vendredi 18 octobre 2013

(1) VERS LA SAINTETÉ (S. L. Brengle)

Fichier informatique Numérisation et OCR M-C P. Adapté pour 456-Bible.com Yves PETRAKIAN Mars 2007 – France
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S. L. Brengle Docteur en théologie 4° édition.
Titre original: Helps to Holiness

TABLE DES MATIÈRES (de la première partie)
·             Avant-propos à la quatrième édition
·             Introduction à la troisième édition
·        1.  La sainteté: En quoi consiste-t-elle?
·        2.  La sainteté- Comment l'obtenir?
·        3.  Obstacles à  la sainteté
·        4.  Les tentations de l'homme sanctifié
·        5.  Après une réunion de sanctification
·        6.  Combats le bon combat de la foi
·        7.  Le cœur de Jésus
·        8.  Le secret de la puissance
·        9.  Déperdition de force spirituelle
·        10. L'homme que Dieu emploie à son service
·        11. Votre propre âme                                                 
·        12. La troupe de Gédéon                                         
·        13. Ambassadeur dans les chaînes
·        14  La foi: grâce et don
·        15. Ne discutez point





AVANT- PROPOS A LA QUATRIÈME ÉDITION

Pourquoi une nouvelle édition de VERS LA SAINTETÉ?
Il y a plusieurs raisons à cela, mais nous nous contenterons d'en donner seulement quelques-unes.
 L'une des raisons principales de cette quatrième édition est l'importance qu'attache la Maison des Publications Nazaréennes- la maison d'édition officielle de l'Eglise du Nazaréen- aux ouvrages traitant de la doctrine biblique de la sainteté. Et VERS LA SAINTETÉ se place -par son caractère pratique -entre une présentation théologique abstraite et une application de simple dévotion. La troisième édition, datant de 1955, étant épuisée, nous avons jugé bon de remettre ce classique en circulation. Des demandes réitérées, venant de plusieurs pays, nous ont par ailleurs encouragés dans cette voie.
Une deuxième raison est d'ordre confessionnel.
L'Armée du Salut et L'Eglise du Nazaréen adhèrent toutes deux à l'interprétation wesleyenne de la sanctification comme une seconde oeuvre de grâce subséquente à la justification et accessible, par la foi, à tous les croyants. Le livre de Samuel Logan Brengle met en lumière cet aspect de la doctrine d'une façon telle que chaque croyant peut s'approprier l'expérience bénie, et recevoir dans sa plénitude l'Esprit de grâce et de vérité.
VERS LA SAINTETÉ, en dépit des nombreuses illustrations dont se sert l'auteur, se référant à l'Armée du Salut, est donc un ouvrage qui transcende les lignes confessionnelles ordinairement acceptées. En raison du caractère fondamental et universel de la doctrine de la sanctification personnelle du croyant, ce livre s'adresse à tous les chrétiens de tous les horizons théologiques, car ils sont tous appelés à rechercher cette" sanctification, sans laquelle nul ne verra le Seigneur"  (Hébreux 12:14).

Une dernière raison, enfin, est le caractère et la foi vivante de l'auteur. Né à Fredericksburg dans l'Indiana (E.U.A.) en 1860 et mort à New York en 1936, Samuel Logan Brengle a volontairement refusé une carrière brillante de pasteur méthodiste pour répondre à un appel plus élevé. Cet homme qui, au cours de son entraînement en Angleterre, cirait les bottes de ses compagnons salutistes (tout en pensant à Jésus lavant les pieds de Ses disciples) avait la profonde conviction que sa tâche, par-dessus tout, était "d'insister sur la sainteté du coeur et de la vie. . ." Il avait (selon son biographe, Clarence W. Hall,)-"une passion -la sainteté: pour lui-même, pour l'Armée du Salut, pour le monde entier des disciples professants du saint Fils de Dieu" (Portrait of a Prophet, p. 78).

Cette passion, Brengle la communiquait partout où il allait, à travers les Etats-Unis comme dans les pays européens qu'il visitait. Devenu évangéliste, il s'est servi de ses dons oratoires exceptionnels- acquis durant ses études à l'Université De Pauw (il voulait d'abord devenir un avocat) sous l'inspiration de l'Esprit, pour convier inlassablement les pécheurs au salut et les croyants à la sainteté.
La relation de Brengle avec son Seigneur était si étroite qu'il répandait autour de lui le parfum de la présence du Maître. A titre d'exemple, nous donnons l'illustration suivante tirée de sa biographie, Portrait of a Prophet (Portrait d'un prophète), p. 129:
"Au cours d'une réunion dans une certaine Eglise, une femme frappée de surdité était assise au premier rang; ne pouvant rien entendre, elle fixait les regards sur le visage de Brengle. Vers la fin de la réunion, elle pleurait tranquillement, et quand le moment de prier fut venu, elle s'approcha de l'autel et s'y agenouilla. Sa fille, pensant que sa mère avait peut-être recouvré l'ouïe, lui demanda: Avez-vous entendu le sermon? La mère répondit: Non, je n'ai rien entendu, mais j'ai vu Jésus sur le visage de cet homme. »

Puissent les lecteurs de cette nouvelle édition voir aussi Jésus les conviant à la sainteté -cette perfection du caractère chrétien- à travers les pages de VERS LA SAINTETÉ. Car, quoique mort Brengle parle encore (Hébreux 11 :4).

A part VERS LA SAINTETÉ, Brengle a écrit d'autres ouvrages qui malheureusement n'ont pas été traduits en français. Nous pensons à ces titres qui en disent long: When The Holy Ghost Is Come (Quand l'Esprit 'Saint est venu), The Soul- Winner's Secret (Le secret du gagneur d'âmes), Resurrection, Life and Power (Résurrection, vie et puissance).

Dans la préparation de cette nouvelle édition, nous nous sommes servis du texte de la troisième édition auquel nous avons apporté quelques corrections mineures, en nous référant au texte original. Nous avons, par ailleurs, conservé l'Introduction à la troisième édition, en raison de son importance.

Nous tenons à remercier ici M. Ron Cox, chef de territoire de L'Armée du Salut en France, pour ses bons offices. Par son intermédiaire, nous avons pu obtenir la permission officielle du Quartier Général, à Londres, rendant ainsi possible la publication de la présente édition. Nous la soumettons avec plaisir à la méditation de tous ceux dont l'âme "a soif de Dieu, du Dieu vivant" (Psaume 42:2).

LES ÉDITEURS  Kansas City, Missouri Juillet 1983




INTRODUCTION À LA TROISIÈME ÉDITION

S'il est vrai que chaque peuple a sa physionomie particulière, il est également vrai que la vie moderne a rapproché à certains égards les pays les plus divers. Bien sûr la concorde ne règne pas pour autant; du moins se connaît-on un peu .mieux....
La guerre- en mêlant les combattants, les prisonniers, les réfugiés- a concouru, malgré tout ce qu'elle implique de navrant et de hideux, à multiplier les contacts humains. Il en est de même des tensions politiques, sociales et économiques, pour pénibles qu'elles soient. Le commerce et l'industrie, plus qu'à n'importe quel moment de l'histoire, relient les continents.

La littérature, l'écran et singulièrement la radio ont grandement facilité les échanges culturels et, du même coup, les rencontres religieuses.

Même la chanson a servi, sans le vouloir, la bonne cause: grâce à son infiltration sonore dans tous les milieux, nos cantiques, de structure anglo-saxonne, ne choquent plus autant l'oreille continentale. On sait que le jazz américain a acquis droit de cité dans notre vieille et classique Europe, et les fameux negro-spirituals jouissent aujourd'hui de la faveur, tant des mélomanes que des croyants du monde entier.

Voilà pourquoi un livre comme Vers la Sainteté a, chez nous, bien plus de chances d'être compris de nos jours qu'il y a vingt ou trente ans.

Ecrit par un Américain, dans les premières décennies du siècle, ce petit livre reflète assurément la mentalité pragmatique et utilitaire propre au pays de son auteur.

Mais ce qui donne à cette étude sur la sanctification personnelle du chrétien une valeur universellement humaine, c'est l'amour qui s'en dégage -clair et chaud- pour tout homme, quelles que soient sa race ou sa classe, quelles que soient aussi ses affirmations ou ses négations religieuses, La foi de Brengle est assez rayonnante pour atteindre - à travers une expérience très personnelle et à certains égards exceptionnelle -l'âme de chacun,
Son Dieu est universel, précisément parce qu'Il se révèle individuellement.

Au-dessus de la doctrine et de la piété spécifiquement méthodistes (on sait que l'auteur a été tributaire de la théologie wesleyenne), on trouve dans "Vers la Sainteté" les accents des grands mystiques de la chrétienté.

Ainsi ce témoignage hardi : (Extrait de l'Introduction de la deuxième édition).

"Le 9 janvier 1885, vers 9 heures du matin, Dieu sanctifia mon âme.
 J'étais à ce moment-là dans ma chambre, mais presque aussitôt je sortis et vis dans la rue un ami auquel je racontai ce que le Seigneur venait de faire pour moi,"
", Dieu vit que mon intention était d'être fidèle jusqu'à la mort. Deux jours plus tard, au moment où je me levai et lus quelques-unes des paroles de Jésus, il répandit sur moi une bénédiction telle que je ne l'eusse jamais cru possible ici-bas. Un ciel d'amour était entré dans mon coeur.
Je me rendis avant le déjeuner dans un parc voisin, pleurant de joie et louant Dieu, Oh! Combien j'aimais! A cette heure-là, je connus Jésus et ressentis pour Lui en tel amour qu'il me sembla que mon coeur allait en être brisé, J'aimais les moineaux, j'aimais les chiens, j'aimais les chevaux, j'aimais les gamins des rues, j'aimais les étrangers qui me coudoyaient, j'aimais les païens -j'aimais le monde entier. , ."

Ce sont là des accents franciscains, n'est-il pas vrai? ' . ,
Quarante ans après cette expérience initiale, l'homme de Dieu chante son Amour, sa Joie, sa Reconnaissance:

"Il a veillé sur ma bouche, inspirant mes paroles, afin que je pusse parler au monde de Jésus et de Son grand salut, pour instruire, encourager et sauver d'autres âmes, Il a été pour moi la lumière dans mes ténèbres, la force dans ma faiblesse, la sagesse dans la folie, la connaissance au sein de mon ignorance,
"Lorsque mon chemin semblait sans issue au milieu des tentations et des difficultés, Il m'a ouvert une voie, comme Il entrouvrit jadis les flots de la mer Rouge devant Israël,
"Mon coeur souffrait-il? II m'a consolé; mon pied allait-il glisser? Il m'a soutenu; ma foi était-elle tremblante? II m'a encouragé, dans la détresse, Il est venu à mon secours; quand j'avais faim, Il m'a nourri; quand j'avais soif, Il m'a désaltéré d'eau vive,
"Gloire à Dieu! Que n'a –t -II pas fait! Que n'a-t-Il pas été pour moi! Oh! Combien je voudrais Le faire connaître au monde!
"Il m'a montré que le péché seul peut me nuire et que la seule chose qui puisse me faire du bien dans ce monde c'est 'la foi qui est agissante par la charité' (Gai. 5:6).
Il m'a enseigné à m'attendre à Jésus, par la foi, pour être sauvé de tout péché, de toute crainte, de toute honte; Il m'a appris à témoigner mon amour, en Lui obéissant en toutes choses et en cherchant par tous les moyens à amener d'autres à Lui obéir.
Je Le loue! Je L'adore! Je L'aime! Mon être entier Lui appartient pour le temps et pour l'éternité. Je ne suis plus à moi-même. II peut faire de moi ce qu'II jugera bon, car je suis à Lui. Je sais que ce qu'II choisira sera pour mon bien éternel. II est trop sage pour se tromper, trop bon pour me nuire. J'ai confiance en Lui, j'ai confiance en Lui, j'ai confiance en Lui! Mon attente est en Lui, non en l'homme ou en moi-même, mais en Lui. II a été avec moi durant ces quarante ans; je sais qu'II ne m'abandonnera jamais.

On se méprendrait en mettant cette joie spirituelle d'une intensité rare sur le compte d'un caractère particulièrement heureux, d'une santé invulnérable, d'un sort exceptionnellement favorisé. En réalité les épreuves ne furent jamais épargnées à Samuel Brengle: luttes morales, situations pénibles; plus d'une fois il fut tout près de la mort: accidents de route, maladies et opérations graves; sur le déclin, il perdit presque totalement la vue. Sa femme, joie et soutien de son apostolat, lui fut enlevée alors que lui-même se trouvait cloué à un lit de souffrance. Mais, tenté et éprouvé, peut-être au-delà du commun, il garda jusqu'au bout son inaltérable confiance en Celui qui sauve et sanctifie.
Vivant près de son Dieu, il était aussi très près des hommes. A son contact nul ne se sentait écrasé. Il savait rire. Son regard pouvait refléter autant d'amour que d'humour.
Évitant les controverses, il laissait à chacun la responsabilité de ses opinions. Quant à lui, il était toujours prêt à confesser sa foi et à apporter son témoignage.

Depuis sa tendre enfance il connaissait et aimait l'Ecriture Sainte. Avec le temps, il devint docteur en théologie.
Pasteur méthodiste, dont les succès oratoires promettaient un avenir brillant, il fut mystérieusement détourné d'une vie relativement facile, pour s'engager dans la voie d'aventure, de privations et d'humiliation qu'était, à l'époque, celle des officiers de l'Armée du Salut, en Amérique comme partout ailleurs. (A sa manière n'a-t-il pas épousé, lui aussi, "Dame Pauvreté"? . . .)
Auteur de plusieurs ouvrages religieux, tous destinés à aider les chrétiens dans leur marche ascendante, il commença sa carrière d'écrivain à l'âge mûr, par suite d'un accident qui aurait pu lui être fatal.
Alors qu'il était capitaine d'un poste d'évangélisation à Boston, un homme excité par la boisson lui lança une brique. Gravement atteint à la tête, il dut s'aliter pour de longs mois. C'est alors que, voulant se rendre utile, Brengle envoya quelques articles aux journaux salutistes. Pouvait-il se douter que ses articles d'abord, puis ses livres feraient un jour le tour du monde? Rapidement répandus dans les pays anglo-saxons, ils furent également traduits en plusieurs langues européennes et orientales. En vérité, comment ne pas bénir la brique meurtrière? . . . Cette fameuse brique sur laquelle revanche, doublement spirituelle, de la vaillante femme du blessé -celle-ci écrivit de sa main les sereines paroles d'un patriarche biblique: "Vous aviez médité de me faire du mal: Dieu l'a changé en bien . . . pour sauver la vie à un peuple nombreux" (Gen. 50:20). Prophétie pleinement réalisée, si l'on songe à ces dizaines de milliers d'hommes et de femmes, dans différents pays, devant lesquels s'ouvrirent les perspectives de la vie sainte, grâce au témoignage de Samuel Brengle.
Certes, il ne faut pas idéaliser un homme (la Bible ne le fait jamais). Il faut se garder de confondre les expériences et les interprétations personnelles avec la Révélation unique. Mais nous avons le droit et le devoir de perpétuer la mémoire de nos devanciers tels que le commissaire Brengle. Car leur lumineuse expérience enrichit notre patrimoine spirituel. Et non seulement le nôtre, en tant qu'Armée du Salut, mais encore celui de l'Eglise Universelle qui s'alimente sans cesse aux sources pures de la Consécration.

Encore un mot d'avertissement, destiné surtout aux jeunes salutistes et autres chrétiens qui sans cela risqueraient peut -être de tomber dans quelques pénibles méprises.
Dieu trouva Samuel Brengle dans une nation et à une époque déterminées; comme tous les hommes, il parla le langage de son temps. Cela ne signifie pas qu'il n'ait plus rien à dire aux nouvelles générations. (Est-ce que les grands croyants des temps reculés n'ont plus rien à dire? Un Wesley, un Pascal, un Calvin, un Saint Augustin? . . .Seulement pour bien assimiler leur message, il faut savoir les situer dans leur propre cadre psychologique et historique, pour faire ensuite certaines transpositions nécessaires).
Pour revenir à notre auteur, plutôt que de vouloir copier servilement (et naïvement) son expérience, apprenons de lui comment nous mettre à l'écoute de Dieu, pour recevoir des directives personnelles, conformes à l'Ecriture Sainte.
Nous ne pourrions mieux conclure qu'en nous référant à la remarque qui, dans le livre des Doctrines de l'Armée du Salut introduit le chapitre sur la "Vie Sainte":

"Ce très important sujet est de ceux qui se prêtent le plus difficilement à un exposé méthodique et concis. Il n'est pas de formule parfaite dans cet enseignement. Dieu mène les siens par des voies diverses vers l'accomplissement de Son dessein pour chacun d'eux et ce dessein est leur sanctification." (Doctrine, édition 1952, p. 115).

Et maintenant, puisse le livre que voici nous aider à nous pénétrer -dans une docilité éclairée et une totale disponibilité -de cette annonce merveilleuse: Le Dieu" trois fois saint" veut la sanctification de Ses enfants à qui la grâce est faite de savoir leur nom "écrit dans les cieux".
Paris, Mars 1955 V. Dolghin
Rédacteur en chef



CHAPITRE 1 La sainteté: En quoi consiste-t-elle?

Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! N'entreront  pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.   (Matthieu 7:21)
 "Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification . . . Car Dieu ne nous a pas appelés à l'impureté, mais à la sanctification" (1 Thessalonicien 4:3,7) et "Recherchez . . . la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur" (Hébreux 12:14). C'est pourquoi: ". . . soyez saints . . . !" (1 Pierre 1:15).

 Dieu attend de Son peuple qu'il soit saint. Tel est l'enseignement que découvrira sans peine dans la Bible quiconque la lit avec sincérité, "n'altérant point la parole de Dieu". Nous devons être saints afin d'être heureux et utiles ici-bas, et d'entrer ensuite dans le Royaume des Cieux.
 Une fois convaincu de la volonté de Dieu et des affirmations de Sa Parole à cet égard, l'homme sincère se demandera ensuite: "Mais qu'est-ce que la sainteté? Quand en ferai-je l'expérience, et de quelle manière?"
 Les réponses à ces questions varient à l'infini. Cependant, pour quiconque cherche honnêtement la vérité, la Bible est simple et claire sur chacun de ces points. Elle définit la sainteté comme étant la délivrance parfaite du péché. "Le sang de Jésus son Fils nous purifie de TOUT péché" (1 Jean. 1: 7). Il n'en reste plus une parcelle, car le vieil homme est crucifié, "afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché; car celui qui est mort est libre du péché" (Romains 6:6-7).
 Nous devons désormais nous regarder" comme morts au péché et comme vivants pour Dieu, en Jésus-Christ" (Romains 6:11).
 La Bible nous dit aussi que sainteté signifie" amour parfait" (1 Jean. 4:18), bannissant du coeur, par sa nature même, toute haine, toute animosité contraire à l'amour, de même que doit disparaître toute l'huile contenue dans une coupe qu'on veut remplir d'eau.
 Ainsi, la sainteté est un état dans lequel ne subsistent ni colère, ni malice, ni blasphème, ni hypocrisie, ni envie, ni amour du confort, ni désir de la bonne opinion des hommes, ni honte de la croix, ni mondanité, ni tromperie, ni discorde, ni convoitise, ni aucun mauvais désir ou penchant.

