lundi 16 octobre 2017

Le Dieu Vivant par T. Austin-Sparks

« Et Josué dit, A ceci vous connaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous, et qu’il dépossèdera certainement devant vous le Cananéen, et le Héthien, et le Hévien, et le Phérézien, et le Guirgasien, et l’Amoréen, et le Jébusien, voici, l’arche de l’alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain. » Josué 3 :10-11
« Car eux-mêmes racontent de nous quelle entrée nous avons eue auprès de vous, et comment vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai. » 1 Thessaloniciens 1 :9
« Combien plus le sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, pour que vous serviez le Dieu vivant! » Hébreux 9 :14
« Et il arrivera que dans le lieu où il leur a été dit, Vous n’êtes pas mon peuple, là ils seront appelés fils du Dieu vivant. » Romains 9 :26
« Car vous êtes manifestés comme étant la lettre de Christ, dressée par notre ministère, écrite non avec de l’encre, mais par l’esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur les tables de chair du cœur. » 2 Corinthiens 3 :3
« Et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit, J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple. » 2 Corinthiens 6 :16
« Car c’est pour cela que nous travaillons et que nous sommes dans l’opprobre, parce que nous espérons dans le Dieu vivant qui est le conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles. » 1 Timothée 4 :10
« Et Simon Pierre, répondant, dit, Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Matthieu 16 :16
« Afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité. » 1 Timothée 3 :15
« Mais vous êtes venus à la montagne de Sion; et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste; et à des myriades d’anges, l’assemblée universelle. » Hébreux 12 :22
« Prenez garde, frères, qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un méchant cœur d’incrédulité, en ce qu’il abandonne le Dieu vivant. » Hébreux 3 :12
                    Sans vouloir chercher à étudier en détail tous ces passages qui traitent, chacun sous un aspect différent, de notre relation pratique avec le Dieu vivant, nous essaierons d'embrasser toute la question, dans son ensemble, dans ces quelques pages, et de la ramener à quelques applications simples, directes et précises.
Le Vivant
                     Nous reconnaissons en premier lieu le fait que le Dieu avec qui nous avons affaire est un Dieu vivant. Peut-être cette déclaration ne nous paraîtra-t-elle ni très merveilleuse ni très fraîche, mais je crois qu'il est possible, à son égard comme à tout autre égard, de nous éveiller et de découvrir une signification qui avait pu jusqu'ici nous rester totalement étrangère.
                    Le Dieu avec lequel nous avons affaire est un Dieu vivant ! Ainsi que l'indiquent les passages cités plus haut, – et ce que peut-être nous avons appris, la plupart d'entre nous, – ce fait a deux côtés et comporte deux sens. D'un côté, c'est un fait qui apporte un réconfort infini à celui dont le cœur est honnête. Premièrement, lorsque nous nous tournons vers Lui en toute simplicité de cœur, c'est une grande chose de savoir que nous nous approchons d'un Dieu vivant et véritable. Il nous est dit des Thessaloniciens qu'ils abandonnèrent les idoles « pour servir le Dieu vivant et vrai ». Et l'apôtre se réjouit de ce que tout cela signifiait pour ces croyants, car ses lettres aux Thessaloniciens ne sont pas autre chose que des lettres de vie. Relisez-les à cette lumière et avec cette pensée, et vous les verrez palpiter de vie. Il y a en elles toutes les marques d'une expérience vivante, d'une joyeuse expérience, d'une expérience débordante, – oui, débordante ! – tellement, que son reflux se répand au loin, et que l'on parle de leur foi dans toutes les assemblées. Il n'est pas nécessaire à l'apôtre de faire mention d'eux, puisque c'est par leur moyen que la parole se répand de tous les côtés. Cela signifiait quelque chose pour eux d'avoir découvert que ce n'était pas à une autre religion, ni à un autre système d'enseignement, ni à une autre association de personnes, qu'ils étaient venus, mais à un Dieu vivant; non pas à des choses, mais à une Personne vivante.
                    C'est de la conception que nous avons du Seigneur que dépend entièrement notre témoignage. Si nous nous tournons vers un enseignement, vers une tradition, vers une interprétation, vers des associations humaines, vers le christianisme, il nous manquera quelque chose. Mais si nous venons au Dieu vivant, avec la compréhension qu'Il est le Dieu vivant, nous entrerons dans la vie; tout sera vivant dans notre expérience, dès le commencement.
                    Il n'est pas inutile de dire une chose comme celle-là. Nous avons dit plus haut que nous nous éveillions, mais quelques-uns d'entre nous s'éveillent trop tard. Ce qui nous retenait endormis, – bien que nous ne sachions pas que nous étions endormis, à moins qu'il n'y ait eu en nous une certaine inquiétude, un sens d’insatisfaction, un besoin de nous retourner de côté et d'autre, et une plainte et des soupirs – c'est le fait que nous avons été associés au christianisme et aux choses du peuple de Dieu de si bonne heure dans nos vies. Notre christianisme et notre relation avec le Seigneur était quelque chose en quoi nous avions été amenés dès notre enfance, et c’était devenu pour nous un système des choses du Seigneur qui nous entourait et avec lequel nous étions assez familiers. L'on nous avait appris à dire notre prière, à aller aux réunions, et ainsi de suite. Mais un jour, nous nous sommes éveillés au fait que ce Dieu est Un Dieu vivant. Nous avions été associés avec Lui depuis très longtemps, dans un certain sens, mais Il n'était pas un Dieu personnel pour nous; Il n'était pas un Dieu vivant.
                    Pardonnez-moi de revenir à une étape aussi élémentaire : il est peut être nécessaire de demander pardon à certains de nos lecteurs qui se trouvent encore dans la situation susnommée et dont les relations avec Dieu aient précisément ce caractère-là. Peut-être êtes-vous associé à des choses qui ont un rapport avec le Seigneur, mais qu'en est-il de la question de cette jouissance personnelle et intérieure du Dieu vivant ? Est-Il réellement une Personne vivante pour vous ? C’est là qu'il nous faut revenir ; et il faut que le Saint Esprit ait rendu ce fait réel, ou qu'Il le rende réel dans notre expérience. Je sais que cela répond à un fait dans la vie de beaucoup d'enfants de Dieu, et que le jour vient où, bien qu'ils aient pu être associés aux choses du Seigneur depuis fort longtemps, ils s'éveillent soudain au fait que le Seigneur est une Personne vivante. Il y a tant de choses en cela, lorsque nous en arrivons à le découvrir. Cela signifie tout pour nous, à tous les points de vue. Nous sommes désormais au Seigneur! Nous connaissons le Seigneur ! Mais aussitôt nous passons par des expériences et des moments si difficiles, si mystérieux, si pleins d'ombres et de nuages; nous traversons des périodes de profonde épreuve, où il semble que tout disparaît, que tout est vain; il nous faut une si grande patience; il nous semble qu'il y a tant de temps perdu, et si souvent, que nous en arrivons presque a croire que, en ce qui nous concerne, le Seigneur n'est pas le Dieu vivant.
Le But de l'Épreuve
                     Aussi aimerais-je dire à ceux qui sont éprouvés, à ceux qui se trouvent sous un nuage, a ceux qui en ce moment même peuvent passer par une épreuve de ce genre, que le Dieu avec qui vous avez affaire est un Dieu vivant. Il sait exactement ce qu'Il fait. Vous avez affaire avec un Dieu vivant, et ce Dieu vivant est tout près de vous, bien que vous ne le sachiez pas, que vous ne le compreniez pas pour l'instant. Vous n'êtes point oublié. Si c'est avec un Dieu vivant que nous sommes entrés en relation en Jésus Christ, Il connaît tout ce qui nous concerne; Ses yeux sont sur nous; et plus encore, Il a un intérêt particulier en nous, et Il a soin de nous; Il n'est pas insensible à nos intérêts; Il est au contraire très intéressé en nous. L'épreuve que nous avons à traverser n'est pas une preuve qu'Il nous a oublié, qu'Il nous a abandonné, ou qu'Il a cessé d'exister pour nous; il agit à notre égard de la manière la plus sage pour que nous parvenions à Son but. Il est le Dieu vivant.
