lundi 27 mai 2013

1-Biographie d'Andrew Murray

Naissance et environnement familial
Andrew Murray naquit le 9 mai 1828 dans un presbytère réformé hollandais à Graaff Reinet, en Afrique du Sud. Ce fut là-bas que son père, le révérend Andrew Murray, senior, exerçait un ministère en faveur des colons hollandais. La maison des Murray était un endroit vibrant et actif, rempli des bruits animés de joie, de prière et d'adoration. Chaque vendredi soir, le père d'Andrew Murray réunissait sa famille et lui lisait des récits émouvants des réveils passés.
Il se consacrait alors à son étude et déversait son cœur en prière en vue d'obtenir un réveil en Afrique du Sud. Il procédait ainsi toutes les semaines selon son habitude depuis 1822. Le jeune Murray fut au bénéfice de plusieurs autres exemples merveilleux de zèle et de dévotion chrétiens. Des hommes comme David Livingstone et Robert Moffat séjournaient souvent à la maison quand ils se rendaient sur la côte.
   William C. Burns
En 1838, à l'âge de dix ans, Andrew quitta sa maison avec son frère John pour faire des études en Ecosse. Ils demeurèrent chez leur oncle, le pasteur John Murray. Durant le printemps 1840, l'oncle présenta les garçons au ministère de réveil William C. Burns. Ce revivaliste renommé laissa une impression profonde et durable dans le cœur du jeune Andrew Murray. Le jeune garçon de 13 ans fut ému lorsque Mr Burns l'invita à prendre sa Bible et son manteau pour se rendre ensemble aux réunions de réveil à Aberdeen. Des années plus tard, Murray pouvait encore se rappeler la puissance de l'influence divine de Burns sur sa vie. Sa sincérité, sa prière fervente, sa prédication pénétrante, tout cela contribua à définir le ministère personnel et l'appel d' Andrew Murray. Souvent, l'influence d'un ministère rempli de l'Esprit appartenant à une génération donnée arrose les semences de la moisson d'une autre génération.

   Le pasteur Blumhardt
Après avoir obtenu leur diplôme au collège Marischal en 1844, les deux frères se rendirent à Utrecht, en Hollande, en vue d'approfondir leurs études en théologie et en hollandais. A cette époque, la vie religieuse aux Pays-Bas était en déclin et le rationalisme avait miné beaucoup de pupitres et d'instituts de théologie. Un peu comme les frères Wesley avec le Club Saint (Holy Club) à Oxford, John et Andrew se joignirent à un groupe zélé de l'université, nommé "Sechor Dabar" (Souvenez-vous de la Parole). Là ils trouvèrent des frères qui avaient les mêmes dispositions, une communion chaleureuse et un vrai zèle missionnaire. Lors d'une période de congés scolaires, les deux frères visitèrent l'Allemagne, où ils eurent l'occasion de rencontrer le pasteur Blumhardt. Cet homme remarquable avait été utilisé pour amener le réveil dans la région du Rhein en Allemagne. Le réveil avait été marqué par d'extraordinaires manifestations de délivrance et de guérison des malades par la prière. "Andrew vit de ses propres yeux et dans sa propre époque la progression de l'œuvre de la puissance de Dieu."

   Le garçon prédicateur
Les deux frères furent ordonnés à La Haye, au 20e anniversaire d'Andrew, et ils quittèrent peu après le pays pour commencer leur travail en Afrique du Sud. Andrew paraissait à peine plus âgé qu'un enfant quand il retourna la première fois en Afrique. A l'âge de 20 ans, il avait l'air beaucoup plus jeune que son âge. Une fois, il fut rapporté qu'un vieux fermier hollandais avait dit : "Pourquoi nous ont-ils prêté une fille pour nous faire des prêches?" Cependant, en dépit de l'apparence de fragilité chez Murray, son endurance et son zèle n'avaient pas de fin. Souvent il partait à cheval pendant des semaines entières pour tenir des réunions avec les Boers (fermiers sud-africains parlant hollandais). Ces fermiers spirituellement affamés venaient de centaines de kilomètres à la ronde, littéralement, pour écouter ce "garçon prédicateur". Une église temporaire faite de roseaux était érigée, et alors assiégée par des centaines de gros wagons transportant des fermiers hollandais. Ce fut lors de telles aventures dans le ministère que le jeune Murray commença à exprimer le feu et la ferveur si souvent associés à ses écrits classiques sur la prière et la Vie Intérieure.

   Préparation au réveil
En 1860, Andrew Murray accepta un appel à prendre la charge de pasteur dans une église de Worcester. Son engagement dans l'église coïncida avec un réveil et une conférence missionnaire rassemblant jusqu'à 374 ministères sud-africains. La conférence avait été organisée dans l'objectif spécifique d'encourager à un réveil spirituel et de recruter de nouveaux ouvriers et missionnaires pour les églises réformées hollandaises d'Afrique du Sud. Au début de la conférence, un prospectus fut remis aux participants, qui retraçait les nouvelles du récent réveil en Amérique et en Grande-Bretagne.
Les ministères présents furent fortement encouragés à s'attendre à une action similaire de Dieu en Afrique du Sud et à prier pour cela. Un certain Dr. Robertson parla de leur grand besoin d'avoir un réveil, suivi par le Dr. Adamson qui donna alors un compte-rendu détaillé du récent réveil survenu en Amérique. Andrew Murray Senior tenta de s'adresser aux gens rassemblés, mais en fut incapable, vaincu par le brisement et les larmes. Dans l'ensemble, la conférence fut un grand succès ; elle stimula une nouvelle espérance et la prière parmi les ministères participants. Peu de temps après, de jeunes gens se réunirent à l'église un dimanche soir. Ce fut lors de cette rencontre que l'Esprit du réveil éclata d'une façon inattendue.
La réunion se poursuivait normalement suivant le programme lorsqu'une modeste fille noire de 15 ans se leva pour prier. L'associé de Mr Murray, J. C. deVries, surveillait la réunion de prière et nous donne ci-après un témoignage oculaire de ces événements extraordinaires  : " Un certain dimanche soir, il s'était rassemblé dans une petite salle, quelques soixante jeunes gens. J'étais le responsable de la réunion qui commença avec un hymne et un enseignement tiré de la Parole de Dieu, à la suite de quoi je priai. Trois ou quatre autres annoncèrent une strophe d'un hymne et prièrent, comme d'habitude. C'est alors qu'une fille de couleur d'à peu près 15 ans, au service d'un fermier habitant à proximité, se leva au fond de la salle pour demander si elle aussi pouvait proposer un hymne. Au début j'hésitai, ne sachant pas ce que les gens penseraient, mais de meilleures pensées prirent le dessus, et je répondis : "Oui". Elle annonça son hymne et pria sur un ton émouvant. Alors qu'elle priait, nous entendîmes, pour ainsi dire, un bruit éloigné, qui se rapprocha de plus en plus, jusqu'à ce que la salle semblât être ébranlée. A l'exception d'une ou deux personnes, toute l'assemblée commença à prier, la plupart à voix audible, mais certains en murmures. Cependant, le bruit que fit le rassemblement devint un bruit assourdissant. Une sensation que je ne peux pas décrire prit possession de moi."

   Offensé par le réveil
Pendant que se poursuivait la réunion, Andrew Murray prêchait dans une autre partie de l'église. Il n'était pas présent au début de ces événements. A la fin de la réunion conduite par Andrew Murray, un ancien franchit la porte de la salle où se tenait la réunion de prière, entendit le bruit, y jeta un coup d'œil, et retourna chercher en courant Mr Murray. J. C. deVries retrace avec éclat la réaction de surprise de Mr Murray vis-à-vis des jeunes gens réunis." Mr Murray s'avança vers la table près de laquelle je m'étais agenouillé pour prier, me toucha, et me fit comprendre qu'il voulait que je me lève. Il me demanda alors ce qui s'était passé. Je lui racontai tout. C'est alors qu'il s'éloigna d'une petite distance vers le fond de la salle et s'écria aussi fort qu'il le put : "Peuple, silence !" Mais les prières continuaient. Au même moment, je m'agenouillai de nouveau. Il m'apparut que si le Seigneur venait nous bénir, il n'était pas convenable que je me tienne debout mais que je devais être à genoux. Mr. Murray s'écria alors une nouvelle fois d'une voix forte. " Peuple, je suis votre ministère, envoyé de Dieu ! Silence !" Mais il n'y avait aucun moyen d'arrêter le bruit. Personne ne l'entendit, mais tous continuèrent à prier et à supplier Dieu d'avoir miséricorde et de pardonner. Mr. Murray retourna ainsi vers moi et me dit de commencer l'hymne qui commençait par la strophe "Viens en aide à l'âme impuissante qui pleure". Je le fis. Mais les émotions ne se calmèrent point et la réunion continua derechef dans la prière. Mr. Murray se prépara alors à sortir, en disant : "Dieu est un Dieu d'ordre, et ici c'est la confusion totale  !" Sur ce, il quitta la salle. "

   La prière et la puissance du réveil
Les réunions de prière s'organisèrent spontanément chaque soir après cela. L'ordre de ces réunions était habituellement identique chaque fois, bien que personne ne le fixât. Au début, il y avait généralement un grand silence ; aucun effort n'était fait pour provoquer les émotions, mais après la deuxième ou troisième prière, l'assemblée commençait soudainement à crier de concert dans la prière. Ce n'était pas le moins du monde l'habitude des églises réformées hollandaises à cette époque, et personne ne leur avait jamais enseigné à procéder ainsi. Quelquefois, la réunion continuait jusqu'à trois heures du matin. Et même arrivés à cette heure, certains désiraient rester plus longtemps. Les gens retournaient chez eux au milieu de la nuit, en chantant joyeusement dans les rues. La réunion de prière prit de l'ampleur rapidement et dut être transférée dans un bâtiment scolaire situé dans les environs. Ce bâtiment finit par s'avérer également trop petit pour contenir toute la foule de chercheurs affamés de Dieu. " Dans des endroits où les gens ne savaient pas ce que c'était que les réunions de prière juste un an plus tôt, ils se plaignaient maintenant de ce que les réunions finissaient une heure en avance ! " Non seulement des réunions de prière hebdomadaires mais également des réunions de prière journalières étaient réclamées par les gens - même au rythme de trois fois par jour - et même parmi les enfants. "Le réveil ébranla toute la campagne. Jeunes et vieux, riches et pauvres, noirs et blancs, tous furent affectés de la même façon par le réveil. " C'était très étonnant de voir que le réveil n'était pas confiné aux villes et villages, mais qu'il était tombé dans des endroits totalement isolés sans contact avec l'extérieur, jusque dans des fermes éloignées, là même où hommes et femmes furent saisis par des émotions qui leur avaient été totalement étrangères quelques semaines voire quelques jours plus tôt." Les gens furent fréquemment empoignés par une intense conviction. Des hommes forts crièrent d'angoisse tandis que d'autres tombèrent à terre inconscients et durent être transportés hors des réunions.

   Tirer enseignement du réveil
J.C. deVries nous expose plus en détail la difficulté qu'eut Mr Murray à accepter ces manifestations comme venant de Dieu. J. C. deVries écrit  : "Le premier samedi soir, dans la maison où était aménagée une plus grande salle, Mr. Murray conduisait la réunion. Il lut un passage de l'Ecriture, fit quelques remarques à son sujet, ouvrit le moment de prière, et donna ensuite l'opportunité à d'autres de prier. Pendant la prière qui suivit la sienne, nous entendîmes de nouveau le même bruit venant de loin. Il s'approchait de plus en plus quand, soudainement, toute l'assemblée fut en prière. Ce soir-là, un étranger s'était tenu debout à la porte du début jusqu'à la fin de la réunion, observant son déroulement. Mr. Murray descendit de la plate-forme et de nouveau, alla d'une personne à une autre dans l'assemblée, tentant de les calmer. L'étranger s'avança alors sur la pointe des pieds depuis la porte, toucha Mr Murray doucement, et dit en anglais : " Je crois que vous êtes le ministre de cette assemblée. Faîtes attention à ce que vous faîtes, car c'est l'Esprit de Dieu qui est à l'œuvre ici. J'arrive tout juste d'Amérique, et c'est exactement ce dont j'ai été témoin là-bas."
Andrew Murray avait été offensé par l'explosion intense de prière émotionnelle, et cherché sans succès à contrôler et calmer les réunions. Toutefois, après cet incident, il arrêta apparemment d'essayer de malmener le Saint-Esprit. Il apprit à accepter ces soudaines explosions de prière et ces fortes émotions comme une œuvre de Dieu. Son père, Andrew Murray Senior confirma aussi que ces accès d'émotions étaient véritables, et déclara  : " Je bénis Dieu d'être en vie pour pouvoir voir de mes propres yeux un tel travail de l'Esprit. "La forte réaction de Mr Murray semble provenir du fait que ces manifestations de réveil particulières dépassaient sa propre expérience personnelle et sa compréhension de la bienséance. Bien qu'il ait prié avec ferveur pour un réveil, étudié des comptes-rendus de réveil et même observé de ses propres yeux une certaine mesure de réveil, il ne réussit pas à anticiper sa propre réaction à la nature surnaturelle d'un réveil dans sa propre église.

   Réveil et attentes brisées
Les conceptions de Mr Murray sur le bon ordre dans l'église et celles du Saint-Esprit étaient de toute évidence très différentes. Les attentes brisées, si elles restent non réprimées, peuvent conduire à la confusion, la frustration, et même à la critique sévère. Quand la foule à Jérusalem s'est précipitée pour observer le miracle de la Pentecôte, Actes 2 :6 note que beaucoup parmi les spectateurs étaient "CONFUS". Ces sentiments de confusion offusquèrent de toute évidence beaucoup, ce qui les emmena plus tard à ridiculiser ouvertement l'œuvre du Saint-Esprit (Actes 2:6-13). Les nouvelles expériences de réveil de Mr Murray lui enseignèrent en définitive à ne pas juger tout ce qui peut s'apparenter à une situation de confusion en l'attribuant à un manque de bienséance. Il arrive souvent que nous expérimentions de forts sentiments de confusion ou même de frustration quand nous sommes soudainement placés dans un contexte inattendu ou qui ne nous est pas habituel. Chacun de nous a certainement eu l'occasion de lutter contre ces sentiments de confusion ou d'anxiété tout en essayant de trouver ses repères dans une ville ou un pays inconnu. La source de notre confusion n'était pas un manque de bienséance, mais notre propre manque de familiarité avec les nouveaux environnements et les nouvelles circonstances. Actes 2:6 ne suggère pas que Dieu est l'auteur du désordre et de la confusion  ! Au contraire, ce verset sert à nous rappeler que notre sens naturel du protocole et de l'ordre est souvent très différent de l'ordre divin du Ciel qui descend sur terre. Quand nous nous trouvons soudainement dans un état de surprise ou de confusion devant des événements peu familiers, nous devons nous garder de les rejeter sans réflexion simplement parce qu'elles sont nouvelles à notre expérience personnelle. Seul un cœur ORGUEILLEUX se précipite pour condamner ce qu'il ne comprend pas ! Nous devons examiner attentivement toutes choses selon les Écritures  plutôt qu'au travers de nos préférences personnelles ou nos traditions. Alors et alors seulement serons-nous capables de retenir ce qui est bon dans les jours qui viennent (1 Thessaloniciens 5:21).

   Le réveil et la Convention Keswick
Les leçons apprises lors de ce réveil contribuèrent à préparer Andrew Murray à son futur rôle dans l'influent mouvement Keswick. Mr. Murray assista à la Convention Keswick pour la première fois en 1882. En 1885, on lui demanda d'intervenir comme orateur à la fois à la Convention Keswick et à la convention de Northfield. Murray fut chaleureusement reçu à ces conférences et fut plus tard chargé de ramener le mouvement Keswick en Afrique du Sud. La Convention Keswick fut elle-même le fruit indirect de cette merveilleuse période de réveil. Le réveil toucha au moins quatre continents, apportant avec lui une foi et une vision renouvelées pour la sainteté personnelle et la vie de l'Esprit. Ce fut ce message libérateur qui bientôt allait devenir synonyme du ministère personnel d'Andrew Murray.
La naissance de la Convention Keswick unit le Mouvement de Sainteté Européen émergent et, de ce fait, contribua à canaliser le feu et l'énergie de ce qui allait être connu sous le nom du " Troisième Grand Réveil ". Cependant, la Convention Keswick fit plus qu'unir simplement et préserver le fruit qui restait de ce grand réveil. Avec un clair appel à la sainteté personnelle par la foi en Christ, le mouvement Keswick contribua à préparer une nouvelle génération au mouvement suivant de Dieu. Ceux qui assistaient aux conventions étaient toujours encouragés à adopter un mode de vie construit sur la sainteté, l'unité et la prière. A la Convention de Keswick de 1902, 500 chrétiens s'accordèrent pour former des cercles de prière dans les maisons en vue d'obtenir une effusion mondiale du Saint-Esprit.
Le fruit de ces groupes de prière de Keswick fut atteint sans aucun doute au travers du Réveil au Pays de Galles en 1904. R. B. Jones, Jessie Penn-Lewis, et F. B. Myer considérèrent tous que la Convention de Keswick était une des sources cachées du réveil gallois. Par l'intermédiaire de l'enseignement biblique d'hommes comme Andrew Murray, J. Elder Cumming, Evan Hopkins, F. B. Myer et beaucoup d'autres, des milliers d'ouvriers et de missionnaires chrétiens furent remplis de puissance et purifiés pour entrer dans un nouveau millénaire de moisson globale. James Hudson Taylor, A. T. Pierson, Samuel Zwemer et beaucoup d'autres pionniers missionnaires considérèrent la Convention de Keswick comme l'une des meilleures " terres de chasse " pour les meilleures recrues missionnaires. Nous retrouvons ici une fois de plus cette vérité qu'une génération de ministère rempli de l'Esprit arrose souvent la moisson d'une autre génération.

