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autorisée, pourvu que les sources soient indiquées. http
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Ce
livre fut écrit en 1975 par Paul Blomme, ancien Jésuite converti à
Jésus-Christ. Il est mort en 2001 en Belgique. Il fut rejeté par
les églises traditionnelles, à cause de son message puissant et
profond sur la Croix. Il a vécu isolé et dans l'anonymat jusqu'à
sa mort. La compréhension spirituelle de ce message nous est
absolument indispensable, si nous voulons accomplir la volonté
parfaite de Dieu pour notre vie, comme pour la vie de l'Eglise. La
mission, le rôle et le message de Jésus-Christ.
"Ils
le crucifièrent, et deux autres avec Lui, un de chaque côté, et
Jésus au milieu"
(Jean
19.18).
"Que
la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec vous !"
(1
Corinthiens 16 :23).
Table
des matières.
1)
Qu'est-ce que le Christianisme ?
La
vraie nature du Christianisme.
La
révélation intérieure du Fils de Dieu.
2)
L’Église selon la Pensée de Dieu.
L'expression
de la vie du Seigneur dans l’Église.
La
Croix, fin de toute idolâtrie.
Ce
qu'est l'idolâtrie.
La
personne même de Dieu, vie et bien suprême de l'homme.
La
Croix ôte la malédiction de Babel.
En
Christ : un petit mot qui en dit long.
Christ
et Son Corps.
Quelques
prépositions significatives.
Les
marques de Jésus-Christ.
Les
marques de la propriété.
3)
Le conflit.
L'objectif
suprême de la Croix et de l’Église.
Le
point de convergence de toute l'opposition satanique.
La
vie, réponse à tous les problèmes.
L’Église
et l'opposition des forces du mal.
Les
ruses du diable.
En
Christ : un petit mot qui en dit long (suite) : Conformes à Lui dans
Sa mort.
Les
marques de Jésus-Christ (suite).
Les
marques de l'image de Jésus.
1)
Qu'est-ce que le Christianisme ?
La
vraie nature du Christianisme.
Elle
nous est familière, cette épître aux Galates. Mais cette
familiarité n'est pas sans inconvénient, elle risque de nous faire
oublier le choc formidable qu'elle produisit sur les esprits à
l'époque ou elle fut écrite. Par sa nature, par le but qu'elle
cherche à atteindre, c'est un tocsin qu'elle fait retentir, et il
n'y a dans la Bible aucun message qui fût plus nécessaire aux
contemporains, et aucun qui réponde avec plus d'à propos au besoin
actuel du Christianisme.
Cette
lettre, on l'a mise en boîte, fondamentaliste, bien sûr, et l'on se
contente d'une phrase pour la décrire. Mais c'est un tremblement de
terre qu'elle représente, une révolution, un cataclysme. En la
méditant, des images saisissantes ont surgi dans mon esprit. J'ai vu
un certain Shamma, défendant, glaive à la main, une pièce de terre
remplie de lentilles. Sans personne pour l'y aider, il faucha les
Philistins jusqu'à ce qu'il n'en restât pas un pour se mesurer à
lui. J'ai vu les hordes des Philistins menacer Israël, couvertes par
Goliath le géant, et semer journellement la terreur dans le cœur
des Israélites.
Puis
j'ai vu le jeune David décider que cette affaire avait bien assez
duré et qu'il fallait en finir. Il chargea, et d'un seul coup régla
la question, pour la plus grande déconfiture de l'armée philistine.
Puis, pour en venir à une époque de beaucoup postérieure, j'ai
revu l'histoire d'Angleterre et la révolte des barons. A Runnymede,
devant le roi Jean sans Terre assis à une table une plume à la
main, leurs regards farouches et leurs mines rebelles proclament
qu'un long régime d'injustice devait maintenant cesser, et une
charte établissant une perpétuelle justice devait leur être
octroyée.
Aucune
issue pour le monarque : il signe la Grande Charte, chère à tous
les Anglais. Ces épisodes de l'Histoire, qui ont valeur de symboles,
sont tellement dans la note de l'épître que
nous
avons sous les yeux ! Partout où il allait, l'apôtre fut suivi de
ville en ville par une campagne de fausse interprétation du
Christianisme. Lui, le plus patient et le plus tolérant des
serviteurs de Jésus-Christ, supporta longtemps avec humilité les
assauts livrés contre sa personne, contre son caractère, contre la
réalité de son apostolat, contre son intégrité.
Mais
les choses étaient arrivées à un point tel, que la substance même
du Christianisme était en train de se modifier. Sa vraie nature
était en voie de transformation. La limite de la tolérance étant
atteinte, ce Shamma néo-testamentaire tire son épée et dit : "Le
jour des règlements de compte est venu, en voilà assez !" Il
avait le feu dans les os. Le sang bouillait dans ses veines. Des
paroles enflammées jaillirent de ses lèvres : "Quand
nous-mêmes, quand un ange du ciel vous annoncerait un autre évangile
que celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème !" Son épée
s'attache à sa main ce jour-là, et il ne cessa de braver à mort
les judaïsants incirconcis de cœur.
Mais
ceci dit, et nous pourrions en dire bien davantage, il nous faut en
venir au véritable enjeu de cette bataille, au vrai problème posé.
Nous devons nous demander ceci : "Qu'était-ce donc, ce qui
était en cause ?" De nombreuses questions connexes
demanderaient aussi une réponse, mais ce qui domine le débat, ce
n'est rien de moins que
LA
VRAIE NATURE DU CHRISTIANISME !
Ce qui était en cause, ce qui est toujours en cause périodiquement,
c'est la mission, le rôle et le message de Jésus-Christ. II est
venu, en réalité, pour faire quoi ? Que signifie-t-elle Sa personne
? Et quel est, en dernière analyse, Son message ? Qu'on me permette
ici une courte parenthèse. Bien que le ministère de ce livre soit
destiné à tout le peuple de Dieu, je sais que bon nombre de ses
lecteurs sont des serviteurs de Dieu occupant des positions de
responsabilité et d'influence. A ceux-là, j'adresse ce message
d'une manière particulièrement pressante. Mes frères, vous avez
certainement conscience que ce monde est en train de subir une
invasion en force d'esprits corrupteurs, qui s'emploient à semer la
confusion dans les relations humaines. Rien ne leur échappe. Or ce
que nous constatons au niveau des pays et des relations
internationales nous le retrouvons avec une particulière intensité
au sein du Christianisme.
Que
ce soit à l'échelle de la chrétienté dans son ensemble, du
protestantisme, ou plus près de nous, du Christianisme évangélique,
qu'il s'agisse même des Chrétiens les plus sincères et des
serviteurs de Dieu qui ont une valeur à Ses yeux, on se trouve
embarrassé de complications et de perplexités qui mènent à une
paralysie presque totale.
Des
pratiques, des mouvements, des enseignements nouveaux, exotiques,
fantastiques, extrêmes, particuliers, bizarres, déséquilibrés, se
succèdent rapidement. Au sein du peuple de Dieu, nombreux sont ceux
qui s'y laissent prendre, pour ne moissonner en définitive, que
désillusion et cynisme.
L'atmosphère
est saturée de situations embarrassées et de problèmes insolubles,
et cette confusion discrédite de plus en plus le Christianisme.
Aussi est-ce le devoir impérieux de tous ceux qui sont chargés de
responsabilités et ont une influence, de savoir où ils en sont.
C'est à eux qu'incombe l'obligation d'éclairer le peuple de Dieu
sur ce qu'est vraiment le Christianisme. Ce que nous cherchons ici,
c'est apporter notre contribution à cette tache.
Pour
en revenir à notre épître aux Galates, nous voulons savoir ce
qu'elle veut nous dire, qui puisse répondre à notre question
principale : "Qu'est-ce que le Christianisme ?" Il y a des
questions subsidiaires qui nous mettront sur la voie de la vraie
réponse. Le Christianisme est-il une relève, une continuation ou
une adaptation de l'Ancien Testament dans son système rituel,
sacramentel, cérémoniel, dans son régime d'ordonnances, dans les
prescriptions vestimentaires de son sacerdoce ?
Le
Christianisme est-il la reproduction sous forme mystique du système
de l'Ancien Testament ? J'entends, la conservation des mêmes rites,
des mêmes cérémonies, mais en leur attribuant une signification
spirituelle plus mystique, en sorte qu'on puisse dire : "Non,
bien sur, ce n'est pas la chose elle-même qui compte, mais c'est ce
quelle implique ou illustre." C'est là ce que disent et
enseignent les tenants du régime sacramentel, ainsi que beaucoup
d'évangéliques.
Mais,
prétendent-ils, une vertu est attachée aux formes et aux gestes !
Le Christianisme est-il une idéologie, c'est-à-dire un système
d'idées, le résultat de l'activité mentale et intellectuelle de
personnalités religieuses ? En d'autres termes, est-ce une
philosophie traitant de Dieu, de l'homme et de sa destinée, du bien
et du mal, du comportement de l'individu ? Est-ce un système de
prescriptions, de lois, de préceptes, de règles, de techniques, de
détails à observer ? Est-ce un nouveau système d'exigences et
d'interdictions ? Le Christianisme est-il une tradition, une
succession historique, un héritage?
A
toutes ces questions, et à bien d'autres qui leur ressemblent,
l'épître aux Galates, comme le Nouveau Testament tout entier,
répond d'une voix de tonnerre NON ! NON ! NON ! Et NON ! Ces
explications, qu'on les prenne ensemble ou chacune isolément,
représentent tout ce que l'apôtre appelle ici "un autre
Évangile", et son verdict contre l'ange du ciel qui viendrait
le prêcher ( à supposer que cela fût possible ) le voici : "Que
cet ange soit anathème!" Ici, pas de compromis. L'épée est
tirée, et les Philistins (ci-dessus mentionnés et décrits) doivent
être fauchés sans merci.
Paul,
après tout, n'est pas plus véhément que son Divin Maître, quand
il était confronté avec ceux qui égaraient leurs adeptes, tordant
la vérité de Dieu et laissant déconcertés ceux qui n'auraient pas
demandé mieux que de se laisser éclairer.
Quelle
est donc la réponse ?
Cette
lettre qui est devant nous est appelée, à juste titre, la Grande
Charte du Christianisme,
exprimée
dans cette brève déclaration doctrinale : La justification par la
foi. Oui, c'est vrai, sans ce fondement, il n'y a pas de
Christianisme. Mais nous ne pouvons pas en rester là. Par toutes les
fibres de notre être, nous croyons à ce fondement. Mais, une fois
cette affirmation admise, savons-nous vraiment ce qui compose et
constitue la foi ?
La
justification par la foi peut n'être qu'une théologie, une
doctrine, un credo, un admirable concept. Examinez cette lettre et
voyez ce qui a amené l'apôtre à la position qu'il occupe.
Dans
son Christianisme, il fonde tout son salut, sa vie, son ministère,
son endurance, son espérance éternelle, sur une seule chose, qui
est présentée comme la racine de la lettre elle-même au chapitre
1, verset 15 :
"Lorsqu'il
plut à celui qui m'avait choisi et mis à part dès le sein de ma
mère, et qui m'a appelé par sa grâce, de révéler en moi soin
Fils .... ",
ou
dans une autre traduction :
"Lorsque
celui qui m'avait choisi et mis à part même avant ma naissance, et
qui m'a appelé par sa grâce, trouva bon de révéler Son Fils en
moi... "
Quelle
est donc la réponse que nous cherchons ?
La
révélation intérieure du Fils de Dieu.
Voilà
une ligne de force qui court à travers toute la lettre, comme à
travers tous les écrits de Paul. "Christ vit en moi"
dit-il. Qu'il s'agisse de la loi, de l'alliance, de l'Esprit
d'adoption, il souligne le passage de ce qui est extérieur à ce qui
est intérieur, de l'objectif au subjectif. Tout maintenant émane de
Christ qui demeure en moi par le Saint-Esprit, et c'est là ce qu'il
entend quand il met tellement en relief la liberté spirituelle. Il
est entré dans toute la signification de cette parole du Seigneur :
"Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres."
Libérés par la vie et la puissance de Christ en nous! C'est
l'Esprit d'adoption en nous, qui constitue le Christianisme.
On
ne devient Chrétien par aucune autre voie. Dieu a révélé Son Fils
en Nous. Nous devons alors demander à Paul quelle est la première
chose qu'il a vue, quand cette révélation lui est venue, et quel
fut son effet. Naturellement, tout ce que nous avons de la plume de
l'apôtre lui était venu par révélation. Pourtant, il y a dans
cette lettre quelque chose qui est à la base de tout le reste. Mais
ici il faut que je m'arrête pour souligner un point. Paul se donne
du mal pour bien faire comprendre que cette connaissance du Fils de
Dieu, qui constitue pour lui le Christianisme, fut personnelle,
directe et indépendante de toute influence extérieure. Voici
comment il s'exprime :
"L'Évangile
n'est pas de l'homme, car je ne l'ai reçu, ni appris d'un homme,
mais par une révélation de Jésus-Christ" (1 :11-12).
Le
voilà, le vrai Christianisme. Quel que soit l'instrument qu'il
plaise à Dieu d'utiliser pour nous le faire connaître, il ne pourra
jamais nous communiquer Christ, le mettre en nous, accomplir le
miracle de donner à l'aveugle la faculté de voir. Seul, le
Tout-Puissant Esprit de Dieu peut l'accomplir, et nous faire pousser
cette exclamation émerveillée : "Je vois !…" En dehors
de cet acte, notre Christianisme, si bon qu'il nous paraisse, ne sera
jamais qu'extérieur et de seconde main. Pour présenter l'Évangile
dans la vérité, il faut insister sur la nécessité d'une
expérience personnelle de la souveraineté du Saint-Esprit en nous.
C'est cela qui constituera l'enjeu de l'épreuve suprême a laquelle
le Christianisme devra tôt ou tard être soumis.
Nous
pouvons maintenant poser la question : "Dans la circonstance à
laquelle Paul fait allusion, que vit-il ? Que découvrit-il du Fils
de Dieu ?" La réponse complète exige un retour au chemin de
Damas. Mais que nous montre t-elle, cette lettre ? On peut résumer
la réponse en un seul mat : "la Croix." Les trois
allusions de Paul à la Croix, dans les Galates, portent sur trois
aspects :
"J'ai
été crucifié avec Christ" (2 :20) –
"Ceux
qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et
ses désirs" (5 :24) –
"Loin
de moi la pensée de me glorifier d'autre chose que de la Croix de
notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi
comme je le suis pour le monde " (6.14)
Les
trois aspects sont : 1) L'aspect personnel : "J'ai été
crucifié", 2) La vie sous la domination de la chair : "...
ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs", 3) Le
monde : "crucifié pour le monde", les valeurs, les
systèmes, les ambitions de ce monde.
La
Croix sous ce triple rapport, c'est le Christianisme. Nous ne
finirons jamais de nous émerveiller de ce que cet homme violent, qui
aurait volontiers traîné Jésus de Nazareth à la crucifixion, en
soit venu à voir qu'il allait être crucifié lui-même. Mais c'est
pour d'autres raisons qu'il s'en glorifie maintenant.
Rien
d'étonnant de l'entendre dire : " ...qui m'a appelé par Sa
grâce." Quelle leçon tirer de tout cela ? La leçon que nous
devons en tirer, c'est que le vrai Christianisme est le produit d'une
expérience dévastatrice de la Croix. Voir Christ, le Fils de Dieu
crucifié, c'est se voir soi-même cloué au bois et mis en pièces.
Tôt
ou tard, cette expérience doit nous atteindre pour que notre
Christianisme soit l'expression du Christ en nous, du Christ
crucifié, ressuscité et souverainement élevé. Le vrai Chrétien
est un homme crucifié, et l'Église est un corps crucifié.
Le
Fils de Dieu se révélant en Lui ! Quel fut donc, pour l'apôtre,
l'effet de cette révélation ? Elle lui donna une nouvelle dimension
et lui ouvrit un nouvel horizon. Ce fut le point final d'une histoire
et le commencement d'une autre. Auparavant la Croix était un
scandale intolérable, elle devint la puissance et la sagesse de
Dieu. Cette Jérusalem d'en bas n'était plus la véritable ; la
Jérusalem d'en haut avait pris sa place.
L'ancienne
histoire était fondée sur la perspective d'un temps nouveau, qui
serait concentré sur les institutions d'Israël, Jérusalem, le
Temple, la Loi, le Sabbat. La nouvelle histoire est basée sur
l'inimitié, démontrée à la Croix, de tout ce système.
Elle
est centrée maintenant sur une nation spirituelle, une Jérusalem
céleste, qui n'a pas été "faite de main d'homme", une
"loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ" et un "repos
de Sabbat", réservé au peuple nouveau. Le voilà, le
Christianisme selon le Nouveau Testament, selon la révélation que
Paul eut du Fils de Dieu en lui.
Résumons
:
Nous
reconnaissons pleinement que la réelle occasion de la rédaction de
cette épître aux Galates était, et est toujours, la question de
savoir quel est pour l'homme, le seul moyen de s'approcher de Dieu et
d'être agréé par Lui. Cette question fondamentale est ici
débattue victorieusement, toute équivoque est levée, et rien ne
pourra infirmer les conclusions de cette épître.
Or,
même si nous avons accepté tout ce qui précède, nous ne sommes
toujours pas à l'abri de certains conflits. Comment se fait-il,
qu'après avoir accepté cette doctrine fondamentale et l'avoir fixée
dans ses articles de foi, le Christianisme connaisse tant de conflits
? Le Christianisme primitif lui-même, bien qu'ayant accepté ce
fondement, nous renvoie l'écho de certaines divergences.
Or,
en regardant de plus près la controverse qui agite cette lettre,
nous constatons que ce n'est pas seulement le fondement qui devait
être purifié, mais ce que l'on mettait dessus également. Les
apôtres dans ce domaine, même Pierre et Jacques, manquaient parfois
de franchise (voyez ch.2 :11-14).
Les
principaux d'entre eux étaient en désaccord, non pas sur la
doctrine, mais sur ce qui était leur vraie position dans le secret
de leur cœur. Extérieurement et de manière doctrinale, ils ne
contestaient rien, mais dans les profondeurs de leur constitution
religieuse, une draconienne "circoncision," coupure et
séparation, n'avait pas encore été consumée. Ils étaient encore
attachés à leur naissance, à leur formation, leur tradition, leur
hérédité, leur héritage.
Chez
Paul, qui avait connu un enracinement plus absolu dans le Judaïsme,
qui l'avait absorbé plus qu'eux tous (1 :11-14), cette coupure
radicale, cette opération de chirurgie spirituelle, était chose
faite. Les reliquats du Judaïsme historique et les survivances de la
religion naturelle, se heurtant à l'émancipation absolue et
définitive par la Croix, provoquèrent un conflit dont la véritable
cause était la menace de voir s'altérer la vraie nature du
Christianisme, l'Évangile.
C'était
la dangereuse insinuation d'un mélange, dont Dieu avait formellement
condamné le principe sous l'ancienne alliance, en interdisant de
labourer avec un bœuf et un âne attelés ensemble, ou de porter un
vêtement tissé de laine mêlée de coton. Paul, en raison du
labourage profond qu'avait opéré la Croix dans son être le plus
intime, perça à jour cette menace contre la pureté du
Christianisme, et se leva pour assurer "la défense de
l'Évangile."
Nous
débouchons ainsi sur le conflit séculaire, non seulement entre la
Loi et la Grâce, mais entre la vraie nature du Christianisme et les
éléments qui lui ont été ajoutés. Il y a des gens que l'on
appelle Chrétiens, qui n'ont aucune expérience de la nouvelle
naissance et de la régénération, pas plus que d'une connaissance
personnelle du Seigneur ou d'une marche personnelle avec Lui. Et il y
en a beaucoup dont la conduite, la tenue et les fréquentations son
non seulement un reniement de Christ, mais un défi à la décence.
