samedi 9 juin 2018

L’AIRE D’ORNAN

                    C’est un épisode assez douloureux de la fin du règne de David. Il est écrit dans 2 Samuel 24 que la colère de l’Éternel s’enflamma de nouveau contre Israël et elle excita à pousser David à recenser le peuple. Dans le récit parallèle de 1 Chronique 21, c’est Satan qui se dresse contre Israël. Même quand c’est Satan qui se dresse contre Israël, cela vient de l’Éternel comme pour Job. Rien ne se passe ici-bas qui ne soit pas sous le contrôle de notre Dieu. Il règne et tout est entre Ses mains !

                   David après avoir recensé le peuple, malgré les conseils de Joab qui a essayé de l’en dissuader, reconnaît son erreur et confesse son péché en suppliant le Seigneur et en l’implorant : «Daigne pardonner la faute de ton serviteur, car j’ai agi en insensé ! » Gad le voyant, est envoyé par l’Éternel pour lui donner le choix entre trois fléaux. David décide de choisir l’épée de l’Éternel et trois jours de peste dans le pays en disant au voyant :

«  Je suis dans une grande angoisse! Oh! que je tombe entre les mains de l’Éternel, car ses compassions sont immenses; mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes! » (1 Chroniques 21:13 )

Lisons la suite du récit :

L’Éternel envoya la peste en Israël, et il tomba soixante-dix mille hommes d’Israël. Dieu envoya un ange à Jérusalem pour la détruire; et comme il la détruisait, l’Éternel regarda et se repentit de ce mal, et il dit à l’ange qui détruisait: Assez! Retire maintenant ta main. L’ange de l’Éternel se tenait près de l’aire d’Ornan, le Jébusien. David leva les yeux, et vit l’ange de l’Éternel se tenant entre la terre et le ciel et ayant à la main son épée nue tournée contre Jérusalem. Alors David et les anciens, couverts de sacs, tombèrent sur leur visage. Et David dit à Dieu: N’est-ce pas moi qui ai ordonné le dénombrement du peuple? C’est moi qui ai péché et qui ai fait le mal; mais ces brebis, qu’ont-elles fait? Éternel, mon Dieu, que ta main soit donc sur moi et sur la maison de mon père, et qu’elle ne fasse point une plaie parmi ton peuple! L’ange de l’Éternel dit à Gad de parler à David, afin qu’il montât pour élever un autel à l’Éternel dans l’aire d’Ornan, le Jébusiens. David monta, selon la parole que Gad avait prononcée au nom de l’Éternel

                    Il est remarquable que l’aire d’Ornan est sur le mont Morija, le lieu choisi par Salomon pour la construction du Temple (2 Chroniques 3:1). C’est aussi, bien sûr, le lieu où Abraham a brandi le couteau du sacrifice sur son fils Isaac. Ce sont des précisions pour situer ce que nous allons partager.

                    David connaissait bien son Dieu et savait qu’il pouvait compter sur Son pardon. Il a écrit dans le Psaume 51 qu’Il pouvait pardonner un cœur brisé et repentant, sans sacrifice sanglant. Ce Psaume a été écrit après la double faute du roi (adultère et meurtre) suite à l’affaire de Bath Cheba et de Urie son mari. Nous voyons par ce récit de Chroniques que la faute du roi retombe sur le peuple car Dieu voulait le punir. Le texte nous dit pas pourquoi Il était en colère contre Israël mais suite à ce recensement la peste est venue sur Israël et 70000 hommes sont tombés.

                    Puis, «Dieu envoya un ange à Jérusalem pour la détruire et comme il la détruisait, l’Éternel regarda et il eut du regret de ce malheur » Il ordonne à l’ange destructeur qui se tenait près de l’aire d’Ornan, de retirer sa main. C’’est sur cette aire que l’Ange de l’Éternel demande à David de bâtir un autel. C’est ce que fit David et l’autel fut construit sur cet emplacement hautement symbolique.

                    Pourtant David pouvait se présenter à Gabaon qui était le lieu où se trouvait le Tabernacle avec, dans le parvis, l’autel d’airain pour les sacrifices. Il y avait aussi la cuve d’airain pour les ablutions devant la Tente qui comprenait le lieu saint et le lieu très saint séparé par le voile. Salomon est monté à Gabaon avec toute l’assemblée pour se présenter devant Dieu, car le Tabernacle était le tente de la Rencontre entre Dieu et Son peuple. C’est dans ce lieu que, cette nuit-là, Dieu est apparu à Salomon qui avait offert mille holocaustes. Mais, à Gabaon, dans le lieu très saint, il n’y avait pas la présence de Dieu, l’arche de l’alliance. Elle avait été transportée à Sion, le lieu de résidence de David.

                    L’arche de l’alliance se trouvait donc à Sion dans la tente que David avait dressée pour elle, et il y avait établi « ceux des Lévites dont le service était d’invoquer, de célébrer et de louer le Dieu d’Israël ». C’est très important de comprendre cela. Sion était le lieu d’un culte nouveau. Les prêtres se tenaient dans la présence même de l’Éternel car l’arche était le trône de Dieu, (1Samuel 4:4), Il n’y avait ni voile, ni table des pains de proposition, ni chandelier ni autel des parfums. Tout cela se trouvait à Gabaon dans le Tabernacle.

                 Nous avons, d’une part, la sainte présence de l’Éternel à Sion avec la liberté pour les prêtres de se tenir devant le trône, représenté par l’arche, avec l’établissement de ce nouveau culte et d’autre part la Tente à Gabaon où étaient accomplis tous les rites de la loi :

David laissa là, devant l’arche de l’alliance de l’Éternel, Asaph et ses frères, afin qu’ils fussent continuellement de service devant l’arche, remplissant leur tâche jour par jour. Il laissa Obed-Edom et Hosa avec leurs frères, au nombre de soixante-huit, Obed-Edom, fils de Jeduthun, et Hosa, comme portiers. Il établit le sacrificateur Tsadok et les sacrificateurs, ses frères, devant le tabernacle de l’Éternel, sur le haut lieu qui était à Gabaon, pour qu’ils offrissent continuellement à l’Éternel des holocaustes, matin et soir, sur l’autel des holocaustes, et qu’ils accomplissent tout ce qui est écrit dans la loi de l’Éternel, imposée par l’Éternel à Israël. (1Chroniques 16:37-40)

                    Tout le rituel de la loi était pratiqué dans le Tabernacle à Gabaon. Les prêtres sacrifiaient le matin un agneau de un an et le soir un autre agneau de un an avec l’offrande de la fleur de farine mélangée à l’huile d’olive et la libation de vin qui les accompagnaient pour le sacrifice perpétuel. Sion ne pouvait exister que sur le fondement du sacrifice perpétuel dans le Tabernacle à Gabaon.