                    Nous pouvons affirmer cela en nous appuyant sur plus d'une base d'autorité. Nous pouvons prendre la Parole de Dieu et y suivre la vie de Ses nombreux serviteurs, et nous verrons qu'ils auraient eu de bonnes raisons, l'eussent-ils voulu, d'en conclure qu'il n'y avait pas de Dieu, ou du moins que, si Dieu existait, qu’Il les avait abandonnés. Toute leur expérience, toute leur vie, toutes leurs affaires, semblaient confirmer le fait qu'ils avaient été abandonnés, ou que Dieu était mort. Mais si nous suivons leur histoire jusqu'au bout, la suite nous prouvera toujours que, au moment où il leur semblait que Dieu était le plus éloigné d'eux, absolument en dehors de leur sphère, Dieu était des plus actif dans ce qu'Il faisait, qu'Il était des plus directement engagé dans leurs affaires, qu'Il assurait en eux-mêmes un état, une condition, une disposition qui devait les préparer pour une position de confiance, et d'honneur, et de vie fructueuse. Bien que tout au long de leur histoire, les apparences aient été contraires, Il avait été en vérité le Dieu vivant. Cela nous est montré très clairement dans la Parole de Dieu.
                    Il y en a parmi nous qui connaissent, dans notre expérience ces temps où il semble que Dieu – pour employer les paroles de l'un de Ses serviteurs, que cite la Parole de Dieu, – « Dieu a-t-il oublié d’user de grâce ? ». Mais lorsque, plus tard, nous regardons en arrière sur ces moments-là, nous comprenons, bien que nous ne l'ayons pas su alors, que Dieu était en réalité très actif, qu'Il accomplissait quelque chose très profondément et c'est dans la valeur de cette expérience passée que nous vivons aujourd'hui. Dieu ne nous avait pas abandonné. Nous avions affaire avec le Dieu vivant, et le Dieu vivant avait affaire avec nous. Ceci peut nous paraître simple, mais retenons-le pour le moment opportun. Ce fait devrait être, à tant d'égards, un réconfort infini pour celui qui est honnête de cœur. Le Dieu vivant est Celui avec qui nous avons affaire.
La Note d' Avertissement
                    Il y a cependant l'autre aspect, que nous ne devons pas ignorer dans le désir de ne point toucher aux choses désagréables ; il nous faut être fidèle. Cette déclaration que nous trouvons dans la Parole de Dieu est, comme vous l'aurez remarqué accompagnée d'une ombre à plus d'une reprise. «Prenez garde, frères, qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un méchant cœur d’incrédulité, en ce qu’il abandonne le Dieu vivant. », Hébreux 3 :12. Prenez garde! C'est une note d'avertissement. Cherchons maintenant la raison de cet avertissement. Si nous prenons ce troisième chapitre de la lettre aux Hébreux, nous trouverons que la chose en vue, c'est le dessein tout entier de Dieu, le but qu'Il a fixé pour Son peuple. L'illustration est tirée de la vie du peuple d'Israël qui, dans le désert, est en face du pays de la promesse. Le but de Dieu pour les enfants d'Israël, c'est qu'ils entrent dans le pays et qu'ils le possèdent dans toute sa plénitude, avec tous ses trésors et toutes ses richesses, et toute sa bénédiction. Mais à cause de leur incrédulité, ils manquèrent le but, ils n’héritèrent pas du pays et moururent dans le désert. Nous le voyons, c'est sous ce rapport qu'est employée cette désignation « le Dieu vivant », ce qui signifie sûrement, s'il y a ici une signification quelconque, que, par le fait même qu'Il est le Dieu vivant, Son but et Son dessein pour Ses enfants, c'est qu'ils aient tout ce qu'Il peut leur donner – la plénitude! Voilà tout ce qui est lié à un Dieu vivant. Les autres dieux enlèvent toujours, dérobent toujours, appauvrissent toujours. Les dieux des païens, les dieux du monde, sont des dieux qui dérobent; ils vous dépouilleraient de tout. Ce Dieu vivant est suprêmement caractérisé par le fait qu'Il donne, et qu'Il donne toujours. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique… »; « Celui même qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui ? », Romains 8 :32. La marque du Dieu vivant, c'est qu'Il répand avec largesse Son Amour et Ses richesses ; c'est de Sa pleine pensée, et de Son désir, et de Son dessein, et de Sa volonté pour les Siens, qu'Il désire nous gratifier en plénitude. Se séparer du Dieu vivant: c'est se séparer de tout ce qu'Il a voulu, déterminé et désiré pour nous; c'est pourquoi nous avons cette parole d'avertissement.
                    Mais, remarquons une chose. La Parole ne dit pas : Prenez garde, frères, que quelqu'un de vous ne se sépare de la bénédiction et n’en perde le gain. Les termes employés sont: « en ce qu’il abandonne le Dieu vivant ». Toute notre bénédiction est liée à Dieu Lui-même, Il est notre bénédiction. En d'autres termes, Le connaître comme le Dieu vivant, c'est la vie éternelle. « Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. », Jean 17 :3. Le connaître comme le Dieu vivant, c'est la plénitude de la bénédiction. Aussi l'avertissement nous est-il donné de peur que, par incrédulité, nous ne nous séparions du Dieu vivant. Lorsqu'il s'élève dans notre cœur un doute à l'égard de Dieu, c'est ce doute, cette incertitude à l'égard de Dieu qui nous dérobent de Lui-même. Alors la bénédiction s'en va, parce que en doutant de Dieu, nous élevons une barrière entre Lui et nous.
                    Oui, mais il y a encore une parole plus solennelle en rapport avec le Dieu vivant : « C’est une choses terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant! », Hébreux 10 :31. Nous avons ici le second passage sur lequel il y ait une ombre. Soyons donc très sérieux et tout à fait franc. Ce n'est pas à des hommes que, vous et moi, nous aurons affaire au dernier jour. Ce n'est pas à des hommes que nous aurons à rendre compte; ce n'est pas d'un enseignement, comme tel, qu’il s'agira, ni de lieux, ni de choses. Si vous ou moi, nous refusons la vérité, si nous refusons la lumière, si nous refusons l'obéissance, si nous cachons quelque chose au Seigneur; si, vous et moi, nous sommes en quelque manière infidèles, c'est avec le Dieu vivant que nous aurons affaire. Ce fut une chose singulière pour Acan de voir que son péché caché et secret fut pleinement dévoilé et ceci de façon aussi saisissante. Pensons aux centaines de milliers en Israël; et parmi tout ce peuple, un homme fait une chose que Dieu va découvrir. Cet homme est témoin de l'investigation mis en place, et il la suit, à mesure qu'elle est ramenée de la multitude à la tribu, de la tribu à l'une des familles de cette tribu, jusqu'à ce que soit atteinte sa propre tente, sa tente personnelle, et que lui, un homme d’entre des centaines de milliers, tombe sous le doigt de Dieu. Acan avait probablement pensé que, au milieu , d'une si grande foule, il pouvait pécher sans danger d'être remarqué, qu'il pouvait tromper les anciens d'Israël sans risque d'être découvert. Acan avait oublié que c'était au Dieu vivant qu’il avait à rendre compte. Et c'est cette chose si grave qui devient l'occasion de cet avertissement si solennel; il faut que nous nous souvenions que « c'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ! »
