vendredi 5 juillet 2013

A l'Oeuvre Dwight Lyman Moody

(deuxième partie)


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6 La puissance des petites choses
7 Elle a fait ce qu'elle a pu
8 Qui est mon prochain ?
9 Vous êtes la lumière du monde

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Chapitre 6
LA PUISSANCE DES PETITES CHOSES

    Nous lisons au chapitre vingt-cinquième du livre de l'Exode : « L'Éternel parla à Moïse, et dit: Parle aux enfants d'Israël. Qu'ils m'apportent une offrande; vous la recevrez pour moi de tout homme qui la fera de bon cœur. Voici ce que vous recevrez d'eux en offrande : de l'or, de l'argent et de l'airain ; des étoffes teintes en bleu, en pourpre, en cramoisi ; du fin lin et du poil de chèvre ; des peaux de béliers teintes en rouge et des peaux teintes en bleu ; du bois d'acacia ; de l'huile pour le chandelier, des aromates pour l'huile d'onction et pour le parfum odoriférant ; des pierres d'onyx et d'autres pierres pour la garniture de l'éphod et du pectoral. Ils me feront un sanctuaire, et j'habiterai au milieu d'eux; vous ferez le tabernacle et tous ses ustensiles d'après le modèle que je vais te montrer. »
    Je suis très heureux que ceci ait été rapporté pour notre instruction. Comme cela devrait nous encourager à croire que chacun de nous peut contribuer en quelque mesure à élever les murs de la Sion céleste ! Dans tous les âges, Dieu a pris plaisir à se servir des faibles et des petits. Dans son épître aux Corinthiens, saint Paul parle de cinq choses dont Dieu se sert : « Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde, et les plus méprisées, même celles qui ne sont point, pour anéantir celles qui sont, afin que personne ne se glorifie devant lui. »
    Remarquez ces cinq choses : les choses folles, les choses faibles, les choses viles, celles qui sont méprisées et celles qui ne sont point. Et pour quel but les a-t-il choisies ? « Afin que personne ne se glorifie devant lui ! » Quand nous sommes faibles, c'est alors que nous sommes forts. Nous sommes souvent portés à croire que nous n'avons pas assez de force ; le fait est que nous avons trop de force, au contraire. C'est quand nous reconnaissons que nous n'avons pas de force par nous-mêmes, que nous consentons à devenir des instruments dociles dans la main de Dieu. Si nous nous appuyons sur Dieu, nous sommes plus forts que le monde.
    Ce n'est pas l'intelligence humaine qui sauvera le monde. Quand nous renoncerons à avoir confiance en nous-mêmes, Dieu nous remplira de sa plénitude. Nous serons puissants auprès de Dieu et auprès des hommes.
    Dans le livre de l'Apocalypse, Jean nous raconte qu'il eut un jour une vision qui le fit beaucoup pleurer. Il vit un livre scellé, et il n'y avait personne qui pût ouvrir le livre ni lire dedans. Abel, ce saint homme de Dieu, n'était pas digne de l'ouvrir; ni Enoch, qui avait été transporté au ciel sans passer par la mort; ni Elie, qui avait été enlevé dans un chariot de feu ; ni même Moïse, ce grand législateur; ni Esaïe, ni aucun des prophètes; personne n'en était digne. Et comme Jean pleurait beaucoup, un des vieillards lui dit: Ne pleure point: voici, le Lion de la tribu de Juda et de la race de David a vaincu pour ouvrir le livre et délier ses sept sceaux. - Et quand Jean regarda pour voir qui était le Lion de la tribu de Juda, il vit que ce Lion était un agneau ! Le Lion de Dieu est un agneau ! Lorsque nous aurons la douceur des agneaux, rien ne s'opposera à ce que Dieu nous emploie, et nous deviendrons forts à son service. Nous avons tous nos moments de faiblesse, n'est-il pas vrai ? Eh bien, appuyons-nous sur la puissante force de Dieu.
    Je vous ferai observer qu'au point de vue humain, tous les hommes appelés par Jésus-Christ étaient des faibles et des petits. Ils n'avaient ni rang, ni titre, ni fortune, ni instruction. Presque tous étaient des pêcheurs et des gens illettrés ; cependant, Jésus les a choisis pour fonder son royaume.
    Lorsque le moment fut venu de faire sortir d'esclavage les Israélites, Dieu n'envoya pas une armée à leur secours : il envoya un seul homme. A toutes les époques, Dieu s'est servi des choses faibles du monde pour accomplir ses desseins.
    J'ai lu il y a quelque temps le récit d'un fait qui montre la puissance d'un simple traité. Il existe une société qui s'est fondée dans le but d'envoyer par la poste des traités religieux aux personnes qui, par leur position sociale, ne sont pas exposées à en recevoir autrement. Un de ces traités, intitulé : Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu, fut mis sous enveloppe, et envoyé par la poste à un monsieur bien connu par son incrédulité et par son opposition à la religion. Il était assis dans son cabinet de travail quand cette enveloppe lui fut remise avec ses autres lettres. « Qu'est-ce que cela ? dit-il. Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ? Qui a pu avoir l'impertinence de m'envoyer cette insanité ! » Et prononçant une imprécation contre son correspondant anonyme, il allait jeter au feu la petite feuille, quand il se ravisa subitement :
-Non, se dit-il, au lieu de la brûler, je vais l'envoyer à mon ami B. C'est une bonne farce à lui jouer, et ce sera drôle d'entendre ce qu'il en dira.
    Il mit aussitôt le petit traité dans une nouvelle enveloppe, et prenant soin de contrefaire son écriture, il l'adressa à son ami qui partageait ses opinions et sa manière de vivre.
    Le petit traité ne fut pas mieux accueilli que la première fois. M. B. lança un juron contre toutes ces fadaises méthodistes, et son premier mouvement, à lui aussi, fut de jeter le papier au feu ; mais ses yeux furent arrêtés par le titre : Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu. - Il se mit à lire, sa conscience fut réveillée, il rentra en lui-même, et finit par se convertir. Dès que ce grand changement se fut fait dans son cœur, il songea à ses amis incrédules. « Pourrais-je garder pour moi seul la lumière et la vérité que j'ai reçues? » se dit-il. A son tour, il mit le petit traité sous enveloppe et l'envoya à l'un de ses anciens compagnons. Chose merveilleuse, la flèche toucha le but. Cet ami lut la petite feuille et fut converti. Tous les deux sont restés de fidèles disciples du Sauveur qui les a rachetés.
    Nous lisons dans l'Évangile selon saint Matthieu : «Le royaume des cieux est semblable à un homme qui, s'en allant en voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l'un, à l'autre deux, et à l'autre, un à chacun selon ses forces; et il partit aussitôt.
    Remarquez ceci : il donna à chacun selon ses forces. Il confia à chaque serviteur le nombre de talents qu'il était capable de faire valoir. J'entends souvent des personnes se plaindre un peu des talents qu'elles ont reçus ; mais nous avons chacun de nous le nombre de talents dont nous pouvons tirer parti. Si nous sommes soigneux de ce que nous avons, Dieu nous en confiera davantage. Il y avait huit talents à distribuer entre trois serviteurs. Le maître en donna cinq à l'un, deux à un autre et un seul au troisième.
    Puis il s'en alla, et les serviteurs comprirent fort bien qu'ils étaient chargés de faire valoir leurs talents. Dieu n'est pas déraisonnable. Il ne nous demande pas ce que nous ne pouvons pas faire; mais il nous donne des talents selon nos forces, et il s'attend à ce que nous les mettions à profit.
    « Celui qui avait reçu cinq talents, s'en alla et en trafiqua ; et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui en avait reçu deux, en gagna aussi deux autres ; mais celui qui n'en avait reçu qu'un, s'en alla, et creusa dans la terre, et y cacha l'argent de son maître. »
    Le serviteur qui n'avait reçu que deux talents obtint exactement les mêmes éloges que celui qui en avait reçu cinq. Celui-ci avait doublé son capital, et son maître lui dit : « Cela va bien, bon et fidèle serviteur.» Celui qui n'avait reçu que deux talents, les doubla aussi, de sorte qu'il eut quatre talents, et son maître lui dit, comme au premier: « Cela va bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton seigneur. » Si le serviteur qui n'avait reçu qu'un talent l'avait mis à profit, il aurait été approuvé comme les autres.
    Mais que fît-il? Il le cacha dans la terre: ce fut sa manière de comprendre son devoir. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et il leur fit rendre compte. Que lui apporta ce troisième serviteur? Le talent qui lui avait été confié, et voilà tout.
    Ceci me rappelle l'histoire d'un homme, en Amérique, qui possédait une somme de mille dollars. Il la serra dans une cachette, croyant que c'était la meilleure manière d'en prendre soin, et que cet argent serait une ressource pour ses vieux jours. - Au bout de vingt ans, il retrouva ses mille dollars tels qu'il les avait déposés dans sa cachette. S'il les avait placés à intérêt, au contraire, comme il aurait dû le faire, cette somme aurait été doublée et même triplée. Il avait commis l'erreur que tant de chrétiens commettent aujourd'hui: il n'avait pas mis ses talents à profit. Une expérience mainte fois renouvelée m'a appris que ceux qui critiquent les autres le plus volontiers sont ceux qui n'ont rien à faire. Si vous êtes très occupés à faire valoir les talents que Dieu vous a confiés, vous aurez trop à faire pour critiquer et blâmer ce que font les autres.
    Dieu nous a donné beaucoup d'occasions de le servir, et il veut que nous les mettions à profit. Nous sommes beaucoup trop portés à croire que notre temps et notre fortune nous appartiennent. Rien n'est plus fréquent que d'entendre dire: «J'ai le droit de faire ce que je veux avec ce qui m'appartient» 
    Un de mes amis se trouvait près du lit de mort d'un officier supérieur qui avait exercé avec succès un commandement important pendant la guerre des Indes ; il lui demanda s'il avait peur de mourir.
-Nullement, fut la réponse.
- Comment cela se peut-il, demanda mon ami.
- Je n'ai jamais fait de mal, répondit l'officier.
- Si vous alliez être traduit devant un conseil de guerre pour y rendre compte de vos actions comme militaire, je pense que vous vous attendriez à être acquitté, reprit mon ami.
    Le mourant se redressa avec une énergie dont on ne l'aurait pas cru capable, tant il était affaibli par la maladie, et s'écria: « Je le crois bien ! »
- Mais ce n'est pas devant un conseil de guerre que vous allez comparaître,
- c'est devant le tribunal de Christ ; et quand Jésus vous demandera: Qu'as-tu fait pour moi? que répondrez-vous ?
- La physionomie du vieil officier changea d'expression. Il regarda fixement son ami, et lui répondit avec angoisse : « Rien; je n'ai jamais rien fait pour Christ.»
    Il comprit alors la terrible méprise de ceux qui vivent en ne s'occupant que de leurs rapports avec leurs semblables, et qui oublient leurs rapports avec Dieu et avec Christ. De là, cette erreur qu'il suffit de faire du bien à ceux qui nous entourent, ou même de ne pas leur faire de mal, pour que cela nous tienne lieu d'avoir vécu pour Dieu. Qu'avez-vous fait pour Christ? Voilà la grande question.
    Au bout de quelques jours, mon ami retourna chez le vieil officier, et lui demanda où il en était. « Je
sens que je suis un grand pécheur; répondit-il, et que j'ai besoin du Sauveur des pécheurs.» Peu de temps après, il quitta cette vie, s'appuyant uniquement, selon toute apparence, sur les mérites de Jésus-Christ. Quelles terribles suites aurait eues la fausse sécurité dans laquelle il se reposait !  
    Pourtant, cette sécurité est celle d'une multitude de gens, qui ne comprendront la vérité que devant le tribunal de Christ.
    Je suis de plus en plus convaincu que les hommes qui agiront sur les masses de la manière la plus durable seront des hommes d'une capacité moyenne. Après tout, c'est le petit nombre seulement qui a reçu de grands talents. Voici un homme qui possède un talent ; son voisin en a trois ; peut-être n'ai-je reçu qu'un demi-talent. Mais qu'importe ? si nous nous mettons tous à l’œuvre et si nous utilisons les dons que nous avons reçus, Dieu nous bénira ; nous pourrons ainsi doubler ou tripler notre capital. Ce qui importe, c'est que nous soyons occupés aux affaires de notre Maître, chacun à la place où il nous a mis. Plus nous mettrons à profit nos ressources actuelles, plus nos facultés se développeront, plus les occasions de faire le bien se multiplieront.
    Une allégorie orientale nous parle d'un marchand qui avait deux amis. Avant de partir pour un pays lointain, il leur remit à chacun deux sacs de blé, en les priant d'en prendre soin jusqu'à son retour. Les années s'écoulèrent. Il revint enfin, et demanda à ses amis les sacs qu'il leur avait confiés. Le premier le conduisit dans un grenier et lui montra ses sacs; ils étaient couverts de moisissure et ne valaient plus rien.
    L'autre, au contraire, le mena dans la plaine et lui montra plusieurs champs dont la riche moisson ondulait sous le souffle du veut. C'était le produit de ses deux sacs. « Tu as été un ami fidèle, lui dit le voyageur. Donne-moi deux sacs de ce blé, tout le reste est à toi. »
    Une dame se plaignait à moi un jour de n'avoir pas l'assurance de son salut. En réponse à une question que je lui fis, elle me dit qu'elle était chrétienne depuis bien des années ;« Qu'avez vous fait pour Christ ? » lui demandai-je. «Je ne crois pas, me dit-elle, avoir jamais eu l'occasion de faire quelque chose pour Christ. » Je plains ceux qui se disent chrétiens et qui ne trouvent pas, de nos jours, l'occasion de faire quelque chose pour Christ. Je me demande dans quel milieu ils peuvent bien vivre. Comment peut-on connaître le Seigneur Jésus-Christ, en plein dix-neuvième siècle, et dire qu'on n'a pas l'occasion de lui rendre témoignage ! Il est certain qu'on n'a pas à chercher loin des occasions de parler et de travailler pour le Maître, pour peu qu'on ait envie de le faire. «Levez les yeux, et regardez les campagnes; elles sont déjà blanches et prêtes à être moissonnées. » Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses, contentez-vous d'en faire de petites.
