Copie
autorisée pour diffusion gratuite uniquement
PRÉSENTATION
Prédicateur
infatigable. Il parcourt plus de 360 000 km, la plupart du temps à
cheval, et prononce plus de 40 000 sermons. Ces cinquante-trois
sermons de Wesley, forment, avec ses Notes sur le
Nouveau-Testament, la base doctrinale des Eglise méthodistes.
Nous
nous sommes efforcés de reproduire aussi fidèlement que possible le
texte original, sans nous permettre jamais de retoucher ou
d'abréger notre auteur. Wesley est assez grand pour que
ses traducteurs respectent absolument son texte, même lorsqu'ils
pourraient penser autrement que lui sur certains points secondaires.
Si nous en jugeons par l'édification que nous avons puisée dans ces
discours en les préparant pour l'édition, il nous est permis
d'espérer que ceux qui les liront y apprendront, non seulement à
vénérer la mémoire du grand serviteur de Dieu qui les a écrits,
et à mieux comprendre la puissance du réveil religieux dont il a
été l'instrument, mais aussi à chercher à faire revivre en eux et
à propager autour d'eux, ce christianisme biblique qui sauva
l'Angletrre au dix-huitième siècle et qui pourrait être le
moyen de la régénération de la France, à cette fin du
dix-neuvième siècle.
PRINCIPAUX
OUVRAGES UTILISÉS
LE
SERMON SUR LA MONTAGNE expliqué dans une série de discours par
Jean Wesley Librairie Évangélique 49 rue
d’Amsterdam Paris 1857
SERMONS
CHOISIS Sermons Choisis de Wesley Publications Méthodistes
5 rue du Champ de Mars Bruxelles 1858
SERMONS
par Jean Wesley Traduction nouvelle. Tome 2 Librairie
Évangélique 4 rue de Roquépine Paris 1888
Pour
toute utilisation souhaitée pour publication format gratuite
veuillez contacter:
Récupération
des données interdite pour publication payante
Les
sermons qui suivent contiennent la substance de ce que j'ai prêché,
ces huit ou neuf dernières années. Pendant cette période, j'ai
fréquemment parlé en public sur les divers sujets traités dans ce
recueil, et je ne sache pas qu'il y ait un seul des points de
doctrine, abordés habituellement par moi en public, qui ne soit ici
exposé au lecteur chrétien, incidemment, sinon toujours à fond.
Tout homme sérieux qui parcourra ces pages, verra donc, avec une
entière clarté, quelles sont les doctrines que je professe et que
j'enseigne comme les bases essentielles de la vraie religion.
Mais
je sens vivement que l'exposition que j'offre ici de ces doctrines
est loin d'être ce que certaines personnes pourraient attendre. Je
ne les ai pas revêtues d'une forme élaborée, élégante ou
oratoire. Eusse-je eu le désir ou le dessein de le faire, que je
n'en aurais pas eu le loisir. Mais à la vérité ce dessein est,
pour le moment, fort éloigné de ma pensée ; j'écris maintenant,
et je parle habituellement, ad populum aux masses, à ceux qui
n'ont aucun goût pour la rhétorique, et qui ne la comprendraient
même pas, mais qui n'en sont pas moins compétents pour juger des
vérités qui leur apportent le bonheur présent et à venir. Je dis
ceci pour éviter aux lecteurs curieux la peine de C'est aux gens
simples que j'essaie de dire la vérité toute simple.
Je
m'abstiens donc, de propos délibéré, de toute délicate
spéculation philosophique, de toute argumentation compliquée et
embrouillée, et, autant que possible, de tout appareil d'érudition,
sauf quelquefois en citant le texte original de l'Ecriture. Je
m'efforce d'écarter tous les mots qui ne sont pas faciles à
entendre, tous ceux qui ne sont pas d'usage commun, et en particulier
ces termes techniques que l'on rencontre si fréquemment dans les
traités de théologie, ces modes de parler si familiers aux hommes
de science, mais qui font l'effet d'une langue inconnue aux gens du
commun peuple. Je ne suis pourtant pas sûr de m'en être toujours
préservé moi-même, tant il est naturel d'imaginer qu'un mot qui
nous est familier doit l'être à tout le monde.
En
fait, mon dessein est, en quelque sorte, d'oublier tout ce que j'ai
lu dans ma vie, ou du moins de parler comme si je n'avais jamais lu
un seul auteur, ancien ou moderne, à l'exception des auteurs
inspirés. Je suis persuadé que, d'une part, en laissant simplement
mes propres pensées se dérouler, sans m'embarrasser de celles des
autres hommes, je pourrai plus clairement exprimer les sentiments de
mon coeur ; et, d'autre part, j'aborderai avec un esprit plus libre
de préjugés et de préventions les vérités toutes nues de
l'Evangile soit pour mon propre usage, soit pour les présenter à
autrui.
