vendredi 26 avril 2013

(3) AVEC CHRIST À L’ECOLE DE LA PRIÈRE Murray Andrew (troisième partie)

Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1933
Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://456-bible.123-bible.com/

21. La condition qui comprend toutes les autres
22. La parole et la prière
23. Obéissance
24. La victoire assurée
25. Le Saint-Esprit et la prière
26. Christ, intercesseur
27. Christ, souverain sacrificateur
28. Christ, la victime
29. L'assurance dans la prière
30. Le ministère de l'intercession
31. Une vie de prière

XXI --LA CONDITION QUI COMPREND TOUTES LES AUTRES

 Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. (Jean 15:7)

    Dans nos relations avec Dieu, la promesse et les conditions qui s’y rattachent sont inséparables. Si nous remplissons ces conditions, Dieu tiendra sa promesse. Ce qu’Il sera pour nous dépend de ce que nous voulons être pour lui.

«Approchez-vous de Dieu et Il s’approchera de vous». (Jacques 4:8)

    Ainsi la promesse illimitée accordée à la prière: demandez ce que vous voudrez, dépend de cette condition simple, naturelle, mais positive: Si vous demeurez en moi. C’est Christ que le Père exauce toujours; ÊTRE et DEMEURER EN LUI: c’est le moyen de faire accepter notre prière. Demeurer en lui entièrement et complètement, nous donne le droit de demander ce que nous voudrons, et la promesse se réalisera pour nous. Si nous comparons cette promesse avec l’expérience faite par tant de chrétiens, nous ne pouvons qu’être frappés de la terrible différence qui existe entre elles. Qui peut compter le nombre infini de prières qui s’élèvent et n’obtiennent aucune réponse? Il n’y a qu’une manière d’expliquer ce fait.
    Ou nous ne remplissons pas les conditions requises, ou Dieu ne tient pas sa promesse. Les chrétiens sont peu disposés à admettre l’un ou l’autre; dès lors ils ont imaginé un moyen pour sortir de ce dilemme. Ils ajoutent à la promesse une clause qui la modifie, mais que le Seigneur n’y a point mise: «Si telle est la volonté de Dieu!» Par là, ils conservent l’intégrité de Dieu et la leur, du même coup. Oh! s’ils voulaient seulement accepter la promesse et la tenir ferme telle qu’elle est, s’en remettant à Christ du soin de défendre la vérité!
    Le Saint-Esprit leur ferait voir que cette promesse n’a été faite qu’à ceux qui demeurent réellement en Christ, dans le sens où Il l’entend lui-même. Le même Esprit, les amenant à confesser que, de leur côté, ils n’ont pas rempli la condition requise, ils comprendraient qu’il est dès lors tout naturel que leur prière n’ait pas été exaucée. Si le Saint-Esprit les éclaire, ils ne tarderont pas à être avertis de la faiblesse de leurs prières et en chercheront la raison. C’est alors qu’ils obtiendront la bénédiction de demeurer pleinement en Christ. «Si vous demeurez en moi».
    Lorsqu’un chrétien grandit dans la grâce, et la connaissance du Seigneur Jésus, il lui arrive souvent de voir les paroles de Dieu grandir en même temps et se révéler à lui d’une manière toute nouvelle et plus profonde. Il peut se reporter au jour où telle parole de Dieu s’est illuminée pour lui et se réjouir de la bénédiction qu’elle lui a apportée. Plus tard, dans des circonstances différentes, ayant acquis une plus grande expérience, il y découvre un sens qu’il n’y avait jamais vu auparavant. Plus tard, en avançant dans la vie chrétienne, il se peut que cette même parole qui lui paraît encore mystérieuse, soit éclairée du Saint-Esprit, qui lui en révèle le sens le plus caché et le plus profond. L’une de ces paroles dont le sens se découvre graduellement et qui nous amène, pas à pas, dans la plénitude de la vie divine est celle qui nous occupe: «Demeurez en moi». De même que la croissance du sarment attaché au cep est constante, de même notre union avec Christ doit grandir et durer pendant notre vie entière; ce n’est qu’alors que la vie divine prendra une possession complète de nous.
    Le chrétien faible encore en la foi peut cependant demeurer en Christ dans la mesure de lumière qui lui est accordée, mais plus il demeurera en Christ, dans le sens parfait du mot, tel que le Maître l’entend, plus il héritera des promesses qui s’y rattachent.
    Dans la vie chrétienne, la première étape est la foi. Quand l’enfant de Dieu découvrira que le commandement est fait pour lui malgré sa faiblesse, il fera l’expérience qu’en dépit de nombreuses chutes et de beaucoup d’infidélités, son devoir le plus impérieux est d’y obéir, et il en retirera une bénédiction. Il ne verra plus que l’amour, la puissance et la fidélité du Sauveur, et il sentira un besoin croissant de foi.
    Il ne se passera pas longtemps avant qu’il ne découvre qu’il lui faut encore autre chose. L’obéissance et la foi sont inséparables. La foi n’est pas autre chose qu’une obéissance passive qui regarde au Maître. L’obéissance n’est autre chose qu’une foi active qui fait la volonté de Dieu.
    Il peut arriver que le chrétien pense davantage aux privilèges et aux bénédictions attachés à cette parole: Demeurer en Christ, qu’aux devoirs qui en découlent et aux fruits qu’elle doit porter. Il s’apercevra qu’il y a eu en lui beaucoup de volonté propre et d’amour de soi-même, plus même qu’il ne s’en est douté, et que la paix dont il avait joui dans la première ferveur de sa foi n’est plus son partage. C’est par l’obéissance pratique que la demeure en Christ pourra être réalisée.

«Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime. Si vous m’aimez, gardez mes commandements». «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui». (Jean 14:21:15,23)
«Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour». (Jean 15:10)

    Au début de la vie chrétienne, le fidèle a cru plus par l’intelligence et par les vérités que cette intelligence avait saisies, que par le cœur. Plus tard, il lui semble qu’il lui manque encore quelque chose.
    La volonté, le cœur du chrétien appartiennent au Seigneur. Il lui obéit et il l’aime. Mais alors pourquoi la nature charnelle a-t-elle encore tant de puissance? Pourquoi les mouvements spontanés, les émotions subites de l’homme intérieur sont-ils si loin de ce qu’ils devraient être?
    La volonté sanctifiée ne peut ni approuver, ni tolérer cet état de choses, mais on dirait qu’il y a là une région qui semble n’être pas soumise au contrôle de notre volonté. Pourquoi même lorsqu’il n’y a pas beaucoup de péchés de commission à condamner, y a-t-il un si grand nombre de péchés d’omission? Pourquoi si peu de sainteté, si peu d’amour, si peu de conformité dans notre vie à celle de Jésus? Pourquoi notre vie ne se confond-elle pas avec la sienne? N’est-ce pas là ce que le Maître a voulu dire par cette parole: «Demeurez en moi». Il faut qu’il y ait quelque chose dans notre vie en Christ et dans la vie de Christ en nous, dont nous n’ayons pas encore fait l’expérience.
    Oui, en effet: La foi et l’obéissance sont le seul chemin qui mène à la bénédiction. Avant de nous donner la parabole du cep et des sarments, Jésus nous a fait entendre très clairement quelle merveilleuse bénédiction sera le prix de notre foi et de notre obéissance.
    Par trois fois, Il répète ces paroles: Si vous m’aimez et gardez mes commandements, en les faisant suivre chaque fois d’une promesse différente: l’Esprit qui viendra du Père, le Fils qui sera manifesté, enfin le Père et le Fils qui feront leur demeure dans le cœur obéissant.
    Plus notre foi grandira dans l’obéissance et l’amour, plus notre vie intérieure s’épanouira et nous deviendrons capables de recevoir l’esprit de Christ glorifié. «En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je suis en vous» (Jean 14:20) de la même manière que Christ est en Dieu, et Dieu en Christ, unis dans une identité absolue de vie et de nature, de même serons-nous unis en Christ et Christ en nous dans une même vie.
    C’est lorsque Jésus nous a parlé de la connaissance que nous avons acquise par le Saint-Esprit, de sa vie en Dieu, de notre vie en lui et de lui en nous, qu’Il a pu dire: «Demeurez en moi et moi en vous». Acceptons cette vie unie à Christ.
    C’est là la vraie vie! Christ pouvant venir habiter en nous, de telle sorte que notre âme ayant renoncé à elle-même, a laissé la place à Celui qui n’aspire qu’à devenir l’essence même de notre vie. Pour cela, redevenons petit enfant, qui, ne se faisant aucun souci, trouve son bonheur à se confier et à obéir à celui qui a tout fait pour lui.
    Pour ceux qui demeurent ainsi en Christ, la promesse: «Demandez ce que vous voudrez», aura son accomplissement certain. Il ne peut en être autrement. Christ est devenu leur Maître. Il règne en souverain sur leur vie, leur volonté, leur cœur. Non seulement ils n’ont plus de volonté propre, mais Christ y a substitué la sienne par son Esprit et prie en eux.
    Chers frères en la foi, confessons que c’est parce que nous ne demeurons pas en Christ comme Il nous l’a commandé que l’Eglise est impuissante en présence de l’infidélité, de la mondanité et du paganisme au milieu desquels le Seigneur pourrait la rendre plus que victorieuse. Acceptons la condamnation que cette confession implique et croyons à sa fidélité pour accomplir sa promesse.   Mais ne nous décourageons pas. La vie du sarment attaché au cep grandit toujours. Demeurer en Christ comme Il nous y invite est à notre portée, car sa volonté est de nous y aider. Soyons prêts à compter pour rien tout ce qui n’est pas lui, et à dire:

«Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix... mais je cours pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ». (Philippiens 3:12)

    Ainsi demeurant en lui, grandissant dans notre union avec lui, exerçons notre droit et notre volonté en nous conformant à la volonté de Dieu et réclamons ce qu’Il nous a promis.
    Laissons-nous enseigner par le Saint-Esprit qui, à mesure que nous avancerons, nous dévoilera mieux ce qu’est la volonté de Dieu, afin que nous en puissions réclamer, l’exécution par la prière. Et surtout ne nous contentons de rien moins que de faire l’expérience personnelle de ce que Jésus nous a promis quand Il a dit:

«Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jean 15:7)

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

 XXII --LA PAROLE ET LA PRIÈRE

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela sera accordé. (Jean 15:7)

    La relation essentielle qui existe entre la Parole et la prière est l’une des leçons les plus simples en même temps qu’elle est une de celles qu’on apprend au début de la vie chrétienne. Un païen nouvellement converti l’a dit: «Je prie: je parle à mon Père; je lis: mon Père me parle».
    Avant que nous arrivions à prier, n’est-ce pas la Parole de Dieu qui nous prépare à la prière en nous révélant ce que nous devons demander? C’est elle qui nous fortifie en donnant à notre foi une base certaine. C’est encore cette Parole qui nous apporte la réponse qui nous est nécessaire, et c’est par elle que l’Esprit nous donne d’entendre la voix du Père. La prière n’est pas un monologue, mais un dialogue dans lequel la voix de Dieu, répondant à la nôtre, est la partie la plus importante. Ecouter la voix de Dieu est le secret de la certitude qu’Il écoutera la nôtre.

« Éternel! incline ton oreille et écoute». (2 Rois 19:16)
«Prête l’oreille à mes paroles». (Psaume 5:2)
«Ecoutez ma voix». (Jérémie 7:23)

    Voilà des paroles que l’homme dit à Dieu et celles que Dieu lui répond. Dieu nous écoutera dans la mesure où nous l’aurons écouté. Le degré d’importance que nous attachons à ce que Dieu nous dit sera la véritable pierre de touche de ce qu’Il est réellement pour nous, de notre droiture et de notre sincérité dans la prière. C’est à cette relation entre sa parole et notre prière que Jésus fait allusion dans notre texte. La grande importance de cette vérité deviendra claire pour nous, si nous la comparons avec celle qui a fait l’objet de notre précédente leçon :
    Si vous demeurez en moi. (Jean 15:7) Plus d’une fois, Jésus a dit: Demeurez en moi et moi en vous. Sa demeure en nous sera le complément de notre demeure en lui, mais ici ce n’est plus: Vous en moi et moi en vous c’est: Vous en moi et mes paroles en vous. L’idée est la même, sous une forme différente.
   Un horizon nouveau s’ouvre devant nous; nous discernons mieux la place que doivent occuper dans notre vie spirituelle et surtout dans notre prière, les paroles que Dieu nous a révélées par Christ. Un homme se fait connaître par ses paroles, par ses promesses il se donne et il se lie à celui auquel il a fait ses promesses. Il fait connaître sa volonté en donnant ses ordres à ceux dont il réclame l’obéissance, non seulement dans le but de les diriger, mais aussi pour les employer à son service.
    C’est par nos paroles que nous entrons en communion avec nos semblables. C’est par nos paroles entendues, acceptées, comprises, obéies, que nous pouvons exercer une influence sur les autres, influence naturellement toujours très limitée. Mais lorsque c’est Dieu, l’Etre infini, en qui réside la vie, la puissance, la vérité dans l’acception la plus élevée du mot, lorsque c’est Dieu, disons-nous, qui parle, il y a plus encore, car Il se donne lui-même à ceux qui, recevant ses paroles, font l’expérience de la réalité de ses promesses. En nous faisant la promesse, Il nous donne en même temps la puissance de la saisir et de la posséder. En nous donnant ses ordres, Il nous donne en même temps la capacité de partager avec lui sa volonté, sa sainteté, sa perfection.
   La Parole de Dieu n’est rien autre que son Fils, Jésus-Christ. C’est pour cela que les paroles de Christ sont les paroles de Dieu, toutes empreintes d’une puissance divine et d’une force vivifiante.