La nomenclature des écarts va de la religion de simple tradition
jusqu'à la mondanité sans voile, avec des degrés et des nuances
intermédiaires.
Nous
terminons donc en disant que le véritable enjeu de la bataille qui
est engagée, c'est la sauvegarde de la vraie nature du
Christianisme. Ce qu'il nous faut, ce sont des hommes "dont les
yeux ont vu le Roi," des hommes qui peuvent dire en toute vérité
: "Il a plu à Dieu de révéler Son Fils en moi ", des
hommes qui auront un fardeau sur le cœur : "défendre la pureté
de l’Évangile", et qui ne reculeront pas devant le prix à
payer pour le témoignage de Jésus.
C'est
au sein du "Christianisme" qu'ils se heurteront aux
oppositions qui les feront le plus souffrir. Il en a toujours été
ainsi.
2)
L’Église selon la pensée de Dieu.
Notre
attention a été attirée, une fois de plus, sur le rapport qui
existe entre la Croix, l’Église et le conflit spirituel. Ce qui
nous a surtout frappé, c'est que dans la pensée de Dieu, la Croix
doit mener directement et sans délai à l’Église. Vous permettrez
qu'avant de poursuivre j'ajoute quelques mots pour insister sur cette
vérité.
L'expression
de la vie du Seigneur Jésus dans l’Église.
Il
peut arriver qu'un message d'évangélisation soit une prédication
de la Croix, sans pour autant déboucher directement sur l'Église.
II est également possible d'enseigner le sens profond de la Croix,
c'est-à-dire ses aspects qui dépassent les questions élémentaires
de la nouvelle naissance et de la justification, sans toutefois
déboucher sur l'Église.
Dans
les deux cas ont est passé à côté de la pensée de Dieu, on a
manqué son but. Quelqu'un dira peut-être : "Tous ceux qui sont
nés de nouveau font partie de l'Église et c'est d'ailleurs par la
nouvelle naissance qu'elle est constituée. L'Église n'est-elle pas
l'assemblée de tous ceux qui sont né de nouveau ?" C'est vrai,
mais ce n'est pas de cela que je parle.
Cette
condition fondamentale, un rassemblement de Chrétiens nés de
nouveau, peut-être remplie ici ou là sans que l'on soit pour autant
en présence de la réalité pratique de l'Église. Dans ce domaine,
dans ce qui touche aux valeurs pratiques, à la réalité concrète,
on peut se trouver confronté à quelque chose qui n'est quand même
pas une expression de l'Église, le Corps de Christ.
Je
ne parle pas en ce moment de ce que certains appellent l'Église
mystique qui, quelque part, en dehors de cet univers visible,
réaliserait l'unité réelle de tous les enfants de Dieu. Je ne
cherche pas à contester cette idée, elle est peut-être juste, mais
je voudrais faire comprendre qu'il y a plus. S'il n'y avait que cela,
alors peut-être, aurions-nous eu des excuses pour tout ce qui existe
sur cette terre aujourd'hui. Nous pourrions tout accepter sans nous
poser de questions, sans connaître de souffrance intérieure, et,
continuant notre bonhomme de chemin, nous pourrions dire : "Oh !
oui, c'est vrai que les enfants de Dieu sont divisés en des milliers
de sectes et de factions antagonistes, cependant nous n'y prenons pas
garde car, dans les cieux, ils sont tous un, ils partagent une vie
commune !"
Je
suis sûr que certains d'entre nous sentent que ce n'est pas là
l'attitude que le Seigneur voudrait que nous ayons. Non, je ne parle
pas de l'Église mystique (pour employer un terme dont j'ai toujours
eu peu peur), ce qui m'intéresse, c'est l'Église réelle, l'Église
telle quelle est véritablement.
Le
Seigneur Jésus est mort afin qu'il y ait sur cette terre une
expression de ce qu'Il est, Lui, au Ciel, une expression vivante et
visible de Sa Vie. Il n'y a aucun doute que l'expression "le
Corps de Christ" signifie plus que le simple fait que tous les
membres partagent une même vie. Elle signifie que tous forment
ensemble un seul corps.
Prenez
l'exemple de nos corps humains, il peut arriver que quelque chose
vienne rompre l'harmonie de nos membres : des microbes, une blessure,
de sorte que la coordination entre eux soit perdue, qu'il n'y ait
plus de coopération, plus d'harmonie dans leur fonctionnement, que
l'anarchie s'instaure. Certains membres agiront indépendamment,
négligeant les autres. Toutefois, malgré toutes ces irrégularités,
ces incohérences, nous ne pourrons pas dire que ce corps soit habité
de deux ou trois types de vies différentes.
Nous
ne dirons pas que cet homme ou cette femme ont la vie d'un homme et
d'un chien, celle d'un oiseau et d'un poisson, deux vies qui n'ont
rien de commun, ce qui expliquerait les contradictions relevées dans
leur constitution.
Non,
il s'agit d'un seul type de vie, de la vie humaine, et à cet égard,
mon corps est une unité. Mais nous dirons que ce corps-là n'exprime
pas qu'un seul type de vie l'habite, il ne manifeste pas l'unité de
sa constitution par une activité coordonnée. C'est aussi le cas de
l'Église de tous ceux qui sont nés de nouveau. Ils partagent la
même vie, celle du Seigneur, et, cependant, dans le corps qu'ils
forment, ils ne permettent pas à cette vie de se manifester sous la
forme d'un organisme aux éléments bien coordonnés fonctionnant
dans un ordre parfait.
Et
pensez-vous qu'il suffit au Seigneur de savoir que la vie s'y trouve,
si l'expression de cette vie est un tissu de contradictions ?
Certainement non. Il ne suffit donc pas d'être né de nouveau,
d'avoir reçu la vie du Seigneur. Cette vie a été donnée dans le
seul but de produire cet organisme équilibré dont l'activité bien
réglée est le signe qu'une parfaite harmonie règne entre ses
différentes fonctions : "l'église qui est Son Corps ".
C'est de cela que je veux vous parler, car l'existence d'une Église,
une mais invisible, dont les membres partagent la même vie, ne
m'intéresse pas autant que l'Église qui est un organisme vivant
fonctionnant sous le gouvernement souverain de Christ, la Tête.
C'est à cette réalité-là que la Croix devrait aboutir.
Je
le répète, il est possible de prêcher un Évangile qui ne débouche
pas du tout sur ce que je viens de décrire. Un tel Évangile passe à
côté de l'intention de Dieu, concernant la Croix. Il peut arriver
que nous ayons un enseignement de la signification complète de la
Croix qui n'ait pas comme conséquence l'Église selon la pensée de
Dieu. Un tel enseignement n'atteint pas le but.
Nous
avons connu des enseignements de ce genre qui présentaient la
signification complète de la Croix, mais ne pouvaient rien changer à
ce que nous avons toujours vu parmi les hommes. Toutes les divisions
sont demeurées, toutes les distinctions entre les diverses sections
du Christianisme se sont perpétuées, toutes ces différences, ces
conflits ont continué d'exister en présence d'un message sur la
pleine signification du Calvaire.
C'est
qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas dans cet enseignement,
car la Croix, là où elle est vraiment reçue, où elle est libre
d'agir, ne peut que détruire tout ce qui est en contradiction avec
la pensée divine concernant l'Église. La Croix est destinée à
conduire à l'Église telle que Dieu la conçoit.
Nous
disions tout à l'heure que la Croix agissait dans différents
domaines, dans différentes
directions,
pour détruire tout ce qui empêche Dieu de réaliser Sa pensée en
ce qui concerne l'Église. Reconnaissons avant d'en étudier d'autres
que la Croix fournit le terrain sur lequel l'Église est édifiée,
et que l'Église est destinée à révéler ce que la Croix signifie.
Lorsque
l'Église approchera de l'expression complète de la pensée de Dieu,
vous verrez alors tout ce que la Croix représente et ce quelle est
capable de produire. L'Église sera l'incarnation du Calvaire.
L'Église doit prêcher la Croix, tout d'abord en la vivant. C'est
ainsi que s'ouvre le livre des Actes.
Vous
pouvez vous rappeler combien la situation était lamentable dans les
jours qui précédèrent le Calvaire et ce, malgré la présence de
Christ parmi les hommes. Tous ces vieux ferments de division, ces
luttes, ce besoin d'affirmer ses droits, vous les retrouvez dans les
Évangiles, même parmi les disciples, et même parmi ceux qui
étaient les plus proches de Lui. Mais lorsque la Croix est devenue
un fait accompli et que le Saint-Esprit en a fait pénétrer toute la
valeur dans la vie de cette communauté, alors vous avez une
révélation magnifique de ce que la Croix produit : "Car ils
avaient tout en commun et aucun ne disait que ce qu'il possédait lui
appartint en propre".
Quelque
chose s'était passé, tout intérêt personnel avait disparu et les
rivalités d'autrefois n'existaient plus. Désormais, tout ce qu'ils
avaient était pour les autres, et c'est l'amour, la joie et la paix
qui régnaient. Les derniers versets d'actes 2 sont une révélation
magnifique de ce que la Croix peut faire dans un peuple. Et le
Seigneur souhaite qu'il en soit toujours ainsi.
Lorsque
vous arrivez aux épîtres aux Corinthiens, à cette situation qui se
trouve en contradiction absolue avec ce qu'est l'Église dans la
pensée de Dieu, la seule solution, c'est de ne connaître rien
d'autre que "Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié."
Pour
ramener l'Église à ce quelle devrait être, il faut toujours
revenir à la Croix. En trouvant dans la Croix son terrain et ses
moyens, l'Église devient l'incarnation de tout ce que la Croix
représente. Ces principes deviennent une réalité lorsque Dieu
obtient que Son peuple se conforme à Sa pensée. Si donc l'Église
est le fruit de la Croix, elle doit en illustrer la nature et la
signification.
Quelle
est l’œuvre de la Croix ? Quelle est la fonction de la Croix ?
Nous avons déjà étudié ces questions dans trois directions
différentes : Dieu, l'homme et Satan. Il nous reste à voir une ou
deux conséquences de l’œuvre de la Croix, qui portent dans les
trois directions à la fois.
La
Croix, fin de toute idolâtrie.
Avant
tout, la Croix met un point final à toute forme d'idolâtrie.
Réfléchissez à ce problème quelques instants. A l'idolâtrie est
liée une longue histoire, une histoire lourde de conséquences. Ce
que je vais dire maintenant peut être vérifié tout au long des
Écritures, mais si nous voulons rassembler tous les éléments et
passer en revue tous les événements qui s'y rapportent, il nous
faudrait un temps considérable. C'est que, si nous connaissions la
vérité, nous verrions que l'idolâtrie se trouve derrière tout ce
qui a rendu la Croix de Christ nécessaire.
Lorsque
la Croix devient vraiment vivante et efficace, son oeuvre est de
détruire toute idolâtrie sous une forme ou une autre. Je crois
qu'il vous sera difficile de saisir ces choses pour le moment, mais
nous allons quand même poursuivre.
La
Croix, dans son essence même, est liée à l'adoration. C'est là,
en dernière analyse, la signification suprême et le but d'un
univers qui converge tout entier vers la Croix. C'est-à-dire que,
depuis la chute, la Croix de Christ est devenue le centre de
l'univers, et qu'elle doit l'envahir en partant de son centre pour
atteindre sa circonférence. Par sa nature même, la Croix a une
position centrale et une portée universelle, tandis qu'au cœur même
et aux frontières de l'univers, ce qui seul compte, c'est
l'adoration.
Si
vous compreniez le sens de l'adoration, vous verriez aussi que
l'idolâtrie est toujours ce qui, directement ou indirectement,
retire ou tend à retirer son caractère absolu à cette vérité que
"Dieu seul est la vie de l'homme."
Dieu
a voulu être la source, l'origine et le centre de la vie de l'homme.
Ainsi l'homme, pour subsister, dépend absolument de Dieu, ce n'est
qu'en Lui qu'il peut trouver sa vie. Dieu a établi des liens
indissolubles entre l'homme et Lui, et II ne permettra jamais que
l'homme ait la vie authentique en dehors de Lui. Il en a fait une loi
dans Son univers : L'homme ne peut vivre vraiment, il ne peut
connaître le sens que Dieu a donné à la vie, en dehors de Lui.
Dieu est la vie de l'homme, et tout ce qui se substitue chez l'homme
à la vie de Dieu est une idolâtrie. De même, tout ce qui l'en
éloigne ou tend à l'en éloigner est, en principe, une idolâtrie.
Retenez bien que c'est Dieu en Personne qui est la vie de l'homme et
son centre. Nous y reviendrons plus loin.
Ce
qu'est l'idolâtrie.
L'idolâtrie,
c'est tout ce qui ne fait pas de Dieu le fondement ou le but de la
vie de l'homme. Cette définition va très loin, car nous avons
l'habitude de croire que l'idolâtrie, c'est adorer les idoles des
païens.
Parfois,
nous en faisons quelque chose de plus actuel, en disant qu'il s'agit
de ce que les gens mettent à la place de Dieu. Mais l'idolâtrie va
beaucoup plus loin, jamais les Écritures ne la considèrent comme un
élément négatif ou passif.
Dans
la Parole de Dieu, l'idolâtrie est toujours présentée comme une
force agissante mise en œuvre par un cerveau ennemi de Dieu. Ce
cerveau satanique a toujours comme premier souci et comme objectif
immuable d'arriver par tous les moyens à mettre quelque chose à la
place du Seigneur.
Il
se peut, voyez-vous, que nous mettions les choses du Seigneur à la
place du Seigneur Lui-même, et ceci, dans son essence, c'est de
l'idolâtrie. A la place du Seigneur qui est la raison de vivre de
l'homme, on a mis Son oeuvre et ce qu'Il a institué : c'est de
l'idolâtrie. Et la Croix a toujours été employée par le
Saint-Esprit pour détruire tout ce qui prend la place du Seigneur,
la place qui Lui revient de droit. L'idolâtrie a toujours été
religieuse et la religion chrétienne, comme les autres, peut être
marquée par l'idolâtrie.
Ce
sont des paroles sévères mais justifiées. L'idolâtrie existe, en
principe, chaque fois qu'une chose, même bonne, devient une fin en
soi au lieu de mener à Dieu, le Seigneur. Il existe des œuvres et
des institutions qui sont non seulement inoffensives, mais même très
bonnes, et auxquelles, pourtant, on a permis de prendre la place du
Seigneur. Ainsi de bonnes choses peuvent incarner le principe de
l'idolâtrie chez ceux gui leur ont donné leur vie.
Touchez,
devant certains Chrétiens, à telle ou telle institution chrétienne
et, même si votre tentative a pour but de leur apporter quelque
chose de plus du Seigneur, vous vous heurterez à un sentiment de
vénération jalouse envers l'institution, qui les rend complètement
aveugles, incapables d'imaginer une mesure plus grande du Seigneur.
Il
peut vous arriver d'être tellement consacré, tellement dévoué à
une dénomination, à une société missionnaire, à une quelconque
oeuvre chrétienne, qu'il n'y ait plus de place en vous pour une
mesure plus grande du Seigneur.
La
chose est devenue une fin en soi, votre raison de vivre, et lorsque
le Seigneur veut vous faire découvrir quelque chose de plus de Sa
Personne, l'obstacle est devenu cette bonne oeuvre, cette
association, cette institution ou cette tradition chrétienne.
Une
telle attitude est dans son essence une forme d'idolâtrie, et
l'histoire nous rappelle combien de fois le Seigneur a dû donner des
coups terribles à ce qui était bon en soi, afin de S'assurer que
Son peuple le recherche Lui, et Lui Seul.
Cela
même qu'Il a pu donner de Sa main, à un moment ou à un autre, a dû
être retiré ou détruit parce que le don était devenu une fin en
soi. C'est ce qui est en train de se passer de nos jours, et il est
indispensable que le Seigneur agisse ainsi.
Aujourd'hui,
le Seigneur ne protège plus les bonnes choses. Si elles ont évolué
de telle manière que les hommes leur aient donné leur vie et s'y
soient attachés, Il va permettre qu'elles soient brisées et
complètement détruites.
La
personne même de Dieu, vie et bien suprême de l'homme.
Que
recherche Dieu aujourd'hui ? II veut faire de Sa Propre Personne la
raison de vivre de l'homme, à l'exclusion des choses qui ont rapport
avec Lui. Je le répète, chaque fois que vous touchez à une
institution ou à une oeuvre qui porte le nom du Seigneur, même si
c'est dans le but de faire avancer les gens avec le Seigneur, vous
vous heurtez à une opposition farouche.
Inversement,
si l'appel que vous adressez aux gens d'aller de l'avant avec le
Seigneur paraît impliquer qu'il leur faille se séparer de telle ou
telle institution ou oeuvre chrétienne, alors la guerre est
déclarée. Ce qui montre que Satan, dans la campagne permanente
qu'il a engagée pour promouvoir l'idolâtrie, a réussi à
s'introduire parmi les Chrétiens au niveau de ces choses qui,
quoique bonnes, très bonnes même, prennent la place du
Seigneur.
Et
vous verrez, si vous êtes sensibles spirituellement, que ce n'est
pas aux institutions établies que vous aurez à faire, mais à une
puissance spirituelle redoutable. En avez-vous déjà fait
l'expérience ? C'est en tout cas une réalité terrible. Si je ne
m'y étais pas personnellement heurté, je n'aurais jamais cru qu'il
y avait des forces si formidables derrière les institutions
chrétiennes, prêtes à vous faire la guerre si votre ministère les
touche. Ce n'est pas l'institution elle-même ou ceux qui la
défendent, mais une puissance qui menace votre vie, qui veut vous
détruire. Or, dans son principe et dans son essence, cette
puissance, bien-aimés, c'est l'idolâtrie. Car finalement, le
résultat de son action, c'est que le Seigneur ne peut obtenir ce que
Son amour recherche, qu'Il n'arrive pas à amener Son peuple là où
Il le veut, parce que Son peuple s'est laissé prendre par l’œuvre
de Dieu. Les enfants de Dieu ne sont pas capables de faire la
distinction entre les choses du Seigneur et la Personne du Seigneur.
La
Croix fera table rase de tous ces obstacles. Ce qui est merveilleux,
c'est que cette action est la conséquence inévitable d'une oeuvre
authentique du Saint-Esprit. Mettez donc ce principe à l'épreuve
dans votre propre cas. Qu'en fut-il de Saul de Tarse ? Essayez de
toucher aux institutions qu'il défend, au Judaïsme et à tout son
système religieux, et vous verrez ce qui vous attendra. La force
d'un bigot, certes, mais plus encore, toutes les puissances
spirituelles de l'enfer.
Existe-t-il
quelque chose dans l'univers de Dieu qui puisse faire fasse à
pareille opposition, avoir raison d'elle, la détruire et s'en
débarrasser totalement, en sorte qu'elle n'ait plus aucun pouvoir
sur l'homme ?
Il
n'existe rien de semblable dans tout l'univers de Dieu, si ce n'est
la Croix du Seigneur Jésus. Elle seule est capable de le faire, elle
seule l'a effectivement fait.
Il
ne s'agissait pas, dans le livre des Actes, d'un développement
nouveau du Judaïsme, de l'absorption de nouvelles idées qui
auraient supplanté les anciennes, mais d'une destruction totale. La
Croix, Jésus-Christ crucifié, en furent les artisans. Et il y a
bien d'autres exemples similaires.
Chaque
fois qu'elle en a l'occasion, la Croix intervient avec une puissance
extraordinaire pour détruire tous ce qui a pris la place du
Seigneur, et Lui permettre de devenir ce qu'Il a toujours voulu être
: la vie de Son peuple et son bien suprême.
