reconstitué sur une autre base par la
Résurrection. Quant au grand dévoilement du "Mystère" de Christ et de
Son Corps -- l’Église -- la dévastation et la survie même de Paul eurent
lieu par cette rencontre sur la route de Damas. Une telle rencontre,
tôt ou tard, personnelle et collective, doit se trouver à la fondation
d'une vraie vie corporative. Cela peut avoir lieu au début ou plus tard.
Cela peut être un recouvrement nécessaire après une faillite. Maintes
églises et maints serviteurs de Dieu ont eu leur histoire coupée en deux
par une telle rencontre. Avant cela, un ministère ordinaire limité et
comparativement sans puissance. Après cela, une libération et un
élargissement, accompagnés de beaucoup de fécondité spirituelle. Un
petit livre publié par "the Moody press Chicago" ayant pour titre :
"Expériences de crises dans la vie de chrétiens éminents" est un exemple
de cette réalité dans un bon nombre de cas.
4. Si l’Église universelle est
au-dessus de toutes les différences, alors l'église locale doit être
supranationale, supra confessionnelle, supra interconfessionnelle, en
esprit en communion fraternelle et en activité. Nous avons souvent dit que Christ ne peut pas être limité ou ajusté de façon exclusive à une certaine catégorie qui
se trouve dans ce monde. Son caractère dépasse toutes les catégories.
Sa nationalité, Son temps, Son enseignement et Sa personne conviennent
et satisfont au besoin de tous, mais il ne peut être l'unique propriété
de quiconque. Nous avons vu des œuvres de l'imagination artistique de
l'homme, ayant pour objet de représenter la grande scène du chapitre
cinq de l'Apocalypse: "...et leur nombre était des myriades de myriades
et des milliers de milliers." Dans le tableau de l'artiste, celui-ci a
peint, avec toute la meilleure intention du monde, des gens de toute
nation, de toute couleur, de tout physique, de toute tenue, de tout
teint, de tout âge et de toute stature. Eh bien, comme nous l'avons dit,
le mobile et l'intention étaient bons, mais qui peut dépeindre des
corps de résurrection ? "...en le rendant semblable au corps de sa
gloire..." (Philippiens 3:21) "...il ressuscite corps spirituel..."
(1Corinthiens 15:44)
Nous
pouvons être tout-à-fait sûrs que tout ce qui a été introduit comme le
résultat de la faillite de l'homme, suscitant l'aliénation et ce qui est
"étranger", aura disparu pour toujours.
Le point est que si Christ et ce qui est dit de Lui par le
Saint-Esprit, est la constitution de l’Église, alors notre rencontre,
notre communion fraternelle, notre communion doit être sur la base de ce
qui est de Christ dans tous les croyants. Nous faisons allusion à la
vie de base de tous les véritables chrétiens. Quand il s'agit de l’œuvre
du Seigneur, il peut y avoir des choses que nous ne pouvons pas
accepter, tandis que nous nous maintenons toujours sur la base d'une
seule vie. C'est assurément la signification de la Table du Seigneur.
Dans "Éphésiens" Paul voit une seule église, tandis qu'ils sait tout ce
qui concerne les nombreuses églises. Il peut y avoir un million de pains
et de coupes et de tables dans le véritable christianisme évangélique,
parmi toutes les nations sous les cieux. Mais le Seigneur ne voit qu'un
pain et qu'une coupe. Même quand le pain local est brisé et "partagé",
le Seigneur ne voit toujours qu'un seul pain. Christ peut être partagé
mais ne peut être divisé. Il demeure un seul Christ en "des myriades de
myriades" de croyants qui partagent Sa vie. Quand le Seigneur opère
quelque chose en nous et ainsi change notre pensée à l'égard d'adhésions
antérieures, la tentation et la bataille peuvent si facilement être de
se séparer en esprit de ce qui -- jusqu'ici -- n'ont pas ainsi
changé, et alors l'inclinaison presque incorrigible conduit à faire une
"secte" de cet aspect particulier ou de cette expérience particulière.
