dimanche 8 janvier 2012

LA VIE DE JOB par Jessie Penn-Lewis (troisième partie)

CHAPITRE DIX-SEPT (34,35)

Elihu, l'homme

"L'Esprit de l’Éternel est-il prompt à s'irriter ? Est-ce là, sa manière d'agir ?"  (Michée 2.7)

    Elihu a inutilement attendu que Job répondît. Il en éprouve de l'irritation car il est convaincu d'avoir compris le cas de Job et d'avoir dit les paroles de l’Éternel. 
     Alors il se tourne vers les amis de Job : "Sages, écoutez-moi ! Vous qui êtes intelligents, prêtez l'oreille ! Car l'oreille discerne les paroles comme le palais savoure les aliments."  Désormais, il semble ignorer la présence de Job pour s'adresser uniquement aux "Sages".
    Choisissons ce qui est juste, leur dit-il, voyons entre nous ce qui est bon." 
    Attribuant au mépris le silence de Job, il se laisse aller à attaquer celui qu'il avait mission d'éclairer. "Y a-t-il un homme comme Job buvant la raillerie comme l'eau ?" demande-t-il. S'attendait-il à entendre des paroles d'approbations ? En tout cas, Dieu humilie Job et ce n'était pas à Elihu d’ajouter quelque chose à sa peine.
    On se demande, en constatant ce manque de patience et de douceur, si Elihu avait passé par cette école de souffrance qu'il avait si vivement décrite aux yeux de Job. Dans une certaine croissance, il arrive que la lumière reçue et la compréhension dépassent l'expérience. Et l'irritation marquée d'Elihu nous fait supposer qu'il en était bien ainsi. 
    Nous, que le Seigneur envoie, ne trébuchons-nous pas souvent, comme il le fit sur ce point ? Si les auditeurs nous écoutent, s'ils sont réceptifs, nous en éprouvons une grande joie. Si, à cause d'une certaine réserve, ou parce qu'ils sont profondément interpellés par le message entendu, ils restent silencieux, nous attribuons ce message à quelque cause erronée. Nous perdons patience et brisons ainsi le contact avec le Saint-Esprit. Les âmes ne sont pas secourues et peut-être que nous les laissons dans le désespoir.
    Au lieu de remettre à Dieu le message prononcé en son Nom, Elihu se lance à présent dans un déluge de mots de son propre fonds, pour renforcer ce qu'il a dit.
    De même, il arrive que nous donnions fidèlement le message reçu de Dieu, prenant soin de dépendre de lui pour chaque mot. Le Saint-Esprit rend témoignage à la parole par l'attention des auditeurs. Puis, sans y prendre garde, nous ajoutons de nous-mêmes une multitude de mots pour renforcer ce message reçu de Dieu pour le faire pénétrer dans les cœurs. En agissant ainsi, nous l'affaiblissons.
   Tact, équilibre spirituel, aimable courtoisie, et même, équité et justice en citant les paroles de Job, Elihu semble avoir tout perdu;
    Job a dit : "Il est inutile à l'homme de mettre son plaisir en Dieu. Que gagnerons-nous à lui adresser nos prières ,"
    Or job n'avait jamais dit cela, il a seulement cité les paroles des méchants; (Chapitre 26.15)
   La susceptibilité d'Elihu lui a voilé la vision spirituelle, elle a été oblitérée sans discernement. Et il dit à peu près, maintenant, ce qu'ont déjà dit les amis de Job sur la grandeur et la sainteté de Dieu. (34.10-30) Puis, il ajoute : "la seule attitude convenable est celle d'une acceptation du châtiment. C'est de dire à Dieu:
"Montre-moi ce que je vois pas. Si j'ai commis des injustices, je n'en commettrais plus."
    C'est à toi de choisir, Job, et non pas à moi. Mais parle donc ! Ce que tu sais dis-le ! Les hommes de sens seront de mon avis. Job a parlé sans intelligence et sans sagesse" (v. 31 35)     Job continue de garder le silence, à la grande indignation d'Elihu. Il ne relève même pas ses affirmations erronées. Alors, le jeune Elihu continue de dire ses injustes accusations. Serait-ce pour obliger Job à parler, à protester ?
"Tu as dit : Que me sert-il ? Que me revient-il de ne pas pécher ?" (35.3) (Job n'a jamais pensé aux avantages qu'il pouvait retirer du service de Dieu.)
    "Imagines-tu avoir raison ? Penses-tu te justifier devant Dieu ? Considère les cieux : regarde ! Vois les nuées comme elles sont au-dessus de toi. Si tu pèches, quel tort causes-tu à celui qui y habite ?.... Si tu es juste, que lui donnes-tu ? Ta méchanceté ne peux nuire qu'à ton semblable. Ta justice n'est utile qu'au fils de l'homme...."
    Elihu fait ensuite allusion à l’égoïsme des hommes concernant Dieu. Sont-ils dans l'angoisse, souffrent-ils d'être asservis ? Alors, ils crient au secours. Mais ils ne recherchent pas leur Créateur, celui qui donne les chants de délivrance dans la nuit de l'angoisse. (v. 10) Cependant, Dieu qui a créé l'homme, veut l'enseigner, et le rendre plus intelligent que les oiseaux du ciel. 
    Il arrive que les hommes crient vers Dieu, sans que Dieu réponde, à cause de leur orgueil et de leur vanité.
     "Bien que tu dises que tu ne le vois pas, ta cause est devant lui.
     Mais, parce que sa colère ne sévit point encore, 
    Ce n'est pas à dire qu'il ait peu de souci du crime.
    Ainsi Job a vraiment ouvert la bouche, il a multiplié les paroles sans intelligence."     

CHAPITRE DIX-HUIT

Elihu au service de Dieu

"Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche." 
(Jérémie 15.19)

