Nouvelle
Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG
« Le matin, comme il faisait encore fort obscur, s'étant levé, il sortit et s'en alla dans un lieu écarté, et il y priait. » Marc 1 : 35.
« Et il leur dit : Venez à l'écart, dans un lieu retiré, et prenez un peu de repos. » Marc 6 : 31.
Que ma prière soit avant tout le silence de l'adoration et de la foi, jusqu'à ce que Dieu se révèle à moi, et me donne par son Esprit l'assurance qu'il abaisse sur moi un regard de père. Celui qui dans sa prière n'a pas le temps de dire avec tranquillité d'âme : Abba, Père, en comprenant tout ce que renferme ce mot, perd la meilleure partie de la prière. C'est dans la prière que doit s'affirmer toujours plus ce témoignage de l'Esprit que nous sommes enfants de Dieu, que le Père se rapproche de nous et prend son plaisir en nous. « Si notre cœur ne nous condamne point, nous avons de l'assurance devant Dieu ; et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous faisons ce qui lui est agréable ». (1 Jean 3 : 21, 22).
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(17) Dans la prière.
« Le matin, comme il faisait encore fort obscur, s'étant levé, il sortit et s'en alla dans un lieu écarté, et il y priait. » Marc 1 : 35.
« Et il leur dit : Venez à l'écart, dans un lieu retiré, et prenez un peu de repos. » Marc 6 : 31.
C'est
aussi dans sa vie de prière que mon Sauveur est mon Modèle. Jésus
ne pouvait pas conserver la vie divine dans son âme sans se séparer
souvent de l'homme pour se retrouver en communion avec son Père. Il
en est de même de la vie divine qui habite en moi; elle a le même
besoin de se séparer de l'homme pour se retremper, non seulement par
courts instants, mais tout le temps nécessaire, dans la source de la
vie, auprès du Père qui est aux cieux.
C'était
au commencement du ministère de Jésus que se passait la scène dont
ses disciples furent assez frappés pour l'écrire ensuite. Après
une journée de travail et de miracles à Capernaüm (Marc 1 : 21-34)
la foule augmente encore le soir. Toute la ville sort hors des
portes. Les malades sont guéris et les démons chassés. Il est tard
avant qu'ils puissent aller dormir; et au milieu de cette foule,
comment trouver le temps, le recueillement nécessaire pour la
prière? Aussi, le lendemain matin, quand ils se lèvent, Jésus est
déjà sorti. Dans le silence de la nuit, il est allé chercher la
solitude au désert, et quand ses disciples l'y découvrent, il prie
encore.
Pourquoi
donc mon Sauveur avait-il besoin de ces heures de prière? Ne
connaissait-il pas cette prière silencieuse de l'âme qui s'élève
à Dieu au milieu même des plus pressantes affaires? Le Père ne
demeurait-il pas en lui? Ne jouissait-il pas dans le secret de son
cœur d'une communion incessante avec lui? Oui,
cette « vie cachée en Dieu » était bien sa vie ; mais, assujettie
aux lois de l'humanité, cette vie spirituelle avait besoin de
recourir sans cesse à la source même. La
vie de Jésus était une vie de dépendance ; et plus elle était
active et pure de tout alliage, moins elle pouvait se passer de
rapports directs et constants avec le Père, de qui elle tirait son
existence.
Quelle
leçon pour tout chrétien ! Les rapports fréquents avec l'homme
nous dissipent et menacent notre vie spirituelle ; ils
nous replongent sous l'influence des choses visibles et temporelles.
Rien ne saurait
remplacer pour nous des rapports directs avec Dieu. Le travail, même
au service de Dieu, nous épuise.
Nous ne pouvons pas être en bénédiction aux autres sans que la
vertu de Dieu passe de nous à eux, il faut donc que celle-ci nous
soit renouvelée d'En-Haut.
C'est
comme la manne au désert ; ce qui descend du ciel ne peut pas se
conserver longtemps sur la terre, mais doit être renouvelé de jour
en jour.
Jésus-Christ nous l'enseigne par son exemple. Et moi aussi, j'ai
besoin chaque jour d'être dans la retraite en communion avec mon
Père. Ma vie est comme celle de Christ, une vie cachée dans le ciel
en Dieu; il lui faut jour après jour le temps nécessaire pour être
alimentée du haut du ciel, car c'est du
ciel seul que
peut venir la force de vivre d'une vie
céleste sur la
terre.
Et
quelles étaient les prières qui occupaient si longtemps notre
Seigneur ? Si je
pouvais: l'entendre prier, comme j'apprendrais à prier moi-même !
