Pour mieux comprendre. Peut-être. Étienne ATGER (Ancien responsable de jeunesse en mission à Saint-Paul-les-trois-Châteaux dans la Drôme en France) – Décembre 2011
À tous ceux qui me lisent depuis plusieurs années, à tous ceux qui me suivent de loin ou de près dans mes pérégrinations, à tous ceux qui m’ont perdu de vue ou qui ont perdu de vue ce que je suis devenu, voici quelques lignes qu’il me fallait écrire. Il me fallait les écrire pour vous, mais surtout pour moi. Pour mieux comprendre ce chemin, souvent de douleur, qui a été et qui est le mien. Si mon regard se porte vers ce qui est devant moi, je ne puis bien en saisir la portée que si je comprends ce que Père a fait dans ma vie, avec tant de précision, de gentillesse, de douceur, de pédagogie.
Je viens d’écouter un message qui m’a été envoyé, et c’est
clairement l’expression de ce qui se joue en moi, au plus profond de mon être,
de mon identité, de ma foi. Dieu a ébranlé toutes les fondations qui n’étaient
pas Son fils. Pas à pas, Il a ôté, secoué, déchiré, bouleversé, émondé. Et là,
au fond d’un puits de solitude et de douleur, je l’ai trouvé. La seule
fondation qui puisse être et qui ne peut être ébranlée par quelque tempête que
ce soit. Après tant d’années, et en particulier ces derniers mois, j’ai trouvé
Jésus. Ce Jésus qui me révèle le Père. Ce Jésus qui en est la plénitude. Ce
Jésus qui est enfin devenu mon tout. En me perdant, je me suis trouvé.
En 1998, au tout début de l’année, je faisais, comme j’en
avais pris l’habitude, mon bilan de l’année écoulée, et même des dernières
années que je venais de vivre. Peu importe de quoi elles avaient été faites,
elles me paraissaient pleines, riches, abondantes. Tout a mon action de grâce,
dansant littéralement devant Dieu dans mon petit bureau de la place de la Tour
Neuve, j’ai posé une question à Père : « Et toi Seigneur, que penses-tu de ces
années ? ». Tout doucement, aimablement, la réponse paisible du St Esprit s’est
faite entendre : « Il est difficile à un riche d’entrer dans le Royaume de
Dieu. » Je comprenais ce que Père me disais. Tout d’un coup, mon regard sur ces
années changeait et je savais que mon extrême richesse était devenue un fardeau
pour le Seigneur. Trop de compétences, trop de savoir faire, trop de succès,
trop d’autorité. Trop de tout faisait de moi un homme riche au point que la
porte du Royaume des cieux en était devenue trop étroite… Non pas tant que je
n’aimais plus le Seigneur ou que je ne lui obéissais plus, mais j’avais
suffisamment en moi pour ne pas avoir besoin de lui pour accomplir ma tâche.
Juste besoin de prier pour m’assurer de son assentiment !
Quelques mois plus tard, tout à mes réflexions et à mon
trouble que provoquaient ces mots de Dieu, j’entendais encore le St Esprit me
chuchoter, sans aucune violence, sans aucun reproche, mais seulement de la
tendresse : « Pourquoi crois-tu ce que tu crois ? » Quelle réponse allais-je
donner ? Il me fallait y réfléchir, longuement, sans précipitation. Mais déjà,
cette simple interrogation de Père me troublait, m’ébranlait. Il me fallait
être honnête en cherchant la réponse : une grande partie de ce que je croyais,
je l’avais entendu d’autres et je l’avais adopté, pleinement, parce que
d’autres le croyaient. Ce que je croyais était acceptable et me donnait d’être
accepté, parfois au prix de quelques compromis. Mais, me convainquais-je,
c’était le système qui le voulait. Ce n’était pas forcément un mal, mais je
voyais bien dans cette évidence, trop d’évidences justement et qu’il me
faudrait, un jour ou l’autre, apprendre ailleurs, apprendre seul et confronter
mon exégèse à celles des autres. Et finalement, apprendre
à explorer des chemins nouveaux qui impliqueraient la solitude de l’aventurier
spirituel qu’Il allait faire de moi.
