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Yves PETRAKIAN Mars 2007 Nouvelle édition numérique Yves PETRAKIAN
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Traduit
de l'anglais par Mlle Jeanne EBERHARD
NOUVELLE
SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS DE TOULOUSE — DIEULEFIT Drôme
II. LE TENTATEUR
Récit de sa carrière La note qui donne le ton
Là où est la tentation, là aussi est le Tentateur. Elle le démasque. A quelque moment qu'elle vienne, si vous voulez bien vous donner la peine de chercher un instant, vous le découvrirez immanquablement. La tentation peut provenir de la méchanceté du coeur, donc de l'intérieur. C'est fréquent. Mais elle n'en contient pas moins un élément extérieur et cet élément tient presque sûrement quelqu'un de caché en lui. Il se peut encore que la tentation jaillisse d'un désir intérieur et d'une circonstance extérieure. Mais quelle qu'en soit l'origine, que ce soit de l'intérieur, de l'extérieur ou des deux combinés, la tentation vient toujours du Tentateur. L'ardeur de l'envie qui vient du dedans et les sollicitations du dehors ne sont que des manœuvres pour cacher son approche. Il se sert de tout ce qui lui tombe sous la main, de tout ce qui est le plus à sa portée et le plus propre à ses fins.
Ce nom même de « Tentateur » fait tout de suite ressortir ses traits caractéristiques essentiels. Il laisse entendre que quelque chose ne va pas. Sommes-nous poussés à faire le mal ? C'est que, plus ou moins visible à nos yeux, quelqu'un nous excite.
Mais ne l'oubliez pas : un Autre aussi est présent. Si le mal fait penser au bien, le bien fait penser à Celui qui est tout près, qui désire ardemment que nous fassions le bien et qui s'empresse à nous y aider. C'est Celui qui nous a créés à son image. Il ne s'arrêtera devant aucune difficulté pour nous soutenir dans la lutte contre le mal.
Je voudrais maintenant vous entretenir un instant du Tentateur qui, sournoisement, se cache derrière la tentation. Il est frappant de constater que Celui qui donne le vrai ton à un entretien sur le Tentateur est Celui-là même qui lui est opposé. Le nom de Jésus est comme la note qui donne le ton en musique. Car ce nom de Jésus signifie le « Vainqueur », littéralement : Jéhovah-Vainqueur. C'est un mot qui passa en entier de l'ancienne langue hébraïque au grec ou araméen du temps de notre Seigneur. De là, il se répandit dans toutes les langues où nous le retrouvons aujourd'hui. Un cri, comme un cri de victoire, résonne dans ce nom même.
Et « Vainqueur » implique l'idée de victoire. Et la victoire, celle de bataille, de lutte. Il faut que le combat ait été acharné pour justifier l'emploi d'un mot aussi fort que « vainqueur » pour désigner le héros de la lutte. Et ces deux mots « bataille » et « victoire » impliquent un ennemi. Plus encore, un ennemi qui a combattu et qui a été défait.
Et ce grand nom de « Jésus » éveille dans l'esprit le souvenir d'un lieu, d'un événement, d'une expérience : le Calvaire. C'est lui qui ressort avec éclat de la vie terrestre du Seigneur Jésus. Ce lieu fut le témoin de la bataille rangée, du long combat qui commença dès la crèche, pour continuer à Nazareth et se poursuivre pendant un ministère de trois ans et demi.
Là, le Tentateur joua tous ses atouts et déploya toutes ses forces. Là, notre Sauveur, par son sacrifice, fit éclater la justice de son Père, révéla le grand amour qui se trouvait dans son coeur et vainquit à jamais le Méchant, nous libérant de toutes les prétentions qu'il avait sur nous. Ce sont là les deux notes à faire résonner quand on parle du Tentateur. Le nom même du Seigneur Jésus rappelle celui qu'Il a vaincu, et le Calvaire, le lieu, le temps et le fait béni de la défaite du Tentateur.
De notre ignorance en ce qui concerne ses desseins
Ces simples entretiens sur le Tentateur doivent être entièrement d'ordre pratique. Il nous faut savoir discerner notre ennemi pour être en mesure de lui résister. Je n'ai nullement l'intention de me livrer à la spéculation. Je voudrais seulement apporter quelques claires révélations puisées dans le vieux Livre de Dieu. Avec cette lumière nous pourrons mieux résister à la tentation et mener une vie victorieuse et pure.
Saint Paul, en parlant de Satan à la génération de chrétiens qui était la sienne, disait : « Nous n'ignorons pas ses desseins » (II Corinthiens 2 : 11). Cette connaissance provenait certainement de l'enseignement fidèle de l'apôtre et de l'acceptation pure et simple des vérités du vieux Livre. On ne peut en dire autant d'un nombre considérable de gens qui, aujourd'hui, se réclament du titre de chrétiens. Ces desseins paraissent être plus souvent ignorés que connus.
En conséquence, la prière perd de son efficacité. La foi confiante qui met à l'épreuve les promesses de Dieu est très rare et considérée comme extraordinaire.
Les vies chrétiennes sont enchevêtrées avec quantité d'éléments qui, dans la plupart des cas, servent aux plans de Satan. Les chrétiens ne s'en rendent pas toujours compte. Et nos esprits sont farcis d'idées si vagues, si imprécises en ce qui concerne le Malin, que nos activités et nos intercessions en sont considérablement entravées.
Il est étonnant de constater combien d'enfants de Dieu dans l'Église d'aujourd'hui (et c'est là un de ses traits caractéristiques) se vantent de ne pas croire à l'existence personnelle de Satan. Douter de son existence, c'est faire preuve d'un grand esprit. Y croire, au contraire, ainsi qu'à sa puissance, c'est ajouter foi à des enfantillages démodés. Nombreux sont ceux qui professent cette manière de voir, plus nombreux encore sont ceux qui la partagent sans oser l'exprimer.
A cet égard, un changement radical s'est produit dans l'espace, disons, d'une centaine d'années. Satan, en effet, au XVIII° siècle, prenait trop d'importance dans les préoccupations des croyants. On l'accusait de certains événements qui pouvaient fort bien être attribués à des causes ou à des raisons naturelles. Par contre, on négligeait de se souvenir de son Vainqueur.
Aujourd'hui, nous tombons dans l'autre extrême. Il est fréquent de rencontrer des gens qui émettent des doutes sur l'existence même de Satan. Et ceux qui connaissent ses traits caractéristiques peuvent aisément découvrir dans ces négations les traces de sa maligne influence. Le doute qui plane sur son action est une preuve de son existence. Il est si rusé qu'il cherche à égarer les hommes en les faisant douter de lui, ce qui lui permet de resserrer son étreinte.
Il est intéressant de noter que ce doute n'existe qu'en terre chrétienne. Ce n'est que dans les pays où la défaite de Satan ainsi que le nom de son Vainqueur sont connus que la réalité de son existence est mise en doute. Par cela même, et sans hésitation, nous pouvons facilement suivre la trace de sa « queue de serpent ». Là où sa défaite et son irrémédiable faiblesse sont connues, il voudrait qu'une incertitude planât sur lui et par cette incertitude, immobiliser les armes de notre résistance. Il est bien évident que s'il était mieux connu, il serait plus franchement haï. Par là, je veux dire qu'il serait détesté, combattu et qu'on lui résisterait d'une manière plus efficace. Bientôt, il serait condamné à une nouvelle défaite, au nom de son Vainqueur.
Cet état d'esprit contraste étonnamment avec celui des pays païens où semblable doute n'existe pas, exprimé ou non. Là, Satan est craint et même servilement adoré, à cause de sa puissance.
Trois preuves différentes
Je voudrais maintenant brosser devant vos yeux, une rapide ébauche de la carrière de Satan. Et, ce faisant, je m'abstiendrai de faire allusion à aucune légende spéculative ni à aucun mythe dont on se sert habituellement. Nous nous efforcerons simplement de recueillir les données de la Parole de Dieu.
Avant de prendre le Livre en mains, nous vous ferons remarquer qu'il existe trois manières distinctes de prouver la personnalité de Satan. En premier lieu, par la Bible. C'est vers elle que nous nous tournerons constamment dans ces entretiens. Pour ceux qui sont prêts à accepter le simple enseignement des Écritures, il n'y a aucune nécessité de chercher ailleurs. Elles démontrent clairement l'existence de sa personne, de sa grande activité et de sa puissance.
Mais pour ceux qui ne se contentent pas de cet argument, il est encore deux autres preuves, de source différente. Pour le chercheur sincère, chacune est, en elle-même, parfaitement concluante.
Voici une preuve philosophique : « Peut-il exister une puissance intelligente et organisée qui ne suppose derrière elle aucune Personne ? Le problème se pose devant la Raison. Il peut certes exister des forces naturelles qui n'émanent directement d'aucune Personne, mais une puissance qui agit avec ordre et méthode au point que l'on peut, à la longue, en discerner les lois, ne suppose-t-elle pas derrière elle, les caractères d'une individualité consciente ? Or, il est certain qu'une puissance de mal agit dans le monde. Partout on en tombe d'accord. Et cette présence d'une puissance mauvaise soutient clairement la thèse de la personnalité d'un être malin activement au travail derrière la scène.
Il y a encore une troisième preuve à donner, tout à fait distincte des deux premières et tout aussi concluante. C'est celle qui procède de l'expérience, ou : l'évidence par l'expérience. Qu'un homme ayant eu l'habitude de céder à la tentation essaie de rompre avec le péché auquel il s'est laissé entraîner ; il s'apercevra immédiatement que c'est une véritable bataille qu'il devra livrer. Il aura conscience d'une force réelle multipliant des assauts d'une terrifiante brutalité. Cet homme-là n'en aura pas le moindre doute. Cette puissance se déchaînera sur lui avec un acharnement inouï, avec une astucieuse subtilité. Elle se cramponnera à lui avec ténacité et persistance.
