mercredi 18 mai 2016

La loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ T.A. Sparks* (le livre entier)


Chapitre premier

ADAM ET LA LOI DE LA VIE

Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. (Genèse 3:1-5)

L’Éternel Dieu dit: Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons-le maintenant d’avancer sa main, de prendre de l’arbre de vie, d’en manger, et de vivre éternellement. Et l’Éternel Dieu le chassa du jardin d’Éden, pour qu’il cultivât la terre, d’où il avait été pris. C’est ainsi qu’il chassa Adam; et il mit à l’orient du jardin d’Éden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l’arbre de vie.  (Genèse 3:22-24)

Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. (Romains 8:1-2)
 
                 Plus nous vivons et plus nous pensons aux choses, plus aussi nous sommes assurés que la question suprême, celle qui gouverne tout entre Dieu et l'hommec'est la vie. Notre portion des Écritures nous dit ici que la vie est une loi, et elle nous dit de plus que cette vie est entre les mains du Saint-Esprit : "la loi de l'Esprit de vie..."

                  Une loi est un principe fixé et établi. Elle a des potentialités. Cela signifie que si l'on est ajusté à cette loi et gouverné par elle, certains résultats seront inévitables, --les potentialités qu'elle renferme trouveront très certainement leur expression, dès que cette loi sera établie. Ce que nous trouvons donc ici, c'est que la marque des choses qui sont de Dieu le Saint-Esprit, c'est la vie. Si une chose est de Dieu le Saint-Esprit, elle vivra. Sa caractéristique essentielle sera la vie. C'est une loi, un principe établi. Une chose qui est selon Dieu vivra, parce que la vie même de Dieu est en elle. Cela, en tant que principe, est une règle de direction. C'est un principe pour la direction du peuple de Dieu.

                    Mais il y a encore autre chose que nous devons relever dès le début. C'est que, dans cette question de la vie, qui est un principe établi, la vie est en Jésus-Christ : "La loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ." Les Écritures insistent avec grande force sur ce fait : tout ce qui est de Dieu est en Jésus-Christ. Et puisque la marque de tout ce qui est de Dieu, c'est la vie, la vie est donc en Jésus-Christ, et en Lui seul.

Les sept expressions de la vie en Christ

                    Nous avons donc pour objet de considérer la vie, d'étudier la vie dans les traits qui la composent, ou de chercher comment la vie se développe, de son commencement à sa finet nous verrons, dans la mesure où le Seigneur nous le permettra et nous conduira, que la vie se compose de sept éléments. Ce sont comme les sept couleurs de la lumière que fait ressortir le prisme, et Jésus-Christ est le prisme. Nous en arriverons à voir ce qu'est la vie dans son expression multiple, ce qu'est la loi dans dans la vie de ces sept expressions, en Jésus-Christ. Pour connaître la vie, il nous faut Le connaitre Lui, il nous faut le comprendre. Le connaître, Lui, réellement c'est connaître la vie. C'est ainsi que, en harmonie avec toute cette vérité, l’œuvre du Saint-Esprit, qui est l'Esprit de vie, consiste à révéler Jésus-Christ, à Le faire connaître, à nous conduire à Lui qui est la vie. Mais qu'est-ce que Le faire connaître, nous conduire en Lui, qui est la vie, sinon une question d'éducation spirituelle... Et cette éducation spirituelle peut se continuer durant toute une vie.

                   Je pense que c'est la raison pour laquelle nous trouvons, dans la Parole de Dieu, certaines expressions qui indiquent un principe : bien que, dès le commencement d'une vraie vie en Dieu, nous entrions dans la vie et que la vie entre en nous, nous sommes aussi appelés à faire d'autres actes, à mesure que nous avançons, et en relation avec cette vie. Le peuple de Dieu lui-même est appelé de temps à autre, comme Moïse en appelait aux enfants de d'Israël, à choisir la vie. Nous traversons certaines crises dans notre expérience spirituelle où il est nécessaire pour de choisir délibérément la vie. Deux chemins sont là, devant nous, et nous avons à en répudier un tout à fait positivement, et à choisir l'autre de la même façon, positivement. Et puis, nous sommes aussi exhortés à nous saisir de la vie. Il y a ensuite ces passages des Écritures qui parlent d'une vie encore future, que nous n'avons pas encore atteinte, une vie qui est encore devant nous. Il nous faut avancer pour avoir la vie. Nous devons hériter la vie éternelle, et cela, parce que la connaissance de Christ est progressive, toujours grandissante.

                    C'est une éducation, et elle se poursuit depuis le moment où nous recevons le don gratuit de Dieu, la vie éternelle en Jésus-Christ, jusqu'à un moment futur qui n'est pas arrêté, mais qui est en avant, toujours en avant, jusque dans l'au-delà où nous pourrons alors manger " manger du fruit de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de Dieu." (Apocalypse 2:7) Cette vie n'a pas de fin, elle n'est jamais épuisée, et l'on ne saurait jamais atteindre sa limite extrême. Mais nous nous occupons pour l'instant de ce court espace de temps que nous passons ici-bas, sur cette terre, et qui est pour nos le temps de notre éducation à l'égard de la loi de l'Esprit de vie, la loi de la vie. Et cette éducation est liée aux sept aspects de cette loi. Nous avons dit qu'elle est en Jésus-Christ. 

                   Or, Jésus-Christ qui est la vie, embrasse tout le temps. Et lorsque Dieu agit pour accomplir Son dessein, c'est toujours et tout au long, par ce que Christ est. C’est-à-dire, Dieu avance toujours vers Son but en faisant ressortir un autre élément de Christ qui est la vie, quelque chose de plus de ce qu'est Son Fils. Et le progrès vers la plénitude de la vie se fait ainsi par des découvertes toujours nouvelles de ce qu'est Christ. Tout ce que Dieu emploie, ce sera quelque chose de Christ, dans Son essence, et c'est ainsi que par Christ, Il avance vers la consommation de Son dessein. 

                   Nous sommes donc sur un terrain qui nous est très familier dans le livre de la Genèse. La Genèse renferme toute cette base de la vie et de la mort. Et l'ensemble de ces questions est représenté par sept hommes qui, tous mettent Christ en vue, chacun sous un aspect spécial de la vie. Et toute la loi de la vie est embrassée dans ces sept hommes, sous sept aspects différents. Les sept vont d'Adam à Joseph.

L'intention de Dieu en Adam

                    Il nous faut remarquer, pour commencer, que Adam et Christ sont là, dès le début, pour gouverner tous les âges. Il nous est dit que Adam était une figure de celui qui devait venir. Adam était, pour ainsi dire, une ombre. Quelque part, la Lumière éternelle l'éclairant de l'arrière, se tenait Jésus-Christ. La réalité et l'ombre étaient là ensemble, regardant à travers tous les âges, pour gouverner tous les âges, selon la pensée de Dieu.
                   
                    La loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ est représentée par "l'arbre de la vie", dans le livre de la Genèse. Adam devait montrer le chemin de la vie. Si Adam n'avait pas choisi un autre chemin, au lieu de celui que Dieu avait voulu pour lui, Adam aurait montré comment agit la vie, comment opère la loi de la vie, et comment, par l'action de cette loi, Dieu arrive à Son but; toujours et toujours par un chemin vivant, le chemin de la vie, l'opération d'un principe établi. Mais Adam faillit, lui qui devait être la représentation, oui, et la personnification de cette loi et de ce chemin de vie, il faillit et il représente dorénavant le chemin de la mort. Mais Christ, que nous connaissons maintenant comme le dernier Adam, a paru, et Il est, en Lui-même, la personnification de cette loi de vie. Il accomplit ce que Adam n'a pas réussi, et Il atteint le but de Dieu par le chemin de la vie.

                    Maintenant, après avoir dit tout ce qui est préliminaire, nous commençons par Adam, qui est la première des expression de la loi de la vie. Mais il nous faudra désormais considérer Adam dans la position opposée, et apprendre ce qu'est la vie, et ce qu'est la loi de la vie, en regardant comment opère en lui la chose opposée. Nous serons amenés à ce qui est positif par ce qui est négatif, à ce qui est vrai par ce qui est faux.

                    Afin de comprendre le commencement de la vie ou de la mort, il nous faut percevoir la nature de la tentation d'Adam et de celle de Christ, car, si une chose est vraie dans ces deux tentations, c'est qu'elles sont liées à toute cette question de vie et de mort, de mort et de vie. Ce n'est pas autre chose que cela. Il nous faut donc, pour quelques instants, considérer à nouveau ces deux tentations. Nous nous arrêterons sur la tentation d’Adam pour comprendre la tentation de Christ.

Comment Satan s'approche de l'homme

                    Nous trouvons premièrement la forme du tentateur et celle de la tentation. Au chapitre troisième e la Genèse, nous voyons exactement où, et pourquoi Adam et Eve sont tombés. La chose est très simple à sa surface. Peut-être est-ce là que se trouvent la forces et la subtilité principales de la tentation. L'occasion en est quelque chose d'apparemment bon. Les tentations et les séductions de Satan sont ordinairement présentées sous une forme qui fait de l'objet en vue quelque chose à désirer, comme étant bon. Souvenons-nous toujours de cela. Je doute que Satan ait jamais tenté ou séduit quelqu'un en lui faisant entrevoir les conséquences cruelles de sa chute. Il poursuit toujours exactement la méthode contraire, et présente la tentation et la séduction sous une forme qui en appelle au jugement humain, comme quelque chose de bon à désirer. Ce qui est terrible c'est que l'homme ne voit jamais que la chose : Christ a vu Satan. Et lorsque la tentation lui fut suggérée, et présentée comme quelque chose de bon et de désirable, Christ vit à travers elle et derrière elle, et sa réponse fut : "arrière de moi, Satan". Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'insister sur cela, et de dire que, si jamais Satan cherche à nous induire en erreur, à nous attraper, à nous séduire, à nous faire sortir du chemin de la vie, il le fera invariablement en nous soumettant une belle proposition, en nous offrant une chose qui paraîtra bonne à notre jugement humain. L'implication claire et significative de ce fait, c'est que, si nous voulons suivre notre propre voie, nous trouverons toujours la meilleure raison pour le faire. C'est-à-dire que nous apporterons toujours une bonne excuse à mettre dans la balance avec la chose que nous désirons. Je dis que c'est significatif. Jamais encore, un homme ou une femme n'ont fait un faux pas sans avoir trouvé une bonne raison pour le faire, c'est-à-dire au point de vue humain. Une bonne excuse sera toujours apportée, et c'est précisément en cela que se découvre la vraie source.

                    Or, nous savons que la tentation fut présentée avant tout à la faculté d'acquérir, au pouvoir d'acquisition. Il s'agissait pour Eve et Adam, d'acquérir la connaissance.  Maintenant, bien-aimés, non pas que la connaissance soit uns chose mauvaise en soi, bien que, évidemment, il eut mieux valu pour l'homme ne jamais connaître certaines choses, ni avoir une certaine sorte de connaissance. Et cependant, je ne pense pas que cette question dépende avant tout de l'espèce de connaissance acquise. Elle commença par un désir de connaître. La tentation s'offrit à ce pouvoir d'acquérir, d'avoir, de posséder, et dans ce cas il s'agissait de posséder la connaissance. Mais, bien que la connaissance ne soit pas un mal en soi, il y avait dans ce cas des éléments cachés. Ce qui est à la base de cet exemple d'Adam et d'Eve, c'est le motif de leur besoin de possession -- c'est-à-dire qu'ils désirent posséder de manière à n'être plus dépendants de Dieu, ni soumis à Dieu. Le dessein caché était d'effectuer un changement de position, d'arriver à une autre position à l'égard de Dieu. Voilà ce qui se trouve à la base de cette tentation. C'était un coup direct porté à la dépendance de l'homme vis-à-vis de Dieu. 

Le doute jeté sur le caractère de Dieu

                    Il y avait ensuite quelque chose de plus, une insinuation cachée, et cela à l'égard de deux choses. Il y avait premièrement une insinuation portée contre l'amour de Dieu. Enseveli très profondément dans cette tentation, il y avait un appel à douter de l'amour de Dieu. L'implication en était que Dieu, qui professait être amour, qui prétendait veiller au bien de Ses créatures, les privait réellement de ce qu'il y avait de meilleur, de plus haut et de plus plein, qu'Il retenait en fait leur vie dans une étroitesse qui n'était pas nécessaire et qui était arbitraire. Dieu n'était pas réellement amour, car un Dieu qui agit ainsi n'est pas amour. Or, nous ne disons pas que tout cela a été reconnu, mais nous affirmons que toutes les Écritures le prouvent, aussi bien que toute l'histoire humaine. Le premier assaut fondamental, subtil et diabolique, de Satan, est toujours dirigé contre l'amour de Dieu, et il n'abandonne jamais cet assaut. Vous et moi, nous n'arriverons jamais sur cette terre à la place où ne nous pourrions plus être tentés à ce sujet. Me direz-vous que Dieu est amour ? Regardez ceci, et cela, et encore cela ! Est-ce que tout ne parle pas de limitation ? Est-ce que tout ne vous dit pas que vous ne recevez pas ce que vous pourriez et devriez avoir....

                    Ensuite, c'est une insinuation contre la véracité de Dieu. C'est-à-dire, peut-on savoir si Dieu est vrai, peut-on réellement se confier en Dieu ? " ...Dieu aurait-il dit ...?" Maintenant nous voyons ce qui arriva. A l'heure de la tentation, la bonté de Dieu est toujours mise en doute, et la vérité de Dieu est toujours mise en question, et tous les autres gages de Son amour, de Sa véracité sont toujours voilés. La réponse claire de quelqu'un de vivant et de conscient sera alors : "- Oh, non ! Regardez, regardez partout ; nous voyons de tous les côtés des évidences et des preuves de l'amour de Dieu : J'ai beaucoup de preuves de l'amour de Dieu, si je veux les voir, si j’aime à m'arrêter pour pour méditer et peser toutes choses." Mais qui d'entre nous n'a jamais fait cela à l'heure de l'épreuve , pour la refuser et en être délivré ? N'est-il pas vrai que, à l'heure de l'épreuve, de la tentation, de la détresse, de l'assaut, toutes les bénédictions que nous avions reçues ont été voilées ? D'une manière ou de l'autre, une ombre s'étend sur elles, une nuée, un brouillard, et nous ne voyons plus que notre adversité présente et la difficulté du moment. Nous sommes obsédés et mettons en question l'amour de Dieu et Sa fidélité, et Sa vérité....

                    Je crois que c'est la raison pour laquelle Jésus est appelé dans la révélation finale "le Fidèle et le Véritable" (Apocalypse 9:11). C'est le grand titre du triomphe dans l'homme : du triomphe dans l'homme sur toute cette œuvre de Satan, qui soulève toujours et met sans cesse en doute cette question de l'amour de Dieu, et de la vérité de Dieu. Son titre a pour fondation tout ce qui repose derrière des paroles comme celles-ci : "Je suis ... le Vivant ! j'ai été mort." Mais arrêtons-nous un instant, écoutons Son cri : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" C'est pour Lui, l'heure de la tentation, l'heure des ténèbres. Comment en sortira-t-Il ? Non pas en acceptant et en nourrissant la suggestion faite par Satan contre la réalité de l'amour de Dieu, et de la fidélité de Dieu, mais en triomphant sur toutes ses suggestions et toutes ses insinuations, en une heure telle que, vous et moi, n'en connaîtrons jamais. Il en sort vainqueur, et devient la personnification de ces traits, fidèle et véritable.

L'Objet Réel qui est en vue

                    Oui, nous avons ici une double insinuation, faite pour aveugler à l'égard de toute la grâce de Dieu et de toute la bonté de Dieu. Nous voyons ensuite cette autre chose plus cachée encore. C'est la manière subtile par laquelle Satan cherche à mettre Dieu hors de Sa place pour la prendre lui-même. C'est très clair lorsque nous y réfléchissons. Et c'est exactement ce qui est arrivé. Dieu a été déposé, et Satan a pris Sa place, et c'est exactement ce que Satan cherchait. Oui, il s'introduit comme il a l'habitude de le faire, en insinuant un doute à l'égard de Dieu. Puis il trouva une oreille ouverte, une oreille ouverte pour l'écouter... Oh ! le péril, le désastre que cause une oreille tendue vers Satan, un entretien avec Satan ! Jésus-Christ n'a jamais fait cela. Dès que Satan eut trouvé une oreille attentive à sa question, il agit rapidement et se saisit de ce petit avantage pour glisser une déclaration qui était un mensonge positif : "Vous ne mourrez certainement pas." Il essaie désormais d'avoir recours aux convictions, de faire entrevoir l'avantage superficieltout en enregistrant quelque chose plus profondément encore : "vous ne mourrez certainement pas." Encore une fois, il n'en restera pas là. Il continue immédiatement par une autre chose, une vérité présentée dans une fausse position : "Dieu sait que le jour où vous mangerez de ce fruit ...vous serez comme Dieu connaissant le bien et le mal." C'est parfaitement vrai. Dieu ne dit-Il pas un peu plus tard : "l'homme est devenu comme l'un de nous pour la connaissance du bien et du mal." Mais cette vérité leur est présentée dans une fausse position, et les conséquences terribles, affreuses, ne leur en sont pas révélées. Ce n'est pas le fait de savoir qui est la question, c'est le fait de posséder une connaissance par un chemin contraire à Dieu , de connaître d'une manière qui nous sépare de Dieu, qui nous éloigne de Dieu, et qui éloigne Dieu de nous. C'est de connaître à l'instigation de Satan, qui a une intention subtile et dérobée de nous rendre indépendant de Dieu. Et dès que l'homme est devenu indépendant à l'égard de Dieu, Satan a assuré son but : il est à la place de Dieu.

                    Or, bien-aimés, c'est le chemin de la mort, et tout cela se résume en un seul mot : le chemin de la mort est le chemin qui nous détourne de Dieu, et nous fait tourner sur nous-mêmes et vers l'indépendance : indépendance du jugement,  indépendance de désir et indépendance de volonté. C'est pourquoi, "l'âme qui pèche est celle qui mourra", pensée, cœur, volonté (Ézéchiel 18:4 et 20). L'indépendance à l’égard de Dieu est le chemin de la mort. C'est avoir notre propre pensée, notre propre jugement, tenir à notre propre position nous attacher à nos propres conclusions. Oh ! Quel royaume est ouvert par tout cela ! Cela touche à toute la question de la souveraineté du Seigneur Jésus dans l’Église dont Il est la Tête qui est Son Corps, et cela défend aux membres individuels d'agir de manière indépendante. Cela touche à beaucoup d'autres choses encore. Le chemin de la mort est le chemin d'Adam. Il est tourné sur soi dans son jugement, tourné sur soi dans ses désirs, tourné sur soi dans sa volonté propre.

Christ - Le Modèle du Chemin de la Vie

                    Tout cela nous amène maintenant à Christ. Il nous faut voir comment agit la vie dans le dernier Adam, dans la position opposée à celle du  premier Adam. Il nous faut voir le chemin qu'Il a pris. Oh ! Souvenons-nous toujours de l'objectif de Satan dans la tentation. Ce fut le même objet en ce qui concerne le Fils de Dieu, et c'est le même objet pour chacun de nous. Il nous faut arriver à bien discerner la chose que veut Satan. Je crains que beaucoup de nos explications et de nos expositions de la tentation du Seigneur Jésus ne soient pas allées assez loin. Elles ne sont pas allées jusqu'au point suprême et, tandis qu'elles peuvent nous aider, elles manquent cependant de sens réel. Il nous faut reconnaître que l'objet qui gouvernait Satan dans la tentation du Seigneur, c'était la mort, et rien de moins que cela. Satan en voulait à Sa vie. Il voulait rendre impossible au Seigneur Jésus de devenir la vie des hommes. Il voulait, pour ainsi dire, arrêter le courant de la vie à la source même. Les tentations ont toujours visé cette question de la vie. Satan vouait la mort. C'est pourquoi il est décrit dans la Parole de Dieu comme "celui qui avait l'empire de la mort" (Hébreux 2:14) C'est quelque chose dont il se sert contre les fils de Dieu.

                    Mais considérons la voie de Christ. Sa voie Le détourne toujours de Lui-même, et de toute indépendance, vers le Père, vers Dieu. L'une des choses sublimes qu'il faut relever dans Sa vie, c'est celle-ci : comment et toujours, sans hésitation ni aucune réserve, Il se détourne de Lui-même vers le Père, de toute ligne d’indépendance qui Lui est proposée vers la dépendance du Père. Rien ne trouve sa source en Lui-même -- telle est l'attitude de Sa vie. C'est une chose déterminée pour Lui : aucune consultation de soi-même, aucune considération pour soi-même, aucun argument personnel, aucun désir personnel, aucune volonté personnelle, non, pour Lui, c'est toujours : "Non pas ma volonté, mais a tienne..." ; "Je suis venu pour faire ta volonté" ; "je prends plaisir à faire ta volonté, ô mon Dieu !" : entièrement libre de soi-même et de toute indépendance à l'égard de Dieu. Nous voyons cela juste au cœur des tentations, au commencement de Son ministère. La tentation consistait à le faire agir de Lui-même, par Lui-même, indépendamment de Dieu, mais Il ramena chaque fois l'issue à ce seul et même point : Dieu a fait connaître Sa pensée à cet égard, Dieu s'est exprimé à cet égard, il est écrit, il est écrit, il est écrit. C'est Dieu qui est la cour d'appel suprême dans toutes les questions. Ce n'est pas ma convenance, ni mon confort, ni ma situation, ni mon bien, ni mon succès personnel, ni mon but, non ! Pas même ma vie, rien que le Père !

                   Notre conformité à Christ, bien-aimés, c'est le facteur suprême de la loi de la vie en Christ. C'est la loi de la vie en Christ que de se détourner toujours de son moi et de sa propre âme pour se tourner vers Dieu. C'est se détourner de sa propre raison, de ses propres désirs, de sa propre volonté. C'est cela la conformité à l'image du Fils de Dieu. C'est très pratique. Lorsque nous disons que nous avons été prédestinés à devenir conformes à l'image de Son Fils, nous pouvons peut-être penser qu'il s’agit d'une œuvre cachée, secrète, imperceptible, qui s'accomplit sous la Main du Saint-Esprit, sans que nous en ayons conscience, mais ce n'est pas la vérité. Cette conformité à l'image du Fils de Dieu s'accomplit dans la ligne d'un choix définitif, d'un choix délibéré. Elle s'accomplit par notre obéissance à la loi qui gouvernait le Fils de Dieu -- se détourner toujours du moi pour se tourner vers Dieu, se détourner de toute indépendance de pensée, et de cœur, et de volonté, pour dépendre de Lui seul. Et Dieu insiste sur cela de manière très pratique.           

                    Voilà donc "la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ". Quel est donc ce premier aspect de la loi de l'Esprit de vie qui nous est révélé en Adam et en Christ ? C'est la loi d'une soumission initiale, pleine, continuelle et finale au Seigneur. C’est le chemin de la vie. Satan dit que c'est le chemin de la privation, le chemin de la limitation, le chemin où nous perdons tout : Dieu dit que c'est le chemin de la vie. Le chemin de Satan  a prouvé être le chemin de la mort; et la vie fut enlevée et elle est tenue en réserve pour ceux qui veulent prendre le chemin de la vie, ou qui veulent établir le principe de vie fixé par Dieu. Il est Seigneur, Il est Souverain. Cela est établi sans aucune question, ni aucun doute, ni aucun argument. Dieu est amour et Dieu est vérité. S'éloigner de ce fait de la valeur d'un cheveu, c'est s'éloigner de la vie. S'en saisir, avec tout ce que cela signifie, c'est triompher dans la vie, la vraie.

Chapitre second

ABEL ET LA LOI DE LA VIE

Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu. Et l’Éternel dit à Caïn: Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? ...  Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. L’Éternel dit à Caïn: Où est ton frère Abel? Il répondit: Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère? Et Dieu dit: Qu’as-tu fait? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi.  (Genèse 4:3-6, 8-10)

                    "Ne soyons pas comme Caïn, qui était du Malin et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes..." (1 Jean 3:12)

Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, que vous avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtriers.  (Actes 7:52)
Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. (Jean 4:23)


La loi de l'Esprit de vie  m'a affranchi, en Jésus-Christ, de la loi du péché e de la mort (Romains 8:2)

                     Dans notre méditation précédente, nous avons été amenés à tenir compte des sept expressions de la loi de la vie. Nous avons dit que le Seigneur Jésus est comme le prisme de la vie, dans lequel et par lequel la vie se brise en ses composés, dans lequel nous pouvons voir l'action de la vie. Et cependant, à mesure que nous la contemplons, l'image change, et c'est celle d'un chandelier ou d'un candélabre à sept branches qui entre en vue. Et nos le voyons avec une racine et un tronc central duquel sortent, des deux côtés, les six branches qui en sont une partie. Dans notre méditation précédente sur la loi de l'Esprit de vie, présentée avant tout en Adam, nous avons la racine et le tronc central, qui comprend toutes les branches, duquel toutes croissent et rayonnent, et auquel toutes reviennent. Car le commencement des choses embrasse tout. Et nous verrons à meure que nous avancerons, que chacun de ces autres aspects de la loi de la vie n'est qu'un rameau ou un résultat de ce qui se trouve contenu et embrasé en Adam.

                     Nous disons cela à cause de l'unité de tout, de l'unité des parties. Cette unité est une chose très remarquable et très merveilleuse. Combien cette question de la vie est tout d'une pièce ! L'on n'y trouve réellement jamais rien qui ne soit que fragmentaire, détaché ou sans relation. L'on ne peut jamais traiter l'un de ses aspects comme s'il était une fin en soi. Une chose conduit à une autre, et cette dernière nous ramène à la précédente, de sorte que, tout le temps, on ne s'occupe que de la même chose, qui cependant, se développe. Cela peut n'être pas très clair ni très compréhensible maintenant, mais à mesure que nous avancerons, nous comprendrons ce que nous voulons exprimer.

