«Et quand quelqu’un présentera une offrande de
gâteau à l’Éternel, son offrande sera de fleur de farine, et il versera de
l’huile sur elle, et mettra de l’encens dessus; et il l’apportera aux fils
d’Aaron, les sacrificateurs; et le sacrificateur prendra une pleine poignée de
la fleur de farine et de l’huile, avec tout l’encens et il en fera fumer le
mémorial sur l’autel: c’est un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel»
(Lévitique 2:1-2).
les
sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Éditions bibles et traités chrétiens Vevey (Suisse)
2 Gloires personnelles et officielles cachées — Gloire
morale non cachable — Gloire morale : une combinaison de vertus
2.1 Sachant être abaissé — Abaissement volontaire
2.2 Étranger, mais très proche des besoins
2.3 Ensemble insondable de gloires morales
2.4 Dans le monde, mais pas du monde — Distinguant entre
choses
2.5 Douceur selon Dieu (pas de miel dans les sacrifices) —
Lumière brillante malgré des apparences contraires
2.6 Un temps de garder, un temps de jeter (Ecclésiaste 3:6) — Renonçant
aux avantages terrestres
2.7 Jugement juste, non pas selon les apparences
2.8 Joie dans la conversion des pécheurs
2.9 Fidélité malgré la confusion — Non contaminé par la
souillure
2.10 Pauvre, mais enrichissant plusieurs
2.11 Parole de grâce assaisonnée de sel ; parole à propos
2.12 Parfois méprisé, dédaigné, dans la faiblesse — Parfois
dans la puissance et dans l’honneur
2.13 Prêtant sans rien espérer
2.15 Jamais lassé ni surmonté par le mal
2.16 «Le Même» malgré ruines, changements, abandons, peurs,
incrédulités, persécutions
2.17 Communiquant Sa paix, Sa vie — Fidélité à Ses promesses —
Restauration de Pierre
2.18 Donnant sans cesse, approuvant rarement — La plénitude
d’une oeuvre dépassant nos pensées
2.19 Incompris des uns; attirant ceux dont l’Esprit avait
ouvert les yeux et le coeur
2.20 Lumière brillante : que nous la reflétions, apprenant
par elle ce que Christ est
2.21 Le ministère du Seigneur dans sa relation avec Dieu
2.22 Le ministère du Seigneur dans sa relation avec Satan
2.23 Le ministère du Seigneur dans sa relation avec l’homme
3.1 Maintenant le Fils de l’homme est glorifié et Dieu est glorifié
en Lui. Si Dieu est glorifié en Lui, Dieu aussi le glorifiera (Jean 13:32)
3.2 La manifestation de la gloire morale doit précéder le
royaume ; l’heure est venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié
(Jean 12:23)
3.3 Méditation sur les gloires de Christ et culte pratique
1 Introduction
C’est la gloire morale, c’est-à-dire le
caractère, du Seigneur Jésus, qui fait le sujet de cette méditation. Tout en
lui montait vers Dieu comme un sacrifice de bonne odeur. Chacune des
expressions de ce qu’il était en lui-même, quelle qu’elle quelle fût, même la
moindre, et à quelque circonstance qu’elle se rattachât, tout était un parfum d’encens. En lui, mais en lui seulement, l’homme fut réconcilié avec Dieu. En
lui, Dieu retrouva son bon plaisir en l’homme, et cela avec un inexprimable
gain; car en Jésus, l’homme est plus cher à Dieu qu’il ne l’aurait été dans une
éternité d’innocence adamique.
Mais dans cette méditation sur la gloire
morale du Seigneur Jésus, je ne suis très certainement parvenu à saisir qu’une
bien faible partie de cet admirable sujet. Toutefois, je pourrai, je l’espère,
éveiller dans d’autres âmes des pensées profitables, et cela sera un bien.
C’est de la personne du Seigneur, Dieu et homme en un seul
Christ, que je désire m’occuper. Je parlerai aussi de son oeuvre, de ce service de
douleurs ou de cette effusion de sang faite à la croix, par laquelle la
réconciliation est accomplie et où elle est prêchée pour l’acceptation et la
joie de la foi
2 Gloires personnelles et
officielles cachées — Gloire morale non cachable — Gloire morale : une
combinaison de vertus
Les gloires du Seigneur Jésus sont de
trois natures différentes: elles sont personnelles, officielles et morales. Sa
gloire personnelle, Jésus la voilait, sauf là où la foi savait la découvrir et
où le besoin du moment l’exigeait. Sa gloire officielle, il la voilait
également: il n’allait pas de lieu en lieu comme le Fils de Dieu qui vient du
sein du Père, ni comme le fils de David dans son autorité royale. Ces
gloires-là restaient habituellement cachées, quand il passait, jour après jour,
par les circonstances diverses de la vie. Mais sa gloire morale ne pouvait être
cachée: Jésus ne pouvait pas être autrement que parfait en toute chose; — ce
caractère lui appartenait, c’était ce qu’il était. Son excellence même rendait
cette gloire trop éclatante pour le regard de l’homme; et l’homme se trouvait
continuellement repris par elle. Mais elle resplendissait, que l’homme pût ou
non la supporter; et maintenant elle illumine chacune des pages des quatre
évangiles, comme elle illumina jadis chacun des sentiers dans lesquels le
Seigneur marcha ici-bas.
On a dit du Seigneur Jésus, que «son
humanité était parfaitement naturelle dans son développement». Cette
observation est très belle et très vraie. Le chapitre deux de Luc le constaterait au
besoin. Il n’y avait en Jésus aucun progrès qui ne fût naturel: sa croissance
était régulière en tous points; sa sagesse marchait de front avec sa stature et
son âge; il fut d’abord enfant, ensuite homme. Comme homme (l’homme de Dieu
dans le monde), il rendra témoignage du monde que ses oeuvres sont mauvaises,
et il sera haï du monde; mais comme enfant (un enfant selon le coeur de Dieu),
il sera soumis à ses parents, et sous la loi, et il le sera comme quelqu’un de
parfait. C’est dans de telles conditions que Jésus avançait en faveur auprès de
Dieu et des hommes.
Mais quoi qu’il y eût en lui un progrès, comme nous le voyons,
il n’y avait cependant aucune obscurité, aucun mauvais penchant, aucune erreur:
en ceci, il est différent de tous. Il est, dit de Marie, qu’elle gardait par
devers elle les choses qui avaient été dites touchant Jésus et qu’elle les
repassait dans son coeur; toutefois des nuages, du trouble, des ténèbres même
assiégèrent son esprit, et le Seigneur eut à lui dire: pourquoi me cherchiez-vous?
(Luc 2:49). Tandis que, chez Jésus, le progrès n’était qu’une seule et même
forme de beauté morale; sa croissance était régulière et toujours ce qu’elle
devait être; et je puis ajouter que, comme son humanité était parfaitement
naturelle dans son développement, son caractère aussi était entièrement humain
dans ses expressions: tout ce qui le manifestait était commun à l’homme.
Il était l’arbre planté près des
ruisseaux d’eau, qui rend son fruit en sa saison (Psaume 1); et toutes choses ne
sont belles qu’en leur saison. La gloire morale de l’enfant Jésus brille en sa
saison et en sa génération; et lorsqu’il est devenu homme, la même gloire ne
fait que se montrer sous d’autres aspects. Jésus savait quand il fallait
reconnaître les droits de sa mère, lorsqu’elle les mettait en avant; quand il
fallait y résister, bien qu’elle les fît valoir; quand il fallait y répondre,
alors qu’ils n’étaient pas revendiqués (Luc 2:51; 8:21; Jean 19:27). Et à
mesure que nous avançons, en suivant les traces de Jésus, il en est de même. Il
connût Gethsémané en sa saison ou selon son vrai caractère, comme il connût la
sainte montagne en sa saison: saisons d’hiver ou d’été pour son âme. Il connût
le puits de Sichar, et le chemin qui le conduisait à Jérusalem pour la dernière
fois. Il suivit chaque sentier, et se trouva à chacun des lieux où il passa,
dans la pensée qui s’accordait avec le caractère qu’ils avaient aux yeux de
Dieu. — Il en fut de même dans les occasions qui demandaient plus de force
morale encore. — Quand il s’agit de la profanation de la maison de son Père, la
parole du prophète se réalise en lui: Le zèle de ta maison m’a dévoré; est-il
question d’une insulte faite à lui-même par quelques villageois samaritains, il
supporte tout et passe outre.
Tout était parfait comme combinaison et comme moment. Jésus pleura quand il
arriva devant le tombeau de Lazare, bien qu’il sût qu’il portait en lui-même la
vie pour celui qui était mort. Lui, qui venait de dire: «Je suis la
résurrection et la vie», il pleura. La puissance divine laissait les sympathies
humaines suivre librement leur cours.
C’est l’assemblage ou la combinaison des
vertus qui constitue la gloire morale. Jésus savait, selon l’expression de
l’apôtre, être dans l’abondance et être abaissé; il savait user des moments de
prospérité, si on peut les appeler ainsi, comme des moments d’abaissement; car,
pendant son passage à travers la vie, il apprit à connaître et les uns et les
autres.
Ainsi, lors de la transfiguration, il fut
pour un moment introduit dans la gloire, et ce fut une heure radieuse; il
apparut là avec les honneurs qui lui appartiennent. Comme le soleil, la source
de toute lumière, il resplendissait, et des personnages éminents tels que Moïse
et Élie étaient là, enveloppés de sa gloire et brillant avec lui. Mais quand il
descendit de la montagne, il commanda à ceux qui avaient été «les témoins de sa
majesté», de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu. Et arrivé dans la
plaine, et comme le peuple accourait pour le saluer (Marc 9:15), — sa personne
reflétant sans doute encore, quoique faiblement, la gloire dans laquelle il
venait de se trouver — il ne s’arrête pas pour recevoir l’hommage de la foule,
mais il reprend aussitôt son service habituel; car il savait «être dans
l’abondance». La prospérité ne l’enorgueillissait pas. Il ne cherchait pas une
place parmi les hommes, mais il se renonçait lui-même, s’anéantissait lui-même,
et voilait sa gloire pour n’être que le serviteur.
Il en fut de même une autre fois,
après qu’il fut ressuscité, comme nous l’apprend le chapitre 20 de Jean. Nous
le voyons là au milieu de ses disciples, revêtu d’une gloire telle que jamais
homme n’en avait possédé, ou entrevu de semblable. Il est là comme le vainqueur
de la mort, le destructeur du sépulcre. Et cependant, bien qu’il possédât ces
gloires excellentes, il n’était pas venu pour recueillir les hommages de son
peuple, comme ferait naturellement quelqu’un qui se retrouverait au sein de ses
amis et de sa famille, après la fatigue, le danger et la victoire. Jésus
n’était cependant pas indifférent à la sympathie; il la recherchait en temps
convenable et en sentait l’absence quand il ne la rencontrait pas. Mais
maintenant, ressuscité d’entre les morts, il est ici au milieu de ses disciples
plutôt comme un visiteur d’un jour que comme un triomphateur; et il les
entretient plutôt de leurs propres intérêts, qu’il ne leur parle de ce qui le
concerne lui-même, dans les grandes choses qui viennent de s’accomplir.
C’était en effet faire usage d’une
victoire, comme fit Abraham de celle qu’il remporta sur les rois confédérés; et
savoir faire ainsi est chose plus difficile, dit-on, que de vaincre. C’était
savoir «être dans l’abondance», «savoir être rassasié».
2.1 Sachant être abaissé - Abaissement volontaire
Mais Jésus savait aussi «être abaissé».
Voyez-le devant les habitants de Samarie au chapitre 9 de Luc. Dès le début de
cette scène, dans la conscience de sa gloire personnelle, il anticipe le moment
de sa résurrection, et comme un homme qui veut faire connaître qu’un personnage
de distinction s’avance, il envoie des messagers devant sa face. Mais
l’incrédulité des Samaritains change l’aspect des choses. Ils ne veulent pas le
recevoir. Ils refusent d’ouvrir un chemin devant les pas du Seigneur de gloire,
et l’obligent à se chercher lui-même le meilleur chemin qu’il pût trouver comme
l’homme rejeté; et il
accepte aussitôt cette place, sans qu’il s’élève un murmure dans son coeur. Il
redevient le Nazaréen (voyez Matthieu 2), en se voyant repoussé comme le
Bethléhémite; et il porte ce nouveau caractère en s’éloignant du village
samaritain, aussi parfaitement qu’il avait porté le premier avant d’y arriver.
Ainsi Jésus savait comment «être
abaissé». Nous le retrouvons dans des circonstances analogues au chapitre 21 du
même évangile. Jésus entre dans Jérusalem comme le fils de David; tout ce qui
pouvait le mettre en évidence en cette glorieuse qualité, l’environne et
l’accompagne. Il apparaît alors dans sa gloire terrestre comme il avait été
dans sa gloire céleste sur la sainte montagne. Cette gloire lui appartenait de
droit, et quand l’occasion le demande, il sait la porter. Mais l’incrédulité de
Jérusalem, comme précédemment celle de Samarie, transforme encore la scène, et
Celui qui avait fait son entrée dans la ville comme son roi, est forcé d’en sortir
pour se chercher un gîte pour la nuit. Et là, Jésus se trouve hors de Jérusalem
comme il s’était trouvé hors de Samarie, «sachant être abaissé».
Quelle perfection! Si les ténèbres ne
comprennent pas la lumière de la gloire personnelle ou officielle de Christ, sa
gloire morale brille avec d’autant plus d’éclat. Car il n’y a rien de plus
beau, comme principe moral ou comme caractère, que cet abaissement volontaire
au milieu des hommes, avec cette conscience de gloire intrinsèque devant Dieu.
Nous en avons des exemples remarquables dans les vies de quelques saints.
Abraham fut volontairement un étranger parmi les Cananéens tous les jours de sa
vie ne possédant pas un pouce de terre, ni ne cherchant à le posséder; mais il
savait à l’occasion se placer au-dessus même des rois, dans la conscience de sa
dignité devant Dieu, selon le conseil de Dieu lui-même. Jacob parle de son
pèlerinage, de ses jours qui ont été courts et mauvais, s’anéantissant lui-même
devant l’opinion du monde; mais au même moment, il donne sa bénédiction à
l’homme qui alors était le plus grand de la terre sachant que devant Dieu,
c’est lui qui est «le plus excellent» des deux. — David demande un pain, et le
demande sans honte; il accepte en même temps l’hommage dû à un roi, et reçoit
le tribut de ses sujets dans la personne d’Abigaïl. — Paul est lié de chaînes;
il est prisonnier dans le palais du gouverneur et parle de ses liens; toutefois
au même moment, il fait entendre à toute la cour et à tous les hauts
personnages du monde romain, assemblés autour de lui, que, entre eux tous, il
se sait l’homme béni, le seul homme heureux.
C’est cette réunion d’abaissement
volontaire devant les hommes et de conscience de gloire devant Dieu, qui
atteint chez notre Seigneur sa manifestation la plus élevée, la plus éclatante,
que dis-je, sa manifestation parfaite! Et dans cette capacité de savoir «être
dans l’abondance» et de savoir «être abaissé», de savoir «être rassasié» et de
savoir «être dans les privations», il y a une beauté de plus, car elle nous dit
que le coeur de celui qui a appris cette leçon s’occupe plutôt du but du voyage que du voyage lui-même. Si notre coeur
s’attache au voyage, nous n’aimerons pas ces traverses et ces difficultés, ces
lieux rudes et ces lieux escarpés; mais si nous regardons au but, ces choses
nous préoccuperont peu. C’est ici, bien certainement, une leçon secrète pour
plusieurs d’entre nous.
2.2 Étranger,
mais très proche des besoins
Mais il y a dans le caractère du Seigneur
d’autres détails qui doivent attirer notre attention. «Nul d’entre les hommes
n’avait plus de grâce, n’était plus accessible», a dit de lui quelqu’un. «On
remarque dans sa manière d’être une douceur et une bonté que l’on ne rencontre
jamais dans les hommes, et pourtant on sent toujours qu’il était un «étranger»
sur la terre». Il était un «étranger» ici-bas — un étranger, en tant que l’homme révolté remplissait la scène, mais se trouvant
très près aussitôt que la
souffrance ou le besoin le réclamait. L’éloignement dans lequel il se
tenait, et l’intimité dans laquelle il se montrait, étaient tous deux parfaits.
Il faisait plus que considérer la misère qui l’entourait, il y prenait part
avec une sympathie qui avait tout entière sa source en Lui-même; et il faisait
plus que repousser la corruption qui l’environnait, il maintenait la séparation
de la sainteté elle-même d’avec tout contact avec le mal ou toute souillure.
Voyez-le, manifestant cette combinaison
de distance et de proximité au chapitre 6 de Marc. C’est une scène touchante:
les disciples sont de retour auprès de lui après une longue journée de service;
il s’intéresse à eux; il sympathise à leur fatigue; il s’en occupe, et y
pourvoit aussitôt en leur disant: «Venez à l’écart vous-mêmes dans un lieu
désert, et reposez-vous un peu». Mais les foules l’ayant suivi, il se tourne
vers elles avec le même amour; il prend connaissance de leur état, et après
s’être occupé d’elles comme de brebis qui n’ont pas de pasteur, il se met à les
enseigner. Dans tout ceci, nous voyons Jésus aller au-devant des divers besoins
qui se présentent autour de lui; qu’il s’agisse de la fatigue des disciples ou
de la faim et de l’ignorance de la multitude, il est là pour y pourvoir. Mais
les disciples, mécontents des soins de Jésus pour les foules, l’engagent à
renvoyer celles-ci; le coeur du Seigneur cependant est plein d’autres pensées,
et à l’instant même il se forme entre ses disciples et lui une distance qui se
fait sentir, peu de moments après, par l’ordre qu’il leur donne d’entrer dans
la nacelle et d’aller devant lui à l’autre rive, pendant qu’il renverra les
foules. Cette séparation ne fait que susciter un nouveau trouble aux disciples.
Les vents et les flots leur sont opposés sur le lac, mais dans leur détresse,
Jésus se trouve de nouveau auprès d’eux pour les secourir et les rassurer.
Quelle harmonie dans la combinaison de la
sainteté et de la grâce Jésus est près de nous quand nous sommes las, quand
nous avons faim, quand nous sommes en danger; mais il est éloigné de nos
penchants naturels et de notre égoïsme. Sa sainteté fit de lui un étranger dans
un monde souillé; sa grâce le maintint toujours actif dans un monde souffrant
et misérable La vie du Sauveur est ainsi mise en évidence sous un aspect
remarquable de gloire morale, puisque, étant obligé de se tenir à l’écart, par le
caractère de la sphère dans laquelle il se mouvait, la misère et l’affliction
qui y régnaient le poussaient incessamment à agir. Et cette activité s’exerçait
envers toutes sortes de personnes, et avait ainsi à revêtir toutes sortes de
formes. Christ avait affaire à des adversaires, au peuple, à une troupe de
disciples (les douze), à des hommes individuellement, et tous le maintenaient
dans une activité non seulement continuelle, mais extrêmement variée; et il
fallait qu’il sût (et assurément il le savait parfaitement) comment il fallait
répondre à chacun.
À côté de tout cela, nous le voyons, en
certaines occasions, assis à
la table des autres; mais
c’est seulement pour nous faire connaître de nouveaux traits de sa perfection.