C'est
l’œuvre de la Croix. Elle se débarrasse des formes visibles et du
principe même de l'idolâtrie, détruisant par la même occasion les
œuvres de l'ennemi et retirant à Satan les fondements de sa
puissance. La Croix du Seigneur Jésus donne à Dieu la place qui Lui
revient, la place de souveraineté absolue.
Nous
comprenons peut-être un peu mieux pourquoi le Seigneur doit retirer
certaines choses qu'il a Lui-même données, et qui sont des dons de
Sa grâce. Nous comprenons pourquoi Il S'efforce de nous amener à
tout Lui abandonner et à ne rien considérer comme une fin en soi,
de nous maintenir détachés intérieurement de tout, afin qu'à tout
moment nous puissions, sans aucune difficulté, laisser tomber notre
position, notre ministère ou notre oeuvre pour le Seigneur,
n'importe quoi et tout. Ce que nous avons, ce que nous sommes, nous
en disposons pour le Seigneur. Nous laisserions volontiers notre
place à d'autres sans aucune trace de jalousie, sans amertume.
C'est
pour cette raison que le Seigneur pouvait employer des termes si
élogieux de Moïse "Moïse, mon serviteur !" "Moïse,
l'homme de Dieu !" Voilà les titres, les distinctions de Moïse.
Pourquoi
donc ? Vous vous rappelez que certains en Israël avaient contesté
la position de Moïse : "Est-ce seulement par Moïse que
l'Eternel parle ? N'est-ce pas aussi par nous qu'il parle ?" Et
puis, plus tard, quand Dathan, Abiram et leurs partisans le
réprimandèrent, et Aaron avec lui, en disant : "C'en est trop,
car toute l'assemblée, tous sont saints, et l'Eternel est au milieu
d'eux. Pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l'assemblée de
l'Eternel ?
"
Que fit Moise ? Est-ce qu'il combattit pour garder sa position ?
Chercha-t-il à se justifier? Se laissa-t-il sombrer dans un noir
désespoir en se voyant contesté et sur le point de perdre sa place
? Non, il se tourna vers l'Eternel et lui dit : "Puisque Tu m'as
donné cette position, aussi longtemps que Tu voudras m'y maintenir,
Il Te faudra veiller sur moi et me rendre capable de remplir mon
ministère. Mais si Tu veux que je me retire, je suis prêt à m'en
aller, si Tu veux me remplacer par eux, je n'y vois aucune objection
!
Puisse
tout le peuple de l'Eternel être composé de prophètes !"
Telle fut son attitude, et le Seigneur dit : "Je suis tout à
fait disposé à te donner ma caution et à m'engager à tes côtés."
Et c'est ce qu'Il fit. Vous savez ce qui arriva à Abiram, à Dathan
et à leurs partisans. La douceur et l'humilité de Moise furent la
caractéristique dominante de sa vie : "Or Moïse était un
homme fort patient, plus qu'aucun homme sur la face de la terre"
(Nombres 12 :3) (Synodale et Darby : "un homme fort doux").
En quoi consistait cette patience, cette douceur ? Tout ce
qu'il avait entre les mains, il en disposait pour le Seigneur et non
pour lui-même. Avec une telle attitude, il n'est jamais difficile
d'accepter que nous soit retiré, quand il le faut, ce qui nous a été
donné par le Seigneur.
Mais
hélas, il n'en est pas toujours ainsi des Chrétiens. Si par hasard
vous touchez à leur oeuvre, ou si vous vous trouvez en travers de
leur ministère, alors à quelle opposition ne vous heurtez-vous pas
! C'est de l'idolâtrie.
La
Croix en finit avec cela, et, lorsqu'elle aura fait son oeuvre en
nous, nous deviendrons patients et très doux, nous ne retiendrons
rien pour nous-mêmes, nous disposerons de tout pour le Seigneur et
pour Sa gloire. Et, lorsqu'on nous retirera quelque chose, nous
n'aurons aucune difficulté à céder, nous pourrons sans peine nous
retirer et laisser les autres prendre la place. Ce sera au Seigneur
de décider, et nous laisserons au Seigneur toute liberté d'action.
Tel est le résultat du passage de la Croix, bien-aimés !
Aucun
de nous n'aura à se faire du souci pour l'accomplissement de son
ministère, quand 1'œuvre de la Croix lui aura appris à
s'abandonner aux intérêts du Seigneur. Le Seigneur veillera à ce
que, lorsque la course sera terminée, ce qu'Il avait l'intention
d'accomplir dans notre vie soit réalisé envers et contre toutes les
oppositions des hommes et des démons. Ce ne sera peut-être pas de
la manière à laquelle nous avions pensé, mais ce sera fait.
Dieu
aura préservé ce qui fait la valeur de nos vies. Il ne permettra
pas la perte. Tout ce qui est contraire à cette attitude est, dans
son principe même, de l'idolâtrie, et la Croix y est absolument
opposée. C'est la raison pour laquelle, comme nous l'avons déjà
dit, le Seigneur est si souvent obligé de retirer les dons que Sa
main a faits, parce qu'au cours des années ils ont pris Sa place.
La
Croix ôte la malédiction de Babel.
Encore
un ou deux mots avant de conclure pour dire que la Croix ôte la
malédiction de Babel. Qu'est-ce que donc que Babel ou Babylone, et
qui est Babel à son apogée ? C'est d'abord le principe selon lequel
l'homme possède en lui-même le pouvoir de se sauver : "Bâtissons
une tour et faisons-nous un nom" (Genèse 11 :4).
Ceci
c'était, comme vous le savez bien, la réaction des hommes au
déluge. Si Dieu devait décider de noyer de nouveau le monde entier,
eux auraient trouvé le moyen de se sauver grâce à cette tour
s'élevant jusqu'aux cieux, qui les porterait plus haut que tout ce
que Dieu pourrait atteindre, leur donnant ainsi un salut forgé de
leurs propres mains.
Personne
de nos jours ne pourrait tenir un langage pareil, mais le principe
qui se trouve derrière ces paroles est humain et revient à croire
qu'il existe dans la nature de l'homme une vertu qui, si elle était
développée et nourrie, lui permettrait de se sauver par ses propres
forces, d'être délivré par ses propres ressources. C'est là Babel
ou Babylone : "Voyez Babylone la grande, que j'ai bâtie"
(Daniel 4 :30).
Babel
et Babylone représentent ce que peut faire le "moi", leur
rôle est de glorifier l'homme. Dans l'intention de Dieu la destinée
de l'homme est d'aboutir à la gloire, mais c'est le moyen d'y
parvenir qui constitue le problème. Dieu dit que l'homme n'arrivera
à réaliser sa destinée que grâce à la Croix du Seigneur Jésus,
par laquelle il est totalement vidé de tout ce qu'il est en
lui-même. C'est là, la voie du Fils de l'Homme, qui Se dépouilla
Lui-même et fut finalement couronné de gloire et d'honneur.
Mais,
par sa nature, l'homme ne prend pas spontanément cette voie. Vous
voyez, Babylone n'est, après tout, que le principe qu'incarnent la
Bête et le Faux Prophète. C'est ce que l'homme a en lui-même et ce
sur quoi il compte pour arriver à son salut. Personne parmi nous
n'oserait adopter consciemment une attitude pareille, et, cependant,
tôt ou tard nous nous laissons prendre au piège. Je doute qu'il y
en ait un seul parmi nous qui ne soit jamais tombé dans cet
égarement. Ne vous est-il jamais arrivé de sonder votre cœur en
cherchant à y trouver quelque chose qui vous procurerait joie et
satisfaction, qui vous donnerait l'impression d'être en paix avec
Dieu, en bons termes avec Lui ? Vous le faites constamment, chaque
fois que vous vous lamentez sur vous-même, par exemple.
Vous
voyez, il n'y a que deux possibilités : "Se lamenter sur soi ou
se réjouir dans le Seigneur." Et ceux qui ont le plus de
raisons de désespérer d'eux-mêmes sont justement ceux qui
devraient être les plus joyeux dans le Seigneur, si seulement ils
savaient sur quelle base Il sauve. Car le salut de Dieu est très
pratique : "Tu es l'être le plus misérable, le plus incurable
qui soit, et en toi-même tu ne seras rien de plus. Cependant, grâce
à la foi que tu as en Mon Fils, Je considère que tu n'as jamais
péché." C'est là le fondement du salut de Dieu. Si seulement
nous pouvions vraiment nous en pénétrer, nous serions libérés de
nos lamentations sur nous-mêmes, et la joie et le repos du Seigneur
seraient l'inexpérience constante de nos vies. Toute autre attitude
que celle-là, bien-aimés, c'est la malédiction de Babel.
Dieu
a mis Sa malédiction sur le principe du salut par nos propres forces
et sur tout ce qui est une recherche d'une gloire personnelle. Si
vous vous laissez prendre par cet esprit, vous serez abattus et
misérables, car vous vous trouverez sous une malédiction terrible.
Tout ce que nous venons de dire s'applique à l'Eglise et quand nous
chantons : "Ton Église triomphante, ô Saint Agneau." Ne
pensons pas qu'il s'agit d'un bel idéal que nous devons atteindre
dans un avenir lointain. Nous sommes conviés à le vivre aujourd'hui
même ! Dans la pensée de Dieu, l'Église est l'incarnation du
message de ce cantique. En elle-même, vile et méprisable, mais, en
Christ, infiniment glorieuse, promise par la foi dans le Seigneur
Jésus à un merveilleux avenir, telle est la vocation de l'Église,
tel est l'aboutissement de l’œuvre de la Croix.
Si
la Croix annule le principe de la malédiction de Babel, elle touche
également à la conséquence directe de cette malédiction, au
ferment de division que contient la nature humaine. Lorsque Dieu
descendit maudire les constructeurs de la tour, Il jeta la confusion
parmi eux, de sorte qu'à partir de ce moment, ils se divisèrent en
une multitude de petits groupes ayant chacun une langue différente,
totalement incapables de comprendre les autres, de marcher avec eux
dans l'harmonie et la bonne entente. Ils n'avaient plus rien de
commun, plus de base de communion. Ils étaient éparpillés, dans la
confusion, complètement désintégrés.
Le
Calvaire répond à ce problème, il détruit tous les éléments de
division de la nature humaine, il en triomphe et les transcende. Bien
entendu, dans une certaine mesure, nous en avons fait l'expérience.
Mais, il y a plus, l'Église doit être l'incarnation du Calvaire et
ce n'est pas une petite affaire. L'Église, l'incarnation de ce
principe, malgré ce que nous connaissons de son état sur cette
terre, mais oui, il nous faut le répéter, il ne s'agit pas de
quelque chose de mystique, d'abstrait, de théorique, mais d'une
réalité pratique, d'une réalité vécue aujourd'hui sur cette
terre.
Il
se pourrait que, comme ce fut le cas d'Israël après la captivité,
la vraie représentation de la pensée de Dieu ne se trouve que dans
un reste. Mais il faut qu'elle existe visiblement, c'est Dieu qui le
veut. Et tout cela doit nous toucher de très près. La Croix nous
débarrasse de ces traces de la malédiction qui, dans votre nature
et dans la mienne, dans notre chair, nous Son peuple, provoque les
divisions, les malentendus et les conflits.
Ce
sont les marques de la malédiction, et il faut que la Croix les
détruise. Elle doit nous élever, vous et moi, à un niveau où un
principe plus grand opère en nous et nous maintient dans l'unité
malgré le poids du passé. Ce qui est merveilleux dans la Croix,
c'est qu'elle permet à une communion fraternelle de se perpétuer,
malgré tout ce qui, dans la constitution de la nature humaine, dans
ses différences de tempéraments et de prédispositions, constitue
un redoutable obstacle à la vie en commun. Elle forme un rempart
contre les assauts directs et répétés de Satan, qui cherche par
tous les moyens à la détruire.
La
Croix est capable de garder à la communion fraternelle son unité et
son harmonie et de la faire durer jusqu'à la fin sans se
désintégrer. Tout ceci à condition que la Croix reste constamment
une réalité vivante. Si vous rencontrez une telle communion
fraternelle, vous saurez que la Croix y est une réalité pratique et
triomphante. S'il y a des discordes et des divisions, c'est sûrement
parce que les enfants de Dieu n'ont pas accepté certaines
implications de la Croix.
J'ai
souvent pensé que le don des langues au commencement n'était qu'un
aspect du triomphe de la Croix sur les oeuvres de Satan et sur la
malédiction. Je ne le recherche pas particulièrement en ce moment,
mais j'ai souvent imaginé que, lorsqu'ils se réunissaient dans un
même lieu à Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la
Mésopotamie et d'autres contrées, ils entendaient, ensemble, et
comprenaient tout ce qui se disait dans leur langue maternelle, comme
s'il n'y avait eu qu'une seule langue. Dieu, par la Croix de Son
fils, avait annulé Babel, quel triomphe ! Nous en resterons là
pour l'instant, mais nous savons qu'à la fin, quoique nous ayons été
tirés de toutes les nations, tribus et langues, nous parlerons tous
la même langue, une langue céleste.
Nous
dirons peut-être : "Si ce n'est qu'un signe (et c'est un
signe), que signifie-t-il donc ?" Il signifie que la Croix est
le secret, le fondement du témoignage de l'Église, et que l'Église
doit être l'incarnation de son triomphe définitif sur ces éléments
de division et de destruction qui se trouvent dans la race humaine,
en vous et en moi. II faut quelle influe chaque jour sur nos rapports
les uns avec les autres.
Plus
nous connaîtrons la Croix et mieux nous nous entendrons, et plus
vite nous pourrons surmonter tout ce qui nous blesse et nous divise.
Dans ce domaine donc, l'existence même de l'Église est le résultat
de l’œuvre de la Croix.
Nous
en avons assez dit pour le moment. Ce message demande une réaction
de notre part, il nous adresse un appel très solennel. Que le
Seigneur nous rende capables d'y répondre, de répondre à l'appel
de la Croix dans tout ce qu'il représente et implique pour nos vies.
L'Église est une réalité, et une réalité des plus concrètes.
Demandez sans plus tarder au Seigneur de vous faire comprendre que
l'Église est plus que quelque chose de mystique, d'abstrait, de
lointain. Il faut qu'elle entre dans l'expérience de notre vie
quotidienne et en devienne partie intégrante. Vous avez dit avoir vu
l'Église, le Corps de Christ, vous en avez rendu témoignage, mais
quel effet cela a-t-il eu sur vous ?
Est-ce
que vous continuez à mener une vie indépendante, à vous diriger
tout seul, à faire vos projets personnels sans consulter personne,
sans rechercher la communion des frères ? Est-ce que vous continuez
à violer ces lois de la communion fraternelle et de la vie du Corps,
ne voulant rendre compte qu'à vous-même ? Si vous en êtes encore
là, et dans la mesure où vous n'avez pas changé, vous ne
connaissez pas la Croix et encore moins l'Église. Vous ne pourrez
pas connaître l'Église avant d'avoir connu la Croix. Vous ne savez
rien de la Croix, elle n'a fait aucune oeuvre en vous. Si vraiment la
Croix agit en nous, nous nous placerons spontanément sur le terrain
de l'Église, le terrain de la communion fraternelle, de la
dépendance les uns des autres, de la coopération. Oh ! Que le
Seigneur nous confronte avec les conséquences pratiques de ce que
nous croyons !
En
Christ : un petit mot qui en dit long.
Aucune
formule, aucune expression ne se rencontre dans le Nouveau Testament
plus souvent que cette petite locution : "en Christ." Elle
se présente parfois sous des formes différentes dans nos Bibles,
suivant les traductions. Nous aurons par exemple : "par le
Christ" ou "avec Christ." Quelquefois, même dans
l'original, on pourra avoir : "en Jésus-Christ" ou "en
Lui" ou une autre forme équivalente. Mais dans les quelque deux
cents passages où cette locution apparaît, le sens est le même.
Dans l'ensemble du dogme chrétien, il n'y a rien qui soit plus
expressif, mais il n'y a rien non plus qui soit plus mal compris, et
dont la valeur soit plus méconnue.
Dans
une déclaration qui est le couronnement de tout ce qu'on peut dire
et penser sur la question, les Écritures nous apprennent que Dieu a
réuni, ou plus exactement, "récapitulé" "toutes
choses" en Christ", et qu'en dehors de Lui, il n'existe
rien qui puisse prétendre à une place quelconque dans Son dessein
éternel (Ephésiens 1 :10). Tout ce qui se rapporte à ce dessein
éternel, plan, méthodes, ressources, aussi bien que le temps et
l'éternité, est christocentrique.
La
création est en Christ.
La
vie est en Christ.
La
grâce magnifique est en Christ (Eph.1 :6).
La
rédemption est en Christ.
La
justice est en Christ.
L'espérance
est en Christ.
La
sanctification est en Christ.
Les
bénédictions spirituelles sont en Christ.
La
consolation est en Christ.
La
paix est en Christ.
La
prière efficace est seulement en Christ.
La
force et les richesses sont en Christ.
Le
dessein éternel est en Christ.
La
nouvelle création est en Christ.
Les
promesses sont en Christ.
C'est
en Christ seulement qu'il n'y a plus de condamnation.
C'est
en Christ qu'il n'y a qu'un seul Corps.
La
récapitulation de toutes choses est en Christ.
Les
liens unissant les Chrétiens dans l'affliction sont en Christ.
La
réponse à "qui nous séparera ?", est en Christ.
C'est
en Christ que se trouve l'homme devenu parfait,
La
collaboration dans le ministère est en Christ (Rom. 16 :9).
Il
y a les églises qui sont en Christ.
Il
y a les morts en Christ.
C'est
en Christ qu'il y a un seul homme nouveau.
C'est
en Christ que nous avons tout pleinement.
Cette formule embrasse l'éternité passée, les temps et l'éternité
future. C'est en Christ, avant la fondation du monde, que Dieu nous a
élus (Eph.1 :41 ; 1 Pi. 5 :10). Dans le temps, ce fait éternel et
céleste prend corps et devient, par la Croix une réalité concrète,
une expérience personnelle. Comme on va le voir, la Parole de Dieu
exprime cette réalité en une série de termes qui représentent une
progression les uns par rapport aux autres. Mais le principe est
toujours le même.
"....devenus
une même plante avec Lui par la conformité à sa mort"
(Romains 6 :5).
"...rendu
à la vie avec Lui" (Ephésiens 2 :5).
"...ressuscités
ensemble en (Jésus-Christ)" (Ephésiens 2 :6).
"...assis
ensemble en (avec) Jésus-Christ" (Ephésiens 2 :6).
"
...rapprochés... en Christ" (Ephésiens 2 :13).
"
...parfaitement unis" (1Corinthiens 1 :10).
"
...bien coordonné (tout l'édifice)" (Ephésiens 2 :21).
"
...noués ensemble" (Col. 2 :2, version anglaise).
"
...édifiés" (c'est-à-dire cimentés les uns aux autres)(Eph.2
:20).
"
...que nous vivions ensemble avec Lui" (1 Thes. 5 :10).
"
...travaillant avec Lui" (2 Corinthiens 6 :1).
"
...combattant ensemble d'une même âme" (Phi. 1 :27).
"
...assemblés en Son nom" (Matthieu 18 :20).
A la fin de cette dispensation, quand tout ce qui précède aura eu
son accomplissement, nous atteindrons le point culminant, en étant
enlevés tous ensemble avec Lui (1 Thes. 4 :17).
L'éternité
enfin pointe à l'horizon, et nous voyons dans Romains 8 :17 que nous
sommes "glorifiés avec Lui."
