mercredi 3 juin 2015

LES SERMONS DE WESLEY Sermon 4 : LE CHRISTIANISME SCRIPTURAIRE

Numérisation Yves PETRAKIAN
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(tiré du livre 
 LES SERMONS DE WESLEY  -1- )


Actes des Apôtres   (1744), prêché devant l'Université d'Oxford

« Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit ». (Actes 4 : 31.)

              La même expression se présente au deuxième chapitre, où nous lisons : « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous (les apôtres, les femmes, la mère de Jésus et ses frères) — ils étaient tous d'un accord dans un même lieu. Alors il se fit tout-à-coup un bruit du ciel, comme le bruit d'un vent qui souffle avec impétuosité. Et ils virent paraître des langues séparées, comme de feu, qui se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit ; et l'un des effets immédiats fut qu'ils commencèrent à parler des langues étrangères, en sorte que Parthes, Mèdes. Elamites et les autres étrangers qui se rassemblèrent dès que le bruit s'en fut répandu, les entendirent tous parler, dans leurs diverses langues, des choses magnifiques de Dieu (Actes 2 : 1-6).
               Dans notre chapitre, nous lisons qu'après que les apôtres et les frères eurent prié et loué Dieu, le lieu où ils étaient assemblés trembla et qu'ils furent tous remplis du Saint-Esprit ; mais nous ne trouvons point ici de signes visibles, comme dans le premier cas, et il ne nous est point dit qu'aucun des frères ait alors reçu les dons extraordinaires du Saint-Esprit, tel que le don de guérir ou d'opérer d'autres miracles, ou la prophétie, ou le discernement des esprits, ou la diversité des langues, ou le don d'interpréter les langues (1Corinthiens 12 : 9,10).
               Que ces dons du Saint-Esprit fussent destinés à demeurer dans l'Église, de siècle en siècle, ou qu'ils doivent ou non lui être rendus à l'approche du rétablissement de toutes choses, ce sont des questions qu'il n'est pas nécessaire de décider. Mais il faut bien remarquer que ; même dans l'enfance de l'Église, Dieu ne les distribua qu'avec réserve. Même alors, « tous étaient-ils prophètes ? Tous opéraient-ils des miracles ? Tous avaient-ils le don de guérir ? Tous parlaient-ils des langues ? » (1Corinthiens 12 : 28-30) Non, certes. Pas un sur mille, peut-être ; mais probablement ceux-là seuls qui enseignaient dans l'Église, et, d'entre eux seulement quelques-uns. Si donc tous furent remplis du Saint-Esprit, ce fut dans un but bien plus excellent.
             C'était pour leur donner (et nul ne peut dire que ce ne soit essentiel pour tous les chrétiens dans tous les siècles) les « sentiments qui étaient en Christ » , ces fruits de l'Esprit qu'il faut avoir pour être à lui ; c'était pour les remplir « d'amour, de joie, de paix, de patience, de douceur, de bonté, de fidélité, de bénignité, de tempérance (Galates 5 : 22-24» pour les rendre capables de crucifier la chair avec ses passions, désirs et convoitises, et, en vertu de ce changement au dedans, d'accomplir au dehors toute justice, de marcher comme Christ a marché lui-même dans les oeuvres de la foi, dans les travaux de la charité, dans la constance de l'espérance (1 Thessaloniciens 1 : 3).
              Laissant donc les questions curieuses et inutiles touchant ces dons extraordinaires de l'Esprit, considérons de plus près les fruits ordinaires que nous savons appartenir à tous les siècles, cette grande oeuvre de Dieu parmi les fils des hommes qu'on désigne sous le nom de Christianisme, non en tant qu'elle se rapporte à un ensemble d'opinions, à un système de doctrines, mais en tant qu'elle concerne le coeur et la vie des hommes. Ce christianisme, il peut nous être utile de l'envisager sous trois aspects distincts : 
1° comme prenant naissance chez les individus. 
2° Comme se communiquant d'homme à homme. 
3° Comme couvrant la terre. — Je terminerai, 
4° ces considérations par une application pratique.

I

                 Et d'abord considérons le christianisme dans sa naissance, comme commençant à exister chez les individus. Supposez donc le cas d'un de ceux qui entendirent l'apôtre Pierre prêcher la repentance et la rémission des péchés : il est touché de componction,(regret d'avoir offensé Dieu) convaincu de péché, il se repent et il croit en Jésus. Au moyen de cette foi produite par Dieu, « vive représentation des choses qu'on espère, et démonstration de celles qu'on ne voit point (Hébreux 11 : 1) », il reçoit à l'instant « l'esprit d'adoption, par lequel il peut crier : Abba, Père (Romains 8 : 15) ! » Maintenant il peut, «par le Saint-Esprit, appeler Jésus Seigneur (1Corinthiens 12 : 3) » ; et aussi « le Saint-Esprit lui-même rend témoignage à son esprit qu'il est enfant de Dieu (Romains 8 : 16) ». Maintenant il peut dire en vérité : « Ce n'est pas moi qui vis, mais Christ vit en moi ; et si je vis encore dans ce corps mortel, je vis par la foi au Fils de Dieu qui m'a, aimé et qui s'est donné lui-même pour moi (Galates 2 : 20) ».
             Telle était donc réellement la foi, — une démonstration divine de l'amour de Dieu en Christ, pour lui pécheur accepté maintenant dans le Bien-aimé. Étant donc justifié par la, foi, il avait la paix avec Dieu (Romains 5 : 1), et même la paix de Dieu régnait dans son coeur (Col 3 : 15), et cette « paix, qui surpasse tout entendement (toute conception purement humaine), gardait son coeur et son esprit » de tout doute et de toute crainte, par la connaissance de Celui en qui il avait cru. Il ne pouvait plus « craindre aucun mauvais bruit, car son coeur était ferme, se confiant en l'Éternel ». Il ne craignait plus ce que l'homme pouvait lui faire, car il savait que « les cheveux mêmes de sa tête étaient comptés» Il ne craignait plus rien de la puissance des ténèbres que Dieu brisait chaque jour sous ses pieds. Surtout il ne craignait plus la mort, il désirait, au contraire, « déloger pour être avec Christ (Philippiens 1 : 23) », sachant que, « par sa mort, il a détruit celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et délivré ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude (Hébreux 2 : 15) ».C'est pourquoi son âme magnifiait le Seigneur, et son esprit se réjouissait en Dieu, son Sauveur. Il se réjouissait d'une joie ineffable en Celui qui l'avait réconcilié avec Dieu le Père et en qui il avait la rédemption par son sang, le pardon des offenses. Il se réjouissait dans ce témoignage que, l'Esprit de Dieu rendait à son esprit qu'il était enfant de Dieu. Bien plus, il se réjouissait, dans l'espérance de la gloire de Dieu, de sa glorieuse image et du renouvellement de son âme en justice et en vraie sainteté, dans l'espérance de cette couronne de gloire, de cet héritage des cieux « qui ne se peut corrompre, ni souiller, ni flétrir 1 Pierre 1.4) ». L'amour de Dieu était aussi « répandu dans son coeur par le Saint-Esprit » qui lui était donné (Romains 5 : 5)». Parce qu'il était fils, Dieu avait «envoyé en lui l'esprit de son Fils, criant : Abba, Père (Galates 4 : 6) »; et cet amour filial croissait sans cesse par le témoignage intérieur (1Jean 5:10) du pardon de ses péchés, et en contemplant «l'amour que le Père nous a témoigné que nous soyons appelés ses enfants (1Jean 3 : 1)» En sorte que Dieu était le désir de ses yeux, la joie de son coeur, et sa portion pour le temps et pour l'éternité.
               Aimant ainsi Dieu, il ne pouvait qu'aimer ses frères, et cela « non pas en paroles seulement, mais en effet et en vérité ». « Si Dieu, disait-il, nous a ainsi aimés, nous devons ainsi nous aimer les uns les autres (Jean 4 : 11) ». Nous devons aimer toute âme d'homme, car « les compassions de Dieu sont sur toutes ses oeuvres (Psaume 145 : 9) ». Ainsi donc cet ami de Dieu embrassait, à cause de Lui,dans ses affections, tout le genre humain, sans excepter ceux qu'il n'avait jamais vus, ou ceux dont il ne savait guère qu'une chose ; savoir, qu'ils étaient « de la race de Dieu » et de ceux « pour qui Christ est mort » ; sans excepter les méchants et les ingrats, ni surtout ses ennemis, ceux qui le haïssaient, le persécutaient ou le traitaient avec mépris à cause de son Maître. Ceux-ci avaient une place particulière dans son coeur et dans ses prières ; il les aimait comme Christ nous a aimés.
               Mais la « charité ne s'enfle point d'orgueil (1Corinthiens 13 : 4) », elle humilie sur la poudre l'âme où elle habite. Aussi était-il humble de coeur, petit, méprisable et vil à ses propres yeux. Il ne cherchait ni n'acceptait la louange qui vient des hommes, mais seulement celle qui vient de Dieu. Il était doux, patient, débonnaire et facile envers tous. La fidélité et la vérité étaient « liées autour de son cou et gravées sur la table de son coeur ».
             Le Saint-Esprit le rendait modéré en toutes choses, et il faisait taire son âme «comme un enfant sevré ». Il était crucifié au monde et le monde lui était crucifié. Il était au-dessus de « la convoitise de la chair, de la convoitise des yeux et de l'orgueil de la vie ». Le même amour tout-puissant le préservait de colère et d'orgueil, de convoitise et de vanité, d'ambition et d'avarice et de toute affection étrangère à Jésus-Christ.
              On croira. sans peine que celui qu'animait cet amour ne faisait point de mal au prochain. Il lui était impossible de blesser, le sachant et le voulant, qui que ce fût. Il était aussi loin que possible de la cruauté et de toute action injuste ou malveillante. Et il ne mettait pas moins de soin à « garder sa bouche, et l'ouverture de ses lèvres », de peur qu'il ne péchât de a langue contre la justice, la miséricorde ou la vérité. Il dépouillait tout mensonge, toute fausseté, toute fraude, et l'on ne trouvait aucun artifice dans sa bouche. Il ne médisait de personne, et jamais ses lèvres ne laissaient échapper rien de désobligeant.
                Et comme il sentait profondément la vérité de cette parole : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire (Jean 15.5) », et le besoin d'être arrosé de Dieu, de moment en moment, il persévérait chaque jour dans les ordonnances de grâce que Dieu a établies comme canaux de sa bénédiction, —« dans la doctrine des apôtres », —recevant cet aliment de l'âme avec toute promptitude de coeur, — « dans la fraction du pain » — qui était pour lui « la communion du corps de Christ », — « et dans les prières », et les louanges offertes à Dieu par la grande assemblée. C'est ainsi qu'il se fortifiait chaque jour dans la grâce, croissant en vertu et dans la connaissance et l'amour de Dieu.
               Mais c'était peu pour lui que de ne nuire à personne. Son âme avait soif de faire du bien. Mon Père, disait-il toujours en son coeur, mon Père agit continuellement, et moi je dois agir aussi ; — mon Seigneur « allait de lieu en lieu, faisant du bien », ne marcherai-je pas sur ses traces ? C'est pourquoi, selon que l'occasion se rencontrait, s'il ne pouvait faire du bien d'un ordre supérieur, on le voyait nourrir les affamés, vêtir ceux qui étaient nus, assister les orphelins et les étrangers, visiter et secourir les malades et les prisonniers. Il donnait tous ses biens pour la nourriture des pauvres, se réjouissant de travailler ou de souffrir pour eux, et d'exercer le renoncement surtout dans les choses où il pouvait être utile aux autres. Aucun sacrifice ne lui coûtait pour eux, car il se souvenait de cette parole du Seigneur : « En tant que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites à moi-même (Mat 25 : 40) ».
            Tel était le christianisme à sa naissance. Tels étaient les chrétiens aux jours anciens. Tels étaient ceux qui, ayant entendu les menaces des principaux sacrificateurs et des sénateurs, élevèrent, tous d'un accord, leurs voix à Dieu, et furent tous remplis du Saint-Esprit. La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un coeur et qu'une âme, — tant l'amour de Celui en qui ils avaient cru les pressait de s'aimer les uns les autres, — « et personne ne disait que ce qu'il possédait fût à lui en particulier, mais toutes choses étaient communes entre eux », tant il est vrai qu'ils étaient crucifiés au monde, et que ce monde leur était crucifié ! « Ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et dans les prières (Actes 2 : 42) ». Et il y avait une grande grâce sur eux tous ; car il n'y avait personne parmi eux qui fût dans l'indigence ; parce que tous ceux qui possédaient des fonds de terre ou des maisons les vendaient et en apportaient le prix aux apôtres ; et on les distribuait à chacun, selon qu'il en avait besoin (Actes 4 : 31,35) ».

