jeudi 25 juin 2015

Le Dieu Vivant T. Austin-Sparkst

"Josué dit: A ceci vous reconnaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous, et qu’il chassera devant vous les Cananéens, les Héthiens, les Héviens, les Phéréziens, les Guirgasiens, les Amoréens et les Jébusiens: voici, l’arche de l’alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain." Josué 3 : 10-11

"Car on raconte, à notre sujet, quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai."  
1 Thessaloniciens 1 : 9

"combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant!"  Hébreux 9 : 14

"et là où on leur disait: Vous n’êtes pas mon peuple! ils seront appelés fils du Dieu vivant."
Romains 9 : 26

"Vous êtes manifestement une lettre de Christ, écrite, par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs."  2 Corinthiens 3 : 3

"Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit: J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple."   2 Corinthiens 6 : 16

Nous travaillons, en effet, et nous combattons, parce que nous mettons notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, principalement des croyants.
1 Timothée 4 : 10

"Et Simon Pierre, répondant, dit, Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant."   Matthieu 16 : 16

"mais afin que tu saches, si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Eglise du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité."  1 Timothée 3 : 15

Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le chœur des anges, l'assemblée universelle"  Hébreux 12 : 22

"Prenez garde, frères, que quelqu’un de vous n’ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant."  Hébreux 3 : 12

                    Sans vouloir chercher à étudier en détail tous ces passages qui traitent, chacun sous un aspect différent, de notre relation pratique avec le Dieu vivant, nous essayerons d'embrasser toute la question, dans son ensemble, dans ces quelques pages, et de la ramener à quelques applications simples, directes et précises.

Le Vivant

                    Nous reconnaissons en premier lieu le fait que le Dieu avec qui nous avons affaire est un Dieu vivant.  Peut-être cette déclaration ne nous paraîtra-t-elle ni très merveilleuse, ni très fraîche, mais je crois qu'il est possible, à son égard, comme à tout autre égard, de nous éveiller e de découvrir une signification qui avait pu, jusqu'ici nous rester totalement étrangère. 

                    Le Dieu avec lequel nous avons affaire est un Dieu vivant ! Ainsi que l'indiquent les passages cités plus haut -et ce que peut-être nous avons appris la plupart d'entre nous,- ce fait a deux côtés et comporte deux sens. D'un côté, c'est un fait qui apporte un réconfort à l'infini à celui dont le coeur est honnête. Premièrement, lorsque nous nous tournons vers Lui en toute simplicité de coeur, c'est une grande chose de savoir que nous nous approchons d'un Dieu vivant et véritable. Il nous ait des Thessaloniciens qu'ils abandonnèrent leurs idoles "pour servir le Dieu vivant et vrai." Et l'apôtre se réjouit de tout ce que cela signifiait pour ces croyants, car ses lettres aux Thessaloniciens ne sont pas autre chose que des lettres de vie. Relisez-les à cette lumière et avec cette pensée, et vous les verrez palpiter de vie ! Il y a en elles toutes les marques d'une expérience vivante, d'une joyeuse expérience, d'une expérience débordante, - oui, débordante !- tellement, que son reflux se répand au loin, et que l'on parle de leur foi dans toutes les assemblées. Il n'est pas nécessaire à l'apôtre de faire mention d'eux, puisque c'est par leur moyen que la Parole  se répand de tous les côtés. Cela signifie quelque chose d'avoir découvert que ce n'était pas à une autre religion, ni à un autre système d'enseignement, ni à une autre association de personnes, qu'ils étaient venus, mais à un Dieu vivant, non pas à des choses, mais à une Personne vivante.

                    C'est de la conception que nous avons du Seigneur que dépend entièrement notre témoignage. Si nous nous tournons vers un enseignement, vers une tradition, vers une interprétation, vers des associations humaines, vers le christianisme, il nous manquera quelque chose. Mais si nous venons au Dieu vivant, avec la compréhension qu'Il est le Dieu vivant, nous entrerons dans la vie. Tous sera vivant dans notre expérience, dès le début.

                    Il n'est pas inutile de dire une chose comme celle-là. Nous avons dit plus que nous nous éveillions, mais quelques-uns d'entre nous s'éveillent trop tard. Ce qui nous retenait endormis, -bien que nous ne sachions pas que nous étions endormis, sauf s'il y a eu en nous une certaine inquiétude, un sens d'insatisfaction, un besoin de nous retourner d'un côté et d'autre, et une plainte et des soupirs,- c'est le fait que nous avons été associés au christianisme  et aux choses du peuple de Dieu de si bonne heure dans nos vies. Notre christianisme et notre relation avec le Seigneur est quelque chose en quoi nous avions été amenés dès notre enfance (pour certains) et c'était devenu pour nous un système des choses du Seigneur qui nous entourait et avec lequel nous étions assez familiers. L'on nos avait appris à "dire notre prière", à aller aux réunions, et ainsi de suite. Mais un jour, nous nous sommes éveillés au fait que ce Dieu est un Dieu vivant. Nous avions été associés à Lui depuis très longtemps, d'une certaine manière, mais Il n'était pas un Dieu personnel pur nous, Il n'était pas un Dieu vivant.

                                        Pardonnez-moi de revenir à une étape aussi élémentaire : il est peut-être nécessaire de demander pardon à certains de nos lecteurs qui se trouvent encore dans la situation sus-nommée et dont les relations avec Dieu aient précisément ce caractère-là. Peut-être êtes-vous associés à des choses qui ont rapport avec le Seigneur, mais qu'en est-il de cette jouissance personnelle et intérieure du Dieu vivant ? Est-Il réellement une Personne vivante pour vous ? C'est là qu'il nous faut revenir. Et il faut que le Saint-Esprit ait rendu ce fait réel et qu'Il le rende réel dans notre expérience. Je sais que cela répond à un fait dans la vie de beaucoup enfants de Dieu, et que le jour vient où, bien qu'ils aient pu être associés aux choses du Seigneur depuis longtemps, ils s'éveillent soudain au fait que le Seigneur est une Personne vivante. Il y a tant de choses en cela, lorsque nous arrivons à le découvrir. Cela signifie tout pour nous, à tous les ponts de vue. Nous sommes désormais au Seigneur ! Nous connaissons le Seigneur ! Mais aussitôt, nous passons par des moments et des expériences difficiles, si mystérieux, si pleins d'ombres et de nuages. Nous traversons des périodes de profondes épreuves, où il semble que tout disparaît, que tout est vain. Il nous faut une grande patience. Il nous semble qu'il y a tant de temps perdu, et si souvent, que nous en arrivons presque à croire que, en ce qui nous concerne, le Seigneur n'est pas ou plus le Dieu vivant.

Le But de l'Épreuve

                    Aussi, aimerais-je dire à ceux qui sont éprouvés, à ceux qui se trouvent sous un nuage, à ceux qui, en ce moment même, peuvent passer par une épreuve de ce genre, que le Dieu à qui vous avez affaire est un Dieu vivant. Il sait exactement ce qu'Il fait. Vous avez affaire à un Dieu vivant, e t ce Dieu vivant est tout près de vous, bien que vous ne le sachiez pas, que vous ne compreniez pas pour l'instant. Vous n'êtes point oublié. Si c'est avec un Dieu vivant que nous sommes entrés en relation en Jésus-Christ, Il connaît tout ce qui nous concerne. Ses yeux sont sur nous. Et plus encore, Il a un intérêt particulier en nous, et Il prend soin de nous. Il n'est pas insensible à nos intérêts. Il est au contraire très intéressé en nous. L'épreuve que nous avons à traverser n'est pas une preuve qu'Il nous a oubliés, qu'Il nous a abandonnés ou qu'Il a cessé d'exister pour nous. Il agit à notre égard de la manière la plus sage pour que nous parvenions à Son but. IL EST LE DIEU VIVANT!

                    Nous pouvons affirmer cela en nous appuyant sur plus d'une base d'autorité. Nous pouvons prendre la Parole de Dieu e y suivre la vie de Ses nombreux serviteurs, et nous verrons qu'ils auraient de bonnes raisons , l'eussent-ils voulu, d'en conclure qu'il n'y avait pas de Dieu, ou du moins, que si Dieu existait, qu'Il les avait abandonnés. Toute leur expérience, toute leur vie, toutes leurs affaires, semblaient confirmer le fait qu'ils avaient été abandonnés, ou que Dieu était mort! Mais si nous suivons leur histoire jusqu'au bout, la suite nous prouvera toujours que, au moment où il leur semblait que Dieu était le plus éloigné deux, absolument en dehors de leur tribulation, Dieu était des plus actif dans ce qu'Il accomplissait, qu'Il était des plus directement engagé dans leurs affaires, qu'Il assurait en eux-même un état, une condition, une disposition qui devait les préparer pour une position de confiance et d'honneur et de vie fructueuse. Ben que tout au long de leur histoire, les apparences aient été contraires, Il avait été en vérité le Dieu vivant. Cela nous ait montré très clairement dans la Parole de Dieu.