    "Souffre que je parle encore, demande Elihu, car j'ai encore des paroles pour la cause de Dieu."
    A nouveau, nous discernons un changement dans la façon dont s'exprime Elihu. Il revient à sa première manière. Il est courtois et déférent. "Souffre que je parle encore au service de Dieu."
    Sans doute, s'est-il aperçu qu'il a quitté le droit chemin et qu'il a parlé en son nom propre dès qu'il s'est permis d'attaquer Job, au lieu d'interpréter l'action de Dieu envers l'affligé, dans le creuset de l'épreuve. Il avait à donner le message de Dieu et non pas à l'appliquer.
    Dieu pouvait employer Elihu aussi longtemps que celui-ci restait modeste, humble en respectant les lois de la courtoisie et de l'amour. Mais dès que l'esprit de susceptibilité envahit son cœur, "comme une mouche dans une boite de parfum", qu'il se laissa gagner par l'irritation à cause du silence de Job, le contact avec l'Esprit de Dieu fut rompu. Il perdit la puissance que Dieu avait fait reposer sur lui.
    Que ceux qui veulent être des fidèles serviteurs y prennent garde. Tout dans le service dépend de leur union avec Dieu. Celui qui parle pour Dieu, considère volontiers les auditeurs comme des antagonistes que son plaidoyer doit gagner au Seigneur. Mais celui qui sait n'être qu'une voix donnée à Dieu, établit le contact entre les auditeurs et le Seigneur, parce qu'il est lui-même uni à Dieu.
    Elihu redit à peu près, maintenant, avec quelques développements, ce qu'il avait dit au début : 
"Dieu est puissant, mais il ne méprise personne. Il est puissant par la force de son cœur." 
    Le cœur de Dieu est fort. Il aima parfaitement et pour l'éternité. S'il ne répond pas au premier cri de son enfant, comme une mère au cœur faible, il n'est cependant pas insensible ni indifférent. Bien au contraire, il est compatissant et se souvient que nous ne sommes que poudre. "Dans toutes nos détresses, il est en détresse." Mais il permet nos souffrances sachant qu'elles sont pour notre bien éternel.
"Il ne détourne pas les yeux de dessus les justes. Il les place sur le trône avec les rois..."
    Dieu veut faire de ses rachetés, de ses élus, des rois et des sacrificateurs. "Si nous souffrons avec lui, nous serons aussi glorifiés avec lui." Il veut élever les malheureux de leur tas d'immondices jusqu'au trône ! Dans ses desseins d'amour, il fait déjà asseoir avec le Seigneur, sur son trône, ceux qu'il a justifiés, ceux qui sont une même plante avec le Juste. Le cœur de l’Éternel est fort. Avec patience, il les prépare pour leur vocation céleste. Il les fait passer par la fournaise afin qu'eux aussi deviennent des vainqueurs, comme leur Seigneur. Il a vaincu et il est assis avec son Père, sur son Trône.
"Viennent-ils à tomber dans les chaînes ?  Sont-ils pris dans les liens de l'adversité ?
Ils leur montre leurs œuvres.. il ouvre leur oreille pour qu'elle entende l'instruction."
    Ici, Elihu décrit une autre sorte de souffrance. Il a d'abord été question de ces épouvantables maux qui clouent sur un lit de maladie. Maintenant, il s'agit surtout de souffrances morales, les souffrances de l'âme. Celle-ci, destinée à la royauté, apprend dans les liens de l'affliction à supporter et à obéir, pour devenir capable de régner.
    Le puissant amour du Seigneur projette sa lumière sur les années écoulées. Il montre avec tendresse à ses enfants, les points sur lesquels, ils ont enfreint ses commandements : orgueil, critiques, jugements sans charité, dureté pour le prochain, confiance en soi-même, en ses capacités ou dans sa connaissance ; satisfaction de soi-même au point de se croire indispensable pour le service du Maître.
    Et Dieu, dans sa fidélité, ouvre l'oreille de ses enfants et les instruit :
"Il les exhorte à se détourner de l'iniquité. S'ils écoutent et se soumettent, ils achèvent leurs jours dans le bonheur."
    La répréhension est en vue de la bénédiction. Si Dieu blesse, c'est pour guérir. Il fait voir le péché sous son vrai jour. Le moindre attouchement de l'orgueil est pour lui une iniquité, laquelle demande un retour vers lui pour implorer pardon et purification, comme aux premiers jours de notre conversion et de notre marche avec lui.
    Le si, souligne le libre choix de l'homme. "S'ils écoutent... S'ils n'écoutent pas." (v. 11,12) S'ils n'écoutent pas, ils périssent dans leur aveuglement, mais sont sauvés comme au travers du feu.
    Maintenant, Elihu essaye de consoler Job. "Les impies ne crient pas vers Dieu quand ils sont enchaînés dans les liens de l'affliction." Son cri vers Dieu prouve qu'il sait où se réfugier dans la détresse. Et Dieu sauve le malheureux, par la misère même, c'est par la souffrance qu'il l'avertit. (v. 15) Dieu répond au cri de Job en le laissant dans la fournaise, car le feu brûlera tous les liens et il en sortira libre. 
    Le but que Dieu poursuit, c'est la délivrance de son enfant.
"Il veut te retirer de la détresse pour te mettre au large, en pleine liberté."
    Dans la fournaise de l'affliction, l'enfant de Dieu s'imagine volontiers que son Père céleste l'oublie, parce qu'il est incapable de discerner l'action de celui-ci. Et lorsque Dieu retire de l’épreuve, et met au large, il le fait avec tant de douceur, que le patient ne discerne pas toujours l'Auteur de sa délivrance.C'est cependant lui qui brise les chaînes et met au large, lui qui a brisé l'étroitesse empêchant de recevoir la plénitude de vie. Désormais, l'horizon n'est plus bouché : plus d'activité de clocher, plus d'étroitesse de cœur, plus de famine spirituelle, car la table de sa Maison est chargée de mets succulents. Il la dresse à la vue des ennemis, pour celui dont les chaînes sont tombées.
"Prends garde de ne pas te complaire en toi-même, et que la grandeur de la rançon ne te fasse pas dévier..."
    Le contentement de soi ! Voici le danger menaçant pour les serviteurs que Dieu a appelés et qu'il bénit. D'abord, une certaine confiance en soi, puis quand le messager a appris à puiser
uniquement en Dieu pour son service, il peut se laisser aller à oublier sa complète dépendance, à cause de l'abondance même qu'il trouve en Dieu, et puis se complaire en lui-même !  
    Autre avertissement solennel ! La grandeur de la Rançon peut devenir un piège.
   Nous ne pouvons saisir, semble-t-il, qu'un seul aspect à la fois de l'immense Sacrifice du Calvaire, et de la redoutable sainteté de Dieu. De sorte que nous marcherons dans l'esclavage, mesurant notre communion avec Dieu, à notre obéissance. Ou bien, au contraire, nous réaliserons si pleinement la grâce de Dieu et la valeur du Sang répandu en notre faveur, que nous ne veillerons pas à juger sévèrement le péché en nous : toute défaillance, toute désobéissance, dans la conduite journalière. 
"Prends garde de te livrer au mal, car la souffrance l'y dispose." (36.21)
    Job, au lieu de souffrir patiemment a justifié sa conduite, il a défendu sa propre cause. A chaque nouveau pas de la vie de la foi, le racheté doit choisir sa voie, soit le chemin facile, soit celui de l'affliction.
    Elihu a parlé de la nécessité de garder ses yeux. Il vaut mieux immédiatement de choisir le chemin que Dieu veut, sans s'arrêter à considérer l'autre. Bien des chrétiens s'imaginent que c'est chose facile. Mais, placés dans une fournaise comme Job, que feraient-ils ?
"Qui saurait enseigner comme Dieu ? Il est grand par sa puissance. Qui lui prescrit ses voies? Qui ose dire : 'tu fais mal ?' Souviens-toi donc d’exalter ses œuvres."
   Alors, Elihu parle encore, les nués se sont amoncelées, le ciel s'est obscurci, c'est la tempête.
     Le groupe de ceux qui environnent Job sur le tas de cendres est enveloppé de ténèbres, que déchirent d'aveuglants éclairs.
"Écoutez le frémissement de sa voix, le grondement qui sort de sa bouche... Il tonne de sa voix majestueuse." (37.2-5)
    Elihu connaît Dieu. Tout son être répond avec délice à cette manifestation de la majesté de l’Éternel dans l'orage qui approche, qui éclate et dont il en fait une description vivante.
    Après avoir considéré les merveilles de celui dont la science est parfaite, il ajoute :
"Nous ne saurons parvenir jusqu'au Tout-Puissant, grand par la force, par la justice, par le droit souverain. Il ne répond pas. C'est pourquoi, les hommes doivent le craindre."

CHAPITRE DIX-NEUF

Dieu se révèle à Job

"L’Éternel marche dans la tempête, dans le tourbillon. Les nuées sont la poussière de ses pieds." (Nahum 1.3)