II

              Considérons, en second lieu, ce christianisme, comme se communiquant d'homme à homme, et s'étendant ainsi graduellement dans le monde. Car telle était la volonté de Dieu, qui n'allumait pas cette lumière pour la mettre sous un boisseau, mais afin qu'elle éclairât tous ceux qui étaient dans la maison ! Le Seigneur l'avait déclaré à ses premiers disciples : « Vous êtes le sel de la terre ; vous êtes la lumière du monde », leur donnant, en même temps, ce commandement général : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux (Mat 5 : 13-16) ».
            Représentons-nous, d'ailleurs, quelques-uns de ces amis de l'humanité, voyant le monde entier plongé dans le mal : pouvons-nous croire qu'ils restassent indifférents, à cette vue, à la misère de ceux pour qui leur Seigneur était mort ? Leurs entrailles n'en seraient-elles pas émues, et leurs cœurs fondus d'angoisse ? Et pourraient-ils « rester tout le jour sans rien faire », lors même qu'il n'y aurait pas de commandement de Celui qu'ils aiment ? Ne travailleraient-ils pas, par tous les moyens possibles, à retirer du feu quelques-uns de ces tisons ? Oui, sans doute, ils n'épargneraient aucune peine pour ramener le plus possible de ces brebis égarées au Pasteur et à l'Évêque de leurs âmes (1Pierre 2 : 25).
          Ainsi faisaient les premiers chrétiens : ils travaillaient pendant qu'ils en avaient l'occasion à faire du bien à tous les hommes, les exhortant à fuir sans délai la colère à venir. Ils disaient : « Dieu ayant laissé passer les temps d'ignorance, annonce maintenant à tons les hommes, en tous lieux, qu'ils se repentent (Actes 17 : 30) ; » ils criaient à haute voix : « Détournez vous, détournez-vous de tons vos péchés, et l'iniquité ne vous sera pas une occasion de ruine (Ézéchiel 18 : 30) ». Ils leur parlaient « de la tempérance et de la justice » ; — des vertus opposées à leurs péchés dominants, — « et du jugement à venir (Actes 24 : 25) », de la colère de Dieu qui va se répandre sur les ouvriers d'iniquité au jour qu'il jugera le monde.
            Ils parlaient à chacun selon ses besoins : aux insouciants, à ceux qui demeuraient insensibles dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, ils criaient : « Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclairera ! (Ephésiens 5.14) » Mais à ceux qui déjà réveillés du sommeil, gémissaient sons le poids de la colère divine, ils disaient : «Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste, il est la propitiation pour nos péchés» ; — et quant à ceux qui avaient cru, ils les excitaient à la charité et aux bonnes oeuvres, ils les exhortaient à y persévérer avec patience et à abonder de plus en plus en cette sainteté, « sans laquelle nul ne verra le Seigneur (Hébreux 12 : 14) ».
             Et leur travail n'était pas vain devant le Seigneur, sa parole avait un libre cours est était glorifiée. Mais plus elle avançait, plus elle était un objet de scandale. Le monde, en général, se scandalisait, parce qu'ils rendaient témoignage que ses oeuvres étaient mauvaises (Jean 7 : 7). Les gens de plaisir se scandalisaient, non seulement de ce que ces hommes semblaient faits pour les reprendre : (Il se vante, disaient-ils, de connaître Dieu, et il s'appelle enfant du Seigneur ; sa vie n'est pas semblable à celle des autres, et ses voies sont différentes. Il s'abstient de nos voies comme d'une souillure ; il se glorifie d'avoir Dieu pour son père (Sagesse 2 : 13-16 ) ; — mais surtout ils se scandalisaient de ce que tant de leurs compagnons leur étaient enlevés et ne voulaient plus « courir avec eux dans les mêmes débordements de dissolution (1Pierre 4 : 4) ». Les hommes de réputation se scandalisaient de ce qu'en proportion des progrès de l'Évangile, ils baissaient dans, l'estime du peuple, en sorte que plusieurs n'étaient plus libres de leur donner des titres flatteurs, ni de rendre à l'homme l'hommage qui n'est dû qu'à Dieu. Les artisans s'assemblaient et disaient : « O hommes, vous savez que tout notre gain vient de cet ouvrage ; mais vous voyez et vous entendez que ces hommes ont persuadé et détourné un grand nombre de personnes ; tellement qu'il est à craindre que notre métier ne soit décrié (Actes 19 : 25-27)». Mais surtout les hommes dits religieux, les saints du monde, se scandalisaient, et toujours ils étaient prêts à s'écrier : « Hommes israélites, aidez-nous ! Nous avons trouvé ces gens qui sont une peste publique et qui excitent des séditions par tout le monde (Actes 24 :5), prêchant partout contre la nation et contre ce lieu (Actes 21 : 28) ! »
            Ainsi le ciel s'obscurcissait de nuages et l'orage se formait. Car plus le christianisme avançait, plus ceux qui le rejetaient y voyaient de mal, et plus le nombre augmentait de ceux qui, remplis de rage contre ces perturbateurs du monde (Actes 17 : 6), ne cessaient de crier : « Qu'on les ôte de la terre ! il n'est pas juste de les laisser vivre » ; — et qui même croyaient sincèrement que « quiconque les ferait mourir rendrait service à Dieu ».
               On ne manquait pas non plus de rejeter leur nom comme mauvais (Luc 6 : 22), et « partout on s'opposait à cette secte » (Actes 28 : 22) Les hommes disaient contre eux toute sorte de mal, comme on avait fait pour les prophètes venus avant eux (Matthieu 5 : 11-12). Et ce que l'un affirmait, les autres le croyaient, en sorte que les sujets de scandale se multipliaient comme les étoiles du ciel. De là s'éleva, au temps voulu du Père, la persécution sous toutes ses formes. Les uns ne souffrirent d'abord que la honte et l'insulte ; d'autres, la perte de leurs biens ; plusieurs furent éprouvés par les opprobres et les fouets, plusieurs par les liens et par la prison ; d'autres durent résister jusqu'au sang (Hébreux 10 : 34 11 : 36).
           Ce fut alors que les forteresses de l'enfer furent ébranlées, et que le royaume de Dieu s'étendit toujours plus. Partout les pécheurs furent convertis des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu. Le Seigneur donnait à ses enfants « une bouche et une sagesse à laquelle leurs adversaires ne pouvaient résister » ; et leur vie n'avait pas moins de force que leurs paroles. Ils se rendaient recommandables 
« comme serviteurs de Dieu, dans les afflictions, dans les nécessités, dans les maux extrêmes, dans les blessures, dans les prisons, au milieu des séditions, dans les travaux, dans les périls sur mer ou dans les déserts, dans les fatigues et les peines, dans la faim, la soif, le froid et la nudité (2 Corinthiens 6 : 4) ». 