    J'ai reçu il y a quelque temps un petit traité intitulé : « Qu'y a-t-il dans ta main? » et je suis très reconnaissant à la personne qui me l'a envoyé. Ces paroles furent adressées par Dieu à Moïse lorsqu'il l'appela pour aller en Égypte délivrer les Israélites de la maison de servitude. Vous vous rappelez toutes les excuses de Moïse. Il n'était pas éloquent, il n'était pas ceci, il n'était pas cela; en un mot, il ne pouvait pas aller en Égypte. Comme Esaïe, il voulait que le Seigneur envoyât quelqu'un d'autre. Enfin l'Éternel dit à Moïse : « Qu'y a-t-il dans ta main? » Il y avait une verge. Peut-être quelques jours auparavant, ayant besoin d'une baguette pour conduire son troupeau, avait-il taillé une branche dans ce but. Il est probable que cette baguette n'avait absolument rien de remarquable ; et pourtant ce fut cette baguette-là qui devint l'instrument de la délivrance des Israélites. Il plut a Dieu d'y joindre sa puissance, et cela suffit.
    Je crois voir Moïse en route pour l'Égypte. Chemin faisant, il rencontre quelqu'un des philosophes ou des libres-penseurs de son temps qui lui demande où il va. «Je vais en Égypte. » - « Vraiment, tu retournes vivre en Égypte ? » « Non, je vais faire sortir mon peuple de la maison de servitude. » - «Comment ! Tu veux le délivrer de la main de Pharaon, le plus puissant souverain de notre temps. Tu crois que tu vas affranchir trois millions d'esclaves de la puissance des Égyptiens? » - « Oui. » - « Quels moyens vas-tu employer ? » - « Cette verge. »
    Que cette verge dut paraître méprisable aux yeux de ce libre-penseur égyptien ! Quelle idée de vouloir délivrer trois millions d'esclaves au moyen d'une baguette ! Nous avions trois millions d'esclaves aux Etats-Unis ; et il a fallu qu'un demi-million d'hommes fussent étendus sur les champs de bataille avant que ces esclaves fussent rendus libres. La fleur de la nation américaine a dû descendre dans la tombe pour rendre la liberté à nos esclaves.
    Voilà donc cet homme, faible, isolé, se rendant en Égypte pour se présenter devant un Pharaon qui avait droit de vie et de mort surtout ceux qui l'approchaient; et le seul instrument qu'il eût pour délivrer son peuple de l'esclavage, c'était cette baguette. Mais voyez les merveilles qu'elle opéra. Lorsque Moïse voulait faire venir les plaies sur le pays d'Égypte, il n'avait qu'à étendre sa verge, et les fléaux annoncés couvraient le pays. C'est par elle que l'eau avait été changée en sang, et plus tard, lorsque les Israélites arrivèrent au bord de la Mer Rouge et voulurent la traverser, Moïse n'eut qu'à lever sa verge; aussitôt, les eaux se séparèrent, et le peuple passa à pied sec. Dans le désert, lorsque le peuple se mourait de soif, Moïse leva de nouveau sa verge, il en frappa le rocher, l'eau jaillit et le peuple put se désaltérer. Cette insignifiante petite verge était devenue toute-puissante. Seulement la puissance venait du Dieu de Moïse qui daignait se servir de ce faible instrument.
    Il faut tirer de cette histoire une leçon pratique. Dieu veut que nous nous servions de ce que nous avons, et non de ce que nous n'avons pas. Quels que soient vos dons et vos talents, déposez-les aux pieds du Maître. Moïse se servit de ce qu'il avait, et vous savez quelles grandes choses il a accomplies. Si nous sommes disposés à dire., « Me voici, je suis prêt, fais de moi ce qu'il te semblera de bon, » - le Seigneur se servira de nous. Il joindra sa force à notre faiblesse, et nous pourrons faire de grandes choses pour lui.
    Voyez aussi Josué sous les murs de Jéricho. Si vous lui aviez demandé avec quoi il comptait renverser les murailles de la ville, il vous aurait montré quelques cornes de béliers. Ces cornes devaient paraître bien ridicules aux yeux des habitants de Jéricho. Peut-être y avait-il quelques géants dans la ville; dans ce cas, comme ils devaient prendre en pitié ces Israélites qui faisaient le tour de la ville en soufflant dans ces cornes. Mais Dieu peut se servir des choses viles, même des choses méprisées.
    Quelque méprisables que fussent ces cornes de béliers aux yeux des hommes, le peuple continua à faire ce que Dieu lui avait commandé ; et lorsque le moment fut venu, les murailles s'abattirent et la ville fut prise. Les Israélites n'avaient ni catapultes, ni armes de siège d'aucun genre. Ils se servirent tout simplement de ce qu'ils avaient en leur possession, et Dieu les bénit.
    Voyez Samson allant à la rencontre d'un millier de Philistins. Qu'a-t-il avec lui? Une mâchoire d'âne!
Si Dieu peut se servir d'un instrument pareil, il peut aussi se servir de nous, n'est-il pas vrai? Oseriez-vous prétendre qu'il ne peut pas utiliser les services de cette femme, de ce petit garçon? Il n'y a pas une seule personne dans cette salle dont Dieu ne puisse utiliser les services, si elle les lui offre.
    Lors de ma première visite en Angleterre, j'entendis un jour un Écossais dire que probablement chacun des soldats de l'armée de Saül était convaincu que Dieu pourrait, s'il le voulait, se servir de lui pour aller tuer le géant Goliath. Un seul homme crut que Dieu se servirait réellement de lui. David alla à la rencontre de Goliath, et nous savons quel en fut le résultat. Tous, nous croyons que Dieu peut se servir de nous; il faut faire un pas de plus et croire que Dieu va se servir de nous à présent. Si nous lui offrons nos services, il les acceptera. Les petits cailloux que David avait ramassés dans le torrent durent paraître bien méprisables aux yeux de Goliath. Saül lui-même avait voulu que David prît son armure, et s'en revêtit. David fut sur le point de céder ; mais il reprit sa fronde avec les cinq petits cailloux, et partit. Le géant de Gath tomba devant lui. Faisons comme David. Marchons en avant au nom du Dieu des armées, servons-nous des ressources qu'il nous a confiées, et il nous donnera la victoire.
    J'entends souvent dire : Si telle ou telle personne haut placée se convertissait, quel bien ne pourrait-elle pas faire grâce à son influence ou à sa fortune. - C'est vrai, mais il se peut que Dieu choisisse quelque pauvre vagabond, et en fasse l'instrument le plus puissant de sa grâce. John Bunyan n'était qu'un pauvre chaudronnier de la ville de Bedford ; pourtant il fit plus pour la cause de Dieu que tous les nobles et tous les riches de son temps. Dieu le prit par la main, et lui communiqua sa puissance, si bien que cet homme ignorant put écrire le merveilleux petit livre qui n'a pas cessé, depuis deux cents ans, de consoler, de fortifier les cœurs affligés et découragés. Ne l'oublions pas, - si nous sommes disposés à travailler pour Dieu, Dieu est encore plus disposé à se servir de nous.
    J'ai entendu un jour un prédicateur anglais parler de la multiplication des cinq pains d'orge et des deux poissons. Il se peut, disait-il, que Jésus ait commencé à rompre un des pains, et qu'il en ait donné un morceau à l'un de ses disciples pour qu'il le distribuât au peuple. Je me figure que le disciple a dû donner d'abord de tout petits morceaux, de peur d'en manquer ; mais quand il vit que sa provision ne diminuait pas, il a dû donner de plus gros morceaux. Plus il donnait, plus le pain se multipliait, jusqu'à ce que tout le monde fût rassasié.
    Les cinq pains et les deux poissons auraient facilement pu tenir dans une seule corbeille; mais après que le peuple eut fini de manger, les disciples remplirent douze corbeilles des morceaux qui restaient. Ils étaient plus riches à la fin qu'au commencement. Apportons aussi au Maître nos petits pains d'orge afin qu'il les multiplie.
    Vous dites que vous ne possédez pas grand'chose; eh bien! raison de plus pour mettre à profit ce que vous avez. Plus je travaille dans la vigne du Seigneur, plus je suis convaincu qu'un grand nombre de chrétiens se privent du bonheur de travailler pour Dieu parce qu'ils cherchent à faire quelque grande chose. Consentons à faire de petites choses, et souvenons-nous que rien n'est vraiment petit quand Dieu s'y trouve. Le serviteur d'Elie vint lui dire qu'il voyait s'élever de la mer un petit nuage, grand comme la paume de la main d'un homme. Ce fut assez pour Elie : « Monte, dit-il à son serviteur, et dis à Achab : Attelle ton chariot, et descends, de peur que la pluie ne te surprenne. » Elie savait que le petit nuage allait amener une grande pluie. Rien de ce que nous faisons pour Dieu n'est petit.
    Il y a quelques années, j'étais allé tenir des réunions dans une certaine ville. Chez les amis où je demeurais, je fis la connaissance d'une jeune fille qui me raconta qu'elle faisait un groupe tous les Dimanches après-midi dans une école populaire. Le Dimanche suivant, à notre réunion de l'après-midi, je remarquai cette jeune fille sur l'un des premiers bancs ; elle avait même dû venir de bonne heure pour être bien placée. Après le service, j'eus occasion de la voir, et je lui dis: « Je vous ai vue à la réunion aujourd'hui ; je croyais que vous aviez un groupe à l'école populaire. » - « Oui, c'est vrai. » - « Vous étiez-vous fait remplacer? » - « Non. ». - « Le Directeur était-il prévenu de votre absence? » - « Non. » - « Savez-vous au moins s'il y aura eu quelqu'un pour se charger de votre groupe ? » - «Non, et même je crains qu'il n'y ait eu personne, car j'ai vu un grand nombre de moniteurs à votre réunion de cet après-midi. » - « Est-ce ainsi que vous travaillez pour le Seigneur? » - « Je croyais que cela n'aurait pas d'importance ; je n'ai que cinq petits garçons ! » - « Cinq petits garçons ! Qui sait si dans ce nombre il n'y a pas un nouveau John Knox, ou un Wesley, ou un Bunyan. Vous ne pouvez pas deviner ce que deviendront ces enfants. Peut-être l'un d'eux est-il destiné à devenir un second Luther et à opérer une nouvelle réformation. C'est une grande chose pour n'importe qui d'avoir charge de cinq petits garçons, et de les amener à Dieu. Vous pouvez faire jaillir une source qui continuera à répandre ses eaux longtemps après que vous aurez disparu de la terre. »
    La mère des Wesley ne se doutait guère de l'avenir réservé à ses fils, lorsqu'elle les élevait pour Dieu et pour son règne. Voyez les résultats magnifiques de ces deux vies. On estime le nombre des Méthodistes à environ vingt-cinq millions, sur lesquels il y a plus de cinq millions de communiants. En Amérique seulement, il y a cent dix mille prédicateurs réguliers, des églises s'élèvent chaque jour et l’œuvre s'étend d'un bout à l'autre de la grande République. Tout cela a été opéré en moins de cent cinquante années. Que jamais une mère ne regarde comme une oeuvre de peu d'importance l'éducation de ses enfants. Aux yeux de Dieu, c'est une très grande oeuvre ; au jour de l'éternité, ses enfants se lèveront devant elle et l'appelleront bienheureuse.
    En disant cela, je pense en ce moment à un mère de famille que je connais en Amérique. Elle a douze fils, et chacun d'eux est un chrétien fervent. Plusieurs d'entre eux sont des prédicateurs de l'Evangile, et tous sont fidèles au Fils de Dieu. Peu de femmes ont fait plus pour leur patrie que cette mère de famille. C'est un immense privilège que de pouvoir mettre la main à l’œuvre de Dieu, d'être ouvriers avec lui.
    Le fleuve du Niagara est traversé par un pont qui est une des grandes voies commerciales du pays. Le chemin de fer y passe, et les trains se succèdent toute la journée à quelques minutes d'intervalle. Lorsqu'on se mit à construire ce pont, la première chose qu'on fît fut de lancer un fil d'une rive à l'autre au moyen d'un cerf-volant d'enfant. Une bien petite chose servit de point de départ à une œuvre magnifique. De même, si nous amenons une âme à Christ, l'éternité seule pourra nous en révéler les conséquences. Qui sait si, en sauvant cette âme, vous n'aurez pas préparé pour le service de Dieu un des chrétiens les plus éminents que le monde ait jamais vus.
    Il se peut très bien que nous ne soyons jamais appelés à faire de grandes choses ; mais tous nous pouvons faire quelque petite chose, si nous le voulons, et le résultat final sera considérable. Depuis bien des années, je me suis fait la règle de ne jamais laisser passer un seul jour sans parler à quelqu'un des choses de Dieu. Il y a déjà plusieurs années, que j'ai commencé, et si ma vie atteint la durée ordinaire de la vie humaine, j'aurai parlé à 18250 personnes individuellement. Il va sans dire que je ne compte pas là les personnes auxquelles je me serai adressé en public. Que de fois, dans nos rapports avec le monde, nous pourrions, nous chrétiens, diriger la conversation sur des sujets sérieux. Nous sommes entourés de cœurs travaillés et chargés; ne pouvons-nous rien faire pour les soulager?
    On a comparé ce monde à deux montagnes : l'une, formée des souffrances de l'humanité ; l'autre, de ses joies. Si chaque jour nous pouvons, en quelque mesure, abaisser la montagne de souffrances et élever la montagne de joies, au bout de l'année nous aurons obtenu de grands résultats.
    J'ai entendu faire à M. Spurgeon une remarque très juste. Lorsque Moïse prévint le roi d'Égypte qu'il allait faire monter des grenouilles sur tout le pays, Pharaon aurait pu dire : « Ton Dieu est donc le dieu des grenouilles? Je n'ai pas peur des grenouilles. Fais-les monter, si tu veux; cela m'est bien égal. » - « C'est possible, ô roi, mais les grenouilles sont en très grand nombre. » Et Pharaon ne tarda pas à s'en apercevoir.
