jeudi 21 février 2013

Les Caractéristiques de Sion Théodore Austin-Sparks

Traduit et adapté de l’anglais par Jean-Marc TOURN (Octobre 2008)
Édition originale : Emmanuel Church 12000 East 14th Street TULSA OK 74128 - 5016 USA
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Table des matières
I. La stabilité de Christ 
II. Unité par la vie triomphante de Christ 
III. Le caractère indestructible de la vie de Christ 
IV. La valeur précieuse de Christ 
V. La gloire de l’initiation divine
VI. La gloire en opération cachée 
VII. La manifestation finale de la Gloire
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I - LA STABILITÉ DE CHRIST

« L’Éternel est grand, Il est l’objet de toutes les louanges, dans la ville de notre Dieu, sur sa montagne sainte. Belle est l’élévation, joie de toute la terre, la montagne de Sion, du côté du nord, c’est la ville du grand roi… Parcourez Sion, parcourez-en l’enceinte, comptez ses tours, observez son rempart, examinez ses palais, pour le raconter à la génération qui suit. Car ce Dieu est notre Dieu éternellement et à jamais ! Il sera notre guide jusqu’à la mort » (Psaume 48:2-3,13-15).

« Il recherchait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Hébreux 11:10).

« Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus- Christ » (1 Corinthiens 3:11).

« Sa fondation est dans les montagnes saintes.  l’Éternel aime les portes de Sion, plus que toutes les demeures de Jacob » (Psaume 87:1-2).

    Les mots issus du treizième verset du Psaume 48 suggèrent une contemplation de Sion dans sa globalité, « Parcourez Sion, parcourez-en l’enceinte… ». Il n’est pas possible de rassembler tout ce qui concerne Jérusalem et Sion dans les Écritures sans être amené vers le Seigneur Jésus et Son Église. Ce serait pour nous de très petite valeur dans nos vies spirituelles, dans tous nos combats, nos souffrances, nos doutes et tout ce qui est en rapport avec la marche avec Dieu, d’avoir dans la Bible tant de choses dites sur une ville quelque part dans le monde avec une grande histoire et une grande attention portée sur elle comme le centre et l’objet de beaucoup de disputes, de querelles et de conflits, une cité en qui la nation à qui elle appartient éprouve un grand plaisir et une joie ineffable, et à propos de laquelle les psalmistes ont composé des psaumes, des louanges et autres sujets d’adoration.
    Cela n’aurait que fort peu d’importance pour nous que de l’avoir seulement enregistrée dans un livre. La Bible n’est pas simplement un livre dont nous tirons des leçons, c’est-à-dire que certaines choses qui se sont passées il y a longtemps, vous en faîtes des leçons pour l’exemple. C’est bien plus que cela. Tout ce qui est dans les Écritures se situe au-delà du temps et à portée de notre main, à n’importe quel moment. En un mot, tout est rassemblé en la personne du Seigneur Jésus, puis est mis à notre disposition par le Saint-Esprit pour être pratique, applicable et valorisé dans nos expériences spirituelles et, de la même façon que Jérusalem et Sion ont une grande importance, tout gravite autour du Seigneur Jésus.
    Il est impossible de s’asseoir et de réunir tout cela autour de tous ces noms, si vous n’avez reçu aucune illumination spirituelle, si vous n’êtes pas enseignés par l’Esprit de Dieu, et si vous n’êtes pas transportés vers le Seigneur Jésus en découvrant que ces choses nous appartiennent et sont fortement ancrés à l’intérieur de nous-mêmes. Ainsi la contemplation de Sion en Esprit deviendra une contemplation de Christ.
    Comme Jérusalem est un symbole caractéristique de nombreuses particularités un symbole de significations divines, Christ est la réalité de toutes ces significations apportées au travers d’une relation vitale et organique avec les croyants. Nous voyons Christ parler sous différents aspects directement dans nos vies, au plus profond de nous, avec un challenge, un réconfort, une assurance et tout ce dont nous avons besoin. Pour celui ou celle qui ne connaît que les psaumes, il sait combien de choses sont dites en relation avec Jérusalem et Sion pour la consolation et le secours du peuple de Dieu.
    Nous avons souvent relevé que le livre des Psaumes dépasse le niveau du besoin humain et a toujours répondu à ce dont le peuple de Dieu avait besoin. Les Psaumes ont toujours quelque chose qui puisse répondre à ce dont nous sommes conscient. C’est comme si ceux qui ont écrit les psaumes étaient passés par toutes les expériences dont les hommes sont capables, pour crier à Dieu et le trouver au travers de ces expériences. Oui, il en est ainsi, et si tant de choses sont présentes en rapport avec Jérusalem et Sion, c’est que tout est centré et concentré sur le Seigneur Jésus. Cela signifie simplement qu’Il est la réponse à la somme de tous nos besoins. Il nous parle comme Sion parlait à Israël des temps anciens et à ces psalmistes qui traversaient ces nombreuses expériences.

A - Les fondations de Sion

    Les autres passages que nous avons lus font référence à une partie de tout ce sujet sur Jérusalem et Sion, c’est-à-dire ses fondations. Le passage d’Hébreux 11 qui fait référence à Abraham, dit qu’il recherchait la cité qui a les fondations.
    Ensuite, l’apôtre Paul dit que Jésus-Christ est la seule fondation et qu’il n’y en a pas d’autre. Et puis, le Psalmiste dit que « Sa fondation est dans les saintes montagnes ».
    La fondation de Dieu est située sur les lieux élevés. Souvenez-vous que la parole divine adressée à Abraham était qu’il devait se rendre vers une montagne lointaine, le pays de Morijah, pour y offrir Isaac en sacrifice. Et le Mont Morijah étant atteint, et en franchissant un espace de temps, l’apparition suivante du Mont Morijah date de l’époque de David. Vous vous rappelez de l’erreur commise par David sur le recensement d’Israël, la dévastation du pays
et finalement l’arasement du Mont Morijah, et là l’offrande pour le Seigneur et le ravage de mort demeuraient, le sacrifice et le temple y étaient assurés, la maison du Seigneur, et vous touchez à un autre niveau, à un autre point, avec les fondations de la maison de Dieu.
    Et la fois suivante, sans mentionner le nom de Morijah ou d’une autre montagne terrestre, en partant de David vers une autre longue période de temps, vous en arrivez à ce qu’Abraham recherchait – la cité qui possède les fondations. Vous en êtes à Christ, à la Jérusalem céleste, et vous voyez ce que Dieu a accompli tout au long du chemin, vous découvrez que l’expérience d’Abraham était fondamentale, que celle de David était fondamentale.
    Et, si vous rassemblez les significations de l’offrande d’Isaac, comme un retour de la mort, le sens de cette grande miséricorde de Dieu envers David sur le Mont Morijah, vous découvrez de manière exacte ce que sont les fondations spirituelles, celles que nous allons développer à présent, les fondations de Sion.

B - L’importance des fondations

    Les fondations sont des choses excessivement importantes. Tôt ou tard, chaque chose, selon sa vraie valeur, sera déterminée par les fondations. C’est comme si nous n’en avions jamais terminé avec les fondations. Bien sûr, il y a un autre sens où les fondations sont établies une fois pour toutes, et nous ne sommes pas supposés revenir en arrière pour établir les fondations encore et toujours. Mais, il y a un autre sens où nous n’en avons jamais fini avec les fondations, bien qu’elles soient déjà établies. Nous devons toujours être concernés par la base de nos fondations, à la lumière des fondations de Dieu.
    Parfois, un grand bâtiment est complètement détruit, et après enquête, les experts concluent que le problème venait des fondations. Parfois, un bâtiment se déforme peu à peu à cause des vents, des glissements de terrain ou de mouvements terrestres, se craquelle et tombe.
    Ceci est vrai de bien des vies ; certaines sont entièrement détruites, d’autres sont déviées, déformées, exposées, et c’est simplement un problème de fondation ; d’autres révèlent des insuffisances et des faiblesses dans leur structure, qui font se poser beaucoup de questions sur le sérieux et la minutie du travail qui a été fait en dessous ; c’est très souvent une question de fondations.
    Nous pouvons devenir très forts avec notre structure de vérité. Nous pouvons détenir toute la vérité de l’Eglise, le Corps de Christ, et toutes ces choses célestes qui en elles mêmes sont parfaitement vraies, et nous pouvons tous en faire un thème d’enseignement ; quelque chose se passe le jour de l’adversité et nous sommes en pièces, nous ne tenons plus debout, nous sommes démasqués et nous tombons. Nous avons tous à reconnaître quelque chose à ce sujet. Nous sommes brisés : il y a quelque part une faiblesse au niveau de nos fondations.
    Qu’est-ce que cela veut dire ? Que devons nous faire ? Il nous faut contempler à nouveau Christ, d’abord en relation avec nos fondations. S’Il est le fondement, si Sion prend Sa caractéristique, et si Sion est tout ce que ces Écritures disent d’elle :

« Des choses glorieuses ont été dites sur toi, O Cité de Dieu » (Psaume 87:3), 
« L’Éternel aime les portes de Sion, plus que toutes les demeures de Jacob » (Psaume 87:2), 
« Belle en perspective est Sion, la joie de toute la terre » (Psaume 48:2)

… et vous pouvez continuer ainsi. Si ces choses sont vraies et que Sion tire sa nature de sa fondation, alors si nous voulons que de telles choses soient une réalité pour nous, pour l’Eglise, nous devons considérer la fondation, c’est-a-dire nous devons encore et toujours regarder à Christ.

C - La stabilité de Christ le Fondement

    Le caractère ultime de Christ en tant que fondation et de toute autre fondation, c’est la stabilité. C’est ce que nous pouvons attendre d’une fondation, c’est d’être stable, la stabilité. Quelle solidité, quelle constance, quelle confiance, quelle tranquillité, quelle immuabilité, chez le Seigneur lorsqu’Il fut au milieu de nous. Rien ne le perturbait, ne le faisait varier.
    Il fit face tranquillement, solidement, avec assurance, aux forces adverses de la terre et de l’enfer. En fait, Il était un Roc. Face à la tempête et à l’orage, face aux puissances de l’enfer qui se déchaînaient contre Lui, par tous les moyens, Il disait « Que votre coeur ne se trouble point» (Jean 14:1). Il connaissait le trouble qui survenait sur Lui et sur eux « Que votre coeur ne se trouble point ! » La stabilité du Seigneur Jésus.

D - Le secret de la stabilité de Christ

    Quel en était le secret ? Ce n’était pas juste une attitude humaine, la force d’une grande âme, d’une grande volonté. Il y avait un secret. Sa vie était profondément enracinée en Son Père dans le Ciel, fondée et établie dans Son Père dans les cieux. C’était une relation de coeur : « le Père », « Mon Père ».
    Maintenant cette relation de coeur avec Son Père qui n’existait que pour lui dans le sens qu’elle n’existe pas pour nous. C’est quelque chose qui fut testé et mis à l’épreuve de toute manière. Satan fit son maximum pour interférer dans cette relation de coeur avec le Père. « Si tu es le Fils de Dieu… » (Mathieu 4:3), tout était focalisé sur cette relation avec le Père. Il y a ici la suggestion que Celui qui est dans le besoin, dans la faiblesse, le Père ne s’en occupe pas bien : « Si tu es le Fils de Dieu… ».
    La dernière épreuve terrible se concentrait sur le même point : « Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée ? » (Jean 18:11). Oh, quelle coupe ! Quelle coupe amère ! Mais Il a dit « La coupe – pas celle que Dieu m’a imposée, pas celle à laquelle je suis résigné – que Dieu m’a donnée ». Mon Père m’a donné la coupe la plus amère qu’aucun homme n’a été appelé à boire – Mon Père la donne. Vous voyez ce qu’il faut saisir. C’est une coupe terrible, mais elle m’est tendue par le Père. C’est clairement d’une relation de coeur dont il s’agit, n’est-ce pas ? Oui, cette relation a été mise à l’épreuve à chaque niveau et transmise à Celui qui Lui appartient « Votre Père céleste sait… » (Matthieu 6:32).
    « Mon Père… votre Père » (Jean 20:17). Le Père est dans les cieux, le lieu de Ses racines, là où étaient Ses fondations, ce lieu était totalement en dehors de ce monde. Il le fallait pour qu’il y ait une stabilité. Si Ses fondations avaient été dans ce monde, il n’aurait eu rien de solide et de stable, aucune assurance. Ses fondations étaient en dehors de ce monde. Béni soit Dieu parce qu’il existe un lieu de sécurité hors du monde. L’apôtre utilise une autre comparaison quand il parle de l’ancre de l’âme, sûre, ferme et inébranlable, qui pénètre au-delà du voile (Hébreux 6:19). C’est la même chose ; une ancre, une fondation, un lieu d’enracinement ailleurs. Christ avait Sa fondation en dehors de cette scène et tout ce qui la concerne.
    Paul le résume en une phrase: « Votre vie est cachée avec Christ en Dieu » (Colossiens 3:3), en dehors de cette scène. Oui, les fondations sont toujours cachées, mais oh combien importantes !

