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Sermon 40 : (1741) LA PERFECTION CHRÉTIENNE
Philippiens 3,12 Non que j'aie déjà atteint le but, ou que je sois parvenu à la perfection
Il
n'y a peut-être pas dans l’Écriture sainte un mot qui ait causé
plus de scandale que le mot perfection. Bien des personnes ne peuvent
pas même souffrir de l'entendre prononcer ; il leur est en
abomination, et quiconque prêche la perfection, ou, en d'autres
termes, enseigne qu'elle est réalisable dans ce monde, court grand
risque d'être, à leurs yeux, mis au-dessous d'un païen ou d'un
péager.
Aussi plusieurs nous ont-ils conseillé de mettre complètement de côté ces expressions, parce que, disent-ils, « elles ont causé tant de scandale ». Mais ne se trouvent-elles pas dans les oracles de Dieu ? Et s'il en est ainsi, de quel droit un messager de Dieu les mettrait-il de côté, alors même que tous les hommes en seraient scandalisés ? Ce n'est pas de cette manière que nous avons appris Christ, et il ne faut pas que nous donnions ainsi lieu au diable. Tout ce que Dieu a dit, nous le dirons, « soit que les hommes écoutent, soit qu'ils n'en fassent rien (Ézéchiel 2 : 5) ; » sachant qu'un ministre de Christ ne peut être « net du sang de tous les hommes », que lorsqu'il n'a pas craint de leur « annoncer tout le dessein de Dieu (Actes 20 : 26,27) ».
Nous
ne pouvons donc pas mettre de côté ces expressions, puisqu'elles
sont les paroles de Dieu et non celles de l'homme. Mais ce que nous
pouvons et devons faire, c'est d'en expliquer le sens ; afin que
ceux qui sont sincères de cœur ne s'écartent ni à droite ni à
gauche du but et du prix de la vocation céleste. Cela est d'autant
plus nécessaire que, dans notre texte, l'apôtre parle de lui-même
comme n'étant pas parfait : « Non, dit-il, que je sois
déjà parvenu à la perfection » ; et néanmoins,
immédiatement après, au verset 15, il parle de lui-même, et de
beaucoup d'autres, comme s'ils étaient parfaits : « Nous
tous donc, dit-il, qui sommes parfaits, ayons ce même sentiment ».
En
vue donc de lever la difficulté qui résulte pour nous de cette
contradiction apparente, ainsi que pour éclairer ceux qui tendent
vers le but et pour retenir sur le bon chemin ceux qui seraient en
train de s'en écarter ; je m'efforcerai de montrer : Dans
quel sens les chrétiens ne sont pas parfaits : et dans quel
sens ils sont parfaits.
I
En
premier lieu, je vais essayer de montrer dans quel sens les chrétiens
ne sont pas parfaits.
Il est évident, d'abord, d'après le témoignage de l'expérience et de l’Écriture sainte, que les chrétiens ne sont pas parfaits en connaissance ; ils ne sont pas exempts d'ignorance. Ils peuvent, de même que d'autres hommes, connaître bien des choses relatives à la vie présente, et ils connaissent, relativement à la vie à venir, les vérités générales que Dieu a révélées. Ils savent également (ce que l'homme naturel ne comprend pas, puisque c'est spirituellement qu'on juge de ces choses) « quel amour le Père a eu pour eux, qu'ils soient appelés enfants de Dieu (1Jean 3 : 1) ». Ils connaissent l'action puissante de son Esprit dans leurs cœurs, et la sagesse de sa Providence, dirigeant tous leurs pas et faisant concourir toutes choses à leur bien. Ils savent même ce que, dans chaque circonstance de la vie, le Seigneur demande d'eux, et comment ils peuvent avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.
D'autre part, elles sont innombrables les choses qu'ils ne connaissent pas. En ce qui concerne le Tout-Puissant Lui-même, ils ne peuvent Le connaître que très imparfaitement. « Voici, nous ne connaissons que les bords de ses voies ; et qui pourra comprendre le grand éclat de sa puissance ? (Job 26 : 14) » Ils ne peuvent comprendre un seul des attributs ni un seul des éléments de la nature divine ; encore moins peuvent-ils comprendre comment « il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, la Parole et le Saint Esprit », et comment « ces trois là sont un (1Jean 5 : 7) ; » ni comment le Fils éternel de Dieu « a pris la forme d'un serviteur (Philippiens 2 : 7) ». Il ne leur est pas non plus donné de connaître les temps et les moments où Dieu accomplira ses desseins suprêmes sur la terre, pas même ceux qu'il a en partie révélés, par le moyen de ses serviteurs et de ses prophètes, depuis le commencement du monde. Bien moins encore savent-ils quand Dieu, ayant « accompli le nombre de ses élus (Apocalypse 6 : 11) », établira son royaume ; quand « les cieux passeront avec le bruit d'une effroyable tempête, et les éléments embrasés seront dissous (2Pierre 3 : 10) »
Ils
ne savent pas même quels sont les motifs d'un grand nombre des
dispensations actuelles de Dieu envers les fils des hommes ;
mais ils doivent se contenter de savoir que, si « les nuages et
l'obscurité l'environnent, la justice et le jugement sont la base de
son trône (Psaume 97 : 2) ». Et souvent, à l'égard des
voies de sa Providence dans leur propre vie, le Seigneur leur dit :
« Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras
dans la suite (Jean 13 : 7) ». Il n'est pas jusqu'aux
objets qui sont continuellement devant leurs yeux, et qui sont les
œuvres visibles de ses mains, qui ne renferment pour eux des secrets
impénétrables. Ils ignorent « comment il étend le
septentrion sur le vide, et suspend la terre sur le néant (Job 26 :
7) ; » comment il unit toutes les parties de ce vaste mécanisme
par une chaîne secrète qui ne peut être rompue ; tant est
grande l'ignorance et borné le savoir, même des meilleurs d'entre
les hommes. Nul donc, dans la vie présente, n'est parfait au point
d'être exempt d'ignorance.
En
second lieu, nul ici-bas n'est exempt d'erreur. C'est là une
conséquence presque inévitable de ce qui précède ; car ceux
qui ne connaissent qu'en partie sont continuellement sujets à se
tromper sur les choses qu'ils ignorent. Les enfants de Dieu ne se
trompent sans doute pas dans les choses essentielles au salut :
ils ne font pas « les ténèbres lumière, ni la lumière
ténèbres (Esaïe 5 : 20) ; » ils ne cherchent pas la
mort dans l'égarement de leur vie, car ils sont « enseignés
de Dieu (Jean 6 : 45) », et le chemin où il les conduit,
le chemin de la sainteté, est si bien tracé que « ceux qui le
suivent, même les insensés, ne s'y fourvoieront pas (Esaïe 35 :
8) ». Mais, dans les choses non essentielles au salut, ils se
trompent, et même fréquemment. Les meilleurs et les plus sages
d'entre les hommes sont souvent induits en erreur, même en ce qui
concerne les faits, se figurant que telle chose n'a pas eu lieu
lorsqu'elle a réellement eu lieu, ou que telle chose s'est faite
lorsqu'il n'en a pas été ainsi. Ou bien, à supposer qu'ils ne se
trompent pas quant au fait lui-même, ils peuvent se tromper quant
aux circonstances dans lesquelles il s'est produit : croyant que
ces circonstances, ou plusieurs d'entre elles, ont été tout autres
qu'elles n'ont été en réalité. De là peuvent naître beaucoup
d'autres méprises : ils peuvent prendre pour de bonnes actions
celles qui sont mauvaises, et pour mauvaises celles qui sont bonnes.