«La Parole était Dieu». (Jean 1:1)
 «Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie». (Jean 6:63)

    Nous savons par les sourds-muets que la faculté de la parole dépend de celle de l’ouïe; c’est pour cela que la perte de l’ouïe chez l’enfant entraîne celle de la parole. Nous retrouvons cette vérité dans un champ plus vaste. Nos paroles dépendent de ce que nous entendons. C’est vrai aussi dans le sens le plus élevé de nos relations avec Dieu. Offrir une prière, exprimer nos désirs, faire appel à certaines promesses, n’est pas difficile, et l’homme peut aller jusque-là par son intelligence naturelle. Mais prier par l’Esprit, faire entendre à Dieu de ces paroles destinées à exercer une influence sur les puissances du monde invisible, c’est autre chose; prier de la sorte dépend entièrement de la manière dont nous écoutons la voix de Dieu.
    Ce n’est que par notre éducation à l’école du Maître que nous apprendrons à parler à Dieu aussi bien qu’à l’homme.

«Le Seigneur, l’Eternel m’a donné une langue exercée-Pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu. -Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, -Pour que j’écoute comme écoutent des disciples. -Le Seigneur, l’Eternel m’a ouvert l’oreille, -Et je n’ai point résisté». (Esaïe 50:4-5)

    Ecouter la voix de Dieu, c’est quelque chose de plus qu’une étude attentive de sa Parole. On peut étudier et connaître à fond la Parole de Dieu sans être pour cela dans une communion réelle avec le Dieu vivant. Mais il y a aussi dans la lecture régulière de la Parole, faite sous le regard du Père et la direction de l’Esprit, une puissance qui vient directement de Dieu lui-même: c’est la voix de Dieu qui pénètre dans nos cœurs, qui y apporte force et bénédiction, qui y éveille cette foi vivante, laquelle, à son tour, atteint le cœur de Dieu.
   Notre force de croire et notre force d’obéir dépendront de la manière dont nous aurons écouté cette voix. La chose essentielle pour nous est de reconnaître la voix de Dieu dans ce qu’Il a à nous dire.
    Ce n’est pas la loi, ce n’est pas la Bible, ce n’est pas la connaissance de ce qui est bien qui engendrent l’obéissance, mais c’est l’influence personnelle de Dieu et sa communion intime. Dans la présence réalisée de Dieu, nous découvrirons que la désobéissance et l’incrédulité sont impossibles. 
    Nous voyons dans notre texte l’explication de ce que nous venons de dire. Il faut que les paroles du Seigneur s’emparent tellement de notre cœur et de notre vie, que notre conduite et nos dispositions en soient le reflet. S’il en est ainsi, notre prière deviendra efficace, car elle sera la conséquence de notre vie; si nous faisons ce que Dieu nous ordonne, Dieu, à son tour, aura égard à ce que nous lui demandons.
    Les saints de l’Ancien Testament ont bien compris cette relation intime entre les paroles de Dieu et les nôtres. Pour eux la prière était réellement l’effusion d’un cœur qui a entendu la voix de Dieu. Si la parole était une promesse, ils comptaient sur Dieu pour faire ce qu’il avait dit.

«Ce que Dieu a dit, ne le fera-t-il pas? Ce qu’Il a déclaré, ne l’exécuterait- Il pas?». 
(Nombres 23:19)

   La parole était-elle un commandement? Nous voyons qu’ils obéissaient simplement à ce que Dieu leur avait ordonné. «Abram partit comme l’Eternel le lui avait dit». (Genèse 12:4)
   Leur vie en communion avec Dieu était un libre échange de paroles et de pensées. Ils écoutaient et faisaient ce que Dieu leur commandait; Dieu, de son côté, les écoutait et leur accordait ce qu’ils demandaient.
   Non seulement Christ nous parle, mais, se donnant tout entier à nous, Il fait suivre sa promesse de l’accomplissement. En retour, Il demande que nous fassions de même, c’est-à-dire que nous nous abandonnions complètement à lui. «Si mes paroles demeurent en vous». (Jean 15:7) Cette condition est claire et simple. Elle nous révèle la volonté de Christ; si ses paroles demeurent en nous, sa volonté deviendra la nôtre; et nous deviendrons l’instrument docile qu’Il maniera à son gré. Christ remplira notre être intérieur dans l’exercice de l’obéissance et de la foi. Notre volonté s’affermira et sera toujours plus en harmonie avec lui et Il le saura. Il ne craindra pas alors de nous faire cette promesse:

«Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jean 15:7)

    Cette promesse se réalisera littéralement pour tous ceux qui y ajouteront foi et qui vivront d’après elle. Disciples de Christ! Ne nous devient-il pas de plus eh plus évident que pendant que nous cherchions à nous expliquer pourquoi nos prières restaient sans réponse, essayant de nous persuader que cela tenait à notre soi-disant soumission à la volonté de Dieu, la vraie raison était que notre vie sans énergie était la cause de nos prières sans force? Qu’est-ce qui nous rendra forts si ce n’est la parole sortant de la bouche même de Dieu? C’est la parole de Christ, aimée, respectée, agissant eh nous par l’obéissance.. c’est elle qui nous fera devenir un avec lui, et qui nous rendra capables de nous approcher de Dieu et de le comprendre.
  Tout ce qui est de ce monde passera, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeurera éternellement. Abandonnons notre vie à Christ. Que nos cœurs s’ouvrent à sa parole. Quelles expériences pleines de bénédictions ne ferons-nous pas alors, et ne réaliserons-nous pas de sa présence en nous!

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXIII --OBÉISSANCE

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais moi, je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne». (Jean 15:16)
«La prière fervente du juste a une grande efficace.». (Jacques 5:16)

    Le Père renouvelle ici la promesse de nous donner ce que nous demanderons, mais à une condition qui nous montre à qui sera accordée cette merveilleuse influence auprès du Tout-Puissant. Le Maître dit:

«Je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure».
    Puis Il ajoute
«Afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom», -vous qui portez du fruit, -«Il vous le donne».
    Au fond, ces paroles ne sont que l’expression plus complète de celles-ci:
«Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jean 15:7)
    Porter du fruit et toujours plus de fruit est donc le but de notre demeure en Christ.
«Si vous portez beaucoup de fruit, c’est ainsi que mon Père sera glorifié et que vous serez mes disciples». (Jean 15:8)

   Dès lors il n’est pas étonnant qu’Il ajoute que des fruits abondants et durables seront la preuve de notre vie en Christ. Répondre à l’appel qui nous a été adressé est la condition de toute prière efficace, c’est la clef qui nous ouvre le trésor des bénédictions de Dieu.
    Il y a des chrétiens qui craignent que cette assertion ne soit en désaccord avec la doctrine du salut gratuit. Il n’en est rien si nous comprenons cette doctrine comme nous devons la saisir, et comme elle nous est donnée à plusieurs reprises dans la Parole de Dieu.
    Ecoutez ces paroles de Jean:

«Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité et nous rassurerons nos cœurs devant lui... Quoique ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable». 
(1Jean 3:18,19,22)
    Et encore celles-ci de Jacques:
«La prière fervente du juste a une grande efficace». (Jacques 5:16)
    Le juste est celui dont on peut dire, selon la définition du Saint-Esprit:
«Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste». (1Jean 3:7)

    Remarquez aussi l’esprit qui anime plusieurs Psaumes avec leurs appels à l’intégrité et à la justice de celui qui prie:

«L’Éternel m’a traité selon ma droiture. Il m’a rendu selon la pureté de mes mains... J’ai été sans reproche envers lui, et je me suis tenu en garde contre mon iniquité. Aussi le Seigneur m’a rendu selon ma droiture, selon la pureté de mes mains devant ses yeux. Avec celui qui est bon, tu te montres bon, avec l’homme droit, tu agis selon la droiture». 
(Psaume 18:21,24,26)
«Mon bouclier est en Dieu, qui sauve ceux dont le cœur est droit». (Psaume 7:11)
«Ô Éternel  qui séjournera dans ta tente? Qui demeurera sur ta montagne sainte? Celui qui marche dans l’intégrité, qui pratique la justice, et qui dit la vérité selon son cœur». 
(Psaume 15:1-2)

   Si nous considérons attentivement ces déclarations à la lumière du Nouveau Testament, nous les trouvons en parfait accord, avec l’enseignement du Sauveur, dans son discours d’adieu :

«Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour». (Jean 15:10)
 «Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande». (Jean 15:14)
     
   Ces mots veulent dire littéralement: «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, Il vous le donne». (Jean 15:16)

    Cherchons à entrer dans l’esprit de ce que le Seigneur nous enseigne. Ne courons-nous pas le danger de ne voir quelquefois qu’un des côtés de la question et qu’une seule expérience à faire de la prière et de la foi? Mais il est un autre côté que la Parole de Dieu met fortement en relief, c’est celui de l’obéissance comme seul chemin menant à la bénédiction. Nous avons à réaliser dans nos relations avec l’Être Infini que nous appelons Dieu, Celui qui nous a créés et rachetés, que notre premier devoir envers lui c’est la soumission.
    L’assujettissement de notre être tout entier à sa suprématie, à sa gloire, à sa volonté et à son bon plaisir, devrait être le grand objet de notre vie. La question n’est pas de savoir comment nous pourrons obtenir la faveur de Dieu et en jouir parce que même en cela notre moi peut dominer; c’est Dieu qui doit l’emporter sur tout. Une soumission complète, n’est-ce pas ce qui fera la beauté du ciel?
Obéir et servir, voilà les mobiles qui ont fait agir le Fils pendant qu’Il était sur la terre.
    Savoir et obéir, voilà ce que doit être notre but principal bien plus encore que le repos, la lumière, la joie ou la force. Remarquons quelle place éminente le Maître donne à ce but, non seulement dans le chapitre quinzième, mais dans le quatorzième, où Il parle de l’habitation de Dieu en nous, en trois personnes.

«Si vous m’aimez, gardez mes commandements». (Jean 14:15)
    Et l’Esprit vous sera alors donné par le Père.
«Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai et je me ferai connaître à lui». (Jean 14:21)
    Enfin au verset 23 nous trouvons l’une des plus grandes et des plus précieuses promesses:
«Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui».