    De même, il se peut que, pris individuellement, nous soyons faibles, méprisables aux yeux du monde, mais en somme, il y a un grand nombre de chrétiens répandus dans toute la ville de Londres, et à nous tous, nous pouvons faire de grandes choses. Supposons maintenant que, parmi les personnes qui m'écoutent en ce moment, chacun de ceux qui aiment le Seigneur Jésus prenne la résolution, avec l'aide de Dieu, de faire tous ses efforts pour amener une âme à Christ cette semaine. Y a-t-il un seul chrétien parmi ceux qui m'écoutent qui ne puisse amener quelqu'un au Sauveur? Si vous en êtes incapables, permettez-moi de vous dire qu'il y a quelque chose de coupable dans votre vie, et que vous ferez bien de le retrancher sans perdre de temps. Si vous n'exercez pas une influence bénie sur quelqu'un de vos amis ou de vos voisins, c'est que votre vie n'est pas ce qu'elle devrait être. Dieu veuille vous le montrer aujourd'hui!
  Je ne comprends pas comment tant de chrétiens peuvent se figurer qu'il faille nécessairement laisser s'écouler des années avant d'avoir le privilège de faire passer une âme des ténèbres du monde à la lumière de Dieu. Je ne crois pas non plus que l’œuvre de Dieu soit le privilège exclusif des pasteurs et des ministres. Ce monde perdu ne sera ramené dans les voies de l'obéissance et de la fidélité que lorsque les enfants de Dieu se rendront compte qu'ils ont une mission à remplir dans le monde. Si nous sommes de vrais chrétiens, nous devons tous être des missionnaires. Jésus-Christ est descendu du ciel pour accomplir une mission, et si nous sommes animés de son Esprit, nous serons tous des missionnaires. Si la conversion du monde nous laisse indifférents, si nous n'avons pas à cœur de ramener les hommes vers Dieu, soyons sûrs qu'il y a quelque grave lacune dans notre religion.
    Si vous ne vous sentez pas qualifiés pour parler aux grandes personnes, vous pouvez du moins parler aux enfants. Si vous leur parlez de leur âme avec bonté, ils s'en souviendront toute leur vie. Ils peuvent oublier un sermon, mais si quelqu'un va leur parler individuellement, ils se diront: « Cette personne doit prendre grand intérêt à moi ; sans cela, elle ne se serait pas donné la peine de me parler ». – Ils comprendront qu'ils ont une âme immortelle, et quand même le sermon serait au-dessus de leur portée, un léger effort individuel en leur faveur pourrait devenir la source d'une grande bénédiction.
    Cette méthode d'agir individuellement sur les consciences est parfaitement conforme à l'esprit de l'Évangile. Philippe fût rappelé de la Samarie, où il avait une grande oeuvre à faire, pour aller parler à un homme voyageant seul dans le désert. Le grand discours de Jésus sur la nouvelle naissance n'eut
qu'un seul auditeur, et ses merveilleuses paroles sur l'eau vive furent adressées à une pauvre femme pécheresse. Je plains les chrétiens qui ne veulent pas parler à une seule âme individuellement ; ils ne sont pas propres pour le service de Dieu. Nous ne ferons pas grand'chose pour Dieu dans le monde si nous ne voulons pas parler individuellement à ceux qui se perdent.
    Autre chose encore : Satan essaiera de vous faire croire que les enfants sont trop jeunes pour être sauvés ; ne le croyez pas. Il va sans dire qu'il n'est pas question de mettre de vieilles têtes sur de jeunes épaules ; mais ils peuvent donner leurs jeunes cœurs à Christ.
    Il y a bien des années, je dirigeais une école du Dimanche populaire à Chicago. Les enfants appartenaient presque tous à des parents incrédules, et comme je ne les avais qu'une heure à peine par semaine, il me semblait que le peu de bien qu'ils pouvaient recevoir le Dimanche ne manquerait pas d'être effacé pendant la semaine. Je me disais alors que si je parlais jamais en public, je ne me lasserais pas de supplier les parents d'élever leurs enfants pour Dieu, pour l'éternité, et de réfléchir à la suprême importance de ce devoir. En effet, l'un de mes premiers sermons fut sur ce sujet.
    Dès que j'eus fini mon discours, un vieillard à cheveux blancs se leva dans l'assemblée. Je tremblais des pieds à la tête, croyant qu'il allait critiquer ce que je venais de dire. Au lieu de cela: « Je désire confirmer, dit-il, toutes les paroles de ce jeune homme. Dans ma jeunesse, j'habitais un pays païen. Ma femme mourut, me laissant trois jeunes enfants. Le premier Dimanche après sa mort, ma fille aînée, qui avait dix ans, vint me dire : - Papa., puis-je emmener les enfants dans la chambre à coucher, et prier avec eux comme maman le faisait tous les Dimanches? Je le lui permis.
    « Au bout d'un certain temps, quand les enfants sortirent de la chambre, je vis que ma fille aînée avait pleuré. Je l'appelai à moi - Pourquoi as-tu du chagrin, Nellie ? - Oh l papa, me répondit-elle, figure-toi que lorsque nous avons été dans la chambre j'ai fait la prière que maman m'a apprise; et Frank aussi a fait la sienne ; mais Suzanne n'en sait pas, parce que maman trouvait qu'elle était encore trop jeune pour en apprendre. Cependant quand nous avons eu fini, elle a fait une prière à elle toute seule, et je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer en l'entendant. Elle a joint ses petites mains, elle a fermé les yeux, puis elle a dit : Mon Dieu, tu as emmené ma chère maman, et je n'ai plus de maman maintenant pour prier avec moi. Veux tu me bénir et me rendre aussi bonne que maman, pour l'amour de Jésus-Christ. Amen.
    «Avant l'âge de quatre ans, la petite Suzanne prouva pas des signes évidents qu'elle avait donné son jeune cœur à Dieu, et depuis seize ans, elle est missionnaire chez les païens. » N'oublions jamais que Dieu peut se servir même des petits enfants. Le Docteur Milnor appartenait à une famille de quakers ; il étudia le droit et devint un avocat distingué du barreau de Philadelphie. Pendant trois sessions successives, il fut délégué au Congrès de Washington. A son retour de la dernière session, sa petite fille se précipita au-devant de lui, en s'écriant « Papa ! Papa ! Je sais lire maintenant ! » «Vraiment! répondit-il; fais-moi voir. » Elle ouvrit sa Bible et lut ce passage. «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur. » Ces paroles pénétrèrent comme une flèche dans le cœur de son père. Elles y retentirent comme un solennel appel. L'Esprit de Dieu agit puissamment en lui ; il chercha son Sauveur par la prière, et un jour, un de ses amis le trouva lisant, avec émotion, cet ancien traité qui a fait tant de bien « La fille du laitier. » Bien qu'il n'eût que quarante ans, il abandonna la politique et le droit pour se consacrer entièrement au ministère de l'Evangile, et il fut pendant quarante ans le pasteur d'une des principales églises de Philadelphie.
    Pères et mères, amenons nos enfants à Christ avec une foi simple et confiante. Il est le même aujourd'hui que lorsqu'il les prenait dans ses bras et qu'il disait: « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. »


Chapitre 7
« ELLE A FAIT CE QU'ELLE A PU. »

    Nous lisons dans le quatorzième chapitre de l'Évangile selon saint Marc le récit suivant « La fête de Pâque et des pains sans levain devait avoir lieu deux jours après. Les chefs des prêtres et les scribes cherchaient les moyens d'arrêter Jésus par ruse, et de le faire mourir, car ils disaient : Que ce ne soit pas pendant la fête, afin qu'il n'y ait pas de tumulte parmi le peuple.
    « Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra, pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de nard pur de grand prix ; et ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus. Quelques-uns exprimèrent entre eux leur indignation : A quoi bon perdre ce parfum? On aurait pu le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Et ils s'irritaient contre cette femme. Mais Jésus dit : Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine ? Elle a fait une bonne action à mon égard ; car vous aurez toujours des pauvres avec vous, et vous pourrez leur faire du bien quand vous voudrez, mais vous ne m'aurez pas toujours.
    Elle a fait ce qu'elle a pu ; elle a d'avance embaumé mon corps pour la sépulture. Je vous le dis en vérité, partout où la bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait. »
    Saint Jean raconte aussi cette scène, et nous dit qui était cette femme : « Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie où était Lazare qu'il avait ressuscité des morts. Là, on lui fit un souper ; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui. Marie ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum. Un de ses disciples, Judas Iscariot, fils de Simon, celui qui devait le livrer, dit : Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? Il disait cela, non qu'il se souciât des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu'on y mettait. Mais Jésus dit: Laissez-la ; elle a gardé ce parfum pour le jour de ma sépulture. Vous aurez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'aurez pas toujours »
    Ce récit est le dernier où nous voyons figurer la famille de Béthanie. Le souper dont il est question eut lieu pendant la dernière semaine de la vie de Jésus, et c'est aussi la dernière entrevue de Jésus avec ses amis dont il soit fait mention dans l'Évangile.
    En parlant de Marthe et de Marie, quelqu'un a dit : Toutes deux aimaient Jésus et étaient aimées de lui, mais elles étaient différentes l'une de l'autre. Marthe voyait sa fatigue, et voulait lui donner quelque chose ; Marie sentait sa plénitude, et voulait recevoir de lui. Jésus acceptait les services de Marthe, mais il ne voulait pas permettre que Marie fût troublée. Marie comprenait sa pensée; elle avait une communion plus profonde avec lui ; son cœur s'était donné. »
    C'est sur l'une des paroles du premier récit que nous avons lu que je désire attirer votre attention: «Elle a fait ce qu'elle a pu. » Si l'on avait annoncé ce jour-là, dans Jérusalem, qu'il allait se passer à Béthanie un événement dont le souvenir vivrait plus longtemps que celui de l'empire romain ou de tous les souverains les plus puissants de la terre, il y aurait eu certainement une grande agitation dans la ville. Beaucoup de personnes se seraient rendues à Béthanie pour voir ce qui allait se passer et dont le souvenir devait vivre si longtemps. Marie se doutait bien peu qu'elle allait élever un monument plus durable que les empires et les royaumes. Elle ne pensait guère à elle-même. L'amour ne pense jamais à lui-même. Que dit Jésus? - « Partout où cet Evangile sera prêché, dans le monde entier, ce qu'elle a fait sera aussi raconté en mémoire d'elle.»
    Cette histoire a déjà été traduite en trois cent cinquante langues différentes, et circule dans tous les pays du monde. De jour en jour, on l'imprime et on la publie de nouveau. A Londres, une seule société imprime, à chaque heure de la journée de travail, cinq cents exemplaires du récit de la scène qui s'est passée à Béthanie. Il est répandu jusqu'aux extrémités de la terre, et l'on en gardera le souvenir tant que l'Église de Dieu existera.
    Les hommes sont désireux d'élever des monuments qui leur survivent. Cette femme n'y avait jamais songé; elle n'avait eu d'autre pensée que de témoigner à Jésus son amour. Mais son action lui a survécu, et vivra aussi longtemps que l'Eglise. Elle a autant de fraîcheur aujourd'hui qu'il y a cent ans; elle en a même plus qu'il y a cinq cents ans. Elle n'a jamais été aussi connue qu'elle l'est aujourd'hui. Quoique Marie fût à peine connue en dehors de Béthanie lorsqu'elle accomplit cet acte, son nom est maintenant répandu par toute la terre. Les rois se sont succédé, les empires se sont élevés et sont tombés. L'Egypte, avec ses antiques gloires, a disparu ; la Grèce, avec ses sages, ses philosophes, ses guerriers, a disparu ; le grand empire romain a disparu. Et voici une simple femme dont le souvenir a traversé les siècles.
    Nous ne savons pas si elle était riche, ou belle, ou douée de grands talents aux yeux du monde. Nous savons seulement qu'elle aimait le Sauveur. Elle prit un vase d'albâtre qui renfermait un parfum de grand prix, et le rompit afin de répandre le parfum sur la tête de Jésus. C'était une petite chose aux yeux du monde. S'il y avait eu des journaux quotidiens à Jérusalem, à cette époque-là, je ne pense pas qu'aucun reporter à la recherche de « faits divers » intéressants, eût trouvé que cet incident valût la peine d'être raconté. Cependant, il vivra plus longtemps que tous les grands événements du siècle, excepté, bien entendu, tout ce qui se rapporte à la vie de Jésus. Marie croyait en Jésus, elle l'aimait, et elle montrait son amour par ses actions.
    Grâce à Dieu, nous pouvons tous aimer Jésus-Christ et faire quelque chose pour lui. Quand même ce ne serait qu'une petite chose, toute oeuvre, faite pour le Seigneur, durera éternellement. Le fer sera rongé par la rouille, le granit tombera en poussière, mais rien de ce qui a été fait pour Christ ne se perdra. Il dépassera les limites mêmes du temps. Jésus-Christ a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. »
    Voyez cette autre femme dans le temple. Jésus étant assis vis-à-vis du tronc, regardait comment le peuple y mettait de l'argent. Cette pauvre veuve n'avait que deux petites pièces, et elle les mit toutes deux dans le tronc. Le Seigneur vit qu'elle l'avait fait de tout son cœur, et il loua son action. Si quelque grand seigneur avait déposé un talent d'argent dans le tronc, Jésus n'y aurait probablement pas fait attention, à moins que lui aussi ne l'eût fait de tout son cœur. L'or a peu de valeur dans le ciel. Il y est en si grande abondance que les rues en sont pavées ; c'est un or transparent, bien plus beau que celui que nous avons sur la terre. Pour que Jésus accepte une offrande, il faut que le cœur l'accompagne.
    C'est pourquoi il dit de cette femme: «Elle a donné plus qu'aucun de ceux qui ont mis dans le tronc.» Elle aussi, elle avait fait ce qu'elle avait pu.
    Telle est la leçon, je crois, que nous devons tirer de ces deux incidents bibliques. Le Seigneur attend de nous que nous fassions tout ce que nous pouvons. Nous pouvons tous faire quelque chose. Dans l'une de nos grandes villes de l'Amérique du Sud, quelques chrétiens se réunirent au commencement de la guerre pour rechercher les moyens de construire une église dans un quartier de la ville où les pauvres étaient très négligés. Après avoir discuté la question, on résolut de commencer par s'assurer de ce que les personnes présentes à la réunion pourraient donner.