Ce que représentent Abel et Caïn

                   Nous arrivons à la seconde expression de la loi de la vie en Christ, que nous trouvons dans la seconde des sept personnes représentatives de l'Ancien Testament, ou du livre de la Genèse, et nous sommes à présent avec Caïn et Abel. Nous trouvons ici la loi ou le principe de la vie se manifester par un contraste et un conflit. Là où est la vie -- et on comprendra que nous ne parlons pas ici de la vie humaine, mais de la vie divine -- là où est cette vie, l'antagonisme viendra immédiatement à la lumière. Il en est toujours ainsi et l'on ne saurait éviter le conflit ou le supprimer qu'au détriment de la vie. Dès que la vie de Dieu se trouve quelque part, un antagonisme s'y manifeste. Le conflit commence.

                    Nous trouvons donc ici cette vie ; et nous parlons maintenant dans le domaine  du symbole. La vie se trouva dans la ligne que prit Abel, et la mort dans celle que prit Caïn. Il nous faut maintenant chercher la différence. Quelle est-elle ? Considérons Caïn très soigneusement.

                   Nous pouvons être superficiels au sujet de Caïn et en arriver à des conclusions qui, tout en pouvant être fondées et vraies, seraient cependant inadéquates. Soyons tout à fait justes à l'égard de Caïn. Caïn n'ignorait pas Dieu. Il n'est pas non plus quelqu'un qui soit opposé à Dieu extérieurement. Caïn reconnaît Dieu. Il Le reconnaît comme l'Objet de l'adoration et du culte. Caïn apporte à Dieu comme acte d'adoration, ce qu'il connaît de meilleur et ce qu'il a de meilleur, mais non ce qu'il aurait pu connaître comme étant le meilleur. Dans son domaine, ce que Caïn apporte est bon et précieux. A moins de reconnaître cela, et de l'exprimer ainsi, nous n'arriverons pas à comprendre la différence qui existe entre la mort et la vie. Il ne sert à rien de dépeindre tout en noir ou en couleurs sombres ce que nous appellerions le chemin de la mort, ou de penser au chemin de la mort comme étant nécessairement marqué par les outrages les plus atroces faits à Dieu. Il ne nous faut pas supposer que, pour être dans le chemin de la mort, il soit nécessaire d’être ouvertement et positivement un antagoniste de Dieu, ou d'ignorer Dieu, ou de refuser à Dieu une reconnaissance pratique. Il n'est pas nécessaire de faire ces choses pour être sur le chemin de la mort. Le chemin de la mort est quelque chose de plus profond que cela, de beaucoup plus profond que cela, et nous verrons combien c'est vrai, à mesure que nous avancerons.

                    Oui, c'est le fruit de sa vie naturelle qu'apporte Caïn, et c'est là toute la portée de son acte. Lorsque nous avons dit cela si nous le comprenons, nous nous sommes approchés du cœur de la situation.

                    En ce qui concerne Abel, son attitude nous dit qu'il nous faut mourir pour vivre. Nous n'avons, en nous-mêmes, rien à offrir à Dieu, rien qui puisse Lui être agréable. Nous n'avons qu'une vie qui doit être répudiée. Abel reconnait le péché, et il voit que l'âme pécheresse dot être livrée à la mort. Elle ne peut être offerte à Dieu, ni elle, ni ses œuvres, ni ses fruits. Nous le voyons du côté de Caïn, l'âme cherche à être acceptée, sur la base de ce qu'elle croit avoir de bon en elle-même. Du côté d'Abel, l'âme cherche à mourir à elle-même.

Jésus-Christ et les Juifs

                    Maintenant, nous reportons immédiatement cela à Jésus-Christ  et aux Juifs. Nous remarquons qu'il est parlé des Juifs, dans l’Évangile de Jean, dans des termes exactement pareils à ceux qui avaient été employés pour Caïn -- une chose terrible. Mais le point que nous devons saisir nous et tout le peuple de Dieu, c'est que ce ne sont pas nécessairement ceux que nous appelons des impies qui sont représentés par Caïn, tandis que les hommes pieux, dans le sens le plus vrai du terme seraient représentés par Abel. Nous trouvons ici une sphère beaucoup restreinte que cela.Il y a un Israël selon la chair et un Israël selon l'Esprit

                  Nous nous approchons donc de Christ et des Juifs de Son jour. Les Juifs adoraient et ils tuaient en même temps, une combinaison terrible. Leur culte qui, dans son domaine était très fervent, et précieux en un sens, n'était cependant que quelque chose d'extérieur. Il n'est pas nécessaire de rappeler à notre souvenir certaines paroles qui sortirent des lèvres du Seigneur à cet égard. -- "Vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat" ,-- "ils élargissent leurs phylactères" ; -- "vous faites de longues prières" ; --" ils prenaient plaisir "à montrer aux hommes qu'ils jeûnent " , et ainsi de suite. Tout était extérieur. Leur culte servait à leur propre gloire et à leurs propres œuvres. Lorsqu'ils adoraient, ils attiraient l'attention sur eux-mêmes, et faisaient ainsi de leur culte une occasion de glorification personnelle. Tout était question de formes, qu'ils observaient peut-être très sincèrement, mais par lesquelles néanmoins ils cherchaient à tirer profit pour eux-mêmes. Leur culte tournait tout le temps sur eux-mêmes, et n'était pas réellement rendu à Dieu. Il servait à leur propre faveur et à leur bien personnel. Il n'avait pas comme objet le cœur de Dieu. La satisfaction de Dieu n’était pas leur seule et unique considération.

                     Regardons maintenant le Seigneur Jésus, qui est toujours en opposition avec les Juifs, comme eux le sont à Son égard. L'opposition existe, non pas dans les choses extérieures, mais bien plus profondément. Il adore, mais Il adore par une vie entièrement consacrée. Plus que cela encore. Il adore par une vie gouvernée par la nature même de Dieu. Par cela, je veux dire que la nature de Dieu est ce qui caractérise Son culte. Dieu est saint, Dieu est juste, Dieu est sans aucun mélange. Il est pur. Dieu est lumière. En Lui il n'y a point de ténèbres, aucun soupçon ni aucune suggestion d'obscurité, de nuage, de manque de transparence. C'est ce qu'était Dieu, c'est ce qu'est Dieu qui gouverne le culte du Seigneur Jésus. C'est-à-dire, Il a vu qu'il n'était pas possible d'adorer Dieu en vérité, à moins de reconnaître ce qu'est Dieu, et d'abandonner pour toujours tout ce qui n'est pas semblable à Dieu. L'on ne peut s'approcher de Dieu pour L'adorer, en apportant quelque chose d'étranger à Dieu, quelque chose de contraire à Dieu. Il faut adorer Dieu en vérité.

                    Il y a tant de choses fausses, tant de mensonges, tant de contradiction, tant de choses trompeuses, et non réelles et apparentes, dans notre nature humaine. Il faut nous séparer de tout cela pour être un vrai adorateur, et reconnaître que l'on ne peut pas jouer avec Dieu, l'on ne peut pas tromper Dieu, l'on ne peut pas être en communion avec Dieu tant que tout cela est encore en nous. Il nous faut être entièrement gouverné par la conscience de ce qu'est Dieu. Agir autrement serait comme entrer en la présence d'une personne extrêmement sensible, et dire ou faire en sa présence des choses qui seraient une agonie pour sa sensibilité. Si vous êtes un musicien une personne musicienne, -- je ne veux pas dire si vous faites de la musique ! -- si vous êtes une personne musicienne, si vous avez un sens raffiné et élevé de la musique, et que quelqu'un vienne en votre présence taper et tirer des dissonances vous savez quelle agonie sera la vôtre ! Vous passeriez du chaud au froid ! Si vous connaissiez quelqu'un qui aime ardemment la vraie musique, tandis que vous-même ne seriez pas spécialement un musicien, ce serait, si vous aviez du bon sens, la dernière chose à faire que de vous mettre à jouer en sa présence. Je me souviens d'un homme qui jouait assez bien du violon, et qui alla un jour écouter un artiste, qui, lui, jouait très bien de cet instrument. Il vint à moi ensuite et me dit -- je vais mettre mon violon sous mes pieds : je ne jouerai plus jamais ! Si cet artiste m'avait entendu jouer, il serait devenu fou de douleur ! Vous voyez où je veux en venir. Le point est que le Seigneur Jésus était en harmonie avec Dieu, et ce qui Le gouvernait était la nature de Dieu. Que demande Dieu d'un adorateur ? Est-ce qu'Il désire certaines formes ? Le culte que le Seigneur Jésus apportait à Dieu était celui d'une vie livrée en témoignage contre le péché. Souvenons-nous de cela ! La mort du Seigneur Jésus a plusieurs aspects différents, mais celui-ci en est un très vital. C'est le don de Sa vie en témoignage contre le péché.

                     Il était impossible qu'il y ait une communion avec Dieu tant qu'il y avait le péché, et il y avait le péché. Qu’allons-nous faire à l’égard du péché ? Nous ne pouvons pas purifier le péché. Il doit mourir. Or, puisque le péché n'est pas une chose abstraite, mais que c'est l'homme qui est devenu péché, -- pour changer cette nature humaine dont on ne peut ni arracher, ni extirper quelque chose appelé péché, il nous faut une autre nature dans laquelle il n'y a point de péché. Qu’est-ce qu'il nous arrive alors ? Le péché ne sera pas arraché, c'est nous qui devons mourir pour que Christ prenne notre place. "J'ai été crucifié avec Christ, ce n’est plus moi qui vit... c'est Christ " . Oui, le culte du Seigneur Jésus, ce fut une vie donnée en témoignage contre le péché.

                    Nous voyons l'effet de cela en Abel. Sans doute, Abel n'a pas donné sa vie. C'est en cela que le symbole est imparfait, mais le principe est le même. La mort d'Abel a été un témoignage contre le péché --"La voix du sang de ton frère crie..."

                  Nous voyons maintenant ce conflit, et il est parfaitement clair. Il y a une ligne de mort avec Caïn, qui est pleine d'adoration, pleine de la conscience de Dieu, pleine de dons offerts à Dieu,pleine de choses splendides dans leur propre domaine, -- et il y a la ligne de vie d'Abel. Cette dernière se manifeste par une offrande, non pas de choses, mais de son moi et cela sur un autel. Il faut que la créature meure.

La sphère du conflit

a) La lutte se poursuit entre deux Royaumes.

                  Nous pouvons, à présent, arriver très vite à notre point. Ce conflit existe entre deux royaumes. Il se livre premièrement dans le royaume où se trouve ce qui est de Dieu et ce qui est de Satan. Nous connaissons tout cela. C'est le royaume le plus simple et le plus évident de l'opération de cet antagonisme. Je veux dire, c'est le royaume où tout enfant de Dieu né de nouveau se trouve, dès qu'il a reçu cette vie. Nous savons tous, lorsque nous devenons des enfants de Dieu et que nous sommes remplis de sa joie, que, en retournant à notre travail ou dans notre sphère de vie de ce monde, où nous aimerions que tous soient heureux et répondent à notre expérience nous trouverons au contraire, et avant même d'avoir dit un seul mot, des regards méfiants jetés dans notre direction et une atmosphère lourde de quelque chose. Nous n'avons pas besoin de dire un seul mot. C'est là. Le plus souvent, la présence d'un enfant de Dieu dans le monde provoque dans son atmosphère même un antagonisme, un conflit, et cela sans qu'un seul mot soit prononcé. Ce n'est pas de l'imagination, c'est réel. Et plus la vie de l'âme est forte de l'autre côté, plus sera rapide le discernement de ce qui se passe en nous, plus rapidement l'on en arrivera à comprendre qu'il y a en nous quelque chose d'autre, et plus définitif aussi sera l'antagonisme. Je veux dire que ceux qui sont simples et sans ruse, tandis qu'ils ne peuvent pas nous comprendre et ne peuvent pas s'entendre avec nous , n'éprouveront certainement pas ces sentiments d'antagonisme qui paraîtront dans ceux qui ont une forte vie dans l'âme. Nous connaissons ce royaume extérieur, où l’antagonisme devient manifeste entre ce qui est de Satan et ce qui est de Dieu. Nous n'avons pas besoin de développer car nous le connaissons si bien.

b) L'homme lui-même est le champ de bataille réel.

                    Mais il y a cet autre royaume intérieur, où le conflit s'élève entre ce qui est de Dieu et ce qui est du "moi". Le fait, c'est que le royaume, le réel royaume de la lutte, c'est l'homme lui-même. C'est là que la bataille fait rage le plus sévèrement. La plupart d'entre nous, nous en arrivons assez rapidement à reconnaître la différence, dans le domaine extérieur où le conflit s'élève entre nous et ceux qui ne sont pas à Dieu, et nous l'acceptons.  Mais lorsque ce conflit est intérieur, il est beaucoup plus difficile d'en triompher. Lorsqu'il s'élève en nous, il est très difficile de l'accepter, parce que nous ne le comprenons pas. Nous trouvons le conflit en nous, et ce conflit a été provoqué par la présence même de la vie en nous. C'est l'effet de la loi de la vie en Jésus-Christ. Cela peut nous consoler, en un sens, de savoir ce que c'est. Car si souvent, lorsque le conflit devient aigu, le tentateur donne sa propre interprétation à nos expérience, et il cherche à nous persuader que nous nous sommes trompés, et qu'il n'y a en nous rien de Dieu. Tandis que c'est précisément parce que il y a en nous ce qui est de Dieu, que le conflit a éclaté en nous, et que nous sommes devenus ainsi le champ de bataille. "La chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair, il y a entre eux une telle opposition..." (Galates 5:17)

                    Mais qu'y a-t-il en nous, quelles sont les deux choses qui sont en conflit ? Une réponse très élémentaire et superficielle serait, naturellement, que ce sont la chair et l'Esprit le vieil homme et l'homme nouveau. C'est vrai, mais ce n'est pas vraiment la réponse adéquate. Cela ne touche pas réellement au cœur de ce conflit, et j'aimerai que nous arrivions au fond de cette question. C'est très important. A cause d'un manque de discernement à ce sujet, beaucoup d'enfants de Dieu deviennent impuissants, impotents, embarrassés. Car, bien-aimés, la réelle bataille se livre entre l'âme et l'esprit.

                    Or, nous ne pouvons pas simplement affirmer que l'âme soit la chair, que l'âme soit le vieil Adam. Ce n'est pas exact dans le plein sens. Il nous faut prendre garde. En affirmant cela, on s'embarque dans une voie où il faudrait tuer l'âme, et ce n'est pas ce que nous devons faire. L'âme en elle-même, n'est pas une chose mauvaise. Il n'est pas mal d'avoir une âme. Le Seigneur affirme que notre âme doit être sauvée. "C'est par votre patience que vous sauverez vos âmes. (Luc 21:19) -- "Nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour leur perte, mais de ceux qui gardent la foi pour sauver leur âme." (Hébreux 10:39). Cependant le conflit se poursuit ici entre l'âme et l'esprit.

                    C'est en cela que nous pouvons reconnaître la nature de la chute, qui est, de la part de l'âme, une violation de l'esprit. Dans notre chapitre précédent nous avons souligné le fait de l'attaque portée sur l'âme de l'homme, c'est-à-dire sur sa raison, son désir, sa volonté. Nous avons vu comment la raison de l'homme, son désir et sa volonté ont été tirés de leur vraie place pour s'exercer et fonctionner indépendamment de Dieu. L'homme a un esprit, et par son esprit, il était en communion avec Dieu, qui est Esprit. Il connaissait Dieu, mais non pas son âme : dans son état d'innocence, il n'avait pas besoin d'arriver à des conclusions raisonnées pour comprendre la volonté de Dieu. Il n'avait pas besoin de se poser pour chercher par sa raison ce que Dieu voulait. Dans son état d'innocence, il percevait, il sentait, il connaissait de manière intuitive. Et c'est pourquoi, lors de la chute, sa conscience s'éleva et le frappa, parce que la conscience n'est pas une faculté de l'âme, mais une faculté de l'esprit.

                   Oui, l'homme dédaigna l'organe par lequel il était en communion avec Dieu, lorsqu'il dédaigna Dieu dans sa qualité de cour d'appel finale pour toutes les questions et que, agissant sur la base de sa propre âme, il viola son esprit. Ce fut à ce moment-là que s'éleva dans l'homme le conflit qui dure encore aujourd'hui. L'homme est une maison divisée contre elle-même, et qui ne peut résister, et nous trouvons en lui maintenant, comme dans le premier homme, ces deux côtés opposés, l'âme et l'esprit. Par nature, il est désormais essentiellement un homme de l'âme, qui vit dans et de son âme. Dans notre Nouveau Testament, il est malheureusement appelé "l'homme naturel", mais nous savons tous que le terme réel est l'homme "psychique". L'homme qui est gouverné et poussé par son âme, c'est-à-dire par son propre raisonnement, par son propre discernement, par sa propre volonté personnelle.

                    Voilà ce qu'est devenu l'homme. En contraste avec cela, nous trouvons dans le Nouveau Testament l'homme spirituel, "celui qui est spirituel". C'est ainsi que s'élève le conflit entre l'âme et l'esprit, entre l'esprit et l'âme; entre ce qui est de Dieu, la pensée de Dieu, opposée à notre propre pensée, le raisonnement de Dieu -- si nous pouvons employer ce mot -- ou la raison de Dieu contraire à notre raisonnement, la volonté de Dieu opposée à notre volonté; les sentiments, les affections, les désirs de Dieu, contraires à nos sentiments, à nos affections, à nos désirs. Ces deux choses sont là maintenant, non pas dans l'homme non-régénéré, mais dans l'homme régénéré. Nous ne parlons pas ici de l'homme en dehors de Christ, nous parlons de l'homme charnel. L'homme charnel est le chrétien dans lequel règne la chair, et qui est influencé par elle.                                         

                    Nous le voyons donc, l'âme est la place dans laquelle réside la chair, car la chair, dans son sens spirituel (et non dans son sens physique) est une chose mauvaise. Elle a sa propre volonté, elle se dirige elle-même, elle est gouvernée par Satan. C'est la chair. C'est ce qui lutte contre l'Esprit et nous savons combien le Nouveau Testament montre que la chair est une chose mauvaise. Elle réside dans l'âme naturelle. L'esprit, renouvelé par la nouvelle naissance, devient le vase dans lequel demeure ce qui est de Dieu.

                    Or, ce conflit est maintenant établi. Nous dirons -- je ne le sais que trop, bien que je ne l'aie jamais analysé et compris de cette manière; mais je le connais ! Mais la chose grave, c'est que beaucoup d'enfants de Dieu ne sont pas sortis de cet état. Ils y sont encore. Nous pouvons ne pas encore être arrivés au bout, mais je puis dire ici qu'il n'est pas dans la volonté de Dieu que ce conflit se prolonge durant toute notre vie spirituelle, que nous soyons toujours dans ce conflit. Nous reprendrons cela un peu plus loin.

La vie divine demande une marche selon l'Esprit

                   Il nous faut résumer ici en une ou deux phrases ce dont nous avons parlé. L'aspect de la question fondamentale qui nous occupe ici, c'est que la loi demande une marche dans l'esprit et non point dans la chair ou dans notre propre âme. Elle demande une union céleste avec Dieu, dans notre esprit, et non point une vie religieuse psychique, selon nos propres idées. C'est la différence qui se trouve entre Abel et Caïn. Oui, Caïn était un homme religieux. Caïn était un homme qui adorait. Caïn avait amené ce qui, dans son domaine, était bon, précieux, ce qui lui coûtait beaucoup. Caïn à sa manière, était sincère dans sa conviction que Dieu devait être adoré, mais son intelligence était obscurcie, comme l'est toujours l'intelligence de notre âme. Par nature, nous ne connaissons pas les pensées de Dieu :"l’homme animal (psychique, naturel) ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, .... et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. (qu’elles sont discernées) 1 Corinthiens 2:14

                    Or, Caïn, malgré toute sa sincérité et toute son adoration et sa religion, et sa conscience de Dieu, était encore dans les ténèbres d'une intelligence obscurcie. Son jugement le trompait entièrement. Ses idées étaient toutes fausses. Il était à côté de la vérité et rien de ce qu'il offrit ne put s'élever au-dessus de l'autel. Dieu n'eut pas égard à l'offrande de Caïn. Les Juifs étaient dans la même position et, pour le prouver, les Juifs tuèrent comme Caïn avait tué. Pour le prouver, mettons en question le culte de ceux qui adorent dans leur âme, des gens religieux qui ne sont pas spirituels, et nous rencontrons aussitôt de la colère. Ils ne pourront supporter la pensée d'être confrontés, interrogés ou touchés. Quant à un vrai adorateur, quant à celui qui adore en esprit et en vérité, on pourra lui dire ou faire ce qu'on voudra, on ne verra jamais s'éveiller en lui un esprit de meurtre ou de quelque chose de semblable. Comme Abel, il livrera sa vie aux mains même des adorateurs, des gens religieux. C'est la différence que nous trouvons ici entre l'âme et l'esprit.

                   Nous avons déjà dit que nos sommes dans un cercle beaucoup plus restreint que celui qui embrasserait les croyants pour les distinguer des incrédules. Bien-aimés, la vie, celle qui triomphe et qui avance, celle qui porte le sceau et la marque de Dieu, celle qui est de Dieu et qu'Il agrée --, cette vie est la vie vécue dans la ligne de l'esprit. La mort, bien qu'elle puisse avoir toutes les apparences extérieures, les formes, les cultes, la conscience de Dieu, la religion --, n'en est pas moins la mort. Elle ne peut triompher, elle ne peut avancer. Oh ! Me direz-vous, vous parlez sûrement dans un domaine très vaste ! Nous savons à qui vous pensez, aux gens simplement religieux, à ceux qui se contentent d'aller à l'église et de répéter des prières étudiées. Mais non ! L'on peut certainement faire une application de ces pensées à ceux-là, mais ce n'est pas à eux que je pense. Nous ne divisons pas les choses si entièrement, si absolument et pour les mettre dans des compartiments étanches. Je dis que ces choses peuvent se cacher dans la plupart des croyants, et que cela signifiera pour eux une limitation de vie. Pourquoi certains missionnaires peuvent rentrer de leur camp de travail, après un service de vingt-cinq ou trente ans, en disant : "-tout s'est effondré ; les promesse de Dieu, en ce qui me concerne, ont été réduites en cendres et en poussière !" Soyons sincères car il y a des cas ainsi et nous en connaissons personnellement. Pourquoi cela ? Il peu arriver un moment où, à cause de l'irréalité des choses ou du manque de succès, parce qu'ils ne sont pas arrivés à la victoire et n'ont pas atteint le but de Dieu, beaucoup de Ses enfants se trouvent dans une impasse et se posent des questions, et des  questions justifiables, au sujet de la réalité des choses. Pourquoi ?

                    Nous laisserons de côté certaines choses. Nous connaissons la mélancolie et tout ce qui peut venir jeter une ombre. Ce n'est pas de cela que nous parlons. Nous parlons de ce royaume où ce qui est spirituel ne s'est pas manifesté, où le sceau de Dieu n'a pas été donné. Bien que l'on se soit beaucoup dépensé, que l'on se soit beaucoup donné, que l'on ait beaucoup travaillé, l'on ne voit réellement aucune vie spirituelle comme fruit de cette peine. L'absence de vie ! Il est possible, bien-aimés, que nous soyons sous la main de Dieu qui nous châtie et nous discipline, que nous ne voyons aucun fruit, à nos labeurs, aucun résultat à notre travail, et que, en ce qui concerne nos sens, notre âme, tout soit voilé, caché, obscurci, alors que, cependant, la vie agit en puissance de résurrection en nous, en même temps qu'à travers nous, et que les autres reçoivent le bienfait, sans que nous le voyions ou le sentions. Cela est une chose, mais ce n'est pas de cela que nous parlons.

                    Nous parlons maintenant de l'absence de vie, là où les choses sont mortes spirituellement. Quelle en est la raison ? La réponse se trouve en Caïn et Abel. L’explication est ici, dans la différence qui existe entre l'âme et l'esprit. L'âme n'est pas une chose mauvaise, mais ce n'est pas l'âme qui doit gouverner. Lorsque ce qui est de l'âme prend le dessus, c'est le "moi" qui prend le dessus, et les œuvres viennent de nous-mêmes, des énergies et des activités de notre propre âme, et ce ne sont plus les énergies de Dieu qui agissent par notre esprit.

                     Lorsque nous disons de telles choses, que personne ne pense pour un instant que, si nous vivons sur le niveau de l'esprit où tout doit venir de Dieu et rien de nous-mêmes, rien ne sera jamais accompli. Beaucoup de gens pensent qu'il n'y aura alors point d’œuvres, ni aucune activité. La seule différence se trouvera dans les sortes d'activités. Nous n'agissons pas moins, nous agissons autrement. C'est différent, mais la fin verra un résultat beaucoup plus précieux que celui de toutes les activités créées pour Dieu, par notre "moi". Dans les profondeurs les plus secrètes, tout doit être tourné vers Dieu, et non vers notre "moi". Nous ne savons pas combien ce "moi" est profondément enraciné dans notre propre âme. Nous en découvrons quelque chose lorsque nous ne pouvons plus agir, lorsque Dieu pose Sa main sur nous en nous intimant de nous arrêter pour un ou deux mois, en nous mettant hors d'action. c'est alors que nous découvrons combien nous trouvions de gratification personnelle dans notre travail, car rien ne peut plus nous satisfaire depuis qu'il a cessé. Nous avons perdu tout ce qui était notre satisfaction, et nous n'avons rien pour le remplacer. Or, ce que le Seigneur cherche en nous enlevant notre satisfaction que nous trouvions dans les choses et les activités, c'est à devenir, Lui seul, notre joie et notre récompense. C'est que, dans l'activité ou hors de celle-ci, alors même que nous ne pourrions plus agir du tout, nous soyons tout simplement satisfaits de le posséder Lui, le Seigneur.