                   Donc, à Gabaon les prêtres accomplissaient tout ce qui était prévu par la loi, sans la présence de l’Éternel, car l’arche de l’alliance qui se trouvait à Sion dans la tente préparée par David était la garantie de la sainte présence de l’Éternel. Le culte à Sion, sans effusion de sang représente le nouveau sacerdoce dans la présence même de l’Éternel, sans le voile. C’est l’ombre dont la réalité est l’église : à Gabaon l’accomplissement de la Loi et à Sion la liberté de s’approcher de Dieu sans le voile.

                     Mais l’Éternel demande un autre lieu, l’aire d’Ornan qui appartenait à ce Jébusien. Ornan et ses fils foulaient le froment quand ils virent l’ange. Ils eurent peur et se cachèrent, puis le roi David est arrivé et Ornan l’a salué en se prosternant. David a acheté cette aire pour y bâtir l’autel réclamé par l’Éternel afin d’offrir « des holocaustes et des sacrifices de communion ». L’holocauste est un sacrifice « d’une agréable odeur à l’Éternel. » Ce genre de sacrifice montait vers Dieu comme de l’encens et réjouissait Son cœur. Rien ne pouvait être mangé de ce sacrifice. Tout était pour l’Éternel. Celui qui l'offrait s’identifiait en imposant ses mains sur la bête offerte.  Les sacrifices de communion, eux, pouvaient être mangés. Il y avait une partie qui restait sur l’autel -la part pour l’Éternel-  une partie pour le prêtre et une partie pour celui (ou ceux) qui l’offrait (Lévitique 7:11 et suivant)

                   David n’a pas eu besoin de présenter pour son péché le sacrifice spécifique à cet usage (voir Lévitique 4) car il avait ce cœur contrit et brisé révélé dans le Psaume 51. Il a pu directement offrir l’holocauste et le sacrifice de communion, en un mot tout ce qui est agréable au Seigneur, et cela malgré sa faute. L'aire d'Ornan représente vraiment le lieu de tout ce qui plait à l’Éternel.

                    Que peut signifier pour nous aujourd’hui l’aire d’Ornan ? Car c'était l'ombre des réalités célestes (Hébreux 8:5) et Jean-Baptiste, lorsqu’il a vu venir Jésus pour se faire baptiser a déclaré dans Matthieu 3 :12

Il (Jésus) a son van à la main; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point.

                     Il nettoiera son aire…. que peut-Il nettoyer dans son aire si ce n’est ceux et celles qu’Il a rachetés et qui le suivent. Dans Jean 12, Jésus dit :

En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

                     Vous et moi sommes le fruit de ce grain de blé qui est tombé et terre et qui est mort pour nous faire naître d’en Haut. Mais ce blé, qui est sa récolte, Il le bat avec son van pour enlever toute la paille et tout ce qui peut dénaturer la qualité de celui-ci. Les impuretés brûlent dans un feu qui ne s’éteint point, toutes les imperfections qui ne sont pas compatibles avec la qualité de ce blé. Je pense que le feu qui ne s’éteint point, c’est l’œuvre de la croix qui détruit toutes les actions qui ne sont pas selon l’Esprit comme notre moi, notre propre volonté, notre suffisance, notre orgueil etc.… « Il nous a délivré du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé ». Ce royaume ne peut pas contenir quoi que ce soit de mauvais. C’est notre part du royaume sur la terre en attendant Sa venue en gloire pour nous prendre avec Lui. Sur terre, c’est le lieu de la sanctification, de la préparation à notre éternité. A chacun d’entre nous d’être souple entre Ses mains dont le van de l’Esprit nettoie nos impuretés.

                    L’aire d’Ornan est le lieu de l’entière satisfaction du Père, avec l’holocauste perpétuel qui nous a ouvert la porte du Lieu Très Saint par le Sang de la Croix. C’est le lieu du sacrifice de communion avec Dieu, notre Père et de la consécration par la puissance de Son Esprit qui est celui de Christ comme nous le dit Romains 8 :9. Par ce travail continuel de sanctification nous avons la grâce de pouvoir nous approcher et de rentrer en communion avec le Père. C’est l’œuvre permanente de la Croix qui nous rend capables de nous approcher du Père en toute occasion, mais en étant toujours sous la puissance de cette Croix dont le travail est nécessaire et obligatoire pour la destruction de la chair, notre vieille nature dont Paul en parlait si bien dans Romains 7 en s’écriant :  

« Misérable que je suis! Qui me délivrera du corps de cette mort? …Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur! …  Ainsi donc, moi-même, je suis par l’entendement esclave de la loi de Dieu, et je suis par la chair esclave de la loi du péché. » 

                    Puis, Paul nous introduit dans la gloire de la grâce de Dieu avec ce qu’il développe dans le huitième chapitre de cette lettre et tout devient clair. Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Christ-Jésus ! Être en Christ nécessite une vie d'obéissance et de consécration. C’est l’aire du Seigneur avec Son van à la main ! Son van c’est l’Esprit et la loi de l’Esprit qui nous libère de la loi du péché et de la mort. Il y aurait beaucoup à dire sur ce chapitre huit ! Cet Esprit est l’Esprit d’adoption qui nous fait crier Abba, Père ! En étant conduit par cet Esprit, et en lui obéissant, nous ne sommes plus sous l’emprise de la chair, et cet Esprit c’est l’Esprit de Christ. Bien sûr, le Saint-Esprit a aussi d’autres fonctions, comme nous l’a enseigné le Seigneur Lui-même (Jean 14:26, 15:26, 16:5 et suivant).

                      Je pense que David savait ces choses, au moins intuitivement car lorsqu’il a choisi entre les trois options que lui présentait Gad le voyant, il a pris celle de tomber entre les mains de l’Éternel car, a-t-il ajouté, ses compassions sont immenses (. Le van du Seigneur a nettoyé l’aire du roi et l’a rétabli dans sa communion avec Lui.

