samedi 6 avril 2013

Questions Fondamentales de la Vie Chrétienne par T. Austin-Sparks

Chapitre 1 - L’Importance Capitale d’Avoir une Appréhension Adéquate de Christ 
Chapitre 2 - Le Sceau Essentiel et la Constitution de la Vie Chrétienne 
Chapitre 3 - La Valeur Vitale de Comprendre la Parole de Dieu 
Chapitre 4 - La Dynamique Prédominante du Service 
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Chapitre 1 - L’Importance Capitale d’Avoir une Appréhension Adéquate de Christ

Lire Matthieu 16 :13-15 « Qui dites-vous que je suis ? »

    La réponse que chacun d’entre nous donnera à cette question révélera la mesure de notre propre vie spirituelle. Néanmoins, je voudrais dire avant tout que bien que le Seigneur ait recherché la réponse que lui a donnée Pierre – un témoignage et une affirmation de sa divinité en tant que Fils de Dieu – nous ne voulons pas nous engager dans une discussion concernant la divinité de Christ ; bien que l’issue de ce qui suit ne fera que renforcer cette vérité. Notre but est de contribuer à une plus grande réalisation de la place et de la signification de Christ dans le propos éternel de Dieu.

La Connaissance de Christ est Fondamentale à la destinée de l’Homme
    Nous commençons par une déclaration élémentaire : tout ce qui touche à la destinée de l’homme est lié à la connaissance de Christ. Pour le chrétien en particulier, la connaissance de Christ gouverne tout. Les Écritures nous éclairent explicitement quant à deux aspects de cette vérité.
a) Christ – le Fondement de la Vie Chrétienne
   Premièrement, la connaissance de Christ est le fondement et le commencement de la vie chrétienne. «C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. », Jean 17 :3. Bien que ceci soit reconnu et accepté comme une vérité simple et élémentaire, il est évident que le Nouveau Testament déclare que la vie chrétienne peut avoir soit un bon ou un mauvais commencement. La suite dépendra, à plus ou moins long terme, de ce commencement ; nous savons que ceci est vrai dans la vie naturelle. Si un bébé a un mauvais commencement, ceci provoquera beaucoup d’anxiété et demandera beaucoup d’attention durant une période plus ou moins longue. Si néanmoins il a un bon début, la suite se déroulera sans trop de problèmes pour lui-même et ses proches.
   Il en est de même avec la vie chrétienne : le commencement peut être bon, ou il peut-être mauvais, l’effet de ce commencement se fera sentir peut être pour très longtemps. La force ou la faiblesse, la croissance accélérée ou retardée, une vie fructueuse ou au contraire stérile, dépendront très largement de notre appréhension initiale de Christ ; c’est quelque chose qui doit nous interpeller. Les apôtres savaient parfaitement ces choses, et en étaient très conscients. C’est pour cette raison qu’ils s’appliquaient à poser les fondements d’un bon commencement en présentant une connaissance adéquate du Seigneur Jésus.
b) Croissance dans la Connaissance de Christ
   Une seconde chose, toute aussi importante, est qu’après le commencement de la vie chrétienne, les croyants devraient croître sans cesse dans leur connaissance et appréhension de Christ ; ceci est présenté très clairement dans les Écritures.
   Premièrement, l’existence même de tous les enseignements présents dans le Nouveau Testament et destinés aux croyants, démontre qu’il devrait en être ainsi.
   Secondement, il est évident que nous pouvons observer une progression quant à ces enseignements dans les Écritures  Pour le commencement de la vie chrétienne, des mots comme « connaître » et « connaissance » sont usités, comme dans le passage cité ci-après : « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent… » Mais cette croissance et ce progrès envers la maturité spirituelle sont exprimés par un mot plus précis encore. Ceci n’est pas évident dans nos traductions, néanmoins il est présent. Ce mot est dans le grec epignosis, qui veut littéralement dire « pleine connaissance ». Ce mot est utilisé vingt fois dans le Nouveau Testament, et à peu près treize fois en référence directe avec la croissance du croyant dans la vie chrétienne. Il serait utile de noter et d’étudier tous les passages où nous trouvons ce mot, avec l’aide d’un bon lexique. Il est tout à fait remarquable de voir comment, après avoir présenté la connaissance de Jésus au début du salut, les apôtres insistent sur la poursuite vers une pleine connaissance du Seigneur. 
    De plus, cette connaissance plus profonde est indiquée par les enseignements spécifiques de la Parole. Nous ne citerons qu’un seul exemple à cet égard. Dans Ephésiens 1 :17 nous lisons : « que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l' esprit de sagesse et de révélation dans sa [pleine] connaissance. » Remarquons que ces paroles étaient adressées à des croyants qui avaient déjà reçu ce que l’apôtre appelle «tout le conseil de Dieu . », Actes 20 :27. C’était aux anciens de l’assemblée qui était à Éphèse que Paul dit ces paroles, pendant la longue période pendant laquelle il était demeuré avec eux ; il n’avait pas hésité à leur déclarer tout le conseil de Dieu. Néanmoins, nous le voyons plus tard prier pour eux et pour toute l’assemblée afin qu’ils aient « l’esprit de sagesse et de révélation dans la pleine connaissance de Christ » ; ceci est à la fois très significatif et éloquent.
   Ainsi, nous avons très clairement exposé cette idée que les chrétiens sont supposés avancés et sans cesse appelés à la progression spirituelle dans leur connaissance et appréhension de Christ. La Parole de Dieu rend ces choses très évidentes, et bien que ceci n’ai peut-être pas besoin d’être un objet d’insistance, il est essentiel que cette croissance soit reconnue. Toute fondation quant à la vie chrétienne doit prendre en considération qu’une connaissance progressive de Christ est fondamentale si les chrétiens désirent atteindre la plénitude de leur vocation.

Ce que la Bible Enseigne
    Considérons la Bible et voyons ce qu’elle peut nous enseigner quant à la connaissance de Christ. Le croyant Bible en main a le panorama de toute l’histoire humaine. Sur la scène de ce monde, un merveilleux décor s’étale devant lui réparti dans toutes les branches de la science : la terre – la géologie, le ciel – l’astronomie, la biologie – la vie, le corps humain – la physiologie et l’âme – la psychologie. Toutes ces choses, le monde, l’homme et l’histoire, sont sur le devant de la scène. Mais avec les Écritures entre ses mains, le chrétien est conduit au-delà de tout ceci, pour ainsi dire derrière la scène, dans les coulisses de toutes ces choses. Il est conduit en la présence-même de Dieu qui se tient derrière tout ce qui est apparent. De surcroît, avec toujours la Bible en main, le croyant est amené à voir que Dieu est un Dieu de propos, un Dieu de dessein, qu’Il planifie toutes choses selon le bon vouloir de sa volonté. C’est un Dieu qui a conçu et qui œuvre envers l’accomplissement de ce dessein. En outre, le chrétien est éclairé, toujours par les Écritures  quant à la nature même de ce dessein. Dieu œuvre en mettant en marche toutes ses divines ressources afin de parvenir à son but, lequel est centré et dirigé vers une Personne qui n’est autre que le Fils de Dieu. Le propos tout entier de Dieu, la scène de l’univers dans sa totalité, ainsi que toutes les ressources divines, sont focalisés sur cette Personne merveilleuse : le Fils de Dieu. Tout s’opère pour Lui et Lui seul.

Les Sept Sections de la Bible
   Il est apparent, par rapport à ce dessein éternel de Dieu, en ce qui concerne ce plan divin pour le Fils, que la Bible est arrangée en sept sections. La première – la création – tient proportionnellement une petite place dans le livre divin. Néanmoins, la Bible a beaucoup à dire à propos de la création en relation avec le Fils de Dieu. En Lui, par Lui et pour Lui furent toutes choses créées (Colossiens 1 :16), ceci embrasse tout !
   La seconde section, qui est appelée la période des patriarches, s’étend du quatrième chapitre de la Genèse jusqu’à la fin de ce livre. Nous méditerons sur cette section ci-dessous.
    Une troisième section, commençant au livre de l’Exode, est ce qui est appelée la période d’Israël ; elle court jusqu'à la fin de l’Ancien Testament. Mais elle inclut des sous-sections, la section de la sacrificature, du douzième chapitre de l’Exode jusqu’au premier livre de Samuel. Suit la période de la monarchie, elle va jusqu’à la fin des livres des Rois et des Chroniques. C’est à ce moment que la monarchie est amenée à sa fin, et qu’Israël est emmenée en captivité. Il y a enfin la dernière sous-section, celle des prophètes qui occupe le dernier quart de l’Ancien Testament.
   La quatrième section de la Bible inclut l’Incarnation, la vie la mort et la résurrection du Fils de Dieu.
   La cinquième section, très courte mais très importante, comprend les quarante jours qui ont suivi la résurrection.
  La sixième section représente le ministère actuel du Seigneur Jésus dans les cieux. Ceci comprend deux aspects, tout d’abord l’avènement de l’Esprit Saint, ensuite nous avons la naissance, la vocation et l’achèvement de l’Eglise.
  La septième et dernière section, celle qui touche l’avènement du Fils dans sa gloire, a plusieurs aspects, implications et effets dans trois domaines particuliers : premièrement en relation avec l’Eglise, deuxièmement en relation avec les Nations et enfin en relation avec Satan et son royaume.
  Ces sept sections comprennent la Bible tout entière. Pour le moment, je vais me limiter aux seconde et troisième parties, celles qui concernent la période des patriarches et Israël. Tout en gardant en point de mire l’objet de notre méditation : découvrir la place et la signification du Seigneur Jésus dans le dessein éternel de Dieu. Ceci afin que nous parvenions à une connaissance adéquate du Seigneur, ce qui est essentiel pour la plénitude spirituelle du chrétien individuellement et de l’Eglise collectivement.

La Période des Patriarches
   Dans cette section, nous avons sept personnes remarquables qui dominent les événements. Comme nous le savons, le chiffre sept représente la plénitude spirituelle, ou ce qui est complet spirituellement. Lorsque nous considérons ces sept hommes, qui furent divinement et souverainement choisis afin de nous enseigner, nous voyons que Dieu a incorporé sept caractéristiques qui nous parlent du Fils ; prises toutes ensemble, celles-ci nous donnent une description complète du Seigneur Jésus. Je n’ai pas l’intention d’étudier tous ces traits maintenant, mais nous allons les considérer de façon générale ; afin de servir au but de notre présente méditation. Ce sont ici les sept personnes marquantes de cette section : Abel, Hénoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob et Joseph. Chacun d’entre eux représente un trait caractéristique de la Personne de Christ.
   Abel – les portes des cieux se sont fermées à Adam mais se sont réouvertes pour un homme qui était prêt à tout abandonner dans sa vie afin de servir à la volonté de Dieu. Caïn, par ses propres moyens, essaya d’entrer par la porte du jardin, mais la trouva fermée et interdite à l’homme ; il n’y avait aucun accès possible. Mais envers Abel cette porte des cieux fut ré-ouverte. Abel parvint à entrer car il était disposé à tout sacrifier dans sa vie, la vie même, afin d’être conforme à la pensée de Dieu. Aussi, nous voyons en lui un aspect remarquable du Seigneur.
  Hénoch – c’est l’homme qui marcha seul avec Dieu sur la terre alors que tous les autres marchaient dans une direction opposée à Dieu et contraire à Lui. C’est ce que fit le Seigneur Jésus, et Il fut très certainement le seul homme à avoir marché ainsi de son temps. Il marcha avec le Père comme nul autre. Aussi, lorsque tous s’éloignaient de Dieu, Hénoch marcha avec Dieu.
   Noé – c’est celui qui vécut à la lumière d’un jugement à venir et d’un jour de renouveau qui allait suivre ; Noé se dévoua à marcher en vue d’un tel jour. Ceci est résumé très succinctement, car la vie de Noé fut remplie de péripéties. Il fut éprouvé par le temps et les apparences qui semblaient contredire et discréditer la position qu’il avait adoptée. Il fut éprouvé très sévèrement dans sa solitude, néanmoins il vécut et oeuvra toute sa longue vie à la lumière d’un jour futur. Un jour de jugement, et un jour de renouveau ; au-delà du jugement. N’est-ce pas ici une figure marquante du Seigneur Jésus ?
   Abraham – l’homme dont la part était l’Eternel seul. « Abraham, ne crains point; moi je suis… ta très-grande récompense .» Il était un homme privé de son pays, un étranger dans le pays dans lequel il séjournait, il vint et alla dans ce pays comme « Je suis étranger, habitant parmi vous » ; mais son attribution était l’Eternel. Il nous est dit qu’il cherchait la patrie céleste, «car il attendait la cité qui a les fondements, de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur », (Hébreux 11 :16, 10). La seule part d’Abraham était l’Eternel. Cette vérité contient beaucoup plus d’éléments, mais c’est ce qui résume cette personne-clé de l’Ancien Testament. Ainsi était le Seigneur Jésus. Combien solitaire était sa vie ici-bas, une vie de labeur et de privations ! Mais le Père était sa part, et ceci était pleinement suffisant.
   Isaac – il est la figure de la victoire de la vie sur la mort. Il représente cette vie plus que conquérante, qui annule la mort et la rend inefficace. C’est une image forte du Seigneur Jésus – une vie qui déclare sans cesse que la mort a été vaincue. Une vie qui ne cesse jamais, triomphante sur la mort !
   Jacob – comme il était difficile Jacob ! Néanmoins, lorsque nous analysons sa vie, nous voyons qu’il parvint à faire l’expérience de ce que le Seigneur Jésus a vécu : seule la vie dans l’Esprit est la vie ascendante. Jacob fit l’expérience douloureuse d’obtenir la victoire sur la chair. Un jour sa chair fut vaincue, il en ressortit affaibli et brisé. Il découvrit alors que l’ascendance spirituelle n’est pas obtenue par la perfidie, la ruse ni la force de la chair, mais uniquement par l’Esprit. C’est sur ce principe que vivait le Seigneur Jésus. L’Éternel amena Jacob sur la base de son propre Fils – la base de l’ascendance par l’Esprit.
   Joseph – il résume tous ceux qui l’ont précédé et contient toutes les grandes caractéristiques du Seigneur : la souffrance et la gloire.
  Nous avons donc, en ces hommes, un aperçu de la description du Fils par le Père. Souvenons-nous qu’il est écrit que ce fut par le Fils que toutes choses furent faites, (Jean 1 :3 ; Colossiens 1 :16). Aussi, l’achèvement de la première phase de la création est arrivé par le Fils. Que fait t-il après cela ? Il est vrai que le Père est entré dans son repos. Mais qu’en est-il du Fils ? Le Fils s’est-il assis en se disant « Ceci est la fin de tout » ? A quoi a donc été occupé le Fils pendant tout ce temps ? Le fils est à l’œuvre dans la vie de ces sept hommes. Il est occupé à se manifester dans leur vie spirituelle. Il inculque ses traits de caractère de cette septuple manière. La seule façon véritable et profitable d’étudier les Patriarches, est de le faire à la lumière de Jésus Christ. La vie de ces hommes est fascinante au niveau humain, mais ceci ne nous conduira pas loin. Nous devons voir ce à quoi Dieu travaille dans ces hommes, ce dans quoi Il s’investit et le but de l’œuvre du Fils : Il est occupé à se reproduire dans la vie spirituelle de ces hommes. Alors, l’étude de la vie de ces hommes contribuera à l’acquisition d’une plus grande connaissance de Christ. Ce sera une connaissance utile, édifiante ; une connaissance qui produira de la puissance et de la vie.