                     Je suis parfaitement certain que c'est le nœud de toute la question. Ce qui importe, c’est ce que le Seigneur est pour nous, et sûrement pas ce que le travail est pour nous, ni ce qui aurait son centre ou sa source dans notre propre âme. Nous avons le Seigneur et nous sommes satisfaits. Je me demande si quelqu'un d'entre nous en est absolument là ? Non, nous devons encore avoir de la patience pour sauver notre âme. Notre âme a encore besoin d'être amenée, dans un degré plus complet, à la place où Dieu est sa seule récompense. C'est par beaucoup, beaucoup de larmes que nous en arrivons là, mais lorsque nous y arriverons, les larmes seront essuyées. Oui, nos larmes sont associées à notre marche en avant. Elles ne seront plus jamais là lorsque nous serons arrivés. La petite fille qui a dit : "Pour que Dieu essuie toutes les larmes, il faut qu'Il ait un grand mouchoir" avait une fausse idée de la manière dont les larmes sont essuyées. Les larmes sont liées à notre avancement, et elles sont essuyées simplement en résultat de notre arrivée au but. Elles disparaissent. "C'est par votre patience que vous sauverez vos âmes." (Luc 21:19)

La lumière est nécessaire

                    Mais l'intelligence doit être éclairée -- "Qu'il illumine les yeux de votre cœur" -- il faut que l'intelligence soit éclairée pour que, au lieu du chemin de Caïn -- qui est une marche dans l'âme où, même dans sa dévotion à Dieu, dans sa conscience de Dieu l'âme attire cependant tout à elle-même, -- il y ait une vie vécue dans l'esprit. Caïn n'aurait pas reconnu cela. Aucune vie psychique n'admettra jamais le fait qu'elle attire tout à elle-même. C'est la chose la plus difficile pour tout le monde, que d'accepter cela, et cependant c'est le propre de la nature de l'âme. L'esprit est juste le contraire. L'esprit est toujours tourné vers Dieu, c'est-à-dire, l'esprit renouvelé. Le Seigneur Jésus a livré Son âme à la mort. Il a remis Son esprit à Dieu. 

                     Cela nous amène à un nouveau champ de contemplation. La vie de l'âme, comme telle, doit se soumettre. La vie de l'esprit doit s'élever. Pour autant que la vie de l'âme gouverne, c'est la mort. Il peut y avoir beaucoup d’émotion, beaucoup de sentiment, beaucoup de plaisir, beaucoup d'activité, mais la fin sera toujours la mort. Lorsque la vie spirituelle gouverne, la vie de l'esprit, il y a la vie. Et "la loi de Esprit de vie en Jésus-Christ", c'est la loi de la vie.

                    Maintenant, ne nous inquiétons pas de la technique, de la manière dont ce passage a été exprimé dans ses détails, mais demandons au Seigneur de nous rendre capable d'en saisir la conclusion. Comme l'un de ceux en qui est la vie, je dois être conscient de deux choses. L'un des résultats inévitables de la vie, sera que le conflit s'élève en nous. Je dois, de plus, connaître la nature de ce conflit et, lorsque mon intelligence est éclairée, je vois que c'est un conflit qui se livre entre moi, du côté de mon âme, et moi du côté de l'esprit. C'est un conflit entre ma propre âme et ce qui est de Dieu en moi. C'est maison divisée contre elle-même. Elle ne peut pas subsister. Elle doit s'écrouler, tôt ou tard, et nous voyons tout autour de nous l'écroulement des maisons divisées comme cela.

                    Mais ce n'est pas la pensée de Dieu. Il y a une issue. Nous verrons plus loin, si le Seigneur le permet, quelle est l'issue, mais ici nous reconnaissons le fait. Recherchons le Seigneur, afin de marcher dans l'Esprit, d'avoir notre vie en Dieu et non dans les choses, et non point en nous-mêmes. Car cette vie naturelle est une vie fausse, et elle nous séduit parce qu'elle est séduite. Mais sa vie est vraie, et Il est vrai, Celui qui est la vie. Il est aussi la lumière. Parce qu'Il est la lumière, Il est la vie.

                   Demandons au Seigneur de nous rendre bien claire la signification de tout cela.

Chapitre troisième

NOÉ ET LA LOI DE LA VIE 

                    Tandis que nous avançons dans ces méditations, il y a deux autres passages de la Parole qui ont un caractère fondamental, et sur lesquels nous devons nous arrêter. L'un d'eux se trouve dans 1 Pierre 3:20-21

...Lorsque, du temps de Noé, la patience de Dieu attendait et que se construisait l'arche, dans laquelle, un petit nombre, savoir huit personnes, furent sauvées à travers l'eau. C'est une figure du baptême qui, maintenant, vous sauve, et qui consiste, non dans la purification des souillures du corps, mais dans l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, par la résurrection de Jésus-Christ.

                    Sans la retirer de son contexte, ce qui est vital dans notre étude présente, j'aimerai simplement souligner la dernière partie de ce passage : "l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, par la résurrection de Jésus-Christ."

                    Nous reviendrons ensuite aux paroles qui nous sont si familières dans Romains 6:3-6 :
Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.  En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché; car celui qui est mort est libre du péché. Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.

La base d'une bonne conscience

                   Nous passons maintenant au troisième des caractères dont Dieu se sert pour expliquer l'action de la loi de la vie -- c'est-à-dire, à NoéNous avons vu qu'aucun de ces caractères ne pouvaient être considéré comme détaché ou isolé, ou séparé d'avec un autre, ou d'avec le reste. Ils s'entrelacent tous, croissent l'un dans l'autre, et découlent l'un de l'autre. Nous nous trouvons réellement dans une chaîne, une chaîne de sept anneaux. Et les anneaux de la chaîne, dans le chemin de la mort, sont clairement discernés lorsque nous prenons ce livre. "Les yeux de tous d'eux s'ouvrirent"  (Genèse 3:7). C'est le premier anneau de la chaîne. Le second anneau sera : "Alors Caïn se retira de devant l’Éternel." (Genèse 4:16). Le troisième anneau suivra rapidement : "L’Éternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal.... Alors Dieu dit à Noé: La fin de toute chair est arrêtée par devers moi; car ils ont rempli la terre de violence; voici, je vais les détruire avec la terre." (Genèse 6 : 5 est 13)

                   Or, nous voyons exactement ce qui est arrivé dans ce chapitre troisième, au verse sept. Il nous est dit que les yeux de tous les deux furent ouverts. Cela signifie que la conscience s’éveilla , de plus, une mauvaise conscience. Jusqu'à ce moment, la conscience n'avait pas été la faculté dominante. Peut-être avaient-ils été inconscients d'avoir une conscience, mais désormais, leur conscience est devenue vivante, et c'est parce qu'elle était une mauvaise conscience qu'ils agirent comme ils le firent et se cachèrent. . Cela parut avec Adam. Ce que nous devons voir, c'est qu'il faut un remède au mal qui parut avec Adam. Il faut vraiment une délivrance de la mauvaise conscience, et l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu.

                     La race d'Adam en elle-même, est entièrement incapable de donner cet engagement d'une bonne conscience. Peu importe la manière dont agit la conscience dans l'homme naturel car elle révèle toujours la condamnation. En effet, la conscience parle soit pour accuser, soit pour excuser, et ces deux choses représentent la condamnation. Comme la conscience est mauvaise, et que l'homme est incapable de donner l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, cela signifie que, devant Dieu, l'homme est mort. Il est mort pour Dieu. La réponse d'une bonne conscience à Dieu demande que nous soyons sur une base vivante, sur une base de vie, une base totalement autre que celle de la nature : aussi voyons-nous, dans 1 Pierre 3:21, l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts. Or, c'est à cela que nous amène Noé. Nous avons ici la question de la vie liée à la réponse d'une bonne conscience envers Dieu, par la résurrection; car la vie et une bonne conscience marchent ensemble, ou bien une bonne conscience envers Dieu est liée à la vie.

                    Retournons d'un pas en arrière dans notre méditation sur Abel. Nous avons vu en Abel, toute cette question liée au côté "mort" de l’œuvre de la Croix. Lorsque nous avons contemplé Abel et son sacrifice, nous avons vu le discernement d'Abel l'amener à cette conclusion : puisque l'homme, suite à la désobéissance d'Adam, ne peut apporter à Dieu pour Sa satisfaction, rien qui soit le fruit de la nature, le chemin de la vie, pour lui, le fera passer par la mort : Il faut que la créature soit livrée à la mort plutôt que d'apporter ses œuvres, ses fruits, ses biens comme le fit Caïn. C'est ainsi qu'Abel représente le côté mort de la Croix, celui où l'âme est livrée à la mort.

                    Or, tandis que nous trouvons un état de mort universelle, lorsque nous arrivons à Noé et que la mort est très largement en vue, c'est cependant le côté positif qui gouverne avec Noé. Il est très important que nous reconnaissions cela. Ce n'est pas le côté mort qui est suprême avec Noé, malgré son triomphe universel. C'est le côté vie qui gouverne avec Noé, le côté positif.

                    Reprenons encore ce que dit Pierre :

Lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire, huit, furent sauvées à travers l’eau. Cette eau était une figure du baptême, qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus-Christ.


                   C'est le côté positif, nous le voyons, le côté de la vie. Tout ceci met quelque chose en vue, c'est-à-dire la résurrection, la vie. Et la vie et la résurrection ne sont possibles que lorsque la vie naturelle, la vie d'âme du vieil Adam, a été répudiée. C'est un des côtés du témoignage de Noé. Dieu agit toujours pour finir dans la ligne positive. Bien qu'il dise des choses terribles, -- "La mort de tous les êtres créés a été décidée par moi ... je vais les détruire ainsi que la terre elle-même", -- Dieu n'a jamais voulu que là soit la fin. Dieu agit dans la ligne positive. Il réagira pour assurer quelque chose qui réponde à Sa pensée originale. Il n'abandonne pas Sa pensée en disant, -- je ne pourrai jamais faire ce que J'aurais voulu. L'homme a rendu impossible ce qui était sur Mon cœur : Je suis défait, je suis dans une situation désespérée. J'effacerai tout cela et essaierai autre chose -- Il n'en est jamais ainsi pour Dieu, et quels que soient les moyens auxquels Il doive recourir pour revenir à Sa pensée, Il ne fait jamais que revenir à Sa pensée pour l'accomplir. Il agit et réagit en gardant toujours la ligne positive. S'il n'en était pas ainsi, Dieu serait défait, et encore défait. Il serait comme un Dieu désespéré, impulsant qui ferait de futiles tentatives tout au long de l'histoire, et la plus grande faillite que cet univers ait jamais vue aurait été la mort de Jésus-Christ ! Or, nous savons que la mort du Seigneur Jésus a été le plus grand triomphe que cet univers ait jamais connu. Elle a ouvert le chemin pour une nouvelle création. Dieu agit toujours dans la ligne positive.
                  Mais nous ne pouvons jamais être das la ligne positive, nous ne pouvons jamais arriver à la vie, avant d'avoir répudié ce que Dieu a répudié. Dieu a répudié la vie naturelle, la vie de l'âme en tant que chose dominante dans la vie de l'homme. Pourquoi cela ? Comme nous l'avons déjà vu, c'est parce que, depuis la chute et la transgression d'Adam, la vie naturelle de l'homme, la vie de l'âme, est une vie fausse. Cela a été très fortement manifesté en Caïn.

La vie naturelle de l'âme est une vie fausse

                    Il nous faut souligner ici quelque chose de ce qui a déjà été dit dans notre précédente méditation. Nous voyons en Caïn, un homme très pieux, un homme qui reconnaît et qui regarde Dieu comme l'objet de son adoration. Tandis que Caïn considérait le résultat de ses labeurs en ces fruits des champs et des arbres, il choisit  probablement les meilleurs, il distingua les plus parfaits, il prépara un sacrifice qui correspondait à son idée la plus haute de ce qui peut être de Dieu. Nous lui ferons crédit de cela, et je pense que c'est exactement ce qu'il fit. Il apporta ce qu'il avait pu trouvé de meilleur, et chercha à rendre de cette manière son culte à Dieu. Il chercha la vie dans cette ligne-là. Mais, comme nous le comprenons, son  âme était obscurcie. Cette action de l'âme, ce mouvement, cette énergie, cette vie de l'âme, cette vie naturelle était une vie fausse. Elle le trompa, elle le séduisit, elle le poussa à agir d'une manière qui le mit en présence d'un mur sans aucune ouverture, sans issue. C'était la pensée d'une vie fausse et séduite. Il en est toujours ainsi de notre vie naturelle. C'est une vie fausse, c'est une vie séduite, et elle nous trompe jusque dans le culte que nous offrons à Dieu. Nous pouvons être pleins d'extase, dans l'adoration. Nous pouvons être fortement émus dans l'adoration. Il peut y avoir dans l'adoration quelque chose qui ressemble à une véritable agonie; j'ai vu cela. Je suis entré dans des cathédrales en Europe méridionale et sur les côtes de la Méditerranée, lors de la cérémonie du "Corpus Christi" et à d'autres occasions. Et, lorsque l'hostie était élevée, j'ai vu des fidèles prostrés sur le sol dans ce qui paraissait être une agonie, poussant des soupirs et couverts de sueur. Et moins d'une demi-heure après, dans la rue, ils se disputaient à coup de couteaux ! Oui, c'est une vie fausse, une vie séduite. Cet exemple en est naturellement une expression extrême. Mais nous pouvons voir les mêmes choses sous des formes plus modérées. La sincérité n'est pas nécessairement une réalité. Il nous faut discerner. Nous pouvons avoir de bons sentiments : c'est la démarche de Caïn. Mais ensuite, il tua ! Notre vie propre est une vie séduite, et elle peut nous tromper jusque dans l'adoration. Elle ne mène à rien.

                  Dans ce que nous appelons le service de Dieu, ce peut être encore notre propre ardeur, notre propre enthousiasme, notre propre énergie qui ont place, et non pas cette énergie, cette vitalité de l'Esprit de Dieu, qui seules peuvent servir Dieu. Je ne prétends pas cependant que, lorsque le Saint-Esprit se saisit de nous, nous ne nous donnions pas entièrement aux choses que nous faisons, seulement nous ne serons plus "nous-mêmes", la source et le centre de tout. Il est vrai que, si le Saint-Esprit se saisit de nous, Il se servira de nous entièrement. Le Seigneur demande de nous que, tout ce que nos mains trouvent à faire, nous le fassions de tout notre cœur. Oui, mais le Saint-Esprit doit avoir la responsabilité de tout diriger, d'inspirer, de gouverner, sinon tout serait vain, et nous serions trompés en essayant de servir le Seigneur par nos propres forces. Nous ne verrions aucun résultat vital.

                    La question est -- Où est la source des choses -- en nous mêmes ou en Lui ? Est-elle de Dieu ou vient-elle simplement de notre propre jugement, de ce que nous croyons être pour Dieu ? C'est là que notre intelligence a besoin d'être éclairée, et c'est que les choses doivent être à leur place. Cette vie naturelle ne peut arriver à Dieu, et par conséquent, elle ne pourra jamais nous amener à la maturité spirituelle. Il est étrange, n'est-ce pas, que quelques-uns qui sont engagés des plus énergiquement dans l'œuvre de Dieu restent cependant si petit dans leur connaissance de Dieu ! Notre propre âme ne nous amènera jamais à la maturité spirituelle, à une connaissance réelle et véritable de Dieu. Et le sceau de tout est la croissance dans la connaissance du Seigneur. Il ne sera pas question, à la fin, de savoir combien de travail j'ai accompli, combien j'ai été sincère et sérieux car la seule chose qui importera pour finir, ce sera, -- dans quelle mesure est-ce que je connais le Seigneur; de combien ai-je grandi dans la connaissance du Seigneur; de combien mon intelligence spirituelle s'est-elle augmentée ? Voilà ce qui est très important ! Et cela, c'est une question de vie, de vie divine. 

                     Le déluge fut le verdict prononcé sur le chemin de Caïn. Le second anneau de la chaîne est, comme nous l'avons dit, -- "Alors Caïn se retira de devant l’Éternel et il habita dans le pays de Nod" (Genèse 4:16). Qu'arriva-t-il ensuite ? Il institua une civilisation. Nous relevons ce que nous avons raconté après cela. Nous trouvons des villes, des commerces, des arts, des industries, tout cela venant de Caïn, tous les aspects variés de la vie humaine. Caïn édifia une civilisation. Il produisit un monde selon sa propre nature; une vie naturelle, une vie de l'âme, un monde de l'âme. Ce qui n'était pas venu de Dieu, mais de lui-même. Et le déluge fut le verdict porté par Dieu sur ce chemin de Caïn, ce monde de la gloire naturelle, du fruit de l'homme en dehors de Dieu. Nous voyons ainsi que la loi de la vie opère, non pas dans cette ligne, -- qui est le chemin de la mort -- mais dans une autre ligne, à travers le déluge et, de l'autre côté du déluge, sur une base de résurrection. 

L'importance d'une position vraie et établie

                    Maintenant, si pour un instant nous laissons la base de la résurrection, qui présuppose la répudiation de notre vie naturelle, la vie sera immédiatement arrêtée, et la mort en tirera son avantage. Il nous faut reconnaître une fois pour toutes ce que nous avons fait de notre nature et de la base de cette nature, qui a été entièrement mise de côté comme base de notre espérance, de notre confiance, de notre assurance, de notre attente. Et pourtant, combien long est ce conflit terrible que nous avons à mener contre notre propre nature, pour en arriver à cette position ! Avons-nous encore un espoir quelconque en notre vieille nature ? Nous qui sommes familiers avec l'enseignement de la Croix, nous répondons naturellement, -- Non, certainement pas ! Nous voyons qu'elle est stérile et inutile, et nous n'avons aucun espoir de ce côté-là ! Alors pourquoi être misérable parce que nous ne trouvons rien de bon en nous-mêmes ? Cela signifie que nous attendions encore quelque chose de nous-mêmes. Si nous restons sur cette base-là, nous prenons la base de la mort. Mais si nous acceptons la base de la résurrection, cela signifie que nous avons, une fois pour toutes, abandonné tout espoir de trouver quelque chose de bien venant de nous-mêmes. Oh ! Avoir cela bien établi, et bien établi à l'égard du diable ! Car il faut le comprendre, cela constitue non seulement un énorme point de conflit, mais c'est aussi une base pour Satan. Chaque anneau dans cette chaîne, chaque aspect de cette loi de vie est un renversement de l'œuvre de Satan. S'il avait pu amener l'âme dans une fausse place sous sa domination, il faut que l'âme soit livrée pour que la base de l'ennemi lui soit enlevée. 

                  Nous avons entendu l'histoire du fermier qui était toujours troublé dans sa vie spirituelle, parce que Satan venait lui répéter sans cesse qu'il n'était pas pardonné, et qu'il n'était donc pas un vrai croyant en Christ, qu'il n'était pas sauvé. Il était accablé, presque chaque jour, sous cette accusation, si bien que la vie lui devint intolérable. Un jour, incapable de demeurer sous le poids de cette accusation et de la misère qui était devenue la sienne à cause de cela, il s'assit pour considérer la chose bien clairement. Il se posa quelques questions, la Parole de Dieu ouverte devant lui. Il se demanda : "AI-je accepté ceci ? Est-ce que je crois en cela ? Bien sûr, et de tout mon cœur !" Alors Dieu me dit : "Il n'y a donc plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ." (Romains 8:1) Il alla ensuite dans le champ où Satan l'avait rencontré si souvent, et il prit un pieu qu'il enfonça profondément en terre en disant : "Cela règle la situation une bonne fois pour toutes !" Puis il alla continuer son labourage. Il arriva de l'autre côté du champ, et Satan revint et essaya de le tenter encore. "Attends, Satan, dit-il, viens avec moiTu vois ce pieu : je l'ai planté pour régler cette question une fois pour toutes. Dieu l'a dit, je le crois et je l'accepte. C'est fini !"
 
                   Ne parlementons pas avec Satan. Montrons-lui le fait établi et restons-en là. Attachons-nous au fait. Si nous nous éloignons de la base de la résurrection et de ce qu'elle implique, ce sera la mort. Restons sur cette base, dont l'implication est que nous avons répudié la vie de la nature, où nous n'avions aucun espoir, et que nous avons vu en Christ notre espérance, l'espérance sûre, la seule espérance. Maintenons cette position, et la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ nous affranchit de la loi du péché et de la mort. C'est ainsi que la loi de la vie opère, sur la base de la résurrection. Il ne peut y avoir de bonne conscience sur une autre base, ce que le fermier comprenait bien lorsqu'il passait du côté de Satan et acceptait ce qu'il lui disait.
 
                    Noé est à jamais le témoin contre la vanité, le vide, la stérilité de la vie naturelle, et son témoignage est très pratique. Il rendit témoignage contre la vanité de la vie naturelle, en se construisant une arche pour en sortir. C'était cela pour Noé, le chemin de la vie; c'était sortir de la vie de la nature. La loi de la vie en Jésus-Christ suppose que, en esprit, nous sommes sortis de la nature ; sinon, cette loi n'est pas pour nous, elle n'a pas de signification pour nous ; elle n'opère pas en ce qui nous concerne. Elle suppose que nous somme sortis de la vie de la nature pour être en Jésus-Christ. 

Noé -- Un témoin contre le discernement perdu

                    Arrêtons-nous à présent sur Noé de manière plus intime. L'un des traits prononcés du temps de Noé, c'était le manque de distinction entre les choses pures et les choses impures. Nous trouvons cette déclaration mystérieuse dans Genèse 6:2 : "Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qui leur plurent." La dernière partie de ce passage est très suggestive --"celles qui leur plurent". Tout en nous abstenant délibérément d'entrer dans une explication de la première partie de ce passage, considérons ce qui est à la surface. Nous avons ici ceux qui sont dans la ligne de Dieu. Nous nous en tiendrons simplement à cela. Il y a ici ceux qui sont dans la ligne de Dieu, les fils de Dieu et les filles des hommes. Et nous trouvons un mélange entre eux, un manque de distinction, une perte de discernement entre ce qui est de Dieu et ce qui n'est pas de Dieu, et un rapprochement de ces deux choses pour les unir. C'est la signification du mariage. Mais qu'est-ce qui avait engendré cette situation ? "Celles qui leur plurent". Nous avons ici le désir, l'action de l'âme qui désire et qui choisit, sans aucune perception de ce qui est de Dieu et de ce qui n'en est pas. Nous voyons le principe. Voulons-nous simplement isoler ces quelques mots, les retenir et les méditer ? L'âme en action, le désir, c'est l'âme dans son côté émotif. Le choix c'est l'âme dans son côté volitif ; désirer et choisir sans discernement quant à ce qui est de Dieu et ce qui n'est pas de Dieu. C'est exactement le chemin de la vie naturelle. C'est  exactement  l'exemple que nous avons dans le choix de Caïn. La vie de la nature mélange les choses, et elle n'a pas le pouvoir de percevoir ou de discerner ce qui est de Dieu et ce qui n’est pas de Dieu. Elle confond les deux choses. C'est aujourd'hui la tragédie du christianisme, la tragédie de ce qui est appelé "l'Église", la tragédie de l’œuvre du Seigneur. Les choses y ont été mélangées. Ce qui est de Dieu a été soumis à la main de l'homme, et l'homme s'introduit dans les choses de Dieu. Tout cela, c'est le mélange de l'âme avec les choses de Dieu.

                      Or, c'était un caractère prononcé de l'état des choses au jour de Noé. Et si il y a une chose que Dieu abhorre, c'est le mélange. Dieu a montré dans Sa Parole combien Il est opposé au mélange. Pour Dieu, il y a la lumière et les ténèbres. Il a la mort, il y a la vie. Lorsque Dieu aura atteint Son but, la rivière de l'eau de la vie sera un pur cristal, sans aucune obscurité. La nouvelle Jérusalem, la Cité sainte, est aussi claire que du jaspe cristallin et transparent. Tout cela est de la nature de Dieu. "Dieu est lumière et en Lui il n'y a point de ténèbres." (1 Jean 1:5) Dieu est positif, et Dieu hait la confusion. Il n'est pas un Dieu de confusion. Il ne peut supporter le mélange. Dieu dit toujours, en fait -- une chose ou l'autre, pas les eux ! "Parce que ...tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche" (Apocalypse 3:16). Dieu est écœuré par le mélange,  et c'est ce qui existait du temps de Noé. La vie naturelle s'était mêlée aux choses divines. Et cela amena le déluge, le jugement. C'est le chemin de la mort. La loi de l'esprit de vie demande le don absolu de nous-mêmes. La vie agit dans la ligne de ce qui est entièrement distinct, manifeste, clair et selon Dieu. Elle ne peut autoriser le mélange.

                    Nous voyons ici la séduction de cette vie d'âme attirer le jugement de Dieu. Qu'est-ce que la séduction ? Elle agit de plusieurs manières. Mais en ce qui concerne l'âme, elle peut agir de cette manière : elle nous fait adhérer de façon si déterminée à nos propres opinions sur un certain sujet, que nous ne sommes plus disposés à soumettre nos opinions à aucun autre jugement que le nôtre... La chose commence par nous et se termine avec nous. Elle est liée à nous-mêmes, et nous n'accepterons aucun autre jugement sur notre opinion. Nous pouvons être certain que dès que quelqu'un a cette attitude, il est profondément séduit.

Le témoignage de Noé implique essentiellement la résurrection

                   Il faut, à présent conclure cette méditation. Il y a en Noé deux choses qui doivent être relevées. Il est écrit qu'il était un homme juste, et qu'il marchait avec Dieu. En tant qu’homme juste, il reprend ce qui a été vrai en AbelIl a été rendu témoignage à Abel qu'il était juste. Et, en ce qui concerne sa marche avec Dieu, Noé reprend ce qui a été vrai d'Enoch car Enoch marcha avec Dieu. Ces deux choses nous amènent immédiatement sur la base de la résurrection, et nous montrent ce que représente Noé. Si, comme il est écrit, il est un homme juste, d'où lui vient cette justice ? Sur la seule base de la résurrection du Seigneur Jésus. Nous sommes justifiés par Sa vie, c'est-à-dire Sa vie de résurrection. La résurrection de Jésus-Christ est l'acte même de Dieu, par lequel Il atteste que tout péché et toute culpabilité ont été réglés et enlevés, et c'est la base sur laquelle nous sommes justifiés. C'est par Sa justice, et Sa justice nous est donnée par Dieu. C'est la vie -- marcher avec Dieu. Qui peut marcher avec Dieu ? Personne ne peut marcher avec Dieu, à moins d'être sur une base de résurrection, à moins d'être juste devant Dieu dans ce sens-là. 