             Et s'il leur arrivait, après avoir soutenu le bon combat, d'être menés comme des brebis à la boucherie, et « de servir d'aspersion sur le sacrifice et l'offrande de leur foi », alors le sang de chacun d'eux trouvait une voix, et les païens avouaient que, quoique morts, ils parlaient encore.

           Ainsi le christianisme se répandit sur la, terre. Mais combien l'ivraie se hâta de paraître avec le bon grain et le mystère d'iniquité d'agir concurremment au mystère de piété! Comme Satan eut bientôt son trône, même dans le temple de Dieu ! L'Eglise s'enfuit au désert et les fidèles furent de nouveau réduits à un petit nombre parmi les fils des hommes. Ici nous entrons dans un chemin battu. La corruption toujours croissante des siècles suivants, a été, à diverses époques, amplement décrite par les témoins que Dieu s'est suscités pour montrer qu'il a bâti son Église sur le roc et que « les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle (Matthieu 16 : 18) ».

III

           Mais ne verrons-nous pas de plus grandes choses que celles-là ? — Oui ; de plus grandes qu'il n'y en a encore eu depuis la création du monde ! Satan peut-il faire que la vérité de Dieu trompe ou que ses promesses soient de nul effet ? — Mais, s'il ne le peut, le temps viendra où le christianisme, vainqueur de toute opposition, couvrira la terre. C'est le troisième point que nous nous étions proposé d'établir. Arrêtons-nous et contemplons d'avance cet étrange spectacle : un monde chrétien. Ce fut l'objet de l'exacte recherche et de la profonde méditation des prophètes (1Pierre 1 : 10) ; et l'Esprit qui était en eux en rendit témoignage : 
« Il arrivera aux derniers jours que la maison de l’Éternel sera affermie au-dessus des montagnes et élevée par-dessus les coteaux, et tous les peuples y aborderont ! - Et ils forgeront leurs épées en hoyaux et leurs hallebardes en serpes ; une nation ne lèvera plus l'épée contre une autre et ils ne s'exerceront plus à la guerre (Esaïe 2 : 1-4). —

En ce jour-là, les nations rechercheront la racine d'Isaï, dressée pour enseigne des peuples et son séjour ne sera que gloire. — Et il arrivera en ce jour-là que le Seigneur mettra encore la main à recouvrer les restes de son peuple : il élèvera l'enseigne pour les nations ; il rassemblera ceux d'Israël qui auront été chassés ; il recueillera des quatre coins de la terre ceux de Juda qui auront été dispersés. — Le loup habitera avec l'agneau, et le léopard gîtera avec le chevreau ; le veau, le lionceau et le bétail qu'on engraisse seront ensemble, et un enfant les conduira. On ne nuira point, on ne fera aucun dommage à personne dans toute la montagne de ma sainteté. Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer est couvert des eaux (Esaïe 11 : 6- 12) ».
         Tel est aussi le sens de ces paroles du grand Apôtre, qui évidemment attendent encore leur accomplissement : 

« Dieu a-t-il rejeté son peuple ? A Dieu ne plaise ! — Mais le salut a été donné aux Gentils par leur chute. Or, si leur chute a fait la richesse du monde, que ne fera pas la conversion de ce peuple entier ?... Car, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère, que si une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, ce n'est que jusqu'à ce que la multitude des Gentils soit entrée dans l'Église. — Et ainsi tout Israël sera sauvé. (Romains 11 1 : 11,25,26) »

           Supposons maintenant la plénitude des temps arrivée et les prophéties accomplies. Quelle perspective ! Tout est paix, calme et assurance à, jamais. C'en est fait du fracas des armes, du tumulte et des vêtements souillés de sang. La destruction a pris fin pour toujours. Les guerres ont cessé sur la terre. Il n'y a plus même de discorde intestine ; plus de frère qui s'élève contre son frère ; plus de ville ; ni de province divisée contre elle-même et déchirant ses propres entrailles.

          C'en est fait pour toujours des guerres civiles ; il ne reste personne qui détruise ou moleste son prochain. Ici plus d'oppression qui mette lors de sens le sage lui-même ; plus d'extorsion qui écrase la face des pauvres ; plus de tort ni de larcin ; plus de rapine ni d'injustice : car tous sont contents de ce qu'ils possèdent. Ainsi la justice et la paix se sont entre-baisées ; elles ont pris racine et rempli la terre ; « la vérité et germé de la terre, et la justice a regardé des cieux (Ps 85 : 10,11) ».
           Et avec la justice il y a aussi la miséricorde. La terre n'est plus remplie de cabanes de violence. Le Seigneur a détruit l'homme sanguinaire et le malicieux, l'envieux et le vindicatif. Y eût-il encore provocation, il n'y a plus personne qui rende mal pour mal ; mais il n'y a pas même de provocation ; car tous les hommes sont simples comme des colombes. Remplis de paix et de joie par la foi, unis en un seul corps par le même Esprit, ils s'aiment comme des frères : ils ne sont qu'un coeur et qu'une âme. Et nul d'entre eux ne dit que ce qu'il possède lui appartienne en propre. Il n'y a parmi eux personne dans l'indigence ; car chacun aime son prochain comme lui-même ; et ils n'ont tous qu'une règle : « tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites le-leur aussi de même On n'entend donc plus parmi eux ni paroles désobligeantes, ni débats de langue, ni contentions d'aucun genre, ni railleries, ni médisances ; mais tous ouvrent la bouche avec sagesse ; tous ils ont « la loi de débonnaireté (humilité)sur les lèvres ». Mais ils sont aussi incapables de fraude ou de déguisement : leur amour est sans dissimulation ; leurs paroles sont toujours la juste expression de leurs pensées, ouvrant, pour ainsi dire, une fenêtre à leur coeur, afin que quiconque veut y regarder voie que Dieu et son amour y habitent seuls.
           C'est ainsi que le Dieu tout-puissant « se revêtant de sa force et entrant dans son règne » se soumet toutes choses, et fait déborder tous les cœurs d'amour et toutes les bouches de louanges. 

« Heureux le peuple qui est dans cet état ! Heureux le peuple duquel l'Éternel est le Dieu (Ps 144 : 15) »

« Lève-toi, sois illuminée, dit l'Éternel, car ta lumière est venue, et la, gloire de l'Éternel est levée sur toi. Tu as reconnu que moi, l'Éternel, je suis ton Sauveur et ton Rédempteur, le Puissant de Jacob. — Je ferai que la paix règne sur toi, que la justice te gouverne. On n'entendra plus parler de violence dans ton pays, ni de dégât ou d'oppression dans tes contrées ; mais tu appelleras tes murailles salut et tes portes louanges. Tes enfants seront tous justes ; ils posséderont éternellement la terre ; ils seront le rejeton que j'ai planté et l'ouvrage de mes mains dans lequel je serai glorifié. Tu n'auras plus le soleil pour lumière du jour, et la lueur de la lune ne t'éclairera plus ; mais l’Éternel sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera. ta gloire, (Esaïe 60 1 : 16-19) ».

