mercredi 13 mars 2013

Les Choses de l’Esprit par T. Austin-Sparks



PREMIÈRE PARTIE - LA DISPENSATION DU SAINT ESPRIT


    L'on reconnaît généralement que Dieu a dirigé le cours de l'histoire de ce monde dans ce que l'on appelle des âges ou des dispensations, ce qui signifie simplement que, en des termes différents, un caractère particulier et distinctif est donné à chaque période. Il y a eu les dispensations passées, qui ont eu chacune, leur propre caractère, et leur propre nature, et leur propre course. Il y aura les dispensations futures, appelées dans le Nouveau Testament « les siècles des siècles » ; elles auront de nouveau leurs propres caractéristiques particulières. Nous-mêmes, en ce temps présent, nous sommes dans l'un de ces arrangements particuliers de Dieu.
L'on reconnaît aussi généralement que la venue du Saint-Esprit, en ce moment particulier que l'on appelle « le Jour de la Pentecôte », a marqué un changement dans la nature des âges. Ce jour a vu un changement de dispensation. Ce jour a introduit la dispensation dans laquelle nous vivons, et qui a ses caractéristiques propres à elle-même et particulières, différentes de toutes les autres.
    C'est là, naturellement, une vérité généralement acceptée, mais le fait de ne pas reconnaître, sous sa véritable lumière, la nature du changement qui s'est fait en ce jour, a été la cause de beaucoup de choses qui déshonorent le Seigneur, et la foi chrétienne. Il y a beaucoup de choses qui n'honorent pas le Seigneur Jésus, dans l'état actuel du monde chrétien, tel que nous le connaissons. Il y a dans les conditions présentes ce que déplore presque chacun. Il y a, par exemple les divisions qui existent entre les chrétiens. Ces choses-là, ainsi que beaucoup d'autres, ont créé une situation qui ne glorifie réellement pas notre Seigneur, et qui n'existerait pas si tout était selon Sa propre pensée. Cela est dû, dans l'ensemble, à ce que l'on n'a pas compris, dans toute sa valeur, le changement qui s'est produit au jour de la Pentecôte – la venue du Saint-Esprit – et tout ce qu'il devait signifiait pour ce monde et pour le peuple de Dieu.

L’ŒUVRE DU SAINT ESPRIT DANS CET ÂGE

Il y a, dans le ministère du Saint-Esprit en cet âge, quatre grands traits.

a) La Relation du Saint-Esprit avec l’Homme dans les Cieux
    Premièrement, le Saint-Esprit est lié à l'Homme Parfait qui est dans les cieux; c'est Lui qui est Sa – celle du Saint-Esprit – vision, Son but et Sa passion. En d'autres termes, le Saint-Esprit est venu, comme consacré à Celui qui est à la droite de Dieu, l'Homme devenu parfait, le Fils de Dieu, pour établir toutes choses en relation avec Lui. C'est Lui qui est le seul but de l'œuvre du Saint-Esprit dans cette dispensation. La passion du Saint-Esprit, c'est Jésus-Christ dans les Cieux, Lui qui est le Modèle de Dieu pour une nouvelle création. C'est la première chose.

b) Un changement dans l'Être de l'Homme
    La seconde grande question à laquelle est lié le Saint-Esprit dans cet âge, et qui est intimement liée à la première, c'est le changement de l'être même de l'homme. Il veut opérer une différence totale dans l'être même de l'homme, initialement puis progressivement. C'est une très grande chose.

c) Un Peuple appelé à Être en Union de Vie avec Christ
    La troisième chose, c'est que, du milieu des nations, Il appelle un peuple qui soit en union de vie avec Christ, et par lequel est formée Son Eglise - l'Eglise qui est Son Corps. C'est pour cela que le Saint-Esprit s'est consacré au Seigneur Jésus Lui-même: Pour amener à l'Existence Son Corps, pour Lui, pour le rendre conforme à Lui, et pour Lui ramener enfin ce Corps. Les énergies dû Saint-Esprit sont tournées vers l'Eglise; elles sont liées à la formation du Corps de Christ, pour le rassembler et l'édifier. C'est là simplement l'accomplissement des propres paroles du Seigneur: « Je bâtirai mon Eglise » (Matthieu 16:18). Puisque c'est si peu de temps après avoir dit ces paroles qu'Il est retourné dans la Gloire, il est évident qu'Il a confié au Saint-Esprit la tâche d'accomplir la chose qu'Il avait déclaré vouloir faire.

d) La Mission et la Puissance de l'Eglise pour son Ministère dans le Monde
    Et quatrièmement, le Saint-Esprit a pour tâche d'envoyer et de fortifier l'Eglise dans sa mission et son ministère dans le monde. Nous soulignons l'Eglise. Il est très important de souligner ce mot, parce que cela nous ramène à ce que nous avons dit au commencement: c'est qu'une compréhension inadéquate de la signification de la venue du Saint Esprit a conduit à beaucoup de faiblesses et d'erreurs. C'est l'Eglise qui est l'instrument oint pour la mission et le ministère dans ce monde. C'est l'Eglise qui est appelée à cette vocation. Mais cela a été manqué. Si l'Eglise dans son ensemble était restée sous l'onction et dans la mission qui étaient les siennes, nous aurions vu la continuation de ce qui existait à ses débuts. Mais cela a été largement perdu; cela n’a pas été reconnu comme il le fallait, bien qu’il y ait maintenant des signes d’un retour à cela. Mais la vérité, c'est que le Saint-Esprit, dans cette dispensation, est lié à l'Eglise, pour l'envoyer et la fortifier dans sa mission et son ministère en ce monde.
Nous réaliserons maintenant que, dans ces quatre choses, il s'en trouve beaucoup d'autres. Nous ne reprendrons pas ces quatre choses ici, mais simplement un petit fragment de la seconde.

Le Changement de l'Être de l'Homme
    Le changement dans l'être de l'homme est une œuvre à laquelle s'est consacré le Saint Esprit, et pour laquelle Il est venu. Le premier aspect de ce grand changement, accompli par l'œuvre et la puissance du Saint-Esprit, c'est l'établissement d'une union vitale entre l'homme et Dieu, en Jésus-Christ; la connaissance de Dieu, d'une manière très immédiate, très réelle, très pleine et très vivante; quelque chose d'entièrement nouveau dans cette connaissance que l'homme a de Dieu, et de cette vie de Dieu en lui. C'est la première phase et le premier stade de cette oeuvre du Saint Esprit dans l'être même de l'Homme.