                     Si nous sommes honnêtes, vous et moi, il ne nous arrivera jamais de tomber entre les mains du Dieu vivant de cette manière-là. Mais le fait est que tout ce qui est gardé secret dans nos vies, tout ce qui est péché, toute désobéissance, tout refus de recevoir la lumière, tout ce qui n'est pas de Dieu, nous livre entre les mains du Dieu vivant; c'est à Lui que nous aurons à rendre compte tôt ou tard; ce n'est pas même à ceux qui ont autorité sur nous dans le Seigneur que nous aurons à répondre en premier ou en dernier lieu. C'est un soulagement très béni que de reconnaître cela, un soulagement pour nous tous de savoir que tout est entre les mains de Dieu, et que c'est à Dieu que chacun de nous nous aurons à rendre compte. C'est une chose terrible en même temps réconfortante, une chose fortifiante, même lorsque nous apportons le message du Seigneur, que ce n'est pas à nous que les âmes devront répondre un jour. Elles peuvent, afin de refuser le message, prendre une certaine attitude à l'égard de celui qui l'apporte, et dire: Oh! c'est simplement sa propre interprétation; c’est lui qui dit cela! Non, vous n’écartez pas la question ainsi. Si ce message est la vérité de Dieu; ce n'est pas au messager que vous aurez à rendre compte de votre attitude, c'est au Dieu vivant.
                     Mais cela met sur nous tous une terrible responsabilité. Nous devons nous souvenir que, pour tout ce que le Seigneur nous donne, c'est à un Dieu vivant que nous aurons à répondre. Oh ! le Seigneur sonde le fond de notre cœur, et Il sait. Il nous est impossible de Le tromper. Cela ne se peut pas. Il connaît notre cœur intérieur. Il connaît notre foyer et sait ce qui s'y passe. Il nous connaît dans notre vie de tous les jours. Il nous connaît dans nos relations les uns avec les autres. Il sait exactement ce que nous sommes et ce que nous prétendons être. Il faudra que, tôt ou tard, nous rencontrions le Seigneur au sujet de chaque point d'hypocrisie, de tromperie, de péché.
                     Maintenant, le fait que le Dieu avec qui nous avons affaire est un Dieu vivant peut, ou bien nous apporter un sentiment de réconfort, ou bien frapper notre cœur de terreur; cela dépendra entièrement de notre attitude à l'égard du Seigneur. Ceci est quelque chose qui doit être dit. Le Seigneur sait pour qui cette parole est nécessaire. Vous et moi, nous avons affaire avec le Dieu vivant. C'est un fait béni, mais c'est aussi un fait terrible. Souvenons-nous donc toujours qu'il n'y a devant Lui rien de secret, rien de caché, rien que nous puissions déguiser. Nous ne pouvons pas prendre de fausse position devant Lui. Il est un Dieu vivant, toujours et partout présent, qui voit jusqu'au fond de nous et des choses et qui, un jour, nous dira: Maintenant, enlève ce masque, que cette tentative de séduction soit mise de côté; regarde-toi bien en face. Je sais tout! Je te connais du commencement à la fin ; tu n'as jamais rien pu Me cacher, pas pour un seul instant! Il est le Dieu vivant. Cette parole: « C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. », est réellement une parole terrible pour ceux qui luttent contre Dieu; et je pense qu'elle s'adresse spécialement à ceux qui s'opposent à Dieu.
                    Réfléchissons à ce qui se passe dans ce monde aujourd'hui. J'ai lu un livre intitulé « La Guerre contre Dieu ». Toute l'histoire de cette longue guerre séculaire faite à Dieu y est décrite, et l'auteur montre cette lutte se développant aujourd'hui à un tel degré, que des nations entières ont pour objet de rejeter Dieu loin du monde; de se débarrasser de Dieu, de ne permettre rien qui soit de Dieu dans leur vie nationale. Mais ceci n'est qu'un aspect des choses, et qui ne s'applique pas à nous. Nous pouvons dire cependant que c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant – non pas d'un Dieu imaginaire, non pas d'un Dieu traditionnel, non pas du Dieu des systèmes religieux, si vieille que soit leur histoire, mais du Dieu vivant. Ce fait se retournera contre ceux qui refusent de Le reconnaître comme le Dieu vivant. Il tient les nations dans Sa main.
                    Il se peut que ce message tombe entre les mains de quelqu'un qui résiste à Dieu, qui lutte contre Dieu, qui Se rebelle contre Dieu, qui s'imagine – sans l'avoir jamais exprimé en paroles ni même y avoir pensé clairement – pouvoir l'emporter sur Dieu. Oh! non, « C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. », et là que nous arriverons tous, tôt ou tard.
                     Pouvons-nous nous réjouir à cette pensée d'être dans les mains du Dieu vivant ? Point n'est besoin d'en être effrayé. Ce peut être la chose la plus précieuse dont nous puissions jouir, d'être dans les mains du Dieu vivant. Mais ce peut être, d'un autre côté, la chose la plus terrible, une chose redoutable que de tomber entre les mains du Dieu vivant. Pour ceux qui enfreignent la foi et ceux qui manquent de fidélité, ce n'est ni une chose agréable ni une chose bénie de savoir que le Dieu avec qui nous avons affaire, et qui a affaire avec nous, est un Dieu vivant.
La Relation Vivante
                     Il y a maintenant une autre chose qui est liée à cette désignation si souvent répétée, « le Dieu vivant ». Le fait qu'Il est le Dieu vivant demande un état de choses vivant parmi Son propre peuple. C'est de Lui que Ses enfants prennent leur caractère, dans ce sens même et cette vérité même qu'il est le Dieu vivant. Cela signifie que leur relation avec Lui est supposée être vivante. Or, la relation du peuple de Dieu avec son Dieu, telle que nous l'avons aujourd'hui dans tant de directions et dans une si grande mesure, n'est pas une relation vivante. Il y a une certaine conscience de Dieu; il y a une certaine forme de culte rendu à Dieu; il y a des rites liés à l'idée de Dieu; et il y a, dans une mesure plus ou moins grande, la confession d'une sorte de dévotion à Dieu, d'adoration de Dieu, de conscience de Dieu, peut-être même de désir pour Dieu; mais tout cela manque de cette relation vivante avec Dieu. Et cependant, le fait qu'il est le Dieu vivant signifie pour ceux qui sont unis à Lui, qu'ils devraient vivre. Il leur dit: « Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez. », Jean 14 :19. Une relation vivante avec Dieu est donc possible.
                    Je ne doute pas que neuf personnes sur dix au moins de ceux qui liront ces pages connaissent cette relation vivante avec le Dieu vivant. Il est pour eux, dans leur propre expérience, leur jouissance et leur connaissance, aussi vivant que n'importe qui ici-bas. Plusieurs d'entre nous peuvent même dire qu'Il est plus vivant pour nous que tous ceux que nous connaissons, parce qu'Il est en contact plus intime avec notre être intérieur – Il est le Dieu vivant. Ce n'est pas une relation avec un état de choses mortes, mais une relation avec une Personne vivante.
                     Mais, je me dois de demander: Avons-nous cette relation vivante ? Suivons-nous un système, un ordre, ou bien sommes-nous en communion vivante avec un Dieu vivant? Le Seigneur désire que nous ayons avec Lui cette relation vivante, toujours et en tout. C'est une grande chose de savoir que nous avons accès au Dieu vivant. Nous ne savons pas si une chose est bonne ou mauvaise ? Nous avons le Dieu vivant, demandons-le Lui; Il est prêt; Il est accessible; Il est vivant; nous pouvons rester en rapport constant avec Lui. Ce qu' Il veut pour nous, c'est que nous jouissions simplement d'une relation vivante avec Lui, le Dieu vivant. Le désir de Son cœur, c'est que nous Le considérions comme un Dieu vivant. « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent .», Hébreux 11 :6. Il nous faut croire, lorsque nous venons à Lui, qu'Il existe, et non pas nous sentir perdus dans l'univers, dans un univers vague et vide. Non, nous nous approchons d'une Personne vivante; nous croyons qu'Il est! Il n'y a rien de vague en cela.