                    Il y en a parmi nous qui connaissent, dans leur expérience, ces temps où il semble que Dieu --pour employer la parole de l'un de Ses serviteurs, qui cite la Parole de Dieu, -- "Dieu a-t-il oublié d'user de sa grâce ?"  Mais lorsque, plus tard, nous regardons rétrospectivement ces moments-là, nous comprenons, bien que nous ne l'ayons pas su alors, que Dieu était en réalité très actif, qu'il œuvrait très profondément en nous, et c'est dans la valeur de cette expérience passée que nous vivons aujourd'hui. Dieu ne nous avait pas abandonné. Nous avions affaire avec le Dieu vivant, et le Dieu vivant avait affaire avec nous. Ceci peut nous paraître simple, mais retenons-le pour le moment opportun. Ce fait devrait être, à tant d'égards, un réconfort infini pour celui qui es honnête de coeur. Le Dieu vivant est Celui avec qui nous avons affaire.



La Note d'Avertissement

                    Il y a cependant l'autre aspect, que nous ne devons pas ignorer dans le désir de ne point toucher aux choses désagréables. Il nous faut être fidèle. Cette déclaration que nous trouvons dans la Parole de Dieu est, comme vous l'aurez remarqué, accompagnée d'une ombre à plus d'une reprise. "Prenez garde, frères, que quelqu’un de vous n’ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner (d'abandonner le) du Dieu vivant." Hébreux 3 :12. Prenez garde ! C'est une note d'avertissement. Cherchons maintenant la raison de ce avertissement. Si nous prenons ce troisième chapitre de la lettre aux Hébreux, nous trouverons que la chose en vue, c'est le dessein tout entier de Dieu, le but qu'Il a fixé pour Son peuple. L'illustration est tiré de la vie du peuple d'Israël qui, dans le désert, se trouve en face du pays de la promesse. Le but de Dieu, pour les enfants d'Israël, c'est qu'ils entrent dans le pays et qu'ils le possèdent dans toute sa plénitude, avec tous ses trésors et toutes ses richesses et toute sa bénédiction. Mais, à cause de leur incrédulité, ils manquèrent le but, ils n'héritèrent pas du pays, ils moururent dans le désert. Nous le voyons, c'est sous ce rapport qu'est employée cette désignation : "le Dieu vivant.", ce qui veut dire sûrement, s'il y a une signification quelconque, que, par le fait même qu'Il est le Dieu vivant, Son but et Son dessein pour Ses enfants, c'est qu'ils aient tout ce qu'Il peut leur donner -- la plénitude !" Voilà tut ce qui est lié à un Dieu vivant ! Les autres dieux enlèvent toujours, dérobent toujours, appauvrissent toujours. Les dieux des païens, les dieux du monde sont des dieux qui dérobent. Ils vous dépouilleraient de tout. Ce Dieu vivant est suprêmement caractérisé par le fait qu'Il donne et qu'Il donne toujours. "Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique......"  " Lui, qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui?" Romains 8 :32. La marque du Dieu vivant, c'est qu'Il répande avec largesse Son Amour et Ses richesses. C'est de Sa pleine pensée, de Son désir, et de Son dessein, de Sa volonté pour les Siens, qu'Il désire nous gratifier en plénitude. Se séparer du Dieu vivant, c'est se séparer de tout ce qu'Il a voulu, déterminé et désiré pour nous. C'est pour cela que nous avons cette parole d'avertissement.

                    Mais remarquons une chose. La Parole ne dit pas : Prenez garde frères, que quelqu'un de vous ne se sépare pas de la bénédiction et n'en perde le gain. Les termes employés sont : "en ce qu'ils abandonnent le Dieu vivant."  Toute notre bénédiction est liée à Dieu Lui-même, Il est notre bénédiction. En d'autre termes, le connaître comme le Dieu vivant, c'est la vie éternelle. "Et c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent toi le seul vrai Dieu' et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ."  Jean 17 : 3. Le connaître comme le Dieu vivant, c'est la plénitude de la bénédiction. Aussi, l'avertissement nous est-il donné de peur que, par incrédulité, nous nous séparions de ce Dieu vivant. Lorsqu'il s'élève un doute dans nos cœurs à l'égard de Dieu, c'est ce doute, cette incertitude à l'égard  de Dieu, qui nous dérobent de Lui-même. Alors, la bénédiction s'en va, parce que en doutant de Dieu, nous élevons une barrière entre Lui et nous.

                    Oui, mais il y a encore une parole plus solennelle en rapport avec le Dieu vivant : "C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant !" Hébreux 10 : 31. Nous avons ici, le second passage sur lequel il y ait une ombre. Soyons donc très sérieux et vraiment franc. Ce n'est pas à des hommes que, vous et moi, nous aurons à rendre compte au dernier jour. Ce n'est pas à des hommes que nous aurons à faire face. Ce n'est pas d'un enseignement, comme tel, qu'il s'agira, ni de lieux, ni de choses. Si vous et moi nous refusons la vérité, si nous refusons la lumière,si nous refusons l'obéissance, si nous cachons quoi que se soit au Seigneur, si vous et moi, nous sommes de quelque manière infidèles, c'est avec le Dieu vivant que nous aurons affaire. Ce fut une chose singulière pour Acan de voir que son péché caché et secret fut pleinement dévoilé et ceci de façon aussi saisissante. Pensons aux centaines de milliers en Israël, et parmi tout ce peuple, un homme accomplit un acte que Dieu va découvrir. Cet homme est témoin de l'investigation mis en place, et il la suit, à  mesure quelle est ramenée de la multitude à la tribu, de la tribu à l'une des familles de cette tribu, jusqu'à ce que soit atteinte sa propre tente, sa tente personnelle. Ainsi, cet homme, d'entre des centaines de milliers , tombe sous le doigt de Dieu. Acan avait probablement pensé que, au milieu, d'une si grande foule, il pouvait pécher sans danger d'être remarqué, qu'il pouvait tromper les anciens d'Israël sans aucun risque d'être découvert. Acan avait oublié que c'est au Dieu vivant qu'il allait devoir rendre compte. Et c'est cet acte si grave qui devient l'occasion de cet avertissement si solennel. Il faut que nous nous souvenions que "c'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant !"

                    Si nous sommes honnêtes, vous et moi, il ne nous arrivera jamais de tomber entre les mains du Dieu vivant de cette manière-là. Mais le fait est que tout ce qui est gardé secret dans nos vies, tout ce qui est péché, toute désobéissance, tout refus de recevoir la lumière, tout ce qui n'est as de Dieu, nous livrent entre les mains du Dieu vivant. C'est à Lui que nous aurons à rendre compte tôt ou tard. C'est n'est pas même à ceux qui ont autorité sur nous dans le Seigneur que nous aurons à répondre en premier ou en dernier lieu. C'est un soulagement très béni que de reconnaître cela, un soulagement pour nous tous de savoir que tout est entre les mains de Dieu, et que c'est à Dieu que chacun de nous, nous aurons à rendre compte. C'est une chose terrible et en même temps réconfortante, une chose fortifiante, même lorsque nous apportons le message du Seigneur, que ce n'est pas à nous que les âmes devront répondre un jour. Elle peuvent, afin de refuser le message, prendre une certaine attitude à l'égard de celui qui l'apporte et de dire : Oh ! C'est simplement sa propre interprétation, c'est lui qui affirme cela ! Non, vous n'écartez pas la question ainsi. Si ce message est la vérité de Dieu, ce n'est pas au messager que vous aurez à rendre compte de votre attitude, C'est au Dieu vivant


                    Mais cela met sur nous tous une terrible responsabilité. Nous devons nous souvenir que, pour tout ce que le Seigneur nous donne, c'est à un Dieu vivant que nous aurons à répondre. Oh ! Le Seigneur sonde le fond de notre coeur, et Il sait. Il nous est impossible de le tromper. Cela ne se peut pas. Il connaît notre coeur intérieur. Il connaît notre foyer et Il sait ce qui s'y passe. Il nous connaît dans notre vie de chaque jour. Il connaît nos relations les uns envers les autres. Il sait exactement ce que nous sommes et ce que nous prétendons être. Il faudra que tôt ou tard nous rencontrions le Seigneur au sujet de chaque point d'hypocrisie, de tromperie, de péché."


                     Maintenant, le fait que le Dieu avec qui nous avons affaire est un Dieu vivant peut, ou bien nous apporter un sentiment de réconfort, ou alors frapper notre coeur de terreur. Cela dépendra entièrement de notre attitude envers le Seigneur. Ceci est quelque chose qui dot être dit. Le Seigneur sait pour qui cette parole est nécessaire. Vous et moi, nous avons affaire avec le Dieu vivant. C'est un fait béni, mais aussi un fait terrible. Souvenons-nous donc toujours qu'il a devant Lui rien de secret, rien de caché, rien que nous puissions déguiser. Nous ne pouvons pas prendre de fausse position devant Lui. Il est un Dieu vivant toujours et partout présent, qui voit jusqu'au fond de nous et des choses. Un jour il peut nous dire : Maintenant enlève ce masque et que cette tentative de séduction soit mise de côté! Regarde-toi bien en face ! Je sais tout ! Je te connais du commencement à la fin. Tu n'as jamais rien pu Me cacher même pas pour un seul instant ! Il est le Dieu vivant. Cette parole : "C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant" est réellement une parole terrible pour ceux qui luttent contre Dieu. Et je pense qu'elle s'adresse spécialement à ceux qui s'opposent à Dieu.  