Dans
le même ordre d'idée, nous avons le diptyque paulinien : "En
Adam - En Christ", diptyque qui est en réalité, non pas de
Paul, mais de l'Esprit de vérité, l'Esprit de Dieu. C'est, d'une
part, le système qui nous rattache par nature à Adam et à
l'ancienne création et, d'autre part, un régime nouveau et
différent, qui est la conséquence de notre incorporation à Christ.
En
Adam
"Dieu
lui insuffla un souffle de vie" (Genèse 2 :7).
En
Christ
"Il
souffla sur eux et dit : recevez le Saint-Esprit" (Jean 20 :22).
En
Adam
"Le
premier Adam devint une âme vivante" (1 Cor. 15 :45).
En
Christ
"Le
dernier Adam devient un esprit vivifiant" (1Cor. 15 :45a).
En
Adam
"Le
jour où tu en mangeras, certainement tu mourras" (Gen. 2 :17).
En
Christ
"Nouveauté
de vie" (Romains 6 :4).
En
Adam
"Tous
meurent en Adam" (1 Cor. 15 :22).
En
Christ
"Tous
revivront en Christ" (1 Cor. 15 :22).
En
Adam
"La
loi du péché et de la mort" (Rom. 8 : 2).
En
Christ
"La
loi de l'Esprit de vie" (Romains 8 :2).
En
Adam
"Il
est devenu chair" (Gen. 6 :3) (version littérale).
En
Christ
"Non
pas selon la chair, mais selon l'Esprit" (Romains 8 :4).
En
Adam
"La
chair ne sert de rien" (Jean 6 :63).
Le
"Moi" = échec (Ro.7).
En
Christ
"Esprit"
= victoire.
En
Adam
"Le
vieil homme qui se corrompt" (Eph. 4 : 22).
En
Christ
"L'homme
nouveau créé dans la justice et la sainteté" (Eph.4 : 24).
En
Adam
"L'homme
naturel... l'affection de la chair" (1 Cor. 2 :14, Ro.8 :6).
En
Christ
"L'homme
nouveau" (Col. 3 :10).
En
Adam
"Dans
ma chair… rien de bon" (Rom. 7 :18).
"La
chair... la corruption" (Gal. 6 :8).
En
Christ
"Nouveauté
d'Esprit" (Ro.7 :6) " … par la conformité à sa
résurrection" (Romains 6 :5).
En
Adam
"Ce
qui est né de la chair est chair" (Jean 3 :6).
En
Christ
"Ils
ont crucifié la chair" (Galates 5 :24).
En
Adam
"La
fin de ces choses, c'est la mort" (Romains 6 :21).
En
Christ
"
... notre vieil homme a été crucifié" (Romains 6 :6).
Toutes ces expressions, qui ne sont que de simples citations des
Écritures, mettent en lumière le fait que Dieu a établi une
séparation absolue entre les deux régimes ; ils s'excluent l'un
l'autre. Un examen attentif de ces passages nous aidera en outre à
reconnaître cette réalité fondamentale :
Aucun
homme ne peut vivre la vie chrétienne. Il n'y en a qu'un qui puisse
vivre cette vie-là, c'est Christ. Notre incorporation doit être
une expérience si réelle que ce soit Lui, en fait, qui vive Sa vie
par nous, membres de Son Corps, de telle sorte que ces paroles bien
connues se vérifient pour nous : "Pour moi, vivre, c'est
Christ." Quand le forgeron a mis le fer au feu, c'est à la
fois le feu qui est dans le fer et le fer qui est dans le feu. Il en
est de même pour nous, nous devons d'abord accepter la position qui
nous à été réservée à la Croix, avant que Christ puisse
manifester Sa vie à travers nous.
Christ
et Son Corps.
Il
est une vérité que Christ a soulignée avec beaucoup d'insistance,
et sur laquelle il est important que nos yeux soient ouverts. C'est
que, dans un certain sens, après être entré dans ce monde comme
dans Son héritage légitime, il n'a jamais été dans l'intention de
Christ de S'en absenter. Il est venu pour le racheter, pour poser les
bases juridiques de Sa souveraineté sur lui, et pour étendre
progressivement Son règne sur l'ensemble de Son territoire. Il
accomplit tout cela en étant personnellement présent, sous l'une ou
l'autre forme qu'Il a choisie pour Se manifester. S'il a beaucoup
parlé de Son départ, de Son retour auprès du Père, Il s'est
exprimé avec non moins de clarté sur Sa présence : " Voici,
je suis avec vous jusqu'à la fin du monde."
Plus
tard, parlant de ce mystère caché de tout temps et dans tous les
âges, Paul dira que sa grande caractéristique c'est : "Christ
en vous, l'espérance de la gloire." La présence physique
de Christ dans le monde avait un double but. Il s'agissait
premièrement de manifester par Sa vie la nature, les ressources, les
principes régulateurs, les intérêts et la puissance de cette
Présence, dans les jours qui succéderaient à Son Ascension.
Le
second but de Sa présence matérielle dans ce monde était de rendre
tout cela possible et réel par l’œuvre qu'il allait accomplir à
la Croix.
Celui
qui est venu de Dieu parle de la nécessité d'être "né de
l'Esprit" pour que la volonté de Dieu puisse se faire sur la
terre comme elle est faite dans les cieux. Et Il montre en même
temps quelle est la nature de cette nouvelle naissance. D'autre part,
au seuil même de Son ministère, Il introduit la Croix sous la forme
du baptême. A partir de ce moment-là, toutes Ses paroles et tous
Ses actes s'éclairent de la lumière de la Croix et se nourrissent
de sa puissance.
L'enseignement
de Christ ne sera efficace, et les œuvres faites en Son Nom ne
seront durables, que si c'est la Croix qui en est le fondement.
Essayer de propager "la doctrine de Jésus" ou d'accomplir
Ses œuvres, en rejetant tout ce que ce fondement de la Croix
représente pour Lui, c'est travailler en vain. Jamais le Père
n'agréera de tels efforts.
Nous
reprendrons cette pensée plus tard. Qu'il nous suffise, maintenant,
de comprendre ceci : c'est que, ayant, par Sa présence personnelle
et physique, posé les bases de Son oeuvre à venir et montré quelle
en serait la nature, Jésus a, par la Croix, accompli quelque chose
qui permet aux hommes d'atteindre le plan sur lequel Il était
Lui-même, d'entrer dans Son royaume, Il a ensuite échangé Sa
présence individuelle distincte contre une présence corporative et
universelle. C'est ainsi qu'a vu le jour l'Église, qui est Son
Corps, instrument permanent de Son incarnation mondiale. C'est là
l'unique sorte d'Église qu'il reconnaît : "Ceux qui sont
attachés au Seigneur, sont un seul Esprit avec Lui." La nature
de cette union fera également l'objet de nos considérations
ultérieures.
Le
terme "Corps" employé ici n'est pas une simple métaphore.
Les membres de Son Corps sont, pour Christ, exactement ce que nos
corps physiques sont pour nous-mêmes, des moyens d'action, ou
d'expression, des organes servant à la manifestation extérieure de
notre personnalité. Cette vérité-là jette un jour nouveau sur
bien des choses affectant notre vie et notre service. L'efficacité
de "notre travail pour le Seigneur" et de "nos
prières" est déterminée par des principes bien plus profonds
que nous ne le pensons.
II
ne faut pas croire qu'il suffise d'entrer dans l’œuvre de Dieu, de
faire ses plans, d'établir son programme, d'organiser son temps, de
mettre sur pied une entreprise chrétienne, pour que, nécessairement,
le sceau et la bénédiction de Dieu viennent couronner nos
efforts.
Prier
comme bon nous semble, fût-ce avec une ferveur qui nous arrache des
larmes, est loin de suffire pour nous assurer l'approbation divine.
Faute de réaliser cela, des quantités de personnes en sont venues à
désespérer de tout, parce qu'elles ne reçoivent aucune réponse à
leurs prières, ou voient leurs labeurs les plus assidus demeurer
stériles.
En
révélant les lois qui gouvernaient Sa propre vie et qui
expliquaient la fécondité, le Maître a attribué une importance
considérable au fait que Ses paroles et Ses œuvres n'étaient pas
de Lui-même, mais du Père ; c'est le Père qui parlait, c'est le
Père qui faisait les œuvres. Une étude approfondie de l’Évangile
de Jean ne laisse subsister aucun doute à cet égard. "Le Fils
ne peut rien faire de Lui-même", dit Jésus, "Il ne fait
que ce qu'il voit faire au Père." Cette connaissance se
rapportait aussi bien à la chose à faire qu'à la manière de la
faire, et au moment où il fallait la faire.
Car
le "quand" et le "comment" avaient autant
d'importance que la chose elle-même. Et Jésus a établi très
clairement que, s'il pouvait en être ainsi pour Lui, c'est parce
qu'Il demeurait dans le Père.
C'est
pour cela qu'en pensant à l'avenir de Son oeuvre, Il pria que Ses
disciples demeurent en Lui. A la base d'une existence féconde, d'un
ministère béni, d'une vie de prière efficace, on trouve toujours
cette loi : "Notre union avec Christ doit être telle, que nous
ne ferons rien d'autre que ce qu'il fait Lui, mais que nous le ferons
sans y manquer."
Nous
devons, dans notre esprit, savoir ce que Christ fait, comment Il le
fait, quels sont les moyens qu'Il emploie, et quel est Son moment
pour le faire. De plus, nos prières doivent êtres les prières du
Seigneur Lui-même, formulées en nous et par nous par le
Saint-Esprit. Il ressort très clairement des Écritures que c'est
sur ce plan-là que se mouvait l'Église des temps apostoliques. Et
nous ne pourrons y atteindre nous-mêmes que Si nous acceptons de
passer au crible, même au prix de déchets importants, tout ce qui
prétend se faire au Nom de Jésus. Ensuite, il s'agira pour nous de
ne plus rien entreprendre du tout, tant que la pensée du Seigneur ne
se sera pas fait connaître. Le résultat, alors, manifestera un
rendement de cent pour cent, avec des fruits qui ne périront jamais.
Pour
l'exécution des plans de Dieu dans notre dispensation, il y a un
seul organe, un seul Corps, avec un seul Chef, une seule Tête :
Christ. Et il appartient à chaque membre de comprendre, d'une façon
toujours plus complète, la vraie portée de son incorporation à
Christ, le vrai sens de cette identité de nature. Il nous est
demandé expressément, dans la Parole de Dieu, de "revêtir
l'homme nouveau" et il nous est dit que cet homme nouveau, c'est
Christ. Ce n'est là qu'une manière différente d'exprimer la grande
vérité dont nous nous occupons, selon laquelle nous sommes "en
Christ." Elle nous ouvre toutefois une nouvelle perspective sur
les ressources d'ordre pratique dont nous disposons.
Christ
est notre Rédemption. "Il a été fait pour nous Rédemption"
(1 Cor.1 :30 ; Rom. 3 :24 ; Eph. 1 :7 ; Col. 1 :14).
Christ
est notre justice (1 Cor. 1 :30 ; Eph. 4 :24 ; Phil. 3 :9).
Christ
est notre sanctification (1 Cor. 1 :30).
Christ
est notre foi (Marc 11 :22 - litt. "Ayez la foi de Dieu" ;
Act. 26 :18, Gal. 2 :20 - litt. "Dans la foi du Fils de Dieu"
; Eph. 1 :15 ; Phil. 3 :9 ; Col. 1 :4).
Christ
est notre paix (Jean 14 :27 ;16 : 33 ; Eph. 2 :14).
On peut faire la même observation pour beaucoup d'autres éléments
essentiels de la vie chrétienne : l'Amour, l'Espérance, la Sagesse,
la Pensée (ou plus exactement la manière de penser), la Puissance,
l'Autorité, la Gloire. Ceux qui désirent voir la chose de plus prés
examineront avec profit les références dans différentes
traductions ou même mieux encore, l'original.
Le
fait essentiel auquel nous voulons venir, c'est que, dans toutes ces
choses, pour peu que certaines conditions soient réalisées, nos
ressources humaines se révéleront absolument insuffisantes et nous
devons fatalement y renoncer. Mais nous avons en Christ un équipement
nouveau capable de nous rendre vainqueurs, de nous faire triompher
sur tous les points. Qu'il survienne, par exemple, un temps
d'adversité, notre foi ne résistera pas longtemps aux assauts de
l'épreuve ni à la tension continuelle.
Tandis
que si nous vivons par la foi du Fils de Dieu, le résultat sera tout
autre. Toutes les épreuves auxquelles nous serons soumis
manifesteront au grand jour si nous vivons par sa foi devenue nôtre,
ou s'il y a un point faible dans note union avec Lui. Il en est de
même dans tous les autres domaines. Quelle bénédiction de savoir
que nous avons en Christ toute une réserve de vertus et de grâces
prêtes à l'emploi, et parfaitement aptes à nous sauver de notre
médiocrité. C'est à cela que l'apôtre fait allusion quand il nous
exhorte à nous dépouiller du vieil homme, et à revêtir l'homme
nouveau qui est créé à l'image de Dieu.
Quelques
prépositions significatives.
Nous
avons jusqu'ici étés guidés, dans l'étude de notre sujet, par
trois petites prépositions grecques : ek = de, à
partir de ; en = en, dans ; sun = avec ou
ensemble.
En
fait, cette grande vérité de notre union avec Christ en un seul
Corps tourne tout entière autour de ces trois prépositions. Ce sont
elles qui en expriment la nature, et qui représentent les lois
fondamentales d'une vie spirituelle vraiment féconde. Peut-être
ferions-nous bien de les examiner de plus près avant d'aller plus
loin. Christ a prononcé certaines paroles et accompli certains actes
qui étaient tout à fait caractéristiques de Sa mission de "Fils
de l'Homme." Mais Il a pris grand soin d'écarter de l'esprit de
Ses disciples la pensée que ces paroles ou ces actes viennent de Son
propre fonds. Il a formellement répudié toute suggestion qu'il ait
pu en être ainsi.
1)
"EK".
a)
Quant à Sa personne, Il affirme et Il répète : "Je suis venu
de Dieu" (Jean 7 :29 ; 8 :42 ; 17 :8 ; etc…)
b)
Quant à Son apostolat (Héb. 3 :1) ; de même : "Celui que Dieu
a envoyé " (Jean 3 :17-34; 5 :36 ; 6 :9-57 ; 7 :28 ; 8 :42
; 10 :36 ;11 :42 ; 17 :3, 8, 18, 21,25 ; 20 :21).
c)
Quant à Sa vision : "Le Fils ne fait que ce qu'Il voit faire au
Père" (Jean 5 :19).
d)
Quant à Ses œuvres : "Les œuvres de mon Père" (Jean 5
:36-37 ; 9 :3-4 ; 10 :25, 32, 37; 14 :10).
e)
Quant à Ses paroles : "Je ne parle pas de moi-même" (Jean
8 :28-38 ; 12 :49 ; 14 :10 ; 17 :8-14).
f)
Quant au Royaume : "Mon Royaume n'est pas de ce monde," ek,
dans le sens de l'origine, la provenance (Jean 18 :36).
g)
Qu'il en soi de même pour tout le reste, c'est ce qu'atteste Jean 17
:7 où une préposition
équivalente
est employée : "maintenant, ils ont connu que toutes choses
viennent de toi... "
Le
principe fondamental, ainsi mis en lumière par cette déclaration
générale, c'est que seul ce qui vient de Dieu est reconnu par Dieu,
accomplit le dessein de Dieu, atteint l'objectif divin, et
finalement, retourne à Dieu. Ce qui suppose donc qu'il y a d'autres
sources que Dieu. Par opposition aux déclarations qui précèdent,
au sujet de ce qui vient de Dieu, le Maître a prononcé des paroles
comme celles-ci :
1)
"Vous êtes de (ek, exprimant l'origine)
votre père le Diable. Vous faites les oeuvres de votre Père"
(Jean 8 :41-44).
2)
"Pas de moi-même" Jean 8 :28. Cette parole, naturellement,
ne se rapporte pas à Jésus en tant que Fils de Dieu, mais en tant
que Représentant de l'homme, envoyé par Dieu dans une chair
semblable à celle du péché. Sa divinité est hors de cause ici.
C'est là justement que porte l'effort constant de l'ennemi : tâcher
de l'amener à agir "selon la chair" comme agirait un
homme. S'il avait réussi à Lui faire violer le principe de Sa
dépendance de Dieu, il aurait pu avoir raison de Lui. Mais, Jésus a
toujours refusé d'agir sur le principe de la chair.
Il
ressort donc clairement, et les Écritures tout entières s'accordent
sur ce point, que le produit de la chair ne peut pas trouver
grâce devant Dieu, même quand il se manifeste sous des formes
religieuses, et par l'organe d'entreprises chrétiennes.
3)
Enfin, il y a le "monde", dont il est constamment parlé
dans le même sens. Une bonne part de ce qu'il produit est rejetée
par Dieu et livrée au jugement. Voyez l'expression "du monde,"
indiquant l'origine, dans le chapitre 17 de Jean, et poursuivez cet
examen dans les épîtres de Jean. Un rapprochement avec
l'enseignement de Pierre et de Paul vous montrera assez clairement ce
qu'il faut penser du monde et de ce qui vient de lui.
Nous
sommes donc amenés peu à peu à constater qu'une signification
toute spéciale s'attache "à ce qui vient de Dieu." Or, ce
qui est vrai de Christ doit avoir sa contrepartie chez tous ceux que
Dieu reconnaît pour Siens, ou qu'Il emploie, à quelque titre que ce
soit, à l'accomplissement de Son dessein éternel.
Ils
doivent :
a)
Être nés de Dieu (origine).
b)
Être envoyés de Dieu (origine).
c)
Avoir reçu de Dieu (origine) révélation et vision.
d)
Dire les paroles de Dieu (origine).
e)
Faire les œuvres de Dieu (origine) et celles-là seulement.
f)
Chercher premièrement le Royaume qui est de Dieu (origine).
g)
Être bien sûrs qu'en ce qui les concerne "toutes choses sont
de Dieu" (origine) (2 Cor 5 :18, traduction littérale).
Telle était la base sur laquelle les apôtres travaillaient. Le
Saint-Esprit était venu pour rendre tout cela non seulement
possible, mais vivant et réel. Il ne faut pas chercher ailleurs
l'explication du succès de leurs travaux et de leur témoignage. Ils
savaient ce que c'était que d'être baptisés dans un seul Esprit
pour former un seul Corps. Pour eux, c'était Christ qui était le
Chef, la Tête de ce Corps, de telle sorte que le Chef Souverain ne
faisait que poursuivre Son oeuvre par le moyen des membres qu'Il
S'était incorporés.
Ces
premiers Chrétiens étaient tous solidaires les uns des autres dans
leur activité ; ils n'avaient pas de plans à eux. Toute cette
organisation, ces entreprises, ces initiatives qui, même
lorsqu'elles sont pour Christ, ou, pour le Royaume de Dieu, ou en Son
nom, ne sont après tout que le fruit de la pensée de l'homme, ou de
son raisonnement, ou de son enthousiasme, ils les ignoraient, car
pour eux, tout devait venir directement du Chef, de la Tête, par une
révélation de l'Esprit.
La
seconde préposition fait ressortir qu'il en était bien ainsi dans
le cas de Christ Lui-même, et qu'il doit de même en être ainsi
pour nous.
2)
"EN".
Pour Christ, "en," "en, dans",
représentait une position spirituelle dans laquelle Il demeurait
constamment. Cette position spirituelle est sous-entendue dans un
grand nombre de passages comme les suivants :
"Le
Fils unique qui est dans le sein du Père" (non pas qui était)
(Jean 1 :18).
"Je
suis dans le Père" (Jean 14 :10).
"Je
vis par le Père" (Jean 6 :57).