C'est ainsi également qu'ils peuvent être conduits à des
appréciations erronées sur la valeur morale des hommes, non
seulement en supposant que certains hommes de bien sont meilleurs
qu'ils ne le sont, ou que certains méchants sont pires qu'ils ne le
sont réellement, mais même en prenant des gens très méchants pour
des gens de bien, ou peut-être en prenant pour des méchants ceux
qui ont été ou qui sont saints et irrépréhensibles.
Il
y a plus : à l'égard des saintes Écritures elles-mêmes,
malgré tous leurs efforts pour l'éviter, les hommes les plus pieux
sont sujets à se tromper, et se trompent journellement, surtout en
ce qui concerne ces portions de l’Écriture qui ne se rapportent
pas directement à la vie pratique. C'est ce qui fait que même les
enfants de Dieu ne sont pas d'accord sur la signification de beaucoup
de passages ; et cette différence d'opinion n'est pas la preuve
qu'ils ne soient pas enfants de Dieu aussi bien les uns que les
autres ; c'est une preuve seulement que nous ne pouvons pas plus
attendre d'aucun être vivant qu'il soit infaillible, que nous ne
pouvons attendre de lui qu'il ait la toute science.
Si
l'on objecte à ce que nous venons de dire que saint Jean, parlant de
ses frères dans la foi, dit : « Vous avez reçu l'onction
de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses (1Jean 2 :
20) », la réponse est facile. C'est comme s'il avait dit :
« Vous connaissez toutes les choses qui sont nécessaires à la
santé de vos âmes ». Ce qui prouve que l'apôtre n'a pas
voulu parler dans un sens absolu, c'est que d'abord, s'il en était
ainsi, il mettrait le disciple au-dessus du Maître, puisque Christ
lui-même, comme homme, ne connaissait pas toutes choses. « Pour
ce qui est du jour et de l'heure, est-il dit, personne ne le sait,
pas même le Fils, mais seulement le Père (Marc 13 : 32) ».
Et ensuite, comment aurait-il dit dans le même chapitre : « Je
vous ai écrit ces choses au sujet de ceux qui vous séduisent (Marc
13 : 26) ; » et pourquoi aurait-il répété si souvent
cet avertissement : « Que personne ne vous séduise »,
si ceux auxquels il s'adressait, et qui avaient reçu l'onction de la
part du Saint, n'avaient pas été sujets à l'ignorance et à
l'erreur ?
Ainsi
donc, même les chrétiens ne sont pas parfaits au point d'être
exempts d'ignorance et d'erreur. Nous ajoutons, en troisième lieu,
qu'ils ne sont pas exempts d'infirmités. Toutefois, entendons-nous
sur le sens de ce mot, et n'allons pas l'appliquer à des péchés
manifestes, comme le font quelques-uns. Tel homme nous dit :
« Chacun a son infirmité ; la mienne, c'est
l'intempérance » ; pour un autre, c'est l'impureté.
Celui-ci a pour infirmité de prendre le nom de Dieu en vain ;
celui-là l'habitude de dire à son frère : « Fou »
, ou de rendre injure pour injure. Sachez, vous tous qui parlez
ainsi, que, si vous ne vous repentez pas, vous irez droit en enfer
avec vos infirmités ! J'entends par ce mot, non seulement les
infirmités physiques proprement dites, mais toutes ces imperfections
intérieures et extérieures qui n'entachent pas le caractère moral.
Telles sont la faiblesse ou la lenteur d'intelligence, une conception
difficile et confuse des choses, l'incohérence de la pensée, la
lourdeur d'esprit, une mauvaise mémoire. Telles sont, d'autre part,
les imperfections qui sont ordinairement, dans une certaine mesure,
la conséquence des premières, savoir : la lenteur de la
parole, l'incorrection du langage, une prononciation désagréable ;
à quoi on pourrait ajouter mille autres défauts dans la
conversation ou dans la manière d'être, qu'il n'est pas besoin de
nommer. Ce sont là des infirmités qu'on rencontre chez les
meilleurs d'entre les hommes ; dans des proportions plus ou
moins grandes. Et nul ne peut espérer d'en être entièrement
délivré jusqu'à ce que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné.
Nous
ne pouvons pas non plus jusqu'alors nous attendre à être
entièrement exempts de tentations. Une telle perfection n'appartient
pas à la vie présente. Il en est, il est vrai, qui sont tellement
adonnés à « commettre toute espèce d'impureté avec une
ardeur insatiable (Éphésiens 4 : 19) », qu'ils
s'aperçoivent à peine des tentations auxquelles ils ne résistent
pas ; et ainsi ils y paraissent étrangers. Il en est aussi
beaucoup que l'ennemi rusé des âmes voit si bien endormis dans le
formalisme religieux, qu'il n'a garde de leur présenter des
tentations grossières, de crainte qu'ils ne se réveillent avant de
tomber dans le feu éternel. Je sais également qu'il y a des enfants
de Dieu qui, venant d'être justifiés gratuitement, ayant trouvé la
rédemption dans le sang de Christ, n'éprouvent pour un temps aucune
tentation. Dieu a dit à leurs ennemis : « Ne touchez pas
à mes oints ; ne faites point de mal à mes enfants (Psaume
105 : 15) ». Et pendant cette période, qui peut durer
des semaines ou des mois, il les fait monter sur les lieux élevés,
il les porte comme sur des ailes d'aigle, au-dessus des dards
enflammés du Malin. Mais cet état ne durera pas toujours, comme
nous pouvons nous en convaincre par ce seul fait que le Fils de Dieu
lui-même, pendant les jours de sa chair, a été tenté, même
jusqu'à la fin de sa vie. Que ses serviteurs s'attendent donc, à
l'être eux aussi ; car « il suffit au disciple d'être
comme son Maître (Matthieu 10 : 25) ».
Ainsi,
la perfection chrétienne n'implique pas (comme certains semblent
l'avoir imaginé) l'exemption de l'ignorance, de l'erreur, des
infirmités ou des tentations. Au fond, ce n'est qu'un autre mot pour
désigner la sainteté. Ces deux mots expriment la même chose.
Quiconque est saint est parfait, d'après l'Écriture. Pourtant nous
devons faire observer que, même dans ce sens, il n'y a pas de
perfection absolue sur la terre ; il n'existe pas une perfection
de degrés, suivant le terme usité, une perfection qui exclut le
progrès continuel. Si avancé que soit un chrétien, si élevé que
soit le degré de sainteté auquel il est parvenu, il a encore à
« croître dans la grâce (2Pierre 3 : 18) ». il a
à grandir journellement dans la connaissance et dans l'amour de.
Dieu son Sauveur.
Il
Dans
quel sens les chrétiens sont-ils donc parfaits ? C'est ce que
je vais essayer de montrer en second lieu.