    L'orage s'éloigne, le vent chasse les derniers nuages. Vers le Nord, il y a comme une nuée étincelante, éclatante comme de l'or... "Oh ! Que la majesté de Dieu est redoutable" s'est écrié Elihu. Puis le silence se fait sur le tas de cendres. Tous admirent cette splendeur. Tous pressentent peut-être, une Présence, SA PRÉSENCE ! Ils ont comme un aperçu de la gloire, à l'intérieur du voile, la gloire de celui qui habite une lumière inaccessible, celle du Roi des rois et du Seigneur des seigneurs
    Et voici un tourbillon, un impétueux tourbillon de vent. Du sein du tourbillon, une voix se fait entendre : la voix de Dieu !
    Job avait dit : "Appelle ! Et je répondrai." Quand Elie entendit le son doux et subtil sur la montagne de Dieu à Horeb, après le vent violent, le tremblement de terre et le feu, il enveloppa sa tête dans son manteau, il sorti et se tint à l'entrée de la caverne. (1Roi 19)
    Il est probable que Job s'est prosterné quand il entendit la voix. Est-ce que ses amis l'ont-ils aussi entendue ? Nous ne savons pas. Mais il est écrit que l’Éternel parla à son serviteur Job et se fit connaître à lui. 
    "Qui est celui qui obscurcit mes desseins par des paroles sans intelligence ? " demande Dieu. Qui est-il ? Serait-ce toi mon serviteur que je disais droit, intègre, et te détournant du mal?  Job, connaît-toi toi-même ! Qui es-tu, après tout ?
"Ceins tes reins comme un vaillant homme, je t'interrogerais et tu m'instruiras... (38.1-3)
    Depuis qu'il a affirmé sa parfaite droiture et qu'Elihu a entrepris de lui répondre, Job a gardé le silence. Il est, à présent brisé, trop complètement brisé pour formuler une parole.   
    Qui peut guérir un esprit blessé et brisé si ce n'est Dieu seul ?
    Aucune parole de Dieu n'est vide de puissance, inutile. Nous pouvons croire que ce qu'il a dit a fortifié Job en le préparant à entendre ce que l’Éternel veut lui dire. Dieu ne répète pas les paroles d'Elihu au sujet de la délivrance de l'affliction, et concernant la rançon. Ce dont Job a besoin, ce n'est pas d'enseignements, mais d'une rencontre avec Dieu, d'une révélation qui le jettera dans la poussière tout en lui laissant entrevoir quelque chose du cœur de l’Éternel, lequel a permis la fournaise.
    Et voici qu'en un langage d'une beauté inégalable, l’Éternel adresse à Job une série de questions, lesquelles mettent en relief sa toute puissance dans le ciel et sur la terre. Il fait passer ainsi toute sa gloire devant les yeux de son serviteur, comme il le fit aussi pour Moïse. 
"L’Éternel... Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à mille générations..." (Exode 34.5-10)
    Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dès ses premiers mots, Dieu met Job à la place qui lui convient : celle de la créature devant son Créateur.
    A Tsophar, Job avait dit son indignation : "J'ai de l'intelligence, moi aussi !" La première question que lui pose l’Éternel lui fait comme du doigt toucher sa petitesse et les limites de son intelligence.
    S'il a de la sagesse, qu'il dise au Créateur le mystère de son existence. Où était-il quand la terre fut fondée et que les étoiles du matin éclataient en chants d’allégresse. Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? Qui en a posé la pierre angulaire ?
    S'il ne peut expliquer ces choses, comment comprendrait-il le mystère de sa propre existence ? Comment, créature bornée, pourrait-il juger de l'action de Dieu en lui ?
"Qui a fermé la mer avec ses portes....
Quand je lui imposai ma loi...
Quand je dis... Ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots."
    Lui qui commande à la mer, aux fleuves, ne peut-il aussi prescrire des limites aux épreuves qui frappent son serviteur, et dire: Jusqu'ici, et pas au-delà !
"As-tu montré sa place à l'aurore,
pour qu'elle saisisse les extrémités de la terre,
et que les méchants en soient secoués."
    Celui qui commande à la lumière, laquelle fait surgir les contours de toutes choses, comme l'artiste donne une empreinte à l'argile, ne peut-il ramener son serviteur des ténèbres à la lumière de la résurrection ? Ne peut-il faire que les légions infernales qui l'environnent soient brisées, dispersées, que sa vie soit marquée du sceau de Dieu et renouvelée ?
"As-tu pénétré jusqu'aux sources de la mer ?
T'es-tu promené dans les profondeurs de l'abîme ?
...As-u vu les portes de l'ombre de la mort ?
    Sinon, comment comprendrais-tu les sources de ton être, et les replis cachés de ton cœur ? Tu as appelé la mort. Mais ce sont là, paroles dénuées d’intelligence. Seul, l’Éternel commande aux sources de la vie. Seul il met à nu les abîmes cachés du cœur. Seul, il commande aux portes de la mort.
"As-tu embrassé du regard les mesures de la terre ? Où est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ? Et les ténèbres, où ont-elles leur demeure ?
    Parle Job, si tu sais toutes ces choses, dit Dieu. Et s'il ne peut répondre sur aucune, comment comprendrait-il de quelle manière il doit être conduit vers celui qui est la Lumière même, la Source de toute lumière pour tous ses achetés ?
"Es-tu parvenu jusqu'au trésor de neige et de grêle, que je tiens en réserve pour les temps de détresse, pour les jours de guerre et de bataille ?"
    Job avait parlé du combat que l'homme doit soutenir ici-bas. Soupçonnait-il quelque chose de la guerre qui se produit dans les lieux célestes ? Entre Michel et ses anges, et le diable et ses anges, guerre dont il est question dans l'Apocalypse. Y a-t-il ici, allusion à ce combat dans les lieux célestes ?
     Le vent impétueux, la tempête, la flamme dévorante, (il y a une flamme qui ne dévore pas) l'éclair, la grêle, font partie de l'arsenal du Tout-Puissant. Le prophète Daniel annonce un temps de détresse comme il n'y en a encre jamais eu ici-bas. Alors l’Éternel saisira dans son arsenal, les armes de son indignation.  
    Puisque tout est à la disposition de l’Éternel, et que ses ressources sont infinies, mieux vaut lui remettre sa cause. Bien mieux que Job, il peut faire reculer l'Adversaire, l'Accusateur.
    La lumière, le vent d'Est, l'éclair, la pluie la rosée, la glace, le gel, tout cela est aux ordres du Créateur. Les forces mauvaises qui enveloppent et assaillent Job doivent aussi lui obéir. Ainsi, son serviteur sortira triomphant de l'épreuve, avec une vie renouvelée.
"Peux-tu lier, délier, conduire, guider les étoiles dans leur course ?
Connais-tu les lois du ciel ? Règles-tu son pouvoir sur la terre ?
Peux-tu lancer des éclairs, commander aux nuées ?
Déverser les outres des cieux, qui font ruisseler la poussière, et se coller ensemble, les mottes de la terre ?
    Il est heureux que Job ait été fortifié avant que Dieu commençât de lui parler. Car l'esprit de l'homme, limité, est rapidement écrasé par ce qui le dépasse. Ici, par la majesté des thèmes qui lui sont présentés, que l’Éternel fait rapidement passer devant Job. Lui seul, le souverain des cieux et de la terre pouvait dresser ce saisissant sommaire. Il en a déroulé les tableaux devant son serviteur accablé par les merveilles de l’Éternelle Sagesse et de l'absolue Puissance.
"Chasses-tu la proie pour la lionne ? Et apaises-tu la faim des lionceaux ? 
Qui prépare au corbeau sa pâture, quand ses petits crient vers Dieu ?"
    Des espaces infinis de leurs secrets et de leurs mystères, Job est ramené sur terre. Qui songe aux besoins des animaux ? Dieu les a-t-il créés pour les abandonner ? Certes pas ! Il leur a donné à chacun son instinct particulier, et son besoin de nourriture, auquel il pourvoit aussi. 
    S'il veille ainsi, même sur les fauves, même sur les petits des corbeaux, comment pourrait-il oublier son serviteur Job ? Certainement, il a entendu ses cris. Les besoins de son âme seront satisfaits. Est-ce que l'instinct même de toutes les créatures ne les pousse pas à pourvoir aux besoins de leurs petits ? Combien plus encore, Celui qui a créé l'instinct, combien plus le cœur de Dieu répond-il à l'homme créé à son image, à l'homme qui le craint et qui crie vers Lui.
   Mais chaque chose en son temps. Il y a un temps pour l'affliction, un temps pour en être délivré et être mis au large, un temps pour toutes choses.
"Connais-tu le temps des chèvres sauvages ?
Connais-tu le temps des biches ?
Comptes-tu les mois pendant lesquels elles portent ?
     Il est écrit que "ce n'est pas à l'homme de connaître les temps ou les moments que le Père a fixé de sa propre autorité."
    Job avait crié à Dieu dans sa douleur. Mais l’Éternel seul connaissait l'heure à laquelle le combat finirait, le moment auquel l'épreuve aurait achevé son œuvre, le moment où Job émergerait enfin à la lumière, dans la joie de la délivrance.
"Qui a mis en liberté l'âne sauvage et l'a affranchi de tous liens ?
Il se rit du tumulte des villes, il n'entend pas le cri du maître !
Il parcourt les montagnes pour avoir sa pâture.
Le buffle veut-il être à ton service ?
Obéirons-t-ils à d'autres voix que la mienne ?
    Oh ! Glorieuse liberté donnée aux animaux sauvages des montagnes ! De par l'instinct mis en eux par le Créateur, leur vie est libre et ne peut tomber sous le joug de l'homme.
    A combien plus forte raison délierai-je les liens dont tu as été lié, Job, et te ferai-je sortir de la fournaise pour t'amener jusqu'en une vie d'union avec moi qui surpassera celle que tu connaissais. Alors ton service sera le fruit spontanée de ta vie en moi. Ton habitation sera sur les lieux élevés, ta nourriture sur la montagne de Dieu. Tu seras libre, en vérité. 
    Ainsi l’Éternel montre ses soins attentifs, sa sympathie pour toutes ses créatures. Il entend leurs cris lorsqu'elles demandent leur nourriture. Il n'est point indifférent à leur travail, au moment où elles donnent naissance à leurs petits. Il se réjouit de la liberté des bêtes sauvages qu'il a créées.
    Dieu cite encore à Job d'autres exemples de l’œuvre de ses mains, qui montrent les infinies ressources de sa Sagesse.
    L'autruche : Dieu ne lui a pas donné de sagesse. Elle abandonne ses œufs au sable du désert. Mais il lui a donné la vitesse. Lorsqu'elle se lève et prend sa course, elle se rit du cheval et de son cavalier.
    Le cheval : Est-ce toi qui lui a donné sa vigueur ? Il se réjouit de sa force. Il s'élance au devant des armes. Bouillonnant d'ardeur, il dévore la terre. Il ne peut se contenir au son de la trompette.
    L'aigle : Est-ce sur ton ordre qu'il se lève dans l'espace, qu'il plane très haut, que l'aigle place son nid sur les hauteurs ?
    Le vautour et l'aigle : est-ce sur ton ordre qu'ils s'élèvent dans l'espace, qu'ils planent très haut, que l'aigle place son nid sur les hauteurs ?
    Que Job réfléchisse aux œuvres de Dieu, à ses créatures, chacune avec son domaine propre, et qui dans sa sphère obéit aux desseins de Créateur.
    La même main les créa. La même vie les anime. Vies dont les manifestions sont différentes, selon les instincts de leur être, afin que chacune, dans sa sphère obéisse à la volonté créatrice. 
    Job ne comprenait-il pas que lui aussi, était une unité dans le grand Oeuvre de Dieu ? Et qu'une mesure de connaissance lui avait été départie, pour accomplir les desseins de son Créateur.
    L’Éternel, s'adressant à Job, dit :
"Que celui qui dispute avec le Tout-Puissant l'instruise ! Que celui qui conteste avec Dieu, qu'il réponde !
    Job avait dit qu'il était prêt à défendre sa cause auprès de son Créateur. Pensait-il encore qu'il pouvait l'instruire ?
    Il avait dit que sa bouche était pleine d'arguments, si seulement il pouvait être admis en la présence de Dieu ! Et bien, maintenant, qu'il parle !
    Alors Job répondit à l'Éternel et dit:
"Voici, je suis peu de chose, que te répliquerai-je ? Je mets la main sur ma bouche, je n'ajouterai rien."
    Je suis vil ! S'écrie Job comme l'implique l'expression qu'il emploie ! Que pourrait-il dire à celui qu'il a mal jugé ? Que répondre devant ce déploiement de la puissance et de la sagesse infinies de l’Éternel ! Devant l'amour et les soins attentifs dont il entoure ce qu'il a créé !
    Job se sent misérablement petit et indigne, lorsqu'il songe à ce qu'il a dit de son Créateur, l'accusant de cruauté, quand celui-ci travaillait à des desseins d'amour.
    Il met sa main sur sa bouche et s'avoue réduit au silence. Mais Dieu attend quelque chose de plus : un acte de repentir. Il attend que Job se condamne, lui et son passé. 