Puis vint ce mois d’août de la même année. Seul dans la
montagne. À genoux dans les épines de pins, juste à côté d’une petite fleur des
champs qui avait poussé là, seule et fragile au milieu des vieux arbres
résistants à tous les vents. Mon coeur était dans le plus grand des troubles.
Ma lassitude était à son comble. Il me fallait être honnête avec moi-même, je
n’aimais plus ce que je faisais et ce que j’étais devenu. Ce qui m’avait paru
si beau quelques mois auparavant, était devenu sans saveur et perdait de son
sens. Étais-je vraiment en train de faire la volonté de Dieu ?,
m’interrogeais-je. Quel avenir était le mien ? Un terrible sentiment
m’habitait, je me sentais comme perdu, inutile, trop plein de mon histoire que
je célébrais il y a peu. Dans le mistral violent, j’ai alors entendu une voix.
Était-elle audible ? Je n’en suis plus très sûr, mais elle m’envahissait tant
qu’il me semblait que celui qui me parlait était tout juste à mes côtés. Je
venais d’interroger le Seigneur pour savoir si je devais m’impliquer dans un
mouvement que Jeunesse en Mission embrassait depuis peu et qui était celui
d’implanter des petites communautés missionnaires, ou en d’autres termes,
l’implantation d’églises tournées vers le monde. Depuis plusieurs années,
j’étais directeur de la mission pour la France, je consacrais tout mon temps à
la vie de nos centres, à ses leaders, à son administration, à ses projets. Le
reste de mon temps public était ensuite consacré à l’enseignement et à la
prédication. Presque pas un week-end sans être invité à partager la parole de
Dieu. Tout cela faisait mon succès et mon quotidien. Mais quid du monde du
dehors ? J’étais venu à J.E.M. près de 20 années plus tôt pour le changer
justement, du haut de mes 20 ans ! Je voulais prêcher l’Évangile et aller dans
le monde « sauver les pécheurs ». Et cela faisait si longtemps que je n’avais
plus marché dans ce monde, que je n’avais plus côtoyé ceux qui s’y perdaient.
Le monde dans lequel j’évoluais m’était, quant à lui, devenu trop confortable
pour demeurer honnête. Alors il y eu cette voix, qui, en anglais, sans doute
pour mieux capter mon attention, me disait : « Je ne t’appelle pas à implanter
des églises, mais à implanter des entreprises. Tu appelleras cette organisation
Ethnic International ».Point final et début d’une folle et troublante aventure
!
Je ne peux pas raconter ici, en quelques lignes, les treize
années qui suivirent cette rencontre de l’été 1998. Cela se fera peut-être un
jour mais il me faudra prendre le temps. Relire tous mes journaux dans lesquels
j’ai gardé précieusement les traces de cette étape de ma vie afin de n’en rien
oublier. Plus tard. Un jour.
Mais il me fallait commencer avec ces trois événements, ces
trois rencontres de cette année 1998. Non pas que ce qui a précédé n’ait pas de
sens. Au contraire, mais les souvenirs s’estompent et perdent un peu de leur
intensité. Pourtant, si je m’arrête pour me souvenir bien au-delà de ces treize
dernières années, j’y vois la trace de Dieu et sa longue préparation pour
aujourd’hui. Et cela me bouleverse intensément. Il a été là à chaque instant,
façonnant, préparant, insufflant, semant, pour me permettre la croix…
J’aurais pu m’arrêter sur ma petite enfance et les soirées
d’été dans la maison de « grand-papa et grand-maman » au cours desquelles mon
grand-père, que je n’ai pas assez connu, lisait les Écritures et priait pour
ses petits enfants.