Je
ne crains pas d'ouvrir ici mon coeur, dans ses plus secrètes
pensées, aux hommes de raison et de conscience. J'ai compris que je
suis une créature d'un jour, traversant la vie comme la flèche fend
l'air. Je suis un esprit venu de Dieu, et qui retourne à Dieu,
planant sur le vaste abîme, jusqu'à ce que, dans quelques moments,
je disparaisse et je tombe dans l'immuable éternité ! J'ai besoin
de connaître une chose, le chemin qui mène au ciel, et le moyen de
débarquer heureusement sur cette plage bénie. Dieu lui-même a
daigné nous enseigner ce chemin ; il est descendu du ciel pour cela
; il a écrit dans un livre ce qui en est. Oh ! donnez-moi ce livre !
A tout prix, donnez-moi le livre de Dieu ! Je le possède ; dans ses
pages est contenue la science qui me suffit. Que je sois homo unius
libri (l'homme d'un seul livre.) ! Ici je suis éloigné des routes
bruyantes où passent les hommes. Je m'assieds seul, en la présence
de Dieu. Devant lui, j'ouvre et je lis son livre, en vue d'y trouver
le chemin du ciel. Ai-je quelque doute sur le sens de ce que je lis ?
Quelque chose me paraît-il obscur ou compliqué ? J'élève mon
coeur vers le Père des lumières : « Seigneur, n'as-tu pas dit : Si
quelqu'un manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu ? » Tu la
donnes libéralement et sans reproches. Tu as dit : « Si quelqu'un
veut faire la volonté de Dieu, il connaîtra ». Je veux la faire,
fais-la moi connaître ». Je me mets alors à chercher et à
examiner les passages parallèles de l'Ecriture « comparant les
choses spirituelles aux spirituelles ». J'y médite avec toute
l'attention et toute l'intensité dont mon esprit est capable. Si
quelque doute persiste, je consulte ceux qui sont expérimentés dans
les choses de Dieu, et les écrits, dans lesquels, quoique morts, ils
parlent encore. Et ce que j'ai appris je l'enseigne.
J'ai
conséquemment mis, dans les sermons qui suivent, ce que j'ai trouvé
dans la Bible concernant le chemin du ciel, dans le dessein de
distinguer ce chemin de Dieu de ceux que les hommes ont inventés.
J'ai essayé de décrire la religion véritable, scripturaire,
expérimentale, de façon à ne rien omettre de ce qui en fait
réellement partie, et aussi à ne rien y ajouter. Je désire
spécialement par là, d'abord, éloigner du formalisme, qui a
presque banni de ce monde la vraie religion, ceux qui se sont mis en
route pour le royaume des cieux, mais qui, ayant peu d'expérience
des choses de Dieu, risquent plus aisément de se laisser détourner
; je veux, en second lieu, mettre sur leurs gardes ceux qui
connaissent la religion du coeur et la foi agissante par la charité,
de peur qu'il ne leur arrive un jour d'annuler la loi par la foi et
de tomber dans les pièges du diable.
D'après
le conseil de quelques-uns de mes amis, j'ai introduit dans ce
recueil trois sermons de moi-même et un de mon frère (Il s'agit des
sermons sur le Salut par la foi, Presque chrétien et le
Christianisme scripturaire, qui forment les trois premiers du recueil
la Voie du Salut, et du sermon Réveille toi, toi qui dors, qui est
en tête du présent recueil.), prêchés devant
l'Université d'Oxford
Mon
plan exigeait des discours sur ces sujets, et j'ai donné la
préférence à ceux-ci sur d'autres composés plus récemment, parce
qu'ils répondent victorieusement à l'accusation qui nous a été
fréquemment lancée, d'avoir changé de doctrine et de ne plus
prêcher ce que nous prêchions autrefois. Tout homme réfléchi
pourra se rendre compte de ce qui en est, en comparant ces sermons
anciens aux antres plus récents.
Plusieurs
penseront peut-être que, moi qui veux enseigner les autres j'ai
dévié du droit chemin. Cela est très possible, mais j'ai la
confiance que, si je me trompe, mon esprit est ouvert à la
conviction, et que je désire sincèrement être redressé. Je dis à
Dieu et à l'homme : « Enseigne-moi ce que je ne sais pas ».
Êtes-vous persuadé que vous y voyez plus clair que moi ? Il se peut
que vous ayez raison. Traitez-moi donc comme vous voudriez être
traité vous-mêmes, si nous étions vous à ma place et moi à la
vôtre.
Montrez-moi
une meilleure voie que celle que j'ai suivie, mais montrez-la moi par
la seule autorité de l'Ecriture. Et si je m'attarde dans la voie où
j'ai accoutumé, de marcher, et si j'ai de la peine à la quitter,
marchez à mon côté, prenez-moi par la main et conduisez-vous avec
moi avec un peu de bienveillance. Ne vous étonnez pas si je vous
prie de ne pas me malmener pour m'obliger à hâter le pas ; je
risquerais alors de ne plus avancer du tout, moi qui, en faisant de
mon mieux, n'avance que lentement et faiblement. Ne puis-je pas vous
demander aussi de ne pas m'injurier pour me ramener au bon chemin ? A
supposer que je fusse en plein dans l'erreur, je doute que ce fût le
moyen de me ramener. Cela me ferait plutôt m'éloigner de vous et de
la vérité, si vous l'avez.