                     Nous pourrions ainsi continuer à mettre l'accent, à bien des égards, sur le fait que Noé représente le côté positif, la résurrection. Et la loi de l'Esprit de vie opère sur la base de la résurrection. Cela signifie que toute autre base de vie naturelle a été abandonnée, et que, en Christ, nous en sommes sortis. Nous voyons Noé, durant toutes ces années, occupé à ce qui le prouve être en dehors de ces choses de ce monde, car durant toutes ces années, Noé construit cette arche. Par chaque coup de marteau, il répète -- je ne suis pas en ceci, j'en sors, je le répudie ! L'heure vient où ce qui est vrai de moi spirituellement s'accomplira littéralement. C'est aussi notre position. Nous aussi, nous sommes sortis spirituellement, et nous attendons l'heure où ce qui est vrai de nous spirituellement deviendra littéralement vrai. Nous sortirons. Mais Christ est sorti ; et la vie de résurrection signifie que, en Lui, nous sommes sortis de ce qui est d'ici-bas, sortis de notre propre nature, et de ce monde, et de nous-mêmes. Noé et son arche rendent à jamais ce témoignage -- sortir, toujours sortir.

                   Et cependant, il nous faut beaucoup de patience pour être spirituellement en dehors tout en étant environnés par tout cet état de choses, tourmentés, ennuyés, pressés par la vie de la nature. "C'est par votre patience que vous sauverez vos âmes" . (Luc 21:19) 

                    Laissez-moi répéter encore que tout cela signifie être sur la base de la résurrection. C'est pourquoi nous avons cité Romains 6:3-8 au début de notre méditation. C'est par la mort que nous y arrivons. Relions Romains 6 à 1 Pierre 3:21. -- A travers l'eau, sauvés sur la base de la résurrection, devenu une même plante avec Lui par une mort semblable, huit âmes -- huit est le chiffre de la résurrection -- ont été sauvés des eaux : "une figure du baptême qui, maintenant, nous sauve ... l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, par la résurrection de Jésus-Christ". Il est tout à fait possible à chacun d'entre nous d'avoir une conscience parfaitement bonne. Quel état heureux et béni ! Avons-nous une bonne conscience ? Ou bien sommes-nous sous l'accusation, sous la condamnation ? Sommes-nous inquiet et tourmenté à cause de la méchanceté de notre cœur ? Cela signifie alors que nous n'avons pas donné à Dieu la réponse d'une bonne conscience. Pourquoi donc ? C'est que nous attendons encore quelque chose de notre propre nature, de nous-mêmes. Nous ferions mieux d'y renoncer puisque c'est le seul chemin pour en sortir. Répudions notre "moi" ! Disons-nous à nous-mêmes et au disons au Diable une fois pour toutes, que, en nous, c'est-à-dire dans notre chair, il ne demeure rien de bon et que nous ne nous attendons plus à y trouver quoi que ce soit de valable. Le Diable le sait et cependant, il essaie de nous engager dans la tâche impossible de chercher quelque chose que nous ne trouverons jamais, -- et c'est ainsi qu'il nous tourmente. Alors, pourquoi ne prendrions-nous pas la base du Seigneur pour triompher des manœuvres de l'ennemi ?  Enfonçons notre pieu. Acceptons le fait que nous ne pourrons jamais attendre quelque chose de bien de nous-mêmes. Tout notre bien est en Un Autre, en notre Seigneur Jésus. C'est la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ. Que le Seigneur nous fasse comprendre tout ce que cela signifie !

Chapitre quatrième

ABRAHAM ET LA DE LA VIE

En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. (Romains 8:2)

Or, c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu.
J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi.  (Galates 2:19-20)

                    Le suivant de sept aspects de la loi de la vie est représenté par Abraham. Nous faisons connaissance avec Abraham à la fin du chapitre onzième de la Genèse.

                    En parlant de cet aspect de la loi de la vie que représente Noé, nous avons vu la nécessité d'être sur la base de la résurrection. Ce qui implique que toute la base de la nature a été répudiée,et que, pour nous, elle a été laissée de l'autre côté du déluge, d'un baptême de mort. Nous nous considérons donc désormais comme étant sur une base de résurrection, et là, nous mettons notre main dans celle d'Abraham, pour le laisser nous conduire et nous montrer ce qu'est le pas suivant dans le chemin de la vie.

La vie en Christ est ne vie de foi

                     Ici, en un mot, nous trouvons la loi de la vie liée à la foi. Lorsque nous arrivons sur une base de résurrection, par une expérience semblable à celle de Noé, nous sommes inévitablement sur une base de foi. Il est bon que nous le reconnaissions aussitôt. Il est très beau de contempler la vie de résurrection. Chacun de nous en donnera une réponse à cette idée. Nous n'aurons aucune controverse, ni aucune difficulté à l'accepter. Mais comprenons bien que la base de la résurrection entraîne avec elle, inévitablement et inséparablement, une vie de foi. Il est impossible de connaître cette vie autrement que dans le chemin de la foi. Et c'est dans le chemin de la foi que cette vie grandit. Ces deux choses vont ensemble. L'une découle de l'autre.

                      La dernière chose que nous avions soulignée dans notre méditation sur Noé, a été ce petit mot de "sortir". Le témoignage que Noé rendait, tandis qu'il construisait son arche, c'était qu'il état en dehors des choses qui existaient alors. Il préparait une exode, un moyen, une voie de sortie. Par la construction de l'arche, il déclarait ce fait : -- Je ne suis pas en ceci, J'en suis en dehors ! -- Nous ne sommes donc pas surpris de ce que les premiers qui nous soient dit au sujet d'Abraham soient ceux-ci : "Quitte ton pays ...." -- "Sors". Nous sommes sur le même terrain.

                   Mais arriver sur la base de résurrection ne signifie pas arriver sur une base de foi. Noé symbolise la résurrection, et Abraham, la foi. "Quitte ton pays !" -- "Sors !" -- La vie elle-même est une vie de foi. Nous ne parlons pas ici, de la manière de vivre. C'est la vie elle-même qui est une vie de foi, et la foi qui est la foi du Fils de Dieu est  la vie. Ceci, naturellement, n'est pas une parole profonde. Nous n'aurions qu'à l'exprimer dans le sens inverse pour voir combien elle est simple et élémentaire. Tout ce qui n'est pas foi aura toujours la nature de la mort. Le doute est mort, l'incrédulité est mort, le manque de confiance est mort, comme toutes les choses de cette catégorie. Les questions, les controverses, tout ce qui est dépourvu d'une simple foi ne peut que nous amener dans une impasse, nous mettre sous un arrêt. C'est la mort. Nous voyons dans la foi de la vie opérer avec Abraham dans la ligne de la foi, une foi qui agit de plus en plus profondément, qui produit la vie dans une mesure toujours grandissante. Ces deux choses vont ensemble. Plus profonde est la foi, plus profonde sera la vie. De même, une mesure de vie plus grande implique une foi plus profonde.

                  Nous remarquons qu'ici, encore, nous revenons au mal fait par Adam pour le renverser. Avec tous ces hommes, Abel et Noé, et Abraham, et tous les autres, Dieu agit par un recul. Il reverse le mal, fait par Adam. Lorsque nous arrivons à Abraham, nous trouvons en lui le triomphe de Dieu sur ce péché fondamental de l'incrédulité. Tous ces hommes sont des figures qui dirigent vers Celui qui est vrai. En Jésus-Christ, ils seront tous rassemblés, non pas de manière figurée ou représentative, mais d'une manière vivante et actuelle. Et le triomphe qu'a eu Satan dans la séduction et la chute d'Adam sera complètement renversé, entièrement détruit. Car Christ a été manifesté pour détruire les œuvres du Diable. Mais ici déjà, nos voyons les œuvres du Diable détruites d'une façon qui n'est pas symbolique et figurée. Dieu renverse le cours des choses et annule la faute d'Adam. Il corrige les choses.

                    Il faut maintenant considérer Abraham et résumer sa vie en deux ou trois phrases très significatives. Nous n'essaierons pas de revoir toute sa vie, pas même dans ses grandes lignes, mais nous pourrons dégager quelques-uns des facteurs principaux de cette vie de foi.

Le don de la vie est entièrement de Dieu et pour Dieu

                    Il s'agissait pour Abraham, en premier lieu, de sortir pour être avec Dieu seul. C'est là, je pense, la signification de ce que nous appelons "la vocation d'Abraham". L'Éternel dit : " Quitte ton pays, ta famille, la maison de ton père." (Genèse 12:1) Ton pays, ta famille, la maison de ton père. Dans la souveraineté de Dieu, Abraham est appelé à devenir l'instrument de la vie, c'est-à-dire en figure, en symbole. Cette vie, la vie dont nous parlons, est celle de Dieu seul, et elle doit être entièrement vécue pour Dieu. Elle ne se laisse pas saisir pour être employée dans une autre relation. Elle se refuse à cela. La vie de Dieu refuse toute relation autre que Dieu Lui-même. Dès que l'on veut s'en saisir ou que l'on cherche à s'en saisir pour une autre relation, elle s’arrête et l'instrument dans lequel elle demeure ne peut plus avancer. C'est exactement ce qui arriva à Abraham. Dieu avait dit "Quitte ton pays", mais Dieu avait aussi dit "ta famille et la maison de ton père." Cela signifiait tout. C'était définitif, entier et final. Abraham fit le premier pas de fois, et il ne fit ni le second, ni le troisième. Il prit sa famille et la maison de son père avec lui et il ne put aller très loin. Il arriva à un point d'arrêt et il ne put aller très loin. Il arriva à un point d'arrêt et y resta jusqu'à ce que le reste de l'ordre divin ait été observé, ou du moins, une grande partie de cet ordre. Alors Abraham avança. Cependant il n'entra pas entièrement dans la pensée divine, comme nous le verrons un peu plus loin. Je pense que nous voyons le point.

                   Cette vie divine, qui entre dans l'enfant de Dieu par la nouvelle naissance, est la vie de Dieu, et la vie de Dieu seul, et elle ne peut être liée à aucune autre chose. Elle n'agira pas dans un autre sens. Elle n'agit qu'en relation avec Dieu, avec la pensée de Dieu, le dessein de Dieu, la volonté de Dieu. Et pour que cette vie nous porte jusqu'au but entier de Dieu, elle doit être vécue entièrement pour Dieu. Toutes les autres relations doivent être abandonnées. Elle ne peut pas être introduite dans d'autres relations. Nous le voyons, cette vie n'est pas une chose simplement abstraite. Elle est en Jésus-Christ et elle est entre les mains du Saint-Esprit. Elle ne peut pas être possédée à part, en vérité. Nous ne pouvons pas séparer la vie de la Personne, de la Personne divine. Christ est la vie et le Saint-Esprit est l'Esprit de vie. Ainsi lorsque nous nous occupons de la vie, nous nous occupons du Saint-Esprit, ainsi que de Jésus-Christ. Cela signifie que cette vie, qui est l'essence même de Dieu, a ses propres caractéristiques, ses propres formes,ses propres significations, ses propres mesures, ses propres objets. Elle a sa propre mentalité, ses propres raisons, ses propres voies. Elle a une voie à elle, une signification à elle et une pensée à elle. Il n'y en a point de semblable à elle. Elle suit son propre cours. Toutes les autres voies, toutes les autres mentalités sont autres en vérité, entièrement autres. Il n'y a aucune correspondance entre elle et les autres. Lorsque Dieu dit : "Mes pensées ne sont pas vos pensées, mes voies ne sont pas vos voies." (Esaïe 55:9) -- la différence qui existe entre vos voies et vos pensées et les Miennes est aussi grande que l'espace qui sépare le ciel de la terre, -- ce n'est qu'une manière de s'exprimer, -- Ma vie est absolument différente de la vôtre, dans sa mentalité, dans son jugement, son raisonnement, ses caractéristiques, sa nature. Différente en tout elle est entièrement autre. 

                    Quel est donc l’effet de tout cela ? Cela signifie que cette ne vie saurait coexister, ni avoir communion, avec quelque chose de notre propre nature. Elle ne peut avoir aucun lien avec notre propre nature. La vie naturelle ne peut être une amie de la vie divine, et la vie divine ne peut être amie avec la vie naturelle. Elles sont dans deux mondes différents. La vie naturelle, la vie d'âme dans l'homme, a en elle des éléments de Satan, et la vie divine a en elle des éléments de Dieu. Ce sont deux royaumes différents, entièrement différents. Or, c'est un principe établi, cette vie divine demande sa propre direction et ses propres relations. Cette vie divine demande ce qui est entièrement de Dieu. Et je vois dans "ton pays, ta famille, la maison de ton père" ces choses qui suggèrent les relations et influences naturelles. Et Dieu ne peut les mettre à côté de Sa vie en nous. Paul a dit --lorsque Dieu " trouva bon de révéler son Fils en moi... j'obéis aussitôt sans consulter ni la chair ni le sang" (Galates 1:16) Cela aurait été influence humaine, influence naturelle en relation avec les choses de Dieu. Et c'est le principe que nous trouvons ici. En ce qui concerne la nature, cette vie de Dieu doit être complètement indépendante.

                   Il faut naturellement être prudent en disant cela, parce que nous parlons tellement mal de l'indépendance. Mais, nous sommes ici dans un royaume entièrement différent, et j'aimerai que cela soit bien clair. Premièrement, tout ce qui est de nature indépendante dans la vie spirituelle, est mauvais, je veux dire parmi le peuple de Dieu. C'est une violation de la loi corporative de Dieu, qui est aussi une loi de vie. Nous ne parlons pas non plus de l'influence de ce qui est spirituel. Nous avons besoin d'influences et de relations spirituelles. Nous avons besoin de nous aider les uns les autres. Il ne doit y avoir aucune question d'indépendance dans ces cas-là, aucune indépendance de ce qui est de Dieu dans les autres. Certains enfants de Dieu disent, -- "je dois marcher avec Dieu, je dois connaître Dieu pour moi-même. Je ne puis rien recevoir des autres. Je ne puis soumettre mes convictions à personne. Je marche seul avec le Seigneur dans mon assurance et ma conviction personnelles." Cela peut être une attitude très mauvaise. Tandis que nous devons connaître le Seigneur personnellement, le Seigneur se fera très souvent connaître à nous par d'autres frères ou sœurs qui marchent aussi avec Lui. Une fausse indépendance dans ce qui est spirituel agit en sens inverse et, ne voulant pas marcher avec les autres, nous pouvons être dans une entière séduction. Notre solitude peut ne pas être une solitude avec Dieu. Nous pouvons être convaincus d'être dans le vrai chemin, mais c'est une vraie séduction.

                    Cela est une chose, mais ce dont nous parlons maintenant c'est de l'influence de la propre nature, et non pas de l'influence des personnes spirituelles, et de tout ce qui est spirituel venant de Dieu. Nous avons besoin de ces influences-là, de cette aide et de cette communion pour arriver au but de Dieu. Mais lorsqu'il s'agit des éléments naturels qui interviennent, -- et il peut y en avoir beaucoup : le sentiment, l'affection naturelle de ceux qui cherchent à nous influencer, etc... -- lorsque les éléments naturels interviennent pour nous détourner de ce que nous savons être la volonté de Dieu, c'est-à-dire ces éléments qui ne découlent pas d'une connaissance de Dieu, qui ne sont pas nés d'une marche intime avec Dieu et ne peuvent donc pas être le conseil que Dieu nous donne par les autres, -- alors la vie de la foi demande que tout cela soit pleinement et définitivement mis de côté, et que nous vivions, en ce qui concerne notre vie spirituelle, pour Dieu, entièrement pour Dieu. Ce fut la première épreuve pour Abraham, et la première application de la loi de la vie dans son cœur. Serait-il prêt à marcher avec Dieu seul, malgré toutes les influences de la nature ? Allait-il répondre au mouvement de Dieu dans son cœur, sans permettre aux considérations naturelles de l'influencer ?

                    Durant une longue période, la réponse d'Abraham ne fut que partielle, et par conséquent, le dessein de Dieu resta en suspens, et il n'avança que partiellement dans le dessein de Dieu. Pour commencer il prit avec lui son père, et cela l'obligea à s'arrêter. Ce ne fut pas avant la mort de son père qu'Abraham fut libéré plus complètement pour le dessein de Dieu. Sa vie fut retardée, tant que les liens naturels continuèrent à l'influencer. Mais tout cela devait être appliqué intérieurement comme extérieurement. Nous ne parlons pas seulement de nos relations, de nos familles. Il est vrai qu'il peut y avoir des influences naturelles qui s'exercent sur nous, mais il y a quelque chose de beaucoup plus profond que cela. Il y a en nous ce qui prend toujours conseil de la chair : des jugements charnels, des raisonnements charnels, l'action et l'influence de la pensée naturelle. Et c'est cela que nous avons à repousser, dont nous devons nous séparer. Tout ce qui est de la vie de la nature doit reculer lorsque nous arrivons sur une base de résurrection, pour connaître la vie, parce que cette vie est essentiellement une vie de foi.

L'épreuve du cœur

                    Ensuite, la seconde chose pour Abraham, c'est la question de l'ambition dans les choses de Dieu ici-bas, sur cette terre. Cela nous trouvera. Pour finir, Abraham avança. Les influences naturelles, en ce qui concerne les relations, diminuèrent. Abraham se mit en route et arriva dans le pays, le pays promis, l'accomplissement des grandes choses, la chose pour laquelle il a abandonné le reste, la chose vers laquelle il s'est élancé dans la foi. Il arriva dans la pays, l'objet de son attente et sa nouvelle ambition, et qu'y trouva-t-il ? Un pays qui est rempli de ce qui est contraire à la pensée de Dieu, et une grande famine dans le pays et avec cela pas même une personne pour lui offrir un coin de terre. Il n'y trouva pas un lieu où poser ses pieds. Je vous suggère la pensée qu'une expérience comme celle-là est une épreuve assez forte pour nos ambitions. Qu'attendons-nous quand nous marchons avec Dieu, lorsque nous quittons tout pour Lui ? C'est la réponse à cette question qui montrera si, dans nos relations avec Dieu, nous avons des ambitions sur cette terre. Avons- nous saisi le point ? Oui, il est possible de reporter nos ambitions naturelles sur des buts spirituels. C'est toujours la même chose qui est à l’œuvre. La seule différence c'est la direction ou la sphère dans laquelle elle se retrouve. L'on peut être aussi ambitieux dans l’œuvre de Dieu que dans le monde, et c'est la même ambition naturelle. C'est l'ambition de la nature. On désire -- et que désire-t-on ? Voir quelque chose, avoir quelque chose, être dans quelque chose ? L'ambition du succès, oui un jour elle se manifestait dans le monde. Maintenant, c'est la même ambition tournée vers d'autres choses. Si cela était vrai pour Abraham, quelle épreuve est la sienne ! C'est une épreuve pour l'ambition. Il ne trouve rien, pas même un lieu pour poser ses pieds dans le pays. Il lui faut aller et venir, vivre dans des tentes. Il n'a pas de réponse immédiate et visible à sa foi, au sujet de ce pays. Sous cette épreuve, il faiblit et il descend en Égypte. Qu'implique cette descente en Égypte ? Quelques espoirs ! Il avait espérer recevoir des mains de Dieu quelque chose de différent. Il doit apprendre que cette vie est une vie de foi. Plus cette vie est incrustée en nous, moins nous verrons ce qui pourrait gratifier la nature même dans les choses de Dieu. 

                    Nous le voyons, c'est très souvent aux enfants, à ceux qui sont à l'école maternelle, dans las stages élémentaires de la foi, à ceux qui ne peuvent pas encore supporter une épreuve très forte, que Dieu doit donner des réponses tangibles et des signes manifestes. La marque de la maturité est habituellement l'arrêt des manifestations et des signes extérieurs, car Dieu demande que nous marchions avec Lui seul et pour Lui-même. C'est une preuve d'avancement dans l'école de Dieu, lorsqu'il peut nous enlever les signes extérieurs. Cela montre que nous sommes sortis de l'épreuve, et que nous n'avons plus d'ambitions dans cette vie.

                   Or, dans cette première épreuve, dans cette première application de cette vérité, Abraham a succombé. Mais il a heureusement appris sa leçon. Il nous faut toujours reconnaître sincèrement chez les serviteurs de Dieu, chaque pas de leur enrichissement spirituel. Dans l'expérience suivante -- et il est remarquable de voir ces deux incidents se suivre immédiatement. -- nous trouvons un triomphe merveilleux et glorieux dans le même domaine. Nous avons, au chapitre douzième, le récit de la descente d'Abraham en Égypte, qui a été pour lui le chemin de la mort. Et cela sera suivi immédiatement au chapitre suivant, par la querelle qui s'élève entre les bergers d'Abraham et de Lot, au sujet des pâturages et de l'eau. Abraham s’entretient de ce problème avec Lot, et il lui dit, en fait : -- Pourquoi est-ce que nous nous querellerions ? Est-ce que nous cherchons quelque chose pour nous-même ?  -- c'est le sens de ses  paroles. Lot ! Regarde tout autour de nous, lève les yeux, considère le pays et cherche ce qu'il y a de mieux dans le pays et fait ton choix. Laisse-moi simplement ce que tu ne voudras pas, laisse-moi le reste : oui, fais ton choix. Si tu décides d'aller dans une direction, j'irai à l'opposé de ta direction. Lot lève les yeux et voit la plaine du Jourdain, bien arrosée et fertile, et il la choisit pour lui. Ils se séparent alors l'un de l'autre. De la part d'Abraham, c'est un triomphe sur l'ambition. Aussitôt, Dieu s'approche de lui et dit : " Lève les yeux......,car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. Je rendrai ta postérité comme la poussière de la terre, en sorte que, si quelqu’un peut compter la poussière de la terre, ta postérité aussi sera comptée. (Genèse 13 : 14-16). Après tout, c'est là qu'est le chemin de la vie. Cet esprit d'acquisition terrestre, d'ambition, de gratification, ce besoin de posséder quelque chose ici-bas, devient pour Lot le chemin de la mort. Abraham abandonne tout ce qui concerne ce monde, l'abandonne pour Dieu, et Dieu intervient. 

                   C'est ainsi que Lot se sépare d'Abraham. Qu'arrive-t-il ? Est-ce la fin de cette parenté qui avait été, durant tout ce temps, une cause de limitation ? Il semble qu'il en soit ainsi. Au jour où cela est arrivé, au jour où cette influence naturelle est enlevée, Dieu intervient avec un nouvel horizon de vie. C'est un principe vrai. C'est une marque que nous avançons, lorsque nous arrivons à la place où il vrai, devant Dieu, que nous avons renoncé, dans l'œuvre de Dieu même et dans le ministère, à tout ce qui serait prospérité et succès aux yeux des hommes. En arriver à abandonner les grandes possibilités et les grands avantages que l'on pourrait avoir dans la monde chrétien, et les prix qui pourraient y être remportés, et à dire, -- Tout est bien, le Seigneur sait, et c'est à Lui à donner et à reprendre. Je ne donnerai aucune place à ces avantages. Je ne permettrai pas à ces avantages d'influencer ma marche avec Dieu : l'ambition ne dictera pas mes pas, -- c'est une marque certaine de croissance. Il se peut que, sur cette terre, cela ne signifiera pas de grandes choses, des portes largement ouvertes, et tout cela, mais nous pouvons être sûrs que, dans ce chemin, il y aura la vie, une influence spirituelle, quelque chose de précieux pour le Seigneur. Il sera, à la fin, de réelle valeur. Mais ce chemin nécessite quelquefois, et avant tout, ce conflit contre l'ambition, dans lequel doivent être repoussées toutes ces suggestions et toutes ces influences. Puis nous devons arriver à la place où nous voyons que le chemin de la vie consiste à marcher avec Dieu, alors même que cela nous coûterait tout. C'est ainsi qu'agit la loi de l'Esprit de vie.  

Dieu se sert des délais et des contradictions apparentes

                    En troisième lieu, nous voyons par Abraham que dans ce qui est apparemment le chemin de la mort, la vie agit dans deux sens, c'est-à-dire, par le chemin divin du délai et par celui de la contradiction. Dieu avait promis un fils à Abraham, et après avoir fait cette promesse, Il s'était retiré et avait laissé la question en suspens pendant des années. L'accomplissement différé de la promesse doit servir à enraciner plus profondément la foi en Dieu, et à préparer la voie pour quelque chose de Dieu, infiniment plus grand dans la vie d'Abraham. Plus long sera le délai, plus la réalisation de l'espoir devra être de Dieu, et plus elle deviendra impossible à l'homme. C'est la pensée. Dieu agit de cette manière, que nous le voulions ou non. Que nous aimions ou que nous n'aimions pas cette pensée, elle est vrai. Lorsque Dieu agit réellement selon la loi de la vie, nous devons entrer dans ce royaume de la foi, où les promesses de Dieu nous semblent être suspendues et n'avoir pas d'accomplissement immédiat. Dieu est vrai et fidèle. Dieu ne sera jamais un débiteur à l'égard de l'homme. Il n'y aura jamais de balance au détriment de Dieu, pour finir. Nous pouvons être sûrs de cela. Dieu répondra à tout ce qui peut être justement et réellement attendu de Lui, et il y aura pour finir, alors même qu'elle tarderait, une justification irrésistible de Dieu, avec l'attestation de Sa fidélité.