L’Ère d’Israël
    La section suivante, celle qui concerne Israël, de l’Exode à Malachie, est elle-même divisée en plusieurs parties. Nous avons la sacrificature, d’Exode douze au livre de Ruth. Ensuite, nous avons la monarchie, du premier livre de Samuel jusqu’au second livre des Chroniques. Enfin, nous avons les prophètes, d’Esaïe à Malachie.

a) La Sacrificature
  Afin d’apprécier la signification de singularité de la sacrificature de l’ère d’Israël, il est nécessaire de reconnaître la raison du choix divin d’Israël. C'est-à-dire que nous devons apprécier, à sa juste valeur, la place, la nature et la vocation d’Israël. Beaucoup de choses ont été dites et écrites à propos de la nation juive, il est vraiment un peuple hors du commun. Ils ont été appelés le plus merveilleux peuple de l’histoire. Bon nombre d’études ont été conduites quant à ce qui a été appelé « le génie de la religion juive ». Mais nous ne lisons aucune de ces choses dans la Bible ! S'il y a eu quelque aspect merveilleux de ce peuple, il ne pouvait pas s’en vanter ; car ce n’était dû qu’à la grâce de Dieu.
   Ce que la Bible révèle concernant les enfants d’Israël n’est pas leur « génie pour la religion », mais plutôt le fait qu’ils n’étaient pas meilleurs, sinon pire, que les autres nations. En fait, lorsque les intérêts d’Israël étaient menacés, ou lorsque leurs ambitions étaient frustrées, il était alors dominé par la cupidité, l’égoïsme, la dureté de cœur, l’entêtement et le meurtre. Etienne avait, de son temps, adéquatement résumé leur histoire lorsqu’il déclara à leurs conducteurs : « Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Et ils ont tué ceux qui ont prédit la venue du Juste », (Actes 7 :52). « Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? » C’était un défi qui leur était lancé. Dans ce merveilleux discours d’Etienne, toute l’histoire est annoncée et présentée de manière très sombre. Aucun génie pour la religion – bien au contraire ! La déclaration solennelle de Dieu à l’égard d’Israël avait été : « Ce n'est pas parce que vous étiez plus nombreux que tous les peuples , que l'Éternel s'est attaché à vous et qu'il vous a choisis. », (Deutéronome 7 :7).
   Pourquoi donc Dieu a-t-Il choisi un tel peuple ? Comment un tel peuple pouvait-il être pleinement accepté par Dieu, être en communion avec Lui, gardé dans Son amour, obtenir de Lui toutes les faveurs, le provoquer à la jalousie pour leur cause – comment était-ce possible avec un tel peuple ? Reconnaissons avant toute chose que leur existence était fondée sur un système « médiatorial » : une sainte sacrificature, un autel saint, des sacrifices et des offrandes saints, des sacrifices d’animaux sans tache ni défaut, des offrandes de gâteaux faits avec de la farine fine, des victimes expiatoires inspectées scrupuleusement par les sacrificateurs. Toutes ces choses proclamaient haut et fort qu’elles étaient ainsi – non pas pour un grand peuple, pas pour un peuple ayant un certain génie pour la religion et la bonté – mais pour les pires des pécheurs, ceux qui n’ont aucune espérance, les plus désobéissants, les plus provocateurs, les plus méprisables, le peuple le plus infidèle de toute la terre – pour de tels gens, Dieu a pourvu la plus intime relation entre eux et Lui-même ! Que tous ceux qui se désespèrent lisent le Psaume 105, puis, une fois lu, qu’ils lisent le Psaume qui le précède et celui qui le suit. Dans le Psaume 105 nous avons la longue et monotone histoire de l’infidélité et de l’inconstance de cette nation. Malgré tout, Dieu pardonna, pardonna et pardonna encore. Pourquoi ?
   L’histoire d’Israël ne peut être lue et comprise qu’à la lumière de Jésus Christ. Il est la seule explication. Pourquoi Dieu choisit-Il Israël ? Quelle est leur place, la nature de ce peuple, leur vocation ? Israël est l’objet de la grande leçon de la grâce. C’est la grâce qui procure tout ce qui manque à l’homme, mais qui est essentiel pour la communion avec Dieu. Dieu la pourvoit Lui-même. De la matrice d’Israël Jésus Christ est venu, mais Il était déjà implicitement présent dans toutes ces choses qui faisaient partie de la sacrificature. Ces figures déclaraient : « Ce n’est pas votre mérite, ni votre bonté – c’est ma perfection. » Ainsi, Israël démontre, non pas sa propre grandeur, sa propre bonté, son propre génie, mais uniquement la grandeur de Christ. Celui qui, pour des gens comme nous, a été fait « sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption .», (1 Corinthiens 1 :30). Dans quel but ? « En sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu », (verset 29). Toute la gloire est à Christ. Dieu, dans sa sagesse, a jugé utile de se servir de ce peuple Israël, de le garder pendant tous ces siècles, afin de démontrer au monde dans ce peuple et à travers lui, sa merveilleuse grâce – cette grâce « de notre Seigneur a surabondé avec la foi et l'amour qui est dans le Christ Jésus. », (cf. 1 Timothée 1 :14).

b) La Monarchie
   La monarchie va du premier livre de Samuel au second livre des Chroniques. L’aspect dominant de cette monarchie était la gloire : la gloire de Dieu manifestée, savourée et manifestée par le peuple de sa grâce – car, comme nous l’avons vu, c’est ce qu’il est. Parce qu’il est le peuple de sa grâce, il est le peuple de sa gloire. Le trône est un symbole d’ascendance, de puissance, d’autorité et de primauté. Il devait être l’expression d’un « trône de gloire » établi dans les cieux, (Jérémie 17 :12).
   Alors que nous avons considéré le peuple d’Israël quant à la monarchie, nous devons maintenant nous attarder sur le père et le fils dans lesquels la monarchie parvint à son apogée de gloire et de puissance – David et Salomon.
   Commençons par David. Qui est David ? Que pense-t-il et dit-il de lui-même, à propos de son passé et de son règne ? Il est écrit que David alla se présenter dans la présence du Seigneur et lui dit : « Qui suis-je, Éternel Dieu! et quelle est ma maison… ? » (1 Chroniques 17 :16). L’Éternel lui répondit : « Je t'ai pris des parcs, d'auprès du menu bétail ». David était un homme de souche humble, sans aucune réputation et sans aucune valeur aux yeux de ses frères. Ses fautes et ses faiblesses sont écrites en larges lettres et ne furent pas cachées par l’Eternel. Des choses que nous aurions préféré ne pas savoir, que nous aurions souhaité qu’elles ne fussent pas dans la Bible – des meurtres, des trahisons, des passions – l’Esprit de Dieu a relaté et préservé toutes ces choses. Ce n’est pas ici l’histoire d’un homme qui est exceptionnel pour sa perfection et ses excellences morales. Bien entendu, il y a de très bonnes choses à propos de David, il y en a de merveilleuses, mais Dieu nous a révélé cet autre coté. Il est avant tout un homme, un homme épris de toutes les faiblesses et passions de l’humanité. Il est tombé au plus profond du péché – il a des péchés ignobles. Du fond du bourbier il a crié pour être délivré, et loua Dieu pour l’avoir tiré de la fosse ; l’horrible fosse – mais il en fit l’expérience.
   Considérons à présent Salomon. Observons ses débuts, le désavantage de sa naissance – le péché dans lequel il fut conçu, l’iniquité qui marquait sa venue au monde. N’avez-vous jamais éprouvé un grand trouble en lisant le onzième chapitre du premier livre des rois ? Nous y avons un homme pour lequel Dieu fit tout pour lui : Un homme que Dieu avait gratifié de sagesse au-dessus de tous les hommes, qui avait été doté d’une richesse et d’une considération et d’une puissance sans précédent. Un homme démarqué de tous les hommes quant aux bénédictions divines, lorsqu’il était au summum de sa gloire. Mais malgré tout ce que Dieu fit pour lui, sa vraie nature fut révélée au grand jour, comme par exemple dans ce chapitre du premier livre des Rois : « Mais le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères ». Ceci marqua le commencement du déclin et de la chute, la terrible tragédie d’un homme descendant dans le bourbier et dans la fosse de l’iniquité humaine. Le résultat en fut la division du royaume, une lignée de successeurs royaux épouvantable et la déportation de tout le peuple en exil. C’est l’histoire de Salomon. Il parait invraisemblable qu’un tel homme puisse tomber si bas.
    Malgré cela, Dieu connaissait tout de Salomon avant même qu’Il ne le gratifia de la première bénédiction. Dieu connaissait son homme, Il savait tout ce qui pouvait et allait arriver. Que pensons-nous donc de David et de Salomon ? Il s’agissait d’hommes ordinaires, de la race d’Adam, parvenant au sommet de la puissance et de la gloire – Pourquoi ? A cause de la grâce de Dieu. Dans quelle intention Dieu agit-Il ainsi ? Pourquoi a t-Il donné à Salomon, comme le déclarent les Écritures  une sagesse, une puissance et une gloire supérieures à ce qu’aucun n’avait jamais eu avant lui, et qui n’a jamais été dépassée par aucun homme après lui (1 Rois 3:12)? Pourquoi a t-Il fait de la sagesse de Salomon quelque chose d’exceptionnel? Il est devenu lui-même un proverbe. Si nous voulons évoquer la sagesse, les richesses et la gloire, nous parlons de Salomon. Même le Seigneur Jésus le fit : « Salomon dans toute sa gloire », (Matthieu 6 :29). Dans quel but Dieu s’engagea t-Il avec ces hommes David et Salomon ?
    Nous avons la réponse claire et définitive dans le Nouveau Testament. Lisez les passages du Nouveau Testament où David et Salomon sont liés au Seigneur Jésus. Dieu a toujours eu son Fils en vue. En David et Salomon, Dieu présentait symboliquement le royaume de son Fils, avec toute la gloire et les bénédictions qui en découleraient par la grâce en Christ Jésus. C’est ici l’explication de cette période de la monarchie. Sans ceci elle n’a aucune raison d’être. A travers ces hommes, Dieu a démontré à travers toute l’histoire, les grandes vérités concernant son Fils. Tout d’abord, Il présente, à travers la sacrificature, la grande vérité de la grâce rédemptrice : tout est divinement pourvu afin d’amener le peuple en Sa présence, qu’il puisse jouir d’une communion impérissable. Ensuite, au moyen de la monarchie, Il met en évidence ce à quoi conduira la grâce : elle conduit à la gloire par le Christ Jésus.