Il
faut reconnaître naturellement que cette relation était l’œuvre
du Saint-Esprit. Depuis le moment où le Saint-Esprit descendit sur
Lui au Jourdain, chacun de Ses pas fut gouverné par l'Esprit. Même
à la Croix, c'est par "l'Esprit éternel" qu'Il s'offrira
en sacrifice. Il demeurait en Dieu et, en tant qu'homme, c'est par
l'Esprit que cette attitude était maintenue.
Comme
nous cependant, Il était à la merci de tentations, de suggestions,
de provocations, d'émotions sans nombre. Comme nous, Il était
exposé à des réactions personnelles impliquant des possibilités
néfastes et pouvant conduire à l'emploi de méthodes et de
ressources purement humaines. Comme nous, Il devait compter avec les
multiples activités de Son intelligence, de Son âme, de Son Corps.
Mais
Son attitude constante fut de maintenir toutes ces choses sous le
gouvernement de l'Esprit de Dieu, en Se gardant bien de les prendre
comme points de départ ou justifications de Sa conduite. Jamais Il
ne Se serait fié à l'un quelconque de ces éléments, pas plus qu'à
un homme du reste, à moins qu'Il n'eût le témoignage de l'Esprit
que la chose venait de Dieu. C'est grâce à cette attitude qu'Il
s'épargna les échecs, les déceptions, la confusion et le désordre
que produit immanquablement l'intervention de l'homme naturel (grec :
l'homme de l'âme, par opposition à l'homme de l'esprit, l'homme
spirituel), dans les choses spirituelles. Ainsi, ayant été oint du
Saint-Esprit, Il demeura en Dieu et refusa d'abandonner cette
position. Si l'on veut dans le service de Dieu la puissance et la
plénitude, tout le secret est là.
3)
"SUN".
Le caractère limité de cette étude ne nous permet pas de voir en
détail le sens de cette préposition. Elle a trait tout
particulièrement à l'unité et à la cohésion du Corps de Christ.
Nous nous contenterons de faire remarquer qu'elle est employée pour
souligner le fait que ceux qui sont "nés d'En Haut" ne
sont pas des individus isolés, mais autant de membres d'un même
Corps, solidaires et dépendants les uns des autres. Ils sont
"ensemble" unis entre eux et attachés "ensemble"
à Christ, la Tête du Corps. C'est ainsi que Dieu les a considérés
à chaque phase de l’œuvre rédemptrice de Christ. Ce mystère est
exprimé dans les paroles du Psaume 139 :15-16. Nous aborderons plus
loin les conséquences pratiques de cette vérité.
Nous
avons exposé le principe général représenté par l'expression "en
Christ", mais nous devons insister sur la contrepartie
essentielle que nous trouvons à la vie de Christ. Comme le Père
est, pour ainsi dire la Tête ou le Chef du Fils, de même le Fils
est la Tête du Corps, l'Église. Et, de même que Lui demeurait dans
le Père, nous, nous devons demeurer en Lui.
Nous
nous trouvons sollicités, dans notre activité, à la fois de
l'intérieur, par les différents éléments de notre vie naturelle,
et de l'extérieur, par tout ce qui exerce une action sur nous. Mais
nous ne devons pas céder à ces sollicitations, tant que nous ne les
avons pas appréciées et jugées par notre esprit.
Ceci
s'applique tous spécialement aux questions religieuses, car c'est
dans ce domaine-là que nous sommes exposés à commettre les plus
graves erreurs. Sous l'effet d'une suggestion assez forte, les
réactions spontanées de nos sentiments naturels, de notre
entendement, ou de notre volonté peuvent nous entraîner dans bien
des misères. Le danger de l'évangélisation à outrance, de
l'enseignement religieux intensif, ou de la propagande missionnaire
sur une grande échelle, réside précisément dans leur tendance à
stimuler les émotions et à offrir en quelque sorte des récompenses
spirituelles, au lieu de s'en tenir à la note sobrement impérative
de la prédication du Christ et des apôtres. Maintes décisions de
suivre le Seigneur, prises dans ces conditions-là, se sont révélées
incapables de résister à l'épreuve, révélant qu'elles n'étaient
pas le fruit d'un vrai travail du Saint-Esprit.
Il
n'a peut-être jamais existé d'époque où il y ait autant
d'organisations religieuses que maintenant. Que de labeurs pour
mettre sur pied, administrer et assurer la propagande de toutes ces
entreprises chrétiennes ! Que d'énergies, que de ressources, que de
temps mis à leur service ! Que de gens pleins de zèle pour
s'intéresser à tout ce travail et pourtant, - toutes choses égales
d'ailleurs-, y a-t-il jamais eu un âge où les résultats vraiment
spirituels soient aussi maigres ? On peut en douter.
La
question qui est à la racine du problème est la suivante : "De
tout ce fait d'activités, quelle proportion vient directement de
Dieu ?" De combien de ces œuvres peut-on dire qu'elles
procèdent d'une révélation d'En Haut, d'une initiative de l'Esprit
éternel ? Dans combien de cas peut-on vraiment dire comme autrefois
: "Le Saint-Esprit dit" (Actes 13.2) ; "Il a paru bon
au Saint-Esprit" (15.28) ; "Je l'ai reçu... par une
révélation de Jésus-Christ" (Galates 1 :12) ? Tout cela, au
contraire, n'est-il pas dans une très large mesure simplement humain
? N'est-ce pas le résultat de discussions, de réflexions humaines,
le produit d'un enthousiasme, d'une créativité, de bons sentiments
humains ?
L'ampleur
de l’œuvre que Dieu accomplit réellement par le moyen d'un
instrument dépend de l'ampleur de son union avec Christ en un seul
Corps. Il ne faut pas se laisser tromper par l'apparence du succès.
Nous nous laissons souvent impressionner par une belle façade, mais
quand le "feu" a fait son oeuvre, on constate que la
proportion de résultat réel est bien minime. A la longue, on est
toujours obligé de reconnaître que "la chair ne sert de
rien", bien quelle semble obtenir de beaux résultats. Ce
n'est pas ce qui est fait pour Dieu qui durera, c'est ce qui
est fait par Dieu. A nous de nous assurer que nous sommes
entièrement, absolument, en Christ, que nous vivons dans l'Esprit,
et tout le reste viendra spontanément.
Or,
on ne peut demeurer en Christ, tant qu'il n'y a pas eu une réelle
incorporation à Lui. Nous voici ramenés au cœur de notre sujet, et
nous allons pouvoir faire un pas de plus en examinant comment cette
union doit être effectuée.
Les
marques de Jésus-Christ.
"Je
porte sur mon corps les marques de Jésus" ou "stigmates
de Jésus-Christ" – Synodale (Galates 6 :17).
Les
marques de Jésus ! L'apôtre parlait-il de marques réelles laissées
sur son corps, cicatrices de ses souffrances, ou bien employait-il
une figure de rhétorique bien connue, nous ne pouvons en être tout
à fait sûrs. II est possible que l'apôtre Paul ait eu dans sa
pensée les deux choses : il y avait sans aucun doute des marques sur
son corps, les marques des verges qui l'avaient frappé, les marques
des pierres par lesquelles il avait été lapidé, les marques des
difficultés qu'il avait traversées, et, en les considérant, il les
voyait comme des stigmates. Vous savez ce que sont des stigmates. Les
animaux sont marqués, marqués par le fer chaud. Et l'apôtre
considérait que ces marques étaient des stigmates.
Mais
peu importe ce qu'elles étaient en réalité. Il est tout à fait
certain que Paul portait dans son être les stigmates de Jésus.
C'est cela qui est important, qu'il y ait là, dans notre être, les
marques de Jésus.
J'aimerais
vous suggérer la pensée que ces marques, dont parle l'apôtre, ces
stigmates, sont des marques qui représentent trois choses, qui sont
en premier lieu :
Les
marques de la propriété.
Elles
étaient des preuves qu'il appartenait au Seigneur Jésus, et tout le
monde pouvait le voir. Je pense que beaucoup d'images se pressaient
dans l'esprit de l'apôtre, quand il employait cette figure de
rhétorique qui rappelle une coutume bien connue. "Je porte sur
mon corps les stigmates de Jésus."
Tout
propriétaire avait sa propre marque, son propre fer à marquer, et
tous ceux qui voyaient cette marque sur un être vivant pouvaient
savoir à qui il appartenait. Je pense de plus que l'apôtre avait
dans sa pensée, non pas la marque des animaux, mais ce qui, dans le
monde grec de son temps, était une coutume très répandue, la
marque des esclaves.
Or,
nous savons que, en ce temps et dans ce monde, les esclaves étaient
achetés à un certain prix, qu'ils devenaient la propriété de leur
maître, et qu'ils ne pouvaient obtenir leur liberté qu'en
remboursant, dans une certaine mesure, le prix qui avait été payé
pour eux ; ce qui était toujours très problématique. Alors même
qu'ils auraient reçu un salaire, il aurait fallu toute une vie pour
mettre de côté la somme nécessaire pour se racheter et être
libre.
Mais
il y avait une issue, il existait une autre coutume. Les esclaves
pouvaient se rendre au temple de leur dieu et voir le prêtre, et ils
pouvaient se vendre au dieu, et devenir la propriété du dieu ou des
dieux, dieux païens naturellement, qui n'étaient pas des dieux.
Lorsqu'ils faisaient cela, le prêtre prenait un fer à marquer qui
portait le sceau du dieu ou de la divinité. Il relevait la manche de
l'esclave et imprimait sur son bras, à l'aide de ce fer rouge, la
marque du dieu. A partir de ce moment, l'homme était considéré
comme l'esclave des dieux, et cela signifiait qu'il était affranchi
de tout autre esclavage. II pouvait sortir.
Mais
si son ancien maître, ou le successeur de son ancien maître, ou
encore l'un de ses parents, cherchaient à le ramener en esclavage -
ce qui pouvaient arriver - ils pouvaient le poursuivre, le saisir,
chercher à le reprendre en esclavage. S'ils cherchaient à faire
cela, l'homme n'avait qu'à relever sa manche et à montrer la marque
du dieu, pour que personne n'ose plus le toucher. Le faire, ç'aurait
été devenir l'ennemi du dieu, s'attirer son courroux, et personne
n'osait s'y risquer. Parce qu'il était esclave du dieu, il était un
homme libre dans le monde.
Paul
savait tout cela, et je pense que c'est ce à quoi il fait allusion,
lorsqu'il dit : "Que personne ne me fasse de la peine." Que
personne ne cherche à me ramener en esclavage ! Que personne ne pose
sa main sur moi pour faire de moi sa propriété ! J'appartiens au
Seigneur Jésus, "car je porte sur mon corps les stigmates de
Jésus." Un peu avant, il avait dit : "Dieu me garde de me
glorifier, si ce n'est de la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ,
par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le
monde !" (Galates 6 :14).
Il
disait en fait : "0h monde, dont autrefois j'ai été l'esclave,
qui avait tous les droits sur moi, qui me tenait captif et
m'utilisait, ô monde, je suis affranchi de toi, parce que j'ai été
fait esclave et prisonnier de Jésus-Christ, par Sa Croix. Il m'a
affranchi de ton esclavage et de ta captivité. Le fait que je suis
Son esclave signifie que je suis libre désormais du monde. 0 monde,
ne cherche pas à me reprendre. Ne pose pas tes mains sur moi. Vielle
vie, qui autrefois était mienne, ne cherche pas à me saisir de
nouveau. J'appartiens au Seigneur Jésus. Je porte sur mon corps Ses
stigmates".
Je
pense que le message de ce passage est tout à fait clair. Les
marques de Jésus, que tous doivent voir, disent que nous Lui
appartenons, qu'Il est notre Maître et cela signifie de notre part
fidélité et loyauté dans notre obéissance envers Lui, notre
Seigneur.
Nous
avons tous été éprouvés dans notre loyauté à l'égard du
Seigneur au sein de ce monde. Le monde vient, pour ainsi dire, à
notre aide pour nous faciliter la déloyauté envers le Seigneur
Jésus, simplement pour que l'on ne sache pas que nous lui
appartenons. Les prétentions des gens sont telles aujourd'hui que
l'on pense généralement que ce n'est pas être un homme ou une
femme que d'être Chrétien. Vous serez certainement considéré
comme une espèce inférieure si vous dites que vous êtes Chrétien.
Ce monde méprise les Chrétiens, et la tentation pour tout Chrétien,
c'est d'être Chrétien sans se trahir, sans le laisser voir trop
clairement et c'est ainsi que nous nous cachons derrière beaucoup de
choses.
Nous
ne voulons pas faire étalage de la religion, nous ne voulons pas
jeter la religion à la tête des gens ; nous ne voulons pas offenser
les autres et mettre en danger notre chance de les influencer en nous
trahissant trop tôt. Que de stratagèmes pour nous dérober, de
recoins et de détours pour nous cacher. Nous nous imaginons que nous
aurons de plus grands avantages, que nous servirons réellement mieux
les intérêts du Seigneur en prenant des précautions, en avançant
avec prudence, en nous mettant toujours à couvert et en nous
camouflant.
Eh
bien ! "Que désormais personne ne me fasse de la peine ; car je
porte sur mon corps les marques (les stigmates) de Jésus" et
tout le monde peut les voir ! Je suis tout à fait certain que c'est
ce que nous avons ici, que c'est là ce que l'apôtre veut dire : les
marques sont la preuve évidente, le signe incontestable que nous Lui
appartenons. Et je crois réellement que le monde, après tout,
respecte et estime beaucoup plus le Chrétien qui montre ce qu'il
est, que celui qui se cache.
Je
me souviens qu'un jour, il y a bien des années, alors que je n'étais
qu'un tout jeune homme, je fis une expérience qui produisit sur moi
une profonde impression. Je me trouvais dans un magasin, c'était le
jour où les voyageurs de commerce faisaient leur visite, et deux
d'entre eux entrèrent dans le magasin pendant que j'y étais. Le
premier entra en hésitant, regarda de tous les côtés pour savoir
ce qu'il devait faire, vit quelques personnes dans le magasin, se
dirigea dans un coin et attendit. Il fit ensuite ses offres d'une
manière qui suggéra en mon esprit que cet homme avait honte de sa
marchandise, qu'il ne voulait pas que l'on sache ce qu'il était. Il
faisait tout en cachette.
Peut-être
ne l'aurais-je pas tellement remarqué sans l'épisode suivant. La
porte s'ouvrit, et un beau jeune homme, grand et bien bâti, entra.
Il s'avança vers le propriétaire : "Bonjour Monsieur X...,
j'ai pour vous aujourd'hui une collection splendide", et il se
mit aussitôt à ses affaires. Tous ceux qui se trouvaient dans le
magasin l'entendirent. II allait droit au but et saisissait séance
tenante toutes les occasions qui lui étaient offertes. Il était
déterminé à réussir. Cela produisit sur moi une impression
profonde.
Comme
nous sortions du magasin, l'un de ceux qui m'accompagnaient exprima
sa pensée : "Voilà comment on fait les affaires !"
Pardonnez-moi si cet exemple vous paraît être d'un niveau trop bas,
mais je sens qu'il est extrêmement important que nous soyons
ouverts, disant franchement ce que nous sommes, sans cacher les
stigmates.
Nous
appartenons au Seigneur ; nous sommes heureux d'appartenir au
Seigneur ; nous sommes très heureux de L'appeler "Maître",
il n'y a en nous aucun compromis à cet égard. Nous appartenons au
Seigneur et nous le Lui disons, et nous le disons aussi à tous les
autres Chrétiens. Mais cette attitude sera-t-elle uniquement
réservée aux milieux qui nous reconnaissent et nous apprécient ?
Ne sommes-nous prêts à avouer appartenir au Seigneur que lorsque
nous n'avons aucun risque à courir ? Comment agissons-nous au regard
du monde ?
Les
marques de Sa propriété ! Rappelons-nous Paul et son naufrage ! Que
son comportement est remarquable ! Il avertit les hommes, puis,
lorsque le moment arrive où ils sont à bout, il s'adresse au maître
du navire en lui disant de prendre courage : "Le Dieu à qui
j'appartiens et que je sers… " (Actes 27 :23).
Voilà,
il ne cache rien. Il fait connaître à qui il appartient. Je ne
pense pas qu'il soit nécessaire de prouver que c'est l'attitude que
nous devons avoir. C'est là, dès le commencement, les marques de
notre fidélité et de notre loyauté dans l'obéissance à Celui que
nous sommes heureux d'appeler Maître et Seigneur, à Qui nous devons
réellement tout.
N'est-ce
pas pour le moins un peu déloyal pour ne pas dire d'avantage, d'être
prêts à reconnaître que nous Lui devons tout, lorsque nous gardons
le secret sur nos relations avec Lui, que nous avons honte de Le
faire connaître dans le monde ou nous sommes ?
3)
Le conflit.
Jusqu'ici
nous nous sommes occupés de la Croix et de l'Église. Résumons en
quelques petits mots ce que nous avons dit : Nous avons vu d'abord
que dans la pensée de Dieu, la Croix doit déboucher immédiatement
sur l'Église. Tout comme au désert, l'autel se trouvait à la porte
du parvis du Tabernacle, dans l'alignement du sanctuaire auquel il
conduisait. Le ministère sacerdotal commençait à l'autel, se
poursuivait dans la tente, et culminait dans le lieu Très Saint. La
Croix du Seigneur Jésus est la porte qui nous introduit dans la
maison de Dieu, à cette vie corporative qui nous unit tous ensemble
à Christ.
Le
même principe était respecté dans le Temple. Pour entrer dans la
maison de Dieu, on doit obligatoirement passer par l'autel. Lors de
la reconstruction du sanctuaire par le reste rentré de la captivité,
la première opération avait été de rétablir l'autel à sa place
; puis fut posé le fondement de la Maison de Dieu. Alors seulement
on put entreprendre les travaux de construction.
La
pensée de Dieu est toujours la même à cet égard : la Croix porte
en germe la Maison de Dieu et y conduit. Un Évangile qui
s'arrêterait à la Croix, comme si elle était une fin en soi, et ne
conduirait pas à une expression vivante de la Maison de Dieu, de
l'Église, serait un Évangile qui passerait à côté du but
primordial que Dieu lui a assigné. Nous avons déjà longuement
insisté là-dessus, mais il n'était peut-être pas superflu d'y
revenir, pour donner au Seigneur l'occasion de nous rafraîchir la
mémoire, et de rendre encore plus clair à nos yeux l'objectif qu'Il
cherche à atteindre.
Nous
avons vu ensuite que, lorsque l'Église devient une réalité
vivante, elle ne tarde pas à jouer le rôle d'expression pratique du
message de l’Évangile, à fournir la grande démonstration de ce
que la Croix signifie vraiment. L'Église est en effet la
manifestation et l'incarnation de tout le contenu du Calvaire. Quand
Dieu prêche, Il ne se contente pas de paroles ; la prédication de
l’Évangile ne se borne pas à l'énoncé de certaines vérités ;
elle est l'expression vivante et pratique de ces vérités dans un
peuple. Autrement, l’Évangile aurait pu être annoncé par des
anges ; n'importe qui aurait pu le prêcher.
Le
Seigneur a donné une révélation de Lui-même, et a rendu cette
révélation solidaire d'un peuple qui en est l'incarnation vivante.
Tel est le rôle, telle est la nature de l'Église.
Franchissons
maintenant une nouvelle étape et passons au troisième volet de
notre étude :
Le
Conflit.
Le
seul fait que, dans la pensée de Dieu, la Croix soit si intimement
liée à l'Église suffit à expliquer le conflit que nous vivons.