Et
puis, si vous vous fâchez, je pourrais me fâcher aussi, et ce ne
serait pas là le moyen de trouver la
vérité. Si une fois la colère s'en mêle, (comme dit quelque, part
Homère), cette fumée troublera si bien les yeux de nos âmes que je
ne verrai plus rien distinctement. Pour l'amour de Dieu, s'il est
possible, évitons de nous provoquer à l'irritation. N'allumons pas
ce feu de l'enfer les uns chez les autres, et, s'il est allumé, ne
l'excitons pas. Quand même, à la lueur sinistre de ce feu, nous
pourrions discerner la vérité, n'y aurait-il pas plus à perdre
qu'à gagner ? Car combien est préférable l'amour, même mêlé à
des opinions fausses, à la vérité elle-même sans l'amour ! Nous
pouvons mourir en ignorant bien des vérités, et être néanmoins
portés dans le sein d'Abraham Mais si nous mourons sans amour,
à quoi nous servira la connaissance ? Elle nous sera aussi peu utile
qu'elle l'est au diable et à ses anges !
Que
le Dieu d'amour nous préserve d'en faire jamais l'épreuve ! Qu'il
nous prépare pour la connaissance de toute vérité, en remplissant
nos cœurs de tout son amour, et de toute joie et paix en croyant !
Ephésiens
2,8 (1738, prêché devant l'Université (d'Oxford)
«
Vous êtes sauvés par grâce par la foi ». (Ephésiens 2 : 8)
Toutes
les bénédictions que Dieu a répandues sur l'homme viennent de sa
pure grâce, de sa bonté ou de sa faveur ; faveur libre, non
méritée, complètement gratuite ; l'homme n'ayant aucun droit
au plus petit des bienfaits du Seigneur. Ce fut la grâce
gratuite qui forma « l'homme de la poudre de la terre et
souffla en lui une âme vivante » ; ce fut elle qui grava sur cette
âme l'image de Dieu et « mit toutes choses sous ses pieds ».
La même libre grâce nous continue aujourd'hui la vie,
la respiration et toutes choses ; car quoi que ce soit que nous
soyons, que nous ayons ou que nous fassions, rien en nous ne
peut mériter la plus petite faveur des mains de Dieu. C'est toi, ô
Dieu ! qui as fait toutes nos oeuvres en nous. Elles sont donc
autant de preuves de plus d'une miséricorde, et toute justice
qui peut se trouver en l'homme est aussi un don de Dieu.
Par
quel moyen l'homme pécheur expiera-t-il donc le moindre de ses
péchés ? Par ses oeuvres ? Non : fussent-elles aussi
nombreuses et aussi saintes que possible, elles ne sont pas à lui,
elles sont à Dieu, mais en réalité elles sont toutes impures
et pleines de péché, de sorte que chacune d'elles a besoin
d'une nouvelle expiation. Il ne croît que des fruits mauvais sur un
mauvais arbre ; or son coeur est entièrement corrompu et
abominable, puisqu'il est «privé de la gloire de Dieu», de
cette glorieuse justice gravée au commencement sur son âme,
d'après l'image de son auguste Créateur. N'ayant ainsi rien à
faire valoir, ni justice ni oeuvres, sa bouche est fermée devant
Dieu.
Si
donc les hommes pêcheurs trouvent grâce auprès de Dieu, il y a là
de la part du Seigneur grâce sur grâce ; s'il consent encore à
répandre sur nous de nouvelles bénédictions, même la plus
grande des bénédictions, le salut, que pouvons-nous dire à
cela, sinon : « Grâces soient rendues à Dieu de son don
ineffable ? » Oui, il en est ainsi : « Dieu fait éclater son amour
envers nous, en ce que, lorsque nous n'étions que pécheurs,
Christ est mort pour nous sauver ». « Vous êtes sauvés par
grâce par la foi ». La grâce est la source du salut, la foi
en est la condition.
Maintenant,
afin que nous ne soyons point privés de la grâce de Dieu, il nous
importe d'examiner avec soin, premièrement : quelle est la foi
par laquelle nous sommes sauvés ; secondement : quel est le
salut obtenu par la foi ; troisièmement : de quelle manière nous
pouvons répondre à quelques objections qu'on présente contre
la doctrine du salut par la foi.
Quelle
est la foi par laquelle nous sommes sauvés ? C'est la première
question que nous allons examiner. Et d'abord, ce n'est pas
simplement la foi du païen. Dieu exige d'un païen qu'il croie
que Dieu « est, qu'il est le rémunérateur de ceux qui le
cherchent » soigneusement, et qu'il veut qu'on le cherche en le
glorifiant comme Dieu, en lui rendant grâces pour toutes choses, et
en pratiquant assidûment la vertu morale, la justice, la
miséricorde et la vérité envers le prochain. Le Grec, le Romain,
le Scythe même et l'Indien
étaient
sans excuse s'ils ne croyaient pas tout cela ; savoir, l'existence
et les attributs de Dieu, un état futur de récompenses et de
punitions et la nature obligatoire de la vertu. Croire ces
choses, c'est avoir la foi du païen seulement.