                    Réfléchissons à ce qui se passe dans ce monde aujourd'hui. J'ai lu un livre intitulé "La guerre contre Dieu." Toute l'histoire de cette longue guerre séculaire faite à Dieu y est décrite, et l'auteur montre cette lutte se développant aujourd'hui à un tel degré, que des nations entières ont pour objet de rejeter Dieu loin du monde, de s'en débarrasser, de ne permettre rien qui soit de Dieu dans leur vie nationale. Mais ceci n'est qu'un aspect de cet état de fait, et qui ne s'applique pas à nous. Nous pouvons dire, cependant, que c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant --non pas d'un Dieu imaginaire, ni d'un Dieu traditionnel, non pas du Dieu des systèmes religieux, si vieille que soit leur histoire, mais du Dieu vivant. Ce fait se retournera contre ceux qui refusent de le reconnaître comme le Dieu vivant. Il tient les nations dans Sa main.


                    Il se peut que ce message tombe entre les mains de quelqu'un qui résiste à Dieu, qui lutte et se rebelle contre Dieu,qui s'imagine --sans l'avoir jamais exprimé en paroles ni même y avoir pensé clairement -- pouvoir remporter sur Dieu. Oh ! Non "C'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant", et c'est là qu'ils arriveront tous, tôt ou tard.


                    Pouvons-nous nous réjouir à cette pensée d'être dans les mains du Dieu vivant? Point n'est besoin d'en être effrayé. Ce peut la chose la plus précieuse dont nous puissions jouir, d'être dans Ses mains. Mais ce peut être, d'un autre côté, la chose la plus terrible, une position redoutable que de tomber entre les mains du Dieu vivant. Pour ceux qui enfreignent la foi et ceux qui manque de fidélité, ce n'est ni une chose agréable, ni une chose bénie que de savoir que le Dieu avec qui nous avons affaire, et qui a affaire avec nous, est un Dieu vivant.



La Relation Vivante

                     Il y a maintenant une autre chose liée à cette désignation si souvent répétée, "le Dieu vivant." Le fait qu'Il est le Dieu vivant demande un état de choses car vivant parmi Son propre peuple C'est de Lui que ses enfants prennent leur caractère, dans ce  sens même et cette vérité même qu'il est le Dieu vivant. Cela veut dire que leur relation avec Lui est supposée être vivante. Or la relation du peuple de Dieu avec son Dieu, telle que nous l'avons aujourd'hui dans tant de directions et dans une si grande mesure n'est pas une relation vivante. Il existe une certaine conscience de Dieu, une certaine forme de culte qui Lui est rendu. Il y a des rites liés à l'idée de Dieu. Il y a aussi, dans une mesure plus ou moins grande, la confession d'une sorte de dévotion à Dieu, d'adoration de Dieu, de conscience de Dieu, peut-être le désir pour Dieu. Mais tout cela manque de cette relation vivante avec Dieu. Et cependant, le fait qu'Il est le Dieu vivant signifie que ceux qui sont unis à Lui, qu'ils devraient vivre. Il leur (nous) dit : "parce que moi je vis, vous aussi, vous vivrez." Jean 14 : 16. Une relation vivante avec Dieu est donc possible.
   
                    Je ne doute pas que neuf personnes sur dix qui liront ces pages, connaissent cette relation vivante avec le Dieu vivant. Il est pour eux, dans leur propre expérience, leur jouissance et leur connaissance, aussi vivant que n'importe qui ici-bas. Plusieurs d'entre nous peuvent même dire qu'Il est plus vivant pour nous qu'avec tous ceux que nous connaissons, parce qu'Il est en contact plus intime avec notre être intérieur -- Il est le Dieu vivant. Ce n'est pas une relation avec un état de choses mortes, mais une relation avec une Personne vivante.

                    Mais, je me dois de demander : "Avons-nous cette relation vivante ?" Suivons- nous un système, un ordre, ou bien sommes-nous en communion vivante avec un Dieu vivant ? Le Seigneur désire que nous ayons cette relation vivante avec Lui, toujours et en tout. C'est une grande chose de savoir que nous avons accès au Dieu vivant. Savons-nous si une chose est bonne ou mauvaise ? Nous avons le Dieu vivant, demandons-le Lui. Ce qu'Il veut pour nous, c'est que nous jouissions simplement d'une relation vivante avec Lui, le Dieu vivant. Le désir de Son coeur, c'est que nous Le considérions comme le Dieu vivant. "Il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu est et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent" Hébreux 11 :6. Il nous faut croire, lorsque nous venons à Lui, qu'Il existe, et non pas nous sentir perdu dans l'univers, dans un univers vague et vide. Non ! Nous approchons d'une Personne vivante. Nous croyons qu'Il est ! Il n'y a absolument rien de vague en cela


                    Mais il y a plus encore. Il est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent de tout leur coeur. Le croyez-vous ? Chaque fois que nous nous approchons de Lui, qu'Il est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent de tout leur coeur ? Jusqu'où notre foi nous porte-t-elle? Nous rend-t-elle capable, lorsque nous le cherchons, de Le remercier aussitôt là où nous en sommes, parce que nous croyons qu'Il a répondu ? "Ô Seigneur, je Te remercie de ce que Tu ne me refuses pas ce qui est en rapport avec Ta volonté car je le recevrai." Que nous Lui rendons grâce tout en formulant nos requêtes est Sa volonté. C'est certain ! "En toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces." Philippiens 4 :6


                     C'est cela la foi ! Ce n'est pas de l'imagination, ce n'est pas que nous nous forcions à croire que nous avons obtenu ce que nous demandons. C'est la foi qui prend cette position : Il est le Dieu vivant et Il est rémunérateur de ceux qui le cherchent de tout leur coeur. Si ma requête a été inspirée par Son Esprit, si elle est en ligne avec Sa volonté, je sais qu'il entend et répond et que je recevrai la chose demandée, que j'entre en sa possession en ce moment même ou non (plus tard). La foi peut être éprouvée. Beaucoup parmi nous avons demandé au Seigneur ce que Sa Parole nous avait révélé être Sa volonté pour nous. Nous avons peut-être eu à attendre longtemps, mais le jour est venu où nous nous sommes trouvés en possession de Sa réponse. Cela s'est fait sans bruit, et elle est là tout simplement. Il a prouvé Sa fidélité. Il est fidèle.


                    C'est par de telles expériences que nous avons appris à remercier le Seigneur en Lui apportant nos requêtes.Que notre prière soit immédiatement exaucée ou que nous ayons à en attendre l'exaucement un an ou deux, nous avons l'assurance que entrons en possession de Sa réponse, et nous Le remercions. C'est la foi. C'est croire qu'Il existe, qu'Il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent de tout leur coeur. C'est ce fondement que Dieu aime, cette attitude, cette sorte de relation, communion vivante. C'est une relation qui est issue du Dieu vivant.

                    S'Il est le Dieu vivant, notre connaissance de lui devrait être vivante; et là où il y a ascendance , il y a toujours accroissement." Ce n'est que lorsque la vie s'affaiblit qu'il y a affaiblissement. Lorsque la vie est en ascendance  -- et cette vie peut être toujours ainsi, il n'y a besoin d'aucune éclipse dans la vie de l'Esprit -- il y a accroissement dans la connaissance du Seigneur, dans une connaissance vivante du Seigneur. C'est une connaissance entièrement différente de celle que donnent les livres, entièrement différente de celle que nous apportent les informations que l'on nous enseigne du Seigneur. C'est une connaissance vivante et personnelle du Seigneur, et une connaissance qui va toujours s'enrichissant. Nous avons affaire avec le Dieu vivant. Il veut que nous ayons de Lui une connaissance vivante, une connaissance en laquelle il y a la vie.


                   Nous pourrions continuer ainsi, en touchant point par point à tout ce que signifie le fait d'être uni à un Dieu vivant. Mais, pour résumer, nous pouvons dire que tout est vivant là où est le Dieu vivant 



Le Suprême Témoignage

                  Nous arrivons maintenant au mot final qui touchera aux évidences prééminentes de la présence du Dieu vivant. Si vous ressentez que tout ce qui a été exposé jusqu'ici vous touchait à peine ou avait peu d'application pour vous, je n'ai aucun doute à votre égard de ce qui me reste à partager. Je suis tout à fait certain que chacun de nous recevra à présent quelque chose. Quelle est donc cette évidence prééminente que le Dieu vivant est avec nous ? 

Josué dit: A ceci vous reconnaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous, et qu’il chassera devant vous les Cananéens, les Héthiens, les Héviens, les Phéréziens, les Guirgasiens, les Amoréens et les Jébusiens: voici, l’arche de l’alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain. Josué 3 :10-11. 

                      Il faut expliquer cette parole pour quelques-uns d'entre nous, bien que cela ne soit pas nécessaire pour tous. "Voici, l'arche de l'alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain." Le Jourdain est, avant tout et toujours, un type de la mort. Et au moment où ces paroles furent prononcées, le Jourdain était en crue et débordait sur toutes ses rives. Il était, en figure, la mort dans son débordement, le courant puissant de la mort  qui déborde de toutes ses rives. Et puis, deuxièmement, l'arche de l'alliance est, en figure, le Seigneur Jésus-Christ. C'est Lui qui est représenté par cette arche de l'alliance.