L'Église, incarnation de tout ce que le Calvaire représente, est
bien la cause du conflit. Là où la pleine signification de la Croix
a été saisie et traduite pratiquement dans un peuple qui en est
l'expression vivante, le conflit revêt sa forme la plus intense, la
plus persistante. En d'autres termes, l'intensité du combat est à
la mesure de l'expression vivante et de l'incarnation du Calvaire
dans un peuple. Plus la compréhension vivante de ce que représente
la Croix grandit, plus l'expression pratique de la pensée de Dieu
pour l'Église sera forte, et plus le conflit spirituel sera tenace,
et plus terrible, plus virulent sera l'antagonisme ouvert à la haine
des puissances du mal.
L'objectif
suprême de la Croix et de l'Église.
En
traitant cette question du conflit spirituel, nous devons commencer
par nous souvenir d'une chose : C'est que l'Église et la Croix n'ont
qu'un seul objectif en vue. On se facilite beaucoup la tâche quand
on peut réduire de grands sujets à une ou deux données simples et
concrètes. La Croix est l'un de ces sujets qui comprennent une
multitude d'éléments.
L'Église
aussi est un grand sujet d'une portée infinie. Nous pourrions parler
de la Croix toute notre vie en la considérant chaque fois sous un
jour différent. Qui pourra jamais épuiser les profondeurs de ce que
représente la Croix du Seigneur Jésus ? De même, pour l'Église,
nous pourrions en parler indéfiniment, découvrant sans cesse
quelques aspects nouveaux. Elle nous dépassera toujours ; il y aura
toujours quelque chose à ajouter à ce qu'on en a déjà dit.
Pourtant, quand tout ce qu'il y a à dire de la Croix et de l'Église
aura été dit, il sera toujours possible d'en donner une définition
simple et concluante. Tout se condense dans une phrase. Tout tient en
trois mots. La Croix dans sa signification la plus complète,
l'Église dans ce qu'elle comprend de plus puissant et de plus divin,
ont, en dernière analyse, une seule et unique raison d'être : La
"Souveraineté absolue de Jésus-
Christ."
Dites
tout ce que vous voudrez de la Croix, tout se résume là. Son centre
de gravité, c'est la position d'autorité absolue qui appartient à
Jésus-Christ seul Seigneur pour l'éternité. Quel que soit l'aspect
sous lequel on envisage la signification de la Croix, elle est là,
tout entière.
Et
la question qui ne manque pas de se poser est la suivante : "Oui,
mais comment la Croix procède-t-elle pour détrôner toutes les
autorités et les puissances qui agissent sur l'enfant de Dieu, soit
au-dedans, soit au-dehors ? Comment fait-elle pour mettre le Seigneur
Jésus sur le trône, pour Lui assurer, à Lui et à Lui seul,
l'autorité absolue ?"
C'est
toujours ainsi que le problème se pose. Les effets de l'activité de
la Croix peuvent être ressentis dans divers domaines, mais aucun ne
constitue une fin en soi. Bien des aspects de notre vie et de nos
êtres doivent passer par la Croix, être soumis à son action
destructrice. Mais ne gardons jamais l'impression que l’œuvre du
Saint-Esprit au moyen de la Croix se limite à ces choses, comme si
elles représentaient le but que le Seigneur cherchait à atteindre.
Lorsque le Seigneur agit pour régler les petits problèmes, Il a
constamment un seul objectif en vue, un seul objectif qui justifie
l'intérêt qu'Il porte aux détails. Cet objectif suprême est la
Souveraineté absolue du Seigneur Jésus-Christ.
Il
en est de l'Église comme de la Croix. Que d'aspects admirables et
glorieux n'offre-t-elle pas à notre contemplation ? Sa nature, son
rôle, sa vocation, sa mission et tant d'autres choses encore. Mais,
dans la pensée de Dieu, aucun de ces éléments ne constitue une fin
en soi. L'Église a une raison d'être, et n'en aura jamais qu'une :
exprimer l'autorité souveraine du Seigneur Jésus.
Tout
ce que nous avons à dire au sujet de nos relations mutuelles, de
notre communion fraternelle, de notre vie de dépendance réciproque,
du fonctionnement organique de ce Corps que nous formons, et tout ce
qui peut être dit de l'Église, tout cela n'est qu'une entrée en
matière, qui nous conduit à ce qui seul compte : exprimer que
"Christ est Seigneur", et que c'est Lui qui, dans l'Église,
a la prééminence sur tout, Lui qui en est la Tête souveraine.
Dans
la pensée de Dieu, l'univers dont nous faisons partie a un centre
autour duquel tout le reste gravite. C'est la "Souveraineté"
de Son Fils qu'Il a établi Héritier de toutes choses, et par Lequel
Il a aussi créé le monde.
Le
point de convergence de toute l'opposition satanique.
Si
nous approuvons ce titre, nous sommes en bonne voie de comprendre
pourquoi la bataille est si dure. L'autorité souveraine, qui
appartient de droit à Jésus-Christ, est en effet violemment
contestée par Satan. Elle constitue la cible de toute son
opposition. Ne nous y trompons pas, l'antagonisme de Satan n'a rien à
voir avec les petits détails, les petits incidents de notre vie.
L'ennemi
ne s'inquiète ni de nous ni de nos affaires. Oh non ! Satan a une
vue d'ensemble de la situation. Il la connaît et en saisit tous les
aspects. Il sait bien l'importance qui peut s'attacher à certains
détails. Mais s'il concentre son attention sur un détail, comme
cela lui arrive, il ne perd pas de vue son objectif d'ensemble ;
c'est précisément pour mieux l'atteindre qu'il sait s'en prendre à
de petites choses. A travers toutes les péripéties de cette lutte,
son objectif secret, son objectif suprême, c'est de mettre en échec
la "Souveraineté de Jésus-Christ."
Il
peut sans doute concentrer pas mal d'attention sur, par exemple, les
rapports entre deux
Chrétiens,
que Dieu a rapprochés et qui sont appelés à vivre ensemble :
tensions, méfiance, mensonges, fourberies, calomnies, il mettra tout
en oeuvre pour saper cette communion et séparer ces deux vies.
Pensez-vous
qu'il se soucie de provoquer des divisions pour le seul plaisir de
l'opération? Quand il en est venu à bout, le croyez-vous satisfait
simplement parce que la chose est faite ? Mais non, ce
n'est pas du tout là son but ! En provoquant cette rupture, il voit
beaucoup plus grand, il voit l'autorité souveraine de Jésus-Christ
mise en échec.
Telle
est la portée que peuvent avoir nos relations les uns avec les
autres. Est-ce Satan qui va être le Seigneur, ou est-ce Christ ?
Tout ce qu'il y a de solennel dans cette alternative peut dépendre
de ce qui se passe entre quelques personnes, et la moindre petite
chose qui se débat entre deux frères en la foi, examinée sous ce
jour-là, prend soudain des proportions universelles.
L'enjeu
suprême du conflit de l'univers peut se trouver lié aux relations
qu'entretiennent l'un avec l'autre deux simples enfants de Dieu. Et
ce qui est vrai dans un exemple comme celui-là, est vrai aussi dans
une quantité d'autres questions, qui, en elles-mêmes, ne méritent
même pas qu'on y prenne garde, tant elles paraissent anodines. Il y
a des choses qui semblent si mesquines, si insignifiantes, que c'est
tout juste si l'on n'en rougit pas d'en parler, tant elles sont
stupides. Cependant Satan est loin de s'en désintéresser, et elles
ne passent pas inaperçues pour lui. Mais pensez-vous qu'il soit
mesquin ou petit à ce point, ne trouvant son plaisir qu'à jouer de
vilains tours à Pierre, Jacques ou Jean ? Oh, non ! Soyez
tranquilles, il est plus avisé que cela. C'est son royaume en
réalité qui est en jeu, et derrière toutes ces bagatelles si
absurdes, si ridicules, se dissimule l'enjeu suprême qu'est la
Souveraineté absolue de Jésus-Christ.
Ainsi
dans tous ces domaines, la Croix doit avoir sa place. Elle doit
s'implanter très profondément en nous, qu'il s'agisse de nos
relations à deux ou trois réunis ensemble, de petits groupes ou
d'assemblées, de peur que Satan ne réussisse à nous surprendre et
à pénétrer en notre sein pour détruire l'expression visible de la
"Souveraineté de Jésus-Christ."
La
Croix est indispensable. Car elle n'est pas seulement le remède à
nos manquements et à toutes les petites misères qui déparent la
vie des enfants de Dieu. L'issue du conflit, dont l'enjeu est la
Souveraineté du Fils de Dieu, dépend de la Croix.
L'Église
exprime la signification de la Croix, dans un groupe d'enfants de
Dieu. Elle représente sur cette terre l'abolition de la puissance de
Satan pour diviser ce qui est un, pour détruire la communion, les
rapports fraternels et l'esprit de collaboration. Elle donne ainsi
une démonstration pratique de l'autorité souveraine de
Jésus-Christ, Chef suprême et Seigneur absolu. Tel est le rôle de
l'Église.
La
"souveraineté" de Christ est bien l'objectif suprême de
l'Église et de la Croix ; et Satan ne se soucie des enfants de Dieu
que dans la mesure où il peut contrer cet objectif. Vous vous en
rendez compte, maintenant : on peut être de "l'Église",
on peut être dans ce qu'on appelle "les églises", et tout
ignorer de cette guerre spirituelle.
Ce
conflit si réel qui se livre dans les cieux célestes contre les
puissances des ténèbres, demeure absolument étranger à ce qu'on
appelle communément "l'Église." Dans ces églises-là, il
n'y a ni combats, ni bataille, ni conflits spirituels. De telles
notions sont tout à fait étrangères à leurs préoccupations.
Pourquoi ? Parce qu'on n'y a jamais senti la terrible secousse que
produit une connaissance vivante de la Croix. La Croix reste pour
elles un récit, une histoire, une doctrine, un article de foi, alors
qu'elle devrait être une réalité puissante forgée au feu de
l'expérience la plus vive et la plus concrète. Dès qu'elle
deviendra cela pour elles, ces églises apprendront ce que c'est que
la bataille.
Là
ou n'existe aucune oeuvre de la Croix, Satan se tient bien
tranquille. Car, dans ce cas, on ne se trouve pas en présence de
l'Église. On ne peut avoir une Église sans Croix, et l'on ne peut
pas avoir la Croix sans son expression vivante qui éveille
l'antagonisme des puissances mauvaises. Voilà ce qu'est la Croix
dans la pensée de Dieu.
Une
parenthèse est ici nécessaire pour préciser quelle est la vraie
nature de l'Église.
Qu'est-ce
que l'Église ?
L'Église,
pour comprendre les choses par le commencement, c'est
l'interdépendance spirituelle des enfants de Dieu. C'est là le
premier échelon de ce que l'Église représente, le niveau
élémentaire, le point de départ des liens spirituels qui unissent
tous les enfants de Dieu. Il n'est pas nécessaire de consacrer du
temps à expliquer que tous les enfants de Dieu vraiment nés de
nouveau forment ensemble une unité organique fondamentale, et qu'ils
possèdent en commun une seule et même vie. Cela, nous le savons,
c'est la définition même de l'Église. Elle se caractérise pour
commencer par une interdépendance spirituelle due au fait que tous
ses membres possèdent une même vie, la vie du Seigneur
Jésus-Christ.
Mais
ce n'est pas tout, l'Église est plus que cela. L'Église est
l'interdépendance des enfants de Dieu, traduite dans la vie
pratique. Il peut arriver qu'un corps humain ait la vie, sans être
capable pour autant d'en exercer les fonctions. Paralysé par son
infirmité, bien que vivant, il est inutile. Devant les exigences de
la vie pratique, c'est comme s'il était mort. C'est un corps qui ne
fonctionne pas, dont l'organisme est déréglé, toute coordination
entre les fonctions faisant défaut. Quand, abaissant les regards sur
les Siens, le Seigneur constate que, bien qu'ils aient la vie, ils ne
constituent pas un corps au fonctionnement harmonieux, pensez-vous
que Son cœur puisse être satisfait ? Croyez-vous qu'Il puisse
prendre Son parti d'une situation pareille ? Ce qu'Il appelle Son
Église, ce n'est pas simplement un organisme qui est habité de Sa
vie. Quand Il dit : "Je bâtirai mon Église", par "mon
Église", Il entend évidemment un Corps au fonctionnement
normal, dont les membres ont entre eux des rapports harmonieux, Il ne
pense sûrement pas à un organisme qui aurait seulement reçu Sa
vie, sans rien d'autre.
Aux
yeux de Dieu, pour qu'elle accomplisse sa vocation conformément à
Son dessein, l'Église doit être l'expression pratique des rapports
harmonieux qui règnent au sein de Son peuple, dans la dépendance
mutuelle et l'unité de ses membres.
C'est
de là justement que surgissent toutes nos difficultés et tous nos
problèmes. Car il faut bien se placer sur le terrain pratique.
Seulement, quantité de gens se heurtent alors à des obstacles de
toutes sortes, et sombrent souvent dans le désarroi et la confusion,
faute d'avoir su distinguer entre deux aspects très différents du
même problème.
Rechercher
la communion spirituelle et collaborer avec ce qui est vraiment du
Seigneur parmi les Siens, c'est normal ; mais s'associer activement
avec ce qui n'est pas scripturaire dans les systèmes humains, c'est
une autre affaire. Voici ce que je veux dire : il y a des gens qui
pensent que pour être en communion avec tels ou tels Chrétiens, il
faut entrer dans leur milieu, devenir partie intégrante de leur
système, de leur communauté, accepter leur ordre religieux. Pour
eux, si vous voulez montrer que vous êtes en communion avec des
enfants de Dieu, vous devez devenir membres de leur mouvement.
Une
telle attitude n'a rien à voir avec la communion spirituelle active
que nous pourrions établir avec eux sur une base spirituelle, parce
que nous les reconnaissons pour des enfants de Dieu. Et c'est ici
précisément que les points de vue divergent. C'est au moment où
quelqu'un dit, soit en paroles, soit par des sous-entendus, soit par
son attitude : "Si tu veux me prouver que tu es en communion
avec moi, entre dans ce dans quoi je suis engagé, deviens membre, et
travaille avec moi à l'intérieur de ce cadre". C'est à ce
moment que tout se gâte, car il ne s'agit plus de la communion
d'interdépendance spirituelle. Et c'est à ce niveau que surgissent
toutes les difficultés. C'est là si souvent que le Seigneur oblige
à des séparations si douloureuses.
En
effet, les difficultés essentielles sont les suivantes : Pour
obtenir une expression vraiment vivante de l'Église remplissant son
rôle de Corps, dont les membres bien unis fonctionnent normalement,
le Seigneur est parfois "trop souvent" obligé de recourir
à la manière forte. Pour libérer ceux de Ses enfants qui veulent
avancer, Il doit rompre l'emprise que les systèmes humains exercent
sur eux. Il y est obligé, c'est malheureux, c'est triste, mais si
vous prenez un exemple concret, vous verrez que c'est habituellement
ainsi que les choses se passent. Le "système" s'impose et
finit par prendre un caractère à lui, qui est distinct de cette
nature céleste, spirituelle et universelle qui caractérise
l'Église. C'est quelque chose de sectaire, de schismatique, qui
divise le peuple de Dieu. Que de fois le Seigneur n'est-Il pas amené
à couper au sein de ces groupements, pour en sortir les Siens, et
les amener sur un terrain neutre où ils pourront vivre et
fonctionner, non pas comme une communauté séparée du peuple de
Dieu, mais comme une communauté qui ne veut rien avoir à faire avec
ce qui n'est pas scripturaire.
La
seconde difficulté consiste, pour ces Chrétiens-là, à maintenir
une position spirituelle, et à ne pas devenir une autre secte. C'est
une difficulté très pratique, mais elle n'est pas insurmontable.
Elle exige beaucoup de vigilance, et ceux qui sont dans ce cas
doivent être continuellement sur leurs gardes, non seulement dans
leur doctrine, mais dans leur esprit, dans leur mentalité, dans leur
attitude envers les autres. Ils doivent veiller, de peur que cet
esprit qu'ils sont censés avoir laissé derrière eux revienne. Il
s'agit de difficultés très réelles aux aspects très pratiques,
mais dont on vient à bout.
La
vie, réponse à tous les problèmes.
Tout
se ramène en somme à une question de vie. La vie est la solution de
tous les problèmes. J'ai le sentiment, bien-aimés, que l'univers de
Dieu est constitué tout entier sur un principe biologique. La vie
est la réponse à tout, l'explication de tout, le principe qui régit
toute forme d'épanouissement. La sagesse infinie de Dieu ramène
tout à une proposition simple, à une méthode unique, en disant :
"Je
mets la vie dans une semence, et Je l'abandonne à elle-même. Je ne
vais pas Me mettre à former la fleur, à lui choisir un certain
nombre de pétales, leur donnant une forme, puis une couleur, les
rassemblant ensuite pour en faire un ensemble solidaire d'une tige.
Ce n'est pas ainsi que Je travaille. Tout cela est artificiel. Non.
Je vais mettre la vie dans une semence et la laisser tranquille".
Bientôt
on aura la fleur, la fleur parfaite. Tous les éléments de cet
organisme, avec son ordre interne, la répartition des dimensions,
des formes, des couleurs, la vie les possède en elle-même. C'est la
vie qui contient tous ces éléments, et quand on lui en donne
l'occasion, elle les produit et se manifeste dans la fleur, l'arbre,
l'oiseau, le poisson, la bête des champs ou l'homme. Tout organisme
est le produit du type de vie qui possède ses caractères
particuliers, et, si l'on donne à cette vie-là l'occasion de
s'exprimer, on obtiendra immanquablement l'organisme complet.
Voilà
le secret biologique que Dieu a mis en oeuvre dans Sa création. Mais
la création naturelle n'est qu'une image des réalités
spirituelles. Elle n'a jamais été que cela dans la pensée de Dieu.
Dans
le domaine spirituel, le secret, la solution de tout réside dans ce
principe biologique fondamental. Mettez la Vie du Fils de Dieu dans
n'importe qui, laissez-lui l'occasion de s'exprimer, laissez-la
souveraine, laissez-lui le champ libre, et vous verrez que tout ira
bien. Vous n'aurez pas besoin de vous agiter pour rassembler des
membres, pour leur apprendre à se tenir comme il faut, à être
gentils, heureux et souriants. Oh non ! La Vie s'en chargera. Dieu a
la clé du problème : la Vie souveraine de Son Fils bien-aimé
s'exprimera sans entrave. Le résultat viendra aussi sûrement que le
jour après la nuit. Tout ce qui rend difficile l'expression
véritable de l'Église et sa préservation, trouve son remède dans
la vie du Seigneur Jésus et dans Sa Croix, dont l'action la protège
de la mort, son grand ennemi, et de la chair, terrain sur lequel la
mort travaille.
Que
la Croix soit maintenue sur la chair, terrain de la mort spirituelle,
pour préserver cette vie précieuse, et tout ira bien. Il ne sera
plus nécessaire alors de nous inquiéter beaucoup des aspects
techniques, ils se régleront d'eux-mêmes. Les problèmes techniques
de la vie de l'Église se résoudront tout seuls si la Croix fait son
oeuvre, et si la vie a le champ libre.
Il
s'agit tout simplement de la souveraineté du Seigneur Jésus qui
s'exprime dans la puissance de Son Esprit et se traduit par la vie.
Si nous descendons à un niveau inférieur, pour construire sur un
terrain différent de celui de la souveraine autorité et de la vie
du Seigneur Jésus, nous deviendrons une secte, un groupement de plus
au sein du peuple de Dieu, sur cette terre.
Descendez
sur le terrain de l'enseignement doctrinal, sur celui des conducteurs
spirituels, ou sur n'importe quel autre terrain, et vous redeviendrez
un "système" Mais si vous maintenez la position que vous
avez prise par rapport au Seigneur Jésus vivant et souverainement
élevé, vous "attachant au Chef", alors les gens pourront
dire ce qu'ils voudront, il n'en sera pas moins vrai que nous aurons
là une représentation vivante de la pensée de Dieu concernant
l'Église, une communauté d'enfants de Dieu au caractère céleste,
spirituel, universel et vivant.
