mardi 8 novembre 2016

(1) SIMPLES ENTRETIENS SUR LE TENTATEUR (S. D. GORDON)

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Ce livre est aussi disponible gratuitement au format Bible Online sur: http://456-bible.123-bible.com/

Traduit de l'anglais par Mlle Jeanne EBERHARD
NOUVELLE SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS DE TOULOUSE — DIEULEFIT Drôme


TABLE DES MATIERES
·              Préface                 
·              Introduction              
·              I. La tentation           
·              II. Le tentateur                  
·              III. Son combat actuel                   
·              IV. Tentations-types            
·              V. Le secret de la victoire   

PRÉFACE

                    Les bons livres sur Satan sont rares. La littérature religieuse de toute langue en est relativement pauvre. En français, à part certains volumes d'une théologie spéciale, nous serions bien en peine de nommer des oeuvres de pensée sûre et d'expression juste. Nous connaissons les « Discours sur le Tentateur » d'Adolphe Monod, quelques études de G. Tophel, et, ci et là, dans certains ouvrages sur la Puissance de Dieu et le Problème du Mal, des pages plus ou moins complètes pour un si vaste sujet.

                   Nous n'avons certes pas la prétention d'offrir au public religieux un recueil  d'Entretiens  qui épuiseraient la question. Nous avouons volontiers que S. Gordon est loin d'avoir, en la matière, les aperçus théologiques d'un saint Thomas d'Aquin. Le Docteur Angélique, en effet, a apporté aux questions que l'on se pose et se posera toujours : D'où vient Satan ? Qui donc l'a fait tomber ? Pourquoi Satan ? des réponses admirables par leur profondeur de pensée, sur lesquelles nous ne pouvons pas revenir ici. Sur les données de ces réponses, on le sait, toute une doctrine de la destinée humaine et chrétienne a été construite.

                     S. Gordon, prédicateur biblique et peu théologien, sans manquer de grandeur, s'il avait lu la Somme, aurait certainement plus d'envergure.

                    Adolphe Monod lui-même, dans ses discours, pose des problèmes essentiels qui échappent à notre auteur. Il est vrai que ce grand prédicateur ne leur donne aucune solution. Du moins, il les résout par la foi. Gordon, qui s'en tient à l'enseignement de la Bible et l'accepte tel qu'il est, aboutit au même résultat.

                    Et c'est là tout le charme profond de ce livre, déjà ressenti dans les autres oeuvres de S. Gordon qui ont été traduites : « Simples Entretiens sur la Puissance Spirituelle » et « Simples Entretiens sur la Prière ». Notre auteur est foncièrement biblique. A tout ce qu'il avance, il ajoute un texte. Non un texte détaché de l'ensemble scripturaire, mais apporté avec tout le respect dû aux principes de l'analogie de la foi.

                    De ce fait, ces Entretiens, sur un sujet si délicat, observent une mesure, une sagesse, une pondération, un équilibre parfait. D'autres livres sur le Tentateur insistaient tant sur la puissance de notre Ennemi et sur sa force que le lecteur les refermait avec effroi. Nous connaissons même des cas de troubles mentaux causés par une telle lecture. Au contraire, ici, tout est tonique et bienfaisant. Satan, sans doute, est montré comme « celui qui est fort », mais le Fils de Dieu est démontré le « plus fort ». A insister sur la victoire de Jésus, comme notre auteur le fait ; à expliquer comment et pourquoi le Maître l'a remportée pour nous ; à prouver que cette victoire est toujours à notre disposition, Gordon détourne de Satan les regards du lecteur et les reporte sur le Vainqueur. Tel est le secret de la valeur et de la beauté de ces Entretiens. L'Ennemi perd sa place dans nos préoccupations ; il n'est plus le premier. « Celui qui résume toute chose » devient le centre même de ces études.

                     Et cependant, le Tentateur, son histoire, son rôle, son sens, ses méthodes, ses ruses, sa force, ses limites, sa défaite, sont admirablement décrits. Que de conseils précieux nous sont donnés avec une incomparable perspicacité

                     Or, à l'heure que nous vivons, nous avons particulièrement besoin de ces conseils.

                   Un peu partout, nous entendons parler de chutes retentissantes de chrétiens marquants. D'autant plus retentissantes que ces chrétiens étaient marquants. Église en est honteuse et perplexe. Elle se prend parfois à douter. Elle se demande si Évangile détient vraiment cette puissance qu'il prétend posséder, ou du moins, si la force reçue par les enfants de Dieu n'est pas un leurre. Elle connaît des heures de défaite.

                     Nous croyons, nous, qu'à cet état de chose, deux causes profondes sont à affirmer. Notre piété moderne est trop sentimentale, charnelle, et pas assez spirituelle. Et puis, elle ignore trop, précisément, le Tentateur. Elle se croit forte de l'ignorer. Elle voit là une marque de sagesse et de libération de préjugés passés. Politique d'autruche qui cache sa tête dans le sable pour ne plus voir son ennemi devant elle. Or, l'Ennemi le sait et en profite. Que de frères en la foi, s'ils avaient été mieux avertis, ne seraient pas tombés. Mieux armés, ils eussent été vainqueurs. Ignorants du vrai sens de la tentation et de ses pièges, ils ont été vaincus.
                    Ces « Entretiens » viennent à leur heure, croyons-nous. Ils n'ont rien d'effroyable. Toujours calmes, empreints de paix et de sérénité vraies, puisées en Jésus, le Vainqueur, ils n'inquiètent personne. Au contraire, ils peuvent être mis entre les mains de chrétiens jeunes en la foi, débutants ou hésitants sur le chemin du « bon combat ».

                    // nous faut remercier la traductrice de l'effort qu'elle a fait pour rendre simple son expression et claire sa traduction. Celle-ci n'a rien de théologique. Le livre anglais a été, aussi, abrégé, car certaines répétitions sont moins utiles au lecteur qu'à l'auditeur d'un message.

                    Nous avons nous-mêmes revu les épreuves avec soin et travaillé, dans la mesure de nos moyens, à la netteté du style et de la pensée. Nous avons retiré de ce travail le plus grand bien spirituel. C'est pourquoi nous recommandons ce livre.
Que Dieu bénisse, pour beaucoup d'âmes, cette lecture.
Henri Eberhard, Pasteur.


INTRODUCTION
                    Ces simples entretiens sur le Tentateur sont, au fond, des entretiens sur la vie de l'Esprit. De ce fait, la place prédominante y est réservée au Seigneur Jésus, le Vainqueur; au  Calvaire, lieu de la Victoire ; à l'Obéissance, chemin de la Victoire ; à l'étude de la Bible,  à  la Prière, les armes de la Victoire ; et au Courage — foi dans le combat — esprit de la Victoire.

                    Ce sont d'humbles entretiens, d'une grande simplicité, qui vont droit au but. Les répétitions qui s'y trouvent sont voulues. Elles sont le propre de la conversation (1). 

                   Ces discours furent prononcés devant des foules à qui le tourbillon du monde faisait perdre l'équilibre de la vie spirituelle. Pour répondre au désir de beaucoup d'auditeurs, ils ont été imprimés tels quels ou à peu près, dans le dessein d'aider et d'encourager ceux qui luttent et de les conduire plus rapidement et plus sûrement à la victoire.
(1) Nous en avons toutefois supprimé plusieurs. L'esprit français n'aime guère, en effet, les répétitions. Nous avons gardé celles qui apportaient avec elles quelques idées nouvelles. (N. du traducteur).

                   Ils ne sont ni pour le savant ni pour le critique, à moins que ceux-ci ne consentent à s'abaisser jusqu'à leurs frères qui, sur le chemin de la vie, cherchent humblement à être éclairés. Si, par la grâce du Maître, ces entretiens pouvaient relever ceux qui sombrent dans la lutte, et leur permettre dorénavant de combattre mieux armés, de chanter plus joyeusement, de suivre Jésus plus fidèlement ; s'ils orientaient, ne serait-ce qu'un petit nombre de vies, vers plus de pureté, plus de compréhension, plus de consécration dans le service, plus de vigilance, plus d'esprit de prière, ils auraient accompli l'oeuvre pour laquelle ils ont été écrits, à la gloire de notre souverain Maître et Sauveur, Jésus-Christ.


I. LA TENTATION

Elle emprunte les chemins de Dieu

                    Nous connaissons tous la tentation. Tout homme qui respire est tenté. Ce corps, dans lequel il habite, lui est une cause de tentation. Ce cerveau même, avec lequel il pense, peut lui dresser des embûches. C'est une tentation pour un tempérament sociable que d'accorder trop d'importance aux humains, ses frères. C'est une tentation que l'ambition, même légitime, de jouer un rôle dans la vie, de lutter avec ses propres moyens et — dans un bon sentiment — de remporter des victoires personnelles.