    Les unes promirent de donner tant ; les autres, tant. Les souscriptions atteignirent à peine la moitié de la somme nécessaire. Alors une pauvre blanchisseuse, qui était assise dans un coin de la salle, se leva: « J'ai perdu un petit garçon la semaine dernière, dit-elle. Il ne possédait qu'une chose : une pièce d'un dollar en or (environ cinq francs de monnaie française). C'est tout ce qui me reste, mais je veux donner ce dollar à la bonne cause. » Ses paroles touchèrent le cœur de beaucoup de ceux qui les entendirent.
    Bien des personnes riches furent honteuses de ce qu'elles avaient donné, et au bout de très peu de
temps, la somme entière fut souscrite. J'ai parlé dans cette église, et je sais qu'elle est devenue le centre d'une grande activité religieuse. Cette pauvre femme avait fait ce qu'elle pouvait; peut-être avait-elle donné, en proportion, plus qu'aucune autre personne de la ville.
    Lors de notre première visite à Londres, nous désirions atteindre tous les points de la ville, et nous fîmes appel aux personnes de bonne volonté pour faire des visites et inviter aux réunions le plus de monde possible. Parmi celles qui se présentèrent, se trouvait une vieille femme de quatre-vingt-cinq ans. Elle voulait travailler encore un peu pour le Maître avant d'aller le rejoindre. Elle prit un district, et alla de maison en maison distribuant à tous les habitants des traités et des billets d'invitation. Je suppose qu'elle est maintenant entrée dans son repos, mais je ne l'oublierai jamais. Elle voulait faire ce qu'elle pouvait. Si chacun des chrétiens de ce district veut bien faire tout ce qu'il peut, toutes les familles du quartier seront visitées. Si chaque homme, si chaque femme qui sont ici sont prêts à suivre l'exemple de Marie, les multitudes qui nous entourent entendront parler du Sauveur, et seront bénies.
    Dans les vastes prairies de l'État que j'habite en Amérique, on ne rencontrait, il y a quelques années, qu'un petit nombre de colons, dispersés çà et là. L'un d'eux passait ordinairement ses Dimanches à la chasse et à la pêche, et faisait preuve, dans toute sa conduite, d'une impiété et d'une méchanceté notoires. Sa petite fille allait à l'école du Dimanche établie par ces pionniers, et là elle apprit à connaître le chemin qui mène à Dieu. Quand elle fut convertie, son moniteur lui dit que Dieu pourrait maintenant se servir d'elle pour faire du bien à d'autres. Sa première pensée fut pour son père. Plusieurs personnes avaient essayé de lui faire du bien et n'avaient pu y réussir ; mais l'enfant eut plus d'influence. Il est écrit: « Un enfant les conduira. » Elle lui fit promettre de venir aux réunions. D'abord il ne vint qu'à la porte, et ne voulut pas entrer. Dans son enfance il avait été à l'école, mais ses camarades s'étant moqués de lui parce qu'il avait un léger défaut de prononciation, il n'avait plus voulu y remettre les pieds, de sorte qu'il n'avait jamais appris à lire.
    Sa petite fille lui persuada enfin de l'accompagner à l'école du Dimanche ; il y entendit parler du Sauveur, et pour tout dire en deux mots, il finit par donner son cœur à Dieu. Avec l'aide de son enfant et d'autres personnes, il apprit bientôt à lire. La dernière fois que je l'ai vu, il y a environ dix-huit mois, si je me rappelle bien, cet homme avait fondé dans les prairies de l'Ouest, entre onze et douze cents écoles du Dimanche. Outre ces écoles, des centaines d'Eglises se sont formées, qui toutes doivent leur origine à ses premiers efforts missionnaires. Il parcourait le pays en tous sens et à de grandes distances, monté sur un cheval qu'il appelait son cheval de l'école du Dimanche. Il allait visiter ainsi les districts éloignés, où l'on ne faisait encore rien pour Christ. Il réunissait les parents, et leur racontait comment sa petite fille l'avait amené au Sauveur. J'ai entendu bien des orateurs, mais je n'en ai jamais entendu qui sût émouvoir comme lui. Quand il commença à parler pour Jésus, il ne fut plus question de son défaut de prononciation; il semblait avoir reçu le don de l'éloquence et le feu du ciel. Cette petite fille avait fait ce qui était en son pouvoir. Le jour où elle avait amené son père au Sauveur, elle avait accompli une grande oeuvre.
    Chacun de nous peut faire quelque chose. Pourvu que nous soyons franchement décidés à faire tout ce que nous pouvons, le Seigneur daignera se servir de nous. C'est un grand privilège que d'être dans sa main des instruments dociles, avec lesquels il peut faire ce qui lui plait.
    Je me rappelle avoir lu dans les journaux, lors du grand incendie du théâtre de Vienne, il y a plusieurs années qu'une vingtaine de spectateurs affolés se trouvèrent acculés dans un étroit corridor. L'obscurité était complète ; on ne pouvait trouver d'issue , et l'on risquait d'être étouffé. Un de ces spectateurs retrouva une allumette dans sa poche ; il l'alluma, et grâce à cette lumière, ces vingt vies furent sauvées. Il avait fait ce qui était en son pouvoir.
    Il vous semble que vous ne pouvez pas faire grand'chose. Si vous êtes l'instrument du salut d'une seule personne, cette personne-là en sauvera peut-être cent autres. A l'époque de notre premier séjour en Angleterre, il y eut une femme, dans une de nos réunions, dont le zèle fut ranimé par le même texte, je crois, que celui sur lequel nous parlons aujourd'hui. Elle était chrétienne de nom depuis longtemps, mais elle n'avait jamais compris qu'elle avait une mission spéciale à remplir en ce monde. Je crains qu'il n'y ait beaucoup de chrétiens de nom dans le même cas. Dès que sa conscience eut été réveillée, elle commença à chercher autour d'elle les occasions de se rendre utile. Elle eut l'idée de faire quelque chose pour les pauvres femmes tombées de la ville qu'elle habitait. Elle se mit à l'œuvre immédiatement, parlant avec bonté à toutes celles qu'elle rencontrait. Elle loua une maison, et les invita à y venir.
    Je suis allé dans cette ville il y a un an ou deux ; cette dame avait sauvé plus de trois cents de ces pauvres femmes, et les avait rendues à leurs familles. Elle est restée en correspondance avec la plupart d'entre elles. Pensez à cela ! Plus de trois cents de nos sœurs arrachées au péché et sauvées de la mort par l'entremise d'une seule femme. Elle avait fait ce qui était en son pouvoir. Quelle belle moisson elle aura au dernier jour, et comme elle se réjouira quand elle entendra le Maître lui dire : « Cela va bien, bonne et fidèle servante. »
    On m'a cité la parole d'un malade, dans un des hôpitaux de Londres. Il avait reçu un bouquet envoyé par la Mission des fleurs, et en respirant le délicieux parfum, il s'écria : « Si j'avais su quel plaisir un bouquet peut faire quand on est malade, j'en aurais envoyé moi-même lorsque je me portais bien ». Si vous saviez seulement tout le bien que vous pourriez faire aux cœurs affligés, aux esprits abattus en leur disant quelque bonne parole; si vous saviez quelles conséquences bénies pour toute l'éternité pourrait avoir telle autre parole prononcée par vous, je suis sûr que vous n'hésiteriez plus. Si l'Evangile doit être porté dans les recoins les plus cachés, dans les mansardes, dans les sous-sols des grandes villes, dites-vous bien qu'il faut que chacun se mette à l’œuvre. Je l'ai déjà dit, si nous sommes résolus à faire ce que nous pouvons, une grande multitude d'âmes entreront dans le royaume de Dieu.
    Un des prédicateurs de Philadelphie, le Docteur Willets, en parlant du bonheur qu'il y a à communiquer aux autres les biens qu'on a reçus, emploie cette jolie allégorie :
« Voyez cette petite source, cachée, là-bas, dans la montagne ; elle brille à travers le fourré comme un fil d'argent, et dans sa joyeuse activité, elle étincelle comme un diamant. Elle se hâte d'apporter au fleuve son tribut ; elle passe en courant près d'une mare d'eau stagnante :
« Où vas-tu, petit ruisseau? » lui crie la mare.« Je vais au fleuve, lui porter ce verre d'eau que Dieu m'a donné. »
- « C'est une sottise que tu fais là; tu en auras besoin toi-même avant la fin de l'été. Le printemps a été tardif, et les chaleurs de l'été seront d'autant plus fortes : tu te dessécheras alors. »
- « Eh bien ! répondit le ruisseau, si je dois mourir bientôt, raison de plus pour travailler aussi longtemps que je le pourrai. Si la chaleur doit m'enlever mon trésor, je veux me hâter d'en profiter pour faire le plus de bien possible. » Et il reprit son chemin, répandant sur son passage la joie et la fraîcheur. Fière de sa propre prévoyance, la mare sourit d'un air de pitié, et économisa sa provision avec un soin jaloux, ne permettant pas à une seule goutte d'eau de s'échapper.
    « L'été vint, et le petit ruisseau souffrit de la chaleur ; mais les arbres se penchaient sur lui, et l'ombrageaient de leur feuillage touffu. Ils le protégeaient au jour de l'adversité, car ils avaient reçu de lui jadis la vie et la santé ; le soleil lui-même souriait avec bonté à travers les branches. Il semblait dire:
« Je n'ai pas le cœur de te faire du mal; »
- les oiseaux venaient tremper leur bec dans ses eaux argentées, et chantaient ses louanges ; les fleurs répandaient leurs parfums sur ses bords ; les bestiaux venaient se reposer près de lui ; le cultivateur souriait de plaisir en voyant la fraîcheur et la verdure des prairies qu'il traversait, et le petit ruisseau continuait sa course, heureux lui-même et répandant le bonheur autour de lui.
   Qu'était devenue la prévoyante mare? Hélas ! dans sa glorieuse immobilité, elle était devenue malsaine et pestilentielle. Les bêtes des champs venaient pour s'y désaltérer, mais se détournaient aussitôt avec dégoût ; la brise en passant lui donna un baiser, mais ce contact la fit frissonner. Elle avait pris la fièvre et la porta dans toute la région : les habitants en furent atteints et durent s'éloigner ; enfin, les grenouilles elles-mêmes durent abandonner cette mare empoisonnée, et le ciel, par pitié pour l'homme, fit souffler sur elle un air embrasé qui la dessécha.
    « Mais le petit ruisseau ne s'était-il pas épuisé ? Oh ! non, Dieu y avait pourvu. Le ruisseau versa son verre d'eau dans le fleuve, le fleuve le porta à la mer, et la mer l'accueillit avec bonté. Le soleil répandit sa chaleur sur la mer, et la mer fit monter son encens vers le soleil ; les nuages recueillirent cet encens dans leur sein, et le vent, comme un coursier docile, emporta les nuages bien loin, bien loin, jusqu'au sommet de la montagne qui avait donné naissance à la source. Ils remplirent de nouveau la petite coupe et la firent déborder. C'est ainsi que Dieu avait pourvu à l'existence du ruisseau. Il avait eu beau se donner et se répandre sans calculer, il ne se dessécha jamais. Si Dieu a béni de la sorte une petite source, ne vous bénira-t-il pas aussi, mes amis, si vous donnez libéralement ce que vous avez reçu libéralement ? Soyez sûrs qu'il le fera. »
    Une jeune fille appartenant à une famille très riche des Etats-Unis, fut envoyée dans une pension fort à la mode. Une des maîtresses de cette pension était une véritable servante de Jésus-Christ, et cherchait toujours à lui amener ses élèves. Dès que cette jeune fille fut arrivée, la maîtresse résolut de faire tous ses efforts pour la gagner à Christ. La première chose qu'elle fit, fut de se faire aimer d'elle. Je dirai ici en passant que nous ne ferons jamais grand bien aux gens si nous ne savons pas nous faire aimer d'eux.
    Cette maîtresse, après avoir gagné l'affection de son élève, lui parla du Sauveur, et eut bientôt la joie de la voir donner son cœur à Dieu. Elle ne s'en tint pas là, comme tant d'autres le font ; elle lui montra le bonheur qu'il y a à travailler pour le Seigneur. Elle se mirent à l’œuvre ensemble, et persuadèrent à plusieurs autres élèves de se donner à Christ. Une fois que la jeune fille eut commencé à travailler pour Dieu, le monde perdit tout son charme pour elle. S'il y a ici quelque chrétien qui se sente encore de l'attrait pour le monde, je lui dirai : Mettez vous à l’œuvre pour Dieu, et le monde vous quittera bientôt.
    Ce n'est pas vous qui le quitterez ; vous posséderez quelque chose de meilleur. Je plains les chrétiens qui sont sans cesse à demander s'il faut renoncer à ceci ou à cela. Vous ne ferez plus ces questions là quand vous aurez pris goût à l’œuvre du Seigneur. Vous aurez trouvé alors quelque chose que le monde ne saurait vous donner.
    Lorsque cette jeune fille retourna chez ses parents, ceux-ci voulaient la faire aller dans le monde. Ils donnèrent plusieurs fêtes, mais à leur grand étonnement, elle ne pouvait pas y prendre plaisir. Elle avait soif d'autre chose. Elle alla à l'école du Dimanche de sa paroisse, et demanda au directeur de lui donner un groupe mais il y avait déjà plus de monitrices qu'il n'en fallait.