Des milliers d'hommes sont aujourd'hui au fort de cette bataille. Tant qu'un homme cède au mal, il n'a pas de lutte à soutenir. Mais lorsqu'il cherche à s'en écarter, c'est alors que la bataille commence. Et alors même qu'il aurait mis toute sa confiance en Celui dont le Nom est au-dessus de tout autre nom et qu'il aurait remporté la victoire par ce Nom, ainsi qu'il le peut s'il le veut, ce n'en sera pas moins une victoire obtenue par une lutte intense, les dents serrées, les poings crispés, le front humide et par la prière incessante. Cet homme ne sera plus désormais tourmenté par le problème à résoudre de la personnalité intelligente, pénétrante et persistante du Malin. Cette assurance lui deviendra de plus en plus certaine, au fur et à mesure que la lutte contre le mal et ses compromis durera. Et cela, même s'il possède la certitude bénie qu'un plus grand que lui est au-dedans de lui. La victoire ne peut être remportée qu'en luttant.
Et maintenant dans l'ensemble de ces entretiens, nous nous appuierons presque entièrement sur la preuve biblique considérant qu'elle est suffisamment concluante et tout à fait satisfaisante.
Du point de vue biblique
Nous allons maintenant nous tourner vers le Livre de Dieu. C'est dans le Nouveau Testament que nous trouverons les lumières les plus vives en ce qui concerne Satan et ce sont elles qui nous fourniront la meilleure explication de ce qui est dit dans l'Ancien Testament. Grâce à cette clarté que le Nouveau Testament jette sur l'Ancien, les enseignements de ce dernier deviendront lumineux.
Le dernier des livres, l'Apocalypse de saint Jean, contient l'enseignement le plus direct et le plus explicite sur Satan. Là, il est dit nettement que le serpent d'Eden, c'est Satan lui-même (Apocalypse 12 : 9). Un être était à l'oeuvre derrière le serpent d'Eden possédant tous les traits caractéristiques que l'on attribue à ce reptile redouté.
Les Évangiles racontent la plus grande activité satanique et démoniaque qui soit enregistrée dans l'Histoire. Satan et tout un monde d'esprits malins à son service y sont considérés comme des êtres réels possédant une puissance effective. Le Seigneur Jésus croyait en eux puisqu'Il a donné sur eux un enseignement cohérent. Les expériences qu'Il fit au Désert et probablement auparavant à Nazareth, plus tard certainement pendant plus de trois années, au cours de son ministère, font admettre sans difficulté que Jésus croyait à Satan et à ses anges et que son chemin fut marqué pas à pas par des luttes soutenues avec la sereine assurance de la victoire.
Son enseignement sur Satan est clair et précis. Satan est l'ennemi juré de Dieu et de tout ce qui est bon. Il est le « Prince de ce monde ». Il est le généralissime d'une guerre offensive contre tout ce qui est divin. Tout le sens de notre destinée est de se défendre contre lui. Et il est vaincu. Tous ceux qui lui résisteront et le combattront peuvent avoir la certitude de la Victoire.
Les lettres de saint Paul comme les autres épîtres sont pleines de ces vérités. Ces hommes qui vécurent dans le plus étroit contact avec le Seigneur, qui accomplirent un travail colossal, qui luttèrent avec tant d'énergie au nom et par la puissance de leur Maître, ces géants des premiers temps à la foi inébranlable, au service inlassable et à la souffrance héroïque, ces hommes ne laissent percer aucune hésitation, aucune incertitude sur la réalité de l'existence de Satan. Leurs luttes contre lui ont été trop intenses pour être imaginaires. Le corps à corps a été trop serré pour que l'ombre d'un doute plane sur leur pensée.
Et ils ont connu la victoire aussi. Une victoire constante et incontestable. Elle fortifia leur conviction que celui qu'ils combattaient existait vraiment. Dans le problème qui nous occupe, le meilleur remède contre le doute est de lutter et de lutter avec acharnement ; de résister et de résister opiniâtrement, tout en se reposant sur la volonté et la Victoire de Jésus.
Or, ai-je dit, ces enseignements du Nouveau Testament, par leur simplicité et leur clarté, inondent de lumière les passages de l'Ancien Testament sur le sujet qui nous préoccupe. Retournez en Eden après avoir quitté les pages plus récentes de l'Apocalypse ; retournez à Job ; au chapitre XXI de I Chroniques, au Psaume 109 et au troisième chapitre du livre de Zacharie et vous comprendrez alors qui est cette personnalité qui cherche à semer partout la mort avec une haine aussi implacable. Le Nouveau Testament nous rend plus aptes à déceler la trace du serpent. Et une fois que nos yeux sont exercés à le reconnaître, nous le dépistons avec une netteté extraordinaire à travers les vieilles pages du Livre et dans toutes les pages de la vie quotidienne ordinaire.
En remontant aux origines
Que celui qui voudra se rendre compte par lui-même des enseignements de la Bible, en parcoure rapidement, mais soigneusement, toutes ses pages et note les allusions concernant l'Ennemi qu'il y découvrira. Muni de feuilles blanches, il y transcrira chaque texte dans un ordre établi, recopiant simplement les seules paroles nécessaires et suffisantes pour que tout le contenu du passage lui revienne facilement à la mémoire. Il aura soin de laisser une bonne marge à droite, au cas où il lui semblerait bon d'adjoindre des notes.
Une bonne concordance sera également d'un appréciable secours dans ce travail. Toutefois, l'habitude de lire la Bible page après page, régulièrement et sur une large échelle, est à la base de recherches de ce genre. Elle les facilite et les agrémente. Plus encore : les conclusions que vous en tirerez seront plus exactes, plus dignes de confiance, puisque chaque passage aura été pris dans son contexte. Or, ce contexte apporte aux paroles mêmes du passage le sens vrai qu'il faut leur prêter. Relevez les endroits où se trouveront les noms, les titres qualifiant Satan, les démons, le diable, et écrivez-les. Au fond, cette étude n'est pas aussi laborieuse qu'on se le figure. Elle devient même très prenante.
Ce simple travail qui consiste à rassembler et grouper les affirmations de la Parole de Dieu que nous bénissons, non seulement changera votre manière de voir en ce qui concerne notre Ennemi mais il fera davantage. Il aura une répercussion sur vos vies, sur votre consécration et votre soumission si vous êtes déterminés à être fidèles à notre Seigneur. Votre manière de prier en sera modifiée.
Votre prière deviendra plus hardie, plus exigeante. Elle s'appropriera des promesses précises ; que dis-je ! d'autres avantages encore et bien plus grands seront votre partage. Vous acquerrez le sentiment intime et profond de l'existence de Quelqu'un, d'une Réalité qui vous résiste, qui essaie de vous détourner ou de vous faire trébucher.
Et si le courage ne vous abandonne pas et que vous persévériez sans faiblir, le sens d'un verset, tel que celui-ci, ne vous échappera pas : « Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. » (I Jean 4 : 4).
L'expérience vécue sera pour vous le meilleur des commentaires et inondera cette parole d'une clarté qu'aucun livre ne saurait apporter. Toutes les fibres de votre être seront saisies par cette vérité : Celui qui est dans le monde est grand, immensément grand, bien trop grand pour que vous l'attaquiez seul. Mais plus grand, oui, plus grand est l'Autre. De ce comparatif, aucun livre ne saurait donner une explication suffisante. « Grand » se rapporte à l'Ennemi. Celui-là seul qui résiste peut comprendre l'étendue de ce qualificatif. Mais, — ah ! voilà un mais que nous accueillerons de nos bénédictions ! Tout Évangile est là, dans ce mais. Toute la puissance d'une vie d'obéissance parfaite à Nazareth, le sacrifice d'une vie sur le Calvaire, et un matin de Résurrection triomphante sont dans ce mais. — Mais, Lui, le Vainqueur est plus grand. L'intensité du combat que vous livrez vous donne la mesure de la puissance du comparatif « plus grand ».
Revenons maintenant à la biographie de Satan. Elle contient sept chapitres. Mais chacun peut être abrégé et réduit de manière à ce que l'ensemble puisse être facilement gardé par nos mémoires.
I. Le premier traitera de ce qu'était Satan à l'origine, avant qu'il devînt Satan. Il fut appelé ainsi plus tard, après que son caractère se fût transformé. Au premier abord, quand il était tel que Dieu le créa dans son grand Amour, ce « Prince » était une créature dont la personne était d'une rare beauté et possédait la sagesse remarquable, la puissance immense et l'élévation d'un haut dignitaire.
Ces paroles de Jésus si pleines de clarté : « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair » (Luc 10 : 18), permettent de faire des déductions sur cette première phase de la carrière de Satan. Weymouth, dans une note, donne cette autre traduction plus longue, mais plus exacte : « Je contemplais (1) et voilà, Satan fut précipité avec la rapidité de l'éclair traversant le ciel. »
Rapprochons cette parole d'autres passages analogues que contiennent les différents livres des Écritures, et l'on se rendra compte qu'elle se rapporte clairement au début glorieux de la carrière de Satan.
(1) Autrefois, dans le passé.
Le tableau d'Ézéchiel
Dans le livre de ce prophète, notre attention est attirée par un passage remarquable concernant Satan. Trois chapitres s'étendent sur le royaume de Tyr. L'une de ces villes-royaumes des temps antiques située en Phénicie, sur la côte méditerranéenne, au nord-ouest du territoire occupé par Israël, Tyr, était l'un des plus prospères, des plus puissants, des plus arrogants royaumes de ce temps-là. Sur ce point, il n'y a pas l'ombre d'un doute. L'on pourrait même renforcer de beaucoup les qualificatifs sans dépasser les limites du vrai. Ézéchiel commence par prophétiser sur toutes les grandes nations qui entouraient alors Israël. Puis, les chapitres 26, 27 et une bonne partie du 28° contiennent un message qui est le jugement de Tyr et qui se termine par une péricope remarquable entre toutes : chapitre 28, versets 1 à 19. Les 10 premiers versets s'adressent au « Prince de Tyr ». Les neuf derniers concernent le « Roi de Tyr ». Les premiers renferment un appel pour le « Prince ». Les autres sont des lamentations sur le Roi ». Nous remarquerons que le titre de « Prince » est inférieur à celui de « Roi ». Un prince est sous l'autorité du roi. Un roi règne sur ses princes qui, à leur tour, peuvent gouverner ceux qui sont au-dessous d'eux.