J’aurais pu m’arrêter sur mon enfance africaine, tellement
formatrice de ma passion pour les nations. J’aurais ainsi pu vous parler de la
promesse que j’ai faite à ce continent, sur la passerelle de l’avion qui
m’emmènerait pour de nombreuses années loin des senteurs, des couleurs et des
bruits africains.
J’aurais pu vous parler de ces
missionnaires au Dahomey avant que le Bénin ne passe par là, et qui m’ont
instruit, aux cotés de mes parents, dans les voies du Seigneur Jésus. Quel
amour ils m’ont montré !
J’aurais pu vous parler de ma conversion à l’âge de 17 ans,
à Viviers, en Ardèche, dans le cadre des premiers rassemblements
charismatiques. Cette rencontre dont le thème central était Actes 1 :8, « Vous
serez mes témoins… jusqu’au bout du monde. »
J’aurais pu vous parler de mon arrivée à Jeunesse en Mission
quelques années plus tard et de la formidable aventure qui allait m’être donnée
de vivre pendant plus de vingt années incroyables et préparatrices. J.E.M. pour
moi a été une précieuse pépinière dont la terre m’a nourrie de tant de
richesses.
J’aurais pu vous parler de la mort de mon meilleur ami, mon
père. Cette mort si cruelle et pourtant porteuse de tant de fruits en moi.
J’aurais pu vous parler de ces si nombreuses erreurs, morts,
ruptures, défaites qui ont ponctué ma vie de missionnaire. Mais aussi, avec
elles, ces formidables rencontres, victoires, visions.
J’aurais pu vous parler des sept années pionnières que notre
petite équipe a vécues dans le vieux Mas de Provence qui deviendrait un centre
de formation de J.E.M. Sept années de limites, de non reconnaissance, de
rumeurs, puis une brèche fantastique et une croissance inespérée.
J’aurais pu vous parler aussi de l’année 2003 et déjà d’un
trou noir de six mois au cours duquel mon seul cri était « mon Dieu, mon Dieu
pourquoi m’as-tu abandonné ! », puis un matin d’août et déjà une rencontre.
J’aurais pu vous parler encore de ces nouveaux métiers que
j’ai appris sur le terrain des mines d’or d’Afrique. Les confrontations avec un
monde invisible et pourtant bien tangible. Les pertes et les séparations
douloureuses.
Mais je ne ferai que m’arrêter sur ces deux dernières
années. Elles forment comme un tout avec les années précédentes depuis 98 et
vous l’avez sans doute compris, avec toutes les années qui ont écrit mon
histoire. Elles sont comme une conclusion et comme un nouveau départ. Car c’est
bien de cela qu’il s’agit.
Un jour de février 2010, je suis tombé dans un puits
profond, sombre et froid. À moins que cela n’ait été comme le début d’un long
exode qui m’a entraîné dans un étrange désert. Ou encore, et c’est sans doute
plus proche de la vérité, un chemin de croix qui m’a mené à la croix, la
mienne. Bien plus douce que celle du Seigneur, mais ô combien violente et
douloureuse pour l’humain que je suis. Ces deux dernières années ont achevé un
long travail d’ébranlement, dont la genèse réside dans les douces paroles de
l’Esprit que je vous partage plus haut. Je crois, j’espère, je pense que ces
années ont engagé une oeuvre essentielle dans ma vie afin de me faire naître de
nouveau, à nouveau. J’ignorais qu’un tel ébranlement eut été nécessaire tant il
m’apparaissait avoir marché dans les voies de Dieu. Suis-je plus pêcheur qu’un
autre ? Me suis-je souvent interrogé. Peut-être ? En fait, si je me retourne,
malgré mon coeur, malgré mon zèle, malgré ma vie, combien de fois me suis-je
taillé un Jésus à mon image ? Combien de fois ai-je pris la place de Dieu afin
de mieux contrôler ce qu’était ma vie ? Combien de fois ai-je cru en Dieu sans
vraiment le croire ? Combien de fois ai-je été ce que l’on attendait de moi sans être moi ?
