lundi 29 juin 2015

Le butin de la guerre T. Austin_Sparks

                    "C'était sur le butin pris à la guerre qu'ils les avaient consacrés pour l'entretien de la Maison de l’Éternel." 1 Chroniques 26 : 27 (Segond)

                    Ce passage des Écritures nous conduit à cette conclusion : la Maison de l’Éternel est édifiée avec le produit de nos conflits. Le Seigneur construit avec le fruit de la lutte. Il en fut ainsi dans le temple que Dieu, par David, donna à Salomon. Lorsque le temple fut achevé il se dressa comme le monument d'une victoire universelle. Sa substance même proclamait le triomphe remporté de toutes parts. L'argent et l'or, et toutes les choses précieuses qu'il comprenait avaient été pris dans les batailles et façonnés pour former la Maison de Dieu.

                    Ce qui est une illustration dans l'Ancien Testament est vrai dans la réalité du Nouveau. Le plus grand Fils de David, Celui qui est plus grand que Salomon, Celui qu'"il y a ici" édifie la Maison avec le butin de Sa propre guerre et celle de Ses saints. J'ai été impressionné en lisant dans ce premier livre des Chroniques par les paroles que Dieu adresse à David. Et l'une des choses que l’Éternel déclare est celle-ci :

                     j’ai donné une demeure à mon peuple d’Israël, et je l’ai planté pour qu’il y soit fixé et ne soit plus agité, pour que les méchants ne le détruisent plus comme auparavant et comme à l’époque où j’avais établi des juges sur mon peuple d’Israël. J’ai humilié tous tes ennemis. Et je t’annonce que l’Eternel te bâtira une maison.   1 Chroniques 17 : 9-10 

                  Remarquons-le, l’Éternel fait mention des juges qu'Il avait établis sur Israël. L’Éternel, nous nous en souvenons, avait suscité des juges qui devaient accomplir ce qu'Israël n'avait pas complètement achevé sous Josué. Sous Josué, le peuple d'Israël avait été chargé par l’Éternel de détruire entièrement toutes les nations qui occupaient le pays, et de soumettre définitivement tous les ennemis. Il ne l'avait pas fait. Il avait permis aux ennemis de subsister et avait fait des compromis avec ceux-ci. L’Éternel avait alors suscité des juges pour sauver Israël des conséquences terribles résultant de la destruction incomplète de tous ses ennemis. Mais les juges faillirent, eux aussi, à cette tâche. Le Livre des Juges est une triste histoire d'une oeuvre toujours incomplète. L’Éternel avait levé ces juges pour accomplir ce qui n'avait pas été fait, mais les juges, cependant, n'ont pas achevé l'oeuvre.

                     Il est très intéressant et significatif de considérer David, dans 1 Chroniques 18 et 19, après que l’Éternel lui ait parlé de la construction de la Maison, se charger d'une manière définitive et positive de la destruction de toutes les nations que les juges n'avaient pas anéanties. Elles nous sont rappelées dans ces deux chapitres. Relisons-les et nous y trouverons la liste des nations et des peuples mentionnés dans le Livre des Juges. David, à la suite de la vision qu'il avait reçue de la Maison de Dieu, semble être instinctivement amené par l'Esprit de Dieu à percevoir que la Maison ne pourra jamais être édifiée avant que ces ennemis n'aient entièrement vaincus. L’Éternel accomplit Sa promesse de renverser tous les ennemis de David, et ces nations sont frappées et vaincues.

                    Lorsque l’Éternel eut donné à David la victoire de tous les côtés, celui-ci remit à Salomon le plan à suivre pour la construction de la Maison, et le butin ramené de ces guerres devint les matériaux nécessaires à la construction de la Maison. L'ennemi détenait les ressources nécessaires à l'édification de la Maison de Dieu. Il fallait qu'il en fut dépouillé pour que la Maison puisse être bâtie. Cela pourrait nous conduire très loin et nous donner beaucoup de lumières. Je me limiterais en peu de mots dans un développement assez restreint mettant cependant assez de choses en évidence pour nous aider à prolonger notre méditation. 

Les deux Aspects de l’Édifice

                 Il y a deux aspects à l'édification de la Maison de Dieu. Nous sommes enclin à tenir compte de l'un plus que de l'autre. Il y a la côté numérique. Lorsque nous considérons l'édification de la Maison de Dieu, nous pensons plutôt à un rassemblement de personnes, de ces âmes sauvées et amenées dans la vérité qui s'y ajoutent, et nous percevons l'édification de la Maison de Dieu dans le sens auquel Pierre fait allusion :   

                 "Vous-mêmes, comme des pierres vivants, êtes édifiés une maison spirituelle .............."   1 Pierre 2 : 5

                      Nous pensons  en  premier au côté  numérique, à  l'assemblage  des  pierres individuelles, que nous désirons voir prendre place dans l'édifice spirituel. Cela est en effet un côté véritable dans l'édification de la Maison du Seigneur, mais ce n'en est que l'un des côtés et une moité seulement de la vérité. Il y a un autre côté qui est également important et sans lequel nous n'aurions qu'une construction imparfaite de ces pierres vivantes. C'est le côté spirituel et moral de l'édification de la Maison de Dieu

                    Nous pouvons avoir un grand nombre d'âmes sauvées et manquer malgré cela le sens le plus vrai de la Maison de Dieu. Nous pouvons avoir une congrégation sans avoir une assemblée. Nous pouvons avoir le nombre sans avoir spirituellement la Maison de Dieu. La Maison de Dieu n'est pas fondée sur le nombre de participants, elle n'est pas numérique. C'est une entité spirituelle et morale. Elle a un caractère et c'est ce caractère qui fait d'elle, dans son essence même, la Maison de Dieu. C'est de sa Tête qu'elle prend son caractère, et elle sera définitivement reconnue à sa consommation, non pas simplement comme une grande multitude d'âmes sauvées, mais comme quelque chose qui a le caractère de sa Tête, du Seigneur Jésus. Le temps vient où le Seigneur Jésus fera reposer Son Nom sur les Siens, c'est-à-dire le temps où nous recevrons un caillou blanc, et sur ce caillou blanc, un nom. Nous aurons un nom nouveau, nous serons appelés par Son Nom. Son Nom sera écrit sur nos fronts.

                    Tout cela est un langage symbolique dont la signification est simplement celle-ci : le Seigneur Jésus sera si parfaitement manifesté dans les Siens, que l'on dira en les observant : "c'est l'expression du Seigneur Jésus !" On Le reconnaîtra à tant de choses, Il sera tellement en évidence, que l'on ne pourra que dire : "c'est la nature même de Christ !" Vous L'avez rencontré en eux, et lorsque vous les rencontrez, et bien c'est Lui que vous rencontrez. Et c'est ainsi qu'Il sera universellement révélé par les Siens. Son Nom, c'est Son caractère, et ce que Son Nom personnifie spirituellement et moralement reposera sur eux. C'est de Lui qu'ils prendront leur caractère, et il y aura ainsi, un déploiement universel du caractère et de la nature du Seigneur Jésus. Ce n'est pas Son propre être individuel et personnel qui sera manifesté, mais c'est Son peuple qui sera l'instrument de Son expression  universelle.

Le Caractère Formé par le Conflit

                    L’édification de la Maison du Seigneur n'est donc pas simplement un rassemblement de personnes, mais c'est quelque chose de spirituel et de moral. Et cela ne peut se réaliser que par le conflit. L'économie divine a été ainsi établie : bien que le Seigneur Jésus ait en Lui-même un triomphe universel sur tous Ses ennemis, les ennemis sont encore laissés pour que nous affirmions notre attitude à leur égard. L'ennemi, bien que défait, a été cependant laissé pour que les saints prennent leur terrain à son égard. Le Seigneur n'a pas chassé nos ennemis hors de l'univers, bien qu'en Lui-même le triomphe soit total et définitif.  Il a vraiment triomphé. Il les a laissés afin que nous prenions vis-à-vis d'eux notre position dans Son triomphe. C'est ainsi que vous et moi, nous avançons dans notre accroissement spirituel et moral. C'est par le conflit, par la lutte, par une guerre spirituelle, cruelle et terrible, que les vertus de notre Tête triomphante sont formées en nous. Nous triomphons dans Sa victoire, mais nous savons que la foi est si contestée dans un conflit, si profondément éprouvée dans une lutte, qu'il faut quelque chose de plus que simplement persévérer de manière objective, ou croire en quelque chose qui est en Christ. Cet exercice même de notre foi apporte dans notre âme, et venant de Lui, la puissance de Sa victoire.

                    Nous sommes faits moralement un avec Lui dans Son triomphe, par une épreuve de foi si cruelle et si terrible, que rien, si ce n'est Lui en nous, ne saurait nous suffire pour la traverser. Son triomphe doit pénétrer notre être même. Cela se fait par le moyen du conflit dans lequel la foi s'exerce et se développe. C'est ainsi que nous nous édifions, spirituellement et moralement par le moyen de la lutte, par le moyen de l'adversité, dans l'ordre divin et souverain de nos vies.

                     Le côté moral des choses est ce qui est acquis dans l'exercice, l'exercice de la foi quant à la valeur de la victoire du Calvaire. C'est une chose que d'avoir une appréciation théorique de la victoire du Calvaire et de dire dans une heure de crise : "Je prends la victoire du Calvaire." Et cependant, il arrive bien souvent que rien ne se passe. Et bien que nous prenions une position comme celle-là, nous nous voyons appelés à persévérer, encore à persévérer, à toujours persévérer ! Et c'est, tandis que le Seigneur nous demande de persévérer, que notre foi est très éprouvée, que la victoire du Calvaire devient quelque chose, non pas dont nous nous saisissons objectivement, mais qui s'établit intérieurement en nous. Et pour finir, cette victoire est en nous, comme elle l'est dans le Seigneur. Mais elle est devenue dans notre être, une qualité morale. Lorsqu'il nous arrivera encore d'être tentés, nous ne ferons plus un effort pour saisir quelque chose. Il y a un travail en nous, avec ses racines, un travail s'est accompli en nos et le fruit fait partie de nous-mêmes.                
La Lutte pour la Révélation

                    Cela se répète de diverses manières, dans plusieurs directions et sous bien des rapports. Nous avons reçu une lumière nouvelle, une révélation, de la part du Seigneur à l'égard de la vérité. Les cieux se sont ouverts pour nous faire contempler une vérité divine comme nous ne l'avions jamais appréhendé auparavant. C'est peut-être une chose nouvelle, une chose entièrement nouvelle, ou c'est peut-être une lumière nouvelle jetée sur une vérité déjà connue.