La Nouvelle Naissance: Une Lampe Rallumée
    Cette connaissance vivante de Dieu implique ce que le Nouveau Testament appelle « la nouvelle naissance » – être né de nouveau, d’en haut. Mais qu'est-ce que cela? C'est la re-naissance d'une certaine faculté par laquelle l'homme peut avoir cette union de vie avec Dieu. La Parole de Dieu contient cette phrase: « L' esprit de l'homme est une lampe de l'Eternel » (Proverbes 20:27). Or, une lampe est un objet très défini et très concret. Une lampe est quelque chose en soi. Ce n'est pas uniquement une chose abstraite. Une lampe est un objet défini. « L'esprit de l'homme est une lampe de l’Éternel ». Lorsque Adam fut désobéissant, cette lampe s'éteignit. L'esprit de l'homme ne fut plus la lampe de l’Éternel dans cet homme. La lumière s'éteignit.
    C'est ainsi que, dans toute la Bible, il est montré et déclaré que, par nature, l'homme est dans les ténèbres; par nature, l'homme est aveugle; par nature, l'homme est sans intelligence; par nature, l'homme n'a pas la connaissance qui est la vie. Le Seigneur Jésus a fondé Sa venue et tout Son ministère sur ce fait. « Moi, je suis venu dans le monde, la lumière» (Jean 12:46). « Moi, je suis venu dans le monde... afin que ceux qui ne voient pas, voient » (Jean 9:39). « Et c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3). Il est reconnu et établi que l'homme est dans les ténèbres, qu'il est aveugle, sans connaissance, et sans intelligence.

« Les choses profondes de Dieu »
    Maintenant, le grand passage qui résume tout cela, c'est le texte d'où nous avons tiré le titre de ce message – 1 Corinthiens 2:14.

« L'homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu; car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement. Mais celui qui est spirituel discerne toutes choses ».

    Il nous faudrait réellement lire le chapitre tout entier, et je vous demanderai de lire ce chapitre très attentivement le plus tôt possible. Que trouvons-nous ici? Au verset 10, nous avons cette phrase: « Car l'Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu » . Or, ceci est déclaré au sujet de ce qui venait d'être dit. 

« Ce que l'œil n'a pas vu, et que l'oreille n'a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment, – Mais Dieu nous l’a révélée par son Esprit ; car l'Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu » . (1 Corinthiens 2:9-10)

    Si nous analysons ce passage, nous avons simplement ceci. Il y a les choses profondes de Dieu. Ces choses profondes de Dieu sont ce que œil n'a vu, et que l’oreille n'a pas entendu, des choses dont le cœur humain n'a jamais eu la révélation, toutes ces choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment . Et la conclusion définitive, c'est que l'homme naturel est fermé à tout cela. Il ne peut simplement pas connaître les choses profondes de Dieu, car l'œil naturel n'a vu, l'oreille naturelle n'a entendu, le cœur naturel n'a conçu ni perçu rien de tout cela. Tout cela a été fermé pour l'homme lorsque Adam a désobéi à Dieu. L'homme naturel est absolument discrédité, entièrement inadéquat, dans le domaine des choses de Dieu. C'est une déclaration très formelle, très sévère, très entière.

Une Faculté Renouvelée
    Il faut donc que quelque chose soit fait dans l'homme, pour qu'il puisse rentrer dans le domaine où tout cela lui sera accessible, où les choses profondes de Dieu seront, pour lui, un livre ouvert – une chose merveilleuse à dire: où les choses que l'œil n'avait jamais vues, que l'oreille n'avait jamais entendues, que le cœur n'avait jamais perçues, seront désormais toutes ouvertes, ces choses qui sont l'héritage de l'homme. Il faut que quelque chose vienne changer cet état, et rendre tout cela réel. Mais c'est ce que nous trouvons ici! Cela ne nous est pas montré comme quelque chose qui doit arriver plus tard. Cela n'appartient pas à l'Au-delà; ce n'est pas dans les Cieux que nous le verrons. Non, c'est quelque chose qui a été fait au jour de la Pentecôte. « Dieu nous les a révélées » – non pas les révélera. - « Dieu nous les a révélées par Son Esprit », « à nous », dit Paul, « Dieu les a révélées par Son Esprit » . La lampe a été ré-allumée, la lumière est née de nouveau; la faculté, qui est la lampe de la vie spirituelle – de la lumière, de l'intelligence de la connaissance, de la perception spirituelles, et de l'héritage spirituel – a été amenée dans une vie nouvelle.
   C'est cela la nouvelle naissance. C'est l'esprit de l'homme, qui avait perdu son pouvoir de connaître Dieu et les choses de Dieu, et qui est ramené dans la vie, comme sortant de la mort, ramené dans la lumière, comme sortant de l'obscurité, ramené dans la connaissance, comme sortant de l'ignorance, ramené à la vue, comme sortant de l'aveuglement. Cela, mes chers amis, c'est le commencement même de la vie chrétienne. Oh! si cela avait été saisi et expérimenté, et était devenait réalité pour chaque chrétien, n'ai-je pas raison de dire que beaucoup des choses qui existent, n'existeraient pas? Et cela est dit très sobrement. Nous commençons ainsi par la nature d'un homme dans l’incapacité en ce qui concerne Dieu et toutes Ses choses, et ensuite, par la venue du Saint-Esprit et l’œuvre du Saint-Esprit dans la nouvelle naissance, cet homme alors dans l’incapacité est rendu capable. Il a désormais une faculté qu'il n'avait jamais possédée dans sa propre nature; il est vivifié, et rendu alerte et vivant.
   Or, toute cette question, comme nous l'avons dit, est liée avant tout, et pour commencer, à une faculté. Il nous faut bien réaliser cela, car c'est un point duquel dépendent tant de choses. Cela concerne une faculté, renouvelée, vivifiée et fortifiée par l'Esprit de Dieu, pour connaître les choses profondes de Dieu. Il ne s'agit pas simplement d'une question d'information venant de l'extérieur. Ce n'est pas simplement une question de ce que nous recevons par le moyen de prédications, d'enseignements, de ministères, de messages et de livres. Nous pouvons avoir tant d'informations au sujet de Dieu et des choses de Dieu, nous pouvons lire sans relâche et avoir toute cette connaissance, et la passer aux autres comme si elle était notre, mais ce ne sont que des informations reçue des autres. Ce que fait l'Esprit de Dieu, c'est de nous donner tout directement, dans notre propre expérience; s'il n'en est pas ainsi, nous vivons simplement de quelque chose d'objectif, qui est en-dehors de nous-mêmes, que ce soient des prédications, des messages, des églises, ou autre chose. Il doit y avoir en nous une lampe allumée, pour illuminer les choses de Dieu.