E - L’appropriation de la stabilité de Christ par l’Esprit

    Si le Seigneur Jésus est le fondement, comment L’est-il ? Si ce qui est vrai sur Sa fondation, et que ça doit être vrai pour nous, alors comment ? Nous avons été si superficiels. Nous avons dit que « personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ », et ça signifie Sa Divinité, Son Autorité ; qu’Il a accompli une grande oeuvre de rachat sur Sa croix, qu’Il est ressuscité des morts, qu’Il est monté au Ciel, qu’il est assis à la droite de la Majesté d’En-Haut, qu’Il reviendra, et toutes ces choses sont comprises dans la fondation.
    Nous pouvons bien croire à tout cela et malgré tout être terriblement ébranlés, et chuter. Nous pouvons le croire comme un sujet de doctrine ou de faits, et cependant, quelque part il existe un fossé entre notre doctrine parfaitement orthodoxe, notre saine doctrine, d’un côté, et la stabilité de nos vies, l’équilibre de nos vies, la consistance de nos vies.
    Quelque part il y a une faiblesse malgré tout. Jésus-Christ comme fondation n’est pas seulement une question de doctrine ou d’objectivité. Il faut que le Saint-Esprit entre en nous comme Esprit de Christ. Paul parle du soutien de l’Esprit de Jésus-Christ qui lui permet d’accomplir certaines choses (Philippiens 1:19).
    De quoi parle-t-il au juste ? Ce qui a été accompli et ratifié par le Seigneur Jésus, perfectionné en Lui par l’épreuve, la souffrance et les tests, est à présent une réalité pour nous et en nous, par le Saint-Esprit. Notre caractère spirituel nous vient de Lui, par l’Esprit, et nous deviendrons aussi de manière progressive, plus assurés et sécurisés dans nos coeurs, plus fermes, plus confiants, moins déstabilisés.
    Nos premiers orages sont des jeux d’enfants, mais même pour un enfant un petit vent d’averse est un terrible ouragan. Plus nous avançons avec le Seigneur, plus nous nous trouvons à affronter des explosions, des cyclones d’opposition spirituelle, d’épreuves et d’assauts qu’aucun enfant ne pourrait supporter, et nous découvrons que nous sommes ébranlés par ce nouveau test, cette nouvelle épreuve, cette nouvelle forme d’opposition que le Seigneur permet que nous affrontions. Gloire à Dieu, nous ne sommes pas renversés ; c’est merveilleux de voir comment on survit et on passe à travers. Pourquoi ? A cause du soutien de l’Esprit de Jésus-Christ.
    Quel est l’Esprit de Jésus-Christ ? Premièrement, l’Esprit de fermeté. Ce n’est pas notre résolution, Dieu le sait. Si nous étions abandonnés à nous-mêmes, nous aurions été renversés depuis longtemps et nous ne serions pas là.
   Nous apprenons, certes, par nos propres erreurs souvent, par nos brisements, notre faiblesse face à l’épreuve et les attaques, nous apprenons Christ, nous découvrons Christ, nous sommes en position où nous adorons de plus en plus en disant « Je n’aurais jamais cru surmonter celle-là, comme si c’était la fin, mais j’ai vaincu ».
    C’est de cette manière qu’Il est notre fondement. Je sais que la vérité fondamentale est Sa divinité et Son expiation, que c’est la fondation de notre foi, mais quelque part, Lui-même a dû venir pour être mon espérance de gloire, ou alors il n’y a aucune espérance.
    Il faut qu’Il soit mon espérance de gloire à l’intérieur, une fondation sûre dans mon esprit, un fondement indestructible, et, pour ceux qui ont fait du chemin avec le Seigneur à travers les années, il est bien possible qu’ils disent très humblement « Oui, j’ai été longtemps piégé dans ce domaine, ce n’est plus le cas actuellement ; il y eut une période où j’aurais été terriblement secoué ; loué soit Dieu, c’est du passé ».
    Nous constatons qu’Il nous a progressivement amené dans Sa propre stabilité. La ressemblance au Rocher n’est pas tout à fait la même que ce qu’Il a dit à Pierre « Sur ce Roc, je bâtirai mon Église », et « Tu es Pierre (un morceau de roc) » (Matthieu 16:18). C’était une prophétie qui concernait un homme faible ; qu’il devait s’inspirer du caractère de son Seigneur pour devenir en ce sens une partie de Christ, et que, ce qui, par le Saint-Esprit était vrai de Christ, serait aussi vrai de lui.
    Semblable à un Roc – combien ces psaumes nous parlent du roc ou du rocher : « Tu es mon rocher » ? Combien de fois David a utilisé ce mot pour son Seigneur ? Vous voyez la fondation, Dieu a toujours besoin de s’occuper de nos fondations pour être établis de plus en plus fermement, de plus en plus solidement, de plus en plus assurés et confiants. Il n’y a pas de fin en la matière.
   Tout ce qui peut nous ébranler va révéler les fondations, chaque opposition chaque adversité a un rapport avec les fondations. Nous connaîtrons toujours des épreuves de foi, car la foi n’est-elle pas le fondement de tout ? « Où étais-tu quand j’établissais les fondations de la terre ? » (Job 38:4), voila la question posée à Job : « que sais-tu sur ceci ou cela ? » Il fut entraîné directement dans l’immense magnitude de Dieu. Dieu n’a jamais touché au problème de Job, Il n’a jamais essayé de le résoudre et de répondre aux questions de Job. Son but était de faire en sorte que Job soit sûr du Seigneur. Et quand Job en vint au point d’avoir l’assurance divine, son problème n’existait plus, il avait disparu.
    Le Seigneur ne répond pas à nos questions, n’explique pas nos expériences, ne résout pas directement nos problèmes. Il oeuvre en nous pour nous amener au point où nous sommes si sûrs de Lui que les problèmes ont perdu toute valeur, « Sa fondation se trouve dans les montagnes saintes ». Le Seigneur aime les portes de Sion. C’est là que se situe Son coeur.
    Notez qu’Abraham a été appelé l’ami de Dieu. Comment a-t-il été l’ami de Dieu ? Comment est-il devenu ce que Dieu aimait plus que les demeures de Jacob, là où était Son coeur ? Simplement parce que, au travers du test et de l’épreuve, Il s’imbibait de l’Esprit de Son Fils, Jésus-Christ. N’était-ce pas la scène sur le Mont Morijah ? l’Esprit de Jésus donnant Sa vie, Son âme. Oui, c’était Christ en Abraham, par le test et l’épreuve, qui fit d’Abraham l’ami de Dieu et donna la possibilité de dire à Dieu « Mon ami, Mon délice, Mon bien-aimé. Plus que toutes les demeures de Jacob, ces choses de la terre ».

II - UNITÉ PAR LA VIE TRIOMPHANTE DE CHRIST

« Sion est fondée sur la montagne sainte. L’Éternel aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob. Des choses glorieuses ont été dites à ton sujet, Cité de Dieu. Je rappelle le souvenir de l’Egypte et de Babylone parmi ceux qui me connaissent : Voici le pays des Philistins, et Tyr avec l’Ethiopie, c’est là qu’un tel est né. Mais de Sion il sera dit : tous y sont nés et c’est lui, le Très-Haut qui l’établira. L’Éternel fera les comptes en inscrivant les peuples : c’est là qu’un tel est né » (Psaume 87:1-6).

    En contemplant Sion ou Christ, notre première préoccupation, ce sont les fondations, et nous avons parlé de la stabilité spirituelle que nous trouvions en Christ lorsqu’Il fut sur la terre, sous toute sorte d’adversité, puis perfectionné et mis à notre portée par le soutien de l’Esprit de Jésus-Christ, afin que nous soyons dans ce domaine spécifique semblables à Lui – solide, inébranlable, fiable, tranquille, plein de confiance et d’assurance – une oeuvre du Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus-Christ.
    Il est bien évident que nous n’irons pas bien loin si nous sommes instables. Tant que le Seigneur ne nous aura pas positionné là où nous sommes, enracinés, établis, fixés solidement, Il ne pourra pas nous confier la responsabilité de Sa maison.
    Sa maison n’est pas une structure matérielle construite sur des fondements matériels. C’est quelque chose de spirituel. C’est une responsabilité, un ministère, une vie, une communion spirituels, tout ce qui est représenté dans la Maison de Dieu, et cela ne peut pas être posé sur notre instabilité, nos âmes changeantes et fluctuantes, notre égocentrisme capricieux.
    Ce ne peut être posé et établi que sur ce qu’est Christ en nous dans le sens d’une stabilité. Il est tellement important, pour porter la responsabilité avec et pour le Seigneur, d’entrer dans la pleine assurance de la foi, cette confiance en Dieu !


A - Une Famille formée par une vie triomphant de la mort


    Nous passons maintenant à un autre aspect des fondations, car les fondations elles-même sont complexes, bien que uniques. Vous savez par l’Apocalypse, à quel point ces fondations sont complexes : toutes sortes de pierres précieuses dans la fondation ; et le point suivant à considérer est que la fondation est une question de famille formée par une vie, et cette vie a conquis la mort. C’est une affirmation plutôt vague, mais elle mérite une explication. Abraham, qui recherchait la cité qui a les fondations, a dû se rendre sur le Mont Morijah pour offrir Isaac et le recevoir comme sorti de la mort, et Dieu avait dit « C’est d’Isaac que sortira ta postérité » (Genèse 21:12).
    Donc, il est bien clair que la descendance familiale a pour origine un triomphe sur la mort, une vie qui a triomphé de la mort, qui l’a anéantie, et partout dans la Bible où il est question de famille céleste, de famille divine, vous verrez que cette mort et cette résurrection sont toujours autour, et très liées. Il a fallu l’anéantissement de la mort pour donner naissance à cette famille céleste et pour la constituer sur cette base-là. Et c’est une famille, avec chacun de ses membres, qui possède en priorité la vie qui triomphe de la mort, qui apprend à vivre de cette vie, et qui est appelée à prouver, au milieu de cette terre où la mort prévaut encore jusqu’à la fin, la puissance de cette vie victorieuse sur la mort.
    C’est quelque chose que nous sommes appelés à expérimenter, un terrain de preuve et d’affermissement. Il est fondamental que, non seulement nous possédions cette vie en Christ, mais que nous éprouvions continuellement sa valeur, sa puissance et que nous la connaissions en tant que puissance de Sa résurrection. C’est vraiment la base.
    Si Abraham est le père de tous ceux qui croient, s’il est le père d’une postérité spirituelle et céleste, donc il est en principe le fondement. Et si ce fut en Isaac que sa descendance devait être appelée, il est bien clair que ce fut sur le Mont Morijah que la famille fut sécurisée et assurée, par le rejet de la mort et le triomphe de la vie. La même chose est arrivée de nombreuses années plus tard à David. Il avait répandu la mort sur le pays ; la mort ravageait le pays en retranchant ici et là plusieurs milliers d’hommes, par la folie et le péché de David. Sur le Mont Morijah, le sacrifice fut offert, l’épée fut éloignée, la mort fut abolie, la vie a triomphé, et il devint la fondation de la maison de Dieu, le temple où la caractéristique suprême est la vie triomphant de la mort.
    Il est intéressant de noter qu’en conclusion du Psaume 48, il est dit « Voilà le Dieu qui est notre Dieu éternellement et à jamais ! Il sera notre guide jusqu’à la mort ». En fait, la traduction correcte est « Il nous guidera à travers la vallée de la mort ». « Parcourez Sion », et « Il nous guidera à travers la vallée de la mort », pas seulement jusqu’à la mort, mais sur la mort, à travers la mort, de l’autre côté de la mort.
    Lorsque nous réfléchissons à cela, à la lumière du Seigneur Jésus, il est bien évident que c’est à l’heure de Sa résurrection qu’Il a dit « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17). Ce qu’Il avait dit auparavant – leur Père et Son Père – n’est devenu pleinement vrai et valable que par Sa résurrection. Il nous a régénéré « pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts » (1 Pierre 1:3).
    C’est une famille, une descendance, qui incarne cette grande réalité de vie victorieuse, et c’est à ce propos que l’apôtre utilise ces paroles qui nous sont si familières dans 2 Corinthiens 2:15-16, « Nous sommes pour Dieu la bonne odeur de Christ … une odeur de vie donnant la vie ». C’est-à-dire, nous redonnons à Dieu ce qui est de Christ, ce qui lui est précieux et agréable, quelque chose en qui Il se délecte. C’est Christ, une odeur de vie donnant la vie aux autres, afin de partager le message et la puissance de cette vie triomphante de la mort aux autres. C’est la douce saveur de Christ pour Dieu. C’est une famille dans la puissance de vie.


B - Dieu construit sur la Famille

    Sur quoi Dieu peut-Il bâtir ? Il ne peut que bâtir sur la vie, et Il ne peut que bâtir une famille sur la vie. Une des choses très précieuses de la Parole de Dieu, la Vérité de Dieu, est la suivante : la fondation de Dieu dans son essence spirituelle, c’est la famille. Nous pensons à construire plein de choses, et c’est à ce niveau qu’il existe tant de confusion.
    Nous pensons à la construction en termes de vérité, de doctrine, de connaissance, de lumière, et nous en faisons tout le temps des critères, et très souvent, ces choses détruisent l’esprit de famille par incompréhension. Nous divisons le peuple de Dieu quand nous faisons de la vérité et de la lumière une question de relation, de communion. Presque inconsciemment, surgit quelque chose qui nous divise, la supériorité, la différence d’approche. Alors, on s’exclame « ils n’ont pas vu ! Ils n’ont pas eu la révélation ! ». Et la façon dont on s’exprime implique qu’ils appartiennent à une catégorie et que nous sommes dans une autre. C’est très subtil, et nous faisons notre degré de lumière notre degré de relation. Le résultat c’est la distance, la différence, la méfiance, la division…
    Comment vous, moi et le peuple de Dieu, pourrions-nous prendre un bon départ dans l’espérance ? J’ose dire que si nous prenons cette attitude et que nous y tenons fermement, nous irons loin, c’est-à-dire que nous faisons partie d’une famille, que nous sommes membres d’une même famille, que nous avons une vie et Christ au milieu de nous tous. Vous pouvez ne pas être d’accord avec moi sur beaucoup de points, mais est-ce que cela va vous éloigner de moi, vous en laver les mains, et me rejeter ? Si c’est le cas, la relation et la communion se situe au niveau de l’enseignement, de la doctrine et de l’interprétation.
    Si vous dites « C’est vrai, je ne vois pas exactement les choses de la même manière, et je n’ai pas la même opinion sur certains sujets, mais nous appartenons à une seule famille, il existe un seul fondement, nous sommes membres de la même famille ». Cela constitue un bon point de départ, une bonne fondation pour voir jusqu’où on peut aller ensemble. Vérifiez bien votre fondement, la puissance de cette vie sera ainsi éprouvée.
    Nous disons partager une vie, mais de quelle vie s’agit-il ? Elle est abstraite, c’est quelque chose que nous avons en commun, et que nous appelons vie éternelle ! Nous ne l’avons guère plus définie que comme une vie au-delà de la vie qui nous transporte dans l’éternité.
    Mais il y a quelque chose dans la vie que nous partageons, quelque chose qui a prouvé être bien plus qu’un challenge pour les forces perturbatrices de cet univers. Elles s’étaient concentrées sur la croix de Jésus-Christ pour détruire, désintégrer, diviser et éparpiller. Par sa résurrection, cette vie va être plus qu’efficace contre ces forces perturbatrices, et le Jour de la Pentecôte, vous voyez l’impact que cette vie a eu : les disciples furent tous dispersés la nuit de son reniement, mais le jour de Pentecôte, ils étaient ensemble, et il est dit de ceux qui furent sauvés qu’ils persévéraient dans la communion fraternelle.
    Quelque chose s’est produit. Les puissances de mort et les forces spirituelles ont été confrontées. Une belle communion familiale est née dans Sa résurrection, et dans cette vie, rien de passif, rien d’abstrait. Elle a en elle le pouvoir d’unir et de vaincre l’opposition.
    Elle est l’Esprit de Jésus-Christ. Il aurait été facile pour tout ce groupe d’être détruit avant Sa crucifixion ! Il aurait été aisé pour Lui de ne plus faire d’eux aucun cas en disant ne rien pouvoir faire avec ces hommes et encore moins de les unir ! Tout aurait pu aller dans ce sens, mais «ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les aima jusqu’au bout » (Jean 13:1).
   Il ne les a pas laissé partir. Il ne les a pas abandonné. Il ne s’en est pas lavé les mains. Il n’a jamais dit « ils sont impossibles ! ». Il n’a pas dit « Je n’ai pas de place pour tel ou tel, il est insupportable ! ». Il n’a permis aucune désintégration ; il les a réunis avec Lui par Son amour jusqu’à la fin. L’Esprit de Jésus-Christ est venu pour oeuvrer de la même manière en nous, afin que nous ne laissions pas facilement tomber l’autre à cause de nos fautes, nos imperfections et autre chose qui nous séparerait ou nous diviserait. Nous ne sommes pas si prêts à laisser d’autres gens partir parce qu’ils n’ont pas le même point de vue que nous, parce qu’ils n’ont pas la révélation.
    Non, l’Esprit de Jésus est l’Esprit de la famille, et la famille n’est pas seulement composée de ceux qui voient les choses pareillement, qui se rassemblent en un certain lieu et qui sont occupés par la même interprétation des choses. Non, la famille est bien plus large que ça !
    Tout dans la nature même de l’exclusion est une violation de l’esprit de famille, de la nature familiale, du Saint-Esprit Lui-même. Où en serions-nous si le Seigneur nous avait traités par rapport à ce que nous sommes, avec ce que nous connaissons de Ses pensées et de Sa volonté, avec notre ressemblance à Christ ? Combien nous, ses enfants lents à comprendre, à croire et à agir, nous sommes redevables à sa patience et à sa longanimité !
    Ne faisons pas des choses extérieures la base de notre communion. La famille est bien différente de cela. Qu’aucune « chose » ne soit la fondation d’une quelconque relation. Reconnaissons que c’est Christ qui est la fondation et Christ en termes d’amour et de vie qui ont confronté toute la puissance de la haine et de la mort et qui les ont conquis.
    Cette vie est en nous pour prouver sa puissance et sa valeur face à toutes les oeuvres du mal en matière de division et de mort. La fondation est Christ, la vie, Christ comme victorieux sur l’oeuvre de la mort. Vous savez que dans la nature, où la mort s’est installée, la désintégration surviendra bientôt. Là où il y a la vie, là il y a toujours l’espérance – la base tient les deux ensemble.