                           C'est dans tous les cas, une nouvelle révélation, une révélation qui vient à nous avec toute la fraîcheur et toute la joie , toute l'inspiration et tout le transport que nous donnent les cieux ouverts. Et durant un certain temps , nous faisons d'elle nos délices, nous y trouvons une gloire, nous nous baignons en elle. Nous n'avons plus pour sujet de conversation que la nouvelle révélation qui nous a été gracieusement accordée. Puis, arrive un moment où nous entrons dans un conflit terrible au sujet de cette révélation même. Il semble que toute la gloire en ait disparue et nous retrouvons avec toutes sortes de questions à son égard. Nous devenons froids, morts, dans les ténèbres. La vision a perdu son attrait et, la considérant désormais à ce point de vue, savoir au point de vue de cette sombre expérience, nous nous demandons si, après coup, elle était juste ou non. Quelles étranges créatures nous sommes !

                    Des vérités qui nous sont révélées comme des choses puissantes, dans notre propre expérience, peuvent devenir, dans certaines circonstances, des choses dont nous nous demandons si elles réellement vraies, ou bien si elles ne sont que des idées dont nous nous étions emparés pour les suivre durant un certain temps. Il y avait une fraîcheur en elles dont elles étaient à l'origine du mouvement qui nous portait. Tout cela peut devenir irréel et nous fait entrer dans un temps de conflit au sujet d'une vérité qui nous avait été révélée par le Seigneur. Durant cette lutte, nous sommes sondés, nos cœurs sont sondés et nous sommes éprouvés. Souvenons-nous de Joseph 

                 "Jusqu'au temps où arriva ce qu'il avait dit, la parole de l’Éternel l'éprouva   (Psaumes 105 : 19)

                      La Parole de Dieu l'éprouva ! Nous aussi, nous devons vivre les choses que nous avons proclamées et auxquelles nous avons cru. Il faut que nous posions toute sorte de questions à leur égard. La Parole du Seigneur nous éprouve, mais c'est dans ce conflit que se développent les éléments spirituels et moraux , que se forment les traits. Le conflit assure le butin qui servira à poursuivre l'édification. Nous revenons ensuite, non seulement à la base originale de notre acceptation de cette vérité, mais surtout à une appréciation beaucoup plus haute en même temps que beaucoup plus profonde et plus puissante. Ainsi, elle est bien plus en nous que lorsque nous l'avons reçue, car c'est avec cette révélation que nous avons été dans le conflit et nous en sommes sorti avec du butin pour l'édification. Des facteurs nouveaux et célestes y ont été ajoutés. 

                   Quelque chose a été introduite dans la révélation originale par le moyen du conflit et lui a donné une autre valeur. C'est la puissance de résurrection. La chose de Dieu vient de cette façon, comme de Dieu, avec toute sa gloire, toute sa beauté, toute sa puissance divines. Nous nous réjouissons de cette lumière durant un certain temps, et puis nous entrons dans la mort au sujet de cette même lumière. Mais dans la lutte, dans le conflit, dans la mort, là où nous sommes sondés, fouillés, tentés, éprouvés, amenés à la place où nous nous écroulerons, si cette chose s'écroule, parce qu'elle devenue notre vie, c'est là que commence à agir la puissance de résurrection. Nous sortons plus forts du conflit et en emportons du butin pour l'édification.

                   Nous connaissons désormais la valeur de cette chose. Nous ne l'avions jamais éprouvé auparavant, car nous n'avions jamais été avec elle dans la lutte, nous n'avions jamais essayé cette armure, jamais employé cette épée. Elle a maintenant, pour nous, une valeur que nous ne lui connaissions pas avant d'avoir traversé le conflit avec elle. Il en est ainsi en ce qui concerne une révélation. Combien d'enfants de Dieu nous avons vu s'élancer vers une révélation ! Ils l'ont embrassée, ne faisant que parler de cette nouvelle révélation qu'ils avaient reçue. Nous sommes heureux, nous nous réjouissons lorsque les enfants de Dieu font cela ; cependant nous nous disons : "Oui, mais ils vont être éprouvés à cet égard, et c'est cette chose même qui les éprouvera." Et ils entrent dans une période de conflit terrible et d'obscurité. Ils en arrivent à se demander si cette chose est réelle ou non, si elle est juste ou non. C'est alors que le Seigneur fait entrer la vérité en eux. C'est une expérience presque toute en surface. Elle était, en un sens, en une certaine mesure, objective, mais le Seigneur plante maintenant la révélation en eux et eux en elle.
                    Ils sortiront dans Sa victoire en disant : "C'était, auparavant, une chose qui m'avait été donnée, et qui, malgré cela, appartenait à quelqu'un d'autre, maintenant elle est à moi!" C'est ainsi qu'ils commencent à bâtir avec du butin qui est le fruit du conflit.

La Lutte pour la Vocation

                    La même expérience est encore vraie à l'égard d'une vision du dessein de Dieu. Le Seigneur donne une vision de Son intention, de Son propos dans lesquels Il nous appelle à être Ses serviteurs. La vision nous saisit, le but nous empoigne, et nous ne faisons plus, durant un certain temps ,que penser à la tâche à laquelle Il nous a appelés. Nous ne parlons que de celle-ci, toute la portée de la vocation et du service nous domine car nous avons cette vision. et nous avançons ainsi quelque temps, portés par la puissance de notre vision. Puis, il semble que nous perdons la vision ou bien nous entrons dans une période de conflit si intense au sujet de cette vision, et une telle bataille fait rage, que la chose parait vouée à la mort. Nous passons par une expérience profonde et sombre, durant laquelle toute la question se soulève de nouveau :
                     "Y a-t-il quelque chose en cela ? Est-ce que nous ne nous sommes pas trompés ? Est-ce bien là la chose à laquelle le Seigneur nous a appelés ? Est-ce que ce n'est simplement quelque chose que nous avons saisi et que le Seigneur, après tout, ne nous a pas donné ? Est-ce que nous nous serions trompés ?"    
                    Je pense que la plupart d'entre nous, nous connaissons ces expériences de conflit, ces luttes au sujet de la vision, mais nous nous trouvons après cette lutte dans une position plus ferme à l'égard de l'intention divine. Notre histoire est précisément celle-là . Nous avons été bien des fois dans la mort et le conflit avec notre vision, à travers des expériences où il semblait que la vision s'écroulait,où tant de questions s'élevaient à son sujet. Mais nous en sommes sortis et nous nous sommes trouvés liés avec cette intention  divine, plus solidement que nous ne l'avions jamais été. Nous avons passé à travers le conflit, et il s'en est dégagé des éléments spirituels et moraux qui contribuent à une édification. C'est un résultat de l'épreuve.

La Lutte pour une Prise de Position

                    Nous prenons une position, nous déclarons --et combien il est facile de prendre des positions dans des réunions et conférences, de faire des déclarations quand on est en communion avec le peuple de Dieu-- que nous allons marcher dans une certaine direction qui devra rester pour toujours notre but : "Jamais, non jamais, je ne Le quitterai !" Nous pouvons chanter avec beaucoup d'entrain des déclarations comme celle-là dans nos cantiques, mais, il ne se passera pas un jour (peut-être!) avant que nos ne les révisions et et ne cherchions quelque moyen de nous en échapper. Cela est vrai ! Nos cœurs sont de plus en plus inconstants. Nous prenons nos attitudes, nous occupons nos positions, nous faisons nos déclarations, et durant quelque temps nous avançons, forts de nos bonnes intentions. Puis il arrive le moment où la position que nous avions prise est contestée. Voyez de quelle manière cela es illustré dans l'histoire des enfants d’Israël : Alors Moïse et les fils d'Israël chantèrent........" Exode  15 : 1

                   Ils avaient passé  de l'autre côté de  Mer Rouge, et out le peuple d'Israël chanta. Et qu'est-ce qu'ils chantèrent ? Un cantique de victoire absolue. L'on aurait pu penser qu'ils se trouvaient déjà dans le pays ! Cependant, il va s'écouler très peu de temps avant qu'ils ne murmurent contre l’Éternel et contre Moïse.Ils furent sondés, provoqués, éprouvés au sujet de la position qu'ils avaient prise, et ils eurent à passer par un temps sombre. Il en est de même pour nous. Dès que nous ferons une déclaration, nous serons éprouvés, tôt ou tard, à son sujet même. (J'espère que mes paroles n'auront pas pour effet de vous faire dire : "Jamais plus, je ne ferai de déclaration !" Si nous prenions cette attitude, nous pourrions entraver le Seigneur dans Son dessein.) Il est nécessaire, pour avoir du butin, de passer par ce chemin. 

                    Les qualités ne peuvent être acquises que de cette manière, seulement ainsi, car selon la mesure de dévotion que nous avons, il est tout à fait juste de notre part de faire une déclaration, de prendre une position. Le Seigneur nous demande d'agir ainsi, car cela Lui donne une base, un fondement pour nous éprouver. Il semble, selon l'ordre des choses, que le Seigneur attende nos déclarations pour pouvoir agir. Si nous ne nous sommes jamais déclarés, si nous avons toujours gardé une réserve, et que nous ayons toujours été aussi prudents, jamais le Seigneur ne pourra travailler avec nous. C'est lorsque nous arrachons nos pieds du sol et que nous nous élançons dans les profondeurs en déclarant que nous voulons suivre le Seigneur, qu'Il peut commencer à agir ! Nous sommes éprouvés par la position que nous avons prise, passés au creuset par notre décision même! Alors, sont formées en nous ces qualités qui sont celles de l'édification. C'est le butin de la guerre.

