mardi 10 septembre 2013

LES LEÇONS DE MARIE MÈRE DE JÉSUS (Gaston Racine)



  • Au lecteur
  • Introduction
  • Chapitre I
  • Chapitre II
  • La visitation
  • Le magnificat
  • Chapitre III (1) La servante du Seigneur
  • Chapitre III (2) La fiancée de Joseph
  • Chapitre III (3) La naissance de Jésus
  • Chapitre III (4) Les bergers de Bethléem
  • Chapitre III (5) Les mages d'Orient
  • Chapitre III (6) La fuite en Egypte
  • Chapitre III (7) Le retour en Israël
  • Chapitre III (8) L'enfant perdu et retrouvé
  • Chapitre III (9) La prophétie de Siméon
Au lecteur    Les leçons de Marie Mère de Jésus

"Les leçons de Marie, mère de Jésus," ont été présentées une première fois sous forme d’études bibliques, à la Convention Chrétienne de Morges (Suisse), en 1955.
 L’année suivante, elles furent données à Nice, en trois Conférences, à un public très différent.
 L’intérêt suscité par ces messages nous a conduits à publier dans cet opuscule l’essentiel de nos méditations sur celle que le Christ mourant donnait pour mère au disciple qu’Il aimait.
 À une heure où notre jeunesse se passionne de plus en plus pour des vedettes qui, trop souvent, hélas, trouvent leur gloire dans ce qui devrait faire leur honte, il nous a paru utile d’évoquer pour nos lecteurs, le vrai visage de celle qui, sans cesse, nous conduit plus haut qu’elle:
 À Celui qui fut dans la joie et la souffrance, sa raison de vivre, de croire, d’espérer et d’aimer, Jésus-Christ, son Sauveur, notre seul Seigneur!

G.R. Nice, juin 1957.
Introduction

Il n’est pas dans notre intention, au cours de ces exposes, de détourner vos regards de la personne bénie de Jésus-Christ, notre seul Sauveur, pour les fixer sur Marie, la mère bienheureuse de notre Seigneur.
Agir ainsi serait faire un affront à la plus humble de toutes les femmes et renier sa mémoire.
En nous penchant sur la vie de Marie, notre dessein est, au contraire, de trouver une occasion d’être occupés de Jésus, afin de mieux comprendre la volonté de Dieu, à l’égard de chacune de nos vies.
Ceux qui pensent que la polémique ne sera pas étrangère à nos études et que nous chercherons, avant tout, à réfuter les dogmes de l’Église romaine pour démontrer le bien-fondé des croyances protestantes au sujet de Marie, seront déçus.
Nous désirons plutôt considérer avec tous, d’une manière sereine, sans préjugé, mais avec une honnêteté et une sincérité absolues, ce que les Évangiles nous disent de Marie, et quelles leçons nous pouvons tirer de sa vie, pour notre plus grand profit.

Toute vie porte en elle un message et nous croyons que celle de la mère de notre Seigneur est d’un enseignement et d’une richesse incomparables.

Cependant, tout en désirant passionnément édifier toutes les âmes, nous ne chercherons ni à biaiser, ni à dissimuler les difficultés que nous pourrons rencontrer sur notre route. Nous nous souviendrons toujours, et avant tout, que les exigences de la vérité priment toutes les autres et ainsi nous chercherons, dans ces pages, à être aussi loin que possible d’un certain climat de prétendue tolérance qui prête aux confusions. Nous nous garderons de cette tendance à un vague syncrétisme qui, sous prétexte d’aplanir les difficultés et de permettre la réconciliation, trahit ce qui, en définitive, demeure l’essentiel de la vérité et de la foi.
De ce fait, nous savons d’avance que nous mécontenterons certains catholiques de naissance et de tradition, ceux pour qui Marie semble être tout, alors qu’en réalité son exemple influence si peu leur vie.
Nous étonnerons également les protestants d’origine, ceux qui croient surtout devoir défendre la doctrine de leurs pères, alors qu’en réalité, ils imitent si peu leur foi.
Par contre, nous croyons fermement que les âmes unies au Christ, et réellement attachées à la Bible, quelle que soit leur dénomination, trouveront dans cette étude un aliment pour leur cœur et une occasion de méditation profonde.
Nous n’irons donc pas chercher le portrait de Marie à Rome ou à Genève, mais nous le considérerons là même où l’Esprit Saint nous l’a brossé, c’est-à-dire dans les Saintes Écritures, seule autorité en matière de foi. Ce n’est pas nous qui donnerons à Marie sa place, mais nous verrons la position que Dieu lui assigne dans sa Parole, place qu’elle a accepté d’occuper et qu’elle n’a jamais quittée.
Ainsi, tout personnage qu’on nous présenterait ou qui se manifesterait à nous sous le nom de Marie sans avoir les caractères de Marie de Nazareth, sera rejeté comme imposture ou comme apparition du démon. Car, avant de présenter son faux Christ, le diable voudrait imposer sa fausse Marie au monde, pour faire tomber des multitudes d’âmes dans l’idolâtrie.
Ce n’est pas simplement en nous élevant contre des dogmes nouveaux ou anciens que nous serons dans la vérité. Ce n’est pas non plus en gardant le silence sur Marie, ou en ayant l’air de l’ignorer, que nous combattrons l’erreur.

Or, nous croyons qu’il existe dans les milieux issus de la Réforme, une lacune au sujet de Marie. Dans nos études bibliques, nous parlons facilement d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. L’histoire des patriarches et des prophètes d’Israël fait l’objet de nos méditations. Nous tirons toutes sortes de leçons de leur vie. Nous nous penchons sur celle des apôtres, d’une Marie-Madeleine, voire d’un Judas! Mais quand donc parle-t-on de Marie, la mère de Jésus? À Noël, avec quelques trémolos dans la voix, ou en passant, lorsque nous prêchons sur les Noces de Cana, ou encore, accidentellement, en parlant de la Croix.
Ce silence ne risque-t-il pas d’être pris pour du mépris?
Nous voudrions donc par ces lignes faire humblement connaître ce que Marie est pour nous et les leçons que nous tirons de sa vie.
Cela vous scandalise-t-il si nous affirmons qu’en Jésus-Christ nous vivons avec Marie, la mère de notre Seigneur?
Serez-vous rassurés ou plus étonnés encore, si nous vous disons que- sans évoquer les morts-nous sommes souvent en compagnie d’Abraham, de Joseph, de Moïse, de Samuel, de David, d’Élie et de tant d’autres?
Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de Marie, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu et Père, n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants; car pour lui, tous vivent! Le chrétien se sait ainsi environné d’une nuée de témoins dont plusieurs noms figurent dans le chapitre onze de l’Épître aux Hébreux. Entouré par eux, le fidèle, où qu’il soit, n’est jamais isolé et trouve une inspiration dans leur exemple car, dit l’Écriture, "quoique morts ils parlent encore," et "s’ils se reposent de leurs travaux, leurs oeuvres les suivent".
Marie aussi est près de nous! C’est la mère de notre Seigneur, et nous nous souvenons d’elle pour imiter sa foi, car l’issue de sa conduite a été de donner au monde le Fils de Dieu, notre Sauveur et notre Maître, l’unique salut pour l’humanité!

Le chrétien n’est donc pas un spirite. Il n’évoque pas les esprits des morts, ni n’invoque leur secours, mais demeure dans la communion des vivants de l’au-delà, de tous les saints qui sont en Christ dans le repos, alors qu’ici-bas, il est aussi en Christ, mais dans le combat.

CHAPITRE PREMIER  L’Annonciation

Depuis des siècles, la voix des prophètes s’était tue. Après avoir tout abattu, brisé et dévoré, la bête annoncée par Daniel se reposait. Autour d’elle, les nations non soumises se taisaient. Pour un temps, les épées sommeillaient, et l’univers semblait dormir sous l’ombre des aigles romaines.
Dans cette tranquillité insolite, asservi par Rome, dégradé et désespéré par les fausses religions, demandant vainement aux philosophes le secret de la vie et de la vertu, le monde pourtant se mourait...
Et en Palestine, le judaïsme lui-même agonisait, infidèle à sa destinée.
Cependant si, vassaux de l’Empire romain, des Juifs en masse avaient trahi leur vocation, du sein du peuple élu quelques "vrais Israélites sans fraude" imploraient à grands cris la miséricorde de Dieu et la venue du véritable Libérateur. Parmi eux, d’humbles femmes animées d’une réelle piété croyaient, priaient et espéraient!

Les temps s’accomplissaient! Jésus allait paraître!

Un jour, au temple de Jérusalem, alors qu’il remplissait devant Dieu ses fonctions sacerdotales, Zacharie le sacrificateur vit soudain un ange du Seigneur se tenant debout à droite de l’autel des parfums. C’était l’heure de l’encens, le moment où le prêtre désigné par le sort offrait le parfum dans le sanctuaire, tandis que l’assemblée du peuple se tenait dehors en prière.
Bouleversé et plein de crainte, Zacharie apprenait des lèvres de l’ange que sa prière était exaucée! A l’heure où il n’attendait plus une réponse de Dieu, le ciel sortait de son silence et ce vieillard sans enfant était averti qu’il deviendrait père, qu’Élisabeth sa femme lui enfanterait un fils dont le nom serait Jean! En dépit de l’incrédulité du prêtre et de l’âge avancé d’Élisabeth, le précurseur du Messie allait naître. Rien désormais ne pourrait arrêter le déroulement du plan de Dieu!
Et, tandis que la parole de l’ange s’accomplissait pour Élisabeth et qu’elle était au sixième mois de sa grossesse, Gabriel, l’ange qui se tient devant Dieu, toujours prêt à exécuter ses ordres, fut envoyé une nouvelle fois sur la terre.

L’Évangile selon Luc nous rapporte cette visite en ces termes:

Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L’ange entra chez elle et dit: "Je te salue, toi à qui une grâce a été faite; le Seigneur est avec toi." Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L’ange lui dit: "Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement et son règne n’aura point de fin." Marie dit à l’ange: "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme?" L’ange lui répondit: "Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pour quoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois. Car rien n’est impossible à Dieu." Marie dit: "Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole!" Et l’ange la quitta.. {Luc 1:26-38}

Examinons de plus près cette portion de l’Écriture où, pour la première fois dans l’Évangile, nous découvrons Marie.

Luc 1:26. -Au sixième mois...

Il y a un temps pour tout. Les interventions de Dieu sous les cieux ont lieu à l’heure, au jour, au mois et en l’année qu’Il s’est fixée.
C’est Lui qui fait vivre et qui fait mourir. C’est Lui qui préside à la mystérieuse formation de l’enfant dans le sein maternel et c’est Lui qui le fait naître en Son jour.
Dieu a son heure. Le jour J, l’heure H de Dieu approchent. Les promesses divines concernant le Messie et contenues dans la Loi, les Psaumes et les Prophètes, vont enfin s’accomplir. Le ciel va s’ouvrir. Mystère de piété aux dimensions infinies, abîme d’amour, révélation de justice, surabondance de grâce, le Dieu Très-Haut va s’incarner, s’unir personnellement à son oeuvre. La terre donnera son fruit, l’humanité verra "germer le Sauveur, le Saint, le Fils de Dieu".

... l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu...

Oui, Dieu règne au-dessus de tous les Césars, comme il siégeait jadis sur son trône lors du déluge. N’étant dominé par aucun événement, Il les fait tous servir à ses desseins immuables. Et, pour exécuter ses ordres, en jugement ou en grâce, "II fait de ses anges des vents et de ses serviteurs une flamme de feu." Selon l’Écriture, Dieu a auprès de Lui des esprits supérieurs chargés d’un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut.
C’est ainsi que Gabriel, le héraut de Dieu, bien connu de Daniel et de Zacharie, l’ange des bonnes nouvelles, "fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie".
Il y a quelque chose d’impressionnant dans cette accumulation de noms propres: Dieu, Gabriel, la Galilée, Nazareth, David, Joseph, Marie!
Le Créateur, les anges et les hommes sont associés pour l’accomplissement de l’œuvre merveilleuse de la Rédemption. Le ciel s’unit à la terre. Les choses visibles et invisibles communient soudainement.

... dans une ville de Galilée...

Dieu et ses serviteurs célestes connaissent toutes les provinces du monde. Sur la Galilée, pays obscur, va soudain se lever une grande lumière, car le ciel a choisi cette contrée où régnait l’ombre de la mort pour y faire luire la vie! ... appelée Nazareth...

Ce n’est pas au temple de Jérusalem que Dieu envoie son ange, mais dans la simple maison d’une ville peu estimée. Une ère nouvelle commence. Dieu cherche des adorateurs qui L’adorent en esprit et en vérité; aussi parle-t-Il aux hommes indépendamment des lieux saints. Dieu sait le nom de chaque ville. Comme aux jours d’Abraham Il prenait connaissance de ce qui se passait dans Sodome et Gomorrhe, Dieu savait au temps d’Auguste ce qui pourrait sortir de bon de Nazareth, "la fleur méprisée de Galilée." De même aujourd’hui, "les yeux de l’Éternel sont en tout lieu, observant les méchants et les bons." Il n’ignore rien de l’état de nos cités.

Luc 1:27. ... Auprès d’une vierge, fiancée à un homme de la maison de David...

Dieu s’occupe de la jeunesse et s’intéresse à son avenir. Auteur du mariage, Il connaît celui à qui une jeune fille est destinée, car c’est de Lui que tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre. Notre origine, notre race, nos ancêtres, notre tempérament, notre hérédité, tout est devant Lui. 

... nommé Joseph.

Dieu connaît non seulement les peuples, mais les individus, leur état civil, leur situation, leur occupation. Il sait si nous sommes riches ou pauvres, ouvriers ou patrons, manuels ou intellectuels. Devant Lui, il n’y a point d’acception de personnes et le Seigneur se plaît à visiter la fiancée d’un charpentier, honneur que ne connaîtra point la fille sans vertu d’une Hérodiade...

Le nom de la vierge était Marie.

Dieu connaît nos noms, notre âge, notre demeure. Il sait si une jeune fille est encore vierge, si une fiancée est restée chaste pour le jour du mariage, ou si elle a cédé aux sollicitations de la chair!
Marie! Voilà enfin connu le nom de celle qu’Ésaïe le prophète annonçait en ces termes: "Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel".
Ce texte établit d’une manière lumineuse la toute-science du Seigneur, dont le psalmiste parlait en ces termes:

Éternel! Tu me sondes et tu me connais; Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, Tu pénètres de loin ma pensée; Tu sais quand je marche et quand je me couche, Et tu pénètres toutes mes voies... ...Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, Elle est trop élevée pour que je puisse la saisir. (Psaume 139)

Luc 1:28. -L’ange entra chez elle, et dit...

Les envoyés célestes ne se font pas annoncer. Ils n’ont pas besoin non plus de demander notre adresse. Dieu connaît notre demeure, la disposition de nos chambres. Il sait à toute heure où Il pourra nous trouver: À la cuisine, à la cave ou dans notre chambre à coucher.
Là où nous sommes, Il peut à tout instant nous surprendre, ce qui faisait dire à David, dans le psaume déjà cité: "Où irais-je loin de ton esprit, où fuirais-je loin de ta face? Si je monte aux cieux, tu y es; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà. Si je prends les ailes de l’aurore, et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira et ta droite me saisira".
Dans le livre des Actes des Apôtres, nous voyons le Seigneur donner Lui-même à des hommes l’adresse précise de ceux qu’ils devront rencontrer.
À Damas, parlant à Ananias, le Seigneur dira: "Lève-toi, va dans la rue qu’on appelle la droite, et cherche, dans la maison de Judas, un nommé Saul de Tarse. Car il prie..."
À Corneille en prière, l’ange de Dieu dira "Envoie maintenant des hommes à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre; il est logé chez un certain Simon, corroyeur, dont la maison est près de la mer".
Ainsi, "les voies de l’homme sont devant les yeux de l’Éternel, qui observe tous ses sentiers." "Nos actes et nos pensées sont devant Lui".

..Je te salue...

Quelle éducation, quelle politesse que celle des anges! En mission sur la terre, ces êtres excellents saluent les hommes! Et même, nous dit l’Épître de Jude, alors que les hommes méprisent l’autorité et injurient les gloires, l’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais il dit: Que le Seigneur te condamne.
Serviteurs de Dieu, compagnons de service des saints, les anges savent que les hommes sont prédestinés à être un jour, semblables à l’image du Fils de Dieu.
Si les anges saluent les hommes et s’ils se gardent d’injurier Satan, à combien plus forte raison devrions-nous saluer nos frères, les estimant supérieurs à nous-mêmes...! ... toi que Dieu fait jouir de sa faveur (Ou: Toi que Dieu comble de grâce)...
Le verset trente ne laisse aucun doute sur le sens exact de ces paroles. Marie est graciée, elle est l’objet de la grâce, de la faveur divine.
Certes, une grâce a été faite à Marie car cette jeune vierge fait partie de l’humanité pécheresse qui séparée de Dieu souffre des conséquences du péché. Oui, être visitée par Dieu est une grâce.
Mais pourquoi cette grâce est-elle faite à Marie plutôt qu’à une autre fille d’Ève?

L’ange ajoute:

"... Le Seigneur est avec toi".

Cette parole est capitale et nous révèle le véritable état d’âme de Marie.
À qui donc le Seigneur a-t-Il promis sa présence?
L’Écriture nous le révèle:
"Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est Saint: J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avec l’homme contrit et humilié...," et encore:
"Voici sur qui je porterai mes regards: Sur celui qui souffre et qui a l’esprit abattu, sur celui qui craint ma parole".
Aucun doute ne peut subsister sur la piété de Marie-qui a attiré sur elle les regards de son Créateur-car "le plaisir de l’Éternel est en ceux qui Le craignent et qui s’attendent à sa bonté".
Il est toujours facile de proclamer: "Le Seigneur est avec moi!" Mais quelle chose de s’entendre dire par un messager des cieux: "Le Seigneur est avec toi!" Ce n’est pas un sentiment plus ou moins vague de sa présence, mais une glorieuse réalité.
Pourtant, un tel message ne peut que confondre l’âme vraiment pieuse.

Luc 1:29. Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.

Ceux qui vivent en contact avec Dieu connaissent ce trouble, ce tremblement, cette perplexité.
Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Job, Ésaïe, Ézéchiel, Daniel et plus tard Pierre, Jacques et Jean, éprouvèrent ces frayeurs divines.
Devant son Dieu, Marie ne connaît que sa misère et son indignité. Voilà tout ce qu’elle sait d’elle, comme elle le dira dans le Magnificat. Seul le Seigneur connaît et apprécie la piété de Marie.