En
second lieu, ce n'est pas la foi du démon, quoique celle-ci aille
beaucoup plus loin que la foi du païen, car le diable croit non
seulement qu'il y a un Dieu sage et puissant, bon pour récompenser,
et juste pour punir ; mais il croit aussi que Jésus est le Fils
de Dieu, le Christ, le Sauveur du monde.
C'est
ce qu'il déclare dans ces paroles expresses : «
Je sais qui tu es ; tu es le saint de Dieu » (Luc 4
: 34).
Et nous ne pouvons douter que cet esprit malheureux ne croie à
toutes les paroles sorties de la bouche du Saint, et même à
tout ce qui a été écrit par les hommes inspirés, à deux desquels
il a été forcé de rendre ce glorieux témoignage : « Ces
hommes sont des serviteurs du Dieu très-haut, et ils vous annoncent
la voie du salut ».
Le grand ennemi de Dieu et de l'homme croit donc, et tremble en
croyant que Dieu a été manifesté en chair, qu'il mettra «
tous ses ennemis sous ses pieds », et que « toute l'Ecriture est
divinement inspirée » ; sa foi va jusque-là.
La
foi, en troisième lieu, par laquelle nous sommes sauvés, dans le
sens qui sera expliqué plus loin, n'est pas cette foi
qu'avaient les apôtres eux-mêmes tandis que Christ était sur la
terre, quoiqu'ils crussent assez fermement en lui pour « tout
quitter et le suivre » ; quoiqu'ils eussent alors le pouvoir
d'opérer des miracles, de « guérir toutes sortes de maladies et
toutes sortes d'infirmités » ; bien qu'ils eussent même «
puissance, et autorité sur tous les démons », et, ce qui est plus
encore, qu'ils fussent envoyés par leur Maître pour prêcher
le royaume de Dieu.
Quelle
est donc la foi par laquelle nous sommes sauvés ? On peut répondre
d'abord, en général, c'est la foi en Christ ; Christ, et Dieu
par Christ en sont les objets. Ce caractère la distingue assez de
la foi des païens anciens ou modernes. Et ce qui la distingue
parfaitement de la foi des démons, c'est qu'elle n'est pas une
simple croyance rationnelle, spéculative, un assentiment à la
vérité, froid et sans vie, une série d'idées dans la tête ;
mais aussi une disposition du coeur. Car ainsi parle L'Ecriture
: «
On croit du coeur pour obtenir la justice » ;
et encore : «
Si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu
croies dans ton coeur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras
sauvé » .
Et
cette foi est différente de celle qu'avaient les apôtres eux mêmes
tandis que Notre-Seigneur était sur la terre, en ce qu'elle
reconnaît la nécessité et la vertu propitiatoire de la mort de
Jésus ainsi que l'efficace de sa résurrection. Elle reconnaît
sa mort comme l'unique moyen suffisant pour racheter l'homme de
la mort éternelle, et sa résurrection comme notre restauration à
la vie et à l'immortalité, puisqu'il « a été livré pour
nos offenses et qu'il est ressuscité pour notre justification
». la foi chrétienne, donc, n'est pas seulement un assentiment
donné à tout l’Évangile de
Christ c'est aussi une pleine confiance dans le sang de Christ, un
repos de l'âme sur les mérites de sa vie, de sa mort et de sa
résurrection ; un recours à lui comme étant notre sacrifice
expiatoire et notre vie, comme s'étant donné pour nous et
comme virant en nous, et partant, c'est recevoir Christ,
s'appuyer sur lui, s'unir et s'attacher à lui comme à notre «
sagesse, justice, sanctification et rédemption », en un mot,
comme à notre salut.
II
Quel
est ce salut obtenu par la foi ? C'est le second point à
expliquer. Et, avant tout, quoi que ce soit qu'implique
d'ailleurs ce salut, c'est un salut présent, c'est quelque chose
que l'on peut obtenir, bien plus, que possèdent actuellement sur la
terre ceux qui ont la foi dont nous venons de parler.
L'apôtre
dit aux fidèles d’Éphèse (et en le leur disant, il le
dit aux fidèles de tous les âges) : «
Vous êtes sauvés par la foi »,
et non, vous serez sauvés, quoique cela aussi soit vrai. Vous
êtes sauvés, pour tout dire en un mot, du péché. Voilà la
délivrance qui s'obtient par la foi ; c'est ce grand salut
annoncé par l'ange avant que Dieu fit venir son premier-né dans le
monde : «
Tu lui donneras, dit-il, le nom de Jésus, car c'est lui qui
sauvera son peuple de leurs péchés ». Il
n'y a aucune limite ou restriction à ce salut, ni ici ni
ailleurs, dans l'Ecriture sainte.