Remarquons
d'abord qu'il y a plusieurs périodes dans la vie chrétienne comme
dans la vie physique. Il y a, des enfants de Dieu, qui ne sont que
des enfants nouveaux-nés ; d'autres sont parvenus à la
maturité. C'est ce qui fait que saint Jean, dans sa première épître
(1Jean 2 : 12, etc.), s'adresse successivement à ceux qu'il
appelle petits enfants, à ceux qu'il désigne sous le nom de jeunes
gens, et à ceux auxquels il donne le titre de pères. « Petits
enfants, dit-il, je vous écris parce que vos péchés vous sont
pardonnés » ; parce que vous avez fait cette expérience,
qu'étant « justifiés gratuitement vous avez la paix avec Dieu
par notre Seigneur Jésus-Christ (Romains 5 : 1) ».
« Jeunes gens ; je vous écris, parce que vous avez vaincu
le Malin » ; ou, comme il dit plus loin, « parce
que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous ? »
Vous avez éteint les dards enflammés du Malin, les doutes et les
craintes par lesquels il troublait votre première paix ; le
témoignage de Dieu, vous assurant que vos péchés sont pardonnés,
demeure maintenant dans votre cœur. « Pères, je vous écris,
parce que vous avez connu Celui qui est dès le commencement ».
Vous avez connu à la fois le Père, et le Fils, et l'Esprit de
Christ au plus profond de votre âme. Vous êtes des hommes parfaits,
ayant atteint la « mesure de la stature parfaite de Christ
(Éphésiens 4 : 13) ». Je parlerai principalement de
ceux-là dans la dernière partie de ce discours ; car ceux-là
seuls sont des chrétiens parfaits. Mais même les enfants en Christ
sont parfaits en ce sens qu'ils ne commettent pas le péché. Si
quelqu'un doute que ce soit là le privilège des enfants de Dieu, la
question ne peut pas être résolue par des raisonnements abstraits,
qui pourraient être démesurément étendus sans le moindre
résultat ; elle ne peut non plus être résolue par
l'expérience de telle ou telle personne : il en est beaucoup
qui peuvent s'imaginer qu'ils ne commettent pas de péchés quand ils
en commettent ; et, du reste, cela ne prouve rien ni d'un côté
ni de l'autre. Nous en appelons à la loi et au témoignage. « Que
Dieu soit reconnu véritable, et tout homme menteur (Romains 3 :
4) ». C'est sur sa parole que nous voulons nous fonder, et sur
elle seulement. C'est sa parole qui doit nous juger.
Or,
la parole de Dieu déclare nettement que, même ceux qui sont
justifiés, qui sont nés de nouveau dans le sens le plus élémentaire
de ce mot, « ne demeurent pas dans le péché, qu'ils ne
peuvent y vivre encore (Romains 6 : 1,3,5-7,11,14,18) ; qu'ils
ont été faits une même plante avec Christ par la conformité de sa
mort ; que leur vieil homme a été crucifié avec lui, le corps
du péché étant détruit, afin qu'ils ne soient plus asservis au
péché, mais que, morts avec Christ, ils soient quittes du péché ;
qu'ils sont morts au péché et qu'ils vivent à Dieu en
Jésus-Christ ; que le péché n'a plus de domination sur eux
parce qu'ils ne sont plus sous la loi, mais sous la grâce ;
qu'ayant été affranchis du péché, ils sont devenus esclaves de la
justice ».
Le
moins que l'on puisse inférer de ces paroles, c'est que ceux dont il
est question, savoir, tous les vrais chrétiens, c'est-à-dire ceux
qui croient en Christ, sont affranchis du péché extérieur. Et cet
affranchissement que saint Paul décrit avec une telle variété
d'expressions, saint Pierre le décrit en cette seule phrase :
« Celui qui a souffert en la chair a cessé de pécher, afin
qu'il ne vive plus selon les convoitises des hommes, mais selon la
volonté de Dieu (1 Pierre 4 : 1,2) ». Que signifie en
effet l'expression cesser de pécher, à l'entendre dans son sens le
plus restreint, comme se rapportant à la conduite extérieure, si ce
n'est s'abstenir de toute transgression extérieure de la loi ?
Plus
explicites encore sont les paroles bien connues de saint Jean :
« Celui qui fait le péché est du diable ; car le diable
pèche dès le commencement. Or, le Fils de Dieu a paru pour détruire
les œuvres du diable. Quiconque est né de Dieu ne fait point le
péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne
peut pécher parce qu'il est né de Dieu (1Jean 3 : 8,9) ».
Et plus loin : « Nous savons que quiconque est né de Dieu
ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se conserve
soi-même, et le Malin ne le touche point (1Jean 5 : 18) ».
On
a dit, il est vrai, que ces paroles signifient seulement : il ne
pèche pas volontairement ; ou bien : il ne commet pas le
péché habituellement ; ou bien : il ne le commet pas
comme d'autres le font ; ou encore il ne le commet pas comme il
le faisait auparavant. Mais qui donc a dit cela ? Saint Jean ?
Non. Il n'y a pas un mot semblable dans le texte, ni dans tout le
chapitre, ni dans toute son épître, ni dans aucune partie de ses
écrits. Cela étant, la meilleure manière de réfuter ces
assertions ; c'est tout simplement de les démentir. Que si
quelqu'un peut prouver ce qu'il avance, d'après la parole de Dieu,
qu'il veuille bien nous présenter ses puissants arguments.
Il
y a une espèce d'argument que l'on a souvent fait valoir pour
soutenir les étranges assertions que nous venons de citer, un
argument tiré des exemples que nous raconte la parole de Dieu :
« Eh quoi ! dit-on, Abraham lui-même n'a-t-il pas péché
en dissimulant et en reniant sa femme ? (Genèse 12 : 13)
Moïse n'a-t il pas péché, en irritant l'Éternel près des eaux de
Mériba ? (Exode 17 : 7 Nombres 20 : 12) Et, pour tout
résumer en un seul exemple, David, lui même, cet « homme
selon le cœur de Dieu » , n'a-t-il pas péché dans l'affaire
d'Urie le Héthien, au point de se rendre coupable d'adultère et de
meurtre ? (2 Samuel 11) » - Tout cela est parfaitement
vrai. Mais que voulez-vous en conclure ? On doit reconnaître
d'abord que David, dans le cours ordinaire de sa vie, a été l'un
des hommes les plus saints parmi les Israélites, et ensuite que les
hommes les plus saints d'entre les Israélites commettaient
quelquefois des péchés. Mais si vous voulez en conclure que tous
les chrétiens pèchent et doivent pécher toute leur vie, nous
repoussons absolument cette conclusion ; elle ne découle pas
des prémisses.
