Durant un temps je me suis retrouvé avec quelques personnes dans une église de maison qui avait adopté la philosophie du « aucun leader. » Tout le monde se réunissait une fois par semaine pour parler de ce qu'il leur était arrivé, en pensant que c'était cela qu'être « conduit par l'Esprit. »
Après quelques semaines de ce type de réunions j'ai remarqué que « l'Esprit » semblait toujours les « pousser » à parler de sport, de vin, ou des assemblées qui « sortaient » du système. Aucune répercussion spirituelle n'en est jamais ressortie.
Tout a changé un soir où je fus en mesure de diriger la conversation vers un thème d'orientation spirituelle. J'ai pu poser quelques questions et susciter l'intérêt pour un sujet particulier. Alors, quand on me l'a demandé, j'ai ouvert ma Bible, avec prudence et à l'écoute, ignorant leurs règles non écrites de n'avoir « aucun leadership », et j'ai enseigné sans interruption pendant quarante-cinq minutes. Ils ont écouté, attentifs. Lorsque la réunion s'est terminée, quelqu'un a fait remarquer à quel point cette rencontre était bénéfique, qu'ils se sentaient comme avoir accompli un but et appris quelque chose qui nous aiderait à grandir, en comparaison aux réunions précédentes où rien ne semblait se produire.
A-t-il semblé à quelqu'un que j'avais tout simplement exercé la direction spirituelle ? Non en dominant, ou en les poussant vers quelque lieu où ils n'auraient pas voulu aller, ou en utilisant un titre ou un don pour les plier à ma volonté. J'ai seulement partagé mon coeur et j'ai doucement guidé la discussion vers un but particulier: que Christ puisse grandir en eux et que les gens soient amenés plus près de la maturité spirituelle.
N'importe qui aurait pu le faire. Le fait est que personne d'autre ne l'a fait, et je l'ai fait. Le fait de fournir un leadership dans cette situation ne m'a pas mis en charge. Cela n'a pas fait de moi leur pasteur. Cela ne m'a pas donné des privilèges spéciaux ou soit disant tels. C'était une simple expression de la volonté de Dieu pour Son peuple afin de faire des progrès vers un but louable de maturité spirituelle. Et quand cela leur a été présenté de cette manière, ils ont répondu naturellement et ardemment sans même réaliser que j'avais rompu leurs règles.
Je sais que ce type de groupe n'est pas inhabituel, mais c'est la caractéristique même de nombreuses réunions et de nombreux groupes que j'ai expérimentés. Sans un but - et sans direction pour garder les gens alignés à ce but - des rencontres de maison sont spirituellement aussi insatisfaisantes que les services de l'église institutionnelle dont ils aspirent se libérer.
COMMUNION FRATERNELLE OU CAMARADERIE
« Deux personnes peuvent-elles marcher ensemble sans être d'accord sur leur but ? » (Amos 3 :3)
Pour marcher ensemble, nous devons être d'accord sur ce qu'est le but. Avant de discuter de quelle façon nous rencontrer, où se rencontrer, avec qui se réunir, quoi faire en cas de réunion, nous devons répondre à la question de savoir pourquoi nous réunir tous ensemble ? Quel est le but? Quelle est la raison? Pour beaucoup, la raison est la communion. Cela sonne comme une motivation spirituelle, mais c'est en grande partie de la recherche personnelle (égoïste). Ce que nous voulons vraiment, notre besoin, notre aspiration : c'est la compagnie des autres. Nous appelons cela de la communion parce que ça sonne spirituel et non égocentrique. Mais il y a un monde de différence entre la communion fraternelle et la camaraderie.
La distinction est importante, parce que si la camaraderie est le but, il est très peu probable que la croissance spirituelle se produise. La camaraderie est souvent confondue avec la communion, et la communion est souvent confondue avec la spiritualité. C'est une notion très trompeuse. Si la simple camaraderie était le but, et la croissance spirituelle était le résultat final de la réunion, alors réunissons-nous aussi souvent que nous le pouvons: enchaînons les réunions les unes après les autres, et regardons ceux qui se réunissent le plus comme étant les plus mûrs spirituellement!
Mais dans la pratique, nous savons qu'il n'y a aucune corrélation entre le nombre de réunions auxquelles ont participé les gens et leur maturité spirituelle. Il semble plutôt que les spirituellement immatures sont ceux qui ont le plus besoin de réunions, et qui chutent le plus rapidement lorsque les réunions ne sont pas disponibles.
Les gens vont se réunir, se rencontrer, et ils vont rechercher la compagnie d'autres personnes. C'est la condition humaine, ce n'est pas une exigence spirituelle, et la réunion elle-même n'amènera rien qui ait une valeur spirituelle, à moins que nous décidions et soyons en accord les uns avec les autres, dès le début, sur la raison pour laquelle nous nous réunissons.
Pourquoi nous rencontrons-nous? Quel est le but? Quel est l'objectif? Sans définir ces choses dès le commencement, la réunion tourne en rond. Il n'en résultera aucun fruit spirituel, et la réunion elle-même sera généralement dominée par celui qui est le plus fort, ou le plus bavard, ou le plus nécessiteux.
