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Sermon 38 : (1750) AVERTISSEMENT CONTRE LE BIGOTISME
Marc
9,38-39
38
Jean lui dit: Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons
en ton nom; et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne nous
suit pas.
39 Ne l’en empêchez pas, répondit Jésus,..... (Marc 9: 38-39)
39 Ne l’en empêchez pas, répondit Jésus,..... (Marc 9: 38-39)
Nous
lisons, dans les versets qui précèdent notre texte, que les douze
disciples ayant « disputé en chemin qui d'entre eux serait le
plus grand » , Jésus, « ayant pris un petit enfant, le
mit au milieu d'eux ; et, le tenant entre ses bras, il leur
dit : Quiconque reçoit un de ces petits enfants à cause de mon
nom, il me reçoit ; et, quiconque me reçoit, ce n'est pas moi
(seulement) qu'il reçoit, mais il reçoit celui qui m'a envoyé
(Marc 9 : 34,37) ». C'est, alors que Jean « répondit »
(ce qui signifie que cela se rattachait à ce que Jésus venait de
dire) : « Maître, nous avons vu quelqu'un qui chassait les
démons en ton nom et nous nous y sommes opposés parce qu'il ne nous
suit pas ». Il voulait dire : « Aurions-nous dû le
recevoir ? Et, en le recevant, t'aurions-nous reçu ?
N'était-ce pas plutôt notre devoir de l'empêcher ?
N'avons-nous pas bien fait ? » « Mais Jésus leur
dit : Ne vous y opposez pas ! »
Saint
Luc rapporte aussi cet incident, et presque dans les mêmes termes.
On dira peut-être : « Que nous importe cela, puisqu'il
n'y a plus personne qui chasse les démons ? Est-ce que la
puissance d'accomplir ce miracle n'a pas été refusée à l’Église
chrétienne depuis douze à quatorze siècles ? Et s'il en est
ainsi, qu'avons-nous à voir dans le cas mentionné par le texte et
dans la solution que notre Sauveur en donna ? »
La question nous intéresse plus qu'on ne pense généralement ; car le cas dont il s'agit ici se présente assez fréquemment. Et pour que nous retirions de ce texte tout le profit possible, je me propose de montrer d'abord, dans quel sens il est vrai qu'on peut encore chasser les démons et qu'on les chasse encore maintenant ; ensuite, ce que signifient ces paroles : « Il ne nous suit pas » ; j'expliquerai, en troisième lieu, la recommandation faite par notre Seigneur : « Ne vous y opposez pas » ; et enfin, je m'efforcerai de tirer du tout une conclusion.
I
Je veux, tout d'abord, expliquer dans quel sens on peut encore chasser et, on chasse les démons.
Pour bien comprendre cela, il faut se rappeler ce que nous enseigne l'Écriture sainte, savoir que, comme Dieu habite et agit dans les enfants de lumière, de même le diable habite et agit dans les enfants de ténèbres. Comme le Saint-Esprit possède des justes, ainsi l'esprit du mal possède l'âme des méchants. C'est pour cela que l'apôtre l'appelle « le dieu de ce monde (2 Corinthiens 4 : 4) » , tant est absolu son empire sur les mondains ! De même encore notre bon Sauveur le nomme « le prince de ce monde (Jean 14 : 30) » , à cause du pouvoir souverain qu'il y exerce. Saint Jean dit aussi : « Nous savons que nous sommes de Dieu, et que tout le monde (tout, ce qui n'est pas de Dieu) est (gît) dans le malin (1 Jean 5 : 19 – Le même mot a été traduit le malin au verset 18 – Trad.) » , et non « dans le mal » ; le monde vit et se meut dans le malin, tout comme ceux qui ne sont pas du monde vivent et se meuvent en Dieu.
C'est qu'en effet le diable ne nous apparaît pas seulement « comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer » , ou seulement comme un ennemi rusé qui surprend de pauvres âmes et « les prend pour faire sa volonté (2 Timothée 2 : 26) » ; mais aussi comme celui qui demeure au dedans des méchants et y marche, qui est prince des ténèbres ou de la méchanceté qui existe dans ce monde, prince des mondains et de tous leurs desseins et actes ténébreux, et, qui les gouverne en se maintenant dans leur cœur, en y établissant son trône, en y amenant toute pensée captive à son obéissance. C'est ainsi que « l'homme fort et bien armé garde l'entrée de sa maison (Luc 11 : 21) » ; et si cet esprit immonde, impur, sort parfois d'un homme, souvent aussi il y revient avec sept autres esprits pires que lui, « et ils y entrent et y demeurent (Luc 11 : 24-26) ». Le malin n'habite point dans un cœur pour n'y rien faire ; sans cesse il « agit dans les enfants de rébellion (Éphésiens 2 : 2) » Il agit en eux avec puissance, avec une énergie redoutable, pour leur imprimer son image, pour effacer en eux les derniers vestiges de celle de Dieu, enfin pour les disposer à toutes sortes de paroles et d'actions mauvaises.