                      Nous avons tous le désir de prendre devant Dieu une attitude comme celle-ci : "Seigneur, lorsque je me tiendrai devant Toi, au dernier jour, Tu seras justifié de tout ce qui aurait pu me faire croire que Tu avais trompé mon attente." Il est essentiel pour Dieu que nous prenions cette position. Sa nature même, et Son caractère, demandent que, en ce jour -là, ceux qui se sont confiés en Lui puissent Lui dire : "Seigneur, Tu n'as manqué à aucune de Tes promesses. Non ! Tu a fait beaucoup plus que ce à quoi je pouvais m'attendre, que ce que j'avais le droit d'attendre en Christ même." Dieu sera à la hauteur de cela. Mais pour approfondir en nous la vie, pour produire l'image de Dieu, pour détruire le pouvoir de la mort et l’œuvre de Satan, et pour renverser la faute d'Adam, Dieu doit nous exercer dans cette question de la foi, à l'égard de Ses promesses même. Il le fait. C'est une marque de croissance, de maturité. Voilà donc le mystère divin des délais 

                    Et puis nous trouvons le ministère divin de la contradiction. Le fils promis est enfin donné : mais qu'arrive-t-il ensuite ? "Prends ton fils ... et offre-le ..." Une contradiction : Dieu donne et reprend. Il promet l'accomplissement, puis il semble tout enlever d'un seul coup. Que cela signifie-t-il ? Qu'y-a-t-il derrière cela ? Je crois, bien-aimés que le cœur des choses est ici : Dieu attire toujours à Lui. Il veut que le cœur s'attache à Lui, et non aux choses, aux bénédictions. Lorsque l'accomplissement des promesses tarde, c'est que Dieu cherche à amener notre cœur à la place où Lui-même est l'objet de notre désir, plutôt que ce qu'Il peut faire pour nous. C'est ce qu'Il cherche. Lorsque nous expérimentons ce ministère de contradiction, le but de Dieu est de nous détourner de ce qu'Il nous donne pour nous attirer à Lui-même.

Dieu -- Tout et en tous

                    Nous avons maintenant résumé tout ce aspect de la loi de la vie. Quelle est la loi de l'Esprit de vie ? Comment et où opère-t-elle ? Sur cette base où, du commencement à la fin, le Seigneur Lui-même est tout. C'est le cœur de la question : que le Seigneur Lui- même soit tout. "Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père." Quitte ! -- Sors ! Quitte tes ambitions, quant aux choses d'ici-bas, sur cette terre, même en relation avec Dieu. Quitte les choses, les choses que Dieu peut faire, et que Dieu peut donner. Sors -- pour aller où ? A Dieu Lui-même. Est-ce que nous reconnaissons quelle sera l'issue de tout cela? Oh ! Chose merveilleuse ! "Abraham, mon ami !"  Mon ami ! Combien il y a des choses en ce mot ! Est-ce que c'est la vie ? Est-ce que c'est le chemin de la vie ? Si cela est dit de quelqu'un d'entre nous, à la fin, de la manière dont Dieu le dit à Abraham, ce sera certainement la vie ! C'est sûrement quelque chose à posséder plus que quoi que ce soit ! Si jamais nous arrivons, vous et moi à cette place, nous dirons : --C'est la vie en vérité ! Oui, la vie est sur la base de l'amour de Dieu.

                    Que signifie être un ami de Dieu ? C'est ce que nous avons vu. Ce n'est pas être un ami du monde, ni avoir l’amour de notre vie naturelle, de ses influences et de ses considérations ; ni l'amour des ambitions, des projets et des succès dans les choses même de Dieu. Ce n'est pas aimer ce que Dieu peut faire pour nous, c'est aimer Dieu Lui-même. C'est tout ! Lorsqu'il en est ainsi, cela signifie que, si même le Seigneur tarde et se contredit, nous nous confions quand même en Lui. Oui l'amour efface toute inimitié. L'inimitié était venue de Satan, par Adam. Elle est effacée en Abraham. Oui, mais comment est-elle effacée ? Par la foi ! La foi détruit l'inimitié, ses racines et ses fruits. Elle est progressive, naturellement. Abraham doit vivre toute une vie de cette manière, mais il en sort comme l'ami de Dieu.

                    Et nous sommes dans le chemin de cette vie. Ce chemin est celui de la foi, et j'espère que nous nous éloignons de plus en plus, et sûrement, de tout ce qui était inimitié. Y a-t-il dans notre cœur de l’inimité contre Dieu ? Sommes-nous désappointés devant Dieu ? Sommes-nous mécontents de Dieu ?  Y a-t-il une ombre d'amertume, y a-t-il quelque réserve ? Y a-t-il en nous quelque chose de ce genre ? Nous savons tout à fait bien que s'il en était ainsi, ce serait la mort en nous. Ce n'est pas la vie. Le seul chemin est de permettre à la vie d'agir en nous, en accord avec sa propre loi de la foi. Pourquoi sommes-nous désappointés ? Pourquoi nous sentons-nous mécontents ? Sommes-nous tout à fait sûrs que c'est parce que le Seigneur n'a pas été ce que nous attendions de Lui ? Sommes-nous tout-à fait sûrs que ce soit cela ? Sommes-nous tout à fait sûrs que ce n'est pas parce que les choses n'ont pas marché comme nous l'aurions voulu, parce que notre ambition est déçue ? En sommes-nous tout à fait sûrs ? Si seulement les choses avaient marché comme nous l'avions souhaité, combien nous serions satisfaits de Dieu ! Comme nous serions prêt à dire : -- Dieu est fidèle ! Dieu est vrai ! Nous aimons le Seigneur ! Mais les choses ne s'accomplissent pas, c'est très difficile, tout se tourne contre nous ! C'est à cause de ces choses que nous nous sentons mal. Je crois, bien-aimés, que si nous arrivons à la place où notre seul objectif est le Seigneur, où Il est notre but, où il est vrai que : --Mon but, c'est Dieu Lui-même, ni la joie, ni la paix, ni même les bénédictions, mais Dieu Lui-même, alors nous serons dans le chemin de la vie. Mais c'est l'infiltration dans notre cœur de ces autres considérations et de ces influences de la vieille nature qui gâte tout. Nous voyons que cette question est très claire.

                    Quant à nous, le chemin de la vie demande que nous nous arrêtions devant le Seigneur pour Lui dire : -- "Quand bien même toutes mes perspectives terrestres s’évanouiraient, que toutes mes ambitions seraient déçues, c'est Toi que je désire. Tu es mon ambition, mon but. Si Tu es à moi, tout le reste n'a plus que très peu de valeur". Je crois que, lorsque nous pouvons en arriver là, -- et il n'y en a pas beaucoup parmi nous qui soient allé très loin sur cette route -- mais lorsque nous pouvons y arriver, nous trouvons le secret de la vie, de la joie, de la libération. Je ne suis pas certain que nous ne voyions pas alors Dieu nous rendre les récompenses d'ici-bas, les "Isaac". Il les retient, afin que nous nous détournions d'elles, pour aller vers Lui-même. Et lorsqu'Il nous possède pour Lui- même, Il peut nous donner quelque chose ici-bas. Il peut nous donner des bénédictions sur cette terre. Mais souvenons-nous que Son désir est de nous posséder pour Lui-même, entièrement pour Lui. Et lorsque nous répondons à Son désir, c'est là que nous trouvons la vie. C'est le chemin de la vie. La loi de la vie demande que tout en nous soit pour le Seigneur, sans aucune influence, sans aucune autre  considération - uniquement pour Lui. 

Chapitre cinquième

ISAAC ET LE LOI DE LA VIE

Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle.  Car le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. (Romains 5:22-23) 
                  Notre passage particulier, qui forme la base de ces méditations, c'est-à-dire Romains 8:2, -suit immédiatement les versets que nous citons ici, parce que le chapitre qui se trouve entre ces deux passages est une parenthèse.

                    La loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ.

                   Nous sommes arrivés à la cinquième de ces sept expressions de la loi de la vie. La loi de la vie est une ; c'est-à-dire, la vie est une loi, mais cette vie et cette loi agissent de sept manières différentes. La vie toute entière demande toutes ces sept expressions. Elles sont toutes nécessaires pour la vie qui est une. Et ce que nous trouvons, c'est que, lorsque nous avons reçu cette vie et qu'elle a son propre cours en nous, lorsque nous lui sommes soumis, elle agit en nous par sa propre loi, dans ces sept directions. Ces sept aspects sont des résultats inévitables de cette vie, parce qu'elle est une loi. Nous avons dit, et nous le savons vraiment que, dès qu'une loi est établie, acceptée et reconnue, elle s'exerce d'une certaine manière. Son action est parfaitement spontanée, parfaitement naturelle. Nous pourrions même dire : elle est automatique. Ainsi, la vie agit de certaines manières dès qu'elle est établie et que nous lui obéissons. Et nous verrons que cette vie divine, si nous la laissons nous gouverner, spontanément et tout à fait naturellement, aura comme résultat sept choses, qui sont toutes des composés de la vie. Ce sont les sept expressions de la vie.

                     Nous le voyons, la vie chrétienne se résout, après tout, en une proposition très simple. Nous n'avons pas besoin pour comprendre tout cela pour être chrétien. Mais dès que l'on devient un chrétien, certaines chose commencent à nous arriver, et c'est alors d'une très grande valeur, de comprendre ce que nous vivons, parce que c'est comprendre ce que Dieu fait, ce que Dieu cherche. Mais les choses arrivent lorsque l'Esprit de vie qui est en nous n'est ni entravé, ni arrêté, lorsque nous marchons avec le Seigneur.

L'état de fils et le fruit de la foi 

                    Nous avons vu quatre de ces expressions spontanées de la vie, et nous abordons, à présent, la cinquième, c'est-à-dire Isaac. J'aimerai vous demander de prendre simplement un ou deux passages du Nouveau Testament. Revenons à Romains. Nous relierons  les versets 2 et 14.

La loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ. (verset 2)

Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Et vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père!  L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. (Romains 8:14-17)
  
                    Nous voyons que, tout au long, le lien est l'Esprit : l'Esprit de vie, conduits par l'Esprit, l'Esprit d'adoption, l'Esprit rendant témoignage à notre esprit. Mais tout cela est en relation avec une chose tout à fait spéciale. Nous le verrons un peu plus loin. 

                    Passons immédiatement à la lettre aux Galates;

Afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père! Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu. (Galates 4:5-7)  

                    Ce passage est presque une répétition de celui de Romains 8 : "l'Esprit d'adoption -- afin de ... nous faire obtenir l'adoption filiale.

Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang, en luttant contre le péché. Et vous avez oublié l’exhortation qui vous est adressée comme à des fils: Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, Et ne perds pas courage lorsqu’il te reprend; Car le Seigneur châtie celui qu’il aime, Et il frappe de la verge tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils.  Supportez le châtiment: c’est comme des fils que Dieu vous traite; car quel est le fils qu’un père ne châtie pas?....... D’ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie? (Hébreux 12:4-7 et 9)

                     Il n'est pas difficile de trouver le lien avec la vie, l'effet de la vie. Nous trouvons ici que la vie agit dans la ligne de la position de fils. Dans tous ces passages, l'état de fils est présenté en relation avec la vie, et l'Esprit est la vie. Nous sommes amenés à cela par le symbole et l'illustration de l'Ancien Testament qu'est Isaac, le cinquième de ces symboles personnels.

                    Une grande chose nous est dite d'Isaac dans Genèse 17:19 :

Dieu répondit : "Nonc'est Sara ta femme qui te donnera un fils ; tu l'appelleras Isaac, et je ferai alliance avec lui, alliance qui sera perpétuelle pour sa postérité après lui." 
                     Ici, Dieu règle définitivement et pour toujours la question de savoir ce que représente Isaac dans l'économie divine. Dans notre méditation précédente, où nous parlions de la quatrième expression de la vie, représentée par Abraham, nous avons vu la vie agissant par la foi, la foi étant un aspect de la loi de la vie.

                        Lorsque nous arrivons à Isaac, nous trouvons, comme fruit de la foi, l'état de fils. La foi n'est pas une fin en soi, la foi produit l'état de fils. Car la foi d'Abraham, à son point suprême, reçoit Isaac, hors du pouvoir de la mort, hors de la portée de la perte, du temps, sur une base de résurrection. Nous nous approchons maintenant  de cette position de fils, pour la considérer, pour rechercher sa nature, son caractère, car la vie nous est présentée, ici, en termes de fils.

Les fils de Dieu sont entièrement le fruit d'une conception divine

                  La première chose que nous trouvons en considérant Isaac est celle-ci - et elle est montré très clairement et très définitivement : il semble que le Saint-Esprit ait pris un soin très sérieux à mettre ce fait bien en vue ; il est clair, dans le récit de l'Ancien Testament, et il ressort dans le Nouveau Testament, où il est souligné à plus d'une reprise, --Isaac est une impossibilité dans le domaine naturel. Oh ! Combien  Dieu veille à ce que cela soit bien établi ! L'annonce de la naissance elle-même est faite à un moment où la nature ne peut rien offrir en vue de la réalisation de la promesse. Mais ensuite, Dieu se retire et laisse la question en suspens, pour ainsi dire, durant une grande période, et chaque moment et chaque journée remet de plus en plus la promesse au-delà de tout espoir humain. C'est ainsi que, lorsque Isaac naquit enfin, il fut prouvé que rien dans le domaine naturel n'était en mesure de porter ce fruit; C'est uniquement par la main de Dieu qu'a pu naître Isaac. Il était en vérité, le fruit de Dieu, entièrement et uniquement de Dieu. Il n'était pas le fruit de la nature. C'est le point où nous commençons. 

                    Maintenant exprimons cela comme nous le voulons, appelons-le comme nous le voulons : disons que c'est devenir un chrétien, devenir un enfant de Dieu, que c'est être sauvé. Donnons à cette expérience le nom que nous préférons. La réalité qui y répond est entièrement en dehors du pouvoir de la nature. L'on ne peut pas, en dehors de Dieu Lui-même, devenir un enfant de Dieu. Je sais combien cela est élémentaire. Cependant, il est peut-être nécessaire de le rappeler. Il n'y a rien que nous puissions faire, aucun fruit que nous puissions produire, rien, dans tout notre effort et toute notre énergie, qui puisse accomplir  cela. Aucune lutte, aucun effort, aucun combat, aucune larme, rien de ce qui est de la nature ne peut produire cela. Ce qui est né de la chair est chair. Et cela signifie, dans la Bible, que la chair  ce n'est pas ce qui est né du corps. C'est quelque chose de plus que cela : la chair signifie, dans ce contexte, le pouvoir naturel             

                   C'est pour cela que nous ne pourrons jamais, ni par le raisonnement, ni par la discussion, ni par l'insistance, ni par la persuasion, ni par les caresses, obliger une âme à devenir une enfant de Dieu. Lorsque nous aurons donné notre dernier argument, lorsque nous aurons brisé toutes les contradictions intellectuelles, lorsque toutes les murailles de réserve et de froideur auront été abattues et que la volonté humaine aura été vaincue, soit par l'argument, soit par l'appel, et que sous cette persuasion, cette émotion, cette force, une personne aura fait un pas et se décidera à devenir chrétienne, elle pourra cependant n'être pas davantage une chrétienne qu'elle ne l'était auparavant, alors qu'elle se trouvait derrière tous ces remparts. Ce n'est pas là le chemin. Cette conversion doit venir de Dieu, et rien ne peut produire l'état de fils si ce n'est par  engendrement qui vient du Saint-Esprit. De multitudes de soit-disant chrétiens sont dans une fausse position, parce que ce que nous disons n'a pas été reconnu. Ils portent le titre de chrétien , parce qu'ils sont d'accord avec certaines positions, à cause d'une émotion, à cause d'une décision qu'ils ont prise, sous une persuasion ou une sous influence humaine.

                    Ce n'est ici que la suite de ce que nous avons dit au sujet de Caïn, l'adorateur qui tua, celui dont la vie d'âme s'approcha de Dieu avec ses œuvres les meilleures, son fruit le meilleur, en croyant que tout cela pouvait satisfaire Dieu. Ce n'est pas possible. Des multitudes de gens agissent sur cette même base, et pensent pouvoir être acceptés, et être enfants de Dieu. Oh ! combien ils sont séduits ! Combien cette situation est terrible ! Que ces conversions supposées puissent être révélées comme n'étant pas réelles ! Que les gens sachent ! Il nous faut réellement arriver à la signification et à la nature des fils. Il nous faut savoir ce que c'est, et nous devons commencer par cette affirmation négative : l'état de fils n'est pas le fruit de la nature. Dieu en a fait quelque chose que le pouvoir de la nature ne peut pas produire, de même qu'Il a mis Isaac entièrement en dehors du pouvoir de la nature. C'est là que nous commençons : c'est quelque chose de Dieu, entièrement de Dieu et uniquement de Dieu. 

                     Qu'est-ce que l'état de fils ? L'esprit humain devient le récipient d'une semence divine, le vase dans lequel quelque chose de Dieu est engendré, et la présence de cette semence fait de celui en qui elle a été déposée un être différent de tous les autres êtres dans l'univers de Dieu. Nous sommes -- à cause d'un mystère secret et caché en nous, à cause de ce quelque chose qui a été déposé au centre même de notre être, à cause de cette présence -- nous sommes autres et différents de tous les autres êtres de la création. Dieu a engendré son Fils dans l'esprit humain. Il y a, dans l’enfant de Dieu, ce sur quoi reposent les yeux de Dieu comme Lui appartenant à Lui-même, ce qui est venu de Lui, et qui est une part de Lui-même. Et Ses eux s'arrêtent sur cela comme sur un enfant chéri. 

La loi de l'Esprit de vie est une loi directive

                    Or, c'est là une vérité profonde à l'égard de tous ceux qui sont enfants de Dieu, et qui rend toutes choses possibles à Dieu, et à nous en Lui. Tout est lié à la présence réelle de ce qui est de Dieu dans notre esprit humain. L'état de fils a commencé ; il a été introduit au centre de notre être ; et lorsque cela est vrai de nous, lorsque c'est une actualité, alors "l'Esprit rend lui-même témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu" (Romains 8:16), qu'il y a en nous ce qui fait de nous un fils de Dieu. C'est l'expression naturelle de la vie, et cela devient une réalité vivante. Je pense que la plupart d'entre nous peut le prouver, oui nous pouvons le prouver. Je veux dire, nous pouvons le prouver, non seulement comme un simple fait ou témoignage, mais par beaucoup d'évidences ; les évidences de vie et de mort, dans notre conduite, les évidences de vie et de mort dans nos conversations, dans les choses que nous disons, dans nos pensées, nos jugements, les évidences de vie et de mort dans nos actes et nos voies. C'est une loi qui nous gouverne, cette loi de la vie, et elle nous amène à cette position de fils.

                    Qu'est-ce que cela signifie ? Combien la vie chrétienne devient simple, après tout, une fois que nous avons saisi cette clé. Cela signifie, bien-aimés, que Jésus, le Fils de Dieu, vit de nouveau Sa vie en nous. Souvenons-nous de ce qu'Il était sur notre terre, et nous verrons ce qu'Il dit et ce qu'Il ne dit pas, ce qu'Il fait et ce qu'Il ne fait pas. Car ce qu'Il ne dit pas et ce qu'Il ne fait pas est tout aussi significatif que ce qu'Il fait et ce qu'Il dit. Nous verrons où Il va et où Il ne va pas. Nous verrons quand Il est dans un certain lieu, et quand Il évite de s'y rendre. Nous verrons une vie divinement gouvernée dans ses paroles, ses mouvements, ses actes, merveilleusement gouvernée en tout. Et Il vit de nouveau, cette vie -là en nous. Nous sommes loin d'en être une expression parfaite, parce que, tout d'abord, nous ne sommes pas assez sensibles ni assez rapide pour comprendre ce que l'Esprit dit dans notre cœur. Nous n'avons pas une oreille qui soit exercée et bien accordée, simplement parce que nous écoutons trop d'autres choses. Nous ne sommes pas assez prompts à répondre et à obéir, et il n'y a pas, par conséquent, une expression parfaite de Christ ; mais cependant le fait fondamental existe, et nous le savons. C'est une affaire d'éducation, une affaire de gouvernement. Nous le savons tous. Oh ! Quelle expérience nous avons de ce contrôle ! De plus, cette expérience est progressive, car, à mesure que nos avançons, nous nous sentons de plus en plus profondément contrôlés. Ce qui, pour un temps, ne semblait pas avoir été touché, -- non pas parce que Dieu l'approuvait, mais parce qu'Il s'occupait de notre éducation, et ne pouvait pas tout dénoncer à la fois, -- passe maintenant devant Ses yeux, et nous ne pouvons plus désormais agir comme auparavant.

                   Puis-je donner ici une illustration ? Je me souviens parfaitement bien comment, au commencement de mon ministère, j'avais l'habitude de me servir souvent de la littérature profane pour illustrer ma pensée. Je citais les poètes et bien des écrivains éminents -- oh ! Quelles illustrations j'y trouvais pour bien faire comprendre ma pensée ! Le Seigneur me permit de partager ainsi pendant un certain temps, mais je sais qu'il arriva un moment dans ma vie spirituelle où j'essayai de citer un passage d'un auteur connu dans une prédication et toute vie disparut. Mon sermon était parti et c'est comme si j'avais tout à recommencer ; mais je ne pouvais pas. J'ai appris ma leçon, très bien je ne le ferais plus ! Je fus enclin encore, parfois, à recourir à cela mais j'éprouvais aussitôt le même trouble intérieur de faiblesse, et je savais avoir touché la mort. Je me souviens combien cela fut vrai pendant la première grande guerre mondiale. Quelques-uns d'entre nous, nous avions été au fort de la mêlée durant cette guerre et nous avions assisté à beaucoup de choses. Nous étions engagés sur place avec toute sorte de conditions. Et lorsque je fus rentré à la maison, je voulus quelques fois tirer un souvenir de la guerre pour illustrer ma pensée dans un sermon. Mais je découvris que Dieu n'était pas en cela, et dès que je voulais toucher à cette guerre en relation avec les choses de Dieu, les choses spirituelles, j'avais en moi ce même sens terrible de mort, et j'en arrivai définitivement à la conclusion que Dieu ne permettait pas que cette guerre fut mêlée aux choses célestes, et qu'il me fallait abandonner cela. Oui, je dus l'abandonner. C'était l'action de la loi de la vie. Personne ne m'a jamais dit -- Tu ne dois pas faire cela, il vaut ne pas toucher à ces questions. Non, c'est l'Esprit de vie en moi qui s'opposait à cela et me disait en fait "C'est la mort, si tu veux la vie, si tu veux que ton message signifie vie, si tu veux atteindre le but de Dieu, laisse toutes ces questions-là. Cela n'est pas né de Dieu, et il n'y a que ce qui est né de Dieu qui puisse accomplir le dessein de Dieu et retourner à Dieu. Mets donc cela de côté." Je dis que cette loi de l'Esprit de vie est une loi qui nous gouverne.

                    Si nous avons la vie, et que cette vie ait sa propre voie, nous atteindrons le but tout entier de Dieu. Ce n'est pas une chose abstraite, mais une Personne divine qui réside en nous. Christ qui est la vie nous dirige de l'intérieur par le Saint-Esprit, l'Esprit de vie. Nous voyons ainsi, dans l’action même, dans l'opération même, dans l'exercice même de cette vie, combien elle est entièrement autre. Elle ne cohabite pas avec d'autres choses.

Isaac t Ismaël

                    Nous arrivons maintenant à Isaac. Nous nous souvenons que, Abraham avait voulu aider le Seigneur à réaliser Ses intentions. Il avait reconnu combien ce dessein de Dieu était impossible sur une base naturelle. Ensuite sa foi a faibli et nous connaissons l'histoire douloureuse d'Ismaël -- Abraham a voulu aider Dieu en essayant de réaliser les buts divins selon les lignes naturelles. Ismaël paraît. Qui est-il ? Le fruit de la nature. Puis vient Isaac, le fruit de Dieu. Tous les deux se trouvent dans la même maison. Deux choses en résultent, mai nous laisserons l'une d'elles pour le moment, et nous suivrons l'autre.

                   L'heure et le jour arrivent où l’Éternel adresse à Abraham cette parole : "Renvoie cette servante et son fils, car le fils de la servante ne doit hériter avec le fils de la femme libre." (Genèse 21:10) Avons-nous saisi cela ? Ce qui est né de la chair ne peut pas hériter avec ce qui est né de l’Esprit. Ce qui est né de l'Esprit a un héritage divin, dans lequel la chair ne peut pas entrer. Ce qui est de Dieu est entièrement autre, et ne pas partager sa substance avec ce qui est de la chair. Il faut que l'un disparaisse.

                   Nous revenons maintenant à l'autre chose. Si l'on ne fait pas ce que Dieu a ordonné, quel sera le résultat ? C'est Ismaël qui chassera Isaac, car il est écrit qu'Ismaël se rit d'Isaac, qu'il se moqua de lui, et chercha à rendre la vie d'Isaac misérable. Tout cela dans le but de chasser Isaac afin de prendre sa place. C'est toujours l’œuvre de la chair, elle est opposée à l'Esprit. Donnons une place au fruit de la nature, et il chassera bientôt ce qui est de Dieu. Ces deux ne sauraient habiter ensemble et ils ne peuvent pas être cohéritiers. Il est parfaitement exact que cette vie naturelle se rit toujours de ce qui est spirituel, parce que ce qui est spirituel est tellement entièrement autre. Je pense qu'il vaut mieux que nous suivions ce conflit jusqu'au bout.

                     Passons encore au Seigneur Jésus. Il y avait de nombreuses choses que le Seigneur Jésus ne pouvait pas faire. Je veux dire, à cause de Sa relation avec Dieu et de Sa dépendance de Dieu. Il ne pouvait pas. Il le dit Lui-même :"Le Fils ne peut rien faire de lui-même." (Jean 5:19) "Les paroles que je dis, ce n'est pas de moi-même que je les prononce. (Jean 14:10) Le Seigneur devait recevoir toutes choses du Père. "Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement." (Jean 7:8) Il ne faisait rien d'autre que cela. Il devait donc s'attendre au Père avant de pouvoir se déplacer vers un certain lieu : "Vous montez à cette fête ; pour moi, je ne monte pas à cette fête." (Jean 7:8) Il a conscience, à ce moment-là, d'être retenu. Il n'a pas encore le témoignage qui Le libère pour le pousser à monter à cette fête. Et cependant, il est ensuite écrit : "Lorsque ses frères furent montés à la fête, il y monta lui aussi, non pas publiquement, mais comme en secret." (Jean 7:10) Était -ce là un subterfuge, une ruse, un moyen de se débarrasser de personnes dont Il ne désirait pas la compagnie, avec lesquelles Il ne voulait pas monter, préférant être seul ? Nous ne pouvons pas affirmer cela. Il y a une meilleure et sainte explication à cela.