Je lisais ce qui suit :

                    "Beaucoup de personnes désirent la puissance. Comment donc la puissance est-elle obtenue ? Nous passions l'autre près des grandes usines où les machines sont alimentées électriquement. Nous entendions le bourdonnement et le roulement  de ces multiples alternateurs et nous demandâmes à notre ami : Comment crée-ton la puissance ? Oh ! dit-il c'est simplement par la rotation de ces alternateurs. C'est par le frottement du rotor sur le stator qu'est produit le courant électrique. C'est le frottement  qui le crée

                    Ainsi, lorsque Dieu veut donner plus de puissance dans nos vies, Il permet plus d'épreuves. Il permet la force spirituelle par le moyen d'un rude frottement. Quelques-uns ne l'aiment pas et cherchent à s'échapper de ces épreuves, au lieu d'y trouver la puissance et de l'utiliser pour s'élever au dessus des causes douloureuses. L'opposition est essentielle à un équilibre véritable des forces. Les forces centripètes et centrifuges, qui agissent en opposition l'une contre l'autre, gardent notre planète sur son orbite. Poussée par l'une de ces forces, retenue par l'autre, au lieu de s'élancer à travers l'espace dans une voie de destruction, elle suit, grâce à une action et une réaction constantes, son orbite régulière autour de son centre, le soleil. 

                    C'est ainsi que Dieu dirige nos vies. Il ne nous suffit pas d'avoir une force impulsive, nous avons également besoin d'une force répulsive. Dieu nous retient ainsi par la suite des épreuves de notre vie, par l'oppression des tentations et des détresses, pou tous les événements qui semblent se dresser contre nous, et qui, réellement, élargissent notre voie et établissent notre marche.

                    Remercions-Le pour toutes choses ; acceptons les fardeaux aussi bien que les ailes, courons avec foi et persévérance dans notre vocation haute et céleste."
(Tiré de fleuves dans le Désert )

                    Ce n'est là qu'une manière d'exprimer l'expérience. La lumière et la puissance jaillissent du conflit. Le Seigneur édifie ainsi Sa Maison avec le butin de la guerre. Et Il permet que les ennemis subsistent afin que nos triomphons deux, des ennemis extérieurs comme des ennemis intérieurs, et pour qu'Il ait toute la beauté et toute la gloire pour Sa Maison

                   Que le Seigneur nous parle par ce message, qu'Il nous montre Lui-même-- lorsqu'Il nous donne une vision, une révélation, un appel auxquels nous répondons et que les revers viennent ensuite --  que les difficultés et l'opposition de démentent pas l'évidence de la révélation ou de l'appel de Dieu ; mais qu'elles doivent nous faire entrer dans quelque chose de plus que le simple domaine de l'émotion en ce qui concerne la vérité et le service. Elles doivent nous amener dans une position de puissance, par laquelle l'on pourra désormais compter sur nous. Le Seigneur Jésus dit : "Je bâtirai mon assemblée, et les portes de hadès ne prévaudront point contre elle." Et ceci, à cause de sa qualité morale. Grâce à sa vertu morale, elle est établie pour toujours.                      





dimanche 28 juin 2015

COURTE MÉDITATION SUR PHILIPPIENS

(Une courte exhortation pour nous en tant que corps et en tant que disciple du Seigneur, sans prétention, simplement par quelques points de cette lettre si encourageante! jcb)

    Cette lettre est une des plus affectueuses, des plus tendres de toutes les lettres que Paul a écrites pendant son ministère. Elle déborde de joie, d'actions de grâce, une suite  pleine d'effusions et d'élans de son coeur pour le Seigneur et pour ses amis de Philippes. Il était prisonnier et savait que ses destinataires passaient aussi par des temps difficiles (2.29) Lorsque nous lisons dans Actes 16 comment est née cette église, nous nous apercevons que Paul est resté très peu de temps dans cette ville. Nous voyons aussi que cette église a démarré dans la maison de Lydie, une femme! C'est très intéressant de relever ce fait. Il n'est pas mentionné que celle-ci soit mariée. Cette femme était marchande de pourpre. C'était une femme craignant Dieu. Nous connaissons la suite....

Lisons ses salutations 

1  Paul et Timothée, serviteurs ( doulos, esclaves dans le texte grec) de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres:
2  que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ!

    Paul salue les Philippiens sans mentionner son ministère comme dans la plupart de ses lettres. Il se déclare "esclave" de Jésus-Christ et associe Timothée à ce service pour le Seigneur. Il s'adresse en premier aux saints de l'église et mentionne ensuite ceux que le Seigneur a établi dans le ministère : les évêques et les diacres. Ce sont des saints parmi les saints avec un service pour le corps. C'est la seule lettre qui est adressée aux ministères de l'église, en les citant. C'est donc une épître destinée aux saints et surtout à ceux que le Seigneur a établis pour le service dans l'église locale. 
    Cette lettre décrit de façon admirable les cœurs de ceux qui sont appelés pour servir l'église, "en faisant paître le troupeau que le Seigneur s'est acquis au prix de son propre sang" (Actes 20.28). La description de ce coeur pour le service nous la lisons au chapitre 2, c'est celle du cœur de notre Seigneur décrit de façon admirable par l'apôtre. 
    Paul écrit : "Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus...." et il décrit pour nous, le coeur de notre Seigneur, esclave d'amour pour nous en obéissant à Son Père. Cette obéissance l'a conduit à la croix pour subir notre châtiment. Nous avons la description, au début de ce chapitre 2, la plus haute, la plus noble, la plus belle, de ce cœur du Fils de l'homme, Jésus, venu sur terre pour nous réconcilier avec Dieu qui devient "notre Père", 
     Lisons des versets du chapitre 2:

1  Si donc il y a quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelque union d’esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde,
2  rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée.
3  Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes.
4  Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres.
5  Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ,
6  lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu,
7  mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes;
8  2-7 et ayant paru comme un simple homme, 2-8 il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix.

  Notre Seigneur a montré, par Sa présence ici-bas, l'exemple d'une vie entièrement soumise au Père, par laquelle se déversait sur l'homme la grâce de Dieu manifestée par le pardon des péchés, les guérisons, les miracles les prodiges et un enseignement tellement beau! Il nous a montré le chemin, lorsqu'Il s'est dépouillé de son vêtement (symbole se Sa gloire) pour s'entourer d'un linge (symbole de l'esclave) afin de laver les pieds de Ses disciples (Jean 13). Par cet acte merveilleux, Il a mis le comble à Son amour pour les siens, écrit Jean, en les aimant jusqu'au bout, ou à l'extrême selon les versions. Il est à remarquer que Judas a eu ses pieds lavés par le Seigneur! Il a ensuite repris Sa place auprès d'eux en leur expliquant ce qu'Il venait de faire. 
    Il leur a dit  : "vous m'appelez  le Maître et le Seigneur, et vous dites bien car JE SUIS". Ce "JE SUIS" est une allusion à Exode 3.14 et elle est l'affirmation de Sa divinité. Comme c'est beau! Il est bon de méditer sur ces passages de la Parole. Cet acte du Seigneur est vraiment sublime! Ils les a aimés à l'extrême, jusqu'au bout, comme un esclave et cela juste  avant d'affirmer Sa divinité!
    Paul, malgré son emprisonnement, malgré les attaques de certains (1.15-17) et tout ce qu'il subit, explose de joie durant toute cette lettre. Nous lisons le mot joie tout au long de la lecture (1.5, 25 ; 2.2, 29 ; 4.1, 10) mais aussi cet ordre : "Réjouissez-vous" (2.18 ; 3.1 ; 4.4 ). Paul se réjouit aussi quand on veut lui faire de la peine, (1.18) ou en pensant qu'il peut servir de libation (2.17). Toutes les circonstances de sa vie, bonnes ou mauvaises sont un sujet de joie, car le témoignage pour Christ est efficace. Oh! Le coeur de Paul! C'est beau et combien cette attitude de l'apôtre nous exhorte à nous réjouir en tout temps et toute occasion, si ce que nous vivons, en bien ou en mal, glorifie le Seigneur! C'est à cause de cela que cette lettre est adressée aux ministères établis dans les églises pour prendre soin du troupeau! 
    Paul décrit d'abord la gloire de Jésus. Il existait en forme de Dieu, sa condition était celle de Dieu, il était l'égal de Dieu, de condition divine selon les traductions. Ensuite il décrit ce qu'Il est devenu sur la terre de Sa propre volonté en accord avec le Père. Il s'est vidé (ou dépouillé, anéanti) Lui-même pour prendre la forme d'esclave. Il n'a pas fait semblant d'être un homme! Il l'a été vraiment avec les limites de tout être humain. Il est, ainsi, devenu dépendant du Père et tout ce qu'Il a accompli sur terre venait du Père et non de Lui. Le Père a été glorifié par l'attitude de Son Fils devenu esclave d'amour de Son Père et pour nous afin de nous sauver. C'est l'esclave par amour décrit dans Exode 21.1-6.
    Nous devons, je le pense en tout cas, lire cette lettre et comprendre à partir de ce que décrit Paul au sujet du Seigneur comment vivre une vie en dépendance absolue de Dieu par la puissance de l'Esprit. Le Seigneur s'est réjoui en restant sur la terre tout en sachant le sort qui Lui était réservé : obéissant jusqu'à la mort, la mort sur la croix. A cause de Son humiliation, le Seigneur a été élevé par Dieu. Il est devenu Celui devant qui tout genou fléchira et toute langue confessera : Jésus est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père! Mais pour cela, Il s'est humilié par Son obéissance qui l'a conduit à la croix.....pour subir notre condamnation! Quelle grâce!
    Il est notre exemple suprême! Jean n'as-t'il pas écrit dans sa première lettre:"tel Il est, tels nous sommes dans le monde." Si nous nous humilions par l'obéissance sous sa main puissante, le Seigneur sera exalté durant notre vie et Il nous élèvera au temps convenable (1Pierre 5.6) Comme l'a si bien dit Jean-Baptiste : "il faut qu'Il croisse et que je diminue!"  Si nos vivons selon l'exemple de notre Seigneur, nous devenons des personnes aptes au service! 
    Paul a suivi l'exemple de Christ, dans sa mesure, bien sûr, car il a accepté de tout perdre afin de "Le connaître", ainsi que la puissance de Sa résurrection et la communion de Ses souffrances, en devenant conforme à Lui dans Sa mort..... C'est le sujet développé dans le chapitre 3 de cette lettre. A cause de ce qu'il vient de dire, il nous exhorte à rester unis malgré les divergences de points de doctrine, à être ses imitateurs et à "porter les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous." Je pense que ce modèle au sein de l'église fait référence à Paul et Timothée et doit être la norme pour les anciens et les diacres.
    C'est le corps entier qui doit vivre ainsi. Il s'agit de la vie collective de l'église et non seulement des ministères ou de "super spirituels".
     L'exhortation s'adresse aussi et même surtout au corps plutôt qu'à un individu. Je crois que nous avons ici le moyen par lequel une église peut être une terreur pour notre ennemi! Une église qui vit cela est en permanence dans la victoire de notre Seigneur. Il faut en payer le prix au niveau de notre humanité, de notre ego, de notre chair. Le Seigneur est notre exemple, un exemple tellement au-dessus de ce que nous pouvons vivre, être ou faire. 
    Les diacres et les anciens sont nommés dans cette lettre car Dieu les a établis pour être le modèle, la référence, de tout le corps, comme l'était l'apôtre, par une vie d'esclave, une vie attachée au Cep et qui laisse passer la vie divine et la transmet tout autour de lui
     Si chaque enfant de Dieu vit en dépendance absolue par l'obéissance à l'Esprit, nous vivrons en ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée. L'église sera conforme à la volonté de Dieu, notre Père et Il pourra nous rendre utiles au royaume. Certains pensent que vivre ainsi, c'est perdre son identité (en tout cas je l'ai entendu durant une réunion) et devenir un numéro sans la moindre parcelle de caractère propre! Je crois, au contraire, que c'est le moyen par lequel nous vivons notre vraie personnalité....en Christ!