Il est donc incontestablement certain que Satan, le dieu, le prince de ce monde, possède tous ceux qui ne connaissent point le Seigneur. Mais la manière dont il les possède de nos jours ne ressemble pas à celle dont il les possédait autrefois. Jadis il torturait fréquemment le corps aussi bien que l'âme et cela ouvertement, sans se cacher ; maintenant, sauf de rares exceptions, c'est l'âme seule qu'il tourmente, et il le fait en se dissimulant autant que possible. Il est facile d'expliquer ce changement de tactique. Autrefois ses efforts tendaient à pousser l'humanité à la superstition ; c'est pour cela qu'il agissait aussi ouvertement qu'il le pouvait. Aujourd'hui il vise à nous porter à l'incrédulité ; et, dans ce but, il cache ses menées tant qu'il peut ; car plus il se dissimule et plus il a de succès.
Mais il y a encore aujourd'hui des pays où, si l'on peut en croire les récits, Satan agit tout aussi ouvertement qu'il le faisait autrefois. Pourquoi est-ce seulement dans des contrées barbares et sauvages Pourquoi n'agit-il plus ainsi en Italie, en France, en Angleterre ? La raison en est bien simple, c'est qu'il connaît son monde, et sait ce qu'il a à faire selon les cas. Chez les Lapons il se montrera sans déguisement, parce qu'il travaille à les confirmer dans leurs superstitions et dans leur idolâtrie grossière. Mais vis-à-vis de vous, il se propose un autre but. Il se propose de vous amener à vous idolâtrer vous-mêmes, à vous croire plus sages que Dieu lui-même et que tous les oracles de Pieu. Pour obtenir ce résultat, il doit bien se garder d'apparaître tel qu'il est ; cela ruinerait ses desseins. Aussi met-il tout son art à contribution pour vous faire douter de son existence, jusqu'au jour où vous serez pour jamais tombés entre ses mains.
Il règne donc, il règne de diverses manières, mais partout d'une façon aussi absolue. L'élégant incrédule d'Italie est dans ses griffes tout autant que le grossier Tartare ; mais le premier dort, pour ainsi dire, dans la gueule du lion, qui est bien trop avisé pour aller le réveiller. Pour le moment, il se contente de jouer avec sa proie, en attendant qu'il se décide à l'engloutir.
Le dieu de ce monde s'est emparé de ses adorateurs d'Angleterre tout aussi solidement que de ceux de Laponie. Mais son intérêt est de ne point les effrayer, de peur qu'ils ne cherchent un refuge auprès du Dieu des cieux. Le prince de ce monde ne se montre pas à ceux-là ; il se contente de les avoir pour sujets soumis de son royaume. Le tyran est d'autant plus sûr de ses prisonniers lorsque ceux-ci se croient libres. Et voilà comment « l'homme fort et bien armé garde sa maison, et tout ce qu'il a est en sûreté (Luc 11 : 21) ». Le déiste, le chrétien de nom ne se doutent pas : qu'il est là ; aussi vivent-ils ensemble en parfaite paix.
Mais il ne perd pas de temps et agit énergiquement en eux. Il aveugle les yeux de leur esprit, pour que la lumière du glorieux Évangile de Jésus-Christ ne vienne pas les éclairer. Il enchaîne leur âme à la terre et à I'enfer lui-même par les liens de leurs passions dépravées. Il les lie à la terre par l'amour du monde, par l'amour de l'argent ou des plaisirs ou de la gloire. Au moyen de l'orgueil, de l'envie, de la colère, de la haine, de la vengeance, il les entraîne vers l'enfer. Et sa puissance sur eux est d'autant plus ferme, d'autant moins disputée, qu'ils ne se doutent pas même qu'il agit.
Mais aux effets qui se produisent, on peut aisément reconnaître quelle en est la cause. Ces effets sont, parfois évidents jusqu'à être palpables, tout comme ils l'étaient jadis parmi les nations païennes les plus cultivées. Sans aller plus loin, prenons ces vertueux Romains qu'on admire tant. Quand chez eux la science et la gloire étaient à leur apogée, vous trouverez ces Romains « remplis de toute de méchanceté, d'avarice, de malice, pleins, de meurtres, de querelles, de tromperies et de malignité ; rapporteurs médisants, ennemis de Dieu, outrageux, orgueilleux, vains, inventeurs de méchancetés, désobéissants à père et mère ; sans intelligence, sans foi, sans affection naturelle, implacables, sans compassion (Romains 1 : 29-31) ».
Les traits les plus saillants de ce tableau sont confirmés par un témoin qui, aux yeux de quelques-uns, pourra sembler plus irrécusable que saint Paul. Je veux parler de l'historien romain et païen Dion Cassius. Il constate que, avant le moment, où César revint des Gaules, non seulement la gourmandise et les débauches de toutes sortes allaient dans Rome à découvert et le front levé ; non seulement le mensonge, l'injustice et la cruauté y abondaient, tant dans les tribunaux qu'au sein des familles ; mais encore les vols les plus insolents, les rapines, les meurtres étaient si fréquents dans tous les quartiers de la cité que peu de gens osaient sortir de chez eux sans avoir mis ordre à leurs affaires, tant ils étaient peu assurés d'y rentrer en vie !