    Est-il possible d’exprimer plus clairement que c’est par l’obéissance que l’Esprit habitera en nous, qu’il révélera le Fils en nous et nous préparera à être la demeure du Père?
   L’obéissance et la foi ne sont que les deux faces d’un même acte, celui par lequel nous acceptons la volonté de Dieu. De même que la foi fortifie l’obéissance, l’obéissance, à son tour, fortifie la foi. La foi se perfectionne par les oeuvres: souvent ce que nous avons pris pour la foi est resté sans résultat; n’est-ce pas parce que nous n’avions pas compris que la seule foi efficace est celle qui est accompagnée d’une entière soumission à la volonté de Dieu. C’est alors seulement que nous aurons force et puissance pour réclamez de Dieu tout ce qu’Il nous a promis.
    L’application de cette vérité est simple, mais très solennelle. Le Maître a dit:

«Je vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit», -«beaucoup de fruit», - «et que votre fruit demeure». (Jean 15:16)

    Ce qui revient à dire qu’il faut que notre vie soit utile et d’une utilité continuelle. Que de fois nous avons prié avec ferveur pour obtenir la grâce de porter du fruit, et nous avons été étonnés de ne recevoir aucune réponse! C’est parce que nous avions interverti l’ordre du Maître. Nous avions voulu recevoir d’abord la joie, la force, la consolation afin de pouvoir accomplir facilement notre oeuvre, sans difficulté et sans renoncement à nous-mêmes.
    Et le Maître veut que par la foi, sans nous préoccuper de notre tâche, de ses côtés faciles ou de ses difficultés, de nos forces ou de notre faiblesse, nous fassions ce qu’Il nous demande, dans une parfaite obéissance. En suivant ce chemin, nous serions arrivés à prier avec efficace, et à tout faire pour la gloire de Dieu. Non pas que l’obéissance tienne lieu de foi, ni y supplée si elle manque; non, l’obéissance qui vient de la foi est la clef qui ouvre les trésors que Dieu tient en réserve pour nous. Le baptême de l’Esprit, l’habitation du Fils et du Père en nous, la foi en un exaucement constant de la prière, voilà ce qui attend celui qui obéit. Acceptons cette leçon !
    Voilà donc encore une des causes pour lesquelles nos prières peuvent n’être pas efficaces: notre vie n’est pas ce qu’elle doit être. Une obéissance simple et droite n’en est pas le signe caractéristique. Et cependant nous approuvons pleinement cette loi divine de la Providence: c’est que l’homme à qui Dieu a accordé une si grande influence dans le gouvernement du monde, jusqu’à lui donner des choses qu’Il n’aurait pas données sans la prière, doit apprendre, à se soumettre loyalement et sans restriction à l’autorité supérieure du Maître de toutes choses.
   Reconnaissons, à notre honte, combien nos vies ont été et sont peu fidèles à cet égard. Consentons enfin à obéir à l’ordre que le Seigneur nous donne. Étudions ses relations avec nous en tant que Maître. Ne recherchons plus en premier lieu, jour après jour, notre consolation, notre joie et nos bénédictions personnelles. Que notre première pensée soit: J’appartiens au Maître !
    Qu’en toutes circonstances nous agissions comme faisant partie de lui-même, ne nous préoccupant plus que de connaître et de faire sa volonté. Être le serviteur, l’esclave de Jésus-Christ, que ce soit là l’esprit qui nous anime. S’Il a dit: «Je ne vous appelle plus serviteurs... mais je vous ai appelés amis», (Jean 15:15) c’est qu’Il avait défini plus haut cette qualité d’amis: «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande». La seule chose qu’Il nous ordonne, comme aux sarments attachés au cep, c’est de porter du fruit. Vivons pour être en bénédiction aux autres, pour rendre témoignage de l’amour et de la vie qui sont en Jésus. Consacrons-nous entièrement à, vivre dans la foi et l’obéissance, c’est là ce que Jésus veut de nous, appliquons-nous à faire sa volonté: c’est-à-dire, à porter du fruit. Réalisons que c’est à cela qu’Il nous appelle, que nous n’avons d’ordre à recevoir que de Celui qui obtient tout de son Père, et qu’une vie utile et féconde en fruits, toute consacrée à Dieu est à notre portée. Nous comprendrons alors comment et pourquoi porter du fruit peut seul nous ouvrir le chemin de la prière efficace.
    Celui qui, par l’obéissance à Christ, prouve qu’il accomplit la volonté de Dieu, obtiendra tout ce qu’il demandera au Père, parce que le Père le lui a promis.

«Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que, nous faisons ce qui lui est agréable» (1Jean 3:22)

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXIV --LA VICTOIRE ASSURÉE

«Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai.»
«Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.». (Jean 14:13-14)
«Que le Père vous accorde ce que vous lui demanderez en mon nom.». (Jean 15:16)
«En vérité, en vérité, je vous dis que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom, demandez et vous recevrez. En ce jour-là vous demanderez en mon nom.» (Jean 16:23-24,26)

    Les disciples n’avaient encore rien demandé au Nom de Jésus-Christ, et lui-même n’avait jamais parlé de cette possibilité. Nous trouvons dans ces paroles: assemblés en mon nom, (Mathieu 18:20) ce qui s’en rapproche le plus. Ici, dans ce discours d’adieu, Il répète ces mots: en mon nom, à la suite de trois promesses illimitées: Tout... quelque chose... ce que vous demanderez, (Jean 14:13-14) (Jean 15:16) pour enseigner à ses disciples et à nous en même temps, que ce n’est qu’en son nom seul que nous aurons la victoire. Mais cette victoire dépend de l’usage que nous ferons de ce nom. Qu’est-ce qu’un nom?
   Le nom est la personnification d’un individu, à tel point qu’il nous suffit de l’entendre prononcer pour que son image paraisse à nos yeux. Le nom éveille en nous immédiatement la personnalité qu’il évoque; il nous rappelle ce que nous en connaissons et renouvelle l’impression que nous en avons reçue. Le nom d’un roi, par exemple, nous suggère aussitôt l’idée de sa puissance, de sa grandeur, de son royaume même, parce qu’il en est le type.
   De même, chacun des noms sous lesquels Dieu nous est révélé: l’Eternel, YHWH, l’Admirable, le Tout-Puissant, le Prince de Paix, personnifie instantanément à nos yeux quelque attribut de Celui qui est invisible. Le nom de Christ nous dit tout ce qu’Il a fait pour nous et tout ce qu’Il fait en ce moment comme Intercesseur et Médiateur.
   Qu’est-ce que faire quelque chose au nom d’un autre? C’est se présenter avec le pouvoir et l’autorité de cet autre, comme son représentant ou son envoyé. Et comment nous servir du nom d’un autre si nous n’avons pas avec lui une communauté de pensées? Pourrions-nous consentir à ce que qui que ce soit se serve librement de notre nom, si nous ne sommes assurés que notre honneur et nos intérêts seront saufs et en bonnes mains.
    Voilà ce que Jésus nous offre lorsqu’Il nous permet de nous servir de son nom avec l’assurance que quoi que nous demandions, cela nous sera donné.
    On ne peut établir ici de comparaison entre la permission accordée à quelqu’un de se servir d’un certain nom, dans une occasion particulière, et celle que Jésus donne solennellement à tous ses disciples d’user librement de son nom, en tout temps et pour tout ce qu’ils ont à demander. Il ne l’aurait pas fait s’Il n’avait pas su qu’Il pouvait leur confier ses intérêts, et que son honneur était en sûreté entre leurs mains. L’usage autorisé du nom d’un autre est toujours le signe d’une grande intimité. En employant le nom d’un autre pour un but spécial, nous laissons le nôtre de côté comme n’ayant plus de valeur et comme si nous revêtions la personnalité de celui dont nous invoquons le nom. Faire usage d’un nom, est un droit qui peut nous avoir été accordé en vertu d’une union légale.
    Un négociant, obligé de s’éloigner et de quitter ses affaires, donne à son fondé de pouvoir une attestation au moyen de laquelle celui-ci peut tirer des centaines de mille francs en son nom. Le fondé de pouvoir s’en servira non pour lui-même mais dans l’intérêt de la maison. C’est parce que son patron le connaît pour être dévoué à ses affaires qu’il peut lui remettre ainsi, en toute confiance, le libre usage de son nom.
    Lorsque le Seigneur Jésus-Christ est monté au ciel, Il a laissé son oeuvre, le gouvernement de son royaume ici-bas, entre les mains de ses serviteurs. Il ne pouvait faire autrement que de les autoriser à se servir de son nom, pour obtenir du Père le secours dont ils auraient besoin pour la bonne réussite de ses affaires. Ses disciples ont donc le pouvoir de se servir du nom de Jésus dans la mesure où ils se consacrent aux intérêts et à l’œuvre du Maître.
    L’usage d’un nom suppose toujours l’abandon de nos intérêts propres pour prendre en main ceux de la personne que nous représentons. Faire usage d’un nom, est un droit qui peut encore nous avoir été accordé en vertu d’une union pour la vie.
    Dans le cas du négociant et de son fondé de pouvoir, l’union est temporaire. Mais nous savons comment l’union de la vie comporte l’unité du nom. Un enfant porte le nom de son père parce qu’il en a reçu la vie. Et souvent le fils d’un père honorable a été respecté par le seul fait du nom qu’il portait. Mais si l’on arrive à découvrir qu’il n’a que le nom, sans avoir le caractère et les qualités de son père, ce nom même perdra de sa valeur. Tout doit être en harmonie, le nom, la vie et le caractère. Si tel est le cas, l’enfant aura un double titre à l’affection et à l’estime des amis de son père.
    Il en est de même pour Jésus et le chrétien. Nous devons être un avec lui. Nous avons une même vie avec lui, un même esprit, et, par-là, nous avons le droit de nous approcher de Dieu en son nom.
    Ce qui peut en autoriser l’usage est encore l’union de l’amour. Si une jeune fille pauvre, dont la vie a été toute de privations, s’unit à un homme riche, elle renonce à son nom pour prendre celui de son mari, elle a le droit de s’en servir. Elle peut faire des emplettes, et, grâce au nom qu’elle porte, on ne refusera pas de les lui livrer. Pourquoi? Parce que l’époux, l’ayant choisie pour sa compagne, lui a donné le droit de considérer sa richesse à lui comme devenant la sienne à elle, car ils ne font plus qu’un.
    L’époux céleste ne pouvait faire moins, nous ayant aimés, nous ayant unis à lui. Dès lors, Il donne à ceux qui portent son nom le droit de tout demander en ce nom-là. Les exemples que nous venons de citer nous montrent que la manière habituelle d’envisager cette question est défectueuse. Trop souvent nous terminons nos prières par le nom de Jésus, comme une simple formule, ou en coupables qui s’en font une caution qui doit répondre pour eux.
    Jésus est vivant, Il est auprès du Père, ne l’oublions pas. Si même c’est à lui que nous adressons nos supplications, il faut le faire en son nom. N’est-ce pas déclarer par là que nous sommes avec lui en communion de sentiments, d’intérêts et d’amour? S’il en est ainsi, notre foi grandira dans l’assurance que rien de ce que nous demandons en son nom ne nous sera refusé, et nous verrons quelle puissance merveilleuse nous aurons dans nos prières auprès du Père. De l’influence de Christ dans notre vie dépend son influence dans nos prières. Bien des paroles dans l’Ecriture rendent clairement ce que nous venons de dire:

«Faites tout au nom du Seigneur Jésus». (Colossiens 3:17)
    Ce verset est la contre-partie de cet autre:
«Demandez tout en mon nom».
    Faire et demander au nom de Jésus sont inséparables.
«Nous marcherons, nous, au nom de l’Eternel, notre Dieu à toujours et à perpétuité». (Michée 4:5)

   Nous voyons que le nom du Seigneur doit exercer une influence dirigeante sur notre vie tout entière, et surtout dans la prière. Ce n’est pas à nos paroles seulement, mais à nos actes que Dieu regarde pour juger ce que le trône de son Fils est réellement pour nous. Quand l’Ecriture parle de:  
«Ces hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ», (Actes 15:26) ou de celui qui est: «Tout prêt, non seulement à être enchaîné, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus», (Actes 21:13) 
nous voyons ce que tout ce nom doit être pour nous. S’Il est tout pour nous, nous obtiendrons tout par lui. Si j’abandonne tout à Dieu, Il me fera part de tout ce qu’Il possède. «Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai». (Jean 14:13)
   Jésus nous a fait cette promesse libéralement: les chrétiens l’ont amoindrie, limitée, ils la trouvaient trop large. Qui oserait se fier à un homme sans condition? Mais dans ce cas-ci, il ne s’agit pas d’un homme, et ces mots: en mon nom, portent en eux leur propre garantie. C’est une puissance spirituelle que nous pouvons revendiquer devant les hommes et devant Dieu.
    Oh! Demandons à Dieu le secours de son Saint-Esprit, pour que nous comprenions la signification de ce nom et l’usage que nous en devons faire. C’est par l’Esprit seul que «le nom qui est au-dessus de tout nom», (Philippiens 2:9) prendra la place prépondérante dans nos affections et dans notre vie. Disciples de Jésus! Que les leçons d’aujourd’hui pénètrent profondément dans notre cœur. Les cieux nous sont ouverts, les trésors du monde invisible sont mis à notre disposition, sachons en user au profit de ceux qui nous entourent.
    Apprenons à prier au nom de Jésus. Que chacun de nous exerce son sacerdoce royal et se prévale du droit dont il dispose dans le champ d’activité que le Seigneur lui a donné.
    Que les chrétiens se réveillent, qu’ils écoutent ce message! Notre prière obtiendra ce qui, sans elle, n’aurait jamais été fait. Servons-nous sans réserve du nom de Jésus, et soyons ainsi en bénédiction pour ceux qui nous entourent.

«Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai». (Jean 14:13)

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXV --LE SAINT-ESPRIT ET LA PRIÈRE

«En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien: en vérité, en vérité, je vous dis que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite. En ce jour-là, vous demanderez en mon nom et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime.» (Jean 16:23,24,26)
«Priant par le Saint-Esprit, maintenez-vous dans l’amour de Dieu.». (Jude 1:20-21)
«Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés à cause de son nom. Je vous écris, pères, parce que vous avez connu Celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin». (1Jean 2:12-18)

    Ces paroles de Jean adressées aux petits enfants, aux jeunes gens et aux pères, ne nous indiquent-elles pas qu’il y a dans la vie chrétienne trois époques distinctes d’expériences?
    La première est celle de l’enfance; l’âme naît à la joie du pardon et de l’assurance du salut.
    La seconde est celle de l’adolescence, époque de transition et de lutte où la foi grandit et s’affermit; la Parole de Dieu agit et donne à la jeunesse les armes par lesquelles elle peut remporter la victoire sur le malin.
    La troisième est celle de l’âge mûr; les pères ont approfondi toutes choses et sont entrés dans une communion intime avec le Tout-Puissant.
    Dans le sermon sur la montagne, tel que nous venons de l’étudier du point de vue, de l’enseignement de Christ sur la prière, nous retrouvons aussi trois divisions distinctes analogues. En premier lieu, l’époque d’initiation où l’enseignement se résume en ce mot Père: «Priez votre Père». «Votre Père voit, entend, sait, récompensera, beaucoup plus qu’aucun père terrestre». Ayez seulement en lui une foi enfantine.
    Plus tard, vient l’époque de luttes, de transition et de victoire, résumées par ces paroles:

«Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne». (Mathieu 17:21)
«Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-Il à leur égard?» (Luc 18:7)

    Enfin, dans ses paroles d’adieu, nous atteignons un degré plus élevé encore. Les enfants sont devenus hommes faits, ils sont les amis du Maître pour lesquels Il n’a point de secrets et auxquels Il dit: 

«Je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père». (Jean 15:15)

    En nous répétant si souvent quoi que vous demandiez, Jésus nous remet pour ainsi dire les clefs du royaume des cieux. Le moment est venu de prouver la puissance de la prière en son nom. Le contraste entre le premier et le dernier degré de cette marche ascendante est marqué de la manière la plus positive dans les paroles que nous méditons aujourd’hui.

«Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. En ce jour-là vous demanderez en mon nom». (Jean 16:24,26)

    Nous savons maintenant ce que veut dire ce mot «en ce jour-là.» C’est le jour de l’effusion du Saint-Esprit. L’œuvre de Christ sur la croix, sa victoire complète sur la mort révélée par sa résurrection et son ascension devaient recevoir leur couronnement, par la descente du Saint-Esprit sur les disciples pour animer leur vie, manifestation visible de la gloire de Dieu sur la terre.
    L’un des merveilleux résultats de la dispensation de l’Esprit, c’est la force toute-puissante qu’Il donne à la prière, puissance inconnue jusqu’à la Pentecôte. La prière adressée au nom de Jésus et exaucée n’est-elle pas la preuve que l’Esprit habite en nous?
    Pour comprendre comment le don du Saint-Esprit a été le commencement d’une ère nouvelle dans l’exercice de la prière, rappelons-nous quelle est son oeuvre et pourquoi Il n’a pas été donné avant que Jésus eût été glorifié.
    L’Esprit est l’essence même de Dieu,  Dieu est Esprit. C’est par l’Esprit que le Fils a été engendré du Père, c’est par la communion du Saint-Esprit que le Père et le Fils sont un. La prérogative éternelle du Père est d’accorder sans cesse au Fils ce qu’il demande. Le privilège béni du Fils est de demander et de recevoir sans cesse, parce que par l’Esprit, Ils sont tous deux unis en une même vie et un même amour. Il en a été ainsi de toute éternité, il en est de même maintenant encore parce que le Fils agit comme médiateur entre nous et le Père.
   Jésus, sur la terre, a commencé l’œuvre de réconciliation de l’homme avec Dieu, en unissant dans son corps la nature humaine et la nature divine. Il la poursuit dans le ciel. Il a réuni en lui ce qui était inconciliable la justice de Dieu et notre péché; il a terminé la lutte, une fois pour toutes, quant à lui, en son propre corps attaché sur la croix. Puis Il est monté au ciel pour agir avec puissance, en chacun des membres de son corps, les délivrant du péché et manifestant ainsi la victoire qu’il a remportée. Par son intercession incessante, Il vit dans une communion vivante avec ceux de ses rachetés qui prient sans cesse. Cette intercession même leur donne une force et une puissance qu’ils n’auraient pu
avoir sans elle. C’est par le Saint-Esprit que cette oeuvre s’accomplit. Le Saint-Esprit n’avait pas été accordé aux hommes avant que Jésus-Christ eût été glorifié.

«Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui, car l’Esprit n’était pas encore répandu, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié». (Jean 7:39)

    Ce don du Père était nouveau et entièrement différent de ce que les Saints de l’Ancien Testament avaient reçu. L’œuvre de la rédemption par le sang de Christ était si complète que l’humanité sous cette économie nouvelle pouvait recevoir une manifestation du Saint-Esprit qu’il n’aurait pas été possible à Dieu d’accorder sous l’économie de l’Ancien Testament. Ces paroles de Jean 7:39, étaient littéralement vraies. Au moment où Jésus, glorifié, remonta au ciel, Il reçut du Père le droit de répandre le Saint-Esprit sur ses disciples et sur nous, ses enfants, ce qu’il n’aurait pas pu faire auparavant.

« Élevé par la droite de Dieu, Il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis et Il l’a répandu, comme vous le voyez, et l’entendez». (Actes 2:33)

   Sous l’ancienne Alliance, Il était invoqué comme, l’esprit de Dieu. À la Pentecôte, Il descendit comme l’Esprit de Jésus glorifié, nous, apportant les fruits que la Rédemption accomplie devait produire en nous.
  C’est dans l’intercession continue de Christ eh notre faveur que l’œuvre de la Rédemption trouve son complément. Par le Saint-Esprit qui est en nous, nos prières s’élèvent au trône de grâce où elles se mêlent et se confondent avec celles de Jésus pour nous. L’Esprit prie, pour nous, sans paroles; dans les profondeurs de notre cœur souvent nos pensées revêtent à peine une forme, et l’Esprit s’en empare alors pour les mettre en communication avec le Dieu-saint. Par le Saint-Esprit les prières de Christ deviennent nôtres et les nôtres deviennent siennes. Nous comprenons alors par une expérience personnelle ces paroles:

«Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez... En ce jour-là, vous demanderez en mon nom». (Jean 16:24-26)

    Frères! ce qu’il faut que nous demandions au nom de Christ pour que notre joie soit parfaite, c’est le baptême du Saint-Esprit. Il y a ici plus que l’Esprit de Dieu sous l’ancienne Alliance. C’est le Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus glorifié dans sa Toute-Puissance, descendant en nous, habitant en nous, pour nous révéler le Père et le Fils.

«Et moi, je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Consolateur afin qu’Il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir parce qu’il. ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car Il demeure avec vous et Il sera en vous. En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et que je suis eh vous». Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui». (Jean 14:16-17,20,23)

    Lorsque cet Esprit n’est pas seulement celui de nos heures de prières mais de notre vie tout entière, nous rendant semblables à Jésus, Il nous donne le moyen d’avoir cet accès immédiat auprès du Père, dont Jésus parle ici:

«Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime». 
(Jean 16:26)

    Oui, comprenons et croyons qu’être rempli de l’Esprit de Jésus glorifié est indispensable au peuple de Dieu. Nous réaliserons alors ce que c’est que:

«Faire en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications».  
(Ephésiens 6:18)   et
«Prier par le Saint-Esprit, se maintenant dans l’amour de Dieu». (Jude 1:20-21)

    L’efficacité de nos prières dépend de ce que nous sommes et de ce qu’est notre vie. Le secret de prier au nom de Christ, c’est de vivre au nom de Christ. C’est en demeurant en lui que nous acquérons le droit de demander ce que nous voulons. La mesure dans laquelle nous vivons en Christ sera l’exacte mesure de notre puissance dans la prière. C’est l’Esprit qui est en nous qui prie, non pas toujours en paroles et en pensées, mais par des soupirs, qui ne se peuvent exprimer.
    Que nos vies soient remplies de Christ, de son Esprit, et ses promesses si magnifiques ne nous paraîtront plus si extraordinaires.

«Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite».  «En ce jour, vous demanderez en mon nom».  «En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera». (Jean 16:24,26)

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXVI--CHRIST, INTERCESSEUR

«Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point.». (Luc 22:32)
«Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous.». (Jean 16:26)
«Etant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.». (Hébreux 7:25)

    Nos progrès dans la vie spirituelle sont en rapport avec ce que Jésus est pour nous dans notre vie intérieure. Plus nous réaliserons que Christ doit être tout pour nous et en nous, plus nous vivrons de la véritable vie de la foi qui, renonçant à soi-même, ne vit plus que pour Christ. La vie ne sera plus une lutte vaine pour faire ce qui est bien, mais, nous appuyant sur Christ, nous trouverons en lui la force de combattre le bon combat et de remporter la victoire de la foi. C’est surtout vrai quand il s’agit de vie de prière. Lorsque par la foi nous croirons que Jésus-Christ a tout accompli pour nous, nous comprendrons aussi que le temps des soucis et des efforts inutiles est passé, que désormais nous pourrons participer à la vie de Christ soit sur la terre, soit dans les cieux. Nous prierons alors, nous appuyant non seulement sur les mérites de Jésus, qui rend acceptables aux yeux du Père nos misérables prières, mais encore sur l’union intime qui existe entre Christ et nous et sur sa prière en nous.
    Le salut parfait est en Christ lui-même. Il s’est donné lui-même pour nous, Il vit lui-même en nous. Parce qu’Il prie, nous prions aussi. Comme ses disciples, quand ils le virent prier, lui demandèrent de leur enseigner à prier, ainsi participerons-nous à sa vie de prière, puisque nous savons qu’Il est sur le trône comme notre intercesseur. Cette vérité ressort clairement dans la dernière nuit de sa vie ici-bas.
    Sa prière sacerdotale (Jean 17) n’est-elle pas un modèle? Ne continuera-t-Il pas à prier ainsi pour nous, dans le ciel? Dans ses dernières paroles, Il a annoncé à plusieurs reprises que la vie de prière de ses disciples était étroitement unie à son retour auprès du Père: son intercession éternelle était dès lors liée intimement à la vie de prière en son nom qui allait commencer pour eux.
    La confiance en l’intercession de Jésus nous assure le droit de prier en son nom. Pour bien comprendre ceci, examinons d’abord son oeuvre d’intercession. La vie de Christ sur la terre comme prêtre n’a été qu’un commencement. Ce fut comme sacrificateur et victime à la fois, qu’Il répandit son sang. Pareil à Melchisédec, Il vit encore au-dedans du voile pour continuer son oeuvre. De même que Melchisédec a été supérieur à Aaron dans la hiérarchie sacerdotale, de même l’œuvre d’intercession de Jésus est supérieure en puissance et en gloire à son oeuvre d’expiation. Christ est mort; bien plus, Il est ressuscité, Il est à la droite de Dieu, et Il intercède pour nous». (Romains 8:34)
    Cette intercession est une réalité positive, absolument nécessaire, sans laquelle la rédemption n’aurait plus d’effet. La merveilleuse réconciliation entre Dieu et l’homme s’est faite par l’incarnation, l’expiation et la résurrection de Jésus, et c’est par elle que l’homme participe à la vie divine. Mais l’appropriation personnelle de cette réconciliation pour les membres du corps de Christ sur la terre, ne peut avoir lieu que par l’exercice constant de lai puissance divine du Chef de notre foi, vivant éternellement dans les cieux.
    Aucune conversion, aucun travail de sanctification, aucune victoire sur le péché et le monde ne peut avoir lieu sans une manifestation directe de Celui qui est tout-puissant pour sauver. Cette révélation ne peut s’effectuer que par sa prière. Il la demande au Père et Il l’obtient du Père.

«C’est aussi pour cela qu’Il peut sauver, parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur». (Hébreux 7:25)

    Il n’est pas un besoin de son peuple qu’Il ne puisse satisfaire. Sa médiation sur le trône est aussi indispensable, aussi efficace que sur la croix, et c’est son oeuvre incessante à la droite de Dieu. Non seulement nous participons aux bénéfices de cette oeuvre, mais à l’œuvre elle-même. Pourquoi? 
    Parce que nous sommes son corps et que le corps et ses membres ne font qu’un, «La tête ne peut pas dire aux pieds: Je n’ai pas besoin de vous». (1Corinthiens 12:21) Faisant un avec Jésus, nous partageons avec lui ce qu’Il est et ce qu’Il a.

«Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée». (Jean 17:22)

   Nous partageons sa vie, sa justice, son oeuvre, nous devons aussi partager son intercession. Il n’est pas une oeuvre qu’Il accomplisse sans que nous en ayons notre part.

«Christ est ma vie». (Philippiens 1:21)
«Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi». (Galates 2:20)

    La vie en lui et en nous est absolument identique. La vie de Jésus dans les cieux est une vie de prière constante; et si nous vivons en lui, notre prière sera aussi un échange continuel de demandes et d’exaucements. Ne pensons pas qu’il y ait deux courants distincts de prières qui s’élèvent séparés l’un de l’autre, l’un venant de Christ et l’autre de son peuple. Non, s’ils vivent de sa vie, l’union entre lui et les siens est complète. C’est lui qui nous inspire ce que nous avons à demander; et, à son tour, Il s’empare de notre prière pour la présenter au Père. Il est l’ange qui tient l’encensoir d’or.