Combien de fois ai-je été rempli de moi et ai-je prétendu marcher par l’Esprit
? Combien de fois ai-je pris des décisions parce que j’avais peur et que je ne
connaissais pas vraiment Père ? Combien de fois ? Mais cela je ne l’ai su que
parce qu’il y a eu dans ma vie de profondes ténèbres, comme un sommeil
adamique, afin de m’éveiller à Christ. Il y eu un soir, et bientôt il y aura un
matin ! C’est cela que je crois pour ma vie. Simplement. C’est une saison et je
l’accueille plein d’espoir pour demain.
Un jour de février donc. Le 16. Juste avant de prendre mon
avion, tout un pan de ma vie s’est effondré. Quand ce qui avait été l’objet de
mon rêve de vie semé un été de 1998 m’a été enlevé. Sans coup férir, en quelques
minutes. Pas besoin de s’étaler. J’ai pardonné, sans pouvoir oublier ces heures
sombres. Les deux entreprises que nous avions fondées à quelques-uns nous
étaient reprises par des « partenaires », nous étions mis à la porte, la petite
équipe de management et moi, chassés en réalité sans préavis et pour des
prétextes qui resteront fallacieux à jamais.
Dans l’avion qui me ramenait vers les miens, la nuit fût
longue. Il m’était impossible de comprendre, ni de m’échapper. J’aurais tant
voulu hurler ma peur, ma peine, ma mort. Mais rien. Un trou sombre seulement.
Vingt jours durant. Abandonné de Dieu à nouveau. Oublié de Lui. Accusé de tout.
Perdu. Sans un sou. Sans avenir. Sans vie. Je suis alors parti en Cévennes.
Pour une retraite. La météo était exécrable, la neige, le vent, le froid ont
été mes seuls compagnons pendant trois jours de tombeau. Je me souviens avoir
marché longuement, sans même vraiment me rendre compte des morsures de l’hiver.
J’ai même fini par me perdre. Mais peu m’importait de ce qu’il adviendrait de
moi. Je criais mon désespoir, j’accusais Dieu et je le cherchais tout à la
fois. Et il est venu, là dans cette petite chambre, froide elle aussi.
Discrètement, gentiment, Il m’a repris par la main, comme on prend un enfant
titubant après une mauvaise chute. Et depuis lors, Il ne m’a plus lâché. Nous
faisons route et chaque jour est une surprise. Ô certes, il y a bien des
moments de doute, mais ils nourrissent ma foi. Il y a des moments de lassitude,
mais ils me poussent vers Dieu. Il y a encore de la peur, mais Lui me rassure
vraiment.
Un jour, je me suis vu comme une petite bouteille de verre
dont on a profondément enfoncé un bouchon de liège dans le goulot afin qu’elle
ne se remplisse pas de l’eau du grand océan dans lequel elle a été jetée. À
perte de vue, de l’eau. Point de terre à l’horizon. Parfois la mer est d’huile
et la petite bouteille surnage assez paisiblement. Mais plus souvent qu’à son
goût, le vent se lève et la tempête s’acharne. Sans cesse les vagues la
roulent, la secouent et la retournent. La petite bouteille a peur, terriblement
peur de ce grand océan qui semble lui en vouloir. Elle a peur parce que son
bouchon a tendance à se retirer du goulot et personne pour le renfoncer. Puis
un jour, une tempête encore s’est levée, plus forte, plus violente, plus
définitive. Le bouchon de la petite bouteille a sauté et a disparu dans les
vagues. La bouteille encore une fois, roule, tourne et se perd. Finalement,
l’eau du grand océan commence à la remplir. Elle le sait bien, la petit bouteille
de verre, qu’elle va se noyer et disparaître à jamais. Oubliée d’un monde qui
n’a plus vraiment besoin d’elle. Et l’eau de l’océan de la remplir encore et