Ceux
qui raisonnent ainsi paraissent n'avoir jamais fait attention à
cette déclaration de notre Seigneur « Je vous dis en vérité
qu'entre tous ceux qui sont nés de femme, il n'en a été suscité
aucun plus grand que Jean Baptiste ; toutefois celui qui est le
plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui (Matthieu
11 : 11) ». Je crains, à la vérité, que plusieurs ne
se soient imaginés que le royaume des cieux désigne ici le royaume
de la gloire, comme si le Fils de Dieu nous avait voulu faire
connaître que le moindre d'entre les saints glorifiés est plus
grand que qui que ce soit sur la terre ! Il suffit d'énoncer
cette interprétation pour en faire sentir la fausseté. A n'en pas
douter, le royaume des cieux, dans ce verset (comme dans le verset
suivant, où il est dit qu'il doit être forcé), ou « le
royaume de Dieu » , comme s'exprime saint Luc, c'est le royaume
de Dieu sur la terre, celui auquel appartiennent tous ceux qui
croient véritablement en Christ, tous les vrais chrétiens. Par ces
paroles, notre Seigneur affirme donc deux choses : premièrement,
qu'avant sa venue en chair, parmi tous les enfants des hommes, il n'y
en avait pas eu un plus grand que Jean-Baptiste, d'où il résulte
évidemment que ni Abraham, ni David, ni aucun Israélite ne fut plus
grand que Jean. Secondement, notre Seigneur déclare que celui qui
est le plus petit dans le royaume de Dieu (dans ce royaume qu'il est
venu établir sur la terre, et que les violents commençaient alors à
ravir), est plus grand que lui, non pas un plus grand prophète,
comme quelques-uns l'ont expliqué, car les faits prouvent le
contraire, mais plus grand dans la grâce de Dieu et dans la
connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Par conséquent, nous
ne pouvons pas estimer les privilèges des vrais chrétiens d'après
ceux qui furent autrefois accordés aux Juifs. Leur ministère (ou
leur dispensation) « a été glorieux », il est vrai :
mais le nôtre « le surpasse de beaucoup en gloire
(2Corinthiens 3 : 7,9) ». C'est pourquoi, quiconque
voudrait rabaisser la dispensation chrétienne au niveau de celle des
Israélites, quiconque rassemble les exemples de défaillance
rapportés dans la Loi et les Prophètes, pour en conclure que ceux
qui ont « revêtu Christ » ne sont pas en possession
d'une plus grande force que la leur, se trompe grossièrement, « ne
connaissant pas les Écritures ni la puissance de Dieu (Matthieu 22 :
29) ».
« Mais,
poursuit-on, si ces exemples ne sont pas une démonstration
suffisante de notre manière de voir, celle-ci n'est-elle pas
démontrée par des déclarations de l'Écriture ? N'est-il pas
dit expressément : « Le juste pêche sept fois par
jour ? » — Je réponds non ; l'Écriture ne dit
rien de semblable ; il n'y a pas un tel passage dans toute la
Bible. Celui qu'on paraît avoir en vue est le verset 16 du chapitre
XXIV des Proverbes ; où il est dit : « Le juste
tombera sept fois, et il sera relevé ». (Proverbe 24 :
16). Mais ceci est tout autre chose. D'abord les mots : « par
jour », ne sont pas dans le texte ; en sorte que, si un
homme juste tombe sept fois dans sa vie, c'est tout ce qui est
affirmé ici. Ensuite, il n'est pas du tout fait mention dans cette
parole de « tomber dans le péché » ; il a
parlé seulement de tomber dans les afflictions temporelles. C'est ce
qui ressort clairement du verset précédent, où il est dit :
« Méchant, n'épie point le domicile du juste, et ne détruis
point sa demeure ». Suit alors cette parole : « Car
le juste tombera sept fois et sera relevé, mais les méchants
tomberont dans le mal ». C'est comme s'il était dit :
« Dieu le délivrera de son affliction ; mais si tu
tombes, ô méchant, il n'y aura personne pour te délivrer ».
« Mais
encore, disent nos contradicteurs, dans d'autres passages, Salomon
dit positivement : « Il n'y a personne qui ne pèche (1Roi
8 : 4- 2 Chroniques 6 : 36) ». « Certainement,
il n'y a point d'homme juste sur la terre, qui agisse toujours bien
et qui ne pèche point (Ecclésiaste 7 : 20) ». — Je
réponds : Sans aucun doute, il en était ainsi du temps de
Salomon ; il en a même été ainsi depuis Adam jusqu'à Moïse,
depuis Moïse jusqu'à Salomon, et depuis Salomon jusqu'à Christ. Il
n'y avait alors aucun homme qui ne péchât. Dès le jour où le
péché entra dans le monde, il n'y eut pas sur la terre un homme
juste qui fit le bien et ne péchât point, jusqu'à ce que le Fils
de Dieu fût manifesté pour ôter nos péchés. Il est
incontestablement vrai que « l'héritier ; tant qu'il est
enfant, ne diffère en rien du serviteur (Galates 4 : 1) ; »
et que de même ; tous les saints de l'antiquité, qui étaient
sous l'ancienne dispensation, furent, durant cet âge préparatoire
de l'Église, « sous l'esclavage des rudiments du monde
(Galates 4 : 3) ». « Mais lorsque les temps ont été
accomplis. Dieu a envoyé son Fils, assujetti à la loi, afin qu'Il
rachetât ceux qui étaient sous la loi, et qu'ils reçussent
l'adoption des enfants (Galates 4 : 4,5) ; » afin qu'ils
fussent rendus participants de cette grâce, « qui a été
maintenant manifestée par l'avènement de notre Sauveur
Jésus-Christ, qui a détruit la mort et mis en évidence la vie et
l'immortalité par l'Évangile. (2Timothée 1 : 10) ».
C'est pourquoi ils ne sont plus désormais « des esclaves, mais
des fils (Galates 4 : 7) ». Quoi qu'il en soit donc de
ceux qui étaient sous la loi, nous pouvons affirmer en toute sûreté
avec saint Jean que, depuis les temps évangéliques, « celui
qui est né de Dieu ne pêche point (1Jean 3 : 9) ».
Il
est très important de remarquer, et cela avec plus de soin qu'on ne
le fait ordinairement, la grande différence qui existe entre la
dispensation juive et la dispensation chrétienne, ainsi que la cause
que saint Jean assigne à cette différence dans le chapitre VII de
son Évangile (Jean 7 : 38 etc.). Après avoir rapporté les
paroles de notre Seigneur : « Qui croit en moi, des
fleuves d'eau vive couleront de lui, comme l'Écriture le dit »,
il ajoute immédiatement : « Or, il disait cela de
l'Esprit que devaient recevoir ensuite ceux qui croiraient en lui ;
car le Saint-Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus
n'était pas encore glorifié ». L'apôtre ne peut pas avoir
voulu dire par là (comme plusieurs l'ont enseigné) que le pouvoir
miraculeux du Saint-Esprit n'avait pas encore été donné ; car
il avait déjà été donné ; notre Seigneur l'avait communiqué
à tous les apôtres, dès le jour qu'il les envoya prêcher
l'Évangile. Il leur donna alors le pouvoir de chasser les malins
esprits, de guérir les malades et même de ressusciter les morts.
Mais le Saint-Esprit n'avait pas encore été donné dans sa vertu
sanctifiante, comme il le fut après que Jésus-Christ eut été
glorifié. C'est lorsqu'Il monta en haut et mena captifs les
prisonniers, qu'Il « reçut ces dons pour les hommes, et même
pour les rebelles, afin que l’Éternel Dieu habitât parmi eux (Ps
68 : 19) ». Et c'est lorsque le jour de la Pentecôte fut
arrivé que, pour la première fois, ceux qui « attendaient la
promesse du Père » furent rendus plus que vainqueurs du péché
par le Saint-Esprit qui leur fut donné (Actes 2 et suivants.).