Les œuvres du diable se montrent d'une façon tout aussi brutale, tout aussi palpable, chez la plupart des païens d'à présent, sinon chez tous. La religion naturelle des Creeks, des Cherokees, des Chicasaws, et autres tribus indiennes qu'on trouve dans le voisinage de nos colonies du sud (Dans l'Amérique septentrionale (Trad.) ), (et je ne parle pas ici de quelques individus, mais de peuples entiers), leur religion naturelle consiste à torturer leurs prisonniers sans distinction du matin jusqu'au soir, pour finir par les brûler à petit feu ; et si un des leurs même les a offensés le moins du monde et sans le vouloir, ils se glisseront par derrière et le transperceront d'un trait. Chez eux, si un fils trouve que son père a assez vécu, il n'est pas rare qu'il lui casse la tête ; si une mère est fatiguée de ses enfants, elle leur attachera une pierre au cou et en lancera trois ou quatre l'un après l'autre à la rivière.
On pourrait espérer que des païens seuls ont pu se livrer à des œuvres du diable aussi brutalement palpables ; mais nous nous garderions bien de l'affirmer. Même en fait de cruauté et de massacres, à vrai dire, les chrétiens ne le cèdent guère aux païens. Et ce ne sont pas seulement les Espagnols ou les Portugais, qui ont égorgé des milliers d'hommes dans l'Amérique du Sud ; ce ne sont pas seulement les Hollandais aux Indes, ou les Français dans l'Amérique septentrionale, imitant trop fidèlement les Espagnols ; nos propres compatriotes se sont aussi baignés dans le sang et ont exterminé des nations entières, et ainsi clairement démontré quelle sorte d'esprit habite et agit dans les enfants de rébellion.
De pareilles monstruosités seraient presque de nature à nous flaire oublier les œuvres du diable qui se produisent au sein même de notre pays. Hélas ! on peut à peine ouvrir les yeux sans les rencontrer partout. La manifestation du pouvoir de Satan laisse-t-elle à désirer, quand les blasphémateurs, les ivrognes, les débauchés, les adultères, les fripons, les voleurs, les sodomites et les meurtriers se rencontrent encore sur tous les points de notre territoire ? Comme il règne, comme il triomphe, le prince de ce monde, en tous ces enfants de rébellion !
C'est moins ouvertement, mais non moins effectivement qu'il agit chez ceux qui sont dissimulés, rapporteurs, menteurs, ou calomniateurs, chez ceux qui oppriment ou pressurent, leurs semblables, chez les parjures, chez ceux qui vendent leurs amis, leur honneur, leur conscience, leur patrie ! Et ils parleront pourtant encore de religion et de conscience, d'honneur, de vertu et de patriotisme ! Mais ils ne trompent point Dieu ni Satan non plus ; car ce dernier connaît, lui aussi, ceux qui sont siens ; et ils sont une grande multitude, venue de toute nation et de tout peuple ; et il les possède d'une manière absolue, aujourd'hui comme jadis.
Si vous admettez ces choses, vous n'aurez pas de peine à comprendre dans quel sens on peut encore de nos jours chasser les démons. C'est tellement vrai que tout ministre de Jésus-Christ en chasse, si l'œuvre de son Maître prospère entre ses mains. En effet, quand sa prédication est accompagnée de la puissance divine, il amène les pécheurs à la repentance, à un changement complet, intérieur aussi bien qu'extérieur, par lequel ils passent de tout ce qui est mauvais à tout ce qui est bon. Et c'est là bien réellement chasser les démons des âmes qui en étaient auparavant possédées. Alors l'homme fort n'est plus en état de conserver sa maison ; car un plus fort que lui est survenu, et l'a mis dehors, et s'en est emparé pour lui-même, et en a fait une maison de Dieu par son Esprit. A ce point donc la puissance de Satan expire ; le Fils de Dieu « détruit les œuvres du diable (Jean 3 : 8) ». Dès ce moment l'esprit, du pécheur est éclairé et son cœur doucement attiré vers Dieu. Ses désirs sont transformés ; ses affections sont purifiées ; il est rempli du Saint-Esprit, et désormais il grandit en grâce jusqu'à ce qu'il devienne, non seulement saint par le cœur, mais aussi saint dans toute sa conduite.