Tandis qu'il peut y avoir de réelles valeurs et des valeurs vitales dans
les traitements de Dieu envers nous, et nous désirons que tous les
autres les connaissent et les expérimentent, nous ne devons jamais faire
de notre expérience un mur entre nous et les véritables enfants de
Dieu. L'unique voie d'espoir et de perspective est de fermer nos yeux à
beaucoup de choses qui peuvent choquer nos sensibilités spirituelles
(pourvu qu'il ne s'agisse pas de péché dans la vie) et de se maintenir
sur une ligne positive de communion fraternelle en Christ autant qu'il
est possible par la grâce de Dieu. Nous devons fuir toujours comme la
peste toute attitude ou conversation qui peuvent être interprétées à
juste titre, comme de la supériorité spirituelle. Des malentendus à
cause de l'ignorance, d'un préjugé ou d'une investigation insuffisante,
sont inévitables, mais même de telles choses ne doivent pas permettre de
fermer nos cœurs et de nous renfermer sur nous-mêmes. Tandis que la
muraille de la nouvelle Jérusalem représente effectivement une limite claire et une démarcation de ce qui se trouve "à l'extérieur" quant à Christ, nous
devons nous souvenir qu'elle a "douze mille stades" dans chaque
direction, et ce symbolisme a pour dessein de faire connaître combien
Christ est grand et, donc, combien Son Église est grande.
Quand Paul se mit à écrire la première lettre aux Corinthiens, il savait qu'il allait avoir affaire à l'esprit sectaire et partisan. Donc, il commença l'épitre sur le véritable terrain et registre de la communion fraternelle : "...à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés
à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit
le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre". Avec
cette même mesure, il termina l'épitre aux "Éphésiens" "que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d'un amour inaltérable".
5. S'il est vrai, comme nous avons essayé de le montrer, que l'histoire de Paul a incarné les principes de la révélation qui est devenue sa part dans la "Dispensation", un trait caractéristique supplémentaire de cette histoire doit être relevé et repris dans l'église locale. Il s'agit d'une prise de possession extraordinaire de la part de Christ, "...j'ai été saisi par Jésus-Christ" (Philippiens 3:12). Le mot "saisi" est fort. Il signifie être en état d'arrestation, être maîtrisé, être la propriété de quelqu'un et être placé sous son contrôle.
C'est le mot utilisé par Jean n au verset cinq, en ce qui concerne la lumière et les ténèbres: "...et les ténèbres ne l'(la lumière) ont pas dominée (saisie) (selon une note en bas de page de la version "Colombe"). Ce mot est également utilisé en relation avec la puissance des démons dans le cas de la possession. Comme résultat de cette saisie, Paul a constamment parlé de lui-même comme étant le "prisonnier de Jésus-Christ et "l'esclave de Jésus-Christ" et comme "portant sur son corps les stigmates de Jésus-Christ". Cette expérience, née d'un évènement, signifiait pour Paul la perte de toute indépendance, de toute direction personnelle, de tout gouvernement personnel et la fin d'être régi par le monde. Cela signifiait la Seigneurie absolue de Christ. C'était un homme qui avait pour Jésus-Christ un intérêt et un souci qui le dominaient suprêmement; Non pour une chose ou une autre, mais pour une Personne. Sa première exclamation, lors de sa rencontre, fut : "Qui est-tu Seigneur ?", et dans la capitation il continua : "Seigneur que veux-tu que je fasse ?" Cette Seigneurie n'était pas une simple doctrine pour lui, c'était une complète domination. De façon très personnelle : quant aux nombreux doubles appels dans une rencontre avec Dieu -- comme : "Abraham, Abraham !", "Jacob, Jacob !", "Moïse, Moïse !", "Samuel, Samuel !", "Marthe, Marthe !", "Simon, Simon !" -- le dernier ne fut pas le moindre : "Saul, Saul !".
Un tel sens réel d'être appelé pour un dessein, doit être un composant
de toute véritable église locale et un élément constitutif de cette
église. Perde le sens
d'une vocation, d'une intention et d'une destinée vitales, c'est perdre
le dynamisme et devenir une existence plutôt qu'un impact.