 C'est un état d'où sont désormais bannis le doute et la crainte. C'est un état dans lequel l'homme aime Dieu et se confie pleinement en Lui. Mais si le cœur peut être parfait, il ne s'ensuit pas que les facultés intellectuelles le soient aussi. A cause des imperfections de sa mémoire, de son jugement, de sa raison, l'homme peut donc commettre des erreurs. Mais Dieu qui regarde à la sincérité de ses intentions, à l'amour et à la foi de son cœur, le considère saint.
 La sainteté n'est donc pas la perfection absolue qui n'appartient qu'à Dieu; ce n'est pas davantage une perfection angélique, ni celle que possédait, sans aucun doute, Adam, parfait de coeur et d'esprit, avant de pécher contre Dieu. Mais c'est la perfection chrétienne, cette perfection et cette obéissance du cœur qu'on peut attendre d'un être vil et déchu, secouru par la toute-puissance et la grâce divines.
 Elle consiste à être et faire en tout temps -non par élans seulement, mais d'une manière constante-ce que Dieu désire que nous soyons et fassions.
 Jésus a dit: "Tout bon arbre porte de bons fruits" (Matthieu 7:17). Un pommier demeurera toujours un pommier et ne pourra produire autre chose que des pommes. Ainsi la sainteté est ce renouvellement parfait de notre nature qui nous rend essentiellement bons, de sorte que nous portons continuellement des fruits pour Dieu -les fruits de l'Esprit qui sont "l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance" (GaIates 5:22) sans que jamais la moindre oeuvre de la chair se glisse parmi ces fruits célestes.
Gloire à Dieu! Ici-bas déjà, dans ce monde où Satan et le péché ont causé notre ruine, le Fils de Dieu peut nous transformer ainsi, nous rendant capables de nous" dépouil1er. . . du vieil homme" et de ses œuvres et de "revêtir l'homme nouveau créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité" (Ephésiens 4:21-24), l'homme nouveau" qui se renouvelle dans la connaissance, selon l'image de Celui qui l'a créé" (Colossiens 3: 10).

 On objectera sans doute: "Oui, tout ce que vous dites est vrai, mais je ne crois pas qu'il soit possible de parvenir à cet état de sainteté avant l'heure de la mort. La vie du chrétien est une vie de luttes, et nous devons soutenir le bon combat de la foi jusqu'à l'heure dernière; alors Dieu nous accordera la grâce suprême".

 Nombre de chrétiens sincères partagent cette manière de voir. Par suite, ils ne font aucun effort réel pour devenir "parfaits et pleinement persuadés" (Colossiens 4: 12)en tout ce qui est pour eux "la volonté de Dieu". Tout en répétant journellement dans leurs prières: "Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel" (Matthieu 6:10), ils ne croient pas à la possibilité de faire la volonté de Dieu. Ils font ainsi de Jésus l'auteur d'une prière chimérique dont on prononce sans fin les mots en pure perte.
 Cependant, je puis être et faire ce que Dieu demande journellement de moi ici-bas, aussi aisément que l'archange Gabriel peut être et faire ce que Dieu demande de lui dans les cieux. Sinon, où seraient la justice et la bonté de Dieu dans Ses exigences à mon égard? Il attend de moi que je L'aime et Le serve de tout mon cœur et l'archange Gabriel lui-même ne peut faire davantage; or, par la grâce de Dieu, je le puis aussi bien que l'archange.
 En outre, la promesse de Dieu est là: "Si tu reviens à l'Eternel, ton Dieu, et si tu obéis à sa voix de tout ton cœur et de toute ton âme . . . l’Éternel, ton Dieu circoncira ton coeur et le coeur de ta postérité, et tu aimeras l’Éternel, ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, afin que tu vives" (Deutéronome 30:1, 2,6).
 Ailleurs, Il nous promet que, "délivrés de la main de nos ennemis", nous pourrons Le servir "sans crainte, en marchant devant Lui dans la sainteté et dans la justice tous les jours de notre vie" (Luc 1:74-75) Cette promesse en elle-même devrait convaincre toute âme sincère que Dieu veut que nous soyons saints dès ici-bas.
 Le bon combat de la foi est le combat livré pour garder cette bénédiction malgré les assauts de Satan, les obscurités du doute, les attaques d'une Église incrédule et celles d'un monde ignorant et sceptique.
 Ce n'est pas contre nous-mêmes que nous devons combattre après avoir été sanctifiés; car saint Paul déclare expressément que "nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes" (Ephésiens 6:12).
Encore une fois, dans toute la Parole de Dieu, aucun texte ne prouve que cette bénédiction ne puisse être accordée avant la mort. Accepter des mains de Dieu la grâce qu'Il offre pour vivre saintement, c'est assuré"ment le seul moyen de s'assurer celle de mourir saintement.  
 Au reste, la Bible déclare expressément que "Dieu peut vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne oeuvre" (2 Corinthiens 9:8). Puisque les bonnes œuvres doivent s'accomplir pendant cette vie, ce n'est pas seulement à l'heure de la mort que la grâce nous est nécessaire.



CHAPITRE 2  La sainteté: Comment l'obtenir?

Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la connaissance. (Osée 4:6)
. . la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. (Jean 17:3)

 Un professeur, âgé de plus de quatre-vingt ans, disait, un jour, dans une réunion de sainteté: "Je crois à la sainteté; mais je ne crois pas qu'elle s'acquiert tout d'un coup, comme vous le prétendez. Je crois que c'est une oeuvre progressive".
Des milliers d'hommes n'ont pas connu la glorieuse expérience de la sainteté à cause de cette erreur très répandue, s'ajoutant à celle qui fait dépendre de la mort la libération du péché et la réalisation de la sainteté. Une telle erreur empêche de reconnaître le caractère odieux du péché, et méconnaît, en outre, le simple moyen de la foi, le seul par lequel il peut être détruit.
 La sanctification complète est à la fois une soustraction et une addition.
 Tout d'abord, l'âme est purifiée en "rejetant toute malice et toute ruse, la dissimulation, l'envie, et toute médisance" (1 Pierre 2:1), en un mot, tout mauvais sentiment et tout désir égoïste contraire à l'esprit du Christ. De nature, cette oeuvre de sanctification ne peut être le résultat d'une croissance; pour croître, il faut recevoir, tandis que, pour être purifié, il faut perdre. La Bible dit: ". . . renoncez à toutes ces choses, à la colère, à l'animosité, à la méchanceté, à la calomnie, aux paroles déshonnêtes" (Colossiens 3:8). L'apôtre parle de ces choses comme devant être enlevées par l'homme, de la même manière qu'il enlève son habit. Ce n'est pas en plusieurs fois qu'un homme ôte son vêtement, mais par un effort volontaire et immédiat de tout son corps. C'est là une soustraction.
 Mais l'apôtre ajoute: "... comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience" (Colossiens 3:12). Ce n'est pas non plus en plusieurs fois qu'un homme met son habit, mais par un effort semblable de tout son corps.
 Un homme peut grandir dans son habit (jusqu'à ce qu'il devienne trop petit), mais pas vers son habit; il doit d'abord le mettre. De même, un homme peut" croître dans la grâce" mais pas vers la grâce. Un homme peut nager dans l'eau mais pas vers l'eau.
 Ce n'est pas progressivement que vous enlevez les mauvaises herbes de votre jardin, mais en les arrachant complètement et d'un seul coup par un usage vigoureux du sarcloir et du râteau.
 Ce n'est pas progressivement que le cher petit enfant, qui a taché son vêtement en se roulant dans la cour avec le chat et le chien, sera nettoyé. Il pourrait grandir jusqu'à l'état d'homme fait et rester sale. C'est en le lavant d'un trait avec de l'eau pure que vous le rendrez présentable.
 Ainsi la Bible dit: "A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang" (Apocalypse 1:5). "Le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché" (1 Jean. 1:7). C'est aussi ce que dit notre cantique:

O Jésus, Ton sang précieux
A lavé mon iniquité!
Oui, Tu m'as répondu des cieux,
Ton amour m'a tout pardonné.
Je Te contemple et je puis croire
Qu'en Toi j'ai complète victoire. , ,
Au pied de Ta croix, maintenant,
Je me relève triomphant!

 Tout cela fut expliqué au professeur en question. Avec soixante années d'expérience chrétienne derrière lui se trouvait-il plus près d'obtenir le don inestimable d'un cœur pur qu'aux premiers jours de sa vie chrétienne? Il reconnut honnêtement que non.
 On lui demanda alors s'il n'estimait pas que soixante ans fussent une période assez longue pour prouver l'exactitude de sa théorie au cas où elle serait vraie. Il l'admit et consentit à demander sur-le-champ la bénédiction de la sainteté.
 Il ne l'obtint pas en cette première soirée; mais il revint le soir suivant. A genoux depuis cinq minutes à peine, il se releva et les bras étendus, les joues ruisselantes de larmes, le visage rayonnant d'une clarté céleste, il s'écria: Autant l'Orient est éloigné de l'Occident, autant il a éloigné de moi mes transgressions (Psaume 103:12). Il rendit témoignage quelque temps encore de cette merveilleuse grâce de Dieu en Christ; puis s'en alla triomphant, dans le sein de ce Dieu que nul ne verra sans la sanctification.
 -Mais, me disait un homme que je pressais de rechercher à l'instant la sainteté, je l'ai obtenue au moment de ma conversion. Dieu ne fait pas les choses à moitié. Son oeuvre en moi a été complète lorsqu 'Il m'a sauvé.
 -Assurément, Dieu fait une oeuvre parfaite. En vous convertissant, Il vous a pardonné tous vos péchés; Il les a effacés comme une nuée (Esaïe 44:22), afin de ne plus se souvenir de vos péchés (Jérémie 31:34); Il vous a adopté comme membre de Sa famille et vous a donné Son Saint-Esprit, afin qu'Il vous rende témoignage de cette présente grâce. Cette assurance vous a rendu plus heureux que l'annonce d'un héritage de plusieurs millions, ou de votre nomination à une haute position officielle, car elle vous a fait héritier de Dieu et cohéritier de notre Seigneur Jésus-Christ (Romains 8:17). Gloire à Dieu! Quelle grande chose que la conversion! Mais, mon frère, êtes-vous délivré de toute impatience, de toute colère et autres péchés semblables? Vivez-vous une vie sainte?
 -Je ne considère pas la question exactement comme vous, reprit-il. Je ne crois pas que nous puissions, en cette vie, être délivrés de toute impatience et de toute colère.
 Et comme j'insistais sur ce point, il finit par éluder la question et contredire sa propre assertion d'être entré en possession de la sainteté au moment de sa conversion. Comme l'écrivait quelqu'un: "Il nierait la maladie plutôt que de prendre le remède",
 Le fait est que ni la Bible, ni l'expérience ne prouvent que salut et sainteté s'accomplissent simultanément, bien au contraire. L'homme qui se convertit reçoit, avec le pardon de ses péchés l'assurance de son entrée dans la famille de Dieu. Ses désirs changent alors d'orientation. Mais, bien vite, il s'aperçoit que sa patience est mêlée d'humeur, sa bonté de colère, sa douceur d'irritation (sentiments qui procèdent du cœur et dont lui-même a pleinement conscience, même s'ils passent inaperçus pour le monde), son humilité d'orgueil, sa fidélité à Jésus alliée à la honte de la croix. En un mot, il trouve les fruits de l'Esprit et les œuvres de la chair mélangés en lui à des degrés divers.
 Cet état de choses cessera quand son cœur sera purifié; ce qui exige une oeuvre nouvelle de la grâce, précédée d'une consécration absolue et d'un acte de foi aussi défini que celui dont sa conversion dépendait.
 Après sa conversion, son ancienne nature pécheresse est semblable à un arbre coupé dont le tronc reste encore en terre. L'arbre lui-même ne causera plus d'ennuis, mais, si l'on n'y prend garde, de petits rejetons continueront à sortir du tronc. Faire sauter la souche à la dynamite sera le moyen radical d'en finir.
 Dieu veut, de même, placer dans toute âme convertie la dynamite du Saint Esprit le mot dynamite, dérivé du grec, signifie puissance (Actes 1:8)-afin d'en finir pour toujours avec l'ancienne et embarrassante nature pécheresse, de sorte qu'on puisse dire en toute vérité: "Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles" (2 Corinthiens 5:17).
 C'est précisément ce que Dieu fit pour les apôtres le jour de la Pentecôte. Pourtant, personne ne peut nier qu'ils étaient déjà convertis, puisque Jésus Lui-même leur avait dit: "Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux" (Luc 10:20). Or, le nom d'un homme s'inscrit dans les cieux seulement après sa conversion.
 C'est d'eux aussi que Jésus avait dit: ". . . ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde" (Jean. 17:14), ce qui ne pouvait s'appliquer à des inconvertis. Nous devons donc en conclure que les apôtres étaient déjà convertis, mais n'avaient pas reçu la bénédiction d'un cœur pur avant la Pentecôte.
 Or, ils la reçurent en ce jour-là. Pierre le déclare de la façon la plus claire lorsqu'il dit (Actes 15:8-9): "Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous; Il n'a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi."
 Jusqu'alors, Pierre était tantôt plein de présomption, tantôt rempli de crainte. Un jour, il s'écrie: "Quand tu serais pour tous une occasion de chute, te ne le seras jamais pour moi. Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas" (Matthieu 26:33,35). Peu de temps après, quand la foule s'avance pour saisir son Maître, il attaque hardiment et combat avec son épée; le lendemain, l'excitation passée, et l'enthousiasme éteint, il se laisse intimider par une servante, au point de faire des imprécations et de renier par trois fois son Maître!
 Ne s'en trouve-t-il pas parmi nous qui se montrent de même pleins de courage au milieu de l'entrain général et quand tout leur est favorable? Ils pourront encore, à l'occasion, faire front aux adversaires et riposter en jouant du poing (Allusion aux persécutions subies par les salutistes des premiers jours) mais ils n'ont pas le courage de porter l'uniforme à l'atelier, de peur d'encourir le mépris de leurs compagnons et les railleries des gamins de la rue. De tels soldats aiment la parade, mais reculent devant une vraie mêlée.
 Le jour de la Pentecôte, Pierre eut la victoire; la puissance du Saint-Esprit entra en lui. Il reçut un cœur pur d'où l'amour parfait avait banni la crainte. Aussi, après son emprisonnement, recevant du Sanhédrin l'interdiction de prêcher à nouveau dans les rues, l'apôtre répondit: "Jugez s'il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu'à Dieu; car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu" (Actes 4:19-20). Dès sa libération, on le retrouvait dans les rues, annonçant la bonne nouvelle d'un salut parfait.
 Après cela, Pierre fut pour jamais à l'abri de la crainte, et l'orgueil spirituel n'eut plus de prise sur lui; aussi, lors de la guérison du paralytique,  put -il s'écrier devant le peuple étonné, accouru autour de lui: "Hommes Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de cela? Pourquoi avez-vous les regards fixés sur nous, comme si c'était par notre propre puissance ou par notre piété  que nous eussions fait marcher cet homme? . . . Le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus. . . C'est par la foi en son nom que son nom a raffermi celui que vous voyez et connaissez; c'est la foi en Lui qui a donné à cet homme cette entière guérison"  (Actes 3:12, 13, 16).
 Il ne resta plus rien chez l'apôtre de cette violence qui lui fit couper l'oreille du soldat lors de l'arrestation de Jésus; mais il s'arma de la pensée qui est en Christ (1 Pierre 4:1), en disciple de Celui qui nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces (1 Pierre 2:21).
 "Mais, nous ne pouvons recevoir ce que reçut Pierre le jour de la Pentecôte", m'écrivait un jour, quelqu'un. Cependant, au cours de la grande prédication qu'il fit entendre ce jour-là, Pierre déclara lui-même: ". . . vous recevrez le don du Saint-Esprit; car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin" -même dans dix-neuf cents ans-" en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera" (Actes 2:38-39). Tout enfant de Dieu peut donc l'obtenir en se donnant entièrement à Dieu et en le demandant avec foi: "Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez . . . si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent" (Luc 11 :9-13). Cherchez-Le de tout votre cœur et vous Le trouverez, car Dieu l'a dit et Il attend de pouvoir se donner à vous.
 Un jeune homme, se préparant à devenir officier de l'Armée du Salut, sentit la nécessité d'avoir un cœur pur. Après la réunion, il rentra chez lui, prit sa Bible, lut le second chapitre des Actes, à genoux devant son lit, et dit au Seigneur qu'il n€ se relèverait point avant d'avoir reçu un coeur pur rempli du Saint-Esprit. Il n'avait pas prié longtemps que le Seigneur vint soudainement à lui et le remplit de sa gloire; le visage du jeune homme resplendissait et son témoignage embrasait les cœurs depuis cet exaucement.
 Vous pouvez, de même, obtenir cette grâce en vous tenant devant le Seigneur, animé d'un esprit et d'une foi semblables. Il fera pour vous, par la puissance qui agit en vous, infiniment au delà de tout ce que vous demandez et pensez (Ephésiens 3 :20).