III - LE CARACTÈRE INDESTRUCTIBLE DE LA VIE DE CHRIST

« Car il n’existe aucun autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Corinthiens 3:11).

« Si les fondations sont détruites, que peut faire le juste ? » (Psaume 11:3).

    Nous avons eu une très grande quantité d’enseignements sur les plus grandes conséquences des conseils et des plans divins qui nous amènent d’éternité en éternité, et nous sommes au moins au courant de tout ce qui touche aux objectif de Dieu, mais nous pouvons être troublés car beaucoup de choses semblent ne pas être en accord avec cela. Il semble qu’il y ait une contradiction, même pour ceux qui sont étroitement en rapport avec cela ; et que sous l’épreuve, certaines circonstances, les assauts de l’ennemi, les graves difficultés, toutes les forces liguées contre nous, il y a rupture et effondrement.
    Il y a pas mal de choses qui n’honorent pas le Seigneur, même là où l’enseignement a été reçu depuis longtemps et devrait être connu. Nous sommes tous bien conscients de choses que nous connaissons par information spirituelle, et qui doivent encore être digérées, et nous sommes loin de pouvoir dire que nous sommes l’incarnation vivante de tout cela. Nous découvrons bien des faiblesses, beaucoup de choses qui doivent construites et édifiées en nous. Et en réalisant tout ce qu’il faut confronter, tout ce qui manque par rapport à ce que le Seigneur nous a donné, tout ce qui est contraire à ses plans et à ses directions, mon exercice de coeur a été «Qu’est-ce qui ne va pas? Après tout, n’est-ce pas un problème de fondations?    
    Avons-nous été si occupés par la structure du plan divin, de la vérité et de la révélation divines, que nous avons été trop négligents au point que quelque chose est faussée dans la relation entre la structure et la fondation ? ». C’est devenu un exercice pour moi de répondre à ces questions et c’est mon fardeau. Nous voulons parler de notre fondation, une vision, une contemplation nouvelle de Christ.
    Nous allons nous en approcher par le symbolisme, la typologie et les métaphores de Jérusalem et de Sion. Ma crainte est que les métaphores et le symbolisme obscurcissent la valeur pratique immédiate de Sion, et je veux vous faire sortir du modèle de structure pour aller au coeur des choses pour exprimer ce que le Seigneur recherche. C’est ici en Christ, Lui-même, qu’est le fondement que personne d’autre ne peut poser, et si cette fondation est détruite et sans aucune utilité, que peut faire le juste ? Sous cette forme, la question est un cri de désespoir. Vous ne pouvez rien faire, rien n’est possible. Avec tout ce que vous dîtes, tout ce que vous enseignez, tout ce que vous donnez, c’est totalement vain, inutile, si les fondations sont d’une façon ou d’une autre détruites. Vous remarquerez qu’en hébreu, la question est dans un temps passé « Qu’est-ce que le juste a accompli après tout ce que vous avez fait ? ». Après tout ce que vous avez fait, à quoi cela sert-il si les fondations sont détruites ? C’est inutile.
    Ainsi donc, il est très important que nous puissions être sûrs que toute chose est réellement sur le fondement et ce que ce fondement veut dire, et il est possible de le comprendre en examinant certaines significations des fondations.


A - La stabilité de Christ

    Dans le chapitre premier, nous avons vu Christ comme le fondement et le grand facteur de stabilité. Il est bien évident qu’il n’existe aucune réelle stabilité spirituelle chez nous, si nous ne sommes pas des gens de foi, d’assurance, en qui on peut faire confiance et sur qui on peut compter. Si nous sommes des gens qui ont une pensée double, avec des hauts et des bas, il y a quelque chose qui ne va pas avec notre fondation, notre compréhension de Christ, notre relation avec Christ. Nous avons vu à quel point la stabilité Le caractérisait jusqu’à la perfection à travers toutes les tempêtes, toutes les adversités, les épreuves, les souffrances, quelle assurance, quelle solidité, quelle fermeté, quel stabilité chez Lui !
    Étant donné que l’Esprit de Christ est venu oeuvrer en nous progressivement, et, puisque cette stabilité finale ne s’obtiendra pas d’un coup, il devrait être certain qu’une marque distinctive de progrès apparaisse dans notre vie ; ce qui nous aurait facilement déstabilisé autrefois, ne nous ébranle plus aujourd’hui ; c’est du passé… Nous pouvons encore être secoués par des oppositions et des situations que nous n’avions pas encore rencontrées, et nous traversons des expériences où cet enracinement, cette préparation du terrain doivent encore se faire.
    Cependant, nous avons évolué, et nous ne sommes plus ces « pauvres petites choses » que nous avions été, chahutées et déplacées par toutes ces forces élémentaires de l’adversité. Il y a beaucoup de choses dans le Nouveau testament sur le fait de tenir ferme et d’être solide en Christ, d’être fort dans le Seigneur, inébranlable ; tant que ce n’est pas une réalité, nous n’avancerons pas.
    Toute la construction que nous allons poser dessus va s’écrouler. Nous pourrons tout connaître sur le plan éternel, les pensées et les conseils de Dieu pour l’éternité, l’Eglise, son appel et sa destinée, tout s’effondrera comme un château de cartes si, en-dessous, nous n’avons pas de racines, si nous ne sommes pas ancrés et établis solidement, inébranlables. Ce qui veut dire :

- être uni à la Fondation, le Rocher immuable,
- prendre le caractère du rocher, de Lui, qui est le Rocher de fondation.

    Et, puisque, il s’agit d’un appel et d’un défi, que ce soit également un encouragement, car nous serons placés au milieu d’adversités et de souffrances mystérieuses, difficiles à expliquer même du côté de Dieu. Nous ne pouvons pas voir Dieu en elles, nous ne pouvons comprendre pourquoi Dieu les permet, et le rapport entre elles et Lui. Les mystères des voies de Dieu sont par définition impénétrables et inexpliqués. Nous traversons des choses qui pourraient ébranler notre propre fondation, notre foi, pris dans le silence d’une question sans réponse.
    Mais, le Seigneur nous conduit ainsi, et l’histoire de la stabilité est l’histoire d’un arbre qui, ayant été planté, subit des orages successifs, sent que ses racines se relâchent et que la situation devient précaire, mais sa réaction à chaque effet de la tempête est de s’enraciner plus profondément, et le puissant arbre qui ne peut être ébranlé par le moindre coup de vent, est l’histoire toute simple, la somme de toutes les secousses qui ont fait que ses racines sont plus profondes et son assise plus forte. C’est ainsi que Dieu fait avec nous. Aucun d’entre nous
ne peut être épargné d’une terrible secousse qui lui fera dire un très grand « Pourquoi ? », mais c’est la façon de s’établir.
    Ainsi donc, ne soyez pas découragés si vous passez par un temps où tout est une grande question pour vous. Rappelez-vous seulement que c’est le moment où l’Esprit de Christ a Son occasion d’apporter cette puissante stabilité de Christ, le Roc, dans toute son expression, comme la véritable fondation de votre vie.


B - La vie triomphante : une puissance d’unité

    Ensuite, nous avons vu la nature unitaire des fondations, dans la puissance d’une vie triomphante sur la mort, et là encore, à cause de la légèreté et de l’inconsistance que l’on découvre souvent lorsque nous recevons plus de révélation, plus de lumière et de vérité. Nous perdons beaucoup de notre temps à régler des situations critiques dans les relations avec d’autres chrétiens, causées par des gens qui ont reçu plus de lumière et de révélation.
    Ils ont reçu toute la lumière, toute la vérité concernant le Corps, l’Eglise, l’unité de Christ, et ils posent des problèmes partout entre les chrétiens et eux.
    Au lieu d’être quelque chose qui les unit, cela devient un motif de division. La vérité divise mais pas de la bonne manière.
    Si nous avons vraiment une bonne approche de Christ, il devrait y avoir dans nos coeurs une bien plus grande mesure d’amour divin pour tous les saints, et pas seulement pour ceux qui acceptent notre point de vue, notre révélation, nos positions. C’est quelque chose de pernicieux. Je rencontre partout des gens qui disent « Si tu n’as jamais été à tel ou tel endroit, tu ne sais rien du tout ! ». Voyez un peu l’effet que cela a sur les autres gens. La conséquence est la division, une mauvaise compréhension et une mauvaise application de la vérité. Nous nous tenons solidement pour l’unité de tous les croyants, même s’ils sont loin de comprendre Christ. S’ils sont en Christ, nous sommes un avec eux, ils sont un avec nous. C’est ainsi que Christ bâtit. C’est une relation familiale fondamentale. Le Père, le Fils et les enfants. Remettons en ordre nos fondations et ajustons-nous !


C - La survie triomphante de ce qui est relié correctement à Christ

    La survie triomphante de ces fondations et de ce qui est relié au fondement, c’est Christ. Jérusalem, est un bon exemple, une bonne illustration. Quelle histoire cette vile a connue avec ses sièges, ses assauts, ses prises et ses destructions, et pourtant elle a survécu et elle survit ! Elle revient encore et toujours au devant de la scène, un facteur mondial, quelque chose que toutes les nations doivent reconnaître. Pensez au nombre de fois où Jérusalem a été assiégée, attaquée, occupée, détruite, annexée. Pensez à sa longue histoire de hauts et de bas.
   Aujourd’hui, Jérusalem joue un rôle dans les affaires de ce monde comme jamais auparavant. Dieu veut ainsi nous montrer quelque chose et l’histoire de Jérusalem est la manière de Dieu pour dire que Son Église, fondée sur Christ, survivra triomphalement, et même après tous ses conflits, ses assauts, ses attaques et toutes ses dévastations apparentes. Tout ceci se répétera, et à la fin, ce sera le facteur suprême de reconnaissance dans cet univers.
    Quand vous arrivez aux prophètes Esaïe et Ézéchiel, vous voyez que Jérusalem est dévastée ; Jérusalem a été à l’abandon, désertée ; c’est dans cet état qu’elle était du temps de Néhémie et d’Esdras, et le peuple du pays était en exil. Les termes de Jérusalem et de Sion sont très souvent utilisés pour le peuple et non pour le lieu. La fille de Sion, la fille de Jérusalem est simplement Israël. Du temps d’Esaïe et d’Ézéchiel, c’est comme si rien ne s’était passé.
    « Il me transporta et me déposa sur une montagne très élevée, où se trouvait comme la forme d’une cité » (Ézéchiel 40:2), et Esaïe parle tant dans ses dernières prophéties de la glorieuse survie de Jérusalem, de Sion. Rien n’a été fait ; tout est resté intact.
    Parce qu’ils savaient, qu’ils croyaient que c’était quelque chose d’édifié et de constitué par Dieu, et que « tout ce que Dieu fait durera pour toujours » (Ecclésiaste 3:14). Advienne que pourra, cela survivra triomphalement. Maintenant « si les fondations sont détruites, que pourra faire le juste ? ».
    La fondation pour nous est l’impérissable et éternelle stabilité du Seigneur Jésus. Tout repose sur le fait de savoir si Jésus serait finalement vaincu. Le Seigneur Jésus se retirerait-il après tout ? Le plan de Dieu sera-t-il anéanti ? Notre réponse à cela est la réponse à nos propres questions. Quelle est la signification du Seigneur Jésus ? Il n’a pas de sens en dehors de nous. L’existence de Jésus-Christ implique l’existence de Son Église. Il ne peut exister sans nous. Toute la valeur de l’incarnation, tout le sens de Sa vie ici-bas, tout le sens de Sa croix, de Sa résurrection, de Son ascension, et de Son exaltation, c’est Son Église. Il est seulement justifié, la signification peut seulement être compris, à la lumière de Son Église.
    « Sur ce Roc, je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16:18), vous voyez, c’est la cité éternelle parce qu’elle est sur une fondation éternelle qui en dehors du temps et de tout ce qui pourrait arriver.
    Nous survivrons si nous sommes consistant et conséquent avec notre fondation. Si nous sommes vraiment enracinés en Christ, nous allons survivre et nous nous tiendrons avec Lui à la fin. Lorsque tout ce qui aura cherché à se prémunir de cela sera retiré et sera détruit, au milieu du naufrage, nous nous lèverons et nous tiendrons avec Lui.


D - Le péché affaiblit notre confiance en la « survie triomphante »

    Ce qui affaiblit notre confiance en la survie, c’est la conscience de notre propre péché, de notre faillite personnelle en tant que chrétiens. Oui, nous péchons comme chrétiens, nous ne pouvons pas le dire autrement. Nous péchons. Si nous voulions l’analyser, nous n’aurions pas de mal à le prouver : « Tout ce qui ne résulte pas de la foi est péché » (Romains 14:23).
    Le moindre péché va droit à la racine de tout. Un peu d’orgueil, même spirituel, est péché : «Tout coeur hautain et orgueilleux est en abomination à l’Eternel » (Proverbes 16:5) et « Dieu reconnaît de loin les orgueilleux » (Psaume 138:6).
    Nous n’allons pas analyser maintenant cette question du péché. Nous péchons et nous le faisons de façon grossière. Nous chutons, nous trébuchons, nous commettons des erreurs, nous faisons preuve de faiblesse, et nous savons dans nos coeurs que le Saint-Esprit a rejeté cela, qu’Il condamne cela dans nos vies, et nous savons à quel point on passe à côté.
    Justement ce qui altère si souvent notre confiance, c’est que nous ne serons ni rejetés ni mis de côté, et que le Seigneur n’en aura pas fini avec nous. L’ennemi campe sur le terrain de nos échecs pour dévaloriser notre assurance et affaiblir notre confiance dans le fait que nous allons triompher et aller très bien.
    Après tout, tout ce que l’on peut dire, c’est de retourner à Sion, revenir à Jérusalem, à David. C’est terrible ! Pensez à David, un meurtrier, ses mains souillées par le sang d’un homme, dans le but de lui prendre sa femme, et autres choses, jusqu’au point culminant du Mont Morijah : la perte de dizaines de milliers de vie en Israël, à cause de sa volonté propre.
    Revenez à l’histoire de Jérusalem, considérez ce que les prophètes ont dit de Jérusalem et de son iniquité, et songez à la miséricorde de Dieu envers David. «Je traiterai avec vous une alliance éternelle pour rendre durables mes faveurs (mes grâces) envers David» (Esaïe 55:3)
    Quelle déclaration ! La miséricorde, la grâce de Dieu envers David, envers Jérusalem, envers Sion ! Il ne s’est pas lavé les mains de nous. Il ne nous a pas abandonnés, c’est la survie, pas à cause de sa bonté, pas parce qu’on est si bon ou qu’on ne tombe jamais dans le péché (ce qui n’excuse pas notre péché), mais par sa miséricorde infinie, par Sa grâce, nous survivrons. Nous sommes fondés sur la grâce de Dieu en Jésus-Christ, pas sur notre mérite, notre dignité ou sur notre bonté en nous-mêmes. Il est le fondement, et Il répond à Dieu pour toute perfection que Dieu nous demande.
    Redescendons sur nos fondations. C’est ainsi que nous survivrons triomphalement, sur Christ, le solide Roc.