c) Les Prophètes
   La troisième partie, celle des prophètes, couvre deux périodes : celle qui précède la captivité et celle qui lui succéda. Le ministère prophétique avait pour but de re-présenter la pleine pensée de Dieu concernant Son Fils et Son peuple et, à travers eux, de le faire envers les Nations aussi. Les prophètes étaient un rempart contre le déclin spirituel chronique du peuple de Dieu. Cette tendance à la déchéance spirituelle est toujours présente, même parmi le peuple de Dieu, les prophètes étaient un bouclier contre cette inclination. Soit ils encourageaient les sacrificateurs et les rois, soit ils s’opposaient à eux quant à cette question de déclin. Ce faisant, ils maintenaient la pensée divine relativement à la sacrificature et la royauté : la sainteté, l’incorruptibilité, la justice et la vérité. Mais ils étaient oppressés par les situations désespérées de leurs propres temps, et ainsi ils parlèrent beaucoup de ce Jour à venir et de Celui qui devait venir. La perspective de l’avènement de cette Personne était leur force, leur espérance et leur inspiration. Pour eux, le salut et la gloire étaient dans Celui qui devait arriver.
   Lorsque Jésus posa cette question à Ses disciples : « Qui dites-vous que je suis? », ils proposèrent des réponses issues de l’opinion publique qui exprimaient l’espérance prophétique. Mais pour Lui ces réponses étaient inadéquates. Il était la réponse à cette espérance, et ainsi Il insista auprès d’eux pour voir s’ils parviendraient à cette conclusion.
Ils avaient été avec Lui pendant plus de trois ans, pendant cette période ils virent Ses œuvres, entendirent Ses paroles ; l’avaient connu comme une personne dans la chair. Son temps sur la terre arrive à la fin, et dans cet endroit reculé du nord, alors que Sa face est déjà tournée vers Jérusalem, Il sonde Ses disciples, Il les sonde avec cette question : « Qui disent les hommes que je suis, moi, le fils de l'homme? » (Matthieu 16 :13). Entendant une diversité de réponses quant à ce que les hommes pensent de Lui, Il s’enquiert de Ses disciples : « Qui dites-vous que je suis? ». Ce qu’Il demande en fait est : « Quelle est donc la conclusion à laquelle vous parvenez à mon sujet ? Vous avez tout vu, vous avez tout entendu, vous avez touché : Quelle conclusion en tirez-vous ? Comment me percevez-vous ? Quel résultat obtenez-vous ? Après tout, quelle est donc votre perception de Moi ?
   Alors que Pierre donna une réponse qui satisfit le Seigneur, ce n’était qu’une illumination momentanée et passagère, car peu après, ce même homme renia Jésus. Les évangiles nous conduisent à une triste conclusion : bien que les disciples fussent proches de Lui, qu’ils entendirent tout ce qu’Il dit et virent tout ce qu’Il fit ; bien qu’ils l’écoutèrent et l’observèrent, ils ne l’avaient pas vraiment vu. Un tel constat peut nous paraître injuste, mais les évangiles nous démontrent maintes fois qu’il en était ainsi. Ce n’était pas la première fois qu’Il mettait en évidence leur manque de discernement. Nous voyons ce qui arriva juste après. Lorsqu’Il se manifeste à eux après la résurrection en se montrant et en leur parlant, nous voyons leur profonde incrédulité et ignorance. Ils n’avaient rien saisi, rien appréhendé : la vision spirituelle leur faisait défaut. Ils connaissaient leur Bible – ils connaissaient Moïse, les Psaumes, les Prophètes – mais ils n’avaient pas saisi qui Il était. C’est ce qu’Il met en avant sans cesse dans les évangiles et parce qu’ils n’avaient pas compris qui Il était, les disciples rencontrèrent d’énormes difficultés. C’est pour cela qu’ils le désertèrent et s’enfuirent au moment le plus noir, que le premier d’entre eux le renia trois fois avec véhémence. C’est pour cette même raison que nous les voyons, après la crucifixion, éparpillés, désillusionnés et désemparés. Ils n’avaient pas compris qui Il était.
   Revenons à notre question principale : l’importance fondamentale d’une appréhension et d’une connaissance appropriée et pertinente de Christ révélé en nous par l’Esprit Saint. Nous pourrions résumer ceci en disant que la Bible tout entière, de la Genèse à l’Apocalypse n’a qu’un seul objet en vue : c’est de nous révéler la pensée de Dieu quant à l’homme ; afin que l’homme puisse savoir comment rendre toute la gloire à Dieu. Mais l’unique moyen de parvenir à cette fin est le Fils de Dieu. Non seulement Il nous révèle la pensée de Dieu, mais Il est la pensée de Dieu pour nous. Il n’est pas seulement la Parole en tant que message, Il est la Parole en tant que Personne. Il en découle que toute la Bible est saturée et gouvernée par Christ. Il en est la raison de son existence, qu’elle nous révèle le passé, le présent, l’avenir ou l’éternité. Christ est central, Christ est absolu, Christ est universel ; Christ domine toutes choses. La vie chrétienne sera plus ou moins significative dépendamment de notre appréhension et connaissance spirituelles de Christ. Ceci est réalisé par ce que l’apôtre Paul appelle : « les yeux de votre cœur étant éclairés », (Éphésiens 1 :18). Christ est la somme de toutes choses, le genre de chrétien que nous serons et la mesure de la plénitude spirituelle atteinte par chacun dépendra exclusivement de notre connaissance de Christ, (cf. Éphésiens 4 :12-16).

Chapitre 2 - Le Sceau Essentiel et la Constitution de la Vie Chrétienne

Lire Actes 18 :24 – 19 :6

« Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez cru? »

Disons tout de suite que nous ne désirons pas faire un exposé sur la personne et l’œuvre de l’Esprit Saint, ce que nous voulons mettre en avant c’est l’importance capitale de Sa présence (personnelle) dans les croyants.

Quelques Explications
   Tout d’abord examinons les termes employés dans le titre de notre présent chapitre. Lorsque nous disons « essentiel » nous pensons aux paroles de l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains : « si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, celui-là n'est pas de lui [il n’appartient pas à Christ, il n’est pas un enfant de Dieu] . » Ceci indique clairement que la possession de l’Esprit Saint est essentielle et indispensable à la vie chrétienne.
   Ensuite, lorsque nous parlons du « sceau » nous pensons à d’autres paroles de l’apôtre Paul dans sa lettre aux Éphésiens : « ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse », Éphésiens 1 :13. Remarquons que c’était à ces mêmes Éphésiens que la première question avait été posée : « Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez cru?» Par leur confession de foi ils reçurent l’Esprit Saint et plusieurs années plus tard Paul leur écrivit les paroles ci-dessus. Le mot « sceau » implique l’apposition d’un sceau sur une transaction, le document en question prend alors toute sa valeur ; il est certifié par un acte délibéré à un moment précis : « vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse. »
   Enfin lorsque nous évoquons la « constitution » de la vie chrétienne, dominée par l’Esprit Saint, nous nous remémorons les paroles du Seigneur Lui-même à Nicodème : « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l'Esprit est esprit. », Jean 3 :6. Par ces paroles le Seigneur enseigne explicitement qu’il s’agit d’un genre totalement différent de personne. Il est question d’un changement de constitution, c’est une personne qui a une autre nature. « ce qui est né de l'Esprit est esprit » est autre de « ce qui est né de la chair est chair ». L’un est chair et l’autre esprit.

La Réception Initiale de l’Esprit Saint
   Considérons maintenant le passage que nous avons lu dans le livre des Actes, nous y voyons plusieurs choses importantes et qui ont de grandes conséquences. Toutes nos versions traduisent ce verset correctement : « Avez-vous reçu le Saint Esprit quand (lorsque) vous avez cru ? ». Seule la version Darby se démarque des autres en traduisant : « Avez-vous reçu l'Esprit Saint après voir cru ?» La traduction exacte est celle des autres versions, la signification du mot employé dans l’original est « quand » ou « lorsque » et non pas « après ». Le Nouveau Testament tout entier nous enseigne que ceux qui confessent le Seigneur Jésus reçoivent l’Esprit Saint au moment même où ils placent leur foi en Lui.

L’Établissement d’une Grande Assemblée et de Grands Ministères
   Dans ce passage des Actes nous voyons le commencement d’une grande assemblée – l’assemblée qui était à Éphèse. Pour tous ceux qui connaissent bien leur Nouveau Testament il n’est pas nécessaire de réitérer l’importance de cette assemblée. Sans exagération, ce fut à cette assemblée que l’apôtre Paul écrivit l’un des plus marquants documents de toute l’histoire. Le plus important écrit de tous les temps est sans aucun doute cette lettre aux Éphésiens. Il semble assez probable qu’il s’agissait d’une lettre qui devait circuler et être lue dans plusieurs assemblées d’Asie Mineure. Il n’existe pas de lettre ou de document plus important, je vous suggère de l’étudier pour voir si vous arrivez à épuiser son contenu spirituel. Cette lettre vous portera dans l’éternité passée, elle vous fera traverser tous les agissements de Dieu à travers les âges et elle vous emmènera « aux siècles des siècles ». Elle vous montrera Dieu à l’œuvre dans les cieux, sur la terre, et partout ailleurs ; y compris l’univers tout entier.
    Aussi, nous devons remarquer la place occupée par l’Esprit Saint dès la fondation de cette assemblée. L’apôtre Paul s’assura que les choses étaient correctement établies dès le commencement, que le fondement était bien posé et sain ! Ce fondement devait servir à porter une superstructure immense, il devait donc être inébranlable. C’est pourquoi il demanda à ces disciples, qui devinrent sans doute le noyau de cette assemblée, « Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand (lorsque) vous avez cru ? ». Suite à cet incident nous devons prendre en compte le travail considérable effectué par Paul à Éphèse. Pendant trois ans il demeura dans cette ville, et lors de sa dernière entrevue avec les anciens de cette assemblée, il put leur dire : « je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher », Actes 20 :27. Durant trois ans un homme tel que Paul dispensa tout ce qu’il savait du propos éternel de Dieu.
   Nous voyons une assemblée fondée et établie avec des perspectives énormes et des capacités hors du commun. Une telle assemblée devait posséder de très grandes capacités spirituelles afin de pouvoir absorber tout ce que l’apôtre Paul leur enseigna durant trois ans. C’est ici une marque significative de la capacité spirituelle d’une assemblée. Ceux qui enseignent la Parole de Dieu par l’Esprit Saint connaissent bien la capacité de ceux qui les écoutent par la liberté qu’ils ont d’enseigner. Parfois ils se sentent limités car ils perçoivent que ceux qui les écoutent sont eux-mêmes spirituellement limités. Peut-être ne connaissent-ils pas très bien l’assemblée dans laquelle ils partagent la Parole, mais ils sont conscients des limitations présentes. D’autres fois ils exercent une très grande liberté, donnant tout ce qu’ils ont. Ils se meuvent alors dans l’Esprit Saint, et ceux qui les écoutent ont une grande capacité.
Ceux qui étaient à Éphèse avaient cette capacité spirituelle. En ces trois années ils purent recevoir « tout le conseil de Dieu », plus tard ils purent accepter cette lettre écrite par l’apôtre du fond d’une prison. Une assemblée avec une telle capacité – des chrétiens avec une telle capacité – savent de façon pertinente ce que recevoir l’Esprit Saint veut dire et implique. La réception de l’Esprit est le commencement et le fondement de toute l’œuvre d’édification et de croissance qui doit suivre.
    Paul excella parmi ces croyants à Éphèse, son ministère y fut d’une importance capitale. Rappelons-nous que Timothée était aussi à Éphèse pendant de longues années, son service fut constitué, inspiré et enrichi par Paul lui-même. L’apôtre put dire de lui qu’il avait suivi sa conduite et son enseignement (2 Timothée 3 :10). Timothée fut l’un des plus proches collaborateurs de l’apôtre Paul, avec qui il œuvra durant de nombreuses années sur un vaste territoire, et il finit ses jours à Éphèse. Nous nous souvenons également que l’apôtre Jean était également à Éphèse. Quelle richesse ne nous a-t-il pas donnée à travers ses écrits : l’évangile qui porte son nom, ses lettres et le livre de l’Apocalypse ! Quelle assemblée celle d’Éphèse devait être ! Quelle assemblée elle devint suite à la conversion d’une douzaine d’hommes ! Tout ceci résultait de la réception de l’Esprit Saint. Une étude de la place donnée, à l’Esprit de Dieu, dans la lettre aux Éphésiens, révélera l’importance cruciale qu’Il avait dans cette assemblée.

Ce que ce Passage Enseigne
    Le premier aspect, que nous avons considéré ci-dessus, nous apprend toute l’importance qu’avait l’assemblée qui était à Éphèse et les ministères qui y étaient exercés. Examinons maintenant les enseignements que nous pouvons tirer de ce même passage. Tout d’abord celui-ci peut être divisé en trois parties, représentées par un mot ou une expression. Nous avons les disciples, ensuite l’Esprit Saint et enfin le baptême ; l’Esprit Saint étant au milieu de ces choses.