encore et de disparaître dans l’écume. Elle coule. Elle n’a plus rien à quoi
s’accrocher pour sauver sa vie. Elle ne peut que la perdre, maintenant. Elle
s’enfonce alors dans la mer déchaînée. Elle s’enfonce et s’interroge, la petite
bouteille. Elle n’a pas vraiment coulé. L’eau est tout autour d’elle et aussi
totalement en elle. Elle est, comme on le dit, entre deux eaux. Elle ne descend
pas plus bas, mais à sa surprise, les vagues ne l’atteignent plus. Il fait
calme, juste une paisible ondulation qui suit le mouvement de la tempête tout
là-haut. La petite bouteille de verre est bien, là, perdue dans le grand océan…
C’est ce que j’ai découvert pendant
les mois qui ont suivi ma « mort ». J’ai trouvé l’amour d’un Père qui me rempli
et m’entoure. J’ai rencontré Jésus comme jamais auparavant et j’ai appris à
avoir conscience de sa douce et permanente présence. J’ai appris à demeurer en
Lui et à ne plus être un sarment rattaché au Cep que de temps à autres. Mais il
est vrai qu’il Lui a fallu ôter le bouchon de liège. Il a dû chasser les idoles
en moi. Provoquer toutes mes peurs. Ôter tout sentiment d’utilité et finalement
de dignité. Il m’a entraîné loin du lieu des hommes, loin des lumières de la
vie et un matin, il m’a dit « je t’ai caché dans le creux du rocher ». Et je
sais qu’un jour, et déjà maintenant en me retournant, je verrai la gloire de mon
Père, juste de dos, car on ne pourrait pas voir Sa face incroyable et vivre.
Pendant ces mois, j’ai marché, longtemps. Seul. J’ai parlé,
beaucoup. J’ai répandu mon coeur au seul qui savait qu’en faire. J’ai pleuré et
j’ai même ri. J’ai découvert le meilleur ami qu’un homme puisse avoir. J’ai
entendu sa voix, douce, rassurante, instructive. J’ai appris à renoncer à tout.
À lui dire encore et encore : « non pas ma volonté, mais la tienne ». À
attendre son salut, sans que cela ne soit une proie à arracher, mais un don
merveilleux que l’on reçoit en tremblant. J’ai aussi appris à me taire, à le
croire, à le voir, à l’écouter. À savoir qu’il est là à tout moment. À l’aimer
et à me laisser aimer. J’ai tellement mieux compris comment Paul pouvait avoir
été saisi et que rien ne comptait plus alors. Une chose qui m’a surprise, si
loin de ma religion, c’est que Père ne fait pas de reproches à celui qui le
cherche et vient à Lui. Il ne le juge pas, ne le montre pas du doigt. Je l’ai
même senti sourire devant mes imperfections et m’attirer à Lui. Il sait que je
trépigne parfois et que je suis impatient. Il sait quelles sont encore parfois
les craintes qui montent en moi. Les doutes qui m’écorchent l’âme. Mais Il
reste là, aimablement pour me dire de ne pas m’inquiéter, de ne pas avoir peur.
Et puis avec Lui, j’ai aussi beaucoup réfléchi et devisé sur le monde, les
nations, le Royaume, la crise ambiante, l’Église et les églises, l’histoire des
hommes.
Par des livres, toujours à propos, j’ai encore découvert que
beaucoup d’autres étaient sur mon chemin. Que je n’étais pas seul malgré mes
solitudes. J’ai appris à me réjouir de peu, surtout quand je pars avec mon
appareil photo. J’ai redécouvert le chant des oiseaux, le bruissement des
feuilles, les couleurs, les senteurs, les traces des animaux dans la terre de
Provence. Des moments de simple amitié avec Lui. Parfois, même en courant dans
la forêt, pour me « maintenir » en forme, je l’ai entendu m’instruire. Au point
de na pas avoir le souvenir du chemin que j’ai emprunté pour m’essouffler ainsi
!