    Pendant plusieurs semaines, elle chercha un moyen de faire quelque chose pour Christ. Un jour, dans la rue, elle vit un petit garçon sortir en courant de la boutique d'un cordonnier. Le patron la poursuivait, tenant une forme en bois à la main. Quand il vit que l'enfant courait plus vite que lui et allait lui échapper, il lui lança la forme et l'atteignit dans le dos. Lorsque le cordonnier eut ramassé sa forme et fut rentré dans sa boutique, l'enfant s'arrêta et se mit à pleurer. Très émue de ce qu'elle venait de voir, la jeune fille s'approcha de lui et lui parla avec bonté :
    « Vas-tu à l'école du dimanche ? » - « Non. » - « Et à l'école de semaine? » - « Non. » - « Pourquoi pleures-tu? » - Il s'imagina qu'elle voulait se moquer de lui ; et il répondit que cela ne la regardait pas. « Mais je suis ton amie,» répondit-elle. Il n'avait pas l'habitude de s'entendre parler de la sorte, et il avait d'abord un peu peur, mais elle finit par gagner sa confiance, et lui demanda de venir à l'école du dimanche elle serait sa monitrice. L'idée ne plaisait pas à l'enfant; il n'avait pas envie d'apprendre des leçons. La jeune fille lui dit qu'elle ne lui donnerait pas de leçons à apprendre; qu'elle lui raconterait seulement de belles histoires et qu'il entendrait de jolis chants. Enfin, il lui promit d'y aller, et elle lui donna rendez-vous, pour le dimanche suivant, au coin d'une certaine rue.
    Elle craignait qu'il ne fût pas exact au rendez-vous. Elle y alla cependant et l'y trouva. Elle le présenta au directeur de l'école du dimanche et le pria de lui indiquer une place où elle pourrait instruire cet enfant. Le pauvre garçon était tout ébouriffé et n'avait pas de souliers aux pieds. Les autres enfants, au contraire, étaient propres et bien habillés. Le directeur parut d'abord assez embarrassé ; enfin, il le relégua dans un coin aussi éloigné que possible des autres élèves. Ce fut là que la jeune fille commença sa tâche, - une tâche qui aurait réjoui le cœur des anges.
    La lumière ne tarda pas à se faire dans la conscience obscurcie de cet enfant, et toute sa vie fut transformée. La jeune fille continua à s'intéresser à lui; elle fut son ange gardien. Un jour, il était allé à la gare pour vendre de petites marchandises qu'il colportait. Il se tenait sur le marchepied d'un des wagons quand tout-à-coup le train s'ébranla; le petit garçon perdit l'équilibre, son pied glissa, il tomba et le train lui passa sur le corps. Quand le médecin arriva, l'enfant lui demanda s'il pouvait être transporté chez ses parents. - «Non, mon garçon, lui répondit le médecin, tu n'as plus que quelques instants à vivre. » - « Eh bien ! dites à mon père et à ma mère que je vais aller près de Jésus-Christ. »
    Ne trouvez-vous pas que les efforts de la jeune fille avaient été bien récompensés? Quand elle entrera au ciel, ce petit garçon sera là pour lui souhaiter la bienvenue.
    C'est un grand privilège que de faire sortir une âme des ténèbres du péché pour la faire entrer dans la glorieuse lumière de l'Evangile. Si un ange allait répandre dans le ciel la nouvelle qu'il y a dans la ville de Londres un pauvre petit garçon déguenillé, sans père ni mère, sans personne pour lui montrer le chemin du salut ; et si Dieu demandait aux esprits bienheureux qui entourent son trône, lequel d'entre eux consentirait à venir passer cinquante années sur la terre pour amener à Jésus ce petit orphelin, je suis sûr que chacun des anges qui peuplent la cité céleste s'offrirait aussitôt. L'ange Gabriel, lui-même, lui qui se tient en la présence du Tout-Puissant, n'hésiterait pas à se proposer :
    « Permets-moi, de quitter la position si élevée que j'occupe, et d'avoir le privilège de conduire une âme à Jésus-Christ. » - Il n'y a pas de plus grand honneur au monde que de servir d'instrument entre les mains de Dieu pour retirer une âme du royaume de Satan et pour l'introduire dans le royaume de Dieu. J'ai inscrit ce précepte dans ma Bible: « Fais tout le bien que tu pourras, à toutes les personnes que tu pourras, de toutes les manières que tu pourras, et aussi longtemps que tu pourras. » Si chacun de nous veut se mettre dès aujourd'hui à faire quelque chose pour Dieu, et s'y tenir trois cent soixante-cinq jours par an, nous obtiendrons de grands résultats. Vivons de telle sorte qu'on puisse dire de nous, que nous avons fait « tout ce qui était en notre pouvoir. »


Chapitre 8
« QUI EST MON PROCHAIN? »

    J'ai pris pour notre sujet d'aujourd'hui l'histoire du bon Samaritain. Dans cette parabole, Jésus nous présente quatre individus différents, et il nous les décrit d'une manière si frappante que le monde ne les oubliera jamais. Les récits de l'Évangile nous laissent trop souvent indifférents, et nous oublions bien vite les leçons que notre divin Maître voudrait nous enseigner.
    Pendant que Jésus était sur la terre, il était entouré par une certaine catégorie de personnes qui critiquaient sans cesse tout ce qu'il disait et tout ce qu'il faisait. Un jour, un docteur de la loi vint lui demander ce qu'il fallait faire pour obtenir la vie éternelle. Le Seigneur lui dit de garder les commandements, d'aimer Dieu de tout son cœur, et son prochain comme lui-même. Le docteur de la loi voulut savoir qui était son prochain. Alors Jésus lui raconta cette parabole pour lui montrer qui était son prochain, et comment il fallait l'aimer.
    Il me semble que nous avons mis beaucoup de temps à découvrir qui est notre prochain. Dans la parabole du bon Samaritain, Jésus-Christ nous enseigne, si je ne me trompe, que notre prochain, c'est tout homme, toute femme, qui a besoin de notre sympathie et de notre secours, soit pour le corps, soit pour l'âme. S'il nous est possible de leur venir en aide, nous sommes tenus de le faire au nom de notre Maître.
    Nous voyons d'abord deux hommes qui, l'un et l'autre, passent sans y prendre garde, à côté d'un pauvre voyageur, lequel avait cependant grand besoin de secours, car il était tombé entre les mains des brigands qui l'avaient dépouillé, chargé de coups, et laissé à demi-mort. Le premier qui passa, allant de Jérusalem à Jéricho, était un prêtre. Comme il cheminait, il entendit un cri de détresse, et s'arrêta pour en chercher la cause. Il lui fut facile de voir que le pauvre blessé était un Juif ; peut-être l'avait-il vu dans le temple le jour du Sabbat; mais on n'était plus à Jérusalem. Tant qu'il était dans le temple, il était au service du public; une fois hors de l'enceinte sacrée, il était libre. Les devoirs de sa profession étaient terminés, et l'on ne pouvait rien lui demander de plus.
    Il était très pressé d'aller à Jéricho. Peut-être allait-on ouvrir une nouvelle synagogue dans cette ville ; en tout cas, c'était une affaire très importante qui l'y appelait, et il n'avait pas le temps de s'arrêter auprès de ce pauvre blessé. Aussi, il passa outre. Il se peut qu'en continuant son chemin, il ait raisonné ainsi en lui-même : « Quel mystère que Dieu ait laissé entrer le péché dans le monde ! S'il n'y avait pas de péché, ce pauvre homme ne se trouverait pas dans un état aussi lamentable. » - Ou bien ses pensées ont pris une autre direction, et il s'est dit qu'en arrivant à Jéricho, il formerait un comité pour veiller à la sécurité des pauvres voyageurs. Il donnerait volontiers une once d'or pour la nouvelle société ; ou bien encore, il ferait rechercher les brigands qui l'avaient dépouillé, et les ferait châtier.
    Il ne se disait pas que pendant tout ce temps, le pauvre blessé se mourait. Il est probable qu'il était dévoré par la soif; peut-être un ruisseau coulait-il tout près du lieu où il était étendu, et si ce prêtre l'avait voulu, il aurait pu lui donner à boire ; mais toute sa religion était dans sa tête elle n'était pas descendue jusqu'à son cœur. Il avait une certaine notion du devoir, et quand il avait accompli ce qu'il regardait comme son devoir, il trouvait qu'on n'avait plus rien à exiger de lui. Ce que Dieu nous demande, c'est le service du cœur ; si nous ne le lui donnons pas, il n'en acceptera pas d'autre.
    Quelque temps après, un Lévite vint à passer le long du chemin où était étendu le pauvre blessé. Lui aussi, il entendit ses cris de détresse. Il se détourna un instant pour le regarder, mais il était pressé d'arriver à Jéricho. Peut-être devait-il prendre part à la dédicace de cette nouvelle synagogue ; peut-être avait-on convoqué à Jéricho une réunion pour discuter sur les moyens « d'atteindre les masses, » et allait-il y prononcer un discours. J'ai vu bien souvent des hommes aller à des conférences et parler pendant des heures sur ce sujet, mais ne pas vouloir étendre leur main vers ces masses qu'ils prétendaient atteindre.
    Il est probable que les pensées du Lévite prirent un autre cours : « Je tâcherai, se disait-il, de faire prendre des mesures pour empêcher que ces brigands continuent à dépouiller et à assassiner les pauvres voyageurs. » - Aujourd'hui encore il ne manque pas de gens qui pensent que des mesures purement humaines peuvent ramener l'homme à Dieu, qu'une législation nouvelle pourrait prévenir le péché. De même que le prêtre, ce Lévite ne s'arrêta pas pour donner une goutte d'eau au malheureux blessé; il n'essaya pas de bander ses plaies ni de lui porter secours en aucune manière. Il continua son chemin en se disant sans doute: « Ce pauvre homme est bien à plaindre. » Ce genre de compassion est très fréquent ; il vient des lèvres et non du cœur.
    Un troisième voyageur vint à passer; c'était un Samaritain. Or, il était notoire qu'un Juif n'adressait jamais la parole à un Samaritain ; la présence d'un Samaritain était une souillure pour un Juif scrupuleux. Jamais un Juif ne franchissait le seuil de l'étranger détesté ; jamais il ne s'asseyait à sa table ni ne buvait de l'eau de son puits. Jamais non plus il ne lui aurait permis de se reposer, sous son toit. Un Juif religieux s'abstenait même de tout trafic avec un Samaritain.
    Ce n'est pas tout; les Juifs croyaient que le Samaritain n'avait pas d'âme, qu'à sa mort il était anéanti. Il était le seul homme sur la terre qui ne pût devenir prosélyte, et entrer dans la grande famille juive. Il ne pouvait être amené à la repentance ni dans ce monde ni dans l'autre.
    Il avait beau faire profession de judaïsme, les Juifs ne voulaient rien avoir à faire avec lui. Voilà la manière dont les Juifs traitaient les Samaritains ; et cependant, ce fut d'un Samaritain que Jésus se servit pour donner à ces Juifs haineux une leçon d'amour et de charité.
    Un Samaritain, donc, vint à passer par ce même chemin. Quand il vit le blessé, il fut touché de compassion. Il descendit de sa monture, et se pencha sur lui ; un seul regard suffit pour lui montrer que c'était un Juif. Si lui-même avait ressemblé au Juif, il aurait dit probablement :
    « C'est bien fait. Je regrette seulement que les brigands ne t'aient pas tué tout à fait. Tu peux être sûr que je ne lèverai pas un doigt pour te venir en aide, misérable Juif. » Mais il ne dit rien de semblable, au contraire.
    Que ceci nous serve d'enseignement. Quand nous avons affaire à des gens que l'amour de la boisson, par exemple, a perdus et dégradés, ne nous hâtons pas de les condamner. Ils se condamnent eux-mêmes plus sévèrement que personne ne saurait le faire. Ce qu'il leur faut, c'est de la sympathie, c'est de la bonté, c'est de la douceur. Ce Samaritain ne se mit pas à faire un grand discours à ce blessé. Il y a des gens qui semblent croire que ce dont les hommes ont besoin avant tout, ce sont des sermons. Non, il ne faut pas une si grande abondance de paroles ; il faut annoncer l'Évangile avec nos mains et avec nos pieds, il faut le manifester au monde par des actes de bonté et de sympathie.
    Ce que l'état du pauvre blessé réclamait tout d'abord, c'était du secours et de la sympathie. Aussi la première chose que fit le bon Samaritain fut de verser de l'huile sur ses plaies. Combien de blessés n'y a-t-il pas parmi nous qui ont besoin de l'huile de la compassion et de la sympathie ! Et cependant, bon nombre de chrétiens semblent vouloir remplacer l'huile par du vinaigre, et s'en montrent même très généreux.
    Le Samaritain aurait pu dire au blessé : « Pourquoi n'es-tu pas resté à Jérusalem ? Tu savais bien que les chemins ne sont pas sûrs; tu as été imprudent, et maintenant il faut que j'aie la peine de te soigner. »
    N'avez-vous jamais entendu des paroles sur ce ton-là? Qu'un jeune homme de la province succombe aux tentations de la grande ville, on commencera par le gronder et lui faire des reproches : « Pourquoi avez vous quitté vos parents? Si vous étiez resté près d'eux, vous auriez évité les pièges où vous êtes tombé. » Ce n'est pas en parlant ainsi qu'on fera du bien. Il ne faut pas non plus haranguer les hommes du haut de notre propre justice ; il faut descendre jusqu'à eux, et nous pénétrer bien réellement de leurs chagrins et de leurs souffrances. Voyez le bon Samaritain: il s'approche de celui qui souffre, il bande ses plaies, il y verse de l'huile et du vin.
    Le récit évangélique mentionne douze choses faites par le Samaritain. Quant au prêtre et au Lévite, un seul mot suffit pour raconter ce qu'ils firent: ils ne firent rien.
1) Il alla vers le blessé.
2) Il le regarda, et ne passa pas outre comme le prêtre.
3) Il eut compassion de lui. Si nous voulons réussir dans nos efforts pour gagner les âmes, il faut que nos cœurs soient pleins de compassion pour ceux qui périssent. Il faut sympathiser avec leurs souffrances et leurs épreuves si nous désirons gagner leur coeur et leur faire du bien.
4) Il s'approcha de lui.
5) Il banda ses plaies. Peut-être fut-il obligé de déchirer ses habits pour avoir des bandes.
6) Il y versa de l'huile et du vin.
7) Il le mit sur sa monture. Ne croyez-vous pas que le pauvre Juif ait dû regarder avec reconnaissance et tendresse le Samaritain qui lui prêtait sa monture, tandis que lui-même continuait sa route à pied à côté de lui? Tous les préjugés de son cœur ont dû disparaître avant la fin du voyage.