Mais déjà l’ange ajoute:

Luc 1:30. -Ne crains pas, Marie...

Pour la première fois, le visiteur céleste a prononcé son nom. Marie sait maintenant qu’il n’y a pas d’erreur. Plus de doute possible, l’ange ne s’est pas trompé d’adresse, c’est bien d’elle qu’il s’agit.

Chose merveilleuse, bien digne de dissiper ses craintes, son nom est connu dans les cieux, comme l’étaient: -Celui d’Abraham que Dieu distingua du milieu des païens pour en faire le père de tous les croyants. -Celui de David que Dieu prit d’entre les parcs pour en faire un roi selon son cœur, en Israël. -Celui de Noé, celui de Job et de tant d’autres encore, comme le sont aujourd’hui tous les noms des pécheurs dont la repentance et la foi réjouissent les anges de Dieu.

Votre nom est-il connu dans les cieux?

... tu as trouvé grâce devant Dieu.

Si Marie a trouvé grâce devant Dieu, c’est qu’elle n’était pas une amie du monde; comme Noé aux jours du Déluge, comme Job en son temps, Marie était juste, intègre, parfaite, craignant Dieu et se détournant du mal. Si Dieu disperse les hommes au cœur superbe, s’Il résiste aux orgueilleux, Il donne la grâce aux humbles.
Comme le Magnificat nous le révèle, la foi de Marie était vivante et personnelle.
Soumise à la loi de son Dieu, cette jeune fille juive allait épouser un fils de David.
Ne cherchant pas les choses élevées, mais s’associant aux choses humbles, elle allait devenir la femme d’un charpentier.
Fiancée, elle restait pure et chaste.
Compatissante, pensant aux affamés, aux petits de la terre, Marie se nourrissait de la Parole de Dieu et vivait dans la prière. Son cantique n’est qu’une succession de citations bibliques qui jaillissent de son cœur comme l’eau d’une source limpide.

Luc 1:31. -Et voici, tu deviendras enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus.

Marie apprend maintenant ce que veut dire "trouver grâce devant Dieu!" Le sens de la salutation qui la troublait s’éclaire soudain d’une manière fulgurante. Marie deviendra mère du grand libérateur annoncé par les prophètes, et dont le nom sera Jésus, le seul nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.

Et l’ange poursuit en décrivant ce que sera ce fils:

Luc 1:32,33. -Il sera grand et sera appelé Fils du Dieu Très-Haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement et son règne n’aura point de fin.

Toutes ces paroles ne sont pas étrangères à Marie. Elle les connaît: Ce sont des textes de l’Écriture dont elle a fait sa nourriture.
Mais sur les lèvres de l’ange ces paroles s’éclairent d’un jour nouveau. Marie apprend que pour accomplir ses grandes promesses, Dieu va se servir d’elle. C’est là la grâce qui lui est faite, "la plus grande grâce" qui la distingue parmi toutes les femmes.
Toutes les déclarations de l’ange concernant le Messie attendu, Marie peut les contrôler sans peine. Son cœur rempli de l’Écriture répond déjà comme un écho à chaque texte cité.
Sa foi qui croyait la lettre de la Parole doit croire maintenant que c’est en elle et par elle que l’Écriture s’accomplira.
C’est donc elle, la femme dont la postérité devait écraser la tête du serpent! C’est donc elle la vierge sans nom d’Ésaïe, qui doit donner le jour à Emmanuel

Luc 1:34. -Marie dit à l’ange: Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme?

Marie croit! Elle ne met pas en doute les paroles de l’ange, mais a besoin d’une explication.

On a voulu voir dans cette question de Marie la preuve manifeste de sa volonté de demeurer perpétuellement vierge. Marie aurait donc fait le vœu de ne pas connaître d’homme, c’est-à-dire de ne pas consommer son mariage, car, dit on, il serait absurde qu’une jeune fille ayant l’intention d’appartenir un jour à son mari, demandât comment elle pourrait avoir un enfant.
Mais pourquoi vouloir forcer les textes et leur faire dire ce qu’ils n’enseignent pas clairement?
Marie comprend que les paroles de l’ange doivent avoir un accomplissement immédiat. Au moment de l’Annonciation, fiancée à Joseph, Marie n’habite pas encore avec lui. Vierge, elle se trouve bien dans la condition annoncée par Ésaïe -la seule qui puisse entrer en ligne de compte pour devenir mère du Sauveur. Car la conception et la venue dans le monde d’Emmanuel doivent être un signe, c’est-à-dire un prodige de la part du Seigneur. Il est donc clair que la Vierge annoncée par le prophète ne devait pas concevoir comme le reste des femmes. Cependant, l’Écriture n’avait pas révélé le mystère d’une telle conception.
Comment devenir mère sans le secours de l’homme? Telle est, semble-t-il, la question qui préoccupe Marie et à laquelle l’ange va répondre.

Luc 1:35. -Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.

Un coin du voile se lève devant les yeux éblouis de Marie. Elle comprend que la promesse qui lui est faite va s’accomplir en elle, par une création étrangère à l’ordre de la nature. Son enfant ne naîtra pas comme nous, du mélange des sangs, ni d’un instinct charnel, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.
Dans son être offert en sacrifice vivant et saint, Dieu allait par l’opération de son Esprit façonner un corps pour son Fils.
Rien dans les Écritures ne nous laisse supposer que Dieu serait intervenu miraculeusement pour exempter Marie de la macule héréditaire du péché originel commune à toute la postérité d’Adam. Ce n’est pas pour Marie que Dieu déploya sa force et sa puissance, mais c’est en elle qu’il opéra pour préserver son Fils de toute atteinte du péché. L’immaculée conception concerne le Fils et non la mère.
Nous voici sur un terrain sacré, où il est plus sage de se taire et d’adorer que de vouloir donner des explications; elles ne feraient qu’entacher la pureté de l’incarnation, du grand mystère de la piété, "Dieu manifesté en chair".
Conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie, Jésus sera sans péché, mais participera cependant à notre nature qui depuis la chute subit les conséquences du péché. Ainsi, il aura faim et soif, connaîtra la fatigue, la souffrance et la mort. Il sera un homme parmi nous, mais Il sera saint. "Dieu, dira l’apôtre, envoya son propre Fils avec une chair semblable à celle du péché, et à cause du péché".

* * *
Il n’est peut-être pas inutile d’établir ici un parallèle entre Marie et Ève-la première jeune fille, la première vierge.
Créée par Dieu pour être une aide pour l’homme, la première femme fut tirée de l’homme.
Placée dans un lieu de délices et de charmes, Ève est fiancée par Dieu au premier roi de la création, pour être un jour une seule chair avec lui.
Pendant ses fiançailles, Ève fut visitée par l’Ange-serpent. Si Gabriel prit une forme humaine pour apparaître à Marie, le diable prit une forme animale. L’un venait d’En haut, l’autre d’en bas.
Sans salutation, le séducteur s’adresse à la femme, et alors qu’il se trouve devant celle qui jouit de la faveur de Dieu, devant l’Immaculée comblée de grâce, devant la reine de la création, médiatrice avec Adam de toutes les grâces sur toutes choses, le Serpent fait croire à Ève que Dieu la prive d’une grâce.
Semant le doute dans la pensée d’Ève, il fait naître dans son cœur le trouble qui provoque la convoitise.
Et tandis que Satan calomnie le Dieu vivant Ève ne contrôle déjà plus les paroles du Serpent: Elle croit ce qui est opposé à la Parole qu’elle connaît de Dieu. Sa volonté cède; Ève consomme l’acte qui va la perdre et plonger tous ceux qui sortiront d’elle dans la misère et le péché.
Pour faire entrer le péché dans le monde, Satan éveilla la convoitise de la première femme. Pour s’être laissé envelopper de l’ombre du démon, Ève a conçu de Satan, enfantant le péché qui conduit à la mort.
Elle entraîne son mari dans la désobéissance, et le fruit de ses entrailles sera Caïn, le meurtrier, l’homme qui ôte la vie, qui introduit la mort dans ce monde.
Désormais, hors d’Éden, les descendants du premier couple pécheur naîtront dans une création assujettie à la vanité, dans une sphère où domineront la révolte, le désordre, la souffrance, les peines, le deuil, la mort et la corruption.

* * *
C’est dans un tel monde que naîtra Marie, la fiancée de Joseph, fils de David, dont l’arbre généalogique contient les noms de quatre pécheresses: Thamar l’incestueuse, Rahab la courtisane, Ruth l’étrangère, et Bathschéba l’adultère.

Née de la chair, la nature de Marie n’est pas différente de celle des autres filles d’Ève. Toutefois, le péché n’est pas essentiellement dans la nature physique que Dieu nous a donnée, mais dans notre libre volonté qui résiste à Dieu et corrompt notre être tout entier. Ainsi, sans l’intervention de Dieu, nous sommes tous perdus.
Mieux que tout autre, la pieuse Marie sait cela. Aussi recherche-t-elle le Seigneur de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et de toute sa pensée.
Née, comme elle le reconnaît elle-même, dans l’infirmité d’une nature déchue, Marie s’attendait à Dieu, se confiait en sa miséricorde et vivait dans sa crainte, croyant à ses promesses.
Et ce corps que sa volonté aurait pu employer pour satisfaire ses convoitises, elle le conservait pur par la grâce de Dieu en vue de son mariage avec un homme qui craignait Dieu.
Ainsi, pendant le temps de ses fiançailles, Marie fut visitée. Comme un lis entre les épines qui croissent hors du paradis, Dieu distingua à Nazareth une fleur qui se nommait Marie.
Cette fleur-là donnerait un fruit, alors qu’Ève vola un fruit. Et le fruit de Marie n’entraînerait pas la mort, mais communiquerait la vie.
Marie en offrirait à manger à Joseph et une multitude d’autres après lui jouiraient de sa saveur. Mieux qu’Ève, Marie pourrait porter le nom de mère de tous les vivants, car Ève est mère de ceux qui meurent, tandis qu’en un sens Marie est mère de tous ceux qui vivent, comme Abraham est père de tous ceux qui croient.

* * *
Après avoir révélé à Marie, le secret de Dieu, au sujet de la conception du Fils promis, l’ange donne un signe à celle qui n’en demande pas:

Luc 1:36. -Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi un fils en sa vieillesse, et celle qui était appelée stérile est dans son sixième mois.

C’est ainsi que Dieu se plaît à fortifier la foi de ceux qui Le croient. La fécondité d’Élisabeth, "celle qui était appelée stérile," rappellera à Marie laissée seule, qu’elle n’a pas été le jouet d’un rêve. Oui, sa parente va connaître elle-même en sa vieillesse, la joie de devenir mère, car, ajoute l’ange:

Luc 1:37. -Rien n’est impossible à Dieu.

Ces dernières paroles tombent dans le cœur de Marie comme des ondées sur l’herbe verdoyante.
Dieu toujours le même dans son amour et sa puissance a renouvelé pour Zacharie et sa femme ce qu’il fit autrefois pour Abraham et Sara. "Y a-t-il rien qui soit étonnant de la part de l’Éternel"?
Comme Job, Marie sait maintenant que Dieu peut tout, et que rien ne s’oppose à ses pensées.
La foi a pénétré ses connaissances de raison. Tout devient plus clair et plus harmonieux.
Avec Jérémie elle comprend que rien n’est étonnant de la part de Dieu.
Les certitudes de la Parole envahissent son cœur et feront monter sur ses lèvres la réponse qu’attend le ciel entier.
"Fais-moi voir ton visage, fais-moi entendre ta voix, car ta voix est douce et ton visage est agréable," répète le Bien-Aimé du Cantique des Cantiques.
Que va faire Marie? Quelle sera sa réponse?

Luc 1:38. -Marie dit: Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. Et l’ange la quitta.

Dans ces paroles, Marie révèle toute son âme. Ni écrasée, ni exaltée par sa mission surhumaine, elle s’incline simplement et adore. Sans réserve elle se soumet à la volonté de son Dieu, croyant que ce qu’Il a promis, Il est puissant pour l’accomplir. Déjà, elle ne s’appartient plus.
Sur la servante du Seigneur, jardin clos, source fermée, fontaine scellée, les cieux se sont inclinés.
L’ange s’est retiré d’auprès de Marie, mais dans son jardin, le Bien-Aimé est entré! Le Verbe s’est incarné. Bientôt Il naîtra, grandira, enseignera, puis mourra pour nous.
Déjà dans l’Annonciation qui nous permet de découvrir la pureté, l’humilité et la soumission de Marie, la servante du Seigneur est là pour nous taire constater qu’il y a ici plus grand qu’elle: Le Fils de Dieu qui, par miséricorde, se fait chair afin de sauver nos âmes.

CHAPITRE II  De l’Annonciation au Magnificat

Notre première étude nous a permis de faire plus intimement connaissance avec Marie, la mère bienheureuse de notre Seigneur.
Que de leçons de pureté, d’humilité, de confiance, de foi, d’obéissance, de renoncement et d’amour absolus, n’avons-nous pas déjà trouvées en celle que le Saint-Esprit proclame par la bouche d’Élisabeth: "Bénie entre toutes les femmes"!
Comment ne pas penser à "la femme vertueuse" des Proverbes ou au "lis au milieu des épines" du Cantique des Cantiques?
Une jeune fille de Nazareth a reçu la visite d’un ange. Il est entré chez elle, s’est entretenu avec elle, puis l’a quittée. Marie n’a pas seulement vu un être céleste, mais dans son humble demeure elle a écouté son message et accepté la vie nouvelle qu’il lui proposait.

Aujourd’hui, bien des personnes voudraient voir un ange et seraient très honorées si un messager des cieux venait les trouver.

Hélas! Elles oublient trop peut-être que les âmes qui connaissent les prémices d’une vie céleste dans ce monde, sont celles qui cherchent avant tout les choses d’En Haut pour en faire l’objet de leurs affections. Dieu s’approche en grâce de ceux qui, humblement, viennent à Lui, et répondent à ses compassions infinies en offrant leur corps "comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu." L’âme qui refuse de se conformer aux mœurs du présent siècle et qui trouve ses possibilités, non dans les moyens et les méthodes du monde, mais dans les ressources qu’offre la vie de l’Esprit, peut toujours s’attendre à connaître des touches particulières de la grâce divine.
Les interventions surnaturelles sont réservées à celui ou à celle dont l’envoyé céleste peut dire "Le Seigneur est avec toi." Là où un cœur est réellement désireux de plaire à Dieu, le Seigneur est tout prêt à manifester sa présence.
Pour ceux qui lui appartiennent vraiment et qui Le servent en vérité, il est toujours possible d’être visité ou secouru par un ange de Dieu.
Toutefois, il faut se rappeler que Satan lui-même se déguise en ange de lumière, et que des esprits méchants régnant encore dans les lieux célestes cherchent à séduire même des élus.
Nous avons vu en effet dans notre précédent chapitre qu’Ève, la première femme, la première vierge immaculée et pleine de grâces, fut visitée au temps de ses fiançailles par un être surnaturel.
Séduite par la ruse du Serpent, Ève eut le tort d’écouter des propos qui jetaient du discrédit sur son Créateur.
Satan n’insinuait-il pas que Dieu privait sa créature de quelque chose, qu’il lui manquait une grâce? Ne lui suggéra-t-il pas qu’il suffisait de s’affranchir du commandement divin pour être comme des dieux, connaissant le bien et le mal?
Les affirmations du Serpent étaient en opposition avec la Parole qu’Adam avait entendue de Dieu-constatation qui aurait dû suffire pour détourner sa femme du séducteur, et lui démasquer son diabolique dessein.
Hélas! Ève écouta cette voix étrangère qui, en tout temps, cherche à saper l’autorité de la Parole de Dieu, à mettre l’homme en avant, à lui donner de l’importance en vue de lui faire oublier Dieu.
L’ange déchu, le Serpent ancien, voulait donner son homme à la terre. Déjà Ève se laissait couvrir par l’ombre de Satan. Éveillée à la convoitise, cette convoitise allait concevoir et enfanter le péché dans la chair qui, elle-même, donnerait naissance à cette "vaine manière de vivre" à ce "vieil homme" incapable de plaire à Dieu, et qui ne meurt en nous qu’en la mort du Christ à la Croix.

Marie, au contraire d’Ève, contrôlait dans son cœur ce que l’ange Gabriel lui disait.

Rien dans ce qu’il lui annonçait n’était en opposition avec ses connaissances des Écritures.
L’ange ne lui révélait aucune vérité nouvelle. Il se bornait à lui rappeler les textes de la Parole de Dieu, annonçant la venue du Messie.
Qu’une vierge concevrait, Marie pouvait le savoir par la lecture du prophète Ésaïe.
Ce libérateur qui devait naître, ne l’attendait-elle pas?
Ce Fils du Très-Haut qui serait grand et s’assiérait sur le trône de David son père-ce roi dont le règne n’aurait point de fin, n’était-Il pas l’objet de son espérance?
Toutes ces vérités étaient connues de Marie. Elles faisaient partie des promesses de Dieu contenues dans cette parole qu’à l’instar du psalmiste la jeune fille serrait dans son cœur, afin de ne pas pécher contre Dieu.
Cependant, ce qui était nouveau et bouleversant pour Marie, ce qui provoquait ce trouble profond en elle, c’était d’apprendre de la bouche de l’ange que toutes ces merveilles la concernaient personnellement et allaient s’accomplir en elle que la lettre à laquelle elle croyait allait s’imprimer, s’incarner dans sa chair mortelle, devenir réalité dans sa vie, dans son corps, dans sa sensibilité.

* * *

Avant de poursuivre notre étude et de considérer l’enseignement donné par la rencontre de Marie et d’Élisabeth, puis par le Magnificat, arrêtons-nous quelques instants encore pour mieux comprendre les sentiments qui agitèrent le cœur de Marie après la visite de l’ange. Avec elle, repassons dans nos cœurs toutes les choses que le messager céleste vient de lui annoncer.
Il y a des silences, dans l’Écriture Sainte, qui parlent avec autant d’éloquence que la lettre écrite. Cet enseignement caché est révélé à celui qui médite et laisse Dieu prolonger par son Esprit les lignes de sa Parole dans son cœur. Tout attachement à la lettre doit être accompagné et suivi d’une illumination de l’Esprit.

Marie vient d’apprendre qu’elle est choisie par Dieu.