À la table des pharisiens, où il se trouve parfois, il n’adopte ni ne
sanctionne la scène de famille: mais invité sous le caractère qu’il avait déjà
acquis et soutenu en public, il est là pour agir selon ce caractère. Il n’est
pas simplement un convive, qui jouit de la courtoisie et de l’hospitalité du
maître de la maison, mais il est venu dans son propre caractère, et par
conséquent il peut enseigner ou blâmer. Il est toujours la lumière et agit
comme la Lumière, et il met ainsi en évidence les ténèbres dans l’intérieur de
la maison comme il avait fait au-dehors (voyez Luc 7:11).
Cependant, si Jésus entrait souvent dans
la maison du pharisien comme docteur,
et si, agissant comme tel, il réprouvait l’état de choses qu’il trouvait là,
c’était comme Sauveur qu’il entrait dans la maison du publicain.
Lévi lui fit une fête dans sa maison et fit asseoir avec lui des publicains et
des pécheurs. Les chefs religieux trouvent naturellement à redire à cela; alors
Jésus se révèle comme Sauveur leur disant: «Ceux qui sont en bonne santé n’ont
pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce
que c’est que: «Je veux miséricorde et non pas sacrifice»; car je ne suis pas
venu appeler des justes, mais des pécheurs» (Matthieu 9:12-13). Paroles simples,
mais frappantes et pleines de signification. Simon le pharisien désapprouvait
qu’une pécheresse entrât dans sa maison et s’approchât de Jésus; le publicain
Lévi réunit les pareils de cette femme pour être les convives du Seigneur
Jésus; et en conséquence, celui-ci agit chez l’un comme un censeur, tandis que
chez l’autre il se montre dans les richesses de grâce d’un Sauveur.
Mais Jésus s’assied à d’autres tables
encore. Suivons-le à Jéricho et à Emmaüs (voyez Luc 19 et 24). Ce furent les
désirs du coeur qui l’accueillirent à chacune de ces occasions, désirs éveillés
toutefois sous des influences différentes. Zachée n’avait été jusqu’alors qu’un
pécheur, un «homme naturel», corrompu, comme nous le savons, dans ses mobiles
et son activité. Mais il avait été sous l’action du Père à ce moment
précisément, et Jésus devenait l’objet de son âme. Il souhaitait de le voir, et
parce que son désir était ardent, il s’était frayé un chemin à travers la foule
et était monté sur un sycomore, pour tâcher d’apercevoir Jésus au moment où il
passait. Le Seigneur le vit, et aussitôt s’invita lui-même chez lui. Chose
remarquable: Jésus est un convive non invité, qui s’est invité lui-même dans la
maison du publicain de Jéricho.
Les premiers mouvements de la vie chez un
pauvre pécheur, les désirs éveillés par le Père, étaient là dans cette maison,
pour accueillir Jésus; mais le Seigneur, d’une manière aussi bienveillante que
significative, va au-devant de l’invitation et il entre. Il entre dans le
caractère qui convient et répond au besoin du moment, pour aviver et affermir
la vie nouvellement reçue, jusqu’à ce qu’elle se manifeste sous une des formes
de sa puissance et produise un de ses bons fruits. «Voici, Seigneur, je donne
la moitié de mes biens aux pauvres; et si j’ai fait tort à quelqu’un par une
fausse accusation, je lui rends le quadruple» (Luc 19:8).
À Emmaüs nous voyons autre chose: non pas
le désir d’une âme nouvellement attirée, mais le désir de saints relevés de
leur chute. Les deux disciples avaient été incrédules; ils retournaient chez
eux sous l’impression pénible que Jésus avait trompé leur attente. Le Seigneur
les réprimande peu après les avoir rejoints sur la route en s’exprimant
toutefois de manière à faire brûler leurs cœurs au-dedans d’eux; et quand ils
arrivent ensemble à la porte de leur demeure, Jésus fit comme s’il allait plus
loin. Il ne voulait pas s’inviter lui-même comme il l’avait fait à Jéricho, ces
disciples n’étant pas dans la condition morale où était Zachée; cependant,
quand ils l’invitent à entrer, il entre, mais seulement pour fortifier le désir
qui les avait poussés à l’inviter et pour répondre pleinement à ce désir; et
les disciples pressés par la joie, retournent cette nuit même à Jérusalem,
malgré l’heure avancée, pour faire part de tout à leurs frères.
Quelle variété de beauté dans toutes ces
scènes! L’hôte du pharisien, celui du publicain, celui des disciples, le
convive invité et non invité, est assis dans la personne de Jésus, toujours à
sa place dans toute la beauté de la perfection. Je pourrais le montrer assis à
d’autres tables; mais je ne parlerai plus que d’une seule. — À Béthanie, nous
voyons Jésus s’associant à une scène de famille. S’il avait désapprouvé l’idée
d’une famille chrétienne, il n’aurait pas pu se trouver à Béthanie comme
l’Écriture nous l’y montre, et pourtant nous ne le voyons là que pour découvrir
en lui un nouveau trait de beauté morale. Jésus est à Béthanie comme un ami de
la famille, trouvant dans le cercle qui l’entoure ce que nous trouvons encore
aujourd’hui parmi nous: «un chez-soi». Les mots: «Or Jésus aimait Marthe, et sa sœur et Lazare», nous le disent assez. L’affection de Jésus pour la famille
de Béthanie n’était pas celle d’un Sauveur, ni d’un Berger, bien que nous
sachions qu’il était pour elle l’un et l’autre: c’était l’affection d’un ami de
la famille. Mais tout en étant un ami, et un intime ami, qui pouvait, quand il
lui plaisait, trouver sous ce toit hospitalier un cordial accueil, jamais
cependant il n’y intervint dans les arrangements domestiques. Marthe était la
ménagère, la personne la plus occupée de la famille, utile et importante à sa
place, et Jésus la laisse là où il la trouve. Ce n’était pas à lui de changer
ou de régler ces choses. Lazare peut prendre place à côté de ses hôtes à la
table de famille; Marie peut être absorbée et retirée dans son royaume à elle
ou dans le royaume de Dieu au-dedans d’elle, et Marthe sera affairée et
servira. C’est très bien. Jésus laisse tout cela tel qu’il le trouve. Celui qui
ne voulait pas entrer dans la maison d’un autre sans y être invité, s’il
entrait dans la maison de ces deux sœurs et de leur frère, ne voulait pas
intervenir dans l’ordre et les arrangements qui y régnaient, et ceci est d’une
parfaite convenance morale. Mais, lorsqu’un des membres de la famille, au lieu
de garder sa place dans le cercle en sort pour enseigner dans la présence de
Jésus, Jésus doit revendiquer et revendique ses droits supérieurs, et il
rétablit les choses divinement,
bien qu’il ne voulût pas s’en mêler ni y toucher domestiquement (Luc 10).
2.3 Ensemble
insondable de gloires morales
Qui peut suivre toutes les traces de
Jésus. Le vautour dira qu’elles dépassent la portée de son regard, et si aucun œil humain ne peut sonder l’ensemble de ce seul objet, quel est le caractère
humain qui, par ses ombres et ses imperfections, ne sert pas à en faire mieux
ressortir l’éclat. Aucun de nous ne se représente Jean ou Pierre ou un des
autres apôtres, comme ayant un coeur dur ou comme manquant de bonté: tout au
contraire! Nous sentons que nous aurions pu leur confier nos peines et nos
besoins. Cependant le court récit du chapitre 6 de Marc, dont j’ai parlé, nous
fait voir qu’ils sont tous en défaut, qu’ils sont tous à distance quand les
foules affamées s’adressent à eux, menaçant de les déranger; tandis que, au
contraire, pour Jésus, c’était alors précisément le moment et l’occasion de
s’approcher. Tout ceci nous dit ce que Jésus est, mes bien-aimés. «Je ne
connais personne de bon, d’affable, comme lui», a dit quelqu’un, «personne qui
soit descendu comme lui jusqu’à de pauvres pécheurs. J’ai plus de confiance en
son amour que dans celui de Marie, ou de quelque saint que ce soit. Ce n’est
pas seulement sa puissance comme Dieu, c’est la tendresse de son coeur comme
homme, qui m’attire. Jamais personne ne montra autant de tendresse, ou n’en
posséda autant; personne ne m’a inspiré autant de confiance. Que d’autres
s’adressent aux saints ou aux anges s’ils le veulent, moi, j’ai plus de foi en
la bonté de Jésus». Le chapitre 6 de Marc confirme ces paroles, en nous
montrant l’étroitesse de coeur des meilleurs d’entre nous, tels que Pierre et
que Jean, en même temps qu’il manifeste la grâce si pleine, si infatigable, si
humble de Jésus.
Dans ses relations avec le monde, Jésus
était à la fois un vainqueur, un homme de douleurs et un bienfaiteur. Quelle
gloire morale dans un pareil assemblage! Il fut le vainqueur du monde,
repoussant toutes ses séductions et toutes ses offres; il souffrit de la part
du monde, rendant témoignage pour Dieu contre le train et l’esprit du monde; et
il fit du bien au monde, dispensant continuellement son amour et sa puissance,
rendant le bien pour le mal. Les tentations du monde ne servirent qu’à faire de
lui un vainqueur; la corruption et la haine du monde ne purent que faire de lui
un homme de douleurs, ses misères un bienfaiteur. Que de gloires morales se
trouvent ici réunies!
2.4 Dans
le monde, mais pas du monde — Distinguant entre choses
Le Seigneur Jésus fut la personnification
vivante de cette parole: «Dans le
monde, mais non pas du monde» — qui se lie sans doute à cette
autre parole: «Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu
les gardes du mal» (Jean 17). Il fut la manifestation vivante de cet état
pendant toute sa vie, car il était toujours dans le monde, travaillant au
milieu de son ignorance et de sa misère; mais jamais il ne fut du monde, jamais
il ne prit part à ses espérances ou à ses projets, ni ne respira l’esprit du
monde.
C’est au chapitre 7 de l’évangile de
Jean, il me semble, que Jésus se présente à nous tout particulièrement sous ce
caractère. C’était l’époque de la fête des tabernacles, le temps du
couronnement de la joie en Israël, l’anticipation du royaume à venir, la saison
de la rentrée des récoltes, quand le peuple n’avait plus qu’à se souvenir qu’il avait été autrefois errant dans
le désert, et avait demeuré sous des tentes. Les frères de Jésus lui proposent
de profiter d’une occasion comme celle-là, alors que «le monde entier», comme
on dit, se trouvait à Jérusalem. Ils auraient voulu qu’il se mît en avant,
qu’il se posât, comme on dit encore, en «homme du monde». «Si tu fais ces
choses», lui disent-ils, «montre-toi au monde toi-même». Jésus refuse. Le
moment pour lui de célébrer la fête des tabernacles n’est pas encore venu. Il
aura plus tard son royaume dans le monde, il sera grand et sa domination
s’étendra jusqu’aux bouts de la terre quand son jour viendra; mais pour le
présent, il marche vers l’autel et non pas vers le trône. Il ne veut pas aller
à la fête pour être de la fête, bien qu’il doive s’y trouver; aussi, lorsqu’il
est arrivé dans la ville, l’y voyons-nous occupé du service, et non dans les honneurs; non pas opérant des
miracles comme ses frères eussent voulu qu’il fît, afin d’attirer l’attention
des hommes, mais enseignant les autres, s’effaçant ensuite lui-même derrière
cette parole: «Ma doctrine n’est pas mienne, mais de celui qui m’a envoyé».
Tout cela fait partie de la gloire morale
de l’homme Jésus, de l’homme parfait, dans sa relation avec le monde: un
vainqueur, un homme de douleurs, et un bienfaiteur dans le monde, mais non pas du monde. Ailleurs, avec une égale
perfection, nous le voyons distinguer
entre les choses aussi bien
que manifester ces belles combinaisons. Ainsi, en s’occupant de l’affliction de
ceux de dehors, il montre
de la tendresse accompagnée de la puissance qui guérit; tandis que lorsqu’il
s’agit de disciples, nous
voyons en lui la fidélité en même temps que l’amour. Le lépreux du chapitre 8
de Matthieu était un étranger. Il vient à Jésus avec le mal dont il souffre et
en obtient aussitôt la guérison. Le même chapitre nous montre des disciples
s’adressant aussi à Jésus dans leurs angoisses pendant l’orage, mais ils sont
repris aussi bien que rassurés. Jésus leur dit: «Pourquoi êtes-vous craintifs,
gens de petite foi» Et pourtant le lépreux n’avait que peu de foi, tout comme
les disciples. Si ceux-ci disaient: «Seigneur sauve-nous! nous périssons»
l’autre avait dit: «Seigneur, si tu veux, tu peux me rendre net». Mais les
disciples sont repris et le lépreux ne l’est pas, précisément parce que le cas
était différent dans la pensée du Seigneur et l’était justement. Dans l’un des
cas, il s’agissait simplement de l’affliction; dans l’autre, il s’agissait de
l’âme aussi bien que de l’épreuve. Par conséquent, en répondant au lépreux, le
Seigneur ne lui montre que de l’amour, tandis qu’envers les disciples il avait
à être fidèle aussi bien que tendre. La différence de relations avec lui
explique la différence dans l’intervention du Seigneur, et nous montre avec
quelle perfection Jésus distinguait entre des choses qui avaient une grande
analogie entre elles, mais qui, cependant, n’était nullement les mêmes.
Sous ce rapport, la perfection du
Seigneur se manifeste davantage encore. Quoiqu’il censure lui-même il ne permet
pas que d’autres le fassent légèrement; comme dans les âges précédents, Dieu
pouvait humilier Moïse, mais il ne voulait pas que Marie et Aaron s’élevassent
contre lui (Nombres 11:12). Israël, dans le désert, sera maintes et maintes fois
châtié par la main de Dieu, mais en face de Balaam ou de tout autre adversaire,
Dieu sera Celui qui n’a pas aperçu d’iniquité dans son peuple, et qui ne
permettra pas qu’aucun enchantement prévale contre lui. C’est ainsi également
que le Seigneur intervient de la manière la plus frappante et la plus admirable
entre les deux disciples et leurs compagnons qui les accusent (Matthieu 20); et
quoiqu’il eût envoyé, comme en secret, une parole d’avertissement et
d’admonition à Jean-Baptiste (parole que la conscience de Jean pouvait seule
comprendre), il se tourne vers la multitude pour ne parler de lui qu’avec des
expressions d’approbation et de satisfaction.
Nous trouvons d’autres exemples de cette
grâce qui distingue entre les choses qui diffèrent. Même lorsqu’il s’occupe de
ses disciples, il vient un moment, celui des adieu, où la fidélité ne peut être
observée plus longtemps et où il ne reste à exercer que la tendresse toute
seule (Jean 14 et 15). Le coeur revendique cette heure comme lui
appartenant tout entière, et l’éducation de l’âme ne peut pas se poursuivre
alors. Jésus révèle à ses disciples des secrets nouveaux, il est vrai, des
secrets appartenant à la relation la plus chère et la plus intime, savoir leur
relation avec le Père; mais il n’y a rien dans ses discours qui ressemble à un
reproche. Il ne dit pas alors: «Gens de petite foi», ou: «Comment ne
comprenez-vous point». Une seule parole qui a peut-être quelque analogie avec
celles-ci, leur faisait connaître seulement une blessure dont le coeur avait
souffert, afin qu’ils sussent quel était l’amour qu’il avait pour eux.
Tel était dans la pensée parfaite et pour
le coeur de Jésus, le caractère sacré de la douleur du moment de la séparation.
Nous le réalisons pour nous-mêmes dans notre chétive mesure, de sorte que nous
sommes capables d’en apprécier et d’en admirer au moins la pleine expression en
Jésus. «Il y a… un temps d’embrasser», dit l’Ecclésiaste, «et un temps de
s’éloigner des embrassements». C’est une loi écrite dans le livre des statuts
de l’amour, et Jésus l’observait.
2.5 Douceur selon Dieu (pas de miel dans les sacrifices)
Lumière brillante malgré les apparences contraires
Jésus ne se laissait pas entraîner à la
douceur quand l’occasion exigeait de la fidélité, et pourtant il passa par bien
des circonstances que la sensibilité humaine eût ressenties, et que le sens
moral de l’homme eût jugé bien de ressentir. Jésus ne voulait pas gagner ses
disciples par les pauvres voies d’une nature aimable. Le «miel», aussi bien que
le «levain», était exclu des sacrifices faits par feu. Il n’y avait pas de miel
dans les offrandes de gâteau (Lévitique 2; 11); et Jésus, la vraie offrande de
gâteau, n’en avait pas non plus. Ce n’était pas simplement des paroles aimables
ou polies que les disciples entendaient de la bouche de leur Maître; il n’y
avait pas chez lui cette courtoisie qui consulte les goûts d’autrui et cherche
à les satisfaire; Jésus ne cherchait pas à être agréable, et pourtant il
s’attachait les cœurs de la manière la plus étroite, et c’est là de la
puissance. C’est toujours une preuve de puissance morale, quand la confiance
est gagnée sans qu’elle soit recherchée, car alors le coeur a compris la
réalité de l’amour. «Nous savons tous», a dit quelqu’un, «distinguer
l’affection de ce qui n’est que de la prévenance, et il peut y avoir une grande
mesure de celle-ci, sans qu’il y ait rien de celle-là. On dira peut-être que
des manières aimables doivent gagner la confiance; mais nous savons bien que
l’affection seule en est capable». L’amabilité, si elle n’est que cela, est du
miel, et combien de cet ingrédient ne se trouve-t-il pas en nous. Nous sommes
enclins à penser que tout va bien, et nous ne visons pas plus haut peut-être
qu’à ôter le levain et à pénétrer de miel la pâte. Si nous sommes aimables, si
nous remplissons convenablement notre rôle sur la scène bien ordonnée, polie et
courtoise de la société, cherchant à plaire aux autres, et faisant de notre
mieux pour qu’ils soient satisfaits d’eux-mêmes, nous sommes contents et les
autres le sont de nous. Mais est-ce là servir Dieu? Est-ce là une offrande de gâteau?
Pensons-nous que cela fasse partie de la gloire morale de l’homme parfait?
Certainement non. Nous pourrions estimer peut-être que rien ne conviendrait
mieux et n’atteindrait mieux et plus effectivement le but; néanmoins, c’est
l’un des secrets du sanctuaire, que l’on
ne faisait pas usage de miel pour donner une odeur agréable à l’offrande.
Ainsi, en développement, en à-propos, en
combinaisons et en distinctions, tout était beauté et perfection dans toutes
les voies de ce Fils de l’homme!
La vie de Jésus était la brillante
lumière d’une lampe. Il était, dans la maison de Dieu, cette lampe qui n’avait
pas besoin de «mouchettes et de vases à cendre» (Ex. 25); elle était
continuellement arrangée devant le Seigneur, donnant la lumière d’une huile
vierge et pure; et elle manifestait tout ce qui était autour d’elle, censurant
et reprenant, mais gardant toujours sa propre place sans reproche.