CHAPITRE VINGT

Job vaincu

"J'étais trop affligé... Jusqu'à ce que j’eusse pénétré dans le sanctuaire de Dieu... Alors mon cœur me reprit, mes reins étaient comme percés, tant j'étais stupide et ignorant. J'étais devant toi comme une bête."  (Psaume 73.16-22)

    Du sein du tourbillon l’Éternel dit à Job : "Maintenant, ceins tes reins comme un vaillant homme, je t'interrogerai et tu m'instruiras."
   Que Job déclare son attitude vis-à-vis de son Créateur. Le condamnerai-t-il pour se justifier? Anéantirais-tu jusqu'à mes jugements ? Rendrais-tu inutile le temps de l'épreuve, en refusant de te courber à mes pieds et de te repentir ?
    Oserait-il soutenir que Dieu qui prend soin de toute sa création, l'a traité avec moins de bonté que les bêtes des champs ? 
    La Toute Science de Dieu a discerné que Job n'a cessé de s'en tenir à son intégrité. Il a bien reconnu qu'il était trop peu de chose, qu'il n'aurait pas dû parler comme il l'avait fait, et il a dit que, désormais, il garderait le silence. Cependant, l’Éternel attend d'avantage. Il va donc lui montrer que cette situation qui fut la sienne, cette domination qu'il avait exercée au milieu de son peuple, rien de tout cela ne lui appartenait en propre :
"As-tu un bras comme celui de Dieu ?
Une voix tonnante comme la sienne ?
Orne-toi de magnificence et de grandeur,
Revêts-toi de splendeur et de gloire,
Répands les flots de ta colère, 
Et d'un regard, abaisse les hautains !
Ecrase les méchants,
Cache les tous ensemble dans la poussière !
Alors, je rendrai hommage à la puissance de ton bras !  (chapitre 40)
    Job avait rappelé le jour où il était comme un prince au milieu de son peuple, où la justice était son diadème. Les questions de l’Éternel lui font l'effet d'un fer plongée dans une plaie. Autorité, puissance, il en est actuellement dépouillé. Il sent douloureusement qu'il ne peut pas plus les rappeler à lui, que de se vêtir de la majesté de Dieu. 
    Quant à humilier les hautains d'un regard, il sait à quoi s'en tenir sur son impuissance, lui qui n'a même pas pu convaincre ses amis de son intégrité, et de son bon droit.
    Job reste sans réponse. Les dernières paroles de l’Éternel l'ont blessé au vif. Lentement, le Seigneur l'amène à cette place où l'homme n'est plus rien, n'a plus rien, que son néant et sa misère, où il ne revendique plus rien. C'est aussi la place de la bénédiction.
    Maintenant, l’Éternel attire l'attention de Job sur deux merveilles de sa création, qu'il nomme béhémoth et léviathan. Béhémoth (qu'on suppose être l’hippopotame) "la première des œuvres de Dieu" : sa force, sa vigueur, ses os comme des tubes d'airain, ses membres comme des barres de fer, tout est décrit minutieusement. Seul, celui qui l'a fait peut s'approcher de lui. Et c'est peut-être là que réside l'enseignement pour Job.
    Le Créateur, seul, peut agir avec ses créatures. Lui seul peut humilier les orgueilleux et abaisser les hautains. C'est en lui seul que se trouve le salut pour Job. 
    Nous trouvons peut-être une seconde leçon dans la tranquille confiance de béhémoth :
"Que le fleuve vienne à déborder, il ne s'enfuit pas. Que le Jourdain se précipite dans sa gueule, il reste calme."
    Son instinct lui dit que les eaux débordées ne feront que le porter où qu'il aille.
    Job n'avait-il pas compris que dans les eaux débordantes de l'épreuve, alors que les vagues et les flots menaçaient de l'engloutir, il ne pouvait pas sombrer et disparaître ? Bien au contraire, il s'en trouvait porté plus près de Dieu.
    Prendrais-tu le léviathan avec un hameçon ? Ici, on suppose qu'il s'agit du crocodile. L’Éternel le décrit avec force détails. Qui donc voudrait s'amuser avec lui ou essayer de l'apprivoiser ? Les marchands n'en trafiquent pas, personne n'ose poser les mains sur lui. Les hommes sont effrayés à sa seule vue : par ses membres, sa force, ses dents, ses écailles, ses yeux, sa gueule, ses narines ! Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore, des flammes jaillissent de sa gueule, des étincelles de feu s'en échappent, les hommes forts le redoutent. Le fer est pour lui comme de la paille, l'airain comme du bois vermoulu. Quand il s'élance dans le fond de la mer, elle semble bouillir comme une chaudière. Sur la terre, nul n'est son maître. Il est roi sur tous les fils de l'orgueil.
    A combien plus forte raison, aucune créature ne peut-elle se tenir devant moi ! Si les hommes sont saisis d'effroi à la vue de béhémoth et de léviathan que j'ai créés, ne trembleront-ils pas bien plutôt devant leur Créateur ?
"Qui donc me résisterait en face ?
De qui suis-je le débiteur ? Je le paierai !
Sous le ciel, tout m'appartient."
    C'est ici la conclusion du récit. Job s'est plaint que Dieu avait oublié son droit. Or, Dieu, déclare que Job n'a aucun droit. Comme Souverain des cieux et de la terre, Dieu n'est l'obligé de personne. Personne ne peut rien réclamer de lui comme un droit. 

Job est vaincu

"Alors il répondit à Dieu et dit Je reconnais que tu peux tout, Et que rien ne s'oppose à tes pensées."
    Dans un acte de soumission et d'adoration, Job reconnait la souveraine puissance de Dieu, et avec une foi renouvelée, lui donne la place qui lui convient.
    Il discerne qu'aucun détail des jours d'épreuve et de douleur n'a échappé à Dieu. Il en avait bien le sentiment, il l'avait dit dans les instants durant lesquels sa foi reprenait le dessus. A présent, il le sait de toute certitude. Il constate aussi que toutes ses lamentations, ses protestations, ses accusations, n'ont pas empêché que Dieu se révélât à lui, une fois le moment venu. L’Éternel avait attendu que la fournaise eût accompli l’œuvre qu'il se proposait. Il savait que la volonté de Job resterait fidèle, sans défaillance.
    Maintenant, derrière la dureté des discours de ses amis bien intentionnés, derrière la souffrance qui le tenaillait et de jour, et de nuit, et dans ses nuits sans sommeil, Job discerne la permission expressive de Dieu. 
    "Quel est celui qui a la folie d'obscurcir mes desseins ?" demande encore l’Éternel. Alors Job confesse son ignorance : "J'ai parlé sans comprendre, de merveille qui me dépassent, et que je ne conçois pas." 
    Job avait dit à Tsophar : "Je ne vous suis inférieur en rien, ce que vous savez, je le sais aussi."  Il lui avait déplu d'être considéré comme un ignorant par ses amis. Mais, à présent, devant Dieu, il rentre en lui-même. Il comprend sa folie. Il est prêt à se prosterner dans la poussière.
    Certes, il avait voulu pratiquer l'humilité avec tous, ses serviteurs, ses amis, il avait veillé à ne point s'enorgueillir de sa situation. Mais être considéré comme un ignorant dans les choses de Dieu, par ceux qui en savaient moins que lui, cela, il n'a pas pu le tolérer !
    Maintenant il comprend les paroles d'Elihu : Dieu retire à ses serviteurs, toute activité, pour empêcher qu'ils tombent dans l'orgueil, et pour les épargner de plus grandes afflictions dans le monde à venir. 
    Affligé, humilié, Job demande à Dieu, s'il veut bien l'écouter encore une fois. Dieu semble lui répondre avec les paroles mêmes qui ont commencé l'entretien "Je t'interrogerai, tu m'instruiras..."
    Job lui dit : "Mon oreille avait entendu parler de toi. Maintenant, mon œil t'a vu."
    Quel glorieux aperçu nous avons ici du cœur de Dieu ! Ceux qui marchent avec lui dans l'intégrité, lui sont si précieux, qu'il souhaite ardemment leur parfaite compréhension de ses voies, de ses desseins. Il veut une parfaite harmonie avec eux.
    "Vous serez consolés de tout le mal que j'ai fait à Jérusalem dit l’Éternel à Ézéchiel, vous saurez que je ne l'ai pas fait en vain."
   Ainsi, Dieu désire que Job comprenne aussi son amour, dans la grande affliction qu'il a permise et que Job juge lui-même sa conduite passée.
    Nous arrêterons-nous un moment, pour essayer de comprendre le sens de cette révélation de Dieu à Job ? On considère ce livre comme plus ancien que le Pentateuque. L'Esprit divin doit s'être proposé un but spécial en veillant à sa conservation.
    Ne serait-ce point parce qu'il contient le récit de la première révélation de Dieu à l'homme après les jours de la chute ? Par la suite, il se révèlera comme plus près de l'homme, jusqu'à ce que, les temps accomplis, il se manifestera en son Fils, le Christ-Jésus, grâce auquel les exilés pourront retourner à leur Créateur. Nés de nouveau, recréés, ils deviendront fils de Dieu.
   A Job, Dieu se révèle comme la cause première, l'auteur de toute la création, laquelle repose sur lui.
    C'est une révélation analogue qu'il donne à Elie dont il fait l'éducation dans les montagnes de Galaad. A cause de sa foi inébranlable, le prophète put fermer le ciel, afin qu'il ne plût pas en terre d’Israël, pendant trois ans. Il connaissait celui qui est assis sur le trône de l'univers, il connaissait sa puissance absolue. "L’Éternel devant qui je me tiens et que je sers..." dit Elie.
    Aujourd'hui, le même Dieu nous est révélé par le Fils Jésus-Christ."Il est l'image du Dieu invisible. En lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre... Toutes choses subsistent en lui..." (Colossiens 1.16-17)
    La grande joie du Fils de Dieu, c'est de révéler le Père à ceux qu'il a rachetés. Marchant avec lui, ils contemplent à visage découvert la gloire du Seigneur. Ils sont conduits de gloire en gloire par le Seigneur, l'Esprit, toujours plus près de celui qui est assis sur le trône. Jusqu’à ce qu'enfin, Dieu leur soit révélé comme à Job. Du sanctuaire de sa Présence, ils voient que les eaux obéissent à ses ordres, que sa voix brise les cèdres, fait jaillir des flammes de feu, fait trembler le désert. Elle dépouille les forêts, tandis que dans le sanctuaire de sa demeure, les séraphins répètent : "Saint, Saint, Saint, est l’Éternel des armées, toute la terr est remplie de sa gloire." (Psaume 29, Esaïe 6.3)
    Cet épisode de la vie de Job, nous montre que la connaissance interne de Dieu, est donnée seulement quand l'âme a été dépouillée de tout ce qui peut obscurcir la vision intérieure, même à son insu. Les bénédictions divines peuvent absorber l'âme plus que Dieu et le service
de Dieu plus que sa volonté.
  Les talents reçus, une connaissance limitée, peuvent même empêcher une plus grande connaissance de Dieu !
   En Job, nous voyons aussi comment les dons peuvent nous servir à nous édifier nous-mêmes et nous amener à nous considérer supérieur aux autres. Ainsi, le dépouillement de tout ce que nous nous imaginons posséder, nous amène à cette expérience que, n'ayant rien, nous possédons toutes choses en Celui qui est la Source et le Propriétaire de toutes choses.
    "J'avais entendu parler de Toi, mais maintenant mon œil t'a vu " s'écrie Job. Tandis qu'il embrasse d'un coup d’œil son passé , où il s'imaginait avoir atteint le parfais développement de la marche avec Dieu. 
    Et de ce passé, il dit : "Oui, j'ai parlé sans les comprendre, de merveilles qui me dépassent et que je ne conçois pas."
    Job se connaît enfin : lui et sa mesure. Il est devenu le petit enfant décrit par Elihu, l'enfant heureux de se reposer sur le cœur du Père, heureux de savoir ce que Dieu veut et rien de plus, heureux d'être ce que le Père désire et se réjouissant des dons et des grâces qu'il accorde aux habitants de sa Maison.
    "Maintenant mon œil t'a vu. Je me prends en horreur et je me repens dans la poussière et dans la cendre."
    "Je me prends en horreur !" Une autre version rend ainsi ce passage "Je prends en horreur mes paroles !" La révélation de Dieu, sa lumière, donne à l'homme sa révélation de soi qui l'abat, l'humilie. Ainsi, plus tard, lorsque le prophète Esaïe eut une révélation de Dieu, il s'écria: "Je suis un homme dont les lèvres sont impures !"
    Job avait dit à Eliphaz qu'il n'y avait pas lieu de soupeser les paroles d'un homme réduit au désespoir. A présent, il découvre que pour marcher avec Dieu, l'homme doit renoncer à toute superfluité du langage. Ce qui est précieux doit être séparé de ce qui est vil. Le vrai (l'or) doit être débarrassé des scories, chez celui qui doit être à nouveau, le messager de Dieu.
    Il est à remarquer que l'apôtre Jacques donne comme marque de la perfection le fait ''de ne plus broncher en paroles.'' Celui-là est vraiment sous la tutelle de Dieu. Il est capable de tenir tout son corps en bride.
    Dans son épître, Jacques cite l'exemple de Job. Celui-ci est probablement dans sa pensée quand il exhorte à la patience, ceux qui sont dans l’épreuve. Il les exhorte à considérer les afflictions comme des sujets de joie, puisque cette épreuve de leur foi produira la patience, et qu'il faut que l’œuvre de celle-ci soit complète "pour que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien."
    "Je prends en horreur mes paroles !" Job comprend maintenant qu'il aurai dû souffrir silencieusement, laissant à Dieu le soin de le justifier. Il comprend aussi, que d'avoir parler de ses souffrances, a comme augmenté le poids de celles-ci et diminué sa force de résistance, le rendant bien plus vulnérable.
    Il avait laissé aller sa langue, cette langue qui est un feu et qui enflamme le cours de la vie, enflammée qu'elle est elle-même par l'enfer, la puissance des ténèbres. "Que votre oui soit oui, votre non, non ! Tout ce qui est de plus vient du Malin." (Jacques 3.6 - Mathieu 5.37)
    Paroles de désespérance, appel à la mort, sarcasmes pour Tsophar, reproches amers à Bildad, protestation vis-à-vis de Dieu, supplication qu'il le laissât ! (Que serait-il advenu si Dieu l'avait pris au mot !), justification de sa vie et de ses actes. La lumière divine, intense, aveuglante, promène ses rayons sur tout ce passé ! Job se demande comment il a pu s'être laissé aller à parler de la sorte.   
    Il se souvient aussi de l'accusation de cruauté envers son Créateur, de son indignation parce que ses amis le jugeaient mal. Quelle humiliation ! Quelle douleur ! Comme il voudrait pouvoir arracher ces pages de sa vie !
    "Je me prends en horreur !" s'écrie-t-il. Il ne parlera plus maintenant de sa droiture, de son intégrité. Il ne soupirera plus après les biens et les gloires de son passé. Car maintenant il voit qu'il ne se connaissait pas lui-même, qu'il ignorait ses manquements, ses défauts et les besoins véritables de son être.


