samedi 31 août 2013

ENTIÈRE CONSÉCRATION Rev. Murray Andrew

ÉDITIONS ROSE FRANCE 8, Villa du Centre St-Ouen (Seine) Nouvelle Édition Numérique Yves PETRAKIAN 2011
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ENTIÈRE CONSÉCRATION

I SOYEZ REMPLIS DE L’ESPRIT
II LA BÉNÉDICTION DE LA PLÉNITUDE DU SAINT-ESPRIT
III CHARNEL ET SPIRITUEL
IV MIS A PART PAR LE SAINT-ESPRIT
V LA REPENTANCE DE PIERRE
VI ENTIÈRE CONSÉCRATION

I. SOYEZ REMPLIS DE L’ESPRIT

    Ces paroles sont bien connues, vous les trouvez dans Actes 2:4: «Ils furent tous remplis du Saint- Esprit», et dans Ephésiens 5:18 «Soyez remplis de l’Esprit.» Le premier texte nous raconte ce qui est arrivé. L’autre texte est un ordre; il nous dit ce que nous devrions être. Au cas où il y aurait quelque doute dans nos esprits, au sujet de l’actualité de cet ordre, nous le trouvons lié à un autre ordre: «Ne vous enivrez pas de vin, c’est de la débauche, Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit.»
    Si je vous demandais: «Essayez-vous d’obéir à cet ordre: Ne vous enivrez pas de vin?», vous me répondriez aussitôt: «Naturellement, j’obéis à cet ordre, puisque je suis chrétien!», Et maintenant, je vous demande: «Avez-vous obéi à cet autre commandement: Soyez remplis de l’Esprit? Est-ce là la vie que vous vivez? Sinon, la question se pose aussitôt: Pourquoi? Et alors vient cette autre question: Avez-vous le désir d’obéir à ce commandement aujourd’hui même et de dire: «Avec l’aide de Dieu, j’obéirai. Je ne m’accorderai point de repos jusqu’à ce que j’aie obéi à ce commandement, jusqu’à ce que je sois rempli de l’Esprit?»
    Je veux vous dire tout d’abord que c’est ici une simple question d’obéissance à un ordre donné par le Saint-Esprit de Dieu, dans Sa Parole. Nous ne désirons pas vous occuper ou vous intéresser avec ce que nous avons à dire, au sujet de cette plénitude du Saint-Esprit, parce que cela pourrait vous conduire à des notions et à des conceptions qui ne sont réellement d’aucune valeur en ce qui concerne la réalisation du but que nous poursuivons; mais nous désirons commencer tout de suite en disant que Dieu a ce message pour chaque chrétien: «Mon enfant, je veux que tu sois rempli de l’Esprit.» Que votre réponse soit: «Père, je le veux aussi; je suis prêt; je renonce à moi-même pour obéir à mon Dieu; remplis-moi de ton Saint-Esprit.»
    Et de crainte que quelqu’un n’ait une fausse conception de ce que c’est que d’être rempli par le Saint-Esprit, laissez-moi juste vous dire que cela n’implique pas du tout un état de grande excitation, ou un état de perfection absolue, ou un état où nous n’avons plus aucun progrès à faire. Non. Être rempli par le Saint-Esprit, c’est simplement ceci: avoir abandonné tout mon être à Sa Puissance. Quand l’âme tout entière est livrée au Saint-Esprit, Dieu Lui-même vient l’emplir. Maintenant, la question que je désire vous poser est celle-ci: «Qu’est-ce qui est nécessaire pour être rempli de l’Esprit?» Cette question est d’une importance primordiale, et si nous cherchons à trouver les réponses qui doivent être faites à cette question, cela pourra nous aider à nous sonder nous-mêmes. Nous demandons, dans nos prières, que Dieu nous sonde, et ces réponses aideront chacun de nous à examiner son cœur et sa vie, et à dire: «Suis-je dans la condition voulue pour que Dieu puisse me remplir du Saint-Esprit?» Je pense que les réponses que nous trouverons à cette question pourront être de nature à nous encourager.
     Il y a peut-être des âmes qui pourront dire honnêtement, tandis que nous avancerons pas à pas: «Dieu merci, je suis prête pour cela»; et peut-être pourront-elles voir qu’elles ont été exclues jusqu’ici de cette bénédiction par quelque ignorance, ou quelque préjugé, ou quelque manque de foi, ou par une idée fausse au sujet de cette plénitude du Saint-Esprit.
    Je ne vois pas comment nous pouvons le mieux trouver la réponse à notre question, autrement qu’en considérant la façon dont Christ a préparé les disciples pour le jour de la Pentecôte. Vous savez ce qu’on fait dans les pays païens où le missionnaire prêche l'Évangile . Les convertis viennent à lui, et le missionnaire forme une classe de catéchisme {1}.
    Les nouveaux convertis habitent dans des cases, sur la station missionnaire, et ils restent là durant une année ou plus, pour recevoir renseignement religieux, pour être éduqués, entraînés, et mis à l’épreuve, afin d’être préparés à la vie chrétienne.
    Eh bien, Jésus a fait suivre à ses disciples, pendant trois ans, Sa classe de catéchisme; Il les a préparés et formés. Et quand le Saint-Esprit descendit sur eux le jour de la Pentecôte, ce ne fut pas quelque chose de magique, ni d’arbitraire. Ils y étaient préparés. Jean-Baptiste leur avait dit que cela Arriverait. {Lu 3:15,16}. Jean-Baptiste ne prêchait pas seulement que l’Agneau de Dieu devait verser son sang pour le salut du monde, mais aussi—et’ il nous est dit que cela lui fut spécialement révélé par Dieu—que Celui sur qui il verrait le Saint-Esprit descendre était Celui qui baptise du Saint-Esprit.
    Et maintenant, en quoi consistait la formation de ces disciples? En quoi consistait leur préparation pour le baptême du Saint-Esprit?
    Je vous demanderai d’abord de vous rappeler que c’étaient des hommes qui avaient tout abandonné pour suivre Jésus. Vous savez que le Seigneur Jésus alla vers l’un d’eux et lui dit: Laisse ton filet; qu’il dit à un autre: Laisse le bureau du péage, viens et suis-Moi. Et ils le firent et, par la suite, ils purent dire par la bouche de Pierre: «Seigneur, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi.» Ils avaient quitté leur maison, leur famille, leur situation. Les gens se moquaient d’eux et les raillaient, ils les appelaient les disciples de Jésus, et ils étaient méprisés et haïs comme leur Maître.
    Ils s’identifiaient avec Lui, ils se livraient entièrement à Lui. C’est là le premier pas dans le chemin qui conduit au baptême du Saint-Esprit. Nous devons renoncer à tout pour suivre Christ. Je ne parle pas de renoncer au: péché; ceci, vous avez eu à le faire lors de votre conversion. Mais il y a quelque chose qui a une plus large signification. Beaucoup de chrétiens reçoivent Jésus comme Celui qui peut les sauver et les aider, mais en même temps ils refusent virtuellement de l’accepter pour Maître. Ils pensent qu’ils ont le droit d’avoir leur volonté propre au sujet de mille choses. Ils parlent beaucoup de ce qu’ils aiment, ils font ce qui leur plaît, ils emploient à leur guise leur argent et leurs biens, ils sont leurs propres maîtres, et ils n’ont jamais pensé à dire à Jésus: Je t’abandonne tout.
    Et pourtant, c’est là ce que Christ demande. Christ dispose de richesses tellement infinies et d’une telle gloire, Christ est Lui-même un tel don, un don céleste, spirituel et divin, que nos cœurs ne peuvent être remplis par Lui à moins que nous ne Lui donnions tout. C’est pourquoi Jésus vient et dit: Renonce à tout et suis-Moi.
    Une fois, je me trouvais à la Convention de Johannesburg. Je fis quelques réunions, et une après-midi, à une réunion de témoignage, une pauvre femme se leva et raconta comment, environ six mois auparavant, elle avait reçu une merveilleuse bénédiction par une effusion de l’Esprit de Dieu.
    Elle avait assisté à une réunion de consécration dans un quartier très pauvre, et l’évangéliste qui était chargé de donner le message avait demandé quels étaient ceux qui étaient prêts à se donner entièrement à Christ. Il avait prononcé ces paroles: «Supposez que Jésus vous demande d’aller en Chine, ou de Lui donner votre femme et vos enfants, seriez-vous disposés à le faire?» Et elle dit ardemment: «Je désirais pouvoir dire: Je donne tout à Jésus, mais je ne pouvais pas.» Quand le prédicateur demanda à ceux qui voulaient tout abandonner de se lever, je fus dans une grande agitation, mais cependant je ne pus pas rester assise; je me levai et je dis: Oui, j’abandonne tout.
    Cependant, je sentais que je ne pouvais pas lui donner mon mari et mes enfants. J’allai à la maison, mais je ne pus pas dormir; je ne pouvais trouver le repos, car je soutenais une terrible lutte: Devais-je tout donner? Pourtant, je désirais le faire pour l’amour de Jésus. Il était plus de minuit, et je dis: «Oui, Seigneur, je te donne tout!» Et la joie et la puissance du Saint-Esprit inondèrent mon cœur.» Elle déclara, et son pasteur confirma son témoignage, qu’elle marchait dans la joie du Seigneur.
    Chers amis, vous n’avez peut-être pas dit cela, parce que vous n’avez jamais pensé que c’était nécessaire; mais dites-le aujourd’hui. Êtes-vous disposés à dire: «Oh Christ, remplis-moi du Saint-Esprit; je te donne tout; accepte mon offrande?»
    Chacun doit s’examiner lui-même. Quelques-uns n’ont jamais pensé qu’il était nécessaire de le faire. Quelques-uns n’ont jamais compris ce que Jésus voulait dire quand Il déclarait que celui qui ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses maisons et ses terres, et n’est pas prêt à les abandonner pour l’amour de Lui et de l’Évangile  n’est pas digne de Lui. N’est-ce pas là la raison de la faiblesse de votre vie spirituelle, la raison pour laquelle le Saint-Esprit ne remplit pas tout votre être? Vous n’avez jamais tout abandonné pour suivre Christ.
    Une autre remarque: les disciples n’étaient pas seulement des hommes qui avaient tout abandonné pour suivre Jésus, mais des hommes qui étaient profondément attachés à Lui. Jésus avait dit: «Si vous m’aimez, gardez mes commandements; et Moi je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir» {Jean 14:15-17} et ils l’aimaient profondément. Ils l’avaient vu crucifier, mais leurs cœurs ne pouvaient être séparés de Lui. Ils ne pouvaient avoir ni espérance, ni joie, ni consolation sur la terre sans Lui; et c’est là ce qui manque souvent, hélas, à notre piété. Nous mettons notre foi en Jésus et nous croyons à l’œuvre qu’il a accomplie sur le calvaire; nous croyons en Lui comme en notre unique Sauveur; c’est bien, et c’est en effet suffisant pour être sauvé. Mais l’idée que la foi consiste en un attachement profond, personnel, intime à la personne de Jésus, et dans une communion journalière avec Lui; la pensée que cette foi implique que Jésus, l’Invisible, sera mon Ami et mon Guide et mon Gardien chaque jour, mon Conducteur et le Maître auquel j’obéis. Hélas! combien de chrétiens n’ont jamais une telle pensée!
    Il y a deux ou trois ans, une jeune dame missionnaire vint en Afrique du Sud {2}, et elle nous parla beaucoup des bénédictions qu’elle avait reçues à Keswick {3}. Elle me raconta comment, depuis son enfance, elle avait aimé le Seigneur Jésus; elle avait été élevée dans un foyer chrétien et dans un milieu chrétien; mais quelle différence pour elle, lorsqu’elle avait découvert ce qu’était la plénitude du Saint-Esprit! Je lui dis: «Depuis votre enfance, vous avez vécu dans une chaude atmosphère chrétienne. Dites-moi en quoi consiste, à votre idée, la différence entre la vie que vous viviez alors et celle dont vous avez fait l’expérience par la suite?» Sa réponse fut prête aussitôt. Et c’était une réponse très simple: «Cela consiste uniquement en ceci: la communion personnelle avec Jésus», me dit-elle. Tel doit être, en effet, le commencement de la bénédiction. Certaines personnes seraient prêtes à tout abandonner pour leur religion. Pour une fausse religion, des multitudes de gens ont tout donné. Certaines personnes seraient prêtes à tout abandonner pour leur Église. Certaines personnes seraient prêtes à tout abandonner par amour pour leurs semblables. Mais ce n’est pas là ce que Dieu nous demande. Nous devons tout abandonner par amour pour Jésus, et le laisser venir dans notre vie, et le laisser prendre possession de notre cœur. Éprouvez-vous un profond attachement pour Jésus? Mettez-vous votre joie en Lui? Je ne vous demande pas si vous avez atteint le but, mais je vous demande si vous pouvez dire honnêtement: «C’est là ce que je m’efforce de réaliser, c’est à cela que je consacre tous mes efforts, c’est ce que je désire obtenir pardessus tout. Je dois appartenir à Jésus-Christ chaque jour et pendant toute la journée.»
    Encore une remarque: les disciples étaient des hommes qui avaient été amenés à désespérer d’eux-mêmes. Au début de cette école qui devait durer trois ans, ils avaient dû abandonner tout ce qu’ils possédaient; mais c’est seulement à la fin de cette période qu’ils avaient commencé à se donner eux-mêmes. Ils avaient abandonné leurs filets, et leur maison, et leurs amis, et c’était bien; mais, durant ces trois années, combien leur moi était fort! Que de fois Jésus dut leur parler au sujet de l’humilité! Mais ils ne pouvaient pas le comprendre. Ils étaient constamment en contestation, pour savoir lequel d’entre eux serait le plus grand. Même lors du dernier souper, lorsqu’ils étaient assis autour de la table, et qu’ils venaient de célébrer la Sainte-Cène, ils discutaient encore à ce sujet: lequel serait le plus grand parmi eux? {Luc 22:24} Ils n’avaient pas renoncé à eux-mêmes. Une fois de plus, il était manifeste qu’ils vivaient bien peu dans l’Esprit de Jésus.
    Mais Christ les avait enseignés et les avait formés. Il leur avait enseigné, jour après jour, que l’orgueil est un péché, et Il leur avait montré que l’humilité est une gloire, et quand Il mourut sur la croix, eux aussi eurent à souffrir une terrible mort. Pensez à Pierre, le disciple impétueux qui avait renié son Maître. Ne croyez-vous pas que dans la tristesse de ces trois jours, du jour de la crucifixion au jour de la résurrection, ce qui était le plus amer, pour lui, c’était la honte d’avoir renié son Maître? C’est alors qu’il apprit à désespérer de lui-même. Lorsqu’il était assis à table, lors du dernier souper, comme il était rempli de confiance en lui-même. «Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi!», s’écrie-t-il. {Matthieu 26:33} Mais Jésus l’emmena avec Lui dans la mort et dans la tombe, et Pierre sentit qu’il n’y avait vraiment rien de bon en lui. Il apprit à désespérer de lui-même.
    Quelques-uns de vous diront peut-être: Je crois que j’ai renoncé à tout pour Jésus: à mes biens, à mon foyer, à mes amis, à ma position, et je sais que je l’aime vraiment; mais pourtant, il y a quel que chose qui ne va pas. Je n’obtiens pas la bénédiction que je cherche. Chers amis, désirez-vous, réellement, que Dieu, à qui rien n’est caché, vous fasse découvrir combien il y a encore, dans votre cœur, de confiance en vous-même et de volonté propre? Considérez, par exemple, la manière dont vous jugez les gens; comment vous dites ce qui vous plaît, et ce que vous croyez juste; vous n’avez pas encore appris à étudier l’humilité et la tendresse de Jésus. Tout ceci est le moi. Vous travaillez pour Dieu, vous essayez de faire le bien, mais en réalité, c’est votre propre travail que vous faites.
    Vous faites ce travail en chrétien, et vous comptez sur l’aide de Dieu et sur sa bénédiction. Mais cela ne peut pas être. Dieu doit d’abord faire descendre dans la tombe chacun en particulier. Connaissez-vous la signification, de la mort de Jésus? Voici quelle en est la signification: cela signifie que Jésus dit à son père, en fait: «Voici ma vie, si précieuse pour moi, ma, vie qui a été sans péché; je te l’ai livrée de mon vivant; mais maintenant, je vais te la livrer dans la mort.» Il alla dans la tombe en disant: «Je remets mon esprit entre Tes mains.» Et vous savez ce qui arriva. Parce qu’il donna sa vie entièrement, et descendit dans l’obscurité profonde de la mort et de la tombe, Dieu l’a ressuscité et lui a donné une vie nouvelle, une gloire nouvelle et un pouvoir nouveau. Dieu l’a élevé de la tombe à la gloire. La mort était le secret de la résurrection.
    Comprenez que si vous désirez être rempli du Saint-Esprit et de la vie glorieuse de la résurrection, vous devez d’abord mourir à vous-même. Les apôtres étaient des hommes qui avaient été amenés à désespérer totalement d’eux-mêmes, des hommes qui avaient tout perdu, et qui étaient prêts à tout recevoir d’En-Haut.
    Encore une remarque: ces apôtres étaient des hommes qui avaient accepté par la foi la promesse du Saint-Esprit qui leur avait été faite par Jésus. Vous savez que pendant la dernière nuit, Christ leur avait parlé plus d’une fois du Saint-Esprit, et au moment où Il allait monter au ciel, Il leur dit encore: «Vous serez baptisés du Saint-Esprit dans peu de jours.». {Actes 1:5} Si vous aviez demandé à ces disciples: «Qu’est-ce que cela signifie?», je suis sûr qu’ils n’auraient pas pu vous le dire. Ils ne le comprenaient peut-être pas aussi bien que nous. Ils ne concevaient pas ce qui allait arriver. Mais ils prirent Jésus au mot, et ils n’éprouvèrent aucun besoin de parler de cela et de discuter à ce sujet pendant ces dix jours; je suis sûr qu’ils dirent: Si Jésus, pendant qu’il était sur la terre, a fait des choses si merveilleuses pour nous, maintenant qu’il est dans la gloire, Il fera des choses infiniment
plus glorieuses! Et ils attendirent.
    Vous devez maintenant accepter cette promesse par la foi et dire: «La promesse de la plénitude du Saint-Esprit est pour moi. Je l’accepte de la main de Jésus.» Vous pouvez ne pas comprendre; vous pouvez ne pas éprouver ce que vous aimeriez éprouver; vous pouvez vous sentir faible et pécheur et éloigné de Jésus; mais vous devez venir à Lui et dire —et vous avez le droit de le dire— cette promesse est pour moi. Êtes-vous prêt à le faire? Êtes-vous prêt à saisir par la foi cette promesse et l’amour de Jésus?
    Je suis sûr qu’il y a de nombreux croyants qui luttent pour trouver ce qui leur manque, qui se sont donnés à Jésus entièrement et de tout leur cœur, qui l’aiment vraiment, qui ont cherché à s’humilier dans la poussière. Mais ce qui leur manque, c’est qu’ils n’ont pas appris à dire simplement: Il l’a promis et Il le fera.
    Permettez-moi de vous dire, pour vous encourager, que lorsque vous avez une promesse de Dieu, elle est valable autant qu’un accomplissement. Une promesse vous met en contact direct avec Dieu. Honorez-Le en croyant à Sa promesse et en Lui obéissant, et si vous avez encore besoin de quelque préparation, Dieu le sait; et s’il y a quelque chose qui doit vous être révélé, Il le fera, si vous comptez sur Lui pour le faire. Croyez en Sa promesse et dites: «Cette plénitude du Saint-Esprit est pour moi.»
    Et maintenant, voici le dernier pas accompli par les disciples: S’appuyant sur cette promesse, ils attendirent, unis dans la prière. S’attendre à Dieu dans la prière! Ils attendirent, ils prièrent tous d’un même accord; la prière et la supplication montèrent à Dieu: avec les louanges. Ils comptaient que Dieu, du haut du ciel, allait faire quelque chose. C’est là une leçon dont nous devons saisir l’importance. Je trouve des chrétiens—et j’ai fait moi-même cette expérience—qui lisent la Parole de Dieu, qui la comprennent, qui réfléchissent, qui souhaitent, qui désirent demander, qui désirent s’emparer, qui désirent obtenir et qui, cependant, n’obtiennent point ce qu’ils souhaitent. Et pourquoi?  
    Parce qu’ils n’attendent pas que Dieu le leur donne. Ne considérez pas ce que vous pensez ou comprenez. Regardez à Dieu et comptez sur Lui. Ce n’est pas assez de croire. Je rencontre beaucoup de gens qui confondent la foi avec la bénédiction que l’on obtient par la foi. Par la foi, je suis «héritier des promesses». Oh! croyez Dieu et confiez-vous en Lui; puis, regardez à Lui pour obtenir la bénédiction. «Soyez remplis du Saint-Esprit.»