CHAPITRE 3  Obstacles à la sainteté

 La sainteté ne court pas les rues à la recherche des oisifs, comme semblait le croire un chrétien paresseux qui pensait que cette bénédiction lui "viendrait d'elle-même quelque jour". A quoi une camarade lui répondit fort à propos: "Autant attendre que la salle de réunion vienne à vous".
 Il est certain que maints obstacles barrent à beaucoup le chemin de la sainteté; mais vous, qui la recherchez, rejetez pour jamais la pensée qu'un seul de ces obstacles vienne de Dieu ou des circonstances particulières dans lesquelles vous vous trouvez. C'est en vous qu'ils résident, aussi nombreux soient-ils. Ceci posé, c'est donc le comble de la folie d'attendre paisiblement, les mains jointes, que cette glorieuse expérience vienne à vous. Croyez-moi, elle ne viendra pas plus à vous qu'une récolte de pommes de terre n'ira au-devant du paresseux qui, assis à l'ombre, ne se sert de sa bêche ni au printemps, ni en été. La règle dans le monde spirituel est: "Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus" (2 Thessaloniciens 3:10), et "Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi" (GaIates 6:7).
 La sagesse consiste donc à découvrir le nombre et la nature de ces obstacles. Pour cela, il faudra se livrer à une étude systématique de la Parole de Dieu, s'adonner à la prière avec persévérance, s'examiner avec sévérité, renoncer à soi-même, obéir joyeusement à toute la lumière de Dieu, et fréquenter assidûment les réunions chrétiennes.
 Puis, une fois ces obstacles découverts, il faudra les écarter, avec l'aide de Dieu, dut-il en coûter autant que de se couper la main droite ou s'arracher l’œil droit 1 Or, la Bible, confirmée par le témoignage et l'expérience de tous les saints, nous dit que les deux principaux obstacles à la sainteté sont: premièrement, une consécration incomplète; deuxièmement, une foi imparfaite.
 Avant que l'horloger puisse nettoyer et régler ma montre, je dois la lui confier; pour que le docteur puisse me guérir, je dois prendre son remède selon ses indications. Pour qu'un capitaine puisse me conduire à travers un océan où nulle route n'est tracée, je dois monter à bord de son vaisseau et y rester. De même, si je veux que mon cœur soit purifié, contrôlé dans toutes ses manifestations, que mon âme -tarée par le péché- soit guérie; si je désire que le Seigneur me conduise sain et sauf de l'océan du temps dans celui, plus vaste encore, de l'éternité, je dois me remettre entièrement entre ses mains et y demeurer. En d'autres termes, je dois faire ce qu'Il me dit et Lui être entièrement consacré.

 Une capitaine de l'Armée du Salut, priant avec ses soldats, chantait:
 Partout avec Jésus, je Le suivrai partout.
 Mais elle ajoutait en elle-même: "Seigneur, partout, Excepté à X.. .".

 Sa consécration était imparfaite; elle a, depuis, quitté les rangs. Jésus ne pouvait ni la purifier, ni la garder, puisqu'elle n'était pas prête à tout par amour pour Lui. . . Il y a quelque temps, un pauvre rétrograde me disait qu'il savait bien qu'à un moment donné il aurait dû renoncer au tabac. Dieu lui demandait ce sacrifice; mais il continuait à fumer en secret. Sa consécration imparfaite le retint loin de la sainteté et le conduisit à la ruine; c'est aujourd'hui un malheureux ivrogne qui s'achemine vers l'enfer. Il y avait dans son cœur une secrète déloyauté et Dieu ne pouvait ni le purifier ni le garder.
 Le Seigneur demande de vous une parfaite loyauté intérieure, non seulement pour Sa gloire, mais aussi pour votre bien; car, si vous voulez bien comprendre, la plus grande gloire de Dieu et votre plus grand bien sont une seule et même chose.
 La consécration consiste à se dépouiller entièrement de sa volonté propre, de ses dispositions, de son caractère, de ses désirs, de ses sympathies et antipathies, et à se revêtir de la volonté, des dispositions, du caractère, des sympathies et des antipathies du Christ. En un mot, la consécration consiste à se dépouiller de soi-même pour se revêtir du Christ, à renoncer, en toutes choses, à sa volonté propre pour faire la  volonté de Jésus-Christ. Cela peut paraître presque impossible et très désagréable à un cœur non sanctifié, mais si votre intention est d'accomplir un travail qui demeure, et si vous fixez résolument vos regards sur la porte étroite par laquelle il y en a peu qui entrent, si vous dites au Seigneur que vous voulez marcher dans ce chemin-là, dut-il vous en coûter la vie, le Saint-Esprit vous montrera bientôt qu'il est non seulement possible, mais facile, et agréable, de vous abandonner ainsi à Dieu.

 Le second obstacle sur la route de celui qui recherche la sainteté est une foi imparfaite. Quand Paul écrivait aux salutistes de Thessalonique, il les louait d'être en exemple à tous les croyants, tant en Macédoine qu'en Achaïe, ajoutant: "Votre foi en Dieu s'est fait connaître en tout lieu" (1 Thessaloniciens 1:7-8).

 Cette Église était la plus vivante de la chrétienté, sa foi réelle et solide lui permit d'endurer la persécution, comme nous le voyons dans la première Épitre aux Thessaloniciens (chap. 1:6; 2:14 et 3:2-5); de sorte que Paul pouvait dire: ". . . au milieu de toutes nos calamités et de nos tribulations, nous avons été consolés à votre sujet, à cause de votre foi" (chap. 3:7). Foi solide sans doute, mais incomplète puisque Paul ajoute: "Nuit et jour nous le prions avec une extrême ardeur de nous permettre de vous voir, et de compléter ce qui manque à votre foi" (1 Thessaloniciens 3: 10).
Or, s'ils n'étaient pas sanctifiés, c'est que leur foi était imparfaite; c'est pourquoi l'apôtre termine sa lettre par ces mots: "Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers" (1 Thessaloniciens 5:23).

 Tous ceux qui sont nés de Dieu et tiennent du Saint Esprit le témoignage de leur justification, savent parfaitement bien que ce n'est point par leurs bonnes œuvres, ni par un développement graduel qu'ils ont été sauvés, mais par la grâce qui s'obtient par la foi (Eph. 2:8-9), tandis que beaucoup de gens paraissent s'imaginer que nous croissons vers la sanctification--ou que nous l'obtenons- par nos propres œuvres. Pourtant le Seigneur Lui-même a résolu cette question de la manière la plus claire. Ne dit-Il pas à Paul qu'Il l'envoie vers les païens afin de leur ouvrir les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçoivent, par la foi en Lui, le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés (Act. 26:18). Ce n'était point par leurs œuvres, ni graduellement qu'ils devaient être rendus saints, mais par la foi.
 Si donc vous voulez être saints, vous devez vous approcher de Dieu". . . avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi. . ." (Hébreux 10:22), et si vous attendez patiemment, en vous tenant devant Lui, cette oeuvre merveilleuse s'accomplira.

 La consécration et la foi sont du domaine du cœur et, pour beaucoup, c'est là que gît la difficulté. D'autres croyants encore sont arrêtés par un obstacle qui a sa source dans l'intelligence. La bénédiction leur échappe parce qu'ils ne recherchent pas assez haut.

 La sainteté est une grande bénédiction. C'est le renouvellement de l'homme entier à l'image de Jésus. C'est la destruction complète de toute haine, de toute envie, de toute malice, de toute impatience, de toute convoitise, de l'orgueil, de l'impureté, de la crainte des hommes, de la honte de la croix, de la recherche de soi ou de l'admiration humaine, du goût des grandeurs ou de l'amour des aises. Elle rend celui qui la possède "doux et humble de cœur" (Matthieu 11:29), comme Jésus l'était Lui-même, plein de mansuétude, d'amour et de foi, patient, bienveillant, compatissant, zélé pour les bonnes œuvres.

 Or, j'ai entendu certaines personnes se réclamer de la bénédiction de la sainteté pour avoir renoncé à fumer, à porter des parures mondaines, tandis qu'elles demeuraient impatientes, sans charité ou absorbées par les soucis du monde. Elles ne tardèrent pas à se décourager, concluant que cette bénédiction n'existait pas, et devinrent d'amers adversaires de la doctrine de la sainteté, simplement pour avoir cherché une bénédiction trop minime. Elles avaient renoncé à certaines choses extérieures; mais la vie cachée du moi n'avait pas été crucifiée. Le mineur enlève la gangue attachée au minerai, mais il ne peut modifier la composition intime de celui-ci; c'est là l’œuvre du feu par lequel doit passer le minerai pour devenir métal pur. Il est de même nécessaire de renoncer aux choses extérieures mais seul le baptême de Saint-Esprit et de feu peut purifier les désirs secrets, les affections du cœur et le sanctifier. Si donc vous voulez recevoir ce baptême du feu, vous devez y aspirer ardemment dans une consécration et une foi parfaites.

 D'autres n'obtiennent pas cette bénédiction parce que ce qu'ils cherchent diffère absolument de la sainteté. Ils s'attendent à une vision de flammes de feu ou à l'apparition d'un ange; ils veulent posséder un pouvoir qui jette, à leur voix, les pécheurs la face contre terre. Ils oublient ce verset qui déclare: "Le but du commandement, c'est une charité venant d'un cœur pur, d'une bonne conscience, et d'une foi sincère" (1 Timothée 1:5). Il nous enseigne que la sainteté n'est autre chose qu'un cœur pur, plein d'une charité parfaite, une conscience pure devant Dieu et devant les hommes, provenant de l'accomplissement fidèle du devoir et de l'exercice d'une foi simple, dénuée d'hypocrisie. Ils oublient que la pureté et l'amour parfait sont si conformes à l'image de Christ, qu'ils constituent en eux-mêmes, par leur propre valeur, une grande, une immense bénédiction. Ils oublient que, Roi des rois et Seigneur des seigneurs (Ap. 17:14), Jésus fut l'humble charpentier qui ". . . s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur. . .", et". . . s'est humilié lui-même" (Phil. 2:7-8). Ils oublient qu'ils doivent être semblables à Jésus dans ce monde qui devint le lieu de son humiliation, et dans lequel Il parut "méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance", n'ayant" ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards" (Esaïe 53:3, 2). Sa seule beauté ici-bas est la splendeur intérieure de la sainteté, cet esprit d'humilité, de douceur et d'amour, cette "parure intérieure et cachée dans le cœur, la pureté incorruptible d'un esprit doux et paisible, qui est d'un grand prix devant Dieu" (1 Pi. 3:4).

 Votre âme a-t-elle faim et soif de la perfection de l'amour? Voulez-vous être semblables à Jésus? Êtes-vous prêts à souffrir avec Lui, à être haïs de tous à cause de Son nom? (Mat. 10:22). Si oui, "rejetant tout fardeau, et le péché qui [vous] enveloppe si facilement" (Héb. 12:1), offrez votre corps" comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable" (Rom. 12:1), et courez" avec persévérance dans la carrière qui vous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi" (Héb. 12:1-2). Venez au Seigneur avec la même simplicité de foi qu'au moment de votre conversion, exposez-Lui votre cas, demandez-Lui d'enlever toute souillure, de vous perfectionner dans l'amour et croyez qu'Il le fait, Si vous êtes résolus à résister à toutes les tentations de Satan qui ont pour but de vous entraîner dans le doute, vous verrez bientôt disparaître tous les obstacles et vous vous réjouirez "d'une joie ineffable et glorieuse" (1 Pierre 1:8). "Que le Dieu de paix vous sanctifie Lui-même tout entiers, et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus Christ! Celui qui vous a appelés est fidèle, et c'est lui qui le fera" (1 Thessaloniciens 5 :23-24).




CHAPITRE 4  Les tentations de l'homme sanctifié

 "Comment un homme 'mort au péché' peut-il être tenté?" me demandait, il y a peu de temps, un chrétien sincère, mais non sanctifié. "Si les penchants mêmes et les dispositions au péché sont détruits, que reste-t-il en l'homme qui puisse répondre aux sollicitations du malin?"
 Tout homme doit en venir à se poser la question tôt ou tard. Lorsque Dieu m'en indiqua la réponse, Il répandit une grande clarté sur ma route, me rendant capable de vaincre Satan dans maintes batailles rangées.
 Les tentations ordinaires aux autres hommes n'éveillent plus d'écho chez le croyant véritablement sanctifié et "mort au péché".
 Ainsi que Paul le déclare: "Il ne lutte pas contre la chair et le sang" -contre les tentations sensuelles, charnelles et mondaines qui exerçaient précédemment un si grand. pouvoir sur lui -"mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes" (Ephésiens 6:12).
 S'il était autrefois adonné à la boisson, la tentation de s'enivrer ne l'effleure plus. S'il était autrefois orgueilleux et vain, prenant plaisir au luxe des vêtements et des bijoux, l'éclat trompeur, la vaine pompe et la gloire de ce monde ne l'attirent plus; car ses affections vont aux" choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre" (Colossiens 3:2).
 Ces dernières n'ont désormais pas plus d'attrait pour lui que les breloques de métal, les plumes d'aigle et les tatouages d'un Peau-Rouge. S'il aspirait autrefois aux honneurs et à la louange des hommes, il les considère comme de la boue et des scories, aujourd'hui qu'il peut gagner Christ et obtenir l'honneur qui vient de Dieu seul.
 S'il recherchait jadis la richesse et ses aises, il renonce aujourd'hui joyeusement au luxe et à toutes les possessions terrestres, afin d'avoir son trésor dans le ciel et de ne pas être embarrassé par les" affaires de la vie, s'il veut plaire à Celui qui l'a enrôlé" (2 Timothée 2:4).
Je ne dis point, par là, que Satan ne se serve plus des plaisirs charnels et des honneurs mondains pour engager l'âme à abandonner Christ, car il essaiera toujours. Je veux dire plutôt que l'âme "morte au péché" et chez qui les racines mêmes du mal sont arrachées, ne répond plus aux suggestions de Satan; elle les rejette aussitôt. Satan peut essayer son pouvoir en lui envoyant quelqu'un pour la séduire, comme ce fut le cas pour Joseph en Égypte, mais, comme lui, l'homme sanctifié fuira, disant: "Comment ferais-je un aussi grand mal et pécherais-je contre Dieu?" (Gen.39:9).
 Satan lui offrira peut-être, comme à Moïse en Égypte, une grande puissance, des honneurs et des richesses, mais les comparant à la plénitude infinie de gloire et de puissance qu'il a trouvée en Christ, l'homme sanctifié repoussera aussitôt les offres du diable: ". . . aimant mieux être maltraité avec le peuple de Dieu que d'avoir pour un temps la jouissance du péché, regardant l'opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte" (Hébreux 11 :25-26).
 Satan pourra encore tenter l'homme sanctifié par les vins exquis et les viandes délicates de la demeure d'un roi, mais, tel Daniel à Babylone, il décidera" de ne pas se souiller par les mets du roi et par les vins dont le roi buvait" (Daniel 1:8).
 Toutes ces amorces mondaines, Jésus les connut (Matthieu 4:1-11 et Luc. 4:1-13); mais nous voyons, par le récit des apôtres, qu'il triompha glorieusement des suggestions du tentateur. Comme Jésus, l'homme sanctifié repoussera les tentations de Satan et remportera la victoire, car Christ Lui même est venu habiter dans son cœur pour combattre avec lui; il peut donc maintenant répéter avec son Maître: "Le prince du monde vient. Il n'a rien en moi" (Jean. 14:30).
 En effet, il a trouvé en Christ une telle satisfaction, une telle paix, une telle joie, une telle consolation, une telle pureté, une telle puissance, que celle de la tentation, sous les formes diverses qu'elle revêtait auparavant, est complètement brisée; il jouit maintenant de la liberté des enfants de Dieu; il est libre autant qu'un archange du ciel, car celui que le Fils affranchit est véritablement libre (Jean. 8:36). Et "c'est pour la liberté que Christ nous a affranchis" (Galates 5 :1).
 Mais si l'homme sanctifié, affranchi par le Christ, n'a plus à combattre contre les anciennes passions mondaines et les appétits charnels, il doit cependant soutenir une lutte constante contre Satan pour conserver cette liberté! C est ce que Paul appelle: "Le bon combat de la foi" (1 Tim. 6:12).

 L'homme sanctifié doit lutter pour garder la foi dans l'amour du Père.
 Il doit lutter pour garder la foi au sang du Sauveur qui purifie.
 Il doit lutter afin de préserver sa foi en la puissance du Saint-Esprit pour sanctifier.