«On Lui donna beaucoup de parfums, afin qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône». (Apocalypse 8:3)

    Voilà le secret de l’exaucement de toute prière. Il faut que ce soit Christ qui les offre au Père. Le Fils unique du Père a seul le droit de prier; la plénitude de la divinité habite en lui, et cette plénitude lui donne une puissance entière et complète dans l’exercice de la prière, puissance qu’il accorde aux siens. La croissance dans la vie spirituelle consiste à découvrir de plus en plus tous les trésors renfermés en lui, les liens qui nous unissent à lui et à faire l’expérience que nous sommes en lui. Plus nous le posséderons, plus nous recevrons de grâces dans la vie de la prière comme dans la vie spirituelle.
    Ne croyons pas que l’intercession de Jésus se borne à prier à notre place, lorsque pour une raison ou pour une autre nous ne prions pas. Non. Elle va plus loin. C’est elle qui nous amène à prier à l’unisson avec Christ, de qui procède notre vie et notre foi. Dès lors, notre prière sera un acte de foi.
    C’est une nouvelle époque dans la vie de plus d’un croyant, que le moment où Christ lui est révélé comme vivant en lui et lui en Christ. Il comprend alors que le Sauveur est son garant, afin qu’il lui reste fidèle et obéissant. C’est là le premier pas dans la vie de la foi.
    La découverte que Christ est aussi notre garant dans notre vie de prière ne sera pas moins bénie. Il est le centre de toute prière. Il est le guide dans la voie de supplications qu’Il a inaugurée lui-même, Il est le chef et le consommateur de notre foi. Il communique son propre Esprit de prière à tous les siens. En donnant sa vie pour ses rachetés, Il a fourni à tous leurs besoins. Il s’associe donc à leur vie de prière, Il y pourvoit en les unissant à la sienne et en la maintenant en eux. «Mais j’ai prié pour toi», non pour rendre ta foi superflue ou inutile, mais «pour que ta foi ne défaille point». (Lu 22:32) Cela revient à dire: «Si vous demeurez en moi», L’INTERCESSEUR, qui vis aux siècles des siècles,

«demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé». (Jean 15:7)

    La pensée de cette communion intime avec Jésus dans son oeuvre d’intercession nous rappelle ce qu’Il nous a enseigné plus d’une fois. Les magnifiques promesses faites à la prière ont comme but et justification la gloire de Dieu dans la manifestation de son royaume et le salut des pécheurs. Tant que nous ne prions que pour nous-mêmes, les promesses faites par Jésus-Christ, dans sa dernière nuit ici-bas, restent un livre fermé pour nous.
    C’est aux sarments du vrai cep, qui produisent du fruit, c’est aux disciples envoyés dans le monde pour annoncer la vérité aux âmes qui périssent, c’est aux serviteurs fidèles qui continuent et poursuivent le travail qu’Il a laissé inachevé derrière lui, c’est à ceux qui, comme le Maître, sont devenus la semence de vie, semence qui doit mourir pour produire au centuple, c’est à tous ceux-là, disons-nous, que la promesse a été donnée. Que chacun de nous cherche quelle est l’œuvre qu’il a à faire, quelles sont les âmes qui lui ont été confiées, et que notre intercession pour elles devienne notre lien d’intimité avec Dieu.
    Nous réaliserons non seulement pour nous les promesses faites à la prière, mais nous ferons encore l’expérience que demeurer en Christ et lui en nous nous rend participants à son propre bonheur. Ce bonheur ne consiste-t-il pas à être en bénédiction aux hommes et à les sauver?
    Merveilleuse intercession de notre bien-aimé Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, à, laquelle nous devons toutes choses et à laquelle Il nous associe comme ses compagnons, de travail!
    Oh! prions en son nom, en son Esprit, en lui-même, en union parfaite avec, lui! Oh! merveilleuse intercession toujours, active, toujours efficace de Jésus-Christ, quand y participerons-nous complètement? Quand nos prières feront-elles partie intégrante de son intercession?

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER 

XXVII --CHRIST, SOUVERAIN SACRIFICATEUR

«Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi.». (Jean 17:24)

    Dans son discours d’adieu, Jésus révèle à ses disciples ce que sera la vie future lorsque le règne de Dieu sera venu avec puissance. Dans la communion du Saint-Esprit, dans l’union avec le cep céleste, dans le témoignage et les souffrances, les disciples trouveront leur vocation et leur félicité. En déroulant à leurs yeux les perspectives de cette vie-là, le Seigneur fait, à plusieurs reprises, aux apôtres, les promesses les plus illimitées à la force et à la puissance de leurs prières.
    En terminant ses enseignements, lui-même se dispose à prier. Voulant laisser à ses disciples la joie de savoir ce que sera pour eux son intercession dans le ciel comme leur souverain sacrificateur, Il leur fait le précieux legs de sa prière sacerdotale. Et cela autant parce qu’ils doivent partager son oeuvre d’intercession que pour qu’ils sachent, et nous avec eux, comment ils peuvent accomplir leur sainte mission.
    Dans l’enseignement du Seigneur, pendant cette dernière nuit, nous avons appris que ses étonnantes promesses faites à la prière ne sont pas accordées en notre faveur seulement, mais en faveur des intérêts du Seigneur et de son royaume. C’est du Seigneur lui-même que nous pouvons apprendre ce que la prière en son nom doit être et ce qu’elle peut obtenir. La prière sacerdotale nous enseigne ce que la prière faite, au nom de Jésus peut demander, espérer et attendre.
    Elle se divise en trois parties. Dans la première, du verset 1 à 5 le Seigneur prie pour lui-même; dans la seconde, du verset 6 à 19 Il prie pour ses disciples, et dans la dernière du verset 20 à 26 Il prie pour le peuple des fidèles dans tous les âges.
    Le disciple de Jésus qui se voue à l’œuvre d’intercession et qui veut faire l’épreuve de la mesure de bénédictions qu’il peut faire descendre sur ceux qui l’entourent, par la prière au nom de Jésus, étudiera par l’Esprit en toute humilité, ce beau chapitre dix-septième de Jean, comme l’une des leçons les plus importantes de l’école à laquelle nous sommes.
    Jésus prie avant tout pour lui-même, afin qu’étant glorifié, Il puisse glorifier le Père.

«Père... glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie».
« Maintenant toi, Père, glorifie-moi».

    Il expose les raisons pour lesquelles Il prie de la sorte. Le Père et le Fils ont conclu une sainte alliance dans les cieux, Le Père, comme récompense de l’œuvre du Fils ici-bas, lui a donné toute puissance sur les hommes. Le Fils a accompli sa mission; Il a glorifié le Père.
    Son but est de le glorifier toujours plus. C’est avec une. sainte hardiesse qu’Il demande au Père de le glorifier, parce qu’alors Il sera en état de faire pour son peuple tout ce qu’Il a entrepris.
    Disciples de. Jésus! Nous avons ici la première leçon dans l’intercession sacerdotale. Suivons l’exemple de notre grand souverain sacrificateur. Le Fils a commencé sa prière en affirmant sa position vis-à-vis du Père. Il a mis, en avant son oeuvre, son obéissance, son ardent désir que le Père soit glorifié. Faisons comme lui. Approchons-nous de notre Père, par Christ, sachons nous prévaloir auprès de lui de l’œuvre que Jésus a accomplie. Ne faisons plus qu’un avec elle, confions-nous en elle, vivons pour elle; déclarons que nous sommes prêts à nous consacrer jusqu’à la fin au travail que le Père nous a donné à faire et à ne vivre que pour sa gloire. Demandons alors avec confiance que le Père soit glorifié en nous. Voilà ce qu’est la prière faite dans l’Esprit de Jésus, en son nom et en parfaite union avec lui. Cette prière aura force et puissance.
    Si, avec Jésus, nous glorifions le Père, le Père, à son tour, glorifiera le Fils, en nous accordant ce que nous demandons en son nom et, en particulier, nos requêtes d’intercession pour ceux qui nous entourent.
    Notre Seigneur prie ensuite pour ses disciples: Il parle d’eux comme de ceux que le Père lui a donnés. Le signe qui les caractérise, c’est qu’ils ont reçu la parole de Christ. Il déclare les envoyer désormais dans le monde à sa place, comme le Père l’avait envoyé lui-même.
    Il réclame deux choses en leur faveur: Que le Père les préserve du mal, et qu’Il les sanctifie par sa parole qui est la vérité, parce que Jésus se sanctifie lui-même pour eux. Tout intercesseur croyant et fidèle a, comme le Seigneur, un cercle intime pour lequel il faut qu’il prie tout d’abord. Les parents ont leurs enfants, les instituteurs leurs élèves, les pasteurs leurs troupeaux, les moniteurs des écoles du dimanche leurs groupes, tout travailleur dans le champ de Dieu a sa charge spéciale et doit porter dans son cœur ceux qui lui sont confiés.
    Il est de toute importance que la prière d’intercession soit personnelle, définie, qu’elle ait un but bien déterminé. Notre première demande en faveur de ceux pour lesquels nous Intercédons doit être qu’ils reçoivent la Parole, mais cette prière n’aura aucune efficace si nous ne pouvons dire avec le Seigneur: «Je leur ai donné ta parole». (Jean 17:14)
    Voilà ce qui nous donne la liberté et la force dans notre oeuvre d’intercession pour les âmes. Il faut non seulement prier pour elles, mais nous adresser à elles directement. Quand elles auront accepté la Parole, prions beaucoup pour qu’elles soient préservées du mal et sanctifiées par la Parole. Au lieu de nous désespérer, de juger ceux qui tombent et de les abandonner, prions pour eux avec ardeur.

«Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés». (Jean 17:11)
«Sanctifie-les par ta vérité». (Jean 17:17)
La prière au nom de Jésus est d’une grande efficace.
«Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai». (Jean 14:13)
Enfin, la prière du Seigneur embrasse un champ plus vaste.
«Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole». (Jean 17:20)

    Son cœur de sacrificateur s’ouvre et s’élargit pour renfermer tous les lieux et tous les temps Il prie pour que tous ceux qui lui appartiennent ne forment partout qu’un seul corps, donnant ainsi la preuve que sa mission est bien réellement divine et que les siens seront admis avec lui à une gloire éternelle.

«Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que je sois en eux». (Jean 17:26)

    Le disciple de Christ qui a éprouvé dans son entourage immédiat quelle a été la puissance de sa prière, ne pourra plus se renfermer dans un cercle aussi limité. Il faut qu’il prie pour l’Eglise universelle et les branches qui s’y rattachent. Il priera surtout pour, obtenir l’amour fraternel et l’unité de l’Esprit. Il priera pour que l’Eglise soit une en Christ et pour qu’elle témoigne au milieu du monde que Christ a accompli cette oeuvre merveilleuse: l’amour triomphant de l’égoïsme. Quel autre, sinon le Fils de Dieu, envoyé du ciel, aurait pu la réaliser?
    Les chrétiens devraient prier beaucoup pour que l’unité de l’Eglise, non dans sa forme extérieure, mais en esprit et en vérité, soit rendue manifeste. Voilà pour la prière en elle-même.
    Voyons le mode à employer. Jésus dit: «Père, JE VEUX !» Lui, le Fils, lui qui a reçu les promesses du Père, lui qui, a accompli son oeuvre jusqu’au bout, Il a le droit de le dire. La promesse du Père est
positive: «Demande-moi et je te donnerai». Il s’en prévaut, Il nous fait, à son tour, une promesse analogue.

«Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai». (Jn 14:13)

    Il nous adresse cette demande: «Que veux-tu?» À nous de répondre: «Père, JE VEUX tout ce que tu as promis». Au fond, c’est là la foi véritable, celle qui honore Dieu. La conviction que nous obtiendrons ce que nous demandons avec foi est agréable au Père. Au premier abord, notre cœur hésite à employer cette expression: je veux; nous ne nous sentons ni le droit, ni la force de nous en servir. La grâce de pouvoir dire: «je veux» ne nous sera accordée que lorsque nous aurons fait une entière abnégation de nous-mêmes; soyons certains alors que tous ceux qui auront soumis leur volonté à celle du Maître la recevront.
    Celui qui renonce à sa volonté la retrouvera, et il la retrouvera renouvelée et fortifiée d’une puissance toute divine. «PÈRE JE VEUX». Voilà la note dominante de l’intercession, constante, active, efficace de notre Sauveur dans le ciel. Par notre union avec lui, notre prière aura la même efficacité.
   Mais à une condition: c’est que nous marchions avec lui, que nous demeurions en lui et que nous fassions toutes choses en son nom. Allons à lui avec confiance. Apportons-lui chacune de nos requêtes. Mettons-les à l’épreuve de sa Parole et du Saint-Esprit, puis jetons-les dans le torrent d’intercession qui s’échappe du cœur de notre Seigneur pour s’élancer vers le Père. Alors nous pourrons avoir pleine confiance que nous recevrons ce que nous demandons.
    L’Esprit lui-même nous inspirera ce: «Père, je veux» qui nous apportera l’exaucement. Vivre en lui et pour lui seul, là sera le secret de notre force et de notre influence.
    Disciples de Jésus! Appelés à être semblables à notre Seigneur dans son intercession sacerdotale, quand arriverons-nous à réaliser notre glorieuse destinée, qui est de prier, de plaider la cause des âmes qui périssent et d’acquérir de l’influence en leur faveur auprès de Dieu? Quand secouerons-nous notre nonchalance qui se revêt de fausse humilité et nous rendrons-nous à l’Esprit de Dieu, afin qu’Il revête notre volonté de force et de lumière? Quand arriverons-nous à saisir et à posséder les merveilleuses promesses que Dieu nous a faites?