Le langage employé ici en s'adressant au prince, pourrait fort bien convenir à un homme quelconque. On va même jusqu'à le désigner sous le nom d' « homme ». Tandis que le langage qui s'adresse au roi diffère totalement de celui dont on se servirait pour un homme. Il ne peut convenir que pour un roi. Mais ce qu'il y a de plus étrange, c'est ce même esprit qui anime le prince et le roi. Le même trait essentiel les rapproche. Le prince paraît être la réplique du roi. Une même beauté, une même sagesse, une même puissance et une même insubordination envers Dieu les caractérisent tous deux.
Gardons toujours présent à l'esprit que le Livre de Dieu est écrit du point de vue de Dieu. Les choses terrestres sont vues comme Dieu les voit. Il faudrait ne jamais l'oublier. Le Saint-Esprit semble nous peindre ici le tableau des choses humaines telles qu'Il les voit du haut des cieux.
Un homme parmi les humains est reconnu souverain du Royaume de Tyr. Un autre souverain, que les hommes ne peuvent voir, règne sur le souverain de Tyr et le domine si entièrement que ce lieutenant accomplit parfaitement les desseins de son chef. Et pourtant ce prince de Tyr est un des plus puissants rois de la terre de ce temps-là. Ainsi, tous les rois de la terre seraient des « princes » et Celui qui est Esprit, Celui qui est invisible et d'un rang supérieur serait leur souverain.
C'est là l'exemple parfait d'une organisation impeccable. Celui qui est le plus grand, invisible aux yeux de ceux qui sont dans l'action sur la terre, accomplit ses desseins par l'intermédiaire d'un subordonné.
Le second passage (vers. 11-19) se rapporte au « Roi ». Il semble simplement décrire à grands traits cet Esprit dominateur, invisible, dont l'emprise sur ce puissant roi de Tyr, son lieutenant, est absolue. L'image qui le dépeint au début de sa carrière est magistrale, d'une richesse et d'une précision remarquables. Non seulement sa beauté physique et sa sagesse étaient prodigieuses, mais son langage était aussi ineffable que s'il venait de Dieu Lui-même. Ses qualités avaient atteint les limites extrêmes de la plénitude.
Ses rapports avec Dieu étaient des plus étroits. Écoutez : « Tu étais un chérubin protecteur, aux ailes déployées ; tu étais sur la sainte Montagne de Dieu ! tu marchais au milieu des pierres étincelantes
Sans aller chercher pour l'instant l'exacte signification de ces paroles, disons qu'elles évoquent clairement l'étroite intimité et l'entente qui régnaient entre Dieu et cette exceptionnelle créature » (Ézéchiel 28 : 14-15).
La rupture avec Dieu
II. Après le premier chapitre de cette étrange biographie, voici le suivant : « Ton coeur s'est élevé à cause de ta beauté ; tu as corrompu ta sagesse par ton éclat. » « L'iniquité a été trouvée chez toi, tu as péché. (Ezéch. 28 : 15-16). C'est là le simple exposé de la cause initiale (de la racine) de son péché et vous reconnaîtrez sans difficulté que c'est là l'origine commune à tout péché. Son péché et le nôtre sont cousins germains. Il s'est préféré à Dieu. Il considérait sa beauté et sa sagesse comme des biens personnels, qu'il possédait en propre. Plus encore : il voulut les faire servir à sa cause au lieu de les consacrer à Dieu et de les employer pour sa gloire. Ils venaient de Dieu, la source de tous dons parfaits ; ils dépendaient de Dieu, leur aliment ; ils étaient pour Dieu, leur raison d'être. Satan ramena tout à lui. L'essence du péché est là tout entiere : se préférer soi-même à notre Dieu d'amour.
Les paroles que prononce le lieutenant de Satan sur la terre, ce dernier le dominant si pleinement, dévoilent plus clairement encore les desseins les plus intimes de son coeur. Tu as dit : « Je suis Dieu ; je suis assis sur le siège de Dieu . Tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu. Rediras-tu encore : « Je suis Dieu ? » (Ezéchiel 28 : 2 et 9).
Nous mettons ainsi le doigt sur le péché lui-même. Il est une rébellion contre Dieu, une usurpation de son trône. L'étonnant est qu'il en soit toujours ainsi entre l'homme et Dieu. Il est rare, sans doute, que l'homme exprime des pensées aussi nettes, aussi précises et aussi hardies que celles rapportées plus haut. Il les fait pourtant passer dans sa vie avec non moins d'audace. Et le résultat fatal, conséquence logique d'une telle attitude, ne se fait pas longtemps attendre. « Je t'ai précipité de la montagne de Dieu, et je t'ai fait disparaître, chérubin protecteur, du milieu des pierres étincelantes. » (Ézéchiel 28 : 16). Tel est le passage impressionnant où Ézéchiel parle de la part de Dieu Lui-même. Il décrit simplement, avec concision et clarté, les deux premières phases de la carrière de ce prince. D'abord, la grande beauté, la rare sagesse et l'étroite amitié avec Dieu. Puis, la triste rupture.
L'expression par trois fois répétée par notre Seigneur (Jean 12 : 31 ; 14 : 30 ; 16 : 11.) « Le Prince de ce monde » autorise à conclure, en ce qui nous concerne, que la terre lui fut assignée comme royaume à administrer. Il paraît en avoir été le Prince légitime, mais il s'est montré traître à son 'maître en devenant infidèle à la charge qui lui avait été confiée. L'Usurpateur tenta de s'approprier le contrôle de ce monde comme s'il lui appartenait en propre et trompa l'homme (à qui le pouvoir sur la terre avait été donné) et le persuada de lui obéir à lui, Satan, en s'opposant à Dieu de toutes ses forces.
III. Le troisième chapitre concernant Satan correspond aux temps présents. Il est extrêmement long. Il commence à sa rupture avec Dieu pour s'étendre, à travers les siècles, dans l'histoire de notre terre et se continuer jusqu'à la fin du présent état de choses. Le but de Satan est d'arracher complètement l'homme et la terre à Dieu pour se les attacher entièrement à lui. Aux deux tiers de ce chapitre, la grande crise qui bouleverse sa carrière survient : c'est le prodigieux événement du Calvaire où son compte est réglé définitivement, tout au moins en ce qui concerne notre terre et notre race.
IV. Le quatrième chapitre se rapporte aux temps qui suivront la période actuelle, quand notre Seigneur reviendra établir son Royaume sur la terre et quand Satan sera « lié », selon le simple langage du Livre (Apocalypse 20 : 1-3.) et mis dans l'impossibilité de séduire les hommes pendant une longue période de mille ans.
V. Le cinquième chapitre nous révèle qu'il faut qu'il soit « délié » (Apocalypse 20 : 7 à 9) pour un peu de temps. Ceci peut surprendre. Il aurait semblé qu'après avoir été saisi et enchaîné une fois, il ne dût jamais lui être possible de recouvrer la liberté. Mais notre Dieu est un incomparable Souverain. C'est un Dieu d'amour. Il veut que notre amour, pur, joyeux lui soit voué librement. Ce Royaume du Millénium se composera de beaucoup d'hommes dont le serment de fidélité sera entaché de fausseté. Ils iront avec la foule et suivront le courant de leur époque. Mais au fond, ce ne seront pas les voies de Dieu qu'ils préféreront.
VI. Viendra ensuite un temps de crible final où chacun sera mis à l'épreuve. Ceux qui, au fond du coeur, préféreront le règne du Prince-Usurpateur qui rentrera en lice — et leur nombre surprendra, même parmi les gens Église — pourront en toute liberté se décider pour lui et suivre leur secret désir. Car Dieu veut un amour capable de Le suivre et des coeurs attachés à son service. C'est pour cela qu'il permettra ce temps d'épreuve — moment terrible où chacun passera par le crible (Apocalypse 20 : 7-8).
Puis le dernier chapitre s'accomplira, (Apocalypse 20 : 10) quand la crise finale sera terminée et Satan jugé. Il sera anéanti aux siècles des siècles. Telle est l'histoire de la triste carrière passée, présente et future de cette créature céleste.
(bien sûr, il y a d'autres interprétation de ce "millénium". Ce qui compte c'est l'enseignement de ce frère. -jcb-)
Une vie humaine à sa ressemblance
Il est à la fois curieux et surprenant de trouver dans l'histoire humaine une image de Satan. Un homme, en effet, en a été le type et l'a incarné, pour ainsi dire, dans sa personne et dans sa vie. Pour notre profit, le Saint-Esprit a transmis cette ressemblance avec une minutieuse fidélité. Il s'agit du caractère et de la carrière d'un roi d'Israël qui sont la réplique même du caractère et de la carrière de Satan : Saül. Avec ce souci de vérité qui est le propre du Livre de Dieu, la destinée de cet homme nous est décrite pour servir à notre instruction. Tout lecteur attentif ne peut qu'être frappé par la portée pratique de ce récit.