1) L’œuvre de l’Esprit Saint
   Nous devons admettre que la question de Paul à ces disciples au sujet de l’Esprit Saint était fondée. Il ne s’agissait pas d’une question générale, posée par l’apôtre à ces hommes par hasard. Aussi, nous reconnaissons que Paul avait une très bonne raison de poser cette question : « Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez cru? » Il est clair que Paul avait décelé quelque chose qui l’interpellait dans ces disciples, une lacune spirituelle. Ce discernement lui permit de savoir précisément ce qui leur manquait.
    Lorsque nous examinons cette question de Paul, nous devrions prendre en compte tout ce qu’il a enseigné au sujet du Saint-Esprit à travers toutes ses lettres. Ses enseignements et ses expériences nous montrent l’importance qu’il donnait à la primauté, à l’œuvre et à la nécessité de l’Esprit de Dieu. Cet enseignement de Paul, fondé sur sa connaissance et sur ses expériences, est très vaste et profond.

a) Union avec Christ
   Tout d’abord l’apôtre Paul déclare sans aucune ambiguïté que sans l’Esprit Saint il ne peut y avoir d’union avec Christ. Cette union avec Christ est au cœur-même de la foi chrétienne – c’est le grand thème de Paul – et cette union avec Christ est l’œuvre de l’Esprit Saint. Rien que pour citer un exemple : « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui. », (1 Corinthiens 6 :17). Tout ce que Paul savait et avait vécu à propos du Saint-Esprit, se focalisait sur cette prépondérance de notre union avec Christ. C’est ce qui le motiva à poser cette question à ces quelques disciples. Il aurait pu la formuler autrement. Il aurait pu évoquer directement cette vérité fondamentale de leur union avec Christ, ou bien il aurait pu leur parler de la nouvelle création ; il connaissait toutes les implications d’être une nouvelle création en Christ. De par ces choses et toutes les autres que nous lisons dans ses lettres, nous comprenons que Paul voyait la vie chrétienne comme étant la contrepartie spirituelle de la création matérielle. Nous lisons : « Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, qui a relui dans nos cœurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu, dans la face de Christ. », 2 Corinthiens 4 :6. Il vit ceci comme étant l’envers de l’acte créatif de Dieu, comme étant l’équivalant spirituel de « Que la lumière soit » ; la contrepartie spirituelle s’est accomplie en nous. Dans d’autres passages Paul met en avant l’Esprit Saint quant à cette vérité. Il change de métaphore mais retient le principe spirituel : « Car vous êtes manifestés comme étant la lettre de Christ, dressée par notre ministère, écrite non avec de l'encre, mais par l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur les tables de chair du cœur. », 2 Corinthiens 3 :3.

b) Ordre et Abondance
  Paul utilise beaucoup d’autres allusions à la création, afin d’illustrer les contreparties spirituelles. Il donne une très grande place à la puissance de la Parole de Dieu – une puissance créative dans la vie du croyant. Combien il donne d’importance à l’ordre essaimé dans tous les domaines de la vie spirituelle par l’Esprit Saint ! Au début de la Bible nous voyons de l’ordre émergeant d’un chaos sous l’influence de l’Esprit se mouvant. En contrepartie, sous l’influence et par la puissance de l’Esprit de Dieu et dans cette nouvelle création, la même chose se produit dans la vie spirituelle : un nouvel ordre s’établit dans la vie du croyant. De la même façon que la terre qui était improductive, étant comme elle l’était sous un fléau d’infertilité, fut transformée afin qu’elle devienne fructueuse ; le croyant peut, lui aussi, maintenant produire du fruit de l’Esprit : 

« l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance », Galates 5 :22. A la place de la stérilité de la vie du non-croyant, il y a maintenant une abondance ; c’est une œuvre de nouvelle création par le Saint-Esprit. Comme il en était au commencement dans l’ancienne création où nous constatons un développement et une progression, ainsi Paul nous enseigne beaucoup de choses quant à la croissance et l’élargissement sous le gouvernement de l’Esprit de Dieu. Une vie gouvernée et conduite par l’Esprit Saint est une vie qui s’accroît  se développe et progresse en Christ continuellement. La vie dans laquelle le Saint Esprit dirige les choses n’est jamais stagnante. Une telle vie n’est pas la même qu’il y a un an, ceci serait contradictoire. L’apôtre démontre clairement que dans la nouvelle création l’Esprit Saint joue un rôle déterminant quant à la croissance spirituelle.

c) La Révélation de la Destinée de l'homme
    Ensuite, l’apôtre enseigne de façon profonde et pleine, ce qui concerne le dessein et la destinée de l’homme. Au commencement de la Bible nous avons des indices nous indiquant que Dieu créa l’homme avec un grand dessein et une grande destinée, ces choses sont pleinement développées par Paul. Il nous dit exactement ce que Dieu avait en pensée avant même de créer l’homme, quelle était sa raison pour créer l’homme et quelle était la destinée de l’homme. L’apôtre put nous transmettre ces choses car elles lui furent révélées par l’Esprit de Dieu. Par ce même Esprit, cette grande œuvre divine qu’est la nouvelle création, doit se poursuivre jusqu’à son accomplissement. La dernière chose que nous lisons concernant la première création est : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. », Genèse 1 :31. Dieu entra alors dans son repos. C’est ici le parachèvement de l’œuvre de l’Esprit Saint : tout amener finalement à l’entière satisfaction de Dieu. Il ne s’agit pas uniquement que Dieu trouve son repos, mais que toute la création puisse jouir du repos de Dieu.

d) Une Nouvelle Conscience et de Nouvelles Capacités
   Paul nous parle largement de cette nouvelle conscience qui habite l’homme et la femme de la nouvelle création. Une conscience entièrement nouvelle est donnée au croyant qui reçoit l’Esprit Saint. Tout ce dont il était inconscient, est maintenant réel dans la vie du croyant. Comme, par exemple, la conscience de connaître Dieu comme Père et celle de connaître Jésus Christ comme Sauveur. Chaque chrétien ayant reçu l’Esprit de Dieu sait combien ces choses sont vraies. Il a une nouvelle conscience dans toutes les différentes sphères, il a de nouvelles capacités, qu’il n’avait pas auparavant, pour faire et pour être. Tout ceci est en parallèle à l’ancienne création, c’est la nouvelle création en Christ Jésus. Comme l’Esprit avait affecté l’ancienne création, Il accomplit toutes choses dans la nouvelle.

e) L’Enseignement de Jésus
   L’apôtre Paul était l’héritier de ce que le Seigneur Jésus avait enseigné au sujet de l’Esprit Saint. Nous savons que le Seigneur parla beaucoup au sujet du Saint Esprit. A la fin de sa vie le Seigneur passa beaucoup de temps avec ses disciples, loin des foules ; loin de tout. Très souvent nous retrouvons son sujet de prédilection lorsqu’Il était avec ses disciples, ce sujet était souvent exprimé au travers d’une expression caractéristique : « En ce jour-là… ». A plusieurs reprises le Seigneur utilise cette phrase et c’est ceci qui était sous-entendu : « Quand l'Esprit de vérité sera venu. », Jean 16 :13. Jésus annonçait à l’avance le jour où l’Esprit viendrait et ce qu’Il ferait, l’apôtre Paul pouvait témoigner que ce jour était arrivé et qu’il vivait l’accomplissement de la promesse. Paul en vint à connaître, ce que tous les apôtres redoutaient jusqu’à ce qu’ils comprirent, la vérité et la signification des paroles du Seigneur : « Il vous est avantageux que moi je m'en aille; car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. », Jean 16 :7. Bien sûr les disciples appréhendaient le départ de Jésus, mais plus tard ils comprirent qu’il était incomparablement plus important qu’Il s’en aille afin que l’Esprit vienne. Paul avait saisi toute l’importance de la venue de l’Esprit, il savait que sa présence en lui était plus importante que d’avoir le Seigneur Jésus à ses cotés.
    Paul connaissait ces choses par expérience, c’est avec cette connaissance spirituelle qu’il posa la question à ces Éphésiens. Nous comprenons mieux maintenant l’importance cruciale de cette question ! Tout ce que Jésus enseigna et expliqua au sujet de ce jour où l’Esprit Saint viendra, tout ce que l’Esprit fit afin d’accomplir les paroles du Seigneur : «Quand l'Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité… il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera. », Jean 16 :13-14 ; toutes ces vérités furent révélées à l’apôtre Paul. Quelle richesse avons-nous dans les lettres de Paul au sujet du Saint Esprit ! Tout ceci était résumé dans la question soumise à ses disciples : « Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez cru? » C’est une question d’une très grande profondeur. Lorsque nous prenons tout en compte, il ne peut y avoir de question plus importante. Si tout ce que nous lisons dans le Nouveau Testament, au sujet de l’Esprit de Dieu est vrai, alors la vie des croyants doit être extraordinaire !
   En résumé, le chrétien, le croyant, celui qui a véritablement reçu l’Esprit Saint, est une personne surnaturelle. La présence intérieure de l’Esprit Saint, de l’Esprit de Dieu et son impartition de la vie éternelle, font du croyant quelqu’un de supra-naturel  Il est habité d’un caractère surnaturel, le distinguant de tous les autres. C’est une vie immortelle. Celui qui possède la vie éternelle a ce qui transcende l’ordre naturel des choses, faisant de celui qui la reçoit un être éternel, dans le sens divin ; il est rattaché aux cieux et à l’éternité. L’assemblée pour laquelle ces choses sont vraies, qui a vraiment reçu l’Esprit Saint, qui est habitée par Lui, est un corps surnaturel ; il n’y a aucune puissance dans l’univers qui puisse la vaincre et la détruire. L’histoire prouve que c’est vrai, et le prouvera jusqu’à la fin. Que les hommes et les démons s’unissent contre l’Église du Seigneur – elle demeurera car elle est supra-naturelle.

2) Les Disciples
   Ensuite il est question des disciples dans ce passage : « Paul, après avoir traversé les contrées supérieures, vint à Éphèse; et ayant trouvé certains disciples… » Il est très probable qu’ils étaient appelés « chrétiens », ils se définissaient ainsi et étaient appelés ainsi par les autres ; il ne pouvait pas en être autrement. Bien que ces hommes fussent des « chrétiens » il leur manquait la caractéristique essentielle qui marque la foi chrétienne ! Quelle était-elle ? Nous la voyons en ce disciple appelé Apollos, un juif d’Alexandrie, qui était arrivé depuis peu à Éphèse et qui était familier avec le ministère de Jean le Baptiseur concernant le Seigneur Jésus. Il nous est dit ici qu’il avait été « Il était instruit dans la voie du Seigneur… ne connaissant que le baptême de Jean. », Actes 18 :25. Quelle avait été la vocation de Jean ? Elle consistait à préparer la voie du Seigneur, de conduire ceux qui le suivaient à Jésus. Quel était son message ? La repentance en vue de l’imminente venue du Messie. Le message de Jean était « Repentez-vous », Matthieu 3 :2. Il est évident que le message de Jean était partiel : « Moi, je vous baptise d'eau pour la repentance; mais celui qui vient après moi… vous baptisera de l'Esprit Saint et de feu.», Matthieu 3 : 11. C’est ici toute la différence entre le ministère de Jean et celui du Seigneur Jésus.
   Apollos connaissait ces choses et probablement d’autres encore, puisqu’il est dit qu’il était puissant dans les Écritures. Malgré cela Apollos n’alla pas plus loin que Jean, il demeurait sans l’expérience personnelle de l’œuvre de l’Esprit Saint par le baptême en Christ. Néanmoins, il n’était pas sans qualités, nous lisons qu’il connaissait les Écritures, ce qui laisse à penser qu’il maîtrisait l’Ancien Testament d’une façon particulière. Il connaissait ces passages qui parlaient du Messie, ceux que nous appelons les passages messianiques ; ce sont ces passages qui avaient préparés à l’avance ceux qui avaient compris ces promesses à la venue du Christ. Jean avait baptisé avec un baptême de repentance en préparation de Christ et de son Royaume, mais il ne put aller plus loin car c’est à ce point que son ministère s’arrêtait. Il semble qu’Apollos s’arrêta au même point. Peut-être était-il supérieur à Jean dans sa connaissance des Écritures, mais malgré cette connaissance il n’avait pas fait l’expérience de l’Esprit Saint. Aussi, selon le principe spirituel de tout ministère, il ne put mener plus loin ces disciples qu’il n’avait été lui-même.
   Nous voyons alors que Aquilas et Priscilla, ce couple chrétien très prometteur qui avait accompagné Paul de Corinthe à Éphèse, relevèrent cette lacune importante ; ils lui expliquèrent en privé et « lui expliquèrent plus exactement la voie de Dieu. », Actes 18 :26. Son ministère fut d’une toute autre nature après cela. Peu après, il quitta Éphèse pour se rendre à Corinthe, il est très intéressant de voir alors l’efficacité du ministère d’Apollos à partie de ce point. Nous nous rappelons ces choses pour une raison bien précise : Lorsque Apollos alla au-delà de Jean le Baptiseur, qu’il saisit toute l’importance de l’Esprit Saint et du baptême en Christ, ceci eut un immense impact sur son service envers les saints. L’apôtre pouvait alors dire : « Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé », 1 Corinthiens 3 :6. C’est ici que nous voyons toute l’importance d’avoir l’Esprit Saint.
    Ces disciples ne savaient rien de cet Esprit. Bien qu’ils aient eu avec eux un frère comme Apollos connaissant très bien les Écritures, et étant familier avec le ministère de Jean ; ils ne pouvaient aller plus loin que lui dans la vérité. En fait, ils ne connaissaient aucune des choses vitales et nécessaires du Seigneur, bien qu’ils aient eu un tel homme avec eux.
   Ainsi, ces disciples représentaient un interlude, une transition entre Jean et Jésus. Il est possible qu’il y ait encore de tels disciples aujourd’hui, ils demeurent dans une situation de transition. Ils ont une certaine connaissance de la Bible, ils disent connaître Jésus ; ils se disent « chrétiens » mais n’ont pas d’expérience personnelle quant à l’Esprit de Dieu, ils ne sont pas des disciples. Ils appartiennent en fait à cette grande partie transitoire de la chrétienté. Ils ne sont pas allés au bout des choses, au bout du déroulement normal de la vie chrétienne ; ils se sont arrêtés en route. Mais ces Éphésiens ne se sont pas arrêtés, ils sont allés au bout et ont franchi cet état transitoire.