   Les derniers jours d'Andrew Murray
Le 18 janvier 1917, Andrew Murray rentra dans la Gloire. Il entra dans le Ciel de la même façon qu'il vécut sur la terre, dans la prière et recommandant aux autres de prier. Peu d'hommes ont jamais eu autant d'impact sur les âmes pour la cause d'une vie remplie de l'Esprit que ne le fut Andrew Murray. Il fut indiscutablement l'auteur le plus prolifique dans l'Eglise sur le sujet de la prière et de la Vie Intérieure, ayant publié 240 livres entre 1858 et 1917. Plusieurs de ces livres furent traduits en 15 langues différentes. Peu après que la Société de Littérature Chinoise eut traduit en chinois pour la Chine le livre de Mr Murray "L'Esprit de Christ", on rapporta qu'un réveil éclata dans la Chine intérieure. Aujourd'hui encore, ses écrits continuent de façonner la conception de la prière et de la vie de l'Esprit que possède une multitude de chrétiens assoiffés.

   Tirer leçon de nos pères !
Andrew Murray fut incontestablement un homme doté de rares dons et d'une perception spirituelle profonde. Néanmoins, il faillit éteindre un véritable réveil. Il avait grandi dans un foyer où son père avait prié fidèlement pour un réveil pendant 30 ans. Pourtant, pendant un temps il s'opposa avec entêtement à la réponse si longtemps attendue aux prières de son père. Jeune garçon, il avait été enchanté du ministère de réveil de William C. Burns, et en Allemagne, il avait été le témoin de ses propres yeux du ministère miraculeux du pasteur Blumhardt. Malgré cela, quand il fut lui-même confronté aux manifestations du réveil dans sa propre église, il s'y opposa. Je n'écris pas ces choses pour déshonorer la mémoire de l'un de nos pères respectés de la foi, mais plutôt dans le but de poser une question importante et fort à propos aujourd'hui. Si un homme doué comme Andrew Murray a pu se tromper en ne reconnaissant pas l'Esprit du réveil, alors qu'il était en plein milieu d'une préparation au réveil, combien à plus forte raison sommes-nous capables de reproduire la même erreur ? Cette génération de chrétiens doit être disposée à apprendre des expériences, du discernement et des erreurs de nos pères spirituels si nous voulons nous préparer au prochain mouvement de Dieu. Etes-vous disposé à APPRENDRE ?

Source: The Watchword

Afin que ces messages soient reçus de manière appropriée et portent les meilleurs fruits, je vous encourage à les lire dans un esprit de prière. Il vous sera très profitable de prier-lire tous les versets cités au cours de chaque article et de prier tout en progressant dans votre lecture. Je prie que tous les lecteurs de ces messages réalisent la présence du Seigneur et Sa douce onction en eux au cour de leur lecture.

SAINT EN CHRIST Rev. Murray Andrew (3)


Pensées sur la vocation des enfants de Dieu à être saints, comme Il est saint  PAR LE REV. ANDREW MURRAY
«Je suis saint: Vous serez saints.»
Traduit de l’Anglais. Édition S. DELATTRE Privas. Ardèche 1934 Nouvelle Edition Numérique Yves PETRAKIAN 2011 Diffusion gratuite uniquement en indiquant la source : http://123-bible.com et http://456-bible.123-bible.com/ Disponible gratuitement au format Bible Online sur http://123-bible.com

25. Saints et irrépréhensibles.
26. La sainteté et la volonté de Dieu.
27. La sainteté et le service.
28. Le chemin du lieu très saint.
29. Sainteté et châtiment.
30. L'onction du Saint.
31. La sainteté et le ciel.
32. NOTE A. La sainteté en tant que droit de propriété.
33. NOTE B. Remarques sur le mot «saint».
34. NOTE C. La sainteté de Dieu.
35. NOTE D.
36. NOTE E.
37. NOTE F. Le double résultat de la Rédemption.


VINGT-CINQUIÈME JOUR  Saints et irrépréhensibles

    Vous êtes témoins, et Dieu l’est aussi, combien la conduite que nous avons tenue envers vous qui croyez a été sainte, juste et irrépréhensible. (1Thessaloniciens 2:10)

    C’est en Christ qu’il nous a élus avant la fondation du monde pour être saints et parfaits devant lui dans son amour. (Ephésiens 1:4) ( 1Thessaloniciens 3:12,13)
    Il y a deux mots grecs qui signifient à peu près la même chose et qui sont constamment employés avec le mot saint, et le suivent pour exprimer ce que devra être le résultat et l’effet de la sainteté telle qu’elle se manifeste dans la vie visible. L’un est traduit par sans tache (sans flétrissure) et est toujours employé pour parler de notre Seigneur et de son sacrifice: «l’Agneau sans tache». (Hébreux 9:14 1Pierre 1:19) Ensuite il est employé en parlant des enfants de Dieu, et cela avec le mot saint; «saints et parfaits, ou saints et irrépréhensibles»; (Ephésiens 1:4 5:27) «sans tache et sans reproche»; (Colossiens 1:22) «irréprochables et purs». (Philippiens 2:15 Jude 1:24 2Pierre 3:14) L’autre est irrépréhensible, sans- défauts, {Luc 1:6 Philippiens 2:15 3:16) et il se trouve aussi en rapport avec le mot saint: (1Thessaloniciens 2:10 3:13) «une sainteté parfaite». (1 Thessaloniciens 4:2,3) Quant à la question de savoir si cette irrépréhensibilité a rapport à l’estimation que Dieu fait de ses saints ou à celle que font les hommes, l’Ecriture dit clairement qu’il s’agit de l’une et de l’autre. Dans quelques passages, comme, (Ephésiens 1:4 5:27 Colossiens 1:22 1Thessaloniciens 3:13) les mots «devant lui»,—«pour lui-même»,—«devant Dieu, notre Père» indiquent bien que la première pensée est l’irrépréhensibilité, la perfection, en présence d’un Dieu saint, irrépréhensibilité qui est placée devant nous comme le but que Dieu se propose à notre égard, et notre privilège. Dans d’autres, comme, (Philippiens 2:15 1Th 2:10) l’irréprochabilité devant les hommes est placée au premier rang. Dans les deux cas, le mot peut être considéré comme renfermant les deux aspects de la pensée: irrépréhensible, irréprochable, sans défaut et sans tache; cette situation doit pouvoir soutenir la double épreuve du jugement de Dieu et du jugement des hommes. Et quelle est la leçon spéciale que la liaison de ces deux mots ensemble dans l’Ecriture et l’exposition du mot saint avec celle d’irrépréhensible est destinée à nous enseigner? Une leçon d’une très grande importance. Dans la poursuite de la sainteté, plus le croyant réalise distinctement quelle immense bénédiction il possède d’être trouvé en Christ, séparé du monde et en communion directe avec Dieu; de n’être pleinement possédé que par une réelle habitation de Dieu en lui, le croyant, dis-je, risque de regarder, trop exclusivement au côté divin de la bénédiction qui lui a été acquise, à son aspect céleste et surnaturel. Il peut oublier combien la repentance et l’obéissance, comme sentier qui conduit à la sainteté, doit embrasser tous les détails les plus minutieux de notre vie journalière.
    Il peut surtout ne pas avoir appris que c’est non seulement l’obéissance à ce qu’il sait être la volonté de Dieu, mais une bonne volonté docile et prête à recevoir tout ce que l’Esprit a à lui enseigner et à lui montrer, soit de ses imperfections, soit de la volonté du Père à son égard, qui est la condition essentielle pour que la sainteté de Dieu puisse nous être plus complètement révélée, à nous et en nous. Et ainsi, tout en étant fortement appliqué à découvrir le secret d’une sainteté vraie et complète du côté de Dieu, il se peut qu’il tolère des défauts que tout le monde autour de lui remarque, ou qu’il reste ignorant, et cela non point innocemment, parce que toute ignorance ici vient d’un manque de parfaite docilité aux grâces et aux beautés de la sainteté dont le Père aurait voulu le voir orné devant les hommes. Il peut chercher à vivre très saintement, sans se préoccuper suffisamment d’une vie parfaitement irrépréhensible.
    Il y a eu de pareils saints; saints, mais durs; saints, mais réservés et froids; saints, mais tranchants dans leurs jugements; saints, mais dont l’entourage dit qu’ils sont égoïstes, sans amour. Le Samaritain, demi-païen, se montrant plus compatissant, plus prêt à un sacrifice de ses aises que le saint Lévite et que le sacrificateur. Si cela est vrai, ce n’est pas à l’enseignement de la sainte Ecriture que nous pouvons en faire un reproche. En reliant si intimement ces deux pensées saint et irrépréhensible (ou sans reproche), le Saint-Esprit nous aurait conduits à chercher la personnification de la sainteté comme puissance spirituelle dans l’irrépréhensibilité de la pratique et de la vie journalière. Que tout croyant qui se réjouit de la déclaration que Dieu lui a faite qu’il est saint en Christ, cherche aussi à achever sa sanctification, ne se contentant de rien moins que d’une sainteté irrépréhensible.
    Or, que cette irrépréhensibilité ait très spécialement trait à nos relations avec nos frères, nos semblables, nous le voyons par la manière avec laquelle elle est liée avec l’amour. Ainsi (Ephésiens 1:4) «pour être saints et parfaits devant lui, dans l’amour». Mais c’est surtout dans ce remarquable passage «Puisse le Seigneur vous faire croître et abonder en charité les uns pour les autres et pour tous les hommes..., afin d’affermir vos cœurs de manière à ce qu’ils soient d’une sainteté parfaite devant Dieu, notre Père... (1Thessaloniciens 3:12,13) La sainteté et l’irrépréhensibilité, le principe positif de la vie divine et cachée, et la pratique de cette vie dans la vie extérieure et humaine, doivent trouver leur force dans une charité qui abonde et déborde sans cesse de notre part.
    Sainteté et charité, il est de la plus haute importance que ces deux mots soient inséparablement unis dans notre esprit, comme leur réalité dans nos vies. Nous avons vu dans l’étude de la sainteté de Dieu combien l’amour est l’élément dans lequel elle se meut et agit, attirant à elle et formant à son image tout ce dont elle peut prendre possession. L’amour est la flamme du feu de la sainteté divine, flamme qui cherche à se communiquer et à s’assimiler tout ce dont elle peut se saisir. Il en est de même de la vraie sainteté chez les enfants de Dieu; le feu divin brûle et cherche à communiquer son action bénie à tout ce qu’il peut atteindre. Lorsque Jésus se sanctifia afin que nous fussions sanctifiés dans la vérité, ce n’était pas autre chose que l’amour se livrant lui-même à la mort afin que le pécheur devînt participant de la sainteté de Dieu.
    Égoïsme et sainteté sont inconciliables. L’ignorance peut s’imaginer que la sainteté est un vêtement dont le moi peut se parer devant Dieu, tandis qu’il y a au fond un orgueil égoïste qui dit: «Je suis plus saint que toi», et qui est content de ce que les autres sont privés de ce dont il se vante. La vraie sainteté au contraire est l’expulsion et la mort de l’égoïsme; elle prend possession du cœur et de la vie et en fait des serviteurs, cet amour qui se consume pour atteindre, purifier et sauver les autres. La sainteté est amour. Un amour abondant, voilà ce que Paul demande comme condition d’une sainteté irrépréhensible. C’est dans la mesure où le Seigneur nous fait croître et abonder dans l’amour qu’il peut établir dans nos cœurs une sainteté irréprochable. L’apôtre parle d’un double amour: l’amour des uns pour les autres et l’amour pour tous les hommes. L’amour pour les frères est cet amour que le Seigneur recommande comme marque distinctive des disciples de Celui qui est amour. Et il prie son Père que cet amour soit dans les siens comme une preuve évidente aux yeux du monde de la vérité de sa divine mission. C’est dans la sainteté de l’amour, dans une sainteté qui aime, que l’unité du corps de Christ sera rendue évidente, sera développée et préparée pour une action plus complète du Saint-Esprit. Dans les épîtres aux Corinthiens et aux Galates, les divisions et l’éloignement entre croyants sont indiqués comme preuves certaines de la vie du moi et de la chair. Oh! si nous voulons être saints, commençons par être pleins de douceur, patients, miséricordieux, prêts à pardonner, bons et généreux dans nos rapports avec tous les enfants du Père céleste. Étudions l’image divine de l’amour qui ne cherche point ses propres intérêts, et prions le Seigneur qu’il nous fasse sans cesse abonder dans l’amour les uns pour les autres. Le plus saint devra être le plus humble, le plus désintéressé, le plus débonnaire et le plus soucieux des autres, et cela pour l’amour de Jésus. «Revêtez-vous, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’une tendresse compatissante, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité..., surtout, revêtez vous
de la charité, c’est le lien de la perfection». (Colossiens 3:12-14)
    Puis, l’amour pour tous les hommes; un amour que l’on voie dans la conduite et dans les rapports de la vie journalière; un amour qui non seulement évite la colère, la mauvaise humeur, les jugements sévères, mais qui montre les vertus plus positives du dévouement actif pour le bien-être et les intérêts de tous. Un amour charitable qui a soin du corps aussi bien que de l’âme; un amour qui est prêt non seulement à venir au secours partout où le secours est requis, mais encore qui se donne réellement, qui renonce à soi-même, qui est prêt au sacrifice, pour chercher, pour soulager les besoins des plus misérables et des plus indignes. Un amour, enfin qui prenne l’amour de Christ, cet amour qui l’a fait quitter le ciel et choisir la croix pour nous, comme sa seule loi, sa seule règle de conduite et qui subordonne toutes choses au bonheur de donner, de faire du bien, d’embrasser dans ses liens et de sauver celui qui est dans le besoin, celui qui est perdu. Abondant dans l’amour, nous serons irrépréhensibles dans la sainteté.
    C’est en Christ que nous sommes saints; de la part de Dieu nous sommes en Christ, qui nous a été fait sanctification. C’est dans cette foi que Paul prie le Seigneur, notre Seigneur Jésus-Christ, qu’il nous fasse croître et abonder dans l’amour. Le Père est la source; Jésus le canal; le Saint-Esprit, le fleuve de vie. Christ est notre vie par le Saint-Esprit. C’est par la foi en lui, c’est en demeurant en lui et en son amour, en laissant, dans une communion intime avec lui, le Saint-Esprit répandre abondamment l’amour de Dieu dans notre cœur, que nous recevrons une réponse à notre prière et que nous serons rendus par lui irrépréhensibles en sainteté. Que ce soit pour nous une prière de foi qui se change en un chant de louanges! Loué soit le Seigneur qui veut nous faire croître et abonder dans l’amour, et qui veut nous rendre irrépréhensibles en sainteté devant Dieu, notre Père, au jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous ses saints. «Soyez saints, car je suis saint».

    Dieu miséricordieux et Père! je te remercie encore pour ce merveilleux salut, par la sanctification de l’Esprit qui nous a rendus saints en Christ. Et je te remercie de ce que ton Esprit peut tellement nous rendre participants de la vie de Christ que nous aussi nous soyons irrépréhensibles en sainteté. Grâces te soient rendues de ce que c’est toi-même, ô Seigneur! qui nous fais croître et abonder dans l’amour; l’amour abondant et la sainteté irrépréhensible nous viennent de toi. O Seigneur et Sauveur Jésus-Christ! je viens à toi pour te demander et pour prendre comme mon bien ce que tu peux et veux faire pour moi. O toi en qui réside la plénitude de l’amour de Dieu, et en qui j’habite, toi, le Seigneur, mon Seigneur! fais-moi abonder dans l’amour. Par l’enseignement de ton Saint-Esprit, conduis-moi sur les traces de ton amour dont le renoncement m’a valu le salut, afin que moi aussi je puisse comme toi être consumé en devenant bénédiction pour les autres.
    Et ainsi, Seigneur, établis mon cœur puissamment dans une sainteté irrépréhensible; que le moi périsse en ta présence. Que ta sainteté, qui se donne afin de rendre saint le pécheur, prenne entièrement possession de moi, jusqu’à ce que mon cœur et ma vie soient parfaitement sanctifiés, et que mon esprit entier, l’âme et le corps soient conservés irrépréhensibles pour le jour de ta venue. Amen.