IV


         Ayant ainsi brièvement considéré le christianisme dans sa naissance, dans ses progrès, dans sa victoire, tout ce qu'il me reste à faire c'est de conclure par une application simple et pratique.
--Et d'abord, je le demande, où existe maintenant un tel christianisme ? 
--Où sont, je vous prie, les chrétiens ? 
--Quel est le pays où les habitants sont ainsi remplis du Saint-Esprit, — n'ont tous qu'un coeur et qu'une âme, — ne peuvent laisser l'un d'entre eux dans l'indigence, mais donnent constamment à chacun selon ses besoins ? 
--Où est le pays dont tous les habitants ont le coeur tellement rempli de l'amour de Dieu, qu'il les presse d'aimer leur prochain comme eux-mêmes, — dont tous les habitants sont revêtus des entrailles de miséricorde, d'humanité, de douceur de patience, — ne blessent, ni de fait ni en paroles, la justice, la miséricorde ou la vérité, mais font en tous points, à tous les hommes, comme ils voudraient qu'on leur fît à eux-mêmes ? 
--De quel droit appellerions-nous chrétienne une contrée qui ne répond pas à cette description ? 
           Ah ! ne craignons pas de l'avouer : nous n'avons encore jamais vu de pays chrétiens. Mes frères, je vous en supplie, par les compassions de Dieu, si vous me tenez pour fou ou pour insensé, supportez-moi comme insensé. Il est nécessaire que quelqu'un vous parle avec franchise. C'est nécessaire aujourd'hui même ; car qui sait si ce temps qui nous est donné n'est pas le  dernier ? Qui sait si le juste Juge ne dira point bientôt : « Ne me prie plus pour ce peuple ? Quand Noé, Daniel et Job seraient dans ce pays, ils ne délivreraient que leurs propres âmes ». Et qui usera de cette franchise, si je ne le fais ? C'est pourquoi je parlerai moi, tel que je suis. Et je vous conjure, par le Dieu vivant, de ne point fermer vos cœurs pour ne pas être bénis par mes mains.
         Ne dites pas intérieurement : « Quand tu me persuaderais, tu ne me persuaderas point ! », ou, en d'autres termes : Seigneur n'envoie pas qui tu veux envoyer ! Que je meure « dans mon sang »,plutôt que d'être sauvé par cet homme !
          Mes frères, j'attends de meilleures choses de vous, quoique je parle ainsi. Souffrez donc que je vous le demande avec amour et dans un esprit de douceur : 
--Est-ce ici une ville chrétienne ? 
--Y trouve-t-on le christianisme, le christianisme scripturaire ? 
--Sommes-nous, tous ensemble, tellement remplis du Saint-Esprit, que nous en goûtions dans nos cœurs et en montrions dans notre vie les vrais fruits ?
--Les magistrats, les chefs des corps universitaires et leurs dépendants, pour ne rien dire des autres habitants de la ville, ne sont-ils tous qu'un coeur et qu'une âme ? 
--L'amour de Dieu est-il répandu dans nos cœurs ? 
--Avons-nous les mêmes sentiments qu'avait Jésus-Christ ? 
--Notre vie est-elle conforme à la sienne ? 
--Sommes-nous saints, dans toute notre conduite, comme celui qui nous a appelés est saint?
           Veuillez observer qu'il ne s'agit pas ici d'idées particulières ; que la question n'est pas touchant des opinions douteuses, quelles qu'elles soient, mais touchant les points fondamentaux et indubitables, s'il en est de tels, de la doctrine qui nous est commune, et que c'est à vos propres consciences, guidées par l'Écriture, que j'en appelle pour la décision. Si quelqu'un n'est pas condamné par son propre coeur, je n'ai pas à le condamner non plus.
         C'est donc en la crainte comme en la présence du grand Dieu devant qui nous comparaîtrons bientôt, vous et moi, que je vous prie, vous qui avez autorité sur nous et que je révère à cause de vos fonctions, de considérer (et non comme dissimulant avec Dieu) si vous êtes remplis du Saint-Esprit ; si vous êtes de vivantes images de Celui que vous représentez parmi les hommes ? « J'ai dit, vous êtes des dieux », ainsi vous parle l'Écriture, vous magistrats et gouverneurs ; vous êtes, par office, alliés de si près au Dieu du ciel ! Vous êtes chargés, à divers degrés, de nous offrir l'image de l'Éternel notre Roi. Toutes les pensées de vos cœurs, vos dispositions, vos désirs conviennent-ils à votre haute vocation? --Toutes vos paroles sont-elles semblables à celles qui sortent de la bouche de Dieu? 
--Y a-t-il dans toutes vos actions de la dignité et de l'amour, — une grandeur que les paroles ne peuvent exprimer, qui ne peut procéder que d'un coeur plein de Dieu, et compatible pourtant avec le néant de « l'homme qui n'est qu'un ver et du fils de l'homme qui n'est qu'un vermisseau ? »
            Et vous, hommes graves et respectables, qui êtes particulièrement appelés à former l'esprit flexible de la jeunesse, à en écarter les ombres de l'ignorance et de l'erreur, à la rendre sage à salut : 
--Êtes-vous remplis du Saint-Esprit ; de tous ces fruits de l'Esprit que l'importance de votre charge rend si indispensables ? 
--Votre coeur est-il tout à Dieu, plein d'amour et de zèle pour établir son règne sur la terre ? --Rappelez-vous sans cesse à ceux qui sont sous vos soins que le seul but raisonnable de toutes nos études est de connaître, d'aimer et de servir le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu'il a envoyé ? 
--Leur inculquez-vous, jour par jour, que l'amour seul ne périt jamais (tandis que les langues et la connaissance philosophique seront anéanties) et que sans l'amour, la glus grande science n'est qu'une splendide ignorance, une pompeuse folie, un tourment d'esprit ? 
--Tout ce que vous enseignez tend-il effectivement à l'amour de Dieu et de tout le genre humain pour l'amour de lui ? 
-Visez-vous à ce but en tout ce que vous leur prescrivez touchant le choix, le mode et la mesure de leurs études, travaillant pour que ces jeunes soldats de Christ, quel que soit le poste qui leur tombe en partage, soient comme autant de lampes ardentes qui brillent et qui honorent l'Évangile de Christ en toutes choses ? 
--Et, permettez encore que je le demande, déployez-vous dans cette grande oeuvre toutes vos forces ? 
--Y travaillez-vous de tout votre pouvoir ? 
--Y appliquez-vous toutes les facultés de votre âme, touts les talents que Dieu vous a confiés, et cela avec toute l'énergie dont vous êtes capables ?
           Qu'on ne dise pas que je parle ici comme si tous ceux qui sont sous vos soins étaient destinés pour le ministère ; non, je ne parle que comme s'ils étaient chrétiens. 
--Mais quel exemple reçoivent-ils de nous qui, dans les divers grades universitaires, jouissons de la bénéficence (bienfaisance) de nos ancêtres, particulièrement de ceux d'entre nous qui sont de quelque rang ? 
--Frères, êtes-vous remplis des fruits de l'Esprit, d'humilité, de renoncement, de sérieux, de gravité, de patience, de douceur, de sobriété, de tempérance, et vous appliquez-vous constamment et sans relâche à faire du bien, en toute façon, à tous les hommes, à subvenir à leurs besoins temporels, à amener leurs âmes à la vraie connaissance et à l'amour de Dieu ? 
--Est-ce là le caractère général des gradués des collèges ? 
--Je crains bien que non. Mais plutôt l'orgueil, la fierté, l'impatience, la mauvaise humeur, la paresse et l'indolence, la gourmandise et la sensualité, ou même une inutilité proverbiale, plutôt, dis-je, tous ces vices ne nous sont-ils pas reprochés, et pas toujours peut-être, par nos ennemis, ni sans fondement ? 