8) Il le mena à une hôtellerie.
9) Il prit soin de lui. J'ai été très touché dernièrement en apprenant ce qu'un de nos collaborateurs dans un des districts de Londres avait fait. Il avait parlé, pendant la réunion, à un homme qui se trouvait dans la salle. Voyant qu'il était ivre, il le reconduisit chez lui, il passa toute la nuit près de lui; puis le lendemain matin, quand cet homme fut rentré dans son état naturel, il causa avec lui. Beaucoup de personnes veulent bien parler aux ivrognes lorsqu'ils sont à jeun ; mais il y en a bien peu qui aient le courage d'aller à leur recherche quand ils subissent les honteuses conséquences de leur vice, et de rester près d'eux jusqu'à ce qu'ils aient recouvré leur bon sens et soient en état d'entendre parler du salut.
10) Le lendemain, en partant, le bon Samaritain pria l'hôtelier d'avoir soin de lui.
11) Il lui remit deux deniers d'argent pour payer la note.
12) Il lui dit : « Tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. » 
    Je ne connais rien dans tous les enseignements de Jésus qui fasse mieux ressortir le fond même de l'Évangile, que cette parabole. C'est une image fidèle du Sauveur venant sur la terre pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus.
1) Jésus est venu dans ce monde de péché et de souffrance, se dépouillant de sa gloire pour quelque temps afin de revêtir notre humanité, et de se mettre sur le même niveau que ceux qu'il venait sauver.
2) Il regardait les pauvres et les malades afin de connaître leurs souffrances.
3) Il était ému de compassion pour les multitudes. Que de fois cela nous est dit dans les évangiles ! Un jour il versa des larmes à la pensée de toute l'angoisse que le péché a attirée sur l'humanité.
4) Jésus s'approchait dès qu'il entendait parler d'une souffrance. Jamais un cri de détresse n'a frappé en vain son oreille.
5) Un certain jour, ayant ouvert le livre du prophète Esaïe, Jésus lut un passage qui se rapportait à lui:
«L'Esprit du Seigneur est sur moi... Il m'a envoyé... pour guérir ceux qui ont le cœur brisé. Il a été blessé pour nos péchés, afin que par ses meurtrissures nous puissions être guéris.»
6) Il a non seulement consolé les affligés, mais il a promis d'envoyer son Saint-Esprit pour être le Consolateur de ses rachetés.
7) Le bon Samaritain plaça le blessé sur sa monture ; de même, le Sauveur nous soutient par sa parole puissante pendant tout le cours de notre pèlerinage. Il a promis d'être tous les jours avec nous jusqu'à la fin du monde.
8) Le Sauveur nous procure le repos: le repos dans son amour, le repos dans son salut ; et à la fin de notre vie, il nous introduira dans le repos éternel
9) Pendant qu'il était sur la terre, il s'intéressait directement à tout ce qui touchait ses disciples, et...
10) Quand il fut monté au ciel il envoya le Consolateur pour demeurer éternellement avec son Eglise.
11) Il a donné à l'Eglise tous les secours nécessaires pour la faire croître dans la grâce et pour la fortifier.
12) Il reviendra, et récompensera ses serviteurs de leur travail fidèle.
    Vous ne savez pas, dites-vous, ce qu'il faut faire pour atteindre les masses? Allez dans leurs maisons, témoignez-leur de la sympathie, montrez-leur que vous êtes venus pour leur faire du bien, faites-leur sentir que votre cœur est ému de leurs souffrances. Quand on verra que vous savez aimer réellement, tous les préjugés contre Dieu, contre le christianisme, disparaîtront. Les athées auront beau dire que vous avez des motifs intéressés, que le bonheur ou le malheur des autres vous laisse indifférents, on ne les croira pas. Il faut que nos vies donnent un démenti formel à cette assertion, inspirée par le père du mensonge.
   Ce démenti, nous ne le donnerons que si nous allons personnellement vers ceux qui souffrent, et si nous leur prouvons que nous les aimons. Il y a des centaines et des milliers de familles qu'en pourrait atteindre facilement s'il y avait des milliers de chrétiens peur aller les voir et leur témoigner de la sympathie. C'est là ce qu'il leur faut. Ce pauvre monde gémit et soupire ; il a soif de sympathie, de sympathie humaine. Je suis tout à fait convaincu que c'est ce trait du caractère de Jésus qui touchait le plus profondément le cœur du peuple. Jésus s'était fait un avec lui. Lui, qui était riche, s'était fait pauvre pour nous. Il était né dans une crèche afin d'être au même niveau que les plus petits et les plus humbles.
    Je crois que le Sauveur nous enseigne ici une grande leçon. Il veut que nous prouvions au monde qu'il est son ami. Le monde se refuse à le croire ; si une fois il pouvait saisir l'idée que Jésus-Christ est l'ami des pécheurs, il irait à lui en masse. Je suis sûr que quatre-vingt-dix-neuf sur cent de ceux qui n'appartiennent pas à Jésus-Christ, sont convaincus que, loin de les aimer, Dieu est leur ennemi.
    Comment découvriront-ils leur erreur ? Ils ne vont jamais à l'église, et dans bien des cas, même s'ils y allaient, ils ne seraient pas détrempés. Croyez-vous que si ces femmes de mauvaise vie qui parcourent vos rues étaient convaincues que Jésus les aime et veut être leur ami ; que, plutôt de les condamner, il chercherait, s'il était encore sur la terre à les relever et à les sauver ; croyez-vous que si elles en étaient convaincues elles continueraient à vivre dans le péché ? Croyez-vous que l'ivrogne qui chancelle dans la rue se doute que Jésus-Christ l'aime? Pourtant, l'Ecriture nous enseigne clairement que si Jésus hait le péché, il aime le pécheur. Cette histoire du bon Samaritain est destinée à nous enseigner cette leçon.
    Annonçons à tous cette bonne nouvelle que Jésus aime les pécheurs, et qu'il est venu dans le monde pour les sauver.
    Dans une de nos villes d'Amérique, deux petits garçons devinrent subitement orphelins. Leur père et leur mère moururent à peu de jours d'intervalle, laissant leurs enfants dans la misère. Un riche négociant de la ville, en ayant entendu parler, adopta le plus intelligent des deux. L'autre fut placé dans un orphelinat, mais le pauvre petit n'avait jamais été séparé de ses parents pendant leur vie. Il n'avait jamais quitté sen frère, et il était si malheureux sans lui que tous les soirs il s'endormait en pleurant.
    Enfin un jour il disparut. Le lendemain, on le trouva sous le perron de la maison du riche négociant qui avait adopté son frère. Quand on lui demanda pourquoi il avait quitté son bon lit à l'orphelinat pour passer la nuit au froid, il répondit qu'il avait voulu se sentir près de Charlie. Il savait que s'il sonnait à la porte de la maison, on le renverrait à l'orphelinat, et c'était une joie pour lui d'être près de Charlie, même en passant la nuit sur la pierre. Son cœur avait soif de tendresse, et il savait que Charlie l'aimait plus que personne au monde. Tâchons de convaincre les pécheurs que quelqu'un les aime, et leur cœur sera touché.
    Pendant notre guerre, un petit garçon, nommé Frank Bragg, fut amené dans un de nos hôpitaux ; mais il trouvait très dur d'être séparé de tous ceux qu'il aimait. Un jour, la garde qui le soignait, se pencha sur lui et l'embrassa, en lui disant qu'elle l'aimait.
« Est-ce vrai? dit-il; embrassez-moi encore, c'est comme ma sœur. » La garde fit ce qu'il lui demandait, et l'enfant lui dit avec un sourire : « Il ne me sera pas dur de mourir, maintenant que j'ai quelqu'un qui m'aime. » Si nous avions plus de cette sympathie pour ceux qui se perdent et qui souffrent, nous exercerions sur eux une grande influence.
    Quelle leçon retirerons-nous aujourd'hui de l'exemple du bon Samaritain? Écoutons la voix du Maître nous dire : « Va, et fais de même. » Nous pouvons tous faire quelque chose. Si ce n'est pas parmi les grandes personnes, que ce soit au moins parmi les enfants. C'est un grand privilège que d'être l'instrument dont Dieu se sert pour amener dans son royaume un de ses agneaux. Si nous apportons le salut à un seul enfant, notre vie n'aura pas été perdue, et nous entendrons la parole du Maître : « Cela va bien, bon et fidèle serviteur. » Pouvez-vous croire de bonne foi qu'il y ait ici aujourd'hui un enfant de Dieu, tellement faible, tellement dénué d'influence, qu'il ne puisse gagner quelque âme au Sauveur pendant la semaine, pourvu qu'il veuille s'en donner la peine ? Assurément, ce n'est pas trop demander ; et les résultats de cette oeuvre nous accompagneraient jusque sur les rives de l'éternité.
    J'ai vu récemment une dame qui a fondé il y a deux ans à Edimbourg un hôpital pour les enfants malades. Je lui ai demandé si elle était bénie dans son oeuvre, et je n'oublierai jamais comme sa figure s'est éclairée. Dans une de nos dernières réunions, elle nous a raconté quelques cas très intéressants de conversion parmi ces enfants, et sa physionomie était radieuse. Quel privilège, mes amis, d'introduire ces pauvres êtres affligés dans le royaume de Dieu !
    Un petit garçon écossais avait mal à une jambe. On l'amena à Edimbourg, mais comme il n'y avait pas de place dans l'hôpital des enfants, on le conduisit à l'hôpital général. Il n'avait que six ans ; son père était mort ; sa mère était malade et ne pouvait le soigner ; c'est pourquoi on avait été obligé de l'amener à l'hôpital d'Edimbourg. Mon ami, le pasteur Wilson, alla le voir, et l'enfant lui raconta que le chirurgien devait venir le jeudi suivant pour lui couper la jambe. Vous qui êtes pères ou mères de famille, vous pouvez vous représenter ce que souffrirait l'un de vos enfants si, à l'âge de six ans, loin de vous, dans un hôpital, un chirurgien lui disait qu'il allait venir, tel jour, pour lui couper la jambe.
    L'enfant, naturellement, avait beaucoup de chagrin. Le pasteur lui demanda où était sa mère, et le pauvre petit raconta sa triste histoire. Voulant le consoler, mon ami lui dit « La garde est très bonne; elle te fera du bien. » - « Oui, répondit l'enfant, et peut-être que Jésus sera avec moi. » Pourriez-vous en douter ? Le vendredi suivant, le pasteur retourna à l'hôpital, mais le petit lit était vide. Le pauvre enfant était parti : le Sauveur était venu et l'avait emporté dans ses bras.
    N'y a-t-il pas dans cette grande ville des centaines et des milliers de personnes qui ont besoin de sympathie? Une marque de cette sympathie que leur cœur réclame, les touchera plus sûrement que le plus éloquent des sermons. Beaucoup d'hommes que les sermons éloquents laissent indifférents, ne résisteraient pas à la bonté, à la douceur, à la sympathie.
    Le grand docteur Chalmers a dit: « Le peu que j'ai vu du monde et que je connais de l'histoire de l'humanité m'a appris à regarder ses erreurs avec plus de tristesse que de colère. Quand je pense au pauvre cœur qui a péché et qui a souffert; quand je me représente les luttes et les tentations qu'il a traversées ; ses courtes joies et ses regrets amers; la faiblesse de ses bonnes résolutions; les mépris d'un monde qui a peu de charité; la désolation intérieure; la voix menaçante du remords; la santé perdue ; le bonheur détruit; - quand je me représente toutes ces angoisses, je n'ai qu'un désir: remettre l'âme coupable de mon frère entre les mains de Celui qui l'avait créée. »
   Quelques-uns d'entre vous se demandent peut-être comment on peut éprouver de la sympathie pour ceux qui souffrent. C'est là une question très importante. On se met souvent à travailler pour Dieu comme si on s'acquittait d'un métier. Je vous dirai comment on arrive à éprouver de la sympathie pour les autres. Cela m'a toujours réussi. Mettez-vous à la place de ceux qui souffrent et à qui vous voudriez témoigner de la sympathie. Si vous le faites, vous gagnerez bientôt leur cœur et vous pourrez leur faire du bien.
    Il y a plusieurs années, Dieu m'a donné à ce sujet une leçon que je n'oublierai jamais. Je dirigeais alors à Chicago une école du Dimanche fréquentée par plus de quinze cents élèves. Pendant les mois de Juillet et d'Août, il y eut une grande mortalité parmi ces enfants, et comme la plupart des pasteurs étaient absents, j'eus un grand nombre d'enterrements à faire, - parfois, jusqu'à trois ou quatre dans la même journée. J'en avais pris une telle habitude, que j'avais fini par le faire presque machinalement. Je pouvais voir la mère donner un dernier regard à son enfant, et je pouvais voir fermer le cercueil sans en éprouver grande émotion.
    Un jour, en rentrant chez moi, j'appris qu'une des élèves de mon école du Dimanche s'était noyée, et que la mère désirait me voir. Je pris ma petite fille avec moi, et partis immédiatement. Le père, assis dans un coin de la chambre, était ivre. La mère me raconta qu'elle était blanchisseuse, et qu'elle était obligée de travailler pour gagner sa vie et celle de ses enfants, car son mari buvait tout ce qu'il gagnait.
    La petite Adélaïde avait l'habitude d'aller au bord de la rivière pour attraper au passage les morceaux de bois qui flottaient ; elle les rapportait à la maison pour en faire du chauffage. Ce jour là, elle était allée à la rivière comme d'habitude. Elle avait vu un morceau de bois à une certaine distance du rivage; elle s'était trop penchée pour l'atteindre, son pied avait glissé, elle était tombée dans l'eau, et elle s'était noyée. La pauvre mère me conta ses peines: elle n'avait pas d'argent pour payer le cercueil, et elle me pria de lui aider. Je sortis mon carnet de ma poche, j'inscrivis son nom et son adresse, je pris les mesures pour le cercueil, et je promis de lui en faire faire un tout de suite.