Saint
Pierre aussi, dans sa première épître, déclare formellement que
cette grande délivrance du péché n'a été donnée qu'après que
Jésus-Christ a été glorifié. Parlant de ses frères en la chair,
comme remportant maintenant « le prix de leur foi, qui est le
salut des âmes », il ajoute : « C'est ce salut qui
a été l'objet de l'exacte recherche et de la profonde méditation
des prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce »,
c'est-à-dire l'économie de la grâce, « qui nous était
destinée ; tâchant de découvrir pour quel temps et pour
quelles conjonctures l'Esprit de Christ qui était en eux, et qui
rendait témoignage à l'avance, leur faisait connaître les
souffrances de Christ, et la gloire », ou le salut glorieux,
« dont elles seraient suivies. Mais il leur a été révélé
que ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour nous, qu'ils étaient
dispensateurs de ces choses, qui vous ont été maintenant annoncées
par ceux qui vous ont prêché l'Évangile, par le Saint-Esprit
envoyé du ciel (1Pierre 1 : 11,12) », le jour de la
Pentecôte, et depuis lors de génération en génération, dans les
cœurs de tous les vrais croyants. Certes, l'apôtre pouvait bien
s'appuyer sur ce don de Dieu en Jésus-Christ, pour fonder cette
exhortation si énergique : « Ayant donc ceint les reins
de votre esprit, comme celui qui vous a appelés est saint, vous de
même soyez saints dans toute votre conduite (1Pierre 3 : 15)
».
Quiconque
a sérieusement examiné ces choses, doit convenir que les privilèges
des chrétiens ne doivent être, en aucune manière, estimés d'après
ce que l'Ancien Testament nous dit de ceux qui étaient sous la
dispensation juive ; attendu que l'accomplissement des temps est
maintenant arrivé, que le Saint-Esprit est maintenant donné, que le
grand salut de Dieu est apporté aux hommes, par la manifestation de
Jésus-Christ. Le royaume des cieux est aujourd'hui établi sur la
terre, ce royaume dont le Saint-Esprit disait autrefois (tant David
est loin d'être le modèle ou le type de la perfection chrétienne)
: « Le plus faible d'entre eux sera, en ce temps-là, comme
David, et la maison de David sera comme des anges, comme l'ange de
l’Éternel devant leur face (Zacharie 12 : 8) ».
Si
donc vous voulez démontrer que les paroles de saint Jean :
« Quiconque est né de Dieu ne pèche point », ne doivent
pas être prises dans leur signification simple, naturelle et
évidente, c'est du Nouveau Testament que vous devez tirer vos
preuves ; autrement vous combattez comme quelqu'un qui frappe en
l'air.
Dans
cet ordre de preuves, la première que l'on allègue ordinairement
est tirée des exemples rapportés dans le Nouveau-Testament. « Les
apôtres eux-mêmes, dit-on, ont péché, et en particulier les
principaux d'entre eux, Pierre et Paul : saint Paul par sa vive
altercation avec Barnabas (Actes 15 : 39), et saint Pierre par
sa dissimulation à Antioche (Galates 2 : 11-14) ». Eh
bien ! supposons que Pierre et Paul aient vraiment péché dans
ces deux circonstances, que voulez-vous en conclure ? Que tous
les autres apôtres ont péché quelquefois ? Il n'y a pas ombre
de logique dans une telle conclusion. Ou bien voudriez-vous en
conclure que tous les autres chrétiens de l'âge apostolique
commettaient des péchés ? C'est raisonner de plus en plus
mal ; il ne semble pas qu'un homme dans son bon sens pût jamais
songer à une telle conclusion. Ou bien raisonneriez-vous comme
suit : « Deux des apôtres ayant une fois commis un péché,
tous les autres chrétiens, de tous les siècles, commettent et
commettront le péché aussi longtemps qu'ils vivront ? »
Hélas ! mon frère, un enfant d'une intelligence ordinaire
aurait honte de raisonner ainsi. Encore moins auriez-vous, en aucune
manière, raison d'en conclure que tout homme doit nécessairement
commettre le péché ! Non. A Dieu ne plaise que nous parlions
ainsi. Aucune obligation de pécher n'a été imposée aux apôtres ;
la grâce de Dieu était assurément suffisante pour eux ; et
elle est suffisante pour nous aujourd'hui. Avec la tentation qui leur
est survenue, leur a été donnée une issue ; et de même pour
toute âme d'homme, à l'occasion de chaque tentation. En sorte que
quiconque est tenté par quelque péché que ce soit peut éviter de
succomber ; car nul n'est « tenté au-delà de ses forces
(1Corinthiens 10 : 13).
« Mais,
dites-vous, saint Paul pria trois fois le Seigneur, et pourtant il ne
put pas échapper à la tentation dont il était l'objet. Considérons
ses propres paroles, en les traduisant littéralement : « Il
m'a été mis une écharde dans la chair, un ange (un messager) de
Satan pour me souffleter. J'ai prié trois fois le Seigneur que cela
(ou qu'il) se retirât de moi. Mais il m'a dit : Ma grâce te
suffit, car ma force s'accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai
donc plus volontiers dans mes faiblesses, afin que la force de Christ
demeure en moi. C'est pourquoi, je me plais dans les faiblesses ;
car lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort
(2Corinthiens 12 : 7-10) ».
Ce
passage étant l'un des principaux retranchements des défenseurs du
péché, il convient de l'examiner soigneusement. Qu'on remarque
donc, premièrement, que cette écharde ; quelle qu'elle fût,
ne paraît pas avoir été le moins du monde pour saint Paul une
occasion de péché ; encore moins le mettait-elle en aucune
façon dans la nécessité de pécher. Aussi est-il impossible de
démontrer par là que tout chrétien doit pécher. Secondement, les
Pères de l’Église nous disent qu'il s'agissait dans cette parole
d'une souffrance corporelle ; c'était un violent mal de tête,
dit Tertullien (De Pudic) ; c'est ce que s'accordent aussi à
dire Chrysostome et saint Jérôme. Saint Cyprien (De Mortalitate)
s'exprime d'une manière un peu plus générale et voit dans
l'écharde de saint Paul de nombreuses et accablantes tortures de la
chair et du corps (carvis et corporis multa ac gravia tormenta).
Troisièmement, les propres paroles de l'apôtre s'accordent
parfaitement avec cette interprétation : « une écharde
dans la chair, pour me frapper, me battre ou me souffleter ».