                    Mais, il y a plus encore. Il est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent de tout leur cœur. Le croyons-nous, chaque fois où nous nous approchons de Lui, qu'Il est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent de tout leur cœur ? Jusqu'où notre foi nous porte-t-elle ? Nous rend-t-elle capable, lorsque nous Le cherchons, de Le remercier aussitôt, là où nous sommes, parce que nous croyons qu'Il nous a répondu? « O Seigneur, je Te remercie de ce que Tu ne me refuses pas ce qui est en accord avec Ta volonté; je le recevrai. » Que nous Lui rendions grâces tout en Lui adressant nos requêtes est Sa volonté. « En toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces. », Philippiens 4 :6.
                     C'est là la foi. Ce n'est pas de l'imagination; ce n'est pas que nous nous forcions à croire que nous avons obtenu ce que nous demandons. C'est la foi qui prend cette position: Il est un Dieu vivant, et Il est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent de tout leur cœur ; et si ma requête est inspirée par Son Esprit, si elle est en ligne avec Sa volonté, je sais qu'Il entend et répond et que je recevrai la chose demandée, que j'entre en sa possession en ce moment même ou non. La foi peut être éprouvée. Beaucoup parmi nous, avons demandé au Seigneur ce que Sa Parole nous avait révélé être Sa volonté pour nous; nous avons peut être eu à attendre longtemps, mais le jour est arrivé où nous nous sommes trouvés en possession de Sa réponse. La chose s'est faite sans bruit; elle est là tout simplement. Il a prouvé qu'Il était fidèle.
                    C'est par de telles expériences que nous avons appris à remercier le Seigneur en Lui apportant nos requêtes. Que notre prière soit immédiatement exaucée dans notre expérience, ou que nous ayons à en attendre l'exaucement un ou deux ans, nous avons la confiance que nous entrons en possession de Sa réponse; et nous Lui rendons grâces. C'est la foi, c'est croire qu'Il existe, et qu'Il est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent de tout leur cœur. C'est cette base que Dieu aime, cette attitude, cette sorte de relation vivante. C'est une relation dont le caractère est issu du Dieu vivant.
                    S'Il est le Dieu vivant, notre connaissance de Lui devrait être vivante; et là où la vie est en ascendance, il y a toujours accroissement. Ce n'est que lorsque la vie s'affaiblit qu’il y a affaiblissement. Lorsque la vie est en ascendance – et cette vie peut être toujours en ascendance, il n'y a besoin d’aucune éclipse dans la vie de l'Espritil y a accroissement dans la connaissance du Seigneur, dans une connaissance vivante du Seigneur. C'est une connaissance entièrement différente de celle que donnent les livres, entièrement différente de celle que nous apportent les informations que l'on nous donne du Seigneur. C'est une connaissance vivante et personnelle du Seigneur, et une connaissance qui va toujours s'enrichissant. Nous avons affaire avec le Dieu vivant, et Il veut que nous ayons de Lui une connaissance vivante ; une connaissance en laquelle il y a la vie.
                    Nous pourrions continuer ainsi, en touchant point par point à tout ce que signifie le fait d'être uni à un Dieu vivant; mais pour résumer, nous pouvons dire que tout est vivant là où est le Dieu vivant.
Le Suprême Témoignage
                    Nous arrivons maintenant au mot final qui touchera aux évidences prééminentes de la présence du Dieu vivant. Si vous ressentez que tout ce qui a été dit jusqu'ici vous touchait à peine ou avait peu d’application pour vous, je n'ai aucun doute à l'égard de ce qui me reste à dire. Je suis tout à fait certain que chacun de nous recevra maintenant quelque chose. Quelle est donc cette évidence prééminente que le Dieu vivant est avec nous ? « Et Josué dit, A ceci vous connaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous, et qu’il dépossèdera certainement devant vous le Cananéen, et le Héthien, et le Hévien, et le Phérézien, et le Guirgasien, et l’Amoréen, et le Jébusien, voici, l’arche de l’alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain. » Josué 3 :10-11. IL faudra expliquer cette parole pour quelques-uns d’entre nous, bien que cela ne soit pas nécessaire pour tous. « Voici, l’arche de l’alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain. » Le Jourdain est, avant tout et toujours, un type de la mort; et au moment où ces paroles furent prononcées, le Jourdain était en crue et débordait sur toutes ses rives. Il était, en figure, la mort dans son débordement, le courant puissant de la mort qui déborde de toutes ses rives. Et puis, deuxièmement, l’arche de l'alliance est, en figure, le Seigneur Jésus Christ. C'est Lui qui est représenté par cette arche de l'alliance.
                    Maintenant, c'est donc Jésus Christ qui entre directement dans les flots du Jourdain, et dès que cette arche entre en contact avec ce flux, le courant cède et est repoussé en arrière. Les eaux sont forcées à se dresser et à faire un passage pour le peuple de la foi. Quelle est la suprême évidence de la présence du Dieu vivant parmi nous ? C'est que nous connaissons, dans notre expérience, Jésus Christ triomphant sur la puissance de la mort; car Il a rencontré la mort dans toute sa puissance, dans toute sa rage, dans son flux, et Il en a triomphé. Ce fut la marée de la mort qu'Il rencontra au Calvaire, la mort dans tout ce que signifie la mort ; quelque chose qui dépasse de beaucoup la simple mort physique, c'est à dire toute la terrible et diabolique puissance de la mort spirituelle. Le Seigneur Jésus entra dans ce flot de la mort inique; Il enleva à la mort sa puissance, et elle ne put pas déborder. Il brisa le pouvoir de la mort et sa malédiction, et Il obligea la mort à se retirer. « Il goûtât la mort pour tous. », Hébreux 2 :9. C'est nous qu'Il a délivrés dans Sa propre victoire sur la mort. Il est Lui-même le témoignage d'une vie qui ne peut être engloutie par la mort. Le cri qui jaillit de nos cœurs est donc : « Où est, ô mort, ton aiguillon? où est, ô mort, ta victoire? Mais grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ! », 1 Corinthiens 15 :55 et 57.
                    Quelle est la suprême évidence que le Dieu vivant est au milieu de nous ? C'est que nous jouissons de la puissance d'une vie immortelle, ou en d'autres termes, que nous vivons dans la bénédiction de la victoire de Christ sur le pouvoir de la mort. Nous avons dans notre cœur, dans notre esprit, une vie qui ne peut être ni brisée ni vaincue par la mort. Alors que la mort nous environne, nous avons la vie. « A ceci vous connaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous. »
                   Notre témoignage devant le monde entier, devant l'univers tout entier, c'est donc que le Seigneur de vie est au milieu de nous, et qu'Il se manifeste Lui-même, dans cette nature même, dans ce caractère même, dans cette désignation même: « Le Seigneur de la vie ». C'est à ceci que vous reconnaîtrez; non pas que votre doctrine est correcte, non pas que vous êtes dans le vrai, non pas que vous êtes orthodoxes, non pas que vous répondez aux conditions, mais que le Dieu vivant est au milieu de vous, dans la puissance de Sa vie triomphante sur la mort dans le Christ Jésus. C'est ainsi que nous pouvons savoir, vous et moi; que le Dieu vivant est toujours parmi nous.
                    L'ennemi cherche à détruire ce témoignage; parce qu'il est l'évidence prééminente de la présence du Dieu vivant. L'assaut sera donc toujours fait contre ce témoignage de vie. Dieu s'est manifesté à nous comme le Dieu vivant en Jésus Christ qui dit: « J’ai été mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles; et je tiens les clefs de la mort et du hadès. », Apocalypse 1 :18. A Lui est toute autorité sur toutes choses.
                     Souvenons-nous donc de ce fait qui gouverne toutes choses: notre Dieu est un Dieu vivant – Il vit.