CHAPITRE VINGT-ET-UN 

La délivrance


"Nous avons passé par le feu et par l'eau, mais tu nous en a tirés pour nous donner l'abondance." (Psaumes 66.12)

    Après que l’Éternel eut adressé ses paroles à Job,  il dit à Eliphaz de Théman : "Ma colère s'est enflammée contre toi et tes deux amis..."
   Job avait dit que son Rédempteur le justifierait, lorsqu'il viendrait pour juger la terre. Mais l’Éternel ne permet pas que son serviteur reste plus longtemps sous les accusations de ses amis. Il veut le justifier immédiatement, et que "sa justice éclate comme la lumière."
   Il s'en prend plus particulièrement à Eliphaz. Eliphaz qui a prétendu recevoir une direction spirituelle. Eliphaz qui a répété les paroles de l'esprit qu'il a entendues pendant une vision nocturne. "Vous n'avez pas parlé de moi avec droiture" dit l’Éternel.
    Voilà qui prouve que l'auteur de la vision était Satan, celui qui voulait amener Job à renier Dieu.
    En cette fin de l'âge, alors que le diable envoie ses messagers pour séduire avec de grands signes et des miracles même les élus, si possible, nous mettons solennellement en garde les rachetés, contre les voix et les visitations d'esprits. Dieu daigne éclairer ses enfants : qu'ils ne croient pas à ces esprits, qu'ils refusent d'écouter ces voix. Dieu qui a parlé autrefois à nos pères, et de plusieurs manières, nous a parlé en ces derniers temps par son Fils (Hébreux 1.1-12), et par le Saint-Esprit qui nous conduit à demeurer en lui, et à éprouver les esprits, pour savoir s'ils viennent de lui.
Vous n'avez pas parlé de moi avec droiture, comme l'a fait mon serviteur Job."
    Job avait reconnu que Dieu le mettait dans le creuset de l'épreuve pour qu'il en sorte purifié comme l'or.Ses amis, eux, avaient attribué à ses péchés, la grande affliction dans laquelle il se trouvait plongé. "Dieu punit l'iniquité..."
    Les paroles de l’Éternel nous montrent aussi que ses enfants n'ont pas à s'inquiéter des choses secondaires dans leurs vies. Si Satan les attaque, c'est que Dieu le lui a permis. Qu'ils se gardent de se laisser absorber par l'activité satanique, mais qu'en toutes choses, ils voient la main de Dieu, comme le fit, aussi, le Seigneur Jésus. "Ne boirai-je pas la coupe que le Père m'a donnée à boire ? " Juste après avoir dit : "C'est ici l’heure et la puissance des ténèbres."
    Quel relief a l'histoire de Job pour nous en ces jours douloureux, où "l'ennemi déborde comme un fleuve, avec une grande colère sachant qu'il ne lui reste que peu de temps." Elle nous rappelle que les rachetés ont la puissance sur toutes les forces sataniques,
 en Jésus-Christ, le Vainqueur de Satan et de la mort, lorsqu'ils regardent au-delà des causes secondes sataniques ou humaines, à celui qui est assis sur le trône. "L'Éternel était assis sur son trône lors du déluge ; l’Éternel, sur son trône, règne éternellement." (Psaume 29.10) Que l'enfant de Dieu se réfugie sous l'aspersion du Sang de Christ, qu'il se remette à la garde du Père lui laissant le soin de réduire au silence l'ennemi et le vindicatif. (Psaume 8.3)
    "Vous n'avez pas parlé de moi avec droiture, comme l'a fait mon serviteur Job."
    "Mon serviteur Job" a dit l’Éternel, devant l'assemblée des saints. "Mon serviteur Job" dit-il à ses trois amis. Ainsi, bien que Job se prenne en horreur, bien que ses amis, et le rebut du peuple l'ai traité avec mépris, bien qu'il ait bu jusqu'à la lie la coupe de l'affliction, Dieu ne l'a pas rejeté. Il le nomme toujours son serviteur.
"Prenez maintenant sept taureaux et sept béliers. Allez auprès de mon serviteur Job, et offrez pour vous un holocauste. Job, mon serviteur priera pour vous."
    Par ce sacrifice, les amis de Job sont invités à confesser leurs péchés, à reconnaître que leur culpabilité ne peut être effacée que par le sang. Le nombre des victimes à immoler : sept taureaux et sept béliers indique la nécessité d'un sacrifice complet, avant qu'il puisse y avoir pardon.
    De plus, ces hommes doivent s'humilier, donner à Job l'estime que lui montre l’Éternel, en allant à lui afin qu'il prie pour eux, et par là, reconnaissent qu'ils sont dans leur tort.
    Il est vrai que leur connaissance de Dieu était moindre que celle de Job et qu'ils étaient venu avec la pensée d'aider leur ami. Mais la sévère réprimande de Dieu prouve qu'il les considère comme très coupables, à cause de leur dureté pour leur frère dans l'affliction. Ils n'auraient pas dû juger ainsi un homme dont le seul caractère commandait la confiance, ni prétendre qu'ils comprenaient les voies de Dieu, alors qu'ils étaient dans une obscurité complète concernant l'épreuve dans laquelle se trouvait leur ami. Aussi, l’Éternel leur dit qu'ils n'échapperont au sévère châtiment qu'ils ont mérités qu'en s'humiliant devant Job.
    Oh ! Enfant de Dieu, es-tu du nombre des élus qui crient à Dieu jour et nuit ? Si oui, attends ton heure et écoute ces paroles:
"Ainsi parle ton Seigneur, l’Éternel ton Dieu : voici, je prends de ta main la coupe d'étourdissement... Tu ne la boiras plus. Je la mettrai dans la main de tes oppresseurs qui te disaient : courbes-toi et nous passeront... Tu faisais alors de ton dos comme une rue pour les passants." (Esaïe 51.23)
    La manière dont l’Éternel agit avec Job et avec ses amis, s'est souvent répété  dans l'histoire des enfants de Dieu. Par exemple, Joseph et ses frères. Ses frères qui le haïssaient jusqu'à préméditer sa mort et qui le vendirent comme esclave, furent amenés à se prosterner devant lui, et à recevoir de sa main le pain de leur nourriture. Image de celui qui devait venir, du Christ lui-même, rejeté par les hommes et devant qui tout genou fléchira, tous les hommes se prosterneront.
    Les principes de l'action de Dieu avec l'homme sont immuables comme lui-même. "Dieu résiste aux orgueilleux, il fait grâce aux humbles. Quiconque s'élève sera humilié, quiconque s'humilie soi-même sera élevé." 
     "Job, mon serviteur priera pour vous, et c'est par égard pour lui seul que je ne vous traiterais pas selon votre folie." Tel est le verdict divin sur ces hommes, ces amis qui disaient à Job, dans l'affliction (et quelle affliction !) que Dieu ne le châtiait pas selon ce que méritait son péché.
    Ces trois hommes firent comme l’Éternel leur avait commandé, et l’Éternel eut égard à la prière de Job.
    "Après qu'il eut prié pour ses trois amis, Job fut rétabli en son premier état."
    A ce moment, Job était encore le malheureux sur le tas d'immondices, hors de la cité. Il semblerait que lui, surtout, avait besoin de prière et d'être secouru, avant de pouvoir s'occuper des autres. Non ! C'est vers le misérable qui a été l'objet du mépris et de la risée que Dieu envoie les trois sages : ses consolateurs. C'est lui qui devra prier pour eux, afin que leur soit épargné le châtiment.
    Dieu ne dit pas un mot de délivrance pour Job lui-même, au-delà de ceci, qu'il acceptera sa prière en faveur de ses amis. Ainsi Job doit s'oublier lui-même, sans s'inquiéter de sa misérable condition, pour collaborer avec Dieu dans sa Volonté révélée.
    Les trois hommes viennent à Job, en apparence toujours aussi misérable. Mais ce malheureux agit comme un prince qui est puissant avec Dieu. Il prie pour ses amis avec ardeur, avec intensité, autrement sa prière serait inutile. S'est-il demandé pourquoi ses amis devaient être absous et bénis, quand son état à lui restait le même en apparence ? Peut-être ! En tout cas, il s'oublie, lui et sa présente condition, pour ceux qui lui ont fait tant de mal. Et tandis qu'il prie, l'ordre de délivrance est donné par l’Éternel : "Délivrez-le, j'ai trouvé une Rançon !" L'âme royale retenue dans les liens de l'affliction est libérée. Les jours de son deuil sont achevés.
"L' Éternel rétablit Job dans son premier, quand Job eut prié pour ses amis."
    Comment cela se fit-il ? Rien ne nous est dit à ce sujet. Peut-être, parce que pour Dieu qui regarde au cœur, cela est sans importance. Peut-être, aussi, pour empêcher que ses enfants dans la fournaise, se préoccupent de découvrir les signes visibles, physiques, de bénédiction, plutôt que les grâces et les bénédictions spirituelles, qui ont tellement plus de valeur à ses yeux.
    Les frères et les sœurs, les anciens amis de Job, vinrent tous le visiter, et ils mangèrent avec lui dans sa maison.
