samedi 21 octobre 2017

Le but de Dieu et la voie de Dieu par T. Austin-Sparks

"Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu'il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre en lui, en qui nous avons aussi été faits héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté... Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée."
Éphésiens 1 : 9-11 et 22.
Il y a dans la déclaration de ce passage trois parties principales :
1) La volonté et le dessein éternels de Dieu.
2) Christ, le centre de ce dessein.
3) L’Église, qui est Son Corps, l'instrument pour la pleine expression de ce dessein – c'est-à-dire de Christ.
                    Il nous est dit que Dieu prit une décision dans les conseils éternels. En esquissant et en arrêtant Ses intentions de créer et de constituer « toutes choses » « dans les cieux et sur la terre » Éphésiens 1 : 10. Il était poussé et gouverné par un dessein spécial et défini. Ce « dessein » est mentionné plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et il nous est montré que différentes choses y sont reliées. Il est des plus important que nous reconnaissions le fait que le dessein de Dieu est un, bien qu'il y ait plusieurs phases dans l'activité divine. Rien n'est une fin en soi. La première loi de la plénitude spirituelle (et remarquons que la plénitude est précisément ce qui est en vue), c'est de saisir le fait et la nature de ce dessein de Dieu, qui gouverne tout. II est impressionnant et douloureux de reconnaître que, dans les choses qui sont associées ici-bas au Seigneur, il y en a si peu, si peu, qui soient réellement mar­quées par la plénitude spirituelle. Médiocrité, faiblesse, limitation, pauvreté, défaite, ignorance, immaturité et désappointement caractérisent un si grand nombre d'enfants de Dieu et une si grande part de l'œuvre de Dieu. C’est une des choses qui causent tant de détresse, de recherche, et d'efforts dans certains milieux.
                     N'en trouverait-on pas l'explication dans le fait que rien de ce qui n'est qu'une part d'un tout ne peut atteindre ni réaliser le dessein tout entier ? Pour être dans la voie de la plénitude, il est essentiel, en premier lieu, de reconnaître et de réaliser le fait que Dieu n'est pas simplement engagé dans un grand nombre d'activités bonnes et bienfaisantes, mais qu'Il est toujours et uniquement occupé par un dessein qui embrasse tout, et auquel tout est lié! « Dieu opère TOUTES CHOSES selon le conseil de sa volonté » Éphésiens 1 : 11. La mesure de la valeur suprême de notre travail correspondra à la compréhension initiale que nous aurons eue d'un dessein seul et unique. Lorsque cela sera établi, nous arriverons bientôt à voir ce qu'est le dessein, et comment et par quels moyens il sera réalisé. Lorsqu'un maître a un seul et unique plan, auquel il se consacre, il demandera à tous ceux qui travaillent pour lui, qu'ils ne se contentent pas de faire différentes choses, si bonnes soient-elles et constituant même une part de son œuvre entière, mais qu'ils voient, au delà de leur petite part et de leur propre tâche, le but et l'objet tout entier, afin d'agir positivement en le gardant en vue. Il sera favorable à ceux qui viendront travailler pour lui et aux moyens qu’ils emploieront, dans la mesure où ils auront à cœur le but tout entier. La mesure de ses ressources et de sa plénitude leur sera accordée sur cette seule base. Il en est de même pour Dieu. Mais comprenons bien que c'est la plénitude spirituelle qui est en vue, et non la gratification personnelle.
                     Ensuite, le dessein est de rassembler toutes choses en Christ. C'est une Personne pleine et entière, agrandie, et embrassant tout. La grandeur, la magnificence, la plénitude universelle de Christ, voilà le but de Dieu. Il n'est pas suffisant pour nous de voir le dessein, si fondamental cela soit-iI, il faut que nous voyons, de manière toujours grandissante, la plénitude de Christ. Il doit y avoir une vision initiale de cette grandeur, de cette majesté, de cette gloire, de cette universalité. C'est à une telle vision que sont dues la puissance, l'efficacité et la gloire de l’Église des premiers jours. Telle fut la signification de la « Pentecôte ». C'est une vision comme celle-là qui fit des apôtres les hommes qu'ils furent. Paul devait tout à la révélation que Dieu lui donna de Son Fils en lui. Mais cette vision doit se continuer. Elle doit devenir de plus en plus importante. Nous ne devons pas simplement nous fixer à quelque expérience passée la vision que nous avons aujourd’hui de Christ. La volonté du Seigneur, c'est que nous vivions et marchions par l'Esprit à un tel point, que nous pouvons dire que la vision que nous avons de Christ aujourd'hui est infiniment plus grande et plus merveil­leuse qu'elle ne l'a jamais été. Cela est en ligne avec le dessein de Dieu, et il en est ainsi pour tous ceux qui sont réellement entrés dans une compréhension spirituelle de ce dessein.
                     Nous arrivons, en troisième lieu, à considérer la méthode et les moyens dont Dieu se sert pour l'accomplissement de Son dessein éternel. C’est « l'église, qui est son corps » (le corps de Christ). La Parole de Dieu nous déclare définitivement que l’Église est « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Cette plénitude universelle de Christ doit être révélée et exprimée dans et par un instrument appelé l’Église. Qu'est-ce que cette Église?
                     Il nous est dit premièrement qu'elle est une compagnie d'élus. Laissant de côté toutes les théories sur l'élection, contentons-nous, pour le moment, de voir que Dieu a voulu, de toute éternité, avoir une telle compagnie, et que l'élection a rapport au dessein, et non pas, principalement au salut. Dieu connaît, il ne peut en être autrement, les réactions suprêmes des hommes à l'égard de l'offre qu'Il leur fait, et c'est selon Sa pré-connaissance qu' Il a prédestiné à Son dessein. Mais Dieu n'a jamais dit à une personne non sauvée qu'elle est prédestinée à l'être. Dieu appelle simplement. L’Église est la compagnie des appelés qui ont obéi.
                     Deuxièmement, l’Église est quelque chose de plus grand que les églises. Selon ce que nous entendons par celles-ci, l’Église peut se trouver en elles toutes, ou bien elle peut ne pas être du tout dans beaucoup d'entre elles. L’Église est essentiellement une chose spirituelle ; elle n'est ni sectaire, ni dénominationelle, ni « ecclésiastique », ni traditionnelle. Elle est l'union spirituelle des membres d'un organisme vivant, un corps possédant une vie; elle est une entité, elle est « tous un en Christ ». La mesure de lumière que nous avons ne nous rend pas plus ou moins membres de ce Corps, bien qu'elle puisse en affecter le fonctionnement. Ce n'est pas notre compréhension de « la vérité quant à l’Église » qui nous constitue membres de l’Église, bien qu'elle affecte grandement la question de la plénitude. Ce qui est la base de l'actualité du Corps, c'est une relation vitale avec Christ.
                     Mais cela dit, il nous faut montrer combien il est essentiel de reconnaître ce qu'est l’Église. Accompagnant une révélation personnelle de Christ dans Sa grandeur, la révélation de l’Église est liée à notre avance pratique vers la plénitude. Paul a, dans ses écrits, une plénitude beaucoup plus grande que n’importe quel autre apôtre, et cela est dû principalement à la révélation spéciale de l’Église qui lui avait été donnée. Ce qui ressort de cette révélation, c'est que Christ et l’Église sont UN, comme la Tête et les membres d'un même corps.
                     Il y a deux ou trois choses dans cette question qu'il nous est nécessaire de saisir. Il y a premièrement le fait, établi si clairement et si pleinement dans les Écritures, que Dieu a tout aussi définitivement choisi et désigné l’Église pour la réalisation de Son dessein éternel, qu' Il avait choisi et désigné Son Fils. Dieu s'est lié Lui-même et Sa plénitude autant à Son Fils qu’à l’Église. Tandis que l’Église est soumise au Fils, qu'elle en est l'organe et l'instru­ment, comme la femme l'est à l' égard de son mari (Éphésiens 5 : 22-24), ils sont un, en ce qui concerne le dessein. Ce fait entraîne en soi la jalousie de Dieu pour Son Église, et signifie que, pour arriver à la plénitude, l'on ne peut ni l'ignorer, ni l'amoindrir, ni l'outrager.