            Oh que Dieu veuille ôter de dessus nous cet opprobre et que le souvenir même en soit effacé pour jamais ! Plusieurs de nous sont plus immédiatement consacrés à Dieu, appelés au service des chose saintes. 
--Eh bien ! sommes-nous « les modèles des autres, en paroles, en action, en charité, en esprit, en foi, en pureté (1 Timothée 4 : 12) ? » 
--Ces mots, sainteté à l'Éternel, sont-ils écrits sur nos fronts et dans nos cœurs ? 
--Par quels motifs sommes-nous entrés dans ce ministère ? 
--Était-ce avec un œil simple pour servir Dieu, persuadés que le Saint-Esprit nous pressait intérieurement de prendre cette charge pour l'avancement de sa gloire et pour l'édification de son peuple ? 
--Était-ce avec la résolution bien arrêtée, par la grâce de Dieu, de nous y vouer entièrement? 
--Rejetons-nous, autant qu'il est possible, tous les soins et les études profanes, pour nous appliquer uniquement à cette oeuvre-ci et y tourner tous nos soins et toutes nos études ? Sommes-nous propres à enseigner ?
--Sommes-nous enseignés de Dieu pour être en état d'enseigner les autres ? Connaissons-nous Dieu ?
--Connaissons-nous Jésus-Christ ? 
--Dieu a-t-il révélé son Fils en nous ? 
--Nous a-t-il rendus capables d'être ministres de la nouvelle Alliance ? 
--Où donc sont les sceaux de notre apostolat ? 
--Qui sont ceux qui, étant morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, ont été vivifiés par notre parole ? 
--Brûlons-nous d'un tel désir de sauver les âmes de la mort, que pour l'amour d'elles nous oubliions souvent de manger notre pain ?
--Parlons-nous ouvertement pour la manifestation de la vérité, nous recommandant à la conscience de tous les hommes en la présence de Dieu? 
--Sommes-nous morts au monde et aux choses du monde, ne nous amassant de trésors que dans le ciel ? 
--Loin de dominer sur les héritages de Dieu, sommes-nous comme les plus petits et les serviteurs de tous ?
Si nous portons l'opprobre de Christ, nous pèse-t-il, ou nous en réjouissons-nous ? 
--Quand on nous frappe sur une joue, en avons-nous du ressentiment, de l'impatience, ou présentons-nous l'autre, ne résistant point au mal mais surmontant le mal par le bien ?         --Avons-nous un zèle amer qui nous incite à contester aigrement et avec passion contre ceux qui s'égarent, ou notre zèle est-il la flamme de la charité qui dirige toutes nos paroles dans la douceur, l'humanité, la débonnaireté et la sagesse ?
--Un mot encore : que dire de la jeunesse de ce lieu ? 
--Avez-vous, ô jeunes gens, la réalité ou même seulement la forme de la piété chrétienne ? --Êtes-vous humbles, traitables, dociles, — ou revêches, opiniâtres, entêtés et hautains ?Obéissez-vous à vos supérieurs comme à des pères, ou méprisez-vous ceux à qui vous devez le plus rendre respect ?
--Êtes-vous actifs dans vos légers travaux, poursuivant vos études de toutes vos forces ? 
--Rachetez-vous le temps, remplissant chaque journée d'autant de travail qu'elle en peut contenir, ou bien votre conscience vous dit-elle, au contraire, que vous perdez jour après jour, soit à lire ce qui n'intéresse point le christianisme, soit au jeu, soit à toutes sortes de riens ? 
--Êtes-vous meilleurs économes de votre bien que de votre temps ? 
--Prenez-vous soin, par principe, de ne devoir rien à personne ? 
--Vous souvenez-vous du jour du repos pour le sanctifier et pour l'employer plus immédiatement au service de Dieu ? 
--Quand vous êtes dans la maison de Dieu, pensez-vous que Dieu est là ?
--Et vous comportez-vous comme voyant Celui qui est invisible ? 
--Savez-vous posséder vos corps dans la sainteté, et l'humilité ? 
--L'ivrognerie, l'impureté ne se trouvent-elles pas parmi vous ? 
--N'y en a-t-il pas même parmi vous qui se glorifient de ce qui fait leur confusion, ou qui prennent le nom de Dieu en vain, habituellement peut-être, sans crainte ni remords ? 
--ou même, et de ceux-là une multitude toujours croissante, qui se parjurent ?
              Ne vous étonnez point de ceci, mes frères. Devant Dieu et devant cette assemblée, j'avoue que j'ai été de ce nombre, ayant juré solennellement d'observer tous les usages prescrits, alors que je n'en avais aucune connaissance, et nos statuts que je ne parcourus pas même ni alors ni de longtemps après.
--Si ce n'est pas là un parjure, qu'est-ce que le parjure ? 
Mais si c'en est un, oh ! quelle culpabilité, quelle noire culpabilité pèse sur nous ! 
--Et le Très-Haut ne le voit-il point ? 
--Ce péché ne vient-il point de ce que tant d'entre vous sont une génération frivole, qui ne font que badiner avec Dieu, les uns avec les autres et avec leur propre âme ? 
--Car enfin, combien y en a-t-il qui, dans toute une semaine, passent seulement une heure à prier en secret ? 
--Combien qui songent à Dieu dans l'ensemble de leur conversation ? 
--Qui d'entre vous cornait tant soit peu les opérations de son Esprit, son oeuvre surnaturelle dans les âmes ? 
--Pouvez-vous souffrir, si ce n'est de temps en temps, dans une église, qu'on vous parle du Saint-Esprit ? 
--Et si quelqu'un entamait une telle conversation, douteriez-vous que ce ne fût un hypocrite ou un enthousiaste ? 
--Au nom du Seigneur Dieu tout-puissant, je vous le demande, de quelle religion êtes-vous donc, puisque vous ne pouvez ni ne voulez souffrir qu'on parle du christianisme ? 
--Ô mes frères ! quelle ville chrétienne est-ce ici ?
Il est temps, Seigneur, que tu y mettes la main ! 
--En effet, quelle probabilité, ou plutôt (pour parler à vue humaine) quelle possibilité y a-t-il que le christianisme, le christianisme scripturaire devienne encore la religion de ces lieux ; que les gens de tout état parmi nous viennent à parler et à vivre comme étant remplis du Saint-Esprit ? Par qui ce christianisme serait-il rétabli ? 
--Pour ceux d'entre vous qui ont en main l'autorité ? 
--Mais êtes-vous convaincus que ce soit ici le christianisme de l'Ecriture ? 
--Désirez-vous qu'il soit rétabli ? 
--Et tenez-vous votre fortune, votre liberté, votre vie comme ne vous étant pas précieuses, pourvu que vous serviez d'instruments pour le rétablir ?
--Mais, supposé que vous en ayez le désir, qui est assez puissant pour produire l'effet désiré ? 
Quelques-uns d'entre vous ont fait peut-être quelques faibles efforts, mais avec combien peu de succès ! 
--Le christianisme serait-il donc rétabli par des jeunes gens inconnus et sans autorité ? 
Je ne sais si vous-mêmes vous pourriez le souffrir ! 
--Quelques-uns de vous ne crieraient-ils point : Jeune homme, en faisant cela, tu nous accuses ? 
Mais il n'y a nul danger que vous soyez mis à cette épreuve, tant il est vrai que l'iniquité nous inonde comme un fleuve. 
--Qui donc Dieu enverra-t-il ? 
--La famine, la peste (dernier message à un pays coupable), ou l'épée ? 
--Les armées romaines, les étrangers, pour nous ramener à notre première charité ? 
            Ah ! « que nous tombions entre tes mains, Seigneur ! plutôt qu'entre les mains des hommes ! » Seigneur, sauve-nous, ou nous périssons ! retire-nous afin que nous n'enfoncions pas dans le bourbier ! Ah ! délivre-nous, car le secours de l'homme est vain ! Toutes choses te sont possibles ! Selon la grandeur de ta force, garantis ceux qui s'en vont mourir ! et sauve-nous comme tu trouveras bon ; non selon notre volonté, mais selon la tienne !