Accusé par des disciples ou par des
adversaires, comme il lui arrivait constamment, jamais le Seigneur ne cherche à
s’excuser. En une occasion ses disciples se plaignent, disant: «Maître, ne te
mets-tu pas en peine que nous périssions» (Marc 4:38), mais Jésus ne songe pas
à justifier le sommeil dont ces paroles viennent de le tirer. Une autre fois
ils objectent encore: «Maître, les foules te serrent et te pressent, et tu dis:
Qui est-ce qui m’a touché» (Luc 8:42-48), mais il n’a pas besoin de cette
remarque, et agit de manière à y répondre. Une autre fois encore Marthe lui
dit: «Seigneur, si tu eusses été ici mon frère ne serait pas mort» (Jean 11);
Jésus ne s’excuse pas de ne pas avoir été là, ni de s’être arrêté pendant deux
jours au lieu où il se trouvait, mais il apprend à Marthe quel caractère
merveilleux son retard donnait à cette heure.
Quelle glorieuse justification il y avait
là de ce retard! Et il en était de même à chaque occasion semblable. Qu’il soit
accusé ou blâmé, jamais Jésus ne rétracte une parole ou ne revient en arrière
d’un seul pas; il impose silence à toute voix qui s’élève en jugement contre
lui. Sa mère lui fait des reproches (Luc 2) mais au lieu de pouvoir maintenir
son accusation, elle doit être convaincue des ténèbres et de l’erreur de ses
pensées. Pierre ose reprendre Jésus: «Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne
t’arrivera point» (Matt. 16); mais Pierre doit apprendre que c’était Satan
lui-même qui l’excitait à parler ainsi. L’huissier, dans le palais du souverain
sacrificateur, va plus loin encore; voulant corriger Jésus, il le frappe sur la
joue (Jean 18); mais il est convaincu de violer les lois de la justice en
présence même et dans le lieu de jugement.
Tout cela nous dit les voies parfaites du
Maître. Les apparences pouvaient être quelquefois contre Jésus. D’où vient
qu’il dormait dans la nacelle quand la tempête et les vagues mugissaient? Qu’il
s’arrêtait en chemin quand la fille de Jaïrus était mourante. Pourquoi
tardait-il à venir quand son ami Lazare était malade dans le village lointain
de Béthanie? Mais tout cela n’est que l’apparence, et seulement pour un
moment: nous connaissons ces voies de Jésus, ce sommeil, cet arrêt, ce retard;
tout est parfait! Les apparences étaient contre le Dieu de Job, aux jours des
patriarches: tant de messagers implacables et inexorables n’étaient-ils pas de
trop. Mais le Dieu de Job n’avait pas à s’excuser, non plus que le Jésus de
l’évangile.
C’est pourquoi, quand nous regardons au
Seigneur Jésus comme à la lampe du sanctuaire, la lumière dans la maison de
Dieu, nous trouvons que «les mouchettes et les vases à cendre» ne sont d’aucun
usage: on reconnaît qu’il n’y a rien en lui qui leur corresponde. Aussi tous
ceux qui tentaient d’accuser ou de reprendre Jésus quand il était ici-bas,
devaient eux-mêmes s’en retourne repris et confondus. Ils avaient voulu se
servir de mouchettes pour une lampe qui n’en avait pas besoin, et ils n’avaient
fait que trahir leur folie: la lumière de cette lampe brillait d’autant plus,
non pas parce qu’on s’était servi de mouchettes, mais parce qu’une preuve
nouvelle était donnée chaque fois, qu’elle n’en avait que faire.
De tous ces exemples nous recueillons
l’utile leçon qu’il vaut mieux nous tenir tranquilles et laisser faire Jésus.
Nous pouvons regarder et adorer, mais sans intervenir et sans interrompre,
comme tous faisaient alors, ennemis, parents ou même disciples. Ils ne pouvaient
rendre plus éclatante cette lumière qui luisait; ils n’avaient qu’à s’en
réjouir et à marcher à sa lueur, sans essayer d’y toucher. Que notre œil soit
simple! et nous pouvons être assurés que la lampe du Seigneur, placée sur le
chandelier, remplira de lumière tout le corps.
Mais poursuivons. De même que Jésus ne
cherchait pas à s’excuser devant le jugement de l’homme, pendant le cours de
son ministère, ainsi aussi à l’heure de la souffrance, quand les puissances des
ténèbres sont toutes déchaînées contre lui, il ne cherche pas la pitié des
hommes. Quand il fut devenu le prisonnier des Juifs et des gentils, il ne les
supplie, ni ne les implore; il n’en appelle à la compassion de personne; on ne
l’entend pas plaider pour sa vie. Il avait prié le Père dans le jardin de
Gethsémané; mais il ne cherche à émouvoir ni le souverain sacrificateur, ni le
gouverneur romain. Tout ce qu’il dit à l’homme à cette heure doit rendre
manifeste le péché que l’homme, Juif ou gentil, accomplissait dans ce moment
même.
Quel tableau! Qui aurait pu en concevoir
le sujet! Il a dû être manifesté avant que d’être décrit, comme on l’a fait
observer il y a longtemps déjà. Oui, l’homme parfait, une fois, a marché
ici-bas dans la plénitude de la gloire morale, et le Saint Esprit a projeté les
rayons de cette gloire sur les pages des évangiles; et après la simple,
heureuse et ferme assurance de son amour personnel envers nous (que le Seigneur
l’augmente dans nos cœurs ), rien ne contribue davantage à nous faire désirer
d’être avec lui, que de découvrir ce qu’il est Lui-même. J’ai entendu parler
d’un homme qui après avoir suivi, dans les quatre évangiles, la voie lumineuse
de Jésus, fut ému jusqu’aux larmes et s’écria: «Que ne suis-je avec lui!».
S’il est permis à un homme de parler pour
les autres, chers amis, je dirai que c’est là ce dont nous avons besoin, et aussi ce après quoi
nous soupirons. Nous
connaissons ce qui nous manque, mais nous pouvons ajouter: Le Seigneur sait ce
que nous désirons.
2.6 Un temps pour garder un temps pour jeter (Ecclésiaste 3.6) - Renonçant aux avantages terrestres
Le même livre de l’Ecclésiaste, que nous
avons déjà cité plus haut, dit: «il y a… un temps de garder, et un temps de
jeter» ( Ecclésiaste 3:6 ). Le Seigneur Jésus savait à la fois garder et jeter quand il
le fallait.
Il n’y a pas de dilapidation dans les
services du coeur et de la main qui servent Dieu, quelque prodigues qu’ils
soient: «Tout vient de toi», disait David au Seigneur, «et ce qui vient de ta
main, nous te le donnons» (1 Chroniques 29:14).
Les bêtes qui paissent sur mille
montagnes et la terre et tout ce qui est en elle, sont au Seigneur; néanmoins
le Pharaon traite de paresse la demande que faisait le peuple d’Israël d’aller
sacrifier à Dieu, et les disciples considèrent les trois cents deniers dépensés
pour oindre le corps de Jésus, comme étant une perte (Matthieu 26:6-13; Jean 12:
1-8). Mais donner au Seigneur ce qui lui appartient, l’honneur ou le sacrifice,
l’affection du coeur ou le travail des mains, ou les biens de la maison, n’est
ni la paresse, ni une perte: rendre à Dieu est le premier devoir.
Je désire m’arrêter ici un moment.
Renoncer à l’Égypte n’est pas de la paresse, et briser un
vase de parfums sur la tête de Jésus, n’est pas de la dilapidation, bien que
nous voyions que parmi les enfants des hommes, et même trop souvent parmi les
saints de Dieu, on juge ainsi de ces choses. Des gens renoncent à certains
avantages terrestres, ou négligent certaines perspectives mondaines, parce que
le coeur a compris ce que c’est que d’être associé dans le chemin à un Seigneur
rejeté. Mais aux yeux de plusieurs, tout cela est de la «paresse» et une
«prodigalité». On aurait pu, pensent-ils, conserver les avantages que l’on
possédait, et poursuivre et atteindre les perspectives mondaines, et ensuite en
user pour le Seigneur. Ceux qui parlent ainsi sont dans une grave erreur. Ils
veulent qu’on tienne à la position, et à l’influence humaine et terrestre qui
s’y rattache, et considèrent ces choses presque comme «un don qui doit servir
au profit, à l’édification et pour la bénédiction des autres» (comparez 1 Corinthiens 12:7, etc; 14:1-3, 12, etc.). Mais un Christ rejeté par les hommes, s’il était
connu spirituellement par l’âme, enseignerait une tout autre leçon! Cette
position dans la vie, ces avantages mondains, ces occasions si recommandées,
sont cette Égypte même que Moïse quitta: il refusa d’être nommé le fils de la
fille du Pharaon. Les trésors de l’Égypte n’étaient pas pour lui des richesses,
car il ne pouvait pas en faire usage pour le Seigneur. Il s’éloigna et le
Seigneur le rencontra, et se servit de lui ensuite, non pas pour mettre en
crédit l’Égypte et ses trésors, mais pour délivrer son peuple de la servitude.
Tout ce renoncement cependant, dont Moïse
nous offre l’exemple, doit être accompli dans l’intelligence de la foi en un
Seigneur rejeté, sinon il sera privé de ce qui en fait la vraie beauté et la
réalité. Si l’on agit en vertu d’un principe simplement religieux, pour se faire à
soi-même une justice et un mérite, on peut dire avec raison que ce qui est fait
ainsi est pire que la paresse ou la dilapidation. Satan a remporté un avantage
évident sur nous, au lieu que nous ayons remporté une victoire sur le monde.
Mais si le sacrifice a été accompli dans la foi et pour l’amour d’un Maître
rejeté, dans la conscience et l’intelligence de la relation de ce Maître avec
ce présent siècle mauvais, c’est une offrande à Dieu.
Servir l’homme aux dépens de la vérité et
des principes de Dieu, n’est pas du christianisme, bien que ceux qui font ainsi
soient appelés du nom de «bienfaiteurs». Le christianisme se préoccupe de la
gloire de Dieu aussi bien que du bonheur de l’homme; et dans la mesure dans
laquelle nous perdons de vue ce point, nous serons tentés de regarder comme une
perte de temps ou de biens, beaucoup de choses qui sont réellement l’expression
d’un service saint, dévoué, intelligent et conséquent envers Jésus. Le Seigneur
nous apprend cette leçon quand il justifie la femme qui répandait sur sa tête
le parfum de grand prix (Matthieu 26). Nous avons à considérer la gloire de Dieu dans
ce que nous faisons, bien que les hommes puissent refuser de sanctionner ce qui
ne contribue pas à l’avancement du bon ordre dans le monde ou au bien-être du
prochain; et Jésus voulait maintenir les droits de Dieu dans ce monde égoïste,
tout en reconnaissant (assurément comme nous le savons bien) les droits du
prochain sur lui-même.
Il savait quand il fallait «jeter» et
quand il fallait «conserver». «Laissez-la», dit-il à propos de la femme qui
venait d’être blâmée pour avoir brisé sur lui le vase de parfums, «elle a fait
une bonne oeuvre envers moi»; tandis qu’après avoir rassasié les foules, il
disait: «Amassez les morceaux qui sont de reste, afin que rien ne soit perdu».
C’était l’observation du commandement
divin: «Il y a un temps de garder, et un temps de jeter». Si le service
prodigue du coeur ou de la main dans le culte de Dieu n’est pas une
dilapidation, les miettes même de la nourriture de l’homme sont sacrées et ne
doivent pas être jetées. Celui qui, dans l’une de ces occasions, justifia la dépense
de trois cents deniers, dans l’autre, ne permit pas que les restes de cinq
pains fussent laissés sur le sol. À ses yeux, ces restes étaient sacrés. Ils
étaient la nourriture de la vie, l’herbe des champs que Dieu avait donnée à
l’homme pour sa subsistance; et la vie est une chose sacrée: Dieu est le Dieu
des vivants. Il avait dit à l’homme: «Toute herbe verte… et tout arbre… vous
seront pour nourriture» (Genèse 1); c’est pourquoi Jésus sanctifiait ce que Dieu
avait donné. «L’arbre des champs est la vie de l’homme», avait dit la loi
(Deutéronome 20:19) (*),
et elle avait en conséquence donné ce commandement à ceux qui étaient sous la
loi: «Quand tu assiégeras une ville pendant plusieurs jours en lui faisant la
guerre pour la prendre, tu ne détruiras pas ses arbres en levant la hache
contre eux, car tu pourras en manger: tu ne les couperas pas… Seulement,
l’arbre que tu connaîtras n’être pas un arbre dont on mange, celui-là tu le
détruiras et tu le couperas». Il y aurait eu dissipation, profanation, à abuser
ainsi de ce que Dieu avait donné pour être la nourriture de la vie, et Jésus,
dans la même pureté, dans la perfection de l’ordonnance vivante de Dieu, ne
voulait pas qu’un seul des restes fût perdu. «Amassez les morceaux qui sont de
reste, afin que rien ne soit perdu».
(*) Lisez ainsi Deutéronome 20:19: «Tu ne les couperas pas (car
l’arbre des champs est la vie de l’homme), pour t’en servir dans le siège».
Ce ne sont là que des détails; mais
toutes les circonstances de la vie humaine, quelque passagères, quelque petites
qu’elles soient, à mesure que Jésus les traverse, sont ainsi ornées d’un rayon
de cette gloire morale, qui éclairait toujours de sa lumière le sentier que
foulaient les pieds du Sauveur. L’œil de l’homme était incapable de le suivre,
mais devant Dieu tout s’élevait comme un encens, comme un sacrifice de bonne
odeur, un sacrifice de repos, l’offrande de gâteau du sanctuaire.
2.7 Jugement juste, non
pas selon les apparences
Il faut remarquer encore
que le Seigneur ne jugeait pas les autres en rapport avec lui
-même, faute dans laquelle nous tombons tous. Nous sommes
naturellement portés à juger les autres d’après leur manière d’être envers
nous, et nous faisons de l’intérêt que nous leur portons, la mesure de
leur caractère et de leur valeur. Le Seigneur n’agissait pas ainsi. Dieu est un
Dieu de connaissance et il pèse les actions; il comprend chacune d’elles pleinement. Et l’image du Dieu de connaissance, notre Seigneur Jésus
Christ, agit de même pendant les jours de son ministère ici-bas. Le
chapitre 11 de Luc nous en offre un exemple. Il y avait une apparence de
politesse et de bon vouloir envers le Seigneur chez le
pharisien qui l’invitait à sa table; mais Jésus était le
«Dieu de toute connaissance», et comme tel, il
pèse cette action selon son véritable caractère.
Le miel de courtoisie, qui est le
meilleur ingrédient pour la vie sociale du monde, ne pouvait pas pervertir le
jugement de Christ, ni son appréciation des choses. Jésus approuvait celles qui
sont excellentes. La politesse qui l’invitait ne pouvait pas influencer le
jugement de Celui qui portait les poids et les mesures du sanctuaire de Dieu.
C’est le Dieu de toute connaissance que la politesse du monde rencontre ici, et
elle ne peut pas subsister devant lui. Quelle leçon pour nous!
L’invitation cachait un dessein
prémédité: aussitôt que le Seigneur est entré dans la maison, l’hôte agit en
pharisien et non pas en hôte; il montre son étonnement de ce que celui qu’il a
convié ne s’est pas lavé avant de se mettre à table, et le caractère qu’il prend
ainsi dès le début, se montre dans toute sa force à la fin. Le Seigneur agit en
conséquence, car il pesait toutes choses comme le Dieu de connaissance.
Quelques-uns estimeront peut-être que la politesse qu’on lui avait faite eût dû
lui imposer silence, mais Jésus ne pouvait pas considérer ce pharisien
seulement en rapport avec lui-même. La flatterie ne pouvait pas faire dévier
son jugement. Jésus met à découvert et censure; et la fin de la scène le
justifie. «Et comme il leur disait ces choses, les scribes et les pharisiens se
mirent à le presser fortement; et ils le provoquaient à parler de plusieurs
choses, lui dressant des pièges, et cherchant à surprendre quelque chose de sa
bouche, afin de l’accuser» (Luc 11:53-54).
Le Seigneur agit d’une manière toute
différente dans la maison d’un autre pharisien, qui, lui aussi, l’avait invité
à sa table (voyez Luc 7), car Simon n’avait pas de but caché en invitant Jésus.
Il peut paraître agir aussi en pharisien, accusant tout bas la pauvre
pécheresse de la ville, et blâmant son hôte de ce qu’il supportait qu’elle
s’approchât de lui; mais les apparences ne peuvent pas servir de base à un
jugement juste; souvent les mêmes paroles prononcées par des lèvres
différentes, ont un sens bien différent. C’est pourquoi le Seigneur, le juge
qui pèse tout parfaitement selon Dieu, tout en reprenant Simon et en lui
montrant ce qu’il est, le connaît par son nom, et quitte sa maison comme un
hôte doit la quitter. Il distingue entre le pharisien du chapitre 7 de Luc et
celui du chapitre 11, bien qu’il se soit assis à la table de tous les deux.
Ainsi encore au chapitre 16 de Matthieu,
nous voyons Pierre, plein d’attention et d’une tendre affection pour son
maître: «Seigneur», lui dit-il, «Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point»;
mais Jésus ne juge les paroles de Pierre que d’après leur valeur morale. Il est
pour nous difficile de faire ainsi, lorsqu’on cherche à nous être agréable. Une
nature simplement aimable n’eût pas dit: «Va arrière de moi, Satan»; elle se
fût exprimée autrement. Mais, je le répète, le Seigneur n’écoute pas les
paroles de Pierre simplement comme étant l’expression d’une bonté et d’une
affection personnelles pour lui; — il les juge, il les pèse dans la présence de
Dieu, et trouve aussitôt qu’elles procèdent de l’Ennemi; car celui qui peut se
transformer en «ange de lumière», se cache souvent sous des paroles pleines de
douceur et d’amabilité.
Jésus en agit de même envers Thomas au
chapitre 20 de Jean. Thomas venait de lui rendre hommage; il avait dit: «Mon
Seigneur et mon Dieu!». Mais des paroles même comme celles-là, ne pouvaient
faire descendre Jésus de la hauteur morale où il se tenait, et d’où il écoutait
et considérait toutes choses. Sans doute, ces paroles étaient vraies et
provenaient d’un coeur qui, après avoir été éclairé de Dieu, s’était repenti et
était revenu au Seigneur ressuscité, laissant ses doutes pour adorer
maintenant. Mais Thomas s’était tenu éloigné aussi longtemps qu’il avait pu; il
avait dépassé la mesure. Tous les disciples avaient été incrédules au sujet de
la résurrection, mais Thomas avait déclaré qu’il persisterait dans
l’incrédulité, jusqu’à ce que la vue et le toucher vinssent le convaincre.
Telle avait été sa condition morale; et Jésus la jugeait ainsi, et il met
Thomas à sa véritable place, comme il avait fait pour Pierre. «Thomas, dit-il,
parce que tu m’as vu, tu as cru; bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont
cru».
Nos cœurs en pareil cas, n’eussent-ils
pas été pris par surprise. Auraient-ils résisté aux assauts de la bonne affection
de Pierre et de l’hommage de Thomas. Mais notre Maître parfait se tenait là
pour Dieu et sa vérité, et non pas pour lui-même. Les Israélites pouvaient
rendre des honneurs à l’Arche de l’Alliance et l’amener à la bataille (1 Samuel 4), la mettant en demeure, pour ainsi dire, de faire tourner tout à bien par sa
présence au milieu d’eux. Mais le Dieu d’Israël n’est pas conduit ainsi. Le
peuple est défait par les Philistins, malgré la présence de l’Arche; et Pierre
et Thomas sont repris, bien que Jésus, qui est toujours le Dieu d’Israël, fût
honoré par eux.