   Si la tête qui est le Christ a montré l’exemple d’un roi sur la croix avec une couronne d’épines, comment pourrait-il en être autrement pour le corps qui est l’Eglise.
    Aussi, tous les ministères sont appelés à prendre leur croix et à la porter, en se repentant du péché d’orgueil si les autres membres du corps les ont reconnus pour leur ministère, et pire encore, pour leur grandeur....

    La seule grandeur dans le gouvernement du Christ, c’est de donner sa vie pour les autres. Il est impératif que l’Eglise accepte les principes du Royaume de Dieu et que soit installé au milieu d’elle le véritable fondement de Christ. 

(auteur inconnu)

jcb

samedi 27 juin 2015

La puissance salvatrice de la vision de divine Y. Austin-Sparks

"Quand  il n'y a point de vision, le peuple est sans frein." Proverbes : 29/18

                    Ce verset pourrait être traduit comme suis : Quand il n'y a pas de vision, le peuple "périt", "dépérit", "se perd" ou encore "est anéanti". 

                    Peu importe la traduction, la vérité demeure. Là où il n'y a pas de vision le peuple court à sa perte, cela est largement et clairement illustré à travers toute la Parole de Dieu. Nous trouvons un exemple flagrant au début de la période de Samuel. Nous lisons dans 1 Samuel 3 : 1 "La Parole de l’Éternel était rare en ces jours-là, la vision n'était pas répandue." A cette époque, il n'y avait pas de vision, c'était chose rare et nous savons la situation déplorable qui prévalait en ces temps.

                    Je suis personnellement persuadé que beaucoup parmi le peuple de Dieu, pourraient aujourd'hui s'identifier à cet état de choses. Bien que nous n'utilisions pas les mêmes termes et ne les appliquions pas de la même façon dans notre situation présente, nous sommes néanmoins impliqués dans l'expérience qui est rappelée dans ce texte. Nous éprouvons la nécessité de nous adapter, de conformer nos idées, d'accommoder notre façon de penser, d'accorder notre attitude à la situation présente. Beaucoup de possibilités auparavant envisageables, semblent maintenant inaccessibles. Il y a une bonne part des choses qui doit être mise de côté, nous rencontrons des retenues et des limitations dans nos mouvements et activités spirituelles. Certaines choses que nous faisions auparavant sont maintenant devenues irréalisables. Beaucoup d'enfants de Dieu se posent la question : "Qu'est-ce qui sera encore possibles ? Et dans quelle situation allons-nous nous retrouver?" Ces choses peuvent avoir un effet paralysant et provoquer un arrêt qui nos empêchera d'avancer, ne sachant plus que faire. Le pire de tout cela serait que nous ne voyions pas d'issue et ne percevions aucune solution.

                    Il s'agit d'un temps très éprouvant, où tout passe par la fournaise. C'est notre vision qui est mise à l'épreuve plus que tout autre chose. Notre vision souffre-t-elle déjà de la situation ? Avons-nous perdu notre vision ou sommes-nous sur le point de la perdre ? Sommes-nous anéantis perdus, nous retrouvons-nous sans force de cohésion, sans conviction ni assurable quant au but qui est en vue, périssons-nous déjà ?  Sommes-nous égarés quant à notre oeuvre, notre appel, ne sachant plus où nous devrions être ? C'est par rapport aux choses spirituelles et au Royaume de Dieu que nous devrions nous poser ces questions. Ce qui va décider de l'issue finale et du résultat, c'est la vision. Elle va déterminer notre force, notre assurance et notre persévérance pour aller au bout du service. Ce qui va, au contraire nous faire périr et nous conduire à la perte proviendra de l'absence de vision.; soit qu'elle soit perdue, soit qu'elle soit fausse ou qu'il n'y en ait jamais eue. L'absence de vision divine entraînera un désastre spirituel. Par contre, cette vision sera la base de la victoire dans toutes les situations avec l'assurance d'un triomphe final. Définissons maintenant ce qui est entendu par la vison divine.



Signification de la Vision Divine

a) Considérons le propos éternel de Dieu

                    Premièrement, la vision signifie de voir le propos de Dieu, et il semble que ce soit ici, le critère essentiel. Nous sommes confrontés à l'entendement du but de Dieu, le propos éternel divin. Nous serons toujours éprouvés quant à la véracité de ce que nous prétendons voir, soit qu'l s'agisse de quelque chose que nous avons vraiment reçu de l'Esprit de Dieu, ou bien d'un vocabulaire que nous avons emprunté. Nous serons testés afin de déterminer si ce que nous appelons la vision, est quelque chose que l'Esprit Saint a forgé en nous, ou bien d'un enseignement que nous avons entendu ou lu et que nous avons adopté. Le développement de nos vies mettra en évidence cet aspect de la vision.

                    Ce que nous entendons par la vision c'est ce que la Bible nous enseigne, le propos éternel de Dieu vu et accepté tel que Dieu nous l'a révélé. Là où il n'y a pas de vision, le peuple ira à sa perte et se désagrégera spirituellement. Si nous ne sommes pas animés par cette vision du dessein de Dieu et ne percevons pas le but pour lequel nous avons été appelés nous n'avons pas plus d'assurance de triompher de ce monde aussi bien aujourd'hui et demain que les non-croyants. A moins de voir pourquoi Dieu s'est donné et le but auquel Il s'est attaché, nous deviendrons paralysés, nous nous effondrerons, notre témoignage sera réduit à néant, notre service deviendra inefficace et notre assurance disparaîtra. Dans la vie chrétienne, au travers des jours mauvais que nous vivons, rien ne pourra nous éloigner de ce qui a été déposé dans nos cœurs par le Saint-Esprit quant au propos éternel de Dieu -- c'est cela, la vision.

b) Considérons les Principes qui Gouvernent le Propos Éternel de Dieu

                     Ensuite, nous devons voir les principes qui régissent le dessein de Dieu, c'est-à-dire discerner comment Dieu parviendra à atteindre Son but, ainsi que les lois qui ont été déterminées et arrêtées par lesquelles le Seigneur Dieu arrivera à Ses fins. Il n'est pas suffisant de savoir intérieurement ce que Dieu recherche, il est autrement important de connaître comment Dieu atteindra Son but. Beaucoup de gens ont justement aperçu l'intention de Dieu, mais ils se sont égarés et ont manqué le but de Dieu parce qu'ils ont recherché à l'accomplir et à l'atteindre par des moyens erronés et selon des principes qu'ils ont eux-mêmes conçus. Les principes qui gouvernent les agissements de Dieu à l'égard de Son but n'ont pas été reconnus et sans eux la vision perd toute sa signification. Ainsi, les prophètes ou les voyants, comme ils sont nommés dans la Parole, déclaraient non seulement ce que Dieu désirait, demandait et recherchait mais ils été également capables de corriger les hommes et leurs voies quant au moyen d'atteindre le but de Dieu. Ils établissaient les lois qui permettaient l'accomplissement du dessein de Dieu.

c) Considérons pourquoi et comment les choses sont contraires à la volonté de Dieu


                    Avoir la vision signifie aussi que nous voyons pourquoi et comment les choses sont discordantes quant à la pensée divine. Ceci est extrêmement important. Beaucoup, aujourd'hui, admettent que les choses ne sont pas comme elles devraient être, que ce que nous avons n'est pas conforme à la pensée de Dieu, que le but de Dieu n'est pas recherché. Mais ils sont incapables de discerner ce qui ne va pas, ils ne peuvent pas expliquer pourquoi les choses sont ainsi. Ils parlent en termes généraux et sont vraiment incapables d'aider qui que ce soit.


Ainsi, la vision implique ces trois choses :


--Premièrement, voir le propos éternel de Dieu.

--Deuxièmement, voir ces principes divinement agencés par lesquels Dieu oeuvre envers l'accomplissement de Son dessein.
--Enfin, voir pourquoi et comment certaines choses sont contraires à la pensé de Dieu.

                      J'estime que la volonté Du Seigneur, présentement, n'est pas de présenter ces choses à nouveau, mais plutôt de voir et de percevoir la situation qui se présente devant nous.
              