La Parole devient pour elle vivante et opérante, plus pénétrante qu’une épée à deux tranchants. Sa foi en l’Écriture va être récompensée. Ce que dit la lettre au sujet de l’Invisible, est une réalité. Jusqu’ici, Marie a cru sans voir. Maintenant, elle verra l’accomplissement des choses dites par le Seigneur.
Marie accepte de servir les desseins bienveillants de Dieu en vue du salut du monde. Mais cette acceptation ne la laisse pas intacte. L’enfant qu’elle espère va devenir présent en elle. Que dira Joseph, que pensera le monde, quand le corps de Marie trahira son secret?
Craignant Dieu, se retirant du mal, observant la loi, Marie a conservé son corps dans la chasteté.
Fiancée à Joseph, un homme juste et pieux, Marie, comme toute jeune fille, avait des projets, des plans chéris pour la terre, et, soudain, le ciel lui révèle les desseins de Dieu à son égard. Dieu a besoin d’elle. Marie doit lui appartenir avant d’être à elle-même ou à Joseph.
Il en est de même de tous ceux que Dieu appelle à Lui. L’âme qui aujourd’hui voudrait être visitée par un ange, doit savoir qu’il y a un prix à payer, et qu’une telle apparition ne nous est pas accordée pour satisfaire notre curiosité ou nous donner de l’importance.
Quelle que soit sa manifestation, la grâce de Dieu ne nous visite jamais pour combler nos désirs égoïstes, mais toujours en vue de glorifier Dieu, de nous rendre utiles aux autres, et d’opérer notre sanctification personnelle.
Quand l’appel de Dieu retentit, il doit nous trouver prêts à tout perdre: Aimables projets, désirs personnels, réputation, estime de nos amis, confiance de nos proches. Souvent nous faisons des plans pour notre avenir en demandant à Dieu de faire luire sa lumière sur nos voies et de bénir nos efforts. Cependant, sommes-nous sûrs d’être dans le chemin du Seigneur? Lui avons-nous laissé l’occasion de nous révéler sa volonté à notre égard?
Marie était fiancée à Joseph et c’était très bien mais, dans le conseil de Dieu, Marie était choisie pour donner le Sauveur au monde.
Saul de Tarse persécutait les chrétiens et croyait servir Dieu, jusqu’au jour où il apprit que Dieu l’avait mis à part dès le sein de sa mère, pour porter le nom de Jésus devant les nations, devant les rois et devant les fils d’Israël.

Qu’en est-il de nous?

Un grand lot de souffrances accompagnera toujours ceux que Dieu choisit ainsi et auxquels Il accorde une si grande faveur.
Un tel appel dépasse l’entendement humain. Aussi Marie pouvait-elle bien demander à l’ange: "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme"?
Plus tard, Nicodème posera à Jésus une question semblable au sujet de la nouvelle naissance: "Comment cela peut-il se faire ?"
Pas plus que l’incarnation, la nouvelle naissance ne peut être l’œuvre du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme. C’est l’œuvre de Dieu opérée par son Esprit.
L’enfant qui naîtrait de Marie serait donc saint, alors que tous ceux qui naissent de femmes sont pécheurs. De même, seul ce qui est né de l’Esprit est esprit.
Oui! Marie croit que rien n’est impossible à Dieu. Depuis Abraham, toute l’histoire de son peuple est là pour lui confirmer que le Dieu d’Israël est le Dieu des miracles et que rien ne s’oppose à ses pensées.
L’impossibilité n’est jamais du Côté de Dieu.
Du côté de Dieu, la voie est toujours ouverte.
L’impossibilité, les obstacles ne sont que du côté de l’homme.
Si Marie regarde à Dieu, tout ira bien, mais si elle regarde à elle-même ou aux hommes, tout l’amènera à douter et à reculer.
Elle se jugera tout d’abord indigne de l’honneur que Dieu lui fait. La visite de l’ange ne lui a pas fait oublier son insuffisance et son humble état. Sa pauvreté, sa condition modeste, sa jeunesse, son inexpérience de la vie et tant d’autres considérations raisonnables pourraient l’arrêter.
Son engagement avec Joseph sera-t-il un obstacle majeur?
En effet, que va dire le fiancé de Marie? L’angoisse peut bien étreindre son cœur, car la visite de l’ange ne lui a pas seulement apporté une promesse de vie, mais aussi un arrêt de mort.
Chaste et pure, Marie a pourtant les deux pieds sur la terre. L’ange lui a dit: "Tu deviendras enceinte!" Marie sait donc qu’elle ne pourra pas toujours garder son secret.
Si elle ne parle pas, on la questionnera.
Qui croira alors qu’elle est enceinte du Saint-Esprit?
Marie n’ignore pas la loi: Une fiancée qui se trouvera enceinte des oeuvres d’un autre sera lapidée.
Si on ne la croit pas, si la loi lui est appliquée, Marie mourra dans la honte et le déshonneur.
Marie connaît Joseph. C’est un homme juste et craignant Dieu. S’il est convaincu de la culpabilité de sa fiancée, il ne l’épargnera pas.

Ainsi, c’est bien à la mort que l’a conduite son acceptation.

Sa réputation sera à jamais entachée. Elle qui s’est conservée pure en vue du mariage, c’est elle qui sera appelée: Une fille-mère, c’est elle que l’on soupçonnera. À quoi sert donc la piété?
Qui donc voudra la croire? Si Marie raisonne sur le plan humain, elle est perdue.
Il faut qu’une foi immense s’empare de son cœur, afin qu’elle puisse renoncer à la réputation que lui donnent sa vertu, son humilité, sa grâce, sa fidélité. Il faut qu’elle accepte de perdre l’estime de ses frères et la confiance de ses amis. Il faut que tous ces avantages en la chair, la fille de David les estime comme des ordures, afin de gagner Christ et d’être trouvée en Lui, non avec sa justice "qui vient de la Loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi".
Marie a cru, et a serré par devers elle, les paroles de son Dieu, plus que les propos de son propre cœur.
Marie a accepté le risque de la foi. En elle, le sacrifice est déjà consommé. Pour Celui qu’elle aime, Marie est prête à mourir.
Alors, l’œuvre de Dieu commence en la Vierge. Dans l’étreinte d’un ineffable amour, Marie conçoit du Saint-Esprit, et son être qu’elle a conservé pur devient le vase que Dieu emploie pour y former le corps de son Fils, le Saint de Dieu. Il sera en elle, il s’y développera, et au temps fixé, Marie donnera le jour au Sauveur, au Fils de Dieu.
Pour que l’œuvre de Dieu se réalise en Marie, il fallait son consentement.
Il en est ainsi de toute âme que Dieu sollicite aujourd’hui encore à la vie éternelle. Pour que le Christ soit reçu et formé en nous, pour que la vie éternelle nous habite, il faut une décision de notre part, une acceptation, une réponse nette et précise à l’appel de Dieu.

LA VISITATION

"Dans ce même temps, Marie se leva et s’en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. Elle s’écria, d’une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni. Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein. Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement".. {Luc 1:39-45}

Dès que Marie eut accepté que s’accomplisse en elle l’œuvre merveilleuse de Dieu, elle s’engagea dans le chemin qui devait la conduire vers celle que Dieu avait visitée dans sa vieillesse. Marie ne reste pas seule mais éprouve le besoin de se rendre sans retard auprès du seul être qui pourra vraiment la comprendre, Élisabeth, sa parente.
Il en est de même chaque fois qu’une âme naît à la vie nouvelle. Elle ne peut rester repliée sur elle-même, mais recherche une maison, un foyer spirituel où elle sera accueillie et comprise, où elle pourra faire ses premiers pas et accomplir un premier service, loin des regards du monde.

Luc 1:39. -Dans ce même temps, Marie se leva et s’en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.

La voyez-vous, cette jeune fille de Nazareth, portant son secret dans son coeur, marchant hâtivement vers les montagnes où un vieux couple attend la réalisation d’une promesse? L’incrédulité de Zacharie, qui n’a pas cru les paroles de l’ange, n’empêchera pas leur accomplissement, mais Zacharie ne pourra pas louer Dieu dans son attente. Il restera muet jusqu’à la naissance de son enfant.
Aujourd’hui encore, l’incrédulité des fidèles les empêche de louer Dieu, mais ne pourrait entraver la réalisation de ses desseins. Notre manque de foi ne saurait détourner Dieu de ses plans, mais nous prive de Le glorifier et de manifester notre joie en attendant la délivrance.

Luc 1:40. -Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Dans la maison du sacrificateur silencieux, deux femmes se rencontrent. L’une est à l’aurore de la vie, l’autre au soir de l’existence. Ce n’est pas parce qu’elles sont parentes selon la chair qu’Élisabeth et Marie se retrouvent, mais parce que l’une et l’autre ont été visitées par Dieu. Le mobile de leur rencontre, c’est le grand événement qu’elles attendent. Et parce que Marie a cru la promesse, Jésus qu’elle espère est déjà présent en elle.
Là où des âmes rachetées par le Seigneur éprouvent le besoin de se retrouver parce qu’elles appartiennent à Christ, là aussi apparaît l’Église. Dans ce rassemblement des deux ou trois qui croient la promesse et qui espèrent en son Nom, la présence invisible de Jésus devient sensible au cœur.

Luc 1:41. -Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit.

La simple salutation de Marie suffit pour qu’Élisabeth éprouve en son être intime, la présence du Seigneur.
Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont Élisabeth reçut Marie. Elle ne la reçut pas comme une intruse, comme une étrangère suspecte qu’il faut d’abord examiner, ni même en parente selon la chair. Cette femme âgée et respectable accueille la jeune et insignifiante Marie comme la mère de son Seigneur, comme celle qui porte en son sein, la vie de Dieu.
Voilà le lien qui unit Élisabeth à Marie. Ni l’âge, ni les goûts, ni les paroles, ni les pensées, ni les actes de Marie n’influencent l’accueil que lui réserve sa parente.

Remplie du Saint-Esprit, Élisabeth s’écria d’une voix forte:

Luc 1:42-44. -Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni. Comment m’est-il accordé que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappa mon oreille, l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein.

Marie est bénie aux yeux d’Élisabeth, non parce qu’elle est une femme extraordinaire, mais parce que le fruit de son corps est béni. Élisabeth possède un discernement spirituel. Le Saint-Esprit la remplit et l’éclaire: Elle a reconnu les signes de la divine présence en Marie. Ce n’est pas Marie qui a fait tressaillir l’enfant d’Élisabeth. C’est Jésus en Marie, car depuis que Marie a accepté de voir s’accomplir en elle le bon plaisir de Dieu, l’identification avec le Christ a commencé. Ce n’est plus elle qui vit, mais Lui qui vit en elle.
C’est un accueil semblable à celui que reçut Marie dans la maison de Zacharie, que les âmes nouvellement nées à la vie divine devraient recevoir dans nos communautés, au sein de ceux qui ont été visités avant elles. Elles devraient trouver dans nos milieux des personnes remplies du Saint-Esprit et parlant par l’Esprit. Le contact de Marie et d’Élisabeth, c’est le vrai contact chrétien, le contact des entrailles, le contact de la vie.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de la nécessité d’établir des contacts entre chrétiens.

Ainsi, on cherche à créer des liens entre hommes qui se réclament du même Seigneur, par des contacts théologiques où chacun expose le fruit de ses recherches et de sa science religieuse, mais demeure fermement attaché à ses positions.

Il y a aussi les contacts ecclésiastiques, où par des cultes en commun on cherche à faire naître dans les cœurs les mêmes émotions, les mêmes sentiments, les mêmes goûts, pensant ainsi rapprocher les âmes vraiment pieuses.
Il y a encore les contacts créés en vue de l’évangélisation des masses, rencontres où les chrétiens ne sont pas seulement appelés à écouter la même liturgie ou à chanter les mêmes cantiques, mais à confesser ensemble -et par des actes-leur foi aux yeux du monde.
Tout cela est utile et nécessaire. Mais il faut se souvenir que ce n’est pas parce que nous avons sur toutes choses les mêmes vues que nous sommes unis en Christ. De même, ce n’est pas parce que nous partageons les mêmes goûts au sujet d’une forme de culte ou que nous vibrons de la même manière à l’ouïe des mêmes paroles, que nous sommes unis en Jésus. Enfin, ce n’est pas parce que nous travaillons ensemble au service du même Maître que nous sommes unis en Dieu, mais bien parce que nous avons en nous la même vie, la vie du Père et du Fils.
C’est cette vie qui a fait tressaillir Jean-Baptiste dans le sein de sa mère, cette vie que le précurseur allait annoncer pour qu’elle croisse en tous, tandis que lui diminuerait.
Notre lien avec les âmes ne vient donc pas d’un contact intellectuel, sentimental ou pratique, mais de Jésus-Christ, présent dans nos vies par sa Parole et son Esprit.
Si, tous, nous traitons saintement le Christ dans, nos cœurs, nous n’aurons pas de peine à entrer en contact avec nos frères, et nos rencontres deviendront pour nous un privilège divin, une occasion d’édification profonde et un encouragement pour notre foi.

Luc 1:45. -Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.

C’est par un témoignage rendu à la foi de Marie qu’Élisabeth termine ses paroles de bienvenue. Marie est rendue bienheureuse par sa foi en la promesse de Dieu, et non par des grâces surnaturelles qu’elle aurait reçues dès avant sa naissance. Celle qui a vu la puissance et la grâce de Dieu se manifester dans la stérilité de sa nature, et la miséricorde du Seigneur éclater dans son âge avancé, est rendue capable de fortifier la foi de sa jeune parente.

Aussi, dans la communion de celle qui espère en Dieu-et qui lui confirme par le Saint-Esprit que les grandes choses promises par l’ange sont en voie d’accomplissement -Marie voit son cœur déborder, et éclate en louanges.
Aujourd’hui encore la communion des saints, la rencontre des âmes en qui habite l’espérance de la gloire, fait jaillir du plus profond de notre être un chant d’amour qui exalte la Source de tout bonheur, le Tout-Puissant qui fit pour nous de grandes choses.

LE MAGNIFICAT

Et Marie dit:
Mon âme exalte le Seigneur.
Et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur.
Parce, qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante.
Car voici, désormais, toutes les générations me diront bienheureuse.
Parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses.
Son nom est saint.
Et sa miséricorde s’étend d’âge en âge
Sur ceux qui Le craignent.
Il a déployé la force de son bras
Il a dispersé ceux qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses.
Il a renversé les puissants de leurs trônes.
Et il a élevé les humbles.
Il a rassasié de biens les affamés,
Et il a renvoyé les riches à vide.
Il a secouru Israël, son serviteur, et il s’est souvenu de sa
miséricorde,
Comme il l’avait dit à nos pères
Envers Abraham et sa postérité pour toujours.
{Luc 1:46-55}

Nous ne nous arrêterons pas longuement sur les paroles merveilleuses du Magnificat, sur la réponse de Marie à Élisabeth.
Toute âme en qui Dieu a commencé son oeuvre, toute personne à laquelle il a été gratuitement donné, par rapport à Christ, non seulement de croire en Lui, mais aussi de souffrir pour Lui, peut dire pour sa personne et sa propre vie ce que proclame le cantique de Marie.
Mais, pour que la créature soit amenée à donner gloire à Dieu et à se réjouir en Lui, il faut qu’elle ait été l’objet d’une intervention de Dieu.
Livré à ses propres ressources, l’homme ne saurait donner gloire à un autre que lui-même.
Seules la révélation de la grandeur de Dieu d’une part, et la connaissance de notre propre misère d’autre part, peuvent nous amener à l’adoration libératrice.

Pour magnifier le Seigneur, se réjouir en Dieu et l’appeler "son Sauveur," il ne suffit pas de croire simplement en l’existence de Dieu. Il faut connaître le cœur du Père et aimer Dieu par-dessus toute autre chose. Il faut avoir reconnu sa souveraineté absolue et ses droits sur notre vie. Il faut avoir sondé l’abîme de notre déchéance et connu l’amour de Dieu que rien ne conditionne, sa bonté qui se manifeste dans l’état où nous sommes, quels que soient notre passé, notre présent, notre avenir. Seule la connaissance d’un Dieu de grâce est une source de joie constante pour l’esprit du chrétien.

Le cantique de Marie est donc le cantique du racheté, de celui qui appartient maintenant tout entier, esprit, âme et corps, au Dieu tout entier, Père, Fils et Saint-Esprit.
Marie ayant livré son corps au Saint-Esprit, abandonne son âme au règne du Seigneur, tandis que son esprit ne trouve plus de joie qu’en Dieu son Sauveur.
Depuis que la puissance du Très-Haut l’a couverte de son ombre, Marie est absorbée en Dieu.
Le Dieu qu’elle connaît n’est pas une force anonyme, une Idée vague, ou un impitoyable Destin, mais le Dieu personnel et vivant qui a un cœur, des yeux, un bras fort, tout-puissant.
Et si Marie parle d’elle un instant, c’est pour s’humilier et reconnaître son bas état afin de mieux parler de Lui, de rendre plus tangible la grâce dont elle est l’objet.
Elle sait que Dieu ne repousse pas sa faiblesse, qu’Il s’apprête au contraire à manifester sa puissance dans son infirmité de telle manière que toutes les générations la diront bienheureuse, parce qu’elle a trouvé pleinement suffisante la grâce de son Dieu. Ainsi, au cours des âges, tous pourront connaître la source de sa joie, le secret de sa béatitude qui pourra devenir la béatitude de quiconque croit à "l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux".

S’oubliant elle-même, Marie s’élève sur les plus purs sommets et peut célébrer Dieu pour tout ce qu’Il est, pour tout ce qu’Il a fait, pour ce qu’Il fait et fera encore.
Marie a quelque chose à dire sur la sainteté du Nom de Dieu, sur sa miséricorde infinie envers ceux qui Le craignent. Elle peut parler de la force de son bras, du secours qu’Il donne aux, humbles, des biens dont Il rassasie les affamés et les nécessiteux, tandis que dans sa justice, Il renvoie les riches à vide et disperse ceux qui gardent dans leur cœur des pensées orgueilleuses.
Enfin, elle peut rappeler l’aide efficace dont Israël fut l’objet de la part de Dieu, et proclamer que les promesses faites aux pères envers Abraham et sa postérité seront un jour pleinement réalisées.
Dans le Magnificat, Marie, l’esclave du Seigneur, qui, d’avance, a espéré en Christ, sert tout entière "à la louange de la gloire de sa grâce".