    1° Demandons très sérieusement à Dieu que notre intérêt dans l’étude de la sainteté ne soit, point une affaire d’intelligence ou d’émotions, mais une affaire de volonté et de vie que tous les hommes puissent voir dans notre marche et notre conversation journalière. «Abondants dans la charité»,— «irrépréhensibles en sainteté» nous gagnera la faveur de Dieu et des hommes.
    2° «Dieu est amour»; la création c’est l’abondance débordante de cet amour. La rédemption c’est le sacrifice et le triomphe de l’amour» La sainteté c’est le feu de l’amour; la beauté de la vie de Jésus, c’est l’amour. Tout le divin dont nous jouissons, nous le devons à l’amour. Si nous n’aimons pas, notre sainteté n’est ni de Dieu, ni de Christ.

VINGT-SIXIÈME JOUR  La sainteté et la volonté de Dieu

    Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification. (1Thessaloniciens 4:3)
    Voici je viens pour faire ta volonté, cette volonté par l’exécution de laquelle nous sommes sanctifiés une fois pour toutes par l’oblation du corps de Christ (Hébreux 10:9,10)

    Dans la volonté de Dieu nous avons l’union de sa sagesse et de sa puissance. La sagesse de Dieu déclare et décide ce qui doit être; sa puissance en assure l’exécution. L’expression de cette volonté n’est qu’un des côtés; son complément en est l’exécution, qui est alors la vivante énergie dans laquelle tout ce qui est bon a sa source et son existence. Aussi longtemps que nous ne regardons à la volonté de Dieu que comme on regarde à une loi, cette volonté devient pour nous un fardeau parce que nous n’avons pas la force de l’accomplir; elle est trop élevée pour nous. Quand la foi regarde à la puissance qui agit dans la volonté de Dieu et qui l’exécute, elle a le courage de l’accepter et de l’accomplir parce qu’elle sait que c’est Dieu lui-même qui l’accomplit. L’abandon à la volonté divine en tant que sagesse divine devient ainsi le chemin qui conduit à l’expérience de cette volonté comme puissance. «Il agit selon sa volonté» devient alors le-langage non pas seulement d’une soumission forcée, mais d’une joyeuse attente.
    «C’est ici la volonté de Dieu, savoir: votre sanctification». Dans l’acception ordinaire de ces mots, ils signifient simplement que, parmi beaucoup d’autres choses que Dieu a voulues, la sanctification en est une; c’est une chose qui est selon sa volonté. Cette pensée contient un enseignement d’une grande valeur. Dieu a voulu très clairement et très positivement votre sanctification; votre sanctification a sa source et sa certitude dans le fait qu’elle est la volonté de Dieu à votre égard.
    Nous sommes «choisis dès le commencement pour le salut par la sanctification de l’Esprit», et «choisis pour être saints»,—«élus en Christ pour être saints et parfaits devant lui»; le plan de Dieu, son dessein de toute éternité et sa volonté aujourd’hui à notre égard, c’est notre sanctification.
    Nous n’avons qu’à nous rappeler ce que nous avons dit, c’est que la volonté de Dieu est un divin pouvoir qui opère ce que sa sagesse a arrêté, pour voir la force que cette vérité donnera à notre foi: que nous serons saints; Dieu le veut et il le fera pour tous et en tous ceux qui ne résistent pas à cette volonté, mais qui se livrent à sa puissance. Cherchez votre sanctification non seulement dans la volonté de Dieu comme déclaration de ce qu’il désire que vous soyez, mais comme révélation de ce que lui-même veut produire en vous.
    Il y a cependant ici une autre très précieuse pensée qui nous est suggérée. Si notre sanctification est dans la volonté de Dieu, si elle en est la pensée centrale et le contenu, toutes les parties de cette volonté doivent porter là-dessus, et le plus sûr moyen d’entrer dans la voie de la sanctification sera une cordiale acceptation de la volonté de Dieu en toutes choses. Etre un avec la volonté de Dieu, c’est être saint. Que celui qui veut être saint prenne sa position là et «demeure ferme dans tout ce que Dieu veut». (Colossiens 4:12) C’est là qu’il trouvera Dieu lui-même et qu’il sera fait participant de sa sainteté, parce que sa volonté exécute ses desseins avec puissance en tout homme qui s’y livre sans réserve. Tout dans la vie de la sainteté dépend de ceci, c’est que la relation dans laquelle nous sommes avec la volonté de Dieu soit ce qu’elle doit être.
    Il y a beaucoup de chrétiens à qui il semble impossible d’accepter toute la volonté de Dieu, d’être parfaitement d’accord avec cette volonté. Ils regardent à la volonté de Dieu telle qu’elle leur apparaît dans ses mille commandements et ses innombrables dispositions providentielles. Ils ont trouvé parfois si difficile d’obéir à un seul commandement, ou d’accepter volontiers quelque légère contrariété! Ils s’imaginent qu’ils devraient être mille fois plus saints et plus avancés dans la grâce avant de se risquer à dire qu’ils acceptent toute la volonté de Dieu, soit pour la faire, soit pour s’y soumettre. Ils ne peuvent comprendre que toutes leurs difficultés viennent de ce qu’ils ne se sont pas placés à un point de vue juste. Ils s’arrêtent à ce qui, dans la volonté de Dieu, est en désaccord avec leur volonté naturelle et ils sentent que cette volonté ne fera jamais ses délices de toute la volonté de Dieu. Ils oublient que le nouvel homme a une volonté renouvelée. Cette volonté nouvelle fait ses délices de la volonté de Dieu parce qu’elle est née elle-même de cette volonté. Cette volonté renouvelée voit la beauté et la gloire de la volonté de Dieu et est en harmonie avec elle.
    S’ils sont, en effet, des enfants de Dieu, la première impulsion de l’esprit d’un enfant est certainement de faire la volonté du Père qui est dans les cieux. Et ils n’ont qu’à céder cordialement et entièrement à cet esprit filial, ils ne craindront plus alors d’accepter comme leur la volonté de Dieu.
    L’erreur qu’ils commettent est très sérieuse. Au lieu de vivre par la foi, ils jugent par ce qu’ils sentent; or, le sentiment est un domaine dans lequel agit et parle la vieille nature. Cette vieille nature leur dit que la volonté de Dieu est souvent un fardeau trop lourd à porter et qu’ils n’auront jamais la force de le faire. La foi parle différemment. Elle nous rappelle que Dieu est amour et que sa volonté n’est pas autre chose que l’amour révélé. Elle nous demande si nous ignorons qu’il n’y a rien de plus parfait et de plus beau dans les cieux et sur la terre que la volonté de Dieu. Elle nous montre que lors de notre conversion nous avons déjà fait profession d’accepter Dieu comme Père et comme Seigneur. Elle nous assure surtout que, si nous voulons seulement et d’une manière définitive nous livrer avec confiance à cette volonté qui est amour, elle remplira comme amour divin nos cœurs et nous y fera trouver nos délices, devenant ainsi en nous la puissance qui nous rendra capables de faire et d’accepter cette volonté. La foi nous révèle que la volonté de Dieu est la puissance de son amour exécutant avec une divine beauté son plan dans quiconque s’y livre entièrement.
    Et maintenant, que choisirons-nous? Et quelle est la position que nous prendrons? Essaierons-nous d’accepter Christ comme Sauveur sans accepter sa volonté? Ferons-nous profession d’être les enfants du Père tout en dépensant notre vie à débattre la part de la volonté de Dieu que nous sommes décidés à accepter? Nous contenterons-nous d’aller de l’avant, jour après jour, avec le sentiment douloureux que notre volonté n’est pas en harmonie avec celle de Dieu? Ou ne renoncerons-nous pas plutôt immédiatement et une fois pour toutes à notre volonté coupable pour accepter la sienne, qu’il a déjà commencé à graver dans nos cœurs? Ceci est une chose possible.
    Nous pouvons la faire. Dans une transaction simple et déterminée avec Dieu, nous pouvons lui dire que nous acceptons comme nôtre sa sainte volonté. La foi sait que Dieu ne laissera point inaperçu un pareil abandon de notre part, mais qu’il l’acceptera. Avec cette confiance qu’il nous enrôle dans sa volonté, qu’il nous y fait monter, comme un voiturier fait monter sur son char le pauvre piéton fatigué, et qu’il se charge de nous révéler cette volonté avec l’amour et la force pour la faire, avec cette foi-là, entrons dans les vues de Dieu, dans sa volonté, et commençons une vie nouvelle, nous établissant et demeurant dans le centre même de cette très sainte volonté.
    Une pareille acceptation de la volonté de Dieu préparera le croyant, par le Saint-Esprit, à reconnaître et à connaître cette volonté sous quelque forme qu’elle se présente. La grande différence entre le chrétien charnel et le chrétien spirituel est que ce dernier reconnaît Dieu sous quelque forme qu’il se manifeste, que ce soit la plus humble, la plus pauvre et la plus humaine.
    Lorsque Dieu vient dans des épreuves qui ne peuvent être attribuées qu’à sa main seule, il dit: «Que ta volonté soit faite!» Il sait qu’il n’est pas possible qu’un enfant de Dieu soit dans une situation quelconque sans la volonté de son Père céleste, même lorsque cette volonté a été de le laisser pour un temps livré à son caractère volontaire ou de le laisser supporter les conséquences de ses propres péchés ou de ceux des autres. Il voit cela, et, en acceptant ces circonstances comme la volonté de Dieu, volonté qui doit mettre à l’épreuve sa foi et son obéissance, il est maintenant dans la vraie position pour savoir et pour faire ce qui est juste. Voyant et honorant de cette manière en toutes choses la volonté de Dieu, il apprend à demeurer toujours dans cette volonté. Il en agit aussi de cette manière en faisant la volonté de Dieu. Comme son discernement spirituel se développe et grandit au point qu’il peut, en présence de tout ce qui lui arrive, dire: «Toutes choses viennent de Dieu», de même aussi il croît en sagesse et en intelligence spirituelle pour connaître la volonté de Dieu et pour savoir comment il doit la faire. Dans les indications de sa conscience et de la Providence, dans l’enseignement de la Parole et de l’Esprit, il apprend à voir comment la volonté de Dieu se rapporte à toutes les parties et à tous les devoirs de la vie et cela devient sa joie de vivre en toutes choses «en faisant de bon cœur la volonté de Dieu, comme pour le Seigneur et non pour les hommes».—«Combattant toujours par ses prières afin de demeurer ferme dans tout ce que Dieu veut», il voit combien heureusement le Père a accepté l’abandon qu’il lui a fait de lui-même et comment il le pourvoit de toute la lumière et de toute la force qui lui est nécessaire pour que la volonté de Dieu soit faite par lui sur la terre comme elle est faite dans le ciel.
    Qu’il me soit permis maintenant de demander de tout lecteur qu’il dise au Dieu saint si oui ou non il s’est vraiment donné à lui pour être sanctifié; si oui ou non il a accepté la volonté bonne et parfaite de Dieu et s’il vit selon cette volonté. La question n’est pas de savoir si, lorsque vient l’affliction, il l’accepte comme inévitable et se soumet à une volonté à laquelle il lui est impossible de résister, mais s’il a choisi la volonté de Dieu comme son bien suprême et s’il a pris comme sien le principe qui a fait agir Christ pendant toute sa vie: «Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté». Ce lut là la sainteté de Christ dans laquelle il s’est sanctifié pour nous en faisant la volonté de Dieu, «volonté par laquelle nous avons été sanctifiés». C’est cette volonté de Dieu qui est notre sanctification.
    Frère, es-tu bien sérieux dans ton désir d’être saint, entièrement possédé par ton Dieu? Voici le chemin. Je te prie de ne pas t’en effrayer ni de te tenir à l’écart. Tu as pris Dieu pour ton Dieu; as-tu vraiment pris sa volonté pour être ta volonté? Oh! pense au privilège et au bonheur d’être parfaitement d’accord avec la volonté de Dieu! et ne crains pas de t’y livrer sans réserve. La volonté de Dieu est dans toutes ses parties et dons toute sa puissance divine ta sanctification. «Soyez saints, car je suis saint».

    O Père saint! je viens à toi pour te dire que je vois que ta volonté est que je sois saint; et je ne veux chercher ma sanctification nulle part ailleurs que dans ta volonté. Accorde-moi miséricordieusement que par, ton Saint-Esprit qui habite en moi, la gloire de cette volonté et le bonheur de m’y tenir, de vivre dans cette volonté, me soit pleinement révélé.
    Enseigne-moi à la connaître comme une volonté d’amour qui se propose sans cesse ce qu’il y a de mieux et de meilleur pour ton enfant. Apprends-moi à la connaître comme la volonté de la Toute-puissance, capable d’accomplir en moi son conseil. Apprends-moi à la connaître en Christ parfaitement accomplie en ma faveur. Apprends-moi à la connaître comme l’œuvre que l’Esprit veut et qu’il opère en tout croyant qui se livre à lui.
    O mon Père! je reconnais ton droit à ce que ta volonté seule soit faite, et me voici pour que tu fasses de moi à cet égard tout ce qu’il te plaît. De tout mon cœur, ô mon Dieu! j’entre dans tes voies afin d’être un avec toi pour jamais. Ton Saint-Esprit peut entretenir cette union sans interruption. Je me confie en toi, mon Père, d’heure en heure, pour que tu fasses briller dans mon cœur par cet Esprit la lumière de ta volonté.
    Que ce soit là la sainteté dans laquelle je vive, et que je m’oublie et renonce à moi-même pour te plaire et t’honorer, ô mon Dieu Sauveur! Amen.

    1° Faites votre étude, soit dans la méditation, soit dans le culte que vous rendez à Dieu, soit dans la prière, de vous pénétrer pleinement de la majesté, de la perfection et de la gloire de la volonté de Dieu, comme aussi du privilège et de la possibilité de vivre dans cette volonté.
    2° Etudiez-la aussi comme l’expression d’un amour paternel et infini, chacune de ses manifestations étant pleine de miséricorde. Toute dispensation providentielle est volonté de Dieu; quoi qu’il arrive, l’humble adorateur y voit Dieu. Tout précepte est volonté de Dieu; sachez dans une obéissance filiale y voir Dieu. Toute promesse est volonté de Dieu; voyez-y, là encore, Dieu avec une entière confiance. Une vie passée dans la volonté de Dieu est repos, force et bonheur. Et n’oubliez pas surtout de croire à la toute-puissance de cette volonté. «Il fait toutes choses selon le conseil de sa volonté».
    3° Cette volonté est la bienveillance et la bienfaisance infinies révélées dans le sacrifice que Jésus a fait de lui-même. Vivez pour les autres, et vous deviendrez un instrument dont se servira la volonté divine. (Mathieu 18:14 Jean 6:39,40) Livrez-vous vous-même à cette volonté rédemptrice de Dieu, pour qu’elle prenne pleine possession de vous, et qu’elle accomplisse par vous son plan de salut.
    4° Christ est la personnification même de la volonté de Dieu. Il est la volonté de Dieu accomplie. Demeurez en lui, en demeurant dans la volonté de Dieu et en la faisant toujours de tout votre cœur. Un chrétien est, comme Christ, un homme qui s’est livré à la volonté de Dieu.