« Ma force s'accomplit dans la faiblesse ». Et ce mot ne
se trouve pas moins de quatre fois dans ces deux seuls versets
(2Corinthiens 12 : 9,10). Mais, quatrièmement, quelle que fût
cette écharde, ce ne pouvait pas être le péché, ni celui du
dedans, ni celui du dehors. Ce ne pouvait pas plus être les
mouvements intérieurs que les manifestations extérieures de la
colère, de l'orgueil ou de la convoitise. C'est ce qui ressort, avec
une évidence qui ne petit laisser subsister aucun doute, des paroles
qui suivent immédiatement : « Je me glorifierai donc
volontiers dans mes faiblesses, afin que la force de Christ habite en
moi (vers. 9) ». Quoi ! se glorifiait-il dans l'orgueil,
dans la colère, dans la convoitise ? Était-ce par ces
faiblesses-là que la force de Christ habitait en lui ? Il
poursuit : « Je me plais donc dans les faiblesses ;
car quand je suis faible, c'est alors que je suis fort » ;
en d'autres termes, quand je suis faible de corps, je suis fort en
esprit. Mais quelqu'un oserait-il dire : « Quand je suis
faible par l'orgueil ou par la convoitise, alors je suis fort en
esprit ? » Je vous prends à témoin, aujourd'hui, vous
tous qui avez la force de Christ demeurant en vous, pouvez-vous vous
glorifier dans la colère, dans l'orgueil ou dans la convoitise ?
Pouvez-vous vous plaire dans de telles infirmités ? Ces
faiblesses vous rendent-elles forts ? N'iriez-vous pas jusque en
enfer, si c'était possible, pour y échapper ? Jugez donc,
d'après vous-mêmes, si l'apôtre pouvait s'en glorifier et y
prendre plaisir ! Qu'on veuille bien remarquer ; enfin, que
cette écharde fut envoyée à saint Paul plus de quatorze ans avant,
la composition de cette épître, laquelle fut écrite elle-même
plusieurs années avant qu'il finît sa carrière. Aussi eut-il,
après cette époque, une longue course à parcourir, bien des
batailles à livrer ; bien des victoires à remporter, bien des
dons nouveaux à recevoir de la part de Dieu, et de grands progrès à
réaliser dans la connaissance de Jésus-Christ. C'est pourquoi, à
supposer qu'il ressentît alors quelque faiblesse spirituelle, nous
ne sommes nullement en droit d'en inférer qu'il n'a jamais été
rendu fort ; que Paul avancé en âge et père en Christ,
gémissait encore sous le poids des mêmes faiblesses, et qu'il n'est
pas arrivé à un état spirituel plus élevé jusqu'au jour de sa
mort. Ainsi donc, cette parole de saint Paul est tout à fait
étrangère à la question et n'est nullement en opposition avec la
déclaration de saint Jean : « Celui qui est né de Dieu
ne pèche point ».
« Mais,
objecte-t on encore, saint Jacques ne dit-il pas absolument le
contraire dans cette parole : « Nous bronchons tous en
plusieurs choses ? (Jacques 3 : 2) » Et broncher,
n'est- ce pas la, même chose que pécher ? » Je reconnais
qu'il en est ainsi dans ce passage, et je vous accorde que ceux dont
il est ici parlé commettaient le péché, que tous même
commettaient de nombreux péchés. Mais de qui a voulu parler
l'apôtre ? De cette multitude de « maîtres » que
Dieu n'avait pas envoyés (probablement de ces hommes vains qui
enseignaient la doctrine de la foi sans les œuvres, qui est si
vivement censurée dans le chapitre précédent ;) il ne s'agit
pas de l'apôtre lui-même, ni d'aucun vrai chrétien. Il est évident
qu'en employant le mot nous (suivant une forme de langage usitée
dans les écrits profanes aussi bien que dans les écrits inspirés,)
saint Jacques ne voulait, en aucune manière, parler de lui-même, ou
de tout autre véritable croyant. Ce qui le prouve, c'est qu'il se
sert du même mot au verset 9
« Par
elle nous bénissons Dieu notre Père, et par elle nous maudissons
les hommes... D'une même bouche sortent la bénédiction et la
malédiction ». Cela est vrai, mais non de la bouche de
l'apôtre, ni de celle d'aucun homme devenu une nouvelle créature en
Jésus-Christ. Du reste, dans le verset qui précède immédiatement
le passage en question et auquel il se rattache évidemment, il est
dit : « Mes frères, qu'il n'y ait pas plusieurs maîtres
parmi vous, sachant que nous en recevrons une plus grande
condamnation ».
Car
nous bronchons tous en plusieurs choses ». Nous ! Qui ?
Non les apôtres, ni les vrais croyants ; mais ceux qui savaient
qu'ils recevraient une plus grande condamnation, à cause de leurs
méfaits multipliés. Cela ne pouvait s'appliquer à l'apôtre
lui-même, ni à aucun de ceux qui marchaient sur ses traces, attendu
qu' « il n'y a aucune condamnation pour ceux qui ne marchent
pas selon la chair, mais selon l'Esprit... (Romains 8 : 1) »
Enfin le verset lui-même contient la preuve que ces mots « nous
bronchons tous » ne se rapportent pas à tous les chrétiens ;
car il y est fait mention d'un homme qui ne bronche pas, comme le
font ceux qui sont désignés par le pronom nous. Aussi est-il
nettement mis en contraste avec ces derniers et déclaré un homme
parfait.
C'est
ainsi que saint Jacques explique lui-même sa pensée et fixe le sens
de ses propres paroles. Néanmoins, pour qu'il ne reste aucun doute
dans l'esprit de personne, saint Jean, écrivant bien des années
après saint Jacques, met la question au-dessus de toute contestation
par les déclarations formelles citées plus haut.
Une
nouvelle objection peut s'élever ici dans les esprits :
« Comment mettrons-nous saint Jean d'accord avec lui-même ?
Dans un endroit, il dit : « Quiconque est né de Dieu ne
pèche point (Jean 3 : 9) ; » et encore : « Nous
savons que celui qui est né de Dieu ne pèche point (Jean 5 :
18) ». Par contre, il dit : « Si nous disons que
nous n'avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et
la vérité n'est point en nous (Jean 5 : 18) », et plus
loin : « Si nous disons que nous n'avons pas péché, nous
le faisons menteur, et sa parole n'est point en nous (Jean 1 :
10) ».
Quelque
spécieuse que puisse paraître au premier abord cette objection,
elle tombe, si nous considérons, premièrement, que le verset 10
fixe le sens du verset 8 ; les mots : « Si nous
disons que nous n'avons point de péché », étant expliqués
par les mots : « Si nous disons que nous n'avons pas
péché » ; secondement, que la question qui nous
occupe n'est pas de savoir si nous avons péché ou si nous n'avons
pas péché dans le passé ; ni l'un ni l'autre de ces versets
ne dit que nous péchons ou commettons le péché maintenant ;
et troisièmement, que le verset 9 explique à la fois le huitième
et le dixième : « Si nous confessons nos péchés, il est
fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de
toute iniquité ». C'est comme si l'apôtre avait dit :
« Je viens d'affirmer que le sang de Jésus-Christ nous purifie
de tout péché » ; mais que nul homme ne dise :
« Je n'en ai pas besoin ; je n'ai pas de péché dont il
me faille être purifié. « Si nous disons que nous n'avons pas
de péché, que nous n'avons pas commis de péché, nous nous
séduisons nous-mêmes, et nous faisons Dieu menteur ; mais si
nous confessons nos péchés, Il est fidèle et juste », non
seulement « pour nous pardonner nos péchés », mais
aussi pour nous purifier de toute iniquité », en sorte que
nous ne péchions plus désormais.