Faites-en la lecture rapide. Quatorze pages environ du premier livre de Samuel (I Samuel 9 à 31), suffisent à contenir la vie de Saül. Cet homme était d'une beauté remarquable et ses dispositions excellentes. Dieu le choisit pour être prince de Son peuple et pour accomplir cette mission. Il lui fit un don spécial de Son Esprit. Pendant un temps, Saül régna avec une sagesse rare. Il se montra fidèle et obéissant dans l'exécution des desseins de Dieu. Puis, il voulut s'affranchir de Dieu et agir selon sa volonté propre. Il s'obstina dans cette voie et s'y maintint. Dieu rejeta son élu et s'en choisit un autre pour le remplacer dans ses fonctions. Celui-ci devint le prince de Dieu sur son peuple. Mais Saül refusa de céder le royaume à celui que Dieu désigna pour être son successeur bien qu'il sût pertinemment que ce successeur était l'élu de Dieu et qu'il reconnût que Dieu l'avait choisi pour régner à sa place. Non seulement, il s'y refusa, mais, jusqu'à la fin de ses jours, il le combattit sans cesse avec une ténacité et une persistance sataniques. Il fut défait. A la fin de sa vie, ne sachant plus vers qui se tourner dans son inconcevable désarroi, il alla jusqu'à rechercher l'aide des démons et des esprits malins et finalement se donna lui-même la mort.
A la fin du récit une chose étonne. C'est le grand chagrin de David et les lamentations qu'il fait entendre en apprenant sa mort. Quand on songe à la méchanceté et à l'endurcissement de ce Saül, il y a bien là sujet d'être surpris.
Et pourtant celui qui connaît le cœur de Dieu, ainsi que le décrit le « Livre », un coeur si plein de tendresse, si compréhensif, celui-là sait aussi que sa sainteté ne peut que s'irriter contre le péché, le dénoncer, le condamner, le consumer et le détruire. Toutefois le grand coeur de Dieu souffre pour Ses enfants, les folies des hommes, comme pour les esprits des sphères plus élevées qui sont si tristement tombés.
Ce parallèle entre les deux princes Saül et Satan n'est-il pas extraordinaire ? Le premier prince d'Israël et le premier des chefs des Princes de l'autre monde ! Mais, à mon avis, il y a quelque chose de plus. Il y a quelque chose qui intéresse chacun de nous en particulier. Saül incarne parfaitement la vie de Satan à partir du jour où il rompit avec Dieu. La vie d'un homme peut très bien revêtir tous les traits distinctifs du caractère de Satan, le Prince-traître, et les refléter avec la fidélité d'un miroir.
Que ceci retienne votre attention et fasse l'objet de votre méditation. Et vous reconnaîtrez ensuite que l'origine, la cause de la rébellion de Satan, c'est de s'être préféré à Dieu. Il voulait faire sa volonté propre. C'était tout. Mais quelle faute terrible ! Il fut entêté et s'obstina dans cette voie. Voilà le germe, la fatale semence qui donna naissance à cette vie, à ce caractère, dont le développement atteignit de si tragiques proportions. Je me permets, très doucement, de vous poser une question : Ne se trouverait-il pas en vous une graine de ce genre ? Répondez à vous-même, dans le silence de votre sanctuaire, comme en la présence de Dieu, ayant devant vos yeux sa Sainte Parole qui sonde si profondément. Alors seulement, le Saint-Esprit toujours prompt à secourir vous aidera à mettre à nu vos mobiles les plus secrets.
Et maintenant, en terminant, ne serait-il pas bon de présenter cette requête qui s'élève de nos cœurs et de répéter cette magnifique prière de David (Psaume 139 :23-24.) « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon coeur I Eprouve-moi et connais mes pensées », c'est-à-dire, mes plus secrets désirs, mes desseins les plus intimes, mes ambitions les mieux cachées — ce ferment qui travaille sous tout le reste et qui est vraiment le mobile des actes de ma vie ! Eprouve-moi !
« Eprouve » éveille l'image du feu. Dans un creuset chauffé à blanc, un métal se réduit à l'état liquide par la chaleur, les scories se détachent et montent à la surface, en pleine lumière, pour être laborieusement enlevées. « Eprouve-moi. » Prière difficile à formuler, et pourtant, la seule acceptable maintenant. « Eprouve-moi », découvre et détruit. Que le feu m'épure ! Pouvez-vous faire cette prière ? En vérité, cela vous est possible, mais le voulez-vous ? Il y a toute une vie magnifique de pureté et de puissance au terme de cet effort. Abaisse-toi jusqu'à moi et me révèle si dans mes voies quelque chose t'attriste. Aide-moi à voir ce que tu vois ; aide-moi à m'en attrister comme toi tu t'en attristes, et conduis-moi. Et c'est ici que la volonté inébranlable de l'homme intervient : conduis-moi.
Me voici, disposé à être conduit.
Dans le passé, je ne demandais point : Toi, conduis-moi !
Je voulais voir s'ouvrir la route au loin. Toi, conduis-moi !
Mais maintenant, Jésus, j'ai fait mon choix : Il me suffit d'un seul pas à la fois.
Me voici prêt à me laisser conduire là où tu veux me mener. Détourne-moi de mes voies et me mène dans tes sentiers, dans la voie royale de l'Éternité.
Son but et son ambition « Trois acteurs »
Il existe une autre Trinité que tout homme sincère devrait connaître. Je dis s une autre Trinité ». Par cela il faut entendre que celle-ci est moins connue que l'Autre, parce qu'on en parle peu. C'est une Trinité d'acteurs. Trois personnes entrent en contact dans l'action de la vie. Trois personnes dans une même action. L'homme sincère qui, à tout prix, veut remporter la victoire dans le combat de la vie doit apprendre à connaître cette Trinité d'acteurs.
L'homme qui aspire à la pureté, qui veut être victorieux, qui refuse toute compromission clandestine ou autre avec le péché, devra être fort. Qu'il veuille écarter de lui ce sentiment rusé, sournois, subtil et tenace qui s'appelle l'égoïsme, ou qu'il cherche à le chasser et à l'anéantir complètement, sans en oublier quelque part un reste quelconque ; ou bien qu'il veuille se maintenir dans l'humilité, une humilité capable d'oubli de soi-même et de désintéressement complet, cet homme-là devra lutter. S'il veut se libérer de cet esclavage particulier qu'est l'argent par exemple, dont les entraves sont constamment à portée de vue et dont les bruits de chaînes l'assourdissent perpétuellement, où qu'il aille ; ou, s'il veut connaître la rare douceur de la possession de soi-même, il lui faudra affronter de rudes et opiniâtres combats.
L'homme sincère sait que la vie est un combat. C'est la présence du Tentateur qui la rend telle. Celui qui aura résolu en son coeur d'être fidèle à lui-même et à son Maître, aura une guerre à déclarer, des batailles à livrer, qui deviendront pour lui de véritables corps à corps.
Or cet homme, qui est ainsi aux prises avec l'Ennemi, a besoin de connaître cette Trinité. Sinon, la défaite l'attend.
Vous savez que la lutte de la vie peut avoir trois issues : l'homme peut être vaincu. Il peut avoir combattu vaillamment et pourtant être vaincu. Le cas est fréquent. Ou bien, il peut s'accorder une sorte de trêve, de compromis, et battre en retraite. Il peut décider de ne pas lutter, c'est-à-dire, de ne pas opposer de résistance à la puissance du Malin, de s'esquiver du théâtre de la lutte et jouer un rôle neutre.
Cette manière d'agir équivaut à une défaite — mais c'est une défaite déshonorante. C'est une lâcheté. Il n'y a pas de neutralité à observer là où le bien et le mal sont aux prises. L'homme que la lutte a meurtri a le réconfort de se dire qu'il a combattu. Il n'est pas un lâche. Mais notre ami « neutre » n'a pas eu le cœur de livrer un vrai combat. C'est un trop bon diplomate. Les lâches sont d'excellents diplomates. Et c'est surprenant de constater le nombre de ceux qui reculent devant la lutte à soutenir et l'abandonnent sans coup férir.
La lutte peut en troisième lieu se terminer par la victoire. L'homme résolu luttera et pourra triompher — que dis-je ? — il triomphera, s'il confie sa vie à Celui que nous bénissons, notre bien-aimé Seigneur.
Il y a donc Trinité d'Acteurs. Le premier en, tête de cette Trinité sera le Tentateur, le Prince-esprit de ce monde. Je commence par lui parce c'est lui l'agresseur. C'est lui qui attaque. C'est lui qui attire et qui perpétue la lutte à jamais. Je le nomme en premier aussi parce que nous sommes sur la terre et qu'il est le « Prince de ce monde ». Le champ de bataille est ici-bas et le Prince de ce monde s'y sent chez lui. Il en connaît les moindres recoins. Il se bat sur un terrain qui est le sien, ce qui est pour lui un grand avantage. Le lutteur doit désirer posséder des renseignements clairs et précis sur le terrain ; ils l'aideront dans son effort.
Le champ de bataille humain
Dans cette Trinité, la seconde place revient à l'homme. Il est le lieu du conflit. J'ai dit que la terre est un champ de bataille et j'ai dit vrai. L'homme est sur la terre. C'est à cause de notre présence ici-bas qu'elle devient champ de bataille. Cette terre est à nous. Elle est notre présente demeure. La domination nous a été donnée sur toutes ses richesses et sur toutes ses forces. C'est donc notre présence ici-bas qui déclenche le combat. C'est nous, les hommes, qui sommes en réalité le champ de bataille. Le Tentateur opère sur nous et en nous. Il ne peut rien sans nous. Ce n'est que par le concours de l'homme qu'il peut mener à bien ses ambitions terrestres. Tout homme est donc un champ de bataille spirituel. Il a un siège à soutenir. Si le Malin réussissait à être maître en nous — et malheureusement peu nombreux sont ceux qui savent l'écarter de leurs sentiers, même sachant que c'est lui qui est à l'oeuvre — s'il était notre maître, ce serait alors le Seigneur Jésus qui ferait le siège et chercherait par son tact, son amour, sa patience, à gagner l'accès de notre coeur. Mais nous sommes chrétiens, c'est alors Satan qui nous attaque. Et quel que soit le coeur où Jésus règne, l'Ennemi, par tous les artifices que peuvent imaginer la tromperie et la ruse, essaie avec une malicieuse perversité d'y pénétrer par quelque coin obscur ou quelque fissure. Mais — redisons-le, — mais c'est l'homme à l'intérieur qui décide. L'homme décide qui entrera et qui règnera sur sa vie. Le coeur de l'homme est un château fort. Là, il est maître-souverain. Nul ne peut entrer sans son autorisation. Il n'y a qu'un bouton à la porte du cœur de l'homme et il se trouve à l'intérieur. Le tentateur ne peut y pénétrer à moins que, de l'intérieur, ne soit tourné le bouton et qu'il ne lui soit permis d'entrer. Selon la décision de l'homme, le plateau de la balance penchera du côté de l'échec ou du côté de la victoire. Nul ne peut être meurtri par la lutte sans y avoir consenti. Et chacun peut goûter les délices de la victoire complète s'il la désire. L'homme vient donc en second dans cette Trinité, c'est lui qui est entre les deux autres. Il est au centre, au fort du combat qui fait rage autour de lui.