* * *
Au terme de cette seconde étude, comprendrons-nous le sens profond de l’histoire authentique et merveilleuse de la Vierge-mère?
À côté d’autres applications, la grande vérité qui illustre d’une façon admirable la vie de Marie est celle-ci:
Quand Dieu voulut se manifester aux hommes et se rendre visible au monde pour lui apporter le salut, Il dut revêtir un corps de chair afin d’approcher ces êtres de chair.
Ce corps, Il le forma en Marie qui se livra à Lui sans réserve. Par elle, Dieu put s’incarner en Christ et se manifester aux hommes, "réconciliant le monde avec lui-même".
Des yeux purent Le voir, des oreilles L’entendre et des mains Le toucher.

Aujourd’hui, Dieu a toujours besoin des hommes. Ce n’est pas seulement sur la partie invisible de leur être qu’Il désire régner. Il aspire à la domination de l’homme tout entier, c’est-à-dire à soumettre à son pouvoir notre corps-partie visible et sensible de notre être-pour faire de nos membres des "instruments de justice".

Marie est un tableau vivant éclairant d’un pur reflet tout l’enseignement du Christ et des apôtres sur le miracle de la nouvelle naissance, sans laquelle nul ne peut voir le royaume de Dieu.
En effet, toute nouvelle naissance est un miracle aussi grand que la conception miraculeuse, de sorte que tous ceux qui nient la naissance virginale ne peuvent croire non plus à une naissance d’En haut pour l’homme de chair.
Or, Jésus a affirmé clairement que l’homme devait renaître pour entrer dans Son royaume.
De même, Paul nous montre comment Christ doit être formé en nous, comment Il doit croître, grandir et manifester sa vie dans notre chair mortelle.
Christ en nous est tout d’abord enfant, adolescent, puis homme fait.
Ce qui s’est passé un jour en Marie doit se refléter spirituellement dans notre propre vie.
Marie, appelée par Dieu, ne s’est pas refusée et n’a rien refusé à son Dieu Sauveur. Se livrant à Lui sans réserve, elle vit le Dieu tout-puissant prendre possession de son être tout entier.
Il en sera de même aujourd’hui où la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Quiconque accepte cette grâce et répond à l’amour de Dieu en gardant ses commandements, verra s’accomplir la merveilleuse promesse du Seigneur "Nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui".

Par Marie, le salut qui est Jésus, allait entrer dans le monde. Mais, avant, il devait être formé en elle.
"Tu concevras," c’est l’œuvre de Dieu en Marie. "Tu enfanteras," c’est l’œuvre de Dieu par Marie, pour le monde.

Quand la parole de Dieu est reçue, le Saint-Esprit féconde dans notre cœur cette semence incorruptible, et celle-ci donne naissance à "Christ en nous, l’espérance de la gloire".
La chair mortelle du chrétien devient dès lors le terrain de la manifestation de la vie de Jésus, de la puissance du Saint-Esprit dans un vase de terre.
Désormais, le croyant est appelé à "revêtir l’homme nouveau" qui n’est pas le fruit des efforts de la chair- d’une chair qui tendrait à s’améliorer- mais une création nouvelle "qui se renouvelle dans la connaissance selon l’image de Celui qui l’a créé." L’homme nouveau est manifesté par le Saint-Esprit dans une chair qui a été crucifiée avec ses passions et ses convoitises.

Si j’ai établi plus haut un parallèle entre Ève et Marie, nous pouvons, en terminant ce chapitre, faire un rapprochement entre Marie et nous, entre la Vierge-mère et l’âme rachetée.
Dieu, qui a voulu sauver l’humanité par l’envoi de son fils, au temps de Marie, veut aujourd’hui encore faire proclamer son salut aux âmes perdues.
Sur la terre, Il a son heure, ses moyens et ses messagers pour annoncer la bonne nouvelle.
L’âme qui entend la Parole du Seigneur, l’âme qui cherche Dieu, l’âme dont la conscience est réveillée par la connaissance de la loi, l’âme qui veut plaire à Dieu et qui s’efforce de Lui être agréable est tout d’abord troublée par le message de l’Évangile- car il la prend personnellement à partie. Elle réalise soudain que c’est bien d’elle qu’il s’agit. Une question précise lui est posée. Une réponse personnelle doit être donnée. Un engagement lui est demandé.

* * *
Quel effet la prédication de l’Évangile a-t-elle eu dans nos cœurs?
Avons-nous connu le trouble, la crainte qu’un homme pécheur éprouve en présence d’un Dieu saint?
Il n’y a de salut en aucun autre qu’en Jésus-Christ, mais ce salut gratuit est bien autre chose qu’une bonne nouvelle seulement, ou que le seul pardon de nos péchés.
Le salut de Dieu, c’est quelqu’un qui va naître en nous, grandir, occuper toute la place dans la mesure où nous diminuerons.
Voilà la grâce qui nous est offerte: Être habité par Dieu. Avoir un Salut qui procure le salut.
Si la vie de Jésus ne se manifeste pas dans notre chair mortelle, nous sommes encore sans Christ et étrangers à la vie de Dieu.
La seule vie chrétienne, c’est celle de Christ en nous. Il n’y a pas une vie chrétienne pour les catholiques, une autre pour les orthodoxes et plusieurs autres pour les multiples divisions du protestantisme.
C’est à une participation à sa propre nature que Dieu nous appelle; c’est à une union intime avec Lui que nous sommes conviés.

Dieu attend notre réponse!

Ne regardons pas à nous-mêmes, mais à Celui qui a jeté les yeux sur nous, nous appelant à son royaume et à sa gloire.
Comme Marie, soumettons-Lui notre cœur et laissons-Le agir: "Je suis la servante du Seigneur; qu’il me soit fait selon ta parole".
Marie a accepté que le Christ soit formé en elle, afin qu’Il soit donné au monde.
C’est ainsi que Marie fut sauvée et qu’elle participa au salut des autres. Il peut en être de même pour nous aujourd’hui.
Dieu nous sauve pour nous associer à son oeuvre de salut.
Ainsi, ceux qui honorent Marie ne sont pas toujours ceux qui parlent d’elle, mais ceux qui imitent son exemple et sa foi.

CHAPITRE III (1)  LA SERVANTE DU SEIGNEUR

Dieu ne donne pas sa gloire à un autre, ni son honneur aux idoles.
S’il a besoin des hommes, s’Il les emploie pour exécuter ses desseins, c’est une faveur qu’Il leur accorde.
Ainsi, dans sa grâce, Dieu sait à son heure susciter un homme, une femme, qui seront pour Lui, des vases d’élection par lesquels Il fera connaître les richesses de sa gloire au milieu des hommes.
La gloire éternelle de Marie, comme celle d’Israël, c’est Jésus, le Fils Bien-Aimé du Père.
En effet, la vie même de Marie nous interdit de nous arrêter à elle. Toutes les leçons qu’elle nous donne nous ramènent à Christ, "l’Image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création".
On ne peut penser à Marie sans songer au Fils de Dieu. Marie existe par Lui, pour Lui, et en Lui.
De même on ne devrait pas pouvoir penser à un chrétien sans penser au Christ.
Ce qui est intéressant et utile pour nous dans la vie d’un homme ou d’une femme, c’est la mesure de Christ en eux. Tout le reste, origine, naissance, beauté, richesse, position, est secondaire dans un monde où tout est vanité et tourment d’esprit.
Celui en qui habite l’amour de Dieu ne tire pas sa gloire des hommes, mais cherche la gloire qui vient de Dieu seul.
Dans ces dispositions, il ne cherche pas sa volonté mais la volonté de Celui qui, par grâce, nous fait sortir de l’ombre et qui, à toute heure, peut nous y faire rentrer.
Si notre consécration est réelle, la fidélité au Seigneur reste totale, l’attachement et le dévouement au Christ demeurent complets, lors même qu’on ne parle plus de nous.

Les êtres qui sont jaloux de la gloire de Dieu, au lieu de rechercher leur propre gloire, savent qu’ils sont suscités pour servir au conseil de Dieu. Ils n’ignorent pas que leur course peut s’achever aussi bien à trente qu’à soixante-dix ans. L’essentiel pour eux n’est pas une longue vie, mais l’accomplissement humble, fidèle et joyeux, du service reçu du Seigneur.

Ce fut le cas pour Jean-Baptiste qui avait pu dire de Jésus: "Il faut qu’Il croisse, et que moi je diminue." Cette parole était son programme. Il l’a incarnée et non seulement prêchée.
Dès qu’il eut préparé le chemin du Seigneur, dès que le Christ fut sorti de l’ombre pour commencer son ministère, Dieu retira le Baptiste par une mort violente.
Du roi David lui-même, l’Écriture dira qu’après avoir, en son temps, servi au dessein de Dieu, il s’endormit et fut réuni à ses pères.
Ce n’est donc pas nous qui choisissons l’heure, le jour, le lieu et les circonstances qui nous effaceront de l’horizon des hommes.
De cette manière, Dieu prouve que la vie de ses serviteurs n’a de sens qu’en Christ, d’autre raison d’être que Christ.
L’apôtre Paul avait tellement bien compris cette vérité qu’il pouvait dire: "Christ sera glorifié dans mon corps avec une pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort; car Christ est ma vie et la mort m’est un gain." Ailleurs, il dira encore: "Nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur".

* * *
Ce que je viens de dire, au sujet des serviteurs de Dieu, en général, s’applique également à Marie, la servante du Seigneur.
Les Évangiles nous montrent d’une manière frappante la vraie place que Dieu a donnée à Marie, mère de Jésus.
Dans l’Écriture Sainte, il est surtout question de Marie avant la naissance du Christ, dans l’enfance et l’adolescence de Jésus.
Dès que Jésus est homme fait, et tout au long de son ministère, Marie n’apparaît plus qu’occasionnellement. Et, sans cesse, par les paroles qu’il prononce dans ces circonstances, Jésus semble vouloir rappeler le rôle exact de sa mère et sa place dans sa vie.

Voyons plutôt:

1. Aux noces de Cana, quand Marie communique à son fils l’embarras de leurs hôtes au sujet du vin, Jésus répond à sa mère: "Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue".

Marie doit comprendre qu’elle a devant elle son Seigneur, seul juge de ce qu’Il sera conduit à faire.

2. Quand de la foule assise autour de lui on vient lui dire: "Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir," Jésus répond: "Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère".

C’est ainsi que Marie est sa mère, parce que Dieu l’a choisie, parce qu’elle n’a pas refusé la grâce qui lui a été faite, parce qu’elle a obéi, parce qu’elle a fait la volonté de Dieu.

3. Alors qu’une femme, élevant la voix du milieu de la foule, s’écrie, tandis qu’Il parlait: "Heureuses les entrailles qui t’ont porté, heureux les seins qui t’ont allaité!" Jésus dit aussitôt: "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent".

Jésus ne laisse donc pas l’attention des foules se détourner de Lui pour se porter sur sa mère, pas plus qu’Il ne laissa sa mère Lui dire ce qu’Il avait à faire au début de son ministère. Cependant, Jésus n’a pas abandonné Marie.

4. Quand, de la croix, Il voit sa mère se tenir avec Jean au pied de son gibet, Il s’écrie: "Femme, voilà ton fils," puis Il dit au disciple: "Voilà ta mère!" Et dès ce moment le disciple la prit chez lui.

Là encore, dans cette heure suprême, Jésus donne à sa mère sa vraie place. Jésus s’en va au Père... Il va retourner au lieu d’où il était venu. Son commencement n’était pas à la crèche et sa fin ne serait pas à la Croix.

Quant à Marie, sa place est sur la terre dans la compagnie des hommes, du disciple qu’Il aimait.

5. Et lorsque, ressuscité, Jésus se montre à ses disciples pendant quarante jours, ni les Évangiles, ni les Actes des Apôtres ne nous parlent d’une visite spéciale de Jésus à sa mère ou d’un message particulier du Ressuscité pour Marie.

Il apparaîtra à Marie de Magdala, puis aux saintes femmes, dont sa mère fait partie.
Il aura un message pour Pierre qui L’a renié, mais rien de spécial pour sa mère, fidèle parmi les fidèles.
Et c’est ainsi qu’après l’Ascension de Jésus, on retrouve Marie dans la chambre où se réunissent les apôtres, dans l’attente de la Pentecôte.
Que fait-elle? La servante du Seigneur persévère dans la prière avec ses frères et sœurs.
Nul ne s’adresse à elle. Marie, avec ses frères, invoque le Seigneur.
Marie prie avec les vivants, au milieu des vivants et pour les vivants.
Marie ne prie pas pour les morts, et surtout, personne ne la prie.

* * *
En dehors des citations que je viens de faire et de quelques autres sur lesquelles je reviendrai plus tard, il n’est plus question de Marie ou de son nom dans le Nouveau Testament.
Ni Paul, ni Jacques, ni Pierre, ni Jean, ni Jude ne la mentionnent. Écoutez plutôt leurs déclarations:

1. Paul, parlant de la médiation: "Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous." {Timothée 2:5}

2. Jacques, parlant de la dévotion: "La dévotion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci: Visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde." {Jacques 1:27}

3. Pierre, parlant de la rédemption: "Si vous appelez Père celui qui, sans acception de personnes, juge chacun selon ses oeuvres, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre exil. Sachez que ce n’est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères, mais par un sang précieux, comme d’un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous. Par lui, vous croyez en Dieu, qui l’a fait ressusciter d’entre les morts et lui a donné la gloire, si bien que votre foi soit en Dieu comme votre espérance." {Pierre 1:17-21}

4. Jean, parlant de l’intercession: "Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le Juste. C’est lui qui est victime de propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier,."{1Jean 2:1-2}

5. Jude, parlant de la foi transmise aux saints: "Très chers, j’avais un grand désir de vous écrire au sujet de notre salut commun; et j’ai été contraint de le faire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes qui, depuis longtemps ont été marqués d’avance pour cette sentence: Ces impies travestissent en débauche la grâce de notre Dieu et renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ... Mais vous, très chers, rappelez-vous ce qui a été prédit par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils vous disaient: A la fin du temps, il y aura des moqueurs, marchant selon leurs convoitises impies. Ce sont eux qui créent des divisions, ces êtres psychiques qui n’ont pas l’Esprit."

"Mais vous, très chers, vous édifiant sur votre foi très sainte, priant dans l’Esprit Saint, gardez-vous dans la charité de Dieu, prêts à recevoir la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle. Les uns, ceux qui hésitent, cherchez à les convaincre; les autres, sauvez-les en les arrachant au feu; les autres, enfin, portez-leur une pitié craintive en haïssant jusqu’à la tunique contaminée par la chair."

"Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous présenter devant sa gloire, irrépréhensibles et dans l’allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles! Amen!" (Jude 3-4,17-24).

Tous ces textes fixent la doctrine chrétienne et excluent nettement la possibilité d’une évolution du dogme.

Il est frappant aussi de constater que Jean lui-même, le disciple qui prit Marie chez lui, garde le silence sur la mère de notre Seigneur. Je sais bien qu’on a voulu voir Marie dans la femme qu’il nous présente au chapitre douze de l’Apocalypse, enveloppée du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles. Pourtant, une étude attentive de ce chapitre examiné à la lumière de l’analogie de la foi, nous prouverait bien vite, que cette femme ne personnifie ni Marie, ni même l’Église, mais le peuple d’Israël.

* * *
Comme nous l’avons vu plus haut, l’Écriture nous parle de Marie avant la naissance de Jésus, pendant son enfance et son adolescence. Puis Marie s’efface.
Elle ne vit plus que cachée en Lui, pour Le montrer, Lui. C’est Lui qu’elle met en avant. Marie reste dans l’ombre et surtout dans l’ombre de la Croix, qui plane sur toute la vie de son fils.
C’est là pour nous, parmi tant d’autres, une des grandes leçons que nous donne Marie.
Et si maintenant nous continuons à établir un parallèle entre la mère du Seigneur et l’âme sauvée par la grâce de Dieu -l’âme qui accepte par la foi le salut, pour l’apporter ensuite à d’autres- nous retirerons encore d’autres utiles instructions de la vie de Marie.

CHAPITRE III (2)   LA FIANCÉE DE JOSEPH

J’ai déjà souligné, en commentant l’Annonciation, la Visitation et le Magnificat, comment Dieu veut reproduire spirituellement en chacun de nous l’œuvre qu’Il fit en Marie.
Il reste donc à considérer pour notre édification ce qui arriva à Marie lorsqu’elle retourna chez elle après avoir passé trois mois auprès d’Élisabeth.
L’âme qui a accepté et cru la Parole du Seigneur, l’âme qui a connu la joie de la communion fraternelle et les transports de l’adoration, dans la communauté que crée le Christ, ne peut pas toujours rester auprès de ceux que la grâce a visités.
Il faut quitter "le pays des montagnes," descendre des purs sommets pour retourner chez soi, dans sa maison, où les difficultés vont commencer, où la foi va être éprouvée.

Les liens célestes ne brisent pas les liens terrestres. La vie de Dieu en nous ne fait que les épurer et les sanctifier.

L’appel de Dieu à la sanctification ne conduit pas les âmes à se séparer du monde pour vivre en vase clos, mais à devenir la possession de Dieu dans le monde, "son trésor particulier".
Il n’est pas question pour Marie de ne pas retourner vers Joseph ou de lui cacher son état.
De même, l’âme qui a reçu la vie de Dieu ne peut pas fuir ses responsabilités, et ne pas confesser le nom de Jésus parmi les siens.
Que va faire Joseph, lorsqu’il apprendra que Marie est enceinte?
Écoutons comment Matthieu nous décrit ces événements qui, humainement, auraient pu avoir de tragiques conséquences pour Marie:

Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble. Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle. Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.

Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète:

Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils.

Et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.

Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.. {Matthieu 1:18-24}

Constatant l’état de sa fiancée, Joseph avait, à première vue, deux possibilités devant lui:

1. S’il croyait le témoignage de Marie et sa version sur le mystère de sa grossesse, il pouvait garder sa femme auprès de lui et honorer en elle, l’élue du Seigneur.