                   De plus, en ce qui concerne la plénitude spirituelle, Dieu continuera à agir strictement par le moyen du Corps, c'est-à-dire qu'il n'est pas possible pour des individus séparés, de connaître la plénitude. La plénitude est une question relationnelle. « L’Église est la plé­nitude de Christ ». Aucun individu ne peut l’être. C'est pourquoi l'union spirituelle, la relation des membres, la communion, la mutualité et la dépendance des uns à l'égard des autres, sont fondamentales et indispensables pour parvenir à la maturité spirituelle. « Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ » Éphésiens 4 : 13.
                     Dans l'Ancien Testament, lorsque les chose, eurent été constituées selon le modèle divin, c'est de la Tente d'Assignation que Dieu parlait au peuple. Il en est ainsi dans le Nouveau Testament. Avant d’obtenir la réponse à la demande qu'il fit sur la route de Damas, Paul dut entrer dans la ville, et ce fut par le moyen de l’Église qu’il la reçut. Avant d'entreprendre la grande œuvre de sa vie, l'apôtre dut demeurer dans l’Église d'Antioche pour y recevoir la confirmation de sa mission (Actes 13). Tout cela ne signifie pas que Dieu n'ait jamais agi souverainement et dans Sa grâce à l'égard de ceux qui avaient à cœur Ses intérêts sans reconnaître cependant celte loi; mais nous parlons de plénitude spirituelle, et c'est à cela que nous appelle notre ministère. Ce n'est pas un « Comité général », « exécutif », où « conseiller », mais le Corps, dans sa représentation et son fonctionnement spirituels, qui est la voie voulue de Dieu.
                    Il nous faudrait plus de place que nous n'en avons à notre disposition, pour montrer toutes les valeurs et les implications renfermées dans une compréhension adéquate de la place et du dessein que Dieu a pour Son Église en toutes choses. C'est précisément l'une des questions qui a eu une place considérable dans notre ministère parlé ou écrit durant ces dernières années.
                    Ceci nous amène aux églises, c'est-à-dire aux assemblées locales du peuple de Dieu. Les temps et les conditions ont grandement changé depuis les jours du Nou­veau Testament, tout au moins en ce qui concerne le monde occidental. Il était simple et naturel, en ces temps-là, de rassembler ceux 'lui croyaient en Christ. Il n'y avait alors que des croyants et des non-croyants. Aujourd'hui s'élèvent quantité d'autres questions, celle des « affiliations », « organisation », « pratiques », « croyances » etc. Mais il y a une ou deux choses qui doivent toujours gouverner cette question; ce sont :
                     1 - L'église ou l'assemblée locale doit être localement tout ce que l’Église est universellement, dans son ensemble. Elle ne doit être plus petite, ni dans sa vision, ni dans sa vocation, ni dans sa relation. Bien que située localement, elle est universelle quant à sa nature, à son influence, à sa vocation et à sa fonction. Si elle vit pour elle-même, elle mourra. La plénitude dépend de sa longueur et de sa largeur, de sa hauteur et de sa profondeur spirituelles.
                     2 - L'église locale est l’environnement d'éducation spirituelle, en vue de l’utilité pour le Seigneur. C'est là que sont apprises toutes Ies leçons essentielles, non seulement par l'enseignement mais aussi par la discipline spirituelle. La leçon fondamentale de la soumission au Seigneur – qui a une si grande importance dans la question de la croissance spirituelle – est apprise de manière très pratique dans une assemblée fidèle et dans la vie de communion. Toute vie indépendante, non relationnelle et simplement personnelle, est simplement impossible lorsque le Corps est véritablement reconnu.
                    La protection, le support, l'appui et le soutien spirituels du peuple de Dieu, au delà d’une manière simplement générale, ont une valeur et une importance très importantes. L'église locale, loin de n'être qu'une « congrégation », doit être une expression locale de la famille de Dieu, et remplir toutes les fonctions et pourvoir à toutes les valeurs de la vraie vie et des vraies relations de famille
                     3 - La question qui a une importance prééminente, dans l'église locale comme dans l’Église universelle, c’est celle de la souveraineté absolue de ChrIst, la Tête. Tout ce qui usurpe Sa place ou qui est en conflit, d'une manière ou l'autre, avec elle, aboutira très certainement à une limitation spirituelle et à un retard proportionné de la croissance. N'est-ce pas pour cette raison que, dans les églises du Nouveau Testament, aucun homme seul exerçait l'autorité. Mais que des anciens, et non pas un ancien, étaient désignés. Le principe du Corps est sauvegardé dans ce qui est corporatif, et l’autorité individuelle évitée. A Antioche, le Saint Esprit parla à une compagnie de représentants qui se trouvaient avoir ensemble une responsabilité spirituelle. Les anciens sont représentatifs, il s’agit de la mesure spirituelle et non ecclésiastique. La pluralité des anciens, dans le Nouveau Testament, signifie que l'église est amenée, en et par ses repré­sentants, sous la complète souveraineté de Christ, par le moyen du Saint Esprit.
                    4 - Il nous faut remarquer ensuite que les apôtres ne partirent jamais en ayant le projet de fonder des églises. C'était là le résultat spontané et inévitable de I'œuvre du Saint Esprit dans chaque lieu. Christ était prêché et accepté, et la relation des croyants suivait spontanément (voyez Actes 2 : 42). Ce qui déter­mine les églises, c'est Christ. Ceci est la solution à beaucoup de problèmes et la réponse à beaucoup de questions qui se posent, tout spécialement dans notre monde occidental, en ces temps particulièrement compliqués. Quel doit être le principe directeur et décisif qui nous pousse a nous rassembler? Ce doit être Christ! C'est sur cette base seule que nous nous réunissons là où le but de Dieu est le plus pleinement en vue, et là où se trouve ce qui contribue le plus à atteindre ce but – la plénitude de Christ – c'est cela qui décidera de la place où nous devons être, et per­sonne ne devrait discuter cela. C'est à cause de notre dévotion et de notre jalousie pour une « chose » une « Mission », une « Dénomination », une « Tradition », une « Communauté », un « Mouvement » etc. que jaillissent Ies rivalités et les mauvais sentiments. Tout ce que l'on entend dire au sujet de « brebis volées », et d'enfants de Dieu divisés, vient en grande partie d'un souci – non pas la croissance spirituelle – mais pour quelque chose ici-bas, sur cette terre. Combien ces choses deviendraient impossibles si chacun prenait cette attitude à l'égard des choses: peu importe ce qui survit ou cesse d'exister, pourvu qu'il y ait spirituellement un accroissement de Christ. Cela entraîne la nécessité, pour tout le peuple de Seigneur, et parti­culièrement pour ceux qui ont des positions « officielles » et des places d'influence, d'être uniquement et absolument consacré a l'accroissement de Christ, Christ n'est pas divisé; c'est donc Christ qui est la base de l'unité, et non les choses mentionnées plus haut.
                   A qui sont les brebis? Sont-elles à vous? Une brebis de Christ peut-elle lui être volée par ceux qui lui sont consacrés ? Si ce sont les brebis de quelqu'un ou de quelque chose, nous sommes dans un autre domaine. Non! Toutes choses de ce genre sont des causes de faiblesse et de petitesse spirituelles, et il est nécessaire d'avoir une altitude nouvelle à l’égard de Christ Lui-même pour arriver à la plénitude.
                    Nous dirons encore, à cet égard et pour le moment, que tout ce qui est donné par le Seigneur doit contribuer à « l'édification du Corps » de façon directe et positive. C'est ce qui en marque l'objet et la direction, et c'est là sa loi caractéristique. L'évangélisation, l'enseignement, les dons personnel, et spirituels, tout doit définitivement avoir ce but d’édification en vue. L'évangéliste et l'évangélisation ne sont pas une fin en soi, ni quelque chose à part. Le Nouveau Testament renverse complètement une idée ou une procédure de ce genre. Toutes ces fonctions sont des fonctions du Corps, et elles doivent être maintenues ensemble pour que le Corps soit bien équilibré; aucune ne doit être accentuée au détriment des autres ni laissée de côté. Un ministère d'enseignement doit marcher de pair avec un ministère d'évangélisation et vice versa. Chacun de ceux qui fonctionnent comme membres du Corps de Christ – et tous les membres devraient fonctionner – devrait avoir en vue, non pas le salut des âme, ou l'instruction des saints, mais par leur moyen et tous les autres, l'accroissement de Christ. Rappelons-nous que l’Église n'est ni grande ni petite, que le succès de notre travail n'est pas mesuré selon le nombre de personne, représentées, mais selon la mesure positive de Christ.