2.8 Joie
dans la conversion des pécheurs
Les anges se réjouissent de la repentance
des pécheurs. «Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur
qui se repent». De quel prix n’est-il pas pour nous d’avoir la révélation de ce
secret du ciel, et d’en trouver les manifestations les unes après les autres,
comme elles nous sont données au chapitre 15 de Luc.
Mais il y a plus. La joie, bien que Luc
nous la montre réalisée dans le ciel, est une joie publique; elle a son expression
et elle trouve de l’écho. Il convient qu’il en soit ainsi; il convient que
toute la maison partage la joie et la trouve une joie commune. Mais, je le
répète, il y a plus encore: il y a la joie du coeur
de Dieu, aussi bien que cette joie du ciel. Le chapitre 4 de Jean nous en
parle, comme le 15 de Luc nous parle de la joie du ciel. Et cette joie du coeur
de Dieu, je n’ai pas besoin de le dire, est plus profonde; elle est pleine;
silencieuse et personnelle; elle ne demande pas à être suscitée ou maintenue
par les autres. «J’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas»;
ainsi parlait le coeur de Christ lorsqu’il goûtait cette joie. La gloire
remplissait la maison, et il fallait que, pour un temps, les ministres du
sanctuaire se tinssent à distance (1 Rois 8:11). Le Berger venait de rapporter
au bercail la brebis égarée du troupeau, l’ayant mise sur ses épaules bien
joyeux, et jusqu’alors la joie était tout entière sa joie. Toute la maison
n’avait pas encore été appelée à se réjouir avec lui, quand la femme le laissa,
une pécheresse sauvée et heureuse! Les disciples avaient conscience du
caractère du moment: ils ne veulent pas le troubler. La graisse réservée à
l’autel, la plus excellente portion de la fête, la «viande de Dieu», était
servie, et les disciples se tiennent dans le silence et à l’écart. Ce fut un
moment merveilleux, aussi bien que rare. La joie profonde, inexprimée du coeur
divin se révèle ici, comme la joie publique du ciel se montre au chapitre 15 de
Luc.
Mais celui qui pouvait être ainsi
«nourri», était quelquefois fatigué; il pouvait avoir faim et soif, comme nous
voyons dans ce même chapitre et au chapitre 4 de Marc. Il y a toutefois cette
différence, que Marc nous dit comment Jésus est restauré par le sommeil, tandis
que dans Jean, Jésus est nourri et réjoui sans aucun moyen extérieur. Et d’où
cela venait-il? Dans le chapitre de Marc, le Seigneur avait passé par une
journée de travail, et le soir étant arrivé, il était fatigué, comme est la nature
humaine à la fin du jour. «L’homme sort à son ouvrage et à son travail,
jusqu’au soir» (Psaume 104). Alors le sommeil lui est envoyé pour qu’il soit
restauré, et qu’il puisse reprendre son service quand le matin sera revenu.
Jésus fit l’expérience de toutes ces choses; il dormit sur un oreiller dans la
nacelle. Au chapitre 4 de Jean, il est encore «lassé du chemin», et il a faim
et soif. Il s’assied sur la margelle du puits comme un voyageur fatigué,
attendant que les disciples s’en reviennent du village voisin avec des
provisions. Mais quand ils arrivent, ils trouvent le Seigneur rafraîchi et
reposé, et cela sans qu’il ait mangé ou bu ou dormi. Sa fatigue avait trouvé un
autre rafraîchissement que celui que le sommeil aurait pu lui apporter. Il
avait été réjoui par le fruit de son travail dans l’âme d’une pauvre
pécheresse, et elle avait été renvoyée dans la liberté du salut de Dieu. Mais
au chapitre 4 de Marc, il n’y avait pas de femme de la Samarie.
Combien tout cela est vrai et facile à
comprendre pour nous! Au chapitre 4 de Jean, le coeur du Seigneur était joyeux,
si je peux m’exprimer ainsi; tandis qu’au chapitre 4 de Marc, il n’y avait rien
pour le réjouir; et l’Écriture dit (et notre expérience confirme la vérité de
cette parole) que «le coeur joyeux fait du bien à la santé, mais un esprit
abattu dessèche les os» (Proverbe 17). Ainsi, dans l’un des cas, le Maître peut
dire: «J’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas», et dans
l’autre, il fera usage de l’oreiller, qu’une sollicitude attentive à ses
besoins a préparé pour lui.
2.9 Fidélité
malgré la confusion — Non contaminé par la souillure
Dans un temps où tout est confusion, on
est tenté de tout abandonner, parce qu’on voit tout perdu sans ressource, et on
serait tenté de dire qu’il est inutile désormais et que ce serait un travail
sans fin, de s’appliquer encore à distinguer entre les choses. Tout est
désordre et apostasie; pourquoi essayer encore de faire une différence. Il n’en
était pas ainsi du Seigneur. Il se trouvait au
milieu de la confusion, mais
il n’en faisait pas partie; tout comme il était dans le monde, mais n’était pas du monde. Il avait affaire à toutes
sortes de gens, dans toutes espèces de conditions, foule après foule, quand
tous auraient dû être étroitement unis ensemble; et il poursuivait toujours
sans distraction son étroit, uni et saint sentier. Les prétentions du
pharisien, la mondanité de l’hérodien, la philosophie du sadducéen, la
versatilité de la multitude, les attaques des adversaires, l’ignorance et l’infirmité
des disciples, étaient les éléments moraux qu’il rencontrait et auxquels il
avait à faire face chaque jour.
L’état des choses aussi bien que le
caractère des individus exerçait le coeur du Seigneur: la monnaie de César
circulait dans le pays d’Emmanuel; les murs de clôture étaient tous presque
renversés; le Juif et le gentil, le pur et l’impur, étaient confondus, sauf là
où l’orgueil religieux se prévalait à sa manière de privilèges nationaux ou
autres. Mais le principe d’or de Jésus: «Rendez les choses de César à César, et
les choses de Dieu à Dieu», exprimait la perfection de son passage au milieu de
tout. Aux jours de la captivité, jours de confusion aussi, le résidu rendit un
beau témoignage, distinguant entre ce qui différait, et ne rejetant pas tout
comme si tout était perdu. Daniel était le conseiller du roi, mais il refusait
de manger de sa viande; Néhémie servait dans le palais, mais il ne tolérait pas
le Moabite ou l’Ammonite dans la maison de l’Éternel; Mardochée veillait sur la
vie du roi, mais il ne s’inclinait pas devant l’Amalékite; Esdras et Zorobabel
acceptaient les faveurs du roi perse, mais ils refusaient les secours des
Samaritains et ils ne supportaient pas les mariages avec les gentils; les
captifs priaient pour la paix de Babylone, mais ils ne voulaient pas chanter
les cantiques de Sion dans la terre étrangère.
Tout cela est d’une grande beauté, et le
Seigneur, dans son jour, manifesta parfaitement
ce caractère du résidu. Nous aussi, nous vivons dans un temps qui, dans son
caractère de confusion, n’est pas inférieur aux jours de la captivité ou aux
jours de Jésus; et comme lui, nous sommes appelés à agir, non pas comme s’il
n’y avait plus de ressources, mais comme sachant encore donner «les choses de
César à César, et les choses de Dieu à Dieu». — Toute cette beauté morale
devient un modèle pour nous.
Nous voyons Jésus aussi dans les rapports
de Dieu avec le mal, position que naturellement nous, nous ne pouvons jamais
occuper. Il touchait le lépreux et il touchait le cercueil, et cependant il
n’était pas souillé: il était dans la relation de Dieu avec le mal; il
connaissait le bien et le mal, mais il les dominait divinement, les connaissant
comme Dieu les connaît. S’il n’avait pas été ce qu’il était, le contact du
lépreux et du cercueil l’eût souillé; il eût dû être envoyé hors du camp, et
passer par la purification prescrite par la loi; mais nous ne voyons rien de
pareil en lui. Jésus n’était pas un Juif impur; non seulement il n’était pas
souillé, mais il ne pouvait pas l’être; et cependant, tel était le mystère de
sa personne, telle la perfection de son humanité unie à la divinité en lui, que
la tentation était aussi réelle que l’impossibilité d’être souillé.
Arrêtons-nous un moment ici. Notre place
en présence d’une grande partie de cette vérité nécessaire, bien que
mystérieuse et infiniment précieuse, est de l’accepter et d’adorer, plutôt que
de la discuter et d’en faire l’analyse. Il est doux toutefois pour le coeur, de
remarquer les désirs ardents de quelques âmes simples, qui vous donnent le
sentiment que c’est Christ lui-même qu’elles ont devant les yeux. Souvent
nous discourons sur des vérités de telle façon, qu’à la fin nous arrivons à la
pénible conviction que, bien qu’occupés ainsi, ce n’est pas à Christ lui-même
que nous sommes parvenus: nous découvrons que nous avons erré sur la route.
2.10 Pauvre, mais
enrichissant plusieurs
Le Seigneur était «pauvre», toutefois
«enrichissant plusieurs» — «comme n’ayant rien, et possédant toutes choses».
Ces glorieux caractères étaient manifestés en lui par des voies qui étaient et
devaient lui être particulières. Il recevait du secours de quelques femmes
pieuses qui l’assistaient de leurs biens, et en même temps il disposait des
trésors de l’abondance de la terre, pour fournir aux besoins de tous ceux qui
l’entouraient. Il pouvait nourrir des milliers d’hommes dans des lieux déserts,
et en même temps avoir faim lui-même, attendant le retour de ses disciples qui
avaient été chercher des vivres. C’était «ne rien avoir et toutefois posséder
toutes choses». Mais tout en était ainsi pauvre, exposé à la fois au besoin et
au danger, il n’y a rien en lui qui ressemble en quoi que ce soit à de la
bassesse. Jamais il ne demande l’aumône, bien qu’il ne possède rien, car
lorsqu’il a besoin d’un denier (Luc 20:20-26) (non pas pour son propre usage),
il est obligé de demander qu’on lui en montre un. Jamais il ne s’enfuit, bien
qu’exposé au danger et menacé dans sa vie là où il se trouve; il se retire ou
s’éloigne inaperçu. Je le répète donc, rien de bas, rien qui soit en désaccord
avec une parfaite dignité personnelle, ne s’attache à lui, quoique la pauvreté
et le besoin soient son lot chaque jour.
Merveilleuse perfection! Qui pourrait
maintenir devant nos yeux un objet aussi parfait, aussi irréprochable, aussi
exquisément et aussi délicatement pur, dans les détails les plus ordinaires et
les plus minutieux de la vie humaine. Paul était insuffisant pour cela. Jésus
seul, l’homme Dieu, le pouvait. La nature particulière de ses vertus, au milieu
de ce qu’avaient d’ordinaire les circonstances de sa vie, nous dit ce qu’il
est. Il n’y a qu’une personne particulière, il n’y a que l’homme divin, si je
puis le désigner ainsi, qui puisse nous présenter de semblables particularités
dans des circonstances aussi ordinaires. Nous ne trouvons rien de pareil en
Paul, je le répète. Il y avait en lui beaucoup de dignité et de grandeur
morale, sans doute; s’il y a un homme en qui ces choses se trouvent,
reconnaissons que cet homme, c’est lui; mais le chemin de Paul n’est pas celui
de Jésus; sa vie est en danger et il se sert de son neveu pour sa protection;
une autre fois, ses amis le descendent dans une corbeille du haut des murs de
la ville. Je ne dis pas qu’il demande de l’argent, mais il reconnaît en avoir reçu;
je ne rappelle pas comment il déclare devant l’assemblée composée de pharisiens
et de sadducéens, qu’il est un pharisien, ni comment il parle du souverain
sacrificateur qui le jugeait: Paul, dans ces circonstances, était moralement en
défaut, et je ne parle que des cas qui, sans être moralement mauvais, sont
cependant au-dessous de la parfaite dignité personnelle qui distingue les voies
de Christ. La fuite en Égypte, comme on l’appelle, ne fait pas exception à ce
caractère du Seigneur; car ce voyage fut entrepris pour accomplir la prophétie,
et d’après l’ordre d’un oracle divin.
Tout ceci n’est pas simplement de la
gloire morale, c’est une merveille morale; — et il est prodigieux qu’une plume,
tenue par la main d’un homme, ait jamais pu tracer de telles beautés. Nous ne
pouvons nous expliquer ce miracle que par le fait que c’est la vérité, une
vivante réalité qui nous est présentée. Nous sommes forcément amenés à cette
conclusion.
2.11 Paroles de grâce assaisonnée de sel
Avançant encore dans cette voie, nous
trouvons qu’il est écrit: «Que votre parole soit toujours dans un esprit de
grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à
chacun» (Colossiens 4:6). Nos paroles devraient être telles, en effet, «toujours avec
grâce», faisant du bien aux autres, «communiquant la grâce à ceux qui
l’entendent». Toutefois elles revêtiront ce caractère souvent par la vivacité
de l’admonition ou de la censure; quelquefois par leur décision et leur
sévérité, par l’indignation même et le zèle dont elles seront l’expression; et
c’est ainsi que les paroles seront «assaisonnées de sel». Réunissant ces belles
qualités, étant pleines de grâce et pourtant assaisonnées de sel, nos paroles
rendront témoignage que nous savons comment répondre à chacun.
Parmi toutes les autres formes de
perfection morale, le Seigneur Jésus manifesta celle-ci. Il savait comment
répondre à chacun par des paroles toujours profitables pour l’âme, que l’homme
voulût les entendre ou qu’il leur fermât son oreille — des paroles parfois
assaisonnées, oui, parfois fortement assaisonnées de sel.
Ainsi aussi, en répondant aux questions
qu’on lui adressait, le Seigneur ne se proposait pas autant de répondre à la
question elle-même, que d’atteindre la conscience ou l’état d’âme de celui qui
l’interrogeait.
Dans son silence ou dans son refus de
répondre, lorsqu’il se trouva devant le Juif ou le Gentil à la fin de sa course
ici-bas, devant les sacrificateurs ou devant Pilate ou Hérode, nous pouvons
remarquer la même convenance que dans ses paroles et dans ses réponses. Il rend
témoignage devant Dieu, que parmi les enfants des hommes il s’en trouvait Un du moins, qui savait qu’«il y a un
temps… de se taire, et un temps de parler».
On remarque également une grande variété
de ton et de manière chez le Seigneur dans toutes ces diverses circonstances de
sa vie; et cette variété, quelque légère ou quelque marquée qu’elle fût, était
une partie du parfum de bonne odeur qui montait devant Dieu. Tantôt la parole
de Jésus était douce, tantôt elle était péremptoire; quelquefois Jésus
raisonne, d’autres fois il blâme immédiatement; quelquefois le calme de son
raisonnement s’élève jusqu’à l’ardeur brûlante de la condamnation; — car c’est
par le côté moral qu’il envisage et pèse toutes choses.
Le chapitre 15 de Matthieu m’a frappé par
la manière dont il fait ressortir cette perfection sous des aspects divers de
beauté et d’excellence. Le Seigneur y est appelé à répondre tour à tour aux
pharisiens, aux foules, à la pauvre Syrophénicienne affligée et à ses propres
disciples, selon qu’ils manifestent leur ignorance ou leur égoïsme; et nous
pouvons remarquer la différence qu’il y a dans le caractère de sa réprimande ou
de son raisonnement, dans la manière dont il enseigne avec patience, ou dont il
cherche à nourrir une âme fidèlement avec sagesse et avec grâce. Nous ne
pouvons que reconnaître combien tout chez lui vient à propos, et est adapté au
lieu ou à l’occasion qui fait appel à son activité.
La même beauté et la même convenance se retrouvent
dans le fait qu’au chapitre 2 de Luc, il n’enseigne ni n’apprend,
mais écoute seulement et interroge.Enseigner n’eût
pas été de saison alors, car il était un enfant au milieu d’hommes qui le
surpassaient en âge. Apprendre ne se
fût pas accordé avec la pure et glorieuse lumière qu’il portait au-dedans de
lui-même; car nous pouvons dire de lui, avec vérité, qu’il était plus
intelligent que les anciens et qu’il surpassait en prudence tous ceux qui
l’avaient enseigné (Psaume 119:99-100). Je ne parle pas ici de ce qu’il était
comme Dieu, mais comme homme «rempli de sagesse», selon l’expression de la
Parole. Il savait faire usage de cette plénitude de sagesse, selon la
perfection de la grâce; c’est pourquoi l’évangéliste ne nous le présente pas
dans le temple, au milieu des docteurs, à l’âge de douze ans, enseignant ou étant
enseigné, mais il dit simplement qu’il les écoutait et les interrogeait.
«L’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse; et la faveur de
Dieu était sur lui». Et lorsque, comme homme, il conversa avec les hommes dans
le monde, sa parole était toujours «assaisonnée de sel, avec grâce», comme la
parole de quelqu’un qui sait comment répondre à chacun. Sa perfection était
toujours en harmonie avec les différents âges de l’enfant et de l’homme fait.
2.12 Parfois
méprisé, dédaigné, dans la faiblesse — Parfois dans la puissance et dans
l’honneur
Jésus nous est présenté sous d’autres
aspects encore. Parfois il est méprisé et dédaigné,
épié et haï par des adversaires, obligé de se retirer pour mettre sa vie à
couvert de leurs desseins et de leurs tentatives. Parfois il est dans la faiblesse, suivi
seulement des plus pauvres d’entre le peuple: il est fatigué, il a faim et
soif, il est redevable aux soins de quelques femmes dévouées, qui sentaient
qu’elles lui devaient tout. D’autres fois, avec une bonté tendre et pleine de
bienveillance, il a compassion de la multitude; ou bien il se joint à ses
disciples dans leurs repas et dans leurs voyages, s’entretenant avec eux comme
un homme le ferait avec ses amis. D’autres fois encore, il se montre à nous dans la puissance et dans l’honneur,
faisant des miracles, laissant échapper quelques rayons de sa gloire; et bien
que dans sa personne et dans sa position, il ne fût rien dans le monde, le fils
d’un charpentier sans science et sans fortune, il produit un mouvement plus
grand parmi les hommes, et même, à certains moments, dans les pensées de ceux
qui gouvernent la terre, que ne le fit jamais aucun homme.
L’enfance, l’homme fait, la vie humaine
dans toute sa variété, nous présentent ainsi la personne de Jésus. Puisse notre
coeur seulement le garder! Il y a dans quelques-uns des plus petits détails,
une perfection qui témoigne de la main divine qui les a retracés. Et quelle
main si ce n’est celle que le Saint Esprit conduisait et gardait, eût pu tracer
ce tableau de perfection sans en défigurer les traits! Ainsi, quand le Seigneur
veut développer sa pensée au sujet de la monnaie courante du pays, il demande
qu’on lui montre un denier, car il n’en a pas en sa possession; il n’en portait
pas avec lui. La beauté morale de l’action découlait de la perfection
intérieure qui le caractérisait.