                    Maintenant, c'est donc Jésus-Christ qui entre directement dans les flots du Jourdain. Dès que cette arche entre en contact avec ce flux, le courant cède, il est repoussé. Les eaux sont forcées à se dresser et à faire un passage pour le peuple de la foi. Quelle est la suprême évidence de la présence du Dieu vivant parmi nous ? C'est que, nous connaissons, dans notre expérience, Jésus-Christ triomphant sur la puissance de la mort, car Il a rencontré la mort dans toute sa puissance, dans toute sa rage, dans son flux, et Il a triomphé. Ce fut la marée de la mort qu'Il rencontra au Calvaire, la mort dans tout ce que signifie cette mort. Quelque chose qui dépasse de beaucoup la simple mort physique, c'est-à-dire toute la terrible et diabolique puissance de la mort spirituelle. Le Seigneur Jésus entra dans ce flot de la mort inique. Il enleva à la mort, sa puissance et elle n'a pu pas déborder. Il brisa le pouvoir de la mort et sa malédiction, et Il obligea la mort à se retirer. "Il goûtât la mort pour tous." Hébreux 2 :9. C'est nous qu'il a délivrés dans Sa propre victoire sur la mort. Il est, Lui-même le témoignage d'une vie qui ne peut être engloutie par la mort. Le cri qui jaillit de nos coeur est donc : "Où est, Ô mort ton aiguillon ? "Où est,Ô mort ta victoire ? Mais grâces à Dieu qui nous donne  la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ!"  1 Corinthiens 15 : 55 et 57.

                    Quelle est la suprême évidence que le Dieu vivant est au milieu de nous ? C'est que nous jouissons de la puissance d'une vie immortelle, ou en d'autres termes, que nous vivons dans la bénédiction de la victoire de Christ sur le pouvoir de la mort. Nous avons dans notre coeur, dans notre esprit, une vie qui ne peut être ni brisée, ni vaincue par la mort. Alors que la mort nus environne, nous avons la vie. "A ceci, vous connaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous."

                    Notre témoignage devant le monde entier, devant l'univers tout entier c'est donc que le Seigneur de vie est au milieu de nous, et qu'Il se manifester Lui-même ans cette nature, dans ce caractère même, dans cette désignation même : "le Seigneur de la vie." C'est à ceci que vous reconnaîtrez, non pas que votre doctrine est correcte, non pas que vous êtes dans le vrai, non pas que vous êtes orthodoxes, non pas que vous répondez aux conditions , mais que le Dieu vivant est au milieu de vous, dans la puissance de Sa vie triomphante sur la mort dans le Christ Jésus.C'est ainsi que nous pouvons savoir, vous et moi, que le Dieu vivant est toujours parmi nous. 

                         L'ennemi cherche à détruire ce témoignage, parce qu'il est l'évidence prééminente de la présence du Dieu vivant. L'assaut sera donc toujours fait contre ce témoignage de vie. Dieu s'est manifesté à nous comme le Dieu vivant en Jésus-Christ qui dit : "J'ai été mort et voici que je suis vivant aux siècles des siècles; et je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts." Apocalypse 1 :18. A Lui est toute autorité sur toutes choses.

                  Souvenons-nous de ce fait qui gouverne toutes choses : Notre Dieu est un Dieu vivant-- Il vit.

                                  

mardi 23 juin 2015

Le champ de Bataille de l'Âme T. Austin-Sparks

Lectures : Matthieu 16 : 13-25 ; Luc 22 : 31-34

                    "Tu es bienheureux, Simon Barjonas car la chair et le sang ne t'ont pas révélé cela, mais mon Père qui est das les cieux."  (Matthieu 16 : 17)
                    "Mais lui........ dit à Pierre, Va arrière de moi Satan........"  (Matthieu 16 : 23)
                    "Simon, Simon, voici, Satan a demandé.................mais , moi, j'ai prié pour toi (Luc 22 : 31-32)

                    La formation spirituelle d'un serviteur de Dieu à laquelle nous assistons ici, nous est montrée dans la situation de Pierre, de façon représentative et humaine.
                     Les passages que nous venons de lire mettent en évidence le fait de la vie de celui qui prend réellement position pour la cause du Seigneur devient le champ de bataille dans deux domaines :

                     Dieu et Satan
                     Les cieux et les ténèbres

                 Il serait difficile de trouver un meilleur exemple illustrant cette vérité que le contraste que nous trouvons dans ces deux versets. D'une part : "Tu es bienheureux, Simon Barjonas car la chair et le sang ne t'ont pas révélé cela, mais mon Père qui est das les cieux." 
                    Et peu de temps après : "Va arrière de moi Satan, tu m'es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes;"  Lié à ces deux incidents, nous avons le passage correspondant dans l'évangile de Luc. Littéralement, les mots sont "Satan t'a obtenu par demande, afin qu'il te crible comme le blé : mais j'ai fait supplication pour toi." Nous ne savons que penser d'un tel retournement dans un homme, mais nous y trouvons des leçons, et la solennité de ce qui se passe ici accentue les leçons enseignées.

Le terrain de la puissance de Satan
(a) Le Monde

                    Voyez-vous, c'est avant tout une question de terrain, de base, qui est adopté par celui qui est concerné. Lorsque prit un terrain céleste --Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant"-- il était alors dans une position de force. Les clefs du royaume des cieux, liant sur la terre et liant dans les cieux, étaient les siennes. Il était ensuite faible et dans une position de faiblesse, lorsqu'il adopta un terrain terrestre, d'ici-bas, la base des hommes, le terrain de son propre jugement, de sa propre personne. Le terrain, la base, ce qu'il a adopté, décidait s'il était spirituellement fort ou faible, et Satan avait alors la puissance sur lui, ou pas.

                     Lorsque le Seigneur leur parlait de ce qui allait s'accomplir à Jérusalem quant à sa mort, il semble que Simon Le prit à part, et d'une manière gentille et consolante, mais aussi avec une certaine autorité, dit au Seigneur qu'Il ne devait pas être dépressif ni défaitiste, mais qu'Il devait prendre une position positive, et que ce genre de chose ne lui arriverait certainement pas. Mais dans l'attitude de Pierre et le terrain sur lequel il se trouvait, le Seigneur vit distinctement une récurrence de ce qu'Il avait rencontré dans le désert lors de la tentation quand Satan lui offrait les royaumes de ce monde -- sans la Croix. Satan avait alors essayé de le détourner de la voie à laquelle Il s'était consacré. Pierre devint la voix et l'instrument de ce même grand ennemi pour détourner le Seigneur de la Croix. Ceci explique le passage qui suit, (Matthieu 16 : 24-26), et qui concerne la sauvegarde de la vie.

                    Adopter un terrain pour obtenir le Royaume et le Trône sur toute autre base que celle préparée par Dieu, qui est le terrain de la croix, c'est s'allier avec Satan. Dieu soumettra tous ceux qui se trouvent dans une telle alliance, à la puissance de Satan qui les détruira spirituellement.

                    Il est donc évident que tout terrain, toute base, de ce monde, qui, par nature est un royaume de souffrance, sans la Croix, sans la mise à l'écart de la vie naturelle relève du domaine et de l'autorité et de la puissance de Satan. Il est parfaitement clair qu'en ce qui concerne l'Eglise , de façon générale, et qui concerne également des milliers de chrétiens individuels, la faiblesse, la défaite et le déshonneur qui les caractérisent --et qui devinrent si manifestes dans le cas de Pierre--, sont dus au fait que les choses sont accomplies sur le terrain de la puissance de Satan. Ce terrain est la compromission avec le monde et ses principes.
Le Moi non crucifié

                    Deuxièmement , Pierre avait sa propre force, sa propre confiance en lui-même:  "Seigneur avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort." Il réalisa plus tard combien il n'était ni prêt, ni préparé à cela ; mais alors, il était confiant en lui-même, et ce terrai amena, d'une part sa défaite et d'autre part la puissance de Satan. Le moi, encore en vie et dominant, au lieu d'être mort et d'être à la Croix, est le terrain, la base de la puissance de Satan !

                    La puissance de Satan ne sera pas détruite et la puissance spirituelle ne sera pas établie dans la vie de l'enfant de Dieu et du serviteur de Dieu, à moins que l'âme ne soit reniée et qu'elle ne soit offerte. C'est une question de terrain --que ce soit le monde ou bien le moi (qui n'est qu'un autre mot pour parler de la chair) -- qui détermine, d'un côté le degré du pouvoir de Satan ou, de l'autre, le degré de la puissance spirituelle.

Le Besoin d'avoir une Détermination Persistante

                    Aussi, je pense que ce que dit le Seigneur à Pierre est très significatif et est très utile : "tu m'es en scandale". Le Seigneur s'était déterminé dans cette bataille, Il avait occupé son terrain, avait pris fermement position pur la volonté de Dieu, pour Lui, c'st-à-dire la Croix pour obtenir le Royaume. C'était difficile pour Lui. Il ne s'agissait pas simplement d'être crucifié, de mourir, mais il s'agissait aussi "d'être fait péché" dans tout ce que cela impliquait : souffrir et supporter le rejet de Dieu. La voie était difficile et Il se devait de garder le cap. 

                    Tout ce qui survenait afin de le détourner, demandait à nouveau de la résolution et de la persistance. Il était ainsi offensé, car ces choses Lui rendaient le chemin difficile, Lui compliquaient la tâche et ne l'aidaient en rien. Peut-être que pour ce qui concerne Pierre, son intention était d'aider, sans savoir cependant ce qu'il disait ; mais derrière cela Jésus voyait le vieux débat resurgir, l'ancien combat qui perturbait sa perception d'accomplir la volonté de Son Père et rendait Son chemin plus pénible.