samedi 14 octobre 2017

La maturité – Le désir du Seigneur pour son peuple par T. Austin-Sparks

                    Le grand aspect de la dispensation dans laquelle nous vivons est le rassemblement, parmi toutes les nations, des membres du Corps de Christ ; et de les amener ensuite à la plus grande mesure de maturité possible. Le dessein de Dieu n’est pas uniquement le salut des âmes, ni même le rassemblement de croyants dans un Corps spirituel. Mais c’est ce qui suit le salut - leur accession à la pleine maturité - qui représente l’intérêt suprême du Seigneur dans cette présente dispensation.
                   Il n’y a aucun doute, et il est parfaitement clair que c’est là la caractéristique marquante du temps présent - la pleine croissance, être « parfaitement accompli » - c’est ici le désir du Seigneur pour Son peuple. C’est ce qui ressort indubitablement lorsque nous lisons la Parole de Dieu à cette lumière. Et la surabondance d’immaturité est tout aussi établie. Que le Seigneur se meut au milieu de Son peuple afin de les amener à la plénitude, autant que ceux-ci veuillent bien Le suivre dans cette plénitude, est un fait tout aussi incontestable.
                    Nous savons tous que l’immaturité domine, nous savons qu’il existe une multitude de croyants - ceux qui sont du Seigneur, qui vivent malgré tout dans la pénombre de l’immaturité - qui ne paieront pas le prix de suivre le Seigneur ; et nous serions tentés de dire, comme l’avait fait quelqu’un il y a bien longtemps : « Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? ». Et le Seigneur de répondre : « Il ne t’appartient pas de faire de l’immaturité des autres ton critère, mais ce que je désire doit être la chose qui gouverne toute ta pensée et qui t’occupe entièrement. »
                    Ainsi, l’accomplissement et la plénitude étant le dessein et la volonté de Dieu, nous reconnaissons la signification de tout ce que fait le Seigneur. Si le Seigneur est vraiment déterminé à amener les croyants à la pleine croissance - à la maturité spirituelle - si c’est ici vraiment l’un de Ses objectifs suprêmes de la présente dispensation, alors Il ne considérera aucun sacrifice trop élevé pour parvenir à Ses fins. Et cette vérité expliquera toutes Ses voies mystérieuses envers les Siens et toutes les choses singulières qui semblent parfois être Ses œuvres agissant contre Ses propres intérêts. Très souvent, il nous semble que le Seigneur œuvre contre nos propres intérêts et que tout ce qu’Il fait est malencontreux. Mais, le Seigneur est prêt à prendre des risques, (ce qui est pris pour des risques par ceux dont l’entendement est si limité), et à s’investir dans ce qui semble être des malentendus, si seulement, par ces moyens, Il peut atteindre Son but.
                    Le croyant est devenu le possesseur de facultés spirituelles entièrement nouvelles et est une nouvelle création spirituelle - un être d’une nature différente, une création totalement distincte. Ces facultés spirituelles, seules par lesquelles les choses de Dieu peuvent être connues et vécues, doivent être développées - doivent croître - doivent parvenir à une position d’efficacité spirituelle ; tout comme pour un enfant naturel, qui a certaines facultés à la naissance, mais qui doit avoir une croissance régulière de celles-ci. Le croyant né d’en haut a, en lui, une panoplie entièrement différente et nouvelle de facultés de ce qu’il avait lorsqu’il est né naturellement et qu’il a par nature. Ce sont ces facultés et aptitudes spirituelles qui doivent être développées afin qu’il devienne mature - spirituellement efficace - dans le Seigneur.
                    L’auteur de l’épître aux Hébreux dit que la nourriture solide est la provision appropriée pour ceux qui « ont les sens exercés », et il déplore le fait que - après des années - ces croyants étaient toujours incapables d’assimiler de la nourriture solide ; parce que leurs sens et leurs facultés n’avaient pas été développés.
                     Les voies du seigneur sont insondables, et elles ne doivent jamais être jugées selon nos critères naturels. Le Seigneur permet que des calamités nous assaillent, mais avec un but en vue - des choses qui, lorsqu’elles surviennent, Le légitimera totalement. Nous découvrirons alors que, ce qui nous semblait être la faiblesse de Dieu s’est prouvée être en fait Sa force ; Son infériorisation - Sa puissance ; Sa folie - Sa sagesse ; ainsi Il sera justifié à la fin. Dans ces principes paradoxaux, nous avons la clef de la croissance par l’expérience.
                     Si nous considérons le passage où il est question d’ « être exercé », nous découvrirons que cet exercice prend place en nous par des expériences produites par Dieu : « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur… » ; « Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle. »
                     Comment ce fruit est-il produit? Par la discipline qui nous est administrée par Dieu. Dieu agit envers nous comme envers des fils, si du moins nous supportons la discipline. Son désir est d’amener Ses fils à la maturité. La façon dont Il nous discipline - c’est cela l’ « exercice ».
                     Le Seigneur peut vous faire cesser toute activité, et vous empêcher d’être actif. Vous traversez un mauvais moment et vous dites que le Seigneur vous a rejeté, et que tout va mal. Mais qu’en est-il vraiment ? Ce ne sont en fait que les douleurs de la croissance ! A la longue, rien n’allait mal, tout concourait pour le bien. Vous êtes arrivés à connaître le Seigneur, alors qu’avant votre vie entière était occupée par des choses. Vous avez été limité, mais vous êtes venu à connaître le Seigneur intérieurement, vous êtes parvenu à une position d’efficacité spirituelle qui est bien plus importante qu’auparavant ; vous pouvez maintenant faire face aux situations extérieures. Le Seigneur avait été mal compris, mais en fait Il oeuvrait pour l’accroissement - vous exerçant en vue de l’accroissement. Ces douleurs de croissances peuvent être douloureuses, mais personne ne peut venir en aide à quelqu’un qui en souffre ; nous ne pouvons qu’observer ce qui se passe.
                   Ainsi, à travers des expériences nombreuses et variées, cette croissance prend place par les exercices douloureux à travers lesquels le Seigneur nous fait passer. Nous apprenons par les souffrances. Même le Seigneur Jésus « a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. » C’est le chemin que nous devons prendre pour atteindre la pleine croissance. Il s’agit de discipline et d’apprendre par les expériences. La discipline a pour but de faire de nous, qui sommes des enfants, des fils ; des hommes faits.
                    Je pense, en ce qui concerne ces choses, que nous devrions avoir plus de foi dans les agissements de Dieu envers nous ; c’est parfois douloureux et même agonisant. Que fait donc le Seigneur ? Pourquoi ces difficultés se succèdent-elles si intensément ? Il semble que le Seigneur recherche à nous presser vers la maturité - à nous amener à la position où nous apprenons quelque chose.
                      La bonne attitude à adopter envers chaque épreuve que le Seigneur permet - chaque chose nouvelle et difficile - est : Quel est donc le but auquel le Seigneur recherche à nous amener par cette expérience ? Ce n’est pas pour détruire, mais pour édifier ; non pas pour appauvrir mais pour accroître ; non pas pour limiter mais pour élargir. Ce sont dans « les vallées de l’ombre de la mort », que le Seigneur a quelque trésor que nous devons découvrir. Quelques uns d’entre nous peuvent dire : « Oui, c’est ce que nous avons découvert ; les choses sont ainsi. » Nous avons traversé ces sombres vallées, et nous y avons trouvé la plénitude - nous y avons acquis une plus grande connaissance du Seigneur.
                    Avez-vous remarqué la chose qui est en vue dans ce passage qui traite d’être « exercé » ? C’est être à même de « discerner », il s’agit de l’intelligence spirituelle - de Le connaître Lui personnellement. Il désire que Ses enfants soient individuellement le centre de Sa propre connaissance spirituelle. Ensuite, nous amenant ensemble dans un seul Esprit, afin d’œuvrer une seule œuvre et de penser une seule pensée ; Il s’obtiendra un instrument pour gouverner les Nations dans les siècles à venir, un instrument intelligent qui est parvenu à la connaissance du cœur du Seigneur par l’expérience.
                     Cette faculté d’intelligence spirituelle, de connaissance spirituelle - cette compréhension intérieure de toutes choses - doit être développée, afin que nous connaissions le Seigneur dans l’homme intérieur. Chaque expérience plus profonde que la précédente signifie que nous ne sommes pas « suffisant pour ces choses ». Ainsi, à chaque fois, nous entrons dans une expérience profonde - par la nécessité même de la situation - nous nous devons de saisir quelque aspect nouveau de Christ pour nous ; et dans la proportion que nous avons reçue cet ajout spirituel, nous avons crû autant.
                    Nous pouvons choisir l’une de deux attitudes envers les voies de Dieu: soit nous devenons amers, acerbes, endurcis ; ou bien nous pouvons être spirituellement élargis par ce que nous vivons - agrandis par les exercices - afin d’augmenter notre capacité, de nous acheminer à une position d’élargissement. Une fois cette position atteinte, nous pouvons devenir Son instrument pour gouverner intelligemment , sous Sa tutelle, dans les siècles à venir. Nous ne pouvons pas toujours sonder les choses qui forgent notre histoire personnelle. Mais, l’explication que nous pouvons en donner est celle-ci : le Seigneur est souverain sur tout ce qui nous touche de près ou de loin ; et Il considère parfois comme nécessaire ce que le monde juge comme étant les choses les plus terribles qui puissent arriver à quelqu’un. Alors qu’il semblerait que Son Nom et Ses intérêts soient mis en péril à travers ces expériences, Il conduit les Siens, à travers celles-ci, à une position de maturité - ils parviennent à une connaissance personnelle du Seigneur. A travers toutes ces choses difficiles, nous voyons que le Seigneur produit, dans la vie de ceux qui Lui appartiennent, quelque chose qui est bien plus digne de Son Nom. C’est là Sa justification - Sa légitimation, s’Il pouvait accomplir ces choses d’une autre façon, Il le ferait. A terme, Il obtient la maturité parmi Son peuple - Il les amène là où ils Le connaissent.
                    Le Seigneur veut nous amener à une position où nous le connaissons - là où nous avons « les sens exercés » pour Le connaître. Que le Seigneur nous donne la grâce d’accepter tous Ses agissements envers nous, à la lumière de Son propos éternel.