                    Cet parole du Seigneur, que nous trouvons dans Mathieu peut nous éclairer et nous faire apprécier l’aire d’Ornan  :

34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. 35 Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; 36 et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. 37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi; 38 celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. 39 Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. (chapitre 10)


                    Voilà quelques pensées sur cette aire d’Ornan qui peut nous amener plus loin dans la méditation de ce passage des Écritures. Que chacun puisse y entrer davantage……...

jcb


mercredi 6 juin 2018

Courte méditation sur 2 Thessaloniciens 2:13-14

Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité. C’est à quoi il vous a appelés par notre Évangile, pour que vous possédiez la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.
                     Ces deux versets sont un résumé merveilleux de la grâce de Dieu au sujet de notre salut et un de ses buts :
Frères bien-aimés. Quel beau qualificatif de la part de Paul ! Frères bien-aimés du Seigneur, oui c’est ce que nous sommes, des frères bien-aimés ! Paul est inspiré par le Saint-Esprit pour nous définir ainsi. C’est ce qu’a dit le Père au sujet de Son Fils lors de Son baptême, et nous sommes bien-aimés du Seigneur du même amour dont a bénéficié Jésus de la part du Père.
Nous avons été choisis dès le commencement pour le salut. Paul a écrit sous la puissance de l’Esprit Saint, dans sa lettre aux Éphésiens, que nous avons été élus avant la fondation du monde. C’est ce qu’il affirme, ici, aux Thessaloniciens. C’est une vérité que je ne peux pas vraiment comprendre, mais c’est ainsi, Dieu le dit, je le crois ! C’est Dieu qui, en envoyant Son Fils est venu vers nous pour nous sauver. L’homme a, au fond de son cœur, une recherche du divin qui vient de Dieu. Mais si Dieu ne va pas vers lui, il ne peut trouver le salut par lui-même. Quelle grâce !
–….par la sanctification de l’Esprit. C’est l’Esprit de Dieu qui convainc de péché, de justice et de jugement. Ces trois mots : péché, justice et jugement sont en rapport direct avec l’œuvre du Seigneur. L’Esprit ne nous convainc pas de ces choses parce que nous avons commis des tas de mauvaises actions, mais cette conviction est en rapport avec l’œuvre du Seigneur. Quand nous sommes convaincus ainsi de péché, de justice et de jugement, nous passons par un moment de profonde repentance qui nous fait accepter notre condamnation. Aussitôt le Saint-Esprit nous montre la grâce du salut. Nous sommes confondus et reconnaissants et nous ne pouvons qu’accepter cette grâce et entrer dans ce si grand salut.
– ….et par la foi en la vérité. Si nous avons été choisis et sauvés, c’est par la foi en la vérité. La foi, « c’est Jésus qui est le prince de notre foi et c’est lui qui la mène à la perfection » (Hébreux 12:2). Nous sommes sauvés par la foi en la vérité. Nous savons que la vérité n’est pas un dogme, une définition, mais une Personne, le Seigneur Jésus. Cette Vérité nous a convaincus par la foi qui nous a été offerte, de notre état de perdition, la vérité de notre vie sans Dieu. La Vérité nous a montré la vérité de notre état et par la foi qui nous a été accordée, nous avons cru et nous sommes entrés dans le « royaume du Fils de son amour. » (Colossiens 1:13) Nous avons été lavés, sanctifiés, justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu. » (1 Corinthiens 6:11). Tout vient du Seigneur. Il nous a donné la foi pour croire, nous avons cru et maintenant nous sommes choisis, élus, pour glorifier notre grand Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. En le glorifiant, nous glorifions le Père, car nous sommes maintenant enfants de Dieu et Jésus est notre grand Frère. C’est le fondement du salut tout par grâce ; Nous savons ces choses, mais il est parfois utile de les rappeler.
                     Nous allons à présent regarder ce verset 14 qui m’a tellement interpellé ces derniers temps. Je l’ai lu des centaines de fois sans trop faire attention à ce but pour lequel nous avons été choisis, appelés. Nous sommes appelés « afin que nous possédions la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. » C’est à cela que vous avez été appelés, nous rappelle Paul. C’est très étrange car dans Romains 8:29-30 nous lisons :
Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
                    Nous sommes prédestinés à être semblables à l’image de son Fils. Vaste projet pour notre vie ici-bas ! Mon propos n’est pas de méditer sur cette grâce, mais c’est que, étant prédestinés, nous sommes aussi glorifiés. L’apôtre emploie le présent, donc c’est une affirmation très nette de notre position dans les lieux célestes. Nous sommes glorifiés ! Bien sûr, ce que nous sommes ne sera révélé pleinement qu’au retour du Seigneur. C’est fait et c’est à venir. Et cette gloire dont parle Paul dans ce passage de 2Thessalonicien n’est pas la même que celle de Romains. Je suggère qu’il s’agit de la gloire morale de l’Homme Jésus. Jean a écrit : « Tel il est lui, tels nous sommes aussi dans ce monde ». Nous devons posséder la gloire de l’Homme Jésus, Celui qui n’avait ni beauté, ni éclat, et dont son aspect n’avait rien pour nous attirer…

                    L’homme Jésus a vécu Son humanité exactement comme nous. Il a été un bébé entièrement dépendant de Marie et de Joseph. Celui par qui et pour qui tout existe ! A 12 ans, Il connaissait déjà ce qu’allait être Sa vie. Pourtant il est écrit « Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. » (Luc 2:52) Il a été charpentier avec Joseph. Il avait sûrement les mains calleuses d’un ouvrier. Quelle grâce ! Il a tout créé et, en tant qu’homme, Il était soumis à son père et il grandi en sagesse, en tant qu’homme. Il n’a pas fait semblant ! Il a cultivé, en tant qu’homme la communion avec Son Père céleste. Il suffit de lire et méditer Philippiens 2 : 1-11. C’est un effet de Sa gloire terrestre. Il était parfaitement homme et parfaitement Dieu. Qui peut comprendre réellement la somme de grâce que représente cette soumission – soumission de l’Homme Jésus – sans faille avec Son Père et cette communion intime qui en a résultée.

                    Lorsque Jésus a prié pour Ses disciples et pour nous aussi dans Jean 17, Il a demandé à Son Père ceci :

20 Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, 
21 afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. 
22 Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme 
23 moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. 
24 Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. 
25 Père juste, le monde ne t’a point connu; mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont connu que tu m’as envoyé. 
26 Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que je sois en eux.

                    Le Seigneur a prié pour Ses disciples et « pour tous ceux qui croiront en moi par leur parole ». Le Seigneur a prié pour nous car cette parole est parvenue jusqu’à nous ! Nous savons que Dieu a toujours exaucé les prières de Jésus. Cette prière a été exaucée et nous sommes tous au bénéfice de cette prière. « Je leur ai donné la gloire que tu m’a donnée !! Cette prière est exaucée et ses effets agissent maintenant en vous et moi. Il est bon parfois de s’arrêter et de méditer sur cette grâce infinie, fruit de cette prière de notre merveilleux Jésus, cet Homme parfait, ce deuxième Adam.