{1} Dans le texte anglais: «une classe de baptême». Nous avons traduit: «classe de catéchisme», parce que c’est là l’expression employée dans les Missions’ françaises pour désigner la classe où les nouveaux convertis reçoivent l’enseignement biblique en vue du baptême.
{2} André Murray était pasteur en Afrique du Sud.
{3} Keswick est une ville d’Angleterre où se tient chaque année une convention célèbre, à laquelle des chrétiens de tous les pays viennent assister.

II. LA BÉNÉDICTION DE LA PLÉNITUDE DU SAINT-ESPRIT

    Je désire vous montrer combien une vie remplie du Saint-Esprit est bénie. Je ne crois pas que je puisse vous faire comprendre la bénédiction qu’il y a à être rempli du Saint-Esprit plus clairement qu’en vous montrant le changement extraordinaire qui se produisit dans la vie des disciples’ après la Pentecôte. Je crois que c’est l’une des plus merveilleuses «leçons de choses» contenues dans toute la Parole de Dieu—celle de ces douze hommes qui, ayant été à l’école du Christ pendant trois ans et ayant reçu; son enseignement, restaient cependant, en apparence, si éloignés de la vie qu’ils auraient dû vivre; et tout à coup, par l’effusion du Saint-Esprit venant sur eux, devenant absolument ce que Dieu désirait qu’ils fussent.
    Considérez d’abord le changement que la Pentecôte a apporté dans leurs relations avec Jésus. Pendant Sa vie avec eux, sur la terre, ils ne pouvaient pas l’avoir en eux—Il leur était extérieur—très proche, très aimant, mais séparé d’eux. Jusqu’à la Pentecôte, quel échec (si je puis dire) fut l’enseignement du Christ à ses disciples! Christ leur avait enseigné, jour après jour, l’humilité. Il leur disait: «Apprenez de Moi, car je suis doux et humble de cœur.» Il leur répétait: «Celui qui s’abaisse sera élevé.» Et pourtant, à la table de communion, ils discutaient encore pour savoir quel était le plus grand. Christ n’avait; pas fait la conquête de leur orgueil. Ce n’était pas que l’enseignement divin eût manqué. Pourquoi donc, alors? A cause d’une chose: Christ leur était extérieur, Il ne pouvait venir habiter dans leur cœur. C’était une chose impossible, le temps n’était pas encore venu; et cependant, ils avaient le tout-puissant Rédempteur avec eux; mais Il était encore en dehors d’eux. Comme ils étaient différents de Lui! Ceci doit nous montrer que ce n’est pas l’enseignement extérieur, même l’enseignement provenant du Christ lui-même, ou de Sa parole dans l’Ecriture Sainte, qui peut nous apporter la bénédiction réelle et entière, tant que le Saint-Esprit n’a pas fait son oeuvre en nous.
    Mais quel changement se produisit le jour de la Pentecôte! «Ce jour-là, vous connaîtrez que Je suis en vous», avait dit Jésus à ses disciples. Qu’est-ce que cela signifie? Christ en nous, comme nous sommes dans une maison? Non, car nous pouvons sortir de cette maison et y rentrer ensuite sans souffrir le moins du monde. La maison dans laquelle nous habitons ne fait pas partie de nous-même.
    Mais le Seigneur Jésus vient pour être partie intégrante de ses disciples, pour remplir leur cœur et leurs pensées; ce que Pierre, et Jacques, et Jean avaient quand le Christ était au milieu d’eux, vous et moi nous l’avons dans une bien plus grande mesure, si nous avons le Christ vivant en nous.
    Et comment ce changement se produit-il? Par le Saint-Esprit. «En ce jour-là—à la venue du Saint Esprit—vous connaîtrez que Je suis en vous.». {Jean 14:20} «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui.». {Jean 14:23} Notre cœur ne désire-t-il pas ardemment cette présence?
    J’ai souvent médité sur Jésus à Bethléem, et sur Jésus au calvaire, et sur Jésus assis sur le trône, et je l’ai adoré, et je l’ai aimé, et je me suis profondément réjoui en Lui; mais j’ai’ toujours désiré quelque chose de meilleur, de plus profond: et de plus intime. N’est-ce pas là ce que vous désirez: avoir le Christ vivant en vous? Et c’est là ce que le Saint-Esprit vous donnera. Ne voulez-vous pas vous donner vous-même pour recevoir cette bénédiction, pour être rempli du Saint-Esprit, afin que Jésus puisse prendre possession de vous? N’est-ce pas là ce que votre cœur souhaite? Jésus en vous, Jésus lui-même, le Tout-Puissant, celui qui mourut sur la croix et qui est assis sur le trône, et qui condescend à être notre vie.
    Et voici pourquoi le Saint-Esprit vient en nous. Jésus a dit: «Il me glorifiera, car il prendra de ce qui est à Moi et il vous l’annoncera.». {Jean 16:15} Et quelle est la gloire de Jésus? Son amour et Sa puissance. Le Saint-Esprit nous révélera le Christ; et le merveilleux amour de Christ nous possédera entièrement et réellement, et la puissance de Christ sera maîtresse de notre vie. Vous connaissez cette magnifique prière, au chapitre 3 de l’épître aux Ephésiens, où l’apôtre demande à Dieu «qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en; sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi». {Ephésiens 3:16-17} L’immense puissance du Saint-Esprit peut le faire. Le Saint-Esprit fait habiter Jésus en nous.
    Et voici l’autre changement apporté par le Saint-Esprit en ce qui concerne les disciples: non seulement Jésus était extérieur à eux, mais de plus, il n’était pas toujours avec eux. Vous vous rappelez comment, un soir, il les fit monter dans une barque pour traverser le lac, tandis que lui-même restait sur la montagne pour prier. Vous vous rappelez comment, une autre fois, il emmena trois de ses disciples avec Lui sur la montagne, tandis que les autres restaient en bas; et ces derniers rencontrèrent des Pharisiens, et ils furent incapables de chasser le mauvais esprit. Et puis vint l’heure de la séparation, et à la fin cette mort horrible, cette séparation définitive d’avec eux en ce monde. Oui, Christ était leur vie, mais ils étaient tantôt avec Lui, et tantôt séparés de Lui; quelquefois, ils se trouvaient près de Lui, mais quelquefois la foule l’entourait et ils ne pouvaient arriver à Lui.
    Mais la présence de Jésus par le Saint-Esprit est ininterrompue, constante, et dure toujours. N’est-ce pas là ce que nos cœurs désirent? Ne savez-vous pas ce que c’est que de vivre pendant une semaine, ou pendant un mois, dans une telle joie que votre cœur chante toute la journée? Et puis un changement se produit, les nuages et l’obscurité surviennent, et vous ignorez pourquoi; quelquefois, c’est à cause d’une maladie ou d’un moment de dépression physique; quelquefois, c’est à cause des soucis et des difficultés de la vie: quelquefois, c’est à cause de l’expérience que nous faisons de notre propre incapacité. Oh! que je puisse vous le dire et que je puisse le voir moi-même !
    Jésus vous aime; Il désire ne pas être séparé de vous, même une minute; Il ne peut pas l’endurer. Nous avons besoin de croire à cet amour de Jésus. Nulle mère ne s’est autant réjouie du bébé qu’elle serre dans ses bras que Jésus se réjouit en vous. Il désire être encore plus intime avec vous, et avoir une communion constante avec vous. Saisissez cette promesse et dites aujourd’hui: «S’il est possible, avec l’aide de Dieu, je dois avoir cette plénitude du Saint-Esprit, afin que Jésus puisse venir habiter dans mon cœur pour toujours.»
    Considérez ensuite le changement qui se produisit dans la vie intérieure des disciples. Jusqu’à la Pentecôte, leur vie fut une vie de faiblesse et d’échecs. J’ai parlé de leur orgueil. Christ devait les reprendre bien souvent à cause de leur orgueil. Vous savez qu’ils désiraient ardemment être fidèles, et cependant leur orgueil et leur confiance en eux-mêmes les conduisirent à l’échec final. Pierre dit à Jésus: «Quand il me faudrait mourir avec Toi, je ne te renierai pas!» Et tous les disciples dirent la même chose. {Matthieu 26:35} Et pourtant, quelques heures après, ils l’abandonnèrent, et Pierre le renia.
    Tel fut le résultat de l’orgueil et de la confiance en soi-même. Ils ne savaient pas combien leur propre nature était mauvaise. Jésus avait tout fait pour leur enseigner l’humilité, mais Il avait échoué, et de là venait leur faiblesse. Pierre avait dit: «J’irai avec toi en prison et à la mort», mais en entendant les paroles d’une servante, il commença à jurer et à déclarer qu’il ne connaissait pas cet homme. Quelle profonde faiblesse!
    Mais quel changement à la Pentecôte! Je ne dirai pas qu’ils remportèrent la victoire sur le péché, car je ne pense pas que ce fut le résultat d’un combat. Mais quand le Saint-Esprit, l’Esprit de Dieu, vint dans leur vie, ils furent remplis de la force et du pouvoir du Christ vivant, de Celui qui nous sauve du péché.
    Jésus est venu, vous le savez, pour ôter le péché. Et comment l’enlève-t-il? Beaucoup de chrétiens considèrent qu’il l’a enlevé en mourant sur la croix. D’autres vont plus loin et disent: «Non seulement Christ a ôté le péché en mourant sur la croix, mais Il l’enlève du haut du ciel, Il me purifie et me garde jour après jour.» Mais voici de quelle manière le péché a été véritablement enlevé: Quand la lumière vient, elle dissipe les ténèbres. C’est la présence de Jésus venant habiter en nous par le Saint-Esprit qui nous rend saints. Et voyez quel changement chez les disciples! Voyez maintenant avec quelle hardiesse ils parlent en présence de ceux qui les menacent de mort. «Nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes», disent-ils. On les jette en prison, et ils chantent des cantiques au milieu de la nuit. Oh! quel merveilleux changement le Saint-Esprit a apporté dans leur vie!
    Qu’est-ce que cela doit nous enseigner? Nous parlons très souvent de notre propre vie et de la vie selon l’Esprit. Avez-vous dit à Dieu—peut-être l’avez-vous dit souvent—: «Seigneur, comment puis-je être délivré de mon moi?» Eh bien, cela vous a-t-il été révélé? Le doigt de Dieu a-t-il atteint les profondeurs de votre cœur, et avez-vous été amenés à dire: O Dieu, mes échecs proviennent de ma confiance en moi-même, de ma propre volonté, de mon désir de faire ce qui me plaît? C’est ce maudit moi qui veut dire son mot à propos de tout, et il n’y a aucune puissance qui puisse l’expulser, excepté la puissance de la présence de Jésus.
    Vous, pouvez être troublés au sujet de quelque définition théologique concernant la manière dont ceci s’accomplit; vous pouvez vous demander dans quelle proportion le péché subsiste, et dans quelle proportion nous en sommes délivrés; mais voici ce que vous devez croire: bien que vous ne puissiez l’expliquer, croyez que l’Esprit de sainteté qui vous est donné est la sainteté même de Jésus dans votre cœur; que ceci vous suffise. Remplis du Saint-Esprit, vous avez en vous la puissance de la sainteté de Dieu qui accomplit dans votre cœur l’œuvre bénie de la sanctification.
    Et voici maintenant le troisième point. Considérez l’amour qui unissait les disciples en un seul corps. J’ai parlé tout à l’heure de leur rivalité. Ils s’étaient montrés égoïstes; souvent, ils avaient manqué d’amour; mais quand le Saint-Esprit vint, il les unit en un seul corps, et ils eurent conscience qu’ils étaient membres de Christ, et ils s’aimèrent les uns les autres, de sorte qu’ils accomplirent des choses dont on n’avait jamais entendu parler auparavant. Bien qu’ils n’eussent entre eux, pour la plupart {1}, aucun lien de parenté, ils se mirent à vendre leurs biens et leurs propriétés, et à mettre en commun tout ce qui leur appartenait. Ce fut le résultat de la venue du Saint-Esprit et de l’amour de Dieu dans leurs cœurs.
    Ne trouvez-vous pas que la plus grande des difficultés que vous rencontrez dans la vie provient de vos relations avec les autres chrétiens? N’est-ce pas là que nous rencontrons le plus fréquemment l’occasion de pécher, dans nos rapports avec nos frères en la foi? Très souvent, des personnes qui doivent travailler ensemble diffèrent de caractère et de tempérament, et très facilement des frictions se produisent. Il y a des personnes qui n’ont pas les mêmes idées concernant certain point de la doctrine chrétienne ou concernant la façon de travailler pour Dieu. Et de quelle façon ces personnes parlent l’une de l’autre, soit de vive voix, soit par lettre! Hélas! combien nous voyons de divisions au sein de l’Eglise de Christ sur la terre! Même parmi ceux qui professent aimer Dieu, et qui déclarent être sanctifiés et entièrement consacrés, que de divisions! C’est vraiment triste.
    Considérons seulement notre pays. Combien de chrétiens se dénigrent mutuellement! Certains chrétiens peuvent montrer en quoi j’ai tort, et moi de mon côté je puis montrer en quoi ils ont tort; mais combien il y a peu de chrétiens, ayant des opinions différentes, qui peuvent dire: «Au-dessus de toutes nos différences, il y a une unité que nous devons exprimer; nous désirons une communion continuelle en présence de Dieu notre Père.»
    Désirez-vous avoir un cœur débordant d’amour pour chaque enfant de Dieu, pour tous les enfants de Dieu appartenant à un autre milieu que le vôtre? Désirez-vous avoir cet amour brûlant qui embrase aussi les autres? Désirez-vous que l’amour divin remplisse votre cœur et déborde au dehors? Désirez-vous que l’amour de Jésus, cet amour qui va jusqu’au sacrifice, prenne possession de vous, de sorte que vous puissiez supporter et pardonner, de sorte qu’avec la patience, la tendresse et la douceur de Christ, l’agneau de Dieu, vous puissiez être le serviteur de tous, même de ceux qui sont désagréables ou antipathiques? Alors, vous avez besoin d’être remplis du Saint- Esprit. Suppliez Dieu de vous accorder cette plénitude du Saint-Esprit, ne vous donnez aucun repos jusqu’à ce que vous l’ayez obtenue. Le Saint-Esprit, c’est l’Esprit d’amour, c’est l’Esprit de Jésus crucifié. Si nous recevons le Saint-Esprit, l’amour de Dieu se répandra dans nos cœurs, et Dieu nous unira les uns aux autres comme jamais auparavant.
    Et maintenant, considérons leur travail. Voyez quelle différence après la Pentecôte! Et je suppose que nous sentons tous que c’est là une des choses principales en rapport avec la plénitude du Saint-Esprit.
    Je suis certain qu’il y a de nombreux serviteurs de Dieu qui peuvent remercier Dieu pour la façon dont Il les a conduits jusqu’ici et qui, cependant, sentent qu’il leur manque quelque chose. Ils n’éprouvent pas toujours, en parlant de Jésus, un sentiment de joie, ils n’ont pas toujours conscience que Dieu les emploie comme instruments. Cependant, c’est là ce que Dieu désire de chacun de ses serviteurs. Combien de moniteurs d’école du dimanche ou de chefs de classes bibliques {2} peuvent dire: je suis faible, timide, ignorant, mais je sais que c’est Dieu qui m’emploie, car j’ai consenti à faire tout ce qu’il voudrait; bien que mon travail soit faible, et que parfois j’en sois honteux, je ne me tourmente pas à ce sujet, car j’ai tout remis entre les mains de Dieu et me suis donné à Lui, afin qu’il m’emploie pour Son service?
    Ne sentez-vous pas que ce serait une joie indicible de travailler constamment dans cet esprit d’humilité, de dépendance et d’effacement absolus, tout en croyant, avec une foi d’enfant, que Dieu se servira de vous? Oh! Comment pourrais-je obtenir cela? Regardez les apôtres, regardez les disciples. Nous lisons dans l’Évangile que Jésus les envoya pour faire trois choses: pour prêcher l’Évangile  pour guérir les malades et pour chasser les démons. Quand ils revinrent, ils lui parlèrent seulement des deux dernières: ils avaient guéri des malades et chassé des démons; mais l’Évangile ne nous dit pas qu’ils aient parlé des âmes converties. Je ne crois pas que leur prédication avait eu de grands résultats.
    Mais quand le jour de la Pentecôte vint, écoutez leur prédication, pas seulement celle de Pierre; ils proclamaient tous les merveilles de Dieu. Et quelle bénédiction en fut la suite!
    Quelle fut leur hardiesse, et quelle largeur de coeur! Ils allèrent à Samarie et à Césarée, et ensuite à Antioche, et là, ils attendirent de connaître la volonté de Dieu; quelques années plus tard, l’Évangile était apporté en Europe.
    C’est par la puissance du Saint-Esprit que toutes ces choses furent accomplies. Et nous avons besoin de cette puissance pour faire l’œuvre de Dieu, et nous avons besoin d’être éclairés par le Saint Esprit pour voir le champ de travail qui s’étend devant nous, même dans notre entourage immédiat.
    Je remercie Dieu pour l’intérêt que les chrétiens portent actuellement aux missions en terre lointaine et parmi les païens. Je remercie Dieu pour les efforts qui sont faits en faveur des pauvres, des parias, des ivrognes et de ceux qui sont en danger moral, mais qui osera apporter l’Évangile aux classes moyennes et aux gens riches? N’y a-t-il pas parmi vous des gens qui font partie d’une église ou d’une assemblée, et qui assistent au culte dimanche après dimanche, aux côtés de gens dont beaucoup sont inconvertis? N’avez-vous pas besoin de la sagesse divine et de la puissance du Saint- Esprit pour parler à ces gens? N’avez-vous pas besoin d’être éclairés par le Saint-Esprit et d’être inspirés par Lui? N’avez-vous pas besoin de la puissance divine, de l’amour divin et d’une hardiesse nouvelle pour prier, pour attendre et pour travailler? Ce ne sont pas seulement ceux qui sont en Chine ou en Afrique ou dans des pays lointains qui ont besoin de l’Évangile; l’Évangile doit être annoncé à ceux avec lesquels nous sommes en contact chaque jour. Nous remercions Dieu de ce que, au cours des trente dernières années, les chrétiens ont évangélisé comme jamais auparavant; mais nous devons comprendre que ce n’est qu’un commencement. Si les chrétiens demandent à Dieu de les diriger, si, dans la prière, ils Lui demandent de leur faire connaître Sa volonté, et s’ils Lui disent qu’ils sont prêts à travailler pour Lui, ne croyez-vous pas que Dieu est capable de faire beaucoup plus que tout ce qui a été fait jusqu’ici?
    Mais une chose est nécessaire. C’est l’Esprit qui agit, le jour de la Pentecôte et par la suite. C’est l’Esprit qui donna l’audace, c’est l’Esprit qui donna la sagesse, c’est l’Esprit qui donna le message, c’est l’Esprit qui donna la puissance pour amener des âmes à la conversion. Mon frère, ma sœur, n’est-ce pas là ce que vous désirez obtenir? N’est-ce pas là le vœu de votre cœur? Jésus ne nous envoie pas au combat sous notre propre responsabilité; Il ne nous dit pas d’aller prêcher l’Évangile avec notre propre force; Jésus veut que nous ayons la plénitude du Saint-Esprit, même si nous devons rester chez nous et évangéliser nos domestiques et les membres de notre famille. Même si c’est là notre seule tâche, pour cette tâche-là il nous faut la puissance du Saint-Esprit. Que nous ayons seulement un groupe à l’école du dimanche, ou que nous soyons chargés de faire des études bibliques, ou que nous ayons un travail plus important, ce dont nous avons besoin, c’est d’être remplis du Saint-Esprit.
    En conclusion, permettez-moi de vous demander: «Etes-vous prêt maintenant à recevoir de Jésus ce don?» Il aime à l’accorder. La joie de Dieu, c’est d’honorer son Fils, et c’est un honneur pour Christ quand les âmes possèdent la plénitude du Saint-Esprit, parce que Christ montre ainsi ce qu’il peut faire pour elles. Ne réclamerons-nous pas ce don?
    Et maintenant, si vous désirez obtenir cette bénédiction, dites tout d’abord: «Je dois être rempli du Saint-Esprit.» Dites-le à Dieu et du fond de votre cœur.
    Dites ensuite: «Je puis être rempli du Saint-Esprit.» La promesse est pour moi. Saisissez cette assurance et que tout doute s’évanouisse. Les apôtres, auparavant remplis d’orgueil et d’égoïsme, furent remplis du Saint-Esprit parce qu’ils s’attachèrent à Jésus. Et vous, bien que pécheur, vous puissiez être rempli du Saint-Esprit si vous vous attachez à Jésus.
   Après cela, dites: «Je veux être rempli du Saint-Esprit.» Pour obtenir «la perle de grand prix», vous devez vendre tout ce que vous possédez, vous devez tout abandonner. Êtes-vous disposé à le faire?
    Enfin, voici le dernier pas. Dites: «Je serai rempli du Saint-Esprit.» Dieu: désire vous accorder ce don; vous devez l’obtenir. Peu importe qu’il vienne comme un torrent, ou dans un profond silence. Peu importe qu’il vienne ce soir ou demain matin. Dites: «Je serai rempli du Saint-Esprit.» Si je me confie en Jésus, Il ne peut pas me désappointer. C’est Sa nature même, c’est Son travail dans le ciel, c’est Sa joie d’accorder aux âmes la plénitude du Saint-Esprit. Oh! réclamez-la aujourd’hui même! Dites: «Je serai.» Seigneur, c’est tellement solennel, c’est presque effrayant; c’est une telle bénédiction. Seigneur, ne veux-tu pas me l’accorder? Mon cœur qui tremble dit: «Je serai rempli du Saint-Esprit.»   
   Oh! dites à Dieu: «Père, je le serai, car le nom de mon Sauveur est Jésus, celui qui sauve de tout péché, celui qui remplit du Saint-Esprit.
    Gloire à Son nom!»