                   Car la tentation ne s'égare pas. Elle suit les voies naturelles de la vie. Satan chemine sur les sentiers de Dieu. Il n'en crée jamais de particuliers. Il se sert de ceux que Dieu a tracés. Rien n'est mauvais en soi. Mais tout peut devenir condamnable. Le péché réside dans le mauvais motif d'une action ou dans le mauvais mobile qui l'inspire. Il se trouve dans tout excès, dans toute exagération.

                    La parole est un don de Dieu. Mais le désir de tromper par elle et de faire usage de sa langue pour dire ce qui n'est pas vrai vient du malin. L'action d'ouvrir un tiroir, d'y plonger la main pour en sortir de l'argent peut être bonne ou mauvaise. Tout dépend de la main qui pénètre dans ce tiroir et du mobile qui la meut.

Cet acte peut devenir la manifestation de ces deux extrêmes : le bien ou le mal.

                   Si ce tiroir et son contenu sont à moi, et que dans un esprit de prière je me saisisse de l'argent pour le faire servir à répandre Évangile dans les pays païens, l'acte est non seulement bon, mais louable. Car les païens ont besoin de l'Évangile et l'argent donné peut ainsi, par la grâce du Saint-Esprit, être transformé en moyen d'amener une âme au salut. Si, au contraire, ni le tiroir, ni l'argent ne sont à moi, l'acte est alors condamnable et par la justice des hommes et par la justice de Dieu. C'est tout à la fois crime et péché.

                  Si le tiroir est à moi ainsi que l'argent qu'il contient (autant qu'il m'est possible de le déclarer) et que je m'en serve pour satisfaire mes goûts de luxe, je commets un péché et non un crime. C'est le péché d'égoïsme. Il n'en est pas de plus grave ni de plus commun. C'est un détournement, pour des jouissances personnelles, de biens que Dieu m'avait confiés pour être employés à la divulgation de son Évangile parmi ceux qui ne le connaissent pas encore. Car c'est ici la seule préoccupation qui devrait nous guider dans la gestion de nos biens. J'ai donc commis exactement un abus de confiance.

                   Il en va de même dans tous les actes de la vie. Le motif ou l'intention les rendent bons ou mauvais. Le même acte peut être saint ou diaboliquement égoïste.                      

                   Satan hardiment ou sournoisement s'approprie tout pour son usage et pour accomplir ses desseins. Ses longs doigts s'emparent de tout ; ils ne respectent rien. Il détourne de leur but véritable pour servir à ses fins les occupations les plus pures, les passe-temps les plus innocents. C'est parce que nous sommes sur la terre où le péché règne, où les choses sont ce qu'elles sont, que nous sommes tentés et que nous serons toujours tentés, jusqu'à notre dernier souffle. Le démon le sait. Sans se lasser, usant de ruse et de perfidie, il tend ses pièges.

Comment marcher à la rencontre de la tentation

                    Il est navrant de constater avec quelle facilité certains succombent à la tentation sans lui offrir la moindre résistance. Mollement couchés sur le sol, ils s'endorment et se laissent piétiner — comment dirai-je? —comme un chien ! et j'ajoute : comme un chien mort, car quel est le chien vivant qui le tolérerait ? Un homme, c'est tout différent !

                    D'autres jouent avec la tentation. Leur conscience, bien que rouillée par le manque d'exercice, n'est pas morte. Ils feignent un semblant de résistance et satisfaits d'avoir ainsi calmé les reproches intérieurs, ils se couchent et se laissent aussi fouler aux pieds.

                 D'autres encore luttent contre la tentation. Ils la pressentent et lui résistent. « Veillez et priez », c'est leur mot d'ordre. Veiller, c'est la part de l'homme; prier, c'est la part de Dieu. Le veilleur, dans sa tour, est fidèle au poste ; il a découvert que Satan et ses aides ne sommeillent jamais. Aussi raffermit-il sa volonté, assouplit-il ses genoux pour la lutte. Il se dit : même si je bronche, je tiendrai jusqu'au bout, face à l'ennemi, les armes à la main. La lame de mon épée se romprait-elle, que je frapperais du fourreau. Je ne reculerai pas d'un pouce. Tel est l'esprit qui l'anime.

                    Dans une importante aciérie, un Écossais d'une force herculéenne était réputé, parmi ses camarades, pour son coup de marteau. Presque tous les ouvriers de sa partie étaient de grands buveurs, et lui ne faisait pas exception à la règle. Un changement survint. Il se convertit. Désormais, lorsque ses camarades le pressaient de boire, il refusait. « Plus jamais je ne toucherai à la boisson, leur disait-il, d'un ton calme et décidé, car il est écrit qu'aucun buveur n'héritera la vie éternelle. » Ils le narguaient et lui disaient :

                    « Tu verras quand la grosse chaleur sera revenue ! Nous t'attendons au mois de juillet... et nous verrons, quand ton palais sera desséché comme une sablonnière, si tu résisteras longtemps. »

                    Les grosses chaleurs survinrent. Le lourd marteau frappait avec la même ardeur et du même mouvement lent et cadencé. La sueur inondait le corps de l'homme et pourtant la tentation ne semblait avoir aucune prise sur lui — elle avait fuit.

                    Le surveillant de l'usine, étonné du changement survenu chez cet ouvrier, le questionna :

« Vous buviez beaucoup autrefois. Cela ne vous manque-t-il pas ?
Oh si ! répondit l'homme.
Alors, comment pouvez-vous résister ?
Eh bien, voilà, je procède ainsi. Quelle heure est-il en ce moment ? — dix heures ? 
Exactement !
                     Nous sommes le 20 du mois. De sept heures à huit heures, j'ai demandé au Seigneur de m'aider. Il a exaucé ma prière et j'ai mis un point contre le 20 du calendrier. De huit à neuf, Il m'a de nouveau gardé de la tentation et j'ai ajouté un autre point. De 9 à 10, il en a été de même. Et en faisant ce point, je Lui rends grâce. Et chaque fois, je prie. « O Seigneur, aide-moi, aide-moi à repousser la tentation pendant l'heure qui vient. »

                       Voilà dans quel esprit il faut combattre. Quelle que soit la tentation, ce n'est que par une lutte acharnée et incessante qu'on lui résiste avec succès.

Du point faible de la tentation

                     J'aimerais maintenant attirer votre attention de façon toute particulière sur ceci : la tentation n'a aucune puissance par elle-même. Il lui faut l'aide de l'homme qui est tenté. Rien n'est plus faible, plus ridiculement faible, qu'une tentation. Elle ne peut rien faire, absolument rien, sans le consentement de l'homme tenté. Elle peut séduire, elle peut chanter des airs ensorceleurs, elle peut créer une atmosphère irrespirable autour de nous, mais elle ne peut s'infiltrer dans la vie d'un homme sans qu'il ait consenti. Tant qu'elle n'a pas pénétré à l'intérieur, son impuissance est comparable à celle d'un petit enfant.

                    La vie d'un homme ne s'ouvre que par un seul bouton de porte. Ce bouton se trouve à l'intérieur. Et c'est avec le plus grand respect que nous ajouterons : Dieu ne rentrera pas sans notre joyeux consentement. Dieu ne forcera jamais notre porte. Il ne rentre que sur notre libre permission. Et remarquez-le bien, Satan ne peut pas entrer non plus sans la volonté consentante de l'homme. Que celui qui est tenté souligne à gros traits cette affirmation afin qu'elle ressorte clairement et nettement. Ensuite, il pourra souligner à nouveau et de manière plus évidente encore cette autre affirmation dans le livre de son expérience : il faut être deux pour qu'une tentation ait chance de succès et il est l'un de ces deux. Sans notre autorisation, la tentation est infailliblement condamnée à l'insuccès, elle devra se retirer, totalement défaite, et démoralisée.

                    Un jeune homme de dix-sept ans narrait l'une de ses expériences à un ami plus âgé. C'était l'apprenti d'un menuisier. Celui-ci l'avait envoyé prendre les mesures d'un nouveau comptoir chez un cafetier. Le froid était vif et son paletot bien mince. Il arriva claquant des dents. Le cabaretier lui prépara un grog chaud qu'il lui présenta.

                    « Tiens, dit-il, avale-moi ça et ton tremblement ne tardera pas à cesser. Bois vite, c'est moi qui te le paie. » - « C'était vraiment un bon mouvement de sa part. Il était loin de penser à mal », ajouta le garçon, en racontant l'histoire. « Cette considération rendait mon refus moins facile et le geste de repousser la boisson plus pénible. »

                   « La lutte a dû être fameuse ! dit l'ami. Ce cafetier aurait pu vous induire en tentation et vous faire faire le premier pas sur le chemin de la ruine !