Assurément, tout cela est bien l'œuvre de Dieu, Dieu seul peut chasser Satan. Mais, en il trouve bon de le faire par le moyen de l'homme, en se servant de lui comme d'instrument ; et alors on peut dire de celui-ci qu'il chasse les démons au nom du Seigneur, par sa puissance et par son autorité. Pour cette œuvre si haute, Dieu envoie qui il veut envoyer (Exode 4 : 13) ; et d'ordinaire ce sont des hommes auxquels on n'aurait pas pensé ; « car ses pensées ne sont pas nos pensées, et ses voies ne sont pas nos voies (Esaïe 55 : 8) ». Il choisit donc le faible pour confondre le fort, le simple pour confondre le sage ; et il agit ainsi afin de se réserver toute la gloire et « afin que personne ne se glorifie devant lui (1Corinthiens 1 : 29) »
II
Mais ne devons-nous pas nous opposer à un homme qui chasse ainsi les démons, lorsqu'il « ne nous suit pas ? » tel était, parait-il, le sentiment, telle aussi avait été la façon d'agir de l'apôtre Jean, lorsqu'il soumit le cas au jugement de son Maître. « Nous nous y sommes opposés, lui dit-il, parce qu'il ne nous suit pas ». Et il croyait évidemment que cette raison était plus que suffisante. Nous devons maintenant examiner ce point-là ; que signifie cette expression : « Il ne nous suit pas ? »
Le moins que cela puisse vouloir dire, c'est ceci : « Il ne nous est pas associé visiblement ; nous ne travaillons pas de concert ; il n'est pas notre compagnon d'œuvre dans l’Évangile ». Mais quand il plaît au Seigneur d'envoyer beaucoup d'ouvriers dans sa moisson, il est impossible que, pour agir, ils soient tous subordonnés ou liés les uns aux autres. Il est même impossible qu'ils se connaissent tous personnellement ou seulement de nom. De toute nécessité, il s'en trouvera beaucoup, dans les diverses portions du champ, qui, non seulement n'entretiendront point de rapports les uns avec les autres, mais seront tout aussi étrangers les uns aux autres, que s'ils avaient vécu à des époques différentes. Il est bien sûr que de chacun de ces chrétiens que nous ne connaissons pas, nous pourrions dire : « Il ne nous suit pas ! »
On peut attacher un autre sens à cette expression, celui-ci : « Il n'est pas de notre parti ». Depuis longtemps déjà, tous ceux qui prient pour la paix de Jérusalem, s'étonnent et s'affligent de ce qu'il y a encore tant de partis divers parmi ceux qui tous portent, le nom de chrétiens. Ce fait attire l'attention, surtout dans notre pays où l'on voit les chrétiens se séparer à tout propos pour des questions sans importance, souvent pour des choses dans lesquelles la religion n'a rien a voir. Des circonstances insignifiantes ont amené la création de partis qui subsistent pendant plusieurs générations, et dont chacun est très porté à dire de celui qui occupe le bord contraire : « Il ne nous suit pas ! »
Mais cette expression peut encore avoir un troisième sens : « Ses opinions religieuses différent des nôtres. Il fut sans doute un temps où tous les chrétiens avaient la même pensée, tout comme ils n'étaient qu'un seul cœur, tant était grande la grâce qui reposait sur eux tous, après qu'ils eurent été remplis du Saint Esprit !
Mais combien peu dura cet état béni ! Qu'elle disparut vite, cette unanimité ! Bientôt on vit renaître, au sein même de l'Église de Christ, les divergences d'opinion ; et ce n'était point entre des chrétiens de nom, mais entre de vrais chrétiens, et même entre les principaux, entre les apôtres eux-mêmes ! De plus, rien ne prouve que les divergences de vues qui se manifestèrent alors, aient jamais complètement disparu. Nous n'avons pas lieu de croire que même les apôtres, ces colonnes du temple de Dieu, sont jamais arrivés à avoir les mêmes idées, les mêmes vues, surtout par rapport à la loi cérémonielle. Il n'est donc pas étonnant qu'on rencontre aujourd'hui dans l'Église chrétienne tant d'opinions diverses. Il arrive ainsi tout naturellement que tel homme que nous voyons « chasser les démons » , se trouvera être un homme « qui ne nous suit pas » ,dans ce sens qu'il n'a pas les mêmes idées que nous. Mais on ne peut guère espérer qu'il pensera comme nous en toutes choses, ou même en matière religieuse. Il est très possible que ses opinions diffèrent des nôtres sur des points importants, tels que la nature et le but de la loi morale, les décrets éternels de Dieu, l'étendue et l'efficacité de sa grâce, la persévérance de ses enfants.
En quatrième lieu, entre cet homme et nous il peut avoir non seulement des différences de vues mais aussi des différences quant à certains détails de pratique. Peut-être n'approuve-t-il pas la façon dont se célèbre le culte divin dans nos assemblées, et pense-t-il que les formes instituées par Calvin ou par Luther sont plus édifiantes pour son âme. Peut-être y a-t-il bien des choses qu'il n'accepte pas dans la liturgie que nous préférons à toutes les autres. Ou bien encore il aura des préventions défavorables au genre d'organisation ecclésiastique que nous considérons comme biblique et, apostolique. Il est même possible qu'il s'éloigne davantage encore de notre manière de voir, et que, par scrupule de conscience, il néglige certaines choses que nous regardons comme des institutions de Jésus-Christ. Et quand nous serions d'accord, lui et nous, pour admettre que Dieu les a instituée, nous pourrions ne pas nous entendre quant à la manière de les pratiquer ou quant au caractère des personnes que nous pouvons y admettre. La conséquence inévitable de n'importe laquelle de ces divergences sera que celui qui diffère ainsi de nous devra relativement aux points en question, se séparer de notre communauté particulière. De cette façon, on peut dire qu'il « ne nous suit pas » , ou bien (pour employer le langage d'aujourd'hui), qu'il n'est pas « de notre Église ».