VINGT-SEPTIÈME JOUR  La sainteté et le service

     Si donc un homme se conserve pur de ces choses, il sera un vase servant à un usage noble, sanctifié, fort utile au maître de la maison, propre à toute bonne oeuvre. (2Timothée 2:21)
    Une sainte sacrificateur pour offrir des sacrifices spirituels à Dieu, par Jésus-Christ. Une nation sainte un peuple que Dieu s’est acquis, afin que vous publiiez les vertus de Celui qui vous a appelés à sa merveilleuse lumière (1Pierre 2:21)


    A travers toute l’Ecriture, nous avons vu que quoique ce soit que Dieu sanctifie, il le sanctifie afin de l’employer au service de sa sainteté. Sa sainteté est une énergie infinie qui ne trouve son repos qu’en rendant saint. A la révélation de ce qu’il est: «Moi l’Eternel, je suis saint», Dieu ajoute continuellement la déclaration de ce qu’il fait: «Je suis l’Eternel qui sanctifie». La sainteté est un feu consumant qui s’étend, qui cherche à consumer ce qui est souillé, et à communiquer sa propre félicité à tout ce qui veut la recevoir. Sainteté et égoïsme, sainteté et inactivité, sainteté et paresse, sainteté et impuissance sont absolument inconciliables. Tout ce que nous lisons être chose sainte était admis dans le service de la sainteté de Dieu.
    Jetons un regard en arrière sur tout ce qui, dans l’Ecriture, nous a été révélé comme saint. Le septième jour fut sanctifié, afin que, par le moyen de ce jour, Dieu puisse sanctifier son peuple. Le tabernacle était saint, pour servir de demeure au Dieu saint, comme le centre duquel la sainteté de Dieu pût se manifester au peuple. L’autel était très saint, afin qu’il pût sanctifier les dons qui y étaient déposés. Les prêtres avec leurs vêtements, la maison avec son ameublement et ses vases saints, les sacrifices et le sang, tout ce qui portait la qualification de saint, avait un usage et un but, en vue de la sainteté. Dieu avait dit d’Israël, qu’il l’avait racheté de la servitude d’Egypte, afin qu’il fût pour lui une nation sainte: «Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve». Les saints anges, les saints prophètes et les saints apôtres, les saintes Ecritures, tout porte une qualification d’êtres et d’objets sanctifiés pour le service de Dieu. Notre Seigneur parle de lui-même comme du «Fils que le Père a sanctifié», et il ajoute aussitôt dans quel but: le service du Père et de ses rachetés «afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité». Et maintenant que Dieu, en Christ, le Saint, et par le Saint-Esprit, accomplit son dessein, et se forme un peuple de saints? saints, sanctifiés en Christ, est-il possible d’imaginer que maintenant, dis-je, la sainteté et le service puissent être séparés?
    Impossible! Nous nous rendons bien compte d’abord ici combien ils sont indispensables l’un à l’autre. Essayons d’en saisir leur relation mutuelle. Nous n’avons été sanctifiés qu’en vue d’un service. Nous ne pouvons servir que dans la mesure où nous sommes saints.
    La sainteté est essentielle à un service effectif. Dans l’Ancien Testament, nous voyons des degrés de sainteté, non seulement dans les lieux saints, mais aussi dans les personnes saintes. Dans la nation, les Lévites, les prêtres, puis le souverain sacrificateur, il y a des degrés divers de sainteté; et dans chaque stage qui se succède, le cercle se rétrécit, et le service est plus direct, plus entier, tellement que la sainteté requise est plus élevée et plus distincte. Il en est de même dans la dispensation plus spirituelle où nous sommes maintenant; plus il y a de vraie sainteté, plus grande aussi est l’aptitude pour le service; plus il y a de vraie sainteté, plus la place que Dieu occupe est grande, et plus, par conséquent, est vraie et profonde l’entrée qu’il a eue dans l’âme. La prise qu’il a sur l’âme pour l’employer à son service est dès lors plus complète.
    Mon frère! écoute ce message: «Si un homme se conserve pur, il sera un vase noble, sanctifié, fort utile au maître de la maison, propre à toute bonne oeuvre». Impossible d’exposer plus clairement et plus noblement la loi du service. Un vase d’honneur, un vase que le roi sera heureux d’honorer doit être un vase purifié de toute souillure de la chair et de l’esprit. Alors seulement, il peut être un vase sanctifié, possédé par le Saint-Esprit, et rempli de l’Esprit de Dieu. Alors il devient propre au service du Maître. Le Maître peut s’en servir, agir en lui et vouloir en lui. Et ainsi, purs et saints, livrés aux mains du Maître, nous sommes divinement préparés pour toute bonne oeuvre.
    La sainteté est essentielle pour le service. Si notre service doit être acceptable devant Dieu, et vraiment effectif pour son action sur les âmes, s’il doit être une joie et une force pour nous-mêmes, il faut pour cela que nous soyons saints. La volonté de Dieu doit premièrement vivre en nous, si elle doit être faite par nous.
    Combien d’ouvriers fidèles qui déplorent un manque de puissance dans l’œuvre, qui soupire après cette puissance, suppliant Dieu de la leur donner, et ne l’obtiennent pas! Ils ont dépensé leur force davantage dans le parvis extérieur de l’œuvre et du service du Maître, et moins dans la vie intérieure de la communion et de la foi. Ils n’ont jamais compris que ce n’est que dans la mesure où le Maître prend possession d’eux, dans la mesure où le Saint-Esprit les a sous sa main, à sa disposition, qu’il peut les employer, et qu’ils peuvent être vraiment revêtus de puissance. Ils désirent souvent et demandent ardemment ce qu’ils appellent un baptême de puissance. Ils oublient que le moyen d’avoir la puissance de Dieu en nous, c’est que nous-mêmes nous soyons entièrement en sa puissance. Mettez-vous vous-même entre les mains de Dieu, en sa puissance; laissez sa volonté sainte régner en vous; vivez vous-même dans cette volonté, et soyez-y obéissant, comme quelqu’un qui n’a pas le pouvoir de disposer de lui-même; laissez le Saint-Esprit demeurer en vous comme dans son saint temple, révélant le Dieu saint qui est sur son trône et qui gouverne toutes choses. Il vous emploiera alors volontiers, comme un vaisseau à honneur, sanctifié et prêt pour l’usage que le Maître veut en faire. La sainteté est essentielle à un service efficace.
    Et le service n’est pas moins essentiel à la vraie sainteté. Nous l’avons répété si souvent: la sainteté est une énergie, une énergie intense de ce désir et de cet esprit de sacrifice qui porte à rendre les autres participants de sa propre pureté et de sa propre perfection. Christ s’est sanctifié lui-même; mais en quoi consistait ce sacrifice et quel en était le but? Il s’est sanctifié lui-même, afin que nous aussi nous soyons sanctifiés. Une sainteté qui est égoïste est une illusion, la vraie sainteté, la sainteté de Dieu en nous, se déploie dans l’amour, en cherchant et en aimant les êtres souillés, afin de travailler à les rendre saints, eux aussi. Un amour qui se donne, qui se sacrifie est l’essence même de la sainteté. Le Saint d’Israël est ton Rédempteur. Le Saint de Dieu est le Sauveur mourant. Le Saint-Esprit de Dieu rend saint, il sanctifie. Il n’y a de sainteté en Dieu que celle qui est le plus activement employée à aimer, à sauver et à bénir. Il en doit être de même en nous. Que toute pensée de sainteté, que tout acte de foi ou de prière, que tout effort à la poursuite de la sainteté soit, avec notre abandon complet à la sainteté de Dieu, animé du désir de nous en servir pour atteindre l’objet que cette sainteté a en vue. Que votre vie entière soit une vie bien clairement et définitivement donnée à Dieu pour son service. Il se peut que vos circonstances ne s’y prêtent pas facilement. Il se peut que Dieu paraisse vous fermer la porte et vous empêche pour le moment de travailler pour lui, de la manière dont vous le désireriez; le sentiment de votre incapacité vous est peut-être douloureux. Néanmoins, que ce soit une chose réglée entre Dieu et vous, que votre désir ardent de sainteté vient de votre désir d’être rendu plus apte pour lui, pour son service, et que ce qu’il vous a donné de sa sainteté en Christ, et par son Saint-Esprit, est tout entier à sa disposition, attendant d’être employé par lui et pour lui. Soyez prêt pour son service.
    Mettez en pratique, dans une vie journalière d’un service plein d’amour pour les autres et d’humilité, ce que vous avez reçu de sa grâce. Vous éprouverez alors que dans cette union et dans cet échange de culte, d’adoration et d’action la sainteté de Dieu reposera sur vous. «Le Père a sanctifié le Fils et l’a envoyé dans le monde». Le monde, voilà le lieu pour celui qui est sanctifié; il doit en être la lumière, le sel, la vie. Nous sommes sanctifiés en Jésus-Christ, et envoyés aussi d’ans le monde. Oh! ne craignons pas d’accepter notre position, notre double position: dans le monde et en Christ! Dans le monde, avec son péché et sa souffrance, avec ses milliers de besoins qui nous touchent de tous côtés, avec ses millions d’âmes qui toutes comptent sur nous. Et aussi en Christ. Pour l’amour de ce monde, «nous avons été sanctifiés en Christ», nous sommes «saints en Christ», nous avons reçu «l’Esprit de sainteté», qui habite en nous. Comme un sel sanctifié dans un monde pécheur, livrons-nous tout entiers à notre sainte vocation. «Comme Celui qui vous a appelés est saint», soyons saints en son Fils bien-aimé, par son Saint-Esprit, et le feu de son saint amour opérera par nous son oeuvre de jugement et de condamnation, de salut et de sanctification. «Soyez saints comme je suis saint».

    Bien-aimé Maître! Je te rends grâces de ce que tu m’ as rappelé le but de ton amour rédempteur. Tu t’es donné toi-même afin que tu puisses te purifier un peuple qui soit zélé pour les bonnes oeuvres. Tu voulais faire de chacun de nous un vase à honneur, purifié, sanctifié, apte à te servir, et préparé pour toute bonne oeuvre. O Sauveur béni! grave en lettres de feu cette leçon de ta Parole dans mon âme.  Enseigne-moi, à moi et à tout ton peuple, ceci: c’est que si nous voulons travailler pour toi, si nous voulons que tu travailles en nous, et que tu nous emploies pour ton service, nous devons être saints, saints comme Dieu lui-même est Saint. Enseigne-nous encore que si nous voulons être saints cela doit être en vue de te servir. C’est à ton Saint-Esprit, par lequel nous sommes sanctifiés, à nous employer, et à nous sanctifier en nous employant. Etre entièrement possédé par toi, ô Dieu! voilà le chemin de la sainteté et du service que nous te devons.
    O Sauveur! Toi le Saint et le Juste, nous sommes en toi comme en Celui qui est notre sanctification; c’est aussi en toi que nous voulons demeurer. Dans le repos d’une foi qui s’assure en toi pour toutes choses, dans la force que donne un entier abandon à toi, un abandon qui ne veut connaître d’autre volonté que la tienne; dans un amour qui se livre à toi sans réserve, ô Sauveur bien-aimé! nous demeurons en toi. En Toi nous sommes saints; en toi nous porterons beaucoup de fruits. Oh! qu’il te plaise d’achever ton oeuvre en nous. Amen.

    1° Il est difficile d’exprimer clairement en paroles comment la croissance dans la sainteté se révélera simplement par une simplicité et un oubli de soi-même qui vont croissants, avec l’assurance paisible et bénie que Dieu a pris possession de tout notre être, et qu’il veut se servir de nous.
    2° On a dit quelquefois que les croyants emploieraient mieux leur temps en travaillant pour Dieu, qu’en assistant à des réunions (conventions) de sainteté. Il y a là sûrement un malentendu. Car ce fut devant le trône du Dieu trois fois saint, et lorsqu’il entendit les séraphins chanter la sainteté de Dieu, que le prophète dit: «Me voici, envoie-moi».
    3° Que tout ouvrier dans l’œuvre de Dieu prenne le temps nécessaire pour entendre le double appel de Dieu. Si vous voulez travailler, soyez saints; si vous voulez être saints, donnez-vous à Dieu pour qu’il vous emploie à son service.
    4° Remarquez la relation qui existe entre «sanctifié» et «utile pour le service du Maître». La vraie sainteté consiste à être possédé de Dieu; le vrai service à être employé par Dieu lui-même. Le vrai service c’est de se livrer absolument au Maître pour qu’il se serve de nous; alors le Saint-Esprit est le seul agent, et nous sommes les instruments de sa volonté. Pareil service est la sainteté.
    5° «Je me sanctifie moi-même, afin qu’eux aussi soient sanctifiés». Penser aux autres est la racine, le principe actif de toute vraie sainteté.

VINGT-HUITIÈME JOUR  Le chemin du lieu très saint

    Puis donc, mes frères, que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, par la voie récente et vivante que Christ a inaugurée pour nous à travers le voile, c’est-à-dire à travers sa chair; et puisque nous avons un souverain sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous de Dieu avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi. (Hébreux 10:19-22)

    Quand le souverain sacrificateur entrait une fois l’an dans le second tabernacle, au dedans du voile, cela signifiait, nous dit l’épître aux Hébreux, «que le chemin du lieu très saint n’avait pas encore été ouvert». (Hébreux 9:8) Quand Christ mourut, le voile fut déchiré; tous ceux qui servaient dans le lieu saint eurent dès lors un libre accès dans le lieu très saint, le chemin du lieu très saint étant ouvert. L’auteur de l’épître aux Hébreux passant à l’application pratique de cette vérité résume ainsi tout l’enseignement: «Puis donc que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, approchons-nous». La rédemption de Christ nous a ouvert le chemin du lieu très saint et l’acceptation de cette vérité nous conduit à rien moins qu’à nous approcher et à entrer. Les paroles de notre texte nous suggèrent quatre précieuses pensées concernant le lieu de l’accès, le droit de l’accès, le moyen de l’accès et la puissance que donne l’accès.
    Et d’abord le lieu où nous avons accès.—Quel est le lieu dont nous sommes invités à nous approcher? Les sacrificateurs en Israël pouvaient entrer dans le lieu saint, mais ils étaient toujours exclus du lieu très saint, de la présence immédiate de Dieu. Le voile une fois déchiré, le sanctuaire devint accessible à tous. C’est maintenant que les croyants, comme sacrificature royale, doivent vivre et marcher. Au dedans du voile, dans le lieu très saint, ceux en qui Dieu demeure ont leur chez soi, leur home. Quelques chrétiens pensent que cette parole «approchons-nous» est une invitation à la prière, et que, par nos actes de culte, nous entrons dans le lieu très saint. Mais non, quelque grand que soit ce privilège, Dieu nous a appelés à quelque chose d’infiniment plus grand encore. Nous devons nous approcher et demeurer, vivre notre vie de tous les jours et faire notre oeuvre dans cette atmosphère du sanctuaire. C’est la présence de Dieu qui sanctifie le terrain, la présence immédiate de Dieu en Christ qui fait de tout lieu un lieu très saint. Il n’y a pas un instant de la journée, pas une circonstance où le croyant ne puisse demeurer à l’ombre du Tout-Puissant.
    En entrant par la foi dans la plénitude de sa réconciliation avec Dieu tellement que son union avec Christ est une vivante réalité, en se livrant au Saint-Esprit afin qu’il lui révèle la présence du Dieu saint, le chrétien habite réellement sans interruption dans le lieu très saint, toujours plus près de son Dieu.
    Le droit à l’accès.—Une pensée s’impose à nous. N’est-ce pas là seulement un idéal? Cela peut-il bien devenir une réalité, une expérience de la vie journalière pour ceux qui connaissent leur nature pécheresse? Grâces à Dieu, ce n’est point un idéal, mais un état d’âme auquel tout croyant peut arriver. C’est une possibilité parce que notre droit d’accès repose non sur ce que nous sommes, mais sur le sang de Jésus. «Puis donc que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, approchons-nous». La Pâque nous a montré que la rédemption et la sainteté à laquelle elle aspire dépendaient de l’aspersion du sang. L’aspersion du sang était indispensable pour assurer l’accès auprès de Dieu, soit dans le parvis, soit dans le lieu saint ou dans le lieu très saint. Et maintenant que le sang de Jésus a été répandu, oh! avec quelle puissance divine, avec quelle éternelle efficacité et quelle intense réalité nous avons accès dans le lieu très saint. Nous avons un libre accès par le sang de Christ. «Les adorateurs, une fois purifiés, ne sentent plus leur conscience chargée de péché». (Hébreux 10:2) Marchant dans la lumière, le sang de Jésus les purifie d’une purification incessante.
    La conscience de notre indignité ne saurait mettre obstacle à notre accès auprès de Dieu, car cette liberté de nous approcher repose dans la vertu toujours infaillible, toujours active, toujours vivante du précieux sang de Jésus. Il est possible au croyant de demeurer dans le lieu très saint.
    Le moyen de l’accès.—On pense à tort que ce qui est dit du chemin nouveau consacré pour nous par le Sauveur ne signifie autre chose que la liberté que nous avons par son sang; ce n’est pas le cas. Ces paroles disent beaucoup plus: «Puis donc que le sang de Christ nous donne un libre accès, approchons-nous par le chemin, par la voie récente qu’il a ouverte pour nous». C’est-à-dire qu’il a inauguré pour nous un chemin pour que nous y marchions comme il a marché lui-même: «une voie récente et vivante à travers le voile, à travers sa chair». Le chemin dans lequel Jésus a marché quand il a donné sa vie est le même que nous devons suivre nous-mêmes. C’est le chemin de la croix. Et le voile de la chair sainte de Christ aurait-il été déchiré afin que le voile de notre chair pécheresse fût épargné? Non, certainement. A mesure que nous marchons à travers le voile déchiré de sa chair, nous y trouvons en même temps et immédiatement la nécessité que notre chair soit déchirée et la force nécessaire pour accomplir ce déchirement, car suivre Jésus signifiera toujours être conforme au Crucifié. C’est en Jésus dont la chair a été déchirée que nous marchons. Il n’y a pas de chemin pour arriver à Dieu sinon celui d’u déchirement de la chair. Dans l’acceptation de la vie et de la mort de Christ par la foi comme force qui agit en nous, et de la puissance du Saint-Esprit qui nous unit vraiment à Christ, tous nous suivons Christ lorsqu’il passe à travers le voile déchiré, c’est-à-dire sa chair rompue pour nous, et que nous devenons participants avec lui de sa crucifixion et de sa mort. Le chemin de la croix par lequel «j’ai été crucifié» est le chemin à travers le voile déchiré. La destinée de l’homme, la communion avec Dieu par la puissance du Saint-Esprit, ne peut être atteinte que par le sacrifice de la chair.
    Et c’est ici que se trouve la solution d’un grand mystère, pourquoi tant de chrétiens restent-ils après tout éloignés sans jamais entrer dans le lieu très saint? pourquoi la sainteté de la présence de Dieu est-elle si peu visible en eux? Ils ont cru qu’en Christ seulement la chair devait être déchirée et non en eux-mêmes. Ils ont cru que la liberté qu’ils avaient dans et par le sang de Christ, c’était là «la voie nouvelle et vivante».
    Ils ont ignoré que le chemin d’une vraie et complète sainteté, le chemin du lieu très saint, ne saurait être atteint que par le voile déchiré de la chair, par la conformité à la mort de Jésus. Voilà véritablement le chemin qu’il a inauguré pour nous. Il est, lui, le «chemin, chemin de renoncement à soi-même» de sacrifice de soi-même, de crucifixion. Et il prend avec lui, dans ce chemin, tous ceux qui désirent ardemment être saints de sa sainteté.
    La puissance d’accès.—Quelqu’un redoute-t-il d’entrer dans le lieu très saint à cause du déchirement de la chair ou parce qu’il doute de pouvoir le supporter? Qu’il écoute encore un instant, qu’il prête l’oreille à cette parole: «Puis donc que nous avons Jésus, le Fils de Dieu, un grand souverain sacrificateur qui a pénétré au haut des cieux, approchons-nous avec assurance du trône de grâce».—«Puis donc que nous avons un souverain sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous». (Hébreux 10:21) Non seulement nous avons le lieu très saint, le sang qui nous donne la hardiesse et le chemin à travers le voile déchiré inauguré pour nous, mais nous avons encore le grand souverain Sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, le Sauveur vivant et béni, qui nous invite à nous approcher, qui nous aide et qui nous souhaite la bienvenue: Christ est notre Aaron. Sur son cœur, nos noms sont écrits; il ne vit que pour penser à nous et prier pour nous. Sur son front, nous voyons le nom de Dieu: Sainteté à l’Eternel! Car dans sa sainteté, les péchés de notre service sont couverts. En lui nous sommes acceptés, sanctifiés, Dieu nous reçoit comme ses saints. Dans la puissance de son amour et de son Esprit, nous acceptons joyeusement la voie qu’il a inaugurée pour nous et nous marchons sur ses saintes traces dans le renoncement et le sacrifice.
    Notre chair nous apparaît comme le voile épais qui nous sépare du Dieu saint, et dès lors nous demandons avec ardeur que la crucifixion de la chair devienne en nous par la puissance du Saint-Esprit une bienheureuse réalité. Alors la gloire du sanctuaire nous éclairant à travers le voile déchiré, et le précieux sang de Christ proclamant notre liberté d’accès auprès de Dieu, le grand souverain Sacrificateur nous invite à nous approcher pour nous bénir. Nous n’avons rien à craindre, nous choisissons le chemin à travers le voile déchiré comme celui que nous aimons à parcourir et nous entrons désormais sans arrière-pensée au dedans du voile, dans le lieu très saint. Alors notre vie ici-bas nous sera le garant de la vie à venir, comme il est écrit (et remarquez que nous retrouvons ici les quatre grandes pensées de notre texte): ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, c’est-à-dire au travers du voile déchiré «Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau»; leur liberté d’entrée leur venait du sang. «C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu», leur demeure dans le lieu très saint! «l’Agneau qui est là au milieu du trône les paîtra», le grand souverain Sacrificateur, le souverain Pasteur des âmes, Jésus lui-même, sera leur tout en tous.
    Mon frère, vois-tu maintenant ce qu’est la sainteté et comment on peut se la procurer? Ce n’est point quelque chose de produit en toi-même. La sainteté, c’est la présence de Dieu habitant en toi. Elle t’est donnée lorsque tu habites d’une manière consciente en la présence de Dieu, faisant toute ton oeuvre et vivant toute ta vie en sacrifice vivant acceptable par Jésus-Christ et sanctifié par le Saint-Esprit.
    Oh! ne sois plus craintif comme si cette vie n’était pas pour toi. Regarde à Jésus. Notre Frère aîné a charge du temple, ayant reçu du Père la liberté de nous montrer tout ce que renferme le sanctuaire et de nous révéler tous les secrets de la présence du Père. L’entière direction du temple a été remise dans ses mains dans ce but, que les faibles et les craintifs viennent avec confiance. Confie-toi seulement en Jésus, en sa conduite et en sa garde. «Christ t’a été donné afin que tu saches comment on doit se conduire dans la maison de Dieu».  «Soyez saints, car je suis saint».