                     Je ne saurais terminer ce traité sans rappeler brièvement une ou deux questions, qui sont fondamentale pour ce ministère.
                     Il y a la question de la Croix. Ce ne sera pas dire quelque chose de nouveau ou d'extraordinaire que de rappeler que la Croix de Christ est profondément liée à la question de la plénitude divine. Mais il est nécessaire d'affirmer continuellement ce fait, et d'en avoir une révélation toujours grandissante. Les Écritures nous montrent très clairement que, jusqu'à la fin, I’Adversaire cherchera de toute sa force et par tous les moyens, à soulever la question de notre acceptation et de notre position en Christ. Il est désigné, à la lin des temps (Apocalypse 12) comme étant « I’accusateur de nos frères », et l’un de ses efforts les plus déterminés a pour but la destruction de notre assurance. Tout ce qui porte en soi l'idée que nous faisons ou que nous devenons quelque chose qui mérite la grâce de Dieu et obtient Son acceptation, porte le sceau du Diable Iui-même. La mort de Christ pour nous, et notre mort avec Lui, est la seule, mais sûre base de notre entière accep­tation. Luther le dit si pleinement lorsqu'il s'écrie : « O Christ, je suis Ton péché, Ta malédiction, Ta colère de Dieu, Ton enfer et au contraire, Tu es ma justice, ma bénédiction, ma vie, ma grâce de Dieu, mon ciel. » II ne faut pas s'étonner que le Diable ait haï Martin Luther, et qu'il I’ait assailli si cruellement.
                     Mais il n'y a pas seulement la valeur fondamentale, initiale et parfaite de la Croix pour notre acceptation entière et incontestable; il y a une signification de la Croix qui est en relation avec la plénitude spirituelle et le fruit spirituel. C'est ce que Paul appelle « être rendu conforme à sa mort » Philip­piens 3 : 10.
                    Ceci, répétons-Ie, doit être gardé à part de notre justification et de notre accès auprès de Dieu. Combien de tragédies, de scandales, de défaites, de faiblesses, de mort, de limitation et d’égoïsme que nous ren­controns chez beaucoup de chrétiens et dans beaucoup d'institutions, de communautés et d'églises chrétiennes, sont dues à la « chair » non crucifiée ou à la vie natu­relle ! A quel point Christ est mis hors de vue par les hommes, les choses et les méthodes qui se mettent en proéminence! II faut, pour qu'Il arrive à la place qui Lui est donnée dans l'intention divine, et à nous avec Lui, que l'œuvre de Ia Croix se fasse continuellement et de plus en plus profondément en nous. Il nous faut réellement être en état de dire: « Je suis crucifié avec Christ ». Oui, mais aussi d'achever Ia déclaration: « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ». Est-ce vrai? « Je ne vis plus moi »? Plus moi ? C'est bien ce que Paul entendait, mais qui peut connaître Ia pro­fondeur de ce « moi » ! Christ seul sait combien entière et profonde est l'œuvre de Sa Croix, et nous ne pouvons que nous abandonner pleinement à Lui, pour que le Saint-Esprit accomplisse en nous toute Sa pensée, en ce qui concerne Ia Croix, afin que la voie soit libre pour Sa plénitude.
                    Ainsi le double aspect et le double message de Ia Croix ont une très grande part dans ce ministère. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui n'aiment pas ce der­nier aspect que nous venons de mentionner, et qui le refusent. Nous dirons seulement que, s'ils représentent plus qu'une moyenne en richesse spirituelle et dans leur connaissance de Christ, et que si ce à quoi ils sont liés est affranchi des résultats ordinaires de la force de la vie naturelle, il y a quelque chose dans leur antago­nisme contre l'aspect subjectif de la Croix à quoi nous devrons nous soumettre. Mais nous avons été là nous-mêmes, et nous connaissons maintenant la diffé­rence.
                    Il nous faut terminer; nous le faisons en touchant à une autre question. Il y a beaucoup d’enfants de Dieu qui pourront accepter une grande partie de ce que nous venons d'écrire, mais qui réagiront en déclarant que c'est « idéaliste », que c'est trop élevé, que ce n'est pas possible, que, les choses étant ce qu'elles sont main­tenant, nous ne pouvons pas espérer un tel retour à la Parole de Dieu. Il n'y a qu'une seule réponse à cette attitude. La Bible a toujours reconnu une position comme celle-là, et elle y a pourvu. Il n'y eut qu'un petit nombre d'hommes qui, du sein de la nation d'Israël captive, retournèrent volontairement pour recons­truire la ville, la muraille, la maison à Jérusalem; et la parole qui les gouvernait et les caractérisait était : « Que celui qui a un cœur bien disposé, que son Dieu soit avec lui ».
                    Il est clair, que dans le livre de l'Apocalypse, la majo­rité avait abandonné Ia pensée entière du Seigneur. L'appel que nous y trouvons s’adresse à ceux qui ont une oreille pour entendre. Nous voyons qu’il sont appelés les « vainqueurs »; et cela est nettement en relation avec les conditions décadentes; c'est une réaction vers la pensée entière et originelle du Seigneur. L'on peut difficilement s'attendre à ce que tous les chrétiens répondent à l'appel et à Ia mesure de Dieu, mais il est clair qu'il, le peuvent, que le Seigneur le veut, et que ce qu' Il veut n'est pas hors de d’atteinte. Ce peut être un chemin coûteux; et le prix en sera surtout amer à cause de l'attitude des autres chrétiens.
                     C'est pourquoi nous réalisons que ce ministère passera au cri­bIe le peuple de Dieu, et que ceux-là seuls qui veulent réellement marcher avec le Seigneur, et qui « tendent à ce qui est parfait », lui feront place. Notre message doit donc toucher les vainqueurs, bien que nous ne les regardions pas comme des élus d'entre les élus, comme une aristocratie spirituelle choisie. Ils auront une place d'honneur spéciale, parce que le Seigneur aura en eux ce à quoi Il a mis Son cœur dès le com­mencement. La différence à la fin sera celle que nous voyons entre Joseph et ses frères.
                      Un ministère comme celui dont nous venons de parler sera le résultat de Son action profonde et sévère à notre égard. Ce n'est pas quelque chose que l'on puisse étudier et obtenir mentalement. Nous ne sor­tirons jamais du tour du potier comme un vase ter­miné; mais, d'une manière ou de l'autre, le Seigneur associera le façonnage et l'usage. Sans aucun doute c'est ce qui devrait être fait.
                      «Le messager du Seigneur dans le message du Seigneur » ; nous avons ici ce principe fondamental, que l’ins­trument n'est jamais en avance sur son histoire spiri­tuelle. Les prophètes eux-mêmes, qui parlaient des choses à venir et de beaucoup de choses dont le sens ne leur était pas entièrement clair, étaient amenés à avoir leur ministère incrusté en eux par l'expérience pratique. Mais l'action sévère de Dieu a toujours en vue l'accroissement et le progrès. Un tel ministère ne peut être ni « entrepris » ni adopté. Nous ne pouvons pas y entrer comme nous entrons dans un travail quelconque, par un entraînement technique ou une de part une préparation intellectuelle. C'est en vérité quelque chose en présence de quoi nous reculons naturellement, comme Moïse, Jérémie et d'autres. Il est utile et inté­ressant, ou bien cela peut nous éclairer, de remarquer que, lorsque, par le moyen de Jérémie, le Seigneur parle à Israël du potier et de la maison du potier, Il prend Lui-même la place du potier; le moulage, la forme, le redressement, l'ajustement, la purifica­tion du vase en vue de Son utilité, se font au moyen des assauts et des châtiments dus à l'activité de l'ennemi. Il y avait un rapport entre Ies mains du Potier et l'opposition d'un souverain étranger faisant le siège de la ville. Ainsi, pour que nous ayons une utilité plus entière, le Seigneur se sert de l' ennemi et de son œuvre, et nous ne sommes jamais libérés de sa pression pour un temps prolongé.
                    Telles sont donc les choses principales auxquelles nous avons été appelés et auxquelles nous nous sommes abandonnées. « Nous voici, nous ne pouvons faire autrement. Que Dieu nous aide ! »
                    Que le Seigneur nous donne à tous un cœur prêt à « suivre l’Agneau où qu’il aille », et à parvenir à Sa plénitude.
Tiré du magazine « A Witness & A Testimony » Janvier 1944. 