                       — Oh ! répondit franchement le jeune homme, je préférais celle-ci à une autre. Car après tout, il faut l'accord de deux volontés pour qu'une tentation l'emporte. Ni temps froid ni cafetier ne peuvent me pousser à boire. La tentation dont j'ai peur est celle qui me trouvera désarmé par le désir ardent que j'aurai de lui céder. Et si j'avais absorbé ce breuvage, je ne m'en serais certes pas pris au cafetier ! Pour qu'une tentation ait quelque chance de succès, il faut être deux parties consentantes. »

                    Par elle-même la tentation est donc totalement impuissante. L'homme qui cède est naturellement vaincu dès le début. Toute chance de victoire s'éloigne sans que le moindre combat digne de ce nom ait été esquissé. Si un homme s'amuse avec la tentation, ce qui est souvent le cas, s'il badine et plaisante avec elle, s'il joue avec le feu en y jetant des fétus de paille sèche, comme tant le font, lui aussi, à son tour, se brûle. Sa défaite est certaine. Il donne toutes les chances de la victoire à son assaillant sans même lui avoir opposé une lutte honorable. Que l'homme accepte le combat, qu'il ait vraiment pris la décision de lutter, et il gagnera. Car un tel homme se saisira de toutes les possibilités de secours à sa portée. Or, il en est Un qui est là tout proche, qui connaît tout ce qui concerne la tentation, les tentations de toutes sortes, qui a Lui-même été tenté et qui est toujours prêt à donner son appui.

                    Un homme peut se sentir faible et la tentation lui paraîtra bien subtile et bien forte. Elle peut fondre sur lui avec la violence d'une tempête balayant la vallée. Ou bien, elle peut s'avancer sournoisement avec la ruse du serpent glissant à travers les hautes herbes pour mordre au moment où l'on s'y attend le moins. Mais cet homme dit : « Je veux rester dans le bon chemin. Je veux être bon, foncièrement bon. Mon désir est d'être pur, oui, pur, envers et contre tous ». Et le voilà qui concentre toutes les facultés de sa volonté, qui s'appuie de toute la force de son âme sur l'Aide qui demeure à ses côtés, et il lutte. Celui-là, triomphe. Toute tentation ainsi traitée et combattue est déjà refoulée.

Comment remporter la victoire

                   Voulez-vous faire cette remarque et la faire de façon à en être profondément pénétré : il doit y avoir deux facteurs de victoire du côté du gagnant du combat. Sa volonté opiniâtre et, à ses côtés, l'Homme qui fut tenté en toutes choses, tout comme nous, mais qui n'a jamais failli et qui ne faillira jamais. Mettez bien ceci en relief : l'un ne peut se passer de l'autre.

                     Il faut une détermination inébranlable de ne pas céder. Avec le plus profond respect, nous disons que le Seigneur Jésus seul, sans notre volonté, ne peut suffire. Il agit par la volonté de l'homme. Il oeuvre avec nous. Ce n'est qu'avec notre collaboration qu'il peut travailler. Il fortifie la volonté. Cette volonté peut être faible. Elle peut n'être plus qu'un reste de volonté, décimée, brisée, amoindrie par notre faiblesse à l'égard du péché. Mais qu'il vous en souvienne : si petite qu'elle soit, elle n'est jamais quantité négligeable. Tant qu'il y a manifestation de vie, il y a pouvoir de choisir. Toute faible qu'elle soit, cette volonté a capacité d'option. Et notre Seigneur Jésus, le Vainqueur de la tentation, l'aidera à agir et à bien agir quelle que soit la difficulté. Et quand le choix est fait, Jésus aide.

                     Il accordera une nouvelle vie et de nouvelles forces au moment même où la résolution sera prise. C'est ainsi que petit à petit, lentement peut-être, mais immanquablement, ces forces nouvelles pénètreront la volonté. C'est donc avec notre choix de résister au mal et de faire le bien, que notre victorieux Ami insuffle des forces nouvelles et donne l'inestimable avantage de sa Victoire et de sa Présence. Mais notre volonté seule n'est pas suffisante. Que ceci soit absolument compris. Un homme peut avoir le front bombé, le poing redoutable, une mâchoire proéminente ; en d'autres termes posséder tous les signes extérieurs d'une volonté forte et indomptable ; malgré la sûreté avec laquelle il pourra marcher seul, il trébuchera et sera précipité à terre. Il s'y traînera lamentablement et portera visiblement les signes de sa chute jusqu'à la fin de sa vie.

                    Il se peut que la chute tarde à venir et que de ce fait, il se fasse des illusions qui accroîtront sa confiance en lui-même ; infailliblement, la chute sera le lot de celui qui va seul. « Aller seul » c'est fatalement tomber avant d'avoir touché le but. Et plus la chute sera retardée, plus grave et plus douloureuse elle sera quand elle surviendra. Il faut de la volonté mais il faut davantage. Il faut aussi un Sauveur, un Ami, un Appui. Non pas l'un ou l'autre, mais l'un et l'autre. Une volonté et un Sauveur. Une volonté rendue forte et soutenue par un Sauveur. Un Sauveur tenté en tous points, qui peut donc sympathiser. Vainqueur en toute chose, il peut aider avec efficacité. Et c'est Celui-là même qui agit à travers notre volonté.

                    Si nous refusions à ce merveilleux Vainqueur du Désert et du Calvaire l'aide qu'Il nous offre, il y aurait dans nos vies un Waterloo. Les Français ne parlent jamais de leur Waterloo. Ils feignent ne pas entendre quand la conversation tombe sur ce sujet. Waterloo a été omis sur le fameux monument de Napoléon à Paris. Il y eut certainement un « blanc » fort commode dans la mémoire du sculpteur. La bataille la plus décisive fut oubliée.

                    Si vous ne permettez à ce Sauveur qui fut humain et divin tout à la fois, de se tenir à vos côtés et de vous aider, il y aura un Waterloo dans votre vie.

                    Toute tentation peut être changée en victoire. C'est un signal pour faire flotter le drapeau de notre Vainqueur. C'est une occasion nouvelle de faire savoir au Tentateur qu'il est défait. C'est le moment d'entonner un chant de triomphe. Écoutez, écoutez bien : Une volonté est au-dedans de nous et un Ami la soutient. Une victoire est à venir dont le drapeau est déjà hissé. Que des chants d'allégresse retentissent !


 « Reste ferme dans ta foi, ô mon coeur Une couronne est pour qui persévère. Quand déferlent les vagues en fureur, Reste ferme dans ta foi, lutte et espère 
**
Reste ferme ! Les larmes tariront.
L'espoir, vainqueur, naîtra de ta poussière ; Les sombres jours d'orage finiront.
La Croix triomphera au ciel du Père.
**
Tiens ferme, mon coeur, jusqu'à la fin, tiens bon ! » (1)

(1) Schmolke.

à suivre

lundi 7 novembre 2016

(3) A.B. Simpson méditions

"La foi est la preuve des réalités qu'on ne voit pas» (Hébreux 11 : 1).

La vraie foi jette sa lettre dans la boîte du bureau de poste, et la laisse partir. La méfiance s'accroche à un coin de la lettre et s’étonne de ce que la réponse n’arrive jamais. J'ai quelques lettres dans mon bureau qui ont été écrites il y a des semaines, mais il y avait une légère incertitude concernant l'adresse ou le contenu, de sorte qu'elles ne sont toujours pas envoyées ; elles n'ont encore, pour le moment,  produit aucun bénéfice, ni à moi ni à quiconque. Elles n’accompliront jamais quoi  que ce soit jusqu'à ce que je les libère de mes mains et face confiance au facteur et à la poste.

C'est le cas avec la vraie foi. Elle remet sa cause dans les mains de Dieu, puis IL travaille. C'est un beau verset du Psaume 37: "Recommande ton sort à l'Éternel, crois en Lui, et Il agira." Mais il n'agira jamais jusqu'à ce que nous nous engagions. La foi est une receveuse, ou mieux encore, une saisisseuse des cadeaux présentés par Dieu. Nous devons croire, venir, nous engager  et nous reposer, mais nous n'entrerons pas pleinement dans toute notre bénédiction tant que nous ne commencerons pas à recevoir et à demeurer dans l'attitude de saisir.

A.B. Simpson



«Nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui» (Jean 14 : 23).