                    Cette gloire donnée avec tant d’amour est le moyen par lequel nous pouvons devenir un, comme le Père et le Fils sont un, ainsi nous devons, nous aussi, être un. Nous le pouvons et le devons car nous sommes au bénéfice de cette prière, la dernière pour nous avant la crucifixion. Que faisons-nous de cette gloire que le Seigneur nous a gracieusement donnée ? Sommes-nous un comme le Père et le Fils lorsque le Fils était sur terre ? « Il a été déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté par sa résurrection d’entre les morts ». (Romains 1:4) Cette gloire est la gloire morale de l’Homme Jésus, cet Homme qui croissait en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes d’après l’Évangile de Luc. (2:52) Cet Homme, parfaitement homme était perfectible comme tout être humain. C’est très difficile à comprendre, mais la Bible l’affirme et je le crois, même si pour moi, c’est vraiment incompréhensible. Il n’a pas fait semblant, Il a été réellement cet homme qui doit grandir et apprendre comme nous. Il a été élevé à la perfection par la souffrance nous dit la lettre aux Hébreux. Celui par qui et pour qui tout existe devait souffrir pour Sa perfection, et par cette souffrance, Il a appris l’obéissance ! Comme c’est beau ! Le Créateur de tout ce qui existe a appris l’obéissance…. par ce qu’Il a souffert ! Incomparable grâce ! Il est notre Modèle !

                     Alors pour nous, cette gloire que nous devons posséder est celle du Fils de l’homme, le deuxième Adam, Celui qui est allé à la Croix. C’est cela posséder la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. La posséder, et la vivre réellement nous permet d’être un, en tant que Corps de Christ. Le Corps corporatif que nous sommes doit être un avec le Père et le Fils par la puissance du Saint-Esprit. Cette union avec le Père par la puissance de l’Esprit de Christ est la preuve formelle que Jésus a été envoyé dans le monde. Le monde doit connaître, par notre union avec la Divinité, cette Tri- Unité, que le Père a envoyé le Fils et que nous sommes aimés comme le Père a aimé le Fils. Nous devenons la preuve de l’amour de Dieu pour les rachetés et par la preuve de cet amour nous devons annoncer le royaume de Dieu, royaume de l’amour par excellence.

                   Posséder la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ, c’est vivre comme Lui a vécu. Son intimité profonde avec le Père lui a permis de tout supporter et d’annoncer le Royaume malgré l’hostilité croissante des Juifs religieux. Combien de fois Il a du affronter la haine de ces Juifs quand Il a donné la vu à un aveugle, ou guéri les paralytiques, les lépreux etc. Chaque bienfait de Jésus était une pierre d’achoppement pour les religieux et leur haine envers l’Homme Jésus grandissait. Le paroxysme de cette haine s’est manifesté et concrétisé après la résurrection de Lazare et quelques jours après c’était l »arrestation, le semblant de jugement et la condamnation.

                    Pour finir cette courte méditation, Il nous a donné sa gloire pour que nous soyons un en tant que Corps de Christ avec notre Tête, Christ, comme Lui et le Père était un. Nous devons être un par la gloire qu’Il nous a donnée et à cause de cette prière exaucée. Voilà, en espérant que le Seigneur vous et me conduira plus loin dans la méditation de cette vérité !

Jcb

Andrew Murray a écrit, au sujet de cette gloire :

                     Contemplez sans cesse la gloire divine telle qu'elle se voit en Christ, car en lui elle nous révèle la perfection divine sous la forme humaine. Les deux traits caractéristiques de ce reflet de gloire divine en Christ sont l'humiliation et l'amour. C'est d'abord la gloire de son humiliation. Quand on considère comment le Fils éternel s'est dépouillé lui-même pour se faire homme, et comment il s'est, comme homme, humilié jusqu'à se faire serviteur, puis il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort de la croix, on contemple le plus haut degré de la gloire de Dieu. La gloire de la toute-puissance divine comme Créateur, et la gloire de la sainteté de Dieu comme Roi sont moins merveilleuses que cette gloire de la grâce qui s'abaisse Jusqu'à se faire serviteur au service de Dieu et de l'homme.

                  Apprenons à voir la véritable gloire dans cette humiliation. Nous humilier comme Christ doit être pour nous la seule chose digne de porter le nom de gloire sur la terre. C'est là ce qui doit nous paraître réellement admirable, désirable et propre à nous réjouir.

                   En contemplant Jésus dans la gloire de son humiliation, nous ne pourrons plus désirer d'autre gloire que celle de lui ressembler, de nous humilier comme lui. Contempler Jésus, l'admirer et l'adorer, voilà ce qui nous amènera à recevoir son esprit, ce qui nous transformera à son image. La gloire de son humiliation est inséparable de la gloire de son amour. Son humiliation nous fait remonter à son amour qui en est la source et la force. C'est de son amour que son humiliation tire sa valeur. L'amour est la plus grande gloire de Dieu, mais cet amour nous était resté un mystère jusqu'à ce qu'il se révélât en Jésus-Christ. Ce n'est que dans l'humanité de Jésus, dans ses rapports de douceur, de compassion et d'amour avec les hommes, avec des hommes insensés, pécheurs et rebelles, que la gloire de l'amour divin se fit réellement connaître pour la première fois. L'âme qui a déjà reçu quelque faible rayon de cette gloire-là voudra devenir en ceci comme Christ. En contemplant cette gloire de l'amour de Dieu en Christ, elle sera transformée en la même image.  
(tiré du livre « Comme Christ »)


lundi 4 juin 2018

(32) COMME CHRIST Andrew Murray DE LA NÉCESSITÉ DE PRÊCHER CHRIST COMME NOTRE MODÈLE.

Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011- Numérisation Vincent ROIG 
Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source :  
http://yves.petrakian.free.fr/456-bible/livres1.htm
Disponible gratuitement au format Bible Online sur http://123-bible.com

 DE LA NÉCESSITÉ DE PRÊCHER CHRIST COMME NOTRE MODÈLE.

                    « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance ». C'est par ces mots du Créateur que débute l'histoire de l'homme dans la Bible. Nous avons là toute une révélation du dessein éternel de Dieu, et quant à la création de l'homme, et quant à l'avenir éternel et glorieux auquel il est destiné, Dieu se propose de faire une créature semblable à lui, un être qui sera son image même et sa ressemblance, la manifestation visible de la gloire du Dieu invisible.
    