source :  http://www.austin-sparks.net/francais/index.html

 

vendredi 20 octobre 2017

Le Sens de la Vie Divine par T. Austin-Sparks

« En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. », Jean 1 :4
« Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous … », Jean 1 :14
« Jésus répondit, En vérité, en vérité, je te dis, Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair; et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit, Il vous faut être nés de nouveau [ou d’en haut]. », Jean 3 :5-7
« afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. », Jean 3 :15
« Jésus répondit et lui dit, Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit, Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive. », Jean 4 :10
« La femme lui dit, Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond; d’où as-tu donc cette eau vive? », Jean 4 :11
« Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle. », Jean 4 :14
« Car comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut », Jean 5 :21
« En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et elle est maintenant, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d’avoir la vie en lui-même. », Jean 5:25-26
« Sondez les écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. », Jean 5 :39-40
« Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde? », Jean 6 :9
« Ils les amassèrent donc et remplirent douze paniers des morceaux qui étaient de reste des cinq pains d’orge, lorsqu’ils eurent mangé. », Jean 6 :13
« Travaillez, non point pour la viande qui périt, mais pour la viande qui demeure jusque dans la vie éternelle, laquelle le fils de l’homme vous donnera; car c’est lui que le Père, Dieu, a scellé. », Jean 6 :27
« Ils lui dirent donc, Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là. Et Jésus leur dit, Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim; et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. », Jean 6 :34-35
« Car c’est ici la volonté de mon Père, que quiconque discerne le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle; et moi, je ressusciterai au dernier jour. », Jean 6 :40
« En vérité, en vérité, je vous dis, Celui qui croit en moi, a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de vie. », Jean 6 :47-48
« Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. », Jean 6 :54
« Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel, non pas comme les pères mangèrent et moururent, celui qui mangera ce pain vivra éternellement. », Jean 6 :57-58
« Et en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et cria, disant, Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. », Jean 7 :37-38
                    Nous nous arrêterons sur le troisième chapitre de Jean, car ce qui nous y est présenté est incontestablement la vie de la nouvelle création, et cette vie, c'est Christ. La préoccupation de Nicodème, c'est évidemment la pensée du Royaume de Dieu. Il n'emploie pas cette expression; il ne mentionne pas le Royaume, du moins dans le récit qui nous a été conservé ; mais le Seigneur Jésus voit tout à fait clairement ce qui intéresse Nicodème, c'est le Royaume de Dieu, comme cela doit être pour tout vrai Israélite. Le Seigneur Jésus, qui lit dans son cœur et connaît sa pensée, aborde donc immédiatement la question de voir le Royaume de Dieu et d'y entrer ; et Il se met aussitôt à montrer à Nicodème qu'aucun homme ne peut entrer dans ce Royaume par la naissance naturelle, fût-il de la race d'Israël, ou même un docteur en Israël.
La Naissance Naturelle ne peut Assurer la Vie Éternelle
                     Cette naissance naturelle, si même elle se produit dans un milieu dont l'unique intérêt soit le Royaume de Dieu, ne nous y fera jamais entrer. Personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu par la naissance naturelle. On peut être né dans une famille chrétienne, et dans le Christianisme en tant que système religieux, ou encore dans ce qui est appelé « l’Église chrétienne », mais personne ne se trouvera dans le Royaume de Dieu par le fait de cette naissance. C’est un tout autre royaume, entièrement différent du royaume de la nature, si même il s'agit d'une nature religieuse; et puisque ce royaume est nouveau et entièrement autre, il demande une vie nouvelle et entièrement autre. C'est un royaume divin; c'est le Royaume de Dieu; et c'est pourquoi il demande une vie divine, une vie qui soit la vie de Dieu.
« Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d’avoir la vie en lui-même. », Jean 5 :26
                     Ainsi dans tout l'univers, seuls le Père et le Fils ont cette vie en eux-mêmes. Il est important que nous sachions cela ; alors même que nous avons reçu la vie éternelle, nous n’avons pas cette vie en nous-mêmes. Nous parlerons de cela un peu plus loin.
« Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils », 1 Jean 5 :11
Et cette vie demeure en Lui et elle n’est jamais séparée de Lui.
« Celui qui a le Fils a la vie. », 1 Jean 5 :12
                     Le fait est que, ce royaume étant divin, il demande une vie divine; et cela signifie, comme le montre si parfaitement et si clairement la Parole, que nous ne pouvons pas vivre selon Dieu, ni conformément aux choses divines, par notre vie naturelle. Nous ne pouvons pas arriver à Dieu par nos ressources naturelles, par les ressources de notre esprit naturel. Nous nous heurterons contre les portes du Royaume des cieux sans pouvoir y parvenir jamais, si nous en tentons l'accès par notre esprit naturel. Nous ne pourrons jamais arriver à Dieu, ni entrer dans Son Royaume, avec notre cœur naturel. Nous pouvons avoir tous les sentiments, tout le désir, toute la passion, tout le zèle possibles; nous pouvons nous exciter à une haute tension dans un effort émotif, sans pouvoir jamais parvenir à rien. Personne ne se trouvera jamais dans le Royaume de Dieu ni par l'intellectualisme, ni par l'émotivité.
                    Cela est vrai aussi en ce qui concerne la volonté naturelle. « Ni de la volonté de la chair », dit la Parole, « mais de Dieu ». Nous ne pouvons pas entrer dans le Royaume de Dieu par notre propre volonté. Nous ne pouvons pas atteindre aux choses de Dieu par la force de notre volonté naturelle, malgré tout notre vouloir, nos déterminations, nos tentatives, nos efforts et nos résolutions. Notre propre volonté ne pourra jamais nous y faire parvenir. Personne n'a jamais été amené dans le Royaume de Dieu par sa propre volonté, c'est à dire, personne n'a jamais été amené par sa volonté à prendre la décision ou à arriver à la détermination d’être dans le Royaume de Dieu, comme s’il était possible de s’y trouver par la force de cette décision ou de cette détermination. Ceci ne peut pas être.
                    Beaucoup de fautes ont été commises sous ce rapport, et des multitudes ont été amenées à une position entièrement fausse, parce que l'effort avait été fait dans cette sphère naturelle, et les âmes avaient été appelées, selon des principes naturels, à exercer leur propre raison, leurs propres sentiments et leur propre volonté, comme si elles pouvaient être régénérées de cette façon. Ainsi donc, avoir de l'intérêt et de l'activité dans le christianisme, c'est une chose; mais c'en est une tout autre que d'être dans le Royaume. Des foules de gens bien intentionnés s'intéressent au christianisme et sont actifs dans le christianisme. Ils ont vu la valeur de la vie chrétienne et celle de l'enseignement chrétien, et ils ont pensé que, si l'on pouvait seulement les observer, le monde serait entièrement différent. C'est ainsi qu'ils sont devenus actifs dans le christianisme, et ils ont cru être dans le Royaume de Dieu. Mais pas du tout! Vous pouvez avoir tout l'intérêt possible dans le christianisme et, cependant, ne pas être dans le Royaume.
                     C'est ici, en effet, ce que, dans des termes différents et plus concis, le Seigneur Jésus dit à Nicodème. Le seul moyen que nous ayons d'entrer dans le Royaume, c'est de recevoir la vie divine en nous, comme un don, par la foi en Jésus Christ; et c'est là la base nouvelle de la nouvelle création, la base sur laquelle tout commence et tout est accompli, la base de la vie divine. Cette vie a en soi toutes les qualités et toutes les ressources de la nouvelle création. Elle constitue notre existence même dans ce qui est appelé le Royaume de Dieu.
Chaque Royaume est Gouverné par sa Propre Vie
                    Il est à peine nécessaire de rappeler à notre pensée que chaque royaume est gouverné par la vie qui lui est propre. Il y a vie dans le règne végétal, et le règne végétal est entièrement gouverné par cette sorte de vie. Cette vie, dans ce règne, peut être excessivement belle; elle est capable de faire des choses vraiment merveilleuses, comme nous le voyons dans tout ce qui nous entoure; nous remarquons la variété, la magnificence, la beauté et la puissance de vie dans le règne végétal. Mais cette vie a ses limites ; elle arrive à une fin. Entre le point où finit la vie du règne végétal et celui où commence la vie du règne animal, il y a une brèche, un vide qui ne peut être comblé.
                    Il y a dans le règne animal une merveilleuse variété, une extraordinaire manifestation de vie. Considérons tout ce que peut produire la vie animale. Mais nous voyons aussi une fin à ce règne, et encore une fois nous arrivons à une brèche qui ne peut être comblée, comme dans le premier cas. Bien que l'homme puisse trouver des amis parmi les animaux et qu'il puisse y avoir entre eux une sorte d'amitié, il n'y aura cependant jamais entre un homme et une bête cette affection intelligente, ni cette communion intime qui unissent l'homme à l'homme. Ils vivent dans deux mondes différents.
                     Dans le royaume de la vie humaine, le pouvoir, la valeur, la variété ont une portée immense. Quelle hauteur peut atteindre une vie humaine! Et cependant elle a ses limites, et elle aussi arrive à une fin. Il y a entre le royaume de la vie naturelle et le royaume de la vie divine une brèche qui ne peut être obturée.
                    Pour que le végétal devienne un animal, il faudrait qu'il devienne une nouvelle création, ayant en elle une vie nouvelle. Pour que l'animal devienne un homme, malgré tout ce que peuvent en dire les évolutionnistes, il faudrait qu'il devienne une nouvelle création, ayant en elle une autre vie. Et pour qu'un homme devienne un enfant de Dieu, un héritier du Royaume des cieux, il faut qu'il devienne une nouvelle création, dont la vie est tout autre et entièrement différente. C'est un autre royaume.
                     L'homme naturel est donc totalement incapable d'être en relation avec les choses de l'Esprit de Dieu; les deux choses appartiennent à deux royaumes différents. La vie divine est essentielle au Royaume de Dieu; c'est le point sur lequel Christ insiste sans cesse dans Son entretien avec Nicodème, tel qu'il nous est raconté dans le troisième chapitre de l'Évangile de Jean.
La Vie Divine doit Diriger toutes Choses
                    Quelle est l’étape suivante ? Le croyant, qui a reçu la vie divine comme un don de Dieu, par la foi en Jésus Christ, a désormais le devoir, la nécessité et la bénédiction de vivre par la foi sur cette base nouvelle. C'est une obligation qui repose sur lui; il ne peut faire autrement. Il est obligé de vivre par la foi sur cette base nouvelle de la vie divine, sinon il perdra tout ce pour quoi la vie lui a été donnée. Elle n'agira pas automatiquement. Elle agira en raison d'une attitude délibérée et définie que le croyant prendra à l'égard de Christ, qui est en lui et en qui demeure cette vie. Il est nécessaire pour le croyant de faire cela, et c'est son privilège et sa bénédiction de vivre par la foi, sur la base de la vie divine.
                    C'est pour le croyant une base de vie entièrement nouvelle, toute différente de la vie naturelle. Cette vie n'est pas en nous-mêmes, bien que nous l'ayons reçue ; elle est en Christ. Elle reste en Christ, mais désormais Christ est en nous par la foi, et par le moyen du Saint Esprit.
« De sorte que Christ habite par la foi dans vos cœurs. », Éphésiens 3 :17
                    Christ en nous possède cette vie, mais Il la garde en Lui-même.
                  Pourrons-nous saisir toute la portée de cette vérité, si nous employons pour l'exprimer une expression à double sens ? Si nous le pouvons, cela nous sera d'un grand secours. Cette vie nouvelle devient subjective en même temps qu'objective. Si nous pouvons saisir cela, nous serons sauvés de l'introspection, qui est une idée fausse de la vérité. L'introspection cherche quelque chose en nous-mêmes; c'est en nous-mêmes qu'elle essaie de découvrir quelque chose. Mais en ce qui concerne la vie divine, bien qu'elle soit en nous, si nous sommes de vrais croyants, elle n'est cependant pas en nous-mêmes, mais en Christ qui est en nous.