 Pour n'être pas extérieure, cette lutte n'en est pas moins aussi réelle que celle des plus sanglantes mêlées humaines, et ses conséquences pour le bien et le mal s'avèrent infiniment plus importantes.
 Par la foi, l'homme sanctifié se voit "héritier de Dieu et cohéritier de Christ" (Romains 8:17) en toutes choses. Son Père céleste et son héritage céleste deviennent pour lui de telles réalités que l'influence des choses invisibles surpasse celle des choses qu'il perçoit de ses yeux, entend de ses oreilles et touche de ses mains.
Il répète avec Paul et réalise pleinement en son cœur que "les choses visibles sont passagères" et périront bientôt, mais que "les choses invisibles" à notre œil naturel se découvrent aux yeux de la foi, qu'elles "sont éternelles" (2 Corinthiens 4:18) et subsisteront quand tous "les éléments embrasés se dissoudront" (2 Pierre 3:10), et "les cieux seront roulés comme un livre" (Esaïe 34:4).
 Or, par leur nature même, ces choses ne peuvent se révéler qu'à la foi; mais aussi longtemps que l'homme sanctifié les tient ferme, la puissance de Satan ne s'exerce pas sur lui. Le diable le sait très bien; c'est pourquoi il entreprend une attaque systématique contre la foi de l'homme nouvellement sanctifié.
 Lorsque la conscience de ce dernier sera aussi paisible que celle d'un ange, Satan l'accusera d'une transgression volontaire de la loi de Dieu, sachant que, s'il parvient seulement à lui faire écouter cette accusation et à lui enlever la foi au sang de Jésus qui purifie, il le tient à sa merci. Satan accusera ainsi l'homme sanctifié pour le persuader ensuite que ce n'est pas lui, mais le Saint-Esprit qui le condamne. Il est "l'accusateur des frères" (Apocalypse 12:10). Il y a toutefois ici une différence essentielle à observer.
 Le diable nous accuse de péché.
 Le Saint-Esprit nous condamne à cause du péché.
 Si je mens, si je m'enorgueillis ou viole un des commandements de Dieu, le Saint-Esprit me condamne aussitôt. Satan m'accuse quand je n'ai pas de péché et qu'il ne peut prouver ses accusations.
 Par exemple, un homme sanctifié parle à un pécheur au sujet de son âme et le supplie de fuir la colère à venir en donnant son cœur à Dieu; mais le pécheur refuse. Alors Satan commence à accuser le chrétien: "Si tu avais su parler à ce pécheur comme il convenait, il serait sûrement venu à Dieu". Inutile d'argumenter avec le diable. La seule chose à faire est de rejeter son accusation et de venir au Sauveur avec cette prière: "Seigneur, tu sais que j'ai fait ce qui était en mon pouvoir; si je me suis trompé ou que je n'ai pas trouvé les mots qu'il fallait, je crois que Ton sang me purifie en ce moment",
 Si, dès le début des accusations de Satan, l'homme résiste de cette manière, sa foi remportera une victoire; il se réjouira de savoir que le sang de Jésus l'a purifié et que la puissance du Saint-Esprit le garde; mais s'il écoute le diable jusqu'à ce que sa conscience et sa foi en soient l'une et l'autre atteintes, il lui faudra du temps pour retrouver la force qui le rendra capable de pousser des cris de joie et de triompher de la puissance de l'ennemi.
 Quand Satan aura ébranlé la foi de l'homme sanctifié, il attaquera ce qui est l'essence même de Dieu. Il lui suggérera que le Père ne l'aime pas de cet amour puissant qu'Il avait pour son Fils, contrairement aux affirmations positives de Jésus. Ensuite, il suggérera peut-être que le sang de Christ ne le purifie pas de tout péché, que le Saint-Esprit ne peut garder, ou du moins, ne garde personne sans tache et sans reproche, et qu'après tout, il n'est pas de vie sainte dans ce monde.
 La foi ainsi touchée, la prière secrète de l'homme sanctifié perdra une grande partie de la bénédiction qui lui est assurée; son ardent désir d'agir sur les âmes s'émoussera; la joie de rendre témoignage à Christ diminuera, et la sécheresse du langage remplacera son brûlant témoignage; la Bible cessera d'être une source constante de force et d'inspiration. Puis le diable l'entraînera à commettre réellement le péché, en l'amenant à négliger quelques-uns de ses devoirs.
 Malheur à la foi de l'homme qui prête l'oreille à  Satan et s'abandonne au doute! S'il ne crie pas à Dieu de toute son âme, s'il ne sonde pas sa Bible pour connaître la volonté de Dieu et chercher ses promesses, plaidant jour et nuit comme Jésus" qui, dans les jours de sa chair, présentait avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver de la mort" (Hébreux 5:7), s'il ne répond pas à Satan par la citation des promesses divines, et ne ferme pas résolument l'oreille à toute suggestion de doute, ce n'est plus pour lui qu'une question de temps: avant peu, il se trouvera parmi ceux qui paraissent vivants mais, en réalité, sont morts (Apocalypse 3: 1), "qui gardent l'apparence de la piété, mais renient ce qui en fait la force" (2 Timothée 3:5); il figurera bientôt parmi ceux dont la prière et le témoignage sont stériles; dont l'étude de la Bible, les exhortations et les œuvres sont mortes, parce qu'il n'y a plus en eux de foi vivante; ou bien encore il deviendra un véritable rétrograde.
 Que fera l'homme sanctifié pour avoir la victoire sur le diable?
 Écoutez ce que dit Pierre: "Soyez sobres, veillez [c'est à- dire tenez les yeux ouverts]. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera.
 Résistez-lui avec une foi ferme" (1 Pierre 5:8-9). Écoutez ce que dit Jacques: "Résistez au diable et il fuira loin de vous" (Jacques 4:7). Écoutez Paul: "Combats le bon combat de la foi" (1 Timothée 6:12); "Le juste vivra par la foi" (Romains 1:17); "Prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin" (Ephésiens 6:16).
 Écoutez Jean: "La victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi" (1 Jean. 5:4); "Ils l'ont vaincu [le diable, l'accusateur des frères] à cause du sang de l'Agneau [sang auquel ils croyaient d'une foi enfantine] et à cause de la parole de leur témoignage [car si un homme ne rend témoignage, sa foi périra bientôt] et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort" (Apocalypse 12:11). Mais ils obéirent à Dieu, quoi qu'il leur en coûtât, renonçant à tout pour Lui.
 L'auteur de l'épître aux Hébreux attache la même importance au témoignage, quand il dit: "Retenons fermement la profession de notre espérance" (Hébreux 10:23).
 "Prenez garde, frères, que quelqu'un de vous n'ait un cœur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant" (Hébreux 3:12). "N'abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération" (Hébreux 10:35).



CHAPITRE 5  Après une réunion de sanctification

 -Étiez-vous à la réunion de sanctification?
 -Étiez-vous venu au banc des pénitents?
 - y avez-vous reçu la grâce d'un cœur pur?
 -Avez-vous reçu le Saint-Esprit?

 Si vous vous êtes donné à Dieu, autant qu'il dépendait de vous, et que vous n'ayez pas reçu le Saint-Esprit, je vous en conjure, ne vous découragez pas! Ne faites aucun pas en arrière! Demeurez là où vous êtes, et tenez ferme dans la foi! Le Seigneur ne demande qu'à vous bénir. Ne cessez pas de regarder à Jésus et comptez pleinement sur Lui pour qu'Il satisfasse le désir de votre cœur. Dites- Lui que vous l'attendez et rappelez-Lui Ses promesses. Voici Ses paroles: "Car je connais les projets que j'ai formés sur vous . ., projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance. Vous m'invoquerez, et vous partirez; vous me prierez, et je vous exaucerai. Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre cœur. Je me laisserai trouver par vous. . ." (Jérémie 29: 11-14).
 Quelle promesse merveilleuse, et c'est à vous qu'elle s'adresse! Le diable a-t-il continué à vous tenter plus encore que par le passé? Voici une autre promesse:"Malheureuse, battue de la tempête, et que nul ne console, Voici, je garnirai tes pierres d'antimoine, et je te donnerai des fondements de saphir; je ferai tes créneaux de rubis, tes portes d'escarboucles, et toute ton enceinte de pierres précieuses. . . Tu seras affermie par la justice" (Esaïe 54:11-12, 14).
 Dieu fera pour vous de grandes choses si vous gardez votre foi et votre assurance.
Mais, sans doute, non seulement plusieurs d'entre vous se sont donnés à Dieu, mais Dieu Lui-même s'est donné à vous. Vous avez reçu le Saint-Esprit. Quand Il est entré en vous, le "moi", votre vie propre, vous a quitté. Reconnaissant votre néant, vous vous êtes pris en horreur, en dégoût, tandis que Jésus devenait votre tout. C'est là l’œuvre première du Saint-Esprit quand Il pénètre de toute sa plénitude dans un cœur. -Il glorifie Jésus: nous voyons Jésus comme nous ne L'avions jamais vu précédemment; nous L'aimons; nous L'adorons; nous Lui attribuons tout honneur, toute gloire et toute puissance. Nous réalisons, comme jamais auparavant, que son précieux sang nous sauve et nous sanctifie. Le Saint-Esprit n'appelle pas notre attention sur Lui-même, mais sur Jésus.
 "Quand le Consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité, car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera" (Jean 16:1314), et ailleurs: "Il rendra témoignage de moi" (Jean 15:26).
 Il ne vient pas davantage révéler une vérité nouvelle, mais faire comprendre la vérité ancienne annoncée par Jésus, par les prophètes et par les apôtres. "Le Consolateur . . . vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit" Jean. 14:26). Il fera de la Bible un livre nouveau pour vous; Il vous en rappellera les leçons et vous enseignera à l'appliquer à la vie de chaque jour, de sorte que vous serez guidés par elle en toute sécurité.
 La raison pour laquelle certaines personnes ne comprennent pas la Bible, c'est qu'elles ne possèdent pas le Saint-Esprit pour la leur expliquer. Un cadet ou un humble soldat rempli du Saint-Esprit peut en dire davantage sur le sens réel, profond, et spirituel de la Bible que tous les docteurs en théologie et tous les professeurs du monde qui n'ont pas reçu le baptême de l'Esprit. Le Saint-Esprit vous fera aimer la Bible et vous vous écrierez avec Job: "J'ai fait plier ma volonté aux paroles de Sa bouche" (Job 23:12). Avec le psalmiste, vous déclarerez que Ses jugements" sont plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons" (Psaume 19:11).
Aucun livre, aucune publication ne peut la remplacer, mais, de même que l'homme béni de Dieu dont parle David, vous la méditerez jour et nuit (Ps. 1:2 et Josué. 1:8). Vous tremblerez aux avertissements de la Parole divine, vous vous réjouirez en Ses promesses et vous trouverez votre suprême joie dans Ses commandements.La Bible seule pourra vous satisfaire et vous direz avec Jésus: "L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que sort de la bouche de Dieu" (Matthieu 4:4). Vous comprendrez ce qu'entendait Jésus lorsqu 'Il affirmait: "Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie" (Jean. 6:63).

 Tant que vous marcherez dans une humble obéissance et une foi enfantine, vous confiant au sang de Jésus pour vous purifier de tout péché, le Consolateur habitera en vous, et le niveau le plus bas de votre expérience sera "une paix parfaite". Et que dire alors du niveau le plus élevé? Comme Paul vous pourrez être ravi au troisième ciel et entendre des paroles ineffables qu'il est impossible de répéter (2 Corinthiens 12 :2-4). Oh! Elles sont inexprimables, la largeur, la longueur, la profondeur, et la hauteur de l'amour de Dieu (Ephésiens 3:18), que vous pourrez découvrir par le microscope et le télescope de la foi! Gloire à Dieu! Ne craignez pas que cette expérience s'use ou s'amoindrisse. Dieu est infini! Votre intelligence restreinte, pas plus que votre cœur, ne peuvent épuiser dans l'espace d'une courte vie humaine les merveilles de Sa sagesse, de Sa bonté, de Sa grâce et de Sa gloire. Dieu soit loué! Alléluia!
 Ne vous croyez pourtant pas abandonné du Consolateur, quand les flots se retirent, et descendent au niveau le plus bas. Je me souviens comment, après avoir reçu le Saint-Esprit, je demeurai des semaines entières sous un poids de gloire et de joie divines presque écrasant pour mon corps. Puis la joie commença à diminuer; je connus des alternatives de joie et de paix, et dans les jours que ne marquait aucune expérience spéciale, le diable ne tarda pas à me tenter en me suggérant que j'avais en quelque manière attristé le Saint-Esprit et qu'Il m'abandonnait. Mais le Seigneur me fit comprendre que c'était là un mensonge du diable et que je devais retenir fermement la profession de mon espérance (Hébreux 10:23). Je puis donc vous dire: ne pensez pas qu'Il vous a délaissé du fait que vous n'êtes pas débordant d'émotion. Retenez ferme votre foi. Il est avec vous, et après avoir eu tant de peine à entrer pleinement en vous, Il ne se retirera pas sans vous signifier d'abord la raison exacte de Son départ. L'Esprit Saint n'est ni capricieux, ni inconstant. Il doit lutter longtemps pour trouver place en votre cœur; Il luttera longtemps avant de le quitter, à moins que vous ne vous endurcissiez obstinément pour Le contraindre à s'éloigner de vous.
 Toutefois, je n'écris pas ceci pour les indifférents, mais pour ceux dont le cœur est sensible, qui L'aiment et préféreraient mourir plutôt que de Le perdre. Je leur dis:
 "Confiez-vous en Lui!" Quand j'allais céder aux mensonges de Satan qui s'évertuait à me persuader que le Saint-Esprit m'avait abandonné, le Seigneur me remit ce texte en mémoire: "Les enfants d'Israël . . . avaient tenté l’Éternel en disant: l’Éternel est-il au milieu de nous ou n'y est-il pas?" (Exode 17:7).

 Je compris que douter de la présence de Dieu en moi, même lorsque je ne reconnaissais aucun signe particulier de Sa présence, c'était Le tenter; aussi promis-je au Seigneur de ne plus douter, mais d'être fort dans la foi. Gloire à Dieu aux siècles des siècles! Depuis lors, Il ne m'a pas abandonné, et je suis persuadé qu'Il ne le fera jamais. Je puis avoir confiance en ma femme même lorsque je ne la vois pas; ainsi ai-je appris à me confier au Seigneur lors même que je ne ressens pas Sa puissance tressaillir en moi. Je Lui dis que j'ai foi en Lui, que je crois à Sa présence en moi et que je ne veux pas réjouir le malin par mes doutes.
 C'est précisément à ce moment, après avoir reçu le Saint-Esprit, que beaucoup de gens courent le risque de se tromper. A l'heure de la tentation, ils se croient abandonnés. Au lieu de se confier en Lui, de reconnaître Sa présence et de Le remercier de ce qu'Il consent à descendre dans leurs pauvres cœurs, ils se mettent à Le chercher comme s'Il n'était point déjà venu ou qu'Il s'en fût allé. Ils devraient bien plutôt combattre le diable par la foi en lui disant: "Arrière!" et louer le Seigneur pour Sa présence en eux!
 Si vous cherchez la lumière lorsque vous la possédez déjà, vous ne trouverez que ténèbres et confusion; de même, en cherchant le Saint-Esprit lorsque vous L'avez déjà reçu, vous Le contristerez. Ce qu'Il demande, c'est votre foi! C'est pourquoi, L'ayant reçu dans vos cœurs, continuez à reconnaître Sa présence! Obéissez-lui! Il demeurera éternellement avec vous Jean 14:16), et Sa présence sera une force en vous.
 Ne désirez pas et de demandez pas plus de puissance; mais, par la prière, la vigilance et l'étude de votre Bible, mettant scrupuleusement à profit toutes les occasions d'avancer, aspirez plutôt à devenir un canal parfaitement libre, où l'action du Saint-Esprit (qui demeure maintenant en vous) pourra s'exercer pleinement. Confiez-vous en Dieu et n'obstruez pas le chemin du Saint-Esprit, afin qu'Il puisse agir par votre moyen. Demandez-Lui de vous enseigner et de vous guider afin de ne pas faire obstacle à Son oeuvre. Appliquez-vous à vous pénétrer de Ses pensées, à parler selon Lui, à ressentir Son amour, à pratiquer la foi. Efforcez vous d'être guidés par l'Esprit de manière à prier quand Il veut que vous priiez, à chanter quand Il veut que vous chantiez, et à ne rien dire quand Il veut que vous gardiez le silence. Vivez dans l'Esprit! Marchez selon l'Esprit! Soyez remplis de l'Esprit (1 Pierre 4:6; Galates 5:16; Ephésiens 5:18).
 Enfin, ne soyez point surpris si des tentations particulières vous assaillent. Souvenez-vous que c'est après Son baptême que Jésus fut conduit dans le désert pour y être tenté par le diable pendant quarante jours et quarante nuits (Matthieu 3:16-17 et 4:1-11). "Le disciple n'est pas plus que [son] maître" (Matthieu 10:24). Quand la tentation surgit, considérez-la comme un sujet de joie complète (Jacques 1:2). Vos épreuves mêmes et vos tentations vous conduiront à une connaissance plus approfondie du Seigneur; car ce qu'Il fut, vous devez l'être aussi en ce monde. Rappelez-vous qu'Il a dit: "Ma grâce te suffit" (2 Corinthiens 12:9), et qu'il est écrit de Lui: "Car, ayant été tenté lui-même dans ce qu'il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés" (Hébreux 2:18), et ailleurs: "Nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché t" (Hébreux 4:15). "Que dirons-nous donc à l'égard de ces choses? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?" (Romains 8:31).
 Soyez fidèle, plein de foi, et vous pourrez dire avec Paul: "Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur" (Romains 8:37-39).




CHAPITRE 6  Combats le bon combat de la foi (1 Timothée 6:12)

 Un ami chez qui je logeais un jour, réclama la bénédiction d'un cœur pur, et en rendit témoignage le lendemain à la table du déjeuner. Il avoua qu'il avait longtemps douté de la possibilité d'une telle expérience. Cependant il avait été amené à observer la vie de ceux qui déclarent y croire, et à étudier la Bible depuis qu'il fréquentait l'Armée du Salut. Il était ainsi parvenu à la conclusion que, sans la sainteté du cœur, il ne pouvait servir Dieu d'une manière qui Lui soit agréable. Mais la difficulté était d'arriver au point où il l'obtiendrait par la foi. Il pensait bien qu'un jour viendrait où il la recevrait. Il y comptait, attendant le moment où elle lui serait accordée, mais il avait enfin compris qu'il devait la réclamer immédiatement, et à ce moment précis commença pour lui le combat de la foi. Il saisit une partie de la promesse, tandis que le diable l'empêchait d'en saisir l'autre. Ils entrèrent alors en lutte s'efforçant tous les deux de s'assurer la victoire sur-le-champ.
 Jusqu'à ce jour, le diable l'avait souvent remportée, mais, cette fois, l'homme ne voulut pas lâcher prise; il s'approcha avec assurance du trône de la grâce, obtint miséricorde, trouva grâce et fut secouru (Héb. 4:16). Il triompha du diable par la foi, reçut la bénédiction d'un cœur pur et, ce matin-là, il put me dire: "La nuit dernière, Dieu m'a rempli du Saint-Esprit"; la joyeuse intonation de sa voix et le rayonnement de son visage confirmaient la réalité de ses paroles.
 Ce que l'âme doit enfin abandonner lorsqu'elle recherche le salut ou la sanctification, c'est" un cœur mauvais et incrédule" (Hébreux 3:12), forteresse de Satan. Vous pourrez le chasser de tous ses avant-postes sans qu'il s'en inquiète; mais si vous attaquez cette citadelle-là, il résistera avec tous les mensonges et tous les artifices dont il peut disposer. Peu lui importe qu'on renonce au péché extérieur. Un pécheur aux dehors respectables fera son affaire tout aussi bien que le pécheur le plus notoire.
 En réalité, je me demande si certaines personnes ne sont pas pires que le diable le désirerait, car elles constituent pour lui une triste recommandation.
 Peu lui importe qu'un homme garde l'espoir du salut et de la pureté; à vrai dire, je le suspecte fort de souhaiter qu'il en soit ainsi, pourvu que l'homme en reste là. Mais qu'une pauvre âme vienne à dire: "C'est maintenant que je veux avoir l'assurance de mon salut; c'est maintenant qu'il me faut obtenir cette bénédiction; je ne puis vivre plus longtemps sans le témoignage rendu par l'Esprit que Jésus me sauve maintenant et qu'Il me purifie maintenant", aussitôt le diable se met à rugir, à mentir, à employer toutes ses ruses pour tromper l'âme et la pousser dans un chemin détourné, ou la bercer et l'endormir par une promesse de victoire future.
 C'est ici que le diable commence véritablement son oeuvre. Beaucoup de gens prétendent qu'ils luttent contre le diable tout en ignorant ce que veut dire: combattre le diable! C'est un combat de foi, dans lequel l'âme s'empare de la promesse de Dieu, s'y cramponne, et y croit en dépit de tous les mensonges de l'ennemi, en dépit de toutes les circonstances et de tous les sentiments contraires, demeurant dans l'obéissance, lors même que Dieu semblerait ne pas tenir Sa promesse. Quand une âme en est arrivée au point où elle retient fermement et immuablement la profession de sa foi, elle s'élève bientôt au-dessus des brouillards et des obscurités du doute et de l'incertitude, jusqu'à la pleine clarté d'une assurance parfaite. Gloire à Dieu! Elle sait que Jésus sauve et sanctifie, elle est remplie d'un sentiment ineffable d'humilité, mêlé à une joie sans pareille dans l'assurance de Sa faveur et de Son amour éternel.
 Un camarade que j'aime comme ma propre âme, cherchait la bénédiction d'un cœur pur. Il avait renoncé à tout, mais gardait un "cœur mauvais et incrédule", sans toutefois s'en rendre compte; il attendait que Dieu lui accordât Sa bénédiction. Le diable lui murmura: "Tu dis que tu es sur l'autel du Seigneur, et cependant tu ne te sens point différent". Le "cœur mauvais et incrédule" de ce pauvre homme accepta cette assertion de l'ennemi et reconnut qu'il en était ainsi. Il se découragea et la victoire resta au malin.
Après un rude combat, il se donna de nouveau au Seigneur, mais en gardant encore ce "cœur mauvais et incrédule". De nouveau le diable murmura: "Tu déclares appartenir tout entier au Seigneur, et cependant tu n'éprouves pas ce que ressentent les autres quand ils ont tout abandonné à Dieu". Le "cœur mauvais et incrédule" répondit: "Oui, c'est vrai", et connut encore la défaite à cause de son incrédulité.
 Après beaucoup d'efforts, il rechercha une troisième fois cette bénédiction et de nouveau renonça à tout pour le Seigneur; mais en gardant toujours ce "cœur mauvais et incrédule". Pour la troisième fois le diable murmura: "Tu dis que tu appartiens au Seigneur, mais tu n'ignores pas combien ton caractère est emporté; qui sait si, la semaine prochaine, quelque tentation inattendue ne surviendra pas pour te terrasser?" Pour la troisième fois le "cœur mauvais et incrédule" répondit: "Il en est ainsi", et, pour la troisième fois, cet homme fut battu.
 Finalement, comme il désirait intensément la sainteté et le témoignage intérieur de l'Esprit, il tenta un ultime effort, demandant à Dieu de lui montrer la dépravation de son âme. Alors, Dieu lui fit voir le "cœur mauvais et incrédule" qui avait écouté la voix du malin et abondé dans son sens. De braves gens, qui font profession de christianisme, n'aiment pas admettre qu'il subsiste en eux quelque incrédulité. Mais Dieu ne pourra les sanctifier aussi longtemps qu'ils ne consentiront pas à reconnaître tout le mal caché au fond de leur cœur, et à prendre le parti de Dieu contre eux-mêmes.
 Le camarade en question persista dans son effort, se livra complètement et résolument au Seigneur et Lui dit qu'il aurait foi en Lui. De nouveau le diable murmura: "Tu n'éprouves aucune différence". Mais cette fois, l'homme réduisit au silence l'esprit d'incrédulité et répondit: "Peu m'importe de ne pas me sentir différent. Je suis tout au Seigneur."
 -Mais tu n'éprouves pas les mêmes sentiments que les autres, ajouta le diable.
 -Qu'importe; je suis au Seigneur, et Il m'accordera ou me refusera Sa bénédiction, selon qu'Il le jugera bon.
 -Mais il y a la vivacité de ton caractère.
 -Qu'importe, je suis au Seigneur; j'ai foi en Lui pour dompter mon caractère. Je suis au Seigneur! Je suis au Seigneur!