                    L'explication est que le Père ne Lui avait pas encore donné la certitude de Sa volonté. Il devait en conclure que ce n'était pas la volonté du Père. Il ne devait pas monter à Jérusalem, du moins à ce moment-là. Mais lorsque Ses frères furent partis, la volonté du Père se révéla clairement en Lui. Il fut libéré dans Son esprit. L'Esprit du Fils reçut le témoignage que tout était bien. Il vit alors clairement qu'Il devait se rendre à Jérusalem, et Il partit. Le point est que Jésus est limité entièrement par Sa relation avec Son Père, par Sa dépendance volontaire, par la loi de la vie qui veut que tout vienne de Dieu, rien de soi-même. C'est la loi.

                   Essayons de vivre sur ce niveau-là et nous verrons si l'homme naturel ne se rit pas et ne se moque pas de nous. Remarquons combien de questions nous seront posées. Qu'allez-vous faire ? --Je ne le sais pas ! Quand partez-vous ? Je ne le sais pas ! J'irai lorsque le Seigneur me dira que je puis partir, quand le Seigneur m'en donnera l'assurance, quand Il me libérera. Exprimons ce langage spirituel sous quelque forme que nous le voulions : qu'est-ce que l'homme naturel en dira ? Il en rira, il se moquera de nous. Ce n'est pas uniquement vrai de l'extérieur, mais nous trouverons cette même réaction en nous- mêmes. Très souvent, nous sommes enclins à nous accuser de folie, à nous questionner nous-mêmes : Pourquoi ne puis-je pas faire ceci ? - Nous sommes alors obligé de nous arrêter, -- Pourquoi est-ce que je ne fais pas ? Parce que je ne puis ! Pourquoi pas ? - Ce serai le faire par moi-même. Le Seigneur ne fait pas cela. Je ne suis pas conscient que le Seigneur veuille faire cela. C'est là, le langage, la conscience du fils. C'est cela, le chemin de la vie

                    Ismaël se moque donc d'Isaac, comme la vie naturelle se rit de la vie spirituelle, et essaie toujours d'avoir le dessus et de chasser ce qui est de Dieu. C'est l'état de fils qui se manifeste. Naturellement, si nous ne sommes pas un de ces fils, nous ne connaissons pas ces expériences-là. Mais si nous sommes un fils, nous connaîtrons au moins quelque chose de ce dont nous parlons ci. Nous pouvons donc reconnaître aussitôt si nous sommes un fils. Ce langage n'est pas étranger au fils. Il est parfaitement intelligible, tout au moins jusqu'à un certain point.

                   L'état de fils se trouve, en plénitude, dans la Personne du Seigneur Jésus, et Sa vie toute entière est une indication, une exposition de l'état de fils, de ce qu'il signifie spirituellement. Ensuite, cet état de fils devenu parfait en Lui, comme Homme, dans l'humanité qu'il avait prise sur Lui, l'Esprit du Fils de Dieu vient prendre sa résidence dans l'enfant de Dieu né de nouveau et commence à vivre en lui en cet état de fils parfait qu'est le Fils de Dieu. "Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils, lequel crie : Abba ! c'est-à-dire : Père !..." (Galates 4:6) Si l'Esprit du Fils gouverne dans notre cœur, il n'y aura jamais la moindre contradiction entre notre conduite ou notre attitude et ce qui est écrit dans la Parole de Dieu. Nous verrons ce qui se trouve dans la Parole de Dieu s'exprimer spontanément dans notre vie. Nous ne prenons pas en premier lieu, la Parole de Dieu pour essayer de nous conformer à elle par une application extérieure. Par l'Esprit, qui demeure en nous, nous sommes rendus conformes à l'image du Fils de Dieu, et cela signifie simplement, conformes à la révélation que Dieu nous a donnée, soit dans la Personne de Son Fils, soit dans Sa Parole, car il n'y a aucune contradiction. C'est ce que demande l'état de fils. Si il y a contradiction entre notre marche, notre attitude et ce qui se trouve dans la Parole de Dieu, quelque chose est intervenu pour porter atteinte à la vie, est venu entraver l'Esprit du Fils. Quelque part, nous sommes sorti du vrai chemin, et celui que nous suivons n'est plus le chemin de la vie. Il peut nous sembler bon , mais "l y a telle voie qui semble droite à l'homme et dont l'issue aboutit à la mort" (Proverbes 14:12). Oh ! L'Esprit du Fils est ce qui nous illumine et nous éclaire pour nous garder sur le chemin de la vie.

La marque du fils est l'abandon - l'Esprit de l'Agneau

                    Nous terminerons en nous arrêtant sur cet épisode remarquable de la vie d'Isaac, alors que son père, Abraham, fit avec lui ce voyage à la montagne de Morija, pour l'offrir en sacrifice à l’Éternel. Je pense que nous avons ici une des plus grandes révélations de ce que représente Isaac. "Mon Père... voici le feu et le bois, mais où est l'agneau pour  l'holocauste ?" - "Mon fils, Dieu se pourvoira lui-même de l'agneau pour l'holocauste." (Genèse 22:7-8) Dieu a Ses yeux sur Isaac, Isaac est choisi par Dieu, Isaac doit satisfaire Dieu dans cette question. Ce qui est en vue, c'est quelque chose qui soit pour Dieu, pour le plaisir de Dieu, pour Sa satisfaction. Isaac est dans cette ligne. Le moment arrive où Isaac est saisi du fait que c'est lui qui sera l'offrande. Subitement peut-être, ou en chemin, en approchant de l'autel, Abraham le lui apprend : Mon fils, l’Éternel a fait de toi l'offrande. Puis le moment arrive où Isaac doit être lié. Que personne ne pense qu'à ce moment-là Isaac ait été un petit enfant sans forces. Il est devenu un jeune homme. Son père est un homme très âgé et si, pour parler naturellement, Isaac avait voulu se rebeller, Abraham aurait été impuissant. Isaac aurait pu très facilement se dégager de son père. Mais nous ne trouvons aucun signe, aucune suggestion de quelque chose de ce genre. Ce jeune homme, dans la force de sa jeunesse, se laisse lier et placer sur cet l'autel. Et il permet à ce couteau d'être levé et virtuellement plongé dans son corps. Il se laisse immoler, car en ce concerne sa volonté, il l'a accepté. Dans son esprit, c'est une chose accomplie. Il n'y a aucune résistance de sa part. Nous pouvons donc dire que, en Isaac, nous trouvons l'expression du don de soi-même, dans un abandon parfait au plaisir de Dieu. C'est l'état de fils.

Chapitre sixième

Jacob et la loi de la vie

Jacob s’éveilla de son sommeil et il dit: Certainement, l’Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas! Il eut peur, et dit: Que ce lieu est redoutable! C’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux! Il donna à ce lieu le nom de Béthel; mais la ville s’appelait auparavant Luz. (Genèse 28:16-17, 19)

Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint un monument, où tu m’as fait un vœu. Maintenant, lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ta naissance. (Genèse 31:13)

Dieu dit à Jacob: Lève-toi, monte à Béthel, et demeures-y; là, tu dresseras un autel au Dieu qui t’apparut, lorsque tu fuyais Esaü, ton frère. Jacob arriva, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à Luz, qui est Béthel, dans le pays de Canaan. Il bâtit là un autel, et il appela ce lieu El-Béthel; car c’est là que Dieu s’était révélé à lui lorsqu’il fuyait son frère. 
(Genèse 35:1,6-7)

 Puis Laban dit à Jacob: Parce que tu es mon parent, me serviras-tu pour rien? Dis-moi quel sera ton salaire. Or, Laban avait deux filles: l’aînée s’appelait Léa, et la cadette Rachel. Léa avait les yeux délicats; mais Rachel était belle de taille et belle de figure. Jacob aimait Rachel, et il dit: Je te servirai sept ans pour Rachel, ta fille cadette. (Genèse 29:15-18)

Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Église.
(Colossiens 1:24)

                    
Nous arrivons maintenant à la sixième de ces opérations de la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ, et nous sommes amenés à Jacob. Nous verrons ici l'action de la loi de la vie sous un aspect différent et encore plus avancé ; car nous aurons reconnu déjà que chacun de ces pas est en avance sur le précédent. Nous avançons, nous entrons dans la pensée de Dieu, nous avons le but en vue. La plénitude de la vie est devant nous et nous arrivons à cette plénitude par ces degrés successifs, dont chacun nous rapproche du but et, en soit, est une part de cette plénitude. Nous avons donc à considérer ce qu'est cette nouvelle avance dans la vie, représentée par Jacob.

                    Il y a trois choses qui ressortent plus clairement que d'autres chez Jacob. La première est le droit d'aînesse, la seconde est Béthel ou la maison de Dieu, et la troisième est le service.Toutes les trois ne sont réellement qu'une en essence, ou trois phases d'une seule et même chose. Le droit d'aînesse est la bénédiction, la plus grande bénédiction, la plus haute bénédiction, la première bénédiction. La Maison de Dieu, ou pour employer la désignation du Nouveau Testament, l’Église de Dieu, est ce qui reçoit la bénédiction suprême, et cette bénédiction signifie prééminence. Nous remarquons comment cela s'accomplit pour Jacob, ce que signifia pour lui, le droit d'aînesse. Ce n'est pas seulement qu'il ait reçu, de la part de son père, une certaine forme de paroles qui représentaient une bénédiction, ce n'est pas seulement qu'il ait reçu certaines choses mais cette bénédiction l'amena à la première place, de sorte que l'aîné servit le plus jeune. Elle lui donna la prééminence. La Maison de Dieu, l’Église qui est le Corps de Christ, est élue en vue de cela. "J'ai choisi Jacob" ; "j'ai aimé Jacob" (Malachie 1:2). Le service est toujours lié à la Maison de Dieu. Nous avons donc trois aspects d'une seule est même chose.

La fondation du service

                   Nous commençons par le troisième aspect. Je suppose que la chose qui nous frappe forcément, lorsque nous étudions Jacob, c'est sa nature intensément active. Elle est active en pensée, en intelligence, en ruse. Elle est aussi active en vouloir, en transaction, en exécution. Elle est active parce que toujours en alerte, en mouvement, toujours à guetter une opportunité, une occasion. Sa vie est réellement une vie d'activité. Et en plus, il a l’œil ouvert sur les choses élevées, oui, sur les choses divines. S'il n'en était pas ainsi, nous ne saurions trouver aucun trait favorable en Jacob. Ce fut sa perception de la valeur transcendante des choses divines qui lui valut sa place et qui permit à Dieu d'agir, pour autant qu'il y ait dans un homme quelque chose qui forme une base pour l'activité divine. Ce droit d'aînesse, Jacob en avait compris la nature et la portée. Il savait ce qu'il représentait, il savait où il l'amènerait. Il avait un sens de la valeur des choses divines, que ne possédait pas son frère Esaü. Lorsqu'il arriva à Béthel, et qu'il eut là sa vision, il ne dit pas simplement en se réveillant le matin : J'ai rêvé. Il dit : "Certainement, l’Éternel est présent dans ce lieu.... Combien ce lieu est redoutable !" (Genèse 28:16-17). Puis, il donna à son songe une expression très pratique et il érigea en monument la pierre où il avait reposé sa tête. Il l'oignit et donna à ce lieu le nom de Béthel, la Maison de Dieu. 

                     Si nous suivons Jacob, malgré tout ce que nous pouvons déplorer en lui, nous voyons que les grands pas de sa vie sont tous marqués par une perception des choses divines, par un discernement spirituel. De cœur, il est dans la vrai direction. Ses pensées sont droites. La difficulté, pour lui, c'est son esprit et sa volonté. La fin sera bonne, mais le chemin par lequel il cherche à y parvenir est, en tout, mauvais. Si nous analysons Jacob de cette manière, nous arriverons très vite à sa signification dans cette question de vie et de mort. Nous nous souviendrons que, bien qu'il se soit assuré le titre à la bénédiction par ruse, par son astuce oui, nous ne devons pas oublier le fait de sa perception spirituelle. Il n'entra cependant jamais dans la bénédiction avant que ce dont il s'était servi pour assurer son droit n'est été entièrement mis de côté et amené à une fin. C'est une chose que d'être dans le chemin de la bénédiction, que d'avoir un cœur tourné dans la direction du dessein de Dieu et de Sa volonté la plus haute, mais entre la perception de la valeur et notre entrée dans la voie qui y conduit, et le moment où nous y arriverons, il peut y avoir beaucoup de choses dont nous aurons à être débarrassées. Nous aurons à découvrir qu'il faut une action profonde de mort avant que nous puissions avoir la vie liée à ce que nous avions vu. Nous avons vu ce qui est vie, nous avons tendu vers elle, nous avons lutté pour l'atteindre, nous nous sommes donnés avec toutes nos ressources humaines pour y arriver, mais nous ne l'avons jamais pu. Il faut que quelque chose soit accompli en nous, avant que nous puissions arriver à ce qui, en soi, est la volonté de Dieu pour nous. Et c'est le "Jacob" en nous qui doit être mis de côté, pour que nous arrivions à la position de "Israël". Cette énergie personnelle, ce pouvoir, cette ressource personnelles doivent, en relation avec les choses divines, être immolés, et nous devons arrivés à la place où il nous est devenu parfaitement clair, et où nous savons plus que toute autre chose, que le but est atteint par la seule puissance de Dieu, que les ressources pour l'accomplissement des desseins divins ne se trouvent pas en nous, mais en Lui seul.

                     Nous pouvons voir maintenant ce qui ressort aussitôt comme étant l'opération de la loi de la vie, la première loi du service, car c'est ce que représentent l'activité et l'énergie de Jacob : œuvre, service, action, et tout cela en vue des choses divines. La première loi du service, c'est la soumission. Si quelque chose est mis en évidence en Jacob, c'est bien cela. Il est, d'un côté, l'homme qui représente plus que tout autre l'homme d'action, l'homme d'activité, l'homme de service. Il sert Laban durant deux longues périodes de sept ans. Cela représente toute une partie de sa vie, ce service. Jacob est un homme qui agit toujours, un homme actif dès le commencement de son histoire. Et cependant, il y a cette autre chose qui est tout aussi claire et évidente, c'est que la soumission est la leçon qu'il doit apprendre. C'est aussi simple à saisir que tout ce qui se trouve dans la Bible. La grande crise de sa vie, dont tout dépend, en ce qui concerne le dessein de Dieu, c'est cette heure où il arrive enfin à prendre sa place de soumission, sous le toucher du doigt de Dieu. Ce n'est pas avant qu'il ait accepté cela qu'il lui ait permis de retourner à Bethel pour y demeurer.

Le service inséparable de la Maison de Dieu

                   Nous le voyons ces deux choses vont ensemble. L’Éternel dit : "Lève-toi, monte à Bethel, établis là ta demeure." Genèse 35:1) Jacob n'avait jamais demeurer à Bethel. Il n'avait fait qu'une rapide visite à Bethel, et Bethel était devenu un fait établi. Bethel était là, la Maison de Dieu était là, mais Jacob ne pouvait pas y demeurer. Car personne ne peut demeurer dans la maison de Dieu avant d'avoir accepté la place de soumission. Ainsi Jacob avait à apprendre cette leçon, fondamentale pour la Maison de Dieu, et Dieu peut lui dire ensuite : "Lève-toi, monte à Bethel, établis là ta demeure." Il doit traverser cette crise, où sa force personnelle est épuisée et brisée, et dont il sort faible -- mais où Dieu devient sa force  -- un prince avec Dieu. C'est ainsi qu'il devient qualifié pour la Maison de Dieu. Nous devons voir combien tout cela est un tout. La Maison de Dieu est l'objet et la sphère du service de Dieu.

                    Maintenant, si jamais nous avons dit une chose qui soit vraie, c'est bien celle-là. J'aimerai vous questionner à ce sujet : je vous défie de pouvoir montrer ou prouver, par les Écritures, qu'il y ait un service pour Dieu qui ne soit pas lié à Sa Maison. Tout le service de Dieu est lié à Sa Maison et en est inséparable. L'Ancien Testament est rempli de ce fait. Le Nouveau Testament le souligne avec force. L’Église, qui est le Corps de Christ, est l'objet et la sphère de tout le service du peuple de Dieu. Il n'y a point de service qui en soit à part. Oh, Si le peuple de Dieu avait gardé l'objet du service en vue ! Il y a tant de service, dans le peuple de Dieu, qui n'est pas consciemment relié à la Maison de Dieu. Nous pouvons être spécialement appelé à servir le Seigneur dans la ligne du salut des âmes, mais souvenons-nous qu'un service comme celui-là est lié à la Maison de Dieu. Si nous en faisons quelque chose en soi, nous le rétrécissons, nous le limitons et nous le privons de tout ce à quoi il doit aboutir. Oh ! La tragédie des grands efforts d'évangélisation qui ne vont pas jusque dans le dessein tout entier de Dieu ! Les âmes sont sauvées et laissées. Elles sont introduites dans des missions évangéliques qui ne sont en aucune manière des église locales, telles que nous les voyons dans le Nouveau Testament. Et au bout de vingt ou trente ans, ou même cinquante ans passés dans ces missions évangéliques, nous trouverons que ces saints ne savent rien au-delà du fait qu'ils sont sauvés. Ils ont été sauvés il y a tant d'années, et elles n'ont pas progressé d'un seul pas au-delà de ce point.                

                    Il y a des multitudes de ces missions dans le monde tout entier. Elles sont pleines de zèle. Nous y rencontrons des âmes qui se réjouissent de leur salut, mais c'est une tragédie. "Oh, j'ai été sauvé par le moyen de Moody, il y a tant d'années, et je me réjouis encore dans le Seigneur aujourd'hui !" Ceci est un exemple de la position de beaucoup d'enfants de Dieu, mais lorsque ils ont rendu ce témoignage, ils n'ont plus rien à dire, ils n'ont que ça ! C'est très bon, naturellement, de connaître le Seigneur comme notre Sauveur et de se réjouir dans Son salut. Nous n'enlevons rien à cela. Mais c'est une expérience qui est devenue une fin en soi. Ils ne sont jamais allé plus loin. Pourquoi cela ? Parce que la révélation de l’Église n'a pas été enseignée. Nous ne parlons pas ici "d'aller à l'église". Nous ne parlons pas de congrégations qui en certain lieux, sont appelées "églises". Vous savez de quoi nous parlons. Nous parlons de la pensée toute entière de Dieu pour la Maison de Dieu. C'est l’Église qui est le Corps de Christ, avec tout ce que cela signifie et qui nous a été révélé spécialement par l'apôtre Paul. C'est le grand mystère du Corps spirituel de Christ et de sa destinée éternelle, qui avaient été cachés dans les desseins de Dieu. Tout service dans la pensée de Dieu, doit consciemment relié à l’Église, à la Maison de Dieu.

                     Nous pouvons être employés et bénis, si nous allons simplement consoler et encourager les saints, et faire toutes sortes de choses aimables pour les enfants de Dieu. Mais, sommes-nous tout à fait certains que cela les conduise à un réel accroissement spirituel, à l'accroissement de Christ, que cela les amène au but de Dieu ? Ce peut être une aide, ce peut être une bénédiction, mais qu'en est-il de la réelle édification de la Maison de Dieu ? Dans notre ministère d'aide, de consolation, de réconfort, il faut que nous puissions apporter un accroissement spirituel, et non seulement que nous aidions des paralytiques à franchir une barrière. Il nous faut avoir un but vers lequel tout converge, c'est-à-dire la Maison de Dieu.

                    Quelle que soit la forme du ministère ou du service, tout service, au point de vue de Dieu, est relié à la Maison de Dieu. C'est ce qui ressort nettement avec la vie de Jacob. Qu'est-ce que le service, après tout ? Un petit enfant, en toute bonne intention et en toute innocence, peut faire beaucoup de choses pour aider sa mère, et la mère est naturellement très patiente. La mère ne punit pas l'enfant. Elle sait très bien que son enfant a de bons désirs, et voudrait réellement l'aider, mais...pauvre mère ! L'on entendra la mère dire parfois : "Naturellement, ma fille veut m'aider, mais elle ne se doute pas du travail qu'elle me donne, de tout ce que j'ai à nettoyer après elle, et du peu d'aide qu’elle m'apporte réellement." Cela est pardonnable aux enfants. Mais lorsque nous considérons sérieusement la question du service, comment le comprenons-nous ? Nous dirons certainement que le service, en vérité et en réalité, est ce qui accomplit le but que nous avons en vue, et nous approuverons tous ceux qui y contribuent dans ce sens -- "Maintenant vous aidez réellement ; maintenant nous arrivons à quelque chose !"

                    Qu'est-ce que Dieu a vu ? Sur quoi Son cœur est-il fixé ? C'est sur Son Église. Le Seigneur Jésus a aimé l’Église et s'est donné pour elle. C'est pourquoi nous avons cité le passage qui concerne Rachel, et nous y reviendrons dans un instant. Le réel service est celui qui édifie l’Église. Oui, l’Église est Son Corps, et le réel service pour Dieu est celui qui contribue à édifier l’Église, et qui assure la pensée toute entière de Dieu dans l'Église. C'est le vrai service pour Dieu. Non pas les cent et une autres choses sans relation, bien que bonnes, et belles et aimables, mais qui n'atteignent jamais réellement le but de Dieu, qui ne servent pas réellement le dessein de Son cœur. En ce qui concerne Dieu, c'est dans cette ligne que la vie opère.

                     La loi de l'Esprit de vie opère dès que nous entrons activement en ligne avec le but de Dieu, le dessein de Dieu, avec les pensées de Dieu. Ces pensées sont toutes liées à Son Église. Car nous avons vu la foi d'Abraham aboutir au fils, en Isaac. Et maintenant en Jacob, l'état de fils est repris pour se poursuivre. Nous voyons donc en Jacob, le véritable esprit du fils dans le service, qui ne peut jamais être réellement satisfait par quelque chose de moindre qu'une Église selon l'Esprit.

                     Mais ensuite, Rachel ne peut pas avoir ce qui est possible à Léa. Nous avons dit que, pour Léa, la famille fut une chose tout à fait spontanée et facile. Mais, pour Rachel, il en fut tout autrement. Quel désappointement après tout ! Pour parler naturellement, aucun fruit n'est possible. Mais nous trouvons ici la merveille de la souveraineté de Dieu. Combien souvent la souveraineté de Dieu est représentée, dans les Écritures, par des choses naturelles, et si fréquemment par cette chose particulière. Nous la retrouvons avec Sarah, avec Anne et avec d'autres, et ici avec Rachel. Oui, Rachel aura des enfants pour finir, mais ils seront le résultat d'une intervention divine. Ils seront de Dieu dans un sens spécial, le résultat d'un acte de Dieu. 
                     Nous voyons combien Dieu s'en tient strictement à Ses principes. Ce service réel, le service réel du fils, ne peut jamais porter du fruit selon la nature. La vie naturelle ne peut produire aucun fruit spirituel, aucun fruit de Dieu. Ce n'est que ce qui vient de Dieu qui est un fruit spirituel, le fruit du service spirituel. Nous nous souvenons de ce que Paul dit dans sa lettre aux Galates : "Mes enfants, pour qui je souffre de nouveau les douleurs de l'enfantement jusqu'à ce que Christ soit formé en vous." (Galates 4:19) Les Galates étaient des enfants de Dieu, et Paul aurait pu dire : "-- Vous êtes des enfants de Dieu, vous êtes sauvés, tout est bien. Je regrette qu'il y ait ces choses malheureuses qui ternissent votre marche. Je préfèrerai qu'elles n'y soient pas. Mais vous appartenez malgré tout au Seigneur et tout est bien ainsi." Oh non ! Ce serait trop semblable à Léa, c'est trop facile. Il faut quelque chose de plus, et c'est pour ce quelque chose de plus, de l'Esprit, -- nous avons ici la clé, comme nous le remarquons, de l'épître aux Galates, -- que Paul dit : "je souffre de nouveau les douleurs de l'enfantement jusqu'à ce que Christ soit formé en vous." Voilà la pensée de Dieu pour Son peuple. Et nous trouverons Paul, ce grand Israélite dans le sens le plus accompli, le plus haut, dire encore : "Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Église." (Colossiens 1:24). C'est le service, c'est l'état de fils, -- Ses souffrances en moi pour Son Église.

Un résumé des issues pratiques

                    C'est le chemin de la vie. C'est l'opération de la loi de la vie. Nous l'avons montré simplement, et sommes loin d'avoir épuisé ce sujet. La plénitude de Dieu doit être exprimée dans l’Église. C'est pour cela que la satisfaction de Dieu est concentrée dans l’Église. Tout réel service pour Dieu est celui qui cherche à assurer à Dieu ce qui Lui est le plus précieux, c'est à dire l’Église. Et tout service pour Dieu commence par la soumission. La soumission est une chose qu'on trouve dans la Maison de Dieu. C'est là que Dieu établit la loi de la soumission. Je dois être soumis dans la Maison de Dieu comme tout autre membre de la Maison de Dieu. Il ne s'agit pas de la soumission de l'un ou de l'autre des membres plutôt que de celles des autres. Mais dans la Maison de Dieu, nous avons à trouver notre place dans la soumission. Je ne puis pas, en tant que pasteur, agir plus indépendamment que les autres membres de la Maison de Dieu. Nous trouvons la vie à mesure que nous apprenons à nous soumettre. S'il n'est pas vrai que nous sommes soumis dans la Maison de Dieu, nous ne sommes pas dans le chemin de la vie, nous sommes dans celui de la mort. C'est la première loi du service. 

                    C'est en cela qu'est l'importance de l’Église, représentée localement. L'une des choses pour lesquelles une assemblée locale sert Dieu, c'est qu'elle est la sphère où ses membres peuvent apprendre à être soumis au Seigneur. Nous savons que, très souvent, cette soumission au Seigneur dans l’Église devient une chose très pratique, et aussi une chose très éprouvante .