Un sûr allié
Et en troisième lieu vient le Saint-Esprit. La terre est aussi pour lui, momentanément, son champ d'action. Il est le représentant de notre Seigneur Jésus, et, à ce titre, revêt toute Sa puissance. Quand Jésus était sur la terre, Il se soumettait à l'autorité du Saint-Esprit et se laissait conduire par Lui. Quand Il eut achevé son oeuvre ici-bas et qu'Il eût regagné sa demeure céleste, le Saint-Esprit se soumit à son tour à Son autorité et la puissance de Jésus se manifesta en Lui. Et Il est maintenant sur la terre, le messager et le représentant de notre Seigneur Jésus, revêtu de Sa force victorieuse. C'est le Remplaçant du Seigneur Jésus Lui-même qui a été envoyé auprès de nous pour exécuter Ses plans et pour que la Victoire remportée par le Christ ici-bas, soit réalisée et vécue dans votre vie et la mienne.
C'est ici la troisième et grande personne de cette Trinité d'acteurs. C'est Lui qui, avec cet amour indicible et cette infinie patience qui le caractérise, fait le siège du coeur des hommes. Il opère entièrement par le moyen de notre volonté. Il veut entrer dans nos vies. Il désire surveiller nos tentations. Il veut être le général à la tête des forces luttant pour nous dans tous les combats. Il veut nous rendre bénéficiaires de la plénitude de la victoire de Jésus sur Satan. Cette victoire remportée il y a des siècles, Il veut la rendre présente dans votre vie et la mienne.
Il met à notre disposition toute cette science, cette habileté, cette puissance et l'énorme prestige d'une victoire déjà gagnée. Notre certitude de vaincre devient aussi réelle que la réalité même du triomphe de Jésus, le Vainqueur. Ce Saint-Esprit est notre ami personnel. Il est toujours à nos côtés et au-dedans de nous pour nous aider. Il se consacre à nous. Et par Sa présence, nous avons à notre disposition dans la lutte de la vie, toute la puissance de Dieu et toute la victoire de Jésus.
Voici donc la Trinité d'acteurs : un démon auquel il faut non seulement résister, mais qui doit être combattu ; un Esprit-Saint, dévoué à notre cause ; et l'homme, entre les deux, qui décide de la bataille par son choix. Nous savons, nous, les hommes, que notre existence est réelle. Ceci ne soulève aucun doute. Nous savons que les combats de la vie ne sont pas une illusion. L'homme qui réfléchit en convient. Eh bien ! l'existence des deux autres personnes qui animent tout le drame : Satan et le Saint-Esprit, est aussi réelle, bien que leur présence soit invisible. Il faut fixer nos regards non pas tant sur les réalités et sur les personnes visibles que sur les invisibles, car celles-ci, dans la lutte, sont de toute importance.
Le Malin doit être combattu. Et quel tenace et rude adversaire ! Mais il a contre Lui l'énorme désavantage d'avoir connu une écrasante défaite. Le Saint-Esprit lui aussi est là. Il est prêt à prendre le combat en mains, à lutter avec nous, par notre moyen. Il n'a jamais encore connu la défaite. En lui souffle l'Esprit de Jésus, le Vainqueur du Malin. Il demeure avec nous. Grâce à Lui, la victoire de Jésus se réalisera en nous. Par sa présence, la victoire nous est assurée. Combat et victoire marcheront ensemble. Mais ne l'oublions jamais, entre Satan et le Saint-Esprit se trouve l'homme qui, par son choix, décide de l'issue.
De la Puissance
Une connaissance plus parfaite du Malin nous aiderait certainement à mieux le reconnaître et à mieux lui résister. Cette connaissance nous conduirait à la Puissance spirituelle. J'aimerais donc maintenant vous entretenir sur le but et les ambitions du Malin. Savoir ce qu'il veut, connaître le motif qui le fait agir, cela nous aiderait à le démasquer quand il rôde autour de nous, quel que soit le déguisement qu'il puisse emprunter.
Dans cette recherche, il peut être utile de nous arrêter sur le sens des mots « but » et « ambition ». Le but, c'est l'orientation d'une vie. L'ambition, c'est la passion qui l'anime. Le but est ce vers quoi l'on tend. L'ambition est l'aliment de l'action qui entraîne vers le but. Le but est le terme. L'ambition est l'énergie. Le but est le point de mire. L'ambition est l'agent de propulsion.
Quel est le but de Satan ? Quelle est son ambition ? Quels sont ses desseins ? Quelle est la passion qui le dévore ? Il me semble qu'en nous arrêtant un instant pour étudier les conséquences de la possession de la puissance chez un homme, nous trouverions plus rapidement une réponse claire et précise à ces questions.
Le mot de puissance étant entendu dans son sens général : forte capacité d'action, cette puissance exerce toujours une influence déterminée sur ceux qui la possèdent. Cette influence peut être salutaire ou néfaste.
La puissance, ou bien remplit de crainte et de respect celui qui la détient, ou bien elle le « démange ». Ou bien les responsabilités qu'elle entraîne peuvent lui inspirer de l'inquiétude, ou bien elle peut susciter en lui une sorte de « démangeaison ». Ce mot peut paraître déplacé, mais il est, à mon avis, si adéquat et si expressif que son emploi s'impose pour nous aider à comprendre.
Chacun possède, sous une forme ou sous une autre, de la puissance. Les uns plus, les autres moins. La beauté peut être une puissance. Elle exerce une domination sur les autres. La puissance peut encore provenir d'une intelligence supérieure, de la culture de l'esprit, d'une personnalité qui s'impose, de la sagesse. Il y a la puissance du meneur, du chef. Celle qui procède de l'expérience de ce que l'on a déjà accompli. Il y a aussi la puissance donnée par la richesse et celle-là n'est pas des moindres, la puissance due à une haute position, officielle ou autre. Or, quels que soient notre puissance et le degré auquel nous la possédons, elle produit toujours sur nous un effet.
La possession de la puissance devrait remplir de crainte et de prudence. C'est là l'effet vrai, le bon. Car la puissance procède entièrement de Dieu. C'est Lui qui nous la donne. Elle ne s'acquiert pas. C'est un don. La pensée que Dieu nous l'a confié devrait nous remplir d'humilité et de timidité.
Et c'est aussi un dépôt de Dieu. Nous en sommes les administrateurs. Lorsque nous l'avons compris, notre humilité ne peut que grandir. Nous serons portés à prier davantage afin d'être dignes de ce dépôt et de l'utiliser de notre mieux.
Alors seulement nous pourrons le mettre au service des autres. C'est pour cette fin qu'il nous a été légué : pour les autres. Pour le bien des hommes, au nom de Dieu et pour Sa gloire ! Voilà le dessein de Dieu. Voilà la triple vérité qui se rapporte à toute la puissance que vous et moi pouvons posséder. Et cette simple constatation est suffisante pour nous faire réfléchir et nous amener à prier davantage pour que nous apprenions à nous en servir comme Dieu le désire. La possession de la puissance doit nous remplir de modestie ; c'est là l'effet désirable et salutaire.
La démangeaison de la puissance
Puis il y a l'action néfaste, par où le péché s'infiltre. C'est la « démangeaison » de tourner ses regards vers le don que l'on possède. Cela conduit à la satisfaction de soi. Le fait d'avoir de la puissance séduit. — Quelle beauté ! quelle vive intelligence ! Rien ne résiste à ma volonté, ni homme, ni chose ! Quelle habileté dans l'accomplissement de certains projets ! Je n'ai qu'à lever le petit doigt et comme tout marche ! Un seul regard, une seule parole et cela suffit ! — Il se peut que ces sentiments soient exprimés en moins de paroles et soient dissimulés sous des apparences d'humilité, mais chacun les ressent au-dedans de soi-même ; nous savons bien qu'il en est ainsi. Ils forment le fond de nos pensées. C'est un commencement de « démangeaison ». A cela s'ajoute la supposition ou même le sentiment très net que cette puissance vient de soi. On s'en attribue le mérite. C'est sa production à soi. De là cet orgueil prodigieux qui nous gonfle. Le moi prend tant d'importance que tout le reste pâlit devant lui ; on en oublie que c'est un don de Dieu. Celui qui nous a donné cette puissance est méconnu. Les regards ne s'élèvent plus vers Lui ; ils convergent sur soi-même. Au lieu de regarder à Lui, on a vite oublié que l'on n'est qu'un simple dépositaire, un administrateur.
Ce premier pas glissant entraîne vers cet autre : utiliser pour soi cette puissance. La seule passion qui nous anime alors est de rechercher par tous les moyens à faire servir notre puissance à nos fins particulières. Il se peut que de temps à autre, on enregistre des gestes pour autrui ; mais ce sont là des manifestations accidentelles que l'on est porté — et pour cause — à grossir le plus possible. Au fond, que ce soit le geste de donner ou de faire quelque chose pour les autres, le principal mobile est un sentiment d'orgueil et l'espoir d'en retirer quelque gloire.