{1} L’auteur dit: pour la plupart; en effet, Jacques et Jean étaient frères, de même que Pierre et André.
{2} En Angleterre et aux États-Unis, ce sont souvent des laïques qui sont chargés des réunions d’études bibliques (que l’on appelle: classes bibliques).

III CHARNEL ET SPIRITUEL

    Dans la première épître aux Corinthiens, {1Corinthiens 3:1,2} l’apôtre Paul s’exprime ainsi: «Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ. Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez la supporter; et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels.»
    L’apôtre, au début de ce chapitre, indique aux Corinthiens qu’il y a deux stades dans l’expérience chrétienne. Certains chrétiens sont charnels, d’autres sont spirituels. Grâce au discernement que le Saint-Esprit accordait à l’apôtre, celui-ci voyait que les Corinthiens étaient charnels, et il voulait le leur dire. Dans les quatre premiers versets de ce chapitre, nous trouvons quatre fois le mot charnel.
    L’apôtre sentait que sa prédication ne pourrait faire aucun bien, s’il parlait de choses spirituelles à des gens qui ne l’étaient pas.
    Les Corinthiens étaient des chrétiens, de véritables chrétiens, des enfants en Christ; mais ils avaient un défaut capital, ils étaient charnels. De sorte que l’apôtre semble leur dire: «Je ne puis vous enseigner des vérités spirituelles concernant la vie spirituelle, vous ne pourriez les comprendre.» Ce n’était pas. qu’ils fussent stupides. Ils étaient très intelligents, très instruits, mais ils étaient incapables de comprendre un enseignement spirituel. Ceci doit nous apprendre cette leçon, que le trouble qui se produit dans l’Eglise de Christ, parmi les chrétiens qui obtiennent une bénédiction pour la perdre ensuite, vient de ce que ces chrétiens sont charnels; tout ce dont nous avons; besoin pour conserver une bénédiction que nous avons obtenue, c’est de devenir spirituels.
    Nous devons choisir quelle sorte de vie chrétienne nous voulons vivre: la vie charnelle ou la vie spirituelle. Choisissez la vie spirituelle, et Dieu vous l’accordera avec joie.
    Si nous voulons comprendre les paroles de l’apôtre, il nous faut tout d’abord savoir exactement en quoi consiste cet état de «chrétien charnel».
    En premier lieu, un chrétien charnel est celui qui reste perpétuellement comme un enfant. Voici une personne qui est convertie depuis de longues années; elle devrait avoir atteint l’âge adulte depuis longtemps, mais elle est restée semblable à un bébé. L’apôtre dit: «Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez la supporter.» Un bébé, c’est délicieux, il n’y a rien de plus ravissant qu’un petit bébé de six mois, avec ses joues vermeilles, son visage souriant, ses petits pieds qui gigotent et ses petites mains qui s’agitent. Mais supposez qu’après avoir admiré ce bébé, je revienne six mois plus tard et que je trouve l’enfant exactement pareil, les parents diraient: «Nous sommes inquiets au sujet de cet enfant; il ne grandit pas.»
    Et si je revenais au bout de trois ans et que je trouve l’enfant pareil à ce qu’il était quand il avait six mois, les parents seraient fort tristes. Ils me diraient: «Le docteur dit que notre enfant doit être malade; il ne grandit pas. Le docteur pense que c’est extraordinaire qu’il soit encore en vie; et pourtant il vit.» Et supposez que je revienne au bout de dix ans et que je trouve que l’enfant est toujours un bébé!
    Un bébé, c’est ravissant; mais un enfant qui resterait toujours un bébé deviendrait pour ses parents un fardeau et une cause de chagrin. Eh bien, la plupart des chrétiens de Corinthe étaient dans cet état. Ils étaient restés des bébés. Qu’est-ce qui caractérise un bébé? C’est qu’il ne peut rien faire par lui-même et qu’il ne peut rien faire pour les autres.
    Un bébé ne peut rien faire par lui-même. Beaucoup de chrétiens sont dans ce cas. Leur pasteur doit être pour eux une véritable nourrice. C’est une chose vraiment solennelle de penser que ces bébés, au point de vue spirituel, ont besoin d’être constamment nourris par leur pasteur et que celui-ci est obligé de s’occuper d’eux sans arrêt. Ils ne savent pas se nourrir eux-mêmes par la lecture de la Parole de Dieu, il faut que quelqu’un les nourrisse. Ils ne savent pas prier par eux-mêmes, il faut que quelqu’un prie pour eux. Ils ne savent pas ce que c’est que de vivre en s’appuyant sur Dieu, il faut toujours que quelqu’un s’occupe d’eux. Prenez garde de ne pas assister à des réunions dans ce but, pour être nourris spirituellement comme un bébé qui reçoit son biberon de sa nourrice. Que Dieu soit loué pour la prédication de l’Évangile et pour la communion fraternelle dont nous jouissons ! Mais ne soyons pas comme des bébés ! Vous savez que lorsqu’il y a un bébé dans une maison, il faut que quelqu’un s’occupe de lui. Très souvent, la maman ne peut pas sortir à cause de bébé, ou la bonne doit rester à la maison pour garder bébé, ou bien c’est la nourrice qui doit s’en occuper, mais il faut toujours quelqu’un pour s’occuper de bébé. On ne peut pas le laisser seul. Il y a des chrétiens qui sont comme des bébés; il faut que le pasteur s’occupe d’eux continuellement, ils ont toujours besoin d’être aidés. Au lieu de devenir des hommes forts, ces chrétiens restent des bébés. Ils ne peuvent rien faire par eux-mêmes et ils ne peuvent pas. Non plus aider les autres. C’est exactement ce que nous voyons dans l’épître aux Hébreux; nous y lisons ceci: «Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les première rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide.». {Hébreux  5:12}
    Qu’une personne nouvellement convertie soit, au point de vue spirituel, comme un bébé de quelques mois, qu’elle ne sache pas encore ce qu’est le péché, et qu’elle n’ait pas encore obtenu: la victoire sur le péché, cela n’a rien de surprenant. Mais si, année après année, cette personne reste dans le même état, et qu’elle continue à être vaincue par le péché, c’est tout à fait anormal.
    Rien ne peut empêcher un enfant de grandir, sauf une grave maladie. Et si nous sommes obligés de dire continuellement: «Seigneur, je suis encore charnel», alors nous sommes obligés de dire: «Seigneur, mon âme est malade; elle a besoin d’être guérie.»
    Ce qui caractérise le chrétien charnel, c’est, en second lieu, que le péché domine sur lui. Quelle preuve l’apôtre Paul donne-t-il lorsqu’il dit que les chrétiens de Corinthe sont des chrétiens charnels?   Après avoir déclaré: «Vous êtes encore charnels», il ajoute: «En effet, puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels?» C’est absolument évident. Vous agissez comme les autres hommes; vous n’agissez pas comme des hommes transformés, renouvelés, qui vivent avec la puissance du Saint-Esprit et dont le cœur est rempli: d’amour. Vous savez que le Dieu qui nous aime habite dans la lumière, et que l’amour est le plus grand commandement, et que la Croix de Christ est la plus grande preuve de l’amour de Dieu, et que le premier fruit de l’Esprit, c’est l’amour. L’Évangile de Jean tout entier proclame l’amour de Dieu. Et quand des personnes lâchent la bride à leur animosité, à leur orgueil, à leur envie et provoquent des querelles et des divisions; quand vous les entendez dire du mal des autres; quand un chrétien ne peut pas pardonner à un de ses frères qui lui a fait du tort; quand une femme peut dire, en parlant de sa voisine: «Cette maudite femme!», ou dire, en parlant d’une autre: «Oh! comme je la déteste!», tout cela ce sont les fruits de l’esprit charnel.
    Tout manque d’amour provient de la chair. Le mot charnel est un dérivé du mot chair. La chair est égoïste, orgueilleuse et sans amour; c’est pourquoi tout péché contre l’amour chrétien est une preuve que celui qui le commet est encore charnel.
    Vous dites: «J’ai essayé de remporter la victoire, mais j’ai échoué.» Je désire vous faire comprendre qu’il est inutile d’essayer de porter des fruits spirituels, alors que vous êtes encore charnels. Vous devez, d’abord être remplis du Saint-Esprit. Alors l’esprit charnel sera vaincu et vous marcherez dans l’amour.
    Et ceci n’est pas seulement vrai en ce qui concerne les péchés contre l’amour chrétien, mais en ce qui concerne toutes sortes de péchés. Prenez par exemple la mondanité, dont quelqu’un a dit qu’elle avait «englué l’église»; prenez l’amour de l’argent; prenez l’amour du gain qui conduit tant de gens à la poursuite de la richesse; prenez la recherche du luxe et du plaisir, et des honneurs.
    Tout cela ne provient il pas de la chair? C’est ce qui satisfait la chair, ce que le monde trouve désirable; c’est là qu’il trouve son plaisir. Et si vous vivez comme les gens du monde, c’est la preuve que l’esprit du monde est en vous, et que vous êtes charnels. Car l’état charnel est prouvé par la puissance du péché.
    Quelqu’un me demandait dernièrement: «Que pensez-vous du manque d’amour de la prière?» Il désirait savoir comment on pouvait acquérir l’amour de la communion avec Dieu. Je lui dis: «Mon frère, vous ne pouvez obtenir cet amour de la prière avant d’avoir acquis la certitude qu’il ne peut venir de la chair.»
    La chair ne peut se plaire aux choses de Dieu. C’est là que réside votre difficulté. Il ne s’agit pas de dire ou d’écrire dans votre journal: «Je prends la résolution de prier davantage.» Vous ne pouvez pas vous y forcer. Mais que la hache tranche la racine de l’arbre; déracinez l’esprit charnel. Mais comment peut-il être déraciné?
    Vous ne pouvez pas le faire, mais laissez le Saint-Esprit venir et condamner le péché, et faire mourir la chair, et le Saint-Esprit viendra en vous. Et alors vous apprendrez à aimer la prière, à aimer Dieu et à aimer votre prochain, et vous serez rempli de l’esprit d’humilité, vos pensées se porteront vers les choses spirituelles et les choses célestes. L’état charnel est la racine de tous les péchés.
    J’arrive maintenant au point suivant. Si nous désirons connaître exactement en quoi consiste cet état charnel, nous devons faire bien attention au fait que l’état charnel peut coexister avec de grands dons spirituels.
    Souvenez-vous qu’il existe une grande différence entre les dons spirituels et les grâces spirituelles. Beaucoup de gens ne comprennent pas cela. Ainsi, parmi les Corinthiens, il y avait des dons spirituels extraordinaires. Au chapitre premier de la première épître, Paul dit: «Je rends à Dieu de continuelles actions de grâces..., car en Lui vous avez été comblés de toutes les richesses qui concernent la parole et la connaissance.» C’était là une chose magnifique, pour laquelle il fallait remercier Dieu. Et, dans la seconde épître, Paul déclare: «Comme vous excellez en toutes choses..., faites en sorte d’exceller aussi dans cette oeuvre de bienfaisance.». {2Corinthiens 8:7} Au treizième chapitre de la première épître, voyez comment l’apôtre parle du don de prophétie, et de la foi qui peut transporter les montagnes, et de la science de tous les mystères; mais il leur dit aussi que tout cela ne sert de rien s’ils n’ont pas l’amour. Ils se réjouissaient des dons qu’ils possédaient, et ne recherchaient point les grâces. Mais Paul leur montre «une voie par excellence»: apprendre à aimer Dieu et à être humble. L’amour est la plus grande chose, car l’amour est semblable à Dieu.
    Nous devons nous rappeler—et c’est là une chose solennelle—qu’un homme peut avoir le don de prophétie, qu’un homme peut avoir du succès au service de Dieu dans une sphère particulière, et pourtant que par son esprit de jugement, son orgueil et d’autres choses encore, il peut donner la preuve que si ses dons spirituels sont remarquables, il ne possède pas les grâces spirituelles.
    Prenons bien garde que Satan ne nous leurre avec cette idée: «Mais je travaille pour Dieu, et Dieu me bénit, et les autres me considèrent, et je suis en aide à bien des gens.» Bien-aimés frères en Christ, le fait qu’un homme charnel puisse posséder des dons spirituels est une chose extrêmement solennelle; et l’homme le plus zélé, celui qui remporte le plus de succès dans l’œuvre du Seigneur, peut avoir à s’agenouiller devant Dieu et à se poser cette question: «Est-ce que moi-même, malgré les dons que le Saint-Esprit m’a accordés, je ne pèche pas par manque d’humilité, ou d’amour, ou de pureté, ou de sainteté?» Que Dieu nous sonde et nous éprouve!
    Considérons maintenant le point suivant: l’état charnel empêche l’homme de recevoir la vérité spirituelle. Vous voyez des centaines de chrétiens qui ont faim de la parole de Dieu, ils l’écoutent avec plaisir et ils disent: «Quelles magnifiques vérités! Quelles belles doctrines! Comme ce prédicateur expose bien l’Évangile » Mais cela ne les aide pas du tout! Ou bien, cela les aide pendant deux ou trois semaines, et ensuite la bénédiction s’efface. Quelle en est la raison? Le mal est à la racine même; c’est l’état charnel qui empêche la vérité spirituelle de faire son oeuvre dans les cœurs.
    Je crains que dans nos églises nous ne fassions souvent une terrible erreur. Nous prêchons à des chrétiens charnels, ce qui ne convient qu’à des hommes spirituels, et ils trouvent cela admirable, et ils en jouissent, et ils. disent: «C’est magnifique! Comme ce prédicateur parle bien! Quelle connaissance profonde des vérités évangéliques!» Mais leurs vies ne sont pas transformées; ils sont charnels, malgré l’enseignement spirituel qu’ils reçoivent. S’il y a une chose que nous devions demander à Dieu, c’est celle-ci: «Seigneur, fais que je ne reçoive pas des enseignements spirituels dans un esprit charnel.» La seule chose qui puisse vous prouver que vous avez reçu une bénédiction, c’est que vous vous trouviez transporté de l’état charnel à l’état spirituel. Dieu désire faire cette oeuvre en nous; demandons-lui donc de l’accomplir, croyons qu’il l’accomplira.
    Maintenant, une question très importante et très solennelle se pose: Est-il possible de passer de l’état charnel à l’état spirituel? Et comment est-ce possible?
    Je crois qu’en premier lieu il est nécessaire d’avoir une vision exacte de la vie spirituelle et d’y croire. Le fond de nos cœurs est tellement rempli d’incrédulité, sans que nous nous en rendions compte, que nous avons de la peine à accepter l’idée que nous pouvons devenir des hommes spirituels immédiatement. Nous ne le croyons pas.