IV - LA VALEUR PRÉCIEUSE DE CHRIST

« Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus. Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’oeuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’oeuvre de chacun. Si l’oeuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement, il recevra une récompense. Si l’oeuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu . Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes »  (1 Corinthiens 3:10-17).

« Parce qu’il est dit dans les Écritures : Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse : celui qui croit en elle ne sera pas honteux. Son honneur se manifeste donc pour vous qui croyez. Mais, pour les incrédules, la pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle » (1 Pierre 2:6-7).

« Les fondations de la muraille de la ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses. Le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d’émeraude » (Apocalypse 21:19).

    Il nous faut être très clair et très sûr par rapport au point où nous en sommes et sur ce que nous recherchons. Lorsque notre révélation sur les choses du Seigneur s’élargit, nous pouvons vivre une grande bénédiction et un puissant enrichissement. Tout ceci peut faire une grande impression sur nous, quelque chose de merveilleux, de très riche, avec plein de suggestions, avec comme conséquence de parler et de partager énormément les choses que nous avons
reconnues, apprises, qui nous ont été montrées et révélées.
    Progressivement, nous sommes amenés à parler de vérité, de lumière et de révélation, en certains termes, certaines phrases associées, et avant de savoir vraiment où nous en sommes, nous sommes devenus des perceuses avec une certaine manière d’enseigner, avec certaines phrases et un certain langage, et nous ne pouvons plus faire le lien avec l’endroit et le lieu où on l’a reçu. Qu’est-ce qui s’est passé ? Une certaine chose s’est constituée, et elle s’accompagne de nombreux périls, de nombreux dangers, et tôt ou tard, nous découvrons qu’au lieu d’aller dans le sens du bien, ça va presque dans le sens du mal.
    Cela devient si facilement un sujet de division, de séparation entre ceux qui ont reçu cette lumière, cette connaissance et ce type d’enseignement, et ceux qui ne l’ont pas. Nous pouvons à peine éviter de faire des distinctions, elles se font toutes seules.
    Aujourd’hui, il nous faut nous confronter à ces questions : Pourquoi en sommes-nous là ? Pourquoi sommes-nous là comme chrétiens sur la terre ? Que recherchons-nous ? Quelle est notre activité ? En quoi consiste le christianisme du commencement à la fin ?
    Pour chaque part de lumière et de révélation, depuis les plus petits commencements, à travers toutes les étapes d’élargissement et de croissance, quelque soit leur mesure, il y a un rapport avec une chose, et seulement une chose, et si ce n’est pas le résultat d’une approche de vérité, de connaissance, de lumière et d’enseignement, alors nous établissons un faux édifice qui s’accompagne de fausseté, de mensonge, de superficialité, de fantasme.
    Qu’est qui fait que nous en sommes là et qu’est-ce que nous cherchons ?

A - Les chrétiens sont sur terre pour révéler Christ

    La Parole de Dieu n’a qu’une chose à dire pour répondre à ces deux dernières questions : la révélation et la manifestation de Jésus-Christ ; que le Seigneur Jésus puisse être vu, manifesté, présent en vérité, que tous soient en mesure de Le voir et de Le connaître. Vous allez dire, c’est comme une tromperie pour tous ceux que vous avez conduits jusque-là.
    Nous nous attendions à bien plus. Non, c’est ainsi, et plus loin vous avancerez comme chrétiens, plus vous avancerez en âge, plus vous en connaîtrez, et plus vous redouterez le type d’enseignement qui ne résulte pas d’une véritable connaissance et d’une véritable expression du Seigneur Jésus. C’est-à-dire que vous ne pourrez plus vous contenter de cet enseignement-là. A cause des sérieuses sollicitations, de la difficulté qui s’intensifie, la pression croissante, la discipline, vous ressentirez constamment ces questions en vous : qu’en est-il après tout, où cela me mène-t-il, quelle valeur cela représente-t-il pour ma vie ?
    Et nous savons très bien, n’est-ce pas, que le Seigneur Jésus seul peut répondre à notre besoin, faire face à ce qui nous assaille, et qu’il nous faut toujours revenir. Non, ce n’est ni la mesure, ni la forme, ni le type, ni la nature de notre enseignement, notre vérité, notre façon de parler, notre interprétation, notre langage. Ce n’est pas tout cela. C’est la présence et la manifestation du Seigneur Jésus, en proportion de tout le reste. Ces deux choses sont-elles bien équilibrées ? Ou ce sont les idées, les pensées, l’intelligence, merveilleuses en elles-même lorsque nous les contemplons, mais qui en fait sont séparées de la véritable manifestation journalière et de la connaissance du Seigneur ? Les gens qui pensent avoir peut-être plus de lumière et plus de révélation que les autres, manifestent-ils en proportion plus de Jésus que les autres ? C’est la vraie question. C’est le facteur décisif de tout.
    Si nous prétendons avoir reçu plus de lumière, plus de révélation – que Dieu nous garde de proclamer de telles choses – mais si nous le pensons vraiment, la preuve est : Les gens voient-ils en nous plus de Christ que chez les autres ?
   Car Dieu n’agit jamais en dehors de Son Fils, avec des théories, des doctrines, des enseignements ou ce que nous appelons des révélations. Il ne garde comme manifestation que le modèle vivant de Son Fils. C’est tout simple mais c’est fondamental ! La manifestation, le visible, la présence effective du Seigneur Jésus – que nous aimions sa présence ou pas, c’est une autre question.
    Sa présence en nous peut faire surgir beaucoup d’hostilité et d’antagonisme ou alors, elle peut répondre à l’attente de nombreux coeurs. Tout dépend dans quelle mesure nous manifestons le Seigneur Jésus ; suite à tous nos enseignements, toutes nos conférences et toutes nos réunions, combien Il se trouve et Il se manifeste au travers de nous. C’est bien le plus important, ce qui a le plus de valeur.
    Ainsi la marque du témoignage n’est pas ce qu’on appelle communément « le témoignage », qui pour beaucoup revêt une certaine forme, un certain modèle. Non, la marque du témoignage, c’est Christ Lui-même manifesté de manière vivante. Voila la mise au point qu’il était nécessaire de faire au début de ce chapitre.
    Nous sommes ainsi conduits à nouveau vers ces fondations, ou à cette fondation qui a plusieurs côtés. En effet, les fondations dans Apocalypse ont plusieurs côtés, mais le fondement est unique : Christ, sous différentes facettes. Ici, dans le livre de l’Apocalypse, il y a toutes sortes de pierres précieuses. Pierre dit « Sa précieuse valeur se montre donc, pour vous qui croyez » (1 Pierre 2:7).
    Ainsi, la fondation qui donne sa nature et son caractère à chaque chose qui est posée et édifiée sur elle, qui repose sur elle, est la valeur précieuse multiple du Seigneur Jésus. Cette précieuse nature est celle qu’Il est pour le Père, à la première place, « Voici, je mets en Sion une pierre angulaire, choisie et précieuse » (1 Pierre 2:6).
    S’il nous fallait analyser le caractère précieux de Christ pour Dieu, bien sûr nous arriverions très clairement à la conclusion que ce qui est précieux pour Dieu est ce qui correspond à sa propre nature et qui lui est indispensable. Si nous considérons ce qui Lui est indispensable, nous verrions que c’est ce qui constitue sa propre nature. A l’opposé, nous devrions considérer ce que Dieu hait, ce qu’Il rejette et refuse, alors, nous pourrions voir ce qui est précieux à Ses yeux. L’orgueil par exemple est une abomination pour Dieu qu’Il rejette totalement
    Ce qui est précieux pour Dieu, c’est la douceur, la bonté et l’humilité. Pierre dit « la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pierre 3:4). La douceur est une vertu de Christ par opposition à l’orgueil.

B - La valeur précieuse de Christ nous appartient par la foi

    Nous prenons ce mot « précieux » et nous disons que ce que Christ, étant le fondement, est pour Dieu par la satisfaction de Sa propre nature et des exigences divines et saintes, devient nôtre par la foi, « Car, pour vous qui croyez, il y a cette valeur précieuse », la manifestation de la beauté et de la gloire du Seigneur Jésus.
    Gardons-nous de croire encore qu’il s’agit d’un thème de réunion, de conférence ou d’une instruction de la Parole ! C’est quelque chose qui doit nous accompagner demain et les jours suivants, à la maison, au travail, dans notre vie quotidienne, dans la rue, en voyage ; chaque jour, les beautés et les excellences du Seigneur Jésus doivent être manifestées.
    Nous ne devons pas être des prédicateurs qui traitent de thèmes ou de sujets, mais derrière ce que nous disons ou affirmons, dans le travail de chaque jour en croisant d’autres gens, ces derniers vont ressentir la marque de Christ – même s’ils ne savent pas de quoi il s’agit.
   Quelque chose de la beauté du Seigneur notre Dieu repose sur nous, quelque chose qui parle de Christ et de sa précieuse valeur pour le Père qui constitue le fondement, et tout ce qui est posé sur ce fondement doit lui correspondre, sinon lorsqu’il y aura l’épreuve du feu, il ne restera plus rien. C’est ainsi que se révéleront les gloires de Christ.
    Demandons-Lui de susciter en nous une ambition passionnée pour exprimer le Seigneur Jésus, plus que tout le reste. Pas pour prêcher de grandes vérités, ou pour devenir des prédicateurs, des enseignants ou autre, mais pour exprimer Jésus ; afin que, émanant de Lui Sa présence, Sa mesure, Sa nature, nos occasions de prêcher se produiront, non pas parce que nous ouvrons la bouche, mais parce qu’il sera reconnu que nous avons quelque chose du Seigneur.
    Ne nous autorisons pas à vivre trop dans les « hautes sphères » de la maison de Dieu. Celle-ci est une, elle a un rez-de-chaussée et une cuisine. Nous n’allons pas vivre toujours sur le toit, tellement nous sommes spirituels et célestes, si abstraits, si élevés dans la vérité que les choses pratiques de la cuisine sont délaissées.
    Que diriez-vous si vous entriez dans une maison et montiez à l’étage glorieux et merveilleusement décoré, puis vous redescendiez dans la cuisine où règne un désordre et une saleté épouvantables qui n’ont aucune commune mesure avec ce que vous aviez trouvé en haut. Vous diriez que quelque chose ne tourne pas rond.
    Il y a un aspect cuisine dans notre vie spirituelle : toute notre vie pratique quotidienne faite de choses insignifiantes devrait refléter la beauté du Seigneur au moins autant que en haut quand nous sommes au ciel. Nous sommes appelés à vivre en haut autant qu’en bas.
    Dans Ephésiens, Paul a écrit la moitié de sa lettre sur les lieux célestes, et puis, sans faire de ruptures en chapitres, il en vient à dire directement « Je vous exhorte à marcher de manière digne conformément à l’appel qui vous a été adressée », puis, il descend dans la cuisine pour amener avec lui la gloire des cieux et il s’adresse aux maris, aux épouses, aux enfants, aux parents, aux maîtres et aux serviteurs.
    Ce dernier aspect est aussi important que le premier. La valeur précieuse doit se manifester « sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6:10).
    Ne soyons pas de ceux qui sont tellement occupés par les choses élevées que nous croyons être en dessous de notre dignité de personne spirituelle de laver la vaisselle, passer l’aspirateur ou nettoyer les chambres … Peut-être pensons-nous que c’est notre rôle et que nous sommes plus spirituels que çà ! Rien ne déplaît plus au Seigneur que des chrétiens qui viennent aux réunions mais qui négligent leurs foyers en pensant que ce n’est pas de leur niveau ! La chose la plus élevée que nous puissions connaître, c’est Christ manifesté dans les choses monotones, journalières et humbles où nous sommes testés et mis à l’épreuve.
    Oui, mais Christ est toujours présent ; il n’y a pas deux mondes, mais un seul et même monde : « Pour ceux qui croient, il y a cette valeur précieuse… ». Relisez l’évangile de Jean de cette manière. Il y a là tout ce que Christ dit être : « Je suis le pain de vie » (Jean 6:35), « Je suis la lumière du monde » (Jean 8:12), « Je suis le bon berger » (Jean 10:14), « Je suis le vrai Cep » (Jean 15:1), et « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11:25).
   Le grand JE SUIS dit tout ce qu’Il est. Vous remarquerez que, très fréquemment, Jésus relie cela avec une promesse future, avec toujours la même conclusion : « Je suis le pain de vie, celui qui mange ce pain vivra éternellement » (Jean 6:58), « Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera plus dans les ténèbres » (Jean 8:12). La liaison entre ce qu’Il est et nous-même est « celui qui croit en moi » : « Celui qui croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11:26), « …n’aura jamais faim » (Jean 6:35), ne sera jamais errant comme une brebis sans berger, il aura la réalité du berger qui guide et qui contrôle, dans sa vie, « …ne marchera plus dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie ». Ce que JE SUIS deviendra une réalité. « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, s’il meurt, il vivra encore ; et quiconque vit et croit en Moi, ne mourra jamais », ce que JE SUIS est réel quand je crois.
    Néanmoins, ce n’est pas ce que nous sommes. Je suis mort ; Il est vivant. Je ne peux jamais être autre chose que mort, mais Lui en tant que vie peut devenir vie en moi dans ma mort, si seulement je crois. J’ai faim, spirituellement affamé ; Il est pain, et je n’ai plus besoin d’avoir faim ; cependant, j’aurai toujours une faim en moi, et Il sera le pain qui me nourrira.
    Je suis là dans une contrée, isolé, sans relation, sans nourriture ; je suis loin dans un lieu où il n’y a aucun pain spirituel, et Il dit « Celui qui me mange n’aura jamais faim ». Est-ce donc dépendant de là où je me trouve, de ma situation et de mes circonstances, que de disposer de viande spirituelle ? Non, c’est Lui-même, pas le lieu, pas les circonstances.
    Mais comment cela se peut-il ? « Celui qui croit ». Seigneur, j’ai faim ; Tu as dit que si je me nourrissais de toi, je n’aurais plus faim ; maintenant, je te prends au mot et nourris-moi de Toi. Soyons pratiques. Vous voyez le lien avec la valeur précieuse : Je suis si impur, je ne serai jamais différent ; mais, Lui Il est saint, Il donne satisfaction à Dieu en matière de justice et de sainteté.
    La parole solennelle et profonde de Pierre est la suivante : 

« Je pose en Sion une pierre angulaire, choisie et précieuse ; et celui qui croit en elle ne sera plus dans la confusion ».

    Si nous sommes abandonné à nous-mêmes, quel sera notre fin ? Sans aucun doute, l’échec et la honte. « Celui qui croit en moi, ne sera plus confus et honteux ».
    C’est étrange de voir à quel point Paul a mal retranscrit ce verset de l’Ancien Testament «Celui qui croira et la prendra pour appui n’aura point hâte de fuir » (Esaïe 28:16). Mais est-ce une erreur de transcription ? Vous hâtez-vous de fuir ? Pourquoi êtes-vous si pressés de sauver la situation, de faire quelque chose ? « Il faut faire quelque chose sinon on va droit au désastre ! ». Pierre, sous le Saint-Esprit, couvre tout cela en disant « ne sera point confus ». Nous n’aurons pas besoin de nous exciter et de nous ruer avec hâte pour tenter de sauver la situation. « Celui qui croit en Lui ne sera plus dans la confusion », c’est-à-dire que sur vous sera la valeur précieuse de Christ si vous croyez et vous ne serez plus honteux ni confus. Vous voyez ainsi la relation de foi avec ce que Christ est.