A bien plus forte raison « ne nous suit pas » celui qui, non seulement appartient à une autre Église, mais appartient à une Église que nous regardons comme étant, à bien des égards, anti biblique et antichrétienne ; une Église dont nous tenons la doctrine pour fausse et absolument erronée et les pratiques pour vicieuses et pernicieuses ; à une Église que nous croyons coupable de superstitions grossières et même d'idolâtrie ; à une Église, enfin, qui a ajouté de sa propre autorité plusieurs articles de foi à cette « foi qui a été donnée une fois aux saints (Jude 1 : 3) », qui a supprimé tout entier un des commandements de Dieu, et anéanti plusieurs autres par ses traditions ; qui, tout en feignant de vénérer par dessus tout l'Église primitive et de lui ressembler en tout point, a cependant autorisé une multitude d'innovations qui ne peuvent s'appuyer ni sur le passé de I'Église, ni sur les Saintes Écritures. A coup sûr, un homme qui est séparé de nous si complètement est un homme qui « ne nous suit pas ».
Et pourtant, l'éloignement peut être encore plus grand que tout cela. L'homme dont les idées et les pratiques différent des nôtres, pourra être éloigné de nous par les sympathies encore plus que par les principes. En général, et très naturellement, c'est ce qui arrive. Les divergences d'opinions aboutissent à autre chose. D'habitude, elles envahissent le cœur lui-même et divisent les meilleurs amis. Il n'y a point de haines, plus profondes, plus implacables que celles qui naissent des divisions religieuses. C'est pour cela que les plus cruels ennemis d'un homme seront les membres de sa propre famille (Matthieu 10 : 33). C'est pour cela que le père s'élèvera contre ses propres enfants et les enfants contre leur père ; qu'ils se persécuteront peut-être les uns les autres, croyant de cette façon rendre service à Dieu. Nous devons donc nous attendre à ce que ceux qui s'éloignent de nous, en matière de doctrine ou de pratique religieuse, nous traitent bientôt avec aigreur et même avec une sorte d'amertume, et soient toujours davantage prévenus contre nous jusqu'à en venir à détester nos personnes tout autant, que nos idées. Par une conséquence presque immanquable, ces personnes diront, de nous tout le mal qu'elles en pensent. Elles se mettront en opposition directe avec nous et, autant qu'elles le pourront, contrecarreront notre œuvre, attendu qu'à leurs yeux ce n'est pas l'œuvre de Dieu, mais celle de l'homme ou du diable. Un individu qui pense, qui parle, qui agit ainsi est, bien, autant que possible, quelqu'un qui « ne nous suit pas ».
A la vérité, je ne me figure pas celui dont l'apôtre Jean parle dans notre texte (et que rien d'ailleurs, ni dans le contexte ni dans d'antres portions de la Bible, ne nous fait connaître), soit jamais allé jusque là. Il n'y a pas lieu de supposer qu'il y ait eu quelque différence essentielle entre lui et les apôtres, et encore moins qu'il ait été mal disposé à leur égard ou à l'égard de leur Maître. On peut ; en effet, tirer cette conclusion des paroles de Jésus qui suivent notre texte : « Il n'y a personne qui fasse des miracles en mon nom et qui puisse en même temps parler mal de moi (Marc 9 : 39) ». Mais c'est à dessein que j'ai supposé un cas extrême, en y introduisant les circonstances diverses que l'on peut imaginer, afin qu'étant mis en garde contre tout ce qui constitue la force de cette tentation, nous puissions n'y jamais succomber et ne jamais faire la guerre à Dieu.
III
Ainsi donc, en supposant un homme qui n'a point de rapports avec nous, qui n'est pas des nôtres, qui se sépare de notre Église et qui même est bien loin de nous, tant par ses opinions que par ses pratiques et par ses sympathies ; si, malgré cela, nous le voyons « chasser les démons » , Jésus nous dit : « Ne vous y opposez pas ! » C'est cet ordre important du Seigneur que je vais maintenant essayer d'expliquer.
Si nous le voyons chasser les démons, ai-je dit. Mais il est à craindre qu'en pareil cas nous ne croyions pas même ce que nous voyons de nos yeux et que nous ne récusions le témoignage de nos propres sens. Il faut bien peu connaître la nature humaine pour ne pas sentir que nous ne serons guère disposés à admettre qu'un homme, chasse réellement les démons, du moment qu'il « ne nous suit pas » en toutes choses ou dans la plupart des choses indiquées ci-dessus. J'allais dire en quelqu'une des choses ; et nous découvrons, en effet, par l'examen de ce qui se passe dans notre propre âme, combien peu l'on est disposé à reconnaître ce qu'il peut y avoir de bon chez ceux qui ne sont pas d'accord avec nous sur tous les points.