Alors, pourquoi devrions-nous nous rassembler? Le véritable but de se réunir devrait être de grandir spirituellement, et alors que nous grandissons spirituellement ensemble, la vraie communion spirituelle les uns les autres en sera le résultat inévitable.
SEULS LES CHRÉTIENS CHARNELS REJETTENT LA DIRECTION SPIRITUELLE
« J'ai écrit à l assemblée, mais Diotrephes qui aime avoir la prééminence parmi eux, ne nous reçoit pas. » (3 Jean 9)
Comme c'est intéressant de noter que ceux qui rejettent toutes les formes de leadership, disent également qu'il est préférable de se rassembler sans ordre du jour, sans objectif, sans plan, sans but, à part une notion générale de « communion », en espérant que l'Esprit tout simplement conduira et dirigera la réunion. Encore une fois, cela semble si noble et spirituel! Mais dans le monde réel, ces idées exaltantes tombent tout simplement.
Pourquoi? Car cela suppose que tous ceux qui se rassemblent soient «dans l'Esprit». Cela suppose que tous les participants de la réunion soient susceptibles d'être conduits par l'Esprit. En fait, bien des gens qui assistent à une réunion sont charnels. Ils ne sont pas dans l'Esprit quand ils se réunissent, ils sont dans la chair. Ils ne sont pas spirituellement mûrs, ils sont spirituellement immatures. Ce n'est pas une déclaration de condamnation, c'est juste la réalité. Mais cette réalité doit être reconnue et acceptée avant que quiconque puisse se développer au-delà. C'est la raison pour laquelle à la fois les charnels et les spirituels doivent se réunir - pour se développer, apprendre, être encouragés, et recevoir quelque chose qui va les aider dans leur cheminement.
Mais le charnel doit coopérer avec le spirituel. Sans des gens spirituellement matures pour aider et faciliter la croissance spirituelle, le charnel reste tout simplement charnel. La réunion est un exercice futile - l'aveugle conduisant des aveugles. Ou refusant complètement d'être conduit, croyant que « Jésus est notre chef » et ne comprenant pas que la chair est inimitié contre Dieu, et que ceux qui sont dans la chair ne peuvent être conduits par l'Esprit.
Le charnel évite le leadership, pensant que cela va en quelque sorte le rendre plus spirituel que les croyants plus organisés. Ou bien, pensant que tout ce qui « sent » le leadership doit signifier une hiérarchie institutionnelle. Tout en rejetant à juste titre la hiérarchie, ils vont à l'extrême opposé qui est de n'avoir « aucun leader » - comme si le leadership en lui-même est mauvais. Cela reflète un manque total d'expérience de ce qu'est le véritable leadership spirituel. Cela est compréhensible, compte tenu de tous les mauvais exemples de leadership et de tous les abus de la part des chefs religieux charnels. Mais la solution n'est pas de renier le principe de leadership, mais plutôt de comprendre ce qu'est la vraie direction spirituelle. A quoi cela ressemble-t-il? Comment cela devrait-il fonctionner?
A quoi ressemblerait le leadership spirituel, si nous pouvions en avoir tous les avantages sans les inconvénients? Et si nous pouvions accueillir ceux qui sont équipés par Dieu pour guider, faciliter, servir, aider à garder les choses sur la bonne voie en direction de la cible, et aider en cas de problème - sans être égoïste, arrogant, ou inaccessible?
Prions pour que nos yeux s'ouvrent sur ces leaders-serviteurs qui nous sont envoyés pour notre édification spirituelle. Chaque réunion a un ordre du jour, reconnu ou non. Chaque groupe a des dirigeants, reconnus ou non. Prétendre qu'il n'y a pas d'ordre du jour ni de dirigeant est naïf. Il est de loin préférable de reconnaître la réalité, afin d'arriver à une compréhension mutuelle et un accord sur le programme et qui sera responsable pour faciliter les choses et les garder sur la bonne voie. Ce n'est pas « non spirituel » que de décider à l'avance, « c'est la raison pour laquelle nous sommes réunis, c'est l'objectif pour lequel nous travaillons, et le résultat que nous recherchons. » Soyons d'accord à ce sujet avant que nous nous réunissions. Ainsi quand nous nous rassemblons, il n'y a pas de question ou de difficulté sur le but. Cela met automatiquement tout le monde d'accord. Cela évite les dérives, les chemins tortueux, ou l'objectif à se désintégrer en absurdité. Cela filtre automatiquement ceux qui ont des arrière-pensées ou des objectifs différents.
Jésus aurait pu dire « faites-vous des camarades » ou « construisez des églises » ou « tenez des réunions. » Mais il a dit « faites des disciples », ce qui est d'une plus grande intensité que tout ce qu'il aurait pu dire d'autre. Les disciples de Jésus spirituellement matures ne pourront l'être sans faire de la maturité spirituelle un objectif, et ensuite de travailler pour l'accomplissement de ce but. Si nous avons cet objectif à l'esprit lorsque nous nous rencontrons, et si nous accueillons l'assistance de véritables chefs spirituels, la réunion peut fournir quelque chose d'une valeur inestimable pour le Royaume de Dieu et pour chaque membre de l'Ekklesia.
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