3) Le Baptême
    Considérons maintenant la troisième chose – le baptême. Car c’était à celui-ci que voulait en venir l’apôtre Paul. Leur réponse : « Mais nous n'avons même pas ouï dire si l'Esprit Saint est », indiquait soit qu’ils ne savaient pas qu’il y avait une telle chose que l’Esprit Saint ; ou bien, qu’ils ne savaient pas que l’Esprit Saint était venu. Mais ce n’est pas le plus important, il est suffisamment clair qu’ils ne savaient rien personnellement de l’Esprit de Dieu. C’est alors que Paul leur dit : « Eh bien dans quel baptême avez-vous été baptisés alors ? » C’est ici qu’est l’épicentre de cet échange entre Paul et ces disciples. « Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez cru ?... En quoi avez-vous donc été baptisés ? » C’est deux choses vont ensemble, l’une des questions est incluse dans l’autre : « De quel baptême donc avez-vous été baptisés ? »
    Nous devons alors nous demander : Quelle est donc la signification du baptême en Christ ? Autrement-dit : Pourquoi est-ce que l’Esprit Saint attendait ce témoignage ? La réponse à cette question est l’élément le plus important de la vie chrétienne. C’est ici que nous en venons au « sceau » et à la « constitution » dont il est question dans le titre de ce chapitre. Le baptême n’est pas ces choses, mais allons au-delà du baptême et regardons à sa véritable signification. Qu’est-ce que signifie le baptême en Christ ? Nous devons retourner au tout début des choses pour le savoir. Que s’est-il donc passé dans le jardin, quand l’homme n’a pas cru Dieu ? Lorsque l’homme, à la suggestion de Satan, a désobéi à Dieu ? Il a en fait ouvert la porte de son être, une ouverture dans laquelle Satan s’est immiscé et de cet être Satan ne s’est jamais retiré. Quand l’homme s’est ouvert à Satan, ce dernier a pris possession de l’âme du premier ; il a obtenu un point d’encrage dans le cœur de l’homme. C’est à partir de ce point et depuis ce temps-là, que les forces maléfiques ont accompli l’œuvre de Satan dans l’homme et à travers l’homme.
    Ne nous trompons pas à ce sujet : les âmes des hommes et des femmes incrédules sont en alliance avec les forces démoniaques de ce monde. Peut-être en sont-ils conscients ou pas, mais ceci n’enlève rien à cette vérité. Chacun de nous peut témoigner des forces mises en mouvement lorsque nous nous sommes donnés à Christ. Nous nous sommes rendus vite compte que nous n’étions pas aussi libres que nous le pensions, nous n’avions pas la liberté de choisir, que nous pensions avoir. Ceux qui veulent se donner à Christ s’aperçoivent très vite qu’ils sont en fait des esclaves, et à moins de faire appel à un libérateur hors normes, il n’y a point d’échappatoire. Cette ouverture a été faite alors, cet encrage à pris place, cette alliance avec Satan à été scellée et rien ne peut y remédier. L’âme de l’homme non-régénéré est liée à Satan, et les forces du mal y accomplissent toutes ses volontés.
    Y a-t-il donc un moyen d’échapper à cet état ? Le seul moyen c’est la mort. C’est la sentence prononcée par Dieu sur l’homme : « Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement. », Genèse 2 :17 ; « L'âme qui péchera, celle-là mourra. », Ézéchiel 18 :4 . Mais les Écritures déclarent également : « Un est mort pour tous », 2 Corinthiens 5 :14. Jésus a pris la place du pécheur et est mort à sa place. En sa mort Il a brisé le lien, Il a mis fin à cette union, Il a « dépouillé les principautés et les autorités », Colossiens 2 :15. Il « rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable », Hébreux 2 :14. Un est mort pour tous. Le baptême est notre témoignage, c’est le double témoignage du croyant. D’une part, dans la mort de Christ, l’homme qui était uni à Satan a été mis de côté et Satan également. D’autre part, dans son union avec Christ dans Sa résurrection, l’Esprit Saint établit une nouvelle relation intérieure. La mort marque le point de non-retour. La résurrection marque la nouvelle union. C’est par cette union du croyant avec Dieu que Christ et son Royaume deviennent effectifs. C’est ainsi que les propos éternels de Dieu sont réalisés – réalisés sur l’unique terrain de cette union rendue effective et opérante par la réception de l’Esprit Saint.

Chapitre 3 - La Valeur Vitale de Comprendre la Parole de Dieu

Passage : Actes 8 – « comprends-tu ce que tu lis ? », verset 31.

    Nous avons appelé ces messages « Questions Fondamentales de la Vie Chrétienne », ce qui implique que nous recherchons à mettre en avant la véritable fondation et la nature de la vie chrétienne. Ceci dans le but de savoir ce qu’est supposée être cette vie chrétienne. Quelque soient les arguments présentés ici, (beaucoup mettront en question ce qui est dit ici), il y a une question qui doit survoler toutes les autres, celle qui gouvernera toutes les autres : l’absolue satisfaction de la vie chrétienne que nous vivons.
   Si nous sommes parfaitement satisfaits avec notre vie chrétienne, si nous sommes pleinement satisfaits de la Chrétienté telle que nous la voyons aujourd’hui dans ce monde ; alors ces messages n’ont pas lieu d’être. Mais si nous ne sommes pas totalement satisfaits de notre vie chrétienne, si nous éprouvons un besoin pour quelque chose de plus grand, de plus profond, si nous estimons que généralement la Chrétienté telle qu’elle est dans ce monde n’est pas comme elle devrait être, si nous déplorons toutes ces contradictions, divisions, antagonisme les uns envers les autres, etc. si ces choses nous habitent, alors nous nous devons de suppléer une solution, un remède. Il nous revient de chercher et de découvrir la cause d’autant de frustrations qui existent parmi les croyants, ce grand désappointement que nous éprouvons envers la Chrétienté telle que nous la voyons.
   Trouvons-nous, tout d’abord, une explication dans les choses qui ont été évoquées dans le premier message : avoir une appréhension adéquate de Christ ? Il y a peu de doute pour que la plupart des maux vécus par les croyants aujourd’hui soient dus à une fausse idée qu’ils ont de Christ.
    Il y a peut être une explication dans les choses que nous avons considérées dans le second message : Avez-vous reçu l’Esprit Saint quand vous avez cru ? Peut-être y a-t-il quelque confusion, incompréhension, incertitude à propos de la présence de l’Esprit Saint en vous ? Ceci peut être la raison de beaucoup de problèmes liés à la vie chrétienne.
   Enfin, il est fort possible que l’aridité de la vie chrétienne de beaucoup, soit due à cette chose : une mécompréhension de la Parole de Dieu. Une telle situation peut être la source de beaucoup de stérilité, d’inefficacité, de faiblesse, de défaite, etc. Nous nous devons donc d’examiner cette question. Bien entendu, nous n’allons pas nous embarquer dans une étude systématique de la nature des Écritures, comme leur inspiration divine ; ces choses sont acceptées sans questions. Ce sur quoi nous désirons nous pencher est de réaliser l’absolue nécessité de comprendre les Écritures. Il s’agit de saisir spirituellement ce qu’elles nous disent et enseignent.

Une Approche Superficielle de la Bible
  Pour une large majorité de croyants la Bible est un livre contenant des passages pour les réconforter dans les temps pénibles, pour les encourager en des jours de dépression, pour leur garantir des promesses quant au futur, alors que le présent est difficile ; ou encore pour les aider à se décider à prendre une décision lorsqu’ils sont dans la perplexité. Pour beaucoup, la Bible est donc utilisée afin de trouver la volonté de Dieu sur une base quotidienne. Nous ouvrons nos bibles peut-être le matin afin d’y trouver quelque chose qui nous portera le reste de la journée, une promesse, un peu de réconfort, quelque éclairage, juste quelque chose afin de nous aider à passer la journée, et nous répétons ceci chaque jour. Il est possible que nous y soyons un peu plus attentifs lorsque les choses ne vont pas bien ; quand ça va mieux, on se relâche à nouveau. Cette observation vous semble peut-être injuste, mais je sais que pour beaucoup de chrétiens la Bible n’est rien de plus que ce qui vient d’être dit.
   Le fait est que la Bible peut en effet servir à ces choses, celles-ci sont légitimes et nous pouvons l’utiliser pour tout ce qui précède ; ce qui néanmoins doit être dit, est que la Bible est bien plus que cela. En ce qui concerne le salut par exemple, nous le considérons trop souvent comme étant une fin en soi. L’accent est mis sur le salut des gens, leur conversion, leur acceptation du Seigneur ; peu importe comment nous l’appelons, puis nous nous arrêtons au salut. C’est ce qui est présenté comme étant l’évangile, le salut est un aboutissement. Mais en vérité le salut n’est que le commencement d’une longue route vers la plénitude spirituelle.
    Trop souvent la Bible se limite à l’idée que nous en avons, et tout ce qui précède représente diverses idées que les croyants ont d’elle ; mais ce n’est pas ce pour quoi elle existe. Si la Bible nous procure du réconfort, de la lumière, de l’espérance, de l’encouragement, si elle nous sert de guide, dans la pensée de Dieu tout ceci est lié à quelque chose de bien plus grand. Elle est inextricablement liée au vaste propos éternel de Dieu. Nous devons rechercher et obtenir le réconfort, la lumière, l’encouragement, etc., non seulement pour le moment présent, pour cette journée ou le temps dans lequel nous nous trouvons. Nous devons aborder la Bible selon l’intention de Dieu : selon le propos qu’Il a pré-ordonné avant que le monde ne fut. La Parole de Dieu est bien plus vaste qu’une source d’encouragements ou de réconfort, elle a un but bien précis dans son ensemble, chaque partie, chaque fragment est en relation avec ce grand dessein de Dieu. C’est une caractéristique que nous devons reconnaître avant que la Bible ne devienne vraiment vivante.

Une Intention Éternelle et une Personne Prééminente
   Tout ce que nous avons dans le Livre est un tout. Il est lié à un grand dessein qui concerne non pas tant de chrétiens individuels, mais le Corps tout entier, choisi par Dieu en Christ avant la fondation du monde. C’est seulement lorsque nous réaliserons ce grand propos de Dieu, que la Bible prendra toute son importance dans nos vies. Sinon nous la limiterons à une bénédiction ponctuelle, de temps en temps nous écumerons une promesse, un encouragement, etc. ; mais la Parole de Dieu est bien plus que cela ! Les croyants individuels ne pourront prétendre à l’accroissement spirituel que s’ils sont en relation les uns avec les autres ; c’est ici le but de la Parole de Dieu.
    Il est vrai que chaque promesse, chaque réconfort, chaque exhortation, tout rayon de lumière font partie intégrante d’un tout et ce tout est centré sur une seule Personne – le Fils de Dieu. Si quelque passage de la Parole de Dieu ne nous conduit pas vers une plus grande connaissance du Seigneur Jésus, alors il n’a pas atteint son but ! Nous touchons à la signification de cette question : « comprends-tu ce que tu lis ? ». Où la réponse nous conduit-elle ? Elle nous mène droit à Christ. La compréhension des Écritures est une question de comprendre Christ. Toutes les réponses sont dans une Personne.
   Reconnaissons, maintenant, qu’en ce qui concerne la connaissance de la Parole de Dieu, connaître les Écritures et comprendre ce que nous lisons requiert quelque chose qui est au-delà de ce qui est naturel. Ceci est parfaitement illustré dans notre présent passage. La question de Philippe implique quelque chose de bien plus large, plus grand, plus profond que le besoin immédiat de l’Éthiopien. Cette question : « comprends-tu ce que tu lis ? », engendre une réflexion de grande importance. Elle génère certaines réflexions comme par exemple : « Est-ce que la Bible est un livre vivant pour vous ? Est-ce que la Parole de Dieu est une puissance dynamique dans votre vie ? Est-elle la voix de Dieu pour vous ? Dieu vous parle t-Il sans cesse à travers elle ? »
    Examinons de plus près cette rencontre et cette conversation entre Philippe et cet Éthiopien, cette histoire nous conduira à quelque chose de plus grand et de très significatif pour nous. Nous considérerons tout d’abord l’homme, celui par qui tout ce que nous avons ici est arrivé ; c'est à dire l’Éthiopien. Ensuite, nous verrons ce qui l’a satisfait dans sa quête et enfin nous examinerons ce à quoi ces deux choses nous amène.

Un Homme dans le Besoin
   Tout d’abord l’Éthiopien et son besoin. Essayons de discerner sa personnalité d’après le récit. Premièrement, c’est un homme qui occupe un poste important et qui est parvenu à une position d’importance dans ce monde. C’est un homme qui a atteint une certaine réussite dans la société, il est parvenu à une place d’honneur. Il est également évident qu’il a un certain savoir, il est éduqué et a une certaine culture. Il est allé à Jérusalem pour adorer, l’occasion étant sans doute une des fêtes d’Israël, ce qui veut dire qu’il était familier avec la langue locale, l’hébreu ou l’araméen. Il était aussi conversant en grec car le passage qui est cité est tiré de la Septante, la traduction en grec de l’Ancien Testament. Pour un Éthiopien tout ceci indique qu’il avait une grande intelligence et qu’il possédait une large culture et un grand savoir.
   Deuxièmement, c’était un homme religieux dévoué, sans aucun doute un prosélyte juif, car il est écrit qu’il fit ce long voyage pour aller à Jérusalem afin d’adorer Dieu. Mais parce qu’il était un eunuque, la loi de l’Ancien Testament lui interdisait certains accès au temple. En tant que prosélyte ses privilèges étaient limités, ceci doit être mentionné car il aurait pu être découragé dans sa quête. Néanmoins, il fait le long voyage jusqu’à Jérusalem malgré le fait qu’il ne pouvait jouir des mêmes privilèges qu’un vrai juif.
    Une fois la visite à Jérusalem accomplie avec dévotion et sincérité, il retourne chez lui un homme fortement déçu et frustré. Il s’est rendu au cœur-même de ce que la religion juive avait de mieux à offrir, là où se trouvait le meilleur de la connaissance et de la transmission des Écritures ; là où toute question touchant l’interprétation de la Torah devait avoir sa réponse. Mais il quitte Jérusalem et son temple le cœur insatisfait, n’ayant pas trouvé ce qu’il était venu y chercher. Tout ceci est très clair dans le récit que nous avons dans ce passage. Il y a toujours quelque chose qui lui échappe, quelque chose qu’il n’a pu obtenir, qu’il na pas encore saisi.
   Nous pouvons ajouter que cet homme était humble, il n’était pas satisfait par la connaissance qu’il avait déjà. Tous ceux qui sont satisfaits de ce qu’ils connaissent déjà, ont peu de chance d’en connaître d’avantage ; l’autosatisfaction est toujours ce qui empêche d’acquérir plus de connaissance. De plus, ceux et celles qui « savent tout » sont des gens frustrés, ils n’iront pas plus loin. Mais ici nous avons un homme vraiment humble, conscient de son besoin et prêt à le confesser. Reconnaissant son ignorance et n’hésitant pas à l’admettre, il déclare sans détour : « Comment donc le pourrais-je, si quelqu'un ne me conduit ? ».
    Ajoutons que c'est un homme à qui la Bible demeure fermée, il a bien une Bible, bien que ce ne soit que l’Ancien Testament, peut-être même uniquement les Prophètes, mais c’est toujours la Bible. Aussi, il avait la Bible ouverte devant lui, la lisait, mais elle demeurait néanmoins fermée pour lui.
    Enfin, c’est un homme qui est prêt à obéir, prêt à suivre la lumière sans aucune hésitation dès qu’elle se manifestera. Toutes ces caractéristiques nous décrivent très bien cet Éthiopien en quête de vérité.
    Plusieurs des choses énumérées pourraient être considérées comme étant des avantages considérables. Ces choses devaient pourvoir la base idéale afin d’obtenir une connaissance et un savoir adéquats – malgré tout il demeurait dans le noir ! Quelques unes de ces choses sont, bien entendu, essentielles afin de pouvoir être éclairé, mais pas toutes. On peut se dispenser d’avoir une haute fonction, d’avoir accompli de grandes choses, d’être parvenu à ses ambitions ; on peut également se passer d’une longue éducation, d’une grande intelligence naturelle et néanmoins parvenir à un grand niveau de lumière. D’un autre coté s’il nous manquait certaines de ces caractéristiques, nous serions sérieusement désavantagés. Un esprit réellement humble, qui est prompt à recevoir l’enseignement, ouvert à la connaissance et un empressement à obéir sont des rudiments essentiels. Néanmoins, mis ensemble, ils ne peuvent nous garantir l’éclairage spirituel. Il faut en plus de ces choses, le facteur « autre », « extra », qui est absolument nécessaire et sans lequel nous demeurerons dans l’obscurité – même Bible en main !