L'Union Vitale avec Dieu
    Cependant, nous avons parlé d'une union « vitale » avec Dieu. Elle nous est indiquée par les paroles qui suivent dans ce chapitre second de la première épître aux Corinthiens. «Qui des hommes connaît les choses de l’homme, si ce n’est l'esprit de l'homme qui est en lui? » (Verset 11). Permettez-moi d'illustrer cette pensée en m'adressant pour un instant à mes lecteurs hommes. Vous et moi, frères, nous pouvons nous comprendre l'un l'autre – en tout cas jusqu'à un certain point! – simplement parce que nous sommes des hommes-frères. Nous savons ce que pensent les hommes, ce que sentent les hommes et comment agissent les hommes; et si nous connaissons d'autres hommes, nous savons ce que nous devons attendre des hommes, et ce que nous ne pouvons pas attendre des hommes. Nous sommes des hommes, et il y a en nous quelque chose que nous avons en commun, et qui est la vie de l'homme, et qui nous donne la capacité de nous comprendre l'un l'autre.
    « Ainsi », dit l'apôtre, « personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n'est l'Esprit de Dieu ». Seul, l'Esprit de Dieu comprend les choses de Dieu, parce qu'Ils ont quelque chose en commun. Or, l'homme naturel ne comprend pas Dieu, ni les choses de Dieu. Nous savons cela. Alors même que nous sommes chrétiens, combien notre vie naturelle limite notre compréhension de Dieu! Il nous faut avoir une connaissance et une compréhension de Dieu, que nous ne possédons pas naturellement, sinon nous sommes troublés, et défaits, et désorientés. Seul l'Esprit de Dieu comprend Dieu, parce qu'Ils sont Dieu l'un et l'autre.
    Or, si l'Esprit de Dieu entre en nous, et commence à agir en nous, nous sommes élevés à un niveau beaucoup plus haut que le niveau de « l'homme naturel ». L'Esprit commence, par cette faculté renouvelée, à nous rendre capables de comprendre les choses de Dieu, et c'est là l'expérience de chacun de ceux à qui se révèle l'Esprit. Cela commence par une faculté qui est en nous. Oh! c'est une chose merveilleuse, une chose merveilleuse, que cette faculté – je pense que c'est la chose la plus merveilleuse dans toute la vie chrétienne, après la grâce de Dieu. C'est une chose immense que d'avoir la clef, le secret; d'avoir, en union avec l'Esprit de Dieu, une faculté en nous-mêmes, qui nous permet de sonder – de saisir les choses de Dieu. C'est une chose merveilleuse que d'avoir cette faculté, la chose la plus grande que nous puissions posséder. Pensons simplement à tout ce qui est fermé à l'homme naturel – les choses profondes de Dieu, avec tout ce qui nous est dit de ces choses profondes – et en avouant, disant, « Dieu nous les a révélées». Et ceci est parce qu'Il a accompli quelque chose en nous.
    Connaissons-nous ce bien suprême? Oh! ce n'est pas encore parfait. Nous avons dit que, pour commencer, c'est une faculté qui est renouvelée, de sorte que l'homme est devenu un être changé, qui possède cette faculté même. Mais c'est ensuite une oeuvre progressive, qui se poursuit dans deux lignes, ou de deux manières.

« Révélation » et « Compréhension »
    Ces deux termes se trouvent dans cette partie du Nouveau Testament qui est la présentation suprême de la pensée de Dieu pour l'Eglise – la Lettre aux Ephésiens. Le premier se trouve dans la prière du chapitre premier, au verset 17: « l’esprit de… révélation». Et le second est dans la prière du chapitre troisième, au verset 18: «fortifiés en puissance... que vous soyez capables de comprendre... et de connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance » (versets 16-18).
  Ainsi, pour ceux qui ont déjà expérimenté, par la nouvelle naissance, le changement fondamental et définitif, le chemin du progrès dans la connaissance et l'intelligence spirituelles, est par la révélation et la compréhension.
    Lorsque nous parlons de « révélation » , comprenons bien (et nous soulignons ceci avec toute la force possible) que nous ne parlons pas de quelque chose qui soit en-dehors des Écritures, mais de ce que Dieu nous dit par les Écritures. Il n'est sûrement pas nécessaire de chercher à prouver que c'est une chose que d'avoir le Livre, et une chose toute différente de le comprendre. De plus, l'intelligence de l'homme – du chrétien lui-même – ne saurait comprendre les Ecriture à moins que le Saint-Esprit ne lui révèle leur signification. Il y a beaucoup de preuves convaincantes de cela, et avant tout, peut-être, ce fait que tant d'interprétations absolument divergentes et contraires sont données aux Ecriture  et que tant de positions diverses sont soutenues par des serviteurs de Dieu très consacrés. L'Esprit de Dieu n'a pas deux, ou plusieurs, pensées en conflit. Il a une seule pensée, et dans les Écritures inspirées, Il exhorte les croyants à être « tous d’un même sentiment » (1 Pierre 3:8). Cela peut être considéré comme une espérance ou un désir impossibles à réaliser, et une telle réaction ne fera que prouver dans quelle mesure l'on s'est éloigné du gouvernement de l'Esprit. D'un autre côté, c'est simplement l'un des aspects – et le principal – de cette grande vérité, que le Seigneur n'abandonne pas Ses premiers principes, mais qu'Il cherche – dans le déclin général – à en avoir une expression véritable. Il en a toujours été ainsi.
    Mais, revenons à la « révélation » et à la « compréhension », qui sont deux aspects d'une seule et même chose – l'Esprit qui révèle, et la personne spirituelle qui est capable de saisir ce qui lui est montré, et d'obéir.
   Le cœur même de cette question, et celui duquel dépendent tant de choses, c'est précisément ce principe de 1 Corinthiens 2:14 « L'homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement. » Il n'est pas plus possible à un chrétien – à un chrétien très consacré, sérieux, diligent – d'arriver à la pensée de Dieu, dans la Bible ou en dehors de la Bible – par le moyen d'une faculté naturelle, qu'il ne l'est pour une personne non-convertie. L'intelligence naturelle, la capacité intellectuelle, les sens, l'éducation n'ont aucune valeur dans ce domaine de l'Esprit. Cela est également vrai des puissances psychiques, du pouvoir d'un « sixième sens » , comme de la vision mystique.