    O Dieu très saint! comment te bénirai-je pour la liberté que tu m’as donnée d’entrer dans le lieu très saint et d’y demeurer? Comment te bénir pour le précieux sang qui m’y a donné un libre accès?
    Comment te bénir pour cette voie nouvelle et vivante à travers le voile déchiré de la chair par lequel aussi ma chair a été crucifiée? Comment, ô mon Dieu! te bénir pour le grand Sacrificateur que tu as établi sur ta maison, notre Sauveur vivant, Jésus-Christ, avec qui et en qui nous osons paraître devant toi? Gloire à ton saint nom pour cette merveilleuse et complète rédemption. Je t’en supplie, ô mon Dieu! donne-moi, et à tous tes enfants, le sentiment vrai de la réalité et de la sûreté avec laquelle nous pouvons passer notre vie entière au dedans du voile dans ta présence immédiate. Donne-nous l’Esprit de révélation, je t’en prie, afin que nous puissions comprendre comment, à travers le voile déchiré, la gloire de ta présence jaillit du lieu saint dans le lieu très saint. Comment par l’effusion du Saint-Esprit le royaume des cieux s’est répandu sur la terre et comment tous ceux qui s’abandonnent à cet Esprit peuvent apprendre qu’en Christ ils sont si près, si près de toi. O Père saint! enseigne-nous par ton Esprit que c’est là, en effet, la vie sainte: une vie en Christ, vécue en la présence de ta sainte majesté. O Dieu très saint! je m’approche et j’entre, je suis maintenant dans le lieu très saint, je désire y demeurer, en Christ, mon souverain Sacrificateur. Amen.

VINGT-NEUVIÈME JOUR  Sainteté et châtiment

    Dieu nous châtie pour notre profit, afin de nous rendre participants de sa sainteté. Recherchez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur. (Hébreux 12:14)

    Aucune portion du livre de Dieu ne jette sur la «souffrance» autant de divine lumière que l’épître aux Hébreux, et cela parce qu’elle nous montre ce que furent les souffrances du Fils de Dieu. En rendant parfaite son humanité, elles le rendirent apte à son oeuvre de souverain Sacrificateur compatissant. Elles ont aussi prouvé que Celui qui avait accompli la volonté de Dieu par l’obéissance dans la souffrance, était vraiment digne d’en être l’exécuteur dans la gloire, et de s’asseoir à la droite de la majesté de Dieu dans les cieux. «Il était convenable que Dieu élevât par des souffrances au plus haut degré de perfection et de salut, Celui qui voulait conduire un grand nombre de fils à la gloire». «Quoique Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes».—«Et ayant été rendu parfait, il est devenu l’auteur d’un salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent».—«Je me sanctifie moi-même», a dit Jésus, et ces paroles témoignent que ses souffrances ont été pour lui le chemin de la perfection et de la sainteté.
    Ce que Christ a été et ce qu’il a acquis nous appartient en entier. La puissance que la souffrance a manifestée en lui pour l’amener à la perfection, est le témoignage de la vie nouvelle qui se communique de lui à nous. Nous discernons à la lumière de son exemple que la souffrance est pour l’enfant de Dieu la preuve de l’amour du Père et le canal de ses plus riches bénédictions. Le mystère apparent de la souffrance ne semble plus être alors qu’une divine nécessité, la légère affliction qui accomplit et produit en nous une gloire infiniment excellente. «Puis qu’il était convenable que Dieu rendît parfait par les souffrances l’auteur de notre salut, combien n’est-il pas plus convenable que nous aussi soyons sanctifiés par la souffrance».—«Il nous châtie pour notre profit afin de nous rendre participants de sa sainteté».
    De toutes les précieuses paroles que l’Ecriture renferme pour les affligés, il n’y en a aucune qui nous introduise plus directement et plus profondément dans la plénitude des bénédictions que la souffrance a mission de nous apporter. C’est de la SAINTETÉ même de Dieu que nous devons être faits participants.
    L’épître avait parlé très clairement du côté divin de notre sanctification telle qu’elle nous a été acquise par Jésus-Christ lui-même «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont un», ou: «Car Celui qui sanctifie aussi bien que ceux qui sont sanctifiés, sont tous issus d’un même Père». (Hébreux 2:11) «Nous avons été sanctifiés une fois pour toutes par l’oblation du corps de Jésus-Christ». Dans notre texte nous apparaît un autre côté de la sanctification: l’œuvre progressive par laquelle nous acceptons personnellement et nous nous approprions volontairement cette sainteté divine. En vue de tout ce qui, en nous, est contraire à la volonté de Dieu et qui doit être découvert et brisé, afin que nous abandonnions notre volonté propre pour nous réjouir en celle de Dieu; en vue de la communion personnelle aux souffrances de Christ, en vue aussi de notre entrée personnelle dans la pensée de l’amour de Dieu à notre égard et de la joie que nous y trouvons, le châtiment et la souffrance sont les éléments indispensables dans l’œuvre de notre sanctification. Sous ces trois aspects, nous verrons comment ce dont le Fils avait besoin, est aussi ce dont nous avons besoin; ce qui était pour lui d’une valeur infinie ne sera pas moins riche de bénédictions pour notre âme.
    Le châtiment nous amène à l’acceptation de la volonté de Dieu.—Nous avons vu que la volonté de Dieu à notre égard est notre sanctification par Christ; plus encore, qu’il nous a sanctifiés en se sanctifiant lui-même pour nous par l’abandon absolu de sa volonté à son Dieu.
    Sa déclaration: «Me voici, ô Dieu! pour faire ta volonté», ou: «Je me plais à faire ta volonté», tire toute sa valeur de son continuel: «Non point ce que je veux». Sous quelque forme que Dieu envoie le châtiment ou la souffrance, le premier objet qu’il a en vue est de demander, et d’opérer en nous une union complète avec sa sainte volonté, afin que par cette union nous soyons faits participants de son amour. Sur tel ou tel point, sa volonté contrarie nos plus chères affections et il nous demande l’abandon de notre volonté pour la remplacer par la sienne. Lorsque ceci est fait volontairement et avec amour, il conduit l’âme plus loin et lui montre comment la demande du sacrifice en question est au fond la revendication d’un principe: en toutes choses sa volonté doit être notre seul désir. Heureuse l’âme pour qui l’affliction n’est pas une série d’actes isolés, de luttes et de soumission à la volonté de Dieu, mais bien l’entrée dans l’école où nous apprenons à considérer la volonté de Dieu comme bonne, parfaite et acceptable!
    Il est arrivé même à des enfants de Dieu que l’affliction n’a pas été en bénédiction; au contraire, elle a tellement réveillé la mauvaise nature et a fait jaillir si fortement l’opposition du cœur à la volonté de Dieu, qu’elle a ravi la paix et la piété qui paraissaient régner autrefois dans ce cœur.
    Même alors, l’affliction atteint le but que Dieu se propose. «Afin de t’humilier et de Réprouver, pour te faire ensuite du bien», (Deutéronome 8:16) explique encore aujourd’hui pourquoi il conduit plusieurs de ses enfants dans le désert. Nous ne nous rendons pas compte jusqu’à quel point notre religion est superficielle et égoïste. Lorsque nous acceptons l’enseignement de l’épreuve en découvrant la volonté propre et l’amour du monde qui existent encore en nous, nous avons appris une des plus importantes leçons. Cette leçon rencontre des difficultés spéciales lorsque l’épreuve ne nous vient pas directement de Dieu, mais des hommes et des circonstances. En regardant aux causes secondes et en cherchant à les faire disparaître, nous oublions souvent dans notre indignation ou notre chagrin de voir la volonté de Dieu en tout ce que sa Providence permet. Aussi longtemps que nous en sommes là, le châtiment ne porte pas de fruit et peut-être qu’il nous endurcit davantage. Si notre étude du chemin de la sainteté a éveillé en nous le désir de nous soumettre et d’adorer, et de nous tenir ferme dans la volonté de Dieu, apprenons en premier lieu à reconnaître cette volonté dans tout ce qui nous arrive. Le péché de celui qui nous irrite n’est pas la volonté de Dieu.
    Mais c’est sa volonté que nous soyons dans cette position difficile afin d’être éprouvés. Que notre première pensée soit: «Cette position difficile est voulue de mon Père pour moi. J’accepte cette volonté comme la position choisie pour m’éprouver». C’est ainsi que l’épreuve se change en bénédiction et nous amène à demeurer plus constamment dans la volonté de Dieu.
    Le châtiment conduit à la communion du Fils de Dieu. —En dehors de Christ, la volonté de Dieu est une loi que nous sommes incapables d’accomplir, tandis que la volonté de Dieu en Christ est une vie qui nous remplit; il est venu au nom de notre humanité déchue et il a accepté toute la volonté de Dieu, telle qu’elle s’est manifestée envers nous, soit par les exigences de la loi, soit par les conséquences que le péché avait attirées sur nos têtes. Il s’est donné entièrement à la volonté de Dieu quoi qu’il pût lui en coûter. C’est dans la force que Christ nous donne par sa communion que nous aussi, nous pouvons aimer le chemin de la croix comme le meilleur pour arriver à la couronne.
    L’Ecriture dit que la volonté de Dieu est notre sanctification, et que Christ est notre sanctification. En Christ seul nous pouvons aimer et nous réjouir dans la volonté de Dieu. Il est devenu notre sanctification une fois pour toutes, en faisant de la volonté de son Père ses délices.
    O vous, les souffrants, vous tous que le Père châtie! venez et voyez Jésus souffrant, faisant le sacrifice de sa volonté, étant rendu parfait, se sanctifiant lui-même pour nous. Ses souffrances sont le secret de sa sainteté, de sa gloire, de sa vie. Ne bénirez-vous pas Dieu pour tout ce qui peut vous faire entrer dans une communion plus intime avec notre bien-aimé Sauveur? N’accepterons-nous pas toute épreuve, petite ou grande, comme un appel de son amour? C’est là la sainteté: être un avec Christ en faisant la volonté de Dieu.
    Le châtiment nous amène à la jouissance de l’amour de Dieu.—Plus d’un père a été surpris de voir que son enfant, après avoir été puni avec amour, s’est attaché à lui plus tendrement qu’auparavant. Ainsi tandis que la misère et la souffrance paraissent ébranler la confiance dans l’amour de Dieu pour ceux qui vivent loin de leur Père, c’est justement par la souffrance que l’enfant de Dieu apprend à connaître la réalité de cet amour. L’action de châtier est si clairement la prérogative du Père; elle nous conduit si directement à avouer sa nécessité et l’amour qui le commande; elle éveille si puissamment l’ardent désir du pardon, de la consolation, de la délivrance, qu’elle devient, en effet, quelque étrange que cela puisse paraître, un des guides les plus sûrs à une expérience plus profonde de l’amour divin.
    Le châtiment est l’école à laquelle s’apprend la précieuse leçon que la volonté de Dieu est tout amour, et que la sainteté est la flamme de l’amour, consumant, afin de purifier, ne détruisant que les scories, afin d’assimiler à sa pureté parfaite tout ce qui cède à ce changement merveilleux.
    Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous avons cru. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. La destinée de l’homme, c’est la communion avec Dieu, la communion, l’habitation mutuelle de l’amour. Ce n’est que par la foi que cet amour de Dieu peut être connu. La foi ne peut se développer que par l’exercice; elle ne peut grandir que par l’épreuve; lorsque les choses visibles viennent à manquer, ses énergies sont réveillées et poussées à céder pour que l’invisible, le divin, prenne possession de ce qui lui appartient de droit. Le châtiment nourrit la foi, il conduit celui qui en est l’objet à une connaissance plus profonde de l’amour de Dieu. C’est le chemin, la voie nouvelle et vivante, le chemin de la chair déchirée, en communion avec Jésus et conduisant dans le lieu très saint. La justice qui ne veut pas épargner l’enfant et l’amour qui le soutient et le sanctifie, sont unis dans la sainteté de Dieu. O vous, les saints que Dieu châtie, vous qui êtes d’une manière toute spéciale conduits dans le chemin qui va à travers le voile déchiré de la chair! vous avez la liberté d’entrer.
    Approchez-vous, venez et demeurez dans le lieu très saint; là vous êtes faits participants de sa sainteté. Le châtiment amène votre cœur à s’unir avec la volonté de Dieu, le Fils de Dieu, l’amour de Dieu. «Soyez saints, car je suis saint».