L’Assouvissement d’une Grande Nécessité
    Il y a dans ce récit quelque chose qui dépasse très largement la simple histoire que nous y lisons. Les implications de cette rencontre entre Philippe et l’Éthiopien vont au-delà de la situation présente. C’est la raison pour laquelle cette narration est incluse dans la Parole de Dieu – elle caractérise bien des situations de la foi chrétienne ; sa portée est toujours aussi actuelle. Comme l’Éthiopien représente certains principes spirituels, il en est de même de Philippe. Lorsqu’il arrive sur place, il n’est pas simplement une sorte de héros passager qui arrive et repart aussitôt. Philippe transmet et véhicule certains rudiments spirituels fondamentaux, comme le fait l’Éthiopien. Philippe est bien plus qu’une personne passagère dans cette histoire – il est la personnification de grandes vérités spirituelles valables pour tous les temps.

L’Homme dans la Gloire
  Considérons maintenant les vérités profondes renfermées dans ce passage. Bien qu’il soit si important, vital et significatif, cet épisode du livre des Actes ne représente qu’une partie de ce mouvement extraordinaire initié par la résurrection et l’exaltation de Christ, et qui continue à travers l’édification de l’Église et les impacts qu’ont ces choses sur le monde. Il est nécessaire de prendre ces choses en considération si nous désirons saisir toute la portée de cette histoire. Le Christ exalté continue son œuvre.
   Au début de ce livre, Luc fait référence à son premier écrit de cette façon : « toutes les choses que Jésus commença de faire et d'enseigner, jusqu'au jour où il fut élevé au ciel», Actes 1 :1-2. Son second livre, celui des Actes, est donc le récit de ce que Jésus continue de faire et d’enseigner. Il est maintenant élevé au-dessus des cieux et Il continue d’œuvrer. Son œuvre sur terre continue de se répandre avec une grande efficacité.
    Derrière ce que ce livre des Actes dépeint, il y a Celui qui agit. Il n’a pas été seulement placé sur la croix : Il a été exalté dans la gloire et Il attire tous les hommes à Lui. La raison de tout ce qui se passe dans ce livre est Lui-même – c’est Christ glorifié au-dessus de tout, à la droite de la majesté dans les lieux célestes, dirigeant toutes choses Il est le Seigneur des seigneurs. C’est ce que nous avons dans Actes : le souverain mouvement de l’Esprit de Christ. Ceux qui sont suscités dans ce livre afin d’accomplir le dessein de Dieu vont et viennent, mais il y a Celui qui les domine tous et les anime tous pour l’accomplissement de son dessein. C’est cet Homme qui gouverne toutes choses, qui dirige les différents acteurs les conduisant par son esprit pour un but commun.

Un Homme Assujetti aux Cieux
   Ainsi, Philippe est assujetti à la gouvernance de l’Esprit, ce qui veut dire qu’il est soumis à la souveraineté de Christ glorifié. Quelques paroles nous indiquent qu’il en était clairement ainsi « un ange du Seigneur parla à Philippe… l'Esprit dit à Philippe… », les anges et l’Esprit sont en coopération ici ; il n’est pas nécessaire de faire une différence entre ce que font les uns et ce que fait l’Autre : tous contribuent à l’accomplissement du dessein du Seigneur. Voyons que Philippe est sous l’influence de l’Esprit Saint, du Christ exalté.
   Remarquons maintenant que Philippe n’a qu’un seul intérêt dans la vie, il contribue d’une façon particulière et unique au but recherché par le Seigneur en demandant : «Comprends-tu ce que tu lis ? ». C’est un homme qui est sous la dominance de Christ, qui est animé par l’Esprit de Dieu et qui n’a donc qu’un seul objet en vue. Philippe est l’exemple même du croyant qui se fixe sur un seul but. C’est la condition requise pour qui veut connaître la Parole de Dieu d’une façon vivante, pour que cette Parole croisse dans la vie du chrétien afin qu’elle nous conduise à la plénitude de Christ. Le but ultime – connaître Christ – sera accompli si nous ne nous attachons à rien d’autre. Philippe était un tel homme.
    Si nous considérons l’histoire de Philippe, nous voyons comment l’Église a été suscitée par les activités merveilleuses de l’Esprit après le départ du Seigneur. Bien sûr des difficultés de nature pratique surgissent et les apôtres ne peuvent pas se détacher d’un grand mouvement de l’Esprit pour s’occuper de ces choses temporelles. Ils font appel à l’assemblée afin qu’elle désigne certains frères pour résoudre ces affaires, c’est ce qu’elle fait et ils en choisissent sept : des hommes « pleins d’Esprit Saint et de sagesse » (Actes 6 :3) ; Philippe est l’un de ces hommes. Nous remarquons Philippe tout d’abord comme l’un de ceux qui avaient été choisis pour superviser les dons que certains croyants faisaient en vue d’aider les plus démunis. Peut-être que nous considérons cette tâche avec dédain, nous pensons peut- être qu’il n’était pas nécessaire d’être rempli de l’Esprit Saint pour une telle chose ! Mais tel était le critère alors, même pour des questions pratiques très simples. L’histoire de Philippe nous révèle qu’il était un homme d’une certaine capacité spirituelle. Bien qu’étant rempli de l’Esprit Saint, il est sélectionné afin de distribuer quelques pièces à de pauvres veuves. Philippe, rempli de l’Esprit de Dieu, se consacre à cette œuvre sans réserve et sans arrière-pensée.
    Ensuite vinrent les persécutions à travers Saul et la dispersion. Nous ne savons pas ce qu’il advint des pauvres veuves, mais nous savons ce qu’il en advint de Philippe. Il était de ceux qui avaient été dispersés, il alla en Samarie et y prêcha l’évangile (Actes 8 :4-5). Nous savons que de grandes choses furent accomplies en Samarie. Ensuite une autre preuve des grandes qualités spirituelles de Philippe furent mises en évidence. Le Seigneur lui parle et lui demande, sans aucune assurance, explication ou promesse, de quitter la Samarie et prendre la direction du désert. Un tel renversement de situation est parfois nécessaire afin que le Seigneur puisse évaluer son serviteur et révéler son cœur. Mais Philippe est l’un de ceux qui n’ont qu’une seule pensée, une motivation unique, un cœur entier. Il n’argumente pas avec le Seigneur mais lui obéit immédiatement. Nous devons bien remarquer cette prompte obéissance, elle est la marque d’un abandon total au Seigneur ; elle révèle que le serviteur est prêt à faire tout ce que le Seigneur demande, qu’il comprenne ou non la volonté divine. Le Seigneur tient son serviteur, Il remplit son cœur et le serviteur n’a aucune réserve vis à vis du Seigneur ou de ses voies.
    Ainsi donc est Philippe, de toute évidence un homme sous l’emprise de l’Esprit de Dieu ; non pas uniquement rempli de l’Esprit mais enseigné de l’Esprit également. Il demeure quelqu’un de remarquable, pas seulement par rapport à l’Éthiopien, mais également par rapport à tous ceux vers lesquels l’Éthiopien alla afin de recevoir ce qu’il recherchait et ne reçut pas. Mais aussi par rapport aux apôtres eux-mêmes qui durent s’en remettre au Seigneur pour qu’ils comprennent les Écritures (Luc 24 :45). Philippe quant à lui est enseigné de l’Esprit, ses yeux ont été ouverts, ainsi il peut fournir la lumière et l’entendement, quant aux Écritures, quand et où il faut. Pour résumer : le besoin de cet homme fut comblé à travers un instrument qui était totalement donné à l’Esprit Saint.

La Dispensation de l’Esprit
    Que devons-nous retenir de tout ce qui précède ? Premièrement et pré-éminemment la nature de la nouvelle économie – l’économie de l’Esprit. Une nouvelle dispensation à été instaurée et inaugurée. L’Esprit Saint est la caractéristique première de cette dispensation et pour le Seigneur tout repose sur ce fait. Tout doit être de l’Esprit, les choses n’ont de valeur que si elles sont issues de l’Esprit Saint. La présente dispensation tout entière est sous l’empire de l’Esprit. Nous n’accomplirons rien de significatif dans les choses de Dieu tant que nous ne reconnaîtrons pas cette vérité. Ce qui est de valeur aux yeux du Seigneur dans cette nouvelle économie est tout ce qui est issu de l’Esprit Saint en relation avec le Christ exalté. C’est ici le principe fondamental : l’Esprit Saint doit être à l’origine de tout ce qui se fait au nom du Seigneur.
    La plus grande éducation, réussite, ou position ne sont rien sans l’Esprit Saint, un homme peut avoir ces choses et demeurer dans l’obscurité la plus complète. La lettre de la Parole ne suffira jamais, elle doit être complétée de l’Esprit afin d’être efficace. La Bible peut demeurer un livre fermé, même mémorisée du début à la fin (si ceci est possible). Lorsque nous pouvons la citer de la Genèse à l’Apocalypse, lorsque nous connaissons son contenu, ses sujets, ses thèmes ; ou lorsque nous savons où trouver n’importe quel passage, la Parole de Dieu peut néanmoins demeurer un livre fermé. Ceci est avéré et explique beaucoup de choses. Tout est rendu significatif et authentique par l’Esprit Saint.
    Il est possible d’arriver à certaines conclusions par nos habilités naturelles, on peut dire que la Bible enseigne ceci et cela, mais beaucoup d’autres diront quelque chose de tout à fait différent à propos des mêmes passages. Prenons n’importe quelle doctrine chrétienne et nous pouvons avoir un grand nombre d’interprétations divergentes, c’est ce qui est appelé la théologie chrétienne. Qui a raison ? Où est la vérité ? L’Esprit Saint peut changer nos appréciations et altérer nos conclusions, nous démontrant que nous étions dans l’erreur. Si nous lui donnons l’opportunité, Il peut contrecarrer nos convictions quant à nos interprétations bibliques, notre théologie et nos doctrines.
    Mais n’oublions jamais que l’Esprit Saint est tout particulièrement attaché à la Parole de Dieu, Il est fondamentalement lié et dévoué aux Écritures. Il n’existe pas de révélation extra biblique, mais il y a de nombreuses vérités pas encore révélées dans les Écritures et qui ne peuvent l’être que par l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu est sans cesse à la recherche de quelque « Éthiopien » par rapport à la Parole de Dieu. C’est ce que nous devons avant tout remarquer dans cette histoire. Nous notons que c’est l’Esprit qui prit l’initiative, Philippe était loin géographiquement et en pensée de cet Éthiopien. L’Esprit recherche de tels hommes comme cet étranger sur une route désertique. Ce fut par l’Esprit que la question lui fut posée et l’explication donnée qui changea tout dans sa vie. « Mais comprends-tu ce que tu lis ? » Bien que l’Éthiopien ne comprenait pas, il était interpellé par ce qu’il lisait ; ce sont de telles personnes que l’Esprit cherche. Car en vérité, ceux qui cherchent à comprendre spirituellement sont peu nombreux, c’est ce qui explique la pauvreté spirituelle des assemblées. Si seulement l’Esprit Saint trouvait plus de personnes comme cet Éthiopien, nous serions très certainement dans une tout autre situation aujourd’hui.