mercredi 11 octobre 2017

(7) ENTRER DANS LA VISION CÉLESTE T. AUSTIN - SPARKS

CHAPITRE 7 LA DERNIÈRE ÉTAPE DU VOYAGE SPIRITUEL

Lire: Genèse 22: 1-19.

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle. » (Jean 3: 16)

« Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec Lui ? » (Romains 8: 32)

« Car l’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et qu’il est mort pour nous tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (II Corinthiens 5: 14-15)

                    L’histoire racontée dans Genèse chapitre 22 est la scène la plus sacrée et la plus sainte de tout l’Ancien Testament. Dans toute la symbolique biblique, il n’y a rien qui atteigne de telles profondeurs saintes que dans cet épisode. Sa correspondance dans le Nouveau Testament, qui transcende encore cette histoire, se trouve dans Jean chapitre 17. Dans Genèse 22, nous sommes transportés au-dessus de la terre. Nous trouvons ceux qui sont concernés par le niveau terrestre, pour ainsi dire, et qui se déplacent toujours plus loin et toujours plus haut en un lieu céleste, et il y a cette scène sacrée entre le père et le fils, le fils et le père, où se révèle un amour incomparable. Vous ne pouvez lire cette histoire sans entendre les tonalités d’amour dans la conversation, les questions et les réponses. « Mon père » « Mon fils ». Chacun d’entre eux est profondément présent dans le cœur de l‘autre.

                  Il y a un mystère, quelque chose qui ressemble à un grand problème, une grande question issue d’une urgence, d’une nécessité établie en chacun, mais sans aucune raison propre. Ce n‘est pas que, soit l’un soit l’autre, à cause d’une certaine faute, d’une erreur ou d’un péché, se voient obligés de faire un grand sacrifice et de passer par une grande souffrance. Ce n’est pas du tout ce dont il s’agit. C’est un mystère. Pourquoi doit-il en être ainsi ? Abraham n’exprime pas cette question, mais sans aucun doute cette question était sur son cœur. Le cri silencieux de son cœur était: « Pourquoi cela ? » Et c’était certainement le cas d’Isaac. Quel en est le sens ? C’est un mystère qui se situe au-delà des personnes concernées. L’amour suscite une demande étrange tant chez le père que chez le fils.          

                    Dans Jean 17, il y a une scène sacrée entre le Père et le Fils. Cela commence avec « Père, l’heure est venue » et si souvent dans ce chapitre apparaît le mot « Père » et il existe une attitude d’amour mutuel infini chez le Père et chez le Fils. Oui, quelque chose de sacré se produit: en un sens sur terre, mais en fait au ciel entre le Père et le Fils. Ils réalisent quelque chose: le sens le plus profond de l’amour infini.

A) L’amour divin dépourvu de la préoccupation de soi.

                    Il y a des leçons profondes à tirer de cette merveilleuse histoire que nous ne tenterons pas d’étudier ici. Nous avons dit que c’est une révélation de l’amour incomparable, et ce qui en ressort, c’est que l’essence de l’amour divin est complètement dépourvu de la préoccupation de soi-même, que la seule motivation et l’unique but est de donner. 

                    Nous avons suivi tout le cours de la vie d’Abraham jusqu’à ce point, et nous avons vu que tout au long de l’accomplissement et de la réalisation du Plan Divin, tout était question d’abandon progressif et constant. Cette progression de l’abandon avait pour but d’amener Abraham toujours plus près du cœur de Dieu, jusqu’à ce que, au chapitre 22, Abraham franchisse la dernière étape de ce voyage spirituel au cœur même de Dieu. Il est perdu dans cet amour infini, il entre dans la passion du cœur de Dieu. Dieu a tant aimé qu’Il a donné…Il n’épargna point Son propre Fils mais Le livra délibérément pour nous tous. « L’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons qu’un seul est mort pour tous… » (II Corinthiens 5: 14) 

                     Nous sommes au centre du cœur de Dieu. Combien la Croix avait profondément pénétré dans le cœur d’Abraham, dans l’âme d’Abraham ! Combien grande était l’œuvre de division entre tout ce qui est naturel, personnel, terrestre, tous les intérêts et les motifs du monde, et les intérêts de Dieu !

                    Ici, à ce niveau, la séparation est éternelle, la division est grande. Vous pouvez voir cet homme et toute la promesse que Dieu lui a donnée sur le fils qui le concernait tant. Tout le sens de la vie d’Abraham dépendait d’Isaac et si Isaac disparaissait, alors tout le sens de la vie d’Abraham s’éloignait. Lorsque vous tenez compte de tout et que vous voyez cet homme, qui n’a pas cédé jusqu’au dernier moment, qui n’a pas esquivé la terrible épreuve, après un voyage long, épuisant et frustrant, mais qui s’est levé tôt le matin, au lever du jour et a avancé sans chanceler.

                    C’est merveilleux de voir à quel point cet homme était délivré intérieurement de toutes considérations de prix à payer pour lui-même, de toutes motivations personnelles. Oui, la Croix est profondément plantée dans la vie et le cœur d’Abraham à cet instant. Vous sentez presque que c’est un surhomme. Nous défaillons en sa présence. Il n’est pas difficile pour nous en voyant certaines situations, certaines souffrances, certains prix payés dans la vie, de s’écrier, avec admiration, moi, je ne pourrais jamais y faire face, cela détruirait ma foi. Mais Dieu accomplissait en plein milieu de l’histoire de cet homme, le grand drame des cieux. Dieu a tant aimé qu’Il a donné, et nous verrons bientôt pourquoi.

B) L’amour du Père.

                    La première chose à noter est que cela commence dans le cœur du Père. En passant du symbole au contre-symbole, et en passant directement dans le Nouveau Testament, nous lisons « Dieu a tant aimé ». Oh, combien souvent dans notre Nouveau Testament, nous avons l’amour du Père pour le Fils. Oui, « celui-ci est mon Fils bien-aimé » apparaît plus d’une fois. Paul parle de Lui comme le Fils de Son Amour. « Le Père…qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour. » (Colossiens 1: 13).