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXVIII --CHRIST, LA VICTIME

«Il disait: Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe! Toutefois non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.». (Marc 14:36)

    Quel contraste dans l’espace de quelques heures! Quelle transition entre le moment où:

«Jésus levant ses yeux au ciel dit: Père, je veux». (Jean 17:1-24)
et celui où
«s’étant jeté contre terre, Il pria que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui!». (Marc 14:35)

    Dans l’un, nous voyons le souverain sacrificateur en dedans du voile, intercédant avec puissance. Dans l’autre, la victime sur l’autel, ouvrant la voie nouvelle au travers du voile déchiré.
    Dans l’ordre chronologique, le: Père, je veux du souverain sacrificateur, précède le cri de la victime obéissante: «Père, non pas ce que je veux». Cet ordre était nécessaire pour nous montrer ce que serait l’intercession de Jésus une fois le sacrifice consommé. De fait, c’est cette prière à l’autel: «Père, non pas ce que je veux», qui a fait la force de celle devant le trône: «Père, je veux».
    C’est par l’abandon complet de sa volonté en Gethsémané que le grand prêtre assis. sur le trône a la puissance de demander ce qu’Il veut. Pour tous ceux qui veulent apprendre à prier à l’école de Jésus, cette leçon de Gethsémané est l’une des plus sacrées et des plus précieuses. Il pourrait sembler à un écolier superficiel qu’elle ôte le courage de prier avec foi. Si cette supplication ardente du Fils n’a pas été entendue, si le bien-aimé lui-même a dû dire: Non pas ce que je veux, à combien plus forte raison ne le dirons-nous pas aussi. Au premier abord, il paraît impossible que les promesses faites si peu d’heures auparavant par le Seigneur, puissent être prises au pied de la lettre: TOUT CE QUE VOUS DEMANDEREZ, et QUOI QUE VOUS DEMANDIEZ.
    Si nous pénétrons plus profondément dans le sens des paroles prononcées en Gethsémané, nous apprendrons que c’est là précisément notre sûreté quant à l’exaucement de nos prières. Approchons-nous avec une adoration pleine de respect pour contempler le Fils de Dieu priant, suppliant avec larmes et grands cris et n’obtenant pas ce qu’Il demande. Il est notre Maître; lui-même nous révélera le mystère de son sacrifice, tel qu’il est contenu dans cette prière, inexplicable à nos yeux.
    Pour la comprendre, remarquons l’immense différence entre la prière de notre Seigneur grand sacrificateur, et celle qu’Il offre si peu de moments après dans sa faiblesse. Alors, Il priait pour que son Père fût glorifié, pour que lui-même et son peuple le fussent aussi, par l’accomplissement des promesses positives qui leur avaient été faites. Il demandait ce qu’Il savait être selon la parole et la volonté du Père; Il pouvait donc dire hardiment: PÈRE, JE VEUX
    Maintenant, Il prie dans la faiblesse de son humanité, et pourtant, Il sait que c’est la volonté du Père qu’Il boive cette coupe. Il en a déjà parlé à ses disciples, plus tard Il leur dira encore:

«Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donné à boire». (Jean 18:11)

    Il sait que c’est pour cela qu’Il est venu sur la terre. Mais dans l’indicible angoisse de son âme, lorsqu’Il sent la puissance des ténèbres l’envelopper et qu’il éprouve les premières atteintes de la colère de Dieu contre le péché, sa nature humaine tremble en présence de cette épouvantable réalité: Etre fait malédiction.
    Il pousse ce cri d’angoisse, demandant à Dieu que, si son but peut être atteint sans cette épreuve, cette coupe terrible passe loin de lui. Ce cri est la preuve évidente, irrécusable de la réalité profonde de son humanité. Lorsqu’Il dit au Père: «Toutes choses te sont possibles» et qu’Il le supplie avec toujours plus d’intensité que cette coupe lui soit épargnée, c’est le: «Toutefois, non pas ce que je veux», trois fois répété, qui constitue la valeur réelle, l’essence même de son sacrifice.
    Il a demandé quelque chose... et Il ne peut pas dire: «Je sais que c’est ta volonté!» Il se réclame de l’amour et de la puissance de Dieu et pourtant Il termine par ces mots: TA VOLONTÉ SOIT FAITE.. (Mathieu 26:42)
    C’est dans l’abandon complet de sa volonté, dans sa soumission à celle de son Père, que l’obéissance de Christ atteint sa plus haute perfection; c’est du sacrifice de sa volonté en Gethsémané que le sacrifice de sa vie sur le Calvaire a pris sa valeur. C’est là, comme dit l’Ecriture:

«Que le Fils a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur d’un salut éternel». (Hébreux 5:9)
«Il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix», «c’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé». (Philippiens 2:8-9)

    De plus, Dieu lui a donné le droit de demander ce qu’Il veut. C’est dans le: «Père, non pas ce que je veux», qu’Il a obtenu de pouvoir dire: Père, je veux.
    Contemplons encore les mystères que nous offre Gethsémané. Nous voyons d’abord le Père présenter à son bien-aimé la coupe du vin de son ardente colère; (Apocalypse 16:19) puis le Fils, toujours si obéissant, reculer et supplier que cette coupe s’éloigne de lui; (Marc 14:36) enfin le Père, sans accorder cette requête, présenter de nouveau la coupe à son Fils. Le Fils cède, satisfait que sa volonté à lui ne s’accomplisse pas, et Il se rend au Calvaire pour y boire la coupe jusqu’à la lie.
   Oh! Gethsémané, c’est toi qui nous fais comprendre comment notre Seigneur a pu nous donner l’assurance illimitée qu’Il répond à nos prières. Il nous l’a méritée, cette assurance, en consentant à ce que sa prière restât sans effet.
    Ceci est en harmonie parfaite avec le plan de la rédemption. Notre Seigneur a conquis pour nous le contraire de ce qu’Il a souffert. Ainsi, Il a été lié, afin que nous fussions libres; Il a été fait péché, afin que nous devinssions justice devant Dieu; Il est mort, afin que nous vivions; Il a porté le poids de la malédiction de Dieu, afin que Dieu répandît sur nous ses bénédictions. Sa prière est restée sans réponse pour que nos prières fussent exaucées. Il a dit: Non pas ce que je veux, afin que nous puissions obtenir: Demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. (Jean 15:7)
    Oui, ces mots: Si vous demeurez en moi, prennent une nouvelle force ici, à Gethsémané. Christ est notre chef, Il s’est mis à notre place, IL est notre garant, et Il a supporté le châtiment qui devait nous atteindre. Nous avions mérité que Dieu ne nous écoutât pas, Christ est intervenu et a enduré cette douleur suprême pour nous. Mais à cause de cette douleur même, nous retrouvons le droit d’être exaucés. Le châtiment est écarté, mais il faut que nous demeurions en lui.
    Oui, en lui! Quand Il est là, prosterné en Gethsémané, il faut que nous demeurions en lui. Le Saint-Esprit par lequel Il s’est offert à Dieu en victime expiatoire est le même qui habite en nous, qui nous fait participer à son obéissance et nous rend capables de sacrifier notre volonté propre à celle de Dieu. Cet Esprit nous enseigne à repousser notre volonté, à la craindre, à la redouter même lorsqu’elle n’est pas positivement mauvaise. C’est lui qui ouvre notre oreille et la dispose à attendre avec douceur et docilité tout ce que le Père a à nous dire et à nous enseigner, jour après jour.
    Il nous fait comprendre comment l’union de notre volonté avec celle de Dieu n’est autre que l’union avec le Père. L’exemple que nous donne le Fils est la véritable bénédiction de nos âmes. Cette volonté, renouvelée par l’Esprit, nous met en communion avec la mort et la résurrection de, Christ, elle nous remplit d’une sainte joie, et nous permet de devenir les instruments dociles de cette volonté divine.
    Mettons donc toute notre volonté à vivre pour les intérêts du règne de Dieu sur la terre, et, par la prière, dans le ciel, auprès de Dieu. Plus nous nous pénétrerons de ces paroles: Père, non pas ce que je veux, prononcées en Gethsémané, plus nous nous efforcerons de vivre en Celui qui les a fait entendre et plus nous éprouverons complètement la force de ce: «Père, je veux» du Sauveur.
    Écoutons-le à Gethsémané lorsqu’Il dit:

«Si vous demeurez en moi... demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé».(Jean 15:7)

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXIX --L’ASSURANCE DANS LA PRIÈRE

«Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, Il nous écoute. Et si nous savons qu’Il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous le, savons parce que nous obtenons ce que nous lui avons demandé.». (1Jean 5:14-15)

    Pour beaucoup dé chrétiens, un des grands, obstacles à la prière de la foi est celui-ci: Ils ne savent pas si ce qu’ils demandent est selon la volonté de Dieu. Tant qu’ils conservent un doute à cet égard, ils ne peuvent prier avec l’assurance qu’ils seront exaucés. Aussi, qu’arrive-t-il? Une fois la prière prononcée, si la réponse tarde, ils pensent qu’il vaut mieux laisser Dieu agir selon son bon plaisir.
    De la façon dont ils interprètent ces paroles de Jean: Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, Il nous écoute, toute certitude d’exaucement est impossible, parce qu’ils ne peuvent arriver à se rendre compte de la volonté de Dieu. Ils considèrent la volonté de Dieu comme son conseil secret et se demandent comment l’homme mortel peut sonder les desseins du Dieu omniscient.
    Ce point de vue est opposé au but que Jean s’est proposé en écrivant les paroles de notre texte. Il veut nous réveiller, ranimer en nous la confiance, l’assurance et la foi en une prière efficace. Il a dit: Nous avons auprès de lui cette assurance, afin que nous puissions dire à notre tour: «Père, tu sais et je sais que ce que je demande est selon ta volonté, par conséquent je sais que tu m’écoutes».
    C’est pour cela que Jean ajoute immédiatement le verset 15 «Si nous savons qu’Il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous le savons», par la foi, «parce que nous obtenons», au moment même où nous prions, «ce que nous lui avons demandé». Jean ne met pas en doute qu’avant de commencer à prier, nous ne nous soyons demandé: Notre prière est-elle selon la volonté de Dieu? Elle peut l’être et cependant ne pas obtenir une réponse immédiate, si Dieu veut mettre à l’épreuve notre persistance et notre foi.
    C’est pour nous mettre sur cette voie qu’il nous dit: «Nous avons auprès de lui cette assurance que si nous demandons quelque ‘chose selon sa volonté, il nous écoute». Il est évident que si nous ne pouvons pas nous rendre le témoignage que notre prière est selon la volonté de Dieu, nous ne recevrons aucun secours des paroles suivantes: «Nous le savons, parce que nous obtenons ce que nous lui avons demandé». Là se trouve précisément la difficulté.
    Plus d’un chrétien se dit: Je ne sais pas. si ce que je désire est selon la volonté de Dieu et selon le dessein de sa sagesse infinie. Il m’est impossible de savoir s’il n’a pas en réserve pour moi quelque chose de meilleur que ce que je désire, et s’Il n’a pas d’excellentes raisons pour me refuser ce que je demande». Chacun a pu se rendre compte dans la vie qu’avec de pareilles pensées, la prière de la foi dont Jésus a dit: «Si quelqu’un ne doute point en son cœur mais croit que ce qu’il dit arrivera, il le verra s’accomplir», (Mr 11:23) devient une impossibilité.
    La prière sera celle de la soumission, de la confiance en la sagesse de Dieu, mais ne sera jamais la prière de la foi. La grande erreur que commettent souvent les enfants de Dieu, c’est de croire qu’il n’est pas possible de connaître la volonté de leur Père. Si, au contraire, ils croient à cette possibilité, ils ne prennent ni le temps ni la peine de chercher quelle est cette volonté. Ce qu’ils désirent, c’est de voir clairement le, chemin par lequel le Père veut les conduire.
    C’est par la Parole de Dieu, par la lumière du Saint-Esprit accepté comme guide, que nous reconnaîtrons si nos requêtes sont selon la volonté de Dieu. PAR LA PAROLE. Il y a comme une volonté secrète de Dieu, avec laquelle nous craignons souvent que notre prière ne soit en désaccord. Ce n’est pas à cette volonté-là que nos prières ont affaire, mais à celle qui nous est clairement révélée dans l’Ecriture. Nos idées sur ce que cette volonté mystérieuse peut avoir décrété sont le plus souvent tout à fait erronées et rendent tout exaucement impossible. La foi enfantine accepte simplement l’assurance du Père, que sa volonté est d’exaucer les prières et d’accorder à la foi ce qu’elle demande. Le Père a révélé dans sa Parole, par des promesses générales, ce qu’est sa volonté envers son peuple. L’enfant a le droit de s’emparer de cette promesse et de l’appliquer à toutes les circonstances particulières de sa vie, auxquelles elle se rapporte.
    Tout ce qu’il demande, d’accord avec cette volonté révélée, recevra certainement son exaucement. À mesure que la foi s’enhardit et s’affermit assez pour réclamer l’accomplissement d’une promesse générale qu’elle ne craint pas d’appliquer à un cas particulier, elle recevra l’assurance que sa prière est entendue.
    Pourquoi? Parce qu’elle est selon la volonté de Dieu. Prenons ces paroles de Jean comme une illustration de notre pensée:

«Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère». (1Jean 5:16)

    Voilà la promesse générale, le fidèle qui s’appuie sur elle prie selon la volonté de Dieu, et Jean lui donne l’assurance qu’il reçoit la grâce qu’il réclame. Mais cette manière de comprendre la volonté de Dieu est toute spirituelle et ne peut être discernée que spirituellement. Ce n’est pas par un raisonnement logique que nous pourrons y arriver: «Dieu l’a dit, donc je l’obtiendrai». Tous les chrétiens n’ont pas reçu la même vocation ni le même don. La promesse prise dans son sens général est la même pour tous, mais Dieu a une volonté différente et spéciale à l’égard de chaque individu suivant le but qu’Il se propose d’atteindre.
    La sagesse des enfants de Dieu cherchera à connaître cette volonté spéciale du Père en ce qui les concerne personnellement, selon la mesure de grâce qui leur a été donnée. Cette sagesse les mettra en état de demander et de recevoir ce que Dieu a mis en réserve pour eux. C’est pour nous la communiquer que le Saint-Esprit habite en nous. Et c’est pour que nous fassions l’application à nos besoins personnels et particuliers des promesses générales du Père que l’Esprit de Dieu nous est donné pour nous conduire. C’est cette union entre l’enseignement de la Parole et celui de l’Esprit que beaucoup de chrétiens n’arrivent pas à comprendre. De là vient la double difficulté de bien se rendre compte de ce qu’est la volonté de Dieu à leur égard. Quelques-uns la cherchent dans un sentiment intérieur ou une conviction innée et voudraient être conduits par l’Esprit, mais sans la Parole. D’autres la cherchent dans la Parole seulement, sans y ajouter le Saint-Esprit comme un guide plein d’amour. Ces deux facteurs ne peuvent, ni ne doivent être séparés. C’est par leur moyen que nous parviendrons à connaître la volonté de Dieu et à savoir prier selon cette volonté.
    C’est dans notre cœur que la Parole et l’Esprit doivent se rencontrer et c’est par leur cohabitation en nous que nous serons pleinement enseignés. Il faut que la Parole de Dieu demeure en nous, de telle sorte que notre oeuvre et notre vie soient, jour après jour, sous son influence. L’enseignement du Saint-Esprit ne peut venir du dehors, il vient de l’intérieur. Celui-là seul qui s’est abandonné à la direction de la Parole et de l’Esprit dans tous les détails de sa vie, saura discerner dans certains cas spéciaux ce que la volonté de Dieu l’autorise à demander, en toute hardiesse, avec l’assurance d’être exaucé.
    Ah! si les chrétiens pouvaient savoir le mal qu’ils se font lorsqu’ils se figurent que leur prière n’est pas selon la volonté de Dieu! C’est comme s’ils consentaient à se passer de toute réponse et de tout exaucement. La Parole de Dieu nous dit que la.. raison pour laquelle tant de nos prières ne sont pas exaucées, c’est que nous ne prions. pas bien.

«Vous demandez et vous ne recevez rien, parce que vous demandez mal». (Jacques 4:3)

    En ne nous répondant pas, notre Père veut nous faire entendre que nos prières ne sont pas ce qu’elles doivent être, qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Il veut nous amener, d’abord, à découvrir ce que c’est, à le confesser, puis à posséder la vraie foi et à prier avec efficace. Dieu ne peut atteindre ce but qu’en nous forçant à voir que c’est nous qui sommes à blâmer si l’exaucement se fait attendre. Il se peut que ce soit l’objet de notre prière, ou notre foi, ou notre vie, qui ne sont pas conformes à ce qu’elles doivent être.
    Mais cet enseignement de Dieu reste infructueux aussi longtemps que nous nous contentons de dire: «C’est parce que notre prière n’est pas en harmonie avec les vues et la volonté de Dieu, qu’Il ne nous exauce pas».
    N’accusons plus du rejet de nos prières une volonté secrète de Dieu; sachons reconnaître que la faute n’en est qu’à nous. Que la citation de Jacques soit comme la lampe du Seigneur, qui visite et illumine nos cœurs et nos vies, pour nous prouver que nous sommes réellement de ceux auxquels Christ a fait la promesse d’une réponse certaine.
   Oui, nous pouvons savoir avec quelque certitude si notre prière est selon la volonté de Dieu. Mais, pour cela, ouvrons nos cœurs, laissons la Parole du Père habiter en nous. Abandonnons-nous sans réserve à l’enseignement de l’Esprit; demeurons en Christ, vivons en la présence du Père, et nous comprendrons alors que la volonté de Dieu est de nous accorder tout ce que son amour et sa Toute-Puissance ont en réserve pour nous.

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXX --LE MINISTÈRE DE L’INTERCESSION

«Formez vous-mêmes un édifice, une maison spirituelle pour constituer une, sainte sacrificature et offrir des sacrifices spirituels à Dieu, par Jésus-Christ.». (1Pierre 2:5)
«Mais vous, on vous appellera prêtres de l’Eternel.». (Esaïe 61:6)
«L’Esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, car l’Eternel m’a oint». (Esaïe 61:1)

    Telle est la parole de Dieu révélée par Esaïe. Comme fruit de l’œuvre de Christ, tous les rachetés sont prêtres de l’Eternel, participants avec lui de l’onction qui lui été faite de l’Esprit en qualité de souverain sacrificateur.

«C’est comme l’huile précieuse qui, répandue sur la tête, descend sur la barbe d’Aaron, qui descend sur le bord de ses vêtements». (Psaume 133:2)

    De même que les fils d’Aaron, les membres du corps de Christ ont droit à la sacrificature, mais tous ne l’exercent pas. Un grand nombre d’entre eux ignorent même qu’ils possèdent ce privilège. Et pourtant, n’est-ce pas le plus précieux de tous, pour l’enfant de Dieu? N’est-ce pas là le trait de ressemblance qui l’unit étroitement avec Celui qui vit éternellement pour prier?
    Douterons-nous qu’il en soit réellement ainsi? Réfléchissons à ce qui constitue la sacrificature. L’œuvre du sacerdoce nous présente deux faces: L’une regarde à Dieu, l’autre à l’homme:

«En effet, tout souverain sacrificateur pris au milieu des hommes, est établi en faveur des hommes, en vue de leurs, rapports avec Dieu». (Hébreux 5:1)
En ce temps-là, l’Eternel sépara la tribu de Lévi et lui ordonna... de se tenir devant l’Eternel pour le servir et bénir le peuple en son nom». (Deutéronome 10:8)

    Le sacrificateur avait le droit de s’approcher de Dieu, de demeurer avec lui dans sa maison, d’offrir devant lui le sang du sacrifice ou de brûler l’encens. Il n’accomplissait aucun de ces actes pour lui-même, mais pour le peuple, dont il était le représentant. C’est là l’une des faces de son devoir. Il recevait du peuple les sacrifices, les offrait à Dieu, puis sortait pour bénir le peuple au nom de l’Eternel, l’assurer de sa faveur et lui enseigner ses lois.
    Un sacrificateur est donc un homme qui ne vit en aucune façon pour lui-même. Il vit avec Dieu et pour Dieu. Son devoir est de veiller, comme serviteur de Dieu, sur la maison de son Maître, sur son honneur, sur son culte et de faire connaître aux hommes son amour et sa volonté. Il vit avec les hommes et pour les hommes.

«Il peut être indulgent envers ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, puisqu’il est lui-même plein de faiblesse». (Hébreux 5:2)

    Telle est la vocation magnifique à laquelle est appelé tout chrétien. C’est le privilège de tous les saints. Ils ont été rachetés dans le seul but d’être sacrificateurs de Dieu au milieu des millions d’âmes qui périssent. Ils doivent être comme les dispensateurs de la grâce de Dieu, pour tous ceux qui les entourent, en vivant conformément à la vie de notre grand souverain sacrificateur Jésus-Christ.
    Le sacrificateur doit être en harmonie avec son chef. Comme Dieu est saint, le prêtre devait être saint. Non seulement il devait être séparé de tout ce qui était souillé, mais encore il devait se sanctifier pour Dieu. Il était mis à part, consacré à Dieu, pour qu’Il en disposât à son gré. Sa séparation d’avec le monde qui l’entourait et sa consécration à Dieu étaient indiquées de bien des manières. D’abord par les vêtements, confectionnés d’après l’ordre même de Dieu; (Exode 28) puis il ne devait toucher aucun mort, et se préserver de toute souillure légale.

«Il n’ira vers aucun mort; Il ne se rendra point impur, ni pour son père, ni pour sa mère».
(Lévitique 21:11)

    Bien des choses permises à un Israélite lui étaient interdites. Cette séparation d’avec le monde se voyait encore dans cet ordre positif: c’est que le prêtre ne devait avoir aucune tare, aucun défaut corporel, sa perfection physique étant le type de sa sainteté.

«Tout homme de la race du prêtre Aaron qui aura un défaut corporel ne s’approchera point pour offrir à l’Eternel les sacrifices consumés par le feu». (Lévitique 21:21)

    Cette séparation s’accentuait aussi par la défense que Dieu avait faite que la tribu consacrée à la sacrificature eût un héritage terrestre. Dieu était son héritage: sa vie, celle de la foi. Les enfants de Lévi mis à part pour le service de Dieu ne devaient vivre que pour lui et par lui.
    Tout cela est l’image de ce que doit être le prêtre sous la nouvelle Alliance. La puissance de notre sacerdoce auprès de Dieu dépend de la manière dont nous vivons dans ce monde. Il faut que nous soyons de ceux dont Jésus dit: «Ils n’ont pas souillé leurs vêtements». (Apocalypse 3:4) En renonçant à ce qui peut paraître légitime pour d’autres, mais qui ne l’est plus pour nous, nous avons à prouver que notre consécration au Seigneur est sincère et complète. La perfection physique du sacrificateur sous l’ancienne Alliance doit trouver son équivalent dans notre état spirituel: «Sans défaut et sans tache». (1 Pierre 1,19) Nous devons être parfaits et préparés pour toute bonne oeuvre.