lundi 1 juin 2015

LES SERMONS DE WESLEY Sermon 3 : RÉVEILLE-TOI, TOI QUI DORS Ephésiens 5,14

Numérisation Yves PETRAKIAN
Copie autorisée pour diffusion gratuite uniquement
Obligation d'indiquer la source http://456-bible.123-bible.com


(tiré du livre  LES SERMONS DE WESLEY  -1- )


Ephésiens 5,14  (1742), prêché par Charles Wesley devant l'Université d'Oxford

« Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclaira ». (Éphésiens 5 : 14)

             J'essaierai, avec l'aide de Dieu, en traitant ce texte, d'abord de décrire les dormeurs auxquels il s'adresse, — puis d'insister sur l'exhortation : « Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts », — et enfin d'expliquer la promesse faite à ceux qui se réveillent et se relèvent : « Christ t'éclairera ».

I

           Voyons d'abord qui sont les dormeurs dont il est ici question. Ce sommeil représente l'état naturel de l'homme ce profond sommeil de l'âme dans lequel le péché d'Adam a plongé tous ceux qui sont issus de lui ; cette nonchalance, cette indolence, cette stupidité, cet état d'insensibilité à l'égard de sa condition, qui est l'état de tout homme dès son entrée dans le monde et aussi longtemps que la vois de Dieu ne l'a pas réveillé.
            Or, « ceux qui dorment, dorment la nuit (Thessaloniciens 5 : 7) ». L'état de nature est un état de complètes ténèbres, un état où « les ténèbres couvrent la terre et l'obscurité les peuples (Esaïe 60 : 2) ». Le pauvre pécheur non réveillé peut avoir des connaissances étendues sur d'autres sujets, mais il ne se connaît pas lui-même ; et, à cet égard, « il ne contrait rien comme il faut connaître (1 Corinthiens 8 : 2) ». Il ignore qu'il est un esprit déchu, dont l'unique affaire dans ce monde est de se relever de sa chute, et de retrouver cette ressemblance divine qu'il reçut à sa création. Il ne voit point la nécessité de la seule chose nécessaire, de ce changement intérieur radical, de cette « naissance d'en haut » , que le baptême représente, et qui est le point de départ, de cette rénovation totale, de cette
sanctification de l'esprit, de l'âme et du corps, « sans laquelle personne ne verra le Seigneur ! (Hébreux 12 : 14).
             En proie à toutes les maladies, il s'imagine jouir d'une santé parfaite. Dans la misère et dans les fers, il rêve qu'il est en liberté. Il dit : Pais ! paix ! tandis que le diable, semblable à un « homme bien armé (Matthieu 12 : 29) », règne en maître sur son âme. Il dort et se repose, tandis que l'enfer s'émeut pour lui faire accueil, tandis que l'abîme, d'où l'on ne revient pas, tient sa gueule béante pour l'engloutir. Un feu est allumé autour de lui, et il ne s'en doute pas ; un feu le consume, et il ne s'en met pas en peine.
              Celui qui dort, c'est donc (et plût à Dieu que nous le comprissions tous !) le pécheur qui se plait dans ses péchés, qui ne désire pas se relever de sa déchéance, qui entend vivre et mourir sans recouvrer la ressemblance divine ; c'est un homme qui ignore et sa maladie et le seul remède qui puisse la guérir ; c'est un homme qui n'a jamais entendu, ou jamais compris la voie de Dieu l'avertissant de « fuir la colère à venir (1 Thessaloniciens 5 : 10)  » c'est un homme qui ne s'est jamais vu menacé du feu de la géhenne, et n'a jamais crié dans la détresse de son âme : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? (Actes 16 : 30) »
               Si ce pécheur endormi n'est pas extérieurement vicieux, son sommeil n'en est que plus profond ordinairement ; soit que, tiède Laodicéen, il ne soit « ni froid ni bouillant (Apocalypse 3 : 15) » , se bornant à être un observateur calme, raisonnable, inoffensif de la religion de ses pères ; soit que, plein de zèle et d'orthodoxie, il vive en Pharisien, « selon cette secte, la plus exacte de notre religion (Actes 26 : 4) », c'est-à-dire (pour le dépeindre comme le fait l'Ecriture), essayant de se justifier lui-même et d'établir sa propre justice, comme le fondement de sa réconciliation avec Dieu.
              Cet homme a « l'apparence de la piété, mais en a renié la force (2 Timothée 3 : 5)» et il lui arrive souvent de décrier la vraie piété, qu'il taxe d'extravagance et d'hypocrisie. Cependant le malheureux, dans son aveuglement, rend grâces à Dieu de ce qu'il n'est pas « comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères (Luc 18 : 11)» . Non, il ne fait tort à personne ; il « jeûne deux fois la semaine », il emploie tous les moyens de grâce, il est assidu à l'église et à la table sainte ; bien plus, il « donne la dîme de tout ce qu'il possède », il fait tout le bien qu'il peut. « Quant à la justice de ta loi, il est sans reproche (Philippiens 3 : 6) ». Il ne lui manque, en fait de piété, que ce qui en est la force ; en fait de religion, que ce qui en est l'esprit ; en fait de christianisme, que ce qui en est la vérité et, la vie.
              Mais ne savez-vous pas que, quelque haute estime qu'aient les hommes d'un tel chrétien, il est en abomination devant Dieu, et qu'il hérite de toutes les malédictions que le Fils de Dieu dénonce, hier, aujourd'hui et éternellement, contre « les Scribes et les Pharisiens hypocrites ? » Il a « nettoyé le dehors de la coupe et du plat (Matthieu 23 : 25) » tandis qu'au dedans il est plein de souillure. C'est avec raison que notre Seigneur le compare à « un sépulcre blanchi, qui parait beau par dehors, mais qui au dedans est plein d'ossements de morts et de toute sorte de pourriture (Matthieu 23 : 27) ». Ces ossements, il est vrai ne sont plus desséchés ; des nerfs et de la chair ont crû sur eux, et la peau les couvre, mais le souffle, L'Esprit du Dieu vivant en est absent. Et « si quelqu'un n'a point l'Esprit de Christ, il n'est point à lui (Romains 8 : 9) » Vous êtes à Christ, « s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous » ; mais s'il n'y habite pas, Dieu sait que vous êtes dans la mort.
              C'est ici un autre caractère de celui qui dort spirituellement : il est dans la mort, bien qu'il ne s'en doute pas. Il est mort à Dieu, « mort dans ses fautes et dans ses péchés (Ephésiens 2 : 1) » car « l'affection de la chair donne la mort (Romains 8 : 6) ». Aussi est-il écrit : « Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et, par le péché la mort, de même aussi la mort est passée sur tous les hommes » non seulement la mort physique, mais encore la mort spirituelle et éternelle. Et Dieu dit à Adam : « Au jour où tu mangeras (du fruit défendu), tu mourras (Genèse 2 : 17) » non pas corporellement (à moins qu'on ne l'entende dans ce sens qu'il devint alors mortel), mais spirituellement : tu perdras la vie de ton âme, tu mourras par rapport à Dieu, tu seras séparé de lui, qui est pour toi la source unique de la vie et du bonheur.
               C'est ainsi que fut rompre à l'origine l'union vitale de notre âme avec ; Dieu, de telle sorte qu'au milieu de la vie naturelle nous sommes maintenant dans la mort spirituelle. Et nous y demeurons jusqu'à ce que le second Adam devienne pour nous un Esprit vivifiant, jusqu'à ce qu'il ressuscite les morts, ceux qui sont morts dans le péché, le plaisir, les richesses ou les honneurs. Mais avant qu'une âme morte puisse revivre, elle doit écouter et « entendre la voix du Fils de Dieu (Jean 5 : 25) ; » elle doit se sentir perdue et accepter la sentence de mort qu'elle a encourue ; elle doit se reconnaître « morte en vivant (1 Timothée 5 : 6) », morte à Dieu et aux choses de Dieu, et aussi incapable de faire les oeuvres d'un chrétien vivant qu'un corps mort l'est d'accomplir les fonctions d'un homme vivant.
            Il est incontestable qu'un homme mort dans ses péchés n'a pas le sens moral exercé à discerner le bien du mal. « Ayant des yeux, il ne voit, point ; ayant des oreilles, il n'entend point (Marc 8 : 18) ». Il ne « goûte pas et ne voit pas que le Seigneur est bon (Psaume 34 : 9) » Il n'a jamais « vu Dieu (Matthieu 5 : 8) », ni « entendu sa voix (Psaume 95 : 10) » ni « touché de ses mains » ce qui concerne « la Parole de vie (1 Jean 1 : 1) ».   C'est en vain que le nom de Jésus est « comme un parfum répandu (Cantique 1 : 3)», et que « ses vêtements sont parfumés de myrrhe, d'aloès et de casse (Psaume 45 : 9)». L'âme qui dort dans la mort n'a pas de perceptions pour de tels objets, et, privée d'intelligence, elle ne comprend rien à ces choses.
             Et, c'est ainsi que l'homme naturel, n'ayant pas de sens spirituels et privé de tout moyen de connaissance spirituelle, « ne comprend pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu (1Corinthiens 2 : 14) » et il est, même si loin de les comprendre qu' « elles lui paraissent une folie, parce que c'est spirituellement qu'on en juge » Il ne se borne pas à être absolument ignorant des choses spirituelles ; il va jusqu'à en nier l'existence, et toute sensation spirituelle est pour lui le comble de la folie. « Comment, s'écrie-t-il, ces choses se peuvent-elles faire ? (Jean 3 : 9) » Comment un homme peut-il savoir qu'il vit de la vie de Dieu ? Je réponds : De la même manière que vous savez que votre corps est actuellement vivant. La foi est la vie de l'âme, et si vous avez cette vie habitant en vous, vous n'avez pas besoin d'autre preuve de son existence que ce témoignage de l'Esprit (Romains 8 : 16), ce sentiment intime et divin, qui a plus de force et de poids que dix mille témoignages humains.
              Si cet Esprit de Dieu ne rend pas maintenant témoignage à ton esprit que tu es enfant de Dieu, oh ! qu'il puisse du moins te convaincre, par sa démonstration de paissance, ô pauvre pécheur endormi, que tu es encore un enfant du démon. Oh ! que tandis que je prophétise aux ossements desséchés, il y ait « un bruit, puis un tremblement, et que ces os se rapprochent l'un de l'autre ». Et ensuite, « viens, Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces tués et qu'ils revivent ! (Ézéchiel 37 : 1-11) » Et vous, ne résistez pas au Saint-Esprit, qui est ici pour vous convaincre de péché, « parce que vous n'avez pas cru au nom du Fils unique de Dieu (Jean 3 : 18) ».