                    L'existence d'un être créé et pourtant semblable à Dieu : c'était bien là un dessein digne de la Sagesse infinie. Par sa nature même, Dieu est absolument indépendant de tout, puisqu'il possède la vie en lui-même et qu'il ne doit l'existence à nul autre qu'à lui-même. Si l'homme doit réellement être semblable à Dieu, il faut qu'en ceci aussi il soit son image et sa ressemblance, il faut que, de son libre choix, il devienne ce qu'il est appelé à être, et qu'ainsi il se fasse lui-même.
     
                    Et pourtant, par sa nature même, la créature est dépendante, elle doit tout à son Créateur. Comment concilier cette contradiction : un être dépendant qui pourtant décide lui-même, un être créé et pourtant semblable à Dieu. C'est l'homme qui devait offrir la solution du problème. Comme créature, il reçoit de Dieu la vie, mais en la lui donnant, Dieu le rend doué de libre volonté. Ce n'est donc que par le moyen de sa liberté individuelle qu'il peut s'approprier et posséder l'image et la ressemblance de Dieu.
     
                    Quand le péché entra dans le monde et fit déchoir l'homme de sa haute destinée, Dieu n'abandonna pas son dessein. Ses révélations à Israël aboutissaient toutes à ce point central : «Soyez saint, car je suis saint » (Lévitique 19 : 2), et Israël devait aspirer à ressembler à Dieu dans sa sainteté qui est sa plus haute perfection. Plus tard, la rédemption ne se proposa pas d'autre idéal.
     
                    Elle ne pouvait que reprendre et accomplir le dessein éternel révélé à la création. C'est pour cela que le Père envoya sur la terre son Fils qui était « l'image empreinte de sa personne » (Hébreux 1:3). En lui s'est manifestée sous forme humaine cette ressemblance de Dieu pour laquelle nous avions été créés et que chacun de nous individuellement devait s'approprier. Jésus est venu nous montrer à la fois l'image de Dieu et notre propre image. Sa vue devait éveiller en nous le désir de retrouver cette ressemblance divine perdue depuis si longtemps, elle devait faire naître en nous cette espérance et cette foi qui donnent le courage de renoncer à soi-même pour être renouvelé à l'image de Dieu. Pour nous amener là, Jésus avait une double œuvre à accomplir. Il devait d'abord nous révéler par sa vie l'image de Dieu, afin de nous faire comprendre ce que c'est que de vivre à la ressemblance de Dieu, et ce que nous pouvions attendre et recevoir de lui, notre Rédempteur. Après avoir fait cela, après nous avoir montré la vie de Dieu dans sa vie humaine, il est mort pour pouvoir nous communiquer sa propre vie, la vie à l'image de Dieu, et nous mettre ainsi en état de vivre conformément à ce que nous avions vu en lui. Puis quand il est monté au ciel, il nous a envoyé par le Saint-Esprit la puissance de vie que nous avions en vue en lui contemplée en sa personne et qu'il nous avait acquise par sa mort.
     
                   Il est facile de voir combien ces deux parties de l’œuvre de Christ sont étroitement liées l'une à l'autre. Ce qu'il nous offre dans sa vie comme notre Modèle, il nous l'acquiert par sa mort comme notre Rédempteur. En d'autres termes, sa vie terrestre nous a indiqué la voie à suivre, sa vie céleste nous envoie la force d'y marcher. Nul n'a le droit de séparer ce que Dieu a uni. Celui qui n'a pas une pleine foi en la rédemption, n'a pas la force de suivre l'exemple de Christ. Et celui qui ne cherche pas à être conforme à l'image de Dieu, voyant là le grand but de la rédemption, ne peut pas non plus jouir de toute sa plénitude. Christ a vécu sur la terre pour manifester l'image de Dieu dans sa vie; il vit à présent au ciel pour que nous puissions manifester à notre tour l'image de Dieu dans notre vie.
    
                   L'église de Christ n'a pas toujours maintenu l'équilibre entre ces deux vérités. L'église catholique romaine insiste avant tout sur la nécessité de suivre l'exemple de Christ. Il en résulte qu'elle peut citer un grand nombre de saints qui, malgré beaucoup d'erreurs, ont cherché par une dévotion admirable à refléter à la lettre et de tous points l'image du Maître. Mais, au grand dommage des âmes sérieuses, l'autre partie de la vérité reste dans l'ombre. Cette église n'enseigne pas que pour être capable de vivre comme Christ, il faut d'abord recevoir en soi la vie qu'il nous a acquise par sa mort.
     
                Les églises protestantes doivent leur origine au réveil de cette dernière vérité. Le pardon et la grâce de Dieu reprirent alors leur place, à la grande joie et consolation de milliers d'âmes angoissées, mais on n'évita pas toujours l'écueil opposé, celui de ne plus voir que ce seul côté de la vérité. On n'enseigna pas assez clairement que Christ avait vécu sur la terre, non seulement pour racheter le pécheur par sa mort, mais encore pour lui montrer comment il devait vivre ici-bas.
     
                    Toute Église orthodoxe voit bien en Christ le modèle à suivre, mais elle n'insiste pas sur la nécessité absolue de suivre ce modèle, autant que sur la nécessité de croire à l'expiation de Christ. On prend beaucoup de peine, et on fait bien, pour amener les pécheurs à recevoir le salut que leur acquiert la mort de Christ, mais on n'en prend pas autant, et c'est bien à tort, pour les amener à conformer leur vie à, celle de Christ, ce qui est pourtant le signe distinctif et la preuve certaine de tout vrai christianisme.
    
                    Est-il nécessaire de signaler ici l'influence qu'a sur la vie de l'église la manière de présenter cette vérité? Si l'expiation et le pardon sont tout, et si l'imitation de Jésus n'est qu'un point secondaire et qui va de soi, l'attention se porte principalement sur l'expiation. On cherchera surtout à obtenir le pardon et la paix, et quand on les aura obtenus, on sera tenté de s'en contenter et d'en rester là. Si, au contraire, on remonte au but que Dieu s'est proposé à la création, et que l'on prêche la nécessité de devenir conforme à l'image de Christ, présentant l'expiation comme le moyen d'y parvenir, toute prédication sur la repentance et le pardon mettra en relief le devoir de la sainteté. La foi en Jésus sera alors inséparable de la conformité à sa vie et cette Église-là produira de véritables disciples du Seigneur.
    
                    En ceci, les églises protestantes ont des progrès à faire. L’Église ne pourra revêtir tous ses atours et refléter la gloire de Dieu, que lorsqu'elle recevra ces deux vérités inséparables, telles que nous les présente la vie de Christ. Dans tout ce qu'il fit et souffrit pour nous, il nous a laissé un exemple à suivre, aussi tout vrai christianisme ne se borne pas à porter haut la bannière de la croix; il donne tout autant, d'importance à la nécessité de souffrir la croix avec Christ qu'à l’expiation sur la croix.
     