« L’Âme » et « la Chair » sont sans Recours quant aux Choses Spirituelles
   Nous n'avons qu'à nous arrêter sur le mot employé dans notre passage des Écritures  «l'homme naturel » . C'est un terme descriptif. Il n'a pas en vue uniquement une personne non convertie, qui ne connaît rien de la nouvelle naissance, mais il définit ou décrit une sorte particulière de personnes. « Naturel », c'est notre traduction du mot grec qui signifie « psychique » ou « homme de l'âme » . L'âme est constituée de la raison (l'intelligence), le sentiment (les émotions), et la volonté (le vouloir). Ainsi, l'homme qui s'approche des questions divines, et qui cherche a exercer un Jugement, ou à passer un verdict sur elles par le moyen de toutes ses facultés naturelles, nous est montré comme étant incapable en ce qui concerne le Saint Esprit et « les choses de l'Esprit ». C'est un verdict sévère, qui touche profondément et va très loin, mais c'est là l'enseignement de toutes les Écritures  enseignement qui est prouvé par elles avec une très grande puissance.
   L'on a ordinairement recours, pour tout verdict, tout jugement et toute direction, dans les questions en conflit, aux « docteurs » ou aux « érudits », à ceux qui ont étudié et ont été enseignés dans les écoles, ou qui ont des qualifications intellectuelles. La Parole de Dieu rejette simplement tout cela, comme quelque chose en soi, et elle passe son jugement sur l'âme de l'homme, et déclare que, en elle-même, elle n'a aucune autorité dans les questions spirituelles, et que, par conséquent, l'homme qui opère sur la seule base de son âme ne peut absolument pas connaître les choses de l'Esprit.
   Les seules personnes sur lesquelles nous puissions nous appuyer, et dont nous puissions chercher avec confiance le jugement, ce sont les hommes spirituels qui trouvent leur connaissance dans une marche intime avec Dieu, qui ont une vie vraiment crucifiée, une vie de prière, qui s'attendent à Dieu et se remettent à Dieu en tout. Une autre attitude ne saurait apporter que confusion et détresse. Cela donne une responsabilité très solennelle à tous ceux qui cherchent à aider les autres, et influencer des vies pour Dieu.
Le contexte de 1 Corinthiens 2:14 jette beaucoup de lumière sur tout cela. Les conditions qui y sont traitées sont celles de limitation spirituelle, d'enfantillage, d'esprit de dispute – toutes ces conditions qui tendent à détruire la vie. Tout cela est imputé à un niveau ou à une base de vie « psychique », qui s'ingère dans les choses divines. En contraste avec cela, le message catégorique affirme que, pour l'édification, l'unité, la croissance, la maturité et l'efficacité, une autre base est essentielle – celle d'une vie dans l'Esprit, vécue par des croyants réellement spirituels. L'apôtre introduit ensuite un autre mot: « charnel » . Ce terme ne signifie pas nécessairement une troisième classe de personnes. Charnel – ou « de la chair » – signifie simplement le facteur positif de la vie personnelle dans l'âme; c'est le principe du « Moi », comme le montre le contexte.
   Le problème ne consiste pas dans le fait que l'homme a une âme; mais lorsque l'âme devient la base sur laquelle on essaie de s'introduire dans les choses divines, elle sort de son domaine et cela créera des troubles. Et cependant, lorsque l'âme est poussée par des mobiles personnels, des intérêts égoïstes, et des considérations mesquines, c'est «la chair» qui s'affirme – un esprit charnel et cela est effectivement mauvais.
    Après avoir dit cela, nous pensons que quelqu'un ne verra pas encore clairement – au point de vue pratique – ce que signifie « la révélation ». Comment nous vient-elle? Nous disons avec force que nous ne parlons pas d'entendre des voix, d'entrer dans une attitude passive pour recevoir des impressions, des communications, pour avoir des idées et toute sorte de choses semblables. La véritable clé pour la révélation, c'est d'avoir un esprit vivant, ouvert et sensible à l'Esprit de Dieu. Nous aurons alors ce que l'apôtre appelle le témoignage de l'Esprit. « L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu.» (Romains 8:16).