Il sauvera son peuple, ou, comme il est dit dans un autre
endroit : «Tous
ceux qui croient eu lui »,
de tous leurs péchés, de leur péché originel et actuel,
passé et présent ; des péchés « de la chair et de l'esprit ».
Par la foi en Jésus, ils sont délivrés et de la culpabilité
et de la puissance du péché.
Vous
êtes sauvés, d'abord, de la culpabilité de tout péché passé.
Car, d'un côté, puisque tout le monde est coupable devant Dieu
et qui, s'il voulait prendre garde aux iniquités, nul homme
ne subsisterait ; puisque la loi ne donne que la connaissance et
nullement la délivrance du péché, de sorte que «
personne ne sera, justifié devant Dieu par les oeuvres de la loi » ;
de l'autre côté, «
la justice de Dieu qui est par la foi en Jésus-Christ a été
manifestée en tous ceux qui croient »,
et ils sont maintenant «
justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en
Jésus-Christ, que Dieu avait destiné, pour être une victime
propitiatoire par la foi en son sang, afin de faire paraître sa
justice par le pardon des péchés commis auparavant ».
Christ a enlevé «
la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour
nous. — Il a effacé l'obligation qui était contre nous, et il l'a
entièrement annulée en l'attachant à la croix. — Il n'y a donc
maintenant aucune condamnation pour ceux qui » croient « en
Jésus-Christ ».
Et
étant délivrés de la culpabilité, ils le sont aussi de la crainte
; non de la crainte filiale d'offenser Dieu, mais de toute
crainte servile, et qui cause de la peine ; de la crainte de la
punition méritée, de la colère de Dieu, qu'ils ne considèrent
plus comme un maître sévère, mais comme un père indulgent.
Ils n'ont point «
reçu un esprit de servitude, mais l'esprit d'adoption, par lequel
ils crient : Abba
c'est-à-dire, Père ; c'est ce même Esprit qui rend témoignage à
leur esprit qu'ils sont enfants de Dieu ».
Ils sont aussi délivrés de la crainte, mais non de la possibilité
de perdre la grâce, et d'être privés des grandes et
précieuses promesses de Dieu. Ainsi ils ont «
la paix avec Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Ils
se réjouissent «
dans l'espérance de la gloire de Dieu. L'amour de Dieu est
répandu dans leurs cœurs par
le Saint-Esprit qui leur a été donné » ;
et par là ils sont persuadés (persuasion qui n'a pas en tous
temps une égale force, et qui peut-être même n'existe
pas toujours), ils sont persuadés, dis-je, que « ni
la mort ni la vie, ni les choses présentes, ni les choses à venir,
ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre
créature, ne les pourra séparer de l'amour que Dieu leur a
montré en Jésus-Christ Notre-Seigneur ».
De
plus, par cette foi ils sont délivrés de la puissance du péché,
aussi bien que de sa culpabilité. C'est ce que déclare
l'apôtre : «
Vous savez que Jésus-Christ a paru pour ôter nos péchés, et qu'il
n'y a point de péché en lui. Quiconque demeure en lui ne pèche
point. Mes petits enfants, que personne ne vous séduise, celui
qui fait le péché est du diable. Quiconque croit est né de Dieu ;
et celui qui est né de Dieu ne fait point le parce que la
semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher parce
qu'il est né de Dieu (1Jean 3 : 5-9) ». Et
encore : «
Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais
celui qui est né de Dieu se conserve soi-même, et le malin ne le
touche point (1Jean 5 :18)».
Celui qui, par la foi, est né de Dieu, ne pèche point.
1° Il ne commet pas de péché habituel ; car tout péché d'habitude est un péché dominant ; mais le péché ne peut régner chez un homme qui croit.
2°
Il ne commet point de péché volontaire ; car sa volonté, aussi
longtemps qu'il demeure dans la foi, est entièrement opposée à
tout péché et l'abhorre comme un poison mortel.
3°
Il ne pèche par aucun désir coupable ; car il désire sans cesse de
faire la volonté sainte et parfaite de Dieu, et par sa grâce
il étouffe, dès son apparition, toute tendance à des
désirs mauvais.
4°
Il ne pèche point par infirmité, soit en parole, soit en acte, soit
en pensée, car ses infirmités n'ont pas le consentement de sa
volonté, condition sans laquelle elles ne sont pas à
proprement parler des péchés.
Ainsi, «
celui qui est né de Dieu ne commet point le péché » ;
et quoiqu'il ne puisse point dire qu'il n'a pas péché,
néanmoins «
il ne pèche point » actuellement. C'est
là le salut reçu par la foi même dans ce monde ; c'est, ce qui est
souvent exprimé par le mot de justification, la délivrance du
péché et de ses conséquences. La justification prise dans le sens
le plus large comprend la délivrance de la culpabilité et de
la peine du péché, par le sacrifice de Christ actuellement
appliqué à l'âme du pécheur qui croit maintenant en Lui, et la
délivrance de l'empire du péché par Christ qui est formé
dans son coeur, de telle manière que celui qui est ainsi justifié,
ou sauvé par la foi, est vraiment né de nouveau. Il est né de
nouveau de l'Esprit,
né à une vie nouvelle «
cachée avec Christ en Dieu ».