2. Par contre, s’il conservait un doute sur une situation aussi extraordinaire, étant un homme juste, il ne pouvait épouser Marie-la fiancée enceinte tombant alors sous le coup de la loi qui prononçait la peine de mort pour un tel cas. {Deutéronome 22:23-30}

Que se passe-t-il donc en Joseph pour qu’il s’oriente vers une troisième solution, celle qui le conduisait à vouloir rompre secrètement avec Marie, afin de ne pas l’exposer publiquement à l’ignominie et moins encore aux rigueurs de la loi?
Ou le témoignage de Marie n’a pas suffi pour le convaincre et l’amener à croire, et, dans le doute, il préfère s’abstenir, étant un homme de bien.
Ou, s’il a cru sa fiancée, une crainte respectueuse s’empare de son cœur. Joseph ne se sent plus capable de vivre avec cet être dans lequel Dieu accomplit un si grand mystère.
Qu’en sera-t-il de Marie, humblement résignée à toute la volonté de Dieu? La servante du Seigneur sera-t-elle abandonnée dans cette épreuve?
Quand Dieu a commencé un travail dans un cœur, Il le poursuit et l’amène à son achèvement. Il ne permet pas que l’incrédulité, le doute ou la crainte, détruise son oeuvre ou nuise à son épanouissement. Dieu lui-même intervient: Un ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, dissipe ses doutes ou ses craintes, lui révélant personnellement la vérité au sujet de "l’enfant" et lui communiquant ce que Dieu attend de lui. Dès son réveil, sans tergiversation, Joseph obéit à l’ordre d’En Haut et prend sa femme auprès de lui, la mettant ainsi à l’abri des Soupçons injurieux.

Joseph partage dès lors l’espérance de Marie.

Le salut est entré dans sa maison. La Vierge n’est plus seule maintenant pour attendre les choses merveilleuses de Dieu.
Une telle délivrance est l’image de tout ce que Dieu peut faire, aujourd’hui encore, pour les âmes de nos familles, qui ne croient pas à notre témoignage. Ce n’est plus à nous de combattre. Attendons-nous au Seigneur qui, à son heure, saura révéler lui-même sa grâce et amener à l’obéissance de la foi ceux qui dans nos demeures ne connaissent pas la vérité.

Mais il ne la connut point, jusqu’à ce qu’elle eût enfanté son fils premier-né, auquel il donna le nom de Jésus.. {Matthieu 1:25}

Par ce texte, que la version de Jérusalem traduit ainsi: "Et sans qu’il l’eût connue, elle enfanta un fils...," l’Évangile veut établir comme un fait historique, l’origine divine de Jésus-Christ.

C’est là le véritable intérêt que ce passage a pour nous. Joseph trouva Marie enceinte avant qu’ils eussent mené vie commune, et c’est sans qu’il l’eût connue qu’elle mit au monde Jésus.
Ainsi, si l’on ne peut prouver par l’Écriture la virginité perpétuelle de Marie, on ne saurait mettre en doute qu’elle était vierge à la naissance du Sauveur.

Cela seul est important.

Que se passa-t-il ensuite entre Joseph et Marie?

Il me paraît sans intérêt de discuter à perte de vue pour savoir si, après la naissance de Jésus, Joseph connut sa femme et lui donna d’autres enfants, ceux que l’Évangile appelle "les frères" du Seigneur.
S’il est vrai que le terme "frère" est employé quelquefois dans la Bible pour désigner un proche degré de parenté et non nécessairement les enfants du même père et de la même mère, nul ne peut certifier cependant que les "frères" de Jésus dont nous parle le Nouveau Testament n’étaient que ses cousins.
À Nazareth, où Jésus avait été élevé, ne disait-on pas de lui: "Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques et de Joses et de Jude et de Simon; et ses sœurs ne sont-elles pas ici auprès de nous"?
Et Jean l’apôtre, ne nous signale-t-il pas que "ses frères non plus ne croyaient pas en lui"
Serait-ce pour cette raison-là qu’au moment de mourir, Jésus confie sa mère à Jean plutôt qu’à ses proches demeurés encore dans l’incrédulité?
On pourrait facilement le soutenir en s’appuyant sur cette parole du psaume messianique: "Je suis devenu un étranger pour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère"!
Pour moi, je le répète, quelle que soit l’opinion que l’on partage au sujet des frères ou des sœurs de Jésus, je ne vois pas ce que le fait d’être restée vierge, ou d’avoir eu des enfants après la naissance du Christ, pourrait ajouter ou ôter à la vertu de la mère par excellence.
Toutefois, si rien ne s’oppose formellement à ce que Joseph ait connu sa femme après la naissance de Jésus, je pourrais très bien comprendre aussi que l’époux de Marie ait arrêté dans son cœur de respecter celle dont le corps avait été le théâtre mystérieux d’une telle opération de l’Esprit Saint!
De toute manière, Joseph et Marie restent pour les fiancés de tous les temps, des modèles de foi, d’amour et de pureté.

CHAPITRE III (3)   LA NAISSANCE DE JÉSUS

La lecture du deuxième chapitre des Évangiles de Luc et de Matthieu, nous renseigne parfaitement sur les circonstances que connut Marie, avant, pendant et après la naissance de son fils.

En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, afin de se f aire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.. {Lu 2:1-5}

Les choses merveilleuses que l’on attend de Dieu ne se passent pas toujours selon nos prévisions.
 Marie et Joseph habitent à Nazareth de Gaulée, et pourtant, selon les Écritures, c’est à Bethléem de Judée que le Messie doit naître.

Écoutons plutôt:

"Et toi, Bethléem Ephrata, Petite entre les milliers de Juda, De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël Et dont l’origine remonte aux temps anciens, Aux jours de l’éternité." {Michée 5:1}

Si Marie avait connaissance de ce texte de Michée, elle pouvait être en souci. Devrait-elle, afin d’accomplir cette prophétie, se rendre d’elle-même à Bethléem pour accoucher dans cette ville, ou rester à Nazareth, ce qui pour elle simplifierait tellement les choses?
Ce n’est pas à nous de réaliser les prophéties. Il nous appartient seulement d’être fidèles là où Dieu nous visite, et de savoir attendre de Lui, dans la soumission, l’accomplissement de ses desseins.
Malgré les apparences, Dieu gouverne le monde et règne au-dessus de tous les Césars.
Aussi, est-ce par un édit d’Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre que Joseph et Marie se trouveront au jour et à l’heure de l’accouchement, au lieu annoncé par les prophètes.

La volonté de Dieu s’accomplit toujours par la puissance de Dieu et est toujours conforme à la lettre de l’Écriture.

Dieu ne nous demande pas de réaliser aujourd’hui, d’une manière charnelle, ou parce que nous en aurions le loisir, ce qu’Il attend que nous accomplissions demain, avec la force qu’Il communiquera.
Mais demain, à l’heure qu’Il voudra, Il réclamera de nous une obéissance totale à sa volonté clairement révélée. Aucune circonstance, aucun travail, aucune fatigue ne devra nous arrêter.
Soumis aux autorités et malgré l’état de Marie, Joseph s’en ira comme tout le monde en sa propre ville, afin de se faire inscrire avec la femme qui lui était fiancée.

Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.. {Luc 2:6-7}

Nous voici donc à Bethléem.

Mais, là encore, les choses ne vont pas se passer comme nous pourrions le désirer, ou comme notre imagination pieuse pourrait prévoir l’accomplissement d’un événement divin.
Tout est fait pour nous déconcerter ou nous scandaliser. Ni le cadre de la naissance du Christ, ni les acteurs qui évoluent autour de Jésus, ne semblent correspondre à la dignité qui revient au Fils de Dieu.
Ce n’est pas dans l’hôtellerie que va naître le Sauveur, mais dans une grotte obscure servant d’étable aux animaux.
C’est dans une crèche que Marie déposera son enfant et c’est là que de pauvres bergers viendront pour le trouver.
Sur la terre, la présence de Jésus en nous n’ouvre pas nécessairement toutes les portes.
Au contraire, en certains lieux, il n’y aura point de place pour nous ici-bas. "Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne L’a pas connu." Cependant, "toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein".
Dieu veut apprendre à ceux qu’Il a choisis pour accomplir sa volonté, que son salut gratuit doit être annoncé d’abord aux pauvres et aux ignorants.

CHAPITRE III (4)  LES BERGERS DE BETHLÉEM

Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. Et voici, un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande frayeur. Mais l’ange leur dit: Ne craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie: C’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez: Vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche.

Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant: Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée!. {Lu 2:8-14}

Si le monde ne nous reçoit pas, Dieu va nous rendre capables de recevoir ceux que le monde méprise, mais que Lui aime et veut sauver.
Aujourd’hui on consacre des millions pour se faire ouvrir la porte d’une "hôtellerie" qui n’est pas pour nous, et pour financer une publicité tapageuse destinée à faire accepter Jésus-Christ aux foules. Autrefois, Joseph et Marie acceptaient l’obscurité d’une étable pour y déposer le trésor de leur cœur.
Alors le ciel s’ouvrait et, sans aucuns frais pour Joseph et Marie, une publicité merveilleuse digne du Fils de Dieu se faisait par un ange environné d’un chœur céleste.
Rien ne manquait à l’annonce! Le sujet, la date, le lieu, tout était indiqué. Enfin, le signe qui les conduirait à croire cette bonne nouvelle, et à reconnaître pour Sauveur l’enfant de la crèche, leur était révélé.

Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître. Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant. Tous ceux qui les entendirent furent dans l’étonnement de ce que leur disaient les bergers. Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, et qui était conforme à ce qui leur avait été annoncé.. {Luc 2:15-20}

Irrésistiblement attirés par la propagande céleste au rendez-vous des méprisés, les bergers vont en hâte à Bethléem et trouvent tout conforme à ce qui leur avait été annoncé! Alors, ils s’en retournent glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu.

Que celui qui lit comprenne, et qu’avec Marie il garde toutes ces choses et les repasse dans son cœur, trouvant son inspiration dans les choses faites par le ciel pour évangéliser la terre.
Si nous possédons aujourd’hui la vie de Jésus, si elle se manifeste dans notre chair mortelle, notre témoignage commencera parmi les pauvres, au sein des humbles de ce monde.
Seulement, ne laissons pas nu le Sauveur dans la crèche. Comme Marie, enveloppons-Le des langes de notre amour. Alors, si nous ne pouvons pas encore montrer le Christ ailleurs que dans une étable, nous ferons l’expérience que si Jésus est tout pour notre cœur, ceux que Dieu enverra vers nous par sa divine puissance, ne verront plus le bœuf et l’âne ou l’endroit misérable, mais uniquement la Personne du divin enfant.
Dans l’étable de Bethléem, ce que les bergers virent, ce fut le petit enfant. Alors, aussi, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant.
De même aujourd’hui, si Christ est réellement né en nous, les humbles de ce monde sauront voir "le petit enfant," même si nous n’avons pas de grands moyens pour le montrer, ni de belles chapelles où le présenter.

CHAPITRE III (5)  LES MAGES D’ORIENT

Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode, voici, des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.

Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa d’eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent: À Bethléem en Judée; car voici ce qui a été écrit par le prophète: Et toi, Bethléem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les villes de Juda.

Car de toi sortira un chef, qui paîtra Israël, mon peuple.

Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. Puis il les envoya à Bethléem, en disant: Allez, et prenez des informations exactes, sur le petit enfant; quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.

Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.. {Matthieu 2:1-12}

Si la bonne nouvelle doit être annoncée aux pauvres et aux ignorants, souvenons-nous que Dieu aime aussi les riches et les savants.
Pour eux aussi l’heure viendra où, comme les Mages de l’Orient, ils pourront voir "le petit enfant" avec Marie sa mère et se prosterner devant lui pour lui rendre hommage, en déposant à ses pieds leurs trésors.
Pour trouver Christ, leur voyage sera plus long que celui des bergers, et leurs difficultés plus grandes. Leur recherche du Sauveur ne se fera pas sans trouble. Mais, partis un jour dans la bonne direction, et malgré les obstacles, ils retrouveront toujours l’étoile qui les conduira dans leur nuit vers le meilleur trésor et vers la plus grande joie.
Eux aussi seront divinement avertis de ne pas retourner vers certaines gens qui leur seraient un piège et ils sauront dans quel chemin Dieu veut les voir marcher pour retourner à leurs occupations.

CHAPITRE III (6)   LA FUITE EN EGYPTE

Lorsqu’ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle; Car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: J’ai appelé mon fils hors d’Égypte.

Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, selon la date donc il s’était soigneusement enquis auprès des mages. Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie, le prophète:

On a entendu des cris à Rama, Des pleurs et de grandes lamentations: Rachel pleure ses enfants, Et n’a pas voulu être consolée, Parce qu’ils ne sont plus.. {Matthieu 2:13-18}

Aujourd’hui, comme aux jours d’Hérode, Dieu ne se laisse pas devancer par les plans criminels de nos adversaires. Dieu connaît les pensées et les intentions des cœurs et sait avertir ses enfants.
Que fera le jeune chrétien devant l’opposition, la menace et la rage de Satan?
Il se laissera guider par Celui qui, des cieux, veille sur la vie du tout petit enfant. Il se retirera où Dieu le conduira.
À cause de Jésus, Joseph et Marie durent descendre en Égypte. À cause de la vie de Christ en nous, Dieu peut encore nous conduire à l’écart, mais c’est Lui aussi, qui, à son heure, nous ramènera de l’exil.
La haine, la persécution, la souffrance, tout cela est dans le programme du chrétien, et doit arriver afin que l’Écriture soit accomplie.

CHAPITRE III (7)  LE RETOUR EN ISRAËL

Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le pays d’Israël. Mais, ayant appris qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre: Et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes: Il sera appelé Nazaréen.. {Matthieu 2:19-23}

Les hommes passent, les temps changent; seul Jésus demeure!

À la mort d’Hérode, un ange intervient à nouveau pour rappeler Joseph, le petit enfant et sa mère, au pays d’Israël, non pas dans la ville de David son père, mais à Nazareth la cité méprisée de Galilée, d’où aucun prophète ne semblait devoir sortir. Élevé dans cette ville, Jésus sera appelé: "Nazaréen".
Là où se manifeste la vie de Jésus, tout est divinement conduit. L’homme ne choisit pas le lieu de son témoignage. Fidèle, il obéit à la volonté que Dieu lui révèle, et il ne tarde pas à voir l’Écriture s’accomplir dans sa vie.

CHAPITRE III (8)  L’ENFANT PERDU ET RETROUVÉ

Les parents de Jésus allaient chaque année à Jérusalem, à la fête de Pâque.

Lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la fête. Puis, quand les jours furent écoulés, et qu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s’en aperçurent pas. Croyant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Mais, ne l’ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l’entendaient étaient frappés de son intelligence et de ses réponses. Quand ses parents le virent, ils furent saisis d’étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse. Il leur dit Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père? Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans son cœur.

Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. {Luc 2:41-52}

Jésus avait douze ans quand Marie dut apprendre une leçon importante, et, avec elle, nous devons souvent repasser son enseignement dans notre cœur.
C’est toujours un grand danger pour nous d’accomplir par coutume des actes religieux.
Quand ils deviennent pour nous des traditions, sans nous en apercevoir nous perdons vite le contact avec Jésus. Accaparés par mille occupations, même pieuses, nous ne nous rendons pas compte que Jésus n’est plus avec nous. Cependant, nous le croyons là, faisant partie du voyage! Et c’est ainsi que l’on peut cheminer toute une journée sans souffrir de son absence.
Mais le soir arrive et, quand soudain l’on se soucie de Jésus, Il reste introuvable. Compagnons de voyage, parents et connaissances ne nous sont d’aucun secours pour nous aider à retrouver Celui que nous avons négligé, et perdu...

Où donc Le chercher? Où donc Le trouver?

Jésus nous a tellement habitués à sa fidélité, que nous en arrivons à croire qu’Il doit être toujours là, et que nous pouvons marcher avec qui nous voulons, bavarder avec qui nous semble bon, n’avoir aucun contact avec Lui pendant une journée entière, sans cependant douter un seul instant que nous Le retrouverons le soir, quand nous aurons terminé nos affaires...
Dieu veut nous apprendre que la présence de Jésus est une grâce à chérir plus que toute autre chose, et qu’il ne va pas de soi qu’Il reste avec nous quand nos pensées ne sont pas avec Lui.
Pour une journée où nous avons négligé le Seigneur, la marche est arrêtée... Trois jours de peine et d’angoisse...
Cependant, Jésus n’était pas en danger. Il était resté à Jérusalem et se tenait assis dans le temple, au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.
Pour retrouver le contact avec Jésus, il faut toujours revenir à notre point de départ. C’est au temple de Dieu que le Sauveur est resté et c’est là seulement que nous Le retrouverons, si nous savons rentrer en nous-mêmes.
Jésus est occupé des affaires de son Père, alors que nous L’avons oublié pour nous occuper de nos propres affaires.
N’accusons pas le Seigneur d’avoir mal agi avec nous, mais rentrons en nous-mêmes. Nous comprendrons alors que si nous avons dû Le chercher durant trois jours, si nous avons été dans la peine et l’angoisse, c’est bien parce qu’un matin, nous sommes partis sans Lui et que toute une journée toujours sortis de nous-mêmes nous nous sommes éloignés de Lui.
On ne perd Jésus qu’en s’éloignant de Lui. Et ce qui nous éloigne de Lui, ce sont les affaires et les soucis de la terre.
C’est auprès de son Père que le Christ se trouve. Recherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et si même comme Marie et Joseph, nous ne comprenons pas toutes les paroles et les pensées du Seigneur, nous Le verrons redescendre avec nous à Nazareth, entrer dans nos occupations et préoccupations pour y manifester de plus en plus sa vie, sa sagesse et sa grâce devant Dieu et devant les hommes.
Après avoir bien compris cet enseignement que Marie gardait dans son cœur, il nous faut revenir à une leçon qu’elle avait apprise dans ce même temple de Jérusalem, quarante jours après la naissance de Jésus, à l’heure où, pour la première fois, elle y avait conduit son Fils.

CHAPITRE III (9)  LA PROPHÉTIE DE SIMÉON ET SON ACCOMPLISSEMENT

Le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, nom qu’avait indiqué l’ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère. Et, quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moise, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur-et pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur.

Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était sur lui. Il avait été divinement averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint au temple, poussé par l’Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qu’ordonnait la loi, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, Salut que tu as pré paré devant tous les peuple, Lumière pour éclairer les nations, Et gloire d’Israël, ton peuple.