Le Témoignage de l'Esprit
    Comment l'Esprit rend t-il témoignage? « La pensée de l'Esprit est vie et paix » (Romains 8:6). L'Esprit est « l'Esprit de vie » (verset 2). Nos esprits ont été rendus vivants par la vie divine, qui est différente de la vie naturelle. Nous savons que nous sommes vivants d'une manière toute nouvelle. Ainsi lorsque nos pensées sont en accord avec l'Esprit, nous avons un réel témoignage, ou un sens de vie. Lorsqu'elles ne sont pas en accord avec l'Esprit, nous perdons ce témoignage; et si elles sont contraires à l’Esprit, nous ressentons – ou devrions ressentir – Sa réserve, Sa défense, Sa désapprobation, et cela, c'est la mort, une impression négative dans notre esprit.
    Ensuite, l'Esprit est « l'Esprit de vérité » (Jean 16:13). Il devrait être impossible à un enfant de Dieu – et d’autant plus à un serviteur de Dieu – de recevoir, d'accepter et de répéter quelque chose qui ne soit pas vrai, sans que l'Esprit montre à son esprit que cela n'est pas la vérité. Si à ce moment là, l'enfant de Dieu n'est pas suffisamment conscient du toucher de l'Esprit Saint, cependant lorsqu'il aura un temps de recueillement devant le Seigneur, pour la méditation et la communion (et non pas simplement pour apporter une quantité de requêtes), cette chose lui sera certainement rappelée, et il devra la considérer. C'est là la vraie spiritualité, et c'est ce que signifie marcher avec Dieu.
   Il est facile de voir que, si cela était plus généralement vrai dans l'expérience des enfants de Dieu, beaucoup de terrain serait enlevé a l’œuvre à l’ennemi, qui cherche a susciter des méfiances et des divisions. L'un des problèmes les plus poignants parmi les chrétiens évangéliques, c'est de comprendre comment des hommes qui connaissent et enseignent la doctrine de l'Esprit demeurant en nous, peuvent accepter, croire et enseigner des choses qui ne soient pas vraies concernant d'autres enfants de Dieu, sans toutefois que le Saint-Esprit ne puisse les rendre malheureux intérieurement à ce sujet.
   Ce que nous avons dit du témoignage de l'Esprit est la base de toute révélation. La Parole de Dieu doit devenir vivante en nous. Nous pouvons connaître la Bible, quant à son contenu, et la connaître très bien. C'est ainsi que la connaissaient les Juifs et leurs docteurs. Et cependant, ils ont tué le Fils de Dieu! C'est seulement lorsque le Saint-Esprit prend la Parole et la rend vivante pour nous, que cela fait toute la différence dans notre vie, notre conduite, notre compréhension, et notre force, et que nous pouvons dire: « Le Seigneur a fait vivre en moi cette parole, et je ne saurais plus jamais être le même! ».
  La connaissance spirituelle est d'un ordre différent de la connaissance purement intellectuelle, même en ce qui concerne la Parole de Dieu. L'intelligence est une servante de l'esprit, et non son maître. C'est l'esprit qui dicte à l'intelligence, et non l'opposé. L'intelligence est l'organe de l'existence consciente du Moi, de même que le sentiment et la volonté. L'esprit est l'organe de la vie consciente de Dieu, et il nous relie à des domaines de connaissance qui sont fermés à l'intellect par lui-même.
    Nous espérons que ce que nous venons de dire jettera quelque lumière sur deux choses:
1) Le chemin de la croissance spirituelle après la nouvelle naissance.
2) La cause de la confusion et des contradictions ahurissantes qui existent parmi les chrétiens les plus consacrés.
   En terminant cette partie de notre considération, il nous reste à ajouter brièvement une ou deux pensées.
    La réponse à toutes les questions, la fin de toutes les argumentations, et la vérité au sujet de toutes choses, ne sont jamais les meilleurs opinions ou jugements des hommes – si influents ou si consacrés soient-ils. C’est: Quelle place la chose en question donne-t-elle au Seigneur Jésus? Est-ce qu'elle signifie qu'Il a la seule place, et si nous suivons ce chemin, cela Lui donnera-t-il plus de place dans notre vie? Le chemin qui nous est présenté provoquera t-il un progrès dans la connaissance de Christ et un élargissement par rapport à la stature de Christ. C'est ainsi que Paul régla le conflit en Galatie, et les querelles au sujet des docteurs à Corinthe.
   Comprenons ensuite que le don du Saint-Esprit est le droit de naissance de chaque véritable enfant de Dieu. La présence du Saint-Esprit en nous, nous amène sous des cieux ouverts et dans une compréhension toujours grandissante de Christ. Mais souvenons-nous que le chapitre six des Romains précède le chapitre huit, et que Romains huit découle des plus certainement de Romains six.

NOTES SUR LA SIGNIFICATION DE LA « RÉVÉLATION »

Une Illustration Tirée de « La Vie de Martin Luther »

    « Je fus saisi par un désir merveilleux et ardent de comprendre ce que Paul disait dans son épître aux Romains: mais il y avait un passage qui m'arrêtait, et il se trouvait dans le premier chapitre. C'était le verset 17: « Car la justice de Dieu y est [dans l’évangile] révélée » . Je haïssais cette phrase, « la justice de Dieu », ce qui était alors courant parmi les étudiants. Je la comprenais dans le sens d'une justice qui « donne à chacun ce qui lui est dû » ; et cela signifiait donc que le Dieu juste punissait simplement les hommes pécheurs et méchants. Mais je sentais que, alors même que je vivais une vie sans reproche, une vie de moine, j'étais cependant un pécheur aux yeux de Dieu, et ma conscience était très tourmentée. Je sentais que je n'avais et ne pouvais avoir aucune certitude de trouver la réconciliation par une expiation qu'il me serait possible de faire. Je n'avais donc aucun amour pour un Dieu juste qui punissait les pécheurs; je Le haïssais plutôt; et, si ce n'était par des blasphèmes silencieux. c'était néanmoins par un esprit de rébellion que je me plaignais de Lui d'une manière terrible, en disant: « N'était-ce pas suffisant qu'un pauvre pécheur soit perdu pour toute l'éternité à cause du péché originel, et qu'il soit puni de toute sorte de souffrances et de peines par la loi de Moïse et les Dix commandements? Et faut-il que maintenant, Dieu doive se servir de l’Évangile pour amasser les punitions et nous menacer de Sa justice et de Sa colère? » Je m'emportais contre tout cela avec une conscience meurtrie et confuse, et j'entrais constamment en collision avec cette phrase de Paul, et aspirais ardemment à comprendre ce qu'il avait voulu dire par là. »
    «Luther se releva sur ses pieds, et marcha de long en large... Après un certain temps, il se rassit et relut une fois encore le texte dans son contexte. Soudain, sa vision s'éclaira; il sentit qu'un voile avait été enlevé; il put voir ce que Paul avait vu; la justice dont nous parlait Paul n'était pas la justice de Dieu qui demande la rétribution, mais celle qui est imputée au croyant; elle est donc une expression profonde de la grâce de Dieu: Dieu présente Sa propre justice au croyant. Par Sa grâce, Dieu le regarde comme étant déjà juste, alors même qu'en lui, il ne l'est pas... La justice de Christ est quelque chose qui m'appartient. »
    Ce fut à ce moment-là que Luther fut délivré. Il sauta de sa chaise. « Il me sembla que j'étais né de nouveau, et que j'étais entré dans le Paradis par des portes qui venaient de s'ouvrir. Aussitôt la Bible commença à me parler d'une manière toute différente. Cette phrase même – « la justice de Dieu » , que j'avais tant haïe auparavant, devint celle que j'aimais par-dessus tout. C'est ainsi que ce passage de Paul devint pour moi la porte du Paradis ».
    Nous aurions pu citer de meilleurs exemples de ce que nous entendons par « révélation », mais nous avons choisi celui-ci, parce qu'il peut servir à plus d'un objet.