Toute possession de puissance produit donc l'un de ces deux effets, bon ou mauvais, naturel ou pas : ou un sentiment qui porte à la crainte de Dieu, ou un sentiment grandissant de sa propre valeur.
Le grand Prince-Esprit, devenu Satan, possédait une puissance considérable par sa beauté, ses dons spirituels et intellectuels et sa haute dignité. Elle lui avait été confiée en dépôt pour la gloire de Dieu. Le véritable but de sa vie était de glorifier Dieu. C'était là le dessein de Dieu en le dotant si princièrement. Il devait administrer ce monde au nom de Dieu. Son rôle ici-bas consistait à faire ce que le Seigneur Jésus fera quand il reviendra pour établir son Royaume sur la terre. Son caractère propre était — je dis ceci très respectueusement — d'être ici-bas ce qu'a été le Seigneur Jésus. Voilà sa véritable vocation. L'exceptionnelle puissance qu'il possédait aurait dû le remplir de crainte, d'amour respectueux pour le Donateur et d'un ardent désir de fidélité dans l'administration du dépôt reçu.
La seule ambition qui aurait dû l'animer était d'aimer Dieu avec l'ardeur de la passion, d'entourer son nom de tendresse infinie. La soif de Dieu, le désir intense de Lui plaire, voilà quelle flamme eût dû brûler en son coeur. Or, quel est son but ? Quelle est son ambition ? Ils ont l'apparence de la fidélité, de la vérité, mais avec cette différence : c'est pour lui qu'il manoeuvre. Il se substitue à Dieu. Gagner le monde à lui, voilà sa seule préoccupation. Chasser Dieu pour prendre sa place ; le détrôner pour usurper son trône l'anéantir pour avoir la suprématie sur l'Univers, telle est l'oeuvre de Satan.
Il est malaisé de prononcer ou d'écrire de semblables paroles. Elles paraissent blasphématoires. Elles le sont. Tout le désir du Diable, le but vers lequel il tend avec tant d'ardeur et tant d'énergie peuvent se résumer en un seul mot : « blasphème ». Et ce blasphème est, hélas ! d'une triste fréquence dans la vie des hommes.
L'adoration de Satan
Ce qui dévore Satan, dans toute son oeuvre, c'est lui-même. Il est sa propre ambition. Une passion pour « sa personne » brûle en son coeur et avec une telle force que tout est consumé dans cette flamme. Le mot Satan peut se réduire à trois lettres : Moi. Il s'adoreet veut qu'on l'adore. En Afrique et en d'autres pays païens, le culte des démons est chose banale. Mais en ce qui nous concerne, point n'est besoin d'aller en terre païenne pour découvrir des adorateurs de Satan. Car adorer c'est aimer. Et l'esprit de Satan est tout simplement l'amour de soi, sous l'une de ses nombreuses formes. Il n'y a rien de plus commun en cette vie que l'amour de soi. Il est parfois raffiné à l'extrême. Il aime à se revêtir de phraséologie religieuse. Et cependant, partout où cet amour de soi, cette recherche de soi dominent, là sont Satan et sa convoitise. Cette affirmation exprimée si crûment ne peut que déplaire, et pour cause. On repousse même l'idée que l'un d'entre nous puisse s'adonner au culte de Satan (Il va de soi que nul n'a le droit d'en accuser son prochain). Mais si je parle de cette manière un peu brutale et si je dirige les feux de ce puissant projecteur sur les traits distinctifs de Satan, c'est afin de nous amener, vous et moi, aux pieds de Dieu, pour que Seul à seul, en sa présence, nous puissions voir en nous ce qu'Il y voit. Satan devient notre miroir. N'y aurait-il pas dans ses traits quelque chose qui rappelât les nôtres ? En attirant ainsi l'attention sur son but et son ambition avec tant d'insistance, cela ne nous ouvrirait-il pas un peu (ou même complètement) les yeux sur nos propres desseins ? — sensiblement atténués, peut-être — et encore ! Avouons que nul de nous ne peut se trouver en face de ce portrait de Satan sans être frappé de la ressemblance de certains de ses traits avec les nôtres ! Nous admettons jusqu'à un certain point que ce défaut si commun, l'égoïsme, se trouve en nous. Combien il est humiliant de découvrir que cet égoïsme est tout simplement l'esprit de Satan ! En recherchant, dans un esprit de prière, ces empreintes de Satan en nous, l'on ne peut être que péniblement affecté. Il est extrêmement douloureux de constater que, d'une façon ou d'une autre, nous l'avons servi et qu'il a compté sur notre appui pour mener à bien ses ambitieux desseins. Et pourtant, il faut bien le dire, une seule manifestation d'égoïsme est la preuve de notre association avec lui. L'égoïsme, l'amour de soi, le désir de conserver pour soi tout ce qui n'est pas indispensable à sa subsistance et de le détourner ainsi des besoins du service du Maître, cela participe déjà de l'esprit de Satan. C'est pour lui, déjà, l'accès dans nos vies. Cela ne signifie pas seulement que nous nous refusons la présence et la puissance de Dieu dans nos vies, mais aussi — ce qui est plus angoissant et plus grave encore — que nous prêtons main forte à l'Ennemi dans la réalisation de ses ambitions. Satan est un miroir qui reflète et met en relief, tout ce qui, en nous, est à son image.
Le vrai but
Il existe un autre miroir que la Parole de Dieu place devant nos yeux. C'est l'exemple du Seigneur Jésus. Je le nomme ici parce que Lui et Satan désirent tous deux nous conquérir. La grande figure de notre Seigneur ne saurait être mieux décrite que par les propres paroles qu'Il prononça sur Lui-même. Et tous les hommes s'accordent à reconnaître leur absolue vérité. Il a dit: « Je suis venu... non pour faire ma volonté, mais la volonté de Dieu qui m'a envoyé ». Tel fut l'unique but de sa vie jusqu'à la fin. En premier lieu, à Nazareth, le village qui le vit croître, dans l'échoppe du charpentier, puis pendant ses années de ministère auprès des foules affamées ; puis dans l'amertume de la souffrance de Gethsémané et dans l'indescriptible agonie de la Croix. La volonté de son Père fut pour Lui comme un doux accompagnement de musique qui ne cessa sa vie durant. Il consentit joyeusement à tous les sacrifices. Il endura sans murmurer toutes les douleurs, même lorsque le couteau incisait au plus profond de sa chair ou de son âme. Il servit avec joie parce qu'Il savait que, ce faisant, Il accomplissait le plan divin.
Le but de Sa vie fut de faire la volonté de son Père et son Père lui-même fut Sa passion. La seule recherche qui le préoccupait, le poussait, la seule fin toujours en vue, était le plan de Son Père. L'ambition qui le consumait était un amour tendre et passionné pour son Père.
Ce miroir placé devant nos yeux fait un contraste étrange avec le précédent. Peut-être n'aurons-nous pas la hardiesse de nous comparer à Jésus. Et pourtant, il se peut qu'au tréfonds de notre être, notre désir le plus ardent et le plus cher, celui qui prédomine sur tous les autres, soit de Lui ressembler. Ce fut le désir, l'ambition, la passion de tous Ses disciples à travers les âges. Partout où l'on permet à son Esprit de régner, cette volonté triomphe et devient la plus forte. Remarquons que l'un ou l'autre de ces deux exemples doit inspirer la vie d'un homme : ou celui de Jésus, ou celui de Satan. Et si nous n'appartenons pas à un camp, nous appartiendrons à l'autre. Pas de juste milieu. Si nous nous éloignons de la volonté de Dieu, c'est du côté de Satan que nous irons. Il en profitera pour se servir de nous. Et de la même manière que nous aurions été soumis à Dieu, de la même manière nous le serons à Satan. Car la consécration et la soumission qu'il exige sont semblables à celles de Dieu, ni plus ni moins.
Un thermomètre sensible
Que l'homme réfléchi et intègre examine un instant ses mobiles les plus intimes à la lumière de ce qui suit, non point avec un esprit morbide d'extrême introspection, mais avec un simple et sain regard intérieur. Il n'est pas de thermomètre plus sensible que celui de l'argent. Plus que tout autre, il peut nous renseigner sur le degré de notre passion à faire la volonté de Dieu. Que chacun de nous se demande à soi-même, dans le secret du sanctuaire intérieur, si l'argent dont il dispose est employé comme Dieu le voudrait, ou s'il sert à satisfaire ses propres désirs. Rappelons-nous qu'il est juste de l'employer, dans une certaine mesure, pour soi, et de mettre à part ce qu'il faut pour son bien-être et le maintien de ses forces. Mais rappelons-nous aussi que la passion qui brûle dans le coeur de notre Seigneur est que tous les hommes parviennent à la parfaite connaissance de son amour et de la mort qu'Il souffrit pour eux. Aujourd'hui les deux tiers de l'humanité n'ont pas encore entendu parler de Lui et l'autre tiers Le connaît fort mal.
Je ne fais pas ici allusion à cette règle excellente, que certains se sont imposés, de donner consciencieusement la dixième partie de leurs revenus. La question placée devant vous est bien plus haute. Jusqu'à quel point la préoccupation de l'emploi de l'argent que je possède est-elle subordonnée à la passion de mon Seigneur pour ceux qui ne le connaissent pas ? La réponse à cette question ne peut être faite qu'à soi-même et à son Maître, non du bout des lèvres, mais en s'appuyant sur des faits. Quelle est exactement la proportion de l'argent gardé en notre possession pour nos besoins personnels et quelle est celle réservée à satisfaire l'amour qui brûle dans le coeur de Dieu pour le Monde ?
Ce thermomètre n'est pas le seul dont on puisse se servir, mais c'est peut-être le plus sensible. C'est souvent celui qui peut le mieux nous faire toucher du doigt jusqu'à quel point l'intensité de l'amour de Dieu influe sur l'intensité du nôtre. L'écart entre la plénitude de l'amour de Dieu et le nôtre laisse un espace dont Satan profitera pour se servir de nous.