C - Le christianisme n’est pas dépendant de notre psychisme

    Dans le contexte de Christ le fondement, Paul dit que certaine personnes construisent sur cette fondation avec des gravats, des saletés et des matériaux mélangés.
    Si nous cherchons bien, nous ne mettrons pas beaucoup de temps pour découvrir de quel matériau il s’agit. La liste correspondrait en gros à celle de l'apôtre Paul « or, argent, pierres précieuses, bois, paille et chaume ». En lisant son épître, vous comprendrez vite de quoi il s’agit, les Corinthiens essayaient d’édifier un christianisme sur leur vie psychique propre, «l’homme naturel (ou psychique) » ; cette sagesse des paroles, cette sagesse du monde, ces affinités, ces antipathies, ces sympathies, ces préférences, cette partialité, et puis leurs jalousies. Tout cela n’est pas bon pour cette fondation. Ne placez pas votre psychisme en relation avec Christ, ça ne marchera pas, ça n’ira nulle part et ça partira en fumée.
   Tentez-vous de faire de votre christianisme une question de ressenti ? Vous aurez un christianisme composite, mélangé, sans consistance, un parfait « patchwork ». Certains patchworks sont intelligemment faits, très beaux même, mais inconsistants, sans relief et trop colorés. Le psychisme, c’est un sentiment aujourd’hui, un autre demain, un tempérament avec des hauts et des bas, rien de sûr, rien de consistant !
    Avez-vous posé cela sur Christ, le fondement ? Ça n’ira pas du tout avec Lui et vous n’y arriverez jamais, avec tous vos raisonnements, vos arguments, vos conflits, vos tentations de tirer des conclusions et de vous faire des opinions sur tout… non, vous n’y arriverez jamais !   Quand vous penserez être arrivés à une bonne conclusion sur un sujet, quelque chose viendra se mettre en travers et déranger tout le reste.
   Robert Browning dit à propos de la personne athée qu’il en arrive au point d’avoir trouvé une théorie satisfaisante lui permettant d’affirmer que Dieu n’existe pas du tout, et il se retrouve face au spectacle d’un coucher du soleil, et toute sa théorie tombe à terre. De cette manière, on n’y arrivera jamais.
    Votre âme, avec ses exercices mentaux et ses conflits intérieurs, ne s’élèvera jamais vers Christ. Combien notre âme nous met dans la confusion, à cause de l’instabilité de nos émotions, de nos sentiments et de nos pensées. Honteux et confus, nos âmes nous trompent bien souvent.
    « Celui qui croit en moi ne sera plus confus », Paul nous dit clairement que le domaine psychique ne peut s’édifier sur Christ, le fondement ; c’est une contradiction.
    Nous nous basons sur ce qu’est Christ, par sur ce que nous sommes, nous. Nous pouvons voir, comprendre et raisonner mentalement, nous pouvons ressentir quelque chose, nous pouvons avoir de mauvais sentiments, tout ceci correspond à un domaine : le nôtre. Christ, Lui, est différent.
    C’est pourquoi, nous devons lui dire « Seigneur, c’est mon infirmité, je suis ainsi, mais Toi, Tu es autrement. Je transfère ma foi vers Toi ». Christ est le fondement, et tout ce qu’on édifie sur ce fondement doit être Christ Lui-même.
    Ce qui veut dire qu’Il n’est pas seulement le fondement, mais Il est l’édifice, avec toutes ses composantes.
    Nous devrions avoir ce désir d’être de plus en plus entraînés avec le Seigneur Jésus, et plus avec des enseignements, des vérités en tant que telles. Loué soit Dieu pour chaque part de révélation qui soit une aide et une délivrance, mais ne considérons pas la révélation en tant que telle pour en faire une sorte de publicité bon marché.
    Si nous ne voyons pas le Seigneur en toutes choses, quelque chose ne va pas et il y aura déséquilibre. C’est Jésus qui est Vérité, pas le Corps, l’Eglise ou autre chose. Il n’y a pas d’Eglise, sans Jésus-Christ Lui-même ; Il n’y a pas de Corps sans Jésus-Christ Lui-même. Il est tout et en tout, « La valeur précieuse est pour celui qui croit ».
    Soyons bien sûrs que nous ne tentons pas de construire quelque chose, un christianisme ou une Église, un mouvement ou un système de vérités, d’interprétations et de doctrines, mais qu’il y ait bien cette réalité-là : Christ en nous, l’espérance de la gloire.

V - LA GLOIRE DE L’INITIATION DIVINE

« Des choses glorieuses ont été dites sur toi, oh Cité de Dieu » (Psaume 87:3).

« Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant » (Hébreux 12:22).

« A Lui soit la gloire dans l’Eglise et en Christ Jésus, dans toutes les générations, aux siècles des siècles » (Ephésiens 3:21).

   Nous avons passé en revue Sion dans ces messages, en prenant en compte quelques-uns des aspects de cette postérité spirituelle céleste qu’est Christ et ce qui Lui appartient.
    A présent, nous en venons à ce qui peut se concentrer en un mot : « gloire », la gloire de Christ et de Son peuple. Un simple tour d’horizon du Nouveau Testament avec ce mot de «gloire » en tête, nous fera une impression fantastique – et vous aurez à jeter un coup d’oeil sur toutes les colonnes d’une concordance avec ce mot. L’impression fera que cette idée de gloire, ce thème de la gloire, semble dominer tout.


A - La Gloire domine tout

    Si vous lisez les Évangiles en considérant la vie du Seigneur Jésus sur terre, vous serez impressionnés par le fait que dans Sa vie la note dominante et la motivation suprême était la gloire de Dieu, cette gloire manifestée en Lui-même et transmise à Ses disciples, Ses adeptes, Son Église. Toute personne familière avec le Nouveau Testament ou les Évangiles  trouvera des passages, des déclarations, jaillir de leurs mémoires d’un coup.
    « Nous avons contemplé Sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père, pleine de grâce et de vérité » (Jean 1:14), et c’est une déclaration complète, car, sans aucun doute, Jean, qui avait écrit bien des années après le passage du Seigneur Jésus au ciel et la conclusion de toute Sa vie terrestre, avait pris toute la mesure des choses et des évènements.
    Peut-être se rappelait-il d’un point particulier lors de Sa transfiguration où Pierre et lui, qui furent témoins, parlaient de contempler Sa gloire, qui couvrait toutes Ses actions depuis le commencement de ses signes à Cana en Galilée, quand Il manifesta Sa gloire (Jean 2:11), qui couvrait toutes Ses oeuvres, tous Ses mouvements, tous Ses hauts faits et Son refus de faire, et Ses mouvements et Son refus de se déplacer, en montrant bien que la motivation de toutes choses dans la vie du Seigneur Jésus était la gloire de Dieu, celle manifestée en Lui-même.
  Pensez-y. Rappelez-vous ces mots : gloire, glorifier, glorifié. Combien de fois ils apparaissent en relation avec Son temps ici-bas ? Et, bien que la croix paraissait être bien différente que revêtue de gloire, la chose sous-jacente et dominante de la croix et de l’oeuvre qu’elle accomplit ici et là, c’est la gloire.
    D’un côté, la mise à l’écart de tout ce qui ne pouvait être à la gloire de Dieu, l’homme, le type d’homme, le vieil Adam, le genre humain, le péché et toutes ses conséquences, toute l’oeuvre d’expiation, le rejet de ce qui n’aurait jamais pu être à la gloire de Dieu et être glorifié, tout le terrain qui était absolument contre la gloire. De l’autre côté, préparer le terrain pour la gloire, dans le triomphe de la résurrection, la gloire qui domine l’oeuvre de la croix.
    En deuxième lieu, la gloire est l’idée dominante de tous les apôtres, dans les Actes. L’esprit de gloire descend dans Actes 2, l’Esprit de Celui qui est glorifié, et Il vient dans la gloire. L’Eglise fut remplie de gloire, emmenée dans la gloire, parce que Christ avait été glorifié, et c’était le point capital et triomphant de l’Eglise et de son message. Celui qu’ils avaient crucifié, Dieu l’avait glorifié ; toute l’instruction, toute la réprimande, toute l’exhortation, tout l’avertissement et tout le ministère de consolation dans les lettres des apôtres, ont un rapport avec ce thème de la gloire.
    « Nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire » (2 Corinthiens 4:17), c’est la gloire présente dans le ministère de consolation qui explique l’épreuve. S’il s’agit d’un avertissement, c’est qu’il y a un risque de perdre l’appel d’en haut, de perdre la gloire ; et ainsi, la deuxième grande partie du Nouveau Testament est vraiment dominée par cette pensée de la gloire.
    Qu’en est-il alors du livre de l’Apocalypse ? Il commence par une présentation du Seigneur glorifié et glorieux, « A Celui qui nous aime, qui nous a lavés de nos péchés par son sang… à Lui soit la gloire » (Apocalypse 1:5).
    Et depuis l’introduction, la présentation du Seigneur glorieux se trouve tout au long du livre, le sujet qui domine tout est le thème de la gloire. Tout y est compris, les nations, les forces du mal, parce que Dieu va remplir Son univers de Sa gloire, et tout ce qui n’est pas conforme à la gloire doit être traité et ôté, et à la fin ce livre de l’Apocalypse fait émerger la révélation de la cité glorieuse.
    Ce qui est, en d’autres termes, l’Eglise unie avec Christ « ayant la gloire de Dieu » (Apocalypse 21:11).
    Avons-nous besoin d’autres évidences que le Nouveau Testament est dirigée et inspirée par cette pensée de la gloire ? Ce sujet se divise en trois grandes sections, qui résume tout, même s’il y a beaucoup de détails à voir :

- la gloire initiée par Dieu,
- la gloire cachée,
- la gloire manifestée à la fin.


B - La Gloire dans l’initiative divine

    Deux exemples peuvent être cités pour donner une indication suffisante :

- la naissance du Seigneur Jésus,
- la naissance de l’Eglise.

    Il y a d’autres cas dans la Bible où Dieu initie la gloire ; On pourrait même dire qu’il existe autant d’initiations divines qu’il y a de saints. L’initiation divine marquée par l’incarnation, la venue en chair dans ce monde du Fils de Dieu, le Fils de l’Homme. Il n’est pas vraiment nécessaire de relire Luc chapitre 2.
    L’annonce de l’ange, et puis soudain une multitude d’êtres célestes qui chante, qui loue en disant « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre parmi les hommes qu’Il agrée !» (Luc 2:14). C’était une scène de gloire descendant du ciel sur ce monde.
    Quelque chose d’identique spirituellement parlant, s’est passé le jour de la Pentecôte. Nous ne pouvons que déduire que l’ascension du Seigneur Jésus fut une scène merveilleuse dans les cieux, « Portes, élevez vos linteaux ; élevez-vous, portes éternelles ! Que le roi de gloire fasse son entrée ! Qui est ce roi de gloire ? » (Psaume 24:7-8).
    Non seulement l’ascension, mais la réception du roi de gloire, est une scène d’extase céleste où s’exprime la joie tumultueuse du ciel, le Saint-Esprit qui descend, la joie céleste s’exprime sur la terre et dans l’Eglise et elle parle de gloire. Oh, quel jour cela a été lorsque l’Eglise est née au milieu de la gloire céleste et remplie de cette gloire !

C - La gloire, sujet de joie, de paix et de satisfaction

    Dans les deux cas, l’initiation divine était accompagnée de gloire. Aucun doute là-dessus, les commencements de Dieu se font toujours dans la gloire.
    Et si vous analysez la gloire au travers d’un prisme, elle n’est pas seulement une réflexion de la lumière extérieure, elle est joie étrange, inexplicable parfois ; elle est paix : le conflit s’arrête, la contrainte cesse, il y a une atmosphère merveilleuse de bien-être, de quiétude et de satisfaction. Ils sentent au plus profond de leur être qu’une réponse a été donnée aux problèmes et aux questions essentielles de leur existence.
    Quand Dieu agit, vos problèmes et vos questionnements se transforment en satisfaction. Vous êtes heureux de ce que Dieu a réalisé, c’est tout ! Comment Il l’a réalisé,par quels moyens, peu importe… nous pensions qu’il fallait un miracle à déplacer des montagnes et ça s’est déroulé très simplement, très calmement. La satisfaction est entrée dans nos coeurs  Nous ne sommes pas comme Naaman, dans sa vieillesse ; il demande à Dieu des choses extraordinaires, mais Dieu a réalisé les choses simplement dans 2 Rois 5. Il en est souvent ainsi avec Dieu.
    Prenez par exemple la grande initiative divine de la naissance de Jésus. Considérez les circonstances naturelles de cette naissance : aucun palais, aucun confort terrestre, rien de conforme aux conceptions humaines, aucune organisation spéciale ; bien au contraire : dénuement, simplicité, pauvreté, faiblesse, inconfort. Pourtant, c’est glorieux ; il n’y a rien de contraire à la gloire divine, merveille, profondeur, satisfaction. De l’extérieur, les choses ne semblent pas différentes lorsque le Seigneur Jésus opère une nouvelle naissance chez un être humain : le lieu, le contexte, le monde, les circonstances sont les mêmes, mais la gloire intérieure est identique, joie, paix, satisfaction.
    Même ceux qui ont été élevés dans un foyer chrétien et qui pensent être entrés naturellement dans la vie chrétienne, ont connu une expérience du Seigneur entrant dans leur vie. Le Seigneur a agi de la même manière : l’oppression, la peur, la honte, l’insatisfaction, le mécontentement, la déception, ont disparu.
    Une grande joie, une paix inexprimable, une satisfaction ont pris la place. Nous pourrions tous en parler et même souvent. Les nouveaux commencements de Dieu se passent toujours dans la gloire ; chaque naissance de Son Fils dans une vie et dans un lieu précis, est accompagnée de tous ces signes de gloire.