DEUXIÈME PARTIE - « LES CHOSES DE L’ESPRIT »


(1 Corinthiens 2:14)

Dans notre première partie, nous avons relevé sept faits:
   Premièrement, le fait de l'existence d'un vaste domaine, que l'apôtre appelle « les choses profondes de Dieu », et que Dieu, dit-il, « a préparées pour ceux qui l'aiment », et qui, ensuite, lui ont été « révélées » par Son Esprit.
   Deuxièmement, le fait que « l'homme naturel », comme le décrit l'apôtre, est totalement incapable de recevoir, ou de connaître ces « choses de l'Esprit ».
   Troisièmement, par la nouvelle naissance, et l'entrée en nous du Saint-Esprit, la faculté nécessaire pour recevoir et connaître ces « choses de l'Esprit » est re-née en nous, et liée au Saint-Esprit, de sorte que ce qui était impossible est maintenant devenu possible. L'esprit de l'homme – « la lampe de l’Éternel », comme l'appellent les Écritures, a été ré-allumée.
    Quatrièmement, le fait que cette nouvelle naissance et cette union avec le Saint-Esprit sont la base de toutes les activités du Saint Esprit, pour révéler, pour conduire, pour transformer, et pour constituer toutes choses selon Christ.
   Cinquièmement, le fait que cette œuvre, qui est entièrement spirituelle, demande que le croyant vive sa vie dans l'Esprit, une vie distincte de celle de l'âme – la « vie de l'âme » étant, comme nous l'avons montré, la signification du mot original traduit par « homme naturel ». Cela signifie que le croyant doit vivre sa vie, non pas, en premier lieu, dans le domaine de l'intelligence ou de la raison, ni dans le domaine des sentiments, ni dans le domaine de la volonté, mais dans le domaine de l'Esprit. Et l'apôtre souligne encore avec force que cette vie ne doit certainement pas être vécue dans la chair, dans le domaine «charnel » – c'est-à-dire dans l'élément positif du « Moi », de l'âme, cet élément qui attire toujours tout à soi-même, qui cherche sa propre satisfaction et accomplit ses propres désirs. Cela n'est certainement pas la voie de l’Esprit.
    Sixièmement, le fait que, si les chrétiens s'approchent ou se saisissent des choses de Dieu sur la simple base de leur âme – intelligence ou raison, ou sentiments, ou volonté propre – ce sera le chemin de la séduction, ce sera le chemin de la confusion, et de beaucoup d'autres détresses, pour eux-mêmes, en même temps que pour tous ceux qu'ils influencent.
   Septièmement, le fait que la croissance dans la connaissance et la stature spirituelles est gouvernée par la révélation et la compréhension, selon Ephésiens 1:15-20 et 3:14-19, «l’esprit de sagesse et de révélation dans sa pleine connaissance » , et «fortifiés en puissance... que vous soyez capables de comprendre... et de connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance». Nous avons essayé d'expliquer ce que signifie ce terme « révélation », qui n'est certainement pas quelque chose en-dehors des Écritures  mais qui est la pensée de l'Esprit dans les Écritures.

La Différence entre Information et Connaissance Spirituelle.
    Nous continuerons maintenant notre étude, pour l'élargir et la souligner un peu plus, et nous concentrer sur un point particulier, en ce qui concerne les choses de l'Esprit, c'est-à-dire sur la différence qu'il y a entre information et connaissance spirituelle. C'est un point essentiel, et dont les conséquences sont très importantes. Il y a une différence très grande, réelle et définitive, entre information et connaissance spirituelle. Il est possible d'avoir une vaste quantité d'informations soigneusement acquises, par la lecture, par l'étude, par ce que l'on entend, et par toutes ces voies et ces moyens extérieurs, par lesquels s'accumule l'information, et cependant, si grande qu'elle soit, elle peut n'avoir aucune influence ni aucun effet sur la nature et le caractère de la personne qui la possède.
    Pour illustrer cette vérité, considérons un astronome, dont la vie tout entière est occupée par la contemplation des immensités de l'espace, des vastes étendues de l'univers. Il est cependant possible pour cet homme, malgré la vaste accumulation d'informations qu'il possède sur l'univers, après avoir été occupé de ces grandeurs durant toute sa vie, de rester en soi-même un homme très petit, un homme mesquin, un homme rempli de jalousie, un homme plein d'orgueil, d'opinion personnelle, et de tous ces traits qui parlent de petitesse de caractère. C'est une étrange anomalie, mais elle est réelle. Et cela sera vrai dans tous les autres domaines de la science naturelle ou physique, comme de tous les autres départements de la connaissance: il est possible d'avoir une pensée intensément cultivée, sans que le caractère ne soit touché, sans que la nature même de l’homme ne soit changée.
    Et ce qui est vrai dans les domaines profanes ou naturels, est également vrai dans le domaine de la foi chrétienne. Nous pouvons posséder une connaissance immense de la Bible; nous pouvons être très largement informés sur tout ce que contient la Bible et sur tout ce qu'elle enseigne, sur tous ses sujets et toutes ses instructions, sur toute la doctrine, et l'histoire, et les pratiques chrétiennes, et sur tout ce qu'embrasse ce mot de christianisme. Je le répète, nous pouvons avoir l'information la plus étendue, sans que tout cela puisse accomplir une transformation réelle en nous. Il est possible d'être excessivement bien informé sur toutes les questions de la vérité chrétienne évangélique, et de rester très petit, quant à notre stature spirituelle.
   C'est une tragédie. Il est décevant de rencontrer de telles contradictions. C'est terrible de les trouver dans le domaine naturel, comme dans le cas de l'astronome hypothétique dont nous venons de parler, de trouver un homme si petit dans un si vaste univers. Mais c'est infiniment plus tragique de rencontrer un chrétien – très bien informé, et cependant très petit dans sa stature spirituelle. Nous le voyons, le domaine de la connaissance chrétienne peut être une chose, et le domaine de la connaissance spirituelle tout un autre. Ce sont des mondes à part, entièrement différents, dans leur nature et dans leur effet. Cela nous montre la différence dont nous avons parlé, entre l'information dans les choses chrétiennes, si vaste et si soignée soit-elle, et la réelle connaissance spirituelle, la connaissance que Paul a en vue lorsqu'il écrit: 

« Je ne cesse de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières, afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa pleine connaissance » (Ephésiens 1:16-17).