Cette idée d'essayer d'obtenir une sainteté par soi-même et de s’attendre à ce que  Christ nous récompense, n'est pas Son enseignement. Christ est la sainteté, Il apportera la sainteté, IL viendra et demeurera dans le coeur pour toujours.

Quand un millionnaire achète un terrain, avec une vieille baraque dessus, il ne  la conserve pas mais fait appel à un ouvrier pour la démolir, et il la remplace par un manoir. Il n’est pas question de construire vous-mêmes la maison dont vous avez besoin, mais de donner à Christ le terrain vague. Il extirpera votre ancienne vie et bâtira une maison où Il vivra éternellement.

C’est ce que nous entendons lorsque nous disons que Christ est la préparation pour la bénédiction, et qu’IL fait un chemin pour Sa propre approche. C’est la même approche qu’utilise un grand roi Assyrien pour préparer son défilé. Il n’ordonnait pas à des gens de faire une route, mais il envoyait Ses propres hommes couper les arbres, combler les brèches, et niveler les montagnes. Ainsi sera-t-il le Roi qui vient, l'Auteur et le Consommateur de notre foi, si nous le laissons faire. 

 A.B Simpson


«Amenez toute pensée captive à l'obéissance de Christ» (2 Corinthiens 10 : 5).

Si nous voulons demeurer en Christ, nous ne devons avoir aucune confiance en nous-mêmes.  Le reniement de nous-mêmes sera toujours la première condition pour la plénitude et l'efficacité divine. Vous savez à quelle vitesse vous bondissez quand une urgence se présente. Quand quelque chose qui vous concerne se présente, vous dites ce que vous pensez sous une impulsion soudaine, et puis vous en avez  pour des semaines à vous ressaisir prenant ainsi la place du Seigneur. Ce n'est que lorsque nous laissons la place au Seigneur qu'Il peut nous utiliser. 

Donc, contenez-vous, mettez toujours votre volonté en suspend au sujet de toute chose, jusqu'à ce que vous ayez regardé et dit: «Seigneur, quel est Ta volonté? Quelle est Ta pensée à ce sujet? "

Ceux qui demeurent en Christ ont l'habitude d’être réservés et calmes ; ils ne font pas de bruit et ne sont pas des bavards irréfléchis, ils n’auront pas toujours une opinion sur tout, et ils ne savent pas toujours ce qu'ils vont faire. Ils auront une retenu respectueuse dans leur jugement, et marcherons doucement avec Dieu. C’est notre esprit impulsif qui nous empêche en permanence  d'entendre et de suivre le Seigneur.

A.B. Simpson


"Celui-ci est mon Bien-aimé, et c'est mon Ami" (Cantique des Cantiques 5 : 16).

Il est notre Ami. «Qui de vous aura un ami dans la nuit?" Cela a une signification profonde à travers l'expérience de chacun de nous. Il y a certaines intimités, non nées de sang humain, qui sont des liens les plus intenses et durables de l'amour terrestre. Comptons-les  un par un, rappelons-nous chaque acte et lien d’amour, pensons à toute la confiance que nous y avons investie et combien nous avons été soutenus par eux et tandis que nous nous concentrons sur tout le poids du souvenir et de l'affection, mettons Dieu à cette place de confiance et pensons  qu'IL est tout cela et infiniment plus. 

Notre ami! Celui qui est personnellement concerné par nous ; qui a établi Son cœur en nous ; qui est venu près de nous dans la tendre et délicate intimité d’une communion ineffable; qui nous a donné de tels engagements et promesses précieuses; qui a tant fait pour nous, et qui est toujours prêt à prendre un quelconque problème ou à se dépenser pour nous aider-  à Lui nous venons dans la prière, notre Ami Céleste.


A.B. Simpson

samedi 5 novembre 2016

La Maturité – Le Désir du Seigneur pour Son Peuple par T. Austin-Sparks

                     Le grand aspect de la dispensation dans laquelle nous vivons est le rassemblement, parmi toutes les nations, des membres du Corps de Christ ; et de les amener ensuite à la plus grande mesure de maturité possible. Le dessein de Dieu n’est pas uniquement le salut des âmes, ni même le rassemblement de croyants dans un Corps spirituel. Mais c’est ce qui suit le salut - leur accession à la pleine maturité - qui représente l’intérêt suprême du Seigneur dans cette présente dispensation.

               Il n’y a aucun doute, et il est parfaitement clair que c’est là la caractéristique marquante du temps présent - la pleine croissance, être « parfaitement accompli » - c’est ici le désir du Seigneur pour Son peuple. C’est ce qui ressort indubitablement lorsque nous lisons la Parole de Dieu à cette lumière. Et la surabondance d’immaturité est tout aussi établie. Que le Seigneur se meut au milieu de Son peuple afin de les amener à la plénitude, autant que ceux-ci veuillent bien Le suivre dans cette plénitude, est un fait tout aussi incontestable.

                     Nous savons tous que l’immaturité domine, nous savons qu’il existe une multitude de croyants - ceux qui sont du Seigneur, qui vivent malgré tout dans la pénombre de l’immaturité - qui ne paieront pas le prix de suivre le Seigneur ; et nous serions tentés de dire, comme l’avait fait quelqu’un il y a bien longtemps : « Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? ». Et le Seigneur de répondre : « Il ne t’appartient pas de faire de l’immaturité des autres ton critère, mais ce que je désire doit être la chose qui gouverne toute ta pensée et qui t’occupe entièrement. »

                     Ainsi, l’accomplissement et la plénitude étant le dessein et la volonté de Dieu, nous reconnaissons la signification de tout ce que fait le Seigneur. Si le Seigneur est vraiment déterminé à amener les croyants à la pleine croissance - à la maturité spirituelle - si c’est ici vraiment l’un de Ses objectifs suprêmes de la présente dispensation, alors Il ne considérera aucun sacrifice trop élevé pour parvenir à Ses fins. Et cette vérité expliquera toutes Ses voies mystérieuses envers les Siens et toutes les choses singulières qui semblent parfois être Ses œuvres agissant contre Ses propres intérêts. Très souvent, il nous semble que le Seigneur œuvre contre nos propres intérêts et que tout ce qu’Il fait est malencontreux. Mais, le Seigneur est prêt à prendre des risques, (ce qui est pris pour des risques par ceux dont l’entendement est si limité), et à s’investir dans ce qui semble être des malentendus, si seulement, par ces moyens, Il peut atteindre Son but.

                    Le croyant est devenu le possesseur de facultés spirituelles entièrement nouvelles et est une nouvelle création spirituelle - un être d’une nature différente, une création totalement distincte. Ces facultés spirituelles, seules par lesquelles les choses de Dieu peuvent être connues et vécues, doivent être développées - doivent croître - doivent parvenir à une position d’efficacité spirituelle ; tout comme pour un enfant naturel, qui a certaines facultés à la naissance, mais qui doit avoir une croissance régulière de celles-ci. Le croyant né d’en haut a, en lui, une panoplie entièrement différente et nouvelle de facultés de ce qu’il avait lorsqu’il est né naturellement et qu’il a par nature. Ce sont ces facultés et aptitudes spirituelles qui doivent être développées afin qu’il devienne mature - spirituellement efficace - dans le Seigneur.

                   L’auteur de l’épître aux Hébreux dit que la nourriture solide est la provision appropriée pour ceux qui « ont les sens exercés », et il déplore le fait que - après des années - ces croyants étaient toujours incapables d’assimiler de la nourriture solide; parce que leurs sens et leurs facultés n’avaient pas été développés  
                   Les voies du seigneur sont insondables, et elles ne doivent jamais être jugées selon nos critères naturels. Le Seigneur permet que des calamités nous assaillent, mais avec un but en vue - des choses qui, lorsqu’elles surviennent, Le légitimera totalement. Nous découvrirons alors que, ce qui nous semblait être la faiblesse de Dieu s’est prouvée être en fait Sa force ; Son infériorisation - Sa puissance ; Sa folie - Sa sagesse ; ainsi Il sera justifié à la fin. Dans ces principes paradoxaux, nous avons la clef de la croissance par l’expérience.

                   Si nous considérons le passage où il est question d’ « être exercé », nous découvrirons que cet exercice prend place en nous par des expériences produites par Dieu : « Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur…»; «Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle.  
                   Comment ce fruit est-il produit? Par la discipline qui nous est administrée par Dieu. Dieu agit envers nous comme envers des fils, si du moins nous supportons la discipline. Son désir est d’amener Ses fils à la maturité. La façon dont Il nous discipline - c’est cela l’ « exercice ».