Le Principe Fondamental de la Croix
   Par rapport à tout ce qui précède nous devons réaliser que l’Esprit Saint opérait sur un seul principe. Ce n’est pas mentionné dans notre passage, mais nous discernons clairement que tout ce qui se passa entre l’Éthiopien et Philippe s’appuie sur ce principe spirituel. Ce dont il est question est la croix – l’Esprit ne s’en éloigne jamais. Il agit toujours en tenant compte que la croix est le fondement. La croix est ce qui s’oppose pré-éminemment et puissamment contre la racine du péché dans l’homme : l’orgueil. Le principe de la croix s’applique à tout ce qui est de Dieu et de Lui seul. Nous voyons qu’il y avait une anticipation de la part et de l’Éthiopien et de Philippe, d’obéir à la lumière, quel que soit le coût, sans aucune arrière-pensée et sans considération intéressée. Cet homme aurait pu se dire : « Lorsque je serai de retour, que dira la reine, que diront les hommes de la cour ? Si je leur annonce que je suis devenu chrétien, que j’ai été baptisé, que maintenant je suis un disciple de Jésus Christ ; je suis perdu ! » Mais le principe de la croix ne permet pas de telles considérations. Nous pouvons le voir en Philippe – il était un homme véritablement crucifié. Nous pouvons le voir en l’Éthiopien également – le principe de la croix était déjà opérant dans sa vie, bien qu’il ne sache rien de la croix ; mais son attitude donna à l’Esprit Saint une pleine liberté d’œuvrer.
    Ici nous avons un principe fondamental mis en pleine lumière. Il n’y aura aucune illumination spirituelle, aucun entendement divin, aucun éclairage sur quoi que ce soit, tant que la croix n’aura pas agi quant à notre intellect. Si nous nous engageons dans des arguments, dans des raisonnements quant aux agissements de Dieu en nous, l’Esprit Saint se gardera d’agir. Tant que notre attitude ne changera pas, nous continuerons à tourner interminablement en rond ; ne parvenant jamais au but. La croix doit agir sur notre intellect, sur notre sagesse et notre intelligence naturelles. C’est précisément ce qu'écrit l’apôtre Paul dans les premiers chapitres de sa première lettre aux Corinthiens. Dans ces passages nous voyons deux sagesses qui sont totalement opposées : D’un coté nous avons la sagesse du monde (combien était grande cette sagesse !), d’un autre coté nous avons la sagesse d’en haut : « Ce que l'œil n'a pas vu, et que l'oreille n'a pas entendu, et qui n'est pas monté au cœur de l'homme », 1 Corinthiens 2 :9 ; et au milieu de ces passages nous avons ces mots : « Christ crucifié ».
    De la même façon, la croix doit agir quant à nos affections, nos désirs, nos attachements et nos intérêts dans ce monde. Nous devons prendre en compte la manière dont les agissements de Dieu vont nous affecter, ainsi que l’issue de nos choix qui sera soit un gain, soit une perte. Si nous avons des hésitations, des retenues quant à l’œuvre de Dieu en nous, alors l’Esprit Saint se tiendra à l’écart et aucune lumière ne nous sera octroyée.
Enfin la croix doit agir quant à notre volonté. Il est clair dans l’exemple de l’Éthiopien, qu’il n’hésita pas une seconde. Comment Philippe le conduisit au baptême en partant d’Ésaïe 53 nous ne le savons pas, mais il y parvint et l’Éthiopien, le cœur grand ouvert, l’esprit prompt, bien décidé à faire ce qui devait être fait lorsqu’il fut éclairé, s’écria : « Voici de l'eau, qu'est-ce qui m'empêche d'être baptisé? ». La plupart des gens disent : « Pourquoi devrais-je ? ». L’Éthiopien dit : « Pourquoi ne le serais-je pas ? ». Toute son attitude démontre qu’il s’est placé sous la discipline de la croix, c’est ce qui déterminera l’issue de son choix.
  Nous devons remarquer une autre chose dans cette histoire. Lorsque l’Esprit emporta Philippe, qu’a donc dit l’Éthiopien ? « Comment vais-je pouvoir continuer sans lui ? Je ne peux retourner en Éthiopie sans lui ! » Mais pour lui l’absence de Philippe n’eut aucune incidence, car le Seigneur qui habitait Philippe l’habitait aussi maintenant. Le même Esprit qui dominait Philippe le dominait également, présentement il n’avait plus besoin d’aucune aide extérieure. C’est ce genre de chrétien qui compte pour le Seigneur ! « il continua son chemin tout joyeux». La longue quête de sa vie est satisfaite, la lumière a illuminé son cœur.
   Un autre incident de même nature nous est rapporté par Luc dans le vingt-quatrième chapitre de l’évangile portant son nom. Ces deux compagnons sur la route d’Emmaüs sont représentatifs, tout comme l’était l’Éthiopien, de ceux qui possèdent bien une Bible, qui en connaissent son contenu, mais à qui elle demeure un livre fermé – jusqu’à ce que le Seigneur glorifié ouvre leur entendement. Mais sachons que c’est ici la volonté-même du Seigneur. Comme il est dit plus haut, la question est fondamentale : « Mais comprends-tu ce que tu lis? ». Est-ce, pour nous, un livre ouvert ou fermé ? Un livre vivant ou mort ? Un livre apportant la vie ou n’apportant rien ? Est-ce une joie de l’ouvrir ou une contrainte ? Tout ceci est sous-entendu dans cette question. Mais n’oublions jamais que nous vivons dans la dispensation de l’Esprit. Il est présent, et Il est en parfaite symbiose avec la Parole de Dieu, ne cherchant que la gloire du Christ ressuscité. C’est par cette Parole que l’Esprit nous rapproche sans cesse davantage de Christ.

Chapitre 4 - La Dynamique Prédominante du Service

Passage : Jean 21 :15-17 – « M’aimes-tu ? », verset 17.

    En lisant ce passage il semble évident que le Seigneur avait en pensée un incident qui s’était passé précédemment. Il faisait sans doute référence à Matthieu 26 :33 « Pierre, répondant, lui dit: Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi. » ; « M'aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? ».
    Il y a quatre aspects principaux de la vie chrétienne, qui comprennent eux-mêmes d’autres aspects subsidiaires. Nous en avons déjà considéré trois, nous reviendrons sur ceux-ci dans quelques instants. Ces trois premiers aspects nous mènent au dernier et celui-ci est l’expression de ce qui précède ; ce dernier aspect est le service. Le service est l’issue de tous les agissements divins. Nous remarquons, par exemple, que les quatre évangiles se concluent par un appel au service. Le service est donc l’apogée des quelques trois ans et demi du ministère du Seigneur Jésus Christ. Tout ce que le Seigneur enseigna à ses disciples et tout ce qu’Il leur montra avait pour but le service. Il œuvrait en sachant qu’un jour Il ne serait plus avec eux et qu’Il devra continuer son œuvre à travers eux. Il posait la fondation pour ce service, tout était fait pour porter le témoignage dans le monde.
    Reconnaissons que ce mot « service » (ou ministère) est très souvent mal compris et mal interprété. Il est le plus souvent cantonné à une certaine forme de ministère. Les chrétiens parlent « d’entrer dans le service », « d’exercer un ministère », « de s’engager dans l’œuvre du Seigneur », et d’autres expressions similaires, par lesquelles ils indiquent une activité bien spécifique qui se résume principalement à être missionnaire ou pasteur. Mais ces choses sont une interprétation erronée du mot « service » au sens spirituel.
    Dans le Nouveau Testament, le service est toujours intimement lié à l’Église. Le service individuel est toujours en relation avec une entité collective. C’est l’Église qui doit accomplir le service, les personnes individuelles ne sont jamais considérées dans le Nouveau Testament comme ayant un service personnel, détaché des assemblées. Ce qui domine cet aspect du service dans le Nouveau Testament est l’Église qui est le corps de Christ. Dès que nous prenons ce principe en compte, notre compréhension du service est changée. Dans notre corps physique la grande majorité des diverses fonctions sont en relation avec un tout. Le bien-être du corps tout entier dépend de ses diverses fonctions, et si une fonction mineure est nécessaire elle contribue néanmoins au bon fonctionnement du reste du corps. Il en est de même des assemblées du Nouveau Testament et de leurs vocations.
   Aussi est-il nécessaire de considérer cette question du service. Car lorsque nous circonscrivons l’œuvre à quelques personnes ou une seule, nous oublions ou nous laissons échapper le fait qu’il est impossible d’être dans le corps de Christ et de ne pas y avoir de fonction. Tous les membres sont supposés être fonctionnels dans l’assemblée. Rien ne peut être indépendant, séparé ou autonome.

Pierre – Un Serviteur Représentatif
    Considérons maintenant le fondement, le caractère et la dynamique du service ; dans cette considération Pierre nous sera d’une grande aide. Nous savons que la fin de l’évangile selon Jean retrace un incident où Pierre est associé à cette question du service. Pierre est représentatif de tous les serviteurs, il incarne tous les aspects essentiels d’un véritable serviteur de Jésus Christ et dans un certain sens Pierre représente l’Église. En considérant donc l’homme, le disciple et son activité, nous allons voir ce qu’est vraiment le service.
   Bien entendu il est possible de laisser Pierre être totalement éclipsé par Paul. Si c’est le cas, il serait utile de collecter tous les passages du Nouveau Testament où il est question de Pierre. Une fois ce travail accompli, nous aurons une biographie assez complète ; et surtout beaucoup d’indices quant au service chrétien. Pierre fut le premier à être appelé par le Seigneur, ensuite il fut très souvent le premier mentionné parmi les disciples ; et il est le dernier à être mentionné dans ce passage de Jean. Il est évident que Pierre tient une place prépondérante dans le Nouveau Testament. Il est à la source même de plusieurs des plus grands événements touchant l’histoire de l’Église apostolique.

Pierre – l’Homme
   Nous devons regarder à Pierre lui-même car nous ne pouvons reconnaître les principes spirituels du service que lorsque nous observons l’homme. Si nous avons une bonne appréciation de Pierre et que nous l’observons dans les évangiles, nous apprendrons alors beaucoup de choses quant au service. 
   Simon Pierre ne pouvait être nulle part sans que son entourage le sache, il saisissait toujours la moindre opportunité pour parler ou agir. Sa langue, ses mains et ses pieds devançaient toujours le bon sens. Le coté émotionnel et décideur de son âme dominait, laissant son bon sens s’affirmer plus tard, bien souvent à ses dépens ! Pierre était d’humeur changeante, il passait facilement d’un sommet exubérant à une sombre vallée de désespoir ; mais il n’était jamais neutre. De par son caractère il était reconnaissable entre tous. Personne d’autre que lui ne fut aussi souvent réprimandé par le Seigneur, tout en demeurant irrépressible. Ses motivations étaient justes, ses intentions bonnes, mais il disait toujours ce qu’il ne fallait pas dire et faisait sans cesse ce qu’il ne fallait pas faire.
    En ce qui concernait Simon Pierre, les pronoms personnels étaient souvent utilisés, malgré cela nous ne décelons aucune inconduite. Lorsque nous essayons de résumer, peut être avons-nous peu de bonnes choses à dire au sujet de Pierre ; c’est justement ici que nous sommes sur le point de comprendre ce qu’est vraiment le service chrétien. Ce qui ressort de Pierre, sa confiance en lui-même, sa pleine suffisance, son aplomb, ne sont dus qu’à son ignorance. Le Seigneur Jésus, à la fin du chapitre dans lequel nous avons cette question, résume la situation en trois mots : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ». Ces trois derniers mots résument Simon Pierre : « où tu voulais ». Si un tel homme était appelé à devenir utile au Seigneur, il devait s’attendre à passer par bien des épreuves. S’il était destiné à ressembler au grand Serviteur, quelque chose de dramatique devait arriver dans sa vie.