Son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui.. {Luc 2:21-33}

Lors de ce premier voyage à Jérusalem, Marie n’était pas montée au temple "selon la coutume de la fête," mais pour présenter son enfant au Seigneur, et pour accomplir à son égard ce que prescrivait la loi de Moïse.
Portant son enfant dans ses bras, tout occupée de lui, Marie avait vu et entendu des choses merveilleuses.
Un pieux vieillard, divinement averti qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur, survint au temple, poussé par l’Esprit, au moment où les parents de Jésus se soumettaient aux exigences de la Parole.
De la bouche de Siméon, Marie qui venait de présenter au Seigneur l’offrande du pauvre, avait reçu la confirmation que son trésor était vraiment le Salut de Dieu, la Lumière pour éclairer les nations, et la gloire du peuple d’Israël.
Aussi, Marie et Joseph étaient-ils dans l’admiration des choses qu’on disait de Lui.
Comme il est bon aujourd’hui encore-lorsque dans notre faiblesse nous accomplissons la volonté du Seigneur- d’entendre des personnes pieuses, comme Siméon et Anne, rendre témoignage à la vie de Dieu que nous possédons, et aux merveilleuses possibilités que cette vie nous donne pour nous-mêmes et pour les autres.
Mais c’est alors que Dieu, au moment même où Il nous donne sa bénédiction, nous prépare à entendre des choses que notre cœur charnel n’aurait pu supporter sans sa grâce prévenante:

Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées.. {Luc 2:34-35}

Marie devait savoir que la vie de son enfant deviendrait un signe qui provoquerait la contradiction parmi les hommes, et qu’elle-même connaîtrait la souffrance. Une épée transpercerait sa propre âme, lorsque l’opposition des hommes irait jusqu’à clouer le Sauveur sur la Croix, cette Croix où les pensées des cœurs se trouvent révélées, le Crucifié suscitant la foi ou l’incrédulité, l’amour ou la haine de plusieurs.
C’est une vie de souffrance qui fut promise à Marie au moment même où elle recevait la bénédiction du vieillard Siméon. La mère de l’homme de douleur sera aussi la mère douloureuse.
La souffrance, l’épée sont dans son programme. Un tranchant est pour Jésus, l’autre pour Marie et pour tous ceux qui, avec elle, sont sauvés par les meurtrissures du Crucifié.
C’est à la communion de ses souffrances que le Christ nous appelle, afin que nous soyons rendus conformes à Lui dans sa mort pour l’être aussi dans sa glorieuse résurrection.
C’est à Le suivre dans le renoncement à tout, à Le suivre jusqu’à la mort et à la mort de la Croix que Dieu convie ceux qu’Il bénit de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ.

C’est vers la Croix en effet que marchera Marie.
C’est là que nous la retrouverons debout et silencieuse, laissant parler son Fils, qui décide de son sort.

Son enseignement suprême pour toutes les générations qui la diront "bienheureuse," Marie Pavait donné une fois pour toutes à Cana, en sept mots simples et lumineux:

"Faites tout ce qu’Il vous dira".

Ce sont ces paroles qui délivrent les hommes de leurs difficultés. Elles leur apportent ce qui leur manque: Le vin meilleur, la joie parfaite que procure l’obéissance aux commandements du Fils de Dieu.
Marie a mis au monde son Fils, non pour que l’on parle d’elle, mais toujours de Lui, non pour qu’on regarde à elle, mais toujours à Lui, non pour qu’on l’aime elle, mais toujours Lui, qui de sa plénitude nous donne grâce sur grâce.

* * *

Voilà Marie! Marie dans l’ombre de la Croix! Marie vraiment humaine, priant au milieu de ses frères et avec ses frères, le seul Médiateur entre Dieu et les hommes:
Celui qui seul est assis à la droite de Dieu et intercède pour nous. Celui qui seul possède l’immortalité. Celui qui seul a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile. Celui qui vient bientôt, notre glorieux Sauveur et Seigneur Jésus-Christ.
Il nous demande à tous qu’à l’instar de Marie, la servante du Seigneur, nous sachions Le montrer, Lui, au monde qui L’ignore.
Alors, quand Lui qui est notre vie sera manifesté, Il nous manifestera avec Lui en gloire.
C’est Lui, Jésus, qui en son jour, présentera Marie glorifiée avec tous ceux qui, comme elle, n’auront eu de regard et d’amour que pour Lui, tous ceux qu’Il n’a, pas honte d’appeler, encore aujourd’hui "ses frères".

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dimanche 8 septembre 2013

J'ai été crucifié A. W. Tozer

C'est un enseignement qui devrait nous interpeller et nous permettre de regarder où nous en sommes dans notre marche avec notre Seigneur ! (jcb)

«J'ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi ». (Galates 2. 20)

    C'est le témoignage de Paul, un petit joyau de théologie personnelle au milieu d'une épître qui, elle, n'est pas si magnifique parce que ses correspondants, les Galates, étaient rétrogrades. Mais dans ce verset, Paul dépose un petit diamant.
    Remarquez que ce court passage contient un tas de contradictions: «J'ai été crucifié ». Il y a là une contradiction. Celui qui aurait été crucifié ne serait pas là pour le dire. Ou bien il n'a pas été crucifié et il peut parler, ou bien il a été crucifié et il ne peut pas en parler. Mais voici un homme qui disait: « J'ai été crucifié» et qui pourtant l'écrivait de sa main.
    Personne n'a jamais dit: «J'ai été pendu », excepté naturellement s'il n'était pas dans son bon sens. Personne n'a jamais dit au docteur: «Docteur, envoyez chercher les pompes funèbres, je suis mort ». S'il n'était pas mort, il ne dirait pas qu'il est mort et s'il était mort, il ne parlerait pas au docteur. Et cependant, voici un homme qui dit: «J'ai été crucifié ». C'est une contradiction.
    Mais, admettons que, par quelque miracle, un homme ait pu dire: « J'ai été crucifié », comme s'il eut parlé depuis l'autre monde à celui-ci. Alors, il se contredit en disant: «et je vis ». S'il a été crucifié, comment pourrait-il vivre? Le verset dit: «Je vis », et puis se contredit encore par la déclaration: « Ce n'est plus moi qui vis ». Plus loin, il dit: «Si je vis maintenant dans la chair» - moi qui ai été crucifié et qui vis pourtant, mais qui ne suis pas vivant – « si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi ».
    J'ai délibérément accentué les apparentes contradictions, non que je crois qu'il y ait des contradictions fondamentales, mais parce que je veux que vous compreniez que vous ne pouvez pas lire superficiellement ce verset comme vous le faites avec la prière du Seigneur ou le Psaume 23.
    Je crois non seulement qu'il signifie quelque chose, mais aussi que nous pouvons le mettre en pratique et le vivre chacun dans notre vie. Paul dit: «J'ai été crucifié» et il utilise quatorze fois les pronoms personnels. Paul n'a pas peur de parler de son « moi».
    «Le moi» est la somme de tout mon être. Le Christianisme reconnaît et résout le problème du «moi». La plupart des écoles de psychologie superficielle d'aujourd'hui essaient de traiter le problème du « moi » par des tours de passe-passe. Mais le Christianisme, lui, le traite en le liquidant définitivement.
    Deux «moi» cohabitent dans chaque croyant. D'abord, il y a le «moi» naturel. C'est ce que Paul veut dire quand il écrit: «Moi, mon moi naturel, a été crucifié ». Puis, il y a un autre « moi ». C'est l'homme réel et c'est ce «moi» qui vit maintenant. J’ai été crucifié, je vis et si je vis, ce n'est pas mon «moi» qui a été crucifié, mais le Christ qui vit en moi.
    Ici, la contradiction n'est qu'apparente. Ce «moi», ce «moi» naturel est l'objet de la juste colère de Dieu. Il est l'essence de tout ce qui est anti-Dieu et laissez-moi dire simplement que tout ce qui ne passe pas par la crucifixion et la transformation et par une nouvelle création en Christ est anti-Christ.
    On essaie d'arranger les choses, mais tout ce qui n'est pas avec Christ est contre Christ. «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi et celui qui n'est pas avec moi disperse ». (Luc 11.23) On prêche beaucoup la tolérance de nos jours, mais le livre le plus intolérant qui soit dans le monde entier est la Bible, et le Maître le plus intolérant qui ait jamais enseigné publiquement a été le Seigneur Jésus-Christ lui-même.
    Il y a une différence énorme entre être tolérant et être charitable. Jésus-Christ était si charitable que son amour embrassait le monde entier et qu'il s'est donné lui-même pour ceux qui le haïssaient. Mais il était si intolérant qu'il a dit: «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi». «Si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8. 21)
    La ligne de démarcation dans l'alternative est si fine et si précise qu'il faut ou bien se mettre de son côté et vivre, ou bien se mettre de l'autre côté et périr. Il n'y a pas de moyen terme. Il n'y a pas d'équivoques dans l'enseignement de Jésus, pas de juste milieu.
    A cet égard, le Christianisme règle le problème de mon «moi» par une destruction intolérante et définitive. Dieu prononce une condamnation sévère sur lui. Il le désapprouve absolument et le rejette entièrement et dit que ce «moi», ce « moi» rebelle, ce «moi» anti-Dieu, est plein de péché et est une personnification de la révolte, de la désobéissance et de l'incrédulité. Avec ce «moi», Dieu n'a rien à faire.
    Dans le cadre du Christianisme, il y a deux positions, correspondant à deux sortes de religions. L'une est que le Seigneur est venu pour m'aider, pour aider mon «moi» et me débarrasser des complexes et des excentricités qui se sont manifestés en moi parce que ma mère m'a «disputé» quand j'étais petit. L'autre position est que Jésus-Christ est venu en finir avec ce «moi». Nous ne devons pas l'éduquer ni le polir, mais plutôt y mettre fin - non le cultiver en lui donnant un amour pour Bach, Beethoven ou Léonard de Vinci, mais le liquider.
    Dans la repentance et le renoncement à soi, et dans l'expulsion de moi-même, je tourne le dos à mon vieux moi et je refuse de faire plus longtemps route avec lui. Je déserte ses rangs et viens rallier le camp de Jésus-Christ. Et dorénavant, je marche sous la bannière de la croix. C'est ainsi que le compte du vieux «moi» est définitivement réglé.
    C'est ce que le baptême est censé signifier. Le baptême est un symbole, un signe extérieur, visible, de ce qui est supposé être une réalité intérieure - à savoir que le vieux moi a été répudié et détruit. «J'ai été crucifié avec Christ» - plongé dans l'eau - «et maintenant je vis» - sorti de l'eau.
    Je ne crois pas que nous devions jamais essayer de concilier ces deux positions. Ou bien Jésus Christ est venu mettre fin au «moi» pour commencer une vie nouvelle ou bien il est venu rafistoler le vieux moi. Il n'est pas venu faire les deux. Il n'agira pas d'une manière avec les uns et d'une autre manière avec les autres. Il agit de la même manière avec tous les hommes.
    Toute la substance de la théologie néo-testamentaire est que le vieux «moi» est complètement dégradé. Ses valeurs sont fausses et sa sagesse est sujette à caution. En lui, il n'y a rien de bon. Mais en Jésus-Christ, il y a un nouveau «moi» - un nouvel homme en Christ. Lui seul doit vivre. Et dorénavant, nous devons nous reconnaître comme morts au péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ.
    Le «moi» naturel dresse un inventaire de ce qu'il lui faut. Il espère trouver quelque chose qui le fera échapper à la colère de Dieu et qui lui rendra Dieu propice, quelque chose qui lui permettra de faire l'oeuvre de Dieu d'une manière satisfaisante et de développer au maximum tout le potentiel de sa nature.

C'est Dieu qui a fait le plan
    Nous commençons tous notre existence avec un plan de construction et je suppose que très peu de gens le réalisent en entier. Nous construisons sur une petite partie du terrain et après quelques années de dur labeur, nous y ajoutons une pièce, mais le plan couvre les quatre coins du terrain.
    C'est Dieu qui a fait le plan et nous, en bâtissant, nous n'arrivons jamais à le réaliser jusqu'au bout, jamais jusqu'au point de l'enrouler pour le ranger en disant: «Ouf! J'ai érigé le dernier mur, j'ai posé la dernière étagère, j'ai mis la dernière porte sur ses gonds».
    C'est que l'homme recherche en lui-même quelque chose qui le rendra capable de vivre une pleine vie humaine et une pleine vie chrétienne qui satisfasse Dieu.
    Quand l'homme regarde dans son propre cœur, qu'y trouve-t-il, en fait? Il trouve qu'il n'est rien, qu'il n'a rien et qu'il ne peut rien. La différence entre l'homme instruit et l'homme qui ne l'est pas est que l'homme instruit sait qu'il y a des choses qu'il ne sait pas. L'oracle déclara que Socrate était l'homme le plus sage de la Grèce et Socrate expliqua que l'oracle a pu le dire parce qu'il était le seul homme, en Grèce, qui savait qu'il ne savait rien.
    Ainsi, le «moi», votre «moi» naturel, dira: «Attention, je suis Suédois». Bien sûr, c'est une réaction normale. Ou bien: «Je suis italien». C'est bien, mais votre réaction est aussi normale. Moi, je suis un mélange d'anglais et d'allemand, et je réagis de la même façon. Nous sommes tous les mêmes, indépendamment de nos particularismes raciaux, que nous venions d'Afrique, de l'Inde ou de tout autre pays. Et moi-même, je ne sais rien, je ne peux rien faire.
    Mais le nouveau « moi» prend le contrôle de ma vie. Qu'est-ce que le nouveau «moi» possède? Ah! mes amis, le nouveau «moi», la nouvelle personne possède le Christ et dit: «Ce n'est plus la vieille personne, l'ignorante, celle qui ne sait rien, ne fait rien, n'est rien. Elle est morte quand j'ai cru en Christ».
    Maintenant, c'est un nouvel homme en Christ Jésus, le Seigneur. Et maintenant, je n'ai pas honte ni peur de dire «moi», parce que quand je dis «moi», je ne veux pas dire «moi», mais le Christ qui vit en moi. Je veux dire le nouvel homme en Christ. Colossiens 1: 27 dit: «Christ en nous, l'espérance de la gloire». Dans Ephésiens 1: 6: «Dieu m'a accordé une grâce en Jésus-Christ» ; dans Colossiens 2: 10: «j'ai tout pleinement en Christ» ; dans la première épître aux Corinthiens 1: 30, Paul écrit que «Jésus-Christ a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption ».
    Ainsi, Jésus-Christ est ce qu'il nous faut. Il a ce qu'il nous faut. Il sait ce que nous avons besoin de savoir, ce qu'il peut faire en nous, produisant en nous ce qui est agréable à ses yeux.
    Vous dites: «Cela m'exclut entièrement. Alors, où est mon ambition? Où est ma réputation? Où est ma renommée? Que vais-je y gagner?» Vous gagnez le Christ et la gloire et l'efficacité et le monde à venir et les esprits des justes parvenus à la perfection; le Christ et l'alliance éternelle et les myriades qui forment les chœurs des anges et l'assemblée des premiers-nés et la nouvelle Jérusalem; et auparavant, vous avez le privilège de servir les hommes ici-bas.
    Voilà ce que vous y gagnez. Mais l'amour de Dieu est trop sage pour vous laisser vous pavaner et vous vanter et cultiver votre égoïsme et nourrir votre «moi». Le Christ travaille en nous jusqu'à ce que sa stature soit devenue parfaite en nous.
    Quel grand Christianisme est le nôtre, à nous évangéliques, aujourd'hui, mais quelle bande de gens indignes nous sommes – osant nous lever pour prêcher à des auditeurs intelligents que l'essence et le but suprême du Christ est de sauver les hommes de l'enfer.
    Le but essentiel de Dieu en sauvant les hommes n'est pas de les arracher à l'enfer, mais de les recréer à l'image du Christ, de les rendre comme Dieu. Et Dieu n'en aura jamais fini avec nous avant le jour où nous le verrons face à face et où son nom sera sur nos fronts. Nous serons comme lui, comme il est.
    Quel Christianisme bon marché, galvaudé, mercantile est celui qui dit: «J'étais endetté, mais Jésus est venu payer ma dette» ! C'est bien ce qu'il a fait, mais pourquoi insister là-dessus? «J'allais en enfer, et Jésus m'a arrêté et m'a sauvé». Il l'a fait, mais ce n'est pas la chose importante à souligner.
    Sur quoi devons-nous insister? Sur le fait que Dieu m'a sauvé pour me rendre semblable à son fils. Lorsqu’il m'a saisi dans ma course effrénée vers l'enfer et m'a fait faire demi-tour, lorsqu'il m'a renouvelé, a mis fin au vieux «moi» et a créé en moi un homme nouveau, son but était de reproduire en moi la beauté de son Fils. Et aucun chrétien n'est où il doit être avant que la beauté du Fils de Dieu n'ait été reproduite dans sa vie chrétienne.
    C'est nécessairement une question de degré. Il n'y a certainement jamais un moment où l'on peut regarder à son cœur et dire: «Ça y est, maintenant je vois le travail achevé. Le Seigneur a signé la peinture. Le profil, la belle image est terminée. Je vois Jésus en moi».
    Personne ne dira cela - personne - même s'il était comme le Christ: charitable, plein d'amour, de paix, de grâce, de miséricorde, de bonté et de foi. Il ne s'en doutera pas et il demandera aux gens de prier pour lui. Il lira sa Bible avec larmes et dira: «Oh Dieu! Je veux être comme ton Fils».
    Dieu sait qu'il a quelque ressemblance avec son Fils et son entourage aussi le sait, ainsi que les anges, je suppose, mais lui, il ne le sait pas. L'humilité ne regarde jamais à l'intérieur de soi. L'humilité regarde toujours à l'extérieur.
    Maintenant, voici l'opération pratique. «Il faut qu'il croisse et que je diminue». (Jean. 3: 30) Toujours davantage du Christ et toujours moins de moi. Voici la souffrance de la croix pour moi. J'étais crucifié avec le Christ et maintenant Dieu veut que cette crucifixion soit une réalité. Cette réalité se produit par degrés - paix et puissance et efficacité augmentent dans la mesure où ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi.
    Qui l'emportera? Moi ou le Christ? Sera-ce ma justice ? Non, la justice du Christ. Sera-ce mon honneur et ma louange? Non, l'honneur et la louange du Christ. Sera-ce mon choix? Non, le choix du Christ. Mes plans? Non, les plans du Christ. Nous n'entendons plus cela que dans les cantiques. Nous chantons de belles paroles, mais nous ne les mettons pas en pratique. Nous sommes comme l'homme qui se regarde dans un miroir et qui oublie ensuite ce qu'il est. Nous chantons:

« Et maintenant, et pour jamais,
Sous ton joug je me plie.
Je ne puis vivre désormais,
Jésus que de ta vie! »
Et nous fermons le recueil.