                    Ceci nous enseigne qu'une position doit être résolument adoptée par rapport à la volonté de Dieu. Nous devons parvenir franchement et positivement à une telle position. Ensuit nous devons réaliser, que de temps en temps, il y aura, d'une façon ou d'une autre, des efforts procédant de l'ennemi pour nos faire changer d'avis, pour nous affaiblir dans cette direction, pour nous donner d'autres suggestions et nous amener à reconsidérer notre position à la lumière de choses d'intérêts variés ! Nous rencontrerons ces attaques, ces pierres d'achoppement, ces empêchements et nous devrons alors être impitoyables envers ces choses.


                    La façon dont le Seigneur reprit Pierre était, d'une certaine manière, intraitable. Vraiment, il n'y avait aucune faiblesse de la part de notre Seigneur quant à ce qui se passa. Discernant la véritable nature de l'attitude et des paroles de Pierre, Il vit clairement que s'Il succombait à sa suggestion, Il n'irait ni à Jérusalem, ni à la Croix ! C'est une question importante que de savoir si telle ou telle voie est de Dieu, de savoir ensuite si ce qui survient prouvera, qu'à long terme, nous ne parviendrons pas au but, et n'accomplirons pas la volonté de Dieu. Si tel est le cas, nous devons être impitoyable s envers cette chose, nous devons la mettre de côté et la repousser. La Croix agit en nous de bien des manières, et dans des contextes bien différents.


                    Si nous voulons vraiment parvenir à une position de puissance spirituelle --comme Pierre y parvint à la fin-- tout terrain proposé par l'ennemi doit être continuellement refusé et rejeté. L'ennemi doit être spolié de tout ce qui pourrait nous détruire, et de toute influence qui nous serait nuisible. Nous devons être impitoyables avec tout ce qui pourrait lui accorder une position de force, essayant de nous détourner de l'intention de Dieu à notre égard. Cette bataille des cieux et des ténèbres, de Dieu et de Satan, se poursuivra dans nos âmes, mais c'est une consolation de savoir que nous avons un Souverain Sacrificateur vivant à jamais pour  intercéder pour nous. Nous obtenons un grand profit et un puissant encouragement dans la continente intercession du Seigneur Jésus en notre faveur.  

Tiré du magazine "A Witness and Testimony", septembre 1948

T. AUSTIN-SPARKS

dimanche 21 juin 2015

LES SERMONS DE WESLEY Sermon 20 : L'ÉTERNEL NOTRE JUSTICE

Numérisation Yves PETRAKIAN
Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement
Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com

(tiré du livre  LES SERMONS DE WESLEY  -1- )


Jérémie 23,6  (1765)

C'est ici le nom dont on l'appellera : L'Eternel notre justice. (Jean 23 : 6)

               Combien de querelles, et quelles épouvantables querelles, il y a eu ici-bas à propos de religion ! Et Cela non pas seulement parmi les enfants du monde, parmi ceux qui ignorent ce qu'est la vraie religion, mais encore parmi les enfants de Dieu eux-mêmes, parmi ceux qui ont éprouvé que « le règne de Dieu est au-dedans de nous (Lu 17 : 21) », qui ont connu « la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit (Romains 14 : 17) ». Combien d'entre ces derniers, et dans tous les siècles, au lieu de s'unir contre l'ennemi commun, ont tourné leurs armes les uns contre les autres, et ainsi non seulement gaspillé un temps précieux, mais encore affaibli les bras de leurs frères, et, de cette façon, entravé l'oeuvre si importante de leur commun Maître ! Que de fois les faibles ont été scandalisés par cette conduite, les impotents spirituels égarés, les pécheurs encouragés à ne tenir aucun compte de la religion et à mépriser ceux qui en font profession ! Et que de fois « les saints qui sont sur la terre ; (Psaume 16 : 3) » ont dû « pleurer en secret (Jean 13 : 17) ; » sur cet état de choses !
                    Quiconque aime Dieu et le prochain donnerait tout au monde, souffrirait quoi que ce soit, pour apporter remède à ce grand mal, pour arrêter les disputes entre enfants de Dieu, pour rétablir et maintenir entre eux la paix. En vue de résultats si désirables, il pourrait tout sacrifier, sauf la possession d'une bonne conscience. Mais s'il ne nous est pas possible à cet égard de « faire cesser les guerres jusqu'au bout de la terre (Psaumes 46 : 10) », si nous ne pouvons pas rapprocher les uns des autres tous les enfants de Dieu, que du moins chacun de nous fasse ce qu'il pourra ; qu'il contribue, ne fût ce que ses deux pites à cette oeuvre excellente. Bienheureux ceux qui aident tant soit peu à faire régner « paix et bienveillance parmi les hommes (Luc 2 : 14) », et surtout parmi les hommes de bien, parmi ceux qui sont enrôlés sous le drapeau du « Prince de la paix » (Esaïe 9 : 5), et conséquemment tenus d'avoir, « autant qu'il dépend d'eux, la paix avec tous les hommes (Romains 12 : 18) ».
                   On se serait considérablement rapproché du but, si l'on pouvait amener les gens de bien à s'entendre. Nombre de querelles viennent de simples malentendus. Il arrive souvent que ni l'une ni l'autre des parties ne comprend la pensée de ceux avec lesquels elle est en désaccord ; et il en résulte qu'elles s'attaquent violemment, lorsqu'il n'y a entre elles aucun motif sérieux de division.
                  Mais il n'est pas toujours facile d'en convaincre les personnes intéressées, surtout si la passion s'en mêle ; c'est alors chose bien malaisée, et pourtant pas impossible, pourvu que nous l'entreprenions en nous confiant, non point en nous- mêmes, mais en celui à qui tout est possible. C'est lui qui peut promptement dissiper les nuages, répandre la lumière dans les cœurs et les rendre capables de se comprendre et de comprendre « la vérité qui est en Jésus (Ephésiens 4 : 21) ».
                     Les paroles de notre texte expriment un des points les plus importants de cette vérité : « C'est ici le nom dont ou l'appellera : L’Éternel notre justice ». Voilà, en effet, une vérité qui fait partie de l'essence même du christianisme qui en soutient tout l'échafaudage. On peut, à coup sûr, dire d'elle ce que Luther disait d'un autre article de foi qui se rattache étroitement à celui-ci, que c'est « articulus stantis vel cadentis ecclesiae » , une doctrine avec laquelle l'Eglise se tient debout ou tombe. C'est bien certainement la colonne et la base de cette foi qui seule procure le salut, de cette foi catholique ou universelle, qu'on trouve chez tous les enfants de Dieu et que nous devons conserver « pure et sans tache » (Jacques 1 : 27), si nous ne voulons pas périr éternellement.
                  Ne semblerait-il pas naturel et raisonnable que tous ceux qui invoquent le nom de Christ fussent d'accord sur ce point, quelles que soient leurs différences de vues à d'autres égards ? Hélas ! qu'il est loin d'en être ainsi ! Il n'y a presque pas de question sur laquelle ils s'entendent moins, sur laquelle ceux qui professent de suivre Jésus-Christ paraissent aussi absolument éloignés et incapables de s'entendre. Je dis paraissent ; car je suis convaincu que, dans bien des cas, leurs divergences ne sont qu'apparentes. Entre eux il y a plutôt différence de mots que de sentiments ; ils sont plus rapprochés par la pensée que par le langage. Mais il y a positivement une énorme différence de langage, non seulement entre protestants et catholiques romains, mais entre protestants et protestants, voire même entre ceux qui professent de croire également à la justification par la foi, et qui sont, du même avis sur toutes les autres doctrines fondamentales de l’Évangile.
              Si les chrétiens sont séparés ici plutôt par leurs opinions que par leurs expériences, plutôt même par les expressions qu'ils emploient que par les opinions qu'ils ont, comment se fait-il que les enfants de Dieu se disputent aussi violemment sur cette question ? On peut expliquer leur conduite par diverses raisons. La principale, c'est qu'ils ne se comprennent pas réciproquement ; ajoutez à cela qu'ils tiennent trop exclusivement à leur opinion et à leur façon particulière de l'exprimer.
                    Pour écarter, en quelque mesure du moins, ces obstacles et pour arriver à nous entendre sur ce point, je veux essayer, avec l'aide du Seigneur, de montrer d'abord ce qu'est la justice de Christ ; et ensuite à quel moment et dans quel sens elle nous est imputée ; puis je me propose de conclure par une application brève et directe.