La vision éprouvée

                    En considérant ce qui précède, nous sommes amenés à faire face à une situation délicate, une situation qui va nous éprouver jusqu'à nos racines. L'issue d'une telle épreuve aura pour effet de nous défaire, de nous bouleverser, et aussi de nous affecter profondément. C'est ainsi que se présentent les choses, et la plupart d'entre nous savons déjà que les implications d'un tel examen, d'une telle considération, feront que beaucoup de ces choses qui nous sont chères devront être mises de côté. Supposons, par exemple, que toutes nos activités chrétiennes externes cessent ; que les réunions, le service et tout ce qui relève de ces activités chrétiennes diverses prennent fin, et que nous soyons limités à ce qui est personnel et intérieur. Il est possible que nous soyons amenés là où plus rien ne subsiste, rien excepté Dieu, Lui-même. Nous serons alors engagés dans une relation avec le Seigneur seul, mais à part cela, nous ne pourrons rien faire d'autre car tout semble avoir pris fin ! Il se peut même que nous soyons coupés de toute communion avec le peuple de Dieu, et que tout ce qui était du Seigneur soit rendu à néant. Une telle situation est vraiment possible, car, c'est en fait ce qui se passe dans beaucoup d'endroits. Nous serons alors dans une situation qui nous éprouvera jusqu'à nos limites.


                    Maintenant, frères et sœurs, la seule chose qui nous préservera d'une telle situation, d'une telle fournaise, ce qui nous sauvera, c'est la réalité de la vision du dessein éternel de Dieu ! Que fait Dieu ? Quel est le but vers lequel, notre Dieu oeuvre ? A moi que vous et moi ne soyons capables de répondre à ces questions par la révélation du Saint-Esprit, nous serons perdus et paralysés voir même anéantis. De surcroît et pour des raisons pratiques, nous devons connaître et voir très clairement ces lois et ces principes que Dieu a pré ordonnés et ordonnancés et par lesquels Il accompli Son oeuvre en vue d'atteindre Son but. Et enfin, si nous aspirons à être vraiment conséquents envers le Seigneur, si nous désirons avoir un témoignage et être utiles envers les autres, nous devons savoir avec une pleine certitude pourquoi et comment certaines choses s'opposent à la pensée divine. Ces trois choses constituent ce qui est appelé dans les Écritures la vision, et là où elles font défaut, là où il n'y a pas de vision le peuple de Dieu court à sa perte.



La vision -- La Dynamique de la Vie

                    Premièrement, la vision se résout à la dynamique de la vie et cela nous encourage à continuer car elle est la force de nos cœurs. Cela nous est donné en exemple dans la vie des prophètes. Prenons Jérémie pour illustrer ce propos. De son propre point de vue, Jérémie devait faire face à une situation désespérée : son ministère était un véritable échec à ses yeux. Nous savons ce qui s'est passé de nombreuses années plus tard, et nous savons aussi que des générations sont entrées dans ce qu'il avait annoncé. Mais de son vivant, pour lui personnellement, son ministère lui parut vain,et il le savait. Nous le voyons, parfois, se tourner vers le Seigneur et s'en prendre à Lui. A un moment, même il déclare à l’Éternel l'avoir trompé et placé dans un piège en l'appelant au ministère prophétique en réalisant que son service était voué à l'échec et c'est bien ce qui se passa de son vivant. A un autre moment, il s'écria qu'il voulait s'éloigner de tout, aller dans un lieu désert, loin des hommes, solitaire. Si seulement il avait pu fuir loin de sa situation et des hommes, loin de tout, de cette chose qui semblait auparavant être pour lui, une situation privilégiée. A présent, il pense s'enfuir ! Pourquoi ? Parce qu'il semble que la situation présente est désespérée, parce que la réception des choses spirituelles est si lente, parce que, pour lui, il n'y aucune progression spirituelle, et beaucoup d'autres choses encore. Néanmoins, à travers toutes ces vicissitudes tous ces changements, toutes ces différentes humeurs, Jérémie était un homme ayant un feu dévorant dans ses os, et bien qu'il avait décidé de ne plus continuer, il ne pouvait s'empêcher de continuer sa mission. Ce feu dévorant dans ses os est une autre expression de la vision de Dieu, celle qu'Il lui avait  été donnée. A travers toutes ces tribulations, cette vision maintint Jérémie dans son service. Elle le préservait dans la prison, dans la fosse, dans les persécutions et à travers tous ces moments de désespoir. Et bien que certains jours, il se trouvait dans de profondes ténèbres et désemparé dans son esprit, il ne pourra pas y rester. C'était une expérience qu'il devait affronter, il devait la vivre, mais en sortant de celle-ci le feu brûlait toujours --la vision demeurera jusqu'à la fin !

                    Chers amis, c'est ainsi que nous sommes affectés par le dessein de Dieu. C'est quelque chose qui se situe bien au-dessus des circonstances environnantes, bien plus profondes que nos affections, nos émotions et nos expériences émotives. C'est quelque chose qui doit surpasser nos dispositions naturelles, une chose bien plus considérable que celles auxquelles notre âme est sujette. Elle doit avoir la puissance de nous sortir de nos fosses et de nos prisons spirituelles, et nous stimuler à aller sans cesse de l'avant

                    La vision spirituelle est la seule dynamique adéquate pour les temps dans lesquels nous nous trouvons, et ce sera de plus en plus le cas au fur et à mesure que nous approchons de la fin. Tout se désagrège autour de nous et de ce monde de plus en plus corrompu, devrions être capable de dire : "J'ai vu le propos éternel de Dieu. Je sais ce que Dieu a en vue, je sais à quoi Il oeuvre." Avez-vous cette divine révélation en vous ? Il ne peut y avoir de test  et de défi plus exigeant que ceci. Il ne nous servirait strictement à rien d'avoir été enseigné à propos du dessein éternel de Dieu, si cette chose ne faisait pas partie de nous-mêmes, si nous n'avons pas vu nous-même ce qu'est le propos éternel de Dieu. Et nous devons l'avoir d'une telle façon que tout ce qui peut se passer autour de nous n'affectera en rien cette vision. Nous devons avoir vu avec une assurance qui ne sera jamais ébranlée par les plus grands désespoirs, car il est évident que même les plus grands prophètes ont traversé des moments de désespoir profond. Mais; parce que ils avaient "vu" la vision parce qu'ils avaient saisi et appréhendé le dessein de Dieu, ils ne restèrent pas dans la vallée de l'ombre de la mort. Ils en sortirent et c'est ce feu dans leurs os qui les ramena au sommet.

                     Avez-vous ce feu dans vos os ? Avez-vous cette vision du propos éternel de Dieu, née de l'oeuvre révélatrice de L'Esprit Saint ?


                    Ainsi, la vision est la dynamique de nos vies. Grâces soient rendues à Dieu pour une telle puissance ! Si ce n'est pour cette vision, où en serait le peuple de Dieu aujourd'hui ? Personnellement, je ne sais pas ou je serais si ce n'était pour cette vision et j'ose espérer qu'il en est de même de mes lecteurs. Nous avons traversé des profondeurs de désespoir et parfois il semblait que tout allait échouer et que nous étions arrivés au bout. Mais nous sommes passés à travers ces choses et sommes sortis de ces ténèbres maintes fois. Qu'avons-nous expérimenté au sortir de ces expériences ? Le feu de la vision, la vision d'antan est toujours présente ! Nous n'avons pas pu l'abandonner, elle n'a pas disparu. Peu-être avons-nous cru qu'elle n'était plus et que nous serons amenés à changer notre façon de voir les choses et à abandonner ce pourquoi nous avions combattu jusqu'alors. Mais non, cette chose est aussi présente et aussi forte que jamais. Elle nous porte toujours plus en avant



La Vision -- La Cohésion de la Vie

                    La vision n'est pas uniquement la dynamique de nos vies, car elle également la cohésion de la vie. Là où il n'y a pas de vision, le peuple se désagrège, se corrompt, sa cohésion se décompose. Et si nous désirons porter un témoignage d'une réelle valeur, nous devons avoir une unité de vision. C'est ici le fondement de l'Eglise La fondation divine générale de l'Eglise, c'est une révélation, une vision, c'est avoir vu le Seigneur. C'est là que l'Eglise a commencé. L'Eglise fut suscitée par la vision du Seigneur, haut élevé et exalté à la droite de la majesté Divine dans les hauts lieux. L'Eglise procéda et se manifesta sur la base de cette vision, elle le fit par un témoignage corporatif, comme un instrument uni. Ce qui est vrai de l'Eglise doit être vrai de la communion de tous les croyants. Vous et moi ne tiendront jamais sur la base d'accords, d'arrangements ou de compromis. Jamais nous n'obtiendrons l'unité par des accords doctrinaux, par des règles communes. Rien de cette ordre de chose objectif ne nous unira. Mais, si nous désirons être un témoignage collectif et un instrument corporatif efficace entre les mains du Seigneur, cela ne pourra aboutir que sur le fondement d'une vision commune, une révélation propre à chaque membre formant cet instrument. Si une telle vision est nécessaire pour nous préserver individuellement, combien plus est-elle nécessaire pour que nous préservons notre entité collective ; et c'est cette même chose qui s'avère être un réel test pour le peuple de Dieu aujourd'hui. Une telle vision du propos éternel de Dieu est vitale. Le Seigneur sait, oui, Il sait où en est Son peuple présentement quant à cette chose. Et Il sait tout autant que tout ceux qui se réclament de Lui devront un jour ou l'autre faire face à cette question, rendre compte de son expression pratique.

                    Il y a, aujourd’hui, un éparpillement du peuple de Dieu physique et géographique. Certains pays sont sous l'emprise de dictatures et nous ne connaissons pas l'état de ces pays, mais je pense que nous pouvons dire que les choses ne sont pas comme elles devraient être parmi le peuple de Dieu ; les choses sont extrêmement difficiles. Ce qui représentait la communion et l'expression collective a peut-être cessé, c'est certainement le cas dans certains de ces pays. Maintenant dans une telle situation, dans un tel état de délabrement extérieur des choses spirituelles, est-ce la fin de tout ou bien y aurait-il une cohésion spirituelle qui triomphera après coup ? Sera-t-il révélé que l'oeuvre destructrice de Satan n'aura pu toucher à cette homogénéité spirituelle ? Demeure-t'il, dans les lieux invisibles à l'homme mais devant Dieu, un témoignage sur la terre, une cohésion du peuple de Dieu, une unité indéfectible que Satan n'a pu détruire ni même toucher, mais qui, au contraire, contribue à sa déroute ?