Sur ce chemin d’exode, dans le grand désert de cette page de
ma vie, Il a ébranlé mes fondations. Non pas parce qu’il était en colère, mais
parce que c’est une saison qui vient. C’est un temps. C’est Son désir aimant
pour moi. Et pour beaucoup d’autres qui viennent aussi vivre cet exil. Et quand
Il m’a trouvé et que je l’ai trouvé, il ma dit d’aller. Et c’est alors que
depuis plusieurs mois la passion, un temps éteinte, s’est rallumée. Les
nations, le Royaume, l’économie, la communauté, tout ce qui était devenu mon
passé m’est revenu comme un don de Père. Aujourd’hui, en écrivant ces lignes,
je brûle d’aller. J’ai un rêve en moi, pour mon pays, ainsi que pour le
continent de mon coeur. Pour l’Église, pour les nations. Je ne puis pas tout
dire car Il a son temps et pour certains aspects, ce temps n’est pas encore
venu. Mais Il a tracé un chemin, je n’en vois qu’un tout petit bout, mais il
est là. C’est un chemin pour une nouvelle saison. Une saison pour moi et pour
beaucoup d’autres. Une saison où les statues des hommes, qui ont pour noms
politique, économie, religion et d’autres encore, vont être ébranlées et vont
même s’effondrer. Une petite pierre roule du haut de la montagne… Aucune main d’homme ne
peut saisir cette pierre, aucun homme ne peut aider Dieu à accomplir Son plan.
Si ce n’est en mourant en Lui pour vivre encore.
C’est une saison du Royaume. On en a tellement parlé que le
temps est venu de le vivre et de se taire, sans doute. De briller et de saler
le monde que Père aime tant. Un temps pour manifester l’Église cachée dans le cœur de Dieu. Un temps pour que soient révélés les mystères bénis du Seigneur.
Un temps de salut. Un temps de rédemption.
Je me suis perdu un moment de vie et Il ma retrouvé. Il y a
du fils prodigue dans mon cheminement. Et c’est bien le mien, de chemin. Que
nul ne pense que ce que j’ai vécu est universel et qu’il se doit de le vivre à
son tour. Non, mais surtout que chacun Lui dise, comme un fils ou une fille
aimante : « toutefois non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Et alors,
peut-être, empruntera-t-il ce chemin à son tour. Qui sait ? Père le sait.
Et puis, allez, je sais bien, moi, que je suis resté moi
malgré tout ce que je partage. Je ne me suis pas désincarné pour devenir plus «
spirituel ». Au contraire, je suis devenu plus que jamais moi et moi homme avec
tant d’imperfections ! Mais des imperfections acceptées et en devenir. Je sais
bien aussi, que la lumière de ces derniers mois a fait pâlir mon histoire
d’hier. Mais comme je vous l’ai dit, je n’ai pas renié cette histoire, je l’ai
réconciliée. Et maintenant, il me semble que tout forme un tout, une histoire
de Dieu dans celle de l’homme. Je suis en route, et un peuple sans beaucoup de
savoir, de puissance, de dignité ou de pouvoir, se lève et se met en route
aussi.
Ces lignes, je l’espère, ne seront pas lues, si elles le sont jamais,
comme un testament, mais bien plutôt comme le liminaire de ce qui vient. Comme
les premiers rais de lumière d’une aube naissante. Comme le prologue d’un
livre, d’une épître écrite par Dieu Lui-même. La vie de chacun de ceux qui
l’ont abandonnée entre Ses mains est un merveilleux humus, bien plus que la
poussière dont nos pauvres traductions bibliques nous disent être formés, sur
lequel pousse la graine infime du Royaume, qui un jour deviendra un arbre
puissant. Alors le Royaume de Dieu sera manifesté et presque achevé, et Son Roi
sera en chemin…
Etienne Atger
Etienne Atger
2 commentaires:
GLOIRA A DIEU! QUE SA VOLONTE SOIT FAITE SUR LA TERRE COMMENT CIEL.
Merci pour ce magnifique témoignage.
Soyez béni que votre chemin soit éclairé de la lumière du Christ.
Sylvie
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