II

              « Réveille-toi donc, toi qui dors, et te relève d'entre les morts », Dieu t'appelle maintenant par ma bouche, esprit déchu, et il te met en demeure de te rendre compte de ton véritable état et de ce que tu as à faire ici-bas. « Qu'as-tu, dormeur ? Lève-toi et crie à ton Dieu : peut-être qu'il pensera à toi, et tu ne périras pas (Jonas 1 : 6) ». Une terrible tempête s'est déchaînée tout autour de toi, et tu enfonces dans les profondeurs de la perdition, dans l'abîme des jugements divins. Si tu veux n'y pas périr, jette-t'y toi même. Juge-toi toi-même et tu ne seras pas jugé par le Seigneur.
              Réveille-toi ! réveille-toi ! Lève-toi en ce moment, de peur que le Seigneur ne te fasse « boire du vin de sa colère (Apocalypse 14 : 10) ». Efforce-toi de saisir le Seigneur, l’Éternel ta justice, puissant pour sauver ! Lève-toi de la poussière ! Que les menaces de Dieu, comme un tremblement de terre, te secouent. Réveille-toi et crie avec le geôlier tremblant : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? (Actes 16 : 30) » Et ne sois en repos que lorsque tu croiras au Seigneur Jésus, de cette foi qui est le don de Dieu, par l'opération de son Esprit.
             S'il est quelqu'un à qui je doive m'adresser plus directement qu'à tout autre, c'est précisément toi qui t'imagines que cette exhortation ne te concerne pas. J'ai un message pour toi de la part de Dieu.
               En son nom, je te somme de fuir la colère à venir. Âme inconvertie, vois ton image dans Pierre condamné, chargé d'une double chaîne et couché entre deux soldais dans une noire prison, dont la porte est gardée par d'autres soldats (Actes 12 : 6). La nuit est déjà avancée et va faire place au matin fixé pour ton supplice. Et dans une situation aussi dangereuse, tu dors profondément, dans les bras du démon, au bord de l'abîme, dans la gueule ouverte de l'éternelle destruction !
             Oh ! puisse l'ange du Seigneur s'approcher de toi, et la lumière éclairer ta prison ! Et puisses-tu sentir le choc d'une main toute-puissante qui t'arrache au sommeil, et entendre une voix te dire : « Lève-toi promptement, ceins-toi, et attache tes souliers, mets la robe et suis-moi (Actes 12 : 7,8) ».
           Réveille-toi, esprit immortel, de ton rêve de félicité mondaine ! Dieu ne t'a-t-il pas créé pour lui-même ? Tu ne peux donc trouver ton repos qu'en lui. Reviens, âme errante ! vole vers ton arche. Ce monde n'est point ta patrie ; ne cherche pas à t' y construire des tabernacles. Tu es un étranger et un voyageur sur la terre, une créature d'un jour ; mais tu vas aborder bientôt à un rivage où rien ne change plus. Oh ! hâte-toi. L'éternité va commencer pour toi, une éternité de bonheur ou de misère, une éternité qui va dépendre de ce moment même.
             Quel est l'état de ton âme ? si Dieu te la redemandait, tandis que je parle, serais-tu prêt pour la mort et pour le jugement ? Pourrais-tu soutenir les regards de Celui dont « les yeux sont trop purs pour voir le mal ? (Habacuc 1 : 13) » 
---As-tu tes dispositions requises pour être admis à participer à « l'héritage des saints dans la lumière ? (Colossiens 1 : 12) » 
---As-tu « combattu le bon combat et gardé la foi ? (2 Timothée 4 : 7) » 
---Es-tu en possession de la seule chose nécessaire ? As-tu recouvré l'image de Dieu, « qui consiste en une sainteté et une justice véritables ? (Ephésiens 4 : 24) » 
---T'es-tu dépouillé du vieil homme, et t'es-tu revêtu du nouveau ? 
---Es-tu « revêtu du Seigneur Jésus-Christ ?»
---As-tu de l'huile dans ta lampe, la grâce de Dieu dans ton coeur ? 
---Aimes-tu « le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force ? (Marc 12 : 30) » L'esprit, qui était en Jésus est-il aussi en toi ? 
---Es-tu un vrai chrétien, c'est-à-dire une nouvelle créature ? Les choses vieilles sont-elles passées, toutes choses sont-elles devenues nouvelles ?
---Es-tu « participant de la nature divine ? (2Pierre 1 : 4), reconnais-tu que « Christ est en toi, à moins que tu ne sois réprouvé ? (2 Corinthiens 13 : 5) » reconnais-tu que Dieu demeure en toi, et toi en Lui, « par son Esprit qu'il t'a donné ? (1Jean 3 : 24) » 
---Ne reconnais -tu  pas que « ton corps est le temple du Saint- Esprit, qui t'a été donné ? (1Corinthiens 6 : 19) » 
---As-tu « reçu le Saint-Esprit" (Actes 19 : 2) » Ou Bien cette question te surprend-elle ; et ne sais-tu pas même qu'il y ait un Saint-Esprit ?
              Si ces questions t'offensent, sois assuré que tu n'es pas chrétien et, que tu n'as pas même envie de le devenir. Non, les prières mêmes deviennent un péché, et aujourd'hui même tu t'es solennellement moqué de Dieu, en lui demandant. l'inspiration de son Saint-Esprit, alors que tu ne crois pas qu'il y ait quelque chose de tel à recevoir.
         Cependant, je dois, sur l'autorité de Dieu et sur celle de notre Eglise, te réitérer la question : 
---« As-tu reçu le Saint-Esprit ? » Si tu ne l'as pas reçu, tu n'es pas encore un chrétien, car un chrétien est un homme « oint du Saint-Esprit et de puissance (Actes 10 : 38) ». Tu ne possèdes pas encore « la religion pure et sans tache (Jacques 1 : 27) ». 
---Sais-tu bien ce que c'est que la religion ? 
---Sais-tu que c'est une « participation à la vie divine (2Pierre 1 : 4) » , la vie de Dieu dans l'âme de l'homme, « Christ en toi, l'espérance de la gloire ? (Colossiens 1 : 27) 
---Sais-tu que c'est le bonheur et la sainteté, le ciel commencé sur la terre, le royaume de Dieu au dedans de toi ? 
---Sais-tu qu'elle « ne consiste pas dans le manger ni le boire » , ni rien d'extérieur, mais «dans la justice, la paix et la joie par le Saint Esprit ? (Romains 14 : 17) »
---Sais-tu qu'elle est un royaume éternel établi dans ton âme une « paix de Dieu qui surpasse toute intelligence » (Philippiens 4 : 7), une « joie ineffable et pleine de gloire ? (Galates 5 : 6)».
---Sais-tu bien qu' « en Jésus-Christ il ne sert de rien d'être circoncis, ou de ne l'être pas, mais qu'il faut avoir la foi qui est agissante par la charité, (Galates 5 : 6) » et qu'il faut être une nouvelle créature ? 
---Vois-tu la nécessité de ce renouvellement intérieur, de cette naissance spirituelle, de cette résurrection d'entre les morts, de cette sainteté ? 
---Et es-tu bien convaincu que «sans la sanctification, personne ne verra Seigneur ? (Hébreux 12 : 14) » 
---La recherches-tu, « l'étudiant à affermir ta vocation, et ton élection (2Pierre 1 : 10) », «travaillant à ton salut avec crainte et tremblement (Philippiens 2 : 12) », « t'efforçant d'entrer par la porte étroite ? (Luc 13 : 24) » 
---Es-tu sérieusement préoccupé au sujet de ton âme ? Et peux-tu dire à Celui qui sonde les cœurs : C'est après toi, mon Dieu, que je soupire ? « Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je voudrais t'aimer ? Tu espères être sauvé ; mais quelle raison peux-tu donner de l'espérance qui est en toi ? 
---Allégueras-tu que tu n'as fait de tort à personne, ou que tu as fait beaucoup de bien ?       ---Diras-tu que tu n'es pas comme les autres hommes, que tu es sage, instruit, honnête et moralement bon, en possession de l'estime des hommes et d'une bonne réputation ? Hélas! tout cela ne te rapprochera jamais de Dieu, tout cela est, à ses yeux, plus léger que la vanité même.
---Connais-tu Jésus-Christ, qu'Il a envoyé ?
---T'a-t-il enseigné que « nous sommes sauvés par grâce, par la foi ; que cela ne vient pas de nous, que c'est, le don de Dieu, que ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie ? (Ephésiens 2 : 8,9) ». 
---As-tu reçu, comme base de toute ton espérance, « cette parole certaine, que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs ? (1Timothée 1 : 15) » 
---As-tu appris ce que signifient ces paroles : « Ce ne sont pas les justes que je suis venu appeler à la repentance, mais les pécheurs (Matthieu 9 : 13) « Je ne suis envoyé qu'aux brebis perdues ? (Matthieu 15 : 24) » 
---Es-tu déjà (que celui qui l'entend le comprenne !) perdu, mort, condamné ? Sais-tu ce que tu mérites ? 
---Sens-tu ce qui te manque ? 
---Es-tu pauvre en esprit ? 
---Cherches-tu Dieu avec larmes, en refusant, d'être consolé ? 
---Le prodigue est-il « rentré en lui-même » , et prend-il son parti d'être considéré comme étant « hors de lui-même » par ceux qui en sont encore à se nourrir des carouges qu'il a laissées ? A vivre saintement en Jésus-Christ ? 
---Et souffres-tu en conséquence la persécution ? Les hommes disent-ils faussement contre toi toute sorte de mal, à cause du Fils de l'homme ?
               Oh ! puissent toutes ces questions vous faire entendre la voix qui ressuscite les morts, et vous faire sentir le marteau de la Parole, qui brise en pièces les rochers ! « Si vous entendez sa voix. aujourd'hui (pendant qu'il est dit : Aujourd'hui), n'endurcissez point vos cœurs (Hébreux 3 : 7,8,13). Et maintenant, « réveille-toi, toi qui dors » dans la mort spirituelle, de peur que tu ne t'endormes dans la mort éternelle ! Aie le sentiment de ton état de perdition, et « relève-toi d'entre les morts ». Laisse tes anciens compagnons dans le péché et dans la mort. « Sauve-toi du milieu de cette race perverse (Actes 2 : 40) ». « Sors du milieu d'eux et t'en sépare, dit le Seigneur, et ne touche point à ce qui est impur, et je te recevrai (2 Corinthiens 6 : 17) » « Et Christ t'éclairera ! »