                   Vous et moi, ce n'est jamais en nous-mêmes que nous devons chercher les ressources que Dieu a données pour la vie chrétienne, mais en Christ, qui non seulement est dans les cieux et en dehors de nous, mais qui demeure en nous. Il nous faut toujours respecter cette distinction, sinon nous deviendrons ce type morbide de personnes qui cherchent toujours en elles ce qui n'y est pas, et qui sans cesse se rendent compte qu'elles ne trouvent pas en elles ce qu'elles y cherchent. Cela est un état terrible et misérable. Mais savoir que Christ est là comme Celui qui nous suffit, et regarder à Lui qui est en nous, c'est être entièrement libéré de soi, et c'est être délivré en Christ.

                   Nous n'avons pas à produire des choses divines, ni le résultat de choses divines, en nous-mêmes. Nous n’avons pas a nous élever nous-mêmes à ce que nous pensons devoir être, comme si nous pouvions y arriver. Nous n'avons pas à chercher à nous entraîner à la vie chrétienne, aux choses de Dieu dans la vie et le service. Non, et il est fatal de chercher à le faire, comme si nous le pouvions par nous-mêmes. Ce n'est pas un effort d'aucune sorte qui nous est demandé de la part de Dieu.

                    Notons bien ceci et soulignons-le. Ce n'est pas un effort d'aucune sorte qui nous est demandé de la part de Dieu et à l'égard des choses de Dieu, mais une loi positive dans le Seigneur Jésus qui est en nous. Si nous déclarons que c'est là une foi active, cela ne contredira pas la déclaration que nous venons de faire; ce n'est pas un effort. Foi active, cela signifie que nous continuons sur la base qui a déjà été établie, que nous nous y tenons, que nous nous y appuyons, et qu’ainsi nous avançons. C'est là que réside toute la différence qu'il y a entre une foi active qui continue sur une base établie et cet effort qui cherche à faire quelque chose pour pouvoir avancer.
La Vie Divine est pour l’Homme tout Entier
                    Cela dit, nous pouvons faire un pas de plus; et nous verrons que cette vie que nous avons en Christ, qui est en nous, est pour l'homme tout entier – esprit, âme et corps.
La Vie Divine – Pour l'Esprit
                    Elle commence dans l'esprit de l'homme, qu'elle rend vivant pour Dieu, qui est Esprit. Pour être en communion intelligente et consciente avec ce qui est spirituel, il faut que nous soyons spirituels, et que nous soyons vivants dans le royaume qui est spirituel. L'homme, par sa nature, n'est pas vivant pour Dieu; son esprit n'est pas vivant envers Dieu, qui est Esprit. Tout est spirituel dans le Royaume de Dieu, et nous savons que cela ne signifie pas qu'il est irréel, éthéré ou abstrait. Il est souvent beaucoup plus réel que ce qui est matériel et temporel. Cette vie divine commence donc dans l'esprit de l'homme, qu'elle rend vivant pour Dieu et pour tout ce qui est de Dieu, pour le Royaume de Dieu, qui est spirituel.
La Vie Divine – Pour l'Âme
                     Cette vie divine est ensuite pour l'âme. Loin de mettre l'âme de côté et de la faire disparaître comme si elle était une chose défendue, la vie divine vivifie l'âme et lui donne son énergie. L'âme a maintenant été amenée sous le gouvernement de l'Esprit de vie, de l'Esprit de Dieu; elle n'est plus sous la domination de l'esprit du monde, de Satan; et désormais, sous le gouvernement de l’Esprit Saint , l'âme doit recevoir son énergie de l'Esprit de vie.
a) La pensée
                     La pensée est une partie de l'âme, et elle doit ainsi être vivifiée. C'est une part de l'héritage de la vie que d'avoir la pensée vivifiée, illuminée et pleine d'énergie; et une pensée vivifiée et mue par la vie de Dieu dépasse de tout un univers la pensée naturelle, en ce qui concerne la connaissance et l'intelligence. Elle ouvre un monde et un royaume entièrement nouveaux, qu'il est non seulement impossible de faire connaître à l'homme naturel, et il serait déraisonnable d’essayer. Il est inutile de parler des choses de l'Esprit de Dieu à l'homme naturel.
                    C'est en cela que consiste la folie de la prédication, quant à ce qui nous concerne. C'est à la fois une chose sans espoir que de parler à l'homme naturel des choses de l'Esprit de Dieu, et cependant non sans espoir; il faut pour le faire un abandon complet à l'Esprit de Dieu qui, seul, peut les révéler au cœur avec effet, avec puissance. C'est une bénédiction pour nous que d'avoir une intelligence vivifiée et illuminée divinement: nous sommes dans un monde nouveau. Combien cela est important pour l'enfant de Dieu! Le désir du Seigneur pour les Siens et ce dont le Seigneur a besoin en eux, c'est qu'ils aient une intelligence spirituelle et une pensée vivifiée, avertie et illuminée à Son égard, à l'égard de Ses voies, de Ses choses.
                    Si l'on reconnaissait cela, il y aurait moins de tragédies de déception, de désillusion, d'erreur et d'égarement, qui sont la conséquence de nos jugements selon la pensée naturelle, et de nos conclusions au sujet de certaines choses, que nous estimons tout à fait bonnes et justes parce qu'elles semblent l'être. Le langage de certaines personnes peut paraître absolument pur et sain, leurs arguments parfaitement justes, leurs voies véritables ; tout semble entièrement bon à la pensée naturelle, car elle n'a pas le pouvoir de discerner ce qui est au delà, derrière et au dedans. Puis les personnes en question sont entraînées dans l'erreur, il y a des déceptions parce que les choses de Dieu sont si subtilement contrefaites; et l'ennemi sait bien cela; s'il peut présenter une contrefaçon, une imitation très adroites, il y a beaucoup de chrétiens qui seront pris au piège, parce qu'ils manquent d'intelligence spirituelle. Il réussit donc à faire de grandes choses parce qu'il compte sur cela même, parce qu'il connaît l'état des choses tel qu'il est : ce manque d'intelligence spirituelle dans le peuple de Dieu. Cette vie divine est pour l'intelligence, qui est obscurcie dans la pensée naturelle, nous dit la Parole de Dieu, mais qui, dans le Royaume de Dieu, est délivrée du pouvoir des ténèbres, transférée et ensuite vivifiée. Cette vie divine est ainsi pour la pensée.
b) Le cœur
                    Cette vie est ensuite pour le cœur, une vie qui anime et maintient le désir, qui gouverne les affections, qui se sert justement des émotions. L'émotion n'est pas coupable en elle-même, mais si nous pensons que l'émotion naturelle soit de quelque valeur dans les choses divines, c'est là que nous nous trompons. C'est une émotion juste, une affection et un sentiment gouvernés par l'Esprit et animés par la vie divine, qui sont des traits de cette humanité qui reste la pensée de Dieu. L'humanité est une pensée divine.
                    L'humanité est une pensée éternelle. Nous ne sommes point appelés à être des esprits dépouillés de leurs corps et flottant dans les airs durant toute l'éternité; nous serons des êtres humains, mais selon la pensée de Dieu. Cette humanité est dans les cieux maintenant, dans la personne du Fils de l'Homme, qui se révéla à Jean, à Patmos. Jean dit: « Et je me retournai pour voir » ; et Celui qui lui apparut est nommé « le Fils de l'Homme ». Il y a maintenant dans les cieux une humanité selon la pensée originale de Dieu, et c'est à elle que, vous et moi, nous devons être rendus conformes. Toutes les émotions et les affections saintes, pures et bonnes, du Fils de l'Homme, doivent être trouvées en nous. C'est cette vie divine qui les produit, et qui les sauve du domaine dans lequel elles sont tombées, et qui est à la fois faux et vain.
c) La volonté
                      La volonté est une autre partie de l'âme, et elle entre dans ce même royaume de l'activité divine. La volonté doit être mue par la vie divine. Nous pouvons d'un côté être par nous-mêmes sans aucune volonté; nous souffrons peut-être de cela à cause des faiblesses et des impotences de notre vie physique, ou bien notre volonté a, pour quelque autre raison, perdu sa force, et nous n'y pouvons rien. Mais la vie divine donne de l'énergie à la volonté, et Dieu nous amène par elle à vouloir et à agir selon Son bon plaisir. Rappelons nous d'un autre côté que cette volonté doit être mue par la vie divine pour accomplir les desseins de Dieu. Il n'est pas plus question de la volonté de la chair pour l'accomplissement de l'œuvre de Dieu qu'il ne l'est pour la nouvelle naissance: « lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair ». Ce qui n'a pas de place dans la naissance ne peut en avoir dans ce qui la suit. Ainsi nous ne pouvons pas produire de fruits divins, ni accomplir le plan divin, ni faire l'œuvre divine dans la volonté naturelle, si forte soit-elle. La force naturelle doit se soumettre à la maîtrise de l'Esprit de Dieu.
La Vie Divine – Pour le Corps
                    Cette vie divine est ensuite pour le corps. Nous savons que c'est dans cette direction et dans ce domaine que beaucoup de fautes ont été commises, et que beaucoup de confusion et de contradictions ont été créées parmi le peuple de Dieu. Lorsque l'on prend une position que l'on déclare fondée et doctrinale, et qu'il y a contradiction dans l'histoire et l'expérience, l'on engage l'honneur du Seigneur ; et l'on soulève beaucoup de choses contre le Seigneur en prenant une fausse position.