    La pauvre femme était dans une grande douleur, mais je n'en fus que modérément affecté. Je lui dis que je reviendrais pour l'enterrement, et je m'en allai. Ma petite fille marchait à côté de moi: «Papa, me dit-elle, si nous étions très pauvres, et si maman était obligée de laver pour gagner notre vie, et si j'étais obligée d'aller ramasser du bois au bord de la rivière pour faire du feu; si je tombais dans l'eau et si j'étais noyée, est-ce que tu serais malheureux? » - « Si je serais malheureux ! Mais, mon enfant, je ne sais pas ce que je deviendrais. Je n'ai pas d'autre petite fille que toi, et si je te perdais, cela me briserait le cœur. » Et en disant cela, je la pris dans mes bras et l'embrassai. « Alors, est-ce que tu as été malheureux pour la maman de cette petite fille ? » Comme cette question me perça le cœur ! je retournai à la maison, je pris ma Bible, et je lus à la pauvre mère le quatorzième chapitre de l’Évangile selon saint Jean. Puis je priai avec elle, et m'efforçai de la consoler. Le jour de l'enterrement, je l'accompagnai jusqu'au cimetière. Le père était encore ivre. Le cercueil de la petite Adélaïde fut mis dans la fosse commune, et pendant qu'on le recouvrait de terre, la mère me dit: « C'est bien dur, monsieur, d'enterrer son enfant dans la fosse commune. Si j'étais restée dans mon village, elle aurait été avec mes parents. Oh ! oui, c'est dur de voir mettre mon aînée dans la fosse commune ! » Je me dis que moi aussi je trouverais bien dur d'avoir à enterrer ma fille dans la fosse commune, et je n'eus pas de peine à sympathiser avec la pauvre mère.
    Le Dimanche suivant, je racontai aux enfants de l'école ce qui s'était passé. Je leur proposai d'acheter un terrain pour en faire un cimetière pour l'école du Dimanche, de sorte que lorsqu'un des enfants viendrait à mourir, on l'y enterrerait au lieu de le mettre dans la fosse commune. Avant même que l'acte de vente eût été dressé, une mère vint me demander la permission d'y faire enterrer sa petite fille qui venait de mourir. Au moment de déposer le petit cercueil dans la terre je lui demandai le nom de l'enfant « Emma » me dit-elle. C'était le nom de ma petite fille, et je ne pus m'empêcher de pleurer à la pensée de ce que j'éprouverais si c'était ma petite Emma qui était dans ce cercueil. 
    Quelques jours après, une autre mère vint me demander d'enterrer dans notre cimetière son petit garçon, qui s'appelait Willie. A cette époque, je n'avais qu'un seul garçon, et il s'appelait Willie. Je me représentais ce que je souffrirais si c'était mon Willie qui était mort. Ainsi les deux premiers enfants qui furent enterrés dans notre cimetière portaient les noms de mes deux enfants. Je me mis à la place des pauvres mères affligées, et il me fut facile de sympathiser avec elles.
    Une des premières choses que je fis en retournant à Chicago après une absence de plusieurs années, fut d'aller visiter le cimetière de l'école du Dimanche. J'avais cru qu'il servirait pendant bien des années, mais il était déjà presque plein. Un grand nombre d'enfants y sont couchés, en attendant le jour de la résurrection, et j'aimerais à être enterré à côté d'eux.
    Chers amis, si vous voulez éprouver de la sympathie pour les autres, mettez-vous à leur place. Dieu veuille remplir nos cœurs du même esprit qui animait le bon Samaritain, de telle sorte que nous soyons pleins de bonté, d'amour et de compassion.
    Je veux vous citer, en terminant, un précepte qui m'a été d'un grand secours. Il a été écrit par un quaker : Il n'est pas probable que je revienne une seconde fois sur la terre. Si donc je trouve moyen sur ma route de faire du bien à quelqu'un de quelque manière que ce soit, je veux me hâter de le faire. Je ne veux ni négliger cette occasion ni différer d'en profiter, car je ne repasserai jamais par ce chemin

Chapitre 9
« VOUS ÊTES LA LUMIÈRE DU MONDE.»

    « Ceux qui auront été intelligents, brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité. »
    Tel est le témoignage rendu par un vieillard, l'homme le plus instruit de son temps ; c'était le fruit de sa longue et riche expérience. Daniel avait été conduit à Babylone dans sa première jeunesse ; on croit qu'il n'avait pas plus de vingt ans. Si quelqu'un avait prédit, lorsque ce jeune Hébreu fut emmené en captivité, qu'il dépasserait en renommée tous les hommes puissants de son siècle, que tous les généraux qui s'étaient rendus célèbres à cette époque seraient éclipsés par ce jeune esclave, il est probable que personne n'aurait cru à cette prédiction. Et pourtant, l'éclat du nom de Daniel fait pâlir celui de Nébucadnetsar, de Belsatsar, de Cyrus, de Darius et de tous les puissants princes et monarques de son temps.
    On ne nous dit pas à quelle époque il avait donné son cœur à Dieu; mais il y a lieu de croire qu'il subit l'influence du prophète Jérémie. Quoi qu’il en soit, il avait reçu de bonne heure de profondes impressions religieuses et avait appris à servir Dieu de tout son cœur.
    Nous entendons souvent les chrétiens se plaindre des difficultés de leur champ de travail ; le terrain qu'ils ont à cultiver est particulièrement ingrat. Songez au champ que Daniel avait à cultiver. Non seulement le jeune Hébreu était esclave, mais il était en captivité chez une nation qui haïssait ses compatriotes ; la langue du pays lui était inconnue ; il était entouré d'idolâtres. Eh bien! dès le premier jour, il affirma sa foi, il fit luire sa lumière devant les hommes, et jamais il ne se départit de cette ligne de conduite. Il se consacra à Dieu dans toute la fraîcheur de sa jeunesse, et lui demeura fidèle jusqu'à la fin de son pèlerinage.
    C'est une chose digne de remarque que les hommes qui ont fait l'impression la plus profonde sur le monde et ont jeté autour d'eux l'éclat le plus vif, sont des hommes qui ont vécu dans des temps troublés.
    Voyez Joseph : il avait été vendu comme esclave en Égypte par les Ismaélites ; mais son Dieu l'accompagna dans sa captivité comme il devait plus tard accompagner Daniel. Et Joseph demeura fidèle jusqu'à la fin ; il se trouvait au milieu d'idolâtres, mais ce ne fut pas une raison pour lui d'abandonner sa foi. Il demeura ferme, et Dieu fut avec lui.
    Voyez Moïse : il renonça au palais et aux richesses de Pharaon, et unit son sort à celui de son peuple, accablé de mépris et foulé aux pieds. Si jamais homme s'est trouvé dans des circonstances difficiles, c'est bien Moïse; cependant, il n'a jamais cessé de faire luire sa lumière, il n'a jamais été infidèle à son Dieu.
    Elie vivait dans un temps bien plus sombre encore que le nôtre. Toute la nation semblait plongée dans l'idolâtrie. Achab, la reine Jézabel, toute la cour, étaient opposés au culte du vrai Dieu.   Cependant, Elie demeura ferme, et jeta autour de lui une pure et vive lumière. Aussi, de quel éclat son nom est-il entouré dans l'histoire !
    Voyez Jean-Baptiste. Autrefois, je croyais que j'aurais aimé à vivre du temps des prophètes, mais j'ai changé sur ce point. Quand un prophète apparaît sur la scène, soyez sûrs que les choses vont mal et que l'Église de Dieu s'est laissé corrompre par le dieu du monde. Il en était ainsi lorsque Jean-Baptiste apparut. Aujourd'hui, son nom est entouré d'une brillante auréole; dix-huit siècles se sont écoulés, et la renommée de ce prédicateur du désert est plus vivante que jamais. Il était méprisé par ses contemporains, mais il a survécu à tous ses ennemis ; son nom sera vénéré et son oeuvre durera aussi longtemps que l'Église subsistera sur la terre.
    Vous vous plaignez de votre champ de travail, c'est un sol ingrat, dites-vous. Regardez saint Paul, ce premier missionnaire parmi les païens. Voyez comme il fit briller sa lumière devant eux, leur parlant du Dieu qu'il servait et qui avait envoyé son Fils mourir d'une mort cruelle afin de sauver le monde. Les hommes lui disaient des injures et repoussaient sa doctrine; ils se moquaient de lui quand il leur parlait du Crucifié ; mais il n'en continua pas moins à prêcher l'Évangile du Fils de Dieu. Les grands et les puissants de son temps le regardaient comme un pauvre fabricant de tentes; mais aujourd'hui personne ne connaît leurs noms, à moins qu'ils n'aient été associés au sien. Ils sont tombés dans l'oubli.
    Il est de fait que tous les hommes aiment à briller. Il vaut autant en convenir tout de suite. Dans le monde des affaires comme dans le monde politique, chacun veut être au premier rang; on lutte pour éclipser son voisin, pour occuper la première place. Sur les bancs des écoles, vous retrouvez la même rivalité. Garçons et filles veulent être à la tête de leurs classes. Dès qu'un enfant réussit à atteindre la première place, sa mère en est fière. Elle aura soin que nul n'ignore les progrès de son fils, ni le nombre de prix qu'il a remportés.
    Dans l'armée, c'est la même chose : chacun veut dépasser son voisin ; chacun veut briller, et s'élever au-dessus de ses camarades. Dans les jeux de force et d'adresse, même rivalité : chacun veut faire mieux que les autres. Oui, ce désir est inné en nous; nous aimons à briller entre nos semblables.
    Et cependant, il y a bien peu d'hommes qui y réussissent. De temps en temps, on dépasse tous ses concurrents, mais c'est rare. En ce moment même, il se livre aux États-Unis une grande lutte pour l'élection du Président; la bataille est engagée avec fureur, et va se prolonger pendant six mois.
    Cependant, il n'y a qu'un seul homme qui puisse atteindre le but. Il y en a beaucoup qui luttent pour obtenir le prix, et il y aura naturellement beaucoup de désappointements. Mais dans le royaume de Dieu, le plus petit, le plus faible d'entre nous peut briller s'il le veut. Tous nous pouvons obtenir le prix qui nous est proposé. Le prophète Daniel ne dit pas que ce soient les hommes d'État qui brilleront comme les étoiles. Les hommes d'État de Babylone ont passé ; leurs noms mêmes sont inconnus.
    Il ne dit pas non plus que ce soient les nobles et les grands seigneurs. Les nobles de la terre sont bientôt oubliés . Le souvenir de John Bunyan, le chaudronnier de Bedford, a survécu à la majorité des nobles de son temps. Ceux-ci vivaient pour eux-mêmes, et leur mémoire s'est effacée; tandis que lui vivait pour Dieu et pour les âmes de ses frères, son souvenir est impérissable dans sa patrie.
    Daniel ne dit pas que ce soient les négociants qui brilleront comme les étoiles. Qui pourrait dire le nom de ses riches contemporains ? Leur souvenir n'a duré guère plus longtemps que leur vie.
    Quelle différence pour Daniel ! Vingt-cinq siècles se sont écoulés, et son nom continue à briller d'un éclat toujours nouveau. « Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude, brilleront comme les étoiles à toujours et à perpétuité. »
    Comme la gloire de ce monde est éphémère ! Il y a soixante-quinze ans, le grand Napoléon faisait pour ainsi dire trembler la terre. Il remplissait le monde du bruit de ses conquêtes. Quelques années s'écoulent, et ce puissant vainqueur va mourir en captivité et le cœur brisé, dans une petite île de l'Océan Atlantique. Où sont ceux qui aujourd'hui chérissent sa mémoire ?
    Mais voyez le prophète hébreu, si méprisé, si détesté. On avait voulu le jeter dans la fosse aux lions
parce qu'il était trop saint, trop pieux. Sa mémoire ne saurait périr, et son nom est vénéré à cause de sa fidélité envers son Dieu.
    Il y a dix-sept ans, je me trouvais à Paris au moment de l'Exposition Universelle. L'empereur Napoléon était alors à l'apogée de sa gloire ; on l'acclamait dans les rues. Quelques années plus tard, il tombait du trône et mourait en exil. La gloire et la vanité de ce monde sont bien creuses et bien passagères. Si nous sommes intelligents, nous vivrons pour Dieu et pour l'éternité ; nous nous oublierons nous-mêmes, et nous ne rechercherons pas l'honneur et la gloire du monde.
    Dans le livre des Proverbes, il est dit que « celui qui gagne des âmes est sage. » Quiconque aura gagné une âme à Dieu, celui-là n'aura pas perdu sa vie. Sa vie aura été plus utile que celle des hommes les plus puissants de son temps, parce qu'il aura fait jaillir une source qui ne tarira jamais. Qui que vous soyez, homme, femme ou enfant, vous pourrez briller dans le royaume de Dieu, si vous le voulez. Dieu nous a placés dans le monde pour que nous reflétions sa lumière. Nous ne sommes pas ici-bas pour acheter, pour vendre, pour accumuler des richesses, pour acquérir une haute position dans le monde. Cette terre, pour nous, chrétiens, n'est pas notre patrie ; notre vraie patrie est dans le ciel. Dieu nous a envoyés dans le monde afin d'y faire luire sa lumière, afin d'éclairer les ténèbres qui nous environnent. Jésus-Christ est venu pour être la lumière du monde, mais le monde a éteint cette lumière, il l'a éteinte sur le Calvaire. Avant de monter au ciel, Jésus dit à ses disciples: Vous êtes la lumière du monde, vous êtes mes témoins. Allez et annoncez la bonne nouvelle du salut à toutes les nations de la terre. »
    Nous sommes appelés à briller au milieu de nos contemporains tout comme Daniel avait été appelé à briller à Babylone. Que personne ne dise qu'il n'y est pas appelé, parce qu'il n'exerce peut-être pas autant d'influence que certains hommes. Ce que Dieu vous demande, c'est d'utiliser l'influence que vous possédez. Il est probable qu'au commencement, Daniel n'avait pas grande influence. Dieu lui en donna bientôt davantage parce qu'il était fidèle, et qu'il mettait à profit ce qui lui avait été confié.