 Et il résista au diable avec une foi ferme (1 Pierre 5:9), refusant, ce jour-là, cette nuit et le jour suivant, de prêter l'oreille aux suggestions d'" un cœur mauvais et incrédule". Le calme entra dans son âme avec la ferme résolution qu'il prit de s'en tenir pour jamais aux promesses de Dieu, qu'Il le bénit ou non. Vers dix heures du soir, la seconde nuit, au moment où il s'apprêtait à se livrer au repos, sans le moindre pressentiment de ce qui allait se passer, l’Éternel accomplit à son égard la promesse faite aux jours d'autrefois: ". . . soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez" (Malachie 3 :1). Jésus, le Fils de Dieu-" qui vit, et qui était mort", -mais" qui vit maintenant aux siècles des siècles", lui fut si bien révélé et manifesté dans son être intérieur qu'il en fut "comme perdu dans un océan d'amour, de louanges et de gloire". Oh! Comme il triompha en Dieu, son Sauveur, se réjouissant d'être resté ferme dans sa foi et d'avoir résisté au diable!
 Or, c'est là le point auquel doit arriver toute âme pour entrer dans le Royaume de Dieu: elle doit mourir au péché, renoncer à toute incrédulité et abandonner tous ses doutes. Elle doit consentir à être maintenant" crucifiée avec Christ" (Galates 2:20). Quand ce sera fait, elle entrera en contact avec Dieu, sentira le feu de Son amour et sera remplie de Sa puissance, tout comme un train électrique reçoit la lumière et la force par contact avec le fil placé au-dessus de lui. . .
 Que Dieu vous bénisse, mon frère, ma sœur, et vous aide à comprendre que" maintenant est le temps favorable!" (2 Corinthiens 6:2). Si vous vous êtes entièrement donné à Dieu, rappelez-vous que tout ce qui pourrait faire naître le doute en vous vient de Satan et non de Lui; Dieu vous ordonne de résister au diable en demeurant ferme dans la foi; c'est pourquoi" n'abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération" (Hébreux 10:35).



CHAPITRE 7 Le Cœur de Jésus

  Rends mon cœur semblable au tien
  Par Ta puissance inégalable,
  Par Ta grâce intarissable,
  Rends mon cœur semblable au tien.

 Nous chantions, un matin, les paroles ci-dessus, de tout notre coeur, dans une heure d'humiliation et d'examen de nous-mêmes. J'étais alors Cadet à l'Ecole Militaire. (Élève à l’École de formation pour officiers de l'Armée du Salut).
 Un de mes camarades, pénétré de l'esprit de ce cantique s'approcha de moi, la réunion terminée, et, très sérieux, sur un ton d'ardente prière, me demanda: "Voulons-nous réellement dire que nous puissions avoir un cœur semblable au sien ?" Je lui répondis que j'en étais certain, puisque le Seigneur ne demande qu'à nous rendre semblables à Lui:

  Christ en moi, c'est l'espérance,
  C'est la pureté;
  C'est l'entière délivrance;
  C'est la sainteté;
  C'est la paix malgré l'orage,
  Le calme complet;
  C'est le ciel bleu sans nuage;
  C'est l'amour parfait.

 Jésus a été, en effet, "le premier-né entre plusieurs frères" (Romains 8:29). Il est notre "frère aîné" et nous devons Lui être semblables. "Tel il est, tels nous sommes aussi dans ce monde", et "celui qui dit qu'il demeure en lui doit marcher aussi comme il a marché Lui-même" (1 Jean 4:17 et 2:6). Or, il nous est impossible de marcher comme Lui, de vivre comme Lui, à moins d'avoir un cœur semblable au sien.
 Nous ne pouvons porter les mêmes fruits que Lui sans posséder la même nature que Lui; c'est pourquoi Il veut nous rendre semblables à Lui. C est aux fruits qu'on juge un arbre; c'est par Ses œuvres que nous pouvons connaître le cœur de Jésus.
 Nous découvrons l'amour en Lui: Son cœur débordait d'amour. Il portait le fruit délicieux du parfait amour. Ni haine, ni amertume, ni dédain, ni égoïsme ne s'y mêlaient: Il aimait Ses ennemis et priait pour Ses bourreaux, Ce n'était point un sentiment inconstant, changeant au gré du moment, mais immuable et éternel (Jérémie. 31:3). Gloire à Dieu! Que tout cela est merveilleux!
 Voilà précisément l'amour qu'Il désire voir en nous.
Écoutez: "Je vous donne, dit-Il, un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme Je vous ai aimés" (Jean. 13:34). Il peut paraître extraordinaire de me commander d'aimer mon frère comme Jésus m'a aimé; tel est cependant Son ordre et, pour Le suivre, il me faut un cœur semblable à celui du Sauveur.
 Nous savons que l'amour renferme toutes les autres grâces. Regardons au cœur de Jésus pour chercher et trouver quelques-unes d'entre elles.
Jésus était humble de cœur.
 Il dit de Lui-même: "Je suis doux et humble de cœur" (Matthieu 11:29), et Paul déclare qu'Il s'est dépouillé Lui-même en prenant une forme de serviteur, Il s'est humilié Lui-même (Philippiens 2:7-8).
 Béni soit Son nom! Il s'est humilié Lui-même, car, bien qu'Il fût le Seigneur de vie et de gloire, Il a condescendu à naître d'une humble vierge, dans une crèche, et à travailler trente ans comme un obscur charpentier; Il a voulu vivre avec les pauvres, les ignorants et les gens de la plus basse classe, plutôt qu'avec les riches, les grands et les savants.
 Si Jésus ne fut jamais embarrassé en présence des puissants et des sages de ce monde, Son cœur simple et humble s'attacha de préférence aux gens du peuple, aux rudes travailleurs de la plus modeste origine. Il ne voulut pas qu'on l'élevât. Lorsqu'on chercha à le faire, Il s'échappa et alla prier sur la montagne. Lorsqu' Il revint, Il parla à Ses disciples d'une façon si catégorique que presque tous l'abandonnèrent (Jean. 6:15-66).
Peu avant Sa mort, Il prit l'humble place d'un esclave et lava les pieds de Ses apôtres, puis Il leur dit: "Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait" (Jean. 13:15).
 Ceci me fut d'un grand secours à l’École Militaire. Le lendemain de mon arrivée, on m'envoya dans un étroit réduit pour cirer une quantité de souliers sales appartenant aux Cadets. Le diable s'approcha de moi pour me rappeler que, peu d'années auparavant, j'avais obtenu des diplômes universitaires et passé deux ans dans une des premières facultés de théologie du pays; qu'ensuite, ayant été pasteur d'une Église importante, je venais d'abandonner mon travail d'évangélisation où j'avais vu des centaines d'hommes chercher leur Sauveur, et que maintenant je cirais les souliers de garçons ignorants. Le diable est mon vieil ennemi; mais je lui rappelai l'exemple de mon Sauveur, et il s'éloigna. Jésus a dit: "Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez" (Jn. 13: 17). Je les pratiquais,-le diable le savait, il me laissa et je fus heureux: ce petit réduit s'était transformé pour moi en un parvis du ciel et mon Seigneur m'y visita.
 "Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il fait grâce aux humbles" (Luc 4:6). Si vous voulez avoir un cœur semblable à celui de Jésus, qu'il soit rempli d'humilité et non gonflé d'orgueil, ne se cherchant pas lui-même. Revêtez-vous d'humilité (1 Corinthiens 13:4-5; et 1 Pi. 5:5).

 Jésus était doux et humble de cœur.

 Paul parle de "la douceur et de la bonté du Christ" (2 Corinthiens 10:1) et Pierre nous dit que, "injurié, il ne rendait point d'injures; maltraité, il ne faisait point de menaces, mais s'en remettait à celui qui juge justement" (1 Pierre 2:23). Il ne frappait pas quand on L'injuriait. Il ne cherchait pas à se justifier, mais remettait Sa cause à Son Père céleste et attendait.
"Semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent; il n'a point ouvert la bouche" (Esaïe 53: 7).

 C'était la douceur portée à sa perfection; car, non seulement Il se refusait à rendre les coups, mais Il subissait les plus cruelles et les plus humiliantes injustices. "C'est de l'abondance du cœur que la bouche parle" (Matthieu 12: 34). Son cœur était plein de douceur, Sa bouche ne récriminait pas contre ses ennemis.

 C'est précisément ce qu'Il exige de nous dans ces paroles: "Je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre, . . . si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui" (Mat. 5:39, 41).

Je connais un chrétien noir, haut de plus de six pieds, fortement bâti, aux bras musculeux, qui fut, il y a peu de temps, repoussé d'un tramway d'une manière inconvenante et brutale, alors qu'il avait autant de droit à sa place que le conducteur lui-même.
Une personne, connaissant ses exploits passés et sa force, lui dit:
 -Georges, il y a des coups de poing qui se perdent.
 -Je n'aurais pas pu cogner, répondit Georges, car Dieu m'a enlevé toute envie de lutter, et avec une exclamation joyeuse, il ajouta; Si vous passez votre couteau au feu et en enlevez le tranchant, il ne coupe plus.
"Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre" (Matthieu 5:5).




CHAPITRE 8  Le secret de la puissance

Ceux qui espèrent en l’Éternel, renouvellent leurs forces.
( Esaïe  40:31, Segond révisée, 1978)

 Si j'étais mourant, qu'il me restât le privilège d'adresser une dernière exhortation aux chrétiens du monde entier, et que ce message dût être condensé en quatre mots, je leur dirais: "Espérez en l’Éternel."
 Partout où je vais, je rencontre des rétrogrades (méthodistes, baptistes, salutistes, etc.…. ) des rétrogrades de tout genre et par milliers, au point que mon cœur saigne à la pensée d'une si grande armée d'âmes découragées, qui ont attristé le Saint-Esprit et affligé le Seigneur.
 Si l'on demandait à tous ces rétrogrades la cause de leur condition actuelle, ils l'expliqueraient de diverses manières alors qu'en réalité il n'y a qu'une réponse: ils n'ont pas espéré en Dieu. S'ils avaient espéré en Lui au moment du terrible assaut qui a détruit leur foi, anéanti leur courage, en raison de leur amour, ils auraient renouvelé leurs forces et surmonté tous les obstacles, comme portés sur des ailes d'aigles. Ils se seraient élancés, sans se lasser, contre l'ennemi. Ils auraient marché sans faillir au milieu des difficultés.
 Espérer en Dieu veut dire plus que Lui adresser une prière de trente secondes au moment du lever et du coucher. Cela peut vouloir dire: se saisir de Dieu par une prière et Le quitter avec la bénédiction; ou bien encore: assiéger Son trône par une série de prières persévérantes, persistantes, prières de l'âme qui est décidée à ne pas s'éloigner avant que Dieu n'ait agi.
 Il y a une manière de s'approcher de Dieu, de heurter à la porte du ciel, de réclamer au Seigneur la réalisation de Ses promesses, une manière de plaider auprès de Jésus en s'oubliant soi-même, en mettant de côté toute préoccupation terrestre et en persistant dans la résolution de compter sur l'exaucement qui assure à l'homme toutes les ressources de la sagesse, de la puissance et de l'amour d'En Haut. Celui qui prie de telle manière se réjouira avec cris de triomphe. En présence de la mort et de l'enfer, il sera plus que vainqueur, même si tous devaient trembler, s'enfuir ou tomber au tour de lui.
 C'est en espérant en Dieu dans les moments critiques que toute âme forte obtient la sagesse et la force qui remplissent les autres hommes d'étonnement. Eux aussi pourraient être grands devant le Seigneur (Luc 1:15), s'ils voulaient espérer en Lui et être fidèles, au lieu de s'agiter et de courir l'un vers l'autre pour chercher le secours quand vient le moment de l'épreuve.
 Après avoir traversé une période de trouble et d'angoisse, le psalmiste parle ainsi de sa délivrance:

J'avais mis en l’Éternel mon espérance;
Et Il s'est incliné vers moi,
Il a écouté mes cris.
Il m'a retiré de la fosse de destruction.
Du fond de la boue;
Et Il a dressé mes pieds sur le roc,
Il a affermi mes pas.
Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau,
Une louange à notre Dieu! Beaucoup l'ont vu, et ont eu de la crainte,
Et ils se sont confiés en l’Éternel.
                                                                         (Psaume 40:2-4).

 Je visitai dernièrement un pauvre petit poste de l'Armée du Salut qui laissait à désirer dans presque tous les domaines: Beaucoup de soldats étaient froids et découragés, mais je trouvai une camarade au visage rayonnant, un chant de louanges sur les lèvres. Elle me raconta qu'en voyant les autres faiblir autour d'elle, en constatant l'insouciance du plus grand nombre et le déclin de la piété dans ce Poste, elle avait profondément souffert et le découragement avait failli l'accabler. Mais, se tournant vers Dieu, elle s'était prosternée devant Lui, priant et attendant Sa présence. Il lui découvrit alors le sinistre abîme qu'elle frôlait, lui démontrant que son devoir était de s'attacher au Christ et de marcher à Sa suite en pureté de cœur, le Poste entier dû-t-il faire défection. Elle confessa au Seigneur tout ce qu'Il condamnait en elle. Alors une joie inexprimable l'envahit. Elle fut remplie à la fois de la crainte de Dieu et de la gloire de Sa présence.
 Elle ajouta que le lendemain, elle tremblait à la pensée de l'effroyable danger couru, et m'affirma qu'elle devait son salut à son ardente prière dans le silence de la nuit. Maintenant, elle se sentait pleine de confiance et d'espoir, non seulement pour elle-même, mais aussi pour le Poste dont elle faisait partie. Puisse notre Armée compter des milliers de soldats semblables!
 David a dit: "Mon âme, confie-toi en Dieu, car de lui vient mon espérance" (Ps. 62:6); et ailleurs il déclare: "J'espère en l’Éternel  mon âme espère, et j'attends sa promesse. Mon âme compte sur le Seigneur plus que les gardes ne comptent sur le matin" (Ps. 130:5-6); puis il lance cette retentissante exhortation et cette parle d'encouragement à vous et à moi: "Espère en l’Éternel  Fortifie-toi et que ton cœur s'affermisse! Espère en l’Éternel!" (Psaume 27:14).
 Le secret de toute chute, comme de tout vrai succès, réside dans l'attitude de l'âme devant Dieu. L'homme qui espère courageusement en Dieu ne peut manquer de réussir. Il ne tombera point. Aux yeux des autres hommes, il semblera échouer peut-être, mais ils reconnaîtront à la fin ce qu'il n'a jamais cessé de croire, c'est que Dieu était avec lui, le rendant prospère en dépit de toutes les apparences.
 Jésus fait résider ce secret dans ces paroles: "Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra" (Matthieu 6:6).
 Sachez donc qu'il ouvre la voie à toute défaite, celui qui ne s'unit pas à Dieu dans le secret de la prière, jusqu'à être rempli de sagesse, revêtu de puissance et enflammé d'amour.