III

           C'est cette promesse que je veux enfin expliquer. Combien n'est-il pas encourageant de penser que, qui que tu sois qui obéis à l'appel de Christ, tu ne peux pas chercher en vain sa face ! Si maintenant même tu te relèves d'entre les morts, il a pris l'engagement de t'éclairer. Le Seigneur le donnera la grâce et la gloire la lumière de sa grâce ici-bas, et la lumière de sa gloire lorsque tu recevras la couronne incorruptible. « Ta lumière éclora comme l'aube du jour, et les ténèbres seront comme le midi Esaïe 58 : 8,10) » « Dieu, qui a dit que la lumière sortit des ténèbres, répandra sa lumière dans ton coeur, pour faire briller la connaissance de sa gloire, en la présence de Jésus-Christ (2 Corinthiens 4 : 6) ». « Sur vous qui craignez le nom de l’Éternel, se lèvera le soleil de la justice, et la santé sera dans ses rayons (Malachie 4 : 2) ». Et en ce jour, il te sera dit : « Lève-toi, sois illuminée, car ta lumière est venue, et la gloire de l'Éternel s'est levée sur toi (Esaïe 60 : 1) ». Car Christ se révélera lui-même en toi, et il est la vraie lumière.
           Dieu est lumière, et il se donnera lui-même à tout pécheur réveillé qui s'attend à lui. Et tu seras alors un temple du Dieu vivant, et « Christ habitera en ton coeur par la foi, et, étant enraciné et fondé dans la charité, tu pourras comprendre avec tous les saints, quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de cet amour de Christ, qui surpasse toute connaissance (Éphésiens 3 : 17-19)».
           Voilà votre vocation, mes frères. Nous sommes appelés à être « une maison de Dieu en esprit », (Ephésiens 2 : 22) et, par son Esprit habitant en nous, à être saints ici-bas, et participants de l'héritage des saints dans la lumière. Telle est l'incomparable grandeur des promesses qui nous sont données, données dès maintenant à nous qui croyons ! Car par la foi nous recevons, « non l'esprit de ce monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu », (le résumé de toutes les promesses), « afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu (1Corinthiens 2 : 12) ».
           L'Esprit de Christ est ce grand don de Dieu qu'il a promis à l'homme, en divers temps et en plusieurs manières, et qu'il a pleinement répandu depuis que Christ a été glorifié. Il a ainsi accompli ces promesses faites aux pères : « Je mettrai mon Esprit au dedans de vous, et je ferai que vous marcherez dans mes statuts (Ézéchiel 36 : 27) ». « Je répandrai des eaux sur celui qui est altéré, et des rivières sur la terre sèche ; je répandrai mon Esprit, sur ta postérité, et ma bénédiction sur ceux qui sortiront de toi (Esaïe 44 : 3) ».
          Vous pouvez tous devenir de vivants témoignages de ces choses, de la rémission des péchés et du don du Saint-Esprit. « Si tu peux croire, toutes choses sont possibles pour celui qui croit (Marc 9 : 23) ». Qui parmi vous craint l’Éternel, et marche cependant dans les ténèbres ? Je te le demande au nom de Jésus : Crois-tu que son bras n'est pas raccourci ? qu'il est toujours puissant pour sauver ? qu' « il est le même hier, aujourd'hui et éternellement ? (Hébreux 13 : 8) » qu'il a maintenant. « l'autorité de pardonner les péchés sur la terre ? (Matthieu 9 : 6) ». « Mon fils, prends courage, tes péchés te sont pardonnés. (Matthieu 9 : 2) ». Dieu, pour l'amour de Christ, t'a pardonné. Crois cela, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme la Parole de Dieu (1 Thessaloniciens 2 : 13) ; » et tu es justifié gratuitement par la foi. Et c'est aussi par la foi qui est en Jésus que tu seras sanctifié, et que tu pourras attester que « Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est en son Fils (1Jean 5 : 11).
        Hommes frères, laissez-moi vous parler librement, et souffrez qu'une parole d'exhortation vous soit adressée par l'un des moins estimés dans l'Église. Votre conscience vous rend témoignage par le Saint-Esprit, que ces choses sont vraies, du moins si vous avez goûté combien le Seigneur est bon. « C'est ici la vie éternelle de connaître le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ qu'il a envoyé (Jean 17 : 3) ».
           Cette connaissance expérimentale est le seul vrai christianisme. Celui-là est un chrétien, qui a reçu l'Esprit de Christ, et celui-là n'est pas un chrétien qui ne l'a pas Et il n'est pas possible de l'avoir reçu sans le savoir. Car « en ce jour-là, dit Jésus (lorsqu'il viendra, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous (Jean 14 : 20) ». C'est là cet « Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous et qu'il sera en vous (Jean 14 : 17).
           Le monde ne peut le recevoir ; il repousse même la promesse du Père, avec violence et avec blasphèmes. Mais tout esprit qui ne confesse pas cela n'est pas de Dieu. «C'est là l'esprit de l'Antéchrist, dont vous avez ouï dire qu'il viendra, et qui dès à présent est dans le monde (1Jean 4 : 4) » Celui-là est un antéchrist qui nie l'inspiration du Saint-Esprit, ou qui prétend que ce n'est pas le privilège commun de tous les croyants d'avoir l'Esprit de Dieu habitant en eux, car c'est là la bénédiction évangélique, le don par excellence, la promesse universelle, le critérium du vrai chrétien.
             C'est en vain qu'on viendrait dire : « Nous ne nions pas l'aide de l'Esprit de Dieu, mais seulement cette inspiration, cette réception du Saint-Esprit, et la conscience que l'on en aurait. C'est seulement à ce sentiment intérieur de l'Esprit, à celte prétention à être dirigé par lui, ou à en être rempli, que nous refusons toute place dans une saine religion ». Oui, mais en repoussant ce seul point, c'est toute l'Ecriture que vous repoussez, toute la vérité, la promesse et le témoignage de Dieu.
         Notre excellente Eglise ne connaît pas cette distinction diabolique. Elle parle simplement de « sentir l'Esprit de Christ (art. 17 de la Confession de foi de l'Eglise anglicane.) ; » d'être « poussé par le Saint-Esprit (Office pour la consécration des ministres.) », de connaître et de « sentir qu'il n'y a pas d'autre nom que celui de Jésus (Liturgie pour la visite des malades) », par lequel nous puissions recevoir la vie et le salut. Elle nous enseigne tous à demander « l'inspiration du Saint-Esprit (Liturgie de la communion.) », et d'être « remplis du Saint-Esprit (Liturgie de la confirmation.) ». Bien plus, tous ses ministres professent d'avoir reçu le Saint-Esprit par le moyen de l'imposition des mains ; de sorte que nier l'une de ces propositions, c'est en réalité renoncer à I'Eglise anglicane, aussi bien qu'à toute la Révélation chrétienne.
             Mais la sagesse de Dieu a toujours été une folie pour les hommes, et il n'est, pas surprenant que ce grand mystère de l’Évangile soit, de nos jours encore, « caché aux sages et aux intelligents (Matthieu 11 : 25) », comme il l'était autrefois. Il n'est pas surprenant qu'il soit presque universellement nié, tourné en ridicule et rejeté comme une pure extravagance et que tous ceux qui osent le confesser soient traités de fous et d'enthousiastes. C'est là l'apostasie qui devait arriver, qui entraîne les hommes de tout ordre et de tout rang et qui semble avoir inondé toute la terre. « Promenez-vous par les rues de Jérusalem, et informez-vous par ses places si vous trouverez un homme (Jérémie 5 : 1) », un homme qui aime le Seigneur son Dieu de tout son coeur, et le serve avec toute sa force. Notre pays (pour ne parler que de lui) gémit, submergé par l'impiété. Que d'abominations de toute espèce se commettent chaque jour, et bien souvent avec impunité, par des hommes qui pèchent le front haut et se font gloire de leur infamie ! Qui pourrait énumérer les jurements, les imprécations, les blasphèmes, les paroles profanes, les mensonges, les calomnies, les médisances ; les profanations du jour du Seigneur ; les actes de gloutonnerie et d'ivrognerie ; les actes de vengeance ; les fornications, les adultères et les diverses formes d'impureté ; les fraudes, l'injustice, l'oppression, les extorsions qui, comme un déluge, couvrent notre pays ?
                Et même parmi ceux qui se sont gardés purs de ces grossières abominations, que d'emportements et d'orgueil ! que d'indolence et de paresse ! que de mollesse et de sensualité ! que de luxe et d'amour exagéré du bien-être ! que d'avarice et d'ambition ! que de soif des louanges ! que d'amour du monde ! que de crainte des hommes ! Et qu'il y a peu, en même temps, de vraie religion ! Où sont, ceux qui aiment Dieu et leur prochain, comme il nous le commande ? D'un côté, se trouvent, ceux qui n'ont pas même l'apparence de la religion, et, de l'autre, ceux qui n'ont que cela ; le sépulcre ouvert, là le sépulcre blanchi. De telle sorte que quiconque voudrait examiner de prés une assemblée quelconque (sans excepter, je le crains, celles qui se réunissent dans nos églises) la trouverait composée, en partie de Sadducéens, en partie de Pharisiens ; les premiers ne s'inquiétant pas plus de la religion que s'il n'y avait « ni résurrection, ni anges, ni esprits (Actes 23 : 8) ; » et les seconds faisant de la religion une pure forme, privée de vie, un ensemble d'observances ennuyeuses, sans foi véritable, sans amour pour Dieu, sans joie par le Saint-Esprit !
                Plût à Dieu que je pusse faire une exception en faveur de ceux qui se trouvent ici! « Frères, le souhait de mon coeur et la prière que je fais à Dieu pour vous, c'est que vous soyez sauvés » (Romains 10 : 1) de ce débordement d'impiété, et que ses vagues orgueilleuses s'arrêtent ici. Mais est-ce bien le cas ? Dieu sait que non, et notre conscience le sait aussi. Vous ne vous êtes pas conservés purs. Nous aussi, nous sommes corrompus et abominables ; il y en a peu qui aient de l'intelligence ; il en a peu qui adorent Dieu en esprit et en vérité. Nous aussi sommes « une génération qui n'a point soumis son coeur et dont l'esprit n'a point été fidèle au Dieu fort (Psaume 78 : 8) ». Le Seigneur nous a établis pour être « le sel de la terre ; mais si le sel perd sa saveur, il ne vaut plus rien qu'à être jeté dehors et à être foulé aux pieds par les hommes (Matthieu 5 : 13) ».
                Or, « ne punirai-je point ces choses-là, dit l’Éternel, et mon âme ne se vengera-t-elle point, d'une telle nation ? (Jérémie 5 : 9) » Oui, sans doute, et nous ne savons pas s'il ne dira pas bientôt à l'épée : « Épée, frappe celle terre ». Il nous a donné beaucoup de temps pour nous repentir ; il nous donne encore cette année de délai, mais il nous avertit et nous réveille par son tonnerre. Ses jugements se promènent sur la terre, et nous avons tout lieu de nous attendre au plus sévère de tous ; peut-être viendra-t-il ôter notre chandelier de sa place, si nous ne nous repentons, et ne faisons nos premières oeuvres (Apocalypse 2 : 5) », si nous ne revenons aux principes de la Réformation, à la vérité et à
la simplicité de l'Évangile. Peut-être résistons-nous maintenant au dernier effort de la grâce divine pour nous sauver. Peut-être avons-nous presque comblé la mesure de nos iniquités, en rejetant les desseins de Dieu envers nous et en repoussant ses messagers.
               Ô Dieu, « souviens-toi, lorsque tu es en colère, d'avoir compassion (Habacuc 3 : 2) ». Sois glorifié par notre réforme, et non par noire destruction ! Fais-nous la grâce d' « écouter la verge et celui qui l'a ordonnée (Michée 6 : 9) ». Maintenant que tes « jugements sont sur ta terre, que les habitants de la terre apprennent la justice ! « Esaïe 36 : 9 » )
               Mes frères, il est grand temps de nous réveiller de notre sommeil, avant que la grande trompette du Seigneur ne se fasse entendre, et que notre pays ne devienne un champ du sang. Puissions-nous « reconnaître les choses qui regardent notre paix, avant qu'elles ne soient cachées à nos yeux ! (Luc 19 : 42) » Seigneur, convertis-nous à toi, et que ta colère s'éloigne de nous. Seigneur, « regarde des cieux, et vois et visite cette vigne (Psaume 80 : 15) » et fais-nous reconnaître le temps de notre visitation. 

« O Dieu de notre délivrance, aide-nous pour la gloire de ton nom ! Délivre-nous, pardonne-nous nos péchés, pour l'amour de ton nom ! (Psaume 79 : 9)» 

«Et nous ne nous détournerons plus de toi. Rends-nous la vie, et nous invoquerons ton nom. Ô Éternel, Dieu des armées, ramène-nous ! Fais reluire ta face et, nous serons délivrés ! (Psaume 80 : 19,20) »

« Or, à Celui qui, par la puissance qui agit, en nous, peut faire infiniment plus que ce que nous demandons et que nous pensons ; à Lui soit rendue la gloire dans l'Eglise, par Jésus-Christ, dans tous les âges, aux siècles des siècles. Amen (Ephésiens 3 : 20,21) ».