    Retenons surtout que c'est lorsque Job s'oublie complètement en faveur des autres, que sonne pour lui, l'heure de la délivrance. Toi qui est dans la fournaise, toi qui est dépouillé de ta vigueur et de ta puissance passées, toi qui te débat dan les liens de l'affliction, toi qui te prend en horreur parce que tu t'es vu sous la lumière éclatante de Dieu, vois ici par l'exemple de Job que l'heure de la délivrance sonne quand, complètement dé-préoccupé de soi-même, on prie pour les autres. Que cette leçon se grave dans ton cœur !  
    Quand tu cesseras de penser à tes propres besoins, à ton néant, à ta pauvreté, pour t'adonner uniquement au service des autres, quand de tout ton cœur, tu désireras qu'ils soient bénis, plus que tu n'ambitionnes la bénédiction pour toi-même, Dieu agira en ta faveur. Quand sa volonté te suffira, qu'elle comporte ou non, la délivrance de la fournaise où tu es, afin d'obtenir une meilleure résurrection et d'être un joyau plus précieux dans la couronne du Maître, alors, il te délivrera.
    "L’Éternel donna à Job le double qu'il avait possédé." La double portion, celle du fils aîné (Deutéronome 21.17)
    Quand Élie allait être enlevé, Élisée lui demanda une double portion de son esprit. Tu demandes une chose difficile lui répondit Elie
    La double portion de l'Esprit est un droit pour ceux qui sont né d'En-Haut. Pour la chair, c'est une chose difficile. Il est difficile qu'elle soit assez brisée pour que la réception de cette double portion soit possible. 
    Lorsqu'Elie eut été enlevé d'avec lui, Élisée déchira en deux ses vêtements, et il releva le manteau qu'Elie avait laissé tomber. Nous devons être complètement brisés pour connaître en réalité, la plénitude de l'Esprit. Il en fut ainsi pour Job. Garder la foi, espérer contre toute espérance alors qu'il est dépouillé de tout ce qui a constitué sa vie, alors qu'il est frappé d'un mal terrible, douloureux, prolongé, ce fut assurément une chose difficile.
    Le Christ est nommé le Premier-Né. Quand Dieu l'introduisit dans le monde, il dit "Que tous les anges de Dieu l'adorent !" Il est nommé, aussi, le Premier né d'entre les morts.
    Le voile de son Corps fut déchiré sur la croix du Calvaire, et de son côté percé sortirent le sang et l'eau, source ouverte pour le péché du monde. Il a été enseveli, il est ressuscité des morts, il est monté au ciel et s'est assis à la droite de Dieu comme le Premier-né de plusieurs frères. Ceux-ci sont appelés à être conformes à lui, à passer de la mort à la vie et par la souffrance, à la gloire, car il est le Chef de son corps : l’Église : le Premier-né d'entre les morts. Unis à lui, ils sont l’Église des Premiers-nés inscrite dans les cieux. (Hébreux 12.22)
    Le Père a donc reconnu en son Fils, le Premier-Né. Il l'a oint d'huile de joie au-dessus de ceux qui, par lui et en lui, deviennent aussi participants de la race des Premier-Nés, lesquels auront part à la première résurrection. Héritiers de Dieu ! Cohéritiers avec Christ, si nous souffrons avec lui, afin d'être aussi glorifiés avec lui.
    Tout ceci illumine l'action de Dieu avec Job. Il avait discerné l'influence de l'Esprit dans son activité et son service.Mais par la terrible épreuve que Job traversa, sans que sa foi fit naufrage, celle-ci s'approfondit, et il fut rendu capable de recevoir la double mesure. (Deux fois autant que ce qu'il avait possédé auparavant)
    Nous constatons aussi la merveilleuse harmonie des Écritures, le message invariable de ce livre extraordinaire qu'est la Bible. Pour Dieu un jour est comme mille et mille ans comme un jour. Pour lui, le temps n'existe pas. Il n'y a point de changement dans les principes qui dirigent son action envers les siens. C'est toujours la même histoire, le même thème que nous retrouvons dans tous les récits bibliques.
    Avec Job, la chose difficile, (la terrible fournaise) et la double portion qui suivit sa restauration, annoncent la vie de résurrection de celui qui est uni au Seigneur ressuscité.
    Avec Élisée, la chose difficile est cette pensée, ce regard constamment fixés sur le prophète que Dieu va rappeler, et les habits déchirés. Ensuite il reçoit le manteau du prophète, la double portion de l'Esprit.
    Avec le Christ, vers qui tout converge et en qui tous sont à nouveau bénis, la chose difficile: la mort du Calvaire. Puis, l'onction de l'huile de joie, le retour auprès du Père duquel il partage le trône.
   Il doit en être ainsi pour tous les membres de son Corps. Ils doivent choisir la chose difficile: la communion avec le Seigneur sur la croix, en SA CROIX, pour être véritablement uni à lui le Premier-Né d'entre les morts, pour participer à l'onction qu'il reçut au-dessus de ses semblables, et finalement, être assis avec lui sur le trône.
   "Les frères, les sœurs, les anciens amis de Job, vinrent tous le visiter."
    A nouveau, nous constatons que Dieu est la Cause première de tout ce qui touche ses enfants. Job s'était plaint à Dieu de ce qu'il avait éloigné de lui, ses amis. Maintenant, c'est Dieu qui les lui ramène. Ils reviennent, ils l'entourent, quand ils apprennent que Dieu lui a parlé et l'a justifié. Ils mangèrent avec lui dans sa maison, sans craindre plus longtemps de partager le pain d'un réprouvé. Ils le consolèrent de tout le mal que l’Éternel avait fait venir sur lui. "Tout châtiment semble être une cause de tristesse, mais il produit un fruit paisible de justice pour ceux qui ont été ainsi exercés." (Hébreux 12.11)
    On peut affirmer qu'aucun mal n'a source en Dieu, et c'est exact. Cependant, il est souvent dit que Dieu appelle le mal sur son peuple d'Israël (Ézéchiel 14.22 ; Amos 3.6...etc) Il est donc évident, d'après l'enseignement des Écritures, que Dieu est au-dessus de tout, et en tout ce qu'il advient à ses enfants. Il fait concourir toutes choses à leur bien. C'est pourquoi, se reposant sur sa Volonté, ils ne voient plus les afflictions comme un mal.
    Mais les Écritures n'hésitent pas à nommer les afflictions de Job un mal, parce que, en elle même et en dehors des desseins de Dieu, la souffrance est un mal.
    Le renoncement à soi-même de Job fut mis à l’épreuve par Dieu. Il lui envoie ceux-là mêmes qui l'ont délaissé à l'heure de l'affliction, pour lui apporter argent et présents. C'était, il est vrai, la coutume en Orient : lorsqu'on visitait une personne d'un certain rang, après qu'elle avait traversé une épreuve. Cependant, , il fallut que Job s'effaça complètement pour pouvoir dire en cette occasion : "le Seigneur a ôté, il me rend par ceux qui m'ont délaissé, au temps de mon affliction, que le nom de l’Éternel soit béni."
    Pendant ces dernières années, Job reçut plus de bénédictions qu'il n'en avait reçues dans les premières. Les noms donnés à ses filles, les traits du récit, soulignent à la manière orientale, que Job fut dès lors, et jusqu'à la fin, l'objet des faveurs divines.
"Que dirai-je ?Il m'a répondu, il m'a exaucé. Je marcherai humblement jusqu'au terme de mes années. Voici, mes souffrances mêmes sont devenues mon salut." (Esaïe 38.15-17)
    D'un commun accord, le peuple le nomma Job. Ce nom vient d'un mot hébreu qui signifie très éprouvé ou très affligé, et il dérive d'un mot arabe qui veut dire repentance. Il était habituel, autrefois, de donner un nom qui marquât les grandes épreuves, les grandes circonstances de la vie. (Cette coutume subsiste encore parmi les indigènes de quelques archipels du Pacifique, ainsi aux iles de la Société et Cook) Job fut effectivement un ''signe'', pour le peuple lui rappelant par sa seule présence, que l'homme doit renoncer à lui-même pour dépendre uniquement de Dieu.
    Il vécut encore 140 ans après les jours de son affliction, et mourut très âgé et rassasié de jour. Il vit ses fils et ses filles jusqu'à la quatrième génération, ce qui étai autrefois, une marque de la faveur divine. Il était passé par le feu, et avait perdu, dans cette fournaise, tout ce qui ne pouvait pas soutenir l'épreuve du feu. Mais ce qui avait du prix pour Dieu, le pur métal, avait subsisté pour la vie éternelle.
    Le livre se termine, sans qu'il soit fait d'autre mention de l'adversaire. Cependant, nous savons qu'il continue de "parcourir la terre et de s'y promener", attaquant sans cesse, le plus souvent de façon très subtile, les enfants de Dieu. Mais, loin d'atteindre son but, il le dépasse, en ceci : Par la fournaise, il amène les rachetés à une plus grande et plus profonde connaissance de Dieu, et à la possession de plus grande bénédiction.