    Rappelez-vous que la plus faible lumière peut jeter encore beaucoup d'éclat quand elle est placée, dans un lieu très sombre. Supposez qu'on éteigne tout-à-coup le gaz dans cette salle, que l'obscurité soit complète, et qu'on apporte ensuite une petite chandelle; vous seriez étonné de voir combien elle donnerait de lumière,
    En Amérique, dans la région lointaine des prairies, les réunions religieuses ont souvent lieu le soir dans les écoles des pionniers. On les annonce de cette façon: « Une réunion aura lieu ce soir à la chandelle. »
   La première personne qui arrive met une chandelle sur la chaire. Cela n'éclaire pas beaucoup la salle, mais cela vaut mieux que rien. Chaque nouvel arrivant apporte sa chandelle et la met devant lui. Quand la salle est pleine, je vous assure qu'il y a assez de lumière. De même, si chacun de nous fait luire sa lumière dans le monde, le monde sera éclairé. S'il ne nous est pas accordé d'être des phares, nous pouvons tout au moins être de petites chandelles.
    Une petite flamme suffit souvent pour allumer de grands incendies. Savez-vous comment le grand incendie de Chicago a pris naissance Une vache renversa une lanterne avec son pied ; la ville entière fut incendiée, et cent mille personnes se trouvèrent sans abri. Ne permettez pas à Satan de vous persuader que, parce que vous ne pouvez pas faire de grandes choses, vous ne pouvez rien faire du tout.
    J'ai entendu raconter l'histoire d'un homme qui, pendant une traversée, souffrit beaucoup du mal de mer. S'il y a jamais dans la vie un moment où l'on se sente absolument incapable de travailler pour le Seigneur, c'est quand on a le mal de mer, - du moins c'est mon opinion. Pendant que ce passager souffrait ainsi, il entendit crier qu'un homme était tombé à la mer. Il se demanda aussitôt ce qu'il pourrait faire pour aider à le sauver. Il eut l'idée de prendre sa lampe et de la tenir devant le hublot.
    L'homme fut sauvé. Quand le passager fut guéri de son mal de mer, il monta sur le pont ; et celui qui était tombé à la mer lui raconta qu'il avait coulé à fond deux fois, remontant aussitôt à la surface. Il allait enfoncer de nouveau, probablement pour ne plus reparaître, et il agitait son bras avec désespoir pour la dernière fois, lorsqu'une lumière parut tout-à-coup à l'un des hublots, et tomba sur sa main. Le marin qui était dans le canot, l'aperçut, la saisit, et put ainsi sauver l'homme qui allait se noyer.
    C'était une petite chose, n'est-ce pas, que de soulever une lampe, et pourtant ce fut cette petite chose qui sauva la vie d'un homme. Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses, tenez au moins d'une main ferme le flambeau de l'Évangile, afin que sa lumière éclaire quelque pauvre pécheur égaré et le ramène à Christ. Portons cet Évangile dans les sombres demeures où le nom de Christ n'a jamais retenti, et faisons connaître Jésus comme le Sauveur du monde. Si nous sommes résolus à atteindre ces masses qui périssent loin de Dieu, il faut confondre notre vie avec la leur, prier pour elles, travailler pour elles.
    J'ai de la peine à croire au christianisme d'un homme qui se dit sauvé, et n'est pas disposé à faire tout ce qu'il peut pour sauver les autres. Ne pas tendre la main à ceux qui sont encore dans l'abîme d'où nous avons été retirés, me semble être un signe de la plus noire ingratitude. Qui saura atteindre et secourir les esclaves de la boisson mieux que ceux qui, après avoir subi le même esclavage, en ont été délivrés?
    Parmi ceux qui m'écoutent en ce moment, n'y aura-t-il personne qui, dès aujourd'hui, se mette à l’œuvre? Si chacun de nous faisait ce qu'il pouvait, les cabarets perdraient bientôt la plus grande partie de leur clientèle. J'ai lu autrefois l'histoire d'un aveugle qui se tenait assis au coin d'une rue dans une grande ville, et qui avait tous les soirs une lanterne à côté de lui. Quelqu'un lui demanda à quoi lui servait sa lanterne, puisqu'il n'y avait pas de différence pour lui entre le jour et la nuit. L'aveugle répondit: « J'allume ma lanterne afin que personne ne tombe sur moi. »
    Pensons à cela, mes chers amis. Pour un homme qui lit la Bible, il y en a cent qui nous lisent, vous et moi. C'est ce que saint Paul voulait dire quand il exhortait les Corinthiens à être des épîtres vivantes, lues et connues de tous les hommes. Le bien que nous pouvons faire par nos sermons n'a pas grande valeur, si nous n'annonçons pas Christ par notre vie. Si nous n'honorons pas l'Évangile par notre manière de vivre et d'agir, nous n'amènerons personne à Jésus. Un petit acte de bonté peut avoir plus d'influence sur telle personne que beaucoup de longs sermons.
    Il y a quelques années, un vaisseau se trouva pris dans une violente tempête sur le grand lac Erié. Le capitaine voulait se réfugier dans le port de Cleveland. A l'entrée de ce port il y a ce qu'on appelle les feux inférieurs et les feux supérieurs. Ce jour-là, les feux supérieurs brillaient avec tout l'éclat accoutumé, mais en approchant du port, on ne pouvait pas découvrir les feux inférieurs qui devaient en marquer l'entrée. Le pilote aurait voulu reprendre le large, mais la tempête était si forte que le capitaine redoutait de s'y exposer ; il insista pour que le pilote essayât d'entrer dans le port. Celui-ci n'avait guère d'espoir d'y réussir, n'ayant rien pour le guider dans sa marche, mais il fit des efforts inouïs. Tantôt le vaisseau montait sur la crête des vagues, tantôt il descendait dans l'abîme; enfin, il fut lancé à la côte et brisé en morceaux. Par suite d'une négligence du gardien, les feux inférieurs s'étaient éteints.
    Que ceci nous serve d'avertissement. Dieu entretient toujours les feux supérieurs, leur éclat ne diminue pas, mais il nous a placés ici-bas pour que nous ayons soin des feux inférieurs. Nous devons être les représentants de Dieu sur la terre, de même que Jésus est notre représentant dans le ciel. Je me dis souvent que si nous avions un aussi pauvre représentant là-haut que Dieu en a un ici-bas, nous n'aurions pas grande chance d'arriver au ciel. Que nos reins soient ceints et nos lampes allumées afin que ceux qui nous entourent puissent voir le chemin du salut et ne marchent pas dans les ténèbres !
    Ce que je viens de dire d'un phare me fait penser à un habitant de l'État de Minnesota qui fut pris, il y a quelques années, dans un épouvantable orage. Dans cet État, les orages sont très fréquents, et en hiver surtout, se déchaînent si subitement qu'il est difficile d'y échapper. La neige tombe en flocons serrés, et le vent la chasse au visage du voyageur avec une telle force qu'il ne distingue plus sa route à deux pas devant lui. Bien des hommes se sont perdus dans ces prairies pour avoir été pris dans une de. Ces tempêtes.
    L'homme dont je parle avait donc été surpris par la tempête. Après une longue lutte, il était sur le point d'y renoncer quand il vit une petite lumière venant d'une cabane de pionnier. Il parvint à s'y traîner, et y trouva un refuge contre la tempête. Depuis lors, il a fait fortune. Dès qu'il en eut les moyens, il acheta la ferme. Il bâtit une belle maison sur l'emplacement de la petite cabane de bois, et sur le sommet d'une tour il établit un phare. Chaque fois qu'il s'élève une tempête, il allume ce phare dans l'espoir de sauver quelque voyageur égaré.
    Voilà de la vraie reconnaissance; voilà celle que Dieu attend de nous. S'il nous a sauvés, s'il nous a retirés de l'abîme, soyons toujours sur le qui-vive, prêts à sauver ceux qui seraient en danger de se perdre.
    A propos de phares, je me rappelle une touchante histoire arrivée sur une côte très dangereuse et exposée aux orages. Le phare était confié à deux gardiens. Un soir, la machine se détraqua, et l'appareil refusa de tourner. Les deux gardiens eurent si grand-peur que des marins ne prissent ce phare, habituellement tournant, pour un phare fixe, qu'ils restèrent debout toute la nuit pour faire marcher l'appareil à la main.
   Veillons, nous aussi, à ce que la lumière dont nous sommes porteurs ne soit jamais obscurcie, afin que le monde puisse voir que la religion de Jésus est une puissante réalité. L'un des jeux de l'ancienne Grèce consistait à courir avec des torches, qu'on avait allumées au feu de l'autel.    Quelquefois même, la course se faisait à cheval. Le coureur dont la torche brûlait encore en arrivant au but, obtenait un prix ; si sa torche s'était éteinte, il avait perdu la course.
    Combien y a-t-il de chrétiens qui, arrivés à la vieillesse, ont perdu leur lumière et leur joie ! Jadis, ils brillaient d'un pur éclat dans leur famille et dans l'Eglise ; mais quelque chose est venu se placer entre eux et Dieu, - l'amour du monde, peut-être, ou l'égoïsme, et leur lumière s'est éteinte. S'il y a quelqu'un parmi ceux qui m'écoutent qui ait fait cette triste expérience, que Dieu lui aide à revenir au pied de son autel afin d'y rallumer sa torche ; de telle sorte qu'il puisse aller dans les endroits les plus sombres de la terre et y faire luire la lumière de l’Évangile.
    Comme je l'ai déjà dit : même si nous n'amenons qu'une seule âme à Christ, nous pouvons faire jaillir une source qui continuera à répandre ses eaux longtemps après que nous aurons disparu de la terre. Là-haut, sur le flanc de la montagne, se trouve une petite source ; elle est si petite qu'une biche pourrait la vider d'un trait, semble-t-il. Peu à peu, elle devient un ruisseau; le ruisseau reçoit d'autres filets d'eau ; enfin, c'est une rivière, puis un fleuve puissant roulant ses eaux vers l'Océan. De nombreux villages, des villes populeuses se sont élevées sur ses bords ; et l'agriculture prospère grâce à ces eaux bienfaisantes, qui vont porter au loin, sur leur sein majestueux, les produits du commerce et de l'industrie.
    Si vous amenez une âme à Christ, cette âme en amènera peut-être cent autres, qui à leur tour en amèneront mille; c'est ainsi que le petit ruisseau ira toujours s'élargissant jusqu'au bord de l'éternité. Nous lisons ces paroles dans le livre de l'Apocalypse de saint Jean : « J'entendis une voix du ciel qui me disait: Écris : Bienheureux sont dès à présent les morts qui meurent au Seigneur. Oui, dit l'Esprit, ils se reposent, de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent. »
    Il est fait mention dans la Bible de beaucoup d'hommes sur le compte desquels nous ne savons qu'une seule chose: ils vécurent tant d'années, puis ils moururent. Le berceau et la tombe se rejoignent. Ils vécurent, ils moururent, - nous ne savons rien de plus. De même de nos jours, sur la tombe, de bien des chrétiens de nom, il n'y aurait rien d'autre à inscrire que le jour de leur naissance et celui de leur mort. L'intervalle entre ces deux dates est vide.
    Il y a une chose pourtant qui ne disparaît pas avec un homme de bien. Son influence lui survit. L'influence de Daniel est aussi grande aujourd'hui que jamais. Croyez-vous que Joseph soit mort tout entier ! Son influence se fait toujours sentir, elle ne périra jamais. Vous pouvez déposer dans la terre l'enveloppe mortelle d'un homme de bien ; vous ne pouvez pas y enfermer avec lui ni son influence, ni son exemple. L'apôtre saint Paul n'a jamais été plus puissant qu'il ne l'est aujourd'hui.
    Qui oserait soutenir que Joha Howard, le réformateur des prisons, soit mort ? Son influence ne se fait-elle pas encore sentir dans tous les pays de l'Europe ? Et Henri Martyn, le missionnaire ? Et Wilberforce ? Sont-ils morts, croyez-vous? Allez le demander en Amérique, dans les États du Sud, aux trois ou quatre millions d'hommes et de femmes qui naguère étaient esclaves. Prononcez devant le premier venu d'entre eux le nom de Wilberforce, et vous verrez comme leurs yeux brilleront. Il a vécu pour d'autres que pour lui-même, et son souvenir ne s'effacera jamais du cœur de ceux pour lesquels il a dépensé sa vie et ses labeurs.
    Si vous voulez savoir quels sont ceux qui sont morts réellement quand leurs yeux se sont fermés, je vais vous le dire. Ce sont les ennemis des enfants de Dieu, - ce sont leurs persécuteurs, ce sont leurs calomniateurs. Quant aux enfants de Dieu eux-mêmes, ils ont survécu à toutes les attaques, à toutes les calomnies ; et non seulement cela, mais ils brilleront dans un autre monde.
    Que les paroles du Saint Livre sont donc vraies! « Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les étoiles à
toujours et à perpétuité. »
    Continuons à faire tout ce que nous pouvons pour enseigner la justice à la multitude. Soyons morts au monde, à ses mensonges, à ses plaisirs, à ses ambitions, - et vivons pour Dieu, nous efforçant toujours de lui amener de nouvelles âmes.
    Permettez-moi, en terminant, de citer quelques paroles du docteur Chalmers : « Des milliers d'hommes apparaissent sur la scène du monde, vont, viennent, disparaissent enfin, et l'on n'en entend plus parler.
    Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pris part à rien de ce qui se fait de bon et de bien dans le monde ; personne n'a ressenti les effets de leur charité ; personne ne peut les bénir pour avoir été les instruments de son salut; ils n'ont pas écrit une ligne ni prononcé une parole dont on ait pu conserver le souvenir. Ils sont morts ainsi; leur lumière s'est perdue dans les ténèbres, et leur souvenir ne vivra pas plus longtemps que celui des insectes nés d'hier et qui mourront demain. Est-ce ainsi que tu veux vivre et mourir, ô homme immortel? Que ta vie serve à quelque chose. Fais le bien, et tu laisseras derrière toi un monument que les orages et le temps ne pourront jamais détruire. Écris ton nom, en caractères d'amour, de bonté, de dévouement sur les cœurs, des milliers d'hommes avec lesquels tu entres en contact tous les ans; ton souvenir ne périra jamais. Ton nom, tes actions, brilleront dans ces cœurs comme les étoiles brillent dans le ciel. Les bonnes oeuvres brilleront comme les étoiles du ciel. »
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