                    Lorsque nous parlons de vie divine pour le corps, nous n'affirmons pas que cela signifie nécessairement que toutes nos infirmités et nos faiblesses physiques soient mises de côté, ni que l'élément mortel qui est dans notre corps soit détruit. Cela ne signifie rien de pareil, et cela ne devrait pas avoir besoin d'être dit. Car s'il en était ainsi – et quelques personnes ont pris cette position extrême avec des conséquences désastreuses pour leur doctrine et pour la foi des autres, et pour l'honneur du Seigneur – nous serions déjà dans nos corps de résurrection; il serait vrai pour nous, dès maintenant, que ce corps mortel a revêtu l'immortalité. Qui serait prêt à affirmer cela ? La vie divine ne détruit pas l'infirmité, ni la faiblesse, ni la mortalité de ce corps, mais elle est sa force contre tout cela. Paul en est un exemple très clair. L'infirmité l'accompagnait sans cesse. Dans les dernières années de sa vie, il fut très près de la mort à cause d'une maladie. La faiblesse lui tenait constamment compagnie. Il évoque souvent, dans ses lettres, ce principe de « ce corps de mort », et malgré cela, il poursuit cependant sa course, jusqu'à ce qu'il répande sa vie comme une libation devant le Seigneur et la donne pour Son Nom. Il dit: « le temps de mon départ est arrivé ». Il ne dit pas: « L'heure est venue où je devrai me livrer à la mort qui agit dans mon corps mortel, où je devrai admettre que je suis vaincu par la maladie et l'infirmité ». Il continua jusqu'au bout alors que, à tous les points de vue naturels, la mort aurait dû le réclamer depuis longtemps.
                    Cela est un témoignage à cette grande vérité: tandis qu'il peut y avoir infirmité et mortalité, faiblesse et même maladie, la vie divine peut sans cesse être l'énergie contre toutes ces choses, jusqu'à ce que l'œuvre de Dieu soit accomplie. Une telle fin n'est pas celle de la défaite; c'est un ministère achevé, du moins en ce qui concerne cette vie présente.
                    L'homme tout entier devient ainsi un témoignage spirituel à Christ dans Sa vie de résurrection; et c'est pour cela que nous sommes ici-bas. Cela nous ramène à ce que nous disions plus haut. C'est l'obligation et la nécessité, aussi bien que le privilège du croyant, de vivre par la foi sur cette base de la vie divine. Elle n'agit pas instinctivement, et nous rappelons ce qui est écrit :
« – Et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu.», Galates 2 :20
                    Il s'agit de vivre de Lui par la foi, de prendre Sa vie par la foi, pour l'esprit, l'âme et le corps, selon la volonté de Dieu.
Prisonniers du Seigneur
                   Mais tout cela doit être gouverné par une autre chose, dont nous avons besoin de nous rappeler et qui, en un sens, qualifie ce que nous avons dit. Lorsque nous vivons, vous et moi, sur la base de la vie divine, et que nous cherchons à exercer notre foi pour que cette vie divine agisse en nous, pour l'esprit, l'âme et le corps, nous devons être entièrement prisonniers du Seigneur; nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons. Si nous commençons, vous et moi, à nous exercer et à nous intéresser à certaines choses sans la permission de Dieu, Sa vie ne pourra pas agir en nous et elle n'agira pas; ce sera la mort. Si, tout en demandant la vie divine pour notre corps, nous nous mettons à user nos forces physiques en dehors de la volonté de Dieu, la vie divine ne nous soutiendra pas; elle ne nous supportera pas. Notre corps doit se maintenir dans les limites de la permission divine; si nous les dépassons, nous verrons que le Seigneur ne nous suit pas, dans Sa vie divine; nous éprouverons alors une réaction; quelque chose ira mal, soit physiquement, soit nerveusement.
                    Il en est de même dans tous les autres domaines. La vie divine agit dans la sphère des intérêts et des desseins divins ; elle garde toujours la direction des buts de Dieu, et nous aurons la vie tant que nous resterons dans cette direction. Nous avons la vie tant que nous demeurons en Christ; mais si, dans nos intérêts, nos pensées, nos occupations, nous nous éloignons de ce que veut Christ, nous ne pourrons plus ni compter sur la vie divine, ni la recevoir. Souvenons-nous de cela, de peur de nous écarter et de présumer de cette vie en disant: « Je puis compter maintenant sur la vie du Seigneur! » Elle n'opère que dans les limites de la volonté divine.

                    Cela ne signifie pas nécessairement que nous devions nous priver d'un nombre infini de choses. Le Seigneur peut bénir pour notre joie beaucoup de choses qui ne sont pas en contradiction avec Sa pensée; mais c'est lorsque les choses entrent en conflit avec Ses intérêts, si , nous en restons occupés, que nous perdons l'énergie de Sa vie. Notre attitude doit donc sans cesse chercher la direction de la volonté du Seigneur et être prête à l'obéissance. Est-ce que le Seigneur veut ceci ? Est-ce que ceci est dans la volonté du Seigneur pour aujourd'hui, ou bien les intérêts du Seigneur demandent-ils de le laisser de côté ? Est-ce que cela agirait contre quelque intérêt du Seigneur ? C'est tout le temps une question de vie ou de mort.

                    A Nicodème qui est incapable d'entrer dans le Royaume de Dieu, le Seigneur dit :
« Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses? En vérité, en vérité, je te dis, Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes?», Jean 3 : 10-12
                    Le Seigneur parlait de Ses illustrations, « Le vent souffle où il veut », de la nécessité de « naître de nouveau ». Nicodème était comme dans un brouillard. Il ne comprenait pas le Seigneur, même lorsqu'Il se servait de paraboles. Il dit en fait: « Je ne comprends pas de quoi Tu parles ». Et le Seigneur lui répond : « Oh! Nicodème, si je suis descendu à ce niveau pour te présenter ces choses et que tu ne puisses les comprendre, qu'en sera-t-il si j'essaie de te révéler et de te présenter telles qu'elles sont les réalités célestes, intrinsèques ? » Il est impossible pour l'homme naturel d'arriver aux choses de Dieu, les plus simples même, et c'est pourquoi il est nécessaire, pour un Nicodème lui-même, d'avoir une autre vie.
                    C'est ainsi que le Seigneur Jésus ramène constamment les choses à Lui-même, et qu'Il montre à Nicodème que la vie est , liée au Fils de l'Homme, liée au Fils de Dieu.
« Dieu a tant aimé... qu'il a donné son Fils Unique. », Jean 3 :16
                    Lorsque nous lisons le troisième chapitre de Jean, et que nous observons les références personnelles que nous y avons de Christ, nous voyons que ce que le Seigneur dit en réalité à Nicodème est ceci: « Nicodème, c'est du Fils de Dieu que tu as besoin pour entrer dans le Royaume de Dieu !
« Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. »,  1
  Jean 5 :12
                    Maintenant, Nicodème, tu es un représentant en Israël, et tu vois qu'lsraël rejette le Fils et est, par conséquent, dans la mort. Israël ne pourra jamais entrer dans le Royaume de Dieu avant d'être né de nouveau. C'est là ce que tu dois faire, Nicodème, toi qui es le représentant d'Israël. Si tu acceptes le Fils de Dieu, tu vivras, et c'est ainsi que tu entreras dans le Royaume ».
                    Tout est donc ramené à la Personne; non pas à une chose, mais à une Personne; la vie éternelle est en Jésus Christ notre Seigneur.