CHAPITRE 9  Déperdition de force spirituelle

 Un homme de Dieu, rempli d'amour pour les âmes, James Caughey, raconte dans un de ses ouvrages comment, ayant été, un jour, invité à prendre le thé, il avait participé à la conversation qui n'offrit rien de répréhensible. Pourtant, il s'était senti, à l'heure de la réunion, comme un arc détendu. Il ne put faire pénétrer les "flèches" de l’Éternel dans le cœur de ses ennemis, car il avait perdu sa puissance dans cette causerie inutile.
 Voici comment un officier de ma connaissance laissait sa force spirituelle s'écouler peu à peu, au point de devenir comme un os desséché au moment de la réunion: nous avions environ cinq kilomètres à parcourir pour nous rendre à la salle et, pendant le trajet il ne cessait de parler de choses sans rapport avec la réunion prochaine. Il n'y avait sans doute rien de mauvais ni de frivole dans ses propos, mais ils l'éloignaient du but; ils détournaient son esprit de l’Éternel et des êtres en face desquels il allait se trouver pour les exhorter à se réconcilier avec Dieu; il en résultait, qu'au lieu de se présenter revêtu de puissance devant l'auditoire, il en était au contraire dépouillé. Je me rappelle parfaitement cette réunion: la prière bonne, mais sans force; des mots, des mots, des mots 1 La lecture de la Bible et l'allocution bonnes également. L'officier disait des choses vraies et excellentes, mais qui restaient sans effet. Les soldats paraissaient indifférents, les pécheurs insouciants et endormis. La réunion, dans son ensemble, ne présentait pas d'intérêt.
 Or, cet officier n'était pas un rétrograde, et ne manquait ni d'expérience ni de moyens. Il était, au contraire, à ma connaissance, un des plus brillants et des plus intelligents. Mais, au lieu de garder le silence en se rendant à la réunion et de demeurer en communion avec Dieu jusqu'à ce que Son âme fût enflammée de foi, d'espérance et d'amour, il gaspillait sa force en vain bavardage.
 Dieu dit:
 "Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche" (Jérémie 15:19). Alors que cet officier aurait pu se rendre à la réunion plein de force, que sa bouche aurait pu être, pour ses auditeurs, comme celle de Dieu même, semblable à "une épée quelconque à deux tranchants pénétrante jusqu'à partager âmes et esprit, jointures et moelles" (Hébreux 4:12), il restait impuissant, tel Samson quand ses cheveux eurent été coupés par Dalilah.
 Il y a ainsi bien des manières de laisser échapper la force spirituelle. J'ai connu un soldat qui, chaque soir, arrivait de bonne heure à la salle, mais au lieu de se préparer à la réunion, passait son temps à jouer du violon et à en tirer une musique douce et rêveuse; bien qu'averti avec amour et fidélité, il continua ses exercices, jusqu'au jour où il rétrograda ouvertement.
 J'ai connu des hommes que l'habitude de plaisanter privait de leur force spirituelle. Ils aimaient raconter des histoires amusantes et à faire de l'esprit pour égayer les autres. Certes_ l'animation ne manquait pas, mais elle n'avait rien de divin. Je ne veux pas dire cependant qu'un homme rempli de .d force de l'Esprit ne doive jamais provoquer le rire; il peut tenir les propos les plus comiques, mais que ce soit en temps opportun; ils doivent arriver naturellement, être exprimés dans la crainte de Dieu et non dans un esprit de pure plaisanterie.
Celui qui, dans une réunion, désire avoir de la vie et de la force, doit se rappeler que rien ne peut remplacer le Saint-Esprit. Il est la vie. Il est la force. Si on Le cherche avec ferveur, Il vient, et Sa présence rend la plus petite réunion féconde en résultats.
 Il faut Le désirer intensément, dans une prière ardente et secrète. Jésus a dit: "Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra." (Matthieu 6:6). –Il l’a dit et le fera; que Son saint nom soit béni!
 Je connais un homme qui, autant que possible, se retire auprès de Dieu une heure avant chaque réunion; aussi, quand il parle, est-ce avec la force du Saint-Esprit.
 L'homme qui veut recevoir la puissance au moment précis où il en a besoin, doit marcher avec Dieu. Il doit être intime avec Dieu et maintenir une voie toujours ouverte entre son cœur et Dieu. Dieu sera l'ami d'un tel homme, Il le bénira et l'honorera. Dieu lui révélera Ses secrets; Il lui enseignera à trouver le chemin des cœurs; Il éclairera pour lui les ténèbres et aplanira sa voie. Dieu se tiendra à ses côtés pour lui venir en aide.
 Un tel homme veillera constamment sur sa bouche comme sur son cœur. David disait:  "Eternel, mets une garde à ma bouche, veille sur la porte de mes lèvres!" (Psaume 141:3).
 Et Salomon dit:
 Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les Sources de la vie. (Proverbes 4:23).

 Il doit marcher avec Dieu dans une communion ininterrompue et garder la joyeuse certitude qu'il est toujours en Sa présence: "Fais de l'Eternel tes délices", dit le Psalmiste (Psaume 37:4). Oh! Qu'heureux est l'homme qui prend son plaisir en l’Éternel, qui n'est jamais seul parce qu'il connaît Dieu, qu'il Lui parle et se réjouit en Lui; qui sent combien Dieu est digne d'être aimé et se donne à Lui pour L'aimer, Le servir et se confier en Lui de tout son cœur!
 Camarades, "n'éteignez pas l'Esprit" (1 Thessaloniciens 5:19). Il vous amènera ainsi à connaître et à aimer Dieu, et Dieu fera de vous les instruments de Sa puissance.



CHAPITRE 10  L'homme que Dieu emploie à Son service

 Il y a quelque temps j'eus l'occasion de m'entretenir avec un négociant chrétien, qui exprima une grande et importante vérité en disant:
 "Beaucoup de personnes supplient le Seigneur de les employer à Son service, mais Il ne le peut pas. Ils ne se sont pas abandonnés à Lui; ils ne sont ni humbles, ni dociles, ni saints. Beaucoup de gens s'adressent à moi pour obtenir un emploi dans mon magasin, mais je ne puis les accepter parce qu'ils sont impropres à mon travail. Quand j'ai besoin de quelqu'un, je fais insérer une annonce et je passe quelquefois des journées à chercher un homme susceptible d'occuper le poste à pourvoir; quand j'ai trouvé cet homme, je le mets à l'épreuve pour juger s'il est capable ou non de remplir l'emploi que j'ai à lui confier."

 Le fait est que Dieu prend à Son service tous ceux - qu'Il peut utiliser, et dans toute l'étendue de leurs capacités. Ainsi, au lieu de demander d'être employé au service de Dieu, devrait-on s'examiner pour constater si l'on est propre à son oeuvre. Dieu ne peut employer tous ceux qui le Lui demandent, pas plus que ne le pouvait ce négociant. A ceux qui sont sanctifiés et utiles à leur Maître, propres à toute bonne oeuvre (2 Timothée 2:21) et à ceux-là seulement, Il peut accorder cette grande utilité. Dieu cherche partout des hommes et des femmes pour les utiliser, mais, comme ce négociant, Il doit en éprouver des centaines avant de trouver l'instrument convenable. La Bible dit: "L’Éternel étend Ses regards Sur toute la terre pour soutenir ceux dont le cœur est tout entier à Lui" (2 Chroniques 16:9). Dieu ne demande qu'à vous employer, mais, avant de le Lui demander, de nouveau voyez si votre" cœur est tout entier à Lui". Alors, n'en doutez pas, Dieu se montrera puissant en votre faveur; gloire à Son précieux, précieux nom!
 Quand Dieu cherche un homme pour travailler dans Sa vigne, Il ne demande pas: "A-t-il de grandes capacités naturelles? A-t-il reçu une éducation accomplie? A-t-il le don du chant? Ses prières sont-elles éloquentes? A-t-il le don de la parole ?"
 Il demande plutôt: "Son cœur est-il tourné vers Moi? Est-il saint, rempli d'amour? Est-il résolu à marcher par la foi et non par la vue? M'aime-t-il assez et a-t-il une confiance assez enfantine en Mon amour pour croire qu'il est un instrument entre Mes mains même lorsqu'il ne voit pas de signe extérieur que Je l'emploie à Mon oeuvre? Sera-t-il las et abattu quand Je le reprendrai, dans le but d'accroître ses possibilités de service? Ou s'écriera-t-il plutôt avec Job: "Voici, qu'il me tue, j'espérerai en lui"? (Job 13:15, version Darby). Sonde-t-il Ma parole et la médite-t-il "jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit"? (Josué 1:8).
 S'attend-il à Moi Pour être conseillé et cherche-t-il en tout à être conduit par Mon Esprit? Au contraire est-il indomptable et rétif comme le cheval ou le mulet, qu'on bride avec un frein et un mors, de sorte que je ne puisse pas le guider de Mon œil? (Psaume 32:8-9, version Ostervald). Cherche-t-il à plaire aux hommes et à s'épargner de la peine, ou est-il disposé à attendre de Dieu seul sa récompense, ne recherchant que "la gloire qui vient de Dieu seul"? (Jn. 5:44). Est-ce qu'il" prêche la parole . . .en toute occasion, favorable ou non. . ."? (2Timothée  4:2). Est-il "doux et humble de cœur"? (Matthieu 11:29).

 Quand Dieu trouve un tel homme, Il le prend à Son service. Il y aura entre Dieu et cet homme une entente si affectueuse, un tel amour, une telle confiance, une telle sympathie mutuelle, qu'il deviendra sur-le-champ" ouvrier avec Dieu".

 Paul était un de ceux-là; aussi, plus on attentait à ses jours, en le maltraitant et en le lapidant, plus Dieu l'employait à Son service. Enfin, jeté en prison, Paul déclare avec une foi inébranlable: "Je souffre jusqu'à être lié comme un malfaiteur. Mais la parole de Dieu n'est pas liée" (2 Timothée 2:9); ainsi il annonça la parole de Dieu et, ni les démons, ni les hommes ne purent l'entraver. Elle franchit les murs de sa prison, vola par delà les océans et les continents, à travers les siècles, portant la glorieuse nouvelle de l’Évangile béni; renversant les trônes, les royaumes et les puissances du mal, portant partout lumière, consolation et salut aux coeurs tristes, troublés et souillés. Près de dix-neuf siècles se sont écoulés depuis le martyre de Paul, depuis que ses bourreaux ont cru en finir avec lui pour jamais; ses œuvres et la puissance de sa parole portent, aujourd'hui, à la gloire de Dieu et pour le bien des hommes, des fruits qui surpassent même la compréhension d'un archange.

 Combien Paul sera surpris en recevant sa récompense finale au jour du jugement et en prenant possession de tous les trésors qu'il s'est amassés au ciel, de l'héritage éternel préparé pour lui!
 Pauvre âme troublée, rassure-toi et prends courage! Tu te crois inutile, qu'en sais-tu? Espère en Dieu!
 Paul connut des jours sombres; il écrivait à Timothée: "Tu sais que tous ceux qui sont en Asie m'ont abandonné" (2 Timothée 1:15). Etudiez sa vie dans les Actes et les Épitres, considérez ses luttes et ses découragements, et prenez courage.

 Jésus a dit: "Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein." C'est ainsi qu'Il parlait "de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui" (ln. 7:38-39).
 Veillez à garder la foi; veillez à être "remplis du Saint Esprit", et Jésus veillera à ce que, de votre vie, découlent des fleuves de puissance, de sainte influence qui seront en bénédiction au monde. Vous constaterez vous-mêmes avec étonnement, au jour des rétributions, combien votre récompense est grande, comparée à la petitesse de vos sacrifices et de votre travail.





CHAPITRE 11  Votre propre âme

 Une femme m'adressait un jour la question suivante: "Ne peut-on pas courir le risque de prendre un trop grand soin de son âme? Je vois partout autour de moi tant de chagrins, de douleurs et d'injustices que je suis perplexe quant à la manière dont Dieu gouverne le monde, et il me semble que le chrétien, au lieu de tant se préoccuper de son âme, devrait plutôt chercher à venir en aide à son prochain."

 Cet embarras est assez général. Tout chrétien constate autour de lui des chagrins et des souffrances auxquels il est incapable de remédier; sa perplexité devant cette impuissance est une invitation du Seigneur à prendre le plus grand soin de son âme, de peur qu'il ne succombe au doute et au découragement.

 Mais, quand je dis que le chrétien doit prendre soin de son âme, je n'entends pas qu'il doive se dorloter, se choyer et s'apitoyer sur lui-même, ni se laisser aller à de douces rêveries. Au contraire, il doit prier, prier et prier encore. Il recherchera donc la présence et les enseignements du Saint Esprit en sorte qu'il reçoive une plénitude de lumière et de force, et fasse de la volonté divine l'objet d'une étude sans relâche (Héb. 6:12). Ainsi pourra-t-il avoir en la sagesse et la bonté de Dieu une foi inébranlable, et pour les hommes un amour à la hauteur de toutes les détresses qui l'entourent.

 Lecteur, peut-être êtes-vous aussi troublé à la vue de toutes les misères non soulagées qui vous environnent. Or, nulle créature ne pourra résoudre à votre gré les problèmes que vous vous posez à vous-mêmes et que Satan vous suggère en présence des souffrances de ce monde. Mais le Consolateur satisfera votre cœur et votre esprit, si vous attendez avec foi et patience qu'Il vous enseigne toutes choses et vous conduise "dans toute la vérité" Jean 16:13).
 "Ceux qui se confient en l’Éternel renouvellent leur force" (Esaïe 40:31). Vous ne pouvez en aide aux autres si vous vous approchez d'eux affaibli par les doutes, les craintes et les perplexités. Ainsi donc, confiez-vous en l’Éternel, jusqu'à ce qu'Il fortifie votre cœur.
 Ne vous impatientez point. Ne cherchez pas d'avance à comprendre ce que Dieu veut dire ou comment Il le dira. Il vous enseignera sûrement, mais vous devez Le laisser agir comme Il l'entend. Vous pourrez alors aider les autres avec toute la puissance et la sagesse de Jéhovah.
 Vous devez vous assurer en Son amour et attendre le moment qu'Il a choisi, en vous reposant sur Lui, pour que Lui-même vous enseigne. Lorsqu'un chef d’État doit venir en son palais, les serviteurs ne l'attendent pas nonchalamment, pas plus qu'ils ne se mettent en quête d'un travail à faire, mais chacun s'acquitte de la besogne qui lui est assignée, préparant avec ardeur le venue de son chef. C'est ce que je veux dire par: s'attendre à Dieu. Si c'est ainsi que vous prenez soin de votre âme, vous ne risquez pas de dépasser la mesure; ne vous laissez donc détourner par qui que ce soit, ni par la persuasion, ni par la crainte du ridicule.

 Insensé, le bûcheron qui croirait avoir trop de bois à couper pour prendre le temps d'aiguiser sa hache! Inutile, le serviteur qui courrait en ville faire des achats pour son maître, mais qui serait trop pressé pour prendre ses ordres et lui demander l'argent nécessaire! Combien donc plus insensé et plus inutile encore celui qui tenterait de faire l’œuvre de Dieu sans avoir, au préalable, obtenu Sa force et Sa direction!

 Un matin, après avoir présidé une demi nuit de prière pendant laquelle j'avais travaillé dur, je me levai assez tôt pour passer encore une heure avec Dieu et ma Bible. Dieu fit descendre sur moi une bénédiction telle qu'elle m'arracha des larmes. Très ému, un Officier qui se trouvait avec moi m'avoua:

 -Je ne trouve pas souvent Dieu dans la prière. Je n'en ai pas le temps. Ceux qui ne trouvent pas Dieu dans la prière entravent sa course au lieu de la faire avancer. Prenez le temps de prier. Renoncez au déjeuner, si c'est nécessaire, mais prenez le temps de vous approcher de Dieu; puis, quand Dieu se sera approché de vous et vous aura bénis, allez vers les malheureux qui vous entourent, et déversez sur eux les richesses de joie, d'amour et de paix que Dieu vous aura données. Mais ne partez pas avant de savoir que vous allez être revêtus de Sa puissance.

 J'ai entendu le Fondateur dire une fois, dans un Conseil d'Officiers: "Prenez chaque jour le temps de demander la bénédiction du Seigneur sur votre propre âme; si vous ne le faites pas, vous perdrez Dieu. Chaque jour Dieu se retire des hommes. Autrefois ils avaient la puissance; ils marchaient dans la gloire et la force du Seigneur; mais ils cessèrent d'espérer en Lui, de chercher Sa face avec ardeur, et Il les abandonna. Je suis un homme très occupé, néanmoins, je prends chaque jour le temps d'être seul avec Dieu et d'entrer en communion avec Lui. Si je ne le faisais pas, Il m'aurait bientôt abandonné."

 Paul a dit: "Prenez donc garde
[1°] à vous-mêmes et
[2°] à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques" (Ac. 20:28).
Et ailleurs:
 "Veille …
[1°] sur toi même et
[2°] sur ton enseignement . . . car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t'écoutent" (1 Timothée 4:16).

 Paul ne voulait pas nous inciter à l'égoïsme, en nous disant de veiller d'abord sur nous-mêmes; il voulait par cela nous enseigner, qu'à moins de veiller sur nous-mêmes pour que nos âmes soient constamment remplies de foi, ci' espérance et d'amour, nous serions incapables de venir en aide à notre prochain.