   J’ai entendu un jour une histoire très intéressante. Je parlais avec un chrétien très expérimenté au sujet de mon prochain voyage en Angleterre et je lui dis: «Dites-moi, quel est l’état d’esprit des chrétiens en Angleterre? Vous avez travaillé parmi eux et vous les connaissez bien?» Il me répondit : «Je crois que la pire chose, parmi les chrétiens de ce pays, c’est l’incrédulité.» Et il se mit à me raconter l’histoire d’un jeune homme qui travaillait dans l’œuvre de Dieu en Angleterre. Ce jeune homme possédait des dons remarquables et mon. ami ne pourrait comprendre pourquoi, avec de tels dons, il n’obtenait pas davantage de bénédictions. Tous deux passèrent une journée entière à chercher quel pouvait être l’obstacle qui empêchait ce jeune homme d’être béni, dans son travail pour Dieu. Peu à peu, ils découvrirent que le motif véritable c’était l’incrédulité. Ce jeune homme ne croyait pas qu’il fût possible d’avoir une vie consacrée. Il n’avait pas la certitude que Dieu était prêt à lui accorder la bénédiction demandée. Ce soir-là, ce jeune homme devait faire une réunion.
    Mais son ami lui dit: «Je ferai la réunion à votre place. Rentrez chez vous et revenez me voir demain matin à neuf heures.» Le jeune homme revint le jour suivant, et ils recommencèrent à parler ensemble et à prier, et dans le cours: de la journée, le jeune homme saisit ce que c’était que de croire en la puissance de Dieu pour une vie d’entière consécration; Dieu lui accorda la bénédiction qu’il recherchait, et par la suite son ministère fut dix fois plus fécond qu’auparavant. Oh! croyez que si vous êtes prêt à recevoir cette bénédiction et si vous désirez la recevoir, Dieu peut faire de vous un homme spirituel. Essayez seulement; tout d’abord, tâchez d’avoir une claire vision de ce qu’est la vie spirituelle.
    En quoi consiste cette vision? Vous savez que l’Ecriture parle de deux puissances de vie, la chair et l’Esprit: la chair, c’est-à-dire la vie sous la puissance du péché; l’Esprit, c’est-à-dire la vie de Dieu venant prendre la place de notre vie. Ce dont nous avons besoin, et ce que la Bible nous dit, c’est de donner notre vie tout entière, de mourir avec Christ, de devenir comme rien et de recevoir la vie de Christ et la vie de l’Esprit qui agiront pour nous. Croyez que cela peut être.
    Vous dites: «C’est une chose si haute, si sainte et si glorieuse, je ne crois pas que je puisse l’atteindre!» Non, vous ne le pouvez pas. Mais Dieu vous l’enverra. Atteindre par vous-même, c’est un grand danger; vous ne pouvez y atteindre, mais si vous croyez que Dieu désire, à cause de son amour éternel, vous accorder du haut du ciel, et d’une façon surnaturelle, la puissance du Saint-Esprit, alors Dieu vous accordera plus que tout ce que vous pouvez demander ou penser.
    Je crois qu’il est possible de vivre chaque jour conduit par le Saint-Esprit. J’ai lu, dans la Parole de Dieu, que Dieu répand son amour dans nos cœurs par le Saint-Esprit. J’ai lu, dans la Parole de Dieu, que tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. J’ai lu, dans la Parole de Dieu, que si nous sommes nés de nouveau, nous marchons par l’Esprit, ou dans l’Esprit. Chers amis, c’est possible; c’est là la vie à laquelle Dieu nous appelle, et pour laquelle Christ nous a rachetés.
    Dès qu’il eut versé son sang, Christ monta au ciel pour envoyer le Saint-Esprit à son peuple. Dès qu’il fut glorifié, Sa première action fut de donner le Saint-Esprit. Si vous croyez que le sang de Christ vous purifie de tout péché, et que le Christ glorifié a la puissance de répandre le Saint-Esprit dans votre cœur, vous avez fait le premier pas dans la bonne direction.
    Si misérable que vous puissiez vous sentir, attachez-vous à Jésus. Il peut vous remplir du Saint-Esprit, car Il vous a donné ce commandement: «Soyez remplis de l’Esprit.» En second lieu, ce n’est pas suffisant d’avoir une vision exacte de cette vie spirituelle qui doit être vécue; il est aussi très utile d’être réellement convaincu de notre état charnel. C’est là une leçon difficile à apprendre, mais utile.
    Il y a une grande différence—je vous prie de le noter—entre les péchés d’un inconverti et les péchés d’un croyant. Un inconverti doit avoir d’abord la conviction du péché, et ensuite il doit confesser son péché; vous admettez tous cela. Mais de quoi avez-vous été convaincu tout d’abord?
    De la grandeur de votre péché, de l’étendue de votre culpabilité et du châtiment qui vous attendait. Mais à ce moment-là vous n’avez pas pensé aux péchés intérieurs, aux péchés; spirituels. Vous ne saviez même pas que cela existait. Dieu n’accorde pas toujours le sentiment de cette sorte de culpabilité au moment de la conversion. Comment donc peut-on être délivré de ces deux choses: les péchés les plus secrets et les péchés intérieurs? Nous pouvons en être délivrés de la façon suivante: après notre conversion, le Saint-Esprit nous montre notre état charnel, et alors nous commençons à gémir, à être honteux de cet état charnel, et nous nous écrions, comme l’apôtre Paul: «Misérable que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort?» Nous commençons alors à chercher qui peut nous venir en aide et à nous demander: «Où pourrai-je obtenir la délivrance?»
    Nous cherchons à obtenir cette délivrance de différentes manières, en luttant et en prenant de bonnes résolutions; mais c’est seulement en nous jetant aux pieds de Jésus que nous pouvons l’obtenir. N’oubliez pas, si vous désirez devenir un homme spirituel, si vous désirez être rempli du Saint-Esprit, que cette oeuvre ne peut être accomplie que par Dieu lui-même. Dieu seul peut le faire. Combien notre vie, nos prières, notre prédication seraient différentes, si la présence du Dieu saint qui remplit l’Univers et l’Eternité nous était révélée! Dans ce but, Dieu veut nous amener à mourir à nous-même. Quelqu’un me disait un jour: «C’est terrible, cet appel à mourir!» Oui, ce serait terrible, si vous aviez à le faire par vos propres forces. Mais si vous vouliez comprendre que Dieu a livré Jésus à la mort, et que Dieu désire que vous, deveniez une même plante avec Lui en Sa mort, afin que vous puissiez être délivré de la puissance maudite de la chair. Oh! croyez que c’est une bénédiction d’être entièrement brisé et plongé dans le désespoir, afin d’apprendre à se confier en Dieu seul.
    Voilà le point auquel vous devez arriver: «La chair prévaut et triomphe en moi, et je ne puis la vaincre. O Dieu, aie pitié de moi ! Seigneur, viens à mon aide !» Et Dieu exaucera votre prière. Oh ! inclinez-vous devant Dieu et confessez-Lui votre faiblesse.
    Et maintenant, considérons le troisième point: il faut croire qu’on peut passer de l’état charnel à l’état spirituel en quelques instants. Les gens veulent croître spirituellement et passer ainsi de l’état charnel à l’état spirituel, et ils ne peuvent y parvenir. Ils recherchent les réunions et les études bibliques, et pensent qu’ils parviendront, par ce moyen, à croître spirituellement et à passer de l’état charnel à l’état spirituel. L’état charnel est un état maladif, et la croissance ne peut venir qu’après la guérison. Le chrétien charnel est un bébé en Christ. C’est un enfant de Dieu, Paul le dit, mais il est atteint d’une terrible maladie qui l’empêche de grandir. Comment la guérison peut-elle venir?
Elle ne peut venir que de Dieu, et Dieu désire vous l’accorder immédiatement.
    D’autre part, sachez qu’un chrétien qui devient un homme spirituel n’a pas encore atteint la maturité spirituelle. Il ne faut pas attendre d’un nouveau veau converti, qui a obtenu la plénitude du Saint-Esprit, ce qu’on peut attendre d’un chrétien d’expérience qui possède la plénitude du Saint-Esprit depuis vingt ans. Dans la vie spirituelle, il y a divers degrés de croissance et de maturité. Mais auparavant, il y a un pas à faire: vous devez changer de position et, au lieu de rester dans la vie charnelle, entrer dans la vie spirituelle.
    Remarquez la raison pour laquelle on emploie ces deux expressions. Dans l’homme charnel, il y a cependant une vie spirituelle; mais vous savez que les choses sont nommées d’après ce qui constitue leur caractère principal. Un objet peut être employé à plusieurs usages, mais on le nomme d’après son usage principal. Une chose peut avoir plusieurs caractéristiques, mais on la nomme d’après la caractéristique la plus frappante. Ainsi, Paul dit aux Corinthiens, en d’autres termes: «Vous n’êtes pas des hommes spirituels, mais des hommes charnels, des enfants en Christ. En effet, puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels, et ne marchez-vous pas selon l’homme?»
    Toutefois, l’homme spirituel n’a pas encore atteint la perfection finale; il doit encore croître. Mais si vous l’observez, vous voyez que ce qui est le plus frappant, dans sa personne et sa conduite, c’est qu’il est vraiment consacré à Dieu. Il n’est pas parfait, mais c’est un homme qui a pris une position juste et qui a dit: «Seigneur, je me suis donné à Toi pour être conduit par Ton Esprit. Tu m’as accepté et Tu m’as béni, et maintenant je suis conduit par le Saint-Esprit.» Emparons-nous de cette certitude que, avec l’aide de Dieu, nous pouvons abandonner notre position actuelle et prendre une nouvelle position.
    Un serviteur de Dieu visitait un malade âgé de soixante-dix ans; il lui parla du sang de Christ et le malade lui répondit: «Oh! oui, je sais que le sang de Jésus peut nous sauver, et je sais que si Dieu ne nous pardonne pas, nous ne pourrons pas entrer au ciel.» Mais le pasteur voyait que le vieillard n’avait pas du tout la conviction du péché. Il répondait toujours «oui», mais sans aucune conviction. Le pasteur commençait à désespérer. Il se mit à prier, demandant à Dieu de l’aider à faire comprendre à cet homme son état de péché. Tout à coup, une idée lui vint. Le soi de la chambre du malade était’ couvert de sable; le pasteur traça une ligne sur le sol avec sa canne; d’un côté, il écrivit les mots: Péché—Mort—Enfer et, de l’autre côté: Christ—Vie—Ciel. Le: vieillard lui demanda: «Que faites-vous?» Le pasteur répondit: «Regardez. Croyez-vous qu’une seule lettre d’un des mots qui se trouvent à gauche de la ligne puisse changer de place et passer par-dessus la ligne?—Bien sûr que non.»
    Alors le pasteur dit d’un ton solennel: «Un pécheur ne peut pas non plus passer du mauvais côté au bon côté. Cette ligne partage l’humanité en deux: ceux qui sont sauvés sont ceux qui se trouvent à droite, et ceux qui ne sont pas sauvés sont ceux qui se trouvent à gauche. Seul Christ peut nous faire passer du côté gauche au côté droit. De quel côté êtes-vous?»
    Le malade ne répondit rien. Le pasteur pria avec lui et rentra à la maison en demandant à Dieu de bénir son message. Le lendemain, il revint voir le malade et lui posa de nouveau la question: «De quel côté êtes-vous?» Le malade soupira et répondit: «Du mauvais côté.» Mais peu de temps après il accepta l’Evangile et se donna à Christ.
    J’aimerais pouvoir, de la même façon, tracer une ligne sur le sol et demander à ceux d’entre vous qui croient que Dieu leur a donné Son Saint-Esprit pour les conduire, et qui connaissent la joie qu’apporte la plénitude du Saint-Esprit, de se placer à droite de cette ligne. Ensuite, je demanderais à ceux qui se sentent encore charnels de se placer à gauche et de dire: «O Dieu, je dois confesser que ma vie chrétienne est en grande partie une vie charnelle, et que je suis sous la puissance de la chair.»  
Et alors, je plaiderais avec ceux-là et je. leur dirais qu’ils ne peuvent pas vaincre par eux-mêmes la puissance de la chair, ni en être délivrés par leurs propres efforts, mais qu’il leur faut venir à Christ pour être délivrés, car Lui seul peut les faire entrer dans cette vie nouvelle. Vous êtes à Christ et Christ est à vous; tout ce que vous avez à faire est de vous confier en Lui, et Il vous révélera la puissance de la Croix et vous donnera la victoire sur la chair. Jetez-vous aux pieds du Seigneur, confessez-Lui votre péché et votre incapacité. Et Il vous donnera la délivrance. Nous arrivons maintenant au dernier point.
    Nous avons: vu, en premier lieu, qu’il était nécessaire d’avoir une claire vision de la vie spirituelle; en second lieu, qu’il était nécessaire d’être convaincu de notre état charnel; en troisième lieu, qu’il n’y avait qu’un pas à faire pour passer de l’état charnel à l’état spirituel; et maintenant, nous arrivons au dernier point: il est nécessaire de faire le pas décisif en croyant ‘que Christ a le pouvoir de nous garder. Ce n’est pas une simple perspective, ce n’est pas une consécration que nous pouvons obtenir par nos propres forces, ce n’est pas une expérience que nous pouvons faire par la puissance de notre volonté. Non. Tous ces éléments peuvent être présents, mais le principal, c’est de regarder à Christ et de croire qu’il a la puissance de nous garder demain, après-demain, toujours; nous devons avoir la vie de Dieu en nous. Nous avons besoin d’une vie qui peut résister à toutes les tentations, une vie qui ne durera pas seulement jusqu’à la prochaine «réunion de consécration», mais qui durera jusqu’à la mort. Nous voulons, par la grâce de Dieu, faire l’expérience de ce que la Toute-Puissance de Christ habitant en nous peut accomplir, et de tout ce que Dieu peut faire par nous.
    Dieu attend, Christ attend, le Saint-Esprit attend. Ne voyez-vous pas en quoi vous avez eu tort, et pourquoi vous avez erré si longtemps dans le désert? Ne voyez-vous pas le bon pays, le pays de la promesse, où Dieu veut vous introduire, vous garder et vous bénir? Rappelez-vous l’histoire de Josué et Caleb et des espions envoyés à Canaan. Dix des espions dirent, au retour: Nous ne pourrons pas vaincre ces gens-là. Mais Caleb et Josué dirent: Nous les vaincrons, car Dieu l’a promis. Saisissez aujourd’hui les promesses de Dieu. Ecoutez Sa Parole: «La loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi, de la loi du, péché et de la mort.». {Romains 8:2} Emparez-vous de cette promesse et demandez à Dieu d’accomplir en vous par Son Saint-Esprit ce qu’il a offert.
    Approchez-vous de Dieu maintenant. Ne vous inquiétez pas de ne rien éprouver, aucune sensation, aucune excitation, aucune illumination. Venez et appuyez-vous sur la Parole de Dieu, de l’Eternel.
Dieu a promis, comme Père, d’accorder le Saint-Esprit à chacun de ses enfants affamés {1}.
    Comment ne vous- le donnerait-Il pas? Comment ne donnerait-Il pas le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent:?’ Comment n’accomplirait-Il pas Sa promesse? Aussi vrai que Christ fut donné pour vous sur le calvaire; aussi vrai que vous avez cru à la puissance du sang de Christ, le Saint-Esprit a été donné pour vous et moi. Ouvrez vos cœurs et soyez «remplis du Saint-Esprit». Venez, et croyez que le sang de Christ peut vous purifier. Confessez votre état charnel et vous serez lavés par le Sang; puis, confiez-vous dans le Christ vivant pour recevoir la bénédiction du Saint-Esprit.