source : http://www.austin-sparks.net/francais/index.html



mardi 17 octobre 2017

Quelques principes de la Maison de Dieu par T. Austin-Sparks

Lecture: Psaume 132.
« Et Salomon commença de bâtir le temple de l'Éternel à Jérusalem, sur la montagne de Morija, ou l'Éternel était apparu à David, son père, au lieu même que David avait préparé dans l'aire d'Ornan, le Jébusien. » (2 Chroniques 3:1)
                   Il nous faudrait lire ici beaucoup de passage des Écritures, mais nous ne pourrons que les toucher, à mesure que nous avancerons dans notre méditation, à cause de notre espace limité.
                    Il n'est pas nécessaire de rappeler parmi nous, je pense, que le centre de la présence de Dieu parmi les hommes, c'est-à-dire la Maison de Dieu, est une question de première importance. Nous avons dit: le centre de la présence de Dieu, car la Maison de Dieu embrasse tout, et est en relation avec tout ce qui est l’attention et l'intérêt du Seigneur. La Maison de Dieu est au sein des intérêts et des attentions plus larges du Seigneur. Pour finir, elle aura à servir de vastes étendues, auxquelles Dieu se manifestera par elle. Elle est le centre de Sa présence.
                    Par la considération de sa grande représentation, que nous avons ici dans l'An­cien Testament, le temple, nous pou­vons apprendre quelque chose des prin­cipes qui constituent la fondation et la base de cette demeure centrale de Dieu.
Le Triomphe de la Foi et de l'Obéissance
                    Le passage que nous avons cité est une clef à beaucoup de choses, histori­quement et spirituellement. Nous com­mençons par rappeler à nouveau que le principe de la Maison de Dieu, de la demeure du Seigneur, c'est le triomphe de la foi et de l'obéissance, alors que tout semble être réduit en poussière. Tous les espoirs et toutes les espérances d'Abraham, et les promesses de Dieu, et l'alliance que Dieu avait faite avec lui, tout était concentré en Isaac. En dehors et à part d'Isaac, Abraham n'avait rien. Et c'est alors que Dieu lui dit: « Prends ton fils... Isaac... et... offre-le en holo­causte » (Genèse 22:2). Puis, selon les paroles de Job: « Mets l'or avec la poussière » (Job 22:24). Et l'auteur de l'épître aux Hébreux souligne aussi ce fait, que celui en qui étaient concen­trées toute l'alliance et toutes les pro­messes, fut offert par Abraham:
« Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique, à l’égard du­quel il avait été dit: « En Isaac te seras appelée une semence.» (Hébreux 11:17-18).
                    Considéré d'un seul côté, Abraham rompt les artères même de la vie; il se sépare d'avec toute espérance, toute perspective, toute possibilité: tout, de ce point de vue là, fut mis en cendres. Sans l'intervention de Dieu, Isaac eût été bien vite réduit en cendres. En fait, il le fut. En ce qui concerne l'atti­tude de cœur et l'obéissance d' Abraham, Isaac était déjà en cendres. Le bois était là, prêt à être allumé; l'autel et le cou­teau étaient prêts. Mais la foi triompha par l'obéissance et cette montagne mê­me de Morija devint par la suite le site du temple, la maison de Dieu. La Maison de Dieu est édifiée sur des choses de cette nature.
                    Tout cela symbolise le Calvaire. A un point de vue purement terrestre, le Cal­vaire était la fin de tout espoir; c'était des cendres, c'était une fin. Nous savons ce que représenta le Calvaire pour ceux qui entouraient cette Croix; elle leur semblait être la fin de tout. Mais de la part de l’unique figure centrale de ce grand drame universel, c'était l'obéissance de la foi jusqu'à la mort, oui, la mort de la croix et la Maison de Dieu a été et est édifiée sur cette mort. C'est un principe. C'est la grande réalité, la grande doc­trine de Christ. Or, il y a en cela une application pratique, c'est-à-dire que la Maison de Dieu ne peut être basée, et fondée, et édifiée, que dans la mesure où ce principe se perpétue.
L'Abandon de sa Propre Vie
                    Un principe en relation à cela, est le don continuel de l’Église de sa propre âme, l'abandon de sa propre vie dans l'obéissance et dans la foi, lorsque tout est sombre, lorsque tout semble être sans espoir. Il nous est demandé une marche d'obéis­sance, où nous sommes appelés à faire ce qui nous paraît sans perspective, sans espoir, et ce qui signifie, par consé­quent, l'abandon de nos propres vies, de nos âmes. C'est là le chemin de l'édifi­cation. Il en a toujours été ainsi. Lors­que des jeunes gens et des jeunes fem­mes ont abandonné toutes les perspectives de ce monde, et mis leur or dans la poussière, pour partir sur l'ordre du Seigneur, ils ont réduit tout en cendres, en ce qui concerne les espoirs et les perspectives de ce monde. C'est de cette manière que l'Église a été édi­fiée. Et si même cela ne nous est pas demandé dans les grands actes de la vocation d'une vie, c'est cependant une chose quotidienne, un abandon de nos propres intérêts dans l'obéissance au Seigneur, dans la foi au Seigneur. C'est ainsi que l'édification se continue. Nous pourrions illustrer ce principe jusque dans des détails, et rappeler combien souvent la Maison du Seigneur est entravée et arrêtée dans son progrès par quelque chose que nous Lui avons refusé, alors que le Seigneur avait mis Son doigt sur cette chose en nous disant: « Je désire cela ». Cependant, c'est là le principe général, le triom­phe de la foi par l'obéissance, alors que tout est mis dans la poussière.
                    Abraham crut à Dieu, et ce grand triomphe pourvu à Dieu le site de Son temple, le grand modèle et le symbole de cette Maison spirituelle, qui est centrale quand à l'accomplissement de tous Ses desseins. C'est dans cette sorte de maison que Dieu demeure. Mais cette place centrale doit passer par les pro­fondeurs. Ce qui est le cœur même de la présence de Dieu, ce à quoi Il se con­fie, doit connaître plus que tout autre chose le dépouillement. Cela signifie une œuvre profonde, où la foi est ame­née à la perfection par une épreuve très réelle.
Communion avec Dieu dans Son Amour de Sacrifice
                    Il y a, à côté de cela, ce facteur d'une communion parfaite avec Dieu, dans Son amour de sacrifice. Nous avons bien souvent souligné ce point, lorsque nous avons parlé du grand pas que fit Abraham dans le cœur de Celui qui n'épargna point Son Fils, Son Bien­-Aimé, mais qui L'a donné pour nous tous. Ce fut en vérité, de la part d' Abraham, un mouvement qui le fit entrer en communion avec la nature de sacrifice, le don fait à tout prix, de l'amour de Dieu. C'est le seul chemin par lequel puisse être établie la Maison de Dieu. Il doit y avoir, à sa base, ce don apporté à tout prix, ce don de l'amour. Il est tout à fait évident qu' Abraham aimait Dieu plus qu'il n'ai­mait Isaac, si cher et si précieux qu'ait été Isaac pour lui. Abraham vit qu'il était beaucoup plus important d'obéir que de garder ce trésor si immense, et cela, c'est l'amour. C'est ce que la Bible nomme la crainte de l'Éternel. Cet élé­ment de crainte dans l'amour, je suis sûr que nous savons ce que cela signi­fie. Si quelqu'un a une grande valeur pour nous, quelqu'un dont nous esti­mons énormément l'amour, nous serons toujours très sensibles à l'égard de cette personne, et veillerons à ne lui causer aucun désappointement. Telle est la na­ture de la crainte de l'Éternel. Abraham craignait Dieu. La Maison de Dieu est édifiée sur cette sorte de crainte. C'est quelque chose de très pratique, et de signification quotidienne, l'amour de Dieu dans nos cœurs, nous amenant au sacrifice de nous-mêmes, au don de nous-mêmes, à n'importe quel prix.
La Gloire de l'Homme Abaissée
                    Nous passons maintenant d'Abraham à David; cette aire d'Ornan, le site du temple, représentait et signifiait la des­truction de l'œuvre de Satan qui glorifie l'homme, et le profond abaissement de l'homme lui-même. Nous nous souve­nons que Satan avait incité David à faire le dénombrement du peuple d'ls­raël – une chose qu'un homme charnel comme Joab, pouvait discerner, puisqu'il dit:
« Que l'Éternel ajoute à son peuple cent fois autant qu’il y en a! O roi, mon Seigneur, ne sont-ils pas tous serviteurs de mon Seigneur? Pourquoi mon Seigneur cherche-t-il cela? Pour­quoi la coulpe en viendrait-elle sur Israël? » (1 Chroniques 21: 3).