Et comme un enfant nouveau-né, il reçoit avec joie «
le lait pur de la parole » et
il « croît
par son moyen »,
dans la force de l’Éternel son Dieu ; il va de foi en
foi, de grâce en grâce, jusqu'à ce qu'enfin
il atteigne «
à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de
Christ ».
III
La
première objection que l'on fait ordinairement à cette doctrine,
c'est que prêcher le salut, ou la justification par la foi
seule, c'est prêcher contre la sainteté et les bonnes oeuvres. On
pourrait se borner à y faire cette courte réponse : Il en
serait ainsi si nous parlions, comme le font quelques-uns, d'une
foi séparée de ces choses ; mais nous parlons, au contraire, d'une
foi fertile en toutes sortes de bonnes oeuvres et en toute
sainteté.
Mais
il peut être utile d'examiner plus au long cette objection, surtout
puisqu'elle n'est pas nouvelle, car elle est aussi vieille que
les temps de saint de saint Paul, où l'on demandait déjà
: «N'anéantissons-nous pas la loi par la foi?» Nous
répondons, premièrement, que tous ceux qui ne prêchent pas la
foi, anéantissent évidemment la loi, soit d'une manière directe et
grossière, par des limites et des commentaires qui en rongent
tout l'esprit, soit indirectement en n'indiquant pas les seuls
moyens qui nous rendent capables de l'accomplir ; tandis que, en
second lieu, « nous établissons la loi », à la fois, en
montrant toute son étendue et son sens spirituel, et en
appelant tous les hommes à venir au Père par le chemin vivant,
savoir par Christ, par lequel «
la justice de la loi » peut
être «accomplie
en eux ».
Ajoutons que tout en ne se confiant qu'au sang de Christ,
les croyants pratiquent sans exception les ordonnances qu'il a
instituées et font toutes «
les bonnes oeuvres que Dieu a préparées pour qu'ils y
marchent » ;
enfin ils possèdent et manifestent toutes les dispositions
saintes et célestes, ils ont les mêmes sentiments qui étaient en
Jésus-Christ.
Mais
la prédication de cette foi ne pousse-t-elle pas les hommes à
l'orgueil ? Nous répondons : accidentellement cela est
possible. C'est pourquoi il faut instamment avertir tout croyant par
ces paroles du grand Apôtre : Les premières «
branches ont été retranchées à cause de leur incrédulité, et
toi, tu subsistes par la foi : ne t'élève point par orgueil, mais
crains. Si Dieu n'a point épargné les branches naturelles,
prends garde qu'il ne t'épargne pas non plus. Considère donc la
bonté et la sévérité de Dieu ; sa sévérité à l'égard de
ceux qui sont tombés, et sa bonté envers toi, pourvu que tu
persévères dans cette bonté, autrement tu seras aussi retranché ».
Et, en persévérant dans la bonté de Dieu, le chrétien se
rappellera ces mots de saint Paul, qui prévoyait cette même
objection et y répondait : «
Où est donc le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi
? Par la loi des oeuvres. Non, mais par la loi de la foi
(Romains 3 : 27) ». Si
l'homme était justifié par ses oeuvres, il aurait de quoi se
glorifier ; mais il n'y a aucun sujet de gloire pour «
celui qui n'a point travaillé, mais qui croit en celui qui
justifie le pécheur (Romains 4 : 5) ».
Tel
est encore le but des paroles qui précèdent et suivent le texte : «
Dieu, qui est riche en miséricorde..., lorsque nous étions
morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec Christ, par la
grâce duquel vous êtes sauvés ;... afin qu'il fit connaître, dans
les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce, par
la bonté dont il a usé envers nous en Jésus-Christ. Car vous êtes
sauvés par grâce, par la foi, et cela ne vient point de vous
(Ephésiens 2
: 4-8) ».
Ni votre foi, ni votre salut ne vient de vous : «
C'est un don de Dieu »;
un don libre, non mérité ; tant la foi par laquelle vous êtes
sauvés, que le salut qu'il y attache selon son bon plaisir et par
pure miséricorde. Votre foi est un premier bienfait de sa
grâce, le salut que vous obtenez par la foi en est un autre. « Ce
n'est point par les oeuvres afin que personne ne se glorifie »,
car toutes nos oeuvres, toute notre justice, avant de croire,
loin de mériter la foi, n'étaient dignes que de la condamnation ;
par conséquent lorsque la foi nous est donnée, ce n'est point
à cause de nos oeuvres. Et le salut aussi n'est point par les
oeuvres accomplies quand nous croyons ; car alors c'est Dieu qui
opère en nous ; et partant la rémunération qu'il nous accorde
pour ce qu'il opère lui-même, ne fait que relever les richesses de
sa miséricorde et nous ôte tout sujet de nous glorifier.