D - L’essence de la Gloire divine

    Mais, quelle est l’essence de cette gloire, celle du jour où Jésus est né à Bethléem ? Ayons une mise au point importante pour éviter toute incompréhension : l’essence de la gloire de la naissance de Jésus à Bethléem, de la même manière que celle de chaque évènement et nouveau mouvement de Dieu, fut et est ceci : Dieu Lui-même qui amène à existence ce qui Lui fait plaisir, et le Seigneur Jésus est l’objet de la satisfaction du Père. S’Il n’est pas présent, rien ne peut faire plaisir et satisfaire le Père. Quand Il est là, il y a quelque chose de présent qui fait le plaisir du Père. Le plaisir, la satisfaction et la joie du Père sont focalisés sur Son Fils et là où est Son Fils.
    Maintenant, le danger dans lequel tant de personnes sont tombés, est qu’ils ont pris en compte les effets de cela plutôt que la cause. Les effets – oui, joie, paix et satisfaction, et des émotions fortes, gratification et plaisir, et puis, pour en maintenir les effets, les résultats, les sentiments, ils ont essayé de les prolonger. Ils ont eu peur que ces effets disparaissent, ils sont entrés dans un état de crainte – combien de temps cela va-t-il durer ? Vais-je me réveiller demain matin et tout aura disparu ? Ils ont fait des efforts pour maintenir les effets et sont passés à côté de la réalité de base.
    La réalité de base est Christ, et Christ est la satisfaction et le plaisir de Dieu ; pas des émotions, des sentiments, mais le fait. Combien essayent de restaurer les émotions, de les maintenir et d’en avoir les effets, pour atteindre une chose abstraite que vous appelez gloire ? Voilà l’erreur. Les faits demeurent, les sentiments peuvent changer ; la deuxième partie de tout ce thème de la gloire ce sont les opérations cachées de la gloire qui touchent à une autre dimension ; nous parlons des initiatives divines.
    Mais, lorsque Dieu implique Son Fils, il n’est plus question de toute une palette d’émotions ou de sentiments ; Il est face à une puissante réalité, l’objet même de la gloire divine ; et Christ en vous est l’espérance de la gloire (Colossiens 1:27), ce ne sont pas des émotions, des sentiments, mais la puissante réalité fondamentale. Dieu possède l’objet de Son plaisir ; Son plaisir n’est pas en nous, en ce que nous sommes, quelque soit nos sentiments.
   Je ne crois pas que le Seigneur soit plus satisfait de nous lorsque nous sommes dans l’extase que lorsque nous nous sentons misérables. Ce ne sont que les variations de notre propre vie psychique. Nous pouvons vivre des bas comme des hauts ; le plaisir et la satisfaction de Dieu sont centrés sur Son Fils et il veut que notre foi soit basée sur cette réalité et non sur les variations de nos réactions. Il s’agit de la Vérité de Christ et non pas en priorité tous les effets de Christ.
    Oh, les effets sont là, loué soit Dieu, mais vous savez si souvent que les effets sont l’aspect élémentaire des choses, qui correspond à la période de l’enfance ; vous entrez dans la maturité, et dans la maturité il nous faut apprendre à vivre sur Christ, pas sur nos sentiments.


E - Les initiatives de Dieu, base de ses opérations futures

    Deuxièmement, Dieu ayant obtenu ce qui Lui fait plaisir, Ses initiatives, Ses commencements sont Ses modèles, et Sa base pour toute opération future. Après cela, tout sera conforme avec ce commencement, cette initiative. Je ne dis pas qu’il y aura toujours cette extase consciente, ce sens de la gloire ; mais je veux dire que Dieu fait de cette satisfaction le siège et le centre de Sa gloire. Et Il oeuvrera toujours de telle sorte pour que ce qui est vrai en Son Fils soit aussi vrai en nous, afin que nous soyons, en conformité à Son Fils, en chemin vers la gloire nous-même, une gloire progressive par laquelle ce qui satisfait Dieu est placé en nous pour se répandre et se saisir de nous, et nous nous approchons de plus en plus près de ce que la Parole décrit : « Dieu… nous appelle à sa gloire éternelle » (1 Pierre 5:10).
    Les commencements divins guident la fin, qui doit correspondre au commencement, mais dans une mesure plus grande. En effet, les commencements semblent insignifiants, en comparaison. Dans un sens, Bethléem est petit, Christ y est limité ; et pourtant toute la plénitude de la gloire s’ouvre dans cette petitesse. A la fin, la gloire ne sera pas additionnée. Ce sera cette gloire qui se répand et remplit l’univers. Donc, les commencements de Dieu sont la base de toutes les activités divines. Il en sera ainsi à la fin : la gloire dans l’Eglise en Christ-Jésus, de génération en génération, aux siècles des siècles (Ephésiens 3:21).
    Ceci est pratique. Si le Seigneur a fait quelque chose, a introduit quelque chose de lui-même, de Son Christ, en nous personnellement et individuellement sur cette terre, comme Son oeuvre, ce commencement a été celui de Dieu, accompagné de manifestations de profondes joie et gratification, en ayant l’assurance que cela vient de Dieu et non de l’homme. Et lorsque Dieu réalise cela dans une vie, cet individu peut dire « Je ne l’ai pas choisi, c’est Lui qui m’a choisi, de sa propre initiative. Ce n’est pas mon oeuvre, c’est la sienne ; si cela n’avait pas été l’initiative du Seigneur, je n’aurais jamais été là aujourd’hui ».
    Beaucoup peuvent dire que ce qu’il a commencé à faire, Il l’a continué. J’ai erré, chuté même, mais je suis ici aujourd’hui parce que Dieu a tout commencé et ça va continuer parce que cela a démarré dans la gloire et la gloire n’est pas dépendante de ma nature variable. C’est son Fils, Il a planté Son Fils, Il a oeuvré et oeuvre encore tout au long de ma vie sur la base de Christ, pas du tout sur ma base à moi.
    Quand à la fin, j’en arrive à la plénitude de Sa gloire à laquelle Il m’a appelé, je dirai : Il l’a fait, ce fut l’oeuvre du Seigneur, pas la mienne ; Il l’a accompli ! Dieu travaille sur la base de Son initiation, c’est une des grandes vérités du Nouveau Testament. Dieu a pris l’initiative et Il agit à partir de cette initiative : « Ceux qu’Il a connus d’avance, Il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de Son Fils… » (Romains 8:29).
    Tous nos efforts, notre détermination, seraient futiles si Dieu n’avait pas commencé cette chose Lui-même et établi une fondation pour elle. Si notre obéissance, notre conformité, notre réponse, notre détermination de coeur pour marcher avec Dieu, si tout cela n’était pas basé sur ce que Dieu a établi, ce serait totalement vain ; il s’agit simplement de venir au Roc. Loué soit Dieu, le Roc est là, ce Roc est Christ. Il l’a fait, et à cause de nos déviations, nous revenons vers Lui ; à cause de nos échecs, nous nous relevons.
    Nous sommes honteux, nous sommes peinés, nous subissons la discipline, mais nous ne sommes pas rejetés. Dieu a démarré ceci dans la gloire ; la gloire de Sa grâce. Dieu part sur la base de ses commencements pour développer ses activités futures jusqu’au bout, et parce que Christ est le commencement de tout, la fin sera Christ, et la fin est Christ parce qu’il fut au commencement. Dieu a commencé avec nous dans la gloire.
    Combien d’entre nous peuvent dire « Oui, je sais bien cela. Je sais qu’à un certain point au début, quelque chose s’est passé et les conséquences en furent une grande joie, une grande paix, une grande satisfaction ». C’était tout simplement la gloire. J’ai commis souvent cette terrible erreur d’en perpétuer les effets, les belles émotions que j’avais à ce moment-là, et j’ai oublié le fait même de Christ, mais je connais quelque chose de la gloire, et chaque fois que Dieu essaye d’amener plus de la présence de Son Fils dans nos vies, cela se reproduit.
   Peut-être que, à ce niveau, une controverse existe entre le Seigneur et nous, à cause de question sans réponse. Il y a comme une dispute entre le Saint-Esprit et nous. Nous temporisons, nous désobéissons, nous sommes lents, nous ne nous préparons pas à la bataille. Nous n’avons ni paix ni repos, ni satisfaction, nos vies sont déviées, la gloire quitte notre visage et notre témoignage. Et puis, le jour vient où, sous la contrainte insistante du Saint-Esprit, nous disons : je vais tenir ferme ! Nous entrons et fermons la porte, en disant : c’est fini, quelque chose d’autre doit se passer. Nous nous plaçons devant le Seigneur et il y a une bataille, dure parfois, mais on est vainqueur. Nous donnons sa vraie place au Seigneur, nous mettons de côté nos volontés, nos désirs, etc. Nous saisissons la main du Seigneur en disant : c’en est fini, maintenant Seigneur, Ta volonté, Ton chemin. La gloire est de retour, oui, gloire, paix, satisfaction.
   Toute nouvelle et plus grande plénitude du Seigneur Jésus dans un domaine s’accompagne de gloire. Combien nous passons à côté de la gloire en laissant le combat se prolonger, lorsque nous ne prenons pas la situation à bras le corps !
   Nous nous faisons voler la gloire. Nous sommes lents à apprendre. De Son Fils et de la place prise par Son Fils, dépend la gloire qui demeure. S’Il pouvait avoir toute la place, la mesure de gloire dans nos coeurs serait immense. Les circonstances ne changeront peut-être pas du tout. La dureté des situations, les difficultés sur notre chemin seront toujours là. Les choses, les gens, le travail ne changent pas, mais l’état intérieur est différent. Dieu ne fera peut-être même rien à l’extérieur tant qu’Il ne prendra pas sa position à l’intérieur ; ce délai d’attente vient peut-être du fait que nous ne nous glorifions pas encore de nos infirmités. Nous voulons la gloire en étant délivrés de ces choses, mais nous n’acceptons de nous glorifier en elles.
    Le Seigneur nous amène dans la gloire et amène la gloire dans notre être intérieur, la gloire est Christ.
« Des choses glorieuses sont dites sur Toi, Cité de Dieu ».
« Nous montons sur le Mont Sion, vers la cité du Dieu vivant ».
« A Lui soit la gloire dans l’Eglise et en Christ Jésus dans toutes les générations pour
l’éternité ».


VI - LA GLOIRE EN OPÉRATION CACHÉE

« Des choses glorieuses sont dites sur toi, O Cité de Dieu » (Psaume 87:3). 

« A Lui soit la gloire dans l’Eglise et en Christ Jésus de génération en génération pour toujours et à jamais » (Ephésiens 3:21).
« ... pour célébrer la gloire de Sa grâce qu’il nous a accordée en Son bien-aimé » (Ephésiens 1:6).
 « … afin que nous servions à célébrer Sa gloire, nous qui avons espéré en Christ » (Ephésiens 1:12).

    Notre sujet concerne les caractéristiques de Sion ; autrement dit, les caractéristiques de Christ transmises et placées en Son propre peuple. Nous en arrivons maintenant aux gloires de Sion, ou à la gloire en relation avec Sion.
    Nous avons vu dans le chapitre précédent que ce thème de la gloire revêt trois aspects :

1- la gloire dans l’initiation divine,
2- la gloire en opération cachée,
3- la gloire dans la manifestation finale.


A - Dans la vie de Christ sur terre, la Gloire est cachée

    Dans ce cas seulement, la gloire est dissimulée. Seul le Ciel la voit, mais elle est cachée. Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que les bergers et les mages ont pensé, ce que les autres gens ont pensé, eux qui devaient savoir que le Seigneur Jésus viendrait avec la gloire céleste quelques années après ? Bien sûr, nous ne savons pas si les bergers ont pris la peine de suivre l’évolution de ce bébé. Le bébé venait de Bethléem, changea de lieu et grandit pendant trente ans principalement dans l’isolement ; et, année après année, il est fort probable que ces bergers ont dit « Ce fut une nuit fantastique qui était porteuse de merveilleuses promesses, mais où cela a-t-il mené ? ».
   Ceux de l’Orient ont sans doute posé la même question « Pourtant, nous ne nous sommes pas trompés, il y avait une étoile qui nous a conduit au lieu où se trouvait l’enfant. Nous avons ouvert nos trésors et déclaré qu’Il est le Roi – mais que lui est-il arrivé, nous n’avons plus entendu parler de Lui depuis 30 ans ? ».
    C’est peut-être un produit de l’imagination, mais si c’est le cas, cela nous aide à voir que non seulement durant 30 années, mais pendant les 33 années et demi, toute la gloire était cachée, ou cachée en grande partie, sauf pour des choses significatives ici ou là, comme un miracle quand Il manifesta Sa gloire, ou sur le Mont de la Transfiguration.
    Mais pour ces évènements occasionnels, la gloire n’était pas vue par les hommes ; elle était cachée. Elle n’était pas partie, il n’y avait là pas moins de gloire qu’au commencement, mais elle était cachée. Elle n’était ni reconnue, ni discernée, ni perçue par le monde et par la grande majorité de ceux qui étaient en contact avec Lui ; la gloire était dissimulée.


B - Le Ciel était en mesure de voir la Gloire

    Mais le Ciel était très intéressé ; l’enfer également. L’intérêt manifesté par le Ciel lors de la naissance de Jésus est demeuré le même. Après la tentation dans le désert pendant 40 jours et 40 nuits, les anges vinrent Le servir. Les anges savent ce qu’il en est et sont très concernés. Ils ont proclamé « Gloire au plus haut des cieux ! ». Ils continuent à être attentifs. Et à la fin, les anges sont au tombeau. Ils sont toujours dans l’attente. Le Ciel voit ce que personne ne voit. Le Ciel sait ce que personne ne sait. Le Ciel observe et constate. Que voit et que constate le Ciel? La Gloire ! Mais comment ? La gloire agissait de manière cachée ; le Ciel pouvait voir cette gloire de plusieurs manières.
    Chaque nouvelle tentation, chaque nouvelle épreuve, chaque nouveau piège tendu devant Lui, chaque nouvelle souffrance qui l’assaillait, chaque nouvelle crise, chaque fois que l’une ou l’autre alternative se déroulait, un triomphe ou un échec, chaque fois le Ciel observait pour voir comme la gloire remporterait la victoire et triompherait. La Gloire devenait quelque chose de bien plus intérieur, de bien plus réel, de bien plus important que des rayons dans un halo de lumière. Elle devenait une puissance, un facteur déterminant. J’oserais dire que toute la vie terrestre du Seigneur Jésus tournait autour de savoir si la gloire se maintiendrait ou si elle disparaîtrait, si elle serait voilé, s’il pouvait Lui arriver ce qui est arrivé à l’ancienne Jérusalem, quand, à cause d’une rupture et d’un échec, les prophètes virent la gloire s’élever au dessus de Jérusalem et disparaître. La question est de savoir comment la gloire va se manifester et se maintenir. Ce fut une oeuvre intérieure, une oeuvre secrète, qui fut testée et éprouvée dans Sa vie intime.
    Tout est résumé dans le fait que, sur le Mont de la Transfiguration, le Seigneur Jésus n’a pas été glorifié mécaniquement et automatiquement, mais manifesté glorieusement dans la plénitude. A cause du triomphe de Sa foi jusqu’à ce point, Lui qui, au lieu de la joie qui lui était réservée, s’est humilié, a enduré la croix et supporté la honte. Cette glorification du Seigneur Jésus est survenue parce qu’Il avait atteint un tel niveau de perfection morale que la gloire a soudain éclaté. C’était l’état et la condition de Sa vie intime avec Dieu qui a émergé sur le Mont de la Transfiguration. Comme nous le verrons, c’est la base de toute glorification.


C - La Gloire cachée dans l’Eglise

    A propos de l’Eglise, quel jour fut le jour de la Pentecôte ! Les cieux se sont à nouveau ouverts, la gloire est descendue et a été proclamée. Combien cela a-t-il duré ? Peu de temps avant que la gloire ne se cache à nouveau. La gloire ne s’est pas éloignée, elle n’était pas partie, mais le jour de Pentecôte ne s’est pas prolongé longtemps dans ses caractéristiques extérieures. L’Eglise a perduré et beaucoup ont posé la question : Qu’en est-il de ces débuts si prometteurs ?
    Pourquoi le jour de la Pentecôte a-t-il eu lieu ? Où en est-on ? Les choses ont changé, on ne voit plus ce qu’on voyait avant, on ne les discerne plus !
    Un changement s’est opéré sur l’Eglise, la gloire est à l’intérieur et est cachée. Dîtes-moi, si le monde considère l’Eglise, peut-il voir la gloire de la même façon la nuit de la naissance du Christ et le jour de la Pentecôte ? Le monde est-il capable de voir cette sorte de manifestation de gloire extérieure ? Non ! Il verrait cette gloire s’il avait des yeux, mais il ne voit pas et c’est caché aux yeux du monde. N’est-ce pas vrai pour chaque chrétien individuellement ? Comme nous le disions, les initiatives de Dieu dans la vie de l’individu sont glorieuses.
    A notre conversion, notre nouvelle naissance, nous venons au Seigneur, et les marques de la gloire sont bien présentes : joie, paix, satisfaction. Le seul mot qui exprime ces premiers jours de la vie chrétienne, c’est gloire. Mais cela ne continue pas ainsi. Loué soit Dieu que ça ne continue pas ainsi toute la vie. Bien sûr qu’il en reste des traces, mais ça ne dure pas comme ça. Les choses changent et les problèmes, les questions, les conflits, les accusations surgissent. Il nous dira que ce n’était qu’une illusion, une émotion, une contrefaçon ; ou que nous avons péché et attristé le Saint-Esprit, parce que les choses changent.
    La gloire ne s’est pas éloignée car la gloire c’est Christ. Mais quelque chose a changé. La Gloire s’est cachée. Elle est présente, active, opérationnelle, mais elle opère de manière cachée.