I

                     Qu'est-ce que la justice de Christ ? Elle est double il y a sa justice divine et sa justice humaine. Sa justice divine fait partie de sa nature divine, en tant qu'il est « celui qui existe » (Apocalypse 1 : 4), celui « qui est Dieu au-dessus de toutes choses, béni éternellement (Romains 9 : 5) », l'Etre suprême, éternel, qui est « égal au Père, quant à sa divinité, bien qu'inférieur à lui par son humanité (Symbole de saint Athanase) ». Cette justice divine de Jésus-Christ consiste donc dans sa sainteté éternelle, essentielle, immuable, dans son équité, sa miséricorde et sa vérité qui sont infinies, tous attributs dans lesquels le Père et lui sont un.
                Mais, à mon sens, il n'est pas directement question ici de la justice divine de Christ. Personne, peut-être,ne voudrait soutenir que cette justice-là nous est imputée. Tous  ceux qui croient à la doctrine de l'imputation, appliquent ce terme exclusivement, ou tout au moins principalement, à la justice humaine de Jésus.
                   La justice humaine de Jésus appartient, à sa nature humaine, en tant qu'il est le « seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ. homme (1 Timothée 2 : 5) » Elle peut se diviser en justice intérieure et justice extérieure. Sa justice intérieure était l'image de Dieu empreinte sur  toutes les facultés, sur tous les attributs de son âme. C'était la reproduction de la justice divine, autant qu'elle peut se communiquer à une âme humaine. C'était une fidèle image de la pureté de Dieu, de son équité, de sa vérité, de sa miséricorde. En Jésus cette justice embrassait aussi l'amour, le respect, la soumission vis-à-vis de son Père, l'humilité, la débonnaireté, la douceur, l'amour pour le genre humain perdu ; enfin, tous les sentiments qui sont saints et célestes ; et chacun de ces sentiments il le possédait dans sa plénitude, sans mélange de défauts ou d'impuretés.
                 Ce fut la moindre partie de sa justice extérieure qu'il ne fit rien de mal, qu'il ne commit aucun péché dans sa conduite, qu' « il ne s'est point trouvé de fraude dans sa bouche » (Esaïe 53 : 9, 1 Pierre 2 : 22), qu'il n'a jamais prononcé une parole répréhensible, jamais accompli un acte répréhensible.
                  Tout cela ne constitue qu'une justice négative, mais telle pourtant que jamais elle n'a été, jamais elle ne peut être le partage d'un autre homme né de femme. Mais la justice extérieure de Jésus fut elle-même positive ; car « il a bien fait toutes choses (Marc 7 : 37) ; » toutes les fois qu'il parla, toutes les fois qu'il agit, ce fut pour faire exactement « la volonté de Celui qui l'avait envoyé (Jean 4 : 34)».
                     Pendant tout le cours de sa vie, il fit, la volonté de Dieu sur la terre comme les anges la font dans le ciel. Chacun de ses actes et chacune de ses paroles étaient toujours ce qu'il fallait qu'ils fussent. Son obéissance fut complète et dans l'ensemble et dans les détails : il accomplit « tout ce qui est juste (Matthieu 3 : 15) ».
                   Mais cette obéissance comportait bien plus que tout cela. Elle consista pour lui, non seulement à agir ; mais aussi à souffrir, à souffrir toute la volonté de Dieu, depuis le jour où il entra dans le monde jusqu'à celui où il « a porté nos péchés en son corps sur le bois (1Pierre 2 : 24) », et où, les avant pleinement expiés, « il baissa la tête et rendit l'esprit. (Jean 19 : 30) ». On désigne habituellement cette portion de la justice de Christ sous le titre de justice passive, et le reste sous celui de justice active. Mais puisque, en réalité, l'une n'a jamais été séparée de l'autre, il est inutile que, soit en en parlant, soit en y pensant, nous fassions cette distinction. C'est en embrassant ce double aspect de la justice de Christ qu'il est, appelé « l’Éternel notre justice ».

lI

                   Mais à quel moment pouvons-nous dire en toute vérité : « l’Éternel notre justice? » En d'autres termes, quand est-ce que la justice de Christ nous est imputée, et dans quel sens l'est-elle ?
                     En passant le monde en revue, on découvre que les hommes sont tous ou croyants ou incrédules. Les gens raisonnables ne contesteront point la vérité de cette première assertion, que la justice de Christ est imputée à tous les croyants, mais qu'elle ne l'est pas aux incrédules.
                     Mais quand est-elle imputée aux croyants ? Evidemment dès qu'ils croient ; dès ce moment la justice de Christ leur appartient. Elle est imputée à quiconque croit et dès qu'il croit ; la foi et la justice de Christ sont inséparables ; car si on croit selon la parole de Dieu, on croit à la justice de Christ. Il n'y a de vraie foi, de foi justifiante, que celle qui a la justice de Christ pour objet.
                   Il est vrai que tous les croyants pourront bien ne pas s'exprimer de la même façon, ne pas parler un même langage. Il ne faut pas s'y attendre, et il ne serait pas raisonnable de l'exiger. Mille raisons peuvent les amener à employer des expressions différentes — mais cette diversité d'expressions n'est pas nécessairement le fruit d'une différence dans les sentiments. La même pensée, exprimée par plusieurs individus, le sera dans des termes différents par chacun d'eux. Il n'y a rien de plus
ordinaire que cela ; mais on n'en tient pas suffisamment compte. Une même personne, parlant du même sujet à deux époques un peu éloignées, aurait bien de la peine à retrouver les mêmes expressions, bien que ses sentiments n'aient pas changé. Pourquoi donc voudrions-nous exiger que les autres se servissent exactement des mêmes termes que nous ?
                  Faisons encore un pas. Les autres hommes peuvent avoir non seulement un langage différent du nôtre, mais même des opinions différentes, et cependant « avoir eu en partage avec nous ; une foi de même prix (2 Pierre 1 : 1) » Il peut se faire qu'ils ne discernent pas exactement, la grâce dont ils jouissent ; leurs idées peuvent être moins claires que les nôtres, sans que leurs expériences religieuses soient moins réelles. On trouve de grandes inégalités parmi les hommes au point de vue des qualités morales, et surtout des facultés intellectuelles ; ces inégalités naturelles sont encore accrues par les différentes méthodes d'éducation. De fait, cela seul amène des différences d'opinion presque incroyables sur divers sujets ; et pourquoi pas sur celui-ci tout comme sur les autres ? Mais, bien qu'il y ait, de la confusion et de l'inexactitude dans les idées et dans le langage de certains hommes, il est très possible que leur coeur soit attaché à Dieu en son Fils bien-aimé et qu'ils aient vraiment part à sa justice.
                    Ayons donc pour les autres toute l'indulgence que nous voudrions que l'on eût pour nous si nous étions à leur place. Qui donc ne sait (pour revenir encore à une des choses que nous avons dites), qui ne sait quelle est la, grandeur de l'influence de l'éducation ? Et qui oserait, connaissant cela, s'attendre à ce qu'un catholique romain pensât ou parlât avec clarté sur ce sujet ? Et pourtant, si nous avions pu entendre Bellarmin lui-même, mourant, répondre à ceux qui lui demandaient lequel des saints il voulait, implorer : « Fidere meritis Christi tutissimum ; le plus sûr est de se confier dans les mérites de Christ » ; aurions-nous osé affirmer que ses vues erronées l'empêchaient d'avoir part à la justice de Christ ?
                    Mais dans quel sens cette justice est-elle imputée aux croyants ? Dans ce sens que tous ceux qui croient sont pardonnés et reçus par Dieu, non point à cause de quelque mérite qui est en eux ou de quelque chose qu'ils ont faite, qu'ils font ou qu'ils pourront faire ; mais entièrement et uniquement pour l'amour de ce que Jésus-Christ a fait et a souffert pour eux. Je le répète : ce n'est pas à cause de quelque chose qui est en eux ou qu'ils ont faite, à cause de leur justice ou de leurs oeuvres. « Il nous a sauvés, non à cause des oeuvres de justice que nous eussions faites, mais selon sa miséricorde (Tite 3 : 4,5) ». — «Vous êtes sauvés par grâce, par la foi ; ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie (Ephésiens 2 : 8,9) ». Nous sommes sauvés uniquement pour l'amour de ce que Christ a fait et a souffert pour nous. Nous sommes « justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ (Romains 3 : 23) ». C'est par là que nous obtenons la faveur de Dieu, et c'est par là aussi que nous la conservons. C'est de cette façon que nous nous approchons d'abord de Dieu, et c'est de la même façon que nous continuons à le faire toute notre vie. C'est dans un seul et même « chemin nouveau et vivant » (Hébreux 10 : 20) que nous marchons, jusqu'au jour où notre esprit retourne à Dieu qui l'a donné.
                   Telle est la doctrine que j'ai constamment crue et enseignée depuis près de vingt-huit ans. Je l'annonçai à tout le monde en l'année 1738, et je l'ai fait de nouveau dix ou douze fois depuis cette époque, en employant les termes suivants (ou d'autres qui reviennent au même), tirés du recueil des Homélies de notre Eglise (L'Eglise anglicane) : « Ces choses doivent nécessairement se rencontrer dans notre justification : du côté de Dieu, sa grande miséricorde et sa grande grâce ; du côté de Jésus, la satisfaction donnée par lui à la justice divine ; de notre coté enfin, la foi aux mérites de Christ. De telle sorte que, dans notre justification, la grâce de Dieu n'exclut pas la justice de Dieu, mais seulement celle de l'homme, comme cause méritoire de notre justification ». -
                    « Il est dit que nous sommes justifiés seulement par la foi, afin d'exclure tout mérite provenant de nos oeuvres et d'attribuer à Jésus-Christ seul tout le mérite de notre justification. Noire justification découle gratuitement de la pure miséricorde de Dieu. Car, lorsque le monde entier n'eût pu fournir la moindre portion de notre rançon, il lui a plu, sans que nous l'eussions en rien mérité, de nous préparer le corps et le sang de Christ qui ont payé notre rançon et apaisé sa justice. Jésus-Christ est donc maintenant, la justice de tous ceux qui croient véritablement en lui ».
                      Les cantiques que je publiai un an ou deux plus tard, et qui depuis lors ont été réimprimés plusieurs fois (ce qui montre clairement que mes sentiments n'ont pas changé), ces cantiques tiennent le même langage. Si je voulais en citer tous les passages qui se rapportent à ce sujet, il me faudrait transcrire ici une grande partie de ce recueil. Il suffira d'en prendre pour échantillon un qui a été réimprimé il y a sept, ans, puis il y a cinq ans, de nouveau il y a deux ans, et enfin il y a quelques mois