                    Nous avons indiqué des faits, c'est tout. C'est le chemin de la vie. C'est là qu'est la bénédiction. Oui, c'est la Maison de Dieu, c'est la porte du ciel. "Jacob appela Bethel le lieu où Dieu lui avait parlé(Genèse 35:15). Car c'est là que Dieu s'est révélé à lui. C'est la vie, c'est la porte du ciel, lorsque Dieu se révèle. Que le Seigneur ouvre notre intelligence ! 

Chapitre septième

JACOB ET LA LOI DE LA VIE (suite)

Jacob partit de Beer-Schéba, et s’en alla à Charan. Il arriva dans un lieu où il passa la nuit; car le soleil était couché. Il y prit une pierre, dont il fit son chevet, et il se coucha dans ce lieu-là. Il eut un songe. Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle.......
Il donna à ce lieu le nom de Béthel; mais la ville s’appelait auparavant Luz.(Genèse 28:10-12, 19)

Jésus, voyant venir à lui Nathanaël, dit de lui: Voici vraiment un Israélite, dans lequel il n’y a point de fraude. (Jean 1:47)

Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint un monument, où tu m’as fait un vœu. Maintenant, lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ta naissance. (Genèse 31:13)

Dieu dit à Jacob: Lève-toi, monte à Béthel, et demeures-y; là, tu dresseras un autel au Dieu qui t’apparut, lorsque tu fuyais Esaü, ton frère....  Jacob arriva, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à Luz, qui est Béthel, dans le pays de Canaan. Il bâtit là un autel, et il appela ce lieu El-Béthel; car c’est là que Dieu s’était révélé à lui lorsqu’il fuyait son frère. (Genèse 35:1, 6-7)

Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde? (1 Corinthiens 1:20)

Mais l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. (1 Corinthiens 2:14)

                    
Nous considérons les sept opérations de la vie, telles qu'elles sont représentées dan le livre de la Genèse par sept personnes. Nous sommes arrivés, dans notre méditation précédente, à la sixième de ces personnes, c'est-à-dire à Jacob. Et c'est encore sur ce que représente Jacob, en ce qui concerne le chemin de la vie pour Dieu, que nous nous arrêterons dans ce chapitre-ci.

                    La Maison de Dieu, l’Église, Béthel, est l'objet particulier que nous avons en vue. Si nous prenons encore Jacob comme notre illustration, nous sommes amenés à voir que tout ce qui concerne l’Église doit commencer de son côté céleste, et non de son côté terrestre. C'est un fait qui gouverne la vie de Jacob, et nous verrons comment cela interprète sa vie.

La loi et le gouvernement des cieux

                    Il est significatif et impressionnant de voir, lorsque Jacob se met en route au commencement de son pèlerinage, non seulement de son pèlerinage sur cette terre, mais de cette histoire spirituelle qui se forme derrière toutes les expériences, et tous les événements et incidents de sa vie et de sa marche terrestres, que le premier point où il est arrêté, bien que pour une nuit seulement, c'est Béthel. Et Béthel paraît pour la première fois dans la Bible, comme venant des cieux. Nous avons là, la première référence qui soit faite à l’Église dans la Bible, et elle paraît avec Jacob. Elle paraît comme venant des cieux, c'est-à-dire de son côté céleste et cela devient une loi,qui gouverne et interprète toute la suite de la carrière de Jacob et de son pèlerinage spirituel. Ce qui est institué à ce point-là, c'est le gouvernement de ce qui est céleste. Lorsque ce gouvernement est introduit par Dieu, nous voyons que ce qui est simplement terrestre doit, à partir de ce point, passer sous la condamnation et la discipline de Dieu pour être détruit, afin que tout devienne céleste, selon son origine, sa source, son commencement. Il nous faut nous poser cette question qui embrasse tout : Où est-ce que tout commence, où est-ce que tout conduit ? La réponse est une. Tout commence dans les cieux, et tout conduit au ciel et s'accomplit dans les cieux. Ce n'est qu'une autre manière de dire que tout est de Christ. "Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui." (Colossiens 1:16-17) Bien que la vérité correspondante ne soit pas exprimée, il y a beaucoup de passage qui révèle aussi le fait qu'Il est après toutes choses, et non seulement avant toutes choses.

                     Tout cela, nous le voyons symboliquement représenté par l'échelle de Jacob : quelque chose venant du ciel et se posant sur la terre, l’Éternel se tenant au sommet et les anges de Dieu montant et descendant. Reportons cela au premier chapitre de Jean, et nous retrouvons le même principe à l’œuvre dans cette parole : "Voici un véritable Israélite dans lequel il n'y a point de fraude" (point de Jacob !). Et ensuite dans ces mots adressés à Nathanaël : "Tu verras de plus grandes choses que celle-ci !... vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l'homme" (Jean 1:47, 50-51). C'est Christ qui relie le ciel à la terre et la terre au ciel. Et c'est par Lui que toutes les communications divines sont faites à l'homme. C'est Christ qui accomplit cette parole, "où Dieu t'es apparu" (Genèse 35:1).

                    La Maison de Dieu, c'est Christ. Mais souvenons-nous, tandis que cela est vrai de Christ personnellement, ce que nous devons voir comme étant la révélation du mystère, c'est que la Maison de Dieu, c'est Christ exprimé corporativement dans l’Église qui est Son Corps. Et c'est dans le Christ corporatif, dans le Corps dont Il est la Tête que se trouve la révélation et la communication de Dieu. C'est là, dans cette Maison de Dieu, l’Église, que nous avons ce que Jacob a appelé "la porte des cieux". L’Église est le Béthel de Dieu.

                    Ainsi, tandis que nous reconnaissons que tout doit être vu premièrement de son côté céleste, et comme venant des cieux en Christ, il nous faut voir cette autre chose : Jacob doit être mis de côté pour faire place à "Israël". C'est-à-dire que tout ce qui est de l'homme doit être mis de côté pour ouvrir la voie à un ordre des choses divin dans la Maison de Dieu. Jacob, en tant que Jacob, se heurte contre les choses divines, contre le droit d'aînesse, mais aucune élection divine ne peut être regardée comme n'ayant qu'un seul aspect. Il y a toujours deux côtés aux décisions divines. L'un, c'est l'acte souverain du choix. L'autre c'est la préparation de l'instrument élu, afin qu'il réponde à la tâche pour laquelle il a été choisi. Ainsi, bien que Jacob soit dans la ligne de la souveraineté et de l’élection divines, celui auquel est assuré le droit d'aînesse -- ce qui est aussi la position de l’Église qui est l’anti-type -- il y a une autre ligne que prend la souveraineté divine, c'est la mise de côté de tout ce qui est de Jacob. Car ce n'est pas Jacob en tant que Jacob qui pourra hériter. Ce sera "Israël" qui héritera.

                    Remarquons encore cette autre chose qui est à la fois importante et intéressante. C'est, d'une manière toute particulière, avec Jacob que la "maison" paraît. Abraham était le père de la nation juive, qui est toujours appelée "la postérité d'Abraham". Mais nous ne trouvons nulle part la "maison d'Abraham" bien qu'il ait été le père. Ensuite, bien que Dieu se présente comme "le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob", il ne nous est jamais parlé de "la maison d'Isaac". Mais nous avons "la maison d'Israël". Tout, ainsi, remonte  à Jacob. 

                     Je pense maintenant que nous voyons la signification de ce fait. Israël représente ce qui est céleste et divin, ce qui a supplanté, ce qui n'était pas terrestre et humain. Jacob symbolise ce qui est terrestre. Nous savons que, lorsque le peuple d'Israël sortait de la bonne voie, lorsqu'il était dans un déclin spirituel,  l’Éternel s'adressait à lui comme étant "Jacob", mais lorsque le peuple marchait selon Sa pensée, Dieu l'appelait "Israël". C'est le côté céleste. De sorte que, et réellement, la Maison de Dieu paraît, non pas avec Jacob en tant que Jacob, mais avec Israël : le même homme, mais qui maintenant est du Ciel, qui est maintenant pour ainsi dire, l'homme céleste. "Voici un Israélite dans lequel il n'y a pas de fraude" (point de Jacob). Je pense que c'est là un témoignage formidable rendu à Nathanaël. Le Seigneur qui connaît toutes choses pouvait dire : Celui-ci est vraiment un homme spirituel, un homme qui a une vison et un jugement et une appréciation spirituels des choses. Il n'y a point de "Jacob" en lui. Je crois que c'est ce que le Seigneur a voulu exprimer. 

                      Je pense que tout cela est suffisant pour établir le principe. La Maison de Dieu est ce qui demande la mise de côté de tout ce qui est de l'homme, et elle est l'expression de ce qui est selon Dieu, de ce qui est céleste.

Le caractère céleste est une part d'un Ordre divin
  
                   Nous trouvons ensuite que le caractère céleste n'est pas seulement quelque chose d'abstrait, mais qu'il est une part d'un ordre des choses, d'un ordre céleste : une vie ordonnée, une relation ordonnée, tout répondant à un ordre céleste. Ce qu'il nous est nécessaire de voir ensuite, c'est ce que signifie un ordre divin parfait. Je pense que nous avons là quelque chose à méditer, à contempler.

                   Oui, bien-aimés, il y a maintenant tant de choses à corriger, un tel état de confusion et de désordre. Il existait, au début, un bel ordre divin, un ordre dans tous les domaines, dans toutes les directions. Tout était bien à sa place, chaque chose dans sa propre relation ; tout fonctionnait dans un ordre parfait : pas de friction, pas de contradiction, pas d'inquiétude, pas de tension. Tout était plein de repos. Dieu avait déclaré que tout était très bon. Si Dieu a pu dire cela, c'est que, à la lumière de Sa mesure des choses, un tel ordre devait être très bon, car Sa mesure est tellement plus haute que la nôtre. Lorsque nous arrivons à obtenir une certaine mesure d'ordre, sans friction ni contradiction, sans effort ni tension, nous sommes conscients d'avoir quelque chose de très bon. Mais combien est plus élevé la mesure de Dieu ! Lorsque Dieu dit d'une chose : "Elle est très bonne", elle doit être vraiment bonne, en vérité.

                   Mais ensuite parut la confusion. Tout fut désordonné, l'harmonie fut détruite dans l'univers de Dieu. Il y a désormais de la tension, il existe un conflit, il n'y a plus de repos. Et dès ce moment, les choses ont été continuellement gouvernées par cet élément de désordre et de confusion. L'ordre divin ne s'est plus jamais rétabli dans le monde. Le désordre règne partout et en tout. Il est dans les éléments. Il est dans l'humanité. Il est dans toutes les relations. Il est partout. Et désormais, en ce qui concerne Dieu, tout doit être dans une ligne de correction, à cause de cette confusion.

                    Car avant tout, le désordre, la confusion règnent dans l'homme lui-même. L'homme n'est plus une harmonie, une unité. Il est entièrement dans le désordre. Puis le désordre se trouve dans les relations de l'homme.  Toutes les  relations  de l’homme sont désordonnées et renversées. Ensuite il règne dans le monde que l'homme a fait. C'est l'homme qui a fait le monde tel qu'il est, et qui a établit l'ordre présent -- un ordre qui est un désordre aux yeux de Dieu. Partout, dans ce monde, il y a du désordre. Nous n'avons pas besoin de nous y arrêter pour prouver combien cela est vrai. Partout, dans ce monde, nous trouvons ce qui n'est pas de Dieu, contraire à ce que Dieu voulait. L'ordre a disparu et on ne le retrouve plus.

                     C'est pourquoi, lorsque nous ouvrons la première lettre aux Corinthiens, la première chose qui nous y est montrée, c'est le monde ; et la deuxième c'est l'homme, l'homme naturel, tandis que la troisième touche aux relations, ou à la vie des relations entre les hommes. Ensuite, nous reconnaissons que toute cette première lettre aux Corinthiens a pour but de corriger. Elle touche au monde, elle touche à l'homme. Elle touche aux relations entre les hommes. En tout, elle cherche à corriger. Ensuite, quel est son but en tout cela ? Son grand souci, c'est l’Église qui est le Corps de Christ. Est-ce que Christ est divisé ? C'est une question qui nous est posée, à nous, et elle répondra tout aussi directement que, en Christ, il n'y a point de schisme, point de désordre. Et si nous continuons la lecture de cette lettre, nous voyons qu'une vraie compréhension de l’Église, selon la pensée de Dieu, amène à la correction de tous les désordres qui ont été causés par Adam. La lettre reprend ces désordres les uns après les autres.

                    Nous exprimerons cela d'une autre manière, et peut-être un peu plus simplement. Là où l’Église, le Corps de Christ est exprimée spirituellement selon la pensée de Dieu, rien de toute cette confusion et de ce désordre causés par Adam, n'y a plus aucune place. Tout cela est exclu. Le monde n'y a plus de place, il est exclu. L'homme naturel en est exclu. Le désordre dans les relations humaines en est exclu. L’Église représente un ordre divin parfait, et cela signifie une responsabilité pour tous ceux qui prétendent en faire partie. Nous trouvons une demande fondamentale ici même, au début de cette lettre corrective : "je n'ai pas jugé que je dusse savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié." (1 Corinthiens 2:2) La demande fondamentale pour tous ceux qui prétendent faire partie de l’Église, qui est le Corps de Christ, c'est que, -- par la Croix du Seigneur Jésus, par laquelle le monde a été crucifié, et par laquelle l'homme spirituel à été crucifié, et par laquelle tout ce qui est désordre dans les relations humaines a été crucifié -- Christ soit seul vu, soit seul reconnu, car ici nous touchons au mystère même de l’Église. L’Église, c'est le Christ du ciel, sans rien de ce monde, Christ exprimé corporativement. C'est le Christ selon la pensée de Dieu, qui est l'Homme céleste, sans rien qui soit de l'homme ici-bas. C'est le Christ, la personnification d'un ordre céleste. Je n'aima pas le mot de système et l'emploie très souvent dans en sens péjoratif. Mais on peut aussi l'employer dans un sens juste et bon. Et si vous me le permettez, je dirai que Christ est la personnification d'un système céleste. Et lorsque nous rentrons dans l’Église qui est Son Corps, nous entrons dans un système de choses célestes, un ordre divin.La sphère de cet ordre de choses parfait et divin, c'est donc l’Église, le Corps de Christ, qui est appelée "le Christ". Cela nous amène à quelques applications pratiques de la vérité générale.

L'accroissement de Christ est le seul objet de l'ordre divin

                    La première de ces applications, c'est que  cet ordre, cet ordre céleste et divin dans l’Église est gouverné par l'accroissement de Christ;

                    Tout ce qui existe, dans le dessein de Dieu, n'existe qu'en vue d'un seul objet, d'un seul but, l'accroissement de Christ. Tout ce que Dieu a institué, en tant que part de l'ordre céleste dans l’Église, a été institué en vue de ce but. Nous ne nous arrêterons pas sur tout ce que signifie une expression que nous allons citer, et certainement pas dans l'intention de la critiquer. Mais ceci dit comme illustration, l'on entend quelques fois désigner certains hommes par une phrase comme celle-ci : "ils ont pris les Ordres". On veut dire par cette expression qu'ils sont entrés dans un certain domaine ecclésiastique, ou qu'ils sont "prêtres dans les Saints Ordres". Mon point de vue est le suivant : lorsqu'il s'agit de l'ordre céleste de l’Église, tous les ministères, tous les services, toutes les relations existent uniquement pour l'accroissement de Christ. C'est cela qui gouverne tout. Personne n’occupe de position ou n'exerce de ministère qui soient simplement officiels. Qu’est-ce que notre position dans l’Église, au point de vue céleste ? Qu'est-ce que le ministère dans l’Église, au point de vue céleste ? Quelle est la signification qui s'attache à toutes les relations des enfants de Dieu ? Tout dans l'intention divine doit contribuer à l'accroissement de Christ.

                     Je suppose que nous acceptons cela en ce qui concerne les ministères spéciaux. Et cependant, cela demande à être vérifié. Ceux qui exercent ces ministères spéciaux n'ont pas pour tâche de faire des prédications ou de prêcher des sermons. Dans l'ordre céleste, il n'y a aucun ministère qui n'est pour but d'apporter Christ, en vue d'un accroissement de Christ, de sorte que l'Église devienne plus pleinement une expression de Christ. Et tout ministère qui ne contribue pas, ou qui ne peut amener à cela, n'est pas dans l'ordre divin. Le service dans l’Église est entièrement autre que ce qui est purement ecclésiastique et désigné par vote ou par voix humaine. La chose qui gouverne une charge ou une position dans l’Église, selon l'ordre céleste, c'est que ceux qui les ont reçues ont à donner quelque chose de Christ. Ils possèdent et donnent ce qui représente un accroissement de Christ. Car l’Église c'est Christ dans Son expression corporative.               

                   Est-ce que nous désirons avoir une place, une position dans l’Église ? Je dirai comment nous pourrons y arriver. Aspirons à avoir une mesure plus grande de Christ que celle de nos frères. Le Saint-Esprit veillera à ce que, dans une  Église gouvernée par le Saint-Esprit, nous ayons une place et un ministère. C'est la loi qui gouverne la position de chacun dans l'Église. Ce n'est pas par un vote à main levée que l’Église choisira ceux qui auront à servir. C'est le Saint-Esprit qui désigne les hommes qui ont une mesure de Christ plus grande que la moyenne qui pourront faire avancer l’Église dans une plus grande et plus pleine mesure de Christ.

                     Qu'en est-il donc de tous les membres du Corps ? C'est la même loi qui gouverne. Nous pouvons laisser toute la responsabilité à ceux qui sont capables de prêcher la Parole, et dire : C'est leur devoir de nous apporter Christ, de nous édifier en Christ. Ils nous montreront le chemin. Ils nous apporteront la Parole de Dieu en vie. Mais ensuite, le fait même que nous sommes membres du Corps de Christ nous place sous une même loi. Nous sommes appelés, personnellement, à être dans le Corps des jointures et des articulations qui fonctionnent pour l'unir. Nous sommes tous engagés dans l’œuvre mutuelle de l’édification du Corps, et de l'accroissement de Christ. Le fait même que nous sommes participants de Christ, que nous sommes membres de Son Corps, est gouvernés par cette loi qui fait de nous un facteur contribuant à l'accroissement de Christ. Il faut nous éloigner de cette conception qui laisse à la prédication toute la responsabilité, et arriver à une mentalité toute nouvelle. L’Église s'édifie par le service mutuel de tous ses membres, et cette édification se fait par un accroissement de Christ. Bien-aimés, permettez-moi d'insister sur cela et de le souligner. Saisissons-nous de ce fait, si nous oublions le reste. Le fait que nous sommes dans l’Église qui est Son Corps, veut que notre présence y signifie un accroissement de Christ. Il faut que cela soit ! Y a-t-il quelque chose de plus de Christ à cause de notre présence ? C'est la loi qui gouverne. Prenons conscience de cela. Reconnaissons notre responsabilité individuelle et personnelle. L’Église c'est Christ dans son expression corporative. Nous somme l’Église. Combien y apportons-nous de Christ pour l'accroissement général  et l'édification de Son peuple ? La loi qui gouverne tout dans l’Église -- ministère, position, relations -- c'est la loi de l'accroissement de Christ..

                    Nous avons employé ce mot "relations". Oui, nous voyons combien cela est loin d'être simplement technique, ecclésiastique, officiel ou légal, et combien tout se résout en une seule chose, c'est-à-dire la vie. Lorsque nous avons l’Église selon la pensée de Dieu, selon l'ordre céleste, lorsqu'elle est gouvernée par cette loi de l'accroissement de Christ, nous avons la vie, non pas des systèmes ou des ordres ecclésiastiques, mais la vie. C'est le chemin de la vie. C'est le cours de l'opération de la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ. Nous arriverons à cette question des relations par une nouvelle position, ou par une proposition nouvelle

Les traits divins de l'autorité et de la soumission

                    Il y a deux aspects essentiels dans l’Église, le Corps de Christ. Le premier de ces aspects est l'autorité, et le second est la soumission. Ce sont les deux choses qui, en tant que principes, gouvernent spécialement l’Église.

                    Maintenant, lorsque Jacob supplanta son frère par sa fraude,  sa ruse et son astuce, il voulait l'autorité, la place de suprématie. Lui, qui était le plus jeune, cherchait à avoir l'ascendance sur son frère. Or, c'est ce que Dieu avait décidé, et Jacob n'aurait pas eu besoin d'avoir recours à la ruse ou à la fraude. Dieu aurait veillé à cela, si Jacob s'était confié à Lui. Cependant, c'est le désir qui était dans son cœur, d'avoir l'autorité, la prééminence. Ce qu'il dut apprendre au cours de ces vingt années, c'est que l'on arrive à l'autorité par le chemin de la soumission, et pour Jacob, qui deviendra un prince en Béthel, la Maison de Dieu, ces deux choses vont ensemble -- l'autorité et la soumission. Il est impossible de séparer ces deux choses, on ne doit pas. Dieu les a unies ensemble. L'autorité nous vient par la soumission. La soumission conduit à l'autorité. Je crois d'ailleurs que Dieu a choisi quelque chose de très beau pour nous montrer cela.

                    Dieu l'a institué -- nous dit Paul dans sa grande lettre aux Éphésiens -- dès les commencements, dans le jardin -- "Il les créa mâle et femelle" (Genèse 1:27 Darby) époux et épouse, l'homme et la femme. N'avons-nous pas reconnu que cela est avant tout un principe de l’Église ? Si nous faisons remonter cela au ciel, à la pensée et au cœur de Dieu, nous trouverons qu'Il a en vue l’Église : Christ et l’Église, Ses membres, le Fiancé et la fiancée, l’Époux et l'épouse. La relation, cette relation humaine du mari et de la femme, est donc, dans la pensée de Dieu, liée à quelque chose d'infiniment plus grand qu ce qui serait simplement personnel, individuel, parmi les hommes sur terre. Ce n'est que la présentation ou doit être la présentation, d'une conception grande et sublime de Christ et de l’Église. Et les deux lois qui gouvernent Christ et l’Église sont celles de l'autorité et de la soumission. Comment  l’Église  arrivera-t-elle à régner ? Par sa soumission à Christ. Comment Christ, la Tête, est-Il arrivé à régner ? Par Sa soumission au Père. L'autorité et la soumission sont inséparables. C'est une double loi établie dans le ciel. Ces deux choses, mâle et femelle, sont toutes les deux très sacrées aux yeux de Dieu. Et ni l'une ni l'autre ne doivent chercher à être l'autre. Si elles le font, elles renversent l'ordre divin. Elles existent pour représenter quelque chose de très saint, quelque chose de très sacré.

                     Si nous Le considérons plus intimement, nous verrons que ces deux traits se retrouvent dans la personne de Christ Lui-même. Oui, combien nous devons à la soumission de Christ au Père ! Que Lui devons-nous ? C'est à elle que, d'un côté, nous devons toute la révélation de Dieu en Lui. C'est par sa soumission au Père que la révélation de Dieu s'est manifestée en Lui. "Le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père, car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement." (Jean 5:19) Sa soumission au Père signifiait qu'Il voyait ce que faisait le Père et faisait les œuvres du Père. Dans es œuvres de Christ, nous voyons les œuvres de Dieu, la pensée de Dieu, le désir de Dieu. 

                        C'est à Sa soumission que nous devons la révélation de l'amour du divin. La volonté du Père, c'était qu'Il donne Sa vie. Et le don de Sa vie fut l'expression du cœur du Père pour nous. Il donna Sa vie pour nos péchés afin de nous racheter pour Dieu. Tout l'amour de Dieu nous a été manifesté par la soumission du Seigneur Jésus. Souvenons- nous de cela.

                    Et puis, quel fruit a résulté de Sa soumission ! "Si le grain de blé ne meurt pas après être tombé dans la terre..." -- Est-ce que ce n'est pas la soumission ? Quel est l'opposé à cela ? -- Je refuse de mourir, je refuse de donner ma vie, je refuse de renoncer à mon âme, je m’attache et je m'en tiens à moi-même, à mes propres intérêts. "Si le grain de froment ne meurt pas après être tombé en terre, il reste seul ; mais s'il meurt (c'est-à-dire s'il se livre, s'il abandonne sa propre vie, s'il renonce à ses droits) il porte beaucoup de fruit". Ces paroles sont suivies immédiatement par la déclaration : "Celui qui aime sa vie (son âme) la perdra ; et celui qui hait sa vie (son âme) en ce monde, la conservera pour la vie éternelle." (Jean 12:24-25) Cela encore, en un mot, c'est la soumission.

                     Suivons cette question jusqu'au bout, avec cette parole : Il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix." (Philippiens 2:8)  Obéissant, c'est la soumission. C'est le côté de la femme, celui qui est représenté par la femme. Ce que nous devons à cela !

                    Oui, mais il y a ensuite l'autre côté. Oh ! Le pouvoir, le pouvoir puissant que nous trouvons en Christ ! Oh ! La vie, la vie positive, la vie de résurrection que nous avons en Christ ! Oh ! La délivrance qui est nôtre par le puissant Libérateur ! Oh ! La puissance qui est à nous, et qui nous garde à cause de la Croix ! C'est le côté de l'autorité. Le côté de la soumission, c'est Son amour pour nous. Le côté de l'autorité, c'est pour nous, Sa protection et Sa défense. Le côté de la soumission, c'est Sa tendre compassion, Sa bonté miséricordieuse pour les Siens. Son autorité, c'est la manifestation de Sa puissance contre les ennemis de Ses enfants. C'est l'homme et la femme.