                    C'est là ce qu'enseigne clairement notre divin Maître. Quand il parle de la croix, il insiste moins sur l'expiation que sur la nécessité de lui ressembler. Que de fois il dit à ses disciples qu'ils doivent souffrir la croix avec lui et comme lui, qu'à ce prix-là seulement ils pourront être ses disciples et avoir part aux bénédictions qu'allait leur acquérir sa mort sur la croix. Quand Pierre « se mit à le reprendre » au sujet de sa mort (Mathieu 16, 21), Jésus ne chercha pas à lui prouver la nécessité de sa croix pour le salut des hommes, il insista seulement sur ce que la mort du moi était pour lui-même, comme pour nous, le seul moyen d'obtenir la vie de Dieu. Il faut que le disciple soit semblable au Maître. Jésus nous parle de la croix pour nous rappeler l'obligation de renoncer à nous-mêmes, de nous livrer à la mort, si nous voulons recevoir la vie divine qu'il est venu nous apporter. Ce n'est pas moi seul, disait-il, qui dois mourir, c'est vous aussi; la croix, l'esprit de sacrifice, seront la preuve de votre fidélité. La première Épître de Pierre nous montre que l'apôtre avait bien compris ces mots.
    
                    Dans les deux importants passages où il nous dit que « Christ a souffert pour nous, qu'il a porté nos péchés en son corps sur le bois, qu'il a souffert pour les péchés, lui juste pour les injustes », il ne parle guère qu'incidemment des souffrances du Seigneur, son but est de démontrer que nous devons aussi souffrir comme lui (1 Pierre 2 : 21, 24 ; 3 : 18), que nous devons voir dans la croix de Christ non seulement le moyen qui l'introduisit dans la gloire, mais aussi la voie où chacun de nous doit le suivre.
    
                    Paul reprend et expose avec force la même pensée. A ne prendre qu'une seule de ses Épitre, celle aux Galates, nous trouvons quatre passages qui proclament la puissance de la croix. L'un d'eux exprime d'une manière saisissante la substitution et l'expiation : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit quiconque est pendu au bois ». (Galates 3 : 13). C'est en effet là l'une des bases sur lesquelles reposent l’Église et la foi des chrétiens, mais pour tout édifice il faut plus encore que des bases, aussi cette même Épitre nous répète jusqu'à trois fois que c'est dans notre conformité avec Christ sur la croix qu'est le secret de toute notre vie chrétienne. « J'ai été crucifié avec Christ ». « Ceux qui sont à Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises ». « Dieu me garde de me glorifier en autre chose qu'en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par laquelle le monde est crucifié pour moi, et moi au monde ». (Galates 2 : 20. — 4 : 24. — 6 : 14).
     
                    La mort de Christ sur la croix pour notre salut n'est que le commencement de son œuvre en nous ; elle nous fait prévoir tout ce que la croix peut être pour nous quand nous la partageons dans notre vie de chaque jour avec lui, le Crucifié, faisant l'expérience de ce que c'est que d'être crucifié au monde. Et pourtant que de prédications, aussi profondes de pensée qu'éloquentes de parole, exaltent la croix de Christ, la mort de Christ pour sauver le pécheur, mais passent sous silence notre mort avec Christ, cette mort dont Paul se faisait gloire !
     
                    L’Église a besoin d'entendre retentir cette vérité-là aussi bien que l'autre. Il faut que les chrétiens comprennent que subir la croix, ce n'est pas supporter les diverses afflictions qu'on appelle des croix, mais qu'avant tout il s'agit là d'abandonner sa vie, de mourir au moi et d'être scellé ainsi du même sceau que Jésus, ce qui nous est tout autant et plus nécessaire encore dans la prospérité que dans l'adversité, et que sans cela nul ne peut avoir part à la plénitude des bénédictions que nous révèle la croix. C'est la croix comprise ainsi, non seulement la croix dressée au Calvaire, mais la croix de notre propre crucifiement s'étendant à toute notre vie active, qui sera pour nous et pour toute l’Église, comme elle le fut pour Christ, la voie qui conduit à la victoire et à la gloire, la puissance de Dieu pour le salut des hommes.
    
                    La rédemption nous offre donc ces deux faces: Christ subissant la croix pour expier nos péchés et nous ouvrir le chemin de la vie ; nous-mêmes subissant la croix avec Christ, pour pouvoir marcher en conformité de vie avec lui et à son image. Il faut que Christ notre Garant, et Christ notre Modèle, soient également prêchés.
     
                    Mais il ne suffit pas de prêcher ces deux doctrines séparément, elles ne peuvent exercer toute leur influence qu'en se réunissant dans cette autre et profonde vérité qui nous présente Christ comme notre Tête. Quand nous saisirons bien que c'est notre union avec Jésus qui nous fait participer soit à l'expiation du Garant, soit à la Sainteté du Modèle, nous comprendrons l'admirable accord qui existe entre ces deux doctrines et combien elles sont toutes deux indispensables à la prospérité de l’Église. Nous verrons clairement alors que le même Jésus qui nous a ouvert la porte du ciel, aussi bien par la sainteté de sa vie, que par l’expiation de nos pêchés, nous obtient également, soit le pardon par son sang, soit la conformité à sa vie par son Esprit. Nous verrons aussi que nous ne pouvons saisir l'une et l'autre de ces grâces que par la foi.
     
                    Notre protestantisme évangélique ne pourra remplir sa mission que lorsque cette vérité capitale du salut par la foi seule sera appliquée, non seulement à la justification, mais aussi à la sanctification, c'est-à-dire à notre conformité à l'image de Christ.
   