La Connaissance Spirituelle est Premièrement Vie
   La connaissance spirituelle est donc quelque chose qui touche et transforme la vie, et c'est là qu'est toute la différence. La connaissance spirituelle est pour ainsi dire quelque chose qui se passe. Le fait d'obtenir un peu de connaissance vraie, pure, spirituelle, est toujours un évènement  une expérience. C'est presque comme un décret. Nous pouvons l'exprimer de cette manière – une fois que nos yeux ont été réellement ouverts, nous ne pourrons plus jamais être ce que nous étions auparavant. C'est là la différence. Lorsque nous sommes réellement arrivés à la place où était arrivé l'homme aveugle de naissance, lorsque le Seigneur lui eut donné la vue et qu'il put s'écrier: « Je sais une chose; c'est que j'étais aveugle, et que maintenant je vois » (Jean 9:25) – nous ne pouvons plus être les mêmes. Une fois que nous avons pu nous écrier, appuyés sur la base, de l'enseignement de l'Esprit de Dieu – « Je vois! Je vois! » nous sommes libérés, nous sommes affranchis; nous sommes en vie, nous sommes dans l'assurance. La fin de tout argument se trouve simplement là – « Je vois! ». La connaissance spirituelle est une expérience effective -- elle accomplit quelque chose; tandis que toutes les autres connaissances nous laissent, en nous-mêmes, juste ce que nous sommes naturellement.
  La connaissance spirituelle est donc, premièrement, vie; et, mes chers amis, il nous faut examiner toute l'accumulation de connaissances que nous possédons à la lumière de l'effet qu'elles exercent sur notre vie. Dans quelle mesure, tout ce que nous connaissons – ou pensons connaître – se manifeste-t-il en nous en termes de vie? La connaissance spirituelle est premièrement vie. « C'est ici la vie éternelle » a dit le Seigneur Jésus, «C'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent...» (Jean 17:3) – qu'ils te connaissent. Il y a une connaissance qui est vie, et toute vraie connaissance spirituelle est vie.
    Il n'est pas nécessaire que nous essayons de définir la vie. La vie elle-même est une chose que l'homme est entièrement incapable de décrire ou d'expliquer; et cependant, tous nous connaissons la vie, lorsque nous la rencontrons ou l'expérimentons. Qu'est-ce que la vie? Nul ne saurait nous le dire, mais nous la reconnaissons, lorsque nous la rencontrons. Et la connaissance spirituelle est de ce même ordre: une chose qui, bien qu'elle soit inexplicable; est puissante – c'est une force, une énergie, un pouvoir – la puissance de la vie. Et pour que la vie soit triomphante sur la mort – la mort spirituelle qui agit tout autour de nous et sur nous – pour que la vie triomphe de tous ses ennemis, quels qu'ils soient, nous avons besoin de connaissance spirituelle, et non d'information. Nous ne pouvons pas simplement nous servir de l'information dans cette question; elle ne nous amènera à rien. Il nous faut avoir une connaissance intérieure, par l'Esprit. La première réalité de la connaissance spirituelle, c'est donc la vie.

La Connaissance Spirituelle est le Chemin de la Croissance et de la Plénitude
    Ensuite le chemin, et le seul chemin, de la croissance et de la plénitude spirituelles, c'est la connaissance spirituelle. C'est sûrement ce qui se trouve à la base des paroles de l'apôtre, soit que nous prenions ce merveilleux chapitre, ce chapitre profond, ce chapitre immensément pratique – le second de la première épître aux Corinthiens, ou que nous allions dans la lettre aux Ephésiens, à ces deux merveilleuses prières de Paul, dans le premier et le troisième chapitres de cette épître. Tout s'élève là contre la limitation et l'immaturité spirituelles. Elles étaient évidentes chez les Corinthiens – l'apôtre le dit clairement. Il ne pouvait pas leur parler comme à des hommes spirituels, mais seulement comme à de petits enfants. « Et moi, frères, je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ » (1 Corinthiens 3:1). Il y avait chez eux un arrêt spirituel, de la petitesse avec toutes ses caractéristiques déplorables, comme nous le lisons dans cette lettre. Chez les Ephésiens, il semble qu'il ne se trouvait rien de ce qui existait à Corinthe, et qui soit positivement opposé à la croissance spirituelle, mais simplement ce fait que ceux qui marchent avec le Seigneur ont encore un long chemin à faire; ceux qui ont une connaissance du Seigneur ont encore beaucoup à apprendre pour connaître le Seigneur. Pour les enfants de Dieu, quel que soit le point où ils sont arrivés, il y a encore des immensités devant eux, et l'apôtre nous dit que le chemin, et le seul chemin qui, par notre croissance spirituelle, nous amène à la plénitude spirituelle, c'est la connaissance spirituelle, cette connaissance dont nous avons parlé.