                   Le Seigneur peut vous faire cesser toute activité, et vous empêcher d’être actif. Vous traversez un mauvais moment et vous dites que le Seigneur vous a rejeté, et que tout va mal. Mais qu’en est-il vraiment ? Ce ne sont en fait que les douleurs de la croissance ! A la longue, rien n’allait mal, tout concourait pour le bien. Vous êtes arrivés à connaître le Seigneur, alors qu’avant votre vie entière était occupée par des choses. Vous avez été limité, mais vous êtes venu à connaître le Seigneur intérieurement, vous êtes parvenu à une position d’efficacité spirituelle qui est bien plus importante qu’auparavant ; vous pouvez maintenant faire face aux situations extérieures. Le Seigneur avait été mal compris, mais en fait Il œuvrait pour l’accroissement - vous exerçant en vue de l’accroissement. Ces douleurs de croissances peuvent être douloureuses, mais personne ne peut venir en aide à quelqu’un qui en souffre ; nous ne pouvons qu’observer ce qui se passe.

                    Ainsi, à travers des expériences nombreuses et variées, cette croissance prend place par les exercices douloureux à travers lesquels le Seigneur nous fait passer. Nous apprenons par les souffrances. Même le Seigneur Jésus « a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. » C’est le chemin que nous devons prendre pour atteindre la pleine croissance. Il s’agit de discipline et d’apprendre par les expériences. La discipline a pour but de faire de nous, qui sommes des enfants, des fils ; des hommes faits.

                    Je pense, en ce qui concerne ces choses, que nous devrions avoir plus de foi dans les agissements de Dieu envers nous ; c’est parfois douloureux et même agonisant. Que fait donc le Seigneur ? Pourquoi ces difficultés se succèdent-elles si intensément ? Il semble que le Seigneur recherche à nous presser vers la maturité - à nous amener à la position où nous apprenons quelque chose.

                  La bonne attitude à adopter envers chaque épreuve que le Seigneur permet - chaque chose nouvelle et difficile - est : Quel est donc le but auquel le Seigneur recherche à nous amener par cette expérience ? Ce n’est pas pour détruire, mais pour édifier ; non pas pour appauvrir mais pour accroître ; non pas pour limiter mais pour élargir. Ce sont dans « les vallées de l’ombre de la mort », que le Seigneur a quelque trésor que nous devons découvrir. Quelques uns d’entre nous peuvent dire : « Oui, c’est ce que nous avons découvert ; les choses sont ainsi. » Nous avons traversé ces sombres vallées, et nous y avons trouvé la plénitude - nous y avons acquis une plus grande connaissance du Seigneur.

                     Avez-vous remarqué la chose qui est en vue dans ce passage qui traite d’être « exercé » ? C’est être à même de « discerner », il s’agit de l’intelligence spirituelle - de Le connaître Lui personnellement. Il désire que Ses enfants soient individuellement le centre de Sa propre connaissance spirituelle. Ensuite, nous amenant ensemble dans un seul Esprit, afin d’œuvrer une seule œuvre et de penser une seule pensée ; Il s’obtiendra un instrument pour gouverner les Nations dans les siècles à venir, un instrument intelligent qui est parvenu à la connaissance du cœur du Seigneur par l’expérience.

                     Cette faculté d’intelligence spirituelle, de connaissance spirituelle - cette compréhension intérieure de toutes choses - doit être développée, afin que nous connaissions le Seigneur dans l’homme intérieur. Chaque expérience plus profonde que la précédente signifie que nous ne sommes pas « suffisant pour ces choses ». Ainsi, à chaque fois, nous entrons dans une expérience profonde - par la nécessité même de la situation - nous nous devons de saisir quelque aspect nouveau de Christ pour nous ; et dans la proportion que nous avons reçu cet ajout spirituel, nous avons crû autant.

                    Nous pouvons choisir l’une de deux attitudes envers les voies de Dieu: soit nous devenons amers, acerbes, endurcis ; ou bien nous pouvons être spirituellement élargis par ce que nous vivons - agrandis par les exercices - afin d’augmenter notre capacité, de nous acheminer à une position d’élargissement. Une fois cette position atteinte, nous pouvons devenir Son instrument pour gouverner intelligemment , sous Sa tutelle, dans les siècles à venir. Nous ne pouvons pas toujours sonder les choses qui forgent notre histoire personnelle. Mais, l’explication que nous pouvons en donner est celle-ci : le Seigneur est souverain sur tout ce qui nous touche de près ou de loin ; et Il considère parfois comme nécessaire ce que le monde juge comme étant les choses les plus terribles qui puissent arriver à quelqu’un. Alors qu’il semblerait que Son Nom et Ses intérêts soient mis en péril à travers ces expériences, Il conduit les Siens, à travers celles-ci, à une position de maturité - ils parviennent à une connaissance personnelle du Seigneur. A travers toutes ces choses difficiles, nous voyons que le Seigneur produit, dans la vie de ceux qui Lui appartiennent, quelque chose qui est bien plus digne de Son Nom. C’est là Sa justification - Sa légitimation, s’Il pouvait accomplir ces choses d’une autre façon, Il le ferait. A terme, Il obtient la maturité parmi Son peuple - Il les amène là où ils Le connaissent.

                    Le Seigneur veut nous amener à une position où nous le connaissons - là où nous avons « les sens exercés » pour Le connaître. Que le Seigneur nous donne la grâce d’accepter tous Ses agissements envers nous, à la lumière de Son propos éternel.

T.A.S.


mercredi 2 novembre 2016

En CHRIST par T. Austin-Sparks chapitre 4

Ascension et Gloire

                   On met beaucoup l'accent, à juste titre, sur la mort de Jésus et sur sa résurrection. On parle peu de son ascension. Elle représente pourtant, elle aussi, une vérité spirituelle, et on a grand tort d'en méconnaître l'importance. Tout autant que la mort et la résurrection, elle est à la base de notre vie en Christ, et essentielle à l'accomplissement du dessein éternel de Dieu. Dans la révélation scripturaire de la vie spirituelle en Christ, qui vint progressivement par l’onction de l’Esprit-Saint, nous voyons les choses clairement exposées. Il y a deux vérités auxquelles il est fait fréquemment allusion. La première, est que Dieu nous a fait asseoir dans les lieux célestes en Christ, la seconde, est que nous sommes sur la terre des étrangers, des pèlerins. Ces deux affirmations sont utiles pour une bonne interprétation de la Parole de Dieu. Notre vocation en Christ a son origine dans les cieux, son développement est dans les cieux, son aboutissement est dans les cieux, le modèle auquel nous devons être conformes est dans les cieux. La raison d'être de notre appel, toute notre vie et tout notre service, toutes les ressources dont nous pouvons avoir besoin, tout est vrai dans les cieux.

                    À cet égard, deux mots représentent les deux moitiés d'une seule et même vérité : ce sont les mots ascension et translation. Ces deux termes sont complémentaires. L'ascension rend possible la translation. La translation ne peut pas avoir lieu, si l'ascension n'a pas eu sa place. L'ascension est un acte, un acte unique, un acte précis. La translation au contraire est un mouvement progressif, et l'enlèvement n'est autre que la dernière étape, l’étape triomphale, de ce mouvement « translationnel ».

                    Quand le Seigneur Jésus monta au ciel et fut reçu dans la gloire, son ascension avait un caractère représentatif et relatif, exactement au même litre que sa mort et sa résurrection. C'est comme représentant de ces nombreux fils que Dieu voulait conduire à la gloire (Hébreux 2 :10) qu'il transfère de la terre au ciel, par son ascension, la source de toute vie spirituelle, la réserve de toutes les forces vitales de notre être intérieur. En fait, tout ce qui touche à notre salut, notre sanctification, notre service, notre gloire chrétienne se trouve maintenant dans les cieux, et n'existe plus nulle part sur la terre.

                    À partir de la « naissance d'en-haut », tout, dans une vie chrétienne véritable, vient d'en-haut, depuis les motivations les plus secrètes de notre activité jusqu'à ses développements les plus lointains ; toutes les initiatives, tous les objectifs à atteindre, tous les détails d'exécution, tout doit venir d'en-haut.

                     Le cri du cœur de tous les citoyens des cieux reste pour toujours celui-ci : « Toutes mes sources sont en toi ! » (Psaume 87 :7). Leur vocation est une vocation céleste, leur vie tout entière, leur vision, leur marche, leur espérance, aussi bien que leur origine, leur demeure, leur royaume ; tout est céleste pour eux.

                    Quand les enfants de Dieu en sont à cette étape de la vie spirituelle où l’on n'a pas encore réalisé ce que c'est que l'ascension avec Christ, ils font constamment l'expérience que rien sur cette terre — même si c'est Dieu qui l'a donné — ne correspond à leur vision et ne réussit vraiment à les satisfaire.