Dire
ainsi que la miséricorde de Dieu justifie ou sauve gratuitement par
la foi seule, n'est-ce pas, cependant, encourager les hommes à
vivre dans le péché ? Oui, il se peut que cette doctrine ait
cet effet ; il est même certain qu'elle l'aura. Plusieurs «
demeureront dans le péché afin que la grâce abonde », mais
leur sang sera sur leur tête. La bonté de Dieu aurait dû les
porter à la repentance, et c'est ce qu'elle fera pour ceux qui
ont le coeur sincère. Quand ceux-ci savent qu'il « y a pardon par
devers Dieu », ils crient à. lui avec force, ils lui demandent
qu'il veuille aussi effacer leurs péchés, par la foi en Jésus
; et s'ils l'implorent instamment, sans se lasser, s'ils le cherchent
par tous les moyens qu'il a établis ; s'ils refusent toute
consolation jusqu'à ce qu'il vienne ; « il viendra et ne tardera
point ». Et il peut faire une grande ouvre en peu de temps. De
nombreux exemples rapportés dans les Actes des Apôtres,
attestent que Dieu a opéré cette foi dans le coeur des hommes avec
la rapidité de l'éclair qui tombe du ciel. Ainsi à la même heure
où Paul et Silas
commencèrent «
à annoncer la parole du Seigneur » au geôlier, il se repentit,
crut et fut baptisé ; ainsi trois mille personnes qui se
repentirent et crurent le jour de la Pentecôte, à la première
prédication de saint Pierre, furent baptisées par lui le même
jour ; et, Dieu en soit béni, il y a maintenant bien des preuves
vivantes qu'il est encore «
puissant pour sauver ».
Cependant,
contre la même vérité, envisagée à un autre point de vue, on
présente une objection tout-à-fait opposée ; on dit que c'est
pousser les hommes au désespoir que de soutenir qu'ils ne peuvent
être sauvés par tout ce qu'il leur est possible de faire. Oui, au
désespoir de gagner le salut par leurs propres oeuvres, par
leurs mérites ou leur justice propre ; et il est nécessaire que
cela arrive, car nul ne peut se confier aux mérites de Christ
avant d'avoir complètement renoncé aux siens. Celui qui «
cherche à établir sa propre justice », ne peut recevoir la justice
de Dieu. La justice de la foi ne peut lui être donnée aussi
longtemps qu'il se confie en celle qui vient de la loi.
Mais,
dit-on, cette doctrine est peu consolante. Ah ! le diable a parlé,
comme sa nature le veut, c'est-à-dire sans vérité et sans
honte, quand il a osé suggérer aux hommes cette pensée.
— C'est
la seule doctrine consolante ; oui, elle est toute pleine de
consolation pour tout pécheur qui s'est perdu et qui se
condamne lui-même. «
Quiconque croit en lui ne sera point confus ». Celui
qui est le Seigneur de tous est riche en miséricorde « pour
tous ceux qui l'invoquent » ;
— voilà
une consolation aussi élevée que le ciel, et plus forte que la
mort ! Quoi ! miséricorde pour tous ! Pour Zachée
l'exacteur public
? pour Marie-Madeleine, la prostituée ? Il me semble entendre dire
à quelqu'un : Alors moi, moi aussi, je puis espérer de trouver
grâce !
— Oui,
tu le peux, ô affligé que personne n'a consolé ! Dieu ne
repoussera point ta prière.
Que
sais-tu ? peut-être à l'heure qui va sonner te dira-t-il : «
Prends courage, tes péchés te sont pardonnés »,
— tellement pardonnés qu'ils ne régneront plus sur toi
; et que le Saint-Esprit rendra témoignage à ton esprit que tu
es enfant de Dieu. Ô bonnes nouvelles, nouvelles de grande
joie, envoyées à tous les peuples ! « ô vous tous qui êtes
altérés, venez aux eaux ; venez, achetez sans argent et sans
aucun prix ». Quels que soient vos péchés, fussent-ils rouges «
comme le cramoisi », fussent-ils plus nombreux que les cheveux
de votre tête, — retournez à l’Éternel et
il aura pitié de vous, et à notre Dieu, car il pardonne
abondamment.
Quand
on ne peut plus rien objecter, on nous dit simplement, que le salut
par la foi ne devrait pas être prêché, comme doctrine
première, ou du moins ne devrait pas être prêché à tous. Mais
que dit le Saint-Esprit ? «
Personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui a été posé,
qui est Jésus-Christ ». Ainsi
donc, le fondement de toute notre prédication est et doit être : «
Quiconque croit en lui sera sauvé »
; c'est là ce qui en doit, faire le premier sujet.
— Bien,
mais il ne faut pas prêcher cette doctrine à tous tes hommes.
-–
A qui donc ne devons-nous point la prêcher ? qui
devons-nous excepter ? Les pauvres ? — Mais ils ont un droit
tout particulier à ce qu'on leur prêche l’Évangile
— Les
ignorants ?