{1} Luc 11:11-13.

IV. MIS A PART PAR LE SAINT-ESPRIT

    «Il y avait dans l’Eglise d’Antioche des prophètes et des docteurs: Barnabas, Siméon, appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen... et Saul. Pendant qu’ils servaient le Seigneur dans leur ministère et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir. Barnabas et Saul, envoyés par le Saint-Esprit, descendirent à Séleucie.» {Actes 13:1-4}
    Dans l’histoire que rapporte notre texte, nous trouverons de précieuses pensées pour nous guider quant à ce que Dieu demande de nous et à ce que Dieu veut faire pour nous. La grande leçon des versets que j’ai cités est celle-ci: Que c’est le Saint-Esprit qui dirige l’œuvre de Dieu sur la terre !
    Et ce qu’il nous faut faire si nous voulons travailler vraiment pour Dieu, et si nous voulons que Dieu bénisse notre travail, c’est de veiller à ce que nous soyons dans une relation juste avec le Saint-Esprit, que nous Lui donnions tous les jours la place d’honneur qui lui appartient, et que dans tout notre travail, et ce qui plus est, dans toute notre vie intérieure privée, le Saint-Esprit ait toujours la première place. Laissez-moi vous faire remarquer quelques-unes des précieuses pensées que notre texte suggère.
    Et, avant toutes choses, nous voyons que Dieu a ses plans à Lui à l’égard de Son royaume. Son Eglise à Antioche avait été fondée. Dieu avait Ses plans et Ses intentions à l’égard de l’Asie et à l’égard de l’Europe. Il les avait conçus; ils étaient à Lui et Il les révélait à Ses serviteurs. Nous parlons d’une campagne d’évangélisation dans l’Est de Londres; mais ne savons-nous pas tous que notre Commandant en chef organise la campagne, et que ses généraux et ses officiers ne connaissent pas toujours les grands plans? Ils reçoivent souvent des ordres cachetés, et ils doivent compter sur Lui pour connaître les ordres. Dieu, dans le ciel, a Ses plans pour l’Est de Londres, nous n’en doutons pas; Il a des désirs et une volonté à l’égard du travail à faire et de la façon de le faire. Béni soit l’homme qui pénètre les secrets de Dieu et qui travaille selon les ordres de Dieu!
    Il y a quelques années, à Wellington, nous avons ouvert un Institut missionnaire qui est considéré comme un grand et beau bâtiment. Aux séances d’inauguration, le directeur a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié. Il nous fit remarquer: «L’année dernière, nous nous sommes réunis ici à l’occasion de la pose de la première pierre, et qu’y avait-il à voir alors? Rien que des débris, des pierres, des briques et les ruines d’un vieux bâtiment qui avait été démoli; un petit nombre de personnes savaient ce que serait ce bâtiment qu’on allait édifier. Personne ne le connaissait parfaitement dans tous les détails, sauf un homme: l’architecte. Dans son esprit, tout était clair et, lorsque l’entrepreneur, les maçons et les menuisiers se mirent à l’ouvrage, ils prirent de lui leurs ordres et le moindre des: ouvriers dut obéir aux ordres, et ce bel édifice a. été achevé. De même, ajouta-t-il, l’inauguration de ce bâtiment aujourd’hui n’est que la pose de la première pierre d’un édifice dont Dieu seul connaît la destinée. Mais Dieu a Ses. ouvriers et Ses plans clairement dessinés, c’est à nous d’attendre que Dieu nous révèle au fur et à mesure ce qu’il est utile que nous connaissions de sa volonté.
    Nous avons simplement à être fidèles dans l’obéissance, accomplissant ses ordres. Dieu a un plan pour Son Église sur la terre et pour Son Église dans notre pays. Mais hélas.! nous faisons trop souvent nos propres plans et nous nous imaginons savoir ce qui doit être fait. Nous demandons d’abord à Dieu de bénir nos faibles efforts, au lieu de refuser absolument d’aller si Dieu ne marche pas devant nous. Dieu a fait des plans pour l’œuvre et pour l’extension de Son royaume. C’est l’œuvre particulière du Saint-Esprit. «L’œuvre pour laquelle Je les ai appelés.» Que Dieu nous aide tous à avoir peur de porter la main «sur l’arche de Dieu», à moins que nous ne soyons poussés par le Saint- Esprit.
    Et voici la seconde pensée: Dieu peut et veut révéler à Ses serviteurs Sa volonté. Oui, béni soit Dieu, des communications descendent encore du haut des cieux. Comme nous lisons ici ce que le Saint-Esprit a dit, de même l’Esprit Saint parlera à Son Église et à Son peuple. Dans ces derniers temps, Il l’a souvent fait. Il s’est révélé à certains hommes en particulier, et par Son enseignement divin, Il les a conduits vers des champs de travail que les autres ne pouvaient d’abord ni comprendre, ni approuver; Il les a conduits à employer des méthodes qui ne se recommandaient pas à la majorité; Il les a fait passer par des chemins que les autres n’approuvaient pas. Le Saint-Esprit enseigne encore Son peuple de notre temps. Remercions Dieu de ce que, dans nos sociétés missionnaires et dans nos missions antérieures, et dans mille autres formes de travail, la direction du Saint-Esprit est connue; mais nous sommes tous prêts à confesser, je crois, qu’elle est trop peu connue. Nous n’avons pas suffisamment appris à nous attendre à Lui, et nous voulons ici faire une déclaration solennelle devant Dieu: O Dieu, nous voulons nous attendre davantage à Toi pour que Tu nous révèles Ta volonté!
    Ne demandez pas seulement à Dieu la puissance. Plus d’un chrétien a ses propres plans sur lesquels Dieu doit envoyer la puissance. L’homme travaille avec sa volonté propre et Dieu doit accorder la grâce, c’est une des raisons pour lesquelles Dieu accorde souvent si peu de grâce et si peu de succès. Prenons tous notre vraie place devant Dieu et disons: La force de Dieu ne manque pas à ce qui est fait selon la volonté de Dieu; ce qui est fait selon la volonté de Dieu doit avoir la puissante bénédiction divine, et qu’ainsi notre premier désir soit que la volonté de Dieu nous soit révélée.
    Si vous me demandez: est-ce chose facile de recevoir des communications d’En-Haut et de les comprendre? Je puis vous donner la réponse: c’est chose facile pour ceux qui sont en relations étroites avec le ciel et qui comprennent ce que c’est que de s’attendre à Dieu. Bien souvent, nous demandons: Comment peut-on connaître la volonté de Dieu? Et quand nous sommes dans la perplexité, nous prions avec ferveur pour que Dieu nous réponde immédiatement. Mais Dieu ne peut révéler Sa volonté qu’à un cœur qui, est humble, tendre et vide. Dieu ne peut révéler Sa volonté dans les perplexités et les difficultés spéciales qu’à un cœur qui a appris à Lui obéir et à l’honorer loyalement dans les petites choses et dans la vie de tous les jours. Cela m’amène à la troisième pensée. Remarquez les dispositions de ceux à qui le Saint-Esprit révèle la volonté de Dieu. Que lisons-nous ici? Il y avait là plusieurs hommes servant le Seigneur dans leur ministère et jeûnant, et le Saint-Esprit vint et leur parla. Il y a des gens qui comprennent ce passage comme s’il s’agissait d’une séance de Comité missionnaire. Nous voyons ici un champ qui s’ouvre, nos missions sont établies dans d’autres champs et nous allons prendre pied dans ce champ-là. La chose est virtuellement décidée et nous allons: prier à ce sujet. Mais, dans ces temps anciens, les choses se présentaient d’une manière toute différente. Je doute qu’aucun d’entre eux ait pensé à l’Europe, car plus tard Paul lui-même essaya de retourner en Asie, jusqu’à ce qu’une vision dans la nuit l’appelât par la volonté de Dieu. Regardez ces hommes. Dieu avait fait des choses merveilleuses. Il avait étendu l’Eglise à Antioche et Il avait accordé de riches et grandes bénédictions. Maintenant, voici ces hommes servant le Seigneur dans leur ministère, dans la prière et dans le jeûne. Quelle profonde conviction; ils ont que tout doit venir directement du ciel! Nous sommes en communion avec le Seigneur ressuscité; nous devons rester étroitement unis à Lui, et: d’une manière ou d’une autre, Il nous fera connaître ce qu’il désire. Et ils étaient là, vides, ignorants, sans forces, mais heureux et remplis! de joie, dans une profonde humilité. O Seigneur, semblent-ils dire, nous sommes Tes serviteurs, et dans le jeûne et la prière, nous nous attendons à Toi. Quelle est Ta volonté à notre égard?
    Est-ce qu’il n’en fut pas de même pour Pierre? Il était sur la terrasse, jeûnant et priant, loin de penser à la vision et au commandement d’aller prêcher l’Évangile à Césarée. Il ignorait ce que son travail pourrait être. Que Dieu nous accorde que cela devienne notre position et que nous réalisions tous que c’est dans des cœurs entièrement livrés au Seigneur Jésus, dans des cœurs qui se séparent du monde et même des. exercices religieux ordinaires, et qui s’adonnent à la prière fervente et s’attendent à Dieu que c’est dans des cœurs comme ceux-là que Dieu manifestera Sa céleste volonté.
    Vous savez que le mot «jeûnant» est répété une seconde fois (dans le troisième verset): «Ils jeûnaient et priaient.» Quand vous priez, vous aimez à entrer dans votre cabinet, comme Jésus le recommande, et à fermer la porte. Vous mettez dehors toutes les affaires, la société, le plaisir et quoi que ce soit qui puisse vous distraire, et vous voulez être seul avec Dieu. Mais quand même, sous une forme, le monde matériel vous suit: vous avez besoin de manger. Ces hommes voulaient échapper à l’influence du matériel et du visible, et ils. jeûnaient. Ce qu’ils mangeaient était juste de quoi subvenir aux besoins de la nature, et dans l’ardeur de leur âme, ils voulaient exprimer leur abandon de toutes choses sur la terre en jeûnant devant Dieu. Oh! que Dieu nous donne cette intensité dans le désir, cette séparation de tout parce que nous voulons nous attendre à Dieu, afin que le Saint-Esprit nous révèle de Dieu la volonté bénie!
    Quelle est maintenant la volonté de Dieu: comme le Saint-Esprit la révèle? Elle tient en quelques mots: Mis à part par le Saint-Esprit. Voici la note dominante du message du ciel: «Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. C’est mon oeuvre, j’en prends soin moi-même, j’ai choisi et appelé ces hommes, et je vous demande, à vous qui représentez l’Eglise de Christ sur la terre, de les mettre: à part pour moi.»
    Considérez ce message du ciel sous son double aspect. Ces hommes devaient être mis à part par le Saint-Esprit, et c’était à l’Eglise de faire ce travail de mise à part. Le Saint-Esprit pouvait se fier à ces hommes pour le faire dans un bon esprit. Ils étaient là, demeurant dans la communion de l’invisible, et le Saint-Esprit pouvait leur dire: Faites le travail de me mettre à part ces deux hommes. C’étaient là les. hommes que le Saint-Esprit avait préparés, et Il pouvait dire d’eux: Qu’ils soient mis à part pour Moi.
    Nous en arrivons à la racine, à la vie même de nos besoins comme ouvriers du Seigneur. La question que nous nous posons est celle-ci: Que faut-il pour que la puissance de Dieu repose sur nous avec plus de force, pour que la bénédiction soit répandue avec plus d’abondance parmi: ces pauvres gens et ces pécheurs qui périssent, parmi lesquels nous travaillons? Et la réponse du ciel est celle-ci: J’ai besoin d’hommes mis à part par le Saint-Esprit. Qu’est-ce que cela signifie? Vous savez qu’il y a deux esprits sur la terre: Christ a dit en parlant du Saint-Esprit «que le monde ne peut le recevoir»; Paul a dit: «Nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu.»
    Voilà le plus grand besoin de chaque travailleur: que l’esprit du monde s’en aille et que l’Esprit de Dieu entre pour prendre possession de la vie intérieure et de l’être tout entier. Je suis sûr qu’il y a des serviteurs de Dieu qui crient souvent à Dieu pour que le Saint-Esprit descende sur eux comme un Esprit de puissance pour leur oeuvre, et quand ils sentent cette puissance en eux et qu’ils sont bénis, ils en remercient Dieu. Mais Dieu veut quelque chose de plus et de mieux. Dieu veut que nous recherchions le Saint-Esprit et sa puissance dans notre propre cœur et dans notre vie, pour vaincre le vieux moi, pour rejeter le péché, et pour que l’image magnifique et bénie de Jésus soit reproduite en nous.
    Il y a une: différence entre la puissance du Saint-Esprit comme don, et la puissance de l’Esprit qui nous donne la grâce de mener une vie sainte. Un homme peut souvent posséder une mesure de la puissance de l’Esprit, mais s’il n’a pas une grande mesure de l’Esprit en tant qu’Esprit de grâce et de sainteté, cette lacune sera apparente dans son travail. Il peut être le moyen de conversions, mais il ne saura pas aider les autres à s’élever à un niveau plus haut de vie spirituelle, et quand il viendra à disparaître, une grande partie de son oeuvre périra avec lui. Mais un homme qui est mis à part par le Saint-Esprit est un homme qui s’est donné pour dire: Père, que le Saint-Esprit ait plein pouvoir sur moi, dans mon foyer, dans mon caractère, dans chaque parole de ma bouche, dans chaque pensée de mon cœur, dans mes sentiments à l’égard des autres ! Que le Saint-Esprit ait les pleins pouvoirs !
    Est-ce cela qui a été le désir le plus ardent et l’alliance de votre cœur avec votre Dieu, d’être un homme ou une femme mis à part par le Saint-Esprit? Je vous prie d’écouter la voix du ciel: «Mettez-moi à part, dit le Saint-Esprit, Barnabas et Saul.» Oui, je le répète, mis à part par le Saint-Esprit. Que Dieu fasse que cette parole pénètre au tréfonds de notre être pour nous sonder, et si nous découvrons que nous ne sommes pas sortis entièrement du monde, si Dieu nous révèle que la vie propre, la volonté propre et l’exaltation du moi sont en nous, humilions-nous devant Lui. Nous avons besoin de prendre du temps pour nous humilier devant Dieu et pour demander à Dieu que Lui-même nous humilie sous Sa puissante main. Homme, femme, frère, sœur, vous êtes un ouvrier mis à part par le Saint-Esprit. Est-ce bien vrai? Est-ce cela qui a été votre désir le plus ardent? Est-ce pour cela que vous vous êtes livrés entièrement? Est-ce à cela que vous vous êtes attendus par la foi en la puissance de notre ressuscité et tout-puissant Seigneur Jésus? Sinon, voici l’appel de la foi et voici la clé de la bénédiction: Mis à part par le Saint-Esprit. Que Dieu grave cette parole dans nos cœurs.
    J’ai dit que le Saint-Esprit avait parlé à cette église en tant qu’église capable de faire ce travail. Le Saint-Esprit se fiait à elle. Que Dieu fasse que nos églises, nos sociétés missionnaires, nos unions de travailleurs chrétiens, que tous nos directeurs, nos membres du Conseil et nos membres de Comité soient des hommes et des femmes qualifiés pour la tâche de mettre à part des ouvriers par le Saint-Esprit. Nous pouvons aussi demander cela à Dieu. Que chacun demande à ses frères et à ses sœurs de s’unir à Lui dans la prière, dans ce but.
    Cette sainte association avec te Saint-Esprit dans son oeuvre nous rend conscients de nos responsabilités et nous pousse à l’action. Ces hommes, que firent-ils? Ils mirent à part Paul et Barnabas, et il est écrit, concernant ces deux hommes, qu’étant envoyés par le Saint-Esprit, ils descendirent à Séleucie. Oh! quelle union! Le Saint-Esprit dans le ciel fait une partie du travail, et l’homme sur la terre fait l’autre partie. Après que ces hommes eurent été consacrés sur la terre, il est écrit, dans la Parole inspirée de Dieu, qu’ils furent envoyés par le Saint-Esprit.
    Remarquez que cette association est un appel à un renouveau de prière et de jeûne. Depuis un certain temps, peut-être depuis quelques jours, ils avaient servi le Seigneur dans leur ministère et jeûné. Le Saint-Esprit parle et ils doivent faire le travail et s’associer, et sur l’heure, ils se rassemblent pour prier et jeûner encore. Voilà dans quel esprit ils obéissent au commandement du Seigneur.
    Et ceci nous enseigne que: c’est non seulement au début de notre travail chrétien, mais pendant toute la durée de notre ministère que nous avons besoin de puiser notre force dans la prière. S’il y a une pensée: concernant l’Eglise de Christ qui par moments m’accable de chagrin, s’il y a une pensée en ce qui concerne ma propre vie, dont j’ai honte, s’il y a une pensée que l’Eglise de Christ n’a pas encore acceptée et saisie, s’il y a une pensée qui me pousse à crier à Dieu.: «Oh! Enseigne-nous par Ta grâce des choses nouvelles!», c’est la pensée de la merveilleuse puissance que la prière doit avoir dans le Royaume de Dieu. Nous nous en sommes encore si peu servis! Nous, avons- tous lu ce passage du «Voyage du Chrétien», de Bunyan, où Chrétien découvre qu’il a dans son sein la clé qui ouvre la porte du donjon (1).
    Nous avons la clé qui peut ouvrir le donjon de l’incrédulité et du paganisme. Mais, oh! Nous sommes beaucoup plus occupés de notre travail que de là prière. Nous croyons plus efficace de parler aux hommes que de parler à Dieu. Apprenons de ces hommes que l’œuvre que le Saint-Esprit nous commande de faire doit nous appeler à un renouveau de jeûne et de prière, à une nouvelle consécration à Dieu et à une nouvelle union avec lui. Ces hommes s’adonnèrent au jeûne et à la prière, et si dans notre travail chrétien nous faisions Une plus large place à la prière, il y aurait plus de bénédiction dans notre vie intérieure. Si nous sentions, prouvions et rendions témoignage au monde que notre seule force consiste à garder à chaque minute le contact avec Christ, ce qui permet à Dieu de travailler en nous à chaque minute, si tel était notre esprit, nos vies ne seraient(elles pas plus saintes par la grâce de Dieu? Ne porteraient-elles pas beaucoup plus de fruits?
    Je ne connais pas d’avertissement plus solennel dans la Parole de Dieu que celui que nous trouvons dans Galates 3, où Paul demande: «Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair?» Comprenez-vous ce que cela signifie? C’est un terrible danger dans le travail pour Christ, comme dans une vie chrétienne commencée avec beaucoup de prières, commencée par le Saint-Esprit; et la parole s’adresse à nous: Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair? Dans les premiers temps de notre impuissance et de nos perplexités, nous avons beaucoup prié et Dieu a répondu, et Il a béni, puis notre organisation s’est perfectionnée, et notre équipe de travailleurs a grandi; mais graduellement, l’organisation, le travail et l’a hâte ont tellement pris possession de nous que la puissance du Saint-Esprit, dans laquelle nous avons commencé quand nous n’étions qu’un petit nombre, s’est presque perdue. Oh! je vous en supplie, remarquez-le bien. C’est avec un renouveau de jeûne et de prière, avec plus de prière et de jeûne que cette compagnie de disciples a exécuté le commandement du Saint-Esprit: «Mon âme, ne t’attends qu’à Dieu seul.» C’est là notre travail le plus élevé et le plus important. Le Saint-Esprit descend en réponse à la prière de la foi.
    Quand Jésus fut monté au ciel et qu’il s’assit sur son trône, le marchepied du trône fut pendant dix jours le lieu où les disciples dans l’attente crièrent à Lui. Et c’est la loi du Royaume: le Roi sur son trône, les serviteurs sur le marchepied. Que Dieu nous trouve là sans cesse!
    Voici la dernière pensée: Quelle merveilleuse bénédiction quand nous permettons au Saint-Esprit de conduire et de diriger le travail et quand nous lui obéissons. Vous connaissez l’histoire de la mission pour laquelle Barnabas et Saul furent envoyés. Vous savez quelle puissance il y avait avec eux. Le Saint-Esprit les avait envoyés et ils allèrent de lieu en lieu et reçurent de grandes bénédictions. Le Saint-Esprit était celui qui les conduisait. Vous vous souvenez comment ce fut, par l’Esprit, que Paul fut empêché de retourner en Asie et qu’il fut conduit en Europe. Oh! Quelle bénédiction reposait sur ce petit groupe d’hommes et sur leur service pour le Seigneur!
    Je vous en prie, apprenons à croire que Dieu a une bénédiction pour nous. Le Saint-Esprit, dans les mains duquel le Seigneur a placé le travail, a été appelé «le pouvoir exécutif de la Sainte Trinité». Le Saint-Esprit n’a pas seulement la puissance, mais Il est l’Esprit d’amour. Il se meut sur ce sombre monde, Il se meut sur notre pays et sur chaque sphère de travail et Il est désireux de bénir. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de bénédictions? Il ne peut y avoir qu’une seule réponse: nous n’avons- pas honoré le Saint-Esprit comme nous aurions dû le faire. Quelqu’un peut-il dire.: ce n’est pas vrai? Est-ce que chaque chrétien qui réfléchit n’est pas prêt à s’écrier: Mon Dieu, pardonne-moi de n’avoir pas honoré le Saint-Esprit comme j’aurais dû le faire. Je l’ai contristé, j’ai permis au moi, à la chair et à ma volonté propre de travailler là où le Saint-Esprit aurait dû être honoré? Que Dieu me pardonne d’avoir permis au moi et à la chair, et à ma volonté propre, d’occuper la place que Dieu réservait au Saint-Esprit. Oh! le péché est plus grand que nous ne le savons. Quoi d’étonnant qu’il y ait tant d’échecs et de faiblesses dans l’Eglise de Jésus-Christ!