Comment Vient La Connaissance

(a) Par l’Ecoute de la Foi Maintenant, comment la connaissance spirituelle nous vient-elle? Pouvons-nous nous exprimer, pour commencer, de cette manière: elle nous vient par une ouïe vitale de la Parole de Vérité - une ouïe ou une réception primordiale. Les Thessaloniciens, nous l'avons souvent rappelé, étaient des croyants modèles qui, dès leurs débuts spirituels, ont avancé et sont devenus « des modèles pour tous ceux qui croient » (1:7). Et l'apôtre nous fait entrer dans le secret de leur marche et de leur croissance spirituelles. Il nous dit que, lorsqu'ils ont entendu la parole, ils l'ont acceptée, « ayant reçu de nous la parole… non comme la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est véritablement) la Parole de Dieu » (1 Thessaloniciens 2:13). Ils la reçurent par la foi, et la foi est le facteur vital dans ce que nous entendons. Il est dit ailleurs: « Mais la parole qu'ils entendirent ne leur servit de rien, n’étant pas mêlée avec de la foi dans ceux qui l’entendirent. » (Hébreux 4:2). Elle ne leur a servi de rien, parce qu'elle n'avait pas été saisie par la foi, mélangée avec la foi. La foi est le facteur vital quant à ce que nous entendons.
    Peut-être cela n'est-il pas très clair. Nous pouvons entendre avec un esprit de critique; nous pouvons entendre avec des préjugés et des questions; nous pouvons entendre avec un esprit cynique; nous pouvons entendre et rester indifférents; nous pouvons entendre de beaucoup d'autres manières; et tout cela ne nous servira à rien et n'aura pour nous aucune signification; mais si nous entendons avec foi, cela donne au Saint-Esprit la possibilité de rendre témoignage à la vérité, et ce témoignage de l'Esprit à la vérité nous fait aussitôt réagir d'une juste manière. C'est la réaction de la foi. Ce n'est pas la réaction de l'incrédulité, du doute, des questions. C’est l'attitude de la foi, et c'est une attitude vitale. Approchons-nous de tout notre Nouveau Testament à cette lumière, et cela lui donnera une valeur distincte. La foi signifie simplement ceci: c'est que, s'il y a ici quelque chose de Dieu, je veux le recevoir; s'il y a pour moi quelque chose du Seigneur en ceci, rien, aucun préjugé, aucune question, aucune méfiance, aucune critique, non, rien ne m'empêchera de le recevoir. C'est un esprit de foi.
   Tout le monde Juif, durant la vie terrestre de notre Seigneur, a été empêché d'arriver à la connaissance de ce qu'Il était, parce qu'il ne L'a pas écouté avec cette attitude qui déclare: « Malgré toutes les difficultés que cela peut entraîner, si cet homme, Jésus, a quelque chose de Dieu, je veux le recevoir ». Nous le voyons, c'est la foi, et c'est une chose primordiale; c'est ce qu'attend le Saint-Esprit; alors sur cette base-là, Il révèle, Il donne la connaissance spirituelle, et quelque chose arrive. Cela arrive!
    C'est là, évidemment, la différence entre ce qui est simplement objectif, et ce qui est intérieur – non pas une imitation, mais une révélation intérieure. Nous ne pouvons pas nous arrêter sur cela, bien qu'il puisse y avoir, je le crois, une grande valeur à considérer la signification de cette différence. Si nous prenons la Bible elle-même, et le Nouveau Testament, pour établir, d'après ce que nous y trouvons, une sorte de modèle et de système, que nous chercherons à créer et à suivre, cela ne nous amènera à rien, sinon à essayer une quantité de choses que nous regretterons ensuite d'avoir touchées. Mais lorsque nous recevons une chose par une révélation du Saint-Esprit, elle se fera tout naturellement, et de manière réelle et vivante. C'est toute la différence. Mais il nous faut laisser cela. La connaissance spirituelle nous vient par une écoute vitale.

(b) Par L’Obéissance de la Foi Et elle nous vient par l'obéissance de la foi. Mes chers amis, comment pouvons-nous recevoir tant d'informations, d'année en année, presque au point d'en être saturés et de ne pouvoir en supporter davantage, alors qu'il en reste si peu de conséquences radicales? Pourquoi? Une telle situation peut exister. Et c'est parce que nous ne faisons rien de ce que nous recevons. Je ne pense pas que nous soyons conscients d'un fait: c'est qu'il y a des esprits qui sont toujours en alerte pour dissiper tout ce que nous avons entendu, et avant que nous ne soyons rentrés chez nous, tout est plus ou moins oublié. C'est pourquoi il est nécessaire, lorsque nous entendons la Parole de Dieu, de faire immédiatement quelque chose à son égard – c'est-à-dire de prendre une décision, soit avant de nous retirer, soit comme la toute première chose en rentrant chez nous, de dire: « Il faut maintenant que cela devienne vrai - je veux obéir à cette parole » . Ayons, dans notre esprit, un accord avec le Saint-Esprit au sujet de la parole de Dieu, et nous verrons des résultats se produire. Nous avons dit, au commencement, que la différence entre information et connaissance spirituelle est grande en ce qui concerne les conséquences: et nous voulons réellement voir des conséquences, n'est-il pas vrai?

(c) Par une Expérience de plus en plus Profonde de la Mort …et de la Résurrection de Christ. La connaissance spirituelle nous vient, en troisième lieu, par l'action de plus en plus profonde de la mort et de la résurrection de Christ en nous. N'oublions pas que – il en est toujours ainsi – la signification de la mort de Christ doit s’effectuer de plus en plus profondément en nous et il en va de même de la signification de Sa résurrection. Et à mesure que cela s'accomplit en nous – la signification de la Croix, de notre mort avec Christ et de notre vie de résurrection avec Christ – à mesure que cela se forge en nous, nous croissons dans la connaissance ; c'est ainsi. Nous trouverons que c'est par des expériences de plus en plus profondes de mort avec Christ que nous arriverons à une plus pleine connaissance, une connaissance réelle ; une connaissance vivante.

(d) Par la Communion des Souffrances de Christ Et enfin, pour le présent, la connaissance spirituelle nous est donnée dans la mesure où nous partageons les souffrances de Christ, où nous acceptons la communion des souffrances de Christ. Si Paul a été un homme possédant une grande connaissance spirituelle, ce qu'il était certainement, ce fut parce qu'il a pu dire: « J'accomplis dans ma chair ce qui reste [encore à souffrir] des afflictions de Christ pour son corps, qui est l'Eglise » (Colossiens 1:24). Ou encore: « Pour le connaître, lui, ... et la communion de ses souffrances » (Philippiens 3:10). Ce sont nos réactions, ou notre attitude, à l'égard des souffrances de Christ, dans la communion desquelles nous avons été amenés, qui décideront si nous allons, ou non, recevoir plus de lumière ou de connaissance spirituelle.
  Voyez-vous, une réaction d’amertume, de rébellion ou de plainte, à l'égard de la souffrance, peut nous fermer la porte. C'est ce qui est arrivé à Israël. Les Israélites ont murmuré à cause de leurs épreuves et de leurs adversités – et cela leur a fermé la porte. Si d'un autre côté, et par la grâce de Dieu, notre attitude à l'égard des souffrances de Christ que nous endurons est juste: une attitude de foi et non d'incrédulité, de soumission et non de rébellion – j'hésite à dire, une attitude de joie au lieu de tristesse, si nous pouvons avoir, par la grâce de Dieu, une attitude juste à l'égard de la souffrance, elle ouvrira la porte à notre Seigneur, qui pourra nous révéler beaucoup de choses, par cette souffrance même. Les souffrances peuvent être merveilleusement utiles et nous amener à connaître notre Seigneur ; mais tout dépend de notre attitude à l'égard de la souffrance.

Que le Seigneur nous enseigne plus profondément « les choses de l'Esprit ».

T.A.S.



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