— « Mais à quoi connaîtrons-nous, d'une façon rationnelle et satisfaisante, qu'un homme « chasse les démons » , au sens spécifié précédemment ? » — La réponse à cette question est facile. Est-il bien prouvé, d'abord, qu'un certain individu vivait ouvertement et scandaleusement dans le péché ; ensuite, qu'il n'en est plus et que maintenant il a rompu avec ses péchés et mène une vie chrétienne ; enfin, que ce changement s'est accompli grâce aux prédications d'un certain homme ? Si ces faits sont établis et incontestables, vous avez la preuve rationnelle et satisfaisante que cet homme-là chasse les démons, et vous ne sauriez, sans pécher volontairement, rejeter cette preuve.
Ne vous opposez point à un tel homme. Gardez-vous d'essayer de l'arrêter, soit en employant votre autorité, soit en vous servant auprès de lui du raisonnement et de la persuasion. Ne cherchez d'aucune façon à l'empêcher de déployer toute la puissance que Dieu lui a confiée. Si vous possédez quelque autorité à son égard, ne vous servez pas de cette autorité pour arrêter l'œuvre de Dieu. Ne lui fournissez pas des raisons tendant à prouver qu'il doit s'abstenir de parler au nom de jésus. Satan lui en fournira bien assez, sans que vous l'aidiez à le faire. Ne travaillez pas à persuader cet homme d'abandonner son œuvre. S'il allait écouter le diable et vous, bien des âmes pourraient mourir dans leur iniquité, et c'est de votre main à vous que Dieu redemanderait, leur sang.
- « Mais si cet homme qui chasse les démons. n'est qu'un laïque, ne dois-je pas m'opposer à lui ? ». - Je réponds : Est-ce un fait admis, une chose suffisamment prouvée que cet homme a chassé des démons ou en chasse actuellement ? Dans ce cas, ne vous y opposez point ; je vous en conjure par le salut de votre âme. Voudriez vous empêcher Dieu d'agir par ceux qu'il juge bon d'employer ? Aucun homme ne saurait faire ces choses, si Dieu n'est avec lui, si Dieu ne l'a envoyé expressément pour cela. Et si Dieu l'a envoyé, voudriez-vous prendre sur vous de le rappeler, voudriez-vous lui défendre d'avancer ?
- « Mais j'ignore si Dieu l'a envoyé ! » Le premier venu de ceux qui ont servi de sceau à sa mission, de ceux qu'il a fait passer de la puissance de Satan à Dieu, pourrait vous répondre : « C'est une chose étrange que vous ne sachiez pas d'où il est ; et cependant il m'a ouvert les yeux. Si celui-ci n'était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire (Jean 9 : 30,33) ». Si vous doutez encore de la réalité des faits, faites venir les parents de l'individu converti, ses frères, ses amis, ses connaissances. Mais si vous n'en pouvez plus douter, si vous êtes forcé d'avouer que « c'est une chose connue qu'il s'est fait un miracle évident (Actes 4 : 16 Ost. révisé.) », alors, comment pourriez-vous en bonne conscience avoir le courage de défendre à celui que Dieu a envoyé « de parler désormais en ce nom-là (Actes 4 : 17) ? »
Je dois convenir qu'il est tout à fait désirable une quiconque prêche au nom du Seigneur ait reçu un appel du dehors aussi bien qu'un appel intérieur ; mais que ce soit absolument indispensable, c'est ce que je nie.
- « Mais la parole de Dieu ne dit-elle pas formellement : « Personne ne peut s'attribuer cette dignité que celui qui y est appelé de Dieu, comme Aaron (Hébreux 5 : 4) ? »
Maintes fois l'on a cité ce texte à propos de cette question, et comme s'il était l'argument capital de cette cause ; mais jamais citation ne fut plus malheureuse. Car, premièrement, Aaron ne fut point appelé à prêcher, mais à « offrir des dons et des sacrifices pour le péché (Hébreux 5 : 1) ; » secondement, les hommes dont il s'agit ici n'offrent point de sacrifices ; ils prêchent uniquement, et c'est ce que ne fit point Aaron. Il serait donc impossible de trouver dans toute la Bible un texte moins adapté aux besoins de la cause.
- « Mais quelle ligne de conduite suivait-on dans le siècle apostolique ? » — Il vous sera facile de le voir dans les Actes des apôtres. Nous lisons dans le huitième chapitre : « Il s'éleva une grande persécution contre l'Église, de Jérusalem, et tous les fidèles, les apôtres furent dispersés dans les quartiers de la Judée et de la Samarie. Ceux donc qui furent dispersés, allaient de lieu en lieu, et ils annonçaient la parole de Dieu (Actes 8 : 1,4) ». Ces gens étaient-ils tous appelés à prêcher par un appel du dehors ? Aucun homme de bon sens ne le soutiendra. Voilà donc un exemple irrécusable de ce qui se faisait à l'époque des apôtres. Vous voyez là, non pas un seul prédicateur laïque, mais une multitude ; et ces hommes n'avaient reçu que l'appel de Dieu.