{1} L’auteur s’adresse à des chrétiens anglais, à qui l’ouvrage de John Bunyan: «Le Voyage du Chrétien», est familier. Cet ouvrage a été traduit en 120 langues. La traduction française est disponible au format Bible Online.

V. LA REPENTANCE DE PIERRE

    «Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite: Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.». {Luc 22:61,62}
    Ceci marque un tournant dans l’histoire de Pierre. Christ lui avait dit: «Tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard.» Pierre n’était pas dans l’état voulu pour suivre Christ, parce qu’il n’avait pas renoncé à lui-même; il ne se connaissait pas lui-même, et c’est pourquoi il ne pouvait suivre Christ. Mais quand il sortit et pleura amèrement, un grand changement se produisit dans sa vie. Christ lui avait dit précédemment: «Quand tu seras converti, affermis tes frères.» C’est au moment dont nous parlons que Pierre fut converti.
    Je remercie Dieu pour l’histoire de Pierre. Je ne connais aucun personnage de la Bible dont l’histoire me procure un tel réconfort. Quand nous considérons son caractère, sujet à tant de défaillances, et quand nous considérons ce que Christ a fait de lui par la puissance du Saint-Esprit, nous nous disons qu’il y a de l’espoir pour chacun de nous. Mais rappelez-vous que Pierre, avant de pouvoir être rempli du Saint-Esprit et devenir un homme nouveau, dut sortir et pleurer amèrement; il dut être humilié. Si nous voulons comprendre cela, je crois que nous devons considérer quatre choses. Tout d’abord, nous devons considérer Pierre, le fidèle disciple de Jésus; ensuite, Pierre quand, il vivait pour lui-même; après cela, Pierre se repentant; et enfin, ce que Christ a fait de Pierre par le Saint-Esprit.
    Voyons, tout d’abord, Pierre, le fidèle disciple de Jésus. Jésus appela Pierre à laisser ses filets et à le suivre. Pierre obéit immédiatement, et il put déclarer par la suite: «Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi.» Pierre avait renoncé à tout pour suivre Jésus. Pierre avait fidèlement obéi à Jésus. Rappelez-vous, quand Jésus lui dit: «Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez du poisson»; Pierre, le pêcheur, savait qu’il n’y avait pas de poisson à cet endroit-là, car il avait travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais il répandit: «Sur ta parole, je jetterai le filet.» Il se soumit à la parole de Dieu. Pierre avait une grande foi. Quand il vit Jésus marcher sur la mer, il s’écria: «Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux», et à la voix de Christ, il sortit de la barque et marcha sur les eaux. Jésus parle de Pierre comme de la pierre sur laquelle il bâtira, son Église et Il dit qu’il lui donnera les clefs du royaume des cieux. Pierre était un homme remarquable, un fidèle disciple de Jésus. Et pourtant, il lui manquait bien des choses.
    Maintenant, considérons Pierre alors qu’il vivait pour lui-même, et se confiait en lui-même et cherchait sa propre gloire. Vous vous rappelez qu’aussitôt après lui avoir dit: «Ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé ces choses, mais c’est mon Père qui est dans les cieux», Jésus commença à parler de ses souffrances à ses disciples, et Pierre osa lui dire: «A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela nie t’arrivera pas», {Mathieu 16:22} et Jésus fut obligé de lui dire: «Arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale! Car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes.»
    Pierre, avec sa volonté propre et se fiant à sa propre sagesse, défendait à Christ de souffrir et de mourir. D’où cela venait-Il? De ce que Pierre se confiait en lui-même et en son opinion personnelle au sujet des choses divines. Nous voyons que plus tard, à plusieurs reprises, la question de savoir qui était le plus grand fut discutée par les disciples, et Pierre était l’un d’entre eux, et il pensait qu’il avait vraiment droit à la première place. Il cherchait sa propre gloire. Pierre vivait pour lui-même.
    Quand Christ lui avait parlé de ses souffrances et avait dû lui dire: «Arrière de moi, Satan», Christ avait ajouté: «Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.» Nul ne peut suivre Christ s’il n’a fait cela. Il faut d’abord renoncer à soi-même.
    C’est là la première condition pour devenir un disciple de Christ; mais Pierre ne comprenait pas cela et ne pouvait obéir à cet ordre. Et qu’arriva-t-il? Lors de la dernière nuit, Jésus lui dit: «Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois.» Mais Pierre, qui avait confiance en lui-même, déclara: «Quand tous t’abandonneraient, moi je ne t’abandonnerai pas! Je suis prêt à aller avec toi en prison et à la mort.» Pierre disait cela sincèrement, et il avait réellement l’intention de le faire; mais Pierre ne se connaissait pas vraiment.
    Nous chantons dans un de nos cantiques: «Pur comme Toi!», et nous pensons sans doute aux péchés individuels qui nous séparent de Dieu. Mais pensons-nous également à, notre «moi» qui est notre nature même et qui est impur? Pensons-nous à la chair qui est entièrement sous la puissance du péché? Nous avons besoin d’en être délivrés. Pierre ne le savait pas, et c’est pourquoi, plaçant sa confiance en lui-même, il en vint à renier Jésus.
    Considérons maintenant la repentance de Pierre. Pierre avait renié Jésus trois fois, et Jésus se retourna et regarda Pierre; et ce regard de Jésus brisa le cœur de Pierre, et aussitôt il réalisa l’étendue du péché qu’il venait de commettre, la terrible chute qu’il avait faite, et «Pierre sortit et pleura amèrement».
    Oh! qui pourrait nous dire la profondeur de ce repentir! Durant les heures qui suivirent, cette nuit-là, le lendemain, quand il vit Jésus crucifié et enseveli, et le jour suivant, le jour du sabbat,— oh! dans quelle honte, dans quel désespoir, il doit avoir passé ce jour! Mon Seigneur est mort, mon espérance est morte et j’ai renié mon Seigneur! Après cette vie d’amour, après ces trois années de communion spirituelle, j’ai renié mon Seigneur! O Dieu, aie pitié de moi! Je ne pense pas que nous puissions réaliser la profondeur de l’humiliation dans laquelle sombra Pierre à ce moment-là. Mais nous arrivons maintenant à an tournant dans la vie de Pierre; le premier jour de la semaine, Jésus apparut à Pierre {1}, et dans la soirée, Il apparut aux onze disciples. Plus tard, sur les bords du Lac de Galilée, Il lui demanda trois fois: «M’aimes-tu?», et Pierre fut attristé parce que le Seigneur lui rappelait ainsi qu’il l’avait renié trois fois; et il répondit tristement, mais avec droiture: «Seigneur, tu sais toutes choses; tu sais que je t’aime.»
    Pierre fut ainsi préparé à être délivré de son moi. Christ le conduisit avec les autres disciples jusqu’au marchepied du trône, et Il lui dit d’attendre là; puis, le jour de la Pentecôte le Saint-Esprit descendit et Pierre fut transformé. Il ne faut pas que vous pensiez seulement: «Je puis constater le changement qui s’est produit en lui, sa hardiesse, sa puissance, sa connaissance des Saintes-Écritures, et les résultats bénis de sa prédication le jour de la Pentecôte.» Nous devons remercier Dieu pour tout cela. Mais il se produisit, dans le cœur de Pierre, un changement plus profond et plus important que celui-là. La nature même de Pierre fut changée.
    Pour nous en rendre compte, lisons la première épître de Pierre. Vous savez en quoi consistait l’erreur de Pierre: il avait déclaré à Christ qu’il ne pouvait souffrir et mourir. «Cela ne t’arrivera pas», avait-il dit. Nous voyons par là qu’il ne savait pas ce que c’était que de passer de la mort à la vie. Quand Christ l’avertit en lui disant: «Tu me renieras», Pierre proteste en disant qu’il ne le fera pas; cela nous montre combien peu il connaissait ce qu’il y avait dans son cœur. Mais quand nous lisons l’épître de Pierre, nous voyons qu’il déclare: «Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous.». {1Pierre 4:14} Ces paroles ne sont pas de l’ancien Pierre, elles sont inspirées par l’Esprit de Christ. Quand Pierre déclare: «Ainsi donc, Christ ayant souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée», nous comprenons quelle transformation Pierre a subie. Au lieu de renier Christ, il trouve de la joie à renoncer à lui-même, à mourir à lui-même. Et c’est ce que nous voyons dans le livre des Actes quand, convoqué devant le Sanhédrin, il déclare hardiment: «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes»; {Actes 5:29} et nous le voyons, ainsi que les autres apôtres, se retirer joyeux d’avoir été jugé digne de subir des outrages pour le nom de Christ. Considérons le changement profond qui s’est produit dans le cœur de l’apôtre Pierre, ce Pierre qui vivait pour lui-même, qui se confiait en lui-même, qui cherchait sa propre gloire. Cette transformation, c’est œuvres de Christ en lui par le Saint-Esprit.
    Cette histoire de Pierre doit être celle de chaque enfant de Dieu. Cette histoire nous montre ce que le Saint-Esprit peut faire en chacun de nous. Il ne suffit pas de prier pour l’œuvre de Dieu, de prier pour une effusion du Saint-Esprit; pour que l’œuvre de Dieu puisse prospérer, il faut que chacun de nous, individuellement, reçoive la bénédiction divine.
    Examinons maintenant quelles leçons nous pouvons tirer de l’histoire de Pierre. La première leçon, la voici: on peut être très zélé, très dévoué pour le service de Dieu, et même obtenir des résultats bénis, et cependant être encore sous le pouvoir de la chair.
    C’est une vérité solennelle; Dieu seul connaît quels sont ceux qui sont dans ce cas, et qui ont peut-être travaillé pour Lui pendant cinq, dix ou vingt ans. Pierre, avant de renier Christ, avait chassé des démons et guéri des malades. Et certains peuvent avoir obtenu des résultats en prêchant l’Évangile  et pourtant se trouver encore, comme Pierre, sous le pouvoir de la chair. Il faut que nous réalisions que c’est justement à cause de cela, que la puissance de l’Esprit de Dieu ne peut agir par nous comme Dieu voudrait qu’elle puisse agir.
    Réalisez-vous que le Dieu Tout-Puissant désire vous accorder une bénédiction deux fois plus grande et accorder aux autres, par votre moyen, dix fois plus de bénédictions? Mais il y a quelque chose qui l’en empêche, et ce qui l’en empêche, c’est notre «moi». Nous parlons de l’orgueil de Pierre, de l’impétuosité de Pierre, de sa confiance en lui-même. Tout cela vient d’une seule cause: le moi. Christ avait dit: «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même», et Pierre n’avait jamais compris ces paroles, il n’avait jamais obéi à cet ordre. De là venaient ses défaillances.
Et il y a beaucoup d’enfants de Dieu, et même de serviteurs de Dieu, qui vivent pour eux-mêmes.
    Quelle pensée solennelle et quel sujet de prière urgent! O Dieu, révèle-le nous, afin qu’aucun de nous ne vive pour lui-même! Il est arrivé à des gens qui avaient travaillé pour Dieu pendant vingt ans, qui avaient peut-être occupé une position importante, de recevoir de Dieu cette révélation et d’en être écrasés de honte. Quelle tristesse, quelle souffrance, quelle agonie jusqu’à ce qu’ils aient obtenu la délivrance! Pierre sortit et pleura amèrement, nous est-il dit.
    Et voici maintenant la seconde leçon: c’est le Seigneur Jésus lui-même qui nous montre la puissance du «moi:». Comment Pierre, ce Pierre charnel, ce Pierre qui accomplissait sa volonté propre, est-il devenu, l’homme de la Pentecôte et l’auteur de deux épîtres? C’est parce que Christ s’est chargé de lui, Christ a veillé sur lui, Christ l’a enseigné et l’a béni. Les avertissements que Christ lui a donnés faisaient partie de son éducation; et, à la fin, il y eut ce regard d’amour. Dans sa souffrance, Christ n’a pas oublié Pierre, mais il s’est tourné vers lui et l’a regardé. Et «Pierre sortit et pleura amèrement». Le Christ qui conduisit Pierre à la Pentecôte est encore parmi nous, et Il attend pour se charger de ceux qui veulent se consacrer à Lui.
    Peut-être pensez-vous: Ah! voilà bien le malheur! Je vis pour moi-même, je cherche ma propre volonté et mon propre plaisir; comment puis-je être délivré de moi-même? Voici ma réponse: Seul le Seigneur Jésus peut vous délivrer; nul autre ne peut vous libérer de la puissance du «moi». Et que vous demande-t-il de faire? Il vous demande simplement de vous humilier devant Lui.