Il
y aurait beaucoup à ajouter sur ce sujet, mais nous en avons sans
doute assez dit pour faire sentir l'énorme fossé qui sépare les
deux conceptions de l'Église dont nous avons parlé. L'Église
incarne donc les rapports de dépendance mutuelle des enfants de
Dieu, traduits dans la vie pratique sur la base de la souveraineté
de Christ. C'est le Seigneur ressuscité qui est au milieu d'eux, ne
laissant plus aucune place à l'homme. C'est sur cette base que nous
devons rechercher la communion fraternelle, et, dans ce domaine, nous
devons être prêts à tenir ce langage : "Écoutez !
C'est
sur un terrain spirituel que je suis venu à vous, sur le terrain de
Christ, sur le terrain de la vie une et indivisible que nous avons en
commun, et je suis prêt à collaborer avec vous dans tout ce qui est
vraiment spirituel. Mais si vous attendez de moi que j'entre dans
votre organisation, que je devienne partie intégrante de votre
système, que j'adopte vos institutions, alors vous dressez une
barrière, et vous souillez la communion fraternelle".
Cette
attitude-là n'est pas un reniement de l'Église, elle n'est pas en
contradiction avec l'unité chrétienne. C'est simplement un refus de
se laisser imposer quelque chose qui n'est pas du Seigneur, qui n'est
pas scripturaire, quelque chose d'étranger à notre vie et à notre
communion spirituelle. C'est au moment où les hommes quittent ainsi
la pensée divine que les relations s'interrompent. Nous devons
rester sur le terrain libre de la souveraineté du Saint-Esprit. Tout
cela touche évidemment de très près à la vie pratique. Mais
n'oubliez pas, bien-aimés, que toute la question de la plénitude
spirituelle en dépend. Nous ne connaîtrons pas la plénitude de
Christ si nous ne nous plaçons pas sur le terrain de Sa souveraineté
et de Sa vie, si nous restons sur les terrains artificiels que les
hommes ont choisis. C'est là que toutes les difficultés pratiques
ont leur source.
L'Église
et l'opposition des forces du mal.
L'Église,
nous l'avons vu, ne peut avoir de réalité pratique que dans
l'interdépendance et la coopération de ses membres. Or, si l'Église
a une bataille à livrer, c'est essentiellement parce qu'elle
reconnaît Jésus-Christ comme le Seigneur. La souveraineté du
Seigneur Jésus est liée au comportement de l'Église. En sorte que
c'est à l'Église qu'il appartient de soutenir la lutte, c'est
l'Église qui doit faire front contre l'opposition des forces du mal.
"Je bâtirai mon Église et les portes du séjour des morts ne
prévaudront point contre elle" a dit notre Seigneur (Matthieu
16 :18), comme si l'Église était le principal objectif des
puissances mauvaises. C'est, d'un côté l'Église, et de l'autre les
portes du séjour des morts.
Les
représentants de l'église sont donc appelés à faire face à ces
puissances du mal. Permettez-moi ici de vous prévenir de ne jamais
vous aventurer seul contre les puissances des ténèbres. Si vous
vous y risquez, vous constaterez que vous aurez à faire à trop
forte partie, et vous serez sérieusement maltraité. Soyez sur vos
gardes. Un assaut personnel, individuel, isolé, contre les
puissances du mal est une entreprise hasardeuse. C'est à l'Église
qu'il revient d'intervenir.
L'Église
peut fort bien n'être représentée que par deux ou trois personnes,
mais le principe du Corps doit être respecté. Cela ne signifie pas
que nous ne devons pas résister personnellement au diable, et tenir
ferme face à ses assauts, en nous opposant résolument à ses
manœuvres. Mais si vous entendez assiéger les forteresses du Malin,
vous devez rester sur le terrain de l'Église pour en venir à bout,
car le Seigneur a fait de cette entreprise une affaire d'Église. Une
affaire qui relève du Corps et non du membre individuel. Vous en
avez sûrement fait l'expérience. Il y a des situations auxquelles
on ne peut pas toucher si l'on est seul. Une collaboration
spirituelle d'une sorte ou autre est la condition du succès. Sur ce
point d'ailleurs le Seigneur ne nous laisse pas faire ce que nous
voulons.
Si
vous faites profession d'avoir eu les yeux ouverts sur la vraie
nature de l'Église, vous avez rendu témoignage à ce qu'elle est
pour vous, le Seigneur vous tiendra lié au principe qu'elle
représente, et vous ne parviendrez pas à dominer seul telle ou
telle situation. Dieu vous forcera à vous adresser à l'Église, et
toute votre vie sera bloquée tant que vous n'aurez pas fait de cette
affaire une affaire d’Église. Le Seigneur est très jaloux pour
Son Église. Satan est capable de mettre sens dessus dessous la vie
entière de celui qui s'aventure tout seul, sans l'Église, à
l'assaut de ses forteresses spirituelles. Prenez à cœur ce que je
vous dis, car cela peut vous concerner directement à plus d'un
titre.
Savez-vous
vraiment ce qu'est la vie de l'Église ? Vous me comprenez
naturellement : quand je parle de la vie de l'Église, je ne parle
pas de ce que les hommes appellent habituellement "l'Église."
Je parle de ces rapports spirituels qui unissent les enfants de Dieu,
de cette dépendance mutuelle des membres de Christ, et c'est bien
vrai que nous dépendons les uns des autres. Le Seigneur l'a voulu
ainsi, et dans toutes les affaires importantes, Il nous tiendra à ce
principe. Si nous ne reconnaissons pas cette loi de Dieu, nous
pouvons nous en aller à notre travail et nous apercevoir là que
nous sommes mis en échec par l'ennemi, et qu'il n'y a pas d'issue
pour nous.
L'Église
doit aller et venir avec nous, et nous avec elle. Dans cette affaire,
il faut vivre avec le Corps. Si vous vouliez seulement le
reconnaître, chers amis, vous verriez que bien des échecs et bien
des déconvenues ont leur explication là. Revenez au livre d'Esdras.
Souvenez-vous comment ses compagnons et lui remirent l'autel à sa
place et posèrent les fondations de la maison de l’Éternel. Ils
n'étaient pas plus avancés que cela dans leur oeuvre que les
adversaires entraient déjà en scène. Et que firent-ils, ces
adversaires ? Oh ! Ils firent toutes sortes de choses, ils mirent
tout en œuvre pour frustrer les ouvriers dans leur travail.
Quel
sentiment affreux que de se sentir frustré de quelque chose ! Est-ce
là ce que vous éprouvez ? La frustration ! Aucun mot ne rend mieux
compte de la situation. On fait un pas, et l'on se trouve arrêté.
On n'arrive à rien. Tout n'est que déception.
Eh
bien, à l'époque d'Esdras, le peuple fut pour un temps victime des
efforts de ses adversaires. Il resta paralysé pendant plusieurs
années. Mais le Seigneur n'accepta pas la situation, Il réagit :
"L’Éternel réveilla l'esprit de Zorobabel et de Josué"
(Aggée l :14) par les prophéties d'Aggée et de Zacharie, et
l'Eternel dit : "Ce n'est ni par la puissance ni par la force,
mais c'est par mon Esprit" (Zach.4 :6).
Dans
ses efforts pour faire échouer les entreprises du peuple de Dieu, le
malin se heurte à la puissance du Saint-Esprit exprimée par
l'Église. L'Église est l'instrument du Saint-Esprit dans sa lutte
contre l'ennemi. Oh ! Que Dieu nous fasse comprendre combien il est
important que l'Église soit une réalité vivante et opérante. Nous
l'avons dit et nous le répétons : L'Église est quelque chose de
plus qu'une entité possédant la Vie. Elle est constituée par le
fonctionnement harmonieux des enfants de Dieu, dans la dépendance
les uns des autres. Son rôle est tout d'abord de relever le défi
jeté par l'adversaire à la souveraineté de Jésus-Christ. Que
surgisse au sein du peuple de Dieu une nouvelle expression des
activités du Corps, une nouvelle collaboration entre enfants de
Dieu, et les manœuvres de l'adversaire pourront être déjouées.
Nous n'allons pas contempler les bras croisés ces manigances de
l'ennemi : nous devons être réveillés dans notre esprit. Je ne
suis ni Zorobabel ni Josué, mais je souhaite humblement que cette
parole ait sur vous le même effet qu'eut la leur sur le peuple de
Dieu de leur temps, pour susciter une action concertée des enfants
de Dieu contre les manœuvres de l'adversaire, et pour dire :
"Non ! Nous n'acceptons pas d'être mis en échec et frustrés
par l'ennemi ! "
Les
ruses du diable.
Mais
faisons encore un pas. Cette rude bataille qui nous est imposée a
toujours pour objectif de mettre en échec la vraie signification de
la Croix et la vraie nature de l'Église, parce que, dans l'une comme
dans l'autre, c'est la souveraineté de Jésus-Christ qui est en jeu.
Quelles sont donc les armes de l'ennemi ? Les Ecriture jettent sur ce
point une abondante lumière. Pour l'apôtre Paul, tout peut se
ramener à cette formule lapidaire : "les ruses du diable"
(Ephésiens 6 :11).
Esdras
comme Néhémie nous donnent tous les deux un aperçu intéressant de
ce que sont les ruses du diable. Son premier mouvement, comme on le
voit dans le chapitre 4 d'Esdras, fut une tentative de paralyser le
peuple de Dieu en provoquant un "mélange." Les adversaires
de Juda et de Benjamin apprirent que les fils de la captivité
étaient en train de construire. S'étant approchés, ils dirent :
"Nous bâtirons avec vous, car, comme vous, nous invoquons votre
Dieu et nous Lui offrons des sacrifices." Nous bâtirons avec
vous : le mélange ! Voilà une des formes les plus subtiles de
l'activité de Satan quand il veut mettre en échec l'autorité
absolue de Jésus-Christ. Elle consiste à introduire des éléments
qui font profession d'être sincèrement en accord avec le but
poursuivi, mais qui, par nature, y sont étrangers et ennemis. Satan
cherche toujours à amener des mélanges au moyen d'alliances avec
des éléments de nature différente. Oh ! Laissons la Parole de Dieu
nous sonder sur ce point ! La Croix a-t-elle vraiment fait son oeuvre
en nous, a-t-elle été si profondément implantée en nous que nous
pouvons dire en toute vérité que notre attachement à la Maison de
Dieu n'est pas quelque chose de superficiel, mais que, tout an fond,
dans notre être le plus intime, nous ressentons pour elle un
véritable fardeau ? Dans quelle mesure vous sentez-vous concernés
par ce qui touche à l'Église ?
Bien-aimés,
l'état actuel de la Maison de Dieu vous fait-il vraiment mal ?
Êtes-vous certains que votre participation à l'édification de la
Maison n'est pas purement extérieure, objective, comme on fait dans
une oeuvre avec laquelle on est d'accord jusqu'à un certain point ?
Êtes-vous tout à fait sûrs que vous êtes engagés à fond dans
cette entreprise, à tel point qu'elle est devenue partie de
vous-mêmes et que, dans le tréfonds de votre être, cette Maison
est l'objet d'une constante, d'une douloureuse préoccupation ?`
Les
adversaires d'Esdras et de Néhémie, car malgré tout ce qu'ils
disaient et prétendaient être, étaient quand même des
adversaires, ces adversaires n'avaient aucune préoccupation de cet
ordre. Bien que servant le même Dieu et Lui offrant des sacrifices,
ils n'étaient pas vraiment en souci, ils n'avaient pas le cœur
chargé au sujet de cette Maison, comme on ne tarde pas à le voir
dans la suite du récit. Empêchés de participer à la construction
de la Maison, ils vont essayer de rendre la tâche impossible aux
ouvriers.
Ce
qu'il faut au Seigneur, dans la trame la plus intime de notre vie,
c'est un vrai fardeau, en ce qui concerne la vie spirituelle de Son
peuple. Ce doit être en nous une vraie préoccupation, un souci
constant, authentique et profond, qui fasse partie de notre vie et
qui ne soit pas comme un vêtement d'emprunt que nous pourrions
mettre de côté à tout moment, lorsque des désagréments ou des
difficultés viendraient nous contrer et léser notre intérêt
personnel. Ceux qui agissent ainsi, Jean les caractérise fort
justement comme étant "ceux qui sont sortis du milieu de nous,
mais qui n'étaient pas des nôtres" (1 Jean 2 :19).
Peut-on
sortir de quelque chose qui est devenu notre être même ? Nous avons
peut-être pensé une fois ou l'autre à y renoncer, à nous retirer,
mais quand le moment du choix était arrivé, il s'était avéré que
ce que nous avions peut-être traité avec un certain recul et que
nous allions laisser tomber faisait tellement corps avec nous, qu'il
nous était impossible de nous en séparer. Car, dans le creuset où
Dieu nous jette, l'Église est rendue partie intégrante de notre
être.
Êtes-vous
sûrs qu'il en est ainsi pour vous ? Si oui, l'ennemi ne peut pas
grand-chose. Mais, souvenez-vous qu'il cherchera toujours à obtenir
un assemblage disparate de personnes dont les unes ont un fardeau
réel, tandis que les autres, bien qu'elles soient convaincues de
l'avoir aussi, et malgré toutes leurs prétentions de servir le même
Dieu et de Lui offrir des sacrifices, n'ont dans tout cela qu'une
préoccupation passagère sans aucun fardeau réel dans les
profondeurs de leur être. Elles ont simplement adhéré à quelque
chose, et ce n'est pas le Saint-Esprit qui les y a introduites.
Ils
voulaient faire alliance ! Et n'ayant pas obtenu ce qu'ils voulaient,
leur subterfuge éclate au grand jour. Leur première manœuvre ayant
échoué, ils vont essayer d'empêcher la construction de la Maison
et, à grand renfort de menaces, espérant réussir par intimidation,
ils se mirent à répandre de faux bruits et à calomnier les
ouvriers, disant que c'était pour se révolter qu'ils construisaient
le Temple. Ils s'attaquèrent à la construction de la muraille et à
Néhémie, en faisant croire que c'était un homme qui désirait se
faire un nom et grouper des partisans pour devenir quelqu'un.
Faux
bruits et calomnies, c'est ainsi que travaille l'opposition suscitée
par le diable. Dans le cas particulier, leur pression fut énorme. Le
livre d'Aggée projette sur cet épisode une lumière très
significative. Vous vous souvenez qu'au début de ses prophéties qui
devaient relancer la construction du Temple, on trouve cette parole :
"Ce peuple dit : le temps n'est pas venu, le temps de construire
la Maison de l’Éternel."
Or
ils avaient commencé, ils avaient mis l'autel à sa place et jeté
les fondations de la Maison. Mais ils avaient changé d'avis. Ils
appréciaient différemment la situation. "Le temps n'est pas
venu, le temps de construire la Maison de l’Éternel."
Pourquoi ? Parce qu'ils s'étaient heurtés à l'opposition farouche
et implacable de leurs adversaires. Une opposition qui ne se limitait
pas à des attaques venues de l'extérieur, mais qui se faisait aussi
sentir au-dedans sous la forme d'une suggestion insidieuse : "Vous
voyez, toutes ces difficultés, tous ces ennemis, ces persécutions,
ces calomnies : cela signifie sûrement que Dieu ne veut pas que vous
vous occupiez de cette affaire ; l'heure de Dieu n'est pas venue.
Quand Son heure aura sonné, plus de difficultés, tout ira tout seul
!" Mais, en a-t-il jamais été ainsi?
Consultez
l'Histoire. Vous aurez de la peine à trouver un seul exemple où
l'enfer ne s'est pas mobilisé tout entier quand Dieu S'est mis à
faire une chose nouvelle. Satan dit : "L'opposition signifie que
le Seigneur n'est pas avec vous dans cette affaire. S'Il était avec
vous, tout irait à la perfection !" Non ! Il n'en a jamais été
ainsi ! Mais vous voyez comme Satan intervient de l'intérieur, et
donne aux difficultés une signification qu'elles n'ont pas, disant
ou insinuant que si le Seigneur était avec vous, vous n'en auriez
pas, Il vous conduirait au but, sans que vous ayez le moindre ennui.
Oh, non ! Pas du tout ! C'est là un mensonge de l'ennemi, qui
cherche à mettre l’œuvre de Dieu en échec par tous les moyens
imaginables, à cause du terrible échec que représentera pour lui
le triomphe du peuple de Dieu.
Demandez
à Dieu de vous montrer ce que tout cela signifie, pour que cette
parole ait des effets réels dans votre propre vie, et qu'Il puisse
obtenir, Lui, ce que Son cœur désire. Et n'oubliez pas que l'ennemi
cherchera continuellement à vous frustrer, vous aveugler, vous
paralyser. Demandez au Seigneur de réveiller votre esprit et dites :
"Si le Seigneur cherche à accomplir quelque chose, je refuse
toute paralysie dans mon esprit ou ma pensée, toute influence qui
produirait la mort. Je prends fermement position pour
l'accomplissement intégral de toute Pensée de Die!"
En
Christ : un petit mot qui en dit long (suite) : "Conformes à
Lui dans Sa mort".
La
mort de Christ, on l'a souvent fait remarquer, a eu, et a toujours un
double aspect. D'abord, l'aspect "substitut," qui est
unique, complet, définitif. Personne ne peut rien ajouter, et
personne ne peut contribuer en quoi que ce soit à son efficacité
rédemptrice et propitiatoire. Nous en recevons le bénéfice par la
foi, c'est un don par lequel nous sommes justifiés.
Mais
il y a un second aspect "représentatif", nous-mêmes, dans
notre nature adamique déchue, sommes compris dans cette mort.
L'aspect substitutif règle le problème de notre péché. L'aspect
représentatif règle le problème de notre personne. Bien que ces
deux problèmes soient, l'un et l'autre, en rapport vital avec le
salut, le second, celui de notre personne, pourra rester assez
longtemps à l'arrière-plan de notre vie spirituelle. Ce n'est que
lorsque nous en viendrons à comprendre ce que c'est que de vivre la
vie de Christ et de nous engager dans le "dessein éternel,"
que Dieu mettra l'accent sur ce côté-là de l’œuvre du Calvaire.
Ce
second aspect de la Croix se trouve souligné partout dans l'Ancien
Testament, soit dans les types, soit dans l'enseignement général.
Il fallait qu'Abraham soit séparé de son "pays" (le
monde), de sa "famille" (les relations naturelles), et de
la "maison de son père" (le vieil homme).
Un
auteur chrétien a fait remarquer que la vie d'Abraham tout entière
est une illustration de ce principe de mort, dans son application, à
toutes sortes de domaines de sa vie naturelle. Il fait un premier pas
en sortant du pays des Chaldéens, mais à Charan, et jusqu'à la
mort de son père, sa marche est arrêtée. Le vieil homme ne peut
pas passer la frontière du Jourdain, celle qui représente la Croix.
Les "lieux célestes" sont inaccessibles à la vieille vie.
L'auteur dont nous avons parlé fait ressortir le caractère charnel
des attachements d'Abraham, tel que le soulignent les différents
événements de sa vie, causes de difficultés et de retards. Il
montre aussi comment il lui fallut y renoncer. Voici quelques
exemples :
--1.
L'Egypte : le domaine des sens. L'Egypte représente une tentative
pour trouver des forces
spirituelles,
grâce à ce qui est tangible, visible, accessible aux sens.
--2.