                     Ceci ouvre un vaste champ au prédicateur qui voudra conduire ses auditeurs dans la voie d'une entière conformité à l'image de Christ. La vie chrétienne vraiment semblable à celle de Christ peut se comparer à un arbre dont la racine et les fruits sont réunis par le tronc. Dans la prédication comme dans la vie privée, ce sont les fruits d'abord qui attirent l'attention. Les paroles de Christ : « Faites comme je vous ai fait », et, dans les Épitres, les fréquentes exhortations à aimer, à pardonner, à supporter comme Christ l'a fait, nous amènent aussitôt à comparer la vie des chrétiens de nos jours avec la vie de Christ et à présenter comme règle de conduite l'exemple que nous fournit la vie du Sauveur. Ceci fera sentir le besoin de prendre le temps d'étudier chaque trait de cet admirable Modèle pour savoir plus exactement ce que Dieu veut de nous actuellement. Il faut que les croyants en viennent à bien saisir que la vie de Christ est réellement la règle de leur vie à eux, et que Dieu attend d'eux qu'ils s'y conforment entièrement. Sans doute, il y a différence d'éclat entre la lumière du soleil qui brille au ciel et la lumière d'une lampe qui éclaire une de nos demeures terrestres, néanmoins, la lumière est toujours la lumière, et, dans sa petite sphère, la lampe peut faire son œuvre tout aussi bien que le soleil dans la sienne. Il faut que la conscience de l’Église apprenne à comprendre que l'humilité et le renoncement de Jésus, que son entière consécration à faire la volonté et l’œuvre de son Père, que sa prompte obéissance, son dévouement, son amour et sa bonté représentent sans exagération ce que chaque croyant doit être à son tour, et que c'est là son simple devoir aussi bien que son privilège. Il n'y a pas, comme on le pense trop souvent, deux degrés de sainteté, l'un à l'usage de Christ et l'autre à l'usage de ses disciples.
     
                    Non; comme sarments du cep, comme membres du même corps, comme ayant droit au même Esprit, nous pouvons, et par conséquent nous devons, être l'image de notre Frère Aîné. Si cette conformité à la vie de Christ se voit rarement, si elle est trop peu recherchée par la grande majorité des chrétiens, c'est parce qu'on se fait une idée fausse, soit de l'incapacité de l'homme, soit de ce qu'il peut attendre de la grâce divine, quand elle opère en lui. On a généralement tant de foi en la puissance du péché, et si peu de foi en la puissance de la grâce, qu'on ne se croit pas même appelé à avoir le même amour que Jésus, le même esprit de pardon, la même consécration à la gloire du Père, et qu'on ne voit plus là qu'un idéal admirable sans doute, mais impossible à atteindre. On se dit que Dieu ne peut pas attendre de nous que nous soyons, que nous fassions, ce qui est si fort au delà de notre portée, et, comme preuve de l'impossibilité d'y parvenir, on allègue ses vains efforts pour dominer son humeur, ou pour vivre entièrement au service de Dieu.
     
                     Ce n'est qu'en persévérant à présenter Christ comme notre Modèle et à prêcher cette vérité divine dans toute son intégrité et tout son éclat, qu'on pourra surmonter une pareille incrédulité.
    
                     Il faut enseigner aux croyants que Dieu ne moissonne pas là où il n'a pas semé, mais que le fruit demandé et la racine qui le produit sont intimement reliés l'un à l'autre. Dieu veut que nous pensions, que nous parlions et que nous agissions exactement comme Christ, puisque la vie qui nous anime est exactement la même que celle qui l'animait. Si nous possédons une vie semblable à la sienne, quoi de plus naturel que d'attendre de nous des fruits semblables aux siens. Si Christ vit en nous, Christ agira et parlera par nous, et révélera ainsi sa présence aux yeux du monde.
   
                      Il faut prêcher que c'est par la foi seule qu'on peut recevoir Christ comme le Modèle à imiter. C'est par là qu'on amènera les enfants de Dieu à être tels que Dieu les veut. La plupart des chrétiens pensent que nous devons croire en Jésus comme en notre Sauveur, et qu'ensuite nous serons poussés par un sentiment de reconnaissance à suivre l'exemple qu'il nous a donné, mais ce mobile de gratitude ne saurait suppléer au manque de force dont nous souffrons. Notre incapacité reste la même ; c'est nous replacer sous la loi : Je dois faire, mais je ne puis pas. Il faut enseigner à ces chrétiens-là ce que c'est que de croire en Christ comme leur Modèle, ce que c'est que de saisir par la foi sa vie sainte qui fait partie du salut qu'il leur a préparé. Il faut leur enseigner que ce Modèle n'est pas quelque chose ou quelqu'un en dehors d'eux, mais que le Dieu vivant est lui-même leur vie, et qu'il veut réaliser en eux l'exemple que leur offre sa vie terrestre. Il faut qu'ils sachent que dès qu'ils se soumettront à lui, il manifestera sa présence en eux et dans leur vie de chaque jour au delà de toute prévision; il faut qu'ils voient dans la conformité à la vie de Christ l'action directe de la Vie éternelle descendue du ciel, et qui est donnée à tous ceux qui croient.
     
                   C'est parce que nous sommes un avec Christ et que nous demeurons en lui, c'est parce qu'ainsi nous possédons la même vie divine que lui, que nous sommes appelés à marcher comme lui. Il n'est pas toujours facile de se faire une idée claire de cette vérité, et d'en venir ensuite à l'accepter. Les chrétiens se sont si bien accoutumés à une vie d'infidélité et de chutes continuelles, que la pensée ne leur vient pas même de pouvoir réaliser assez cette ressemblance avec Christ pour qu'elle se voie en eux. On ne pourra vaincre leur incrédulité à cet égard qu'en leur prêchant cette vérité avec toute l'animation d'une foi joyeuse et triomphante, car ce n'est qu'à la foi et à une foi plus ample et plus profonde qu'on ne la croit ordinairement nécessaire pour saisir le salut, qu'est accordée cette puissance de vie de Christ qui devient la vie du croyant. Quand Christ sera prêché dans son entier, et comme règle, et comme vie, le croyant obtiendra cette foi plus efficace qui résulte de son unité avec Christ, et recevra ainsi la force de vivre de cette vie-là.
    
                    Le développement de cette foi varie selon les cas. Les uns l'obtiennent à la longue en persévérant à s'attendre à Dieu. D'autres en ont une révélation soudaine ; après des temps de luttes et de chutes, ils arrivent à voir clairement que si Jésus donne l'exemple à suivre, il donne aussi la force de le suivre. Les uns y arrivent dans la solitude, loin de tout secours humain, seuls avec le Dieu vivant, tandis que d'autres, et c'est souvent le cas, la reçoivent pendant qu'ils sont réunis avec les fidèles et qu'alors le Saint-Esprit touche les cœurs, presse les âmes de se décider, et les amène à saisir ce que Jésus leur offre, ce qu'il donne lui-même pour rendre semblable à lui. Quelle que soit la marche que suive ce progrès spirituel, toujours il a lieu quand, par la puissance de l'Esprit, on présente Christ comme le Modèle de ce que Dieu attend de ses enfants. Alors, les croyants, amenés à reconnaître leur état de péché, et leur incapacité à en sortir, se remettent, comme jamais ils ne l'avaient encore fait, entre les mains de leur tout-puissant Sauveur, et en viennent à réaliser la vérité de ces deux textes, en apparence contradictoires : « Le bien n'habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair ». « Je puis tout par Christ qui me fortifie ». (Romains 7 : 18 ; Philippiens 4 : 13).
    