D - La Gloire opère dans la grâce

    Comment la gloire opère-t-elle dans cette phase de transition entre l’initiation dans la gloire et l’accomplissement qui va venir ?
    La gloire est ici, mais comment opère-t-elle ? Les opérations cachées de gloire se font dans la grâce, « La gloire de sa grâce ». La grâce est la base des opérations de gloire. La Gloire est liée à la grâce. C’est bien clair dans cette parole d’Ephésiens « à la louange de la gloire de Sa grâce ». « Il nous a choisis en Lui… nous ayant prédestinés à être adoptés comme ses fils… à la louange de la gloire de Sa grâce… jusqu’à la fin afin que nous soyons une louange à Sa gloire », la gloire opérant dans la grâce.


E - La grâce, attitude divine envers nous

    La grâce dans le Nouveau Testament revêt trois aspects. Premièrement, la grâce comme attitude divine envers nous ; c’est ce que nous pensons généralement quand nous parlons de grâce, la grâce de Dieu, l’attitude bienfaisante de Dieu à notre égard. Ici nous sommes en situation de perdre pied. Cette grâce de Dieu nous porte au-delà de nos forces et de ce que nous pouvons supporter : « Il nous a choisis en Lui depuis la fondation du monde », et « Il nous a prédestinés à être ses fils d’adoption par Jésus-Christ » (Ephésiens 1:5).
    Le Psaume 139:16 nous dit « Sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux n’existe ». Il savait ce qui arriverait, le genre de vie que nous mènerions. Il connaissait chacune de nos journées avant qu’elles n’existent. Il connaissait d’avance les défaillances d’Israël, Il savait qu’un jour Israël se détournerait de Lui pour offrir de l’encens aux idoles et passer leurs fils par le feu pour adorer Moloch. Il savait tout, et Il a choisi Israël et Il a inscrit Israël dans Son livre avant son existence.
    Comment expliquer tout cela ? Nous perdons pied, nous ne pouvons ni l’expliquer ni le comprendre. Pourquoi m’a-t-Il choisi en Christ et puis, en nous donnant un corps, faire ce que nous avons fait et suivre notre chemin en Le déshonorant ? Ce sont des problèmes qui vont au-delà de notre mentalité, de nos pouvoirs mentaux. Il y a une réponse dans la Bible, et là, nous sentons nos genoux défaillir « … afin que soyons à la louange de Sa gloire, nous qui auparavant avions espéré en Christ ».
    Qui voit cela sinon le Ciel et l’enfer ? Que voit le monde de tout cela ? Il est possible qu’il demeure des traces de l’oeuvre de grâce divine, mais le monde ne peut apprécier la grâce de Dieu, ni la voir. Il nous faut Christ pour connaître la grâce de Dieu, et il faut Christ pour glorifier Dieu, et c’est aussi la gloire dans l’Eglise et en Christ Jésus dans toutes les générations et pour toujours.
    Oui, il s’agit bien de la gloire en termes de grâce comme attitude divine envers nous. Nous ne pouvons pas l’expliquer. Pourquoi nous a-t-Il choisis toi et moi ? Songez-y. Allons-nous dire quelque chose de ce genre « Je sais pourquoi Il m’a choisi, Il avait une bonne raison de me choisir ; il y avait cela me concernant qui a justifié son choix ? ». Si c’est votre cas, vous ne connaissez rien de la grâce de Dieu, et vous ne pouvez pas rendre gloire à Dieu. Plus vous êtes prêts à dire que c’est par cette attitude divine de grâce envers moi, plus vous pourrez le dire du fond de votre coeur, et plus vous pourrez glorifier Dieu.
    N’est-il pas étrange de constater que nos personnes misérables, corrompues et défaillantes sont souvent un moyen de cacher Sa gloire plutôt que de la manifester ? Nous nous focalisons sur nos pauvres et misérables personnes, au lieu de dire tout le temps « Oh, pour moi, la grâce de Dieu est merveilleuse ! ».
    La gloire, en termes de grâce, est inexplicable, insondable, mais pour cette raison, si merveilleuse.


F - La grâce, puissance divine

    Le Nouveau Testament nous parle d’un deuxième aspect de la grâce, à un autre niveau : la grâce comme puissance divine. Non seulement, la faveur ou l’attitude divine, mais la puissance divine.
    Paul nous parle de sa faiblesse, de son infirmité, et comment il a apporté cela devant le Seigneur en l’interrogeant sur cette faiblesse et sur cette infirmité, qui lui causaient tant de soucis. Le Seigneur n’en a rien dit, mais Il a dit : « Ma grâce te suffit » (2 Corinthiens 12:19). Il y a beaucoup d’exemples dans le Nouveau Testament sur la force vitale et la puissance divine de la grâce.

G - La grâce de Dieu envers nous demande une mise à nu

    Tous ces aspects sont liés à une certaine exigence. S’il s’agit de grâce comme une attitude divine à notre égard, alors nous devons être mis à nu. Nous n’apprécierons jamais cette attitude de la part de Dieu tant que nous ne serons pas nous-mêmes exposés. Pourquoi le cours de notre vie est, d’un certain point de vue, une histoire de dépouillement de nous-mêmes, en nous laissant stérile et en extirpant du plus profond de nous-mêmes la corruption au point de pouvoir dire « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair » (Romains 7:18) ? Pourquoi Dieu cherche-t-il tout le temps à nous condamner et à nous entraîner au plus profond sur le terrain de la condamnation ? Cherche-t-Il par notre propre état de péché à nous rendre misérables ?
    Non, la mise à nu est demandée pour que la gloire s’amplifie dans cette attitude divine à notre égard. Il nous dit « Tu vois ce qui est vrai en toi ; pourtant, je t’aime ; Tu vois la profondeur d’iniquité qui existe en toi ; pourtant, Mon attitude envers toi est grâce. Tu vois ce dont tu es capable ; pourtant, Je ne me détourne pas de toi, au contraire, Mon attitude est celle d’une compassion infinie, d’une patience infinie. Mon attitude reste remplie de grâce ».
    La mise à nu est demandée et lorsque la grâce doit revêtir la forme d’une puissance divine, il y a une autre exigence qui est requise : l’épreuve, l’affliction et la souffrance.


H - La grâce, puissance divine requiert la souffrance

   De nombreuses souffrances qui sont le lot des chrétiens, n’auraient jamais existé s’ils n’avaient pas été chrétiens. Nous connaissons des afflictions et des épreuves, simplement parce que nous appartenons au Seigneur, qu’Il nous a rachetés, nous a cherchés et parce que nous Lui appartenons ; alors, nous souffrons, nous sommes dans l’épreuve et l’affliction.
   Nous connaissons la faiblesse et l’adversité et nous savons ce que signifie être au bout de nos moyens et de nos ressources, et c’est l’exigence pour connaître la gloire de Dieu en termes de grâce. J’espère pouvoir toujours le croire ; j’espère pouvoir garder cela en moi comme du cristal pendant les heures sombres de mon existence, ce temps terrible d’affliction. Mais, je le vois dans le Nouveau Testament, je le vois dans ces hommes, je le vois dans le Seigneur Jésus. Je vois que la gloire agit de manière cachée comme cela.
    Oh, ces personnes passent à travers, mais la grâce de Dieu est merveilleuse, la grâce de Dieu les élève constamment, les ramenant au point de départ et les gardant malgré tout. Vous pensez qu’ils ont disparu cette fois-ci mais ils reviennent. Il y a ce bouchon permanent qui saute toujours à nouveau ; la grâce, force de vie, puissance divine.
    Considérez le Seigneur Jésus et constatez si ce n’est pas une réalité. Considérez l’Eglise et voyez si ce n’est pas vrai. Regardez à notre histoire, examinez notre coeur et voyez si ce n’est pas vrai. C’est cela, la gloire. Elle est bien différente de l’idée que nous avons sur les anges qui chantent un choeur céleste sur la gloire. C’est quelque chose qui entre et qui perce, qui agit puissamment en sous terrain et qui nous voit victorieux.


I - La grâce liée à la nature divine

   Ensuite, le troisième aspect de la grâce est en relation avec la nature divine. Des choses concernant la grâce nous font penser à ce que nous appelons la bienveillance et la miséricorde, c’est-à-dire l’émergence de la nature divine et de la ressemblance divine sous l’effet de la provocation. Quel dommage que les traducteurs n’aient pas toujours été capables de traduire ces mots de Pierre « Si vous supportez la souffrance, en faisant ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu » (1 Pierre 2:20) !
    Ne me dites pas que la gloire n’est pas derrière tout ça ! Lorsque vous souffrez injustement, indirectement, que vous êtes calomnié, persécuté, agressé sans vrai motif, en tant que chrétien et que vous n’êtes pas aimé pour une raison ou une autre, certainement pas parce que vous n’êtes pas aimable, vous savez bien qu’il y a quelque chose de plus qui permet de supporter patiemment la souffrance : la grâce reliée à la nature divine.

J - L’exigence d’une maîtrise de soi

« Lorsqu’Il fut injurié, Il ne rendit point d’injures ; lorsqu’il fut maltraité, il ne fit aucune menace » (1 Pierre 2:23).

    C’est votre réaction à la souffrance, votre réaction à l’agression, votre réponse au mauvais traitement des gens, sans aucune raison devant le Seigneur et certainement pas parce que vous avez fait une erreur ou que vous en êtes responsable. Est-ce que votre réaction est identique à la Sienne ? Il ne répondit ni aux injures ni aux menaces ; Il ne fit preuve d’aucun ressentiment, d’aucun esprit de revanche : « Seigneur, pardonne-leur » (Luc 23:34), «Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Actes 7:60). Ainsi en est-il de la grâce, qui glorifie Dieu : c’est la gloire de Dieu, la gloire de Christ.
    C’est vrai que c’est quelque chose de caché. Nul ne sait la bataille qui est engagée. Combien cette cruauté, cette injustice, ce mal, a remué en vous ce qui est amer, et oeuvre dans notre nature pour que nous disions des choses piquantes, et vous avez eu une vraie bataille intérieure dans la prière et le combat – et personne ne voit rien de tout cela.
    Un esprit doux et tranquille où l’intérêt personnel a été soumis, toute cette vie propre a été soumise dans la bataille, et vous en sortez sans que quiconque puisse discerner quoique ce soit. C’est la grâce, la gloire, la gloire en terme de grâce. Mais c’est caché, une bataille secrète, l’histoire de quelque chose que personne ne connaît ; tout ce que le Seigneur Jésus a connu avec Son Père dans le secret derrière le voile.
    Oui, la gloire du Seigneur Jésus se trouve dans la manifestation de la grâce divine au dessus de l’épreuve et de la persécution. Ainsi en est-il avec Ses saints, Ses serviteurs et son Église, avec toi et moi. « Des choses glorieuses sont dites sur toi, ô Cité de Dieu », mais c’est le genre de chose glorieuse que nous n’apprécions pas toujours, et pourtant il s’agit de la même gloire. La gloire des anges qui ont chanté le jour de Sa naissance n’est pas différente de celle que les cieux ont contemplé à Gethsémané. C’est la même gloire, mais Dieu oeuvrait intérieurement afin qu’à la fin, cette gloire première puisse éclater comme quelque chose qui a été préparée par l’épreuve, par l’adversité, par l’affliction, par tous ces moyens en nous afin de participer à Sa gloire, de partager Sa gloire et que la Grâce soit nôtre. « L’Éternel donne la grâce et la gloire » (psaume 84:12), ils vont toujours ensemble, pour maintenant et de temps en temps, mais un jour ce sera toute la gloire.

VII - La manifestation finale de la Gloire

« Des choses glorieuses sont dites sur toi, ô Cité de Dieu » (Psaume 87:3).

« Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la Cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le choeur des anges, de l’assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux, de Dieu le Juge de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection » (Hébreux 12:22-23).

« J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des Fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité – non de son propre gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise – avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Car, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création toute entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement » (Romains 8:18-22).

« Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais la gloire des choses célestes est différente de la gloire des choses terrestres ; autre est l’éclat du soleil, autre est l’éclat de la lune et autre est l’éclat des étoiles ; même une étoile diffère en éclat d’une autre étoile. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel… Ce que je dis, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité. Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés en un instant, en un clin d’oeil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. Lorsque ce sera le cas, alors s’accomplira la parole qui a été écrite : La mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. Mais, grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Corinthiens 15:40-44,50-57).

« Quand Christ, qui est notre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec Lui dans la gloire » (Colossiens 3:4).

« … afin de faire paraître devant Lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible » (Ephésiens 5:27). Nous avons été engagés avec la gloire dans l’Eglise et en Christ Jésus. 

    Au chapitre 5, c’était la gloire dans les initiatives divines. Au chapitre 6, c’était la gloire en opération cachée. A présent, c’est la gloire dans sa manifestation ultime.
    Les passages que nous avons lus sont tous en rapport avec cette manifestation finale de gloire. Il existe encore bien d’autres passages de l’Ecriture qui sont en rapport avec cela.


A - La Création soumise à la Vanité

   Il nous faut tout d’abord revenir à cette déclaration de l’apôtre dans Romains 8. Il déclare que Dieu, par un acte souverain, a soumis jusqu’à un certain point, la création à la vanité : « La création a été soumise à la vanité, non de son plein gré… » (Romains 8:20). Dieu oeuvrait contrairement à ce que la création voulait et désirait, « non de son plein gré, mais à cause de Celui qui l’y a soumise, avec l’espérance… ».
   Mais ce qui est déclaré est que Dieu a agi souverainement pour soumettre la création à la vanité. Le mot « vanité » ici ne convient pas tout à fait au sens réel exprimé par le mot «déception » – pas seulement la déception, mais la misère et la désillusion qui accompagne cette déception profonde. Dieu a délibérément soumis la création à une misère de déception et de désillusion. Cette dernière a une raison d’exister ; elle cesse de répondre à ce but, à ce rendez-vous, qui était de manifester la nature de Dieu, car c’est dans l’expression de Sa nature
que se trouve la gloire de Dieu. La gloire, c’est quand Dieu est satisfait dans l’essence de son existence et de Sa véritable nature. Et la création a cessé de fonctionner conformément à l’expression de la nature et de la satisfaction de Dieu pour Sa gloire. Ainsi Dieu a imposé son embargo sur la création et a mis sur elle l’empreinte d’une force de déception et de désillusion, une destination non seulement manquée mais impossible à réaliser dans son état d’existence.
    Nul besoin d’argumenter longtemps pour prouver que cette déception repose sur toute cette création. Plus la création avance, plus grande est la déception, plus intense, plus terrible et plus grande est la misère. Mais le plus important est de savoir que c’est un acte souverain de Dieu d’amener la création à ce niveau de déception, de désillusion et de misère.