APPENDICE
----------

1 -- QUELQUE-UNES DES RAISONS DE DIEU POUR ACCEPTER LE DÉFI DE SATAN

-----------

   1° Par l'épreuve de Job, l’Éternel démontre au anges que son plan pour amener l'homme à la vie par la mort est digne de son infinie sagesse et de sa connaissance de l'homme.
    2° Il prouve au diable que Job ne sert pas l’Éternel pour les bénédictions qu'il a reçues, et que ses attaques sur les enfants de Dieu conduisent ceux-ci plus près de Lui, aussi longtemps qu'ils se reposent en sa fidélité.
    3° Il démontre à Job que ce qu'il fait avec ses enfants (ou ce qu'il permet) est pour leur plus grand bien, leur éternel bien ; que son amour, ses compassions pour eux sont immuables, même lorsqu'ils sont placés dans la fournaise. Job, lui-même, le reconnaît, lorsque à la grande lumière de la présence de Dieu, il voit son passé. Alors, il se prend en horreur.
    4° Aux amis de Job, Dieu démontre que l'homme peut être justifié devant Lui, et marcher dans l'intégrité de son cœur, et cependant être atteint par de terribles épreuves. Celles-ci ne sont pas toujours et nécessairement le châtiment du péché.
    5° A ses enfants dans tous les siècles, Dieu démontre qu'ils ont besoin des leçons de la fournaise, pour se connaître eux-mêmes. Bien plus, qu'ils ont besoin de le rencontrer pour pouvoir renoncer à eux-mêmes, et connaître la plénitude de vie qui découle de l'union avec le Seigneur ressuscité.         (Jessie Penn-Lewis)

-------------

2 -- LES LIMITES DU DIABLE
 ------------

    Les premières pages du live de Job nous font assister à un Conseil dans les lieux célestes, où Satan se présente avec les fils de Dieu. Nous y voyons que Dieu y exerce un pouvoir absolu sur l'adversaire. Nous y avons aussi quelques leçons sur le caractère du diable, et sur son attitude vis-à-vis des serviteurs de Dieu.
    Il nous y est montré que le diable prend comme cible de choix tout enfant de Dieu qui fuit le mal et veut vivre droitement. Par tous les moyens, il essaie de détruire sa communion avec Dieu.
    Toutefois, souvenons-nous des promesses faites : "Je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais et personne ne les ravira de ma main." Parole de Jésus aux dixciples, concernant ses brebis. (Jean 10.28-30)
    Ce récit nous montre aussi la puissance du lien vital qui unit Dieu à ses enfants. L'adversaire est autorisé à les éprouver de biens des manières, mais ils sortent victorieux de l'épreuve.
    Fortune perdue --mais les trésors de Job sont dans le ciel. La mort de ses enfants. -- Mais il les remettaient quotidiennement à Dieu es offrait des sacrifices pour eux. Il a la conviction que ses enfants sont avec Dieu. Frappé de tous côtés, brisé, Job désire mourir -- Même alors, il ne lâche pas l'ancre de son espérance. Il a la certitude qu'il est entre les mains de Dieu, et par la foi, il y demeure.
    Que les rachetés sachent bien qu'ils sont gardés par l'amour de Dieu. Que par la foi, ils demeurent sous sa puissante main, et le Seigneur les élèvera quand il sera temps. (Jessie Penn-Lewis)


-------------

3 -- LA LANGUE (Jacques 3.6)

-------------
 
 "La langue est enflammée par l'enfer, et elle enflamme tout le cours de la vie."
     Combien peu, nous enfants de Dieu, nous prenons garde à ce solennel avertissement.
   Tout en renonçant à la vie naturelle pour qu'elle soit crucifiée, il est possible d'aller à l'encontre par l'usage que nous faisons de la langue.
     Le Seigneur nous avertit que nous devrons rendre compte des paroles vines que nous aurons prononcées. "Par tes paroles tu seras justifié, par tes paroles tu seras condamné." Paroles inutiles, paroles de mépris ou de condamnation, superfluité du langage, , tout cela procède du malin. La langue est enflammée par l'enfer, et elle enflamme tout le cours de la vie.
    "Celui qui parle de lui-même, dit encore le Seigneur, recherche sa propre gloire." C'est ce que fit Job en se justifiant lui-même. Dans la fournaise de l'épreuve, il n'hésite pas à employer le sarcasme en répondant à ses amis. Il fait des reproches à Dieu et enfin, il se justifie. La langue est enflammée par l'enfer. Prenons-y garde !
Qui est sage de la sagesse d'En-Haut ? Qu'il le montre par sa douceur. La sagesse d'En-Haut est pure, pacifique, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits.

---------------

4 -- LE SACERDOCE DE LA SOUFFRANCE

----------------


    Le service du martyre sommeille en tout fidèle qui a accepté d'être crucifié avec Christ. La souffrance du martyre est la plus puissante des forces d'ici-bas. La résistance qu'elle oppose a souvent fait pencher la balance aux grandes époques, et changé la face du monde. La souffrance du martyre est manifestement le suprême service.Par se force, des religions, de grandes causes, des civilisations ont remporté la victoire. L'amour du martyre garde ouvertes les veines les plus riches de notre nature. La somme de puissance que dépense un organisme est le corolaire ou l'équivalent de ce qu'il a puisé extérieurement à lui-même. Il est hors de question que la puissance du martyr en ce monde est l'équivalent de la puissance du Calvaire qu'il reçoit de l'invisible Au-Delà. Jamais la vie de Christ glorifié n'est communiquée avec plus de force qu'au martyr, et jamais elle n'est reçue avec plus d'amour, plus de vigueur que par lui. Le crucifiement  donne sa loi au martyr, et le martyre est la loi du service. (Rev. W.W. Peyton)