                    Quoi qu'il en soit, la racine et les fruits sont toujours reliés entre eux par le tronc de l'arbre. Nous le voyons par la vie de Christ : ses rapports individuels et continuels avec le Père établissaient une correspondance soutenue entre sa vie cachée en Dieu et les fruits de sa vie extérieure. Par son regard habituel vers le Père, par sa promptitude à l'écouter, par son obéissance aux directions de l'Esprit, par sa soumission aux paroles de l’Écriture qu'il venait accomplir, par sa vigilance dans la prière, et par toute sa vie de dépendance et de foi, il nous donne l'exemple de ce que nous devons être, nous aussi. Il nous avait été fait si réellement « semblable en toutes choses » (Hébreux 2 : 17), il était si bien devenu un avec nous dans la faiblesse de la chair, que ce n'était qu'à ce prix-là que la vie du Père avait libre cours en lui, produisant les œuvres qu'il faisait. Il en sera précisément de même pour nous. Notre union avec Jésus, et la présence de sa vie en nous, nous assureront une vie semblable à la sienne. Ce ne sera pourtant pas le résultat direct d'une force aveugle mise en mouvement et accomplissant machinalement Son œuvre, mais il y aura là de notre part coopération d'intelligence, de volonté et d'amour pour demander, pour recevoir et nous abandonner à Dieu avec confiance, aussi bien que pour employer à son service tout ce qu'il donne, et travailler avec la certitude qu'il travaille en nous. Cette foi en Christ, notre Vie, ne nous sera pas un oreiller de paresse ; au contraire, elle stimulera toute notre énergie au plus haut degré, et comme elle rend toutes choses possibles, elle nous portera par là même à rechercher toujours plus tout ce qui constitue la vraie communion avec Dieu, nous faisant tout attendre de lui.
    
                    Voici, quant à notre conformité avec Christ, les trois points qu'il importe de bien connaître : Notre vie est, comme celle de Christ, cachée en Dieu, elle se maintient, comme la sienne, par la communion avec Dieu, et son activité extérieure en fait, comme de la sienne, une vie pour Dieu
     
                    Quand les croyants en viendront à saisir cette vérité, à pouvoir se dire : Nous sommes réellement semblables à Christ par la vie que, grâce à lui, nous avons en Dieu ; nous pouvons être semblables à Christ en maintenant et fortifiant cette vie par notre communion avec Dieu ; nous serons encore semblables à Christ par les fruits que doit porter cette vie-là ; alors le nom de disciple de Christ et la conformité à Christ ne seront plus seulement une profession de foi, mais bien une réalité, et le monde saura que le Père nous a réellement aimés comme il a aimé le Fils.
    
                    Qu'il me soit permis de demander ici à tout pasteur et à tout chrétien qui liront ces lignes, si, dans les enseignements de l’Église, nous avons assez présenté Christ comme le Modèle dont l'imitation nous ramènera seule à l'image de Dieu. Plus les prédicateurs de l’Église remonteront eux-mêmes à la source divine de toutes les vérités qui concourent ensemble à donner la pleine jouissance du salut, plus aussi ils deviendront aptes à faire entrer les fidèles dans cette voie de privilèges et de sainteté pratique. Ils seront ainsi un moyen de bénédictions nouvelles pour le monde, selon que Dieu l'attend d'eux. C'est là, en effet, ce dont le monde à besoin de nos jours; il lui faut des hommes et des femmes vivant de la vie de Christ et prouvant par leur conduite que, comme Christ, ils n'ont ici-bas d'autre but que la gloire du Père et le salut des hommes.
     
                    Encore un mot. Soit que nous prêchions la conformité avec Christ, soit que nous cherchions à la mettre en pratique, gardons-nous de ce perfide et mortel égoïsme qui ne chercherait à l'obtenir que dans le seul but de nous placer nous-mêmes aussi haut que possible dans la grâce et les faveurs de Dieu. Dieu est amour ; l'image de Dieu doit donc refléter un amour semblable à celui de Dieu. Quand Jésus disait à ses disciples : « Soyez parfaits comme votre Père qui est dans les cieux est parfait » (Mathieu 5 : 48), c'était leur dire que la perfection consistait à aimer et à bénir ceux qui en étaient indignes. Les noms mêmes de notre Seigneur nous montrent que tous les autres traits caractéristiques de notre ressemblance avec Christ sont subordonnés à celui-ci : Chercher la volonté et la gloire de Dieu en aimant et en sauvant les hommes. Il est le Christ, l'Oint de Dieu. Pour qui? Pour les cœurs brisés, pour les captifs, pour ceux qui sont dans les liens et dans le deuil. Il est Jésus, le Sauveur, qui a vécu et qui est mort pour sauver ceux qui étaient perdus.
    
                    Il peut se faire beaucoup d’œuvres chrétiennes sans une grande mesure de sainteté ou d'esprit de Christ, mais il est impossible de posséder en grande mesure la véritable sainteté, semblable à celle de Christ, sans se consacrer particulièrement à faire du salut des pécheurs le but de sa vie, et cela pour glorifier Dieu. Jésus s'est donné lui-même pour nous, afin de pouvoir nous réclamer nous-mêmes pour lui, et de se former ainsi « un peuple particulier, zélé pour les bonnes œuvres ». (Tite 2 : 14). Il y a là réciprocité et parfait accord, identité complète d'intérêt et de but. Lui-même pour nous, comme notre Sauveur, et nous-mêmes pour lui, aussi comme sauveurs, en continuant sur la terre, comme lui et pour lui, l’œuvre qu'il y a commencée. Mettons toujours en relief cette vérité quand nous prêchons la nécessité d'avoir une vie conforme à celle de Christ, soit que nous remontions à sa source, notre union avec Christ en Dieu, soit que nous indiquions le moyen de la maintenir et de la développer par la foi, la prière et la communion avec Dieu, soit aussi que nous insistions sur les fruits d'humilité, de sainteté et d'amour qu'elle doit produire. Oui, c'est pour faire connaître la volonté et la gloire du Dieu d'amour dans le salut des pécheurs que Christ a vécu, qu'il est mort et qu'il vit actuellement. Être semblable à Christ signifie donc ceci : Rechercher la grâce, la vie et l'Esprit de Dieu pour se consacrer entièrement à faire connaître la volonté et la gloire du Dieu d'amour, dans le salut des pêcheurs.

FIN