{1} Cette apparition de Christ à Pierre n’est pas mentionnée dans les Évangiles; mais l’apôtre Paul en fait mention dans l’Épître aux Corinthiens. {1Corinthiens 15:5}

VI. ENTIÈRE CONSÉCRATION

    «Ben-Hadad, roi de Syrie, rassembla toute son armée; il avait avec lui trente-deux rois, des chevaux et des chars. Il monta, mit le siège devant Samarie, et l’attaqua. Il envoya dans la ville des messagers à Achab, roi d’Israël, et lui fit dire: Ainsi parle Ben-Hadad: Ton argent et ton or sont à moi, tes femmes et tes plus beaux enfants sont à moi. Le roi d’Israël répondit: Roi, mon seigneur, comme tu le dis, je suis à toi avec tout ce que j’ai.». {1Roi 20:1-4}
    Ce que Ben-Hadad demandait, c’était une reddition sans conditions, et Achab fit ce qui lui était demandé et répondit au roi de Syrie: a Roi, mon seigneur, comme tu le dis, je suis à Toi avec tout ce que j’ai!» Ces paroles, je voudrais que chaque chrétien puisse les adresser à Dieu: «Roi, mon seigneur, je suis à Toi avec tout ce que j’ai!» Si nous voulons être bénis par Dieu, il faut nous consacrer entièrement à Lui.
    J’étais en Écosse, je me trouvais en compagnie de plusieurs personnes, et nous parlions ensemble de la situation de l’Eglise de Christ, et des besoins de l’Eglise et des croyants; il y avait parmi nous un serviteur de Dieu qui s’occupait de former des chrétiens pour l’œuvre de Dieu. Je lui demandai quel était, à son avis, le plus grand besoin de l’Eglise, et quel était le message qu’il fallait prêcher.
    Il me répondit tranquillement, avec assurance: «La consécration absolue à Dieu est la chose principale.» Et il se mit à m’expliquer que, parmi ceux qu’il avait à former pour le service de Dieu, ceux qui étaient vraiment consacrés, même s’ils n’étaient pas très avancés dans la connaissance des choses spirituelles, avaient le désir d’être instruits et de faire des progrès, alors que ceux qui n’étaient pas vraiment consacrés retournaient souvent en arrière et abandonnaient l’œuvre de Dieu. La première condition, pour obtenir la. bénédiction divine dans toute sa plénitude, c’est d’être entièrement consacré à Dieu.
    Dieu répond aux prières que vous lui adressez pour vous et pour ceux qui vous entourent en vous posant cette question: «Veux-tu te consacrer entièrement à Moi? «Que lui répondrez-vous? Dieu sait qu’il y a des centaines de chrétiens qui ont répondu affirmativement dans le secret de leur cœur, et que des centaines d’autres désirent le faire, mais n’osent pas. Enfin, il y en a qui ont dit oui, mais qui ont échoué, et qui se sentent condamnés parce qu’ils n’ont pas trouvé le secret de la puissance pour vivre cette vie de consécration.
    Voyons tout d’abord ce que Dieu réclame de nous. Dieu est la Fontaine de Vie, l’unique Source d’existence, de puissance et de bonté, et dans tout l’univers, il n’y a rien de bon qui ne soit l’œuvre de Dieu. Dieu a créé le soleil, la lune, les étoiles, les fleurs, les arbres et l’herbe; toutes ces choses lui appartiennent et lui sont soumises. Quand Dieu revêt le lis des champs de toute sa splendeur, le lis n’est-il pas entièrement soumis à Dieu, consacré à Celui qui lui donne sa beauté?’
    Croyez-vous que Dieu puisse faire son oeuvre dans le cœur de Ses enfants rachetés s’ils ne sont pas entièrement consacrés à Lui? C’est impossible. Dieu est vie, amour, bénédiction, puissance et beauté infinie, et Dieu trouve son plaisir à accorder tous ses dons à chaque chrétien prêt à Le recevoir; mais c’est justement l’absence de cette consécration absolue qui empêche Dieu d’agir.
    Vous savez que, dans la vie de tous les jours, chaque objet doit être utilisé pour un emploi spécial et nettement déterminé. J’ai un stylo dans ma poche. Ce stylo est entièrement consacré à une seule fonction: écrire. Et pour que je puisse écrire lisiblement, il faut que ce stylo se laisse guider par ma main. Si un autre le tient en même temps que moi, il me sera impossible d’écrire lisiblement. Mon pardessus est consacré à me couvrir. L’église est consacrée aux services religieux.
    Croyez-vous que Dieu puisse faire Son oeuvre en vous si votre être immortel ne lui est pas entièrement consacré? C’est impossible. Le temple de Salomon fut entièrement consacré au service de Dieu lors de l’inauguration. Et chacun de nous est le temple de Dieu, dans lequel Dieu habite et où il travaillera avec puissance à une condition: cette condition, c’est d’être entièrement consacré à Dieu. Dieu nous le demande, Dieu en est digne et, sans cette consécration absolue, Dieu ne peut accomplir Son oeuvre en nous.
    C’est Dieu qui accomplit l’œuvre en nous. Je suis certain que beaucoup de chrétiens disent: «Ah! Cette entière consécration implique tant de choses!» A l’issue d’une réunion sur la sanctification, une personne me fit remettre une lettre dans laquelle elle disait: «J’ai traversé tant d’épreuves et de souffrances, et je sens que je vis encore tellement pour moi-même, que je n’ose pas envisager le renoncement absolu, parce que je sais que cela me causera tant d’angoisse et de douleur.» Mais Dieu ne vous demande pas de vous consacrer entièrement à Lui par vos propres forces, ou par la puissance de votre volonté; Dieu veut accomplir l’œuvre en vous. Ne lisons-nous pas dans la Parole de Dieu: «C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir?» Nous devons nous prosterner devant Dieu jusqu’à ce que nos cœurs aient appris à croire que l’Eternel Lui-même viendra en nous pour chasser ce qui est faux, pour ôter ce qui est mauvais et pour faire ce qui est bon à Ses yeux.
    Regardez les personnages de l’Ancien Testament, comme Abraham. Croyez-vous, que c’est par hasard que Dieu a trouvé cet homme, le Père des croyants et l’Ami de Dieu, et croyez-vous qu’Abraham, par lui-même et sans l’aide de Dieu, possédât une telle foi, une telle obéissance et une telle piété? Vous savez bien que non. Dieu l’a formé et l’a préparé, afin d’en faire un instrument pour Sa gloire. Dieu ne déclare-t-il pas à Pharaon: «Je t’ai suscité pour manifester en toi mon pouvoir?» Si Dieu dit cela de Pharaon, à plus forte raison le dira-t-Il de chacun de Ses enfants.
    Venez à Dieu avec votre faible désir; et si vous craignez que votre désir ne soit pas assez ardent, si vous pensez: je ne suis pas prêt à accepter tout ce qui peut arriver, je ne me sens pas le courage de dire que je puis surmonter tous les obstacles et remporter la victoire, apprenez à connaître votre Dieu et à mettre votre confiance en Lui aujourd’hui même. Dites: «Mon Dieu, je te demande de me donner la force de vouloir.» Si quelque chose vous retient, si vous êtes effrayé à la pensée du sacrifice à faire, venez à Dieu aujourd’hui et mettez-Le à l’épreuve; ce qu’il vous commandera de faire, Il vous donnera la force pour l’accomplir. Dieu vient à vous et vous offre d’accomplir son oeuvre en vous.
    Tous ces désirs, qui sont dans votre cœur, c’est l’action de l’aimant divin qu’est Jésus-Christ. Jésus a vécu une vie d’entière consécration, Il a pris possession de vous, Il vit dans votre cœur par Son Saint-Esprit. Vous lui avez résisté bien longtemps, mais Dieu vous appelle maintenant à vous humilier et à vous confier en Lui, afin que vous puissiez Lui appartenir entièrement. Il s’approche de vous aujourd’hui. Ne voulez-vous pas venir et vous confier en Lui pour qu’il puisse accomplir Son oeuvre en vous et vous sanctifier?
    Dieu accepte ce que nous Lui apportons. Dieu fait Son oeuvre dans le secret de notre cœur, Dieu nous presse par Son Saint-Esprit de venir à Lui et de nous livrer à Lui entièrement. Mais souvenez-vous que, lorsque vous vous approchez de Dieu pour vous consacrer à Lui, vous pouvez avoir conscience de l’imperfection de cette consécration et vous dire: «Est-elle absolue?» Rappelez-vous qu’un jour Jésus-Christ a dit à un homme: «Tout est possible à celui qui croit.» Et cet homme s’écria: «Je crois! viens au secours de mon. incrédulité!». {Marc 9:24} Et cette foi triompha du démon et le démon fut chassé. Si vous venez à Dieu en disant: «Seigneur, je me consacre à Toi entièrement», même si vous le dites avec un cœur tremblant et avec le sentiment de votre impuissance et de votre imperfection, Dieu fera Son oeuvre en vous. Ne craignez rien, venez tel que vous êtes, et la puissance du Saint-Esprit manifestera sa force dans votre faiblesse.
    Ne savez-vous pas que le Saint-Esprit agit avec puissance, malgré la faiblesse de la nature humaine? Voyez le Seigneur Jésus à Gethsémané. La Bible nous dit que «par un esprit éternel, Il s’est offert Lui-même à Dieu». L’Esprit de Dieu l’a rendu capable d’accomplir ce sacrifice. Et pourtant quelle tristesse, quelle angoisse, quelle agonie et quelle prière! Extérieurement, nous ne voyons aucun signe de la puissance du Saint-Esprit, et pourtant l’Esprit de Dieu était là. De même, quoique faible et tremblant, croyez que l’Esprit de Dieu agit en vous, ne craignez point, mais livrez-vous à Lui.
    Nous avons besoin de l’aide de Dieu pour que, dans notre vie journalière, Dieu occupe véritablement la place qui lui revient et soit: «Tout en tout». Si c’est cela que nous voulons pour notre vie entière, commençons aujourd’hui à détourner nos regards de nous-même et à regarder à Dieu. Inclinez-vous devant Dieu et dites dans le secret de votre cœur: «O Dieu, j’accepte Tes conditions; j’ai prié pour obtenir la bénédiction et pour être en bénédiction aux autres; j’accepte Tes conditions et je me consacre à Toi entièrement.» Vous pouvez ne rien éprouver, vous pouvez ne pas le réaliser, mais Dieu prendra possession de vous si vous vous confiez en Lui. Quelle oeuvre immense pourrait être accomplie dans notre pays, pour le temps et pour l’éternité, si chaque enfant de Dieu disait aujourd’hui: «Je me consacre entièrement à Dieu.»
    Non seulement Dieu accomplit l’œuvre en nous, mais c’est Lui qui la maintient. Beaucoup de gens disent: «J’ai souvent été ému à une réunion ou à une. convention, je me suis consacré à Dieu, mais cela n’a pas duré.» Mais quand Dieu a commencé Son oeuvre en nous, quand Dieu a accepté notre consécration, c’est Dieu Lui-même qui nous garde et nous soutient. Croyez-vous cela? En ce qui concerne la consécration, nous sommes deux: Dieu et moi. Auriez-vous peur de vous confier au Dieu Tout-Puissant? Dieu est prêt à vous aider.
    Comme le dit ce beau cantique: Jour après jour gardé par Son amour, Jour après jour à l’abri sous Son aile. Si Dieu permet que le soleil brille jour après jour, sans interruption, ne mettra-t-Il pas Sa vie en nous jour après jour, continuellement? Pourquoi n’avez-vous pas fait cette expérience? Parce que vous n’avez pas mis votre confiance en Dieu, parce que vous ne vous êtes pas consacré à Dieu avec cette certitude.
    La vie d’entière consécration a ses difficultés. Je ne le nie pas. Et même cette vie présente beaucoup plus que des difficultés: c’est une vie qu’il est impossible aux hommes de vivre. Mais, par la grâce de Dieu, par la puissance de Dieu, par la puissance du Saint-Esprit qui habite en nous, cette vie est possible pour nous, Dieu soit loué. Croyez, que Dieu vous maintiendra. Certains d’entre vous ont lu la vie de ce grand chrétien, Georges Müller qui, le jour de son quatre-vingt-dixième anniversaire, parlait de la bonté de Dieu envers lui. Quel était le secret de son bonheur et des bénédictions qu’il avait reçues de Dieu? Il disait qu’il y avait deux raisons. La première, c’est que, par la grâce de Dieu, il avait pu conserver une conscience pure jour après jour; la seconde, c’est qu’il aimait la Parole de Dieu. C’est bien vrai. Garder une conscience pure par une obéissance entière à Dieu jour après jour, et être en communion avec Lui par Sa Parole et par la prière, voilà ce qu’est une vie d’entière consécration.
    Une vie consacrée à deux faces: la première, c’est: l’entière consécration au travail que Dieu veut que je fasse; la seconde, c’est de laisser Dieu agir comme Il lui plaît.
    En premier lieu, nous devons accomplir l’œuvre que Dieu nous donne à faire. Soumettez-vous entièrement à la volonté de Dieu. Vous savez quelle est Sa volonté; toutefois vous êtes loin de la connaître entièrement. Dites à Dieu aujourd’hui: «Par Ta grâce, je désire faire Ta volonté en toutes choses, chaque jour et à chaque instant. Que toutes mes paroles soient à Ta gloire, que tous mes sentiments soient pour Ta gloire, qu’il n’y ait ni affection, ni haine dans mon cœur qui ne soit pour Ta gloire {1}, et en accord avec Ta sainte volonté.» On me dira: «Croyez-vous que ce soit possible?» Je vous dirai: «Qu’est-ce que Dieu vous a promis? Dieu n’a-t-il pas la puissance de remplir de Son Esprit celui qui se livre entièrement à Lui?» Dieu attend pour vous bénir en abondance.
    Depuis que le monde existe, jamais l’oreille n’a entendu, ni l’œil n’a vu ce que Dieu a préparé d’avance pour ceux qui s’attendent à Lui. Dieu a préparé pour vous des choses dont on n’a jamais entendu parler, des bénédictions plus merveilleuses que tout ce qu’on pourrait imaginer, plus puissantes que tout ce qu’on pourrait concevoir. Ce sont des bénédictions divines. Oh! venez à Dieu aujourd’hui et dites: «Je me donne entièrement à Dieu pour faire Sa volonté.» C’est Dieu qui vous rendra capable d’être fidèle.
    Dites ensuite: «Je me donne entièrement à Dieu, afin qu’il accomplisse en moi ce qui lui plaît.» Dieu désire faire Son oeuvre dans le cœur de Ses enfants d’une façon que nous ne pouvons comprendre, mais que la Parole de Dieu nous révèle, et Il désire agir en nous à chaque instant de la journée. Dieu veut maintenir la vie en nous; mais notre consécration doit être accomplie avec une foi simple, enfantine et illimitée.
    Cette entière consécration nous apportera une bénédiction! merveilleuse. Ce qu’Achab déclare à son ennemi, le roi Ben-Hadad: «O roi, mon seigneur, je suis à Toi avec tout ce que j’ai», ne le dirions-nous pas à notre Dieu et Père qui nous aime?’ Si nous le disons, la bénédiction divine viendra sur nous. Dieu veut que nous soyons séparés du monde; nous sommes appelés à sortir du monde qui hait Dieu. Sortons donc et disons à Dieu: «Seigneur, tout pour toi»! Si vous dites cela en priant, Dieu acceptera votre don et Il vous apprendra ce que cela implique.
    Oui, Dieu vous bénira. Vous avez prié pour obtenir la bénédiction. Mais rappelez-vous que, pour l’obtenir, il faut être entièrement consacré. Que se passe-t-il quand la maîtresse de maison sert le thé à ses invités? Pourquoi verse-t-elle le thé dans les tasses? Parce que la tasse est vide et que l’invité la lui donne pour recevoir du thé. Mais si l’invité versait de l’encre, ou du vinaigre, ou bien du vin dans sa tasse, la maîtresse de maison pourrait-elle la remplir de thé? Dieu peut-Il nous remplir du Saint-Esprit, peut-Il nous bénir si nous ne sommes pas entièrement consacrés à Lui? C’est impossible. Croyons que Dieu a de merveilleuses bénédictions en réserve pour nous si nous voulons venir à Lui aujourd’hui en disant d’un cœur confiant, même si notre volonté est tremblante: «Seigneur, j’accepte ce que Tu demandes, je suis à Toi avec tout ce que j’ai. Je me consacre à Toi entièrement.»
    Vous n’éprouverez peut-être pas un sentiment de délivrance aussi fort et aussi net que vous aimeriez éprouver; mais humiliez-vous devant Dieu et reconnaissez que vous avez attristé le Saint-Esprit par votre volonté propre, votre confiance en vous-même et vos propres efforts. Acceptez ensuite ce que Dieu dit: «Qu’en nous, c’est-à-dire en notre chair, il n’y a rien de bon»; rien ne peut vous aider, sauf une vie nouvelle venant en vous. Vous devez renoncer à vous-même une fois pour toutes. Alors Christ viendra prendre possession de vous.
    Quand Pierre fut-il délivré? Quand le changement fut-il accompli?’ Le changement commença avec le repentir de Pierre, ensuite le Saint-Esprit descendit et remplit son cœur. Dieu le Père veut nous donner la puissance de l’Esprit. L’Esprit de Dieu habite en nous. Nous devons louer Dieu pour cela et ensuite confesser comment nous avons attristé le Saint-Esprit. Après cela, nous devons nous incliner devant Dieu et Lui demander qu’il nous fortifie par Son Esprit et qu’il nous remplisse de Sa puissance. Et comme l’Esprit nous révèle Christ, Christ viendra habiter en nous pour toujours et notre égoïsme sera expulsé.
    Nous devrions nous humilier devant Dieu et Lui confesser l’état de l’Eglise entière. Il n’y a pas de mots pour décrire le triste état de l’Eglise de Christ sur la terre. Pensez aux chrétiens qui vous entourent. Je ne parle pas des chrétiens de nom, ou des chrétiens professants, mais de centaines et de milliers de chrétiens honnêtes et zélés qui ne vivent ni pour la gloire de Dieu, ni par Sa puissance.  
    Nous avons besoin de confesser les péchés du peuple de Dieu et de nous humilier nous-mêmes. Nous sommes membres de ce corps malade, et l’état maladif de ce corps sera un obstacle pour nous, à moins que nous ne venions à Dieu pour nous donner nous-mêmes entièrement et absolument à Dieu.
    Même dans l’œuvre de Dieu, nous voyons se manifester la volonté propre et les pensées propres; bien rares sont ceux qui s’attendent à Dieu et se laissent diriger par le Saint-Esprit. Confessons-le. J’ai entendu parler d’un chrétien zélé qui disait que la pensée de la séparation et de la mort était «cruelle». Est-ce là votre pensée? Est-ce là ce qu’un chrétien doit penser? La mort fut pour Christ le chemin de la gloire. Pour la joie qui lui était réservée, Il a souffert la croix. C’est à la croix que naquit la gloire éternelle de Christ. Aimez-vous Christ? Désirez-vous vivre en Lui et non comme Lui? Alors la mort doit être pour vous la chose la plus désirable qui soit; la mort à soi-même, l’union avec Christ. La séparation, pensez-vous que ce soit dur d’être libre du monde, et par là d’être uni à Dieu et à Son amour, d’être préparé par cette séparation à vivre et à marcher avec Dieu chaque jour?
    Oh! venez à Christ et jetez à Ses pieds votre vie charnelle et égoïste! Puis, confiez-vous en Lui. Ne vous fatiguez pas à essayer de tout comprendre à ce sujet, mais venez à Lui avec la certitude que le Christ vivant viendra en vous avec la puissance de Sa mort et la puissance de Sa vie. Et le Saint-Esprit vous donnera Christ tout entier, Christ crucifié et Christ ressuscité et vivant dans la gloire.