CHAPITRE 12  La troupe de Gédéon

 Cent vingt mille Madianites s'étaient avancés pour combattre Israël et trente-deux mille Israélites avaient pris les armes pour défendre, contre eux, leurs femmes, leurs enfants, leurs foyers, leur liberté, leur vie. Mais Dieu savait que, si un Israélite battait quatre Madianites, il serait à tel point gonflé d'orgueil qu'il oublierait le Seigneur et dirait: "C'est ma main qui m'a délivré" (Juges 7:2).
 Le Seigneur savait aussi qu'il existait parmi eux des cœurs lâches, ne demandant qu'une excuse pour s'éloigner; c'est pourquoi Il dit à Gédéon: "Que celui qui est craintif et qui a peur s'en retourne et s'éloigne de la montagne de Galaad" (Juges 7:3). Plus tôt les peureux nous quitteront, mieux cela vaudra.-"Vingt-deux mille hommes parmi le peuple s'en retournèrent, et il en resta dix mille" (v. 3). Les fugitifs redoutaient de tourner leur visage vers l'ennemi, mais ils ne rougissaient pas de lui tourner le dos.
 Le Seigneur vit que, si un Israélite battait douze Madianites, il serait encore plus gonflé d'orgueil: aussi soumit-il l'armée à une seconde épreuve et dit à Gédéon:
"Le peuple est encore trop nombreux. Fais-les descendre vers l'eau, et là je t'en ferai le triage; celui dont je te dirai: Que celui-ci aille avec toi, ira avec toi, et celui dont je te dirai: Que celui-ci n'aille pas avec toi, n'ira pas avec toi. Gédéon fit descendre le peuple vers l'eau, et l’Éternel dit à Gédéon: Tous ceux qui laperont l'eau avec la langue comme lape le chien, tu les sépareras de tous ceux qui se mettront à genoux pour boire. Ceux qui lapèrent l'eau en la portant à la bouche avec leur main furent au nombre de trois cents hommes, et tout le reste du peuple se mit à genoux pour boire. Et l’Éternel dit à Gédéon: C'est par les trois cents hommes qui ont lapé, que je vous sauverai et que je livrerai Madian entre tes mains. Que tout le reste du peuple s'en aille, chacun chez soi. On prit les vivres du peuple et ses trompettes. Puis, Gédéon renvoya tous les hommes d'Israël chacun dans sa tente, et il retint les trois cents hommes" (Juges 7:4-8).
 Ces trois cents hommes étaient résolus; non seulement ils ne craignaient rien, mais ils n'avaient pas d'indulgence pour eux-mêmes. Ils savaient combattre et mieux encore: ils savaient renoncer à eux-mêmes. Ils savaient renoncer non seulement quand il y avait très peu d'eau, mais même quand une rivière coulait à leurs pieds. Ils ne souffraient certainement pas moins de la soif que les autres, mais ils ne songèrent pas à se dessaisir de leurs armes pour se pencher sur le fleuve et boire en présence de l'ennemi. Ils restèrent debout, les yeux ouverts, surveillant les mouvements de leurs adversaires, une main sur l'arc et le bouclier, tandis que de l'autre ils portaient l'eau à leurs lèvres altérées. Les autres ne redoutaient sans doute pas la bataille; mais apaiser leur soif passait en première ligne, au risque de laisser l'ennemi s'abattre sur eux, tandis que, penchés sur le fleuve, ils buvaient à genoux. Il leur fallait avant tout prendre soin de leur petite personne, l'armée dû t-elle être écrasée. Ils songeaient d'abord à eux-mêmes, et la pensée ne leur était jamais venue de se sacrifier pour le bien général; aussi, Dieu les renvoya-t il chez eux avec les craintifs et c'est avec ces trois cents hommes seulement qu'Il mit en déroute les Madianites. Un contre quatre cents! Plus rien là pour satisfaire l'amour-propre! Ils remportèrent la victoire et s'immortalisèrent, mais la gloire en revint à Dieu.
 Il est des natures craintives qui ne peuvent supporter le rire ou le sarcasme, à plus forte raison ne peuvent-elles souffrir un ennemi résolu. Si elles ne parviennent pas à trouver force et hardiesse en l’Éternel, plus tôt elles quitteront le champ de bataille, mieux cela vaudra; qu'elles retournent à leurs femmes, à leurs enfants et à leurs familles!
 Il est aussi un grand nombre de gens qui n'éprouvent aucune crainte; la bataille les réjouit plutôt. Ils aiment porter l'uniforme, vendre le journal de l'Armée, parcourir les rues et tenir tête à la foule; ils aiment chanter, prier et rendre témoignage en présence de leurs ennemis autant, sinon plus, que de rester au logis. Mais ils sont indulgents pour eux mêmes; s'ils tiennent à quelque chose, il faut qu'ils l'obtiennent, cela dû- t- il leur nuire et les rendre impropres à la lutte.
 Je connais certaines personnes à qui le thé, les gâteaux et les sucreries sont nuisibles, mais elles aiment tout cela, et plutôt que d'y renoncer, elles courent le risque de contrister l'Esprit de Dieu et de ruiner leur santé, ce capital que Dieu leur a donné pour travailler à Son oeuvre.
 Tel serviteur de Dieu n'ignore pas qu'un souper copieux avant une réunion pèse sur les organes digestifs, qu'il fait affluer le sang de la tête à l'estomac, alourdit l'esprit et rend l'âme moins sensible aux réalités spirituelles et moins apte à plaider avec Dieu dans la puissance et l'esprit d'Elie. Le témoignage ou la prédication y perdent en force et en clarté. Mais il a faim; et, trouvant du plaisir à tel ou tel mets, il flatte son palais, alourdit son estomac, gâte la réunion, désappointe les âmes avides et contriste la Saint- Esprit tout cela, uniquement pour satisfaire les appétits de la chair.
 Je connais aussi des gens qui ne peuvent veiller avec Jésus pendant une demi nuit de prières sans prendre du café. Pouvez-vous imaginer Jacob interrompant sa lutte désespérée, pour aller prendre son petit déjeuner, alors qu'il lui faut la bénédiction de l'ange avant d'oser affronter son frère Esaü? Certes, il aurait pu avoir Son café- au -lait s'il n'avait pas été aussi acharné. Mais en revenant au lieu du combat, il n'aurait plus trouvé personne. Il n'aurait pas non plus appris que Celui dont il reçut à la fois blessure et bénédiction, avait aussi touché le cœur d'Esaü? Et ce dernier se serait dressé devant Jacob, prêt, dans son irritation, à exécuter la menace de lui ôter la vie, formulée vingt années auparavant. Mais Jacob avait pris une résolution désespérée; il désirait tellement la bénédiction de l’Éternel qu'il oublia tout ce qui concernait son corps. Dans la ferveur de sa prière, il ne proféra pas une plainte quand il fut blessé par l'ange, et il obtint la bénédiction qu'il implorait (Genèse 32). Gloire à Dieu!
 Tandis que, avec agonie, Jésus priait en Gethsémané, une sueur semblable à des grumeaux de sang tombant de Son front, Ses disciples dormaient, et Il fut affligé de ce qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec Lui (Luc 22:39-46).
De même aujourd'hui, combien doit-Il "être affligé que tant d'hommes ne puissent, ou ne veuillent pas, veiller avec Lui, ni renoncer à la vie cachée du "moi" pour obtenir la victoire sur les puissances de l'enfer et arracher les âmes à l'abîme sans fond?
 Nous lisons au sujet de Daniel (chap. 10:3) que, durant trois longues semaines, il s'abstint de toute nourriture agréable pour se livrer à la prière pendant tout le temps qu'il pouvait y consacrer, si grand était son désir de connaître la volonté de Dieu et d'obtenir Sa bénédiction! Aussi obtint-il, un jour, que Dieu lui envoya un ange pour lui dire: "Ne crains rien, homme bien-aimé!" (Daniel 10:19). Et Il lui révéla tout ce dont il désirait être instruit.
 Dans les Actes (chap. 14:23) nous lisons que Paul et Barnabas priaient et jeûnaient -et non pas festoyaient- pour que le peuple fût béni avant leur départ. Ils s'intéressaient vivement au sort de ceux qu'ils devaient laisser derrière eux.
Moïse, Elie et Jésus jeûnèrent et prièrent durant quarante jours, et des œuvres puissantes s'accomplirent aussitôt après.
 De même, tous les grands hommes de Dieu ont appris à renoncer à eux-mêmes, à tenir leur corps assujetti (1 Corinthiens 9:27). C'est ainsi que Dieu, remplissant leur âme du feu divin, les a aidés à remporter la victoire envers et contre tous et les a rendus en bénédiction au monde.
 Un homme ne doit pas se priver de nourriture ou de boisson au point d'en faire souffrir son corps, mais une nuit de veille, de jeûne et de prière ne fait de mal à personne. Celui qui, à l'occasion, est prêt à priver son corps dans l'intérêt de son âme et de celle des autres, recueillera des bénédictions qui l'étonneront lui-même et tous ceux qui le connaissent.
 Mais cet empire sur soi-même doit être constant. Il ne servirait à rien de jeûner toute la nuit pour festoyer le lendemain. "Sois sobre en toutes choses!" (2 Timothée 4:5) disait l'apôtre; il aurait pu ajouter en tout temps.
 Voyez le peuple de Gédéon! Il ne resta oisif ni la nuit, ni le matin de bonne heure; lorsqu'il attaqua l'ennemi et qu'il eut l'avantage sur lui, ce fut en s'y prenant dès l'aube.
 Les gens qui ne se refusent rien, sous le rapport des aliments et de la boisson, sont disposés à en faire autant pour le sommeil. Mangeant tard le soir, ils ont le sommeil lourd, se sentent las le lendemain matin, et ont besoin d'une tasse de café fort pour éclaircir leurs idées. En raison de ce lever tardif, l'ouvrage du jour s'accumule; il leur reste à peine le temps de louer le Seigneur, de prier et de lire leur Bible. Puis les soucis quotidiens les assaillent; la joie du Seigneur ne trouve pas place en leur esprit, accaparé par toutes sortes de pensées. Jésus doit attendre qu'ils se soient acquittés de leur travail pour qu'ils prêtent l'oreille à Sa voix, et la journée entière est ainsi gâtée.
 Oh! S'ils connaissaient le privilège et la joie débordante de se lever de bonne heure pour combattre les "Madianites"! Il y a tout lieu de croire que le Capitaine Gédéon, restant debout toute la nuit, réveilla son peuple à l'aurore, et que les Madianites furent vaincus et dispersés avant l'aube.
 Quatre cent démons ne pourraient avoir raison de l'homme qui se fait une règle de se lever tôt pour louer le Seigneur, appeler la bénédiction de Dieu sur son âme et sur le monde entier. Ils ne tarderaient pas à s'enfuir.
 Jean de la Fléchère* ('Né en Suisse. Ami intime de John Wesley. Il prit dans la suite le nom de John Fletcher.) s'affligeait à la pensée qu'un laboureur put se mettre à son travail quotidien avant qu'il fût debout lui-même pour louer Dieu et combattre le malin. Il disait: "Comment! Le maître terrestre de cet homme mériterait un service plus prompt que mon Maître céleste?" Un autre homme de Dieu se lamentait lorsqu'il entendait le chant des oiseaux avant de s'être lui-même levé pour se livrer à l'adoration.
 Nous lisons que Jésus se levait de bon matin et se retirait seul pour prier (Marc. 1:35). Josué se leva, lui aussi, de grand matin pour organiser les batailles contre Jéricho et Aï (Josué 6:12 et 8:10).
 John Wesley se couchait régulièrement à dix heures du soir -à moins qu'il ne passât la nuit en prières- pour se lever à quatre heures. Six heures de sommeil lui suffisaient.
 Aussi, à quatre-vingt-deux ans s'estimait-il un véritable miracle à ses propres yeux, n' ayant pas été malade un seul jour durant les douze années précédentes, n'ayant jamais éprouvé de fatigue, ni perdu une heure de sommeil, quoiqu'il eût parcouru, chaque année des milliers de kilomètres à cheval et en voiture, été comme hiver, prêché des centaines de sermons et accompli un labeur dont à peine un homme sur mille serait capable. Il attribuait tout cela à la bénédiction de Dieu, à la simplicité de sa vie, et à une conscience pure. Ce fut un homme sage et utile, attachant une telle importance à la question qu'il écrivit et publia un sermon sur "racheter le temps" consacré au sommeil.
 Un officier m'écrivait récemment qu'il prie le matin, quand son esprit est reposé, et avant que les soucis du jour se soient imposés à lui.
 Faire partie de la troupe de Gédéon exige plus que beaucoup de gens ne peuvent l'imaginer, mais j'en fais partie, gloire à Dieu! Et mon âme est remplie d'un feu dévorant.
 Quel bonheur de vivre lorsqu'on appartient à une telle compagnie!





CHAPITRE 13  Ambassadeur dans les chaînes

 Faites en tout temps par l'esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. Priez pour moi, afin qu'il me soit donné . . . de faire connaître hardiment et librement le mystère de l'Evangile pour lequel je suis ambassadeur dans les chaîne.  (Ephésiens 6:18-20)

 Mon âme tressaillit un matin au dedans de moi en lisant l'appel de Paul aux prières de l’Église, lorsqu'il se déclara lui-même" ambassadeur dans les chaînes".
 Vous savez ce qu'est un ambassadeur? C'est un homme qui représente son gouvernement auprès d'un autre. Sa personne est considérée comme sacrée; sa parole fait autorité. L'honneur et l'ascendant de son pays et de son gouvernement marchent à sa suite. Une offense ou un manque d'égards envers lui est une offense ou un manque d'égards à l'adresse du pays même qu'il représente.
 Or, Paul était ambassadeur du Ciel, représentant le Seigneur Jésus auprès des nations de ce monde. Mais, au lieu  d'être traité avec le respect et l'honneur dûs aux ambassadeurs, il fut jeté en prison et enchaîné entre deux soldats romains ignorants et probablement brutaux.
 Ce qui émouvait mon âme, c'était le zèle inépuisable de cet homme et l’œuvre accomplie dans de telles circonstances. La plupart des chrétiens auraient considéré leur tâche comme achevée ou du moins comme interrompue, jusqu'à ce qu'ils eussent recouvré la liberté. Pour Paul, il n'en fut pas ainsi. En prison et dans les fers, il écrivit quelques lettres qui ont été en bénédiction au monde entier, et qui le seront jusqu'à la fin des siècles. Elles nous enseignent, en outre, qu'un ministère peut s'exercer par la prière aussi bien que par l'action. Nous vivons dans un âge de travail incessant, d'activité fiévreuse et d'excitation, et nous avons besoin d'apprendre cette vérité.
 Paul fut le plus actif de tous les apôtres; il a travaillé plus qu'eux tous (1 Corinthiens 15: 10). Les jeunes Églises étaient entourées d'ennemis implacables et placées dans les circonstances les plus critiques. Elles avaient besoin de lui. Mais destiné à être le principal apôtre des doctrines de l’Évangile du Christ, il devait être aussi le témoin par excellence de Sa puissance pour sauver et sanctifier dans les circonstances les plus pénibles.

 Il est difficile- sinon impossible- de concevoir une épreuve à laquelle Paul n'ait pas été soumis. Il déclare qu'aucune d'elles ne pouvait l'émouvoir. Adoré comme un dieu; fouetté et lapidé comme le plus vil des esclaves, il avait appris à être content de l'état où il se trouvait. Aussi pouvait-il triomphalement écrire, à la fin de sa vie: "J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi". Il ne recula jamais, ne murmura même pas, mais poursuivit sa course, confiant dans l'amour de Jésus, et par la foi en Lui, devint plus que vainqueur en toutes choses (2 Corinthiens 11:23-33; 2 Timothée 4:7).

 Beaucoup de Salutistes ont appris les leçons d'activité enseignées par Paul, mais il serait bon de nous préparer à apprendre aussi les leçons qui se dégagent de sa captivité. Il est doublement important pour les Officiers malades ou contraints au repos de se les approprier. Impatients de cette inaction prolongée, ils sont tentés de murmurer et de se plaindre, se croyant désormais inutiles. Cependant, Dieu peut les employer, dans la prière et la louange, pourvu qu'ils croient, se réjouissent, veillent et prient dans le Saint-Esprit, d'une manière plus efficace qu'Il ne le ferait en les plaçant à la tête d'un bataillon. Leur devoir est d'intercéder dans la prière pour ceux qui sont à l’œuvre ou pour ceux qui ont besoin du salut de Dieu.
 J'écris par expérience.
 Pendant dix-huit mois, Dieu me laissa dans l'inaction de la maladie. Il me lia de Ses liens et j'eus à apprendre les leçons d'un ministère passif de prière, de louange, de patience; si j'avais refusé, j'aurais rétrogradé. Il semblait impossible que je puisse jamais reprendre mon activité, mais je ne me décourageai pas. Il m'aida à m'incliner devant Sa volonté et à demeurer dans le silence, l'âme calme et tranquille, "comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère" (Psaume 131:2). Cependant, mon cœur soupirait après la gloire de Dieu et le salut des nations; je priai, m'intéressant à tout ce qui touchait la guerre du salut, et étudiai les besoins des autres parties du monde. Je priai jusqu'au jour où je sus que Dieu m'avait entendu et exaucé; mon cœur fut aussi réjoui que si j'eusse été au fort de la bataille.
 Pendant ce temps, j'eus l'occasion de m'instruire du triste état où se trouvait plongé un grand pays; mon cœur saigna et je suppliai Dieu d'y envoyer le salut. Dans la prière secrète, comme dans la prière en famille, je répandis mon cœur devant Dieu, je sus qu'Il m'avait entendu et qu'Il ferait de grandes choses pour ce malheureux pays. Peu de temps après, j'entendis parler de terribles persécutions dans ce pays, et de l'expulsion d'un grand nombre de chrétiens simples et ardents. Tout en m'affligeant de leurs souffrances, je remerciai le Seigneur d'user de ce moyen pour répandre la clarté de Son glorieux salut dans cette contrée si déshéritée. L'Armée s'y est établie depuis.
 Les officiers malades et condamnés à l'inaction, tous les saints de Dieu, peuvent obtenir du Seigneur Sa bénédiction sur l'Armée et sur le monde, pourvu qu'ils gardent la foi et assiègent le trône de la Grâce de prières incessantes.
 Il y a d'autres manières d'enchaîner les ambassadeurs de Dieu que de les jeter dans des cachots, entre des soldats romains. Malades sans espoir, vous êtes" enchaînés"; assiégés de soucis domestiques, vous êtes enchaînés; mais rappelez vous les chaînes de Paul et prenez courage!
 Quelquefois, d'anciens Officiers qui ont déserté leur poste, et dont les circonstances rendent impossible leur retour dans l’œuvre, se lamentent sur leur sort et déclarent qu'ils ne peuvent plus rien faire pour Dieu. Qu'ils s'inclinent sous le jugement de Dieu et baisent la main qui les frappe, mais qu'ils cessent de s'irriter sous la chaîne qui les lie, et se mettant joyeusement, patiemment à exercer le ministère de la prière. S'ils sont fidèles, Dieu peut délier leurs chaînes et les ramener à un ministère plus heureux encore celui de l'action. Esaü vendit son droit d'aînesse pour un plat de lentilles et perdit la puissante bénédiction qui eût pu être son lot, mais cependant il en reçut une (Genèse 27:38-40).
 Pourquoi celui qui soupire réellement après la gloire de Dieu et le salut des âmes, et non après son propre plaisir, n'accepterait-il pas d'être étendu sur un lit de malade, ou debout dans un atelier, intercédant et priant, aussi bien que de prêcher sur une estrade, si Dieu veut bénir dans un cas comme dans l'autre?
 L'homme qui prêche sur une estrade peut voir en grande partie les fruits de son travail; celui qui prie ne peut que les pressentir; mais sa certitude d'être en communion avec Dieu et employé à Son service, peut atteindre et même dépasser l'assurance de l'homme qui voit les résultats de son travail. Plus d'un réveil eut sa source secrète dans le réduit d'un obscur forgeron ou d'une pauvre blanchisseuse, qui priait dans le Saint-Esprit tout en étant liés à une vie de dur travail quotidien. Celui qui prêche trouve déjà sa récompense sur la terre, mais l'ambassadeur enchaîné, négligé, méconnu ou méprisé, qui prie, aura une large part du triomphe final et marchera peut-être à côté du Roi, tandis que le prédicateur ne viendra qu'à sa suite.

 Dieu juge autrement que les hommes. Il regarde au cœur et est attentif au cri de Ses enfants; Il marque pour la gloire future et une récompense infinie tous ceux qui soupirent après Sa gloire et le salut des hommes.
 Dieu aurait pu délier Paul. Il ne trouva pas à propos de le faire. Cependant Paul ne murmura point, ne bouda point, ne se laissa point aller au désespoir, et ne perdit ni sa joie, ni sa paix, ni sa foi, ni sa puissance. Il pria, se réjouit et crut. Il songea au pauvre petit troupeau, aux faibles convertis qu'il avait laissés derrière lui; il leur écrivit, les porta sur son coeur, pleura sur eux, pria pour eux jour et nuit; par cela, non seulement il sauva son âme, mais il obtint de Dieu Sa bénédiction sur des milliers de créatures humaines qu'il n'avait jamais vues et dont il n'avait jamais entendu parler.
 Qu'aucun de ceux qui sont appelés par Dieu à travailler à Son oeuvre, ne s'imagine que la leçon de l'ambassadeur  dans les fers concerne ceux qui ont la liberté d'agir. Elle est pour ceux-là seuls qui sont dans les chaînes.

Recevoir avant de donner

 On peut faire banqueroute spirituellement aussi bien que pécuniairement. Je puis être désireux de venir en aide aux pauvres au point de distribuer sans discernement tout mon avoir, devenant ainsi un indigent moi-même. Je puis de même être désireux de venir en aide aux âmes au point de dépenser tout mon capital spirituel. Je puis parler, parler et parler, sans m'attendre à Dieu pour me remplir de Son Esprit. C'est pure folie. Nous devrions attendre d'En Haut d'être revêtus de force, prendre le temps d'écouter ce que le Seigneur veut nous communiquer, et dire ensuite ce qu'Il trouve à propos de nous enseigner, mais rien d'autre; ensuite chercher Sa face, rester calmes et attentifs jusqu'à ce qu'Il nous remplisse à nouveau de Son Esprit. Si nous n'agissons pas ainsi, nous nous affaiblissons intérieurement; nous puisons à notre fonds de réserve et nous épuisons nos ressources mentales et spirituelles.

 Notre désir de donner peut être si ardent que nous nous impatientons parfois d'avoir à espérer en Dieu pour recevoir ce qu'il nous faut, oubliant que Jésus a dit:"Sans moi vous ne pouvez rien faire" On. 15:5).
 Ceux qui ont été le plus en bénédiction à leur prochain ont pris le temps d’écouter la voix de Dieu et d'être enseignés par Lui.




CHAPITRE 14  La Foi: Grâce et Don

. . . en sorte que vous ne vous relâchiez point, et
Que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance,
Héritent des promesses.    (Hébreux 6:12)

Sans la foi il est impossible de lui être agréable;
Car il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe,
Et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. (Hébreux 11:6)

Vous avez besoin de persévérance, afin qu'après
Avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis.
Encore un peu, un peu de temps: celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas! (Hébreux 10:36-37)

 Il y a une différence importante entre la grâce de la foi et le don de la foi; il est à craindre que, faute de noter cette différence et d'agir en conséquence, beaucoup de gens ne tombent dans les ténèbres, ne soient même entraînés à abandonner la foi et à se plonger dans l'effroyable nuit du scepticisme.

 La grâce de la foi est celle que tout homme reçoit pour agir, et c'est par elle qu'il peut venir à Dieu. Le don de la foi nous est accordé par le Saint-Esprit, quand nous avons fait un libre usage de la grâce de la foi. L'homme qui exerce la grâce de la foi dit: "Je crois que Dieu veut me bénir". Puis il cherche Dieu de tout son cœur. Il Le prie en secret et en public. Il sonde les Écritures pour connaître la volonté de Dieu. Il s'entretient avec les chrétiens des diverses voies que Dieu suit dans Ses relations avec les âmes; il se charge de sa croix. Lorsqu'il a atteint ainsi les limites de grâce de la foi, le Seigneur, par une parole de l’Écriture, un témoignage ou quelque raisonnement intérieur, lui accorde soudain le don de la foi, qui le rend capable de saisir les bénédictions qu'il recherche, de sorte qu'il ne dit plus: "Je crois que Dieu veut me bénir", mais qu'il s'écrie joyeusement: "Je crois que Dieu me bénit".
 Le témoignage du Saint-Esprit lui confirme alors le fait, et il déclare avec un cri de joie: "Je sais que Dieu me bénit". Il ne désire pas qu'un ange vienne l'en informer, car il sait qu'il y a là une réalité et pas plus les hommes que les démons ne pourraient lui ravir cette assurance. En vérité, ce que je nomme "le don de la foi" pourrait aussi s'appeler: l'assurance de la foi, et sans doute est-ce là l'expression que certains emploient. Ce n'est du reste pas le nom, mais le fait qui importe.
 Or, le danger consiste à réclamer le don de la foi avant d'avoir pleinement exercé la grâce de la foi. Par exemple: un homme cherche à obtenir la bénédiction d'un cœur pur. Il dit: "Je crois que cette bénédiction existe et que Dieu veut me l'accorder". Agissant donc en conséquence, il devra aussitôt chercher à l'obtenir de Dieu et, s'il persévère, il la trouvera certainement.

 Mais si quelqu'un survient pour l'engager à la demander avant de s'être, par la grâce de la foi, frayé le chemin au travers des difficultés et des doutes qui s'élèvent devant lui, et avant que Dieu lui ait accordé le don de la foi, il ira probablement à la dérive pendant quelques jours ou quelques semaines, puis rétrogradera et en viendra probablement à la conclusion que la bénédiction d'un cœur pur n'existe pas. Il aurait fallu qu'il fût prévenu, instruit, exhorté et encouragé à chercher jusqu'à ce qu'il ait obtenu cette assurance.

 Supposons encore qu'il soit malade et dise: "Dieu a souvent guéri des malades et je crois qu'Il veut me guérir". Possédant cette foi, il devrait chercher la guérison en Dieu et l'attendre de Lui. Mais si quelqu'un lui persuade de demander la guérison avant de s'être, par la foi, frayé un chemin au travers des difficultés qui se dressent devant lui, et avant que Dieu lui ait accordé le don de la foi par lequel il peut obtenir la guérison, il sortira peut-être de son lit pour quelque temps; mais bientôt il s'apercevra qu'il n'est pas guéri, se découragera et ira peut-être jusqu'à traiter Dieu de menteur, ou à déclarer qu'il n'y a pas de Dieu, et perdra à jamais la foi.

 Supposons encore qu'il soit officier ou pasteur, et désire de tout son cœur voir les âmes sauvées. Il se persuadera que c'est la volonté de Dieu et se dira: "Je vais croire que vingt âmes seront sauvées ce soir", mais le soir venu ces vingt âmes ne sont pas sauvées. Il se demandera pourquoi il en est ainsi, le diable le tentera, il tombera dans le doute et probablement finira par le scepticisme. Que s'est-il passé? Il s'est efforcé de croire avant d'avoir sérieusement et intelligemment lutté, plaidé auprès de Dieu dans la prière et prête l'oreille à Sa voix, jusqu'à ce qu'Il lui donne la certitude que vingt âmes trouveraient le salut. Dieu est le rémunérateur de ceux qui Le cherchent (Hébreux 11 :6).

 "Mais, objectera quelqu'un, ne devons-nous pas presser ceux qui s'attendent à une bénédiction, de croire que Dieu la leur accorde?" Oui, si vous êtes certain qu'ils ont recherché Dieu de tout leur cœur, qu'ils ont pleinement exercé la grâce de la foi et s'abandonnent entièrement; engagez-les alors tendrement et instamment, à se confier en Jésus. Mais, si vous n'êtes pas sûr de cela, gardez-vous de les pousser à réclamer une bénédiction que Dieu ne peut encore leur accorder. Le Saint-Esprit seul connaît le moment où un homme est prêt à recevoir le don de Dieu. Il lui fera comprendre quand ce moment sera venu.

 Prenez donc garde de ne pas tenter d'accomplir vous même l’œuvre du Saint-Esprit. En voulant aider outre mesure ceux qui cherchent, vous risquez de les voir mourir entre vos mains. Mais, si vous marchez tout près de Dieu, dans un esprit d'humilité et de prière, Il vous révèlera quelle est exactement la parole qui les aidera.

 Encore une fois, que personne ne suppose que la grâce de la foi doive nécessairement être exercée longtemps avant que Dieu donne l'assurance. Vous pouvez recevoir la bénédiction presque immédiatement, si vous présentez votre requête avec un cœur parfait, avec ferveur, sans douter, sans la moindre impatience envers Dieu. Mais, comme le dit le prophète: "Si elle tarde, attends-la, car elle s'accomplira, elle s'accomplira certainement" (Habacuc 2:3). "Encore un peu, un peu de temps: celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas" (Hébreux 10:37). Si la bénédiction se fait attendre, ne croyez pas que, pour être retardée, elle vous soit refusée; mais, comme la Cananéenne qui vint à Jésus, adressez-Lui votre requête avec douceur et humilité, avec une foi inébranlable. Et bientôt Il vous répondra avec amour: 0 homme! O femme, "ta foi est grande; qu'il te soit fait comme tu veux" (Matthieu 15:28).





CHAPITRE 15  Ne discutez point

 Il ne faut pas qu'un serviteur du Seigneur ait des querelles. (2 Timothée 2:24)

 Dans mes efforts pour vivre une vie sainte et irrépréhensible, j'ai été aidé par le conseil de deux hommes et l'exemple de deux autres.

1.      Le commissaire Dowdle

 Il y a quelques années, j'assistai à Boston à une nuit de prière. Ce fut une réunion bénie et ce soir-là nombre de personnes recherchèrent la bénédiction d'un cœur pur. On lut les Écritures; bien des prières montèrent vers Dieu; on chanta beaucoup; bien des témoignages furent rendus, des exhortations entendues; mais de toutes les choses excellentes dites en cette nuit-là, il n'y en eut qu'une dont je me souvienne aujourd'hui; elle s'imprima dans ma mémoire de manière à ne s'en effacer jamais. Au moment de terminer la réunion, le commissaire Dowdle, s'adressant à ceux qui s'étaient avancés au banc des pénitents, leur dit: "Souvenez-vous de ceci: si vous voulez conserver un cœur pur, ne discutez pas!"
 Vingt ans de pratique de la sainteté avaient dicté ce conseil qui retentit alors à mes oreilles comme la voix même de Dieu.

2. L'apôtre Paul

 En écrivant au jeune Timothée, le vieil apôtre épanchait son cœur auprès de celui qu'il aimait comme un fils en l’Évangile. Il désirait l'instruire pleinement dans la vérité, afin que, d'une part, Timothée pût échapper à toutes les embûches du diable, marcher dans la voie d'un saint triomphe et dans la communion du Seigneur, et se sauver soi-même; afin qu'il pût, d'autre part, être accompli et propre à toute bonne oeuvre pour instruire et guider d'autres hommes vers le salut. Parmi plusieurs recommandations instantes qu'il lui adresse, celle-ci m'a particulièrement frappé: "Rappelle ces choses, en conjurant devant Dieu qu'on évite les disputes de mots, qui ne servent qu'à la ruine de ceux qui écoutent" (2 Timothée 2: 14). J'en conclus que Paul conseillait d'aller droit aux cœurs, en faisant l'impossible pour les amener à Christ, les convertir et les sanctifier, plutôt que de discuter, perdre du temps et, peut-être aussi, la paix intérieure.
 Ailleurs, il dit: "Repousse les discussions folles et inutiles, sachant qu'elles font naître des querelles. Or, il ne faut pas qu'un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire, avoir de la condescendance pour tous, être propre à enseigner, doué de patience; il doit redresser avec douceur les adversaires" (2 Timothée 2:23-25).
 Évidemment, l'apôtre attachait une grande importance à ce conseil; car il répète en écrivant à Tite: "Évite les discussions folles, les généalogies, les querelles, les disputes relatives à la loi; car elles sont inutiles et vaines" (Tite 3:9). Je suis certain que Paul avait raison en écrivant ainsi.
 Il faut du feu pour allumer un feu, et il faut de l'amour pour susciter l'amour. Une froide logique ne conduira pas un homme à aimer Jésus; or, seul celui qui aime est né de Dieu (1 Jean. 4:7).

3. Le marquis de Renty

 Ceux à qui l’Évangile a été enseigné dans toute sa pureté et dans toute sa simplicité, peuvent à peine réaliser l'effrayante obscurité au sein de laquelle des hommes -même s'ils appartiennent à des nations dites chrétiennes- doivent se débattre pour trouver la vraie lumière.
 Il y a quelques centaines d'années, au sein de la noblesse française licencieuse et déréglée, en dépit d'une religion purement formaliste et mondaine, le marquis de Renty parvint à une pureté de foi, une simplicité de vie et de caractère et une communion sans nuage avec Dieu, qui furent à la gloire de l’Évangile et devinrent une bénédiction, non seulement pour les contemporains et les compatriotes du noble marquis, mais pour les générations à venir.
 Par sa position sociale, sa richesse et ses aptitudes pour le commerce, il se trouva mêlé à différentes entreprises séculières et religieuses, dans lesquelles sa foi et sa sincérité brillèrent d'une manière remarquable.
 En lisant sa biographie, il y a quelques années, je fus frappé de sa grande humilité, de sa sympathie pour les pauvres et les ignorants, de ses efforts pleins d'abnégation et de zèle pour les instruire et les sauver, de son activité, de la ferveur de ses prières et de ses louanges, de sa constante faim et soif de la plénitude de Dieu. Mais, ce qui m'impressionna plus que tout le reste, ce fut le soin avec lequel il évitait toute discussion, de n'importe quelle nature, dans la crainte de contrister le Saint-Esprit et d'éteindre la lumière de son âme. Chaque fois que des questions d'affaires ou de religion venaient à se discuter, il les examinait soigneusement, puis exprimait sa manière de voir et les raisons sur lesquelles il se basait, clairement, à fond, et tranquillement; après quoi, quelque chaude que pût devenir la discussion, il refusait absolument d'entrer dans le débat d'aucune manière. Son maintien calme et paisible ajoutait à la valeur de ses arguments et donnait une grande force à ses conseils. Mais, que ses vues fussent acceptées ou rejetées, il s'approchait ensuite de ses adversaires pour leur dire qu'en exprimant des sentiments contraires aux leurs, il n'entrait aucune idée d'animosité dans son exposition de ce qui lui semblait être la vérité.
 En ceci, le marquis de Renty me semble avoir particulièrement pris pour modèle "la douceur et la bonté de Christ" (2 Corinthiens 10:1); son exemple m'a encouragé à suivre la même voie, afin de "conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix" (Ephésiens 4:3), tandis que j'aurais pu être entraîné dans des luttes et des disputes qui eussent obscurci mon âme et détruit ma paix, si même elles n'avaient pas entièrement chassé de mon cœur le Saint-Esprit.

4. Jésus

 Les ennemis de Jésus cherchaient constamment à L'embarrasser et à L'entraîner dans des discussions, mais Il tournait toujours la question de manière à confondre Ses adversaires et les mettre dans l'impossibilité de répondre.
 Ils vinrent un jour Lui demander s'il était juste de payer le tribut à César. Sans discuter, Il se fit apporter une pièce de monnaie et demanda de qui en était l'effigie (Matthieu 22:15-22). -De César, Lui répondit-on.
 -Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, dit Jésus.
 Une autre fois, on Lui amena une femme prise en flagrant délit d'adultère. Son cœur aimant fut touché de compassion pour la pauvre pécheresse; mais, au lieu de discuter avec ses accusateurs pour savoir si elle devait être lapidée ou non, Il dit simplement: "Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle" Jean. 8:7). Et tous ceux qui composaient cette foule hypocrite, trouvant leurs combinaisons déjouées par Sa simplicité, se dérobèrent l'un après l'autre; la pécheresse resta seule avec son Sauveur.
 Jamais, d'un bout à l'autre des Évangiles, on ne trouve Jésus engagé dans une discussion quelconque; Son exemple est pour nous d'une importance infinie.
 Il est naturel à l'homme affectionné aux choses de la chair (Romains 8:5) de faire face à l'opposition, mais nous devons être des hommes affectionnés aux choses de l'Esprit. Par nature, nous sommes fiers de nous-mêmes et de nos opinions, toujours prêts à résister obstinément à celui qui s'élève contre nous et nos principes. Avoir le dessus à tout prix, soit par la force de nos arguments, soit par celle des armes, telle est notre première préoccupation. La contradiction nous impatiente et nous rend prompts à juger les motifs d'autrui, en condamnant qui ne partage pas nos vues. Nous nous plaisons alors à parer notre promptitude et notre impatience du nom de "zèle pour la vérité". Il s'agit le plus souvent, en réalité, d'un zèle violent et irraisonné sans autre but que celui d'appuyer notre manière de voir. Or, je suis fortement incliné à croire que c'est un des derniers fruits de l'esprit charnel que la grâce puisse détruire: il me rappelle ces Cananéens qu'on laissait subsister au lieu de les détruire impitoyablement comme Samuel supprima Agag.
 Pour nous, qui sommes devenus "participants de la nature divine" (2 Pierre 1 :4), veillons à ce que cette racine de la nature charnelle soit entièrement détruite. Quand les hommes s'opposent à nous, ne discutons pas, ne nous laissons pas aller à l'injure, ne les condamnons pas, mais instruisons-les, non avec un air de sagesse supérieure ou de sainteté, mais avec douceur et amour, nous rappelant qu'il ne faut pas qu'un serviteur du Seigneur ait des querelles; qu'il doit, au contraire, "avoir de la condescendance pour tous, être propre à enseigner, doué de patience" (2 Timothée 2:24).

 J'ai souvent remarqué qu'après avoir exposé clairement, pleinement avec calme, ma manière de voir à ceux qui sont opposés à la vérité telle que je la comprends, je suis fortement tenté de chercher à avoir le dernier mot; mais j’ai observé aussi que la bénédiction de Dieu m'accompagne particulièrement quand je remets la chose entre Ses mains; du reste, en agissant ainsi, je viens le plus souvent à bout de mon adversaire. Je crois que c'est là le chemin de la foi et de la douceur. Bien qu'en apparence nous puissions passer pour vaincus, nous remportons d'ordinaire la victoire sur nos ennemis. Et, si nous possédons une véritable douceur, nous nous réjouirons davantage de les avoir amenés à la "connaissance de la vérité" que d'avoir remporté la victoire par nos arguments.

Fin de la première partie




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