Nous avons si peu de raison pour croire qu'au siècle des apôtres il n'était pas permis de prêcher sans avoir été consacré, qu'il semblerait plutôt qu'on jugeât nécessaire d'avoir prêché avant d'être consacré. En tous cas, c'était évidemment l'usage de l'apôtre saint Paul, et c'est aussi ce qu'il recommandait, d'éprouver un homme avant de le consacrer. En parlant des diacres, il dit : « Que ceux-ci soient premièrement éprouvés ; qu'ensuite ils servent (1Timothée 3 : 10) ». Comment devaient-ils être éprouvés ? Était-ce en leur donnant à traduire et à analyser une phrase de grec ; ou en leur posant quelques questions banales ? La belle épreuve pour un ministre de Jésus-Christ ! Non, c'était en les soumettant à un essai public et satisfaisant (comme on le fait encore dans la plupart des Églises d'Europe), afin de déterminer si non seulement leur vie était sainte et irréprochable, mais encore s'ils possédaient les dons qui sont absolument indispensables pour édifier l’Église de Dieu.
- « Mais si un homme possède ces dons et a amené des pécheurs à la repentance, et que pourtant l'évêque (Il s'agit ici des évêques anglicans qui, dans leur Église, ont le monopole de la consécration et l'accordent ou la refusent selon qu'ils le trouvent bon – Trad.) refuse de le consacrer ! » -Dans ce cas là, c'est l'évêque qui s'oppose à ce que cet homme chasse les démons. Quant à moi, je ne m'y opposerais pas ; je ne l'oserais pas ; et j'ai publié mes raisons pour agir ainsi. Cela n'empêche pas qu'on soutienne encore que je devrais m'y opposer. Mais, vous qui soutenez cela ; répondez donc à mes raisons. Je ne sache pas que personne l'ait encore fait, ou même ait essayé de le faire. Quelques-uns, à la vérité, ont avancé que ces raisons étaient faibles et insignifiantes. Ils ne risquaient rien à parler ainsi ; car il est bien plus aisé de dédaigner (ou du moins d'affecter de dédaigner) certains arguments que de les réfuter. Aussi longtemps donc qu'on ne l'aura pas fait, je soutiendrai que, lorsqu'il m'est clairement prouvé qu'un homme chasse les démons, je ne me crois pas autorisé, quoi que fassent, les autres ; à m'y opposer, de peur qu'il ne se trouvât que je fais la guerre à Dieu.
Et toi aussi qui crains Dieu, qui que tu sois, ne t'oppose point, ni directement ni indirectement. Il y a, en effet, plusieurs manières de s'opposer. Par exemple, on s'oppose indirectement à un homme si l'on nie absolument ou si l'on méprise et rabaisse l'œuvre que Dieu a faite par son moyen. C'est encore s'opposer indirectement à lui que de le décourager de son travail, en l'entraînant dans des discussions à ce sujet, en soulevant des objections contre cette œuvre, en cherchant à l'effrayer par toutes sortes de prédictions qui, probablement, ne se réaliseront jamais. C'est s'opposer à lui que de lui montrer de la malveillance, soit dans nos discours, soit dans notre attitude ; et encore davantage si nous parlons de lui à d'autres personnes avec animosité ou mépris, si nous essayons de le faire voir à quelqu'un sous un jour défavorable et propre à attirer sur lui la déconsidération. On s'oppose à lui toutes les fois qu'on parle mal de lui ou qu'on déprécie son travail. Oh ! ne vous opposez à lui d'aucune de ces façons-là ; et ne le faites pas non plus en défendant d'aller l'entendre, en détournant, les pécheurs d'aller écouter la parole qui peut, sauver leur âme !
Il y a plus ; si vous voulez vous conformer pleinement et exactement. aux instructions de notre Seigneur, rappelez-vous ce qu'il a dit ailleurs : « Celui qui n'est pas avec moi est contre moi, et celui qui n'assemble pas avec moi disperse (Matthieu 12 : 30) ». Celui qui n'assemble pas les hommes pour le royaume de Dieu, les disperse et les en éloigne. Car on ne peut rester neutre dans cette guerre-là.. On est du côté de Dieu ou du côté de Satan. Êtes-vous du côté de Dieu ? S'il en est ainsi, non seulement vous ne vous opposerez pas à quiconque chasse les démons, mais vous l' aiderez autant que vous le pourrez dans son œuvre. Vous serez toujours prêt à reconnaître l'œuvre de Dieu et à en proclamer la grandeur. Autant que cela sera possible, vous écarterez les obstacles et les objections que cet homme pourra rencontrer sur sa route. Vous fortifierez ses bras en parlant favorablement de lui à tout le monde, et en rendant témoignage de ce que vous avez vu et entendu. Vous encouragerez les gens à aller l'entendre prêcher, puisque Dieu l'a envoyé. Et vous ne négligerez aucune occasion que le Seigneur vous accordera de donner à cet homme des preuves positives de sincère affection.
IV
Si nous nous écartons volontairement de cette ligne de conduite ; si, directement ou indirectement, nous nous opposons à quelqu'un parce qu'il « ne nous suit pas » , c'est que nous sommes entachés de bigotisme. Telle est la conclusion que je rattache à tout ce que nous venons de dire. Mais le mot bigotisme, si souvent employé, n'est guère mieux compris que le mot enthousiasme. Il signifie un attachement trop grand, une trop grande inclination pour notre parti, pour notre opinion, pour notre Église, pour notre religion. Celui-là donc est un bigot qui tient tellement à ces choses, y est si fortement attaché qu'il s'opposera à quiconque chasse les démons, mais ne s'accorde pas avec lui sur tous les points, ou même sur un point.