L'expression pratique des traits divins dans l’Église

                   Maintenant, tout cela est repris juste au cœur de l’Église. Et nous le retrouvons ainsi dans la première lettre aux Corinthiens. Nous savons tout ce qui nous y est dit au sujet de l'homme et de la femmeet de leur place respective dans l’Église. Si cette relation céleste pour l'accroissement de Christ est établie, elle produira un enrichissement immense, et non pas un appauvrissement. Quelle est la place de la femme dans l’Église ? Elle doit exprimer ce côté du caractère de Christ, qui est toujours le côté gracieux, sympathique, le côté de l'aide. Pensons-nous que la femme doit être supprimée ? Je ne le pense pas, et je ne pense pas que la Parole de Dieu enseigne cela. C'est une question d'ordre pour l'épanouissement de la vie. Et si je voulais l'exprimer par un langage tout-à-fait ordinaire, simple, habituel, humain, je dirais ceci : L'homme est là pour représenter l'autorité de Christ, mais il ne saurait exercer cette autorité sans soumission. Sinon, qu'arriverait-il ? Il devient un maître dans la Maison de Dieu. Il fait ce dont parle l'apôtre : il "domine sur l'héritage de Dieu" (1 Pierre 5:3). Il a besoin que la femme, qui représente la soumission, vienne lui dire, -- "Non, mon ami, agis doucement ; ne fais pas de mal, ne nuis pas aux intérêts du Seigneur par cet esprit d'intolérance, par ce ton officiel. Souviens-toi que tu as besoin, toi aussi, d'être supporté par le Seigneur." Voyez-vous le principe de la soumission à l’œuvre ? Les deux ne peuvent pas être séparés. Le Seigneur a besoin de tous les deux. Et je crois que le Seigneur a exprimé cette relation dans l’Église pour son gain, et non pour sa perte ; pour son enrichissement et non pas pour son appauvrissement. Cela pour que soit toujours maintenus, selon ce principe de la soumission de Christ, cette tendresse, cette douceur, cet égard pour les susceptibilités, qui enlèvent au gouvernement toute roideur. Oh ! Il faut que nous gouvernions, que nous exercions l'autorité, si nous y sommes appelés, comme des hommes qui se souviennent toujours du besoin immense qu'ils ont eux-mêmes de la grâce de Dieu. "Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui avez l'Esprit, redressez-le dans un esprit de douceur; et prend garde à toi-même, de peur que, toi aussi, tu ne sois tenté" (Galates 6:1) Ne pouvons-nous pas entendre la voix d'une femme dans ces paroles ? C'est un aspect de Christ qui est nécessaire au gouvernement.

                    Nous ne pouvons que faire allusion à tout ce que cela signifie. Ce que j'ai tout le temps au fond de ma pensée, c'est que tout ce qui concerne la Maison de Dieu, -- les relations et toutes les autres choses,-- tout doit servir à l'accroissement de Christ. Vous, mes chères sœurs, ne pensez pas que le Nouveau Testament dise quelque part que vous devriez être supprimées et mises de côté. Vous avez un ministère très essentiel, car vous représentez dans la Maison de Dieu, ce qui doit contribuer à l'accroissement de Christ. Et les frères, qui en représentent un autre aspect, ont besoin de vous et ne sauraient accomplir leur ministère sans vous. Il n'est pas bon à l'homme d'être seul a dit l’Éternel, et cela a une signification beaucoup profonde que la simple idée d'une compagne humaine. Exprimons cela de manière positive : il serait très bon pour l'homme d'avoir une épouse qui soit réellement la femme selon la pensée de Dieu. Il faut maintenir l'équilibre.

                      Mais aucun d'eux ne doit chercher à être l'autre : sinon l'ordre céleste sera aussitôt renversé. C'est pourquoi la première lettre aux Corinthiens cherche à corriger le désordre qui existe dans tous les domaines. Nous le voyons le monde est mis de côté parce qu'il est dans le désordre. L'homme naturel est mis de côté parce qu'il est en désordre. Les relations qui sont selon ce royaume et qui ont pénétré dans l’Église doivent disparaître, et l'ordre céleste doit y être établi. Je ne crois pas que ce que dit Paul au sujet de la femme dans l’Église, doive être interprété comme signifiant que la femme ne peut y avoir aucune place. Je pense que c'est juste le contraire. Mais tout ce qu'il dit a pour but de rétablir l'ordre là où le désordre existe. Il s'agit de l'ordre céleste. Lorsque nous occupons la place qui est la nôtre, nous pouvons fonctionner pleinement. Mais il nous faut être à notre place et la garder. Sinon la vie disparaît. Peut-être nous ne serons pas satisfaits par ce qui vient d'être dit, mais nous nous occupons de principes. La loi de la vie opère dans la ligne d'un ordre céleste.

                    Nous pouvons voir ainsi que tout repose sur le dessein de Dieu concernant Son Fils, et que tout est gouverné par la manière dont Son dessein peut être réalisé. La méthode approuvée par Dieu est celle qui doit le plus contribuer à un accroissement de Christ, et tout le reste est mis de côté par Dieu. L'ordre n'est pas technique. Il n'est pas arbitraire. Il est une expression des principes célestes qui sont établis en vue de l'accroissement de Christ. Ou bien pour l'exprimer différemment -- l'ordre est le chemin de la vie, lorsqu'il est l'ordre divin. Le désordre est le chemin de la mort. 

                       Nous comprenons maintenant la vie de Jacob. Il avait commencé par le désordre naturel, qui est inhérent à l'homme naturel. Il avait commencé par la sagesse et l'astuce de ce monde. Il avait été choisi pour mettre en évidence la Maison de Dieu -- Béthel -- et pour demeurer à Béthel. C'est pourquoi cet homme a été mis sous une discipline sévère. Il faut que tout ce qui est de l'homme naturel disparaisse, parce qu'il est désordre. Il faut que tout l'élément du monde qui est en lui soit détruit. S'il doit y avoir une Maison de Dieu, ce ne peut pas être la maison de Jacob. Ce doit être la maison "d'Israël".

Une leçon vitale

                    Je me demande jusqu'à quel pont nous reconnaîtrons la valeur vitale de tout cela. Nous pouvons avoir beaucoup de questions, mais je crois que nous avons été en présence d’une chose importante. Pour avancer vers la plénitude de la vie en Christ, il faut que le peuple de Dieu soit dans une relation spirituelle. Il doit y avoir entre les membres de Christ, cette communion fraternelle qui donne une occasion de l'accroissement de Christ, de manière ordonnée. C'est une question qui devrait grandement nous occuper. Je suis tout à fait certain que beaucoup d'enfants de Dieu souffrent infiniment plus qu'ils ne le devraient, parce qu'ils ne sont pas, de manière pratique et agissante, en relation avec l’Église, le Corps de Christ. Je crois qu'une vie et une action purement personnelles, indépendantes, sans relations, expose les enfants de Dieu à de très grands périls. Si seulement le peuple de Dieu s'unissait de manière vitale, ce serait le remède à beaucoup de maux, et la délivrance de beaucoup de souffrances inutiles. La parole qui avait été annoncée par Aggée est encore vraie aujourd'hui : l'argent est mis dans une bourse trouée, il y a de la disette, il y a de la stérilité, il y a un résultat tout à fait disproportionné avec les énergies spirituelles mises en mouvement. Tandis que le Seigneur questionne Son peuple à ce sujet, Il répond Lui-même : C'est à cause de ma Maison. Si ma Maison devient pour vous l'objet central, l'objet qui gouverne votre vie, vous verrez beaucoup de bénédictions là où maintenant il n'y en a aucune. Il y aura la vie là où règne maintenant la mort. Il y aura la délivrance là où règne en ce moment l'esclavage. Il y aura la lumière là où se trouvent les ténèbres. Il y aura assurance là où maintenant n'est que déception. Nous réalisons peu combien de souffrances de toutes sortes il y a aujourd'hui  parmi  les chrétiens, à cause d'une action indépendante et d'un manque de relations de la part des enfants de Dieu. Laissons-nous sonder par le Seigneur sur ces sujets. Si  c’est là Sa pensée et que nous Lui demandions sérieusement de la faire comprendre, Il nous montrera de quelle manière Il veut établir Son ordre.

Chapitre huitième

JOSEPH ET LA LOI DE LA VIE

 La loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. (Romains 8:2)

Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. (Romains 8:17)

Afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, (Philippiens 3:10)

                    Nous arrivons maintenant à la septième expression de la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ. Nous avons suivi les stages différents de son opération illustrés pour nous par es hommes du livre de la Genèsedepuis Adam jusqu'à Jacob, et nous nous arrêtons à présent à Joseph, le septième et le dernier. Joseph rassemble en lui-même les six caractères précédents, et il les porte en sa personne jusqu'à la plénitude de la vie.

                  Demandons-nous si, en Joseph, se trouvait cette première attitude fondamentale où tout est pour le Père. Nous le voyons, c'est précisément ainsi qu'il nous est présenté. Le commencement de l'histoire de Joseph nous dit qu'Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils. pourquoi cela ? Parce que, comme cela nous sera démontré par la suite, Joseph avait un soin tout spécial pour les intérêts de son père. Il reprend en lui cette première chose : tout pour le plaisir du Père.

                    Est-ce que Joseph reprend cette question du discernement et de l'intelligence spirituels, à l'égard de ce qui peut plaire au Père ? N'est-ce pas là la cause du trouble qui existait entre lui est ses frères ? Ses frères agissaient contrairement à la pensée de leur père, et Joseph voyait et comprenait combien cela déshonorait le père. Il discernait ce qui était mal en ses frères. Cela causait un malaise, et il cherchait lui-même à ne pas suivre cette voie, mais à marcher de manière à plaire à son père selon l'esprit et non selon la chair. 

                    Ensuite, nous pouvons voir clairement comment ce principe de la résurrection opéra en Joseph. Sa vie fut largement basée sur ce principe. Est-ce qu'il entra dans la mort ? Oui, mais il connut la résurrection. C'est un grand facteur dans l'histoire de Joseph, ce principe de la résurrection.

                    
Quant à la foi -- si jamais une homme fut éprouvé dans sa foi, ce fut Joseph. Durant toutes les années qui passa dans la maison de Potiphar, puis en prison, dans le donjon, -- oh ! Combien grande fut l’épreuve de sa foi ! Le Psalmiste dit, que le fer entra dans son âmela parole de l’Éternel l'éprouva. Oui, il dut avoir la foi, et sa foi fut éprouvée et il est merveilleux de le voir se confier en Dieu. Nous ne trouvons pas trace d'amertume, de ressentiment, de rébellion. La foi est triomphante en Joseph !

                    Oui, il est un vrai fils. L'esprit du fils était en lui, dans le don qu'il fit lui-même au service de la Maison de Dieu, représentée par ses frères. Il avait le souci du bien-être de ses frères. Il alla voir comment ils se portaient. Il leur apporta du pain. Le grand but de sa vie, c'était le service à rendre à ses frères, ce que nous voyons plus tard en Égypte.

                    Oui, il est tout-à-fait clair que Joseph représente tous ces caractères précédents. Mais que trouvons-nous ensuite ? Ce que, en lui, le but est atteint pour tous. Par la souffrance au règne ; par l’abaissement à exaltation ; par l'humiliation au trône. Oh ! Bien-aimés si la vie du Seigneur Jésus a en nous la voie libre, elle produira toutes ces choses. Cette vie suivra le chemin où, spontanément, tout est pour le Seigneur. Elle suivra le chemin du discernement spirituel progressif, quant à ce qui est du Seigneur et ce qui ne l'est pas. Et l'on n'aura jamais besoin de nous dire, ou nous n'aurons jamais besoin de dire aux autres : il faut abandonner ceci et ne pas agir ainsi. La loi de l'Esprit de vie nous enseignera ce qui n'est pas selon la pensée du Seigneur. Elle nous séparera d'avec le monde, et nous saurons que nous sommes séparés. Ce ne sera pas que nous ayons à abandonner le monde, mais ce sera le monde qui nous laissera. Nous en sommes sortis. Nous sommes étrangers dans ce monde. C'est la loi de l'Esprit de vie qui produit cela. Éprouvons-nous nous mêmes par cette loi. Si nous pouvons être à l'aise, joyeux et satisfaits dans ce monde et dans notre propre vie naturelle, nous avons une raison sérieuse de nous demander si la vie du Seigneur Jésus est en nous. Nous verrons, à mesure que cette vie agit en nous, que nous sommes de plus en plus étrangers ici-bas. Nous nous trouvons de plus en plus, en esprit, en dehors de ces choses, et nous pouvons y avoir les expériences les plus terribles.          

                    Oui, nous réalisons combien nous nous éloignons de ce monde, tandis que nous avançons avec Dieu. Combien le monde nous deviens lointain ! C'est l'action de la vie. II en sera ainsi. Cela nous créera des difficultés, mais il ne peut en être autrement. La loi de l'Esprit de vie élargira de plus en plus la brèche qui s'est faite entre nous et le monde et cette vie d'ici-bas. Elle doit produire cela. Elle nous en fait inévitablement sortir. Et naturellement, quand nous sommes dans cette position, sur quoi pouvons-nous compter ? Quel appui avons-nous, autre que Dieu seul ? Il est devenu notre vie, notre ressource. Les plaisirs du monde se sont retirés, et Il est devenu, Lui, notre plaisir. Pour tout, nous avons à regarder à Lui. Et c'est une vie de foi. Notre satisfaction n'est plus ici-bas. Mais c'est la vie qui accomplit tout cela, et qui nous amène à la place où nous découvrons que Dieu est notre récompense infiniment plus grande, comme le fit Abraham en découvrant : Dieu, El Shaddaï, le Dieu Tout-Puissant, le Dieu qui répand de Sa plénitude 

Le trône et la véritable destinée

                   Il nous faut comprendre Joseph très intimement. Toute cette action de la vie, dans tous ces différents stages, amenant spontanément ces choses si variées à devenir pour l'enfant de Dieu des réalités, tout cela est dirigé vers une destinée, vers un but. La loi de la vie, lorqu'elle a la voie libre en nous, doit nous amener au trône. Elle doit nous amener au trône pour que nous régnions avec Lui. Mais comment ? Par la souffrance, par l'humiliation, par l'abaissement. C'est le chemin de cette vie, le chemin qui nous conduit au trône. C'est ce que représente Joseph.

La relation unique de l'instrument choisi 

                    Mais remarquons que Joseph avait une place très particulière dans l'affection de son père. Il est on de reconnaître cela, avant de commencer à relever les épreuves de Joseph. "L’Éternel châtie celui qu’il aime" -- et Satan conteste toujours cela. Lorsque nous sommes dans les difficultés dans les souffrances, dans les humiliations, dans les détresses, il y a toujours une voix qui vient murmurer à notre oreille pour nous dire que e Seigneur ne nous aime pas. Il est donc précieux de remarquer que Joseph avait une place de prédilection dans les affections de son père. Pourquoi ? Pour les raisons que nous avons déjà soulignées. Premièrement, il était le fruit de ce double labeur. Le père avait travaillé deux fois pour lui. Pour avoir Joseph, il en avait beaucoup coûté à son père...

                    Et l’Église, qui est le Corps de Christ, est le fruit de l'angoisse la plus profonde pour le cœur du Père. Dieu a été dans l'agonie pour assurer Son Église. Elle est l’Église de Dieu. Quelle merveilleuse déclaration ! Elle est appelée si souvent, l’Église ou le Corps de Christ, mais ici la désignation qui lui est donnée, c'est "l’Église de Dieu qu'il s'est acquise par son propre sang." (Actes 20:28). C'est pourquoi l’Église Lui est chère, d'une manière toute spéciale. Mais ce n'est pas seulement parce que l’Église est le résultat de Son double service, ou de Son agonie, ou de Son labeur, qu'elle Lui est chère, c'est aussi parce qu'elle est le fruit de Son Esprit, ce qui répond le plus profondément à Son Être le plus intime. C'est une chose merveilleuse ! C'est ainsi que Dieu considère l’Église. Il ne nous regarde pas en ce que nous sommes en nous-mêmes, mais Il nous voit en ce que nous sommes en Christ, et ce que nous serons dans l'éternité. Une chose merveilleuse !

                     L'une des illustrations, ou l'une des paraboles les plus remarquables de ce fait, nous la trouvons dans la sentence que Balaam fut obligé de rendre sur Israël, alors que Balaam n'eut pas la permission de prononcer ses propres paroles, et qu'il fut contraint d'exprimer ce que Dieu avait à dire. Alors que, sous une force à laquelle il ne put résister, tandis que, de la montagne il regardait la vallée où Jacob était dispersé, il dit : Il n'aperçoit point d'iniquité en Jacob." (Nombres 23:21). Souvenons-nous de Jacob. Pensons à sa vie dans le désert. Regardons sa rébellion, ses murmures, les cœurs tournés l’Égypte, son infidélité, et en présence de tout cela, nous entendons cette déclaration étonnante qui vient directement du cœur de Dieu et que  doivent  prononcer les lèvres récalcitrantes d'un prophète infidèle : "Il ne voit point de perversité  en Israël". Quelle grâce !  

                     Le Seigneur regarde donc Son Église comme le fruit de Sa grâce, le fruit de Son travail, et dans un certain sens, l’Église répond à Son cœur d'une manière qu'il nous est difficile d'exprimer. "Christ a aimé l'Église" (Éphésiens 5:25). Il a aimé et Il aime  l’Église, parce que, d'une manière mystérieuse, dans l’Église, Il a ce que Son  cœur  désire. Puissions-nous être inspirés plus profondément par le désir qu'Il ait en nous. C'est là, voyez-vous, la place de Joseph pour le père.

L'accomplissement de la vraie vision

                  Mais ensuite qu'est-ce qui suivra ? Souffrance, abaissement, humiliation ! Mais ceci ne sera pas une contradiction à ce que nous venons de dire. Ce ne sera pas un démenti à l'amour du Père. Le fait que le Seigneur Jésus dut suivre le chemin de la Croix n'a pas été un argument contre l'amour de Dieu pour Lui. Pas du tout ! Pourquoi Joseph souffrit-il ? Premièrement, il était haï par ses frères. Il souffrit à cause de leur haine. Pourquoi ? Il y a deux aspects à cela. Il souffrit d'un côté parce qu'ils étaient charnels et de l'autre côté, il souffrit parce qu'il s'opposa à ce qu'il comprenait être une cause de peine et de déshonneur pour son père. C'est quelque chose de difficile à exprimer sans risquer l'incompréhension : et cependant, c’est une ne vraie position.  Celui qui est réellement en accord avec la loi de l'Esprit de vie, et en qui peut opérer cette loi, aura un discernement spirituel à l'égard de ce qui est encore charnel, même dans les enfants de Dieu, dans la famille du Père. Et parce qu'il a ce discernement, il ne pourra pas l'accepter, il devra le répudier, il devra s'opposer à tout ce qui est charnel parmi le peuple de Dieu ... Et dès que l'on agira ainsi, on sera jugé et regardé comme se croyant supérieur. On sera retranché et mis de côté. On sera rejeté, on deviendra un objet de raillerie et de reproche. Ce sera la souffrance. L'esprit charnel n'aime pas se voir exposé. Voilà pourquoi Joseph eut à souffrir, et c'est le chemin de la souffrance. C'est vouloir pour Dieu l'accomplissement de Sa pensée la plus haute. Et c'est ce qui  signifiera toujours s'opposer à ce qui est moindre que la pensée la plus haute de Dieu. 

                    Il y avait donc cette autre chose chez Joseph. Ses aspirations étaient trop élevées. Son cœur voulait un trône. Il avait des rêves pour une vie de gouvernement. Mais ces principes sont enveloppés dans une histoire très humaine. Le Seigneur ne présente pas des peintures artificielles. Si nous écrivions cette méditation pour en faire ressortir les principes spirituels, nous l'écririons bien différemment. Le Seigneur, Lui, nous dit cette histoire en termes très humains, et Il permet que nous ayons tous les détails de la façon maladroite dont agit Joseph à l'égard de ses frères. Et cependant, caché  derrière  cette histoire très humaine, dans laquelle paraissent tous les défauts de Joseph, alors même qu'il désire les choses plus élevées -- cachés dans l'histoire humaine, il y a des principes. Derrière ces rêves et le récit qui en est fait, il y a un principe. Le trône est en vue.Et le trône est l'intention et le but de Dieu pour ceux qui veulent Le suivre jusqu'au bout. Le trône est la destinée que Dieu réserve à cette vie, qui est venue de Lui-même. Elle doit, si elle a sa propre voie, revenir à sa source. Elle doit retourner à Celui duquel elle est sortie. La seule chose qui puisse retourner à Dieu, c'est Sa propre vie, celle qui est de Lui-même et rien d'autre. Cette vie nous a été donnée pour nous faire parvenir par le chemin de la souffrance qui nous sanctifie, jusqu'au trône. C'est la destinée de cette vie, et c'est ce principe qui causa l'affliction de Joseph. Oh ! Cette vie régnante, cette vie du trône, cette vie triomphante, quelle hostilité, elle provoque ! Vous pensez évidemment être quelque chose de spécial, quelque chose de meilleur et de plus élevé que tout le reste ! -- c'est dans ces tenues que vous serez tourné en dérision. 

L'animosité de Satan contre l'instrument choisi

                    Je pense qu'il y a quelque chose de plus profond en tout cela. Si Joseph était une figure de Christ -- et il n'y a pas de doute à cela -- il était destiné comme Christ à arriver au trône. Mais il y a quelqu’un d'autre qui a aspiré à ce trône, quelqu'un d'autre qui rendra les choses impossibles pour celui à qui est destiné ce trône, quelqu'un d'autre qui ne s'embarrassera de rien pour faire de la vie de ceux qui sont appelés à ce trône, une vie de souffrance et d'agonie. Je pense que, aux aguets, dans l'ombre, derrière toute cette scène, se tenait quelqu'un qui voyait de loin Celui qu'illustrait Joseph, Celui qu'il préfigurait. Je pense que Satan sait toujours et partout discerner Christ même dans une ombre, dans une figure. Et Joseph était une figure, une ombre par laquelle Dieu déclarait que viendrait des plus certainement Celui auquel était destiné le trône. Satan est opposé à cela, et il emploiera tous les moyens charnels pour le rendre impossible et l'empêcher. Et il y avait près de Joseph des frères charnels qui donnaient à Satan la base nécessaire pour lutter contre celui dont les yeux étaient tournés vers le trône. Ses aspirations étaient trop hautes pour Satan. Si l'Église a des aspirations semblables, selon le dessein éternel de Dieu, l'Église aura à souffrir par la main de Satan, non seulement directement, mais de la part des chrétiens charnels. Le plus grand obstacle, l'entrave et la cause de souffrances, pour ceux qui veulent avancer avec Dieu, leur viendra de la part des chrétiens charnels. Nous souffrirons d'avantage de la part de l'Église professante que de celle du monde, si nous voulons marcher et avancer avec Dieu. C'est un chemin de souffrance, ce chemin qui mène au trône.

La préparation spirituelle par la souffrance

                  Mais nous le voyons, Dieu avait Sa place dans les souffrances de Joseph. Nous voyons la nécessité de la souffrance, sous la main souveraine de Dieu, comme le chemin qui le préparait pour le trône. Nous régnerons si nous souffrons, non pas par le simple fait de la souffrance, mais à cause de ce que souffrance accomplit en nous. Les souffrances de Joseph accomplissaient de grandes choses en le préparant pour le trône. 

                     Joseph devait apprendre à servir, parce que le service est la marque du trône. Lorsque, pour finir, il arriva au trône, ce fut pour servir ses frères. Ne pensons pas à notre destinée éternelle comme à une simple vie de loisir paresseux. Sa gloire sera le service : "Ses serviteurs le serviront." Joseph dut apprendre le service, et il l'apprit à une rude école. La maison de Potiphar fut pour Joseph l'école où il apprit à être un serviteur. Ce fut pour lui une école très dure et difficile -- être un serviteur, là dans la maison d'un Égyptien, lui, un enfant d'un prince avec Dieu, le fils du cœur d'Israël, qui apprend la soumission par le service dans la maison de Potiphar. Il est dépouillé de tout afin d'apprendre à régner et à avoir la plénitude sans orgueil. Dépouillé pour être enrichi ; humilié pour être exalté ; servant dans l'humiliation pour servir dans l'exaltation. Les souffrances accomplissent quelque chose. Nous ne pouvons pas reprendre toutes les souffrances de Joseph, mais elles nous sont montrées comme le chemin qui mène au trône.

                    Joseph représente donc la vraie Église spirituelle et sa destinée, qui est de régner avec Christ. Et pour le moment, le chemin qui l'amènera à cette position glorieuse, c'est le chemin de l'abaissement, de la souffrance, du mépris, de l'humiliation, et cela très largement par le moyen des éléments charnels qui se trouvent au sein du peuple de Dieu, de la part de ceux qui ne sont pas spirituels. 

                    Que pouvons-nous dire de plus ? Nous avons atteint le but lorsque nous sommes arrivés au trône. Nous voyons le chemin de la vie, nous voyons l'accomplissement de la vie. 

Une vraie fondation et son issue  
             
                     Je pense que la dernière chose à dire, et à répéter en la soulignant, c'est simplement celle-ci : Nous devons être sûrs d'avoir reçu Christ comme la vie, et notre vie. "Le don de Dieu, c'est la vie éternelle, en Jésus-Christ, notre Seigneur" (Romains 6:23) Sûrs d'avoir reçu le don, et ensuite, au fur et à mesure que nous avançons, nous souvenir de l'exhortation : "Saisis la vie éternelle" (1 Timothée 6:12). Car il y a une opposition si cruelle et si terrible contre cette vie, qu'il nous serait facile, à certains moments, d'accepter la mort -- j’entends littéralement. Il y a des périodes dans la vie des enfants de Dieu où Satan leur offre la mort, et où il les pousse à désirer quitter cette scène, à accepter la fin de tout, à dire : "Tout est fini !" Et à demander au Seigneur de les faire sortir de leur situation, parce qu'ils sont arrivés à un  grand point de désespoir. Quelque fois, on en arrive à ce point. Je ne sais si vous comprenez ce que je veux exprimer : Satan ne se laisse arrêter par rien. Il amène les enfants de Dieu dans un état de dépression, et il veut leur faire accepter la mort. C'est ainsi que, toujours et à nouveau, nous avons à nous saisir de la vie par un acte de foi. Et lorsque nous avons cette attitude de vie, que nous nous saisissons de la vie, que nous répondons à la loi de la vie, que nous avançons dans ce qui est lié à cette vie, cette vie nous portera à travers tous ces stages successifs de développement et de croissance. Cette vie même, qui est en nous, c'est Christ en nous. Elle prouvera être non seulement l'espérance de la gloire, mais la réalisation de la gloire du trône. Il y a, en vous et moi, ce qui est destiné à nous amener au trône, si nous le lui permettons.

                     Que le Seigneur nous apprenne à nous conformer à la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ !

T.A.S. 



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