Saint
Jean est donc parfaitement d'accord avec lui-même, aussi-bien
qu'avec les autres écrivains sacrés. C'est ce qui ressort avec plus
d'évidence encore, si nous embrassons d'un seul regard toutes ses
assertions sur ce sujet. Il déclare, en premier lieu, que le sang de
Jésus-Christ nous purifie de tout péché ; en second lieu, que
nul ne peut dire ; je n'ai pas péché, il n'y a rien en moi
dont j'aie besoin d'être purifié ; en troisième lieu, que
Dieu est disposé à pardonner nos péchés passés, en même temps
qu'à nous en délivrer pour l'avenir, : en quatrième lieu,
l'apôtre dit : Je vous écris ces choses afin que vous ne
péchiez point ; si quelqu'un venait à pécher, (ou a péché),
il n'est pas nécessaire qu'il continue à pécher ; puisque
« nous avons un avocat auprès du Père, savoir, Jésus Christ
le juste ? (1Jean 2 : 1) » Jusqu'ici tout est clair.
Mais, de peur qu'il ne subsiste ; quelque doute sur un sujet
d'une aussi grande importance, l'apôtre le reprend dans le chapitre
III, et explique sa pensée tout au long : « Mes petits
enfants, dit-il, que personne ne vous séduise », (en vous
faisant croire que j'aie donné le moindre encouragement à ceux qui
continuent à pécher). « Celui qui fait ce qui est juste, est
juste comme lui aussi est juste ; celui qui fait le péché est
du diable ; car le diable pèche dès le commencement. Or, le
Fils de Dieu a paru pour détruire les œuvres du diable. Quiconque
est né de Dieu ne pèche pas, parce que la semence de Dieu demeure
en lui ; et il ne peut pécher parce qu'il est né de Dieu.
C'est à ceci que l'on reconnaît les enfants de Dieu et les enfants
du diable ». (Versets 7 à 10.) Ces paroles du dernier écrivain
inspiré rendent le doute impossible sur la question qui nous occupe
et la décident de la façon la plus claire. C'est pourquoi,
conformément à la doctrine de saint Jean, aussi bien qu'à l'esprit
de l'enseignement tout entier du Nouveau Testament, nous affirmons
qu'un chrétien peul être parfait au point de ne pas pécher.
C'est
là le glorieux privilège de tout chrétien, même de celui qui
n'est qu'un enfant en Christ. Mais c'est seulement de ceux qui sont
forts dans le Seigneur, et qui ont « vaincu le malin » ,
ou plutôt de ceux qui ont « connu celui qui est dès le
commencement (1Jean 2 : 14) », qu'on peut affirmer qu'ils
sont parfaits en ce sens qu'ils sont exempts des mauvaises pensées
et des mauvaises dispositions.
En
premier lieu, ils sont exempts des pensées mauvaises ou coupables.
Mais ici qu'on veuille bien remarquer que des pensées concernant ce
qui est mauvais ne sont pas toujours de mauvaises pensées, que
penser à quelque chose de coupable et avoir une pensée coupable
sont deux choses très différentes. Par exemple, un homme peu penser
à un meurtre qu'un autre a commis ; mais ce n'est pas là une
pensée mauvaise ou criminelle. Notre Seigneur lui-même a sans doute
pensé ou réfléchi à ce qui lui fut dit par le démon dans cette
parole : « Je te donnerai toutes ces choses, si, en te
prosternant, tu m'adores (Matthieu 4 : 9) ». Et pourtant
il n'a eu aucune mauvaise pensée ; car il n'était pas capable
d'en avoir ; d'où il résulte que le vrai chrétien n'en a pas
non plus ; car « tout disciple accompli sera comme son
Maître (Luc 6 : 40) ». Si donc il a été exempt de
pensées mauvaises ou coupables, les vrais chrétiens le sont
également.
D'ailleurs,
d'où sortiraient les mauvaises pensées chez le serviteur qui est
comme son Maître ? C'est « du dedans, c'est-à-dire, du
cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées (Marc 8 :
21) ». Si donc son cœur n'est plus mauvais, les mauvaises
pensées ne peuvent plus en sortir. Si l'arbre était mauvais, le
fruit le serait aussi. Mais l'arbre est bon ; donc le fruit est
bon également (Matthieu 12 : 33). C'est ce que déclare le
Seigneur lui-même « Tout arbre qui est bon porte de bons
fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais
arbre porter de bons fruits (Matthieu 7 : 17,18) ».
Saint
Paul, d'après sa propre expérience ; affirme que c'est là
l'heureux privilège des vrais chrétiens. « Les armes avec
lesquelles nous combattons, dit-il, ne sont pas charnelles ;
mais elles sont puissantes par la vertu de Dieu, pour renverser les
forteresses, et détruire tous les conseils (ou plutôt les
raisonnements, car c'est là le sens de tous les raisonnements de
l'orgueil et de l'incrédulité contre les déclarations, les
promesses ou les dons de Dieu), et toute hauteur qui s'élève contre
la connaissance de Dieu ; et pour amener toutes les pensées
captives à l'obéissance de Christ (2Corinthiens 10 : 4,5) ».
En
second lieu, les chrétiens sont délivrés de toute mauvaise
disposition aussi bien que de toute mauvaise pensée. C'est ce qui
ressort de la déclaration du Seigneur mentionnée plus haut :
« Le disciple n'est point au-dessus de son Maître » (Luc
6 : 40). Il venait d'exposer quelques-unes des doctrines du
christianisme à la fois les plus sublimes et les plus dures à la
chair et au sang : « Je vous dis : Aimez vos ennemis,
faites du bien à ceux qui vous haïssent ; et à celui qui te
frappe à une joue, présente-lui aussi l'autre (Luc 6 : 27,29)
». Il savait bien que le monde ne recevrait pas de tels
préceptes. C'est pourquoi il ajoute immédiatement « Un
aveugle peut-il conduire un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas
tous deux dans la fosse ? (Luc 6 : 39) » C'est comme
s'il avait dit : « Ne consultez pas, sur ces choses, la
chair et le sang, c'est-à-dire des hommes dénués de discernement
spirituel, auxquels Dieu n'a pas ouvert les yeux de l'entendement, de
peur que vous et eux ne périssiez ensemble ». Dans le verset
suivant, il réfute les deux grandes objections que nous font à
chaque instant ces insensés prétendus sages : « Ces
injures sont trop difficiles à supporter », ou bien :
« Ces préceptes sont trop élevés pour être réalisés ».
A quoi le Seigneur répond : « Le disciple n'est pas
au-dessus de son Maître » ; c'est pourquoi, si j'ai
souffert, soyez satisfaits de marcher sur mes traces ; et alors
ne doutez pas que j'accomplisse ma parole : « Car tout
disciple accompli sera comme son Maître ! » Or, le Maître
a été exempt de tout mauvais sentiment, de toute mauvaise
disposition ; donc son disciple l'est aussi, et tout vrai
chrétien le sera.