La seconde partie de cet ouvrage est publiée sous le titre: «CHRIST NOTRE VIE».


{1} Note du traducteur.—Je ne me suis pas cru le droit de modifier la pensée de l’auteur. Cependant, il semble difficile d’admettre qu’une haine puisse être pour la gloire de Dieu (à moins qu’il ne s’agisse de la haine du mal).


vendredi 30 août 2013

COURTE MÉDITATION SUR 2CORINTHIENS 1.7

1  Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe:
2  que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation,
4 qui nous console dans toutes nos afflictions, (tribulations) afin que, par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque affliction!
5 Car, de même que les souffrances de Christ abondent en nous, de même notre consolation abonde par Christ.
6  Si nous sommes affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut; si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation, qui se réalise par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous endurons.
7  Et notre espérance à votre égard est ferme, parce que nous savons que, si vous avez part aux souffrances, vous avez part aussi à la consolation

    Paul, dans les salutations qu’il adresse aux Corinthiens, qualifie Dieu : le Père des miséricordes et de toute consolation. C’est une présentation de notre Père dans un de Ses attributs les plus beaux : le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation. C’est beau, oui très beau ! Dieu est le Dieu de toute consolation et c’est en Sa qualité de Père qu’il exerce la miséricorde. Ce n’est pas un Dieu lointain et inaccessible mais le Dieu et Père de Jésus-Christ ! C’est Dieu qui prend soin de ses enfants dans Sa qualité de Père. Nous pouvons comprendre cela mieux qu’avec des clichés théologiques ou des doctrines plus ou moins élaborées. Des doctrines au langage intellectuel, philosophique ou psychologique qui ne touchent que ceux qui les produisent. Ici, c’est simple, concret, direct, Dieu, le Père prend soin, soulage, console ceux qui lui appartiennent.
    Nous connaissons ce Père des lumières car le Fils de Dieu l’a révélé pleinement lorsqu’Il vivait sur cette terre. Jésus a dit à Philippe qui lui avait demandé de lui montrer le Père :

9……Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père; comment dis-tu: Montre-nous le Père?
10  Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les oeuvres.
11  Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces oeuvres.  (Jean 14)

    Il suffit de lire les Évangiles pour connaître notre Père céleste. Le bras de grâce du Père est notre Seigneur Jésus qui n’a accompli que ce que lui demandait le Père. Ce bras de notre Seigneur était motivé par son cœur rempli de l’amour du Père et gouverné par la compassion du Père. Tout ce que Jésus a fait est l’œuvre du Père. ‘’Le Père qui demeure en moi accomplit ses œuvres’’ ajoute Jésus.
    C’est le Père qui a consolé la veuve de Naïn en ressuscitant son fils. C’est le Père qui a consolé Marthe et Marie en ressuscitant Lazare. C’est le Père qui a consolé la Samaritaine au puits de Jacob en lui expliquant comment et où adorer. C’est le Père qui a guéri les malades, fait marcher les paralytiques, redonner la vue aux aveugles. Leur guérison a été une consolation merveilleuse, visible, durable. C’est le Père qui a consolé cette femme qui avait une perte de sang depuis 12 ans qui, la rendant impure, lui interdisait l’accès du Temple. C’est le Père qui a censuré les pharisiens, scribes et docteurs afin de libérer les Juifs pieux des fardeaux pesants qu’ils leur imposaient. Tout cela par Son Fils bien-aimé, car le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père. Jésus ajoute dans Jean 14.11 ‘’Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi. Sinon, croyez à cause de ces œuvres !’’
    Paul écrit que Dieu le Père console ses enfants qui sont dans les afflictions. (mot traduit habituellement par tribulation) Il ne dit pas que nous sommes délivrés de nos afflictions, mais que nous sommes consolés dans celles-ci. Il est faux de croire que le chrétien passe une vie sans des épreuves. C’est une hérésie et c’est incompatible avec la Parole de Dieu ! Il nous arrive, parfois de demander au Seigneur de nous épargner de ces mauvaises choses de la vie, mais Paul, lui, a compris que cela fait partie de notre formation. La consolation nous permet de découvrir le cœur du Père et par la consolation que nous recevons, nous pouvons à notre tour consoler ceux qui passent par ces mêmes épreuves.
    Paul nomme ces afflictions  ‘’les souffrances de Christ.’’ Lorsque sur le chemin de Damas, le Seigneur lui est apparu, Il lui a demandé : ‘’Saul, Saul, pourquoi me persécute-tu ? Moi, je suis Jésus que tu persécutes.’’ Le Seigneur s’identifiait à ceux qui étaient persécutés par la main de Paul et de tous ceux qui voulaient anéantir ou détruire l’Eglise. Paul montre que les souffrances endurées par l’église et par les apôtres sont le prolongement de celles de Christ. L’annonce de l’Evangile provoque toujours des tensions, des réactions de rejet, parfois de haine. Paul qualifie ces souffrances : ‘’souffrances de Christ.’’ Quelle grâce pour nous, quand nous sommes dans le creuset à cause de l’Evangile !

G. Godet a écrit à ce sujet :
    Le vrai sens nous paraît être le suivant : Les souffrances que Christ (Christ historique) a souffertes et qui continuent dans les siens, dans ceux qui poursuivent et achèvent son œuvre en proclamant son salut. Les serviteurs de Christ souffrent des souffrances toutes pareilles à celles de Christ ; ils souffrent pour le salut du monde et par les ennemis de Christ dont ils attirent sur eux la haine. L’idée est la même dans Colossiens 1.24 où Paul déclare qu’il achève de souffrir en son corps ce qui manque aux souffrances de Christ pour l’Eglise (ainsi Calvin, Neander, Ewald, Olshausen, Meyer, Hofmann, Klöpper, Beet, Bousset) Comparez Romains 8.17, Philippiens 3.10, 1Pierre 4.13, Hébreux 13.13 et dans notre épître 4.10. Ces souffrances de Christ, il y a comme un débordement (périseuei) sur Paul et Timothée (eis hèmas), mais il y a aussi un débordement correspondant de la paraklèsis (consolation.) Pendant que le monde les juge frappés de Dieu, les croit anéantis, morts, ils se relèvent, ils revivent. (cf 6.9) Et cette paraklèsi, elle leur est assurée et abondamment donnée par le Christ, maintenant glorifié, mais qui a souffert ici-bas et dont ils partagent les souffrances. Cette puissance de relèvement, de consolation en vertu de l’action et de l’habitation de Christ en eux par l’Esprit qui produit les effets les plus merveilleux (cf Ephésiens 3.17, Romains 5.3-5, 8.16, 28 et 37)
 -- encyclopédie des difficultés bibliques de A. Kuen des éditions Emmaüs--

    Si nous sommes affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut. C’est ainsi que Paul continue son argumentation en précisant sa pensée. Ces tribulations produisent dans le cœur de Paul et de ceux qui l’accompagnent une connaissance des richesses de la consolation du Saint-Esprit, le Paraclet. Cette richesse, non mesurable, leur donne la capacité de transmettre cette consolation à ceux qui sont affligés comme eux. Ils peuvent connaître les profondeurs de l’amour de Dieu et de Sa consolation dans la mesure de leur affliction. Cette connaissance produit un fruit de consolation et de salut pour ceux qui subissent les mêmes outrages.
    Si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation qui se réalise par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous endurons. Ici, nous avons le moyen par lequel cette consolation peut agir dans les cœurs. C’est par la patience à supporter l’épreuve que la consolation est efficace. C’est l’Esprit qui, en chacun de nous, produit cette patience à subir ces souffrances. La patience fait partie de la description du fruit de l’Esprit (Galates 5.22) Cette patience, venant de Dieu, permet de passer à travers les tribulations. C’est une force qui vient de Dieu, notre Père, par le Saint-Esprit. C’est une patience dont l’origine est divine. Elle est puissante pour qui la pratique et la vit et elle permet non seulement de supporter l’épreuve, mais d’enrichir et de devenir des consolateurs pour les autres.
    Je pense même, que les Corinthiens, consolés par Paul et ses amis, ont pu, à leur tour, consoler l’apôtre et ses amis avec le même amour et la même puissance qu’ils ont été consolés.
    Et notre espérance à votre égard est ferme, parce que nous savons que, si vous avez part aux souffrances, vous avez part aussi à la consolation. Paul parle aussi dans cette salutation aux Corinthiens de l’espérance, pour lui et ses compagnons. Cette espérance les tient dans l’assurance que si l’église a part à la souffrance et aux tribulations, elle a aussi  part à la consolation. C’est la consolation divine qui est puissante pour relever ceux qui souffrent pour le nom de notre Seigneur, à cause du témoignage de l’Evangile.
    Paul a écrit dans Romains 5 que l’espérance ne trompe pas parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. L’espérance est le fruit de l’amour de Dieu dans nos cœurs ! La souffrance est, elle aussi, les conséquences de cet amour de Dieu le Père manifesté par l’œuvre de la croix et révélé par le Saint-Esprit.

    Pour conclure cette courte méditation je vous laisse un texte de T.A. Sparks qui précise ce qu’est LA COMMUNION DE SES SOUFFRANCES pour ceux qui suivent le Seigneur.

« Afin que je connaisse Christ... et la communion de Ses souffrances. » (Philippiens 3:10)
« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, et je remplis ma part des souffrances de Christ pour son corps qui est l'Église. » (Colossiens 1:24)
« ...rendre parfait l'auteur de leur salut par les souffrances... ayant été tenté Lui-même dans ses souffrances. » (Hébreux 2:10,18)
« Si vous supportez patiemment la souffrance pour avoir bien fait, c'est à cela que Dieu prend plaisir. Car, c'est à cela que vous êtes appelés, puisque Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple... maltraité ne faisait point de menaces, mais s'en remettait à celui qui juge avec justice. » (I Pierre 2:20,21,23)
« Christ ayant donc souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée... réjouissez-vous de ce que vous participez aux souffrances de Christ. » (I Pierre 4:1,12-13)

    L'expression « les souffrances de Christ » est un tout, une expression globale qui dépasse de loin ce que nous en savons. Elle englobe ou recouvre tout un domaine de souffrances à laquelle nous n'avons aucune part; nous ne sommes nullement appelés à être partie prenante de la souffrance expiatoire de Christ. Il nous faut le reconnaître et l'affirmer une fois pour toutes. Si souvent l'Adversaire cherche à nous rappeler et nous mettre dans la tête, nos souffrances et nos péchés et par là même à saper l’œuvre que Christ accomplit dans nos cœurs. Dans un livre dangereux et pernicieux, l'auteur déclare avec insistance qu'il nous faut tous faire l'expiation de nos péchés même si nous sommes déjà devenus chrétiens: c'est un mensonge satanique. Il y a une différence entre la correction toute pédagogique de l'amour du Père dans l'instruction de l'enfant et le jugement lié à la condamnation du péché.
    Que l'on comprenne bien qu' « une pleine expiation » a été faite par Christ et que nous n'avons aucune part aux souffrances endurées par Christ dans cette oeuvre ! Mais il est un autre domaine de ses souffrances auquel nous pouvons avoir part, non pas pour notre salut mais pour notre vocation et notre édification. Ces souffrances revêtent diverses formes et nous allons en dire quelques mots. Nous diviserons ces aspects de la souffrance en deux: les souffrances intérieures et cachées, et les souffrances extérieures.

I - Les souffrances cachées de Christ
    Dans Hébreux 2:18, il est dit qu' « Il souffrait Lui-même d'être tenté », ce qui nous fait comprendre que la tentation était un chemin de souffrance pour Christ; Certaines tentations étaient évidentes mais pour Lui la souffrance était bien plus profonde car elle impliquait bien plus de peine pour Lui que pour nous. Nous pouvons néanmoins en avoir quelques notions. Par exemple, avec quelle persévérance et persistance notre Seigneur était-il poussé à donner à son comportement un intérêt personnel! Depuis l'épreuve de la tentation au désert et jusqu'aux derniers instants sur la Croix, c'était toujours: « Sauve-toi toi-même. » Il était toujours entraîné sur la voie rapide, facile et populaire, mais la voie de la volonté du Père était toute autre : Celle de la patience, de l'obstacle et de la solitude. La nature même du dessein qui le motivait et dirigeait sa vie, allait à l'encontre de ce chemin facile, rapide et peu coûteux, celui d'Adam qui était leurré, piégé par une destinée divine perdue. Il en était arrivé à inverser en l'être humain cette tendance à la facilité. Une atmosphère terrible régnait en son for intérieur par rapport à cette destinée divine. L'antagonisme, la solitude et l'inaptitude à saisir la nature des choses divines, pesaient si terriblement sur lui au point qu'aucune attitude simplement passive n'était encore possible. Il lui fallait combattre et lutter en passant par la pression de la suggestion et de la contrainte: « Il souffrait en étant tenté » Il était tenté d'éviter toute nuisance ou désagrément personnel, de désamorcer l'incompréhension et l'injure et de faire du compromis en cherchant à éliminer toute opposition et tout superflu. Ce n'était pas une souffrance morale pour lui d'affronter cette tentation, mais cette tentation s'infiltrait si souvent par des voies qui la rendait très douloureuse pour lui. Un de ses plus proches compagnons allait sur ce point le méjuger complètement (Matthieu 16: 23) servant Satan pour le détourner subtilement, mais avec amour, du sentier de souffrance qui était devant Lui. C'est effectivement une souffrance quand le plus proche de soi sur terre n'arrive pas à saisir toutes les exigences de la volonté du Père et de sa consécration envers Lui, en utilisant la persuasion et l'amour de la sollicitude pour trouver une voie alternative. Pierre était tenté de servir Sa cause par des moyens et méthodes humains. Descendre du haut d'un lieu élevé jusqu'au milieu d'une foule attirerait l'attention en faisant une grosse impression. Ce serait sensationnel, comme descendre du ciel. Le monde serait captivé et Sa position bien établie; Que de telles suggestions, sans doute renouvelées en d'autres circonstances plus heureuses, aient été fastes à Celui qui était présent dans la Joie de Dieu, c'était déjà en soi une souffrance.
    Il n'était pas nécessaire qu'en Lui quoi que ce soit réponde et réagisse à de telles suggestions. Ces suggestions étaient en elles-mêmes des motifs de souffrance morale et spirituelle et c'était terrible pour Lui de vivre dans une telle ambiance où elles se multipliaient. Il était également tenté d'être exposé à faire de l'opinion un facteur déterminant, ce que les gens religieux diraient ou penseraient, ce qui était accepté et ce qui se faisait. C'était aussi ce que ses proches et ses propres frères voulaient Lui faire accepter. (Jean 4:15)
    Oui, Il est entré dans nos propres tentations: Il a été tenté en tout point comme nous et d'une certaine manière que nous ne comprenons pas, c'était pour Lui une souffrance. Il y a des souffrances qui sont particulièrement le lot de ceux qui paient un lourd tribut à leur soumission et à leur consécration à un dessein divinement attribué. La souffrance causée par cette sorte d'épreuve, la tentation, se vit essentiellement dans le secret.

II- Les souffrances extérieures de Christ.
    Comme Fils de Dieu de la lignée céleste, Christ était marqué par la différence. Par voie de conséquence, un certain antagonisme envers Lui régnait là où « le Prince de la puissance de l'air » siégeait (Ephésiens 2:2). Les gens étaient influencés et conditionnés malgré eux. Dans la mesure où ils étaient concernés, c'était déraisonnable et immérité, car ils n'étaient que des jouets entre les mains du diable. Il ne pouvait tout simplement pas avoir raison quoiqu'Il dise ou fasse. Une fois Il était trop humble Il n'était que le fils du charpentier, une autre fois, Il était trop élevé et supérieur aux autres. Ce qu'il avait de bien était mal compris et déprécié. Apparemment, on ne lui donnait aucune chance d'avoir raison. Si d'aventure Il s'était laissé influencé par le courant populaire, on faisait une enquête sur Lui et tout se révélait comme faux. Beaucoup d'autres attitudes se révélaient comme l'expression d'un sentiment d'hostilité.
Rappelons-nous toujours que ceux qui appartiennent à Christ souffrent de la même manière que Lui. Ils sont marqués et différenciés comme étant de la semence royale et à l'encontre de toute raison et bon sens humains, ce qui fait que les meilleures personnes sont presque irresponsables de leurs paroles et de leurs actes. C'est tout cela la communion à ses souffrances.
Souvenons-nous qu'Il était rendu parfait par ses souffrances. Parfait par sa nature, Il a été amené pleinement à la perfection par ses souffrances. Nous-mêmes, en souffrant avec Lui (au travers de ses souffrances), nous serons amenés à Sa parfaite ressemblance, conforme à Son image. (T.A. Sparks)


jcb