— Dès
le commencement, Dieu a révélé ces choses aux hommes illettrés
et ignorants.
— Les
jeunes gens ?
—Nullement.
Sur toutes choses, « laissez-les venir et Christ, et ne les en
empêchez point»
— Les
pécheurs ?
— Moins
que personne. Il est «
venu appeler à la repentance, non les justes, mais les
pécheurs ».
Eh bien ! s'il nous faut excepter quelqu'un, ce doivent être
les riches, les savants, les hommes estimés et moraux ; et il
est vrai qu'ils ne se dispensent que trop souvent d'écouter
cette doctrine. Mais, quoi qu'il en soit, nous devons annoncer la
parole de Notre Seigneur. Car voici la, teneur de notre
commission. «
Allez, prêchez l’Évangile à toute créature ».
S'il est des hommes qui, à leur perdition, tordent cet
Évangile,
dans son entier ou dans quelqu'une
de
ses parties, il faudra qu'ils portent leur propre fardeau. Mais
quant à, nous, comme l’Éternel est
vivant, nous dirons ce que notre
Dieu nous
dira.
Dans
ces temps surtout, nous répéterons : Vous êtes sauvés,
par grâce, par la foi. Jamais il ne fut plus nécessaire
qu'aujourd'hui de maintenir cette doctrine, seule elle peut
efficacement empêcher les erreurs de Rome
de
se propager parmi nous. Attaquer une à une toutes ces erreurs, c'est
à n'en pas finir ; mais le salut par la foi les frappe à la
racine ; elles tombent toutes à la fois, dès que cette,
doctrine est établie. Ce fut cette doctrine que l'Église anglicane
appelle avec tant de raison, le rocher et le fondement de la
religion chrétienne, qui chassa le papisme de l'Angleterre
et seule elle l'en tiendra éloigné. Nulle autre chose ne
réprimera cette immoralité qui a envahi notre pays comme un
fleuve. Pouvez-vous mettre à sec l'océan goutte à goutte ? Alors
vous pourrez nous réformer de nos vices particuliers par des
raisonnements propres à nous en détourner. Mais que «la justice
qui vient de Dieu par la foi » soit
proclamée, et comme par une digue puissante, les
vagues orgueilleuses de la dépravation seront refoulées. C'est
le seul moyen de fermer la bouche à ceux «
qui mettent leur gloire dans ce qui est leur confusion »,
et qui ouvertement «
renient le Seigneur qui les a rachetés ». Ils
peuvent parler de la loi en termes aussi sublimes que l'homme dans le
coeur duquel Dieu l'a écrite. A les entendre discourir sur ce
sujet, ou serait disposé à penser qu'il ne sont pas loin du
royaume de Dieu ; mais conduisez-les de la loi à l'Evangile;
commencez par la justice de la foi, par «
Christ, qui est la fin de la loi pour justifier tous ceux qui croient
», et
ceux qui tout à l'heure paraissaient presque, sinon tout-à-fait
chrétiens, restent convaincus de n'être que des fils de perdition,
— d'être aussi éloignés de la vie et du salut (Dieu veuille leur
être miséricordieux !) que les profondeurs de l'enfer des
hauteurs du ciel.
C'est
là ce qui fait rugir l'adversaire toutes les fois que le salut par
la foi est publié au monde ; c'est ce qui le poussa à remuer
la terre et l'enfer, pour faire mettre à mort ceux qui le prêchèrent
les premiers ; — et sachant que la foi seule peut renverser
les bases de son royaume, c'est pour cela qu'il réunit toutes
ses forces et mit en jeu tous ses artifices de mensonge et de
calomnie, afin d'effrayer Luther
et
de l'empêcher de remettre au jour cette doctrine. Et il n'y a là
rien d'étonnant, car, ainsi que le remarque ce serviteur de
Dieu : « Un homme orgueilleux, fort et tout armé, ne serait-il
pas transporté de rage, si un petit enfant venait, un roseau à la
main, le défier et l'arrêter » ; surtout s'il était certain
que, ce petit enfant dût le renverser et le fouler aux pieds ?
— Oui, Seigneur Jésus, c'est ainsi que ta force s'est
toujours « accomplie dans la faiblesse ». Va donc, petit
enfant qui crois en Lui, et sa « droite t'apprendra des choses
merveilleuses ! » Quoique tu sois sans force et faible comme un
nouveau-né, l'homme fort ne pourra tenir devant toi. Tu auras
le dessus sur lui ; tu pourras le dompter, le renverser et le
fouler à tes pieds. Tu iras de conquête en conquête, sous la
direction du grand Capitaine de ton salut, jusqu'à ce que tous tes
ennemis soient détruits, et que «
la mort soit engloutie dans la victoire ».
Or,
grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire par Notre-Seigneur
Jésus-Christ », à qui comme au Père et au Saint-Esprit,
soient « louange, gloire, sagesse, actions de grâce, honneur,
puissance, et force, aux siècles des siècles ».
AMEN.