Un Besoin de se Découvrir
    Quel était donc le plus grand besoin de Pierre ? Tout d’abord, il avait besoin de se découvrir lui-même et ensuite il devait abandonner la confiance qu’il avait en lui-même. C’est précisément ce qui s’est passé lorsque le Seigneur mit Simon Pierre à l’épreuve. C’est l’un des principes fondamentaux du service : tous ceux qui Lui seront vraiment utiles devront abandonner leur confiance en eux-mêmes. Avant qu’ils ne se lancent dans l’œuvre dans laquelle ils ont été appelés, l’œuvre de Dieu et l’œuvre pour Dieu, ils devront commencer par abandonner toute confiance en eux-mêmes. C’est cette leçon, plus que toute autre, que Pierre nous enseigne quant au service.
    Considérons cet homme le jour de la Pentecôte. Est-il maintenant un serviteur du Seigneur Jésus Christ ? Observons-le dans la maison de Corneille – qui est un autre tournant majeur de l’histoire de l’Église. Examinons-le à Jérusalem, lors du grand débat du chapitre quinze, écoutons ce qu’il dit et voyons combien il est respecté. « Simon a dit…», cet homme est devenu un grand serviteur du Seigneur. Mais ceci est dû aux épreuves profondes et difficiles dans lesquelles il a perdu toute confiance en lui-même.
    Il est important de noter un détail qui se trouve dans ce dernier chapitre de l’évangile selon Jean, mais qui n’apparait pas dans nos traductions. Les verbes « aimer » utilisés par le Seigneur et Simon Pierre ne sont pas les mêmes dans l’original grec. Lorsque le Seigneur lui demande « M’aimes-tu ?, Il utilise le mot grec « agape » qui est le mot le plus fort pour exprimer le fait d’aimer ; c’est l’amour divin. Mais quand Pierre répond : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime », il utilise un mot plus faible « philéo », qui parle d’amour fraternel. Pourquoi ne voulait-il pas s’élever jusqu’au mot utilisé par le Seigneur ? Je pense qu’il avait alors perdu toute confiance en lui-même, qu’il s’était souvenu : « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi. », (Matthieu 26 :33) ; et qu’ensuite il avait renié le Seigneur. Il semble que quelque chose en lui fut touché, affaibli et brisé et qu’il n’osa pas déclarer son amour parfait au Seigneur. De toute façon le Seigneur semble rempli de compréhension et de compassion envers Pierre, et accepte son propos. Simon Pierre a dû faire face à sa trop grande confiance en lui-même, il était maintenant un homme brisé dans ce domaine. Aussi, étant devenu un serviteur utile au Seigneur, il nous dit : « C’est ici la voie du service, c’en est le premier principe. »
    Ceci nous semble peut-être difficile, éprouvons-nous quelque difficulté à ce sujet ? Si vous aspirez à être utile au Seigneur et si vous vous retrouvez vidé de vous-même et brisé, si les épreuves sont difficiles à supporter, souvenez-vous que c’est la voie du service. Si nous entretenons quelque mesure de confiance en nous-mêmes, si nous pensons que nous « pouvons le faire », si nous pouvons tenir le rang, si nous sommes les premiers à nous avancer et à prendre les choses en main, alors nous ne serons d’aucune utilité pour le Seigneur – jusqu’à ce que ces choses soient réglées. Nous devons parvenir à une position spirituelle où nous ne pouvons plus dire : « Je peux le faire… Je veux le faire » ; mais où c’est quelqu’un d’autre qui décide pour nous – en l’occurrence le Seigneur Lui-même.
   Le grand besoin de Pierre était d’avoir un Maître. Mais afin d’avoir un Maître, un homme comme Pierre doit être préalablement brisé, c’est ce qui se passa avec lui. Nous nous souvenons comment, après son reniement du Seigneur, il sortit dehors et pleura amèrement. Mais après la résurrection, un messager donna cette instruction précise : «Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre… », (Marc 16 :7). Une des choses qui nous impressionne de la part du Seigneur après sa résurrection est qu’Il savait parfaitement ce qu’il se passait. Par exemple, Il savait comment Thomas avait réagi à l’annonce de la résurrection ; alors-même qu’Il n’avait pas été présent. Il pouvait leur dire ce qu’ils pensaient et ce qu’ils avaient fait, aussi, Il savait tout de Pierre. Quelque part Pierre était dans son brisement, son humiliation et son désespoir, il avait besoin d’une parole de réconfort : « Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre… ». Pierre était bien un des disciples, alors pourquoi le nommer ? Simplement parce que le Seigneur savait qu’il avait besoin de réconfort, il était désespéré, et donc le Seigneur envoie un message qui le nomme personnellement.
    Alors que Pierre devait se sentir très seul, le Seigneur lui envoie ce message personnel. La dernière fois, qu’il avait vu Jésus était lorsqu’Il le regarda quand il le renia, ce regard l’abattit complètement ; le brisa totalement. C’est un regard que Pierre n’oublia jamais. Le mot original grec pour regarder, « le Seigneur, se tournant, regarda Pierre » (Luc 22 :61), est un mot très fort ; il veut littéralement dire « regarder attentivement, fixement ». Son regard fixa les yeux de Pierre et pénétra jusqu’au-dedans de sa personne. Ce fut la dernière fois que Pierre vit le Seigneur, et ce regard fit son œuvre. Ce regard connaissait Pierre, et maintenant Pierre se connaissait comme le connaissait le Seigneur ; c’est une très grande épreuve lorsque cela arrive. Alors, lorsque le Ressuscité mentionna son nom, Pierre fut atterré : « Comment pouvait-Il encore penser à moi ? Comment pourrait-Il encore me faire confiance ? Ai-je encore une place parmi ses disciples ? »

Christ le Maître
   Ce sur quoi nous voulons insister est que ce qui précède est la façon dont est forgé un serviteur, c’est ainsi qu’il est enseigné. Une fois ces incidents passés, nous constatons deux choses. Tout d’abord, nous remarquons que la maîtrise de Christ, bien que nous l’appelions Maître et Seigneur, n’est pas pleinement établie tant que la maîtrise de nous-mêmes n’a pas été brisée et anéantie. Combien de fois Pierre n’a-t-il pas tenté de dire au Seigneur ce qu’il fallait qu’Il fasse ou pas, alors-même qu’il l’appelait « Seigneur » et « Maître » ? Il est possible de l’appeler Seigneur et Maître, mais la voie du vrai service est qu’Il devienne en réalité Maître; et ceci demande le brisement de l’homme naturel.
    Observons Pierre le jour de la Pentecôte, dans ses lettres, dans ses discours : Jésus est le Maître de cet homme maintenant. C’est une loi spirituelle en vue du service ; soyons-en assurés, il n’y a pas d’autre moyen de devenir utile au Seigneur – Pierre en est la démonstration. Nous voyons qu’il est devenu « une colonne » pour le témoignage du Seigneur, parce que Jésus est devenu vraiment le Maître dans sa vie. Simon Pierre est la preuve que l’entière soumission au Seigneur est le chemin par lequel il faut passer pour Lui être utile. Notre estimation de Jésus Christ commence, non pas lorsqu’Il est notre Sauveur, mais quand Il devient notre Seigneur. Ces deux aspects peuvent se produire en même temps, mais pour beaucoup ce sont deux choses bien séparées.

Une Extraordinaire Appréciation de la Grâce
    La seconde chose qui ressort de cet anéantissement de Pierre est son énorme appréciation de la grâce de Dieu. Nous nous souvenons de cet épisode où quelqu’un déversa son adoration aux pieds du Seigneur et Il dit : « C'est pourquoi je te dis: Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé; mais celui à qui il est peu pardonné, aime peu. », (Luc 7 :47). Ce que le Seigneur dit ce jour-là s’appliqua plus tard à Pierre. Dans sa première lettre, que nous pouvons lire en un quart d’heure, il parle de la grâce une dizaine de fois – la grâce de Dieu l’a profondément touché et changé ! Il parle de « la grâce variée de Dieu », (1 Pierre 4 :10), la grâce est le thème principal de cette lettre.
   Pierre savait parfaitement de quoi il parlait car il l’avait vécu. C’était son extraordinaire appréciation de la grâce qui fit de lui un serviteur utile au Seigneur. Mais il dut passer par bien des épreuves, être en quelque sorte baptisé dans la détresse la plus profonde, afin qu’il puisse réaliser qui il était vraiment : indigne, faible et peu fiable. Il dut traverser des vagues de désespoir avant qu’il ne puisse comprendre ce qu’était la grâce. C’est par la grâce qu’il fut réhabilité, c’est donc à la grâce de Dieu qu’il devait tout ; elle devint le moteur de son service pour le Seigneur.
   Un homme ne peut pas vivre une telle expérience, ne peut pas traverser de telles épreuves, ne peut pas explorer de telles profondeurs, sans qu’il ne s’examine foncièrement. Tout ceci transparaît à travers les Écritures, lorsque Pierre fut restauré, relevé et ramené dans la communion avec le Seigneur, et lorsqu’il reçut l’appel de Jésus pour le service, il a dû se dire : « Combien il est impensable qu’un homme comme moi, qui ai été vu pour ce qu’il est vraiment, dont tous ont pu observer ce que j’ai fait ; puisse être rétabli de la sorte. Un homme pouvait-il s’effondrer autant, toucher le fond du déshonneur, atteindre une telle honte, et être ensuite appelé par le Seigneur ? Le jour où il m’a appelé le long du rivage, ce même jour Il savait déjà tout de moi. Il n’était pas nécessaire d’attendre plus de trois ans pour qu’Il me connaisse. Il n’avait pas besoin de patienter jusqu’au terrible reniement ; Il savait et malgré tout Il m’a appelé! » Pierre pouvait dire comme Paul : « Dieu… qui m'a appelé par sa grâce », (Galates 1 :15). Nous avons dans tout ceci une grande source de consolation, de réconfort ; la grâce rend le service possible pour tous.

L’Apprentissage de la Grâce
   Toute autre personne, à part Jésus, se serait désintéressée de Pierre pensant : « Il n’y a rien à tirer d’un tel homme, il est utile en rien ; il ne peut être changé. » L’Esprit Saint a permis que toutes les fautes de Pierre soient incluses dans la Parole, toutes les fois où il reprit le Seigneur, corrigea le Seigneur, disant au Seigneur : « Tu ne me laveras jamais les pieds ». Toutes ces choses et bien d’autres, mais nous voyons ensuite l’infinie patience du Seigneur envers cet homme. Lorsque Jean écrit : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. » (Jean 13 :1), ce verset s’applique particulièrement à Pierre, et bien entendu à tous les autres également. Ceci n’est pas anecdotique – c’est le déploiement de la grâce. Nous devons réaliser la grande patience du Seigneur, sa gentillesse, sa débonnaireté et sa persévérance sans limite. C’était l’apprentissage de la grâce : Pierre s’en souvenait-il ? Très certainement il se remémora ses quelques trois années et comment elles culminèrent en son reniement du Seigneur. Pierre était en quelque sorte un miraculé, après tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fit, le Seigneur l’appelle à son service, à une place d’honneur – quelle patience, quelle longanimité, quelle indulgence, quel amour !

Les Attributions de la Grâce
   Mais encore, comme si ces choses ne suffisaient pas, la grâce apporta son lot d’attributions. Tout d’abord, l’extraordinaire don de l’onction de l’Esprit Saint ; et tout ce que ceci implique ! Nous avons souvent dit que l’onction de l’Esprit Saint dans un domaine particulier signifie que Dieu se donne à cette cause. C’est comme si Il disait : « Je vais me joindre à cet homme ou à cette femme, et je vais persévérer avec lui ou elle par égard à mon Fils. » C’est ici la signification première du don de l’Esprit.
   Mais la grâce apporta toutes ces autres choses, toutes ces nouvelles capacités, qui viennent par l’Esprit dans la nouvelle création. Ne sont-elles pas merveilleuses en Pierre ? Rappelons-nous que c’était un pêcheur, bien que ceci n’indique pas obligatoirement qu’il était non-éduqué; il est dit de lui et de Jean qu’ils étaient : « des hommes illettrés et du commun » (Actes 4 :13). N’avez-vous jamais étudié le discours de Pierre le jour de la Pentecôte ? Je l’ai fait en faisant une liste de toutes les choses mentionnées par lui ce jour-là, j’avais été fort surpris de la longue liste. Ce jour-là Pierre évoqua un grand nombre de choses qui démontre qu’il avait une grande connaissance de l’Ancien Testament. Il avait acquis un grand savoir spirituel quant à la Parole de Dieu et au dessein de Dieu. Nous avons déjà évoqué ce moment crucial à Jérusalem, quand sur le conseil de Pierre et l’approbation de Jacques, s’appuyant sur les prophètes de l’Ancien Testament, l’Église fut sauvée d’une catastrophe annoncée.
   De surcroît nous avons les lettres de Pierre dans lesquelles il annonce et mentionne des choses que seul l’Esprit Saint a pu lui révéler. Ces attributions de l’Esprit de Dieu incluent l’entendement, l’intelligence et la connaissance, mais aussi la persévérance comme dans le cas de Pierre. Alors qu’il renia le Seigneur par crainte d’une servante, nous le voyons maintenant tout autre : « Et, voyant la hardiesse… ». Il y a bien d’autres attributions de l’Esprit, toutes sont issues de la grâce ; Pierre en fut particulièrement l’objet.

La Dynamique du Service
   Tout ce qui précède nous amène à la dynamique du service qui n’est autre que la réponse du cœur à une telle grâce, à un tel amour ! C’est ce qui fit de Pierre un serviteur de Jésus Christ. Pour en revenir à notre passage dans Jean 21, peut-être que Pierre n’osait pas faire confiance à son amour et, en conséquence, ne pouvait pas utiliser le même mot utilisé par le Seigneur ; mais néanmoins l’intention est bien là. Il essayait d’aller aussi loin qu’il le pouvait et en un sens alla au-delà de ce qu’il pouvait exprimer. Sa propre réponse le surprit quelque peu, il promit d’aimer et ceci est la dynamique du service.
    Réalisons que la grâce qui nous appelle au salut, à la communion avec Jésus Christ, qui est en arrière-plan de tous ses agissements envers nous, la débonnaireté et la patience qu’Il exerce envers nous, cette grâce qui produit le don de l’Esprit Saint ; cette grâce représente les attributions de Dieu envers nous tous. Ce que nous avons évoqué ne se limite pas à Pierre, ni à une certaine classe de chrétiens, la grâce est la même pour tous et en tous temps. Tous ces bénéfices sont pour l’Église, et nous, en tant que parties organiques de cette Église, héritons de ces attributions de Dieu comme nous héritons de l’appel de la grâce. Par cette grâce de Dieu chacun d’entre nous peut être un serviteur de Dieu.
   D’être appelé est la chose la plus merveilleuse qui puisse nous arriver – mais le savons-nous? Il nous appelle nous connaissant mieux que quiconque. Je ne sais pas si vous vous connaissez bien, mais si vous vous connaissiez aussi bien que Lui vous connait, vous sortiriez en pleurant amèrement ; vous tomberiez dans un gouffre de désespoir. Si ensuite, Il venait à vous dans votre désespoir et votre abattement, s’Il vous appelait par votre nom, démontrant ainsi que vous êtes toujours dans ses pensées et son amour, ne serait-ce pas une énorme démonstration de la grâce ? Ceci vous qualifierait comme témoin de cette grâce. Au demeurant, si malgré sa connaissance de vous et malgré le profond désespoir qui vous remplit quant à vous-mêmes, Il vous lègue le don immense de l’Esprit Saint avec toutes ses merveilleuses capacités ; ne serait-ce pas alors un moment glorieux ? C’est ainsi que sont suscités des témoins, des serviteurs de Dieu. A vrai dire, plus notre reconnaissance de la grâce de Dieu sera grande, plus notre service pour Lui sera riche !
   C’est cela la dynamique du service. Le Seigneur peut nous faire passer par bien des épreuves, mais : « la sagesse a été justifiée par tous ses enfants » (Luc 7 :35). A la fin nous ne pourrons que confesser « Il avait raison, Il savait ce qu’Il faisait ; Il a fait ce qu’il fallait faire!».

T.A.S.