                    Abraham ? Un pays et une cité lui sont promis. Il obéit. Il part. Il marche avec Dieu. Mais il est bien clair qu'au fur et à mesure que sa foi se développe, aucune réalisation terrestre de la promesse divine ne parvient à satisfaire son espérance, et à passer à ses yeux pour un accomplissement. Quand il arrive dans le pays de Canaan, il n'a pas du tout l'attitude d'un homme qui jouit d'une promesse enfin réalisée. Il a été béni de Dieu, c'est vrai ; du point de vue humain, sa situation s'est améliorée. Mais au fond, il est loin, bien loin d'être satisfait. Pourquoi ?

                    Simplement parce qu'avec l'élargissement et l'approfondissement de sa vie spirituelle, sa foi réclame constamment quelque chose de plus que ce que la terre peut donner.

                    Il s'était fait une certaine idée de la promesse divine, et il se réjouissait d'en voir la réalisation. Mais sa communion croissante avec Dieu lui fait considérer peu à peu ses perspectives premières comme insuffisantes, et représentant d'une façon bien imparfaite ce dont son cœur à vraiment soif. Aussi le voyons-nous rejeter ou refuser, les uns après les autres, les privilèges qui n'apportent avec eux qu'une gloire terrestre. Le « pays de la promesse », pour finir, cesse d'être pour lui une chose de cette terre. Les auteurs sacrés, éclairés par ce même Esprit qui avait conduit Abraham, nous disent que c'est une patrie céleste qu'il désirait (Hébreux 11 :4-16) et une cité dont Dieu est l'architecte et le bâtisseur (verset 10). Si nous mettons ces passages en parallèle avec d'autres comme Matthieu 3 :9 ; Jean 8 :56 ; Galates 3 :7, 4 :26 ; Hébreux 12 :22, nous sommes bien obligés de conclure que la vision d'Abraham s'est portée toujours davantage vers un autre monde, à mesure que sa foi s'éclairait.

                    Conjointement avec ce recul constant de son horizon, et comme pour l'obliger à porter ses yeux plus loin, Abraham voit les choses de la terre sombrer dans la mort, pour revivre après d'une vie nouvelle, d'une vie de résurrection. Elles ne seront plus pour lui des choses de la terre, désormais, elles seront du ciel, car c'est par un acte de Dieu qu'il les a retrouvées. Il en fut ainsi non seulement de ses biens matériels, mais de ses relations, de ses perspectives d'avenir, de sa vision, de la promesse de Dieu, de sa foi, de son service, de ses capacités.

                    C'est ici un principe important qui nous est révélé. Il est à la base de tout ce que Dieu fait et de tout ce que l'homme peut être appelé à faire de vraiment fructueux et durable. Ce principe, c'est que notre collaboration avec Dieu, notre participation aux choses de Dieu, doit être d'initiative divine, et non pas le produit naturel d'un simple changement de direction dans notre vie.

                   Les expressions telles que « entrer dans le ministère » — « se préparer au service de Dieu », renferment une idée tout à fait fausse et représentent une notion extrêmement dangereuse de l'œuvre de Dieu. À moins que de tels candidats ne sachent ce que c'est que de voir leurs propres œuvres — même bien intentionnées — prendre le chemin de la mort, et eux avec elles, leur intrusion dans le royaume de Dieu aura pour effet, de trois choses l’une : ou bien ils seront brisés ; ou bien ils se trouveront tôt ou tard dans une impasse, dans une situation absolument sans issue ; ou bien ils iront de l'avant avec un semblant d’être vivant et d’avoir une apparence de succès, mais sans rien accomplir qui soit réellement de Dieu, leur ministère restant quelque chose de terrestre, quoique religieux, sincère, et plein de bonnes intentions.

                    Nous avons, dans le cas de Moïse, une illustration frappante de ce principe de droit divin.

                    Il n'y a aucun doute que Moïse n'ait eu, en Égypte, une véritable révélation. Dans ce ramassis de Sémites opprimés, avilis, excédés par le régime qu'on leur inflige, une intuition céleste lui fait reconnaître les élus de Dieu (Hébreux 11 :25). Il discerne même quelque chose de plus : ce qu’est la croix.

                  L'opprobre de Christ, qui va être entre les mains de Dieu l'instrument de leur rédemption (verset 26). Enfin, il se rend compte qu'en ce qui le concerne personnellement, le péché consisterait à préférer tous les avantages terrestres dont il jouit à la cour, pour tourner le dos à la croix et à tout ce qu'elle représente. Il pèse le pour et le contre, et prend sa décision : Il répudie son adoption royale, il choisit l'opprobre, il quitte le palais.

                     Or, après avoir adopté une telle attitude, il semblerait qu'il pût s'attendre à voir le sceau de Dieu sur ses efforts. Eh bien, non. Il lui reste encore à apprendre la grande leçon de sa vie. C'est que, pour qu'une vision céleste devienne une réalité, il faut que ce soit Dieu qui prenne l'initiative de son accomplissement. À Lui, et à Lui seul, le choix des méthodes et la préparation des instruments.

                    Pour donner corps à sa révélation, pour mettre ses plans à exécution, Moïse fait une première tentative, en se plaçant sur le terrain d'une certaine supériorité personnelle, qui lui semble mettre les atouts de son coté. Mais le résultat montre bien que le résultat est contraire à ce qu’il avait envisagé. Tout est compromis ; il ne récolte que la confusion et l’ajournement de ses desseins. Il prend peur et s'enfuit.

                      Il faut qu'il sorte ainsi de la lice, qu'il se fasse à la dure discipline de l'inaction, et qu'il en vienne, pour finir, à son fameux « Je ne peux pas » ! Alors, — mais alors seulement, — il retrouve, sur une injonction formelle de Dieu, sa mission de libérateur.

                    Que s’est-il passé ? Ceci simplement, il fallait que Moïse mourût à sa propre conception des choses, disparût de son propre programme, et rentrât en scène par une voie céleste, par une initiative divine. Mais désormais, Moïse aura partie liée avec le trône de Dieu. Il en a toujours été ainsi.

                  Un programme divin exige, pour son accomplissement, un instrument revêtu d'une autorité divine. Dieu a toujours estimé nécessaire d'accréditer Lui-même ceux qu'Il chargeait d'un mandat particulier. Tant qu'il ne s'agit que de « l'image des choses célestes » (Hébreux 8 :5), une montagne pourra suffire pour conférer à l'envoyé de Dieu l'ascendant spirituel dont il a besoin. Mais quand il s'agit des choses célestes elles-mêmes, comme c'est le cas dans la nouvelle alliance, il faut plus que cela, il faut une union personnelle avec le Seigneur glorifié.

                    On peut observer le même principe dans la vie de David, d'Ésaïe, d'Ézéchiel, de Paul et d'autres. « L'Esprit m'enleva entre la terre et le ciel », raconte Ézéchiel. Procédé étrange mais qui représente une loi spirituelle que Dieu respecte toujours. Car, quand l'Esprit nous ramène là où Il a besoin de nous, c'est toujours avec un mandat d'origine céleste et d'autorité divine.

                    Il ne s'agit pas ici des divagations d'une âme qui se laisserait enfler par un idéalisme extatique ou par des produits de sa propre imagination. Réelles ou imaginaires, des « visions » de ce genre peuvent fort bien nous être présentées par le diable. Parce que des perspectives engageantes semblent s'ouvrir devant nous, cela ne veut pas dire nécessairement qu'elles soient de Dieu. Le Maître s'est toujours détourné résolument des promesses de succès et des perspectives de gloire que l'ennemi faisait miroiter devant Lui. Il savait bien que la croix était le seul chemin capable de le conduire à son but.

                    Nous retrouvons ce même principe dans la vie de l'apôtre Paul. Il s'appelle « un sage architecte », par quoi il veut simplement dire qu'il lui a été donné de voir les plans du divin Architecte, et que maintenant, il travaille d'après ces plans. Il dut être « enlevé jusqu'au troisième ciel » pour contempler ces choses ineffables.

                    Mais on ne peut pas « >être dans l'esprit » sans savoir quelque chose de cela. Car la vie selon l'Esprit comporte toujours un élément de « ravissement ». Le Seigneur Jésus a fait de fréquentes allusions à cette possibilité d'être au ciel quoique sur la terre. N'a-t-Il pas dit : « Le Fils unique qui est dans le sein du Père. » — « Il (le Fils) ne fait que ce qu'il voit faire au Père » ? Par le Saint-Esprit, son esprit était uni à Dieu, et cette union céleste se reflétait dans toute son activité.