C'est donc une angoissante question ! La prière de David peut être citée ici à nouveau. Elle prendra un sens tout autre à la clarté de ce qui vient d'être dit : — Sonde-moi, ô Dieu, sonde mon coeur et révèle-moi ce que tu y découvres. Eprouve par le feu mes passions et mes désirs et montre-moi les impuretés que tu y trouves. Vois s'il est en moi des fautes qui te peinent et révèle-les moi une à une et autant que je puisse le supporter. Et — je me demande si notre courage ne faillira pas et n'hésitera pas devant cette dernière requête — détourne-moi de cette voie et me mène dans tes sentiers, les sentiers tracés par notre Seigneur Jésus, la route royale de l'éternité.
Sa défaite Grand — plus grand
Satan est en voie de tomber dans l'oubli. Il en résulte un grand danger aujourd'hui, non seulement pour les peuples chrétiens, mais pour les autres. On l'ignore là même où sa présence ne fait pas l'ombre d'un doute. Il existe parmi les gens sérieux et pieux une mentalité qui étonne. Ils estiment que tout ce qui concerne Satan est un sujet effrayant qu'il vaut mieux laisser dans l'ombre et qu'il faut continuer à faire de son mieux en comptant sur la grâce de Dieu. A la pensée du Diable, un frisson d'effroi, voisin de l'horreur, parcourt tout leur être. Cette attitude contrecarre celle, claire et précise, par laquelle on pourrait lui résister avec plus d'intelligence et de succès au nom du grand Vainqueur. Satan ignoré et oublié garde ainsi toute sa liberté d'action. C'est un immense danger.
Il est un autre risque, moins fréquent celui-là, mais non moins réel. Une étude mal faite de la Bible peut nous entraîner à attacher trop d'importance à notre Ennemi. A moins de se tenir sur ses gardes, on serait facilement porté à se le représenter plus puissant et plus fort qu'il n'est. Cela aussi est un piège. Les extrêmes participent toujours de l'erreur. Nous essaierons de nous maintenir dans l'équilibre, bien que ce soit l'attitude la plus difficile et la plus rare : ni diminuer ni exagérer l'importance de Satan. Un clair aperçu tracé à grands traits, qui nous le représenterait ni trop petit, ni trop grand, serait d'une considérable utilité pour la résistance qu'il nous est demandé de lui opposer. Ainsi notre lutte contre lui serait vraiment efficace.
Pour éviter une crainte exagérée de notre Ennemi, ne perdons pas de vue une double tactique.
PREMIÈRE TACTIQUE : rapprocher toujours le nom de Jésus de celui de Satan.
Avoir constamment à la pensée la présence de Satan, grand, hardi, malin, toujours aux aguets, dépasse nos pauvres moyens. Souvenons-nous de Jésus. Il a vaincu le Malin. Il est son plus redoutable adversaire. Vous et moi ne sommes pas de taille à nous mesurer avec Satan. Nous serions rapidement mis hors de combat. Seuls, nous ne saurions tenir longtemps contre lui, et lui — quelle ineffable bénédiction pour nous — lui, ne peut tenir tête, un seul instant, à notre Seigneur Jésus. Rapprochons donc toujours ces deux noms. SATAN puissant, rempli d'artifices, tenace et agressif. Prudents à son égard, ayons une perspicacité intelligente, éveillée et profonde pour le dépister. Et JÉSUS, plus grand, plus fort que lui, jusqu'au point d'être le Tout-Puissant, inspirateur de sagesse dans les conflits, plein de ressources dans la lutte et qui se charge de toutes les initiatives.
DEUXIÈME TACTIQUE : ouvrir la voie à Dieu.
L'avantage de lutter contre un Ennemi déjà vaincu est considérable. Il connaît les aiguillons, la déception et le découragement de la défaite. Tandis que tout l'élan, l'entrain, la joie et la facilité du combat que crée l'assurance de la victoire déjà gagnée, nous sont acquis par le Seigneur Jésus. Nous devrions chanter en luttant. Au Psaume 50, il se trouve un magnifique verset qui est d'un grand secours au fort de la bataille. Le voici : « Offre pour sacrifices à Dieu tes actions de grâce, et invoque-moi au jour de la détresse. Je te délivrerai et tu me glorifieras. » Cette délivrance est déjà accomplie. Par nos actions de grâces (qui représentent la plus haute expression de la foi) nous fournissons à Dieu le moyen de Se manifester à nouveau dans nos vies par la victoire gagnée.
Chantez en combattant ! Tonnez, vous, orgues puissantes ; éclatez en torrents de mélodieux accords et que vos voix entonnent de joyeux chants d'allégresse et de triomphe. Car notre Ennemi est vaincu ! Le Seigneur, notre Ami, est le Vainqueur. Notre résistance permettra que sa défaite devienne une réalité dans nos vies et nous la mettrons au service des autres !
Il semble étrange peut-être de parler de lutte quand l'Ennemi est vaincu et bien vaincu. Généralement, une bataille décisive, une défaite écrasante règle un conflit. Nous nous expliquerons sur ce point dans un prochain entretien. Pour le moment, il nous suffit de savoir que celui qui lutte contre nous a déjà goûté l'amertume d'une défaite accablante.
Nous comprendrons d'autant mieux cette défaite que nous aurons clairement établi la différence qui existe entre l'Esprit de Jésus et celui de Satan.
Le « moi » domine l'Esprit de Satan, nous l'avons vu, et aussi l'orgueil qui est une affirmation du moi et un sentiment de satisfaction personnelle, de suffisance et de vanité, d’affranchissement de toute dépendance, y compris de celle de Dieu.
Le sentiment de sa propre compétence a pour conséquence immédiate la séparation d'avec Dieu. Nous n'avons plus besoin de Lui. Son aide ne nous est plus nécessaire...
L'égoïsme ne se contente pas d'ignorer Dieu. Il est sourd aux besoins des autres. C'est directement de Satan que nous vient l'amour du luxe qui est de l'égoïsme pur et simple. Tout ce qui contribue au maintien de nos forces est une nécessité ; tout ce qui dépasse cette limite devient du luxe. L'amour de soi engendre toujours l'amour du luxe, et le luxe, on peut le supposer, produit quelque part de la souffrance.
L'Esprit qui remporta la victoire
Il est un Esprit diamétralement opposé à celui que nous venons de décrire. C'est celui dont Jésus était animé quand Il vivait sur la terre. Il fut la personnification de l'Esprit d'abnégation et de total renoncement à soi-même. Il ne tomba jamais dans les extrêmes. Il n'alla pas jusqu'au mépris des choses nécessaires au maintien des forces dont un homme a besoin. Il n'abusa pas non plus de ses forces, bien que ce fût là une de ses constantes tentations, comme chez tout homme qui prend à coeur les besoins des autres et qui en souffre. Pour l'amour des multitudes, Il tint à conserver ses réserves afin de prolonger le plus possible un ministère fécond parmi elles. Le souci des autres inspira sa vie entière.
C'est un sentiment plus profond encore qui explique l'attitude du Maître dans sa vie quotidienne. Il gardait en son coeur la passion pour la volonté de son Père. Oui, au lieu d'un amour immodéré pour soi, la passion pour Dieu ! C'est par l'obéissance constante de sa vie que cet amour se fait le mieux saisir. Jésus sut obéir. Toute sa vie n'est qu'obéissance. Tel est le secret de son action. Cherchez à pénétrer, comme par une incision profonde, tel trait de son caractère et vous découvrirez toujours que c'est l'obéissance qui demeure à la base. L'obéissance est le summum de l'amour. C'est dans l'obéissance qu'il trouve son expression parfaite. Jésus fut obéissant non seulement dans la vie, mais jusque dans la mort, dans la mort la plus ignominieuse qui se puisse imaginer, accompagnée des cruautés et des indignités que seul le péché pouvait inventer.
L'esprit de Jésus est donc en résumé une passion pour son Père qui va jusqu'à l'oubli de soi, dans une joyeuse obéissance, même dans la plus vive souffrance et jusqu'au sacrifice le plus dur de sa vie.
Ce vif contraste entre les deux esprits, celui de Jésus et celui de Satan nous aidera à comprendre combien la défaite du Malin fut décisive. Il nous fera entrevoir aussi la voie que, de notre côté, nous devrons suivre, la seule voie par laquelle nous puissions vaincre sur le champ de bataille de chacune de nos vies.
Vaincu par une vie
Le Seigneur Jésus a vaincu Satan. Il y eut deux phases dans cette victoire. La première fut la vie qu'Il vécut. Cette vie embrasse trente-trois années environ. Elle fut une longue bataille et l'apparente et retentissante défaite qui la termina ne rendit que plus décisive sa victoire sur Satan.
La vie à Nazareth vient en premier lieu. Un seul mot la résume et la décrit : l'obéissance, mot si simple et si sublime à la fois. Il obéit depuis les premiers moments où Il commença à prendre conscience de sa mission jusqu'aux années de croissance et de maturité.
Il accepta la routine de la vie ordinaire : maison blanchie à la chaux, société d'ouvriers, ses compagnons de travail, rustres villageois. Il accepta les heures de travail prolongées dans l'atelier de menuiserie, à planter des clous, raboter, réparer les charrues et les jougs pour des clients parfois difficiles à satisfaire. C'était ce que son Père voulait pour lui. Si nous rapprochons cette description de la vie à Nazareth de celle qu'Il avait vécue auprès de son Père, nous serons confondus par tant d'humilité.