De mon âme, ô Jésus, la robe sans défaut
Et la beauté, ce sont ton sang et ta justice.
Si j'en suis revêtu, ce terrestre édifice
Peut s'embrasser ; joyeux mon coeur regarde en haut 

               Le cantique tout entier, du commencement à la fin, exprime les mêmes sentiments. Dans le sermon sur la justification que je publiai d'abord il y a dix-neuf ans, puis de nouveau il y a sept ou huit ans, j'exprime les mêmes pensées dans les termes suivants :
« En considération de ce que le Fils de Dieu « a souffert la mort pour tous (Hébreux 2 : 9) », Dieu a « réconcilié le monde avec soi, en ne leur imputant point leurs péchés (2 Corinthiens 5 : 19) ». Ainsi, pour l'amour de son Fils bien-aimé et de ce qu'il a fait et a souffert pour nous, Dieu s'engage (en y mettant une seule condition, que lui-même nous aide à remplir), à nous affranchir du châtiment mérité par nos péchés, à nous faire rentrer dans sa faveur, et à rendre à nos âmes mortes la vie spirituelle, prémices de la vie éternelle ».
                      Ces sentiments sont exprimés d'une manière plus étendue et plus détaillée dans le traité sur la justification que je fis paraître l'an dernier ; « Si, par cette expression : Imputer la justice de Christ, nous voulons dire communiquer celle justice (y compris son obéissance, tant active que passive), dans les fruits qu'elle a produits dans les privilèges, grâces et bénédictions qu'elle nous procure, on peut dire, dans ce sens, que le croyant est justifié par l'imputation de la justice de Christ. La signification de ces mots sera donc que Dieu justifie le croyant pour l'amour de la justice de Christ, et non à cause d'une justice qui lui serait propre. 

De même Calvin a dit (Institution, livre 2, chapitre 17) :
« Christ, par son obéissance, nous a procuré et mérité la grâce et la faveur de Dieu le Père». 
Et plus loin : 
« Christ, par son obéissance, nous a acquis et procuré la justice ». 
Et encore : 
« Toutes ces expressions, que nous sommes justifiés par la grâce de Dieu, que Christ est notre justice, que la justice nous a été procurée par la mort et la résurrection de Christ, disent la même chose, savoir que la justice de Christ, tant active que passive, est la cause méritoire de notre justification et nous a obtenu cette grâce de Dieu que, dès que nous croyons, nous sommes par lui considérés comme justes ».

                    Mais peut-être quelqu'un me dira-t-il : « Comment donc affirmez-vous que la foi nous est imputée à justice ? » Saint Paul l'affirme à plusieurs reprises, et c'est pour cela que je l'affirme, moi aussi. La foi est imputée à justice à tout croyant, savoir la foi à la justice de Christ, ce qui est absolument ce que nous avons déjà dit ; car, en employant ces termes, je veux seulement dire que nous sommes justifiés par la foi et non par les oeuvres, ou bien encore que celui qui croit est pardonné et reçu par Dieu uniquement à cause de ce que Jésus-Christ a fait et a souffert.
— « Mais le croyant n'est-il pas enveloppé ou revêtu de la justice de Christ ? » Oui , incontestablement ; et c'est pour cela que tout coeur croyant peut adopter le langage du cantique cité plus haut et qui signifie : Pour l'amour de la justice active et passive, je suis pardonné et reçu par Dieu.
— « Mais ne devons-nous pas quitter les misérables haillons de notre justice propre avant d'être revêtus de la justice sans tache de Christ ? » Oui, certainement c'est-à-dire, pour parler simplement, que nous devons nous repentir avant de pouvoir croire à l’Évangile. Il faut que nous ne comptions plus du tout sur nous-mêmes pour pouvoir nous appuyer véritablement sur Jésus-Christ.
                    Si nous ne commençons pas par renoncer à toute confiance en notre propre justice, nous ne saurions avoir une confiance sincère en la sienne. Aussi longtemps que nous comptons sur quelque chose que nous pouvons faire, il est impossible que nous mettions une foi entière en ce que Jésus a fait et a souffert. D'abord, il nous faut nous regarder nous-mêmes comme condamnés à mort (2 Corinthiens 1 : 9) ; » puis, nous pourrons croire en celui qui a vécu et est mort pour nous.
                    — « Mais ne croyez-vous pas à une justice inhérente ? » Oui, sans doute ; mais en la mettant à sa place, c'est-à-dire non comme moyen de trouver grâce devant Dieu, mais comme fruit de cette bénédiction, non comme tenant lieu de la justice imputée, mais comme en étant la conséquence.
                     Je crois, en effet, que Dieu met sa justice en tous ceux auxquels il l'a imputée. Je crois que « Jésus-Christ nous a été fait, de la part de Dieu, sanctification aussi bien que justice (1 Corinthiens 1 : 30) » c'est-à-dire qu'il justifie mais aussi sanctifie tous ceux qui croient en lui. Ceux à qui la justice de Christ a été imputée sont rendus justes par l'Esprit de Christ, sont « renouvelés et créés à l'image de Dieu dans une justice et une sainteté véritables. (Ephésiens 4 : 23,24) ».
                      --- « Mais ne mettez-vous pas la foi à la place de Christ et de sa justice ? » Aucunement ; je prends bien soin de mettre chaque chose à sa place. La justice de Christ est le fondement unique et entier de toutes nos espérances. C'est par la foi que, sous l'action du Saint-Esprit, nous pouvons bâtir sur ce fondement. Dieu nous donne cette foi, et dès ce moment nous sommes reçus par Dieu, non pas pourtant à cause de cette foi, mais à cause de ce que Jésus a fait et a souffert pour nous. Vous le voyez, chacune de ces choses est à sa place, et aucune d'elles n'est en conflit avec les autres. Nous croyons, nous aimons et nous nous efforçons de marcher sans reproche dans tous les commandements du Seigneur ; mais, tout en vivant ainsi, nous renonçons à nous-mêmes et cherchons notre refuge dans la justice de Jésus. Nous regardons sa mort comme notre unique fondement, et c'est au nom de Jésus que nous réclamons notre pardon et le salut éternel.
                     Je ne nie donc pas davantage la justice de Christ que je ne nie sa divinité : et l'on aurait aussi peu de raison de m'accuser de la première de ces a choses que de la seconde. Je ne nie pas non plus l'imputation de cette justice : sur ce point-là encore on m'accuse faussement et méchamment. J'ai toujours proclamé et je proclame encore constamment que la justice de Christ est imputée à quiconque croit. Qui sont d'ailleurs ceux qui le nient ? Ce sont tous les incrédules, baptisés ou non, tous ceux qui osent dire que le glorieux Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ est une fable composée avec artifice ; ce sont tous les Ariens et tous les Sociniens : ce sont tous ceux qui nient la divinité absolue du Seigneur qui les a rachetés. Ceux-là ne peuvent faire autrement que de nier sa justice divine, puisqu'ils le considèrent comme un simple homme ; et ils nient sa justice humaine, en tant qu'imputée à qui que ce soit, car ils croient que chacun trouve grâce par sa propre justice.
                    La justice humaine de Christ, tout au moins quant à son imputation et comme la cause unique et parfaite de la justification du pécheur devant Dieu, est aussi reniée par tous les membres de l'Eglise de Rome qui sont conséquents avec les principes de leur Eglise. Mais il y en a certainement parmi eux beaucoup qui, en fait d'expérience religieuse, valent mieux que leurs principes, et qui, tout en étant bien éloignés de parler de ces vérités d'une façon satisfaisante, ont une expérience intime bien supérieure à ce qu'ils savent exprimer. Tout en n'ayant à l'égard de cette grande vérité que des vues et un langage qui sont erronés, ils n'en croient pas moins du coeur, et, ils s'appuient sur Jésus-Christ seul en vue de leur salut présent et éternel.
                On peut ajouter à ceux-là les membres des Eglises réformées, auxquels on applique ordinairement le nom de Mystiques. Un des principaux, dans ce siècle, a été, en Angleterre, M. Law. C'est une chose bien connue qu'il niait absolument et hautement l'imputation de la justice de Christ, tout aussi hautement que ce Robert Barclay qui ne craignait pas de dire : « Justice imputée, absurdité imputée ! » Le gros de la communauté à laquelle on donne le nom de Quakers partage les mêmes vues. 
                  D'ailleurs, la plupart de ceux qui se considèrent comme membres de l'Eglise anglicane ignorent complètement ces choses, ne savent rien de la justice imputée de Christ, ou bien ils la nient, et la justification par la foi du même coup, comme étant contraires à la pratique des bonnes oeuvres. Il y a encore à ajouter à cette énumération un grand nombre de ceux qu'on appelle communément Anabaptistes, et des milliers de Presbytériens et d'Indépendants, que sont venus récemment éclairer les écria du docteur Taylor. Je ne me sens pas appelé à juger ces derniers : je les laisse au jugement de celui qui les a créés. Mais quelqu'un oserait-il affirmer que tous ces Mystiques, et M. Law en particulier, tous ces Quakers, tous ces Presbytériens, tous ces Indépendants et tous ces Anglicans, dont les opinions ou le langage laissent à désirer, ne possèdent aucune connaissance expérimentale de la religion chrétienne, et qu'ils sont conséquemment dans un état de perdition, « n'ayant point d'espérance, et étant sans Dieu dans le monde ? (Ephésiens 2 : 12) » 
                     Quelles que soient la confusion de leurs idées et l'incorrection de leur langage, ne peut-il pas y en avoir beaucoup parmi eux dont le coeur est droit devant Dieu et qui de fait connaissent « l’Éternel notre justice ? »
                  Quant à nous, béni soit Dieu I nous ne sommes pas de ceux qui ont, à l'égard de cette doctrine, des idées obscures ou un langage incorrect. Nous ne renions ni le fait ni l'expression ; mais, pour cette dernière, nous ne cherchons pas à l'imposer aux autres. Qu'ils l'emploient, ou bien tel ou tel autre terme qui leur paraît plus entièrement biblique, peu importe, pourvu que leur âme ne se confie qu'en ce que Jésus-Christ a fait et a souffert, et n'attende que de là le pardon, la grâce et la gloire.
                   Je ne saurais mieux rendre mes sentiments à cet égard qu'en citant ces paroles de M. Hervey, qui mériteraient d'être écrites en lettres d'or : « Nous ne nous préoccupons pas de faire adopter une série particulière de termes religieux. Que les hommes s'humilient aux pieds de Jésus comme des criminels repentants, qu'ils s'appuient sur ses mérites comme sur leur ressource la plus chère, et ils sont incontestablement dans le chemin de la vie éternelle.
               Est-il nécessaire, est-il possible d'en dire davantage ? Tenons-nous en à cette déclaration, et toute discussion au sujet des diverses façons de s'exprimer est comme coupée à la racine. Oui, tenons-nous en à ces paroles :
« Tous ceux qui s'humilient aux pieds de Jésus comme des criminels repentants et s'appuient sur ses mérites comme sur leur ressource la plus chère, sont dans le chemin de la vie éternelle ». Après cela, sur quoi disputerait-on ? Qui est-ce qui nie cela ? Ne pouvons-nous pas tous nous rencontrer sur ce terrain ? A propos de quoi nous querellerions-nous ? Voici un homme de paix qui propose aux parties belligérantes les fermes d'un accommodement. Nous ne demandons pas mieux, et nous les acceptons, les signons des deux mains et de tout coeur. Et si quelqu'un refuse d'en faire autant, mettez une marque à côté du nom, de cet homme ; car il est un ennemi de la paix, il trouble Israël, il nuit à l'Eglise de Dieu.
              Tout ce que nous craignons en ceci, c'est que quelqu'un ne se serve de ces expressions : « La justice de Christ » , « la justice de Christ m'est imputée » , comme d'un manteau pour couvrir son iniquité.
                  Nous avons vu cela mille fois. Un homme, par exemple, est repris à cause de son ivrognerie ; « Oh ! répond-il, je ne prétends pas du tout être juste par moi-même ; c'est Christ qui est ma justice ». On dit à un autre que « les injustes et les ravisseurs n'hériteront point le royaume de Dieu (1 Corinthiens 6 :9,10) ». Il répond avec une assurance parfaite : « En moi-même je suis injuste, mais j'ai en Christ une justice sans tache ». Et c'est ainsi qu'un homme a beau n'avoir de chrétien ni les dispositions ni la conduite, il a beau ne rien posséder des sentiments qui étaient en Jésus-Christ et ne marcher en rien comme il a marché, il n'en résiste pas moins victorieusement à toute accusation ; car il a pour cuirasse ce qu'il appelle « la justice de Christ ».
                  C'est pour avoir vu bien des cas déplorables de ce genre que nous tâchons de ne pas abuser de ces expressions. Et je sens que je dois vous avertir, vous qui en faites un usage fréquent ; je dois vous supplier, au nom du Dieu sauveur auquel vous appartenez et que vous servez, de mettre tous ceux qui vous entendent en garde contre l'abus de telles expressions. Avertissez-les (peut-être écouteront-ils votre voix !) de ne pas « demeurer dans le péché afin que la grâce abonde (Romains 6 : 1) », de ne pas faire « Christ ministre du péché (Galates 2 : 17) », de ne pas anéantir ce décret solennel de Dieu : « Sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur (Hébreux 12 : 14) », et cela en se persuadant faussement qu'ils sont saints en Christ. Dites-leur que, s'ils demeurent dans l'iniquité, la justice de Christ ne leur servira de rien. « Criez à plein gosier » (Esaïe 58 : 1) (n'y a-t-il pas lieu de le faire ?) que la justice de Christ nous est imputée précisément « afin que la justice de la loi soit accomplie en nous (Romains 8 : 4) », et afin « que nous vivions dans le siècle présent dans la tempérance, dans la justice et dans la piété (Tite 2 : 12) ».