Dieu soit loué, il nous est resté plus d'une de ses prières, afin
que là aussi nous puissions suivre son exemple. Dans la prière
sacerdotale (Jean 17), nous l'entendons parler à son Père comme si
nous étions avec lui dans le calme et la profondeur des cieux; dans
sa prière en Gethsémané, quelques heures plus tard, nous
l'entendons crier à Dieu des abîmes de l'angoisse et des ténèbres.
Ces deux prières, ne nous offrent-elles pas tout ce qui peut se
trouver de plus élevé et de plus profond dans la communion de
prière du Fils avec le Père ? L'une et l'autre de ces prières,
nous disent comment Jésus s'adresse à Dieu. C'est chaque fois :
Père! O mon
Père! Tout
le secret de la prière est là. Jésus
savait qu'il était fils du Père qui l'aimait. Par ce mot il se
place en face de son Père, dans la pleine lumière de son regard.
Jouir de l'amour du Père, voilà pour lui ce qui faisait de la
prière un impérieux besoin, ce qui en faisait aussi son plus grand
bonheur. Qu'il en soit de même pour moi.
Que ma prière soit avant tout le silence de l'adoration et de la foi, jusqu'à ce que Dieu se révèle à moi, et me donne par son Esprit l'assurance qu'il abaisse sur moi un regard de père. Celui qui dans sa prière n'a pas le temps de dire avec tranquillité d'âme : Abba, Père, en comprenant tout ce que renferme ce mot, perd la meilleure partie de la prière. C'est dans la prière que doit s'affirmer toujours plus ce témoignage de l'Esprit que nous sommes enfants de Dieu, que le Père se rapproche de nous et prend son plaisir en nous. « Si notre cœur ne nous condamne point, nous avons de l'assurance devant Dieu ; et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous faisons ce qui lui est agréable ». (1 Jean 3 : 21, 22).
Dans
ces deux prières je vois aussi ce que Jésus désirait : Que
le Père fût glorifié Il
dit : « Je t'ai glorifié. Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te
glorifie ».
(Jean 17 : 4, 1). Voilà
sans doute quel aura été l'esprit de chacune de ses prières, un
entier renoncement à lui-même pour vivre uniquement selon la
volonté du Père et à sa gloire. Toutes
ses requêtes avaient pour objet la gloire de Dieu. En ceci aussi
Jésus est mon modèle. Le même esprit doit dicter chacune de mes
prières, m'enseignant à dire : Père, bénis ton enfant, et
glorifie-toi en lui, pour que ton enfant puisse te glorifier !
Tout
dans l'univers doit concourir à la gloire de Dieu. Le
chrétien qu'anime cette pensée et qui se sert de la prière pour
l'exprimer jusqu'à ce qu'il en soit tout pénétré acquerra une
grande puissance de prière. Dans le ciel même notre Seigneur
continue à nous dire : « Ce que vous demanderez en mon nom je le
ferai, afin que
le Père soit glorifié dans le Fils ».
(Jean 14 : 13). O
mon âme, avant d'exposer à Dieu tes désirs, apprends tout d'abord
de ton Sauveur à t'offrir « en oblation » et à n'avoir d'autre
but que celui de glorifier Dieu.
Quand
vous pourrez prier ainsi, vous éprouverez le vif désir, aussi bien
que la pleine liberté, de demander au Père de vous rendre semblable
à Christ dans chaque détail de l'exemple qu'il vous a laissé et
dans chaque trait de son image, afin que Dieu en soit glorifié. Vous
comprendrez aussi que c'est seulement dans la prière sans cesse
renouvelée que l'âme acquiert le renoncement nécessaire pour
vouloir que Dieu opère en elle tout ce qui sera à sa gloire. C'est
parce que Jésus a consacré sa vie entière à glorifier son Père,
qu'il a été digne d'être notre Médiateur, et qu'il a pu demander
dans sa prière sacerdotale de si grandes bénédictions pour les
siens.
Apprenez
comme Jésus à chercher uniquement la gloire de Dieu dans vos
prières, et vous deviendrez ainsi un véritable intercesseur,
qui pourra s'approcher du trône de grâce non seulement avec les
requêtes qui le concernent, mais en présentant aussi pour d'autres
cette « prière fervente du juste qui a une grande efficace »,
(Jacques 5 : 16). Après nous avoir enseigné à dire dans la prière
dominicale : « Ta volonté soit faite », Jésus reprend ces
mots pour les prononcer lui-même à Gethsémané parce qu'il a fallu
qu'il fût « en toutes choses semblables à ses frères ». (Hébreux 2
: 17). Nous les recevons ainsi une seconde fois de lui, revêtus de
la vertu de son intercession, afin que nous puissions les répéter
dans le même esprit que lui. Vous aussi, vous deviendrez semblables
à Christ en vous acquittant de cette intercession sacerdotale si
nécessaire à l'unité et à la prospérité de l'Église, aussi
bien qu'au salut des pécheurs.