                    « L'Éternel a fait beaucoup de choses; et Il en fera da­vantage encore, mais ne commence pas à compter les têtes, à prendre note de l'immensité de tes ressources, et à te glorifier de la grandeur de ton royau­me. » Joab était un homme charnel, mais il semble que, quelquefois, les hommes charnels voient mieux que les chrétiens ce qui touche aux principes. Cependant, David repoussa la sagesse divine et la bonne sagesse humaine, et il exigea le dénombrement d'Israël. Nous en connaissons les conséquences. Tout cela avait été provoqué par Satan qui avait incité David à faire une chose qui soit à la gloire de l'homme et qui ma­nifeste ses propres ressources et ses accomplissements. Alors l'Éternel se leva pour dé­truire et anéantir cette œuvre de Satan, dont le but était de glorifier l'homme, et l’homme fut profondément abaissé.
                    David est une triste figure lorsqu'il s’approche de l'aire d'Ornan. Oh! cet homme est maintenant humilié jusque dans la poussière! C'est l'expérience nécessaire avant qu'une maison de Dieu ne puisse être édifiée. L 'œuvre de Satan de mettre l'homme en avant, doit être entièrement anéantie. La gloire de l'homme, et le désir de l'homme d'avoir de la gloire pour lui-même, doivent être abaissés. C'est une maison qui doit être édifiée pour le Nom de l'Éternel, et pour aucun autre nom, ni dans les cieux, ni sur la terre, ni en enfer. :« Je ne donnerai pas ma gloire à un au­tre », dit l'Éternel (Isaïe 42:8). Le Sei­gneur veille toujours à cela. Oh! l'hor­rible manifestation de la chair humaine dans les choses divines! Oh! les réputations que l'on cherche pour soi dans le royau­me qui appartient à Dieu! Oh! le délice que l'on éprouve à se faire une place dans l'Église! Oh! combien cette chair est active pour son propre plaisir et pour sa gratification personnelle! Le Seigneur insiste sans cesse contre tout cela; Il porte des coups durs pour assurer à Sa Maison la bonne fondation, là où rien n’est de nous-mêmes. Nous finissons par le comprendre.
                    « Éternel, souviens-toi de David, et de toutes ses humiliations » (Psaume 132:1); Ce dernier mot est plus correct que celui que donnent nos traductions. « peines » , ou « afflictions » , ou encore « pénibles labeurs », tels sont les ter­mes du texte de nos versions, mais ces mots ne rendent pas le vrai sens de l'original, à moins que l'on n'y ajoute un complément, comme, par exemple, « les afflictions par lesquelles il s'est lui-même affligé ». Il dit, « Combien je me suis affligé! Je ne donnais pas de sommeil à mes yeux, je ne voulais pas monter sur le lit où je me repose, je ne voulais pas jouir de ma propre maison; je m'humiliais, je me privais, afin de trouver une demeure pour l'Éternel ». Et le Seigneur a besoin de cette humilia­tion. Il amène l'homme à ce brisement, afin que Sa Maison soit proprement fondée.
                    Cela explique Son action à notre égard. Il ne nous permettra pas d’être quoi que ce soit. Si nous devons réelle­ment être la demeure de Dieu, nous ne pouvons être rien en nous-mêmes. Ne cherchons pas la réputation; n'essayons pas d’impressionner; ne retenons pas notre propre dignité; ne faisons, en aucune manière, aucune de ces choses qui nous donneraient une prééminence et de la valeur aux yeux des autres. Le Seigneur ne saurait accepter cela. Dé­barrassons-nous donc de toute ambition, et reconnais­sons ce que nous sommes aux yeux de Dieu. Il nous amènera à cela; car, si nous essayons de faire impression sur les hommes, afin qu'ils nous jugent meilleurs que nous ne le sommes, et que nous en tirions avantage pour nous­-mêmes, nous contredisons le principe de la Maison de Dieu. Toute importance personnelle doit disparaître, ainsi que tout désir d'être estimé. Toutes ces choses doivent être éliminées. La Maison de Dieu n'est pas fondée sur ce que nous sommes. Dieu ne l’acceptera pas. L'hom­me est abaissé; tout ce qui est autre n'est que l'œuvre du diable. Cela vient de celui dans le cœur duquel l'orgueil était logé.
La Miséricorde et le Jugement se Rencontrent
                    Laissez-moi vous rappeler ensuite que l'aire d'Ornan, le site du temple, fut le lieu où se rencontrèrent le jugement et la miséricorde. Nous chantons:« Avec la miséricorde et de jugement, Il a tissé la toile de mon temps. » Il doit y avoir le jugement. Il en fut ainsi pour David. Mais le jugement n'est que l'un des aspects. En ce jour, le jugement et la miséricorde se rencontrèrent et s'embrassèrent sur cette aire, et l’issue en fut le temple. Le jugement doit commencer à la Maison de Dieu, mais, que Dieu soit loué, ce n'est pas le jugement pour une destruction totale. Car la miséricorde se mêle au jugement, et la fin sera le triomphe de la miséricorde sur le jugement. C'est le Calvaire, c'est la Maison de Dieu. Nous trouverons qu'il en est toujours ainsi. Il y aura le jugement; il doit en être ainsi; nous le savons très bien. Le Seigneur ne laisse pas passer les choses qui sont contraires aux principes de Sa Maison. Si seule­ment nous le reconnaissions, comme Paul a essayé de le faire comprendre aux Corinthiens, il y en a beaucoup qui souffrent aujourd'hui, de nombreu­ses manières, parce qu'ils n'observent pas les principes de la Maison de Dieu: « C'est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment. » (1 Corinthiens 11:30). Il y a ce côté-là; il se continue. Mais Dieu ne permet cela que pour faire preuve de miséricorde. C'est la miséricorde qui triomphe. Et c'est ainsi qu'Il fonde, et qu'Il édifie Sa Maison.
Dieu n'est pas le Débiteur de l'Homme
                    La Maison de Dieu ne saurait repré­senter une dette de Dieu envers l'hom­me. Combien David insiste sur ce point, combien il a désormais à cœur les prin­cipes divins! Les fournaises qui nous épurent, nous éveillent aux principes. Il en avait été de même pour David à une occasion précédente. Nous nous souvenons com­ment l'arche avait été posée sur un char. David avait alors oublié les Écritures. Il eut à traverser un temps de souffrance, jusqu'à ce que, enfin, il en arrivât à comprendre le principe divin dans la parole de Dieu, et à remettre les choses en ordre (1 Chroniques 13 et 15).
                    Maintenant, David est de nouveau éveillé aux principes. Lorsque Ornan veut faire don de son aire à David, celui-ci répond: « Non, je te la paierai intégralement. Personne ne pourra ja­mais dire que la Maison de Dieu repré­sente une dette de Dieu envers l'homme; personne ne pourra jamais dire plus tard: « Oui, j'ai donné cela à Dieu; le site de ce temple est un don que j'ai fait ». Non, Ornan est payé de toute la valeur de l'aire. L'homme en tant que créditeur n’a aucune place dans la Maison de Dieu; il n’y a point de dette envers l'homme; il est totalement racheté. Ce principe doit être appliqué.
Dans l'Aire, le Blé est Battu
                     C'était une aire, le lieu ou tout est purifié devant l'Éternel. Il n'y a plus de balle ici; rien qui ne soit réel, pur, vrai, solide; rien qui ne puisse contribuer à l'édification. Tout doit être du bon grain. Dieu cherche toujours à arriver à cela. La Maison de Dieu est une aire. Toute notre balle, notre vanité, notre vacuité, tout cela doit disparaître, tout ce qui n'a pas de valeur réelle. Dieu désire ce qui édifiera Sa Maison ou, pour changer de métaphore, le Corps. Il recherche le bon grain. La balle doit disparaître. Dans notre relation même avec le Seigneur parmi Son peuple, ceux qui composent Sa Maison, vous Le voyons vanner, cribler, se débarrasser de notre vanité, de notre fausseté, de notre balle. Mais tout en le faisant Il obtient de la réalité, Il obtient ce qui est solide, à ce qui demeura; à ce qui nourrira. C’est là la base de Son édification.
                     Tout ce que nous venons de dire devrait s’accomplir de façon très pratique. Les figures employées ne sont que des images et des symboles, mais les réalités appartiennent à l’Esprit Saint; et Il insistera sans cesse pour que ces choses s’accomplissent parmi le peuple de Dieu. Veillons à ce que, lorsqu’Il agit parmi nous, Il ait notre pleine coopération.