                    C'est peut-être très bien de faire appel à la Bible comme à un manuel d'enseignement, de vie pratique, un ensemble de vérités, une mine inépuisable de textes où tout est divinement ordonné, mais c'est une toute autre chose de voir les principes spirituels, les éternels principes spirituels qui sont cachés derrière les textes, derrière la morale, derrière tout cet ensemble de vérités. De l’un à l'autre, il y a toute la distance qui sépare deux genres de vie absolument différents. L'un se conforme à la vérité telle qu'il la voit transmise par l'organe d'une intelligence humaine, une vérité, infinie, pour se mettre à la portée des hommes, s'est pliée au moule imparfait des mots et des phrases ; et il y a des gens qui ne voient que cela, et qui vivent de cette transmission de la vérité. Mais c'est autre chose que Dieu veut pour nous, Il veut que notre esprit, renouvelé et vivifié par le Saint-Esprit, saisisse et s'assimile, par-delà des limitations de la langue humaine, la signification infinie de la révélation. La transmission représente le coté humain; mais la révélation spirituelle dépasse infiniment cette transmission en langage humain ; ce qu'il faut pour assimiler la révélation spirituelle, c'est un entendement céleste, ce que le Nouveau Testament appelle « >la pensée de l'esprit » par opposition à « la pensée de la chair » (Romains 8 :6).

                     S'il n'y a pas d'union vivante et personnelle entre nous et le Seigneur glorifié, nous ne pouvons ni connaître sa pensée, ni le servir comme Il veut être servi.

                    Que cette union vivante avec Christ dans la gloire soit nécessaire, et possible, c'est ce que la Bible tout entière souligne maintes et maintes fois, surtout dans le Nouveau Testament; et une étude attentive des textes ne laisse subsister aucun doute sur la vraie nature de cette union.

                  Quand Christ remonta au ciel, Il y fut reçu en triomphateur ; désormais l'autorité Lui appartient en propre. C'est comme Fils de l'homme qu'Il a arraché au prince de ce monde le sceptre du pouvoir, et c'est pour l’homme qu'Il l'a fait. Ce retour triomphal dans la gloire, le psalmiste semble l'avoir contemplé de loin, quand il chante au Psaume 24 :

« Portes, élevez vos têtes! Et élevez-vous, portails éternels, et le roi de gloire entrera.
Qui est-il ce roi de gloire? L'Éternel des armées, lui, est le roi de gloire
. »

                    S'il est vrai qu’à ce moment-là Christ a paru devant le trône-même de Dieu avec notre propre humanité, rachetée, purifiée, sanctifiée et s'il est vrai que son Corps — l'Église — manifeste l'union organique qui nous unit à Lui, il s'ensuit qu'en esprit nous avons maintenant notre place à ses cotés dans la gloire, pour partager avec Lui sa souveraineté, pour dominer avec Lui, même sur les puissances des ténèbres.

                    En d'autres termes, nous pouvons dire plus sobrement que sa souveraineté s'exerce par l'organe de son Corps et des membres de son Corps.
                    Dans cet ordre d'idées, il y a d'autres portes qui sont mentionnées à coté des portes éternelles. Il y a « les portes du séjour des morts ». Aux temps bibliques les portes étaient le lieu où se rendait la justice et où se prenaient les décisions officielles. Les portes du séjour des morts représentent donc les conseils de l'enfer, ses complots ténébreux, ses jugements, qui sont tous — d'après le contexte — dirigés contre l’Église. La promesse de Jésus (Matthieu 16 :18), s'explique comme suit : à cause du lien céleste qui nous unit à celui qui a franchi triomphalement les portes éternelles, ces autres « portes » ne prévaudront pas. Car Sa souveraineté a son siège dans l’Église ; l’Église est le lieu de sa souveraineté.
                     Quand Il parle de cette Église qu'Il veut bâtir et de sa supériorité sur les puissances des ténèbres, Il ne fait pas allusion simplement à un petit groupe de croyants juifs, pas plus qu'au noyau initial de je ne sais quelle puissante organisation terrestre, il adresse cette parole à ceux qui vont être le commencement de son Église. C'est à son Église à Lui qu'Il promet l’ascendant spirituel. C'est aux représentants de son Église qu'Il déclarera également : « Voici je vous ai donné le pouvoir de marcher... sur toute la puissance de l’ennemi. », Luc 10 :19.

                     Tout cela doit être compris et interprété à la lumière de la croix, qui est à l'arrière-plan de toutes les paroles de Jésus et de toutes ses actions. Le Saint-Esprit ne peut venir sur nous et en nous que dans la mesure où nous avons été incorporés à Christ, non seulement dans Sa mort, mais dans sa mise au tombeau, dans sa résurrection et dans son ascension dans la gloire céleste. Pour recevoir une double portion de l’esprit de son maitre, il faut qu'Élisée passe le Jourdain avec lui, — « le baptême en sa mort » — et se trouve avec lui encore quand le ciel s'ouvre pour le recevoir.

                     Il en est toujours ainsi. C'est en faveur du Corps et par l’organe du Corps, que le Saint-Esprit manifeste la souveraineté de la Tête, du Chef. Et lui ne peut « s'attacher à la tête » s'il ne connait par expérience cette union céleste avec Lui.

                   L'Église n'est pas une société terrestre, une institution ou une organisation d'ici-bas, elle est un corps céleste. Les systèmes ecclésiastiques de ce monde, qu'on les appelle « l’Église » ou « les églises », n'en sont trop souvent qu'une grotesque caricature. Dieu ne sait pas ce que c'est que les sectes ou les « églises », au sens où l’on entend ce mot en général. Dans la pensée et les préoccupations de Dieu, il n'y a jamais eu qu'une Église. C'est cette « assemblée des premiers-nés » dont parle l’épître aux Hébreux et dont nous venons de décrire quelques-uns des traits essentiels. Toute la confusion dont nous sommes les témoins dans ce domaine, est due à cet eternel vouloir de l’homme de constituer sur la terre, et de river à la terre quelque chose qui soit de Dieu. Dieu ne se mêle pas de cette affaire-là, Il laisse tranquillement les entreprises humaines s'épuiser dans leurs efforts, ou se perpétuer dans leurs illusions. Pendant ce temps, tranquillement, sans que « ni marteau, ni hache » ne soient entendus, Il superpose les pierres et édifie en un temple spirituel, en un édifice céleste, ceux qu'Il a élus dès la fondation du monde. Ceux-là seulement qui auront l’avantage d'une vision céleste, pourront voir la chose se détourner de ce qui a cessé de répondre à leurs besoins, et trouver leur joie et leur bénédiction à faire eux-mêmes, comme Jésus, ce qu'ils voient faire au Père.

                    Quelques mots maintenant sur la seconde moitié de cette grande vérité : la translation.

                    Nous avons dit au début que la translation est un mouvement ascensionnel progressif qui atteint son point culminant et son triomphe dans un acte précis. Cet acte, naturellement, c'est l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ. Le cycle complet de l’expérience chrétienne, tel que Dieu cherche à le réaliser en nous, comporte une transition — ou une translation — progressive, du terrestre au céleste. Le principe de la translation, c'est la foi. Et la foi exige, de par sa nature-même une base spirituelle, quelque chose qui soit absolument en dehors du domaine des sens ; elle ne peut pas reposer sur un fondement terrestre ; un fondement céleste lui est absolument indispensable. Or, précisément, les voies de Dieu avec ses enfants ont toujours eu pour but de leur faire perdre leurs points d'appuis terrestres, pour les rendre absolument dépendants de Lui-même, et de Lui seul.

                    La foi nous conduit toujours dans des situations précaires et embarrassées. Elle réclame toujours de nous l’abandon de ce qui est visible et temporel. Dans un certain sens, on peut dire que la foi est une perpétuelle menace ; elle nous expose toujours à être décontenancés. On peut même dire que c'est une menace qui est mise à exécution. Car la foi confond toujours notre jugement naturel, notre sagesse, notre savoir-faire, nos prévisions, nos certitudes, notre sécurité. La foi ne manque jamais de nous couper tous les ponts qui peuvent nous relier encore a quelque chose de solide ; et, au point de vue des ressources humaines, elle tarit, l’une après l’autre, toutes les fontaines ou nous avions l’habitude de venir puiser.

                    II faut qu'il en soit ainsi, car c'est le seul moyen qui permette à Dieu de nous révéler les ressources célestes dans leur merveilleuse plénitude. Dieu fait en sorte de rendre une révélation indispensable, et Il prend ses mesures pour que les grandes réalités célestes deviennent peu à peu, absolument essentielles à notre existence.