    Il faut que cela devienne pratique, opérant. Il faut que cette riche vérité objective devienne une expérience subjective, sinon le Christianisme est une farce, une illusion. Quand c'est moi au lieu du Christ, c'est une horreur !
    Un des plus beaux versets de la Bible se trouve dans le psaume 90: «Que la grâce du Seigneur soit sur nous!» L'auteur anonyme de la «Théologie germanique» dit que rien ne brûle en enfer que «je, moi, mon, mien». Voilà le carburant de l'enfer. Comme c'est affreux, indiciblement affreux! Comme Néron était affreux! Comme il est laid cet homme qui tue, le gangster. Vous dites: «Je ne suis pas un Néron, je ne suis pas un assassin». Non. Mais la Bible dit: «Que celui qui est souillé se souille encore». (Apocalypse 22. 11)
    La culture, l'éducation, la civilisation moderne empêchent le monde d'aller en enfer plus vite qu'il ne le ferait autrement. Mais nous portons tous en nous le germe de la destruction. Il n'y a pas de péché commis dont nous n'ayons la semence en nous. Que Dieu enlève le sel de la préservation et nous pourrirons du jour au lendemain. Comme le «moi» est laid et comme le Seigneur notre Dieu est beau! Aldous Huxley a dit (évidemment, je ne le cite pas comme un auteur évangélique, mais il a dit quelque chose que j'ai apprécié) : «Que mon règne disparaisse» est le corollaire nécessaire de : «Que ton règne vienne!» Et cependant, nous osons prier chaque dimanche: «Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite! »
    Pourquoi prions-nous? Son royaume ne peut jamais venir avant que le mien ne s'en aille. Quand je ne serai plus roi de ma vie, alors Il en deviendra le Roi.
    «J'ai été crucifié avec Christ », dit le cher apôtre. «Et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, mais Christ qui vit en moi. Et si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est donné lui-même pour moi. »
    Nous ne devons pas seulement nous contenter de citer ces mots. Ils doivent devenir vivante réalité.
Voulez-vous que Dieu fasse quelque chose pour vous, de sorte que ce ne soit plus vous qui viviez, mais le Christ qui vive en vous?




mercredi 4 septembre 2013

Écrits de T.A. Sparks

Captivité dans le Seigneur   (Janvier Février 1930)

« Moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus », (Ephésiens 3 :1)

« Moi, le prisonnier dans le Seigneur », (Ephésiens 4 :1)
« J’endure des souffrances jusqu'à être lié de chaînes comme un malfaiteur ; toutefois la Parole de Dieu n'est pas liée. », (2 Timothée 2 :9)
« N'aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. », (2 Timothée 1 :8)

    Dans un certain sens, on peut dire de l'apôtre Paul qu'il personnifie l'histoire de l'Eglise dans la présente économie. Qu'il s'agisse de sa vie extérieure, ou de son expérience personnelle, on peut très bien établir un parallèle entre l'un et l'autre. Il semblerait même qu'il y ait là un principe divin, et que dans la nouvelle création ceux à qui une révélation a été confiée en viennent un jour à pouvoir dire : « Je suis pour vous un signe » (Ezéchiel 12 :11), tant cette révélation s'incorpore à leur expérience, jusqu'à devenir une partie intégrante de leur histoire.

    Si nous prenons par exemple les quelques passages ci-dessus, nous constatons que vers la fin de sa vie, Paul vécu, d’une part, un amenuisement et une limitation se manifestant par « l’apostasie » et, d’autre part, — en ce qui concerne le témoignage proprement dit — son action devint beaucoup plus restreinte et concentrée. Or, ce sont ces conditions qui sont exactement celles qui nous sont prédites pour le temps de la fin. Il est très significatif de voir justement dans cette lettre à Timothée — la lettre de la fin — plusieurs passages ayant ce caractère prophétique. Il se trouve donc que cette phrase « le prisonnier dans le Seigneur » est à la fois prophétique dans sa signification, et merveilleusement suggestive des moyens que Dieu emploie, dans Sa Souveraineté, au temps de la fin.

L'instrument du témoignage limité dans ses mouvements et dans son action de par la volonté de Dieu

   Quand nous considérons tous les incidents qui ont abouti au départ de Paul pour Rome comme prisonnier, quand nous lisons en particulier cette parole d'Agrippa : « Cet homme aurait pu être relâché s'il n'en avait appelé à César », nous ne sommes pas loin de penser qu'il dut y avoir, dans toutes ces circonstances, des erreurs, des accidents, sans lesquels l'issue eût peut-être été différente. Peut être que le ministère de l'apôtre, encore plein de promesses, se serait développé vers de nouveaux horizons ? Ces pensées-là viennent spontanément à l'esprit quand on regarde les choses de près. Nous sommes en droit de nous demander si l'apôtre Paul lui-même, dans les heures difficiles, ne s'est pas reproché d'avoir été trop impulsif dans son appel à l'empereur.
Au contraire, au fur et à mesure qu'il allait de l'avant, aux écoutes de ce que le Seigneur pouvait lui dire, percevant Sa voix de fois à autre, qui lui donnait l'explication des choses, bientôt la vraie nature de sa situation devint parfaitement claire pour lui. Il fut assuré, qu’au-dessus de tout cela, le souverain gouvernement de Dieu dominait. S'il était en prison maintenant, ce n'était pas de l'empereur qu'il était le prisonnier, mais du Seigneur Lui-même : « Moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus ».
   Il est possible que Paul n’ait pas accepté tout ceci dès le commencement. Il ne voyait probablement pas très bien ce qu'elles lui réservaient, ces chaînes que le Seigneur avait mises sur lui. Peut-être entretint-il l'espoir que son procès serait court, et sa libération plus ou moins rapide. Il semble bien d'après sa correspondance qu'il ait envisagé l’espoir de poursuivre son ministère parmi les saints qui lui étaient si chers ! (En fait, il y eut probablement une courte période de liberté après son premier emprisonnement).
Cependant, il accepta pleinement ce qui lui apparu toujours plus clairement comme étant la volonté de Dieu. Il se rendit compte progressivement que c'était dans l'intérêt supérieur du Corps de Christ qu'il devait passer par ces épreuves.
    Ainsi en est-il pour le peuple de Dieu, quand le moment arrive pour ce peuple de faire face aux choses ultimes et suprêmes concernant la révélation de Jésus Christ. Cette révélation n'est pas simplement une question de salut personnel. Ce salut comporte des développements et des aboutissements qui font intervenir le plan éternel de Dieu et qui dépassent infiniment la simple préoccupation d'échapper à la perdition. La révélation de Christ, au moment du salut, mène indubitablement à des limitations, des contraintes et des renoncements. Toutes les activités passées, légitimes et nécessaires pour atteindre un certain degré d'avancement, deviennent désormais inadéquates pour nous conduire plus loin ; quelque chose de plus intensif devient indispensable.
   L'instrument qui représente pleinement le témoignage de Jésus sous sa forme la plus pure, celle qui se rapproche le plus de l'intention suprême de Dieu, doit donc se laisser sevrer de toutes sortes de choses qui étaient bonnes, nécessaires et voulues de Dieu, mais qui n'avaient de raison d'être que pour préparer le chemin pour autre chose. Ce dépouillement, cette mise à l'écart, cette « captivité » ont pour but une confrontation de l'instrument avec l'objet suprême de Dieu. Il ne s'agit pas d'une vérité particulière avec laquelle on s'enfermerait en ignorant tout le reste, ou d'une de ces doctrines qu'on embrasse avec tant d'aveuglement que l'on ne sait plus parler d'autre chose, comme cela se rencontre. C'est quelque chose qui s'est frayé un chemin jusque dans les fibres les plus profondes de notre être ; c'est une expérience consécutive à une révélation et une révélation qui interprète l'expérience. Certains se croient appelés à prendre envers et contre tous la défense de tel ou tel enseignement qui leur est cher : il ne s'agit pas de cela. C'est quelque chose qui est devenu la vie même de l'instrument et l'instrument est devenu cette chose. Ce n'est pas une question de choix ou de préférence. C’est une position à laquelle nous ne pouvons échapper, on devient un prisonnier du Seigneur et c'est le Dieu souverain qui l’accompli.

L’Importance et la Valeur de Voir et d’Accepter toutes Choses à la Lumière de Dieu

    Ce principe se rapportait aussi bien à Paul qu’à ceux qui furent mis en contact avec lui. L’acceptation de l’agencement souverain de Dieu produisit pour Paul une illumination croissante, conduisant à une émancipation spirituelle.
   On ne peut pas ne pas remarquer l'enrichissement extraordinaire de la vie spirituelle de l'apôtre en lisant, ce qui est appelé, les épîtres de la captivité (Ephésiens, Philippiens, Colossiens, etc.). Or, s'il s'était montré anxieux, irrité, révolté ou amer, il n’aurait jamais eu de « cieux ouverts ». Au contraire, un esprit de controverse entre lui et le Seigneur l’aurait priver de ces éclaircissements et de ces révélations que nous avons dans ces lettres.
Quand Paul accepta toutes ces choses selon la pensée de Dieu, alors les « lieux célestes » devinrent les espaces éternels avec lesquels il devint familier ; sa réclusion terrestre se transforma alors en une céleste liberté. Il doit en être ainsi pour tout instrument que Dieu met à part en vue des intérêts supérieurs de Son témoignage. C’est pourquoi, en lisant certains passages de ses lettres, ainsi que le compte rendu de son emprisonnement, nous voyons comment ce même principe s'applique aussi à d'autres. Prenez par exemple les versets suivants :

« N'aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. », (2 Timothée 1 :8)
« Et Paul demeura deux ans entiers dans un logement qu'il avait loué pour lui, et il recevait tous ceux qui venaient vers lui… enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus Christ – », (Actes 28 :30-31)
« Le Seigneur fasse miséricorde à la maison d'Onésiphore, car il m'a souvent consolé et n'a point eu honte de ma chaîne, mais, quand il a été à Rome, il m'a cherché très soigneusement et il m'a trouvé. » (2 Timothée 1 :16-17)

   Il ressort clairement de ces passages que Paul avait spirituellement discerné que ces choses provenaient de Dieu, qu’elles n’étaient pas considérées par lui comme étant le résultat de circonstances humaines. Une analyse naturelle, avec une pensée humaine de ces circonstances aurait produit de la suspicion, des doutes et des questions, elle aurait permis la contemplation de faux sentiments.
   Au point de vue simplement naturel et humain, le seul fait d'avoir des relations avec le prisonnier pouvait entraîner les visiteurs dans la même suspicion et le même préjugé. De nombreuses questions pesaient sur cet homme, si bien que même parmi le peuple de Dieu, nombreux étaient ceux qui n'étaient pas sûrs de lui. Pourtant, le Seigneur était en train de confier à cet instrument dans les chaînes une révélation de première importance.
   Pour ceux qui avaient vraiment des besoins spirituels, pour tous ceux qui étaient prêts, pratiquement, à prendre position en faveur du témoignage dans son intégrité — depuis l'identification avec Christ dans Sa mort et Sa résurrection jusqu'à l'union avec Lui dans Son autorité souveraine sur les puissances des ténèbres, sans négliger le ministère à exercer « dans les siècles à venir ». Pour ceux-là il n'y avait qu'une alternative possible : ignorer toutes les considérations humaines, personnelles, naturelles, qui eussent pu les faire hésiter. Ils se devaient de se tenir là où se trouvait l'instrument que Dieu avait choisi, et sur lequel il avait mis Ses propres chaînes. Dieu, en effet, a des instruments de choix, et Il les traite comme bon lui semble. Si l'on veut posséder ce que ces instruments présentent, il n'y a qu'une chose à faire, il nous faut aller jusqu’à ce qui est présenté par ces instruments ; sans prendre en considération notre propre réputation, influence ou popularité.
    De cette façon le Seigneur crible Son peuple, Il trouve ceux qui sont vraiment tout entiers pour Lui et pour Son témoignage ; ainsi que ceux qui se laissent influencer par d'autres considérations et dont les intérêts sont partagés. C’est par ces agissements de rejet général que le Seigneur repère ceux qui expriment vraiment leur pauvreté spirituelle et leur motivation épurée. Ceux-là prendront la peine de chercher l'instrument et ce qu’il représente là où il est, et ils trouveront auprès de lui de quoi répondre à leurs besoins.

La honte, l'opprobre, et les limitations sont souvent les moyens choisis par 
Dieu pour enrichir tout le corps de Christ

   Il en a toujours été ainsi. En ce qui concerne la révélation, personne ne s'est jamais approché de la plénitude sans passer par un chemin de souffrance et de sacrifice. Tout instrument du témoignage de Dieu a toujours eu à supporter les soupçons et l'opprobre de son entourage dans une mesure proportionnelle au prix que le Seigneur attachait à son témoignage. Ce qui revient à dire qu'au point de vue humain, ils étaient limités d'autant dans l'influence immédiate qu'ils pouvaient exercer. Dans le cas de Paul et de son temps, beaucoup s’étaient retirés, détachés ; d’autres se tenaient à distance, dans l'incertitude, la perplexité et la peur.
   Mais, comme Paul pouvait le dire : 

« C'est pourquoi je vous prie de ne pas perdre courage à cause de mes afflictions pour vous, ce qui est votre gloire. », (Ephésiens 3 :13). « Moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus pour vous les nations », (Ephésiens 3 :1). L'enrichissement du peuple de Dieu était proportionnel aux limitations dans le Seigneur de Son instrument. Plus la révélation est complète, plus rares aussi sont ceux qui la saisissent, et plus nombreux ceux qui se tiennent à l'écart. La révélation ne vient que par les souffrances et les limitations. Pour en bénéficier expérimentalement, il faut, d'une façon ou d'une autre, être prêt à en assumer le prix. C'est ici le principe que Dieu s’est choisi afin d’obtenir un reste spirituel.

    Nous pouvons comparer ceci à une culture de semis. C'est quelque chose d'assez exigu en étendue, mais la vie y est intense. On ne peut pas toujours se rendre compte du sens réel et de la vraie valeur des choses. Mais on peut faire le tour du monde et contempler partout des jardins innombrables, qui ne sont autres que la maturité superbe de cette culture restreinte mais intensive de semis sans apparence. Figurativement, la prison de Paul à Rome fut une culture de semis considérable.
    En ce qui concerne le témoignage de Jésus, tout ceci peut trouver une application pratique dans nos vies individuelles. Nous serions souvent portés à nous regimber contre les restrictions et les limitations. Ce qu'il nous faut, prétendrons-nous volontiers avec une pointe d'impatience, c'est quelque chose de plus large, de moins étouffant. Mais si la volonté de Dieu est que nous soyons là où nous sommes, acceptons-le avec foi, et peut-être constaterons-nous un jour que cette situation portait en germe quelque chose d'infiniment plus vaste que tout ce que notre pauvre jugement humain pouvait prévoir. Paul ne savait sans doute pas que, depuis maintenant plus de dix-neuf siècles, son ministère n'a cessé d’avoir de plus en plus de valeur aux yeux du Seigneur.
    Ce qui est vrai pour les individus est également vrai pour les assemblées. Pour toutes ces compagnies qui représentent le peuple de Dieu dispersé sur toute la terre et qui sont dans une relation vivante avec la plénitude du témoignage du Seigneur.
Ainsi, c’est de telles « prisons » que le Seigneur accompli Son œuvre. Que Dieu permette, dans Sa grâce, que nous puissions voir au-delà de nos « prisons », au-delà des circonstances naturelles et des limitations humaines ; que nous sommes en vérité des prisonniers du Seigneur. 


« C’est pourquoi … avançons »    (Janvier Février 1930)


Hébreux 6 :1
L’Énorme Importance de la Maturité Spirituelle

    L'apôtre est inquiet. Tandis qu'il écrit cette lettre aux Hébreux, c’est comme s'il rencontrait, de temps à autre, quelque chose qui l'arrête net. Trois fois au moins, il interrompt son sujet principal pour y introduire une parenthèse ou un résumé. Le passage compris entre le verset onze du cinquième chapitre et le verset trois du sixième chapitre est une digression de ce genre. Quelle est donc cette chose qui rend sa démarche si difficile et si ardue ? Ce n'est pas que le sujet soit difficile. Ce n'est pas en l'auteur lui-même qu'est la cause. Ce n'est certes pas que le message manque d'urgence ou d'importance. Les issues sont suprêmes : il s'agit de toute la signification de la Personne, de l'incarnation, de la Croix et de la valeur du Seigneur Jésus. Non! C'est en ceux auxquels écrit l'apôtre qu'est la cause de sa difficulté. Ce n'est pas qu'ils ne connaissent pas le Seigneur. Ils ont « été une fois éclairés » ; ils « ont goûté du don céleste » ; ils «sont devenus participants de l'Esprit Saint » ; ils « ont goûté la bonne Parole de Dieu et les miracles du siècle à venir ». Et cependant, il y a en eux une immaturité, une cause qui entrave leur marche, une enfance spirituelle qui menace d'être fatale à l'égard des intérêts suprêmes de leur vocation céleste. C'est cette croissance interrompue, cette enfance prolongée, qui retient l'esprit et la plume de l'apôtre et qui irait jusqu'à exercer une retenue de l’Esprit Saint. (Voir le paragraphe déjà mentionné: Hébreux 5 :11 – 6 :3.)
    Ce qui les empêchait évidemment d'avancer, c'est qu'ils étaient toujours occupés de ces questions, de ce « fondement », sur lesquelles il faut bâtir et avec lesquelles l'on ne peut pas rester. Il y avait cependant une cause plus profonde encore: ils se reposaient sur les choses en tant que telles et ne discernaient pas leur signification et leur implication réelles et spirituelles. Il y a deux maximes que nous ferons bien d'établir tout de suite. L'une, c'est que nous ne pouvons « avancer » que dans le Saint Esprit. L'autre, c'est que le Saint Esprit ne peut nous faire avancer que si les fondements sont posés et les vérités élémentaires acceptées et observées. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui, bien qu'ils le soient depuis des années, se trouvent en état d'arrêt; ils sont paralysés; ils sont sans force et presque sans vie, parce qu'ils ne sont pas fixés à l'égard des « premiers éléments ». Pour les uns, c'est la question du baptême; pour les autres, c'est celle du jugement éternel. Qu'il soit bien reconnu, au sujet de toutes ces questions, que le Saint Esprit Lui-même demande que nous soyons absolument établis, et qu'Il ne nous fera pas avancer «vers l'état d'hommes faits » avant que le « fondement » n'ait été posé. Pourquoi y a-t-il tant de « vieux enfants », tant d'adultes dépendants, tant d'invalides spirituels parmi le peuple du Seigneur ? Pourquoi y en a t-il tant qui, après des années d'activité et de service, en arrivent à un point où ils sont constamment conquis et impuissants, étant « sans intelligence » , selon le sens que donnent les Écritures à ces mots ?