                    Le Seigneur Jésus a dit: « Le Père aime le Fils… » (Jean 3: 35). Il est parlé si souvent de l’amour du Père pour le Fils, et l’amour c’est l’amour, quelle que soit la difficulté pour nous de comprendre intellectuellement les mystères de la Trinité, des relations divines et comment Dieu pouvait souffrir. C’est un fait établi. C’est le grand contexte de la grâce, de la rédemption, de constater que tout a commencé dans le cœur de Dieu. C’est l‘amour de Dieu, l’amour qui souffre, l’amour qui se donne. Nous devons toujours nous le rappeler, même si c’est difficile à comprendre: cela a coûté infiniment à Dieu de donner Son Fils. Il y avait quelque chose dans cette relation du Fils avec le Père qui a brisé le cœur de Dieu en le laissant et en l’abandonnant. Il L’a donné, le Fils de Son Amour. C’est, avant tout et par la suite, l’histoire de l’amour de Dieu qui s’est donné.

C) L’Amour du Fils.

                    Par rapport au Fils, nous n’avons pas tous les détails dans la narration de Genèse 22. Nous sommes obligés d’assumer et de conclure certaines choses. Il y a eu un point d’orgue entre cette réponse du père, plutôt évasive - « Dieu pourvoira Lui-même à l’agneau pour le sacrifice, mon fils » -, et le moment où il a saisi son fils, il l’a lié et mis sur l’autel, il y a un point d’orgue où la possibilité d’un refus ou d’une résistance aurait pu arriver, car il n’était ni un petit garçon, ni un petit enfant, ni un bébé qu’on pouvait traiter de la sorte. 

                    Vous voyez dans le récit qu’il était déjà un gaillard qui avait grandi, capable d’exercer sa volonté, et au minimum de remettre la situation en question. Cependant, il n’y eut rien de tout cela: « Semblable à un agneau qu’on mène à l’abattoir, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a point ouvert la bouche » (Esaïe 53: 7)  

                    Un grand silence règne: rien n’est dit. Une autre chose n’est pas mentionnée, mais est sous-entendue: il fait manifestement confiance en la sagesse de son père, en l‘amour de son père, il se soumet à quelque chose qu’il ne comprend pas et qui soulève une grande question. Au moment le plus critique tout près de la mort, il aurait pu crier: Pourquoi ? Comme Celui qui est plus grand que lui: « mon Dieu, pourquoi…? » Isaac aurait pu poser beaucoup de questions mais il ne le fit pas. La question est présente, le mystère est présent, mais la dernière parole est celle de l’amour: « Père, entre tes mains… » (Luc 23: 46) Oui, « semblable à une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas ouvert la bouche. »

                    Derrière cette scène s’étend une vaste histoire. Isaac connaissait-il l’alliance, la promesse ? Il nous est difficile de dire non. Abraham ne lui avait-il pas partagé ce qui le concernait et comment il était venu au monde de façon miraculeuse par l’intervention divine, et ce que Dieu lui avait dit à son sujet ? Il est certain qu’il avait dû dire certaines choses à Isaac, et Isaac savait et il était conscient de tout cela. En présence de l’autel et du couteau, qu’en était-il de la promesse ? Où était l’alliance, où était la justification de mon existence, le sens de ma vie ? Vous voyez, Isaac a dû laisser, accepter beaucoup sans comprendre. Il a été appelé à abandonner tout ce qui était promis en lui par l’intervention divine et l’alliance divine, et il semblait que c’était la fin. Mais il n’a élevé aucune objection, et à cause de son amour pour son père si bien souligné, il a tout laissé entre les mains de son père, prêt à tout abandonner à cet instant. Tout s’évanouissait: toute promesse, tout espoir, tout objectif, toute vision, au moment du couteau redouté, mais il a laissé faire. C’est un symbole.

                    Nous nous transportons vers le plus grand Fils, et le Père, plus grand. Nous savons que tout a commencé au ciel. Jean 17 commence par « Père, l’heure est venue; glorifie ton Fils… »; et plus loin, « Glorifie moi auprès de toi-même de la gloire que j‘avais auprès de toi avant que le monde fût. » (Jean 17: 5). Il a tout laissé au ciel. Il est descendu et rien de cela n’est avec Lui; Il s’est dépouillé de tout et puis, pendant trois ans et demi, Il avance sur le chemin de l’abandon. Oh, voyez combien Il a cette attitude d’abandon ! Ils voudraient qu’Il défende Ses droits; ses amis, mais aussi ses ennemis veulent Le voir se justifier Lui-même, avertir, prendre possession. Lui n’est motivé que par abandonner tout à Son Père dans Son amour. « Je donne ma vie » (Jean 10:15) Ce furent Ses paroles.

D) Le but de l’amour sacrificiel.

                    Quel était l’objectif de tout cela ? Quel était le but dans le cas d’Abraham et d’Isaac, qui fut le même avec le Père et le Fils, notre Seigneur Jésus ? Genèse chapitre 22 nous le donne: « Je le jure par moi-même, parole de l’Éternel ! Parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai et je multiplierai ta postérité, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix. » (Genèse 22: 16-18)

                    Où est l’objectif ? Dieu avait les autres en vue, Dieu visait un peuple céleste. C’est pour multiplier ce genre de personnes qu’Abraham a engendré Isaac, qui est devenu la pleine manifestation de l’histoire spirituelle d’Abraham, le résumé de tout.

                    Le mot de « filiation » signifie plénitude. La filiation résume toute la pensée de Dieu; ce n’est pas l’enfance, c’est la filiation, la plénitude, la totalité de cette position, de cette histoire spirituelle décrite avec les mots du Nouveau Testament: « Bien qu’Il fût Fils, Il a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. » (Hébreux 5: 8) Il a été rendu « parfait par ses souffrances » (Hébreux 2: 10) Il est devenu la finalité de l’amour souffrant, et Dieu veut reproduire ce type de personnes, disposer d’une telle race, un peuple céleste conforme à l’ordre divin.

                    Par conséquent le Fils est transféré dans les fils. Premièrement, Dieu nous a « parlé par son Fils » (Hébreux 1: 2); ensuite, en « conduisant à la gloire beaucoup de fils » (Hébreux 2: 10); il y a reproduction de ce type de personnes au sein d’un peuple céleste qui se multiplie. Cette loi est mise en valeur, comme vous pouvez le constater, dans cette phrase « conduisant à la gloire beaucoup de fils », ou dans l’illustration donnée par le Seigneur Jésus: « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » (Jean 12: 24) La multiplication est de cette sorte, et Christ est ce grain de blé. Isaac fut ce grain de blé symboliquement. Le Seigneur Jésus n’a pas de progéniture naturelle, Il n’a aucune descendance terrestre, et pourtant, il est dit de Lui: « Délivré des tourments de son âme, il rassasiera ses regards…il verra une postérité et prolongera ses jours. » (Esaïe 53: 11, 10), et ceci par les douleurs de l’enfantement. Les tourments de l’âme du père et du fils sur le Mont Morijah donnaient l’assurance d’un peuple céleste. La douleur de Dieu le Père et de Son Fils sur une autre montagne toute proche du Mont Morijah a eu pour conséquence cette descendance céleste, dont vous et moi, je l’espère, faisons partie.

                   Mais quelle est cette postérité, quel est ce peuple céleste, qui sommes-nous supposés être par nature, nés de l’enfantement de Jésus-Christ ? Nous sommes supposés être l’incarnation de cet amour qui donne toujours, qui se soumet toujours, qui cède toujours, dépourvu d’ego…. Voila l’amour de Dieu, voila l’amour de Christ, et une descendance est née de cet amour, et doit être, par sa nature même, l’expression de cet amour.

E) Le moyen de reproduction.

                    Revenons à l’histoire d’Isaac. Quand cela a-t-il commencé ? Nous avons découvert que le commencement a été une petite clause située dans la généalogie de Térah au sujet de ses fils, où Abram et Saraï apparaissent. « Et Saraï était stérile; elle n’avait pas d’enfant. » (Genèse 11: 30)

                    Cela débute par une stérilité, une impossibilité d’enfanter. Mais, par une œuvre intérieure de Dieu dans cet amour, sacrifice continuel, nous passons de la stérilité à, « Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer. » (Genèse 22: 17)

                    Considérez la situation inversement: la situation de stérilité ne bouge pas. Si vous la gardez, si vous vous y accrochez, aucune reproduction n’est possible. La vie est une assurance, la réalisation de cette assurance se trouve dans la multiplication. Ce principe est enraciné au cœur même de la création par Dieu Lui-même. Gardez les choses pour vous-même, elles se dégradent et meurent, et il n’y a plus rien. Gardez les choses fermées en vous, et c’est la stérilité permanente. Laissez faire, laissez faire le Seigneur.