                    Un beau jour, nous le rencontrons sur notre chemin, et nous expérimentons comme une mise en demeure, discrète mais certaine, qui va décider de la suite de notre vie : encore une fois, il va falloir choisir ; c'est un pas dans l’obéissance de la foi qu'Il nous demande, et, quand nous l’avons fait, ce pas, nous découvrons, non seulement que nous avons avancé, mais que nous sommes montés, et que nous occupons maintenant un point de vue spirituel beaucoup plus avantageux, d'où nous voyons des choses qui nous étaient tout à fait inconnues auparavant.

                     Ainsi, par une succession d'actes de foi qui déterminent chaque fois pour nous un mouvement ascensionnel, Dieu forge en nous cette foi des élus qui nous prépare à l’enlèvement, dernière étape de la translation.

                    C'est une foi corporative, une foi devenue générale dans le Corps de Christ, qui provoquera, pour finir, la venue du Seigneur ; ainsi se trouvera confirmée, du même coup, la nature céleste de ce Corps dont nous sommes membres.

                    Il ne faut pas considérer la seconde venue de Christ simplement comme un événement futur qui a sa place marquée d'avance dans l’horaire des prophéties. La seconde venue, c'est, dans le Corps de Christ, la foi parvenue au point terminus de son développement. Cette foi a creusé un abime entre le Corps de Christ, d'une part, et d'autre part, le monde, les choses d'ici-bas, — même lorsqu'elles affectent un extérieur religieux. 

L'enlèvement est le point culminant, l’aboutissement normal.

                   Le dessein éternel de Dieu est gouverné par des principes spirituels, éternels, invisibles ; ces principes, il faut les comprendre. Or, c'est précisément l’obéissance de la foi qui nous en donne la clé, et plus l’obéissance de la foi se développe, plus se développent aussi notre intelligence spirituelle et notre capacité de collaborer avec Dieu pour la réalisation de son grand dessein. Dans le chapitre 11 de la lettre aux Hébreux — cette admirable description de la foi, de sa nature et du chemin qu'elle nous trace — on peut partout voir ce principe entre les lignes. Or, « il y a une seule foi », — celle-là, précisément. Paul l’appelle « la foi du Fils de Dieu » (Galates 2 :20).

                        Cette foi-là, elle est une puissance intérieure, une vraie force de combat, spirituellement parlant. Dans les grandes batailles qui se sont livrées au nom de Dieu, c'est elle qui a toujours été l’élément de premier plan. Aussi bien, dans le conflit suprême qui nous mettra aux prises avec la hiérarchie satanique, ce sera, là encore, cette foi du Christ triomphant qui fera pencher, en notre faveur, la balance de la victoire (Apocalypse 12 :11). Ainsi sera dûment établie, par l’organe de l’Église, cette souveraineté du ciel sur « les portes du séjour des morts [le Hadès] », — les complots de l’enfer ; la terre tout entière sentira le contrecoup de ce triomphe de la foi.

                  Malheureusement, la foi nécessaire à ce mouvement ascensionnel, à cette « translation », est rare ; il y en a peu qui soient prêts à en payer le prix. Le Seigneur était bien fondé à demander s'Il la trouverait sur la terre à sa venue.
                     Insistons-y. Il doit y avoir un transfert progressif et général, de la terre au ciel, de tous nos intérêts. Nous sommes appelés à avoir de plus en plus, vis-à-vis de toutes choses, ce sentiment d'être des étrangers là où nous sommes, des pèlerins, des voyageurs, sans feu ni lieu. Du même coup, si nous répondons à cet appel, nous sentirons l’attraction croissante de ce qui est spirituel et céleste, et nous réaliserons qu'après tout, c'est bien là le cours normal d'une vraie vie en Dieu. Quand nous passerons définitivement de l’autre coté, ou quand aura lieu l’acte culminant et final de notre translation, nous constaterons que la nouvelle situation qui nous est faite ne représente rien de bien nouveau pour notre homme intérieur ; au contraire, il se sentira tout à fait à sa place. L'enlèvement n'est que la dernière étape du voyage spirituel, la gloire qui nous inonde soudain. Un simple pas. Comme Énoch « nous ne serons plus, parce que Dieu nous aura pris ».

                    Il ne reste plus qu'une chose à signaler. C'est que ce chemin-là est le chemin de la gloire. Il l’est dans deux sens différents : déjà glorieux en lui-même, et conduisant, en outre, à une gloire encore supérieure.

                   Ce n'est jamais que d'une gloire céleste qu'il peut s'agir. Elle sera manifestée, pour finir, dans une humanité devenue parfaite. Pour le moment, elle n'est là qu'en secret, dans l’être intime du croyant dans son esprit. Chaque fois que l’obéissance de la foi nous fait monter d'un degré, il se passe en nous quelque chose qui ne peut pas être décrit, qui est comme un avant-goût de la gloire céleste.

                  Incorruption, incorruptibilité, compréhension parfaite, capacités parfaites, grâce, harmonie et beauté parfaites — il y a de tout cela dans la gloire divine. Mais ce serait donner d'elle une bien pauvre idée que de la limiter à ces éléments-là. Imperceptiblement, ou presque imperceptiblement, le mouvement ascensionnel de la foi et l’action de la grâce nous conduisent là.
La semence incorruptible, qui est la promesse d'un corps incorruptible, se trouve déjà en nous par la foi.

                   Quant à la compréhension, les yeux de notre entendement s'ouvrent toujours plus grand, et les choses célestes deviennent pour nous plus réelles et plus familières que les choses visibles.

                    Dans les crises les plus douloureuses, il y a une paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, et qui n'a d'autre cause que l’harmonie de notre volonté avec la volonté de Dieu. Dans la Bible, ce mot paix pourrait, dans presque tous les cas, être avantageusement remplacé par le mot harmonie.

                De même, la capacité spirituelle, cet autre élément de la gloire céleste, c'est ce qui, en nous, passe outre aux limitations du temps et de l’espace, et tient en respect toutes les forces de l’univers.

                    Quant à tout ce qu'il y a de beauté dans la compassion, dans la délicatesse, dans l’humilité, dans l’amour divins, il est superflu de démontrer que la gloire de Dieu, c'est cela.

                    Toutes ces choses cependant n'épuisent pas les éléments qui constituent sa gloire. La perfection dans le caractère, dans les capacités, dans le service, engendre une autre perfection : la perfection dans la satisfaction. Ce ne sont pourtant là que les fondements de sa gloire... Que sera le reste !

                    Ici, nous ne pouvons que nous taire. Car cette gloire ne peut être connue qu'en esprit. Les mots ne sauraient la décrire. Souvenons-nous seulement qu'il est écrit de nous que nous sommes « appelés à sa gloire éternelle », que nous obtenons le salut « avec la gloire éternelle », et que nos légères afflictions produisent pour nous « un poids éternel de gloire ».

                 Ainsi, comme nous avons été « crucifiés avec Lui », « ensevelis avec Lui », « rendus à la vie avec Lui », nous sommes de même, enlevés et glorifiés avec Lui.

                   Par toutes sortes d'initiatives dont nous sommes les objets de sa part, Il cherche à rendre expérimentale, pour nous, cette union avec Lui dans son ascension.

                     Que Dieu nous donne de répondre Amen ! Á ces mouvements de sa grâce, quoi qu'il en coûte, même s'ils représentent, pour notre vie terrestre, un déracinement.

                    Ce n'est pas seulement pour Nathanaël et ses condisciples (Jean 1 :51), c'est aussi pour nous que Dieu veut un ciel ouvert, qui laisse constamment apparaître à nos yeux le Fils de l’Homme dans la gloire. Car c'est pour nous qu'il est là-haut. Tandis que nous sommes encore sur la terre, Il est dans les cieux notre représentant, les prémices de cette humanité qui est encore la nôtre, mais qui est à la veille d'être glorifiée avec Lui.

                    Ainsi tout, dans notre ministère terrestre, doit venir du ciel, comme aussi tout doit y retourner.

               Si nous réfléchissons devant Dieu à toutes ces choses, nous trouverons une actualité toute nouvelle, un sens tout nouveau dans ces exhortations de la Parole de Dieu, qui nous sont si familières :

« Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez, les choses qui sont en haut, où le Christ est... », Colossiens 3 :1

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre... mais amassez-vous des trésors dans le ciel. », Matthieu 6 :19-20


«Pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre. », Colossiens 3 :2


                    Si nous voulons paraître avec Christ dans la gloire, il faut que, déjà maintenant, notre vie soit cachée avec Christ en Dieu, et que nous-mêmes nous soyons morts aux choses de la terre (Colossiens 3 :2-3).

fin

T.A.S.