--------------------

5 -- SOUFFRANCE INTÉRIEURE

-------------------

    La souffrance est infinie. Elle peut être d'ordre spirituel, moral ou physique, ou bien être à la fois tout cela, à des degrés divers. Quand le racheté s'est donné à Dieu afin d'être rendu conforme au Christ, le saint-Esprit établit sur lui une sorte de discipline. Il prend soin que toutes choses, toutes souffrances intérieures ou extérieures : petits incidents, épreuves douleurs, soient tellement saturés de sa Providence et de ses desseins, qu'ils concourent au bien de l'affligé. 
     La vie selon Christ est la vie crucifiée. Le chemin de la croix est le chemin du crucifiement : douleurs, épreuves mystérieuses, inexplicables, souffrances très grandes. Si la croix n'est pas cela, elle n'est plus qu'un mythe, un sujet pour poètes, lequel convient aux professeurs superficiels et frivoles, mais pas aux véritables compagnons de Jésus.
    D'où que vienne la souffrance de celui qui s'est vraiment donné à Dieu, le Saint-Esprit ramasse tous les fils de la douleur, il en tisse un merveilleux échantillon de la vie de Christ.
    Je ne parle pas des calamités et des afflictions de la vie extérieures, ni des souffrances qui atteignent les rebelles et les désobéissants, mais de cette souffrance intérieure qui accompagne la vie spirituelle.
    1° Un sentiment de grande faiblesse devant l'immense tâche de la vie. Nous ne découvrons la magnitude de la vie que si Dieu nous la révèle. Que de personnes n'ont même pas un aperçu de la grandeur solennelle de l'existence. Lorsqu'on l'a découverte, vivre pour Dieu se dresse devant nous comme une chaîne de montagnes, hautes, inaccessibles en apparence, avec des devoirs, des privilèges, des abîmes et des possibilités de chutes tels que, que nous en sommes écrasés. Comment gravir ces hauteurs et suivre ces étroits sentiers qui dominent des précipices ? Comment atteindre la plus haute cime, être, enfin, plus que vainqueur ? Ce n'est pas tellement de la souffrance, qu'un sentiment de défaillance devant la  la majesté de la volonté divine.
    2° Un sentiment de solitude, d'isolement. Il y a comme une séparation entre soi et les autres. Dieu veut unir toutes les âmes de ses saints, en une communion qui nous dépasse. Pour cela, il brise les mille liens qui retiennent ces âmes aux choses aux créatures, aux endroits préférés, aux projets particuliers, etc. Il faut que le cœur soit comme plongé dans l'océan divin et apprenne dans la solitude avec Jésus, à aimer comme il aime, à voir les choses et les personnes comme il les voit. Cette solitude est une forme de souffrance.
    3° Une sainte tristesse pour le péché, sans aucun sentiment de culpabilité. Une constante douleur pour le péché et une souffrance sainte, nécessaire pour qu'il y ait progrès spirituel. Ceci entretient chez le racheté une parfaite repentance, et développe son humilité.Cette souffrance accroît en nous les sentiments de gratitude, et garde l'âme au contact du précieux Sang de Jésus. Elle engendre l'intercession pour les autres et cette soif que vienne enfin le règne de Dieu. Alors, le péché disparaîtra. 
    La tristesse pour les péchés passés, pour l'épouvantable péché intérieur, un saint tremblement à la vue du péché dans le monde sont aussi une forme de souffrance féconde, laquelle, sous l'action du Saint-Esprit, est sans désespoir, sans accablement ni amertume.
     4° Un sentiment de pression intérieure. Un fardeau sans cause apparente, et comme des tristes pressentiments sont souvent ressentis sur le chemin de la croix. Ou bien, l'âme est en proie à l'angoisse, à une saint terreur, ou encore elle est saisie par la tristesse. Alors, comme des soldats effrayés au sein de la nuit, nous courrons prendre nos armes, comme si l'ennemi était à la porte. Très probablement, il s'y trouve. Si, se dominant, l'âme se livre à la prière, cette étrange oppression disparaitra, faisant place à un sentiment de calme et de liberté.  
    5° -- Souffrance d'être haï. Parfois, Dieu permet que nous voyions quelque chose de la haine sans merci, dont Satan et les mauvais esprits nous poursuivent. Le plus souvent, il nous le cache jusqu'à ce que nous vivions assez près de lui, pour qu'il puisse nous enrévéler quelque chose.
    Il arrive, aussi, que le Saint-Esprit découvre à l'âme, vraiment humble et fidèle, quelque chose de la haine des hommes. David eut le pressentiment de la trahison chez ceux qui l'entouraient. Madame Guyon fut avertie intérieurement, de ne pas recevoir certains visiteurs pleins de fiel et d'amertume pour elle, et de ne point leur parler lorsqu'elle les rencontrait. Nous pouvons ressentir la haine de personnes très éloignées de nous, même des gens que nous n'avons jamais rencontrés, et qui nous écraseraient s'ils en avaient le pouvoir. Parfois nous ressentons au cœur les blessures que pourraient faire des flèches aigües.
    Il y a là, une très réelle souffrance. Nous nous trouvons en face de faits, de phénomènes du monde spirituel (du psychique N. d. l. t.) Ces faits sont ignorés de l'étroite théologie. L'âme qui déborde le corps passe par de nombreuses expériences. Se savoir méprisé ou haï par nos semblables, même par des personnes qui ont la réputation d'être très religieuses, ceci est aussi une souffrance. Mais si nous allons à Dieu, pour lui dire notre peine, il verse en nos cœur son amour et sa tendresse.
    6° -- Dieu semble combattre contre l'âme. Il semble qu'il châtie l'être intérieur. Les chrétiens spirituels ignorent cette souffrance. Dieu met à l'épreuve. Joseph connut ce châtiment en Égypte. Job fut aussi durement châtié. C'est ici la forme la plus profonde, la plus aigüe de la souffrance. 
    7° -- Dieu semble agir en ennemi, jusqu'à ce que le cœur soit complètement brisé. Mais tout ceci a sa contrepartie. Dieu, qui a fait la plaie, la guérit, avec le baume merveilleux de son Amour.
    Enfin, les besoins spirituels immense de l'humanité, la grande misère où sont réduits une si forte proportion de nos semblables, la détresse des prisonniers et des malheureux privés de leur raison, le manque d'éducation religieuse chez la grande masse des enfants, les besoins inassouvis de tant d'âmes, et le fait de constater aussi combien peu nous pouvons faire pour alléger tant de maux, cela aussi provoque la souffrance, une sainte souffrance. Elle est apparentée à celle que ressentit le Seigneur pendant son pèlerinage terrestre, car son humanité limitait nécessairement sa Toute Puissance.
    8° Un désir inexprimable de Dieu. On peut répartir les chrétiens en deux classes : 
--ceux qui servent Dieu légalement. Nommons-les des légalistes.
--et ceux qui le servent avec amour, par amour.
    Même parmi les saints, nous avons aussi deux classes : les sévères et les tendres.
--Les premiers justifient le côté légal de la sainteté.
--Les second mettent surtout l'accent sur l'Amour infini de Dieu.
    Les premiers ne savent que peu de chose de ce désir intense de Dieu, ce désir qui pleure et soupire pour connaître quelque chose de sa plénitude. Les second ont des révélations de Dieu et de son caractère. Ils soupirent après lui de façon si intense qu'il semble que leur cœur va se briser du désir de se perdre dans l'abîme de sa glorieuse divinité.
    C'est une souffrance que peuvent convoiter les anges, une souffrance, cependant, qui a le pouvoir d'absorber toutes les autres douleurs.
    Regarder à Jésus, puis se prendre soi-même en horreur, puis détourner les regardes de soi, oublier son indignité pour rechercher le Christ avec une soif ardente, jusqu'à ce que le cœur tremble d'un saint désir, que les lèvres aussi tremblent d'émotion, que les larmes coulent, abondantes, parce que la prière dépasse les paroles, et que l'âme défaille du désir de s'unir à l'Amour infini, c'est ici la souffrance très douce de l’Épouse de Christ, celle de la Sulamite dans le Cantiques des cantiques : "Je suis malade d'amour" dit-elle (11.5) (G. D. WATSON)


-------------------

6 -- AFIN QUE DIEU SOIT TOUT EN TOUS

-----------------------
     Toute âme vraiment consacrée doit faire, tôt ou tard, l’expérience qu'elle peut se confier en Dieu, à cause de ce qu'il est, en dehors de ses promesses et de ses dons. Elle doit apprendre à se réjouir en lui seul, même si toutes choses venaient à manquer.
    Je ne veux pas dire que tous nos amis et toutes nos ressources doivent être ôtés. Mais que l'âme doit faire une expérience de dépouillement, demeurer seule endeuillée, sans consolation, n'avoir plus rien en dehors de Dieu. Elle peut avoir à traverser marais ou terrains mouvants, elle tombera, peut-être, en quelque précipice, ou sera roulée par les vagues de l’épreuve, pour découvrir en définitive qu'en tout cela, Dieu était là, avec sa Toute-Puissance et son Amour.
    Décrivant la vie intérieur, un auteur a dit que le chemin du racheté traversait trois régions bien différentes, toutes trois nécessaires dans sa marche en avant. D'abord, la région des commencements toute émaillée de joies, de délices, d'aspirations fervents, d'expériences bénies et de certaines manifestations intérieures de Dieu.
    Cette région aboutit à une immense solitude désertique, avec des tentations des épreuves, des luttes, la perte des manifestations sensibles de Dieu. C'est un temps de détresse, de sècheresse, de ténèbres spirituelles. Ensuite, si le racheté est resté fidèle malgré tout, marchant uniquement par la foi et sans consolations, il aboutit à la région des sommets, à une vie d'union et de communion ininterrompues avec Dieu, vie surhumaine de détachement des choses d'ici-bas, et d'infini contentement de la seule volonté de Dieu, vie de transformation merveilleuse en l'image de Christ.
    Le chemin du racheté est toujours : par la mort, à la vie. La chenille ne peut devenir papillon sans mourir à son premier état. Nous ne le pouvons pas non plus. Sans doute, est-ce pour cela qu'il faut traverser cette région de mort et de désolation, avant d'atteindre la région des cîmes.
    Lorsque nous savons cela, nous pouvons traverser victorieusement les plus grandes épreuves, avec la parfaite assurance que tout est bien, puisque Dieu est Dieu. (H. W. S.)

















Aucun commentaire: