jeudi 18 octobre 2012

Ligne de vie par Etienne ATGER

Pour mieux comprendre. Peut-être. Étienne ATGER (Ancien responsable de jeunesse en mission à Saint-Paul-les-trois-Châteaux dans la Drôme en France) – Décembre 2011 

    À tous ceux qui me lisent depuis plusieurs années, à tous ceux qui me suivent de loin ou de près dans mes pérégrinations, à tous ceux qui m’ont perdu de vue ou qui ont perdu de vue ce que je suis devenu, voici quelques lignes qu’il me fallait écrire. Il me fallait les écrire pour vous, mais surtout pour moi. Pour mieux comprendre ce chemin, souvent de douleur, qui a été et qui est le mien. Si mon regard se porte vers ce qui est devant moi, je ne puis bien en saisir la portée que si je comprends ce que Père a fait dans ma vie, avec tant de précision, de gentillesse, de douceur, de pédagogie.
Je viens d’écouter un message qui m’a été envoyé, et c’est clairement l’expression de ce qui se joue en moi, au plus profond de mon être, de mon identité, de ma foi. Dieu a ébranlé toutes les fondations qui n’étaient pas Son fils. Pas à pas, Il a ôté, secoué, déchiré, bouleversé, émondé. Et là, au fond d’un puits de solitude et de douleur, je l’ai trouvé. La seule fondation qui puisse être et qui ne peut être ébranlée par quelque tempête que ce soit. Après tant d’années, et en particulier ces derniers mois, j’ai trouvé Jésus. Ce Jésus qui me révèle le Père. Ce Jésus qui en est la plénitude. Ce Jésus qui est enfin devenu mon tout. En me perdant, je me suis trouvé.
    En 1998, au tout début de l’année, je faisais, comme j’en avais pris l’habitude, mon bilan de l’année écoulée, et même des dernières années que je venais de vivre. Peu importe de quoi elles avaient été faites, elles me paraissaient pleines, riches, abondantes. Tout a mon action de grâce, dansant littéralement devant Dieu dans mon petit bureau de la place de la Tour Neuve, j’ai posé une question à Père : « Et toi Seigneur, que penses-tu de ces années ? ». Tout doucement, aimablement, la réponse paisible du St Esprit s’est faite entendre : « Il est difficile à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » Je comprenais ce que Père me disais. Tout d’un coup, mon regard sur ces années changeait et je savais que mon extrême richesse était devenue un fardeau pour le Seigneur. Trop de compétences, trop de savoir faire, trop de succès, trop d’autorité. Trop de tout faisait de moi un homme riche au point que la porte du Royaume des cieux en était devenue trop étroite… Non pas tant que je n’aimais plus le Seigneur ou que je ne lui obéissais plus, mais j’avais suffisamment en moi pour ne pas avoir besoin de lui pour accomplir ma tâche. Juste besoin de prier pour m’assurer de son assentiment !
    Quelques mois plus tard, tout à mes réflexions et à mon trouble que provoquaient ces mots de Dieu, j’entendais encore le St Esprit me chuchoter, sans aucune violence, sans aucun reproche, mais seulement de la tendresse : « Pourquoi crois-tu ce que tu crois ? » Quelle réponse allais-je donner ? Il me fallait y réfléchir, longuement, sans précipitation. Mais déjà, cette simple interrogation de Père me troublait, m’ébranlait. Il me fallait être honnête en cherchant la réponse : une grande partie de ce que je croyais, je l’avais entendu d’autres et je l’avais adopté, pleinement, parce que d’autres le croyaient. Ce que je croyais était acceptable et me donnait d’être accepté, parfois au prix de quelques compromis. Mais, me convainquais-je, c’était le système qui le voulait. Ce n’était pas forcément un mal, mais je voyais bien dans cette évidence, trop d’évidences justement et qu’il me faudrait, un jour ou l’autre, apprendre ailleurs, apprendre seul et confronter mon exégèse à celles des autres. Et finalement, apprendre à explorer des chemins nouveaux qui impliqueraient la solitude de l’aventurier spirituel qu’Il allait faire de moi.
    Puis vint ce mois d’août de la même année. Seul dans la montagne. À genoux dans les épines de pins, juste à côté d’une petite fleur des champs qui avait poussé là, seule et fragile au milieu des vieux arbres résistants à tous les vents. Mon coeur était dans le plus grand des troubles. Ma lassitude était à son comble. Il me fallait être honnête avec moi-même, je n’aimais plus ce que je faisais et ce que j’étais devenu. Ce qui m’avait paru si beau quelques mois auparavant, était devenu sans saveur et perdait de son sens. Étais-je vraiment en train de faire la volonté de Dieu ?, m’interrogeais-je. Quel avenir était le mien ? Un terrible sentiment m’habitait, je me sentais comme perdu, inutile, trop plein de mon histoire que je célébrais il y a peu. Dans le mistral violent, j’ai alors entendu une voix. Était-elle audible ? Je n’en suis plus très sûr, mais elle m’envahissait tant qu’il me semblait que celui qui me parlait était tout juste à mes côtés. Je venais d’interroger le Seigneur pour savoir si je devais m’impliquer dans un mouvement que Jeunesse en Mission embrassait depuis peu et qui était celui d’implanter des petites communautés missionnaires, ou en d’autres termes, l’implantation d’églises tournées vers le monde. Depuis plusieurs années, j’étais directeur de la mission pour la France, je consacrais tout mon temps à la vie de nos centres, à ses leaders, à son administration, à ses projets. Le reste de mon temps public était ensuite consacré à l’enseignement et à la prédication. Presque pas un week-end sans être invité à partager la parole de Dieu. Tout cela faisait mon succès et mon quotidien. Mais quid du monde du dehors ? J’étais venu à J.E.M. près de 20 années plus tôt pour le changer justement, du haut de mes 20 ans ! Je voulais prêcher l’Évangile et aller dans le monde « sauver les pécheurs ». Et cela faisait si longtemps que je n’avais plus marché dans ce monde, que je n’avais plus côtoyé ceux qui s’y perdaient. Le monde dans lequel j’évoluais m’était, quant à lui, devenu trop confortable pour demeurer honnête. Alors il y eu cette voix, qui, en anglais, sans doute pour mieux capter mon attention, me disait : « Je ne t’appelle pas à implanter des églises, mais à implanter des entreprises. Tu appelleras cette organisation Ethnic International ».Point final et début d’une folle et troublante aventure !
    Je ne peux pas raconter ici, en quelques lignes, les treize années qui suivirent cette rencontre de l’été 1998. Cela se fera peut-être un jour mais il me faudra prendre le temps. Relire tous mes journaux dans lesquels j’ai gardé précieusement les traces de cette étape de ma vie afin de n’en rien oublier. Plus tard. Un jour.
    Mais il me fallait commencer avec ces trois événements, ces trois rencontres de cette année 1998. Non pas que ce qui a précédé n’ait pas de sens. Au contraire, mais les souvenirs s’estompent et perdent un peu de leur intensité. Pourtant, si je m’arrête pour me souvenir bien au-delà de ces treize dernières années, j’y vois la trace de Dieu et sa longue préparation pour aujourd’hui. Et cela me bouleverse intensément. Il a été là à chaque instant, façonnant, préparant, insufflant, semant, pour me permettre la croix…
    J’aurais pu m’arrêter sur ma petite enfance et les soirées d’été dans la maison de « grand-papa et grand-maman » au cours desquelles mon grand-père, que je n’ai pas assez connu, lisait les Écritures et priait pour ses petits enfants.
    J’aurais pu m’arrêter sur mon enfance africaine, tellement formatrice de ma passion pour les nations. J’aurais ainsi pu vous parler de la promesse que j’ai faite à ce continent, sur la passerelle de l’avion qui m’emmènerait pour de nombreuses années loin des senteurs, des couleurs et des bruits africains.
    J’aurais pu vous parler de ces missionnaires au Dahomey avant que le Bénin ne passe par là, et qui m’ont instruit, aux cotés de mes parents, dans les voies du Seigneur Jésus. Quel amour ils m’ont montré !
    J’aurais pu vous parler de ma conversion à l’âge de 17 ans, à Viviers, en Ardèche, dans le cadre des premiers rassemblements charismatiques. Cette rencontre dont le thème central était Actes 1 :8, « Vous serez mes témoins… jusqu’au bout du monde. »
    J’aurais pu vous parler de mon arrivée à Jeunesse en Mission quelques années plus tard et de la formidable aventure qui allait m’être donnée de vivre pendant plus de vingt années incroyables et préparatrices. J.E.M. pour moi a été une précieuse pépinière dont la terre m’a nourrie de tant de richesses.
    J’aurais pu vous parler de la mort de mon meilleur ami, mon père. Cette mort si cruelle et pourtant porteuse de tant de fruits en moi.
    J’aurais pu vous parler de ces si nombreuses erreurs, morts, ruptures, défaites qui ont ponctué ma vie de missionnaire. Mais aussi, avec elles, ces formidables rencontres, victoires, visions.
J’aurais pu vous parler des sept années pionnières que notre petite équipe a vécues dans le vieux Mas de Provence qui deviendrait un centre de formation de J.E.M. Sept années de limites, de non reconnaissance, de rumeurs, puis une brèche fantastique et une croissance inespérée.
J’aurais pu vous parler aussi de l’année 2003 et déjà d’un trou noir de six mois au cours duquel mon seul cri était « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ! », puis un matin d’août et déjà une rencontre.
    J’aurais pu vous parler encore de ces nouveaux métiers que j’ai appris sur le terrain des mines d’or d’Afrique. Les confrontations avec un monde invisible et pourtant bien tangible. Les pertes et les séparations douloureuses.
    Mais je ne ferai que m’arrêter sur ces deux dernières années. Elles forment comme un tout avec les années précédentes depuis 98 et vous l’avez sans doute compris, avec toutes les années qui ont écrit mon histoire. Elles sont comme une conclusion et comme un nouveau départ. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
    Un jour de février 2010, je suis tombé dans un puits profond, sombre et froid. À moins que cela n’ait été comme le début d’un long exode qui m’a entraîné dans un étrange désert. Ou encore, et c’est sans doute plus proche de la vérité, un chemin de croix qui m’a mené à la croix, la mienne. Bien plus douce que celle du Seigneur, mais ô combien violente et douloureuse pour l’humain que je suis. Ces deux dernières années ont achevé un long travail d’ébranlement, dont la genèse réside dans les douces paroles de l’Esprit que je vous partage plus haut. Je crois, j’espère, je pense que ces années ont engagé une oeuvre essentielle dans ma vie afin de me faire naître de nouveau, à nouveau. J’ignorais qu’un tel ébranlement eut été nécessaire tant il m’apparaissait avoir marché dans les voies de Dieu. Suis-je plus pêcheur qu’un autre ? Me suis-je souvent interrogé. Peut-être ? En fait, si je me retourne, malgré mon coeur, malgré mon zèle, malgré ma vie, combien de fois me suis-je taillé un Jésus à mon image ? Combien de fois ai-je pris la place de Dieu afin de mieux contrôler ce qu’était ma vie ? Combien de fois ai-je cru en Dieu sans vraiment le croire ? Combien de fois ai-je été ce que l’on attendait de moi sans être moi ? Combien de fois ai-je été rempli de moi et ai-je prétendu marcher par l’Esprit ? Combien de fois ai-je pris des décisions parce que j’avais peur et que je ne connaissais pas vraiment Père ? Combien de fois ? Mais cela je ne l’ai su que parce qu’il y a eu dans ma vie de profondes ténèbres, comme un sommeil adamique, afin de m’éveiller à Christ. Il y eu un soir, et bientôt il y aura un matin ! C’est cela que je crois pour ma vie. Simplement. C’est une saison et je l’accueille plein d’espoir pour demain.
    Un jour de février donc. Le 16. Juste avant de prendre mon avion, tout un pan de ma vie s’est effondré. Quand ce qui avait été l’objet de mon rêve de vie semé un été de 1998 m’a été enlevé. Sans coup férir, en quelques minutes. Pas besoin de s’étaler. J’ai pardonné, sans pouvoir oublier ces heures sombres. Les deux entreprises que nous avions fondées à quelques-uns nous étaient reprises par des « partenaires », nous étions mis à la porte, la petite équipe de management et moi, chassés en réalité sans préavis et pour des prétextes qui resteront fallacieux à jamais.
   Dans l’avion qui me ramenait vers les miens, la nuit fût longue. Il m’était impossible de comprendre, ni de m’échapper. J’aurais tant voulu hurler ma peur, ma peine, ma mort. Mais rien. Un trou sombre seulement. Vingt jours durant. Abandonné de Dieu à nouveau. Oublié de Lui. Accusé de tout. Perdu. Sans un sou. Sans avenir. Sans vie. Je suis alors parti en Cévennes. Pour une retraite. La météo était exécrable, la neige, le vent, le froid ont été mes seuls compagnons pendant trois jours de tombeau. Je me souviens avoir marché longuement, sans même vraiment me rendre compte des morsures de l’hiver. J’ai même fini par me perdre. Mais peu m’importait de ce qu’il adviendrait de moi. Je criais mon désespoir, j’accusais Dieu et je le cherchais tout à la fois. Et il est venu, là dans cette petite chambre, froide elle aussi. Discrètement, gentiment, Il m’a repris par la main, comme on prend un enfant titubant après une mauvaise chute. Et depuis lors, Il ne m’a plus lâché. Nous faisons route et chaque jour est une surprise. Ô certes, il y a bien des moments de doute, mais ils nourrissent ma foi. Il y a des moments de lassitude, mais ils me poussent vers Dieu. Il y a encore de la peur, mais Lui me rassure vraiment.
    Un jour, je me suis vu comme une petite bouteille de verre dont on a profondément enfoncé un bouchon de liège dans le goulot afin qu’elle ne se remplisse pas de l’eau du grand océan dans lequel elle a été jetée. À perte de vue, de l’eau. Point de terre à l’horizon. Parfois la mer est d’huile et la petite bouteille surnage assez paisiblement. Mais plus souvent qu’à son goût, le vent se lève et la tempête s’acharne. Sans cesse les vagues la roulent, la secouent et la retournent. La petite bouteille a peur, terriblement peur de ce grand océan qui semble lui en vouloir. Elle a peur parce que son bouchon a tendance à se retirer du goulot et personne pour le renfoncer. Puis un jour, une tempête encore s’est levée, plus forte, plus violente, plus définitive. Le bouchon de la petite bouteille a sauté et a disparu dans les vagues. La bouteille encore une fois, roule, tourne et se perd. Finalement, l’eau du grand océan commence à la remplir. Elle le sait bien, la petit bouteille de verre, qu’elle va se noyer et disparaître à jamais. Oubliée d’un monde qui n’a plus vraiment besoin d’elle. Et l’eau de l’océan de la remplir encore et encore et de disparaître dans l’écume. Elle coule. Elle n’a plus rien à quoi s’accrocher pour sauver sa vie. Elle ne peut que la perdre, maintenant. Elle s’enfonce alors dans la mer déchaînée. Elle s’enfonce et s’interroge, la petite bouteille. Elle n’a pas vraiment coulé. L’eau est tout autour d’elle et aussi totalement en elle. Elle est, comme on le dit, entre deux eaux. Elle ne descend pas plus bas, mais à sa surprise, les vagues ne l’atteignent plus. Il fait calme, juste une paisible ondulation qui suit le mouvement de la tempête tout là-haut. La petite bouteille de verre est bien, là, perdue dans le grand océan…
    C’est ce que j’ai découvert pendant les mois qui ont suivi ma « mort ». J’ai trouvé l’amour d’un Père qui me rempli et m’entoure. J’ai rencontré Jésus comme jamais auparavant et j’ai appris à avoir conscience de sa douce et permanente présence. J’ai appris à demeurer en Lui et à ne plus être un sarment rattaché au Cep que de temps à autres. Mais il est vrai qu’il Lui a fallu ôter le bouchon de liège. Il a dû chasser les idoles en moi. Provoquer toutes mes peurs. Ôter tout sentiment d’utilité et finalement de dignité. Il m’a entraîné loin du lieu des hommes, loin des lumières de la vie et un matin, il m’a dit « je t’ai caché dans le creux du rocher ». Et je sais qu’un jour, et déjà maintenant en me retournant, je verrai la gloire de mon Père, juste de dos, car on ne pourrait pas voir Sa face incroyable et vivre.
    Pendant ces mois, j’ai marché, longtemps. Seul. J’ai parlé, beaucoup. J’ai répandu mon coeur au seul qui savait qu’en faire. J’ai pleuré et j’ai même ri. J’ai découvert le meilleur ami qu’un homme puisse avoir. J’ai entendu sa voix, douce, rassurante, instructive. J’ai appris à renoncer à tout. À lui dire encore et encore : « non pas ma volonté, mais la tienne ». À attendre son salut, sans que cela ne soit une proie à arracher, mais un don merveilleux que l’on reçoit en tremblant. J’ai aussi appris à me taire, à le croire, à le voir, à l’écouter. À savoir qu’il est là à tout moment. À l’aimer et à me laisser aimer. J’ai tellement mieux compris comment Paul pouvait avoir été saisi et que rien ne comptait plus alors. Une chose qui m’a surprise, si loin de ma religion, c’est que Père ne fait pas de reproches à celui qui le cherche et vient à Lui. Il ne le juge pas, ne le montre pas du doigt. Je l’ai même senti sourire devant mes imperfections et m’attirer à Lui. Il sait que je trépigne parfois et que je suis impatient. Il sait quelles sont encore parfois les craintes qui montent en moi. Les doutes qui m’écorchent l’âme. Mais Il reste là, aimablement pour me dire de ne pas m’inquiéter, de ne pas avoir peur. Et puis avec Lui, j’ai aussi beaucoup réfléchi et devisé sur le monde, les nations, le Royaume, la crise ambiante, l’Église et les églises, l’histoire des hommes.
    Par des livres, toujours à propos, j’ai encore découvert que beaucoup d’autres étaient sur mon chemin. Que je n’étais pas seul malgré mes solitudes. J’ai appris à me réjouir de peu, surtout quand je pars avec mon appareil photo. J’ai redécouvert le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, les couleurs, les senteurs, les traces des animaux dans la terre de Provence. Des moments de simple amitié avec Lui. Parfois, même en courant dans la forêt, pour me « maintenir » en forme, je l’ai entendu m’instruire. Au point de na pas avoir le souvenir du chemin que j’ai emprunté pour m’essouffler ainsi !
    Sur ce chemin d’exode, dans le grand désert de cette page de ma vie, Il a ébranlé mes fondations. Non pas parce qu’il était en colère, mais parce que c’est une saison qui vient. C’est un temps. C’est Son désir aimant pour moi. Et pour beaucoup d’autres qui viennent aussi vivre cet exil. Et quand Il m’a trouvé et que je l’ai trouvé, il ma dit d’aller. Et c’est alors que depuis plusieurs mois la passion, un temps éteinte, s’est rallumée. Les nations, le Royaume, l’économie, la communauté, tout ce qui était devenu mon passé m’est revenu comme un don de Père. Aujourd’hui, en écrivant ces lignes, je brûle d’aller. J’ai un rêve en moi, pour mon pays, ainsi que pour le continent de mon coeur. Pour l’Église, pour les nations. Je ne puis pas tout dire car Il a son temps et pour certains aspects, ce temps n’est pas encore venu. Mais Il a tracé un chemin, je n’en vois qu’un tout petit bout, mais il est là. C’est un chemin pour une nouvelle saison. Une saison pour moi et pour beaucoup d’autres. Une saison où les statues des hommes, qui ont pour noms politique, économie, religion et d’autres encore, vont être ébranlées et vont même s’effondrer. Une petite pierre roule du haut de la montagne… Aucune main d’homme ne peut saisir cette pierre, aucun homme ne peut aider Dieu à accomplir Son plan. Si ce n’est en mourant en Lui pour vivre encore.
    C’est une saison du Royaume. On en a tellement parlé que le temps est venu de le vivre et de se taire, sans doute. De briller et de saler le monde que Père aime tant. Un temps pour manifester l’Église cachée dans le cœur de Dieu. Un temps pour que soient révélés les mystères bénis du Seigneur. Un temps de salut. Un temps de rédemption.
    Je me suis perdu un moment de vie et Il ma retrouvé. Il y a du fils prodigue dans mon cheminement. Et c’est bien le mien, de chemin. Que nul ne pense que ce que j’ai vécu est universel et qu’il se doit de le vivre à son tour. Non, mais surtout que chacun Lui dise, comme un fils ou une fille aimante : « toutefois non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Et alors, peut-être, empruntera-t-il ce chemin à son tour. Qui sait ? Père le sait.
    Et puis, allez, je sais bien, moi, que je suis resté moi malgré tout ce que je partage. Je ne me suis pas désincarné pour devenir plus « spirituel ». Au contraire, je suis devenu plus que jamais moi et moi homme avec tant d’imperfections ! Mais des imperfections acceptées et en devenir. Je sais bien aussi, que la lumière de ces derniers mois a fait pâlir mon histoire d’hier. Mais comme je vous l’ai dit, je n’ai pas renié cette histoire, je l’ai réconciliée. Et maintenant, il me semble que tout forme un tout, une histoire de Dieu dans celle de l’homme. Je suis en route, et un peuple sans beaucoup de savoir, de puissance, de dignité ou de pouvoir, se lève et se met en route aussi.
    Ces lignes, je l’espère, ne seront pas lues, si elles le sont jamais, comme un testament, mais bien plutôt comme le liminaire de ce qui vient. Comme les premiers rais de lumière d’une aube naissante. Comme le prologue d’un livre, d’une épître écrite par Dieu Lui-même. La vie de chacun de ceux qui l’ont abandonnée entre Ses mains est un merveilleux humus, bien plus que la poussière dont nos pauvres traductions bibliques nous disent être formés, sur lequel pousse la graine infime du Royaume, qui un jour deviendra un arbre puissant. Alors le Royaume de Dieu sera manifesté et presque achevé, et Son Roi sera en chemin…

Etienne Atger 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

GLOIRA A DIEU! QUE SA VOLONTE SOIT FAITE SUR LA TERRE COMMENT CIEL.