Lot : la droiture et l'intégrité de l'homme naturel. La mentalité
naturelle et la mentalité spirituelle semblent au premier abord
tellement proches, qu'il est difficile de distinguer l'une de
l'autre. La différence entre la manière de penser de l'homme
naturel, si intègre soit-il, peut se voir comme à l’œil dans
tout le cours des vies d'Abraham et de Lot. Ce n'est qu'après que
Lot se soit séparé de lui que Dieu dit à Abraham : "Lève les
yeux maintenant…"
--3.
Les Cananéens : la fausse religion. Religion spirituelle certes,
mais satanique. Des formes
extérieures,
accompagnées de signes et de prodiges, mais démoniaques.
--4.
Agar et Ismaël : l'expédient. Essai d'atteindre des fins
spirituelles par des moyens naturels. Abraham tâche d'être fécond
par ses efforts personnels, grâce aux ressources de sa chair, sur un
terrain naturel.
On peut suivre ce principe dans nombre d'autres détails de sa vie.
Pour pouvoir entrer dans les conditions de l'alliance éternelle et
être spirituellement fécond, il faut qu'Abraham devienne un homme
spirituel qui accepte de vivre par la foi seule. Il en est de même
pour Moïse. Il doit connaître, lui aussi, la discipline qui le
préparera à son oeuvre. Un des passages les plus extraordinaires
et, pour beaucoup de lecteurs, les plus déroutants de l’Écriture,
est cette déclaration d'Exode 4 :24 : "L’Éternel l'attaqua
et voulut le faire mourir," et cela, après que Moïse eut
reçu la vision céleste et l'appel de Dieu.
Nous
savons par les textes que cet incident est en rapport avec le signe
de l'alliance, la circoncision ; mais nous ne devons pas oublier que
la circoncision symbolise justement le dépouillement du corps de la
chair, et que ceci se rapporte à notre identification avec Christ
dans Sa mort (Col. 2 :11-12).
Quarante
ans auparavant, Moïse avait essayé de mettre les ressources de sa
vie naturelle au service de Dieu. Il n'aboutit qu'à l'échec et à
une totale paralysie, ce qui était inévitable. Il fallut quarante
années vécues sur le principe de la mort pour que, devant les
exigences du service de Dieu, il ne puisse plus dire que : "Je
ne peux pas, c'est trop pour moi !"
De
propos délibéré, Dieu avait tout mis en oeuvre pour le réduire à
rien. Mais il fallait que le principe fondamental que Moïse venait
d'apprendre fût exprimé par un signe, ou témoignage visible. Il
fallait, si vous voulez, un symbole. Or le symbole en lui-même n'est
rien. Il n'a de valeur que dans la mesure où la réalité
spirituelle qu'il représente a été sincèrement reconnue et vécue.
Telle était, en Israël, la circoncision, image de la séparation
entre l'homme naturel et l'homme spirituel, entre le vieil homme et
le nouvel homme.
D'où
l'incident que relate notre texte. Le voyage de Moïse fut
brutalement stoppé. Il lui fallut, par un geste visible, bien
précis, proclamer le principe de séparation d'avec le domaine de la
chair. Nous pouvons être certains que, si nous essayons d'introduire
l'homme naturel, l'incirconcision de la chair, dans le domaine de la
vie spirituelle et du service de Dieu, nous serons brisés. Tôt ou
tard, l'homme naturel doit faire la dure expérience du jugement
implacable du Calvaire.
Ainsi,
nous voyons que cette vérité de l'union avec Christ dans Sa mort
représentative se trouve être, dans l'Ancien Testament, à la base
même de l'expérience des serviteurs de Dieu. Nous pourrions en
suivre le principe tout au travers des Écritures. Qu'est-ce que
l'Histoire d'Israël, sinon un long commentaire sur ce sujet ? La Mer
Rouge est la mort substitutive, Christ mort à notre place, et le
désert est une révélation de la nécessité du Jourdain,
c'est-à-dire de la mort représentative, de l'identification avec
Christ dans Sa mort.
L’œuvre
substitutive de Christ, avec les bénédictions qu'elle nous procure
et toutes les satisfactions de la justification par la foi, doit nous
conduire plus loin. Si notre vie spirituelle reste pure et se
développe, nous ne tarderons pas à nous rendre compte à quel point
est profonde la différence entre l'ancienne créature et la
nouvelle. Il y a un abîme entre l'homme naturel et l'homme
spirituel.
Nous
n'en prenons conscience, nous, que petit à petit, par étapes
successives. Mais Dieu voit les choses d'En Haut, comme une affaire
déjà réglée pour Lui. L'homme naturel et l'homme spirituel ne se
superposent pas, ils sont aux antipodes l'un de l'autre. Dans Sa
pensée, le rapprochement, ou la réunion des deux, touche à la
fornication spirituelle, et les fruits qui en résultent, soit dans
la vie personnelle, soit dans le service chrétien, sont illégitimes.
Le
plan de Dieu pour nous est de nous rendre la chose toujours plus
claire. Et, bien qu'il puisse nous sembler qu'il y ait entre ces deux
domaines passablement de points communs et même de mélanges, Dieu
nous montrera, avec une netteté croissante, qu'Il a placé, entre
l'un et l'autre, les dimensions infinies de la Croix.
Nous
avons cité plus haut de nombreux passages de l’Écriture qui
établissent des différences fondamentales entre ces deux modes
d'existence, le naturel et le spirituel. Être "chrétien,"
ce n'est pas simplement modifier la direction de nos intérêts. Ce
n'est pas orienter vers l’Évangile nos facultés, notre
énergie, nos ressources, notre cœur, notre enthousiasme, qui
étaient jusque-là au service du monde et de nous-même. Non. En ce
qui concerne les choses de Dieu et de la vie divine, Dieu a prononcé
sur l'homme naturel ce double verdict, que l’Écriture reproduit ou
reflète à chacune de ses pages : "… Rien" (Jean 6 :63),
et "… Il ne peut pas" (Romains 8 :7).
Ne
pas discerner le sens de ces mots, c'est être voué à la stérilité
et au désespoir de Romains 7. Une lutte intense n'aboutissant à
rien, tel sera immanquablement le résultat, pour peu que nous ayons
de réels besoins spirituels. Du reste, que ces besoins existent ou
non, si la notion de travail pour Dieu consiste simplement en une
orientation de l'homme naturel vers le "service chrétien,"
ce service-là n'atteindra jamais l'objectif que Dieu lui a assigné,
et ne parviendra jamais à des résultats vraiment spirituels. Nulle
chair ne saurait se glorifier en la présence de Dieu, et la chair
religieuse n'est pas plus agréable à Ses yeux que la chair
irréligieuse.
Que
d'hommes bien intentionnés, qui s'efforcent d'atteindre un niveau
spirituel qui les satisfasse, ou qui s'attellent courageusement à
l’œuvre de Dieu, avec les ressources de leur intelligence, de leur
volonté, de leurs sentiments ! Raisonnement, énergie, enthousiasme,
rien n'y manque de ce qui fait la force de l'homme naturel. De là
toutes ces organisations humaines, avec leurs rouages si encombrants
pour l'Esprit de Dieu. Que nous sommes loin du témoignage
apostolique !
Non.
Pour être agréé de Dieu et Le servir, c'est un homme nouveau qu'il
faut. Cet homme nouveau a une vie nouvelle, une manière de penser
nouvelle, un esprit nouveau, des moyens nouveaux, des aptitudes
nouvelles, des intérêts nouveaux. En fait, "toutes choses sont
devenues nouvelles."
Cet
homme nouveau apprendra de plus en plus à quel point la manière
dont Dieu agit est différente de la manière de l'homme ; et aussi,
à quel point ce que Dieu fait est différent. Les objectifs de Dieu,
les méthodes de Dieu, les moyens employés par Dieu, l'heure de
Dieu, représentent, pour cet homme en Christ, toute une éducation,
et souvent toute une discipline. Jusqu'à ce que le "vieil
homme" soit vraiment crucifié, accepter les voies de Dieu, Ses
méthodes, Son heure, Son véritable but, sont encore pour lui une
épreuve pénible. Ou bien il se révoltera et ira son propre chemin,
ou bien il acceptera d'être humilié.
De
toute façon, il lui faudra comprendre un jour que, dans l'intention
de Dieu, lui, l'homme naturel, doit aller à la Croix, puisque c'est
la place que Dieu lui assigne une fois pour toutes, en la Personne de
Jésus-Christ. L'homme naturel qui touche aux choses de l'Esprit ne
produit que mort et désolation : d'où la nécessité pour le
Seigneur, qui ne cherche que notre bien, de prendre des précautions
contre cette vie naturelle chez les Siens. C'est pour cela qu'Il les
fait passer par des chemins d'humiliation qui les mettent, pour ainsi
dire, hors de combat, sur le plan naturel. Il plante une écharde
dans la chair de Paul, toujours prête à s'enfler, et aussi pour que
la fécondité spirituelle de Son serviteur ne soit pas compromise,
mais s'accroisse plutôt.
Nous
avons une connaissance bien imparfaite des ressorts secrets de notre
propre cœur. Nos mobiles, la nature de nos désirs, même quand il
s'agit de bénédictions spirituelles, les intérêts personnels que
nous avons dans le Royaume de Dieu, la soif de posséder, d'être
satisfaits, d'avoir de l'influence, le désir d'être indépendants
ou considérés, toutes ces choses et beaucoup d'autres, sont des
éléments constitutifs de notre nature. Dieu sait à quel point
toutes les sources de notre vie sont infectées, et comment cette
corruption transparaît au-dehors.
Loin
de Lui la pensée de nous livrer à une introspection maladive et à
nous lamenter sur notre état. Ce qu'Il cherche à obtenir de nous,
c'est que nous prenions notre verdict qu'Il a prononcé sur "l'homme
naturel," et que nous acceptions qu'il soit crucifié. Quand,
par la foi en Sa Parole et en la justesse de Sa condamnation, nous
acceptons ainsi la Croix, Il entreprend Lui-même de réaliser cette
mort en nous. Et, peu à peu, nous nous rendons compte que c'est bien
de cela que nous avions besoin. Alors, sur la base de ce grand
principe divin : "J'ai été crucifié avec Christ, … ce n'est
plus moi qui vis," nous refusons de faire un seul pas qui ne
soit pas dans l'Esprit.
De
même que, selon le symbole de l'Ancien Testament, l'huile de
l'onction sainte ne devait pas venir sur la chair de l'homme, de
même, dans la dispensation de l'Esprit, Dieu ne permettra jamais que
le Saint-Esprit vienne sur la chair.
Dans
l'expérience personnelle aussi bien que dans l'Histoire, le Calvaire
précède la Pentecôte. L'onction pour le service est toujours
obligatoirement précédée d'une claire révélation du caractère
méprisable et de l'impotence de l'homme naturel aux yeux de Dieu. Le
: "Je ne veux pas !" de Moïse, le : "Malheur à moi
!" d'Esaïe, le : "Je ne suis qu'un enfant!" de
Jérémie, le : "Je suis un homme pécheur !" de Pierre,
l'aveu classique : "Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en
moi", de Paul, sont caractéristiques de tous ceux qui ont été
appelés par Dieu. Ces expressions résultent tout simplement d'une
application, dans leur vie personnelle, du vrai sens de la Croix.
Pourtant, dans le domaine de leur vie naturelle, ils étaient des
enthousiastes de la religion, dévoués à la cause de Dieu.
C'est
toujours l'amour de Dieu qui nous conduit sur le chemin de la Croix,
quelle que soit l'amertume de la coupe qu'il faut boire, quand
"l'âme", et non l'esprit, est éprouvée jusqu'à la mort
; car ce n'est que par ce chemin que notre vie peut se libérer des
limitations de la nature, pour entrer dans les possibilités
universelles et infinies de l'Esprit.
Relisons
les Écritures en gardant cette pensée en nous. Quand nous verrons
que vraiment Sa mort est notre mort, disons : "Amen ! Seigneur,
réalise cela dans ma vie !"
Nous
pourrons alors dire avec Paul : "… Connaître Christ, et la
puissance de Sa résurrection, et la communion de Ses souffrances,
étant devenus conformes à Lui dans Sa mort."
Les
marques de Jésus-Christ (suite).
Les
marques, non seulement de la propriété, mais aussi de la dévotion
dans le service. Paul avait gagné bien des cicatrices dans son
service dévoué au Seigneur. Le service du Seigneur lui valait bien
des souffrances, et les marques qu'il portait étaient celles de la
fidélité jusqu'au sacrifice. Il se peut que nous ne soyons pas tous
destinés au "service missionnaire" auquel Paul, et
beaucoup d'autres, furent appelés. Mais peu importe. Nous n'irons
pas très loin dans notre dévotion aux intérêts du Seigneur Jésus
sans connaître souffrance et sacrifice. Cela nous coûtera. Nous
risquerons notre position ou l'estime des autres ; sans doute
devrons-nous parfois accepter de renoncer au meilleur dans ce monde.
Les portes de certains milieux se fermeront.
Beaucoup
de personnes dont nous aurions aimé gagner l'amitié nous la
refuseront. Si nous voulons être de ceux qui cherchent les intérêts
du Seigneur et qui veulent contribuer à l'avancement de Son règne,
nous devons nous attendre à perdre certains avantages et à souffrir
jusqu'au sacrifice. Je doute qu'il soit possible de servir les
intérêts du Seigneur sans qu'il y ait sacrifice de notre part.
Il
se peut qu'au terme de notre course ici-bas, lorsque nous regarderons
en arrière, nous voyions beaucoup de choses que nous aurions pu
gagner : une position, l'approbation et les récompenses des hommes,
mais elles nous ont échappé. Nous avons dû les abandonner pour
Jésus, préférant recevoir Ses stigmates dans ces domaines.
"Pourquoi ? Pourquoi ceci ? Pourquoi a-t-il fallu cela ?
Pourquoi cela a-t-il tant coûté ? Pourquoi ne suis-je jamais arrivé
où d'autres sont arrivés ?" Ce sont les stigmates du Seigneur
Jésus, la marque de Jésus.
Mais
il y a des gains qui sont cachés à notre vue, et qui feront plus
que compenser les pertes apparentes. Cet homme qui écrivait ces
mots, avait écrit à une autre occasion :
"Nos
légères afflictions du moment présent produisent pour nous,
au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous
regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont
invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les
invisibles sont éternelles" (2 Corinthiens 4 :17-18).
Cependant,
nous tenons tellement aux choses visibles, n'est-ce pas ? Il nous est
si difficile de détourner les regards des choses visibles,
c'est-à-dire de ce qui est manifeste, des choses dont on peut tenir
compte. Elles sont si proches de la vue ! Les pertes, les
souffrances, les épreuves, les difficultés, les adversités, ce
sont des choses visibles. Les choses invisibles, que sont-elles après
tout ?
En
ce qui nous concerne, les choses invisibles sont des promesses. Elles
sont réelles en Dieu, mais pour nous elles ne sont que des
promesses. Et cependant elles sont sans mesures et sans limites,
infiniment plus excellentes, un poids de gloire sans mesure et
éternelle, un poids de gloire ! Elles sont là, invisibles, tandis
que nous portons ici-bas les marques de la perte des choses que nous
aurions pu avoir. Ces choses étaient là pour nous, mais, à cause
des intérêts du Seigneur Jésus, elles ont dû être abandonnées.
Les marques du Seigneur Jésus, la fidélité jusqu'au sacrifice, le
chemin de l'impopularité, avec tout ce qu'il en coûte. Enfin, ces
marques de l'apôtre sont aussi :
Les
marques de l'image de Jésus.
Si
les marques de quelqu'un ont une utilité, c'est qu'elles peuvent
être vues par les autres. Elles se remarquent, elles montrent
clairement à tous les intéressés que celui qui les porte est
marqué et désigné comme étant la propriété de quelqu'un. C'est
quelque chose qu'il faut montrer. Et les stigmates du Seigneur Jésus
ne sont pas seulement des marques de propriété et des marques de
dévotion dans le service, elles sont aussi des marques de
ressemblance.
J'ai
toujours pensé que les exhortations à être semblables à Christ ne
plaisent pas du tout à notre propre nature. Je dois confesser qu'à
aucun des appels à devenir semblable à Christ que j'ai entendu
faire, je n'ai vu de réponse enthousiaste. Il ne sert à rien que je
vous dise d'être semblable à Christ, aussi ne vais-je pas le faire
; cependant, je vous dirai que, vous et moi, nous devons porter
l'image de Christ comme la marque qu'Il possède nos vies.
Comment cette image de Christ se produit-elle ?
Les
marques de la dévotion dans le service nous viennent à mesure que
nous souffrons pour Lui, que nous faisons des sacrifices pour Lui.
Les marques de l'image de Christ nous viennent à mesure que notre
communion avec Lui se développe. Elles sont le résultat de notre
fidélité dans la communion.
Ainsi,
les marques de la possession sont le, résultat de la fidélité dans
la loyauté ; les marques de la dévotion dans le service sont les
marques de la fidélité dans la souffrance et le sacrifice ; et les
marques de l'image de Jésus-Christ sont le fruit de la fidélité
dans la communion avec le Seigneur. Comment deviendrai-je semblable à
Christ ? Comment deviendrez-vous semblable à Christ ? Comment les
autres verront-ils en nous les marques de Jésus ?
Simplement
dans la mesure où nous sommes fidèles dans notre communion avec
Lui. Vous le savez, dans notre vie de tous les jours, commencez la
journée sans votre moment de prière, et vous aurez bientôt dans
votre vie d'autres marques que celles de Jésus. D'un autre côté,
soignez la question de votre communion, préservez votre heure de
recueillement, vos moments de prière, respectez vos moments de
tranquille méditation, veillez à ce qu'il y ait une place dans
votre cœur, chaque jour, et vous n'aurez pas besoin de vous efforcer
de devenir semblables au Seigneur Jésus.
Tous
les soucis que vous pourrez vous faire pour devenir semblable au
Seigneur Jésus ne seront d'aucun secours. Ceux qui marchent
intimement avec Lui, qui veillent à leur vie de prière, portent ces
marques de Son repos, de Sa paix, de Sa patience, de Sa douceur, de
Sa grâce, de Son amour, les marques de Jésus !
C'est
ainsi que se forme Son image en nous. Je ne vous dis pas de vous
efforcer de lutter pour être semblables à Jésus. Je dis : "Restez
en contact avec Jésus !" Croyez-moi, car j'ai suivi ce même
chemin. Je connais, oh ! Je connais, d'un côté le bonheur, et de
l'autre côté l'amertume de la souffrance qui sont liés à cette
vie-là. Le bonheur qu'il y a à veiller à nos moments de
recueillement, à nos heures de prière, à notre vie de communion
avec le Seigneur ! Oh oui ! Dans le travail, dans le monde, quelle
différence cela fait-il !
D'un
autre côté, il y a les attaques et les événements qui
surviennent, les obstacles qui freinent notre communion avec le
Seigneur. Et quel en est le résultat ! Puis-je vous presser à
veiller à votre fidélité dans la communion avec notre Seigneur ?
Peut-être sans le savoir, et ce sera mieux ainsi, vous porterez les
marques du Seigneur Jésus, Son image. Je ne désire pas que vous
puissiez prouver aux autres que vous ressemblez à Christ. J'aimerais
que cela arrive sans que vous le sachiez ! Il en sera ainsi si vous
veillez à votre vie de communion. Soyez donc fidèles en cela. Et
ensuite ? Qu'importe ! "Que désormais personne ne me fasse de
la peine !" Tout serait vain ! L'on peut essayer de me
détourner, de me séduire, le monde cherchera à m'attirer. L'on
tentera de me troubler et de m'ennuyer, mais j'appartiens à Jésus.
J'ai en Lui tout ce que je puis désirer. "Que personne ne me
fasse de la peine, je porte en mon corps les stigmates de Jésus."
Qu'il
en soit ainsi pour nous tous !