                    Frères et sœurs, la réponse à ces questions essentielles et cruciales, dépend de la vision, de ce que nous avons réellement vu. Je sais qu'il s'agit d'abord de voir le Seigneur, et il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi : "fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi."  Ce regard sera toujours essentiel afin de nous sauver de nos souffrances, car cette exaltation est liée aux souffrances. Ceci est indiqué par ce qui suit immédiatement : "A cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant  méprisé la honte, et s'est assis à la droite du trône de Dieu."  C'est une parole pour nous aider dans nos souffrances, mais dans notre témoignage, nous devons voir le propos de Dieu et comment Dieu réalise ce propos. C'est le côté extérieur, le côté pratique. Le regard en haut est directement lié à ce que nous vivons intérieurement dans la souffrance, et notre vision du dessein de Dieu est liée à notre témoignage envers les autres dans nos jours de souffrances, de difficultés, d'adversités. La vision est la cohésion de la vie, et quoiqu'il arrive,  que l'issue démontre et prouve que nous avons effectivement vu. Non pas que nous ayons entendu ou lu un enseignement, mais que nous avons vu.



   La Vision exige l’Élimination du Moi

                    La vision exige une chose, sinon elle n'a pas de raison d'être. Elle ne pourra pas nous sauver, ni porter du fruit et ne pourra accomplir son oeuvre, tant que nous serons au premier plan. La vision requiert l'absolue élimination du Moi. Si vous ou moi, voulons nous imposer dans la vision, nous la rendrons inopérante et inefficace. Nous devons prendre  notre place aux côtés de Jérémie.

                    Imaginons-nous disant au prophète : "Tu peux prophétiser, tu peux implorer, tu peux t'attrister, tu peux souffrir intensément jusqu'à la fin de tes jours, mais tu ne verras jamais aucun fruit ! A présent, Jérémie, que vas-tu faire ?" C'est ici le test, Jérémie était promis à un échec, son ministère était voué à être le plus impopulaire de son temps : personne ne l'écouta, et après de nombreuses années de pires souffrances, tout ce qu'il pouvait espérer c'est voir l'accomplissement de ses prophéties les plus sombres. Quant aux fruits de son ministère envers l’Éternel, il n'en vit jamais aucun ! Et si Jérémie avait pris position pour sa propre justification et celle de son ministère, s'il s'était imposé dans le propos de Dieu, s'il avait pris une place centrale ans l'accomplissement de la volonté divine, il n'aurait pas pu supporter le fardeau qui était le sien. Il est excessivement difficile de prendre et de  garder ce genre d'attitude, car il est possible que nous ne voyions pas le fruit de ce à quoi nous avons été appelés.

                    Nous devons faire face à cette épreuve maintenant. Sommes-nous prêts à aller jusqu'au bout des choses, sans raisonner sur quoi que ce soit, étant simplement fidèles, et acceptant même de mourir sans avoir aucun e connaissance d'un résultat ? Sommes-nous prêts, sachant que si nous avions pris une autre voie, nous aurions mis en péril , le but de notre appel, et aurions enfreint à ce qui était cher au Seigneur en nous ? Sommes-nous prêts à ne rien voir du fruit de notre labeur, à n'avoir aucune place de choix, à n'avoir aucune reconnaissance, et à demeurer fidèle ? Voyez-vous, la vraie vision a de telles exigences sur nous ! La véritable vision est une des choses les plus exigeantes. Pour la plupart des chrétiens et surtout les plus jeunes, le mot "vision" veut dire qu'ils sont au centre des intérêts de Dieu, que nous accomplissons de nous-mêmes, à  l'accomplissement des agissements divin, de la volonté divines. Ce n'est pas du tout le cas, car la vision de Dieu exige l'élimination du Moi


                    Remarquons l'exemple du Seigneur Jésus. Qu'avait-Il à démontrer de sa vie ici-bas ? Voyez l'apôtre Paul, après une longue vie de service et de souffrance en prison. Ses convertis, ceux qui lui devaient tout ce qu'ils étaient devenus spirituellement, se détournèrent de lui, le rejetèrent. Il demeurait un homme esseulé et en prison. Etat-il un homme de vision ? Le Seigneur Jésus était-Il un Homme de vision ? S'il y avait, en ce qui les concernait la moindre place en eux pour le Moi, ils auraient échoué. Ils n'auraient pas pu mener à bien leur mission et leur ministère. A chaque instant, ils auraient été dans la controverse au sujet de leur relation avec le Père Jamais à aucun moment ils n'ont pu : "Où donc est ma place das cette chose ? "


                    N'était-ce pas là l'objet même de la tentation du Seigneur par Satan au début de son ministère ? N'est-ce pas ici, l'essence même de Sa victoire sur l'ennemi lorsqu'il prit cette position : Les royaumes de ce monde avec leurs gloires, oui, mais par la Croix, par la voie de la souffrance, par le moyen du chemin impopulaire, par la biais de la répudiation des hommes ! S'il avait tenu une place prépondérante personnelle dans le plan de Dieu, il n'aurait pas pu aller au bout. Ainsi, que le Seigneur nous préserve et nous épargne de tout intérêt personnel dans les choses divines, cet égocentrisme qui détruit la vision et qui mènera indubitablement à la déperdition spirituelle.


                     

vendredi 26 juin 2015

Le But et la Voie de Dieu T. Austin-Sparks

             Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu'il s'est proposé en lui-même pour l'administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre en lui, en qui nous avons aussi été fait héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté.
(Ephésiens 1: 9-11) 
         Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée
(Ephésiens 1: 22)  version Darby

Il y a dans la déclaration de ce passage trois parties principales :

1) La volonté et le dessein éternel de Dieu
2) Christ, le centre de ce dessein
3) L'Église qui est Son Corps, l'instrument de la pleine expression de ce dessein -c'est-à-dire Christ

                  Il nous est dit que Dieu prit une décision dans les conseils éternels. En esquissant et en arrêtant Ses intentions de créer et de constituer "toutes choses" dans les cieux et sur la terre" (Ephésiens 1:10). Il était poussé et gouverné par un dessein spécifique et défini. "Ce dessein" est mentionné plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et il nous est montré que différentes choses y sont reliées. Il est des plus important que nous reconnaissions le fait que le dessein de Dieu est un, bien qu'il y est plusieurs phases dans l'activité divine. Rien n'est une fin en soi. La première loi de la plénitude spirituelle (et remarquons que la plénitude est précisément ce qui est en vue), c'est de saisir le fait et la nature de ce dessein de Dieu qui gouverne tout. Il est impressionnant et douloureux de reconnaître que, dans les choses qui sont associées ici-bas au Seigneur, il y en a si peu, si peu qui soient réellement marquées par la plénitude spirituelle. Médiocrité, faiblesse, limitation, pauvreté, défaite, ignorance, immaturité et désappointement caractérisent un si grand nombre d'enfants de Dieu et une si grande part de l'oeuvre de Dieu. C'est une des choses qui cause tant de détresse, tant de recherche et d'efforts dans certains milieux.

                    N'en trouvera-t-on pas l'explication dans le fait que rien de ce qui n'est qu'une part d'un tout ne peut atteindre, ni réaliser le dessein tout entier ? Pour être dans la voie de la plénitude, il est essentiel, en premier lieu, de reconnaître et de réaliser le fait que Dieu n'est pas simplement engagé dans un grand nombre d'activités bonnes et bienfaisantes, mais qu'Il est toujours et uniquement occupé par un dessein qui embrasse tout, et auquel tout est lié ! "Dieu opère TOUTES CHOSES selon le conseil de sa volonté" Ephésiens 1 : 11. La mesure de la valeur suprême de notre travail correspondra à la compréhension initiale que nous aurons eue d'un dessein seul et unique. Lorsque cela sera rétabli, nous arriverons bientôt à voir ce qu'est le dessein, et comment et par quels moyens il sera réalisé. Lorsqu'un maître a un seul et unique plan, auquel il se consacre, il demandera à tous ceux qui travaillent pour lui, qu'ils ne se contentent pas de faire différentes choses, si bonnes soient-elles et constituant même une part de son oeuvre entière, mais qu'ils voient au-delà de leur petite part et de leur propre tâche, le but et l'objet tout entier, afin d'agir positivement en le gardant en vue. Il sera favorable à ceux qui viendront travailler pour lui et aux moyens qu'ils emploieront, dans la mesure où ils auront à coeur le but tout entier. La mesure de ses ressources et de sa plénitude leur sera accordée sur cette seule base. Il en est de même pour Dieu Mais comprenons bien que c'est la plénitude spirituelle qui est en vue, et non la gratification personnelle.


                    Ensuite le dessein est de rassembler toutes choses en Christ. C'est une personne pleine et entière, agrandie et embrassant tout. La grandeur, la magnificence, la plénitude universelle de Christ, voilà le but de Dieu. Il n'est pas suffisant pour nous de voir le dessein, si fondamental cela soit-il, il faut que nous voyons, de manière toujours grandissante, la plénitude de Christ. Il doit y avoir une vision initiale de cette grandeur, de cette majesté, de cette gloire, de cette universalité. C'est à une elle vision que sont dues la puissance, l'efficacité et la gloire de l'Église des premiers jours. Telle fut la signification de la "Pentecôte". C'est une vision comme celle-là qui fit des apôtres les hommes qu'ils furent. Paul devait tout à la révélation que Dieu lui donna de Son Fils en lui. Mais cette vision doit se continuer. Elle doit devenir de plus en plus importante. Nous devons pas simplement nous fixer à quelque expérience passée la vision que nous avons aujourd'hui de Christ. La volonté du Seigneur, c'est que nous vivions et marchions par l'Esprit à un point tel, que nous puissions dire que la vision que nous avons ce Christ aujourd'hui est infiniment plus grande et plus merveilleuse qu'elle n'a jamais été. Cela est en accord avec le dessein de Dieu, et il en est ainsi pour tous ceux qui sont réellement entré dans une compréhension spirituelle de ce dessein.