« C'est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons ouï parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle. », Colossiens 1 :9
« Frères, ne soyez pas des enfants dans vos entendements, mais, pour la malice, soyez de petits enfants; mais, dans vos entendements, soyez des hommes faits. », 
1 Corinthiens 14 :20
« Et il dit: Et vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence? », Matthieu 15 :16

    Il s’agit peut-être – et ce l'est certainement quelquefois – que les exigences du Saint Esprit au sujet de quelque principe fondamental ont été négligées, repoussées, discutées, laissées ou définitivement refusées. C'est là un péché contre le Saint Esprit, et ce péché doit nous retrouver tôt ou tard. Ce que nous avons à dire ici expliquera, à mesure que nous avancerons, ce que nous entendons par ce « nous retrouver ». La lettre aux Hébreux marque la transition entre les fragments des prophètes et la plénitude qui est en Christ. Cette plénitude est spirituelle et elle est la conséquence d'une révélation spirituelle qui nous fait entrer dans la signification céleste des institutions instaurées par Dieu; nous passons ainsi des simples structures, des formes terrestres, aux valeurs spirituelles.
    Il est cependant possible de continuer avec les « choses mêmes » et de demeurer dans l’ignorance quant à leur véritable signification. Par exemple, il est impossible d'avoir une révélation de la véritable nature de l'Église – le Corps de Christ – et de rester un « dénominationaliste » ou fidèle à une église traditionnelle sans risquer d'être en désaccord avec le Saint Esprit. Il est également impossible de rester un juif, comme tel (dans la tradition du judaïsme), et d'être un membre de Christ. Une fois que le Saint Esprit a parlé ou éclairé, l'on arrive à des crises terribles au sujet des principes fondamentaux, et ces crises spirituelles, si elles ne sont pas acceptées aussitôt, surgiront de nouveau plus tard. Jamais le Saint Esprit n'enlève une seule fraction à Ses demandes premières.
   Maintenant, bien que tout ceci est important, cela ne fait que nous ouvrir la voie pour considérer de plus près ce qu'est la maturité spirituelle.
   Il y a une épître qui traite spécifiquement de l’immaturité spirituelle, de son retardement injustifié, ou encore de l’enfance spirituelle perpétuée trop longtemps ; c’est l’épître aux Corinthiens.

L'immaturité des Corinthiens

   Les croyants de Corinthe avaient évidemment interrogé l'apôtre Paul au sujet de certaines questions particulières, qu'ils pensaient être la cause de leurs troubles et de leur condition spirituelle si basse. L'apôtre laissa de côté ces questions jusqu'à ce qu'il ait réglé ce qu'il comprenait être la cause du mal. C'était, non pas les « problèmes » particuliers au sujet desquels ils étaient inquiets, mais ce qui reposait en fait derrière ces problèmes et beaucoup d'autres. Ils étaient préoccupés des formes extérieures de la foi, dans leurs affaires personnelles et domestiques aussi bien que dans celles de l'assemblée. L'apôtre va au cœur des choses et il leur montre clairement que la cause de leurs difficultés, c'est l'arrêt de leur développement spirituel. Il mentionne donc quelques-uns des symptômes qui prouvent cela.
C'est tout d'abord l'esprit de parti. Ils ont des hommes en vue. Le choix humain, la faveur, la préférence, qui résultent des réactions de leur tempérament, les avaient amenés à se séparer les uns des autres, à former des cercles, des clans, autour de l'attitude, des points de vue, des idées et des habitudes de tel ou tel homme. Les uns préféraient le mystique et le poétique au pratique, les autres juste le contraire. Les uns acceptaient le côté subjectif des choses et refusaient l'objectif, ou vice versa. Et ainsi de suite. Puis, il y avait les hommes eux-mêmes, aimés des uns, mal vus des autres. C'est à l'égard de tout cela que l'apôtre leur dit :

« Je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels; mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. », 1 Corinthiens 3 :1

    Le défaut fondamental dans tout cela, c'est que pour eux le Seigneur Jésus n'avait pas la première place; ce n'était pas Lui-même qui était toujours en vue, en Lui qu'ils se réunissaient, Lui qu'ils cherchaient. Ils n'attendaient pas de celui-ci ou de celui-là ce qu'il avait et pouvait donner du Seigneur Jésus. Ce qui importait pour eux, c'était le vase et non le trésor, l’instrument et non ce qu’il dispensait.
    L'apôtre déclare en fait que c'est une marque de croissance réelle et de maturité spirituelle dans le peuple du Seigneur, lorsque Ses enfants ne sont plus influencés par les instruments comme tels et qu'ils ont le cœur tourné vers Lui-même, en se demandant sans cesse: « Qu'est-ce que celui-ci ou celui-là a du Seigneur ? » Ainsi, dans cette question comme dans toutes les autres, le seul remède possible, c'est de donner au Seigneur Jésus Sa place, qui est la place suprême, la place qui exclut toutes les intrusions humaines, favorables ou opposées à l'instrument qui ne doit faire que Le présenter.
    Les Corinthiens tournaient leur tête vers les serviteurs du Seigneur, au lieu de fixer leur cœur sur le Maître. Les divisions sont souvent si enfantines; et lorsqu'on les considère du point d'un plus grand avancement spirituel, on comprend qu'elles le sont. Il est ensuite tout à fait évident que les éléments humains jouaient pour eux un rôle trop grand. Si seulement le Seigneur Lui-même avait été la réalité dominante et l'objet de leurs intérêts, les choses auraient été toutes différentes.
    De plus, ces Corinthiens étaient trop préoccupés par les « dons », les expériences, les démonstrations, les manifestations. Le « parler en langues », par exemple, avait pris chez eux une place si proéminente, qu'il n'était plus en proportion avec l'œuvre générale du Saint Esprit. La démonstration des dons prenait toute la place de leurs intérêts et de leur attention. Cet état était dû lui aussi à leur immaturité. Les enfants s'attachent aux effets extérieurs ; ils aiment les spectacles et le bruit. L'apôtre donne encore à entendre que cela prouve que leur objet n'est pas le Seigneur Lui-même, mais bien ces choses. Quel examen que cela! Combien il y en a qui doivent avoir « des prodiges et des miracles », des sensations, des évidences, des signes extérieurs, des choses vues, touchées et prouvées par les sens. Tout cela, c'est de l'enfance! Et à mesure que nous avançons avec le Seigneur, Il nous attire hors de ce domaine, afin de prendre Lui-même la prééminence.
    C'est en rapport avec tout cela que l'apôtre termine et conclut par ce qui est devenu une formule si courante de « bénédiction » : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ » – en opposition aux œuvres; « et l'amour de Dieu » – en opposition et en comparaison aux signes et aux dons en tant que tels; « et la communion du Saint Esprit. », – en opposition aux divisions, à l'esprit de parti et aux distinctions qui séparent les hommes. Si ces paroles étaient employées dans leur rapport et leur sens original, au lieu que leur effet ne soit limité à une formule, quelle différence cela ferait pour le témoignage du Seigneur Jésus dans le monde.
Bien-aimés, réhabilitons le Seigneur Jésus à Sa place et, détournant nos yeux des hommes, gardons-les fixés sur Lui ! L'ennemi aura alors moins d'occasions de déshonorer Son Nom parmi les hommes. Aussi, « Avançons vers l’état d’hommes faits. »


Connaître le Seigneur   (septembre octobre 1930)

« Pour le connaître, Lui » Philippiens 3 :10
« Je suis depuis si longtemps avec vous, et tu ne m'as pas connu » Jean 14 :9
Philippiens 1 :10; Hébreux 8 :11; 1 Jean 2 :20-27

   Il est de la plus haute importance pour les enfants de Dieu d'arriver à comprendre pleinement que l'objet du Seigneur pour eux est, par-dessus tout, qu'ils Le connaissent. C'est là la fin qui gouverne toutes Ses voies à notre égard. C'est là le plus grand de tous nos besoins.
C'est là le secret de la puissance, de la fidélité, et du service. C'est là ce qui détermine la mesure de notre utilité pour le Seigneur. C'était la seule passion de l'apôtre Paul pour lui-même. C'était la cause de sa lutte incessante pour les saints. C'est le cœur et le pivot de toute la lettre aux Hébreux. Ce fut le secret de la vie, du service, de la patience, de la confiance du Seigneur Jésus en tant que Fils de l'Homme.
   Tous ces faits méritent d'être considérés de plus près. Nous commençons toujours par le Seigneur Jésus, puisqu'Il est Celui qui représente la pensée de Dieu, l'Homme selon Son propre cœur. Il n'y eut jamais dans Sa vie terrestre aucune part ni aucun aspect, dont la force et le pouvoir n'aient été enracinés dans Sa connaissance intérieure de Dieu, Son Père, et n'aient découlé de cette connaissance. Nous ne devons pas oublier que Sa vie a été une vie de dépendance absolue de Dieu, volontairement acceptée. Il attribuait toutes choses à Son Père : la parole, la sagesse, les œuvres. Il était Dieu manifesté en chair, mais Il a accepté, du côté humain et comme Homme, les limitations et la dépendance de l'homme, afin que Dieu soit manifesté. Il y avait là un assujettissement par lequel Il ne pouvait rien faire de Lui-même (Jean 5 :19, etc...).
    Le principe de Sa vie tout entière, dans chacune de ses phases et dans chaque détail, a été Sa connaissance de Dieu. Il connaissait le Père, à l'égard des paroles qu'Il disait, des œuvres qu'Il faisait, des hommes et des femmes qu'Il rencontrait ; Il Le connaissait, quant au moment où Il devait parler, agir, marcher, s'arrêter, s'abandonner, se refuser, se taire; Il Le connaissait, à l'égard des motivations, des prétentions, des professions, des questions, des suggestions des hommes et de Satan. Il savait lorsqu'Il ne pouvait pas, et lorsqu'Il pouvait donner Sa vie. Oui, tout est pour Lui gouverné par cette connaissance intérieure de Dieu.
    Nous en trouvons de nombreuses évidences dans la révélation qui nous est donnée de la pensée de Dieu, l’aspect pratique dans le livre des Actes et l’aspect doctrinal dans les Épîtres. C’est l'intention de Dieu que, durant cette dispensation, ce principe soit maintenu par le peuple du Seigneur comme la loi fondamentale de sa vie. Cette connaissance, en ce qui concerne le Seigneur Jésus, était le secret de Sa parfaite supériorité et de Son autorité absolue.
Les maîtres en Israël Le cherchèrent et, comme résultat de leur recherche, ils se trouvèrent en présence de la connaissance. « Tu es le docteur d’Israël et tu ne connais pas ces choses ? » (Jean 3 :10). Nicodème est vint à Celui qui connaît. Son autorité est supérieure à celle des scribes, non seulement en degré mais par sa nature.
    Vers la fin de l'Évangile selon Jean, qui met tout spécialement en lumière cette question, le terme « connaître » se rencontre près de cinquante-cinq fois. Notre Seigneur a fait cette déclaration : « C'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que Tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jean 17 :3) Cela ne signifie pas simplement que la vie éternelle est donnée sur la base de cette connaissance. Il peut y avoir vie là où il n'y a qu'une connaissance très limitée. Mais la vie dans sa plénitude est liée étroitement à cette connaissance, et une connaissance grandissante du Seigneur se manifeste par une vie croissante. L'action se fait de deux manières: la connaissance pour la vie, et la vie pour la connaissance.
    Étant donné que le Seigneur Jésus Lui-même, en tant qu’Homme, représente l'homme selon la pensée de Dieu, nous sommes bien préparés pour voir que

l’objet essentiel de l’action divine à notre égard  est que nous connaissions le Seigneur.

    Cela explique toutes nos expériences, nos épreuves, nos souffrances, nos perplexités, nos faiblesses, nos situations difficiles, nos impasses, nos insuccès, nos agonies. Tandis que le but de l'épreuve et du feu est de purifier notre esprit, de développer en nous la grâce, de nous débarrasser de toutes les scories, il y a cependant, à travers tout et par-dessus tout, cet objet suprême : que nous connaissions le Seigneur. Il n 'y a qu'un seul moyen par lequel nous arrivions réellement à connaître le Seigneur, c'est par l'expérience.
    Nos pensées sont si souvent occupées par le service et le travail. Nous pensons que l'objet principal de la vie, c'est de faire quelque chose pour le Seigneur. Nous sommes préoccupés par l'œuvre de notre vie, par notre ministère. Nous pensons à nous équiper en vue de cela par l'étude et la connaissance des choses. Gagner des âmes, enseigner les croyants, ou bien les préparer pour l’œuvre, tout cela est tellement au premier plan. Les études bibliques et la connaissance des Écritures, ayant pour seul but d'entraîner dans le service chrétien, sont des questions essentielles et urgentes pour tous. Tout cela est bien bon, car ce sont des questions importantes; mais avant tout, le Seigneur tient, plus qu'à tout autre chose, à ce que nous Le connaissions, Lui. Il est très possible pour nous de posséder merveilleusement les Écritures, d'avoir une compréhension intime et familière de la doctrine, de soutenir les vérités cardinales de la foi, d'être un ouvrier infatigable dans le service chrétien, d'avoir une dévotion sincère pour le salut des hommes et de n'avoir, hélas! qu'une connaissance personnelle et intérieure de Dieu très imparfaite et très limitée. Il arrive si souvent que le Seigneur doive nous enlever notre activité, afin que nous en arrivions à Le découvrir, Lui. Ce qui donne à toutes choses leur valeur suprême, ce n'est pas l'information que nous apportons, ni la pureté de notre doctrine, ni la somme de travail que nous accomplissons, ni la mesure de vérité que nous possédons, mais simplement le fait que nous connaissons le Seigneur de manière profonde et puissante.
    C'est la seule chose qui restera lorsque tout aura passé. C'est ce qui fera que notre ministère demeurera alors que nous ne serons plus. Tandis que notre travail pour les autres peut dépendre de beaucoup de choses et de ressources matérielles, notre réel ministère auprès d'eux est basé uniquement sur notre connaissance du Seigneur.

Le plus grand des problèmes de la vie chrétienne, c'est :  comment connaître la volonté de Dieu

  Combien l'on a parlé et écrit sur ce sujet! Le dernier mot pour tant d'enfants de Dieu est celui-ci : « Prions à ce sujet, remettons la chose au Seigneur, faisons ce qui nous paraît bon, et confions-nous à Dieu, qui fera tourner toutes choses à notre bien ». Cela nous paraît faible et insuffisant. Nous ne prétendons pas poser une base décisive et compréhensive quant à la manière d'être conduit; mais nous avons la ferme conviction que c'est une chose de recevoir une direction pour les événements, les incidents et les circonstances de notre vie, et que c'est une chose toute différente d'avoir une connaissance permanente, personnelle et intérieure du Seigneur. C'est une chose de s'adresser à un ami dans une circonstance pénible ou en un temps particulier où nous avons besoin d'un conseil au sujet du chemin à suivre; mais c'est une chose tout autre de vivre avec cet ami de telle manière que le sens de sa pensée nous gouverne dans des questions particulières.
   Nous désirons des instructions et des ordres, le Seigneur veut que nous ayons une «pensée».
« Qu'il y ait donc en vous cette pensée. » Philippiens 2 :5, « Nous avons la pensée de Christ.» 1 Corinthiens 2 :16. Christ a une conscience et, par le Saint Esprit, Il veut nous donner et développer en nous cette conscience. La Parole inspirée de Dieu nous déclare: «[l’] onction vous enseigne à l’égard de toutes choses », (1 Jean 2 :27). Nous ne sommes pas des serviteurs, nous sommes des fils. Les ordres, comme tels, sont pour des serviteurs; une pensée est pour des fils.
    L'état des choses parmi le peuple de Dieu est effarant aujourd'hui. Il y en a beaucoup dont la vie est presque entièrement dans ce qui leur est extérieur, pour leur conseil et leur direction, leur appui et leur entretien, leur connaissance, leurs moyens de grâce. Une intelligence spirituelle, personnelle et intérieure, est quelque chose de très rare. Il ne faut pas s'en étonner, si l'ennemi a un tel succès avec ses déceptions, ses contrefaçons et ses fausses représentations. Notre plus grande sauvegarde contre cela, c'est une connaissance profonde du Seigneur qui nous est acquise par la discipline.
   Dès que ce sont les choses que nous recherchons, par exemple les expériences, les sensations, les « preuves », les évidences, les manifestations et ainsi de suite, nous entrons dans un royaume dangereux, où Satan peut donner une fausse conversion, un faux « baptême de l'Esprit » (?), une fausse évidence, et une direction semblable à celle que l'on voit dans le spiritisme. Puis en dépossédant de ces faux dons, il suggérera immédiatement la pensée que l'on a commis le péché qui ne peut être pardonné. Dès que cette suggestion est acceptée, la valeur des Écritures et du sang est enlevée, et avec elle l'assurance, pour ceux qui ont été ainsi entraînés; et il se peut après tout que tout ne soit que mensonge.
    Connaître le Seigneur d'une manière véritable, cela signifie fermeté lorsque les autres sont ébranlés et constance dans les temps de dure épreuve. Ceux qui connaissent le Seigneur n'avancent pas leur main pour essayer d'accomplir quelque chose par eux-mêmes. Ils sont pleins d'amour et de patience, et ils ne perdent pas leur équilibre lorsque tout semble crouler autour d'eux. La confiance est un fruit essentiel de cette connaissance; et en ceux qui Le connaissent, il y a une force paisible et tranquille qui parle d'une vie riche et profonde.
Laissez-moi, en terminant, vous faire remarquer que, en Christ « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance », et que la volonté du Seigneur pour nous, c'est que nous parvenions à une appréhension toujours grandissante et à une appréciation personnelle de Celui en qui « habite toute la plénitude ».
    Nous avons simplement établi des faits, en ce qui concerne la volonté du Seigneur pour les Siens et leur plus grand besoin. L'absence de cette connaissance réelle du Seigneur est prouvée être le facteur le plus tragique dans l'histoire de l'Église. Toute nouvelle manifestation d'une condition anormale a toujours révélé chez les chrétiens, à cause de ce besoin, une faiblesse effrayante. Des vagues d'erreur, une oscillation du pendule en faveur d'une nouvelle tendance populaire, une grande guerre avec ses horreurs, les différentes épreuves de la foi, toutes ces choses ont emporté des multitudes et les ont laissées dans la ruine spirituelle.
Ces choses sont toujours proches; et nous avons écrit ce message, afin que les enfants de Dieu se sentent pressés de venir à Lui, en Lui demandant, de façon définitive, de prendre à leur égard toutes les mesures nécessaires pour qu'ils « Le connaissent, Lui ».

Tiré du magazine « A Witness And A Testimony », mars-avril 1971.



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