Quand vient l’heure de Gethsémané, il
demande à ses disciples de veiller
avec lui; il ne leur demande pas de prier
pour lui. Il cherchait de la sympathie: il l’appréciait dans les heures de
faiblesse et d’angoisse, et désirait que les cœurs de ses compagnons fussent
alors liés à lui. Un pareil désir avait sa source dans la gloire morale qui
formait la perfection qui était en lui; mais s’il éprouvait ce désir, s’il
l’exprimait à ses disciples, il ne pouvait pas leur demander de se tenir devant
Dieu pour lui. Il voulait qu’ils se donnassent eux mêmes à lui, mais il ne
pouvait leur demander de se donner à Dieu pour lui; c’est pourquoi il leur
demande encore une fois de veiller avec lui, mais il ne leur demande pas de
prier pour lui. Lorsque immédiatement après, il unit ensemble la vigilance et
la prière, c’est à eux-mêmes et à leurs besoins qu’il pense, disant: «Veillez
et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation». Paul pouvait dire à
d’autres saints: «Vous aussi coopérant par vos supplications pour nous» (2 Corinthiens 7:11). — «Priez pour nous, car nous croyons que nous avons une bonne
conscience» (Hébreux 13:18). — Mais tel n’était pas le langage de Jésus, et je
n’ai pas besoin de dire qu’il ne pouvait pas l’être; mais la plume qui retrace
pour nous une vie comme celle-là, et qui nous dépeint un tel caractère, cette
plume est conduite par l’Esprit de Dieu: — lui seul pouvait écrire ainsi
2.13 Prêtant sans rien espérer
Jésus faisait du bien et prêtait sans en
rien espérer; il donnait, et sa main gauche ne savait pas ce que faisait sa
droite. Jamais, en aucune circonstance, il ne revendiqua un droit sur la
personne ou sur le service de ceux qu’il avait délivrés et guéris. Jamais il ne
se fit de la délivrance qu’il avait opérée, un titre à être servi. Il ne voulut
pas que le Gadarénien appelé «Légion», le suivît; il rendit à son père l’enfant
qu’il guérit au pied de la montagne; la fille de Jaïrus fut laissée par lui au
sein de sa famille; il rend à sa mère le fils de la veuve de Naïn; il n’exige
rien d’aucun d’eux. Est-ce que Christ donne afin qu’on lui donne en retour
est-ce que lui-même (Maître parfait!) ne met pas en pratique sa propre parole:
«Faites du bien, et prêtez sans en rien espérer» (Luc 6:35) La nature de la
grâce est de donner aux autres et non pas de s’enrichir elle-même; et Jésus
vint, pour qu’en lui-même et dans toutes ses voies, la grâce brillât dans
toutes les immenses richesses et la gloire qui lui appartiennent. Il trouva des
serviteurs dans le monde, mais il ne commença pas par les guérir, pour les
réclamer ensuite pour lui-même; il les appela et leur conféra des dons. Ils
étaient le fruit de l’énergie de son esprit et des affections éveillées dans
des cœurs que son amour étreignait; et en les envoyant au loin, il leur dit:
«Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement» (Matthieu 10:8). — Assurément,
il y a dans les traits d’un caractère comme celui-là, quelque chose qui dépasse
la conception de la pensée humaine; on se le répète toujours de nouveau; et il
est bien doux de pouvoir ajouter, que c’est sous les formes les plus simples
que cette gloire morale du Seigneur reluit quelquefois, sous des formes qui
sont intelligibles pour toutes les perceptions et pour toutes les sympathies du
coeur.
2.14 Répondant à la foi
Jamais Jésus ne repoussa la plus faible
foi, tout en accueillant et en satisfaisant avec bonheur la foi la plus hardie.
La foi forte qui venait sans cérémonie et sans apologie, dans une pleine et
immédiate assurance, était toujours la bienvenue auprès de lui; tandis que
l’âme timide qui osait à peine s’approcher, était encouragée et bénie. La
parole qui tombe des lèvres du Seigneur, ôte aussitôt du coeur du pauvre
lépreux la seule chose qui s’appesantissait sur ce coeur comme un nuage:
«Seigneur», dit-il, «si tu veux, tu peux me rendre net». «Je veux, sois net»,
dit Jésus. Toutefois immédiatement après, la même bouche exprime ce dont le
coeur de Jésus était plein devant la foi évidente et positive du centurion
gentil, et la foi hardie et profonde de la famille israélite qui perce le toit
de la maison où Jésus se trouvait, pour faire descendre leur malade à ses
pieds.
Quand une foi faible s’adressait au
Seigneur, il accordait la bénédiction que celle-ci recherchait, mais il
reprenait l’homme qui venait ainsi à lui. Toutefois ce reproche même est pour
nous plein d’encouragement, car il semble nous dire: «Pourquoi ne vous
servez-vous pas de moi plus librement, plus pleinement, avec plus de bonheur» —
Si nous savions apprécier le donateur comme nous apprécions le don — le coeur
de Christ aussi bien que sa main — le reproche qu’il fait à la foi faible nous serait
aussi précieux que la réponse qu’il lui fait trouver.
Et si la foi faible est ainsi reprise, la
foi forte sait être reconnaissante; et ainsi nous pouvons comprendre quel beau
spectacle frappait les regards de Jésus, lorsque ces hommes dont nous avons
déjà parlé, découvrirent le toit de la maison afin d’arriver jusqu’à lui. Ce
devait être, en effet, un spectacle magnifique pour les yeux de notre généreux
et divin Sauveur: son coeur a dû être envahi par cette action,
comme fut la maison de
Capernaüm.
2.15 Jamais lassé ni surmonté par le mal
Nous voyons des gloires et des humilités
dans la personne du Seigneur. Celui qui était assis sur le puits de Sichar est
le même que Celui qui est monté au-dessus de tous les cieux; Celui qui est
monté est le même que Celui qui est descendu. La gloire souveraine et l’humble
condescendance se trouvent réunies en Jésus. Il a une place à la droite de
Dieu, et pourtant il se baisse pour laver les pieds des saints ici-bas! Il ne perd
rien de sa grandeur, quoiqu’il s’adapte à notre misère; il ne manque de rien de
ce qui peut nous servir, bien qu’il soit glorieux, sans tache et parfait en lui
même!
L’égoïsme se lasse de l’indiscrétion et
de l’importunité, comme nous dit le passage: «Bien qu’il ne lève pas et ne lui
en donne pas parce qu’il est son ami, pourtant à cause de son importunité, il
se lèvera et lui en donnera autant qu’il en a besoin» (Luc 11). Il en est
autrement de Dieu ou de l’amour, car le Dieu du chapitre 7 d’Ésaïe, v. 10-16,
est le contraire de l’homme du chapitre 11 de Luc.
C’est l’incrédulité qui ne voulait pas
s’adresser à lui qui fatiguait Dieu: ce n’était pas l’importunité, c’était
plutôt le contraire: et cette gloire et cette excellence divines que nous
trouvons chez le Jéhovah de la maison de David, réapparaissent chez le Seigneur
Jésus Christ des évangélistes, et dans la différence de ses voies envers la foi
faible et la foi forte. Mais quelle petite partie de toute cette gloire nous
découvrons!
Nous savons de combien de manières nos
frères nous troublent et nous éprouvent, comme nous aussi, sans doute, nous le
faisons à leur égard. Nous voyons ou nous croyons voir en eux quelque mauvaise
qualité, et il nous paraît difficile de continuer à soutenir des rapports avec
eux. Cependant la faute en peut être à nous en grande partie, en ce que nous
considérons comme une chose à blâmer ce qui n’est qu’un défaut de conformité ou
de jugement avec nous.
Mais le Seigneur ne pouvait pas se
tromper ainsi; et pourtant il n’était jamais «surmonté par le mal»; il
surmontait toujours le mal par le bien, le mal qui était dans l’homme par le
bien qui était en lui-même. La vanité, un mauvais caractère, l’indifférence
envers les autres, la préoccupation de soi-même, l’ignorance après toute la
peine qu’il se donnait pour instruire — telles étaient les choses dont il avait
constamment à souffrir dans ceux qui l’entouraient. Sa vie au milieu des hommes
était, dans son genre et dans sa mesure, un jour «d’irritation», comme
l’avaient été les quarante années dans le désert. Israël tentait de nouveau
l’Éternel, mais faisait aussi de nouveau l’expérience de ce qu’il était. Il est
doux de le dire: ils tentèrent le Seigneur, mais en le tentant, ils mirent en
évidence ce qu’il était. Il souffrait, mais il usa de patience; il ne les
abandonne jamais. Il les avertissait, les enseignait, les reprenait, les
condamnait, mais jamais il ne les abandonna; au contraire, à la fin de leur
course en commun il est plus près d’eux que jamais.
Combien tout cela est parfait et
excellent, et encourageant pour nous! Ce que le Seigneur fait pour atteindre la
conscience ne refroidit jamais son coeur; nous ne perdons rien quand il nous
reprend. Et Celui qui ne nous retire pas son amour quand il agit sur notre
conscience, est prompt à restaurer nos âmes, pour que la conscience, si je peux
m’exprimer ainsi, soit bientôt en état de quitter son école, et que le coeur
retrouve auprès de lui sa première liberté, comme le dit ce cantique bien connu
de plusieurs d’entre nous:
Mais si quelquefois un nuage.
Vient me dérober ta beauté,
Ami divin, après l’orage,
Comme avant, brille ta clarté!
2.16 «Le Même» malgré
ruines, changements, abandons, peurs, incrédulités, persécutions
Je voudrais faire remarquer, en outre,
que dans les caractères que le Seigneur Jésus est appelé à revêtir pendant le
cours de son ministère, que ce soit pour une fois seulement ou en passant, nous
voyons partout la même perfection et la même gloire morale que dans le sentier
qu’il suit chaque jour: ainsi quand il apparaît comme Juge au chapitre 24 de
Matthieu, ou comme Avocat ou Intercesseur au chapitre 22 du même évangile. Mais
je ne fais que toucher ce sujet si riche. Chacun des pas de Jésus, chacune de
ses paroles ou de ses actions, porte un rayon de cette gloire; et le regard de
Dieu trouve dans la vie de Jésus plus de sujets de satisfaction que ne lui en
eût présenté une éternité d’innocence adamique. Jésus marchait au milieu des
ruines morales de l’humanité; et c’est de cette région de misère, qu’il a fait
monter vers le trône de Dieu un plus riche sacrifice de bonne odeur, qu’Éden et
l’Adam d’Éden, s’ils fussent demeurés purs, eussent jamais offert ou pu offrir.
Le temps n’apportait aucun changement
dans le Seigneur. Les mêmes manifestations de sa grâce et de son caractère,
avant et après sa résurrection, constatent cette vérité si importante pour
nous. Nous savons ce que Christ est dans ce moment; et ce qu’il a été nous dit
ce qu’il sera toujours, dans son caractère, comme dans sa nature, dans ses relations
avec nous aussi bien qu’en lui-même: — «Jésus Christ est le même, hier, et
aujourd’hui, et éternellement» (Hébreux 13), et la mention seule de ce fait est
douce pour nous. Parfois les changements peuvent nous affliger; d’autres fois
nous les désirons: tous, de diverses manières, nous montrons ce qu’est cette
nature inconstante et variable qui constitue la vie humaine. Non seulement les
circonstances, mais les relations, les amitiés, les affections, les caractères,
subissent continuellement des changements qui nous surprennent et nous
attristent. Nous sommes entraînés d’une station de la vie à l’autre, mais il
est rare que des affections non refroidies et des principes purs nous
accompagnent, qu’il s’agisse de nous-mêmes ou de nos compagnons de route. Tandis
que Jésus a été après sa résurrection, le même Jésus qu’il était avant, bien
que les événements récents eussent placé ses disciples à une plus grande
distance de lui, qu’il n’en exista et n’en pouvait exister jamais entre des
«compagnons». Les disciples avaient trahi leurs cœurs infidèles
en abandonnant leur maître, en fuyant loin de lui à l’heure de sa faiblesse et
de son angoisse, pendant que lui,
pour eux, avait passé par la mort, et une mort que jamais aucun autre n’eût pu
subir sans être anéanti. Les disciples n’étaient toujours que de pauvres,
faibles Galiléens; Jésus était glorifié, et revêtu de toute-puissance dans le
ciel et sur la terre.
Rien de tout cela, cependant, n’amenait
de changement dans le Seigneur: «ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre
créature» ne pouvait le changer. L’amour défie tout; et Jésus revient auprès
des siens le même Jésus qu’ils avaient toujours connu. Il coopère à leurs
travaux après sa résurrection et même après son ascension, comme il l’avait
fait durant les jours de son ministère et de son séjour parmi eux: le dernier
verset de Marc nous l’apprend.
Au jour du chapitre 14 de Matthieu, les
disciples, dans la nacelle sur la mer, croyaient voir un esprit, et ils
crièrent de peur; mais le Seigneur leur fit comprendre que c’était lui-même qui
était là auprès d’eux, en grâce aussi bien qu’en puissance divine et
souveraine. Pareillement au chapitre 24 de Luc, c’est-à-dire après la
résurrection, Jésus prend le rayon de miel et le poisson et mange devant eux,
afin qu’avec la même pleine certitude et tranquillité de coeur, ils connussent
que c’était lui. Il voulut qu’ils le touchassent et le vissent, leur disant
qu’un esprit n’avait ni chair ni os, comme ils pouvaient s’assurer qu’il avait.
Au chapitre 3 de Jean, il amène à la lumière
et dans le chemin de la vérité un docteur «lent à croire», qu’il supporte avec
toute la patience de la grâce. Il agit de la même manière après sa
résurrection, envers les deux disciples «sans intelligence et lents de coeur à
croire», qui s’en retournaient chez eux à Emmaüs (Luc 24).
Au chapitre 4 de Marc, il apaise les
craintes des siens avant de leur reprocher leur incrédulité; il dit aux vents
et à la mer: Taisez-vous, faites silence, avant de dire aux disciples: «Comment
n’avez-vous pas de foi» Il fait encore de même au chapitre 21 de Jean, quand il
est ressuscité: il mange avec Pierre, dans une pleine et libre communion, avant
qu’il interpelle son disciple et qu’il réveille sa conscience par ces mots:
«Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu?».
Le Jésus ressuscité, qui apparaît à Marie
de Magdala, l’évangéliste prend soin de nous le dire, est le même Jésus qui
l’avait délivrée de sept démons; — et Marie reconnaît la voix qui l’appelle,
comme une voix depuis longtemps familière à son oreille. Quelle identité entre
le Christ dans l’humiliation et le Christ dans la gloire, entre le Sauveur des
pécheurs et le Seigneur du monde à venir! Comme tout nous dit que, en caractère
comme en gloire divine et personnelle, Celui qui est descendu est le même que
Celui qui est monté! Jean aussi, près de son Seigneur ressuscité, nous est
présenté comme étant le disciple qui, pendant le souper, était penché sur le
sein de son Maître.
«Je suis Jésus» — telle est la réponse du
Seigneur, du sein de la gloire où il est monté, quand Saul de Tarse demande:
«Qui es-tu, Seigneur» (Actes 9: 5).
Tout cela est pour nous d’une application
toute personnelle et individuelle; nous y sommes personnellement intéressés.
Pierre pour lui-même connaît son Maître, le même pour lui avant et après sa résurrection.
Jésus au chapitre 16 de Matthieu, le reprend; mais peu de jours après, il
l’emmène avec lui sur la sainte montagne, en toute liberté de coeur, comme si
rien ne s’était passé. Plus tard, le même Pierre est repris de nouveau (Jean
21): selon son habitude, il s’était préoccupé de ce qui était au-delà de sa
mesure. «Seigneur, et celui-ci» avait-il dit en se tournant du côté de Jean; et
son Maître doit derechef le remettre à sa place: «Que t’importe»
Cependant, et
comme à la face de cette réprimande vive et péremptoire, nous retrouvons le
moment d’après Pierre avec Jean, suivant le Seigneur qui va monter au ciel.
C’était un Pierre censuré qui autrefois était allé avec Jésus à
la sainte montagne; et c’est un Pierre censuré,
le même Pierre, qui accompagne le Seigneur s’en allant au ciel, montant ainsi
une seconde fois sur la montagne de gloire, la sainte montagne de la
transfiguration. De quelle puissante consolation ces choses ne sont-elles pas
remplies. Nous avons devant nous Jésus, notre Seigneur, «le même, hier, et
aujourd’hui, et éternellement»; le même pendant les jours de son ministère et
après sa résurrection; le même dans les cieux où il est monté, le même pour
toujours! Et comme il reste le même et se manifeste par la même grâce, après
comme avant sa résurrection, ainsi aussi il accomplit toutes les promesses
qu’il avait faites à ses disciples.
2.17 Communiquant Sa
paix, Sa vie — Fidélité à Ses promesses — Restauration de Pierre
Que ce soit la voix de Jésus ou la voix
de ses anges qui nous dise: «Ne crains point» (Matthieu 14:27; Marc 5:36; Luc
5:10; etc.), cette parole nous est adressée maintenant comme alors — après la
résurrection de Jésus comme avant la croix. Avant de mourir, Jésus avait parlé
à ses disciples de leur donner sa paix; et après sa mort, nous voyons
qu’il la leur donne en effet de la manière la plus formelle. Il leur dit: «Paix
vous soit» (Jean 20:20-26); et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son
côté, où ils pouvaient lire en traits symboliques, quels étaient leurs droits à
une paix accomplie et acquise pour eux par lui-même. C’était sa paix, sa paix à lui
absolument, car il l’avait faite lui-même, et elle leur appartenait maintenant
par un droit impérissable et imprescriptible.
Dans d’autres jours, le Seigneur leur avait
dit: «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (Jean 14:19); et
maintenant, aux jours de sa résurrection, aux jours de l’Homme ressuscité, en
possession d’une vie victorieuse, il leur communique cette vie dans une pleine
et parfaite mesure, soufflant en eux et leur disant: «Recevez l’Esprit Saint»
(Jean 20:22).
Le monde ne devait plus le voir, comme il
le leur avait dit; mais les siens le verraient; et il en a été ainsi: il fut vu
par ses disciples pendant quarante jours, et il les entretint des choses
concernant le royaume de Dieu (Actes 1); mais tout se passa en secret: le monde
ne l’a pas vu depuis l’heure du Calvaire, et ne doit plus le voir jusqu’à ce
qu’il vienne pour le jugement.
Comme un témoin plus humble encore de son
entière fidélité à toutes ses promesses, le Sauveur vint rencontrer les siens
en Galilée, comme il le leur avait promis; et dans une expression plus complète
de la même fidélité, il amène les disciples au Père dans le ciel, leur envoyant
ce message: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 20:17). Ainsi, que ce soit
dans notre Galilée sur la terre, ou dans sa demeure dans le ciel qu’il leur eût
promis sa présence, il accomplit les deux promesses; et nous ne pouvons que
tirer un grand profit à méditer, sur l’humilité, la fidélité, la plénitude, la
simplicité, la grandeur, l’élévation de tout ce qui forme et distingue le
chemin du Seigneur devant nous.