N'eut-il jamais la tentation, à certains jours de cette vie à Nazareth, de quitter cet humble cercle ignoré, et d'aller au loin pour annoncer aux hommes qui Il était et pourquoi Il était venu ? Observez-le. Il est, disons, dans sa vingt-huitième année, dans la force de l'âge. Et pourtant, Il continue à vivre la vie fermée et routinière de ce coin retiré, dans les limites étroites de sa petite demeure aux murs étriqués, se levant tôt, vaquant aux occupations habituelles d'un foyer, descendant dans la rue et saluant d'un joyeux « bonjour » voisins et compagnons de labeur ; puis à l'atelier, le voilà réparant une table, polissant soigneusement le manche d'une charrue, besognant jusqu'à l'heure où Il se dirige vers sa demeure pour le repas frugal dans le cercle intime de sa famille et prenant part à la conversation. Puis, très vraisemblablement, le voilà causant avec sa mère du budget familial, partageant ses soucis et l'aidant à établir l'équilibre entre les ressources et les besoins de chaque jour, et ainsi de suite...
Quelqu'un ici aurait-il des doutes sur la réalité des tentations s'insinuant traîtreusement à cette époque dans le coeur de Jésus ? : « Que fais-tu ici, dans ce coin perdu ? Toi, le Fils de Dieu ! (ce n'est pas alors le « si tu es » de la première tentation). Tu as une mission pour le monde entier. Ce monde est un pauvre monde aux besoins nombreux et urgents ! Ce monde, tu dois le racheter ! Tu n'es pas à ta place ici ! Proclame-toi fils de Dieu, pour le bien du monde. »
Ne pensez-vous pas que des voix subtiles ont dû lui souffler de semblables paroles aux oreilles et qu'il a dû les entendre ? Mais fidèlement, sans broncher, Il continua à vivre dans le cercle tracé, avec une obéissance parfaite, jusqu'au moment où la voix du Père lui permit d'aller de l'avant.
Un combat ininterrompu
Par son obéissance, Il s'opposa ensuite à la personne et à la vie du Prince-traître de ce monde, devenu indigne du titre que Dieu lui avait donné. Il sapa et mina la domination que Satan avait acquise sur les hommes et sur la terre. La constante tentation qui le guetta fut de se détourner, ne serait-ce que de l'épaisseur d'un cheveu, de la volonté de Dieu. Il lui résista toujours par la soumission. Et par elle, Il fut l'ouvrier de la défaite finale du Prince-Usurpateur.
Vint la tentation dans la solitude du Désert. Son ministère public eut pour prélude ce formidable et subtil assaut du Tentateur. Mais, à nouveau, notre Seigneur maintint ses positions, inébranlable dans l'acomplissement de la volonté de son Père. La même obéissance qui fit la victoire de Jésus à Nazareth, fit son triomphe au Désert.
Ensuite, s'écoulèrent les trois années et demi de ministère public. Années où la tentation se fit plus raffinée et plus violente encore, les assauts plus intenses et plus variés, la lutte plus acharnée et plus serrée. Il est impressionnant, effrayant même de se pencher sur notre Seigneur et de constater l'extrême tension de son Esprit à certaines heures d'assauts redoutables. On entend sa respiration profonde. On recule devant la sueur dont ses tempes sont humides, ses mâchoires serrées et l'on peut saisir la prière intense et muette qui s'échappe de ses lèvres. Il ne broncha ni ne faillit jamais. Il fut un vainqueur de tous les instants grâce à cette fidélité au chemin tracé par Dieu. Et sa victoire, c'est la défaite de l'Ennemi. Chaque heure qui, une à une s'égrène, approfondit et intensifie cette défaite. C'est déjà dans sa vie et par sa vie que Jésus vainquit Satan.
Le point culminant
Et le point culminant fut atteint : la défaite par la mort. Jésus fut obéissant non seulement dans sa vie mais jusque dans la terrible épreuve qu'est la mort, que dis-je, dans la plus cruelle, la plus ignominieuse de toutes les morts, dans la mort de la Croix. Il n'a pas hésité à accepter cette mort. Et puisque Jésus persistait à vouloir obéir jusque dans la mort, Satan, lui, voulut y ajouter des raffinements de souffrances pour que le Christ en connût les plus terribles atteintes.
Or, par sa mort, Jésus remporta une triple victoire qui fut pour Satan une triple défaite. Le péché de Satan avait, en effet, jeté du désordre dans le gouvernement divin de l'Univers ; il avait terni la gloire de Dieu et rendu l'homme esclave. La mort de Jésus fut un coup porté à l'emboîture de la hanche de l'Ennemi : il compromit ces trois résultats. Il vengea la Souveraineté de Dieu et sa Gloire bafouée. Il délivra l'homme de tout esclavage. Il fléchit son coeur par l'Amour.
L'homme dont le coeur est brisé par cet amour sans pareil retourne à Dieu. « Et par la mort de Jésus, la justice de Dieu est manifestée en proclamant juste tout homme qui croit en Jésus. » (Romains 3, vers. 26, traduction . Et l'empire de Satan fut à jamais ébranlé dans ses fondements.
De même que sa mort fut le point culminant de son ministère, de même la Résurrection fut celui de sa mort. Notre Seigneur, de Lui-même, se livra aux étreintes de la mort, puis descendit dans les entrailles de l'enfer en notre nom, à notre place, comme notre substitut. Ayant complètement défait Satan par cet acte, Il ressuscita de sa propre Volonté et reprit vie. Par la Croix, Il fut vainqueur du péché. Par sa Résurrection, Il fut vainqueur de la mort. Ce fut autant de victoires remportées sur l'Ennemi.
Et toutes les fois que l'on articule le mot « Victoire », c'est le mot défaite que l'on épelle en accentuant chaque syllabe. Détachez les cordes et carillonnez. Tintez clair et haut, vous, cloches bénies ! Résonnez, orgues puissantes en des accords d'une allégresse nouvelle ! Notre Seigneur est Vainqueur ! Notre Adversaire n'est plus qu'un ennemi tristement frappé.
La seconde défaite
Puis il est une seconde défaite. Mais, dites-vous en vous-même, pourquoi une seconde ? La réponse à cette question est d'une portée extrêmement pratique pour votre vie et la mienne. La première défaite fut infligée sur le champ de bataille de la terre. La deuxième doit avoir lieu sur le champ de bataille de la vie de chaque homme. Tout homme décide de sa propre vie et de l'issue de ses batailles (nous l'avons vu) par son choix personnel. Tout homme est le maître de sa propre volonté. Or, chacun peut se réclamer de ce que le Seigneur a fait pour lui. En notre nom, Il a vaincu Satan. Nous devons, chacun, nous réclamer de la puissance de cette victoire sur le champ de bataille de nos vies.
Jésus nous a enseigné à prier ainsi : « Ne nous laisse pas tomber dans la tentation, mais délivre-nous du Malin . Il fut induit en tentation, mais Il remporta la victoire sur la tentation. Tandis que nous, les hommes, nous avons été tentés et nous n'avons pas su triompher. Mais au nom de Jésus, le Vainqueur, nous pouvons, au milieu de nos tentations, nous réclamer de la victoire du Maître. En dehors de cet appui, nous sommes faibles. Le jardin d'Eden le prouve, ainsi que l'expérience de tout homme, dans sa vie de chaque jour, depuis la création du monde.
Ainsi, seuls, nous ne saurions supporter la tentation. Il faut nous pénétrer de la force d'un Autre, de la victoire d'un Autre.
« Ne nous laisse pas tomber dans la tentation », signifie que nous nous attachons aux pas de notre Vainqueur et que nous nous réclamons de ce qu'Il a fait pour nous. Mais c'est à chacun de nous de comprendre tout cela. Et avec le plus grand respect, j'ajoute, que notre Seigneur ne peut pas livrer mes batailles et lutter contre mes tentations à ma place. C'est Lui qui a remporté ma victoire, mais il m'appartient à moi, par ma ferme volonté, de m'approprier cette victoire.
La seconde bataille se livre donc sur le terrain de ma volonté fortifiée par la puissance du Seigneur Jésus. Et cette victoire peut devenir aussi radicale et décisive dans ma vie que celle remportée par Jésus sur la Croix et au matin de la Résurrection.
Permettez-moi de clore cet entretien en vous expliquant brièvement comment cette victoire peut devenir pour moi une réalité de chaque jour ? Tout d'abord je me confie dans la puissance du sang de Jésus. Nous remportons la victoire à cause du sang de l'Agneau (Apocalypse 12 : 11). Nous nous réclamons de son efficace et nous nous attendons à sa toute-puissance, dans nos conflits.
Et puis vient l'entier et joyeux abandon de notre vie à la domination de notre grand Ami, le Vainqueur. Par cet acte, nous reconnaissons la souveraineté ineffable du Saint-Esprit et nous nous y soumettons. Nous lui cédons le pas dans toutes les circonstances et dans tous les gestes de notre vie, si bien que cette habitude devient comme une fonction naturelle, comme la respiration, par exemple.
Et ce faisant, nous acquerrons aussi la même facilité d'obéissance, la même humilité, la même sympathie tendre et aimante pour les hommes, la même simplicité de vie, la même bonne volonté à se sacrifier pour les besoins d'autrui, qui furent les caractéristiques de Jésus, notre Seigneur.
Ce sera là le niveau spirituel qui deviendra notre cible habituelle. Car le Saint-Esprit verse en nous la vie et l'esprit de Jésus.
Puis, en ce qui concerne Satan, nous apprendrons à mieux le reconnaître. Reconnaître la tentation là où elle est, c'est déjà une bataille à moitié gagnée. Et, dépistée, la tentation devra être combattue avec une résistance acharnée et constante.
« Résistez au diable et il fuira loin de vous. » (Jacques 4 : 7, I Pierre 5 : 8-9). Il sait qu'il est vaincu. Il sait qu'il lui est impossible de résister quand on lui oppose la victoire de Jésus. Alors, il s'éloigne à contrecœur et furieux peut-être, mais il s'éloigne quand même devant la puissance du nom de Jésus.
Résistez à Satan sans relâche et avec audace. Apprenez à discerner son pas, sa voix et ses supercheries. Ensuite, livrez-lui le combat au nom du Vainqueur et Satan connaîtra sa deuxième grande défaite sur le champ de bataille de votre vie.
à suivre