                    Nous arrivons, en troisième Lieu, à considérer les moyens et la méthode  dont Dieu se sert pour l'accomplissement de Son dessein éternel. C'est "l'église qui est son corps " (le corps de Christ". La Parole de Dieu nous déclare définitivement que  l'Église est "la plénitude de Celui qui remplit tout en tous" . Cette plénitude universelle de Christ doit être révélée et exprimée dans et par un instrument appelé l'Église. Qu'est-ce que cette Église ?


                    Il nous est dit premièrement qu'elle est une compagnie d'élus. Laissant de côté toutes les théories sur l'élection, contentons-nous pour le moment de voir que Dieu a voulu, de toute éternité, avoir une telle compagnie, et que l'élection a rapport au dessein, et non pas principalement au salut. Dieu connaît, il ne peut pas en être autrement, les réactions suprêmes des hommes à l'égard de l'offre qu'Il leur fait, et c'est selon Sa pré-connaissance qu'Il a prédestiné à Son dessein. à Son dessein. Mais Dieu n'a jamais dit à une personne non sauvée qu'elle est prédestinée à l'être. Dieu appelle simplement. L'Église est la compagnie des appelés qui ont obéi !


                   Deuxièmement, l'Église est quelque chose de plus grand que les églises. Selon ce que nous entendons par celles-ci, l'Église peut se trouver en elles toutes, ou bien elle ne peut pas être du tout dans beaucoup d'entre elles. L'Église est essentiellement une chose spirituelle; elle n'est ni sectaire, ni dénominationnelle, ni "ecclésiastique", ni traditionnelle. Elle est l'union spirituelle des membres d'un organisme vivant, un corps possédant une vie, elle est une entité, elle est "tous un en Christ". La mesure de la lumière que nous avons ne nous rend pas plus ou moins membre de ce Corps, bien qu'elle puisse en affecter le fonctionnement. Ce n'est pas notre compréhension de la "vérité quant à l'Église" qui nous constitue membres de l'Église, bien qu'elle affecte grandement la plénitude. Ce qui est la base de l'actualité du Corps, c'est une relation vitale avec Christ.


                    Mais cela dit, il nous faut montrer combien il est essentiel de reconnaître ce qu'est l'Église. Accompagnant une révélation personnelle de Christ dans Sa grandeur, la révélation de l'Église est liée à notre avance pratique vers la plénitude. Paul a, dans ses écrits, une plénitude bien plus grande que n'importe quel autre apôtre, et cela est dû principalement à la révélation spéciale de l'Église qui lui avait été donnée. Ce qui ressort de cette révélation c'est que Christ et l'Église sont UN, comme la tête et les membres d'un même corps.


                    Il y a deux ou trois choses dans cette question qu'il nous est nécessaire de saisir. Il y a premièrement le fait, établi si pleinement et si clairement dans les Écritures, que Dieu a tout aussi définitivement choisi et désigné l'Église pour la réalisation de Son dessein éternel, qu'Il avait choisi et désigné Son Fils. Dieu s'est lié Lui-même et Sa plénitude autant à Son Fils qu'à l'Église. Tandis que l'Église est soumise au Fils, qu'elle est l'organe et l'instrument, comme la femme l'est à l'égard de son mari (Ephésiens 5 : 22-24), ils sont un, en ce qui concerne le dessein. Ce fait entraîne en soi la jalousie de Dieu pour Son Église, et signifie que, pour parvenir à la plénitude, l'on ne peut ni l'ignorer, ni l'amoindrir, ni l'outrager.


                    De plus, en ce qui concerne  la plénitude spirituelle, Dieu continuera à agir strictement par le moyen du Corps, c'est-à-dire qu'il n'est pas possible pour des individus séparés, de connaître la plénitude. La plénitude est une question relationnelle. "L'Église est la plénitude de Christ". Aucun individu ne peut l'être. C'est pourquoi, l'union spirituelle, la relation des membres, la communion, la mutualité et la dépendance des uns à l'égard des autres, sont fondamentales et indispensables pour parvenir à la maturité spirituelle. "Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ"; Ephésiens (4 :13)


                   Dans l'Ancien Testament, lorsque les choses eurent été constituées selon le modèle divin, c'est de la Tente d'Assignation que Dieu parlait au peuple. Il en est ainsi dans le Nouveau Testament. Avant d'obtenir la réponse à la demande qu'il fit sur la route de Damas, Paul dut entrer dans la ville, et ce fut par le moyen de l'Église qu'il la reçut. Avant d'entreprendre la grande oeuvre de sa vie, l'apôtre dut demeurer dans l'Église d'Antioche pour y recevoir la confirmation de sa mission (Actes 13).

                     Tout cela ne signifie pas que Dieu n'ait jamais agi souverainement et dans Sa grâce à l'égard de ceux qui avaient à coeur Ses intérêts sans reconnaître cependant cette loi. Mais nous parlons de plénitude spirituelle et c'est à cela que nous appelle notre ministère. Ce n'est pas "un comité général", "exécutif" ou "conseiller", mais le Corps dans sa représentation et son fonctionnement spirituels, qui est la voie voulue de Dieu.


                 Il nous faudrait plus de place que nous n'en avons  notre disposition pour montrer toutes les valeurs et les implications renfermées dans une compréhension adéquate de la place et du dessein que Dieu a pour Son Église en toutes choses. C'est précisément l'une des questions qui a une place considérable dans notre ministère parlé ou écrit durant ces dernières années.


                      Ceci nous amène aux Église, c'est-à-dire aux assemblées locales du peuple de Dieu. Les temps et les conditions ont grandement changé depuis les jour du Nouveau Testament, tout au moins en ce qui concerne le monde occidental. Il était simple et naturel, en ces temps-là, de rassembler ceux qui croyaient en Christ. Il n'y avait alors que des croyants et des non croyants. Aujourd'hui s'élèvent une quantité d'autres questions, celles des "affiliations", "organisations", "pratiques", croyances" etc...... Mais il y a une ou deux choses qui doivent toujours gouverner cette question, ce sont :


                     1- L'église ou l'assemblée locale doit localement tout ce que l'Église est universellement dans son ensemble. Elle ne doit pas être plus petite, ni dans sa vision, ni dans sa vocation, ni dans sa relation. Bien que située localement, elle est universelle quant à sa nature, à son influence, à sa vocation et à sa fonction. Si elle vit pour elle-même, elle mourra. La plénitude dépend de sa longueur et de sa largeur, de sa hauteur et de sa profondeur spirituelles.


                       2- L'église locale est l'environnement d'éducation spirituelle, en vue de l'utilité pour le Seigneur. C'est que sont apprises toutes les leçons essentielles, non seulement par l'enseignement, mais aussi par la discipline spirituelle. La leçon fondamentale de la soumission  au Seigneur -- qui a une si grande importance dans a question de la croissance spirituelle-- est apprise de manière très pratique dans une assemblée fidèle et dans la vie de communion. Toute vie personnelle, indépendante et non relationnelle, est impossible lorsque le Corps est véritablement reconnu. La protection, le support, l'appui et le soutien spirituels du peuple de Dieu, au-delà d'une manière simplement générale ont une valeur et une importance très importantes. L'élise locale, loin de n'être qu'une "congrégation", doit être une expression locale de la famille de Dieu, remplir toutes les fonctions, et pourvoir à toutes les valeurs de la vraie vie et des vraies relations de famille.                                         


                       3- La question qui a une importance prééminente, dans l'église locale comme dans l'Église universelle, c'est celle de la souveraineté absolue de Christ, la Tête. Tout ce qui usurpe Sa place, ou qui est en conflit de quelque façon que se soit, aboutira très certainement à une limitation spirituelle et à un retard proportionné de la croissance. N'est-ce pas pour cette raison que, dans les églises du Nouveau Testament , aucun homme n'exerçait l'autorité. Mais que des anciens, et non pas un ancien, étaient désignés. Le principe du Corps est sauvegardé dans ce qui est corporatif, et l'autorité individuelle évitée. A Antioche, le Saint-Esprit parla à une compagnie de représentants, qui avaient ensemble une responsabilité spirituelle. Les anciens sont représentatifs, il s'agit d'une mesure spirituelle et non ecclésiastique. La pluralité des anciens, dans le Nouveau Testament, signifie que l'église est amenée, en et par ses représentants, sous la complète souveraineté de Christ, par le moyen du Saint-Esprit.


                    4- Il nous faut remarquer ensuite que les apôtres ne partirent jamais en ayant le projet de fonder des églises. C'était le résultat spontané et inévitable de l'oeuvre du Saint-Esprit dans chaque lieu. Christ était prêché et accepté, et la relation des croyants suivait spontanément (voyez Actes 2 : 42). Ce qui détermine les églises, c'est Christ. Ceci est la solution à beaucoup de problèmes et la réponse à bien des questions qui se posent, tout spécialement dans notre monde occidental, en ces temps particulièrement compliqués. Quel doit être le principe directeur et décisif qui nous pousse à nous rassembler ? Ce doit être Christ ! C'est sur cette base seule que nous nous réunissons là où le but de Dieu est le plus pleinement en vue, et là ou se trouve ce qui contribue le plus à atteindre ce but -- la plénitude de Christ -- c'est cela qui décidera de la place où nous devons être, et personne de devrait discuter cela. C'est à cause de notre dévotion et de notre jalousie pour une "chose", une  "Dénomination", une "Mission", une ""Tradition" , une "Communauté", un "Mouvement" etc, que jaillissent les rivalités et les mauvais sentiments. Tout ce que l'on entend dire au sujet de "brebis volées" et d'enfants de Dieu divisés, vient en grande partie d'un soucis pour -- non pas la croissance spirituelle -- mais pour quelque chose ici-bas, sur cette terre. Combien ces choses deviendraient impossibles si chacun prenait cette attitude à l'égard des choses : peu importe ce qui survit ou ce qui cesse d'exister, pourvu qu'il y est un accroissement spirituel de Christ. Cela entraîne la nécessité, pour tout le peuple du Seigneur, et particulièrement pour ceux qui ont des positions "officielles" et des places d'influence, d'être uniquement et absolument consacré à l'accroissement de Christ, Christ n'est pas divisé ; c'est donc Christ qui est la base de l'unité, et non les choses mentionnées plus haut. 