B - Le processus évolutif d’une création qui soupire

   Le deuxième point souligné par l’apôtre ici est qu’il existe une oeuvre évolutive dans cette création qui gémit. Tout d’abord, la création « souffre les douleurs de l’enfantement ». Et puis, il y a quelque chose qui se produit, qui évolue et qui cause toute cette douleur et ce trouble et qui est imputable à cette situation.
  Ces gémissements et ces douleurs sont comme des prophéties annonciatrices de futurs évènements  : « Toute la création éprouve les douleurs de l’enfantement ».
    Ensuite, l’apôtre dit que « nous-mêmes aussi, qui sommes les prémisses de l’Esprit, nous gémissons en nous-mêmes ». « Les premiers fruits de l’Esprit », il s’agit d’une autre sorte de gémissement, celui qui est à l’intérieur du plus profond de la création.
    La création ne gémit pas de la même manière dont nous gémissons. La création ne gémit pas pour la même raison que nous. Elle n’a pas les prémisses de l’Esprit. Nous, oui. Quels sont ces prémisses ou ces arrhes de l’Esprit ?

C - Les prémisses (ou premiers fruits) de l’Esprit

« L’Esprit de Dieu demeure en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas » (Romains 8:9-10). 

    Nous avons les prémisses de l’Esprit ; premièrement, l’Esprit demeure avec nous. Ensuite, « tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Romains 8:14). Les prémisses de l’Esprit – ceux chez qui l’Esprit demeure sont conduits par l’Esprit. Ensuite, «l’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et co-héritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui » (Romains 8:16-17).
    L’Esprit rend témoignage que nous sommes enfants de Dieu. Les premiers fruits de l’Esprit – demeurant, conduisant, guidant et rendant témoignage. Nous, qui avons ces prémisses, nous découvrons par ces choses, par l’habitation de l’Esprit, par la conduite de l’Esprit, par le témoignage de l’Esprit, que nous sommes enfants de Dieu ; par ces choses nous nous voyons gémir. Pour quoi ?
   Nous avons les premiers fruits de l’Esprit. Ce ne sont pas tous les fruits de l’Esprit. Ils ne sont simplement qu’une espèce d’indication de quelque chose de plus, de plus complet, et, par l’opération du Saint-Esprit en nous, il se produit une insatisfaction divine par rapport à notre état spirituel ; ou, pour le présenter autrement, une aspiration très forte pour quelque chose se fait jour.
    Les premiers fruits montrent la direction de la pleine moisson et indiquent qu’il y a bien plus. Quoi ? Les prémisses indiquent la fin de l’oeuvre du Saint-Esprit « que nous puissions être glorifiés avec Lui ». Et puis l’apôtre se tourne vers la création elle-même, et dit que toute la création est dans un état de dépendance par rapport à ce qui va se faire par l’opération du Saint-Esprit en nous : « La création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu » (Romains 8:19).
    La création soupire et souffre les douleurs de l’enfantement, en attendant la révélation des fils de Dieu, en attendant que l’Esprit ait fait son oeuvre et suscité quelque chose de glorieux en termes de filiation pour la satisfaction de Dieu.

D - La création doit être libérée de l’esclavage

    Et lorsque Dieu eut achevé la création, l’apôtre continue en disant « la création elle-même sera aussi affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Romains 8:21) ; c’est la gloire et la liberté, la libération, des fils de Dieu. L’esclavage dans la création, la servitude en nous tous, dirigés vers une glorieuse manifestation, et ensuite, lorsque le rendez-vous de la création sera réalisé, la création toute entière sera délivrée, Dieu aura atteint son but, « Aussi la création attend elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu ».
   L’expression « ardent désir » est utilisée ici avec force ; c’est l’image de quelqu’un qui est aux aguets, suspendu, dans une grande expectative, surveillant l’horizon, excité par ce qu’il attend, comme si tout dépendait de ce qui va apparaître bientôt. Les yeux, l’attention, l’être tout entier concentrés vers l’horizon, dans une grande attente de ce qui va venir. L’apôtre utilise cette image en disant qu’il en est ainsi de la création – attente fébrile, suspendue, concentrée sur la manifestation des fils de Dieu, parce que sa libération dépend de cette manifestation.

E - La manifestation de la Gloire

    Ainsi, nous sommes conduits vers la manifestation elle-même, la manifestation de gloire ultime et finale. Mais arrêtons-nous un moment sur le mot « manifestation ». Il n’est pas question ici de création de la gloire, mais de sa manifestation. Ce qui signifie que quelque chose s’est déjà passé, existe déjà, quelque chose est déjà à l’oeuvre. Ce qui nous ramène au chapitre précédent – l’oeuvre puissante de grâce, de gloire en termes de grâce, « Pour la gloire de sa grâce ».
   Une oeuvre se produit en nous par l’Esprit, pour nous changer, nous transformer, nous faire participer à la ressemblance de Christ et à Sa nature divine, et pour l’exprimer au travers de l’épreuve, de l’adversité, de l’affliction et de la souffrance – oui, c’est toute cette grâce en termes de gloire, toute cette gloire en termes de grâce, qui sont produites. La gloire existe de manière cachée. Chaque victoire de la grâce de Dieu en nous est à Sa gloire, Sa gloire en essence agissant en nous. Et puis ce qui est caché s’est produit secrètement, toute cette formation de l’Esprit, toute cette transformation de l’Esprit, toute cette oeuvre profonde de l’Esprit, tout ce qui constituait Christ par l’Esprit, se manifeste pleinement, la manifestation dans la gloire.


F - Quand la manifestation aura-t-elle lieu ?

    Si c’est la gloire dans l’Eglise, si elle est l’élue, prédestinée, choisie en Christ, si ce sont ces fils qu’il a choisis en Christ avant la fondation du monde, la manifestation de gloire doit attendre et se synchroniser avec le moment où le nombre des élus et l’apport du dernier membre de cette Église seront achevés et complétés. La venue de Christ est en relation avec cela, en connexion avec la manifestation de cette gloire.
    Bien que, bien sûr, elle dépende de nos progrès spirituels, le nombre d’élus dépend surtout de notre coopération avec le Saint-Esprit ; Dieu sait très bien qui ils sont, nous ne le savons pas. D’où la nécessité d’être conduit par l’Esprit, comme Philippe qui fut conduit dans le désert pour trouver un homme, un homme très stratégique.
    Vous pourriez décider d’aller quelque part et de rassembler une grande foule, et parce que vous êtes en dehors du temps de Dieu ou pour une autre raison, vous ne rassemblerez aucun élu malgré vos efforts. Si le Saint-Esprit vous conduit réellement, soyez toujours sûr qu’Il est à la recherche d’un élu.
   Il sait exactement où se trouvent les élus. Le point important est que nous soyons dans l’appel et dans l’urgence d’entrer dans les affaires de l’Esprit, pour chercher et trouver les élus, car la gloire attend la manifestation des fils de Dieu.
   Mais il y a encore plus dans cette expression « manifestation des fils de Dieu ». Les fils ont tous été connus et choisis avant la fondation du monde, mais Il n’a jamais dit qui ils sont, à personne. Seul Lui le sait. C’est le secret de Dieu, Il connaît ceux qui font partie de Son Église. Ceux qui en font partie ne sont pas seulement ceux qui seront sauvés finalement, mais Lui seul sait qui ils sont.
    Mais quand la manifestation se produira, ce sera une révélation de tout ce qu’Il a toujours su. De toute éternité, Il a connu Son secret, Ses élus, Ses choisis, et ils seront manifestés. Bien sûr, cela implique beaucoup de sujets difficiles.
   Pour être simple, tout d’abord, la manifestation des fils est en attente de l’assurance des fils. Il devrait y avoir une sérieuse conscience de responsabilité pour coopérer avec le Saint-Esprit dans le but de rassembler jusqu’au dernier membre parmi les élus.
    Nous devrions voir au-delà s’il y a peut-être un élu en Christ avant la fondation du monde avec l’instrument du Saint-Esprit opérant au travers de nous ; il devrait y avoir sur nos coeurs une nouvelle passion pour atteindre les perdus, ceux qui n’ont pas encore été réunis, pas seulement des personnes sauvés de l’enfer, mais qui font le plaisir de Dieu et qui apportent une liberté de la création par la manifestation de ces fils. Ensuite, la manifestation des fils se produit quand l’oeuvre de la grâce est achevée en nous. Il nous faut penser à l’Eglise comme un tout.
   Évidemment, je ne peux pas porter toute la souffrance qui existe, toute l’adversité et l’épreuve, c’est pourquoi je ne peux pas engloutir toute la grâce de Dieu. Mais, vous pouvez souffrir avec moi, vous pouvez la partager, et vous pouvez y ajouter quelque chose par votre souffrance, et je peux y ajouter quelque chose à la tienne, et nous pouvons tous ajouter quelque chose par nos souffrances mutuelles. J’ai besoin de vos souffrances pour atténuer les miennes. Tu souffres mais tu ne souffres pas seul. Tu souffres pour mon bien et je souffre pour ton bien, et tu vas partager mes souffrances comme je vais partager les tiennes, pour réaliser la somme de perfectionnement, non seulement d’individus mais d’individus faisant partie d’un tout. C’est l’Eglise qui sera perfectionnée. J’ai besoin de ta souffrance pour aider la mienne. J’ai besoin de ta grâce dans la souffrance pour aller avec la mienne et vice versa.
   C’est l’Eglise qui doit arriver à la perfection, et un seul membre ne peut pas recevoir toute la gloire, c’est pourquoi un seul membre ne peut recevoir toute la souffrance. Il s’agit de quelque chose de mutuel, d’un partenariat dans la souffrance, pour que nous soyons ensemble dans la gloire. Nous serons glorifiés ensemble. C’est le perfectionnement de grâce dans l’Eglise. Que Sa grâce est immense ! Cela me coûterait tellement de connaître Sa grâce en totalité : nous la partageons entre nous, la grâce perfectionnée dans le Corps, dans une compagnie.
   Ne serait-ce pas l’explication d’une intensification des tribulations à la fin des temps ? Pourquoi celles-ci doivent-elles s’intensifier à la fin ? Pourquoi ces choses terribles de l’Apocalypse où l’ennemi va vaincre les saints pour un temps ? Mais ce n’est pas la fin. Oui, à la fin, il y aura beaucoup de tribulation, mais aussi une augmentation de la grâce, de la victoire et de la gloire. Ainsi la gloire sera manifestée lorsqu’il y aura un nombre suffisant d’élus, qui connaîtront pour ainsi dire la grâce de Dieu au niveau le plus haut possible.

G - La Gloire de Son apparition

    Arrive bien sûr l’évènement. Je ne crois pas que la venue du Seigneur ne soit qu’un incident isolé et factice, quelque chose comme un évènement dans un calendrier divin.
    Ce fait est relié à toutes les choses dont nous avons parlées. L’apparition du Seigneur dépend de l’achèvement des élus. Elle dépend d’une oeuvre de grâce qui a rendu possible la manifestation de gloire parce que c’est une base pour la glorification. La gloire ne va pas exister bon gré mal gré. Elle a ses exigences.
    Ensuite, la venue du Seigneur est une venue, un avènement et nous voyons beaucoup la gloire liée à Son apparition. Vous remarquerez que la venue du Seigneur revêt deux aspects. La première est Son apparition, une apparition en gloire. Lui-même posait la question « Qu’en sera-t-il quand vous verrez le Fils de l’Homme venir dans la gloire de Son Père avec Ses anges ? ». Son apparition dans la gloire.


H - La Gloire de l’Enlèvement

    Il y a d’un côté Son apparition, de l’autre côté, l’Enlèvement lors de Son apparition. « Voici je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés en un instant, en un clin d’oeil… » (1 Corinthiens 15:51), que nous soyons ici bas ou ressuscité là haut. Voila l’Enlèvement qui coïncide avec Son apparition, et avec l’apparition, tous ces couronnements. C’est l’apogée de tous les couronnements. Ce merveilleux passage de 1 Corinthiens 15 parle des gloires de la résurrection : « Une gloire pour le soleil, une autre gloire pour la lune, et une autre pour les étoiles… Ainsi en est-il de la résurrection des morts » (1 Corinthiens 15:41-42). Cette résurrection est glorieuse, et l’apôtre met l’accent sur cela, sur le corps, bien sûr.
    Mais « des choses glorieuses sont dites sur toi, O Cité de Dieu ! », et une des gloires est très attendue, cette corruption qui revêt l’incorruptibilité, ce corps mortel qui revêt l’immortalité ; ce corps naturel qui disparaît, ce corps psychique qui disparaît, et ce corps spirituel qui vient. L’apôtre dit ailleurs « nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de mains d’homme » (2 Corinthiens 5:1). Vous ne pouvez faire quelque chose de spirituel avec vos mains, et vous ne pouvez mettre en pièces quelque chose de spirituel.
    C’est « éternel, dans les Cieux » et « non fait de mains d’homme ». C’est une des gloires de Son apparition et de notre changement, que tout ce que nous connaissons à présent d’affliction, de souffrance, de faiblesse et de limitation dans notre corps, tout ce qui survient sur nous par le moyen de notre humanité brisée, passera lors de Son avènement, et que le corps de gloire arrivera sans rien de pareil, «La mort a été engloutie dans la victoire» (1 Corinthiens 15:54).
    Nous avons souvent repris ces paroles « Grâces soient rendues à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Corinthiens 15:57), comme si cela s’appliquait à notre vie spirituelle ; pourquoi pas ? Mais, ce n’est pas le cas dans ce contexte. Cela s’applique à nos corps. « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire » sur la mort dans nos corps lors de Son apparition. La victoire sur la mort. Oh la mort agit dans ces constitutions. Quelle souffrance et quelle limitation elles nous apportent ! Combien nous gémissons de triompher de ces oeuvres de mort ! L’apôtre dit « O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? ». Nous sommes à présent devenus incorruptibles. Dieu merci, Il nous a donné la victoire ! Nous pourrions nous attarder sur ce sujet bien plus longtemps, mais nous ne le ferons pas.
    Nous garderons simplement en vue ces « choses glorieuses qui sont dites sur toi, O cité de Dieu », et ce sont certaines des gloires. La fin est la gloire. Dieu va conformer chaque chose à Ses commencements. Il commença dans la gloire.
    Le jour où nous sommes venus au Seigneur, la gloire fit irruption en nous. La gloire est passée en oeuvre secrète et cachée, sous forme de grâce tout au long des années de notre vie chrétienne. Elle va percer à nouveau, non pas dans les limites d’origine, mais à la fin, en plénitude, dans une oeuvre de grâce complète et dans une gloire pleinement manifestée.
    Nous sommes appelés à la gloire. Quel est donc notre problème ? Nous pensons que ce sera tout sauf la gloire. Que nous sommes misérables, combien souvent nous montrons nos faiblesses, nos échecs et tout le reste ! Nous sommes appelés à entrer dans la gloire, mais nous n’y entrerons jamais à cause de nos propres vertus ou de nos propres valeurs.
    Ce sera par Sa grâce ; à la fin, les personnes qui auront la plus grande mesure de gloire seront celles qui auront eu besoin de la plus grande mesure de grâce et qui le savaient. Si c’est vrai, il y a de l’espoir pour nous. Accrochons-nous à cela et croyons-le !
La gloire est à la fin, Dieu l’a fixée ainsi.

T.A.S.