Chaque
chrétien peut dire avec saint Paul : « Je suis crucifié
avec Christ ; et ce n'est plus moi qui vis, mais Christ vit en
moi (Galates 2 : 20) ». Ces paroles décrivent évidemment
la délivrance du péché intérieur aussi bien que du péché
extérieur. C'est ce qui est exprimé, soit négativement : ce
n'est plus moi qui vis, (ma mauvaise nature a disparu, le corps du
péché est détruit) ; soit positivement : Christ vit, en moi,
et par conséquent tout ce qui est saint ; juste et bon, vit en
moi. Du reste, ces deux choses : Christ vit en moi et ce n'est
pas moi qui vis, sont inséparables l'une de l'autre ; « car
quelle union y a-t-il entre la lumière et les ténèbres, entre
Christ et Bélial ? (2Crinthiens 6 : 14,15) » Celui
donc qui vit dans les vrais croyants a « purifié leurs cœurs
par la, foi (Actes 15 : 9) ; » de telle sorte que
quiconque a Christ en lui, l'espérance de la gloire, « se
purifie soi-même comme Lui est pur (1Jean 3 : 3) ». Il
est purifié de l'orgueil ; car Christ était humble de cœur.
Il est purifié de l'égoïsme et de la convoitise ; car Christ
n'a pas désiré autre chose que de faire la volonté de son Père,
et d'accomplir son œuvre. Il est purifié de la colère, dans le
sens ordinaire du mot ; car Christ était doux et débonnaire,
patient et plein de support. Je dis dans le sens ordinaire du mot ;
car toute espèce de colère n'est pas mauvaise. Il nous est dit que
le Seigneur lui-même un jour « regarda autour de lui avec
colère (Marc 3 : 5) ». Mais avec quelle espèce de
colère ? Le mot qui suit le montre : « étant
attristé de l'endurcissement de leur cœur ». Ainsi donc, il
était au même moment en colère à l'égard du péché et attristé
à l'égard des pécheurs ; saisi d'indignation et de déplaisir
pour l'offense, mais ému de pitié pour les auteurs de l'offense.
C'est avec colère et même avec horreur qu'il considérait la chose,
mais c'est avec douleur et avec amour qu'il considérait les
personnes. Va, toi qui es parfait, et fais de même. Mets-toi en
colère de cette manière, et tu ne pécheras pas ; ressentant
du déplaisir et de l'indignation pour toute offense envers Dieu,
mais rien que de l'amour et de la tendre compassion pour le pécheur.
Ainsi
donc Jésus sauve son peuple de ses péchés (Matthieu 1 : 21),
non seulement des péchés extérieurs, mais aussi des péchés du
cœur, des mauvaises pensées et des mauvaises dispositions.
« Cela
est vrai, disent quelques-uns, nous serons sauvés de nos péchés ;
mais non pas avant la mort, non pas dans ce monde ». —
Comment alors expliquer cette déclaration de saint Jean :
« C'est en ceci que notre charité est accomplie, afin que nous
ayons de la confiance au jour du jugement : que nous soyons dans
ce monde tels qu'il est lui-même (1Jean 4 : 17) ».
L'apôtre parle ici, sans contredit, de lui-même et de tous les
chrétiens d'ici-bas ; et (comme s'il avait prévu cette fausse
interprétation, et avait voulu la renverser dans son fondement), il
affirme catégoriquement que, non seulement à la mort ou après la
mort, mais dans ce monde, ils sont tels que leur Maître.
Saint
Jean exprime la même chose dans ce texte « Dieu est lumière,
et il n'y a point en lui de ténèbres. Si nous marchons dans la
lumière, nous avons une communion mutuelle, et le sang de son Fils
Jésus-Christ nous purifie de tout péché (1Jean 1 : 5,7,9) ».
Et plus loin « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle
et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute
iniquité », Il est évident que l'apôtre parle encore ici
d'une délivrance accomplie en ce monde ; car il ne dit pas que
le sang de Christ nous purifiera à l'heure de la mort, ou au jour du
jugement, mais qu'il « nous purifie » , maintenant même,
« de tout péché ». Il est également évident que s'il
reste en nous quelque péché, nous ne sommes pas purifiés de tout
péché ; que s'il reste quelque iniquité dans notre âme,
celle-ci n'est pas purifiée de toute iniquité.
D'autre
part, qu'aucun pécheur ne dise, au détriment de sa propre âme, que
ces paroles se rapportent seulement à la justification ou à notre
purification de la culpabilité du péché ; car leur donner ce
sens, c'est d'abord confondre deux choses que l'apôtre distingue
nettement, nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute
iniquité ; et ensuite c'est affirmer la justification par les
bonnes œuvres de la façon la plus catégorique, c'est dire que
toute sainteté intérieure aussi bien qu'extérieure précède
nécessairement la justification. En effet, si la purification dont
il est ici parlé est la même que notre purification de la
culpabilité du péché, nous ne sommes purifiés de la culpabilité,
en d'autres termes nous ne sommes justifiés qu'à la condition de
« marcher dans la lumière, comme Lui est dans la lumière ».
Il demeure certain que les vrais chrétiens sont délivrés dans ce
monde de tout péché, de toute iniquité ; qu'ils sont dès
maintenant parfaits, en ce sens qu'ils ne commettent pas le péché,
et sont exempts à la fois des mauvaises pensées et des mauvaises
dispositions.
Ainsi
sont accomplies les choses dont le Seigneur a parlé par la bouche de
ses saints prophètes des siècles passés : — en particulier
par Moïse, lorsqu'il dit : « L’Éternel ton Dieu circoncira
ton cœur, et le cœur de ta postérité, afin que tu aimes l’Éternel
ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme (De 30 : 6) »,
— par David qui s'écriait : « Crée en moi un cœur
net, et renouvelle au dedans de moi un esprit droit (Ps 51 : 12)
; » — et plus particulièrement encore par Ézéchiel : « Je
répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez nettoyés ; je
vous nettoierai de toutes vos souillures et de tous vos dieux
infâmes. Et je vous donnerai un nouveau cœur, et je mettrai en vous
un esprit nouveau ; et j'ôterai de votre chair le cœur de.
pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai
mon Esprit au dedans de vous, et je ferai que vous marcherez dans mes
statuts, que vous garderez mes ordonnances, et que vous les
pratiquerez... Vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. Et je
vous délivrerai de toutes vos souillures. Ainsi a dit le Seigneur
l’Éternel, au jour que je vous aurai nettoyés de toutes vos
iniquités, les nations sauront que moi, l’Éternel, j'ai rebâti
les lieux détruits ; moi l’Éternel, je l'ai dit, et je le
ferai (Ézéchiel 36 : 25-36) ».
Ayant
donc, bien-aimés, de telles promesses, dans la loi et dans les
prophètes, mais surtout dans l'Évangile par la bouche de
Jésus-Christ et de ses apôtres, « nettoyons-nous de toute
souillure de la chair et de l'esprit, achevant notre sanctification
dans la crainte de Dieu (2 Corinthiens 7 : 1) ». Craignons
que, après avoir reçu tant de promesses d'entrer dans son repos,
quelqu'un de nous ne s'en trouve exclu (Hébreux 4 : 1). Faisons
une seule chose, oubliant les choses qui sont derrière nous, et nous
avançant vers celles qui sont devant nous ; courons vers le
but, vers le prix de la vocation céleste qui est de Dieu en
Jésus-Christ (Philippiens 3 : 14) ; criant à lui jour et nuit,
jusqu'à ce que nous soyons « délivrés de la servitude de la
corruption, pour être dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu
(Romains 8 : 21) ».