                    A qui sont les brebis ? Sont-elles à vous ? Une brebis de Christ ne peut-elle lui être volée par ceux qui lui sont consacrés ? Si ce sont les brebis de quelqu'un ou de quelque chose, nous sommes dans un autre domaine. Non § Toutes choses de ce genre sont des causes de faiblesse et de petitesses spirituelles, et il est nécessaire d'avoir une altitude nouvelle à l'égard de Christ Lui-même pour arriver à la plénitude.


                    Nous dirons encore, à cet et pour le moment, que tout ce qui est donné par le Seigneur doit contribuer à "l'édification du Corps" de façon directe et positive. C'est ce qui en marque l'objet et la direction, et c'est là, sa loi caractéristique. L'évangélisation, l'enseignement, les dons personnels et spirituels, tout doit avoir un seul but, l'édification.  L'évangéliste et l'évangélisation ne sont pas une fin en soi, ni quelque chose à part. Le Nouveau Testament renverse complètement une idée ou une procédure de ce genre. Toutes ces fonctions sont des fonctions du Corps, et elles doivent être maintenues ensemble pour que le Corps soit bien équilibré ; aucune ne doit être accentuée au détriment des autres, ni laissée de côté. Un ministère d'enseignement doit marcher de pair avec un ministère d'évangélisation et vice versa. Chacun de ceux qui fonctionnent comme membre du Corps de Christ -- et tout les membres devraient fonctionner --  devrait avoir, non pas le salut des âmes, ou l'instruction des saints, mais par leur moyen et celui de tous les autres, l'accroissement de Christ. Rappelons-nous que l'Église n'est ni grande, ni petite, que le succès de notre travail n'est pas mesuré au nombres de personnes présentes, mais selon la mesure positive de Christ.


                    Je ne saurai terminer ce traité sans rappeler brièvement une ou deux questions qui sont fondamentales pour ce ministère.  


                   Il y a la question de la Croix. Ce ne serait pas dire quelque chose de nouveau ou d'extraordinaire que de rappeler que la Croix de Christ est profondément liée à la question de la plénitude divine.  Mais il est nécessaire d'affirmer continuellement ce fait, et d'en avoir une révélation toujours plus grandissante. Les Écritures nous montrent très clairement que, jusqu'à la fin, l'adversaire cherchera par tous les moyens et de toute sa force à soulever la question de notre acceptation et de notre position en Christ. Il est désigné à la fin des temps (Apocalypse 12) comme étant "l'accusateur de nos frères", et l'un de ses efforts les plus déterminés a pour but la destruction de notre assurance.


                    Tout ce qui porte en soi l'idée que nous faisons ou que nous devenons quelque chose qui mérite la grâce de Dieu et obtient Son acceptation, porte le sceau du Diable lui-même. La mort de Christ pour nous, et notre mort avec Lui, est la seule base solide de notre acceptation. Luther le dit simplement lorsqu'il s'écrit : "Ô Christ, je suis Ton péché, Ta malédiction, Ta colère de Dieu, Ton enfer et Toi, au contraire, Tu es ma justice, ma bénédiction, ma vie, ma grâce de Dieu, mon ciel !" Il ne faut pas s'étonner que le Diable ait haï Martin Luther, et qu'il l'ait assailli si cruellement.


                    Mais il n'y a pas seulement la valeur fondamentale, initiale et parfaite de la Croix pour notre acceptation entière et incontestable ; il y a une signification de la Croix qui est en relation avec la plénitude spirituelle et le fruit spirituel. C'est ce que Paul appelle "être rendu conforme à sa mort." (Philippiens 3 : 10)   


                     Ceci, répétons-le, doit être gardé à part de notre justification et de notre accès auprès de Dieu. Combien de tragédies, de scandales, de défaites, de faiblesses, de morts, de limitation et d'égoïsme que nous rencontrons chez beaucoup de chrétiens et dans beaucoup d'institutions, de communautés et d'églises chrétiennes, sont dues à la "chair" non crucifiée ou la vie naturelle ! A quel point, Christ est mis hors de vue par les hommes, les choses et les méthodes qui se mettent en proéminence ! Il faut, pour qu'Il arrive à la place qui Lui est donnée dans l'intention divine, et à nous avec Lui, que l'oeuvre de la Croix se fasse continuellement et de plus en plus profondément en nous.  


                        Il nous faut réellement être en état de dire : "je suis crucifié avec Christ.", en achevant la déclaration : "je ne vis plus moi, mais Christ qui vit en moi." Est-ce vrai ? "Je ne vis plus moi ?" Plus moi ? C'est bien ce que Paul entendait, mais qui peut connaître la profondeur de ce "moi" ! Christ sait combien entière et profonde est l'oeuvre de Sa Croix, et que nous pouvons pleinement s'abandonner à Lui, pour que le Saint-Esprit accomplisse en nous toute Sa pensée en ce qui concerne la Croix, afin que la voie soit libre pour réaliser Sa plénitude.   


                    Ainsi le double aspect et le double message de la Croix ont une très grande par dans ce ministère. Il y a beaucoup d'enfants de Dieu qui n'aiment pas ce dernier aspect que nous venons de mentionner, et qui le refusent. Nous dirons simplement que, s'ils représentent plus qu'une moyenne en richesse spirituelle et dans leur connaissance de Christ, et que si ce à quoi ils sont liés est affranchi des résultats ordinaires de la force de la vie naturelle, il y a quelque chose dans leur antagonisme contre l'aspect subjectif de la Croix à quoi nous devons nous soumettre. Mais nous avons été là nous-mêmes, et nous connaissons maintenant la différence.


                    Il nous faut terminer; nous le faisons en touchant à une autre question. Il y a bien des enfants de Dieu qui pourront accepter une grande partie de ce que nous venons d'écrire, mais qui réagiront en déclarant que c'est "idéaliste", que c'est trop élevé, que ce n'est pas possible, que les choses étant ce qu'elles sont maintenant, nous ne pouvons pas espérer un tel retour à la Parole de Dieu. Il n'y a qu'une seule réponse à cette attitude. La Bible a toujours reconnu une position comme celle-là, et elle y a pourvu. Il n'y a qu'un petit nombre d'hommes, qui du sein de la nation d'Israël captive, retournèrent volontairement  pour construire la ville, la muraille, la maison à Jérusalem ; et la parole qui les gouvernait, et les caractérisait était : "que celui qui a le coeur bien disposé, que son Dieu soit avec lui."


                    Il est clair que, dans le livre de l' Apocalypse, la majorité avait abandonné la pensée entière du Seigneur. L'appel que nous y trouvons s'adresse à ceux qui ont une oreille à entendre. Nous voyons qu'ils sont appelés les "vainqueurs"; et cela est nettement en relation avec les conditions décadentes. C'est une réaction vers la pensée entière et originelle du Seigneur. L'on peut difficilement s'attendre à ce que tous les chrétiens répondent à l'appel et à la mesure de Dieu, mais il est clair qu'ils le peuvent , que le Seigneur le veut et que ce qu'Il veut n'est pas hors d'atteinte. Ce peut être un chemin coûteux . Le prix en sera surtout amer à cause de l'attitude des autres chrétiens.


                    C'est pourquoi nous réalisons que ce ministère passera au crible le peuple de Dieu, et que ceux-là seuls qui veulent réellement marcher avec le Seigneur, et qui "tendent à ce qui est parfait", lui feront place. Notre message doit donc toucher les vainqueurs bien que nous ne les regardions pas comme des élus d'entre les élus, comme une aristocratie spirituelle choisie. Ils auront une place d'honneur spéciale, parce que le Seigneur aura en eux ce à quoi Il a mis Son coeur dès e commencement. La différence à la fin sera celle que nous voyons entre Joseph et ses frères.


                    Un ministère comme celui dont nous venons de parler sera le résultat de Son action profonde et sévère à notre égard. Ce n'est pas quelque chose que l'on puisse étudier et obtenir mentalement. Nous ne sortirons jamais du tour  du potier comme un vase terminé ; mais d'une manière ou d'une autre, le Seigneur associera le façonnage et l'usage. Sans aucun doute, c'est ce qui devrait être fait.


                       "Le messager du Seigneur dans le message du Seigneur.; nous avons ici ce principe fondamental que l'instrument n'est jamais en avance sur son histoire spirituelle. Les prophètes eux-mêmes, qui parlaient des choses à venir et de beaucoup de choses don le sens ne leur était pas entièrement clair, étaient amenés à avoir leur ministère incrusté en eux par l'expérience pratique. Mais l'action sévère de Dieu a toujours en vue l'accroissement et le progrès. Untel ministère ne peut être ni "entrepris", ni adopté. Nous ne pouvons pas y entre comme nous entrons dans un travail quelconque, par un entraînement technique ou une de par une préparation intellectuelle.


                   C'est en vérité quelque chose en présence de quoi  nous reculons naturellement, comme Moïse Jérémie ou bien d'autres. Il est utile et intéressant, ou bien cela peut nous éclairer, de remarquer que, lorsque par le moyen de Jérémie, le Seigneur parle à Israël du potier et de la maison du potier, Il prend Lui-même la place du potier. Le moulage, la forme, le redressement, l'ajustement, la purification du vase en vue de Son utilité, se font au moyen  des assauts et des châtiments dus à l'activité de l'ennemi. Il y avait un rapport entre les mains du Potier et l'opposition d'un souverain étranger faisant le siège de la ville. Ainsi, pour que nous soyons d'une plus grande utilité, le Seigneur se sert de l'ennemi et de son oeuvre. Nous ne serons que très rarement libérés de sa pression.Telles sont les choses essentielles auxquelles nous avons été amenés à nous consacrer.


                     "Nous ne pouvons faire autrement. Que Dieu nous aide !"


                    Que le Seigneur nous donne à tous un coeur prêt à "suivre l'Agneau partout où qu'il aille", afin de parvenir à Sa plénitude.      


Tiré du magazine "A Witness & Testimony"  Janvier 1944


T. AUSTIN-SPARKS