Celui
qui fait de la gloire de Dieu le principal objet de sa prière, aura
aussi la force, si Dieu l'y appelle, de faire la prière de
Gethsémané. Chaque
prière de Christ était une prière d'intercession parce qu'il
s'était donné pour nous. Tout
ce qu'il demandait, tout ce qu'il recevait était en vue de notre
bien, aussi chacune
de ses prières était-elle faite dans un esprit de sacrifice.
Donnez-vous tout à Dieu pour le bien de vos semblables, et il en
sera de vous comme de Jésus, car le sacrifice de soi, renouvelé
dans les prières de chaque jour, est la seule préparation efficace
pour ces heures de lutte où l'on est appelé à quelqu'un de ces
renoncements particulièrement difficiles qui ne se font qu'avec
angoisse et avec larmes. Quand on s'est consacré à Dieu, on reçoit
de lui la force de renoncer à tout pour lui.
Ô
mon frère ! Si toi et moi nous voulons ressembler à Jésus, nous
devons contempler Jésus priant seul au désert. C'est là que nous
découvrons le
secret de sa vie merveilleuse. Ce
qu'il faisait ensuite, ce qu'il disait aux hommes avait
d'abord été dit avec le Père. En
communion avec le Père, il recevait chaque jour de nouveau l'onction
du Saint-Esprit. Celui qui veut marcher comme Jésus, doit commencer
par le suivre dans la solitude. Dût-il lui en coûter le sacrifice
du repos de la nuit, des affaires, du jour, ou de la société
d'amis, il faut
qu'il trouve le temps d'être seul avec le Père, Outre
ses heures ordinaires de prière, il se sentira parfois
irrésistiblement appelé à se retirer dans le sanctuaire et à ne
le quitter qu'après avoir de nouveau reçu l'assurance que Dieu est
son partage. Soit
dans le secret du cabinet, derrière la porte fermée, soit dans la
solitude du désert, il
faut que chaque jour nous retrouvions Dieu pour renouveler notre
communion avec lui. Si
Christ en avait besoin, combien plus nous-mêmes. Ce qu'était pour
lui ce moment de solitude, il le sera pour nous aussi.
Son
baptême nous apprend ce qu'était pour lui la réponse du Père : «
Jésus fut aussi baptisé; et, pendant
qu'il priait, le
ciel s'ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme
corporelle comme une colombe; et il vint une voix du ciel qui dit : «
Tu es mon Fils bien-aimé en qui j'ai pris plaisir ». (Luc 3 : 22,).
Oui, voilà ce que nous recueillerons, nous aussi, de la prière : le
ciel ouvert, le baptême de l'Esprit, la voix du Père, l'assurance
de son amour et de son plaisir à nous recevoir. Comme
pour Jésus, de même pour nous. C'est d'en haut, c'est d'en haut que
toutes ces grâces viendront répondre à nos prières.
Prier
à l'écart comme Christ, c'est le secret de vivre en public comme
Christ. Usons
donc de nos merveilleux privilèges, de cette hardiesse de Christ
pour nous présenter devant le Père, de cette liberté de Christ
pour prier notre Dieu.
Ô
Seigneur, tu m'as appelé et je t'ai suivi, voulant refléter ton
image en toutes choses. Chaque jour je voudrais suivre tes traces,
être conduit par toi partout où tu vas. Aujourd'hui je les ai
trouvées humides de la rosée de la nuit et me conduisant au désert.
Là je t'ai vu à genoux pendant des heures devant le Père. Là je
t'ai entendu prier. Tu renonces à tout pour la gloire du Père, tu
lui demandes tout, et tu attends, tu reçois tout de lui. Grave dans
mon cœur ce que j'ai vu là : mon Sauveur se levant longtemps avant
le jour, pour se mettre en communion avec son Père, pour demander et
pour obtenir par la prière tout ce que requérait son travail de la
journée.
Ô
Seigneur, qui suis-je pour assister à tes entretiens avec Dieu? Qui
suis-je pour que tu m'invites à prier comme toi? O mon Sauveur, du
plus profond de mon cœur je te supplie d'éveiller en moi ce même
et intense besoin de prière dans la retraite. Daigne me pénétrer
de cette vérité que, pour moi comme pour toi, ma vie divine ne
saurait atteindre tout son développement sans être en communion
fréquente avec mon Père céleste, de telle sorte que mon âme
demeure en vérité dans la lumière de sa face. Et puisse cette
conviction éveiller en moi un si ardent désir d'obtenir cette grâce
que je ne puisse avoir de repos jusqu'à ce que mon âme soit chaque
jour de nouveau baptisée dans les flots de l'amour divin. Ô toi, mon
Modèle et mon Intercesseur, enseigne-moi à prier comme toi. Amen.
à suivre....
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