                    Ah, qu’il est difficile de céder ! Ce ne sont pas toujours les mauvaises choses qui sont les plus difficiles à lâcher. Quand vous regardez Isaac, il n’y a rien de mauvais; il est un don de Dieu, un miracle de Dieu. Mais vous voyez, il est tellement facile de mettre nos mains sur les choses données par Dieu, et les utiliser à notre profit, pour nous-mêmes. Dieu nous a confié un travail à faire, et peu de temps après, c’est notre travail et nous le défendons jalousement si quelqu’un d’autre vient s’en mêler.

                    Dieu nous a donné une position à occuper et elle devient vite notre position, et nous sommes très en colère si quelqu’un obtient notre position ou prend notre place pour faire aussi bien voire mieux que nous. Cela marche pour beaucoup d’autres choses, cette volonté d’accaparer pour nous-mêmes et pour notre réputation ce que Dieu nous a confié; Oui, quelque chose de divin peut très vite être attiré vers le niveau terrestre; c’est l’histoire tragique de tant d’œuvres de Dieu. Si Dieu fait quelque chose - visite un peuple, bénit un serviteur ou suscite un instrument et un mouvement -, il faut peu de temps avant que les êtres humains ne s’en emparent et le transforment en leur mouvement avec leur nom dessus, en le labellisant au niveau de la terre, et le Seigneur s’éloigne et les laisse faire leurs affaires.

                   Ceci s’applique aussi aux cas individuels: prenons bien conscience des fois où nous recherchons les choses de Dieu dans le but de nous les approprier et d’en être fiers et jaloux. « L’heure est venue » De quelle heure s’agit-il ? Cette heure dont Jésus avait si souvent parlé depuis les noces de Cana en Galilée. « Mon heure n’est pas encore venue. » Plusieurs fois Il parle de « Son » heure: l’heure ultime de la Croix, et enfin, l’heure est arrivée…

                    Jean chapitre 17 est l’heure de l’offrande de Lui-même. Au moment de la Croix et de l’abandon total, Il dit: « afin qu’ils soient tous un ». C’est le fruit de la Croix: la grande unité divine. Pourquoi ? Comment ? Parce que le fruit de la Croix est la transmission de cet amour infini qui se donne aux autres. Nous disions que la seule solution possible à la division et à la désunion entre les chrétiens est la position l’amour don, l’amour céleste issue de l’amour divin du Calvaire; l’amour sacrifice, l’amour abandon. Quelque part, dans toutes ces divisions, toutes ces jalousies, et toutes ces envies, nous découvrirons un attachement à un intérêt qui est terrestre. Chaque fois que vous trouverez un groupe ou des vies soudées par une unité indissoluble et indestructible, vous y découvrirez l’amour de Dieu profondément enraciné dans le cœur. « Afin qu’ils soient tous un », un par l’amour don de Dieu au travers du Fils transmis à la postérité.

                    C’est vrai, ce sujet de l’amour de Dieu touche à tellement de points, et pourquoi y a-t-il une telle passion dans nos cœurs quand on parle de ce sujet ? Pour la raison précise que, douloureusement et tragiquement, sur cette terre, un grand nombre de ceux qui portent le nom de chrétiens attirent les choses à eux, cherchent à défendre leurs droits, sont jaloux, envieux et divisés. Et c’est en totale contradiction avec la pensée divine d’un peuple céleste vivant sur la terre; la reproduction de cette descendance qui est Christ, qui est l’incarnation de cet amour qui cède et se donne, cet amour qui sait se soumettre, cet amour qui donne en tout temps.

                    Voilà ce que le Seigneur recherche ! Ce qui implique une œuvre intérieure de la Croix en profondeur, ce qu’il nous faut accepter…Nous entrons alors pleinement dans ces paroles: « Car l’amour de Christ nous presse, parce que si nous estimons qu’un seul est mort pour tous, tous donc sont morts; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (II Corinthiens 5: 14-15)  

                    Même ce qui est de Dieu ne doit pas être pris de manière personnelle. Donnez à Dieu l’occasion de vous faire justice, de glorifier Son Fils en vous, permettez à Dieu d’intervenir dans des situations où vous aurez tout abandonné entre Ses mains. Si vous Lui résistez, vous serez stérile. Vous vous accrochez, vous résistez, vous retenez, et il n’y aura pas d’enfants. Abandonnez, cédez, donnez-vous à Dieu, laissez tout ce qui vous rend jaloux et envieux au Seigneur, et Il ne vous refusera rien. Voila le principe du ministère, le principe de la Vie.

                    Nous avons tant besoin de cette grâce de notre Seigneur Jésus, de cet amour de Dieu, pour sortir de notre situation. Si souvent, lorsque vous considérez les gens, ils ne sont occupés que par eux-mêmes, tournés vers eux-mêmes. Ils ne sont que des individus liés ne vivant que pour eux-mêmes. L’amour de Dieu pourrait les libérer de tant de choses, de tous les traits d’amertume et de critique et des paroles blessantes. L’amour de Dieu nous délivre de tout cela et nous rend participants de cette postérité céleste, pour manifester l’amour de Dieu qui produit jusqu’à mille fois plus. Et ne faites rien pour ceci ou pour cela, mais pour glorifier le Seigneur. Que le Seigneur nous donne Sa grâce !          

                    Vous avez à mener votre vie, et cette vie est une grande assurance, une grande responsabilité. Elle peut demeurer avec ses ambitions, ses intérêts propres, ses motivations et considérations terrestres, elle peut demeurer pour elle-même. Donnerez-vous votre vie à Dieu, la laisserez-vous entre Ses mains, est-ce que vous la mettrez sur l’autel sous la menace du sacrifice divin ? Si votre réponse est positive, Dieu multipliera votre vie, Dieu étendra les limites de votre vie, Dieu en fera beaucoup plus que si vous la gardez entre vos mains. Y a-t-il quelque chose que vous retenez dans votre vie en tant que chrétien et que vous n‘abandonnez pas au Seigneur ? Vous savez de quoi il s’agit. Nous n’allons pas en faire un catalogue. Le Seigneur a mis le doigt sur quelque chose, et vous résistez. Vous avez une bonne raison, donc vous retenez la chose. La vérité est que vous ne voulez pas l’abandonner.

                    Le Seigneur vous a-t-Il parlé et montré quelque chose, vous a-t-Il indiqué un chemin et vous vous accrochez comme Térah, à n’importe quel prix ? Et ce « à n’importe quel prix » dans votre cas coûte cher aux autres et vous allez les faire souffrir en prétendant faire ce que vous pensez être la volonté de Dieu.

                    Il y a des temps où il nous faut revenir au Seigneur et dire « Seigneur, tu m‘as montré le chemin que tu as prévu pour moi, mais je peux constater que ça va impliquer des souffrances pour les autres. Je veux être certain que c’est ton temps pour cette question et je ne vais rien forcer; ma force de volonté n’est pas suffisante pour faire Ta volonté. Je veux le faire dans un esprit d’amour sacrificiel, pour que les autres en subissent le moins possible les conséquences. » Nous avons vu des personnes qui sont fixées sur leur objectif, concentrées sur ce que le Seigneur veut, mais leur manière de faire gâche tout. Nous devons être circoncis de cœur pour faire la volonté de Dieu, prêts à céder et à laisser Dieu déterminer la manière de l’accomplir.

                    Que le Seigneur nous fasse comprendre Sa Parole pour qu’elle porte du fruit. C’est un défi qui nous demande tout et que nous devons tous affronter. Mais, oh, regardez ce qui se passe dans les cieux, et faites ce constat: Il désire que ce qui est au ciel soit aussi sur la terre.

fin