    O Dieu saint! une fois de plus, je te bénis pour la merveilleuse révélation que tu me donnes de ta sainteté! Non seulement je t’ai entendu me dire: «Je suis saint»; mais tu m’as invité à une communion intime avec toi en me disant; «Sois saint, car je suis saint».
    Je te bénis pour ce que tu nous as révélé par ton Fils, par ton Saint-Esprit, par ta Parole, de la voie de la sainteté. Mais comment te bénirai-je de la leçon que tu m’as donnée aujourd’hui, qu’il n’y a ni perte, ni douleur, ni souffrances, ni soucis, ni tentations, ni épreuve, que ton amour ne fasse servir à opérer la sainteté, dans l’âme des membres de ton peuple?
    Père saint! tu sais combien souvent j’ai regardé les circonstances et les difficultés de cette vie comme des obstacles. Oh! que dès cette heure, à la lumière du divin but que tu te proposes, ils soient pour ton enfant autant d’aides, de secours. Par-dessus toutes choses, que le chemin qu’a suivi ton Fils bien-aimé, et qui nous montre dans la souffrance la discipline de l’amour d’un Père, le secret de la sainteté. Oh! que ce chemin devienne le mien pour me rendre participant de ta sainteté. Amen.

TRENTIÈME JOUR  L’onction du Saint

    «Pour vous, c’est de Celui qui est saint que vous avez reçu l’onction, en sorte que vous savez toutes choses. Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, en sorte que vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne; mais comme son onction vous instruit de toutes choses (et cela est vrai, ce n’est pas un mensonge), demeurez en lui selon qu’elle vous a instruits.» (1Jean 2:20,27)

    Moïse, en nous révélant la sainteté de Dieu et de ses voies pour sanctifier son peuple, nous montre les sacrificateurs, et particulièrement les souverains sacrificateurs, comme les représentants de la sainteté de Dieu dans l’homme. Chez les sacrificateurs eux-mêmes, l’huile d’onction était le symbole de la grâce qui sanctifie. Moïse devait faire lui-même une onction d’huile. «Tu prendras de l’huile d’onction et tu en feras l’aspersion sur Aaron et sur ses fils. Ainsi seront consacrés Aaron et ses fils». (Exode 29:21) Et après les indications données à Moïse pour la fabrication de cette huile, l’Eternel ajoute: «Pour de l’onction sainte.  
    Ce sera pour moi l’huile de l’onction sainte. On n’en répandra point sur le corps d’un homme et vous n’en ferez point de semblable, dans les mêmes proportions; elle est sainte, vous la regarderez comme sainte». (Exode 30:25-32) Les sacrificateurs, et spécialement les souverains sacrificateurs, devaient en être oints et consacrés. «Le prêtre qui a la supériorité sur ses frères, sur la tête duquel a été répandue l’huile d’onction, ne sortira point du sanctuaire et ne profanera point le sanctuaire de son Dieu, car l’huile de l’onction de son Dieu est une couronne sur lui». Et il dit de même de David, (Lévitique 21:10,12) le type du Messie: «Le Saint d’Israël, c’est notre Roi». (Psaume 89:21) «J’ai trouvé David, mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte».
    Le mot hébreu Messie, le mot grec Christ, sont en rapport avec ce que nous venons de dire. Ainsi dans le passage que nous venons de citer, il y a en hébreu: «Je l’ai messianisé de mon huile sainte». Et de même dans un passage semblable du livre des Actes (Actes 10:38): «Comment Dieu a christé (oint) d’esprit et de force Jésus de Nazareth». Ou encore, au Psaume (Psaume 45} «Ton Dieu t’a oint (messianisé) d’une huile de joie, par privilège sur tes collègues». {Psaume 45:8) De sorte que, ainsi qu’un de nos catéchismes réformés, le Catéchisme de Heidelberg, s’exprime dans une réponse à la question: «Pourquoi t’appelles-tu chrétien?»—«Nous sommes appelés chrétiens, parce que nous sommes participants de son baptême et de son onction». (Christing). C’est là l’onction dont Jean parle, le baptême du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est la sainte onction que reçoit tout croyant: ce que Dieu a fait pour SON Fils afin de faire de lui le Christ, il le fait pour moi, afin de faire de moi un chrétien «Pour vous, c’est de Celui qui est saint que vous avez reçu l’onction».
    1° Vous avez reçu l’onction de Celui qui est le Saint. C’est en sa qualité de Saint que le Père répand l’onction, et l’huile dont il oint est appelée l’huile de sainteté, le Saint-Esprit. La sainteté est, en effet, une divine onction. La sainteté est la présence invisible, et cependant manifeste, du Saint reposant sur son oint. L’onction qui nous vient directement du Saint n’est reçue, ou plutôt, n’existe que dans une communion constante avec lui, en Christ, qui, lui, est le Saint de Dieu.
    Et qui la reçoit? Seulement celui qui s’est donné entièrement afin d’être saint comme Dieu lui-même est saint. Le sacrificateur «seul mis à part pour être saint à l’Eternel» recevait l’onction: «On n’en répandra point sur le corps d’un homme». Que de chrétiens voudraient recevoir la précieuse onction pour le parfum dont elle les envelopperait! Mais non. Celui-là seul qui est complètement consacré au service du Saint peut la recevoir.
    L’onction du saint est pour le sacrificateur, le serviteur du Dieu Très-Haut. La sainteté, devient une réalité dans une âme vraiment réveillée et qui s’est livrée pour glorifier Dieu. Les saints vêtements n’étaient préparés que pour le service des sacrificateurs. Ne l’oublions pas dans nos recherches de la sainteté. Gardons-nous de croire que le travail, pour Christ nous rendra saints; gardons-nous également de poursuivre la sainteté en dehors du travail. C’est le sacrificateur mis à part pour le service du Dieu saint, c’est le croyant prêt à vivre et à mourir afin que la sainteté de Dieu triomphe au milieu des hommes, qui recevront l’onction.
    2° L’onction nous enseigne, «L’homme nouveau se renouvelle par la connaissance», aussi bien dans la justice que dans la sainteté. Christ nous est fait sagesse aussi bien que justice et sanctification.
    Le service de Dieu et notre sainteté sont avant tout d’un consentement libre et entier, intelligent et spontané, à la volonté divine. Et c’est pourquoi l’onction, afin de nous rendre aptes au service du sanctuaire, nous enseigne toutes choses. De même que l’huile d’onction est une essence subtile qui ne se manifeste que par son parfum, ainsi la faculté spirituelle que donne l’onction est la plus insaisissable qu’on puisse imaginer. Elle avive notre perspicacité pour craindre le Seigneur; elle nous enseigne, comme par un instinct divin, à reconnaître ce qui est céleste et ce qui est de la terre. C’est l’onction qui fait que la Parole et le nom de Jésus dans la Parole deviennent un parfum qui se répand au dehors. Le signe distinctif de ceux qui sont oints, c’est leur docilité. La grande marque de Christ, le Saint de Dieu, l’Oint, c’est qu’il écoute: «les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même. La parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé». (Jean 14:10,4)
    Il ne saurait en être autrement. L’onction enseigne: «Son onction vous instruit de toutes choses».— «Vous n’avez donc pas besoin que personne vous enseigne, c’est-à-dire: tous les croyants seront tous enseignés en Dieu». Le secret d’une vraie sainteté, c’est une relation personnelle et directe avec le Saint, tous les enseignements des hommes étant subordonnés entièrement à l’enseignement personnel du Saint-Esprit.
    3° Et cette onction que vous avez reçue de lui demeure en vous.—En vous. Dans la vie spirituelle il est de la plus haute importance de maintenir sans cesse l’harmonie entre ce qu’on appelle aujourd’hui l’objectif et le subjectif. Dieu en Christ au-dessus de moi: Dieu dans l’Esprit au dedans de moi. En nous, faisant un avec nous, entrant dans les parties les plus intimes de notre être, pénétrant tout, demeurant dans notre corps qui est son temple. L’onction demeure en devenant une partie de nous-mêmes. Et ceci dans la mesure où nous la connaissons et nous nous y livrons, où nous attendons et demeurons dans le silence, afin de laisser le parfum pénétrer tout notre être. Et ceci, encore une fois, non par intermittence, mais comme une expérience continue et permanente.
    L’onction demeure à travers toutes les circonstances et les sentiments. «Je suis oint d’une huile fraîche»; voilà le côté objectif et chaque matin le croyant attend le renouvellement du don divin de la part du Père. «L’onction demeure en vous», voilà le côté subjectif; la vie sainte, une vie de foi et de communion, l’onction se réalise d’instant en instant. L’huile sainte toujours fraîche, demeurant toujours, c’est là le secret de la sainteté.
    4° Et comme cette onction nous instruit demeurez en lui. Nous voici encore en présence de la sainte trinité; le Saint duquel procède l’onction; le Saint-Esprit qui est lui-même l’onction et Christ, le Saint de Dieu, en qui l’onction nous enseigne à demeurer. En Christ la sainteté invisible de Dieu a été manifestée et rapprochée de nous; elle est devenue humaine en revêtant la nature humaine afin de pouvoir nous être communiquée. Le Saint-Esprit agit et demeure en nous, il nous sort de nous-mêmes pour nous placer en Christ, unissant notre cœur et notre volonté à Christ, nous le révélant, le formant en nous, tellement que sa ressemblance, sa pensée est comme incorporée en nous. C’est ainsi que l’onction du Saint nous enseigne à demeurer en Christ. C’est là la preuve de la vraie onction. Voilà donc la vie de sainteté telle que la donne le Dieu trois fois saint: le Père qui sanctifie, le Fils en qui nous sommes, le Saint-Esprit qui habite en nous et par qui nous demeurons en Christ, et Christ en nous.
    Méditons sur la divine onction: elle nous vient du Dieu saint. Il n’y en a point de semblable. C’est la volonté de Dieu pour nous rendre participants de la sainteté de Christ. L’onction reçue de lui jour après jour, demeurant en nous, nous enseignant toutes choses, nous enseignant surtout à demeurer en Christ, doit reposer sur nous chaque jour. Son action doit pénétrer notre vie entière, le parfum de l’onction doit remplir la maison. Dieu soit béni, cela est possible. Gloire à son nom!  «Soyez saints, car je suis saint».

    O toi, qui es le Saint! Je viens à toi pour que tu renouvelles mon onction. O Père! accorde-moi la grâce de chanter: «Tu oins ma tête d’huile».—«Je suis oint d’une huile fraîche».
    Je viens te confesser avec humiliation que j’ai douloureusement contristé et déshonoré ton Esprit. Que de fois l’esprit charnel a usurpé ta place dans le culte que je te dois! Que de fois la volonté charnelle a cherché à faire son oeuvre! O mon Père! que ta lumière paraisse, me pénètre et me convainque profondément de ces choses. Que ton jugement vienne sur tout ce qui en moi est encore volonté et actions charnelles.
    Père saint! accorde-moi la grâce, selon les richesses de ta gloire, d’être fortifié maintenant avec puissance par ton Esprit dans mon homme intérieur.
    Fortifie ma foi en Christ en vue d’une pleine mesure de son onction. Oh! enseigne-moi à attendre de toi, et fais-moi recevoir chaque jour cette grâce d’être «arrosé d’une huile fraîche». O mon Père! amène-moi avec tous tes enfants à voir ceci: c’est que pour demeurer en Christ nous devons avoir reçu l’onction qui demeure. Père! nous voudrions marcher humblement dans la dépendance de la foi, comptant pour avancer sur l’onction intérieure qui demeure éternellement. Que nous soyons pour tous la parfaite odeur de Christ. Amen.

TRENTE ET UNIÈME JOUR  La sainteté et le ciel

    Puis donc que tout doit se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par une conduite sainte et pieuse! (2Pierre 3:11)
    Recherchez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur, (Hébreux 12:14)
    Que le saint se sanctifie encore!
    Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous! Amen. (Apocalypse 22:11,21)

    O mon frère! nous sommes en route pour le ciel. Nous sommes appelés à voir le Saint des saints face à face. Le mystère infini de sainteté, la gloire du Dieu invisible, devant lequel les séraphins voilent leurs faces, doit nous être révélé. Nous verrons le Dieu trois fois saint, le Dieu vivant lui-même. Oh! quelle grâce infinie, quelle ineffable félicité! Nous verrons Dieu!
    Nous verrons Dieu, le Saint. Tout notre apprentissage ici-bas, dans la vie de sainteté, n’est que la préparation à cette rencontre et à cette vue. «Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu». «Recherchez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur». Depuis le temps où Dieu dit à Israël: «Soyez saints car je suis saint», la sainteté a été révélée comme le seul terrain sur lequel Dieu et son peuple pussent se rencontrer, le seul attribut par lequel ils pussent devenir semblables à Dieu, la seule préparation pour le temps où il n’aurait plus besoin de les tenir éloignés, mais où il les admettrait à la pleine participation de sa gloire.
    Dans sa seconde épître, Pierre rappelle aux croyants que la venue du jour du Seigneur sera précédée et accompagnée des plus redoutables catastrophes, la destruction des cieux et de la terre. Et il les supplie de veiller à être trouvés sans tache, irrépréhensibles en sa présence. Il leur demande de réfléchir et de dire leur sentiment profond de tout ce que la venue du Seigneur sera et apportera, ce que doit être la vie de ceux qui s’attendent à ces choses: «Puis donc que tout doit se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par une conduite sainte et pieuse!» La sainteté doit en être le sceau distinctif, l’universel caractère. Au terme de notre étude sur l’appel de Dieu à la sainteté, nous reprenons la question de Pierre, et à la lumière de tout ce que Dieu nous a révélé de sa sainteté et de tout ce qui doit encore nous être révélé, demandons-nous à nous-mêmes: «Quels ne devons-nous pas être en sainte conduite et piété?»
    Remarquez en premier lieu la signification de la question. Dans l’original grec, les mots conduite et piété sont au pluriel. Un commentateur (Alford) traduit en saintes conduites et piétés, le pluriel indiquant la sainte conduite et la piété sous toutes leurs formes. Pierre insiste pour une vie de sainteté pénétrant l’homme tout entier: notre conduite envers les hommes et nos rapports envers Dieu. La vraie sainteté ne peut être moins que cela. La sainteté doit être le caractère unique et universel de notre vie chrétienne, la sainteté est l’attribut central de Dieu, la seule expression possible de la divine perfection, l’attribut de tous les attributs, la seule épithète par laquelle lui-même, comme Rédempteur et Père, son Fils et son Esprit, son jour, sa maison, sa loi, ses serviteurs, son peuple, son nom soient désignés et reconnus. Toujours et en tout, dans le jugement comme dans la miséricorde, dans son élévation et dans son abaissement, quand il se cache ou quand il se révèle, toujours et en toutes choses, Dieu est le Saint. La Parole nous apprend que pour être vrai, agréable à Dieu, le règne de la sainteté doit être absolu dans toute notre conduite. Il ne doit y avoir ni un moment de la journée, ni une relation dans la vie, ni aucune action extérieure, ni un repli caché du cœur, ni rien qui nous appartienne, dans notre culte ou nos affaires, qui ne soit saint. La sainteté qui nous vient de l’onction de l’Esprit doit être réelle si nous voulons être saints; il en doit être ainsi que Pierre le dit de l’appel de Dieu: saints dans toute votre conduite; saints en toute conduite et piété. Pour employer le langage significatif du Saint-Esprit: tout doit être fait «d’une manière digne de saints», (Romains 16:2) ou «comme il convient à des saints». (Ephésiens 5:3) Remarquez l’insistance de cette question de l’apôtre Pierre dit: «Puis donc que vous attendez ces choses». Puis donc que tout se dissoudrai quels ne devez-vous pas être! Oui, réfléchissons à ce que cela signifie.
    Nous avons vu à travers tout le livre de la révélation la grâce merveilleuse et la patience avec laquelle Dieu nous a fait connaître sa sainteté pour nous en rendre participants, et tout cela comme préparation à ce qui doit encore arriver. Nous avons entendu Dieu, le Saint, nous appelant, plaidant avec nous, nous commandant d’être saints comme il est saint. Et nous sommes assurés de le rencontrer, de le voir et de demeurer pendant toute l’éternité dans la lumière, saints comme il est saint. Ceci n’est point un rêve, mais une vivante réalité vers laquelle nous regardons comme vers la seule chose pour laquelle il vaille la peine de vivre.
    Nous comptons sur l’amour éternel pour nous accueillir, et avec une confiance filiale nous venons à lui comme ses saints et ses bien-aimés en disant: «Père saint!» Nous avons appris à connaître Jésus, le Saint de Dieu, comme notre sanctification. Nous vivons en lui jour après jour comme saints en Christ. Nous marchons dans cette volonté de Dieu comme lui-même y a marché et il nous en rend capables. Nous regardons avec joie au moment, où nous lui serons réunis, «le jour où il viendra pour être glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui ont cru».
    Nous avons au dedans de nous le Saint-Esprit; la sainteté de Dieu en Christ descend sur nous et fait de nous sa demeure comme arrhes de notre héritage. Lui, l’Esprit de sainteté, transforme silencieusement tout en nous, sanctifie notre esprit, notre âme, notre corps, afin de les rendre irréprochables pour le jour de sa venue et de nous préparer pour «l’héritage des saints dans la lumière». Nous attendons avec impatience le temps où il aura achevé son oeuvre, alors que le corps de Christ sera rendu parfait et que l’Epouse, toute remplie et débordante de la vie et de la gloire de l’Esprit, sera assise avec lui sur son trône, comme lui s’est assis avec le Père sur son trône.
    Pendant l’éternité, nous adorerons le mystère du Dieu trois fois saint. Même ici-bas ce mystère remplit notre âme d’admiration et d’une sainte joie, mais quand l’œuvre de notre sanctification sera accomplie, oh! avec quelle joie n’entonnerons-nous pas le cantique: «Saint, saint, saint est le Seigneur, Dieu tout-puissant, qui était, qui est et qui sera!» Comme préparation à ces faits glorieux, les événements les plus saisissants doivent avoir lieu. Le Seigneur Jésus lui-même apparaîtra, la puissance du péché et du monde sera détruite; l’économie actuelle prendra fin; la puissance de l’Esprit triomphera dans toute la création; il y aura «de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera». La sainteté se développera dans la félicité et la gloire d’une communion toujours croissante avec le Dieu trois fois saint. «Que celui qui est saint se sanctifie encore!» Certainement il n’y a plus qu’à poser cette question devant tout croyant afin qu’il en reconnaisse la force: «Puis donc, mes bien-aimés, que toutes ces choses doivent arriver, quels ne devez-vous pas être par une conduite sainte et pieuse!»
    Remarquez maintenant l’importance de notre question: «quels ne devez-vous pas être!» Mais une pareille question ne serait-elle pas superflue? Se peut-il que les saints de Dieu sanctifiés en Christ, ayant en eux l’Esprit de sainteté, marchant à la rencontre du Saint dans sa gloire et dans son amour, se peut-il qu’ils aient besoin de se poser cette question? Hélas! hélas! il en était ainsi au temps de Pierre et il en est encore ainsi aujourd’hui. Hélas! que de chrétiens à qui ce mot de saint paraît étrange et inintelligible, quoique ce soit le nom que le Père, dans le Nouveau Testament, aime à donner à ses enfants. Que de chrétiens, pour lesquels ce mot a peu d’attraits parce qu’à leurs yeux, il n’a jamais été l’expression d’une vie possible et inexprimablement bénie! Et encore une fois, hélas! que de chrétiens, même parmi les ouvriers au service du Maître, pour qui une conduite sainte et pieuse, est encore un secret et un fardeau, parce qu’ils n’ont pas encore consenti à tout abandonner, leur volonté et leur oeuvre, afin que le Saint puisse tout prendre et le remplir de son Saint-Esprit. Et enfin, que de chrétiens parmi ceux qui connaissent la puissance d’une vie sainte, se lamentent de leurs infidélités et de leur incrédulité, en voyant combien plus riche et plus puissante aurait pu être leur entrée dans cette vie de sainteté, et combien plus complète aurait pu être la bénédiction qu’ils sont trop faibles pour communiquer aux autres! Oh! La question est bien nécessaire, en effet. Chacun de nous ne se la posera-t-il pas à nouveau? ne la
serrera-t-il pas de près? n’y répondra-t-il pas par le Saint-Esprit dont elle procède et ne la passera-t-il pas à ses frères, afin que les uns et les autres, nous puissions nous aider dans la foi et vivre en donnant à Dieu la réponse qu’il attend de nous?
    «Puis donc que tout doit se dissoudre, quels ne devons-nous pas être par une conduite sainte et pieuse!» Frères, le temps est court. Le monde passe avec sa convoitise. Les âmes païennes périssent! Les chrétiens, dorment! Satan seul serait-il actif et puissant?
    Les saints de Dieu sont l’espérance de l’Eglise et du monde. Ce sont eux que le Seigneur peut employer. «Quels ne devons-nous pas être par une conduite sainte et pieuse!» Ne chercherons-nous pas à être tels que le Père le commande: «saints comme il est saint?» Ne nous livrerons-nous pas comme tout de nouveau et sans réserve, à lui qui est notre sanctification et à son Saint-Esprit pour nous rendre saints dans toute notre conduite? Oh! à la pensée de l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ, de sa gloire future, de la fin qui s’approche, des besoins de l’Eglise et du monde, ne nous livrerons-nous pas à lui pour qu’il nous rende saints, comme il est saint, afin que nous recevions de lui une puissance de bénédiction pour tout croyant que nous rencontrons, lui portant le message de la volonté de Dieu à notre égard, étant lumière et moyen de salut pour le monde qui périt!
    Je termine par les paroles du saint volume: «Celui qui atteste ces choses dit: Oui, je viens bientôt. Amen. Viens, Seigneur Jésus». «Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous tous, les saints! Amen». «Soyez saints, car je suis saint».