Le Seigneur, pendant qu’il exerçait son
ministère au milieu de ses disciples, eut à s’occuper de Pierre plus que
d’aucun des autres, et il en est de même après sa résurrection d’entre les
morts. Pierre est celui qui occupe toute la place dans le dernier chapitre de
l’évangile de Jean; le Seigneur y poursuit à son égard l’oeuvre de grâce qu’il
avait commencée avant de le quitter, et il la reprend au point même où il
l’avait laissée. Pierre avait montré une grande confiance en lui-même: «Si tous
étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi»,
avait-il dit; et «quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai
point» (Matthieu 26:33-35). Le Seigneur lui avait dit combien de pareilles
vanteries étaient vaines; mais il lui avait dit aussi qu’il avait prié pour lui
pour que sa foi ne défaillît point; et lorsqu’il fut démontré que les vanteries
avaient été vaines, en effet, et que Pierre eut renié son Seigneur, même avec
blasphème, son Seigneur le regarda, et ce regard exerça son action
bienfaisante. La prière et le regard produisirent leur fruit: la prière avait
préservé la foi de Pierre, le regard brisa son coeur. Pierre pleura, et «pleura
amèrement» (Luc 22:62).
Au commencement du chapitre 21 de Jean,
nous retrouvons Pierre dans la condition morale où l’avaient placé la prière et
le regard de Jésus. La foi de Pierre n’avait pas failli; il peut en donner une
preuve bien douce, car aussitôt qu’il apprend que c’est le Seigneur qui est sur
le rivage, il se jette à l’eau pour aller à lui; non point toutefois comme un
homme pénitent, comme s’il n’avait pas déjà pleuré, mais comme un homme qui
pouvait se présenter devant Jésus avec une pleine assurance de coeur. C’est
sous ce caractère que son bienheureux Seigneur l’accueille, et ils mangent
ensemble sur le bord du lac. La prière et le regard avaient fait leur oeuvre
dans le coeur de Pierre, et ne doivent pas se répéter. Le Seigneur poursuit
simplement l’oeuvre ainsi commencée afin de l’amener à sa perfection, et en
conséquence, la prière et le regard sont suivis par la parole. Après la conviction de
péché et les larmes, vient le relèvement: Pierre est mis en position de
fortifier ses frères, comme son Seigneur le lui avait annoncé, et aussi de
glorifier Dieu par sa mort, privilège qu’il avait perdu par son incrédulité et
son reniement.
Telle fut la parole qui releva Pierre,
après que la prière eut soutenu sa foi et que le regard eut brisé son coeur. Au
jour du chapitre 13 du même évangile, le Seigneur avait appris à ce même
disciple bien-aimé, qu’un homme qui a tout le corps lavé n’a pas besoin d’être
lavé de nouveau, mais seulement de se laver les pieds; et c’est dans ce sens
précisément que Jésus agit envers Pierre. Il ne le fait pas passer une seconde
fois par l’expérience du chapitre 5 de Luc, alors que la pêche miraculeuse
l’avait accablé et qu’il s’était reconnu pécheur; mais le Seigneur lave les
pieds souillés de Pierre; il le restaure et le replace dans sa vraie position
(voyez Jean 21:15-17).
Maître parfait! Le même pour nous hier,
et aujourd’hui et éternellement; le même dans son amour parfait et plein de
grâce, continuant l’oeuvre qu’il avait commencée, reprenant auprès des siens,
comme Seigneur ressuscité, le service qu’il avait laissé inachevé quand il fut
séparé d’eux, et reprenant ce service au point même où il l’avait interrompu,
rattachant ainsi le service passé au service présent, dans une grâce et une
sagesse parfaites.
Un peu plus loin encore, nous voyons
comment le Seigneur accomplit ses promesses. Je veux parler de ce qu’il nomme
«la promesse du Père» et «la puissance d’en haut». Cette promesse fut donnée
après sa résurrection (Luc 24) et elle fut accomplie après que Jésus fut monté
au ciel et qu’il eut été reçu dans la gloire (Actes 2). Ceci n’est que la
continuation de l’histoire et du témoignage de la fidélité de Jésus. Tout ce
que nous apprenons de lui — sa vie avant qu’il souffrît, ses rapports avec ses
disciples après qu’il fut ressuscité, et maintenant ce qu’il a fait depuis
qu’il est monté au ciel — sont autant de preuves qu’il n’y a en lui aucune
variation, ni ombre de changement.
Je ne voudrais pas passer sous silence
une autre preuve de ce fait que nous trouvons dans le même chapitre de
l’évangile de Luc. Le Seigneur ressuscité ramène ses disciples au point même où
il les avait laissés lors de ses instructions précédentes, et il leur dit: «Ce
sont ici les paroles que je vous disais quand j’étais encore avec vous, qu’il
fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et
dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies», leur rappelant
ainsi qu’il leur avait dit déjà auparavant que l’Écriture était le grand
témoignage de la pensée de Dieu, et que tout ce qui était écrit là devait être accompli ici. Et que
fait le Seigneur alors Il poursuit simplement et naturellement l’enseignement
qu’il leur avait donné: «Alors il leur ouvrit l’intelligence pour entendre les
Écritures»; sa puissance s’unit à ses précédentes instructions et il accomplit
dans les siens ce qu’il leur avait déjà communiqué.
La nature même et l’esprit de ses
rapports avec ses disciples, pendant ces quarante jours, sont en un sens les
mêmes qu’auparavant: il les connaît par
nom; il se manifeste à eux de la même manière; après comme avant sa
résurrection, nous le voyons à table comme un hôte, quoi qu’il ne se trouve là
que comme convié (Jean 2; Luc 24), et dans le sentiment profond et
l’intelligence du moment, les disciples tiennent cette présence pour la même
qu’elle avait été autrefois.
En revenant vers Jésus à la fontaine de
Sichar, ils craignent d’être importuns, et se tiennent dans le silence.
Pareillement, en l’abordant après la pêche de poissons (Jean 21), ils se
taisent de nouveau, jugeant encore une fois d’après le caractère du moment,
qu’ils doivent user de peu de paroles, bien que leurs cœurs soient remplis
d’étonnement et de joie.
Qu’ils sont tendres et cependant
puissants, les liens qui unissent ainsi Celui que nous avons déjà appris à
connaître dans les détails ordinaires de la vie humaine, à Celui que nous
connaîtrons pour toute l’éternité! Jésus descendit d’abord là où nous étions,
pour nous introduire ensuite là où il est. Mais c’est ici où nous sommes que
nous avons appris Christ, et que nous l’avons appris
pour toujours. Cette vérité est d’un très grand prix; Pierre en est pour
nous le témoin. J’ai déjà considéré cette scène à un autre point de vue; mais
je désire m’y arrêter une seconde fois pour un instant.
Ce fut à l’occasion de la pêche
miraculeuse ou avant la résurrection, que Pierre fut convaincu de péché: Pierre le pêcheur de poissons, devint à ses propres yeux Pierre le pécheur. «Seigneur, retire-toi
de moi, car je suis un homme pécheur» (Luc 5:8). Le miracle de la pêche, qui
prouvait que l’inconnu qui avait demandé à emprunter la barque, était le
Seigneur de la mer et de tout ce qui est en elle, avait placé Pierre en esprit
dans la présence de Dieu, et là il apprend à se connaître lui-même; car ce
n’est que là, en effet, que nous pouvons apprendre cette leçon. Mais le
Seigneur, à cet instant comme du haut de la gloire, parle à Pierre pour le
rassurer; il lui dit: «Ne crains pas», et Pierre est sans crainte. La gloire ou
la présence de Dieu, après avoir été un moyen de conviction, devient pour lui
une demeure, et Pierre est devant le Seigneur avec un coeur parfaitement
tranquille. Aussi, lors de la seconde pêche (Jean 21) après la résurrection,
Pierre jouit de la même assurance, et il n’a qu’à mettre en pratique la leçon
qu’il avait déjà apprise: et c’est ce qu’il fait. Il fait l’expérience que la
présence du Seigneur de gloire est une demeure pour lui. Il éprouve en
lui-même, et en rend témoignage pour nous, que ce qu’il a appris concernant Jésus,
il l’a appris pour toujours. Il n’avait pas reconnu l’étranger qui se
tenait sur le rivage; mais aussitôt que Jean lui eut dit que c’était le
Seigneur, l’étranger n’est plus un inconnu pour Pierre, et il se hâte de
s’approcher de lui le plus tôt et le plus près qu’il le peut.
Que ces choses sont douces pour le coeur!
S’il y a de la joie à savoir que Jésus est toujours le même, dans notre monde à
nous comme dans le sien, au milieu de notre misère comme dans sa gloire, quelle
joie nouvelle de voir l’un de nous comme l’était Pierre, faisant l’expérience
dans son âme du bonheur qui découle d’un pareil fait!
Jésus est le même, en vérité, fidèle et véritable!
Tout ce qu’il avait promis à ses disciples avant de souffrir, il l’accomplit
après sa résurrection. Tout ce qu’il avait été au milieu d’eux, il l’est
encore.
2.18 Donnant sans
cesse, approuvant rarement — La plénitude d’une oeuvre dépassant nos pensées
Le Seigneur donnait sans cesse, mais il approuvait rarement: il communiquait abondamment,
là où il ne rencontrait que peu de communion ainsi se révèle et se magnifie sa
bonté. Il n’y avait rien dans l’homme qui eût de l’attrait pour Jésus, et
cependant il donnait toujours. Il était comme le Père qui est aux cieux, duquel
il parlait lui-même, faisant lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
et envoyant sa pluie sur les justes et les injustes (Matthieu 5:45). Nous
apprenons ainsi ce que Jésus est, à sa gloire — et ce que nous sommes, à notre
confusion.
Mais Jésus n’était pas seulement comme le
Père qui est aux cieux — l’image de Dieu dans ce qu’il faisait, il était aussi
dans le monde comme le «Dieu inconnu» dont parle Paul (Actes 17: 23). Les
ténèbres ne le comprirent pas; le monde, ni par sa religion ni par sa sagesse,
ne le connût. Les abondantes richesses de sa grâce, la pureté de son royaume,
le fondement et les droits sur lesquels seuls la gloire qu’il cherchait dans un
monde comme celui-ci, pouvait être établie, tout cela était étranger aux
pensées des enfants des hommes. On l’aperçoit aux profondes erreurs morales
dans lesquelles ils tombent sans cesse. Lorsque, par exemple, les foules
saluaient avec enthousiasme le Roi et le royaume dans sa personne (Luc 19), les
pharisiens disent: «Maître, reprends tes disciples». Ils ne pouvaient supporter
la pensée que le trône appartenait à un homme tel que lui: c’était,
pensaient-ils, de la présomption en lui, Jésus de Nazareth, de permettre que
des joies royales l’entourassent; ils ne connaissaient pas, ils n’avaient pas
appris à connaître le secret de la véritable gloire dans notre monde menteur et
déchu; ils ne connaissaient pas davantage le mystère du «rejeton… sortant d’une
terre aride»; ils n’avaient pas discerné en esprit «le bras» du Seigneur (Ésaïe
53).
C’était là où l’Esprit du Seigneur
lui-même conduisait le coeur, qu’on faisait des découvertes à son sujet,
découvertes bien précieuses et aussi bien diverses dans leur mesure.
Au chapitre 1 de Marc, de nombreux appels
sont faits au ministère de grâce et de puissance du Seigneur. Des malades,
souffrant de toutes sortes de maladies, viennent à lui; des foules l’écoutent
et reconnaissent l’autorité avec laquelle il parle; un lépreux apporte sa lèpre
devant lui, le reconnaissant ainsi comme le Dieu d’Israël. À différents degrés,
il y avait alors une certaine connaissance de Jésus, soit de ce qu’il était,
soit de ce qu’il possédait; mais au chapitre 2 du même évangile, nous trouvons
une connaissance de lui qui s’exprime d’une manière plus vive et plus
excellente, et des exemples de la foi qui savait comprendre le Sauveur: et c’est la chose la plus
profonde.
Les hommes de Capernaüm qui lui apportent
leur ami paralytique, comprennent le Seigneur et en même temps se servent de
lui; ils comprennent ce qu’il est en lui-même, dans son caractère, dans ses
habitudes et dans les sentiments de son âme. La manière même dont ils s’y
prennent pour arriver à lui nous le dit: ils ne s’approchent pas avec réserve,
comme s’ils doutaient ou s’ils étaient intimidés; ils font plutôt comme Jacob,
lorsqu’il dit: «Je ne te laisserai point aller sans que tu m’aies béni» (Genèse 32:26). Et cela est une chose plus agréable à Jésus et plus en rapport avec la
manière dont l’amour aime
que nous agissions. Ils ne demandent pas de permission, ils n’usent pas de
cérémonie; mais ils ouvrent le toit de la maison pour arriver jusqu’à lui. Ils
connaissaient donc le Seigneur en même temps qu’ils se servaient de lui; ils
savaient qu’il trouvait sa joie à ce que, dans le besoin, les affligés se
confiassent en sa grâce et fissent usage de sa puissance sans réserve. Lévi,
peu de moments après, agit de même (Marc 2): il fait une fête et place des
publicains et des pécheurs dans la compagnie de Jésus, montrant ainsi qu’il
connaissait Jésus et savait quel était celui qu’il recevait chez lui, comme
Paul savait en qui il avait cru (2 Timothée 1:12).
Cette connaissance du Seigneur est d’un
grand prix. Elle est divine! La chair et le sang ne la donnent pas; les frères
de Jésus ne la possédaient pas. Ils disaient de lui, alors qu’il se dépensait
dans le service: «Il est hors de sens» (Marc 3:21). Mais la foi fait à son
sujet de grandes découvertes, et elle agit en conséquence; elle peut paraître
nous faire dépasser quelquefois de justes limites, et nous conduire au-delà de
ce qui est convenable et mesuré; mais au jugement de Dieu, elle ne fait jamais
ainsi. — Les foules disent à Bartimée de se taire, mais il refuse, car il
connaît Jésus comme Lévi le connaît (Marc 10).
La plénitude de l’oeuvre de Christ
dépasse nos pensées, et cependant c’est en cela qu’est sa gloire. Le Sauveur
vient à nous dans tous nos besoins, mais en même temps il introduit Dieu; Jésus
guérissait les malades, mais il prêchait aussi le royaume. Ceci toutefois
n’allait pas à l’homme, quelque étrange que cela paraisse; car l’homme sait
d’ordinaire fort bien apprécier son propre avantage; mais telle est l’inimitié
du coeur charnel contre Dieu, que, lorsque la bénédiction arrive accompagnée de
la présence de Dieu, elle n’est pas reçue avec joie; et de la part de Christ,
elle ne pouvait pas venir autrement: le but de Christ est de glorifier Dieu
aussi bien que de sauver le pécheur. Dieu a été déshonoré dans ce monde, comme
l’homme y a été perdu — perdu par sa propre faute; et le Seigneur, le
réparateur des brèches, fait une oeuvre parfaite: il revendique et maintient le
nom et la vérité de Dieu, annonçant son royaume et ses droits et manifestant sa
gloire, aussi bien qu’il sauve et vivifie le pécheur perdu et mort.
Nous l’avons déjà dit, ceci ne convient
pas à l’homme: il veut bien que l’on s’occupe de lui, mais quant à la gloire de
Dieu, en advienne que pourra! Tel est l’homme; — mais lorsque, par la foi, le
coeur d’un pauvre pécheur a été changé et qu’il peut vraiment se réjouir dans
la gloire de Dieu, c’est un beau spectacle. La Syrophénicienne nous en offre un
exemple: la gloire du ministère de Christ parlait vivement et fortement à son
âme. Cependant le Seigneur, dans la position qu’il prend malgré l’affliction de
cette femme, maintient les principes de Dieu et laisse la Syrophénicienne de
côté comme étrangère. «Je ne suis envoyé», lui dit-il, «qu’aux brebis perdues
de là maison d’Israël.… Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de
le jeter aux chiens» (Matthieu 15:24-26). La femme se soumet à cette déclaration:
elle reconnaît le Seigneur comme le dispensateur de la vérité de Dieu, et ne
veut pas supposer, même pour un seul instant, qu’il voulût renoncer en sa
faveur et pour ses besoins, au dépôt qui Lui était confié, c’est-à-dire à la
vérité et aux principes de Dieu. Elle veut que Dieu soit glorifié selon ses
propres conseils, et que Jésus soit toujours le témoin fidèle de ces conseils,
et le serviteur du bon plaisir de Dieu; peu importe ce qu’il en adviendra pour
elle. «Oui, Seigneur», dit-elle, et elle maintient ainsi tout ce que le
Seigneur lui avait dit; mais elle ajoute, en parfait accord avec les paroles de
Jésus: «Car même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de
leurs maîtres».
Tout cela est très beau; c’était le fruit
de la lumière de Dieu dans l’âme. La mère de Jésus, au chapitre 2 de Luc, est
bien inférieure à cette femme d’entre les gentils: Marie ne savait pas que
Jésus devait être aux affaires de son Père, tandis que cette étrangère avait
compris que c’était de ces affaires mêmes qu’il avait toujours à s’occuper.
Elle voulait que les voies de Dieu, par la main fidèle de Christ, fussent
magnifiées, quoique elle-même fût ainsi mise de côté, même dans son affliction.
C’était là connaître Christ; c’était l’accepter dans la plénitude de son oeuvre, comme Celui qui se
tenait pour Dieu dans un monde révolté contre lui, aussi bien que pour le
pauvre et indigne pécheur qui s’était perdu lui-même.
2.19 Incompris des uns;
attirant ceux dont l’Esprit avait ouvert les yeux et le cœur
Il n’est pas bon d’être toujours compris;
notre conduite et nos habitudes devraient être celles d’étrangers, de citoyens
d’une autre patrie, dont le langage, les lois et les coutumes ne sont connus —
ici que bien imparfaitement. La chair et le sang ne peuvent les apprécier;
c’est pourquoi les saints de Dieu ne sont pas dans une bonne condition lorsque
le monde les comprend.
Les parents même de Jésus ne le
connaissaient pas: sa mère le connaissait-elle, quand elle l’engagea à
manifester sa puissance en fournissant du vin pour la fête (Jean 2). Ses frères
le connaissaient-ils, quand ils lui disent: «Si tu fais ces choses, montre-toi
au monde toi-même» (Jean 7: 4). Quelle pensée! Essayer d’induire le Seigneur
Jésus à faire de lui-même ce que nous appelons «un homme du monde»! Était-il
possible qu’il y eût une connaissance réelle de Jésus chez ceux qui énonçaient
une semblable pensée. Ils en étaient éloignés! aussi l’évangéliste se hâte-t-il
d’ajouter: «Car ses frères ne croyaient pas en lui non plus» (Jean 7: 5). Ils
comprenaient la puissance du Seigneur, mais non pas ses principes; car, à la
manière des hommes, ils rattachaient la possession de talents ou de puissance
au service des intérêts, de l’homme dans le monde.
Je n’ai pas besoin de dire que Jésus était
l’opposé de ceci; et ses parents selon la chair, pleins de l’esprit du monde,
ne pouvaient pas le comprendre. Les principes qui le faisaient agir étaient
étrangers à un monde comme celui où nous vivons; ce même monde les méprisait,
comme la fille de Saül méprisa David dansant devant l’Arche (2 Samuel 6:16).
Mais quelle puissance d’attraction n’y
avait-il pas en Jésus pour les yeux et le coeur que l’Esprit avait ouverts! Les
apôtres en sont la preuve: ils ne savaient que peu de chose de leur maître
doctrinalement, et ils ne gagnèrent rien à demeurer avec lui, rien, je veux
dire, dans ce monde. Leur condition ici-bas ne fut rien moins qu’améliorée par
leur marche avec Jésus, et on ne peut pas dire qu’ils se prévalussent eux-mêmes
de sa puissance miraculeuse: ils la mirent en doute plutôt qu’ils n’en usèrent:
et cependant ils tenaient à lui. Ils ne se joignent pas à Jésus, parce qu’ils
voyaient en lui le vase inépuisable qui renfermait tout ce qui pouvait
satisfaire à tous leurs besoins: nous pouvons affirmer, je crois, qu’ils n’ont
jamais fait usage de son pouvoir voir pour leur propre profit. Cependant, ils
étaient là avec lui — troublés quand il parle de les quitter, et pleurant quand
ils pensent l’avoir réellement perdu!
Nous le répétons encore: quelle puissance
d’attraction ne devait-il pas y avoir en Jésus pour ceux dont les yeux et le
coeur avaient été ouverts par l’Esprit, ou qui avaient été tirés par le Père
(Jean 6:44). Avec quelle autorité aussi un seul regard de Jésus, une seule de
ses paroles entrait parfois dans le coeur! Ce seul mot de sa part: «Suis-moi!»
suffit. Et cette autorité, cette attraction étaient senties par des hommes du
caractère le plus opposé! Thomas, si raisonneur, si lent à croire, et Pierre,
si ardent, si irréfléchi, sont maintenus tous les deux auprès et autour de ce
centre merveilleux; et même Thomas, dans cette présence du Seigneur, respirera
l’esprit dévoué de Pierre et dira, sous l’influence de cette attraction
puissante: «Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec lui» (Jean
11:16).
Que sera-ce donc quand bientôt nous
verrons et nous éprouverons tout cela dans sa perfection. Lorsque toute la
famille humaine de tout pays, de toute couleur, de tout caractère, sera
rassemblée; que toute tribu et langue et peuple et nation sera avec le
Seigneur, et autour de lui, dans un monde digne de lui! Il vaut la peine
d’arrêter notre pensées sur ces exemples du prix qu’avait Jésus pour des cœurs semblables aux nôtres; accueillons-les comme des gages de ce qui, en espérance,
nous appartient aussi bien qu’à eux.
2.20 Lumière
brillante : que nous la reflétions, apprenant par elle ce que Christ est
La lumière de Dieu luit quelquefois
devant nous, pour que, selon la puissance qui nous est donnée, nous puissions
la discerner, en jouir, nous en servir et la suivre. Ce n’est pas seulement
qu’elle nous accuse ou qu’elle exige de nous; mais comme je l’ai dit, elle luit
devant nous pour que nous la reflétions, si nous avons de la grâce. Nous la
voyons faire son oeuvre, de cette manière, dans l’église primitive à Jérusalem.
La lumière de Dieu était là, n’exigeait
rien; elle brillait avec clarté et puissance, mais voilà tout. Pierre parla
le langage de cette lumière quand il dit à Ananias: «Si elle (ta terre) fût
restée non vendue, ne te demeurait-elle pas? Et vendue, n’était-elle pas en ton
pouvoir?» (Actes 5: 4). La lumière n’avait rien exigé d’Ananias; elle brillait
simplement à ses côtés ou devant lui, dans sa beauté, afin qu’il y marchât
selon sa mesure. C’est ainsi en grande partie que brille la gloire morale du
Seigneur Jésus, et notre premier devoir, à l’égard de cette lumière, est
d’apprendre par elle ce que Christ
est. Nous n’avons pas à commencer à nous mesurer nous-mêmes péniblement et
anxieusement à sa clarté: mais à apprendre avec calme, bonheur et actions de
grâces, Christ dans toute la perfection morale de son humanité. Cette gloire
nous a quittés! Son image vivante n’existe plus sur la terre! Les évangiles
nous disent ce qu’elle a été, mais elle ne brille plus nulle part ici-bas!
Celui dont la gloire a été manifestée sur
la terre s’en est allé auprès du Père; mais s’il n’est plus ici-bas, mes
bien-aimés, il est cependant toujours ce qu’il était. Nous sommes appelés à le
connaître, pour ainsi dire, par le souvenir et le souvenir ne crée pas de
fictions; il ne peut que tourner des pages vivantes et vraies, et c’est ainsi
que nous connaissons Christ pour l’éternité.
Les disciples connaissaient Christ personnellement: c’était sa
personne, sa présence, c’était lui-même qui les attirait, et c’est là ce dont
il nous faut une plus grande mesure. Nous pouvons être occupés à apprendre des
vérités au sujet de Jésus, et faire des progrès dans ce chemin; — mais avec
toute notre connaissance et malgré toute l’ignorance des disciples, ils peuvent
nous laisser bien loin derrière eux quant à la puissance d’un vrai et entier
attachement à la personne du Seigneur. Assurément, chers amis, il faudrait que
les affections de nos cœurs pour Jésus dépassassent la mesure de connaissance
que nous avons pu acquérir de lui; il deviendrait évident ainsi que nous
l’avons compris lui-même réellement; et il y a encore des âmes simples chez qui
cet attachement pour la personne de Christ lui-même se manifeste; mais en
général il n’en est pas ainsi. De nos jours, la lumière que nous avons et notre
connaissance de la vérité dépassent la mesure de ce que notre coeur ressent
pour le Seigneur; et pour celui qui a quelque vraie sensibilité, cette
découverte est pénible.
«Le privilège de notre foi chrétienne», a
dit quelqu’un, «le secret de sa puissance, gît en ceci: c’est que tout ce
qu’elle possède, tout ce qu’elle offre, est renfermé dans une personne. Ce qui fait sa force,
alors que tant d’autres choses se sont montrées faibles, c’est — qu’elle a un
Christ pour centre; c’est qu’elle n’a pas une circonférence sans un milieu;
c’est qu’elle n’a pas un salut seulement, mais un Sauveur; pas une rédemption
seulement, mais aussi un Rédempteur. Voilà ce qui rend la foi chrétienne ce
qu’elle doit être pour des hommes pèlerins et voyageurs, ce qui la fait luire
comme la lumière du soleil; tout le reste, si on le compare avec elle, n’est
plus que comme la lumière de la lune, qui peut être claire, mais qui est froide
et improductive; tandis qu’ici la lumière et la vie sont une seule et même
chose». Le même écrivain dit encore: «Quelle différence n’y a-t-il pas entre
nous soumettre à un code de règlements et nous jeter sur un coeur aimant, entre
accepter un système et nous attacher étroitement à une personne? Notre bonheur
— ne le perdons pas de vue — c’est que nos trésors sont renfermés dans une
personne qui n’est pas pour une génération un docteur présent et un Seigneur
vivant, et après, pour toutes les générations subséquentes, un docteur passé et
un Seigneur mort, mais un maître et Seigneur présent et vivant à jamais». Ce
sont là certainement de bonnes et de profitables paroles.
2.21 Le
ministère du Seigneur dans sa relation avec Dieu
Le ministère du Seigneur, aussi bien que
son caractère, nous présente une combinaison remarquable des mêmes gloires
morales; et à ce point de vue de son ministère, nous pouvons considérer le
Sauveur dans sa relation avec Dieu,
avec Satan et avec l’homme. Dans sa
relation avec Dieu, le
Seigneur Jésus, en lui-même et dans ses voies, présentait toujours l’homme à
Dieu tel que Dieu voulait qu’il fût. Christ restituait la nature humaine comme
un sacrifice de paix ou de bonne odeur, un encens pur, une gerbe pure des
premiers fruits provenant du terroir humain; il rendit à Dieu son bon plaisir
en l’homme, que le péché ou Adam lui avait ôté. Le repentir de Dieu de ce qu’il
avait fait l’homme (Genèse 6:16), se change en délices et en gloire dans l’homme.
Et cette offrande fut faite à Dieu au milieu de toutes les oppositions, de
toutes les circonstances contraires, de toutes les peines, les fatigues, les
déceptions et les brisements de coeur! Merveilleux autel! Merveilleux
sacrifice! Offrande plus riche que ne l’aurait été une éternité d’innocence
adamique! Et de même que Jésus était la présentation de l’homme à Dieu, il
était aussi la présentation de Dieu à l’homme.
Par suite de l’apostasie d’Adam, Dieu
n’avait, plus son image ici-bas; mais maintenant en Christ, il avait une image
de lui-même plus complète et plus brillante que jamais Adam n’aurait pu
présenter. Christ faisait connaître ce que Dieu était, non pas à une création
très bonne, mais à un monde souillé et perdu; il représentait Dieu en grâce,
disant: «Celui qui m’a vu, a vu le Père» (Jean 14:10). Jésus manifesta Dieu.
Tout ce qui est de Dieu, tout ce qui se peut connaître de «la lumière» dont
aucun homme ne peut approcher, a passé devant nos yeux en Jésus.
Si nous jetons un nouveau regard sur le
ministère de Christ au point de vue de ses rapports avec Dieu, nous voyons
Christ se souvenant toujours des droits de Dieu, toujours fidèle à la vérité et
aux principes de Dieu, tout en s’occupant infatigablement chaque jour de
soulager les besoins de l’homme. Quelle que fût la nature de la souffrance
humaine qui fît appel à lui, jamais Jésus ne sacrifia ou n’abandonna pour elle
rien de ce qui appartenait à Dieu. À sa naissance, les anges dirent: «Gloire à
Dieu dans les lieux très hauts», aussi bien que: «Bon plaisir dans les hommes»
(Luc 2:14), et en conséquence, pendant toute la durée de son ministère, Christ
consulta la gloire de Dieu avec autant de jalousie qu’il se dévoua avec ardeur
au service de la misère et de la bénédiction du pécheur. L’écho de ces paroles:
«Gloire à Dieu» et «Sur la terre, paix», retentissait, si nous pouvons dire
ainsi, à chaque occasion. L’histoire déjà mentionnée de la Syrophénicienne en
est un exemple vivant. Jusqu’au moment où elle prit sa place en rapport avec
les desseins et les dispensations de Dieu, Jésus ne pouvait rien pour elle; dès
lors il put tout. Ce sont là des gloires dans le ministère de Jésus dans sa
relation avec Dieu.
2.22 Le
ministère du Seigneur dans sa relation avec Satan
Quant à Satan,
Jésus le rencontra premièrement et cela au moment convenable, comme tentateur. Satan chercha, dans
le désert, à faire pénétrer en Jésus cette corruption morale qu’il avait réussi
à implanter en Adam et dans la nature humaine. La victoire sur le tentateur
était l’introduction juste et nécessaire à tous les travaux et à tous les actes
du Seigneur; c’est pourquoi ce fut l’Esprit qui le conduisit vers Satan, comme
nous le lisons au chapitre 4 de Matthieu: «Alors Jésus fut emmené dans le
désert par l’Esprit pour être tenté par le diable». Avant que le fils de
l’homme pût entrer dans la maison de l’homme fort, pour piller ses biens, il
fallait qu’il eût lié l’homme fort (Matthieu 12:29). Avant de pouvoir condamner
les oeuvres des ténèbres, Jésus devait montrer qu’il n’avait pas de communion
avec elles (Éphésiens 5:11). Il faut qu’il tienne tête à l’ennemi et qu’il le tienne
en dehors de lui-même, avant de pouvoir entrer dans son royaume pour détruire
ses oeuvres.
C’est ainsi que Jésus réduisit Satan au
silence: il le lia, et Satan dut se retirer comme un tentateur complètement
vaincu. Il n’avait pu faire pénétrer en Jésus rien qui fût de lui, et avait
trouvé, au contraire, que tout ce qui était là était de Dieu. Christ tint en
dehors de lui-même tout ce que Adam, devant une tentation semblable, avait
laissé entrer; et le Seigneur Jésus, ayant ainsi été démontré net, a un parfait
titre moral pour condamner ce qui est souillé.
«Peau pour peau» (Job 2), a pu dire
l’accusateur au sujet d’un autre homme, accusant et attaquant ainsi ou par
d’autres paroles semblables, la nature corrompue de l’homme déchu; mais il
n’avait rien à faire comme accusateur de Jésus devant le trône de Dieu: il
était réduit au silence.
C’est ainsi que commencèrent les rapports
de Jésus avec Satan; puis Jésus entre dans sa maison et pille ses biens. Le
monde est cette maison; et là on voit le Seigneur, dans son ministère, effaçant
les traces diverses et profondes de la puissance de l’ennemi. Chaque sourd ou
aveugle qui est guéri, chaque lépreux qui est nettoyé, est un témoignage de
cette oeuvre réparatrice de Jésus, qui s’étend à toute la misère de l’homme
quelle qu’elle soit. Faire ainsi, c’était piller les biens de l’homme fort dans
sa propre maison: après l’avoir lié, Jésus pille ses biens. À la fin, il se
rencontre de nouveau avec Satan; il a affaire à celui qui a «le pouvoir de la
mort» (Hébreux 2). Le Calvaire fut l’heure du «pouvoir des ténèbres» (Luc 22:53):
Satan y épuisa toutes ses ressources et y mit à l’oeuvre toute sa subtilité;
mais il fut vaincu; Celui qui semblait être son captif fut son vainqueur. Par
la mort, Jésus rendit impuissant celui qui avait l’empire de la mort; il abolit
le péché par le sacrifice de Lui-même; la tête du serpent fut écrasée, et ainsi
qu’on l’a dit: «ce fut la mort et non pas l’homme qui fut sans force». Jésus donc, le Fils de Dieu, fut celui
qui terrassa Satan, après l’avoir lié, et avoir pillé ses biens.
Mais il y a encore une autre gloire
morale que l’on voit briller dans le ministère de Christ dans ses rapports avec
Satan: Christ ne permet jamais
à Satan de lui rendre témoignage. Le témoignage peut être vrai et même
flatteur, exprimé en bonnes et belles paroles comme celles-ci: «Je te connais,
qui tu es: le Saint de Dieu» (Marc 1:24); mais Jésus ne permet pas à Satan de
parler. Le ministère du Seigneur était pur autant que plein de grâce, et il ne
voulait pas dans ce ministère, accepter de secours de ce qu’il était venu
détruire. Jésus ne pouvait pas avoir de communion avec les ténèbres dans son
service plus que dans sa nature; il ne pouvait pas agir par un principe de
convenance ou d’utilitarisme; c’est pourquoi, en réponse au témoignage que
Satan veut lui rendre, il le censure et le fait taire (*).
(*) Le ministère de Christ, dans ce qui touche à ses
rapports avec Satan, pour autant que les évangiles nous le font connaître, nous
montre le Seigneur simplement comme celui qui écrase Satan, qui le lie et qui le pille. L’Apocalypse nous fait
connaître les relations subséquentes de Jésus avec le même adversaire, et nous
montre Christ précipitant Satan sur la terre; ensuite, quand le moment est
venu, le jetant dans l’abîme, et plus tard, l’abandonnant dans l’étang de feu
et de soufre (Apocalypse 12:20). Nous pouvons suivre ainsi la victoire du Seigneur
Jésus sur Satan, depuis le désert de la tentation jusqu’à l’étang de feu et de
soufre.
2.23 Le
ministère du Seigneur dans sa relation avec l’homme
Enfin, dans ses relations avec l’homme,
les gloires morales du ministère de Christ brillent d’un vif éclat. Jésus soulageait et servait l’homme sans relâche, et dans toutes
les variétés de sa misère, manifestant toutefois non moins clairement l’homme à
lui-même, lui montrant qu’il avait une nature déchue, rebelle et apostate. En
outre, il mettait l’homme à l’épreuve, et cette vérité mérite d’autant plus
notre attention, qu’en général elle est peu remarquée. Dans son enseignement,
le Seigneur éprouvait les hommes, quelle que fût la relation dans laquelle ils
se trouvaient placés vis-à-vis de lui, comme disciples ou comme multitude,
comme venant à lui dans leurs afflictions ou comme lui montrant de la
bienveillance, ou bien encore comme ennemis, lui résistant comme tels. En marchant
avec les disciples et en les enseignant, Jésus les faisait sans cesse passer
par des exercices de coeur ou de conscience, et ceci a lieu si fréquemment,
qu’il n’est pas nécessaire d’en citer des exemples.
Christ agissait de la même manière avec
les foules qui le suivaient. « Écoutez et comprenez» (Matthieu 15:10), leur
disait-il, exerçant ainsi leurs esprits pendant qu’il les enseignait. À
quelques uns de ceux qui venaient à lui avec leurs peines, il disait:
«Croyez-vous que je puisse faire ceci» (Matthieu 9:28). La femme Syrophénicienne
est un exemple remarquable de la manière dont le Seigneur Jésus mettait à
l’épreuve cette classe de personnes. En s’adressant au bienveillant Simon (Luc
7), après lui avoir raconté l’histoire de l’homme qui avait deux débiteurs:
«Dis donc», lui demande-t-il, «lequel des deux l’aimera le plus»?
Les pharisiens aussi, ses infatigables
adversaires, il les exerce constamment; et il y a dans ce fait une voix qui
nous parle avec force; il y a un témoignage puissant de ce que Christ est; nous
y apprenons qu’il n’enveloppait pas les pharisiens dans un jugement sommaire,
mais qu’il voulait les amener à la repentance; de même aussi, quand il exerce
des disciples, il nous dit que nous n’apprenons ses leçons véritablement,
qu’autant que nous sommes amenés à lui par quelque activité d’intelligence, de
coeur ou de conscience.
Cette manière d’éprouver ceux qu’il
conduisait ou enseignait, est certainement encore une des gloires morales qui
distinguèrent le ministère de Christ.
Dans son ministère envers l’homme, Jésus
prend souvent le caractère de censeur,
et il ne pouvait en être autrement au milieu de la famille humaine telle que le
péché l’a rendue; mais sa manière de censurer est bien digne de notre
admiration. En reprenant les pharisiens, dont l’esprit mondain s’était soulevé
contre lui, il use d’une forme de langage très solennelle: «Celui qui n’est pas
avec moi, est contre moi» (Matt. 12:30); tandis que, en faisant allusion à ceux
qui l’avaient reçu et qui l’aimaient, mais qui avaient besoin d’être fortifiés
dans la foi ou d’être éclairés davantage, il s’exprime différemment et il dit:
«Celui qui n’est pas contre vous est pour vous» (Luc 9:50).
Jésus se présente à nous sous le même
caractère au chapitre 20 de Matthieu, lorsqu’il s’agit des dix disciples et des
deux frères. Comme le Seigneur sait adoucir le reproche qu’il leur adresse, à
cause du bien qui se trouve en ceux qu’il était obligé de reprendre. Il diffère
en ceci de ses disciples indignés, qui n’eussent voulu voir épargner leurs frères
en aucune mesure: il examine patiemment toute la question, et sépare ce qu’il y
a de précieux de ce qu’il y a de vil.
C’est encore comme censeur que le
Seigneur s’adresse à Jean, qui avait défendu à quelqu’un qui ne voulait pas
marcher avec les disciples, de chasser les démons au nom de Jésus. Mais, à ce
moment, le coeur de Jean venait de passer sous la discipline: à la lumière des
paroles de Jésus, Jean avait découvert l’erreur qu’il avait commise, et il fait
allusion à cette erreur, bien que le Seigneur ne l’eût aucunement mentionnée.
Mais cela étant, et Jean ayant déjà conscience de sa faute et la confessant
ouvertement, le Seigneur lui répond avec la plus grande douceur (voyez Luc
9:46-50).
Il en est de même quant à Jean-Baptiste:
le Seigneur le blâme, tout en lui rendant un beau témoignage. Jean-Baptiste
était alors en prison; quelle signification ce fait devait avoir pour Jésus à
cette heure! Cependant Jean méritait d’être repris pour avoir envoyé à son
Seigneur un message qui l’outrageait. La réprimande de Jésus est d’une
délicatesse infinie: il répond à Jean par quelques paroles que lui seul pouvait
apprécier: «Bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en moi» (Matthieu 11:6). Même les disciples de Jean, qui avaient été les instruments de ses
communications avec le Seigneur, ne pouvaient comprendre la portée de ces
paroles. Jésus voulait manifester Jean à son propre coeur, mais non pas à ses
disciples ni au monde.
Le reproche que Jésus adresse aux
disciples d’Emmaüs et celui qu’il fait à Thomas après la résurrection, ont
chacun leur propre excellence. Pierre est repris au chapitre 16 comme au
chapitre 17 de Matthieu; il y a toutefois une grande différence dans la manière
dont le reproche est fait dans chacune des occasions.
Toute cette variété est pleine de beauté
morale; et nous pouvons dire assurément que, soit que Jésus s’exprime avec
autorité ou avec douceur, avec vivacité ou avec ménagement; soit que la
réprimande qui tombe de ses lèvres soit adoucie au point d’être à peine une
réprimande, ou bien qu’elle devienne vive jusqu’à paraître repousser ou
désavouer; cependant, si nous pesons la circonstance qui provoque les paroles
de Jésus, nous découvrons que toutes ces nuances sont autant de perfections.
Toutes les répréhensions du Seigneur sont «un anneau d’or et un joyau d’or
fin», qu’ils soient ou non suspendus à des oreilles attentives (Proverbes 25:12): «
Que le juste me frappe, c’est une faveur; qu’il me reprenne, c’est une huile
excellente; ma tête ne la refusera pas» (Psaume 141:5). Le Seigneur en fit faire
l’expérience à ses disciples.
3 CONCLUSION
3.1 Maintenant le Fils
de l’homme est glorifié et Dieu est glorifié en Lui. Si Dieu est glorifié en
Lui, Dieu aussi le glorifiera (Jean 13:32)
Je viens de retracer quelques-uns des
traits de la gloire morale du Seigneur Jésus Christ. Il présentait l’homme à
Dieu, l’homme tel qu’il doit être, et Dieu se reposait en lui.
Cette perfection morale de l’homme Christ
Jésus et son acceptation devant Dieu, sont typifiées dans l’offrande de gâteau,
ce gâteau de fine fleur de farine, cuit sur la plaque ou dans la poêle, avec
son huile et son encens (Lévitique 2).
Pendant que le Seigneur Jésus était sur
la terre, et qu’il était manifesté ainsi à Dieu comme homme, le bon plaisir que
Dieu trouvait en lui s’exprimait continuellement. Jésus croissait devant Dieu
dans la nature humaine et dans la manifestation de toutes les vertus humaines.
Il n’avait besoin pour se recommander à quelque moment que ce fût, que de
lui-même tel qu’il était. Dans sa personne et dans ses voies, l’homme était
moralement glorifié, de sorte que lorsque sa course ici-bas fut accomplie, il
put aller «incontinent» à Dieu, comme autrefois la gerbe des premiers fruits
était directement et immédiatement tirée du champ telle qu’elle était, n’ayant
à subir aucun procédé préparatoire pour être présentée à Dieu et être acceptée
par lui.
Le titre de Jésus à la gloire était un
titre moral. Il avait un
droit moral à être glorifié; son droit se trouvait en lui-même. Au chapitre 13
de Jean, cette précieuse vérité est mise en évidence à sa vraie place:
«Maintenant le fils de l’homme est glorifié», dit le Seigneur, au moment où
Judas venait de quitter la table; car cette action de Judas était le sûr
avant-coureur de celle dont les Juifs devaient se rendre coupables à l’égard de
Jésus, comme celle-ci était le sûr avant-coureur de sa mise à mort par les
gentils. La croix était la plénitude et la perfection de la forme complète de
la gloire morale en lui; c’est pourquoi ce fut alors qu’il prononça ces
paroles: «Maintenant le fils de l’homme est glorifié»; et ensuite: «Et Dieu est
glorifié en lui».
Dieu était alors glorifié aussi
parfaitement que l’était le Fils de l’homme, quoique la gloire fût une autre
gloire. Le Fils de l’homme était glorifié en complétant cette forme parfaite de
beauté morale qui avait resplendi en lui pendant toute sa vie. Aucun rayon de
cette gloire ne devait manquer dans ce moment, de même que, depuis le
commencement jusqu’à cette heure, rien ne s’y était jamais mêlé qui en fût
indigne; et l’heure était venue où le Fils de l’homme devait faire briller le
rayon qui rendrait complet l’éclat de sa gloire. Dieu aussi était glorifié,
parce que tout ce qui était de lui était maintenu ou manifesté: ses droits
étaient maintenus; — sa bonté était manifestée; la grâce et la vérité, la
justice et la paix, étaient toutes, et également, maintenues ou satisfaites. La
vérité de Dieu, sa sainteté, son amour, sa majesté, toute sa gloire en un mot,
était manifestée et magnifiée d’une manière et selon une lumière, qui
surpassaient tout ce qu’on avait pu connaître d’elle ailleurs. La croix, comme
quelqu’un l’a dit, est la merveille morale de l’univers.
Mais le Seigneur ajoute encore: «Si Dieu
est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même; et incontinent il le
glorifiera». Jésus reconnaît ici son propre droit à la gloire personnelle: il
avait déjà complété la forme entière de la gloire morale pendant sa vie et dans sa mort; il
avait aussi revendiqué et maintenu la gloire de Dieu, comme nous l’avons vu: ce
n’était donc qu’une chose juste qu’il entrât maintenant dans sa propre gloire personnelle;
et c’est ce qu’il a fait quand il a pris sa place dans le ciel à la droite de
la majesté, avec Dieu lui-même, et tout cela aussitôt ou «incontinent».
L’oeuvre de Dieu, comme Créateur, avait
été promptement souillée entre les mains de l’homme. L’homme s’était corrompu,
de sorte qu’il est écrit que «L’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme» (Genèse 6:6). Quel changement dans la pensée de Dieu depuis le jour où «Dieu vit tout
ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon!». Mais dans le Seigneur
Jésus, Dieu a retrouvé son bon plaisir dans l’homme. Quelle bénédiction!
Bénédiction rendue plus douce par le repentir qui l’avait précédée. C’était
plus que la première joie, c’était le recouvrement du bonheur après la perte et
le désappointement, et le recouvrement d’un bonheur plus grand que le premier
et par une voie plus excellente que la première. De même que le premier homme,
à la suite de son péché, avait été mis hors de la création, si je puis dire ainsi,
le second homme (étant, comme il l’était aussi, le Seigneur du ciel), après
avoir glorifié Dieu, fut placé à
la tête de la création, à la
droite de la majesté dans les hauts lieux. Jésus est dans le ciel comme un
homme glorifié, parce que sur la terre Dieu a été glorifié en lui, l’homme
obéissant dans la vie et dans la mort. Jésus, nous le savons, est dans le ciel
sous d’autres caractères encore: il est là comme un Vainqueur; comme celui qui
attend; comme le Souverain Sacrificateur dans le tabernacle que Dieu a dressé;
comme notre Précurseur et le Purificateur de nos péchés. Mais il est là aussi
glorifié dans les lieux très hauts, parce que, en lui, Dieu a été glorifié
ici-bas sur la terre.
La vie et la gloire appartenaient au
Seigneur Jésus en vertu d’un droit personnel et par un titre moral. On aime à
arrêter sa pensée sur une pareille vérité, et à y revenir sans cesse. Jésus
n’encourut jamais la perte d’Éden. Sans doute, il marcha durant toute sa vie en
dehors d’Éden, parmi les ronces et les épines, les douleurs et les privations
d’un monde perdu; mais il le fit en grâce; il se plaça dans cette condition,
mais il n’y était pas assujetti. Il ne se trouvait pas, comme Adam et comme
nous nous trouvons tous, séparé de l’arbre de vie et du paradis par les
chérubins et l’épée flamboyante. Dans l’histoire du Seigneur, nous voyons que
les anges, au lieu de retenir Jésus hors du jardin, loin de l’entrée, viennent
à lui après qu’il eut passé par la tentation et le servent; car il était là où
Adam fut séduit et tomba. Par conséquent tout en étant un homme, vraiment et
réellement un homme, il était «l’homme parfait». Dieu fut glorifié en lui lorsque, en
toute autre chose, il avait été déshonoré et déçu.
En un sens, cette perfection du Fils de
l’homme, cette perfection morale, est toute pour nous; elle donne sa valeur au
sang qui expie nos péchés; elle est comme le nuage d’encens, qui était porté
dans la présence de Dieu avec le sang au jour de la propitiation (Lévitique 16).
Mais, en un autre sens, cette perfection
est trop grande pour nous; elle est si haute que nous n’y pouvons atteindre.
Elle accable le sentiment moral, si nous regardons vers elle en nous souvenant
de ce que nous sommes nous-mêmes;
en même temps qu’elle nous remplit d’admiration, quand nous la considérons
comme nous disant ce que Lui est. Lorsque dans les âges passés, la
gloire judiciaire de Dieu apparut, elle était accablante: les plus favorisés
d’être les enfants des hommes, tels que Ésaïe, Ézéchiel, Daniel, ne pouvaient
se tenir devant elle; Pierre et Jean firent la même expérience; et cette gloire
morale, nous manifestant de la même manière, est également accablante.
Mais la foi se trouve à l’aise devant
elle. Le dieu de ce monde aveugle le coeur, pour qu’il ne comprenne pas cette
gloire et n’en jouisse pas, tandis que la foi la salue avec bonheur.
Telle est l’histoire de la gloire ici-bas
parmi les hommes. En sa présence même, les pharisiens et les sadducéens
demandent ensemble un signe du ciel; la mère et les frères du Seigneur la
méconnaissent, l’une par amour-propre, les autres par mondanité (Jean 2:7); les
disciples eux-mêmes sont sans cesse repris par elle. L’huile, qui donnait cette
lumière, était trop pure pour qui que ce fût; mais elle brûlait continuellement
dans le sanctuaire, «devant l’Éternel». Nous apprenons dans la synagogue de
Nazareth (Luc 4), combien l’homme est peu préparé pour elle: tous
reconnaissaient les paroles pleines de grâce qui sortaient des lèvres du
Seigneur; ils en sentaient la puissance; mais bientôt un flot puissant de
corruption naturelle intervint, et résista à ce mouvement dans les coeurs et en
triompha. L’humble témoin de Dieu, au milieu d’un monde orgueilleux et rebelle,
est manifesté, et ils n’en veulent pas. Le «fils de Joseph» pourra dire de
bonnes et de consolantes paroles, mais on ne le recevra pas: il est le fils
d’un charpentier! Quel témoignage frappant de la profonde perversité de nos
coeurs. L’homme a ses qualités aimables, il a ses goûts, ses vertus, ses
sensibilités, comme nous l’apprend cette scène de Nazareth; les paroles pleines
de grâce de Jésus font naître, pour un instant, un courant de bonnes pensées;
mais que valait ce courant et qu’en advint-il quand Dieu le mit à l’épreuve.
Ah! mes amis, malgré notre amabilité, malgré la considération dont nous sommes
entourés, malgré nos goûts relevés et nos bons sentiments, nous pouvons
toujours le dire: En nous, c’est-à-dire en notre chair, il n’habite point de
bien! (Rom. 7:18).
Mais je le répète, la foi se trouve à
l’aise auprès de Jésus. Pouvons-nous, je le demande; soupçonner Jésus ou le
craindre? Pouvons-nous douter de lui? Se pourrait-il que nous nous fussions
tenus loin de celui qui était assis sur le puits avec la femme de Sichar?
Est-ce qu’elle-même se tenait à distance? Nous devrions rechercher l’intimité
avec Jésus. Les disciples qui étaient avec lui ont toujours à apprendre les
mêmes leçons, et nous savons nous-mêmes quelque chose de cela. Ils eurent
chaque fois à découvrir de nouveau ce que Christ était, au lieu de jouir de lui
comme ils avaient déjà appris à le connaître. Au chapitre 14 de Matthieu, ils
sont obligés de s’écrier: «Véritablement tu es le Fils de Dieu», découvrant
ainsi de nouveau ce que Jésus était. Si leur foi eût été simple, ils eussent
dormi avec lui dans la nacelle (Marc 4). Quelle scène — à leur confusion et à
sa gloire! Ils avaient parlé au Seigneur d’un ton de reproche, comme s’il était
indifférent au danger qu’ils couraient. «Maître», avaient-ils dit, «ne te
mets-tu pas en peine que nous périssions» Jésus se réveille à leur voix et
aussitôt il les met en sûreté; mais ensuite il les reprend, non pas cependant à
cause de l’injustice de leurs dures paroles, mais à cause de leur manque de
foi.
Quelle perfection dans tout ceci!
Assurément tout est parfait et tout est à sa place: les vertus humaines, fruit
de l’onction que Jésus avait reçue, et ses gloires divines! Dans cette
Personne, les deux natures ne sont pas confondues — mais l’éclat de la nature
divine est tempéré, et ce qu’il y a de commun ou d’ordinaire dans la nature
humaine est relevé. Il n’y a rien de — semblable, il ne pouvait y avoir rien de
semblable dans toute la création. Cependant ce qui était humain en Jésus était
véritablement humain, et ce qui était divin était véritablement divin: Jésus
dort dans la nacelle — il était homme; il calme les vents et les flots — il
était Dieu.
Cette gloire morale doit reluire, et
d’autres gloires doivent s’effacer, jusqu’à ce que cela soit accompli. Les
Grecs venus à Jérusalem pour adorer pendant la fête, s’enquièrent de Jésus et
désirent le voir; c’était un avant-goût du royaume, ou de la gloire royale du
Messie; représentation en petit du jour où les nations se rendront à la cité
des Juifs pour faire la fête, et où Jésus comme Roi en Sion, sera Seigneur de tout,
et Dieu de toute la terre.
3.2 La
manifestation de la gloire morale doit précéder le royaume ; l’heure est
venue pour que le Fils de l’homme soit glorifié (Jean 12:23)
Mais il y avait un mystère plus profond
que celui-ci, et pour l’intelligence duquel il faut une connaissance plus juste
des voies de Dieu que la simple attente d’un royaume. Cette connaissance, les
pharisiens ne l’avaient pas lorsqu’ils demandaient au Seigneur, au chapitre 17
de Luc, quand le royaume viendrait. Jésus eut à leur parler d’un autre royaume,
qu’ils n’attendaient pas, «qui ne vient pas de manière à attirer l’attention»
— d’un royaume au milieu d’eux,
d’un royaume présent, que l’on connaîtrait et dans lequel on entrerait avant
que le glorieux royaume manifesté pût apparaître. Les disciples eux
aussi avaient besoin de cette connaissance lorsque, au chapitre 1 des Actes,
ils demandent à Jésus si c’était en ce temps-là qu’il rétablirait le royaume
pour Israël; et le Seigneur eut à les entretenir aussi de ce qui aurait lieu
avant que ce rétablissement pût s’accomplir, leur annonçant qu’ils recevraient
de la puissance, le Saint Esprit, pour être des témoins pour lui dans le monde
entier.
Il en est de même au chapitre 12 de Jean:
le Seigneur nous apprend que la manifestation de la gloire morale doit précéder le royaume. Le moment
viendra bientôt où Jésus apparaîtra dans la gloire du trône, et les gentils
monteront alors à Sion, et verront le Roi dans sa beauté; mais avant que cela
puisse avoir lieu, il faut que la gloire morale soit manifestée dans toute sa
plénitude et sa pureté. Cette pensée occupait Jésus lorsque les gentils
demandèrent à le voir: «L’heure est venue», dit-il, «pour que le fils de
l’homme soit glorifié». Il s’agit ici de sa gloire morale, comme nous l’avons
déjà dit à propos de Jean 13:31-32. Cette gloire avait brillé depuis sa
naissance jusqu’à ce moment dans toutes les voies du Seigneur, et sa mort était
ce qui devait la compléter; c’est pourquoi l’heure s’approchait où elle
brillerait du dernier rayon qui devait rendre sa manifestation parfaite. Le
Seigneur communique ou introduit ainsi, comme il le fait au chapitre 17 de Luc
et au chapitre 1 des Actes, la vérité — cette vérité additionnelle — pour
l’intelligence de laquelle il fallait une connaissance plus juste et plus
profonde des voies de Dieu: il faut que la gloire morale soit entièrement
manifestée, avant que le Messie puisse se montrer dans la gloire royale
jusqu’aux bouts de la terre.
Toutefois, cette gloire lui appartient et
à lui seul! Notre coeur le sent bien! Quand les cieux s’ouvrirent au chapitre
10 des Actes, la toile descendit du ciel avant que Pierre reçût l’ordre de s’en
approcher et d’avoir communion avec elle, ou avant qu’elle remontât et se
perdît de nouveau dans les airs: ce que la toile renfermait devait être purifié
ou sanctifié. Mais quand les cieux s’ouvrirent, au chapitre 3 de Matthieu,
Jésus, qui était sur la terre, n’avait pas besoin d’être élevé dans le ciel
pour y être approuvé; mais des voix et des visions d’en haut le scellèrent et lui
rendirent témoignage tel qu’il était: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui
j’ai trouvé mon plaisir».
Et quand les cieux s’ouvrirent une autre
fois encore (Matt. 27:51), lorsque le voile du temple se déchira en deux depuis
le haut jusqu’en bas, tout était accompli, rien ne restait à faire: l’oeuvre de
Jésus était scellée et reconnue telle qu’elle était alors. Un ciel ouvert au
commencement, rendit témoignage à la pleine acceptation de la personne de Christ; un ciel ouvert à la fin,
rendit témoignage à la pleine acceptation de son oeuvre.
3.3 Méditation
sur les gloires de Christ et culte pratique
Je termine ici cette méditation, en
faisant remarquer combien c’est une chose précieuse et douce pour nous, et une
chose qui en même temps fait partie de notre culte, que de signaler ces traits
de la voie et du ministère de Jésus ici-bas sur la terre, comme j’ai cherché à
le faire dans cet écrit; car tout ce que Jésus a fait, tout ce qu’il a dit, son
service tout entier, soit dans sa substance, soit dans sa manière, tout rend
témoignage de ce que Jésus est, et il est pour nous le témoin de ce que Dieu
est. C’est ainsi que nous parvenons jusqu’à Dieu, le Dieu béni, en suivant les
sentiers du Seigneur Jésus dans les pages des évangiles. Chaque pas dans ces
sentiers prend de la valeur pour nous. Tout ce que Jésus a fait et a dit, était
une vraie et fidèle expression de lui-même, comme il était lui-même une vraie
et fidèle expression de Dieu. Si nous sommes en état de comprendre le caractère
de son ministère; si nous savons discerner la gloire morale qui se rattache à
chaque moment et à chaque détail de la vie et du service du Seigneur ici-bas,
apprenant ce qu’il est, et ainsi ce que Dieu est, nous parvenons jusqu’à Dieu
dans une vraie et parfaite connaissance de lui, à travers les sentiers
ordinaires et les activités de la vie de ce divin Fils de l’homme.
NOTRE SEIGNEUR EST VRAIMENT MERVEILLEUX! (jcb)