III

                     Il ne me reste plus qu'à faire une application brève et directe de ce que je viens de dire. Tout d'abord, je m'adresserai à ceux qui font une violente opposition à l'emploi des termes que nous venons d'expliquer et sont tout disposés à condamner comme antinomiens tous ceux qui s'en servent. Mais n'est-ce pas là trop redresser l'arc et le courber en sens contraire ? Pourquoi condamner tous ceux qui ne parlent pas absolument comme vous ? Pourquoi leur chercher querelle parce qu'ils emploient les expressions qui leur conviennent, ou pourquoi vous en voudraient-ils de ce que vous faites de même ? Si l'on vous tracasse à cet égard, n'allez pas imiter une étroitesse que vous blâmez. Et dans ce cas, laissez-leur la liberté qu'ils devraient vous laisser. D'ailleurs, pourquoi se fâcher contre une expression ? — « Mais on en a fait abus !
                     Et de quelle expression n'a-t-on pas abusé ? Ainsi, il faut empêcher l'abus, mais non supprimer l'usage. Par-dessus tout, n'allez pas oublier l'importante vérité que ces termes expriment : « Toutes les bénédictions dont je jouis, toutes les espérances que je possède dans le temps et pour l'éternité, tout cela m'est donné entièrement et uniquement pour l'amour de ce que Jésus a fait et, a souffert pour moi ! »
                     En second lieu, je veux dire quelques mots à ceux qui tiennent beaucoup à employer les expressions en question. Laissez-moi vous demander si vous ne trouvez pas que je suis allé assez loin. Que peut-on raisonnablement désirer de plus ? J'accepte tout entier le sens que vous attachez à ces termes, c'est-à-dire que nous devons toutes nos grâces à la justice de Dieu notre Sauveur. 
                      Je consens, d'ailleurs, à ce que vous vous serviez de telle ou telle expression que vous préférerez et à ce que vous la répétiez mille fois, pourvu que vous n'en fassiez pas le pernicieux usage contre lequel vous et moi devons également protester. Pour moi, j'emploie fréquemment cette expression de justice imputée, et souvent je l'ai mise sur les lèvres de tout mon auditoire (Par ses cantiques – Trad.). 
                   Mais laissez-moi à cet égard ma liberté de conscience ; laissez-moi exercer mon jugement en toute liberté. Qu'il me soit permis d'employer ces termes toutes les fois qu'ils me sembleront préférables à d'autres ; mais ne vous emportez pas contre moi si je ne trouve pas bon de répéter la même formule toutes les deux minutes. Vous pouvez le faire, si vous y tenez ; mais ne me condamnez pas si je ne le fais pas. 
                    N'allez pas pour cela me faire passer pour un papiste ou pour « un ennemi de la justice de Christ ». Supportez-moi, comme je vous supporte, sans quoi nous n'accomplirons pas la loi de Christ. Ne poussez pas les hauts cris et ne vous mettez pas à proclamer que je renverse les bases du christianisme. Ceux qui me traitent ainsi me traitent bien injustement : que le Seigneur ne le leur impute point ! Depuis de longues années, je pose le même fondement que vous ; « car personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui a été posé, qui est Jésus-Christ. (1 Corinthiens 3 : 11) » 
                   Et sur ce fondement je bâtis, comme vous le faites, la sainteté intérieure et  extérieure, mais la sainteté par la foi. N'entretenez donc point en vos cœurs de l'éloignement, de la malveillance, ou même de la méfiance et de la froideur à mon égard. Même en admettant qu'il y eût entre nous divergence de vues, à quoi nous sert notre religion, si nous ne pouvons pas penser librement et laisser les autres faire de même ? Pourquoi ne me pardonneriez-vous pas aussi volontiers que je vous pardonne ? Mais, là vrai dire, il n'y a entre nous que des différences d'expression, et à peine cela, puisqu'il s'agit
seulement de savoir si l'on emploie plus ou moins fréquemment un terme particulier.                                      Assurément, il faut avoir bien envie de se quereller pour trouver là une pomme de discorde. Oh ! ne fournissons plus, pour de semblables bagatelles, à nos adversaires communs une occasion de blasphémer ! Ôtons plutôt désormais tout prétexte à ceux qui ne cherchent qu'un prétexte. Unissons enfin (et que ne l'avons-nous fait plus tôt !) unissons nos coeurs et nos mains pour servir notre glorieux Maître. Puisque nous avons « un seul Seigneur, une seule foi, une seule espérance par notre vocation, (Ephésiens 4 : 4,5) » fortifions-nous les uns les autres en notre Dieu, et, d'un seul coeur comme d'une même bouche, confessons au monde entier « l’Éternel notre justice ! »