    O Dieu très saint! qui nous as appelés à être saints, nous avons entendu ta voix nous demander: «Quels ne devez-vous pas être, par une conduite sainte et pieuse!» De toute notre âme, nous te répondons avec contrition et humilité; Père saint! oh! nous devrions être si différents de ce que nous avons été, en foi, en amour, en zèle, en piété, en humilité qui ressemble à celle de Christ et en sainteté; ô Père! nous n’avons pas été devant toi, devant le monde, ce que nous aurions dû et pu être! Père saint, nous te supplions de produire un réveil de vraie sainteté en nous et dans ton Eglise. Agis sur les ministres de ta Parole, afin qu’en prévision de ton retour ils remettent en lumière et fassent retentir la question: «Quels ne devez-vous pas être!» Fais peser sur eux et sur tout ton peuple, le lourd fardeau de la mondanité, du manque de sainteté qui les entoure, en sorte qu’ils ne cessent de crier à toi. Accorde-leur une vue si évidente, si claire du chemin de la sainteté, le chemin nouveau et vivant en Christ, qu’ils puissent prêcher Christ, notre sanctification, avec la puissance et la joie du Saint-Esprit, avec la voix confiante et triomphante de témoins qui se réjouissent de ce que tu as fait pour eux. O Dieu! ôte l’opprobre de ton peuple, fais disparaître le reproche qu’on lui adresse, hélas! avec justice, c’est que sa profession ne le rend pas plus humble, pas plus saint pas plus aimant, pas plus céleste que d’autres.
    Nous courbons humblement le genou devant toi, ô Père! pour que tu nous accordes selon les richesses de ta gloire, d’être puissamment fortifiés dans l’homme intérieur, par l’Esprit de sainteté. Amen.

NOTE A.   La sainteté en tant que droit de propriété

    Dans un petit livre intitulé: «Comment les écrivains bibliques ont compris la sainteté»? par Joseph Agar Beit, l’auteur s’est appliqué à établir que la sainteté indique notre relation avec Dieu et le droit de propriétaire qu’il possède sur nous.
    Ce qui était vrai pour l’individu était vrai pour toute la nation israélite. Lorsque Dieu déclare qu’elle doit être sainte, il affirme par là qu’elle doit lui être consacrée sans réserve.
    Les prêtres reçoivent l’ordre de se sanctifier, et cet ordre ils l’exécutent en se mettant à la disposition de Dieu, ou en se séparant de tout ce qui n’était pas en harmonie avec le service de Dieu.
    Lorsque Dieu affirme sa propre sainteté et qu’il nous veut saint comme Il est saint, Il donne une merveilleuse révélation de sa propre nature et de ce que doit être la nôtre. Une telle proclamation des droits de Dieu sur nous inaugura une ère nouvelle dans la vie d’Aaron et dans sa conception de Dieu, ce qui revient à dire que Dieu était saint pour Aaron et pour Israël, et qu’eux, étant la propriété de Dieu, devaient vivre saintement.
    Les hommes sanctifiaient Dieu lorsqu’ils lui rendaient le culte qu’il attendait d’eux. Jéhovah était le Saint d’Israël et Israël était saint (consacré) à l’Eternel. Cette relation mutuelle était fondée sur le fait que l’Eternel affirmait qu’Israël lui appartenait et que Lui l’Eternel voulait appartenir à Israël, être le Dieu d’Israël. En affirmant ainsi ses droits, Dieu manifestait sa nature: les êtres intelligents et ce qu’ils possédaient lui appartenaient.
    Cette affirmation de la sainteté de Dieu et de ses droits n’est pas un fait accidentel, mais elle découle de l’essence même de Dieu. Dans le Nouveau Testament, notre conception de la sainteté de Dieu grandit au fur et à mesure que nous prenons mieux conscience des droits de Dieu sur nous et du fait que ces droits découlent de la nature même de Dieu.
    La personne du Fils incarnée de Dieu nous présente l’idée biblique de la sainteté dans sa parfaite réalisation. Jésus entre absolument dans les pensées de Dieu, il réalise ses plans. En Christ, nous constatons la réalisation de la parfaite volonté de Dieu. «Celui qui m’a vu a vu mon Père». Il est le Saint de Dieu.
    Les disciples du Christ sont appelés des saints. En appelant ainsi ses enfants, Dieu proclame sa volonté qu’ils soient saints comme il est saint.
    Dans de nombreux passages, le mot saint signifie que l’homme doit vivre en ayant toujours Dieu pour seul et unique but. C’est là ce qui constitue la sainteté du peuple de Dieu.
    Il n’y a pas de bonheur en dehors de la sainteté. Si Dieu réclame notre consécration, c’est son amour pour nous qui l’y pousse. Quoique nous ne puissions pas atteindre la sainteté sans la pureté, cependant la sainteté est beaucoup plus que la pureté. Celle-ci est une qualité simplement négative tandis que la sainteté exige l’activité corporelle et mentale la plus intense dont nous soyons capables pour réaliser ici-bas la volonté de Dieu comme elle est réalisée dans le ciel.
    Notre sainteté est le résultat d’un contact spirituel intérieur avec Jésus, d’une communion intime avec lui qui a vécu sur la terre une vie parfaitement sainte qu’il reproduit en nous. Il est le cep, nous sommes les sarments. Il vit maintenant cette même vie glorifiée sur le trône du Père et Il nous la communique.
    La grande doctrine de la sanctification par la foi nous enseigne que Dieu réclame de nous une consécration sans réserve et que Lui seul réalise cette sainteté en ceux qui se confient en Lui. Ce qu’il demande, Il le donne à ceux qui croient. Quand notre cœur lui appartient, Dieu le remplit de sa vie. C’est là ce qui rend le cœur saint.
    Lorsque les séraphins adorent Dieu comme le Saint en se voilant la face et en répétant: Saint, Saint, Saint est l’Eternel, ils proclament un des attributs les plus profonds de la divinité et ils entendent affirmer plus que les droits souverains de Dieu en tant que propriétaire de ses créatures humaines.
    En nous disant: «Soyez saints comme je suis Saint,» Dieu qui nous a créés à son image, de peu inférieurs à Lui-même, nous révèle qu’il nous a créés pour que nous lui ressemblions.
    Essayons de découvrir ce qu’est la sainteté en Dieu. Elle est la plus glorieuse révélation de Dieu, elle est l’essence même de la personne de Dieu, et lorsqu’il est question de la sainteté des saints, nous avons la révélation la plus profonde du changement par lequel leur nature, dans ce qu’elle a de plus intime, est renouvelée à l’image de Dieu.

NOTE B  Remarques sur le mot «saint»

    Le sens du mot hébreu traduit par saint, «Kadosh», n’est pas connu avec certitude. Il est possible qu’il provienne d’une racine qui signifie briller. Ou bien d’une autre racine renfermant la double idée de nouveauté et de lumière. Ou encore, d’un vieux terme arabe, signifiant couper, séparer.
    Quelle que soit la racine exacte, l’idée maîtresse semble être non seulement celle de séparation, de mise à part, idée que l’Hébreu exprime par d’autres termes bien précis, mais celle que l’objet séparé se distingue de tout autre objet par la supériorité et l’excellence de sa valeur.
    Dans son Lexique du Nouveau Testament grec, à l’article consacré à l’étude du mot grec hagios, Cremer montre que la notion de sainteté est une notion entièrement biblique. «La conception de la Sainteté de Dieu que nous donne l’Ecriture, dit-il, quel que soit le rapprochement à faire dans la forme, est diamétralement opposée à toutes les conceptions grecques. Tandis que celles-ci, par elles-mêmes, excluent chez les divinités païennes toute idée d’amour, la conception scripturaire au contraire, n’ouvre à nos esprits toute la réalité de son sens que dans le plus étroit rapprochement avec la notion de l’amour divin». Il est de toute importance de noter que nous devons et le mot et la pensée à la seule révélation. Tout autre attribut de Dieu a dans quelque mesure son correspondant dans l’esprit humain: la notion de sainteté est essentiellement divine. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle, malgré le fait que Dieu, dans le Nouveau Testament ait si clairement désigné son peuple comme saint, ce terme a pourtant si peu pénétré dans le langage et dans la vie de tous les jours de l’Eglise Chrétienne?