Vous donc, tenez-vous en garde contre cela. Prenez garde, d'abord, de ne pas vous montrer bigot en refusant de croire que quelqu'un qui n'est pas des vôtres peut chasser les démons. Et, si en cela vous n'êtes point coupable, si vous admettez, les faits, demandez - vous ensuite : N'ai-je pas été coupable d'intolérance en m'opposant directement ou indirectement à cet homme ? Est-ce que je ne me suis pas opposé à lui ouvertement parce qu'il n'était pas de mon bord, parce qu'il n'acceptait pas mes vues, ou bien parce qu'il n'adorait pas Dieu d'après le système religieux que mes pères m'ont transmis ?
Demandez-vous encore : Est-ce que je m'oppose à lui, au moins d'une façon indirecte, pour l'une l'autre ou de ces raisons ? Est-ce que je ne regrette pas que Dieu honore et bénisse ainsi un homme qui a des vues si erronées ? Est-ce que je n'essaye pas de le décourager parce qu'il n'est pas de mon Église, en discutant avec lui sur ce sujet, en soulevant des objections, en lui faisant entrevoir toutes sortes d'éventualités propres à troubler son esprit ? Est-ce que je ne lui témoigne ni colère, mépris, ni malveillance d'aucune sorte, soit dans mes discours, soit dans ma conduite à son égard ? Est-ce que par derrière lui, je signale ses fautes, réelles ou imaginaires, ses défauts, ses infirmités ? Est-ce que je n'empêche pas les pécheurs d'aller l'entendre ? Sachez que vous faîtes l'une ou l'autre de ces choses-là, vous n'êtes qu'un bigot.
« O Dieu fort, sonde-moi et considère mon cœur éprouve-moi et considère mes discours ; et regarde s'il y a en moi aucun dessein de nuire à personne (aucun bigotisme), et conduis-moi par la voie du monde (Psaume 139 : 23,24) ! »
Afin de nous examiner à fond sur ce point, supposons le cas le plus extrême. Que ferais-je si je voyais un papiste, un arien, un socinien, qui chasse les démons ? Même en pareil cas, je ne pourrais pas m'y opposer sans me rendre coupable de bigotisme. Allons plus loin ! A supposer que je rencontrasse un juif, un déiste ou un musulman qui accomplit cette œuvre, je ne pourrais m'y opposer, directement ou indirectement, sans être un bigot, et rien de plus.
Oh ! évitez soigneusement ce mal. Mais ne vous contentez pas de ne point vous opposer à ceux qui chassent les démons. Aller jusque là, c'est bien ; mais il ne faut pas s'y arrêter ; si vous voulez échapper à tout bigotisme, il faut aller plus loin. Dans tous les cas de ce genre, quel que soit l'instrument dont Dieu se sert, reconnaissez la main de Dieu. Ne vous contentez pas de la reconnaître ; réjouissez-vous de cette œuvre, et louez le nom du Seigneur avec des actions de grâces. Encouragez celui que Dieu daigne employer ainsi, à se consacrer entièrement à sa tâche bénie. Parlez favorablement, de lui partout où vous irez ; faites-vous le défenseur de sa réputation et de sa mission. Travaillez à agrandir autant que vous le pourrez sa sphère d'activité ; témoignez-lui de la bienveillance de toutes les manières, par vos paroles, mais aussi par vos actes ; et ne cessez point de prier Dieu pour lui, de demander qu'il soit sauvé avec ceux qui l'écoutent.
Je n'ai plus qu'un seul avertissement. à vous adresser. Ne croyez pas que le bigotisme d'autrui excuserait le vôtre. Il peut se faire que tel homme qui chasse des démons, s'opposera à ce que vous en fassiez autant.
Remarquez que c'est précisément ainsi que les choses s'étaient passées dans le cas mentionné par notre texte : les apôtres s'opposèrent à ce qu'un autre fit ce qu'eux-mêmes faisaient. Gardez-vous d'agir par un esprit de représailles. Vous ne devez pas rendre le mal pour le mal. Parce qu'un autre ne suit pas les instructions données par le Seigneur, ce n'est pas une raison pour que vous vous en écartiez. Laissez-lui donc le monopole de l'étroitesse. S'il s'oppose à vous, ne vous opposez point à lui. Faites au contraire plus d'efforts, veillez et priez davantage, pour vous affermir dans l'amour à son égard. S'il dit de vous toute sorte de mal, dites de lui toute sorte de bien, pourvu que ce soit la vérité. Imitez en cela un grand homme (plût à Dieu qu'il eût toujours été animé du même esprit !) qui prononça cette parole admirable : « Que Luther m'appelle diable cent fois, s'il le veut ; je ne cesserai pas de le vénérer comme étant un messager de Dieu ! »