«Mais il faut que la persévérance ait une efficacité parfaite, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien». (Jacques 1:4)

    Par-dessus tout, renonçons à tout héritage sur la terre; abandonnons tout et, comme Christ, sachons nous contenter d’avoir Dieu pour notre part, sachons posséder toutes choses comme ne possédant rien, et disposer de tout pour la seule gloire de Dieu. Voilà les signes distinctifs du prêtre véritable, de l’homme qui ne vit que pour Dieu et ses semblables.
    Examinons maintenant le chemin qui mène au sacerdoce. Dans la personne d’Aaron, Dieu avait choisi ses descendants pour être sacrificateurs. Chacun d’eux l’était par sa naissance, et cependant aucun ne pouvait entrer en fonctions sans avoir passé par un acte spécial de consécration: l’onction.
    Tout enfant de Dieu est sacrificateur par droit de naissance, par sa parenté avec le souverain sacrificateur, mais cela ne suffit pas. Il n’exercera son pouvoir qu’en raison de la manière dont il acceptera et réalisera sa consécration. Pour Aaron et ses fils, l’ordination se passait ainsi : (Exode 29) après avoir été lavés et habillés, ils étaient oints de l’huile sainte; puis on offrait des sacrifices. On touchait l’oreille droite, la main droite et le pied droit des nouveaux sacrificateurs avec le sang de l’holocauste. Puis, ainsi que leurs vêtements, ils étaient aspergés de l’huile et du sang mêlés. Il en est de même pour l’enfant de Dieu lorsqu’il réalise complètement ce que le sang de Christ et le Saint-Esprit sont pour lui. Il sent alors avec quelle puissance cette sainte sacrificature agit en lui. Le sang efface en lui tout sentiment d’indignité et l’Esprit tout sentiment d’incapacité.
    Remarquons ce qu’il y avait de nouveau dans cette aspersion du sang sur le sacrificateur. Si, comme pénitent, il avait apporté autrefois un sacrifice pour son péché implorant le pardon, le sang de la victime était répandu sur l’autel, mais non sur sa personne. Pour sa consécration à la sacrificature, il fallait qu’il passât par un contact plus immédiat avec le sang. L’oreille, la main et le pied étaient mis par un acte spécial sous l’action directe du sang. Cet acte devenait ainsi le signe que Dieu prenait possession de l’être tout entier et le sanctifiait pour son service.
    De même quand le chrétien en arrive à vouloir exercer le pouvoir de ce saint sacerdoce auprès du trône de Dieu, il envisage le sang de Christ d’une manière spéciale. Jusqu’alors il s’est contenté de penser que le sang répandu pour lui sur la croix est la seule chose nécessaire à son salut; maintenant il sent la nécessité d’une action plus complète et plus durable de la puissance du sang de Christ, pour purifier le cœur d’une mauvaise conscience et de tout péché.
   C’est à mesure qu’il possède ce sentiment que se réveille en lui la conviction du privilège merveilleux, devenu son partage: avoir l’accès le plus intime auprès de Dieu et l’assurance la plus complète qu’il est accepté de lui.
    Dans la même mesure que le sacrifice de Christ nous donne le droit, le Saint-Esprit nous donne la puissance et nous rend capables d’une intercession pleine de foi. Il souffle en nous l’esprit du sacerdoce et l’amour brûlant pour l’honneur de Dieu et le salut des âmes. Il nous rend tellement un avec Jésus-Christ que la prière en son nom devient une réalité. Par lui nous comprenons ce qu’est une prière importune qui compte sur l’exaucement. Plus le chrétien sera rempli de l’Esprit de Christ, plus sa vie tout entière sera employée au sacerdoce de l’intercession.
    Chers condisciples en Christ! Dieu a grand besoin de sacrificateurs qui puissent s’approcher de lui, vivre en sa présence et attirer sur d’autres par leur intercession les bénédictions de sa grâce. Le monde, à son tour, a grand besoin de sacrificateurs qui veuillent se charger du fardeau des âmes qui périssent et intercéder pour elles. Ne voulons-nous pas nous consacrer à cette oeuvre magnifique! Nous savons le prix qu’elle nous coûtera: rien de moins que sacrifier tout, comme Christ l’a fait, afin que les desseins de l’amour de Dieu pour le salut du monde puissent s’accomplir.
    Ne nous contentons plus désormais de savoir que nous, nous sommes sauvés, et d’accomplir juste assez de travail pour que notre conscience ne nous adresse pas de reproches. Que rien ne nous empêche de devenir des sacrificateurs parfaits! Que toute notre ambition, soit d‘être des sacrificateurs du Dieu Très-haut! Que le sentiment de notre incapacité, de notre indignité ne nous retienne pas! Le SANG de Christ, seul, peut rendre nos prières acceptables à Dieu. Le SAINT-ESPRIT, en nous unissant à Dieu, nous enseigne à prier parfaitement selon sa volonté.
    Tout sacrificateur savait que lorsqu’il présentait un sacrifice selon les lois du sanctuaire, il était agréé.
    Couverts du sang de Christ, remplis du Saint-Esprit, nous avons l’assurance que les promesses de Dieu auront leur accomplissement pour nous. Soyons un avec le grand Souverain Sacrificateur, et «nous demanderons ce que nous voudrons ‘et cela nous sera accordé». (Jean 15:7)
    Nous aurons le droit d’offrir la prière du juste, qui est d’une grande efficace. Non seulement nous nous joindrons à la prière générale de l’Eglise pour le monde, mais encore, comme sacrificateurs, nous ferons une oeuvre individuelle par notre prière. Nous nous adresserons directement à Dieu et, recevant sa réponse, nous pourrons, comme les enfants de Lévi, bénir en son nom.
    Allons! frères, allons, devenons des sacrificateurs, de vrais sacrificateurs et rien que des sacrificateurs. Là est la vraie bénédiction, la réalisation de notre conformité, à l’image du Fils de Dieu.

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

XXXI --UNE VIE DE PRIÈRE

«Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses: c’est là ce que Dieu demande de vous en Jésus-Christ. (1Thessaloniciens 5:16-18)

    Notre Seigneur a prononcé la parabole, du juge inique et de la pauvre veuve pour nous enseigner que l’homme «doit prier toujours et ne point se relâcher». (Luc 18:1 et suivants)
    La veuve persévère à demander une chose définie et positive, et il semblerait que la parabole a en vue la prière persévérante qui réclame une bénédiction spéciale que souvent Dieu n’accorde pas tout de suite.
    Les épîtres qui nous parlent de la vigilance associée à la prière constante, faite toujours selon l’Esprit, semblent se rapporter plutôt à une vie qui serait entièrement consacrée à la prière. Si notre âme est remplie de l’ardent désir que la gloire de Dieu se manifeste en nous, autour de nous et par nous, avec l’assurance qu’Il entend la prière de ses enfants, notre vie intérieure fera de continuels progrès dans la foi et la confiance.
    En terminant ces méditations, il ne nous est pas difficile de comprendre ce qu’il faut pour mener une vie de prière. La première condition est, sans aucun doute, le sacrifice complet de notre vie à la gloire de Dieu.
    Celui qui cherche à prier sans cesse seulement parce qu’il veut être pieux et bon, n’y arrivera jamais. Notre cœur ne peut s’élargir que si nous nous oublions nous-mêmes. Nous arriverons alors à considérer toutes choses à la lumière divine. Nous reconnaîtrons pour tout ce qui nous entoure la nécessité du secours et de la bénédiction de Dieu. Nous y verrons une occasion de le glorifier.
    Quand tout dans notre vie est envisagé et jugé au seul point de vue de la gloire de Dieu; quand nous aurons découvert que cela seul qui vient de lui peut réellement être à sa gloire, notre vie entière deviendra une aspiration vers le ciel, un cri du cœur pour que Dieu prouve sa puissance et son amour en manifestant sa gloire. Notre conscience se réveillera; nous comprendrons que nous sommes des sentinelles avancées sur les murs de Sion, chargées de célébrer la mémoire du Seigneur. Notre appel touchera réellement le Roi des cieux, nous aurons une influence positive sur lui pour l’engager à faire ce qu’Il n’aurait pas fait sans nos prières. Ces exhortations de Saint-Paul deviendront une réalité pour nous:

«Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance et priez pour tous les saints. Priez pour moi». (Ephésiens  6:18)
«Persévérez dans la prière, veillez-y avec actions de grâces. Priez en même temps pour nous». (Colossiens 4:2-3)
 
    Renoncer à soi-même, vivre pour Dieu et sa gloire parmi les hommes, voilà donc le chemin qui conduit à prier sans cesse. Cette vie consacrée à Dieu doit être accompagnée d’une confiance entière dans l’efficacité de notre prière. Nous avons vu notre bien-aimé Sauveur, dans ses enseignements, insister particulièrement sur la foi au Père, le Dieu trois fois saint, qui accorde certainement ce que nous lui demandons «Demandez et vous recevrez». (Mathieu 8:7) L’exaucement certain de nos prières est pour Jésus le commencement et la fin de son enseignement.
    Si nous possédons vraiment cette assurance et que nous soyons convaincus que nos prières ont une influence indiscutable auprès de Dieu, nous ne négligerons plus la merveilleuse puissance qu’Il nous a accordée. Notre âme se tournera complètement vers Dieu et notre vie deviendra une vie de prière. Le Seigneur prend le temps nécessaire pour nous répondre parce que nous et tout ce qui nous entoure, sommes des créatures du temps, soumises à la loi du progrès. Mais si nous croyons qu’aucune prière offerte avec foi ne peut être perdue, nous croyons aussi qu’il y a des moments où il faut que nos requêtes s’accumulent au pied du trône de Dieu jusqu’à ce qu’elles atteignent, par leur persévérance, une force irrésistible.
    Ce n’est pas en Dieu, ni dans sa secrète volonté, mais en nous seulement que se trouve l’obstacle à l’exaucement de nos prières. C’est quand nous ne sommes pas ce que nous devons être que nous n’obtenons pas la réalisation de la promesse.
   Les Paroles de notre Père contenues dans sa sainte Ecriture nous sonderont, nous humilieront, nous relèveront, nous fortifieront et finalement nous donneront le bonheur. Pour la foi qui sait qu’elle obtient ce qu’elle demande, la prière n’est plus un travail ou un fardeau, mais une joie et un triomphe; elle deviendra pour nous une nécessité et une seconde nature.
    Cette union de ferveur et de ferme assurance n’est au fond que la vie du Saint-Esprit en nous. Le Saint-Esprit habite en nous. Il se cache dans les replis les plus secrets de notre cœur. Tantôt Il se manifeste par des soupirs qui ne se peuvent exprimer; tantôt par une foi claire et consciente; tantôt par des demandes spéciales, distinctes, pour que Christ se révèle plus complètement à nous; tantôt par des supplications pour une âme en particulier, pour une oeuvre, pour l’Eglise, pour le monde. N’importe! C’est toujours le Saint-Esprit seul qui met dans le cœur la soif de Dieu, la soif de sa révélation, la soif de sa gloire.
    Lorsque l’enfant de Dieu marche et vit réellement selon l’Esprit, lorsqu’il ne veut plus de l’existence de la chair, mais qu’il cherche avant tout la vie spirituelle et qu’il veut être un instrument entre les mains de Dieu pour révéler Christ autour de lui, alors la vie d’intercesseur du Fils bien-aimé ne peut que devenir nôtre et se refléter dans tous nos actes.
    C’est donc par l’Esprit que tout obstacle sera aplani et que l’harmonie entre Dieu et nous sera parfaite. Mais la chose principale qu’il nous faut pour une vie de prière incessante, c’est la conviction que Jésus nous enseigne à prier. C’est la communion de la propre vie de Jésus qu’il nous faut. C’est la vie de Jésus en prière qui a poussé les disciples à lui demander de leur enseigner à prier. Il en est de même pour nous, c’est la vue de Jésus priait sans cesse qui nous enseigne véritablement à prier. Nous en savons la raison, Celui qui prie de la sorte est notre chef, notre vie. Tout ce qu’Il possède devient notre propriété, si nous lui appartenons complètement. Par son sang répandu pour nous, Il nous fait entrer en la présence immédiate de Dieu. Le lieu très saint est notre demeure; nous avons le droit d’y habiter. Ceux qui vivent en Dieu et qui sentent qu’ils ont été amenés à cette nouvelle vie pour être en bénédiction à ceux qui ne la connaissent pas encore, ne peuvent faire autrement que de prier.
    Christ nous rend participants avec lui à sa vie de prière et à la force qui en découle. C’est ce qui nous fait comprendre que le vrai but de notre vie ne doit pas être seulement de travailler beaucoup et de prier assez pour que notre oeuvre n’en souffre pas, mais de prier beaucoup et de travailler assez pour que la force et la bénédiction obtenues par la prière retombent sur nos compagnons de route par notre moyen.
    Non seulement Christ, qui sauve et qui règne, nous inspire notre vie de prière, mais Il nous la conserve toujours, si nous nous confions en lui. Il se fait le garant de notre prière incessante. Christ est tout: c’est lui qui nous donne la vie et la force, afin que nous priions constamment et sans nous lasser. C’est l’intercession continuelle de Christ, présente à notre cœur, qui nous rendra capables de prier sans cesse. C’est parce que la sacrificature de Jésus est l’emblème de la puissance que doit avoir la vie nouvelle, que prier sans cesse peut devenir pour nous la joie vivante et réelle du ciel dès ici-bas.
«Soyez toujours joyeux». «Priez sans cesse». «Rendez grâces en toutes choses».
(1Thessaloniciens 5:16-18)
    La joie éternelle, la louange éternelle, la prière éternelle, n’est-ce pas là la manifestation de la vie éternelle, du ciel enfin, où Jésus prie éternellement? L’union entre le cep et le sarment n’est en réalité que l’union par la prière. La conformité entière avec Christ, la participation bénie à la gloire de sa vie divine est réalisée par la part que nous prenons à son oeuvre d’intercession. Lui et nous, nous vivrons pour prier toujours.
    À mesure que nous ferons l’expérience de notre union avec lui, prier sans cesse deviendra une possibilité, une réalité, le but essentiel et le résultat béni de notre communion avec Dieu. Notre demeure permanente est en dedans du voile, en la présence même du Père; ce que le Père dit, nous le faisons; ce que le Fils dit, le Père le fait.
    Prier sans cesse, c’est le ciel descendant jusqu’à nous. C’est l’avant-goût de cette vie céleste où nul ne s’arrête, ni jour ni nuit, dans le chant de la louange et dans l’adoration.

SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER !

(Fin)

Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1933
Edition Numérique Yves PETRAKIAN – France 2011 –
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://456-bible.123-bible.com/

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