NOTE C   La sainteté de Dieu

    La sainteté de Dieu.—Il n’y a pas un terme aussi exclusivement scripturaire, aussi distinctement divin que le mot saint. En conséquence de cette origine divine qui est la sienne, ce terme a un sens inépuisable. Il n’y a pas un attribut de Dieu que les théologiens aient trouvé aussi difficile à définir ou sur lequel ils diffèrent davantage d’opinion. Un bref examen des différents points de vue exprimés pourront nous faire comprendre combien peu l’idée de la Sainteté Divine peut être comprise et épuisée par une définition humaine, et comment c’est seulement dans la vie de communion et d’adoration que la sainteté qui surpasse toute intelligence peut être saisie comme une réalité.
    1. Le point de vue le plus rudimentaire, et où l’élément moral semble passer à l’arrière-plan, est celui où la notion de sainteté est associée à celle d’un Dieu séparé de sa création et élevé infiniment au-dessus de celle-ci. La sainteté ainsi conçue a été définie comme «la gloire incomparable de Dieu, Sa majesté infinie. Son titre à recevoir l’adoration de toutes ses créatures». Quoique toutes ces pensées soient étroitement unies avec la Sainteté de Dieu, elles ne nous font saisir malgré tout que les effets de cette Sainteté et non celle-ci dans sa véritable essence.
    2. Un autre point de vue nous amène à envisager la sainteté comme l’expression d’une relation entre Dieu et nous. Nous sommes appelés saints comme étant la propriété divine, mise à part pour Son service: donc Dieu qui Lui-même nous réclame pour être à Lui est Saint. Notre sainteté sert ici de point de départ pour nous amener à comprendre la Sainteté de Dieu. «Dieu est saint dans son essence, sainte est son alliance avec son peuple. Il est non seulement le Propriétaire, mais aussi le Bien suprême des siens, leur possession et la seule loi qui les gouverne» (Diestel) Il a déjà été fait mention de ce point de vue dans le présent volume (voir «Cinquième jour», notes).
    3. Abordons maintenant les vues de ceux qui envisagent la sainteté en tant qu’attribut moral. La conception la plus répandue est celle qui s’arrête à l’idée de pureté, de libération à l’égard du péché. «La sainteté est un terme général pour désigner l’excellence morale de Dieu. Nul n’est saint que Dieu seul: nul autre que Dieu n’est parfaitement pur; rien ne saurait limiter la perfection morale de son être». (Hodge).   L’idée de sainteté implique ici celle de pureté infinie, de haine et d’horreur du péché: le point de vue négatif est surtout mis en évidence. On comprend la place importante qu’a pris cette conception par le fait que, dans notre état de péché, la première impression que puisse faire sur nous la Sainteté de Dieu est une impression de crainte. Mais elle ne nous dit pas en quoi réellement cette excellence morale ou cette perfection de Dieu consiste.
    4. C’est un progrès sur le précédent point de vue que d’essayer de définir ce qu’est cette perfection divine. Une chose est parfaite lorsqu’elle est en tout point ce qu’elle doit être. Il est facile de définir ainsi la perfection, mais moins facile de définir ce qu’est la perfection de tel ou tel objet; ceci demande la connaissance de la nature de cet objet. Aussi nous devons nous contenter de termes très généraux qui définissent la sainteté de Dieu comme le bien essentiel et absolu. «La, sainteté en Dieu, c’est l’affirmation libre, réfléchie, calme, immuable, de Lui-même qui est le bien, ou du bien qui est Lui-même». (Godet, commentaire de Jean XVII, l1).
    5. Très rapproché du précédent est le point de vue qui envisage la sainteté, non pas seulement comme un attribut Divin, mais comme l’ensemble de ce que nous sommes habitués à envisager et à nous représenter isolément comme les attributs de Dieu. C’est ainsi que Bengel envisageait la sainteté comme la nature Divine elle-même, dans laquelle tous les attributs sont contenus.
    Dans le même ordre d’idée, Howe «voit dans la sainteté la Divine beauté, le produit parfait et harmonieux de tous les attributs divins». La sainteté Divine est la beauté dans sa plus grande perfection et la mesure de toute autre beauté. La Sainteté Divine est cette parfaite et immortelle beauté qu’aucune langue ne peut traduire, qu’aucun oeil ne peut contempler. La Sainteté pourrait être appelée l’attribut transcendantal de Dieu, qui se communique à tous les autres et jette sur chacun l’éclat de sa propre splendeur. C’est l’attribut divin par excellence». (Howe. Petit catéchisme de Whyte). Tel était l’aspect de la Sainteté Divine sur lequel Jonathan Edwards arrêtait sa pensée avec délices. «L’amour mutuel du Père et du Fils, dit-il, forme la troisième personne, le Saint-Esprit, ou la Sainteté de Dieu, qui est Sa beauté infinie». Par la communication de la Sainteté de Dieu, la créature a part à l’excellence morale de Dieu, à la beauté de la nature Divine, à sa perfection. «La sainteté comprend tout ce qui constitue la vraie excellence morale des êtres intelligents. Ainsi la Sainteté de Dieu n’est autre que l’excellence morale de la nature Divine, comprenant toutes Ses perfections, Sa justice, Sa fidélité, Sa bonté. Il y a deux sortes d’attributs en Dieu, en rapport avec notre manière de concevoir Ses perfections: Ses attributs moraux, qui tous se ramènent à Sa sainteté, et Ses attributs naturels, force, connaissance, etc., qui constituent Sa grandeur. Les personnes saintes, dans l’exercice de leur sainte affection aiment Dieu, tout d’abord à cause de la beauté de Sa Sainteté. La sainteté d’une créature intelligente est ce qui met le sceau d’une incomparable beauté sur toutes ses perfections naturelles. Ainsi en est-il en Dieu: la sainteté est d’une manière particulière la beauté de l’être Divin. Aussi l’Ecriture parle-t-elle à diverses reprises de la beauté de la sainteté. C’est elle qui rend tous les autres attributs divins glorieux et aimables.
    6. En parlant de la Sainteté de Dieu comme de l’excellence absolue de Sa nature, certains appuient avec une force très spéciale sur le point de vue moral. Le bien en Dieu ne doit pas être le simple produit de sa propre nature, il doit être l’effet d’une libre volonté. Ce qui est naturellement bon n’est pas la vraie réalisation du bien. L’exercice d’une libre volonté doit aussi trouver sa place en Dieu, pour qu’il soit, véritablement l’auteur du bien: car seule la volonté qui consciemment se détermine elle-même est capable de faire le bien comme tel. Dieu est la puissance de Sainteté qui ne peut ni ne veut se renier elle-même. Il est le Bien dans l’expression de sa nécessité la plus sainte: c’est ainsi qu’il est le Saint. (Dorner).
    7. On a fait remarquer que, dans les points de vues qui précèdent on n’a pas suffisamment tenu compte du fait que c’est spécialement comme Saint que Dieu est appelé le Rédempteur et qu’il accomplit l’œuvre de Son amour en vue d’élever ses créatures à la sainteté. On a été amené par là à cette conception que la sainteté et l’amour sont, sinon identiques, du moins en étroite corrélation. «Dieu est saint, digne de louanges au delà de toute expression, à cause de Sa grâce, et plein d’une infinie tendresse à l’égard de sa créature, dans laquelle il s’est plu à manifester la gloire de son amour». Dieu est saint en ceci que l’amour qui est en Lui triomphe de Sa juste colère (selon Osée 11,9) et Ses jugements ne s’exercent qu’après que toute possibilité de faire miséricorde s’est montrée inefficace. Cette sainteté se dévoile dans le nom que Dieu porte dans le Nouveau Testament, nom qui parle à la fois de Sa suprême grandeur et de Son amour tendre et condescendant, le nom de Père». (Stier, commentaire sur Jean 17.1).
    8. Ce dernier point de vue qui renferme une précieuse vérité, se rencontre avec celui-ci, où sont mis en lumière les deux vrais aspects de la Sainteté de Dieu. On peut le définir comme étant l’harmonie établie entre l’élément de conservation et l’élément de communication qui sont en Dieu. (En tant que Dieu Saint, Dieu hait le péché et cherche à le détruire. En tant que Dieu Saint, Il communique Sa sainteté au pécheur et l’élève ainsi à la hauteur de Son amour. La sainteté est l’essence de la gloire Divine, dont l’amour et la justice sont les deux aspects.
    «La sainteté est l’élément de conservation en Dieu, par lequel Il se soustrait à l’influence du monde extérieur et demeure conséquent avec Lui-même et fidèle à Sa propre Essence; par lequel aussi Il se crée librement un organisme divin qui ne vit que pour Lui et qui est son Eglise. (Lange). «La sainteté de Dieu est l’élément de conservation en Dieu, en vertu duquel Il demeure fidèle à Ses propres perfections, sans jamais sacrifier ce qui est Divin, ni admettre ce qui n’est pas Divin. Mais ceci n’est encore qu’un aspect. La sainteté de Dieu ne serait pas sainteté mais simple exclusivisme, si elle ne l’amenait à entrer dans de multiples relations avec ses créatures et ainsi à se révéler et à se communiquer à elles.

NOTE D

    Notre sainteté n’est donc pas une simple imitation de celle de Jésus, que nous réaliserions par nos propres résolutions; c’est la’ sienne elle-même, sa sainteté à Lui, celle qu’il a réalisée ici-bas à force de luttes et de sacrifices et que du sein de sa gloire, il nous communique. C’est la vie humaine telle qu’il l’a faite en sa personne, exempte de péché et agréable à Dieu, qu’il reproduit en nous. Prototype de cette vie nouvelle, il est en même temps la source d’où elle descend dans l’âme du croyant. Il fait resplendir dans le cœur de celui qui le contemple avec foi sa propre image et l’y fait rayonner avec une telle puissance qu’elle prend vie en lui, qu’elle y devient l’homme nouveau, et que le fidèle est ainsi «métamorphosé de gloire en gloire, comme par le Seigneur qui est Esprit». (2Corinthiens 3:18)
    Jésus avait indiqué lui-même cette relation qui devait exister un jour entre sa sainteté et la nôtre, dans cette parole, souvent jugée obscure, mais qui, après tout ce qui précède me paraît bien claire: «Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité.». (Jean 17:19) En d’autres termes: «La sainteté que je réalise dans ma vie deviendra la leur par la communication que je leur en ferai; et alors ils seront véritablement saints comme Je suis saint». Jésus a exprimé cette même pensée dans ces mystérieuses images: boire son sang, manger sa chair, (Jean 6) qui se rapportent évidemment, d’après l’explication qu’il en donne lui-même (v. 6) à l’opération par laquelle son Esprit approprie au croyant sa chair, c’est-à-dire sa vie consacrée à Dieu et son sang, c’est-à-dire sa mort pour le péché, avec la mort au péché qui y est impliquée.
    Notre sainteté n’est pas proprement nous, changeant et devenant meilleurs; car après cinquante ans de travail fidèle il nous arrive de nous retrouver tout à coup, dès que notre propre nature reprend le dessus, aussi mauvais qu’un demi siècle auparavant; c’est bien plutôt Lui grandissant en nous, de manière à remplir notre cœur et à bannir graduellement notre moi naturel, notre vieil homme, qui, lui, ne s’améliore pas, et n’a autre chose à faire qu’à périr.
    Comment s’opère dans la pratique cette espèce d’incarnation par laquelle Christ devient lui-même notre nouveau moi? Par un procédé libre et moral, que Jésus a décrit dans une parole qui nous étonne parce qu’elle met sa sanctification presque sur le même pied que la nôtre: «Comme le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange, lui aussi, vivra par moi». (Jean 6:57) Jésus se nourrissait du Père qui l’avait envoyé, et vivait par lui. Cela signifie sans doute qu’à chaque fois qu’il devait agir ou parler, il commençait par s’effacer lui-même, puis il laissait le Père vouloir, penser, agir, être tout en Lui. Pareillement, lorsque nous sommes appelés à faire un acte ou à prononcer une parole, nous devons commencer par nous annuler nous-mêmes en face de Jésus, et après avoir supprimé en nous, par un acte énergique, tout désir propre, laisser Jésus déployer sa volonté, sa sagesse, sa force. C’est ainsi que nous vivons par lui, comme il vivait par le Père, que nous le mangeons, (c’est l’image dont il se sert) comme il se nourrissait du Père.
    Le procédé de Jésus et le nôtre sont identiques. Seulement celui de Jésus se rapportait directement à Dieu, parce qu’il était en communion immédiate avec Lui, tandis que le nôtre s’adresse à Jésus parce que c’est avec lui que le croyant communique immédiatement et par lui seulement que nous trouvons et possédons «le Père qui est vivant». Là est le secret généralement si peu compris de la sanctification chrétienne.
    Mais nul ne saurait pratiquer cet art suprême sans prendre dès l’abord la position glorieuse qui nous est faite en Jésus-Christ, telle que l’enseigne Saint Paul. Quand cet apôtre veut nous apprendre comment on parvient à mourir au péché et à vivre à Dieu, voici comment il s’exprime: «Faites votre compte que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu, en Jésus-Christ, notre Seigneur». Ce langage n’est guère conforme à celui de la raison. La sagesse humaine dit: «dégage toi peu à peu des liens du péché; apprends graduellement à aimer Dieu et à vivre pour lui». Mais de cette manière nous ne rompons jamais radicalement avec le péché et nous ne nous donnons jamais complètement à Dieu. Nous demeurons dans l’atmosphère terne et trouble de notre propre nature et nous ne parvenons point à la pleine clarté de la sainteté divine. La foi au contraire, nous élève en quelque sorte d’un bond à la position royale qu’occupe maintenant Jésus-Christ, et qui en lui est déjà la nôtre. De là nous voyons le péché sous nos pieds; là nous savourons la vie de Dieu comme notre Véritable essence en Jésus-Christ. La raison dit: «Deviens saint pour l’être». La foi dit: «Tu l’es; deviens le donc. Tu l’es en Christ, deviens-le en ta personne». Ou, comme dit Saint Paul : «Vous êtes morts; mortifiez donc vos membres terrestres».
    C’est là ce qu’il y a de plus paradoxal dans le pur enseignement évangélique. Celui qui méconnaît ce fait intime ou le repousse, ne franchira jamais le seuil de la sanctification chrétienne. On ne rompt pas peu à peu avec le péché; on consomme d’un coup la rupture complète en s’appropriant l’expiation que Christ a consommée sur la croix. On ne gravit pas un à un les degrés du trône; on s’y élance et s’y assied en Christ par l’acte de foi qui nous incorpore à Lui. Puis du haut de cette position, sainte par essence, on domine victorieusement le moi, le monde, Satan, toutes les puissances du mal. C’est dans ce milieu de sainteté absolue où l’on se trouve transporté, que l’on revêt l’image à la fois divine et humaine du Fils de Dieu.

NOTE E


    Je désire une fois de plus renvoyer tous ceux qui étudient le sujet de la sainteté à l’ouvrage de Marshall sur la Sanctification, et surtout au troisième et au quatrième chapitres de cet ouvrage. S’ils veulent comparer ce volume avec nos ouvrages modernes,—par exemple, le Chemin de Dieu qui conduit à la Sainteté, par l’éminent Dr. H. Bonar,—ils ne peuvent faire autrement que d’être frappés par la place que donne Marshall à cette seule pensée, que notre sainteté, une nature sainte, nous est donné en Jésus, et que la sanctification est l’œuvre de la foi qui accepte le fait d’une union personnelle de notre être avec Jésus et persévère. Tandis que d’autres ouvrages, au contraire, ne font que mentionner incidemment cette union de notre être avec Christ, appuyant surtout sur nos devoirs et sur les motifs qui nous poussent à les pratiquer, Marshall fait ressortir combien ces motifs sont incapables de nous communiquer la force dont nous avons besoin: c’est la puissance de la vie de Christ en nous, c’est Christ Lui-même, lorsque par la foi nous sommes enracinés en Lui, qui accomplit en nous toute oeuvre vraiment agréable à Dieu.
NOTE F  Le double résultat de la Rédemption

(Extrait d’un discours du pasteur Stockmans)
    «Qui s’est donné Lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui Lui appartienne, purifié par Lui et zélé pour les bonnes oeuvres».
    «Dans l’œuvre de la rédemption de notre Sauveur Jésus-Christ, il y a deux aspects bien distincts. Vous ne saurez jamais le secret de demeurer en Christ, aussi longtemps que vous ne saurez pas discerner ces deux aspects. Le premier, c’est «Jésus pour moi», le second, «moi pour Christ». Béni soit notre Seigneur, Il est venu pour les pécheurs. Lui pour nous. Béni soit le Seigneur, il y a rédemption pour le coupable. Mais ce n’est pas là tout ce que signifie la rédemption. Par ce même Saint-Esprit qui est le guide qui nous conduit à la pleine possession de tout ce que Christ nous a acquis et par sa vie et par sa mort, il faut que vous arriviez à saisir la seconde partie de la rédemption. Il s’est donné Lui-même, afin de nous racheter de toute-iniquité,—non pas que nous ayons la joie de nous complaire dans notre état de pureté ou de sainteté, ou autres choses semblables; mais afin qu’il puisse nous posséder entièrement pour Lui-même «afin de se faire un peuple qui Lui appartienne», un peuple qui Lui appartienne à Lui seul, qui soit vraiment Sa possession.
    «Et maintenant, qu’est-ce que la rédemption?—L’affranchissement du moi, même du moi spirituel. Nous ne sommes pas faits pour être le centre de notre propre vie, le centre de notre joie, de notre marche en avant, ayant dans nos pauvres et faibles mains le fil de notre vie spirituelle. Il n’y a de vraie vie spirituelle qu’en Christ, et Il doit prendre soin de celle-ci du commencement à la fin. Levez les yeux, chers frères, vous qui, si longtemps, vous êtes traînés à terre péniblement. Nous sommes faits pour la gloire de Dieu, pour être la propriété de Jésus-Christ. Le Seigneur notre Dieu en donnant Son Fils, l’Agneau de Dieu, Son Agneau à Lui, a trouvé le moyen pour amener de pauvres créatures, si entièrement plongées dans l’égoïsme que, même dans la ligne de la vie Chrétienne, elles étaient capables de se rechercher elles-mêmes, à devenir, dans le sens le plus pratique. Sa propre possession à être possédées par Jésus. C’est là, et là seulement, le sens de la rédemption.
    C’est là que votre âme trouvera sa pleine satisfaction, lorsqu’elle ne pourra plus se satisfaire d’une expérience personnelle quelle qu’elle soit, mais laissant là ses expériences, lorsqu’elle pourra dire: je suis libre, libre comme les enfants d’Israël à la sortie d’Egypte, libre pour le service de mon Dieu.
    «Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve». Vous êtes libre, libre par le sang de Christ, libre par la puissance du Saint-Esprit. Aucune autre puissance n’est capable de vous retenir en arrière. Le Seigneur a étendu Son bras sur toutes les puissances qui nous avaient gardé dans l’esclavage en Egypte et Il en a triomphé. Vous êtes libre comme l’oiseau des cieux pour vivre désormais en Jésus; libre dans votre vie de tous les jours, libre jusque dans les profondeurs les plus mystérieuses de votre être, libre pour Jésus, la propriété de Jésus, un peuple qui lui appartient. Laisse aller mon peuple, dit Dieu. J’ai donné mon sang, dit Jésus; et ni la chair, ni le péché, ni la puissance subtile de votre propre moi ne peut plaider contre le sang de Jésus. Il s’est fait à Lui-même, non pas à nous, un peuple qui Lui appartienne...
    «Vous demandez le secret de demeurer en Jésus. N’avez-vous pas lu dans le quinzième chapitre de Jean que demeurer en Jésus et porter du fruit sont deux choses inséparables? Vous ne pouvez demeurer en Jésus pour Sa joie et en même temps pour votre propre satisfaction. Le secret pour demeurer est de prendre votre position de racheté, aussi fermement dans la deuxième partie de la rédemption que dans la première. Je vis maintenant pour Jésus et je dis au Seigneur: Seigneur, qu’y a-t-il à faire pour toi maintenant? Je suis pour toi. Je vis pour Jésus. Je n’ai qu’à suivre, à suivre comme un être sanctifié, comme un être qui ne se possède plus lui-même, qui ne vit plus pour lui-même, qui a mis sa vie tout entière entre les mains de Jésus. Oh, comme il est simple de demeurer en Lui! Ce n’est pas du mysticisme; ce n’est pas une expérience spéciale. C’est tout simplement un
fait. J’ai besoin de Jésus à chaque instant de ma vie, et mes tentations, aussi bien que mes devoirs, sont autant d’occasions de réaliser cette vie de communion avec Christ. Oh, oui, c’est là la rédemption! Oh, merveilleuse puissance de Dieu le Père, de Dieu le Fils, de Dieu l’Esprit Saint, capable de garder une pauvre, faible et infidèle créature comme vous et moi au centre de la vie!
Scellé par le Saint-Esprit. Jamais Dieu ne brisera Son propre sceau!»
(fin)
Rev. Murray Andrew